IV^ Maratonina “Blu Jonio”

L’Arianna mi porta a un giusto lamento, e l’Orfeo à un giusta preghiere...
[Arianne m'a mené vers une juste lamentation, et Orphée vers une juste pirère]
Claudio Monteverdi
Peri, Caccini, Monteverdi… Pourquoi Orphée a-t-il été le sujet
de tant de ces premiers opéras? Probablement car il unit le
texte à la musique: aède, il chantait et s’accompagnait de la
lyre. Son chant était réputé pour émouvoir toute créature et
pouvait même faire pleurer les pierres. Orphée était sans nul
doute le meilleur ambassadeur pour cette nouvelle musique:
le recitar cantando.
On pense généralement à Monteverdi — il est génial, on le sait
— mais son génie a été nourri par ses prédécesseurs, Peri et
Caccini. Son Orfeo s’inscrit donc dans le déroulement logique
d’une histoire; celle de compositeurs, poètes, penseurs de l’art
à la recherche d’un idéal perdu: toucher l’auditeur par une
rhétorique juste. La musique, réduite à l’essentiel, n’a d’autre
prétention que celle de servir le verbe. Le programme de ce
disque retrace le mythe d’Orphée et Eurydice dans une
confrontation entre les lectures de grands artistes du
seicento.
Le nuove musiche
L’histoire de la musique prend vers 1600 un virage
fondamental avec la naissance de l’opéra. C’est à Florence
qu’émerge ce genre nouveau, né de l’idéal artistique
développé au sein de la Camerata de’ Bardi: cette société
savante avait regroupé les plus éminents humanistes de la
ville — artistes, philosophes et théoriciens. L’intérêt de la
Renaissance pour l’Antiquité les guide vers des sources
jusque-là inédites concernant la tragédie et de la poésie
grecques: on usait autrefois d’une voix à mi-chemin entre le
parlé et le chanté, et ce tout en s’accompagnant. Pour pouvoir
véhiculer l’émotion auprès d’un public, la musique devait être
verbe, rythme, et finalement son.
La musique savante de la Renaissance était polyphonique:
lorsqu’un amant déclarait sa flamme, il se pouvait que cinq
personnes la chantent collectivement. En outre, le texte était
souvent rendu inintelligible par les fréquentes
désynchronisations des syllabes entre les voix, comme par
l’ornementation improvisée en « diminutions » dont les
musiciens avaient tendance à abuser. La musique vocale
posait donc des problèmes de vraisemblance et de
compréhension.
On comprend aisément en quoi ces lectures antiques sont
déterminantes pour la nouvelle génération de compositeurs.
En effet, une nouvelle musique est appelée à naître: le recitar
cantando, également appelé stile recitativo ou encore, pour
Monteverdi, seconda prattica. Son fonctionnement et sa
notation sont théorisés et mis en application; désormais, le
rythme et l’intonation du chanteur imiteront la déclamation.
Pour répondre au besoin d’accompagner cette partie vocale,
les instruments existants sont transformés en vue d’un plus
grand ambitus et volume sonore. Leur nomenclature évoque
parfois l’antiquité : le chitarrone fait écho à la kithara, le lirone
à la lira… De cet accompagnement en grande partie improvisé
par le continuo, le compositeur n’écrit que la basse.
En 1600, Emilio de’ Cavalieri, Giulio Caccini, et Jacopo Peri,
tous trois membres de la Camerata de’ Bardi, écrivent chacun
une œuvre en stile rappresentativo calquée sur le modèle de la
tragédie grecque.
Firenze, 1600
A l’occasion du mariage d’Henry de Navarre avec Marie de
Médicis, Ottavio Rinuccini se voit commander l’écriture du
livret de l’Euridice. En l’espace de quelques mois, deux
compositeurs mettront ce même livret en musique: Jacopo
Peri et Giulio Caccini se disputent ainsi la paternité du
nouveau genre.
