Revue n° 58 - Encres Vives

Editorial
A l’heure où paraîtra cette revue, les derniers jours printaniers le
cèderont aux premiers pas de l’été.
Ils arriveront chargés de fleurs assemblées en bouquets de
poèmes, de rameaux odoriférants de nouvelles et récits, de conseils
jardiniers de potager ou d’agrément ; sans oublier les chroniques
littéraires et d’invitation aux visites urbaines.
Une vraie richesse qui ne passe pas sous silence le ressenti des
encreviviens face aux évènements qui secouent notre monde... et nos
valeurs !
Notre belle langue est, entre autre, issue de poètes et d’écrivains
qui avaient et ont encore aujourd’hui l’ambition de promouvoir notre
Culture laquelle ne peut s’entendre que par le respect et l’harmonie
entre les personnes.
Les encreviviens puisent à cette « Source », comme les candidats
de notre concours, de même que les jeunes poètes qui y ont recouru
« En cachette ». A ce propos nous sommes assez fiers d’y avoir intéressé
des jeunes, francophiles et francophones, tunisiens, autrichiens,
belges. La Poésie ne connaît pas de frontières, ni de saisons !!!
Et c’est pour cela que, dans le droit fil de cet éditorial nous
ouvrons nos parutions à toutes celles et ceux qui composent pour eux,
ou à l’occasion d’évènements, des sonnets ou des textes poétiques…
Rejoignez-nous.
Le président, Guy Roy
Revue de l’Association « Encres Vives »
Siège social : 73 Rue Saint Pierre 49300 Cholet Tél : 02 41 71 98 34
E-mail : [email protected] www.encres-vives.fr
1
Jackie L.
Ce n’est pas sans une certaine joie que je guette chaque semaine la chronique « Un trait
d’humeur », de Jackie L. Je désire ardemment rencontrer l’auteure de ces jolis mots, ce qui témoigne
d’une grande agilité d’esprit. Et dois batailler ferme pour la rencontrer. Enfin, elle vient de me
donner rendez-vous chez elle. Pour l’occasion, j’ai pris mon sous-vêtement porte-bonheur, à savoir
un caleçon violet décoré de grandes fleurs multicolores qui me moule bien les fesses. C’est
important de se sentir sexy lors d’un premier rendez-vous.
Depuis un bon quart d’heure, je sillonne une zone pavillonnaire faite de maisons toutes à
l’identique. Une façade grise, un muret de pierre de granit, voire de simples moellons en béton,
délimitent chaque pavillon du trottoir. Quelques arbrisseaux, une minuscule pelouse parsemée de
fleurs, une simple allée de gravier bleu ou gris nous conduit vers la porte d’entrée. De part et d’autre
de celle-ci, une fenêtre en bois. A l’étage, trois fenêtres à l’identique de celles du premier niveau.
Voilà pour les façades qui se succèdent tout au long des rues.
A la recherche de ma Jackie L. je m’extrais de ma cylindrée et parcours quelques mètres. A
l’adresse convenue, il n’y a pas de numéro 13, entre le 11 que je viens de passer et le 15 de la maison
suivante, où je m’attarde un instant. Je reviens sur mes pas. Enfouie sous un épais manteau de lierre,
je déniche la boite à lettres. Visiblement une certaine Jacqueline
Leroy habite ici, mais point de Jackie L. Ici, le muret est décoré
de coquillages multicolores. Dans le jardinet, de chaque côté,
une allée recouverte de plaques de marbre blanc ; deux palmiers
de belle taille font office de gardiens, ce qui peut paraître
surprenant sous ce climat continental. Côté droit, un coin
détente avec des galets ronds et blancs disposés sur le sol en
forme de rond ; deux chaises et une table en fer forgé ; une chaise
longue de plage qui vous tend les bras. A gauche, quelques
plantes vertes. Au sol, accrochés dans les palmiers, posés sur la
table, une multitude d’objets en faïence : une tortue, des oiseaux,
une cigale, une famille d’escargots, un couple de chats colorient
l’ensemble. Les objets, tous, épousent la tonalité bleue.
Je sonne. Patiente un long moment. Laisse mon regard traîner sur ce jardin de vacances. La
porte s’ouvre… Menue, un petit brin de femme apparaît dans l’embrasure. Elle est vêtue d’une
petite robe noire, semblable à celles de ses héroïnes qui, chaque semaine dans son « Trait
d’humeur », prêtent à réflexion et à rire. Avec un regard tendre et amusé, elle dépeint le genre
humain et parfois, se moque allègrement de la gent masculine. Sourire aux lèvres, elle m’attend.
-J’ai rendez-vous avec une Madame Jackie L., pouvez-vous m’aider ? Ici je ne vois qu’une
Madame Jacqueline Leroy et encore, je ne suis pas sûr d’être au bon numéro.
Elle semble réfléchir. Petite moue. Elle m’observe. Me jauge. Je le perçois ainsi.
Je patiente encore un peu que Madame veuille bien me répondre.
-Entrez, ne restez pas là, planté comme un poireau. Vous allez prendre racine !
Elle me tend une main ferme et chaleureuse à la fois. Le brushing est impeccable. Pas un
cheveu ne dépasse. Rouge à lèvres rose bonbon, pommettes rehaussées d’un ton rosé, ombre bleue
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sur les paupières, cils allongés d’une touche de mascara, ce qui lui donne des yeux de biche.
Attention quand même à ne pas se laisser attendrir et à baisser la garde. La dame possède une plume
énergique, parfois acerbe. Une rivière de perles au cou, une multitude de bracelets aux poignets et
pas moins de trois énormes bagues à chaque main. Ce qui lui donne un côté bourgeois. Coquette la
dame ! Son âge ? On ne demande pas l’âge d’une dame, non. Je l’imagine néanmoins grand-mère,
peut-être arrière-grand-mère …
J’entre. Elle me demande de prendre à gauche l’escalier en bois qui débouche sur un couloir.
Au bout, une pièce de vie.
D’entrée, je suis pris par le caractère agréable de la pièce. A peine ai-je franchi la porte, qu’une
douceur tiède m’enveloppe. Je me sens bien. Il se passe quelque chose d’indéfinissable. Je perçois
des ondes. « Je ne vais quand même pas lui dévoiler ce que je ressens… ». Les murs sont recouverts
d’une tapisserie jaune-orangée qui émet de la chaleur. Au sol, un épais tapis moelleux de très grande
dimension couvrant la quasi-totalité de la pièce, absorbe les bruits. Quatre fauteuils en tissu
entourent une table basse. Le meuble en bois style XVIIIème siècle, un vaisselier, connaît ici un rôle
nouveau. En plus des photos de jeunes enfants, ses petits-enfants, je présume, il sert de parking à
trois modèles réduits : une « Ford Sunset » rose bonbon, une « Ford Mustang » bleu ciel et une
« Chevrolet Bel-Air » blanche. Côté rue, dans chaque angle de la pièce, un objet insolite : un « JukeBox » et une machine à sous, affectueusement appelée « Bandit-Manchot ». Face à la fenêtre un large
fauteuil en cuir, une petite table sur laquelle trône un ordinateur. C’est donc ici que Madame écrit
et que ses personnages prennent vie. Au centre de la pièce, une autre table en bois avec sa nappe
rouge. D’un geste, Miss Jackie L. m’invite à m’asseoir.
Je la questionne sur ses sources d’inspiration. Sans hésiter, elle me répond : l’observation des
gens, les relations amicales, les livres qu’elle dévore avec appétit, le tribunal de justice qu’elle
fréquente avec assiduité. « Vous ne pouvez pas imaginer ce que l’on peut entendre dans un tribunal.
C’est encore mieux que le meilleur des polars ».
Le temps passe… Elle s’excuse un instant. « Je vais chercher de quoi nous rafraîchir ». Du
regard, je reviens sur ces bouts d’Amérique : La Ford Mustang, le Juke-Box, le Bandit-Manchot… et
mon esprit s’égare … Impossible de me soustraire, je suis sous hypnose, totalement dépendant. Des
personnages chantent, dansent, défilent : James Dean, Marylin Monroe, Elvis Presley et son « Love
me tender » entêtant, Jackie Kennedy et ses tailleurs colorés. « Jackie L. bon sang, mais c’est ça !
Jacqueline Bouvier devenue Jackie Kennedy signait Jackie K. Donc Jacqueline Leroy à son tour signe
Jackie L. ». Jackie K., élégante, simple, populaire, égérie de la femme, copiée dans le monde entier.
Jackie L., une femme vive, colorée, érudite, riche de personnages croqués à pleines dents.
-Ho, ho, vous dormez ? Allez, réveillez-vous !
-Non, je réfléchissais !
-Non, vous dormiez, je viens de vous surprendre !
-Non, j’ai juste fermé les yeux, peut-être quelques secondes.
-Vous réfléchissez la bouche entre-ouverte avec un filet de bave au bord des lèvres ?