Surintendant de la musique chez les Medicis, Caccini
coordonne les festivités musicales et écrit une partie de la
musique du Rapimento di Cefalo, le spectacle principal des
festivités nuptiales. Un autre spectacle plus confidentiel,
l’Euridice, est prévu pour le lendemain; il incombe à Peri d’en
écrire la musique et de chanter le rôle Orphée. Toutefois, il est
convenu entre Peri et Caccini que ce dernier écrira les
passages que chanteront ses filles et élèves: quelques
ensembles et la partie d’Eurydice.
Quelques mois après la création de l’œuvre de Peri, Caccini
publie sa propre version de l’intégralité de L’Euridice, et ce,
avant même que son adversaire n’ait eu le temps de faire
imprimer la sienne. Il faudra pourtant attendre deux ans pour
sa création. Caccini a déjà écrit de nombreux madrigaux à voix
seule et basse continue qui connaissent alors un certain
succès. Laisser à la postérité le premier “opéra” imprimé
Scherzi Musicali – Il Pianto d'Orfeo | Livret en francais – page 1
devait avoir une importance toute symbolique pour lui. On
comprend alors mieux son besoin d’affirmer sa préséance
légitime, même au prix d’une petite mesquinerie.
L’histoire a souvent condamné Caccini pour sa fourberie et
Peri pour sa musique pauvre (dont l’intérêt se limiterait
strictement à la musicologie). Pourtant, leur précieux
témoignage est probablement sous-estimé: au moment précis
où éclot ce nouveau style, deux compositeurs de talent à la
personnalité artistique forte ont mis le même texte en
musique.
Les comparer nous aide à comprendre le recitar cantando: si la
langue italienne génère un rythme assez semblable chez les
deux rivaux, les moyens qu’ils mettent en œuvre pour traduire
les larmes d’Orphée leurs sont propres. Limitons nous à
quelques observations. Les mots mis en valeur ne sont pas
toujours les mêmes; Peri a tendance à en détailler chaque
affect là où Caccini englobe le vers en un seul geste. Une des
spécificités de Peri est de créer une forte tension expressive
en osant des dissonances inattendues. Caccini déploie des
lignes mélodiques séduisantes, tandis que Peri semble craindre
qu’elles ne puissent détourner du texte (il privilégie dès lors
les notes répétées). Cette confrontation révèle que les
préceptes dogmatiques de la Camerata de’ Bardi laissent
toutefois place à l’identité des compositeurs.
Mantova, 1608
L’histoire de l’opéra ne s’arrête pas aux deux Euridice
florentines et très vite, ce nouveau genre fera mouche dans le
reste de l’Italie. Claudio Monteverdi a probablement assisté à
la représentation de l’Euridice de Peri en compagnie de son
patron, Vincenzo Gonzaga, le grand-duc de Mantoue. Le
carnaval de 1607 sera pour ce dernier l’occasion répondre avec
faste au spectacle florentin de 1600: Monteverdi écrit l’Orfeo
sur un livret de Alessandro Striggio. Là encore, l’œuvre
constitue un témoignage des plus intéressants. Monteverdi
n’est pas membre de la Camerata de’ Bardi: il n’a aucune
obligation d’en suivre les dogmes au pied de la lettre. Avec un
recul dont ne bénéficiaient pas ses aînés, il en retient les
principes élémentaires sans toutefois s’interdire par endroits
une écriture plus contrapuntique (prima prattica). En outre, le
grand-duc offre à Monteverdi des moyens financiers
conséquents qui lui permettent l’emploi d’effectifs vocaux et
instrumentaux bien plus riches que ceux des florentins. Ainsi,
les instruments mélodiques — absents chez Caccini et
vraisemblablement limités à un violon et une flûte chez Peri —
jouent un rôle important dans l’œuvre.
Monteverdi use avec génie de ces diverses possibilités et offre
à Orphée un air unique en son genre. Sa dimension divine
prend le dessus dans son « Possente spirto » et pour
s’adresser aux déités infernales, il troque son parlar cantando
contre un cantar di garbo (chant orné). Ces diminutions
virtuoses (vraisemblablement élaborées avec le créateur du
rôle, Francesco Rasi) combinent de façon incroyable force
rhétorique et poésie sensible. De plus, les instruments
dialoguent avec le demi-dieu: sa lyre, qui pouvait être jouée à
l’archet ou des doigts, est tantôt symbolisée par les cordes
frottées (violon ou violes), tantôt par la harpe. Les cornets,
quant à eux, semblent symboliser les Enfers dont la
profondeur serait matérialisée par les effets d’écho.
L’Orfeo de Monteverdi est généralement considéré comme le
premier “opéra” de l’histoire par ceux qui ignorent l’existence
de Caccini et Peri, ou par ceux qui estiment qu’il fallait
attendre Monteverdi pour y trouver une quelconque force
dramatique. Un tel jugement est de toute évidence abusif:
sans prédécesseurs, Monteverdi n’aurait jamais écrit son Orfeo
tel qu’il est, et sa plume traduit sans honte l’influence de l’un
et de l’autre. De même, le livret de Rinuccini — poète brillant
et reconnu — a de toute évidence laissé des traces chez
Striggio.
Il canto d’Orfeo
Peri, Caccini et Monteverdi ne sont que les premiers à
consacrer un “opéra” à Orphée qui inspirera également
Domenico Belli, Stefano Landi, Luigi Rossi, Antonio Sartorio…
C’est donc avec Orphée que l’opéra s’invite en France: Rossi,
introduit par Mazarin, écrit son Orfeo pour la cour française à
Fontainebleau en 1647. Près d’un demi-siècle après les
pionniers, Rossi et son librettiste Francesco Buti prennent de
la distance avec la pureté antique du mythe pour y intégrer le
comique satyrique. L’histoire est complexifiée par
l’introduction d’intrigues et de subterfuges initiés par Vénus
et Cupidon.
En 1672, Sartorio, à qui nous devons la première version
vénitienne d’un Orfeo, met en musique le livret d’Aurelio
Aureli. Pour répondre aux attentes d’un public à séduire —
rappelons que l’opéra vénitien est commercial et vit en grande
partie grâce aux recettes —, il pimente lui aussi l’histoire de
nombreux personnages secondaires.
Le langage musical a déjà bien évolué en quelques décennies:
les affects s’épanouissent, les répétitions de texte et les
mélismes se font plus fréquents; la ligne vocale gagne en
lyrisme. Le récitatif florentin devient plus mélodique et il se
mêle désormais à des airs de plus en plus identifiés et
Scherzi Musicali – Il Pianto d'Orfeo | Livret en francais – page 2
architecturés, souvent même écrits sur un ostinato. Si la basse
continue conserve son rôle prédominant, les instruments
mélodiques ne se limitent plus exclusivement aux ritournelles
et accompagnent parfois la voix.
La favola d’Orfeo
Comme tout mythe populaire, celui d’Orphée connaît
différentes versions antiques (Ovide, Virgile…) et poursuivra
son évolution sous la plume des librettistes qui continueront à
donner vie à l’aède.
Orphée est fils de la muse Calliope et d’Œagre, roi de Thrace
— bien que certaines sources fassent d’Apollon son père.
Selon les codes de la mythologiques, il est un demi-dieu: le
pouvoir que lui confère ce statut est donc limité.
Orphée aime Eurydice. Cette dernière hésite en un premier
temps à répondre à ses avances, mais finit par lui succomber.
Il exprime sa joie à l’idée d’épouser la belle nymphe et lui
déclare sa flamme. Le jour des festivités, Eurydice est mordue
par un serpent et meurt. Une nymphe messagère porte la
triste nouvelle avec déchirement; Orphée, affligé, réagit
cependant avec philosophie. Il ne se laisse pas abattre et
décide de braver l’interdit: descendre aux Enfers en vue de
convaincre Pluton de lui rendre Eurydice.
Arrivé au royaume des Morts, Orphée use de son arme la plus
sûre: son chant. Sa prière ne parvient pas à convaincre Pluton.
Les autres divinités des Enfers n’y restent cependant pas
insensibles: grâce à l’intervention de Proserpine, Pluton
accepte finalement qu’Eurydice suive Orphée vers les plaines
de Thrace. Cependant, il y pose une condition: les regards des
deux amants ne pourront se croiser. Un doute s’empare de lui
et il se retourne… La volonté de Pluton n’a pas été respectée:
Orphée perd sa bien-aimée à jamais.