Horreur suprême cette salive. Me suis-je ainsi laisser aller ? Je ne suis sûr que d’une chose :
je ne me souviens de rien. Je n’ai jamais entendu ses pas sur le tapis. La honte. Pas question de tenir
tête. Je lâche prise. Elle me tend un tire-bouchon et une fillette. J’ouvre la demi-bouteille de vin blanc
moelleux. Elle nous régale de gâteaux. Déjà, je l’imagine avec ses amies se moquant de moi : « Vous
savez ce qu’il m’est arrivé la semaine dernière ? J’avais invité un jeune homme. Le temps que j’aille
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chercher une bouteille à la cuisine, eh bien, je l’ai trouvé sagement endormi sur la table, la bouche
entre-ouverte, un filet de bave qui pendait… ». Déjà, j’entends les gloussements de ces dames entre
les gâteaux secs et les chocolats.
L’après-midi se termine. Alors que nous descendons l’escalier, elle m’interpelle.
-Venez par ici, j’ai quelque chose à vous montrer. C’est comment votre prénom déjà ?
-Paul.
-Vous savez mon petit Paul, j’ai craqué !
-Ah bon ?
- Non. Pas pour vous. Enfin pas encore !
Elle ouvre la porte de la cuisine, que nous traversons
rapidement et rejoignons le garage. Là, au beau milieu, un coupé
sport rouge vif attend bien sagement à l’abri des regards indiscrets.
-J’hésite à le garer devant la maison. 280 chevaux sous le capot,
ça peut faire des envieux. Je ne tiens pas à le voir disparaître. Il
n’est pas encore à moi. J’ai juste négocié de pouvoir l’essayer tranquillement. Avec vous, au
moins, je ne risque rien !
-Comment ça avec vous je ne risque rien ? J’ai donc une bonne tête.
Enfin une parole positive.
-Ce n’est pas exactement ce que je voulais dire. Vous avez semé vos empreintes un peu partout
dans la maison, sur le verre, la bouteille. En cas de problème, la police aurait vite fait de vous
retrouver.
-A fréquenter les tribunaux, ça vous donne de drôles d’idées.
-Allez, on va faire une petite virée ?
-Non. Je suis déjà à la bourre. (Si elle s’imagine que je vais faire le co-pilote de la Mamie dans
son joli coupé ! Elle rêve ! Ça me suffit de passer pour un imbécile une première fois).
-Je me suis trouvé un tailleur rouge, c’est super ! Mais pour la couleur de la voiture j’hésite
encore entre le rouge vif et le vert pomme. Allez, on le fait ce petit tour ? Ne faites pas votre
timide avec vos grands yeux de cocker battu !
-Bon d’accord. Mais pas plus d’une heure. J’ai un autre rendez-vous.
-Attendez-moi ici. Je reviens.
Elle s’absente. J’envoie un SMS à maman :
« Beaucoup de retard dans le travail, ne m’attends pas pour dîner ».
Alain Charbonneau
Suite et fin … au prochain numéro
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Je me présente : sur le cadran de la pendule de votre cuisine, je suis la n°2. Oui, c’est moi la
deuxième Heure en équilibre entre la n°1 et la n°3 que j’envie parce qu’elle peut regarder la n°9 bien
en face alors que je ne forme que des angles obtus avec la plupart des autres.
Mais celle dont je suis la plus jalouse c’est bien la n°12. Ah ! La Douze, mon rêve, être tout làhaut, m’entendre appeler Midi, Minuit, être célèbre … mais personne n’a jamais écrit : Il est deux
heures, Docteur Schweitzer, personne n’a parlé de Démon de deux heures ou de Deux heures,
l’heure du crime. Même Courteline n’a jamais fait partir son train à cette heure-là !
De toute façon, toutes les douze, nous n’avons pas eu le choix quand Monseigneur Le Temps
a décidé de remplacer la clepsydre par une pendule, une horloge ou une montre. Il a mis seul en
place les numéros et les aiguilles avec un seul mot d’ordre pour ces dernières : ne jamais s’arrêter,
tourner, tourner, tourner … Quelle vie pour moi, la petite n°2 ! La trotteuse, n’en parlons pas, elle
passe si vite que je n’ai même pas le temps de la saluer. L’aiguille des minutes est plus raisonnable,
nous avons quelques échanges pendant soixante secondes. Heureusement la petite s’attarde un peu
et je suis sa pointe aigüe jusqu’au moment où elle atteint la n°3, avant de retomber dans ma solitude.
Vous savez tout maintenant de mon emploi du Temps bien monotone, monotone mais
régulier, sans à-coups, sans drame … mais j’ai parlé trop vite. Cette nuit, le drame je l’ai vécu,
malheur de moi, pas en témoin, mais en authentique victime. J’attendais, un peu ensommeillée bien
sûr, l’arrivée de la petite aiguille pour faire un brin de causette, parler du beau temps, du nouveau
printemps. J’ai dû fermer l’œil une demi-seconde et quand je l’ai rouvert, j’ai entendu la pendule
sonner … 3 heures !
Imaginez ça, votre petite n°2 se retrouvait seule dans la nuit sans les caresses habituelles de
la petite aiguille. Monseigneur Le Temps avait-il fauté, pour une fois, en oubliant sa fidèle servante ?
Que nenni ! Je ne me souvenais plus qu’un lointain Gouvernement de votre République avait
décrété, sans me demander mon avis, qu’en ce dernier week-end du mois de mars, ma petite
compagne aigüe passerait directement au n°3 sans s’arrêter. Il avait appelé cette opération :
PASSER A L’HEURE D’ETE !
Maurice Michenaud
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Histoires de pompiers ….
Fumer comme un pompier
Faire une consommation excessive de tabac
Pompier vient de « pompe », mot emprunté au Néerlandais dans le sens de « conduite d’eau
souterraine », puis « machine permettant d’aspirer et refouler un liquide ». Le pompier est d’abord
un fabricant de pompes. Il devient un homme qui lutte contre les incendies au XVIIIe siècle. Dans
l’une comme l’autre de ces activités, il est question d’eau. Il est évident que les pompiers n’ont pas
toujours eu des vêtements ignifugés comme armure. Ils ont notamment porté des vestes en cuir
enduites de graisse pour résister à la température. Au contact de la chaleur, cette graisse
produisait de la fumée. Quand un pompier sortait d’un lieu incendié, cette
réaction physico-chimique sur ses habits donnait l’impression que de la
fumée s’échappait de son corps.
L’expression « fumer comme un pompier » est née de cette image.
Au XXe siècle, la fumée produite par la cigarette a été assimilée à celle
recrachée par un incendie et dans laquelle se débat le pompier. On dit aussi
« fumer comme un sapeur », et même « fumer comme une locomotive ». Les Suisses préfèrent
« fumer comme une cheminée ».
L’Art « Pompier »
Quand on parle « d’art pompier » pour décrire un courant de peinture de la seconde moitié du
XIXe siècle, l’expression est plutôt narquoise. Ce sobriquet désigne la « peinture académique »
qui puisait beaucoup son inspiration dans l’Antiquité en mettant en scène des guerriers dont
les casques luisants rappelaient ceux des soldats du feu. Comme « pompier » est proche de
« pompeux », le terme était d’autant plus adapté pour marquer le mépris …
Louis Frétellière
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Glaciale supplique
J’avais abandonné mes arpents de Liré
Pour le pays Inuit quelque part en Grand Nord.
N’ayant pour tout gri-gri qu’un lambeau de débord
Donnant un côté kitsch, au revers du ciré.
Parmi tous les igloos, c’est l’étrange amalgame
D’hommes au teint cuivré et d’un Visage-pâle !
Ambiance de kermesse, en lueur boréale
Objet de ces bravos : l’aurore qu’on acclame.
L’hiver le plus violent semble avoir pris pour cible
Le pays blanc gelé. Froid, coupant, irascible.
Moi, piètre reporteur, je me révolte et rêve …
Me prenant pour Atlas sous la voûte étoilée
L’index pointé, défiant l’immensité glacée
J’adjure tous les dieux d’accorder une trêve.
Guy Roy
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L’EFFRAIE dEs cLochERs
Identification : L’effraie des clochers est une chouette de taille moyenne, munie de longues
ailes et avec une tête bien distincte.
L’effraie des clochers a les parties supérieures brun clair, tachetées de noir et de blanc. Les ailes
arrondies et la queue courte sont blanches ou brun très clair et couvertes d’un plumage
duveteux. Les parties inférieures sont blanc grisâtre. Les longues pattes blanches sont
légèrement emplumées jusqu’aux doigts gris.
La tête est grande avec des disques faciaux formant un cœur blanc, bordé de brun clair. Il n’y
a pas de touffes auriculaires. Les yeux sont foncés au contraire des autres hiboux. La zone
frontale est d’un blanc pur. Le bec est crochu et clair. La femelle est plus grande que le mâle.
Les juvéniles sont semblables aux adultes dès que leur duvet a été remplacé par des plumes.
Chant : L’effraie des clochers est plutôt silencieuse en dehors de la période de reproduction et
de la parade nuptiale.
Son cri d’alarme est un sifflement rauque lancé en vol. Les deux sexes émettent ce cri, mais
celui de la femelle est plus faible et plus bas que celui du mâle. Le cri de détresse comprend des
séries de hurlements traînants. Le cri de défense est un sifflement. En face d’un prédateur
mammifère, ils lancent une explosion de hurlements.
Habitat : L’effraie des clochers vit dans des zones découvertes, cultivées avec des arbres
clairsemés, des arbustes et des haies, de vieilles bâtisses, granges, étables, ruines et clochers.