Dépité, Orphée ne peut se résoudre à en aimer une autre: il se
refusera à toute femme et incitera même les Thraciens à se
tourner vers les jeunes hommes. Les bacchantes offensées par
son dédain l’écartèlent violemment et en éparpillent les
morceaux. Sa tête, rivée à sa lyre, roule jusque dans le fleuve
Euros et dérive vers Lesbos, l’île de la poésie.
La lira d’Orfeo
Nous avons rassemblé différents instruments copiés d'après
des modèles du seicento; la liste imposante d'instruments que
contient la partition de l'Orfeo de Monteverdi nous a été
précieuse. Outre les deux violons qui dialoguent avec une flûte
soprano et deux cornets, de nombreux instruments de basse
continue colorent le texte et en soulignent les affetti. Pour les
cordes pincées, deux grands chitarrone (ou théorbes), une
arpa doppia, une chitarra spagnola et un ceterone (cistre
basse théorbé, aux cordes en métal), idéal pour symboliser les
Enfers. Par ailleurs, trois cordes frottées de la famille des
violes: une basse, un violone (ou contrebasse de viole) et un
lirone (viole à 13 cordes dont le chevalet plat permet de jouer
des accords de trois à quatre sons). Côté claviers, un organo di
legno (dont le registre principale à tuyaux en bois ouverts
offre une grande plénitude), un clavecin (avec un unique jeu
de huit pieds, agrémenté d'un second registre de becs en cuir)
et un virginal cordé en boyau. Nous avons tenté de respecter
tant que possible les pratiques de l'époque: cordes en boyau
nu non filées, archets courts et courbes, tempérament
mésotonique au quart de comma, claviers à doubles-feintes,
etc.
Si les compositeurs n’ont pas eu pour usage de spécifier les
instrumentations, les couleurs du continuo jouent un rôle
essentiel dans l’exécution du recitar cantando. Tant de timbres
laissaient et laissent encore aux interprètes une grande marge
de créativité. Monteverdi est l’un des rares à spécifier dans
certains passages parfois brefs de son Orfeo, quels
instruments ont joué à quel endroit lors de la création.
L’instrumentation faisant partie intégrante de l’interprétation,
il était coutume de se fier au giudizio (discernement) des
interprètes.
Il pianto d’Orfeo
Nous avons décidé de concentrer notre programme sur
Orphée au sein des trois premiers opéras qui lui furent
consacrés. Pour lui répondre, nous avons puisé la plupart des
interventions d’Eurydice chez Sartorio et Rossi qui lui donnent
plus la parole que leurs prédécesseurs. De L'Orfeo de Rossi,
nous avons aussi retenu l'ouverture — dont le compositeur ne
nous a laissé que la partie de basse — et l'air de la mort
d'Orphée. Le rôle capital de la messagère est ici symbolisé par
une toccata pour théorbe de Piccinini. En guise de prologue, le
Foll'è ben che si crede de Merula exprime l'amour impossible
d'Orphée pour Eurydice et préfigure leur destinée tragique.
Nous avions déjà enregistré l’Euridice de Caccini il y a
quelques années. En travaillant à cette œuvre, la confrontation
entre Caccini, Peri et Monteverdi nous est apparue comme une
étape évidente. Les replacer dans leur contexte nous a permis
de dégager leurs similarités et divergences. Nous avons ainsi
pu revivre la genèse fascinante de ce langage si déterminant
pour la musique occidentale. Pour eux comme pour nous,
Orphée a été le vecteur incontournable de cette aventure.
Scherzi Musicali – Il Pianto d'Orfeo | Livret en francais – page 3
Nicolas Achten, février 2014
2. Folle è ben che si crede
Folle è ben che si crede
Che per dolci lusinghe amorose,
O per fiere minaccie sdegnose,
Dal bel idolo mio ritragga il piede.
Cangi pur suo pensiero
Ch'il mio cor prigioniero
Spera che goda la libertà;
Dica, dica chi vuole, dica chi sà.
Bien fou celui qui croit
Que par de douces flatteries amoureuses,
Ou par de cruelles menaces dédaigneuses,
Il pourra détourner ses pas de ma bien-aimée.