Elle chasse le long de la lisière du désert et dans les canyons.
Comportements : L’effraie des clochers se nourrit principalement de rongeurs et surtout
la nuit. Elle traverse les champs en vol silencieux, et quand une proie est localisée, elle la saisit
avec ses longues serres. Elle l’avale entière, les os, le crâne et tout le reste. Elle rejette des
pelotes comprenant les parties indigestes, au dortoir ou près du nid. L’effraie des clochers peut
localiser le rongeur faisant de petits bruits sur l’herbe tandis qu’elle volète au-dessus du sol.
Les sons sont collectés et portés vers les oreilles par les disques faciaux, comme une parabole.
Les plumes duveteuses permettent à l’oiseau d’être silencieux tandis qu’il vole à travers
champs, à environ 1,5 à 4,5 mètres du sol. L’effraie des clochers est solitaire ou trouvée en
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couples. C’est un oiseau nocturne, dormant dans des cavités pendant le jour. Elle est
sédentaire.
Pour défendre le territoire et le nid contre un prédateur, l’effraie des clochers déploie ses ailes
et les incline vers l’intrus. Ensuite, elle penche la tête d’avant en arrière. Tandis qu’elle effectue
cette parade menaçante, elle émet des sifflements, et claque du bec avec les yeux révulsés. Si
l’intrus insiste, elle lui tombe dessus et le frappe avec ses pattes.
L’effraie des clochers est monogame, avec des liens permanents dans le couple. La parade
nuptiale comprend des vols effectués par le mâle, accompagnés de cris et des poursuites de la
femelle par le mâle. Le mâle effectue aussi des « vols de phalènes » en face de la femelle, voletant
avec les pattes pendantes pendant plusieurs secondes. Les accouplements ont lieu pendant la
recherche du site du nid et continuent en intensité moindre pendant l’incubation et l’élevage
des jeunes.
Vol : Le vol flottant et ondoyant de l’effraie des clochers au-dessus des terres cultivées est au
crépuscule un spectacle mémorable mais de plus en plus rare.
Nidification : Le nid est un tas de terre avec de la paille. Il est établi sur une avancée dans
une grange ou un
bâtiment
tranquille,
parfois dans un trou
d’arbre. Le nid est tapissé
de morceaux de pelotes de
réjection par la femelle.
Elle dépose 4 à 7 œufs, à
raison d’un œuf tous les
deux ou trois jours
(parfois jusqu’à 18 œufs).
L’incubation dure 29 à 34
jours, assurée par la
femelle nourrie par le
mâle. Les poussins sont
nidicoles. La femelle les
couve et les nourrit
pendant environ 25 jours.
Le mâle apporte de la
nourriture au nid, mais seule la femelle nourrit les petits. Elle déchire la nourriture en petits
morceaux. Les deux parents nettoient le nid.
Les jeunes quittent le nid à l’âge de 50 à 70 jours, effectuant ainsi leur premier vol. Ils
retournent au nid pour dormir pendant encore 7 à 8 semaines. Ils deviennent indépendants
au bout de 3 à 5 semaines après leur premier vol.
Régime : L’effraie des clochers se nourrit presque uniquement de petits rongeurs, surtout
campagnols, musaraignes, oiseaux, gros insectes en petit nombre. Et grenouilles.
Protection / Menaces : L’effraie des clochers meurt souvent au cours des premiers mois
de sa vie, par manque de nourriture et par des collisions avec des clôtures, des véhicules et des
immeubles. La plupart des adultes ne dépasse pas l’âge de deux ans. Cependant les populations
se maintiennent grâce aux grandes couvées, et en ayant plusieurs couvées dans l’année.
Joseph Guédon
9
Qu’il soit traditionnel, ou numérique, le livre nous
passionne toujours.
Sept français sur dix ont lu au moins un livre l’année dernière. La moyenne est de 15 livres par an.
96 % édités en papier ; 4% en numérique.
Il s’en est vendu 426 millions ! Avec un tirage moyen en 5991 exemplaires !
Selon les statistiques, la répartition s’établit comme suit :
26,1 %
20,3 %
9,8 %
3,7 %
1,7 %
Littérature
Jeunesse
Bandes dessinées
Dictionnaires
Arts. Beaux livres
13,2 %
13,2 %
7,9 %
1,7 %
1,5 %
Livres pratiques
Livres scolaires
Sciences humaines
Cartes, atlas
Religion. Esotérisme
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Infos … Insolites
Aux Etats-Unis. Un arbitre a dû interrompre un combat : l’un des
boxeurs a fait tomber de son short un téléphone portable. Qui plus est,
celui-ci sonnait !
Cet intermède n’a pas désarçonné l’adversaire qui a rapidement gagné
le match en prenant l’avantage avec des coups de poings plus efficaces
que le coup de fil perturbateur.
L’autre a fini totalement … sonné !!!
+++++++++++++++++++++++++++++++++
La valeur n’attend pas …
C’est un adolescent anglais de 15 ans qui a dessiné la future pièce de 1 livre qui sera mise en
circulation en 2017. Son projet a été retenu parmi les 6000 proposés. A l’unanimité du jury.
Cette pièce, bicolore, en forme de polygone à 12 côtés, bénéficiera de la dernière technologie
anti-contrefaçon la plus sûre au monde. Elle représentera les quatre
symboles du Royaume-Uni : la rose pour l’Angleterre, le chardon pour
l’Ecosse, le poireau du Pays de Galles et le trèfle à trois feuilles de l’Irlande
du Nord. On ignore le montant des prestations qui seront versées à ce jeune
créateur … souhaitons-lui d’être payé « à la pièce » vu le nombre
d’exemplaires qui seront frappés !
10
La Source, Par Daniel Subileau
La source s’est fanée
D’une trop grande sécheresse,
La terre s’est ridée,
Triste aveu de détresse
Par de simples petites larmes
Elle résiste à la mort,
C’est hélas sa seule arme
Pour éviter les remords.
Elle se sent surveillée
Ça lui semble alarmant,
Elle se sent délaissée,
Nous restons impuissants.
Les jours sont longs
A attendre les secours,
Viendra-t-elle la rançon,
Une belle pluie d’amour.
Un bel orage lui a redonné vie
Elle a retrouvé son visage de princesse,
Un flot de joie, un plaisir infini
Elle est repartie pour une folle ivresse.
La terre s’est enivrée
D’un torrent de richesses,
La source s’est lavée
De l’angoisse et du stress.
11
Destin
En fait ! Lorsqu’il s’interrogeait, sa vie n’avait jamais eu d’itinéraire précis et finalement il s’en
félicitait, admettant que partir à l’improviste était mieux que de suivre un parcours normal et
balisé ; cela lui donnait une vague idée de départ, sans jamais faire sa valise. Il en convint
pourtant, depuis un certain temps, ses idées n’étaient que balles de poussière poussées par le
vent.
Il hésita à sortir, aller jusqu’au bistrot du coin. Dans le fond de la salle, noyé dans un verre de
bière, il écouterait une chanson triste qui ne lui apporterait aucun réconfort. Alors, d’un geste
résolu, il prit ses clefs de voiture et se dirigea vers la route de la mer. L’odeur d’eau salée lui
donna l’illusion d’un certain pouvoir, de s’affranchir de toute limite ou désormais, tout serait
possible. Il le sentait, une chose allait arriver, ce serait le déclic qui le mènerait à une autre vie.
Il regarda autour de lui pour retrouver la familiarité des dunes aux heures les plus chaudes ; des
instants d’immensité ressemblant à une sorte d’immortalité, cette solitude essentielle et
poignante qu’il avait aimée et qu’il allait retrouver si la main du large lui faisait un cadeau.
Une mouette vint piétiner le sable tout près de lui. Elle le regarda
avec ses yeux dorés, et il s’aperçut qu’elle était blessée. Il tendit
la main vers elle et lui dit :
-Tu es belle, la Mouette, le soleil et la mer sont dans tes yeux. Il
passa ses doigts sur les ailes douces et chaudes en lui disant des
mots tendres. Attentive, complice, elle l’écouta.
-Tu n’es pas comme les autres, la Mouette, je le sais, je le sens. Il la couvrit de baisers furtifs
pour la réchauffer, puis regarda le ciel. Il avait rêvé mieux, mais il pensa à cette phrase :
« La vie est un point de jonction entre le rêve et la réalité ».
Raisonnablement, une fois encore, il devait s’en contenter.
Jackline René
12
La dame aux cheveux gris
Appuyée au chambranle de la porte vitrée,
La dame aux cheveux gris, la tête un peu penchée,
Dans la vieille boutique, fixe, désabusée,
Les passants du trottoir marchant, le pas pressé.
Parfois, l’un des badauds jette un œil amusé
A travers la vitrine au verre empoussiéré
Où, sur les étagères, il découvre exposés,
Des objets disparates au charme suranné.
Vieilles cartes postales, coquillages ouvragés,
Figurines anciennes, éventails déployés,
Lunettes de soleil tout à fait démodées,
Souvenirs en tout genre, un genre dépassé.
La dame aux cheveux gris a cessé d’espérer,
Ses clients se font rares, ils viennent par pitié.
Elle a vendu ce jour une pauvre poupée
Dont la robe bleu-clair était toute froissée.
Les autres Colombines ont la mine éplorée
Des amantes déçues sans cesse abandonnées
A qui ne restent plus que leurs yeux pour pleurer
Dans l’antique boutique qui, bientôt, va fermer.
Maurice Michenaud
13
Quatorze Juillet
Quatorze juillet, que j’aimais tes bals et tes flonflons.
Tes belles filles, tes lampions et ton accordéon !
Ton soir si long étincelait très tôt de mille feux,
Suivi d’une nuit claire scintillant sous la voûte des cieux.
Toujours je t’aime, et t’aimerai longtemps encore !
Perdu dans cette foule en délire et dehors,
J’oublie dans un indicible rêve, mes tourments,
Et goûte cet incomparable bonheur du moment.
Au milieu de cette immense cohue d’inconnus,
Je m’enivre d’incroyables délices disparus,
Oubliés, me semblait-il, de ma mémoire,
Et je communie avec cette féérie d’un soir.
Gabriel Gallard
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Couleurs, par Jean-Pierre Constanza
J’avais envie de me libérer
De mon rire jaune
Ma faim orange
Ma peau blanche
Mon désir mauve
Ma violence rouge
Mes gestes gris
Mes ongles roses
Mes mots marron
Alors, quelqu’un est venu
Un soir noir
Et, après une nuit blanche
Dans un espoir vert
J’ai vu le ciel bleu …
14
Petits Bonheurs
La pie qui jacasse là-haut quand je tremble
L’air si doux si bleu juste après ton ombre
La goutte du ciel tombant sur ma joue
Le jaune orangé d’un feu qui me brûle.
Le vin dans un verre qui danse mon blues
Le sucre poussière accroche ma bouche
La fraise si rouge et mon cœur qui saigne
Le rire d’enfants qui nargue mes peines.
Le brin d’herbe vert piquant comme un cri
La valse du vent chante mes tourments
Le rond de la lune s’endort gentiment
Dans les yeux d’un chat j’ai laissé ma peur.
Monique Lefèvre-Maure
INSOLITE : … Il vit des queues …
Lorsque l’on est au chômage, on a parfois du temps à tuer. Alors, pourquoi
ne pas l’utiliser pour glaner quelques euros ? Telle est l’idée géniale d’un
milanais, Giovanni, ancien directeur marketing dans le textile. Sans emploi depuis six mois.
Il a imaginé une reconversion professionnelle originale :
Faire la queue à votre place dans les files d’attente, à la poste, la banque et autres
organismes publics, où, c’est bien vrai, il faut une bonne dose de patience avant d’être servi !
En Italie, le problème est bien réel et la bureaucratie lourde …
Notre milanais propose donc, sur un site web qu’il a créé pour
l’occasion, moyennant une participation de dix Euros de
l’heure, de patienter à votre place dans ces queues
interminables.
Et ça marche bien au-delà de ses espérances !
Les demandes affluent et débordent même du cadre de la ville.
Si bien que Giovanni va devoir embaucher et créer sa propre
agence et …
Exporter le modèle à l’étranger …
Louis Frétellière
15
Tel Ulysse …
Je m’accommode au mieux de l’air que je respire
Et sait me satisfaire du monde qui est le mien.
Dans ma vie quotidienne, il ne me manque rien.
Où irais-je ailleurs finir mon avenir ?
Sans être aventurier, il me nait des envies
De pousser mon regard plus loin que mon ici,
D’en ouvrir les fenêtres, d’abattre les cloisons
Et de me ressourcer dans d’autres horizons.
Alors, au débotté, par la magie moderne,
Je m’échappe au plus vite, du fond de ma caverne.
Un regard sur l’écran, un clic sur internet …
Et me voilà roulant ma valise à roulettes …
J’aime ces évasions, subites, non préparées
Qui génèrent des ruptures, cassent mes habitudes
Me transportant d’emblée, dans la même journée,
De mon confort douillet vers d’autres latitudes.
Mais je ne sais pourquoi, quand j’en ai fait le tour,
Ces lointains paysages, emplis de découvertes,
Où je me demandais si l’herbe était plus verte
Ne me font décaler le jour de mon retour.
Et alors, tel Ulysse, après son odyssée
Je reviens, tout heureux, retrouver mon bocage
Ma vie de tous les jours, les grilles de ma cage
Le cœur d’exaltations encore tout bouleversé.
Mais je sais qu’à nouveau je serai envoûté
Par le chant d’une sirène cherchant à me soustraire
A la routine d’un monde qui n’a plus de secrets
Pour me laisser séduire par d’autres atmosphères.
Yves Point
16
Dès l’aurore aujourd’hui, je sors. Je ne puis résister. Le printemps est là, et je veux le
voir.
Comment va-t-il se manifester à moi ? Est-ce que ce sera pour mes yeux ? Mes oreilles ?
Mon nez ? Ma bouche ? Je ne pense pas … Nous allons découvrir …
Il ne fait pas encore pleinement jour alors j’ouvre les yeux tout grands et j’avance. Sur
ce premier arbre au bord du sentier, pas de boutons. Je continue. Que vais-je trouver ? Voici
maintenant un petit oiseau, mais il ne chante pas et, avec son plumage ébouriffé, il a l’air
frigorifié. Ce n’est pas vraiment un signe du printemps.
-Cui-cui-cui, cui-cui-cui.
Tiens celui-là je ne le distingue pas mais je l’entends clairement et c’est lui que je proclame
« Messager du printemps ».
A mesure que le jour se lève, je distingue à mes pieds de petites
fleurs jaunes. J’en cueille quelques-unes et j’en fais un bouquet. Il
devient évident que nous ne sommes plus en hiver. Quelle joie de
ressentir que nous entrons dans une nouvelle saison ! Pas besoin
d’aller bien loin. Rien que sur ce sentier, les signes se découvrent un à
un. Et en voici un autre : des bourgeons sur l’arbre qui est à ma
gauche.
De partout la nature se réveille d’une façon éclatante avec une
multitude de couleurs.
Soudain, au loin, un aboiement. C’est mon chien. Il me signale sûrement l’arrivée d’un
visiteur à la maison. Je dois vite rentrer. Je suis heureuse d’avoir une visite, mais beaucoup
moins d’être interrompue dans ma promenade. Soyons positifs. Bonne occasion pour en faire
une autre demain qui ajoutera certainement de nouvelles découvertes.
Josiane Rolland
Résidence Montana
17
J’ai lu « La femme éclaboussée », de Dominique DYENS – Denoël.
Ce roman est le cheminement d’une histoire d’amour adultère,
émouvante, écrite avec des doutes, des tourments, des émotions et sans
pudeur, parfois ; quelques pages érotiques, sulfureuses, étant fort
présentes au début du roman. La seconde partie nous fait tomber dans
le piège qui saisit tous les personnages, faisant de ce livre un polar âpre et surprenant.
Madame est jolie, élégante. Elle en a les moyens, son époux plus âgé, ayant un statut
confortable. Belle maison dans un milieu bourgeois avec une « servante » dévouée, ayant pour
les deux enfants devenus grands et énigmatiques, une attention sacrifiée, particulière. La bellemère de Madame a la douceur d’un rocher et Monsieur respectant sa mère, accepte toutes ses
décisions et remarques acerbes sans sourciller. Le beau-frère de Madame est un homme baroque
et furtif mais bien présent. Une famille bourgeoise au quotidien.
L’histoire est écrite d’abord avec un pinceau doux et romanesque, Madame étant
follement amoureuse d’un homme très jeune. Une belle histoire d’amour, canaille,
échevelée devenant soudain une liaison sèche et rugueuse comme ces noces sordides,
crépusculaires. Une bourgeoisie qui s’étouffe, se perd en route, et ce polar qui s’agite
dans tous les sens finira en ronde de nuit car les personnages sont rongés par les
obsessions, de leur vie secrète. Cette femme amoureuse, sera condamnée ensuite à
vivre avec une orgueilleuse solitude après un drame surprenant.
Originale cette histoire. On lit le livre, avidement, avec une certitude que Dominique
Dyens veut nous faire comprendre :
Les secrets vous tiennent « hors du monde » et les liaisons chaotiques sont des
fleurs très vite fanées.
Jackline René
18
Ce matin-là, aux aurores, il y avait comme un air de printemps. Vite,
chaussures de marche aux pieds, bâton en main me voici par les chemins –
qui souvent ne mènent nulle part-, à l’écoute de la nature en son éveil ; les fleurs sont en
bouton, les arbres lentement bourgeonnent, l’herbe d’un vert tendre scintille de rosée, une
brise légère accompagne le vol des oiseaux.
Me revient le souvenir d’une promenade champêtre à
l’automne et la rencontre avec une petite chose prisonnière des
épines acérées d’une haie. Doigts égratignés, mais bonheur de tenir
dans ma main cet oiselet apeuré, de lui permettre de s’envoler vers
un ailleurs inconnu …
Aujourd’hui je marche près de la rivière. Dans les prés alentour les jonquilles
s’épanouissent dans un jaune éclatant. Là, à mes pieds, un
éclat bleu : des violettes ! Les premières, petites, timides, à
moitié cachées. Délicatement je les ai cueillies à peine écloses.
J’ai respiré le délicieux parfum qui m’a accompagné,
minuscule bouquet de senteur printanière.