Qu'il ne pense donc plus
Que mon cœur prisonnier
Espère jouir de la liberté;
Parle qui veut, parle qui sait.
Altri per gelosia,
Spiri pur empie fiamme dal seno;
Versi pure, Megera, 'l veneno
Perché rompi al mio ben la fede mia.
Morte il viver mi toglia,
Mai sia ver che si scioglia
Quel caro laccio che 'l cor preso m'ha;
Dica, dica chi vuole dica chi sà.
Que d'autres, par jalousie,
Expirent des flammes impies de leur sein,
Que Mégère verse donc son venin,
Pour que je trahisse ma foi pour ma bien-aimée.
La Mort peut m’arracher la vie,
Mais jamais elle ne pourra rompre
Ce cher lien qui m'a pris le cœur.
Parle qui veut, parle qui sait.
Ben havrò tempo e loco
Da sfogar l'amorose mie pene,
Da temprar de l'amato mio bene
E dell' arso mio cor l'occulto foco.
E trà l'ombre e gli orrori
De’ nuturni splendori
Il mio ben furto s'asconderà;
Dica, dica chi vuole dica chi sà.
Je trouverai bien le temps et l'endroit
Pour épancher mes peines d’amour,
De tempérer le feu secret
De ma bien aimée et de mon cœur consumé.
Et parmi les ombres et les horreurs
Des splendeurs nocturnes,
Furtive, ma bien aimée se cachera.
Parle qui veut, parle qui sait.
4. Antri ch'à miei lamenti
Antri ch'à miei lamenti
Rimbombaste dolenti,
Amiche piaggie
E voi piante selvaggie,
Ch'alle dogliose rime
Piegaste per pietà l'altere cime,
Non fia più no, che la mia nobil cetra
Con flebil canto a lagrimar v'alletti,
Ineffabil mercede, almi diletti
Amor cortese oggi al mio piant' impetra.
Antres, qui à mes plaintes
Résonnâtes avec douleur,
Rivages amis,
Et vous, arbres des forêts,
Qui, à mes tristes vers,
Ployâtes de pitié vos cimes altières,
Jamais plus ma noble lyre
Par son chant plaintif ne vous invitera aux pleurs.
Récompense ineffable, doux plaisirs: Aujourd’hui,
Amour répond avec courtoisie à mes pleurs.
Ma, deh, perche sì lente
Del bel carro immortal le rote accese
Per l'eterno cammin tardono il corso?
Sferza, Padre cortese,
À volanti destier, le groppe e 'l dorso;
Spegni nell' onde omai,
Spegni, o nascondi i fiammeggianti rai.
Mais, hélas, pourquoi avec tant de lenteur
Les roues enflammées du beau char immortel
Retardent-elles leur course sur la voie éternelle?
Fouette, père courtois,
La croupe et l’échine de tes destriers volants;
Éteins à présent tes rayons flamboyants
Et cache-les dans les mers.
Bella madre d'Amor, dall' onde fora
Sorgi, e la notte ombrosa
Charmante mère d’Amour, surgis des eaux
Et éclaire la nuit sombre
Scherzi Musicali – Il Pianto d'Orfeo | Livret en francais – page 4
Di vaga luce scintillando indora.
Venga, deh venga omai la bella sposa
Tra'l notturno silenzio e i lieti orrori
A temprar tante fiamme e tanti ardori.
D’une ravissante lumière dorée.
Que vienne, ah, que vienne donc ma belle épouse,
Dans le silence nocturne et les joyeuses ténèbres,
Tempérer tant de flammes et tant d’ardeurs.
5. All'Imperio d'Amore
All' Imperio d'Amore chi non cederà
S'a lui cede il valore d'ogni Deità?
Pluto che sì cocente il suo Regno stimò,
Un inferno più ardente pur da lui provò?
Qui ne cédera à l'empire de l'Amour,
Si face à lui cède toute divinité?
Pluton qui croyait son Royaume si brûlant,
A ressenti par lui un enfer encore plus ardent.
6. Rosa del ciel
Rosa del ciel vita del mondo e degna
Prole di lui che l'Universo affrena
Sol che'l tutto circondi e'l tutto miri,
Da gli stellanti giri
Dimmi vedesti mai
Di me più lieto e fortunato Amante?