Un peu plus loin, au bord de la rive de la rivière, un amoncellement de plumes claires :
pattes crispées, ailes étendues, bec ouvert sur son agonie, c’est un bel oiseau abattu en plein
vol par un prédateur.
Un voile de tristesse sur la beauté des choses.
Marité Vendée
++++++++++++++++++++++++++++++++
« Pourquoi un bruit transpire-t-il avant d’avoir couru ?
Pourquoi lave-t-on une injure et essuie-t-on un affront ?
Pourquoi, lorsque vous ne partagez pas l’avis de quelqu’un, dit-on que
les avis sont partagés ?
Pour terminer, réjouissons-nous que ce soient les meilleurs crus qui
donnent les plus fortes cuites !
19
N’hésite pas …
Même si …
Ton cœur n’est plus à prendre,
Epuisé et déçu, plein de gémissements,
Tapissé de remords, de longs balbutiements,
Recherchant la douceur, un soupir à entendre.
N’hésite pas !
Appelle-moi au creux de mon silence
Appelle-moi au fond de mon absence
Même si …
Ton beau visage d’ange
S’est voilé d’un reflet tissé dans les tourments,
Que les sombres matins aux repères mouvants
Ont figé les rougeurs d’un chagrin qui démange.
N’hésite pas !
Laisse mes yeux réanimer tes rêves
Laisse mes yeux se nourrir de ta sève
Même si …
Ta vie n’est plus qu’une ombre
Qu’un lacis d’illusions, qu’un flot de lassitudes,
De plaisirs éphémères, de mornes habitudes
Se mêlant à la nuit comme un fantôme sombre.
N’hésite pas !
Rappelle-toi les lignes de mes mains
Rappelle-toi les fleurs sur mon chemin
20
Même si …
Dans ton jardin secret
A la morte saison, pleure le violoncelle,
S’étiole la ramure et tousse la crécelle ;
Ne sens-tu pas germer un buisson de souhaits ?
N’hésite pas !
Chante l’amour en m’emboîtant le pas
Chante l’amour en me tendant les bras.
Louis Frétellière
…………………………………………………………………..
Aurore, la déesse aux doigts fleuris, se réveille de son long sommeil hivernal.
Les prémices du printemps se manifestaient déjà depuis quelques semaines, mais elle hésite à se
réveiller.
-Serait-il temps ?
Elle ouvre un œil et aperçoit quelques points colorés.
-Déjà des fleurs. Mais non, seulement les premiers boutons de jonquilles et de narcisses.
Oui, ils sont arrivés et Aurore, la déesse aux doigts fleuris, se
réveille.
Mais il est encore trop tôt pour qu’elle puisse admirer ses mains
fleuries en un superbe bouquet.
Nicole Hervé
Résidence Montana
21
Chanson pour une action
Sur l’air de « l’Auvergnat « de Georges Brassens
Paroles de André Joint
Elle est à toi cette chanson
A toi Renée qui sans façon
Un jour résolument a dit
Il nous faut aider la Bosnie.
Alors tu cherchas un local.
C’est ce qui ne fut pas banal
Car il fallait bien sûr stocker
Avant de pouvoir embarquer.
C’était risqué ce rêve fou
Mais il fallait tenter le coup
Pour porter en cette Bosnie
Grand secours aux plus démunis.
Elle est à toi cette chanson
A toi Lucien qui sans façon
Déménageas au transpalette
Avec la force d’un athlète
Tous les cartons qu’avait garnis
Un petit groupe de tes amis.
Puis tu devais tout empiler
Et puis surtout, bien les ranger.
Ce n’était pas de tout repos
Et pourtant Dieu que c’était beau
De travailler je vous le dis
Pour cette lointaine Bosnie.
Elle est à vous cette chanson
Vous deux qui près du grand camion
Vous êtes souvent demandé
Si tout allait bien y entrer.
Mais nous tous vos fiers compagnons
Chargions heureux à l’unisson
22
Et mêm’ s’il en restait un peu
Nous étions tous bien heureux.
Et maintenant que tout est mis
Que le chargement est béni
Et protégé par le Bon Dieu
Reposons-nous donc un peu.
Elle est à vous cette chanson
Pascal, Lucien dans votre camion
En compagnie de son chauffeur
Partiez au loin porter l’bonheur.
Quand à la fin de notre repas
On vous voyait presser le pas
C’était bien sûr pour aller
A la douane tout contrôler.
Et puis c’était le grand départ
Accompagné de nos regards.
Alors s’assombrissait Renée
Mon Dieu que c’est dur d’aimer.
Elle est à vous cette chanson
Vous tous amis qui sans façon
Chaleureusement veniez aider
A Sautron, Lucien et Renée.
Oui cette mission est terminée
Il faut savoir s’arrêter
Puisque maintenant en Bosnie
On dit que la guerre est finie.
C’était risqué, oui c’était fou
Et il fallait y croire beaucoup
Pour donner un peu de sa vie
A nos frères de Bosnie.
ELLE EST A VOUS CETTE CHANSON
NoUs VoUs L’oFFRoNs
23
AUX MOTS INTERDITS …
Immobile, devant ton miroir de ta coiffeuse,
Tu t’apprêtes, comme chaque soir à le retrouver.
Tu parfumes ton corps d’une crème aux essences voluptueuses …
Tes cheveux, impeccablement coiffés …
Tes mains, magnifiquement manucurées …
Ton visage, miraculeusement rajeuni,
Dans ta tête, les images les plus insensées
D’un Amour au monde entier, enfin révélé .
D’un Amour montré à chacun, au grand jour …
Cet Amour dont rêvent les petits et les grands ;
Cet Amour qui durera évidemment toujours …
Celui que l’on aime tant citer en exemple !
Tu te souviens de votre première rencontre
Vos regards furtifs en disaient déjà long
Pas un mot. Juste un sourire empli de honte,
Puis, un frôlement à t’en donner le frisson.
Le carillon de l’église te sort de ta rêverie
Face à ce reflet, quinqua bientôt,
Tu réalises ta chance exceptionnelle, Yves,
De connaître cet Amour interdit mais si beau …
Christine Gourdon
24
La Saint Barthélémy
Abominable massacre
Horrible tuerie dans la nuit
Monstrueux carnage
Violence qui nuit.
Chez les protestants, hécatombe,
Hommes trucidés,
Corps jetés dans la Seine.
Le fleuve, leur tombe …
Bafouées les tables de la loi …
Inconnue la tolérance
Inconnu le respect de la croyance
Mais
Violence à outrance
Ainsi va l’histoire
Evènement important
Tout, sauf dérisoire.
Hélas ! De nos jours, les religions ne se respectent pas.
Il s’ensuit des conséquences désastreuses.
Joseph Guédon
25
Les rêves de Klérécho
Klérécho avait plus de soixante ans quand il publia un
ensemble de rêves.
Il attendait la grande fiction qui eût donné sens à sa vie, dans
laquelle la Terre, les arbres, les animaux, les eaux, le vent, le
feu auraient fait naître en lui une inspiration, un enracinement.
Chez lui, les songes prenaient souvent une dimension linéaire, temporelle. Dans le
dernier de la liste, le temps, à l’opposé, devenait éclaté, dissocié, se révélant le maillon
d’une longue chaîne à démystifier.
Ce n’en était pas moins un rêve de privation, de perte, de séparation où les
retrouvailles étaient semblables au jeu du chat et de la souris. Dans cette vision, il
faisait ses bagages pour une destination inconnue, qu’il finissait par identifier, à
mesure que les paysages se dessinaient, mais il ne pouvait s’en débrancher qu’en
sautant du train en marche, qu’il avait pris au hasard, comme on saute d’un espacetemps à un autre monde différent, révélant toujours l’aspect tranchant du ravin sur
les bas-côtés tout en repérant du bout de ses pupilles, l’herbe ou la mousse. La saveur
plus douce qui put le recueillir.
La phrase de Paul Eluard lui convenait pleinement : « Le jour est paresseux mais la
nuit est active ».
Dans nos rêves, nous nous extrayons du temps. Il n’y a plus ni passé ni futur. Tout
se brouille à nos yeux. Le passé perd sa place, cause et effet se confondent. L’infini
nous englobe pour nous noyer enfin. Le renard et le sanglier poursuivent le chasseur.
Celui-ci devient tour à tour le chassé. Le proche se mêle au lointain. Le lointain se
fait proche. Bref, rien ne va de soi dans cet univers de fausses portes et de vrais
passages, de codes secrets, d’entrées et de sorties comme dans les coulisse d’un grand
théâtre labyrinthique.
Malgré ce chaos, dans sa psyché Klérécho percevait, bien nettes, les traces que son
enfance avaient déposées. Elles restaient comme chez beaucoup d’entre nous,
intactes, et la falaise toujours debout, malgré le ressac et la vague.
26
Dans le domaine de l’intime, Klérécho pensait qu’il fallait être prudent. Il prit soin
de confier son histoire à un véritable ami auquel le liait sa spontanéité juvénile, un
naturel confiant et de profondes affinités. Le docteur Primevère, c’est ainsi qu’il se
nommait, n’avait pas son pareil pour décrypter le caractère et les penchants humains
à travers les songes. C’était même son dada !
Imaginez une sorte de limier, tel Sherlock Holmes qui détiendrait, à travers de
nombreux symboles, les clés de la vie de Klérécho.
De la sorte, ce dernier se retrouva plusieurs fois, en enfer, au paradis et au purgatoire.
Notre rêveur avait visité tous ces empires et nous expliquerait comment on y savoure
l’existence, on y souffre, autrement que dans notre réalité terrestre.
Dans ce fatras de rêves, toutes les formes artificielles de l’Eden pouvaient aussi s’y
retrouver, régner et quelquefois cohabiter avec leur antithèse, comme la nuit dans le
jour, le feu dans la glace, le poison dans l’élixir. Si vous voulez connaître les
aventures de ce capitaine de rêveries au long cours, il est conseillé de lire tous ses
livres. On y déambule dans quelques planètes insolites, oubliées, énigmatiques, que
ne renierait pas un Cyrano de Bergerac tout droit tombé de la lune.
Si la pluralité des sphères vous inquiète, si les eaux immenses, la beauté des galaxies
ne vous questionnent pas, ne lisez pas la moindre ligne de notre explorateur.
Personne n’ignore les histoires fantastiques de la forêt de Brocéliande, les sortilèges
du Val Sans Retour. Mais qui connaît l’aventure de la Mary Céleste, le Brick troismâts retrouvé vide et intact au large des Açores ? Qui n’a pas été bercé, enfant par
les mythes de l’Atlantide, les Chevaliers de la Table Ronde ? L’Ile au Trésor, le monde
lilliputien de Gulliver ; Alice au Pays des Merveilles, L’Iliade et l’Odyssée, le Désert
des Tartares, jusqu’à certains châteaux Kafkaïens. Certains d’entre nous sont allés
jusqu’à reproduire leurs visions dans certaines toiles surréelles.
Ces lieux imaginaires ont soufflé à Klérécho ses meilleures pages et à travers la vaste
solitude de notre monde bouillonnant, la lecture d’un de ces récits s’imprègne des
transports oniriques et des frais effluves de nos enfances enfuies.
Jean-Pierre Constanza
27
Prescriptions recueillies par Louis Frétellière.
Une plage… L’automne qui s’étire vers l’horizon … Plus personne. Les derniers touristes, les berlines,
les trains, tout a sombré !
Fouler seul le rivage d’un pas malhabile en croisant des femmes aux yeux rêveurs, tournés vers de
lointaines contrées emplies de mystères … Et parmi elles, celle qui a promis « je reviendrai », en
pensant « jamais » !
Mélancolie !
Le lendemain, un bâton à la main, vous parcourez quelque sentier. Le ciel diminue.
Une biche se lamente quelque part dans la forêt.
Mélancolie !
Au milieu des lichens, des mousses bleues, des hautes fougères, vous vous fondez dans le décor.
Tout ressemble tellement à la pensée.
Mélancolie !
Rentrez vite. Il est grand temps. Mettez dans vos bagages les coquillages et autres souvenirs, les
allées des forêts et vos rêves tourmentés. Laissez tout cela sur le quai. Partez. Bientôt, ce n’est plus
qu’un point, tout petit … de mélancolie !
Vous allez à Paris ou dans une autre ville. Mais Paris ce serait mieux.
Les longues avenues peuplées n’ont-elles pas l’allure de salles où se donne un grand bal ? Dans le
cœur de chaque passant, n’entendez-vous pas un petit air de musique qui s’est installé dès le matin,
un refrain obstiné qui parle de bonheur ?
« Mademoiselle, vous chantiez ? Vous avez dans la tête cet air que je me répète … Si nous
marchions un peu, si nous passions le pont, à l’unisson … »
Elle vous a souri. C’est gagné. Foin de mélancolie. Elle n’est pas belle la vie ?
28
Relisez ces quelques vers de Clément Marot pour vous en assurer :
Dedans Paris, ville jolie,
Un jour passant mélancolie,
Je pris alliance nouvelle
A la plus gaie demoiselle
Qui soit d’ici en Italie.
D’honnêteté elle est saisie,
Et crois selon ma fantaisie
Qu’il n’en est guère de plus belle
Dedans Paris.
Je ne la vous nommerais mie,
Sinon que c’est ma grande amie,
Car l’alliance se fit telle,
Par un doux baiser que j’eus d’elle
Sans penser aucune infamie
Dedans Paris
INFO : A cause du plan vigipirate, votre bagage, laissé sur le quai de la gare, a
été dynamité. Les souvenirs de plage, les allées sont fortement endommagés.
En revanche la mélancolie s’est évanouie dans la nature …
N’essayez pas de la récupérer …
29
Portrait d’un utopiste …
Je ne sais pas bien qui je suis
Je tourne en rond dans ma carcasse
Je croise souvent dans la glace
Mon double et son air ahuri.
Je ne sais faire qu’à demi
Les choses utiles et les ouvrages
Qui demandent trop de courage
Pour que chez moi ils soient finis.
Je ne suis pas bien où je suis
Pour respirer j’ai peu d’espace
Sur l’arpent où je me déplace
Moi qui ne rêve que d’infini.
Je voudrais être loin d’ici
Sur d’autres îles sur d’autres plages
Moins encombrées et plus sauvages
Où ne viendrait jamais la nuit.
Je ne sais pas où est celui
Qui m’aiderait les soirs d’orage
Et tous ces jours où je m’enrage
Je me cherche en vain un ami.
Heureusement que cette vie
Avec ton cœur je la partage
Même si le mien s’ennuage
Dans les brumes de l’utopie.
Maurice Michenaud
30
Notre jeunesse en Val de Loire
Il était gai mon Val de Loire,
Quand nous vivions avec l’espoir,
Il était gai mon Val de Loire,
Quand je pouvais t’apercevoir.
Il était chouette mon Val de Loire,
Quand nous sortions ensemble le soir,
Il était chouette mon Val de Loire,
Quand nous arrivions à nous voir.
Il était bien mon Val de Loire,
Quand nous allions au bal le soir,
Il était bien mon Val de Loire
Quand nous dansions seuls dans le noir.
Il était beau mon Val de Loire
Quand l’amour était là le soir,
Il était beau mon Val de Loire,
Quand tu m’as dit je t’aime un soir.
Gabriel Gallard
Cherche compositeur-interprète sur un air de musette …
Contacter Encres Vives !
31
Printemps 2015
Le calendrier m’a menti,
Il disait : le printemps est arrivé,
Il disait : tu verras la lune manger le soleil.
Ce matin,
Le ciel est gris,
Les nuages cachent le bleu,
Un brouillard enferme les paysages
Je suis tout de même allé dans le parc me
promener …
On ne sait jamais …
Les dieux m’ont bien inspiré.
Sortant de la brume,
Tout sourire dehors, mon amie,
Vous êtes venue pour moi
Printemps de toujours,
Vous ne m’avez jamais menti …
Gilles Troger
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
Histoire vraie
Pour réduire le stress de ses collaborateurs et améliorer leur rendement, une société de
Tokyo a recueilli neuf chats abandonnés et les héberge dans ses locaux. Chaque salarié s’est pris
d’affection pour ces boules de poils qui ont vite fait de s’acclimater au confort, aux câlins et aux
gourmandises apportées par les uns et les autres.
Devant cet enthousiasme, le patron offre désormais à ses employés un bonus de 40€ par
mois, s’ils amènent au bureau leur propre chat.
Une idée à reprendre vite dans tous les pays …
Mia… ou… OU… OU ….
32
Je partis dès l’aurore pour goûter à cette première journée de printemps. Les dernières
feuilles sèches s’accrochaient aux chênes-têtards, sans grand espoir de longévité.
Franchissant le talus, je pénétrai dans un petit jardin d’agrément. Son état laissait à penser
qu’il n’était pas entretenu depuis des lustres. Cependant des rosiers persévérants portaient leurs
boutons au long de longues tiges. Les épines accrochaient les mailles de mon gilet, telles des mains
de sorcières.
Ce n’était pas une mince affaire que de constituer un bouquet printanier parmi ce fouillis.
C’est justement cette difficulté qui me poussa à l’entreprendre, les arbustes n’ayant pas été taillés.
La gageure consista dans l’assemblage des tiges inégales. Les jonquilles et le forsythia prenaient
une place importante. Primevères et autres violettes ne paraissaient guère.
Atteignant le camélia, je découvris une porte qui, à ma grande
surprise n’était pas vermoulue. Elle me permit de joindre un sentier qui
menait tout droit à une gentilhommière vieillotte, semblant avoir traversé
quelques siècles. Une petite tour d’angle prenait un air penché. Parentèle
lointaine de la Tour de Pise. Je m’avançai, mon bouquet à la main, heureux
d’avoir réussi à le confectionner.
Le jour avait repris des couleurs, soulignant le ton vert-tendre des feuilles naissantes.
Comme je m’approchai de la bâtisse, un vieil homme sortit au-devant de moi. Ostensiblement je
lui présentai ma composition florale. Il sembla la regarder avec une mine sympathique. Je
m’approchai, confiant quand soudain ce vieux Monsieur éleva la voix me demandant où j’avais
cueilli ce bouquet. Dans quel endroit de SA propriété. J’arguai que je n’avais commis aucune
effraction et que le jardin où j’avais cueilli ces fleurs n’avait d’agrément que le nom.
Je ne pus discuter longtemps avec ce vieillard acariâtre, car il venait d’appeler « Médor » !
Anonyme
33
Un rien suffit parfois à provoquer le choc
Pour donner à l’inerte une forme d’émotion
Comme une herbe perdue sur une dalle de béton
Ou une goutte ruisselante dans la fissure d’un roc.
Où peut donc se nicher la source qui donne vie
A cet élan étrange, à cette fulgurance ?
Et ce souffle subtil qui inspire l’envie
De vouloir le saisir, où prend-il sa naissance ?
Chercher l’inspiration est effort souvent vain.
Elle sourd d’écoulements spontanés, naturels
Ou de flux saccadés se libérant soudain.
De quelles eaux dormantes ainsi s’échappe-t-elle ?
Mystère à tout jamais que l’imagination
Puisant ses fantaisies au sein de résurgences
Qui, par jaillissements, remontent à nos consciences.
Elle est la source même de toute création.
Il lui faut de la verve, il lui faut de la joie
Pour inonder d’émois celui qui la reçoit.
Elle aime ruisseler, transparente, dans sa pente.
Sinon elle se tarit ou devient eau stagnante.
Fréquents sont ses caprices. Parfois l’onde sommeille.
Elle serpente, paresseuse, alanguie, endormie.
Mais soyons vigilants aux pannes de débit
Car on ne sait jamais quand son flot se réveille.
Quel bonheur quand, limpide, nous pouvons la capter
Et son déferlement, mieux le canaliser
Pour venir irriguer nos fictions de l’esprit
Que la muse nous fait traduire en poésie !
Yves Point
34
Sentiments
masculins
Son cœur semble vouloir sortir de sa cage.
Ses mains tremblantes n’osent plus toucher.
Dans sa tête, les mots semblent s’entremêler
Il devine que jamais il n’oubliera ces images.
Son souffle, longtemps retenu
Brûle ses poumons.
Des questions sans réponses
Hantent sa raison.
« Est-ce bien réel » ?
Ses yeux ne regardent plus qu’elle.
Ils glissent, la dévisagent.
Ils explorent le moindre détail,
Il cherche quelque chose …
Mais quoi ?
Elle est là, devant lui.
Si frêle, si faible, si fragile.
Mais si belle, si vraie, si vivante !
Elle est là ! Elle est née !
Sa raison de vivre !
Son Amour !
Son Enfant !
Christine Gourdon
35
Papillonner
Un bel été encore sur l’île, ensoleillés
Sous une ombre apaisante, de bleu et vert comblés,
Allongés, fainéants, éblouis de beauté,
Tout repose : odeurs, cris, frondaisons.
Le temps est éphémère, laissé aux papillons,
Vire volte sans cesse, et vole, un Jason.
Quand enfin il se pose, le Reflex s’overdose
Pour voler en trichant, bref instant d’une pause,
Interdites à nos yeux, des images grandioses.
Espérer au retour, avec fébrilité,
Admirer sur écran ses ailes bariolées
Revivre un court moment de sa fragilité.
Dans le chêne s’agitent hannetons et frelons,
Et grande sauterelle sur l’écorce du tronc.
En noir et blanc se cache, trahi par un frisson
Du vent, un souvenir, j’ai huit ans, un Silène
Sur le gris d’un figuier, je retiens mon haleine,
Pareil à ma mémoire, innocente et sereine.
Monique Lefèvre-Maure
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
L’humour d’Alphonse Allais
Quatre saisons :
Délicieuse pizza mise en musique par Antonio Vivaldi.
Rides :
Marques du temps qui, pour la femme, concernent surtout sa meilleure amie.
Sartre :
Philosophe existentialiste qui avait l’œil de travers, l’oreille de Moscou et le nez de Camus.
Quinquennat :
Boisson préférée des hommes politiques. Ex « Le président a entamé allègrement son second
quinquennat ».
36
Boîte de nuit
Pour enrayer les puissances de l’absurde
J’ai voulu goûter à nouveau
Le rythme et la danse.
Mais nous ne décidons pas du rythme
C’est lui qui nous devance.
Qui peut enrayer les puissances de l’absurde ?
Je crois que j’enlace quelqu’un dans la foule.
Mais je danse toujours seul !
Et je suis évidé hors de la piste
Dans ce lieu improbable et mouvant.
Les hanches qui ondulent
Des filles qui stridulent
Dans le cri de la musique
Suivi d’harmonieux arpèges.
Collage surréaliste
De tavernes aux néons
Abîme d’outre-fonds
Gosiers qui brament
Mirage de l’âme
Odeurs de femme
Cambrures alanguies
Auprès du piano-bar
Dans cette boîte de nuit
De boulevard.
Jean-Pierre Constanza
37
Qui a des soucis ?
J’ai lu un livre original et réconfortant.
C’est une sorte d’annuaire avec des Messieurs et des Dames également respectés,
pareillement auréolés, et qui sont prêts en toute occasion à nous épauler en cas de malheur.
Si vous êtes proches de la crise de nerfs après avoir cherché vos clefs de voiture pendant
deux heures ou si désespérément vous avez perdu votre portefeuille, sachez que Saint
Antoine de Padoue, qui est un homme de confiance, se chargera de retrouver vos objets
perdus avec une grande efficacité. Si vous êtes déprimés, maussades, invoquez Saint Job,
vous aurez de nouveau un moral d’hirondelles au printemps et vous vivrez dans la sérénité.
Pour une rage de dents, ne vous jetez pas par la fenêtre, Sainte Apolline fera office de
dentiste, à condition que vous l’invoquiez avec confiance et politesse, bien
sûr. Quelques soucis financiers vous talonnent ? N’hésitez pas, choisissez
plutôt Saint Marc que la banque. Il vous enverra toutes les possibilités vous
permettant de faire face à ces désagréments. Bien sûr, si vos minets et vos
toutous sont malades, implorez Saint François d’Assise afin qu’il leur
donne un poil soyeux et un moral de fer. N’oubliez pas de vous adresser à Saint Médard
pour faire tomber la pluie. Parfois il a des trous de mémoire mais c’est un bon plan pour
arroser votre jardin. Et puis … en toute circonstance faites-vous accompagner par Saint
Christophe qui est un homme charmant et discret. Il ne pose aucune question et veille sur
vous, tout simplement.
Pour les causes désespérées, courtisez Sainte Rita. Elle ne vous
refusera pas son aide. Sa bonté est à toute épreuve et prenant vos
soucis dans ses blanches mains, elle les fera disparaître comme une
magicienne. Sainte Marie étant la plus connue et la plus sollicitée, son
secrétariat est souvent débordé mais sa bonne volonté étant intense, il
vous suffira juste d’être patient.
Merci Jackline pour tous ces bons conseils !
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La découverte.
Le vent m’apporte un bruit de moteur. Le quad est de retour. J’aperçois le cavalier-cascadeur,
un coupe-ronces sur l’épaule. Il me rejoint avec un large sourire.
« Voici un outil qui vous sera précieux… Par rapport à vos recherches, ma mère m’a donné
quelques précisions. Elle tenait ces informations de son aïeule, à savoir qu’avant la guerre de
1870 il y a eu un incendie qui a détruit ce que l’on appelait « Les trois granges ». L’une d’elle
servait-elle de temple huguenot ? C’est ce que la rumeur colporte … Et vous, que retrouverezvous ? Il y a si longtemps !
-Merci jeune homme, vous êtes fort aimable, dis-je. En ce qui concerne ce coupe-ronces,
comment ferai-je pour vous le rendre ?
-Pas de souci ! Dans le village que vous apercevez sur la butte en face et où vous vous rendrez
certainement, vous le remettrez à mon vieil oncle. Il réside dans une demeure voisine de la
cloche de tourmente. Vous la reconnaîtrez à ses volets vert-foncé.
-Je n’y manquerai pas, soyez-en sûr. Et encore une fois merci.
-De rien, de rien, dit-il en riant ».
Puis chevauchant son engin il disparaît rapidement.
Le soleil est presque à son zénith, pas de temps à perdre. Pendant l’attente, je m’étais
restauré et avait soigneusement choisi où me diriger.
J’empoigne le coupe-ronces et dégage un espace droit
devant. Le hallier est moins touffu qu’il n’y paraissait au
premier abord. Des têtes de rochers affleurent le sol, ce qui
explique la moindre végétation.
Il fait chaud ! Tous les vingt ou trente mètres, je
m’accorde un répit pendant lequel je déplace mon sac à dos,
mes bâtons, mes vêtements … Aucun problème pour ce qui
est de l’alignement de ma progression. Si je maintiens
l’allure, je vais bientôt arriver au centre de la combe.
Sur ma gauche, un éboulis. Des pierres recouvertes de lichens, des tessons de tuiles
moussues attirent mon attention. Je pose mon outil et j’essaie de remuer cet amas hétéroclite.
Songeant à l’incendie, je pense que les charpentes calcinées n’ont pas dû résister aux
intempéries.
J’allais quitter mes fouilles, quand mon pied heurte une pierre qui bascule et qui roule
un peu plus bas. Je vois une surface un peu noircie et j’y décèle comme un fragment de
gravure. Je m’équipe d’une touffe d’herbes sèches, je verse un peu d’eau et je frotte la pierre.
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Très vite une sculpture grossière se révèle. Je l’identifie comme une représentation de la Croix
du Languedoc. Celle-ci ressemblant à la Croix de Malte, avait été adoptée comme emblème
par les huguenots et camisards cévenols.
Quelle joie ! Il y a bien eu en ces parages des constructions et qui plus est, portant des
signes religieux.
Un choix s’impose : soit je continue le débroussaillage, soit je reste sur le site, espérant
trouver d’autres vestiges. Après avoir bougé quelques pavés j’opte de poursuivre. J’aurai tout
le loisir de revenir sur ce premier chantier.
Le coupe-ronces fait merveille. J’arrive à un surplomb qui domine d’une bonne dizaine
de mètres une petite cuvette. D’un côté ou de l’autre je dois contourner cet obstacle pour
continuer. Le flanc droit m’apparaît plus praticable. J’y parviens tant bien que mal, ayant
transporté tout mon barda.
Prenant un peu de recul, j’examine l’ensemble du lieu. Il me faut dégager un petit
espace avant de me lancer à l’exploration de cette cuvette. J’observe à nouveau l’endroit.
Dans la faible pente ce n’est qu’un amoncellement de rocs plus ou moins
taillés, jusqu’au pied de cette mini falaise. Abrité ou prenant appui sur
cette paroi, je vois un if d’une hauteur équivalente. Vu son « tour de
taille », il doit être plusieurs fois centenaire. Pourquoi a-t-il poussé ici ?
En solitaire surtout.
Eliminer la végétation sauvage qui prend ses aises depuis si
longtemps, devient de plus en plus difficile. Cependant j’ai la sensation
de parvenir au but. Je m’acharne au milieu de ce décor inhospitalier. Des sitelles
m’accompagnent de leurs piaillements.
Je me répète, des bâtisses, demeures ou granges, ont été érigées en cet endroit, vu le
nombre de pierres taillées que je délivre de leur toison de mousse. Je m’octroie un court répit
pour me rafraîchir d’une bonne rasade d’eau fraîche. Elle me procure un indicible bien-être.
Tel un pionnier je défriche, retournant les pierres. Certaines ont une forme allongée en
forme d’un toit à deux pentes. Elles gisent non loin de l’if. Les lichens gris-vert sont encore
omniprésents semblables à des voiles séculiers de carmélites ! Je reprends le nettoyage des
pierres avec les moyens habituels … L’une d’elle attire plus particulièrement mon regard. Des
lettres ont été gravées en creux sur les deux côtés. C’est indéchiffrable.
Une pensée me vient : les huguenots donnaient sépulture à leurs morts « hors » des
cimetières paroissiaux réservés aux seuls catholiques. (Bel exemple de charité chrétienne, soit
dit en passant !). J’ai lu dans un documentaire que l’if représentait pour eux, huguenots, la
flamme de la Foi et de l’Eternité. Tout concorde, je suis au bon endroit. Redoublant d’ardeur,
j’inspecte ce qui ne peut être que des pierres tombales. Mon effort est récompensé : sur l’une
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d’elles je peux discerner des lettres gravées en creux. De nombreux éclats rendent la lecture
plus ardue. Petit à petit, le cœur battant, des lettres renaissent :
« re.. es es …. .. jou .. . cc…. .. c….. d.. en ..t »
J’en tremble. Je sors mon calepin, pour consulter la phrase que ma grand-mère m’avait
confiée et que j’avais soigneusement notée :
« Reyes estoï anjou occis en combe défensant ».
Je tombe à genoux, abasourdi, interloqué, incrédule. Comme hypnotisé, je regarde les
fragments de la phrase. J’en mesure les espaces entre les mots supposés et entre les lettres
gravées. Plus j’examine la pierre, plus je trouve des similitudes. Je prends plusieurs photos de
ce que je pense être la preuve qu’un de mes ancêtres a reçu sépulture ici.
Des larmes de joie brouillent ma vue, quelques minutes. Puis je me reprends et me dis
que la Crypte doit être à proximité ! Si Crypte ou Chapelle il y a ?
Hormis deux ou trois pierres portant elles aussi gravures, aucun signe de ruines d’édifice
ou de refuge. A cinq ou six mètres de haut il y a bien des trous creusés, de forme carrée, dans
le roc : opes qui auraient pu recevoir l’extrémité de poutres ? Rien n’est moins sûr. Tout a dû
s’écrouler ou brûler.
J’en conclus que je ne trouverai plus d’éléments permettant de satisfaire ma quête
historique. Sauf à ameuter une armée de spécialistes de passé huguenot ou camisard. Je
décide d’arrêter le « chantier ». Ce que j’ai découvert m’est déjà plus précieux qu’un trésor.
Le soleil s’abaisse à l’horizon. Je reviens vers mes « bagages » que j’avais laissés dans
l’espace le plus large, par moi dégagé. Je coupe et assemble en tapis des jeunes fougères avec
une brassée d’herbes sèches. Je pique ma tente dessus. Rapidement j’installe mon duvet. Dans
le soir finissant, je savoure mon frugal dîner comme si c’était un menu de banquet !
La nuit tombe vite dans la combe. Je suis tranquille. Le
mouvement occasionné par mes recherches a certainement
dérangé la faune nocturne : renards en chasse, vols furtifs
d’oiseaux traqués, ululements de quelques grands-ducs ou chathuant … Je plonge dans un sommeil réparateur …
Demain je monterai au village d’en-face …
Guy Roy
Prochain épisode : Le retour.
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Promenade dans le marais
Dans le petit matin de cette fin d’hiver
Ride l’eau des bassins sous la brise légère
Et bruissent les roseaux à demi envasés
Dressant leur tige fière sur le bord des fossés.
Courre jusqu’à l’horizon le ruban du chemin
Un clocher le balise, celui de Saint Sornin,
Le promeneur ici ne cherche que la paix
Qui berce doucement les oiseaux du marais.
Penché sur l’onde brune et tout en majesté,
Le héron de la fable dans sa livrée cendrée
Espère le passage de ce menu fretin
Qui le consolera d’un plus fameux festin.
Plus loin des taches blanches colorent les taillées,
Les aigrettes élégantes dressent leurs cols huppés
Tandis qu’au ras de l’eau parsemée de lentilles
Le discret ragondin nage comme l’anguille.
Glissant dessus la mare un cygne immaculé
Tourne son cou d’albâtre vers le mitan du pré,
Fixe de son œil rond sa femelle immobile
Protégeant sous ses ailes la coquille fragile.
Sont-elles de retour ou bien jamais parties
Les cigognes de mars bien plantées sur leurs nids ?
La rumeur du marais depuis quelques années
Prétend qu’elles ont perdu le désir d’émigrer.
Dans le ciel gris et bleu passent quelques colverts,
Deux sarcelles s’attardent dans l’ombre familière
D’un vieux reste de vergne aux branches amputées
Où la sage couleuvre s’en vient parfois nicher.
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Des senteurs aquatiques apportées par le vent
Me content de ces lieux l’histoire au temps d’avant
Quand l’océan baignait les remparts de Brouage
Là où Vauban ancrait ses navires au mouillage.
Aujourd’hui les marées ont délaissé le Fort,
Les pavés sont au sec des écuries du Port,
Les touristes se pressent sur le chemin de ronde,
Au loin un cheval blanc dans son pré vagabonde.
Moi je m’en vais quitter le chemin rectiligne
Laissant les mornes eaux aux canards et aux cygnes,
La Tour de Broue là-haut me regarde partir
Mais mon cœur lui promet de bientôt revenir.
Maurice Michenaud
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Conception et réalisation de ce numéro : Christiane Métayer
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Le Cercle des Poètes que nous avons connus …
L’esprit des poètes ne meurt jamais. Depuis plusieurs
années certaines de nos plus belles plumes ont cessé de
griffer le vélin.
Quel que soit l’âge où ils/elles ont quitté le Cercle, pour
nous tous ils/elles sont partis (es) trop tôt.
En effet, notre « illustre théâtre » qu’est « Encres Vives », s’était habitué à leurs
poèmes, nouvelles, fables et autres ballades. Ainsi qu’aux romans que plusieurs
avaient commis.
Leurs places … (En notre association, il n’est point de fauteuils) … ne sont pas
restées inoccupées. Si leur présence physique nous manque, leur pensée
demeure et perdure. Les encreviviens, nouvellistes, poètes, fabulistes, conteurs,
conscients de ces acquis, poursuivent l’œuvre, apportant à leur tour leur style,
leurs mots et rimes. La qualité des textes produits ne se dément pas. Le
flambeau « Encres Vives », en bonne place éclaire toujours la scène de La
Culture. Le Cercle des Poètes s’agrandit.
Aujourd’hui nous sommes légitimement fiers, pour certains, de vous avoir
connus et pour d’autres d’avoir su faire vivre cette association « Encres Vives ».
Vous l’avez créée et animée avec vos dons divers.
La poésie a ceci de particulier : les encreviviens qui pérennisent le Cercle peuvent
vous joindre, vous :
Pierre, Emile, Meery, Raymond, André, Thérèse
… Et MERCI !
Longtemps, longtemps, longtemps, après que les poètes …
Guy Roy
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