Rose du ciel, vie pour le monde,
Et digne descendant de celui qui régit l’univers,
Soleil, toi qui entoures et vois tout
Depuis les sphères étoilées,
Dis-moi: as-tu déjà vu
Un amant plus heureux et chanceux que moi?
Fù ben felice il giorno
Mio ben che pria ti vidi,
E più felice l'ora
Che per te sospirai,
Poich'al mio sospirar tu sospirasti:
Felicissimo il punto
Che la candida mano
Pegno di pura fede me porgesti.
Bien heureux fut le jour, ma bien-aimée,
Où pour la première fois je te vis.
Et plus heureuse l'heure à laquelle
J'ai soupiré pour toi,
Puisque tes soupirs ont répondu aux miens:
Bien plus heureux encore le moment où
Tu as tendu ta blanche main vers moi,
En gage d’une foi pure.
Se tanti cori avessi
Quant' occhi ha ’l ciel eterno e quante chiome
Han questi colli almen il verde maggio,
Tutti colmi sarieno e traboccanti
Di quel piacer ch'oggi mi fa contento.
Si tu avais autant de cœurs
Que le ciel éternel ne compte d'yeux,
Et que les collines du vert moi de mai n’ont de feuillage,
Tous seraient comblés et débordants
De ce plaisir qui aujourd'hui m'apporte la félicité.
7. Mio ben, teco il tormento
Mio ben, teco'l tormento
Più dolce io troverei,
Che con altri il contento,
Ogni dolcezza è sol dove tu sei.
E per me Amor aduna
Nel girar de' tuoi sguardi ogni fortuna.
Mon bien-aimé, le tourment avec toi
Me serait plus doux
Que le contentement avec d’autres:
La douceur t’accompagne en tous lieux.
Et à chacun de tes regards,
Amour m’offre la fortune.
8. Vi ricorda, o boschi ombrosi
Vi ricorda, o bosch'ombrosi,
De' miei lunghi aspri tormenti,
Quando i sassi ai miei lamenti
Rispondean fatti pietosi?
Vous souvenez-vous, oh bois ombrageux,
De mes longs et âpres tourments,
Quand les prières répondaient
Avec pitié à mes lamentations?
Scherzi Musicali – Il Pianto d'Orfeo | Livret en francais – page 5
Dite, all' or non vi sembrai,
Più d'ogn' altro sconsolato?
Or fortuna ha stil cangiato
E ha volto in festa i guai.
Dites-moi donc: ne vous semblais-je pas
Plus désespéré que tout autre?
Désormais, la chance a tourné
Et changé mes douleurs en fête.
Vissi già mesto e dolente,
Or gioisco e quegli affanni
Che sofferti ho per tant'anni
Fan più caro il ben presente.
J’ai vécu triste et accablé;
J'exulte à présent, et ces tourments
Dont j’ai souffert pendant tant d’années,
Rendent le bonheur présent plus cher à mes yeux.
Sol per te, bella Euridice,
Benedico il mio tormento.
Dopo il duol viè piu contento,
Dopo il mal viè più felice.
Pour toi seule, belle Eurydice,
Je bénis mon tourment.
Après la douleur, le contentement est encore plus fort;
Après le mal, le bonheur n’est que plus puissant.
10. Tu se' morta
Tu se' morta mia vita, ed io respiro?
Tu se' da me partita
Per mai più non tornare, ed io rimango?
No, che se i versi alcuna cosa ponno
N'andrò sicuro a’ più profondi abissi,
E intenerito il cor del Re de l’ombre
Meco trarròtti a riveder le stelle:
O se ciò negherammi empio destino
Rimarrò teco in compagnia di morte,
A dio terra, a dio Cielo, e Sole a Dio.
Tu es morte, ma vie, et moi je respire?
Tu t’en es allée loin de moi
Pour ne plus jamais revenir, et moi je reste ici?
Non, car si les vers ne peuvent rien,
J’irai confiant dans les plus profonds abîmes,
Et après avoir attendri le cœur du roi des ombres,
Je t’emmènerai avec moi revoir les étoiles;
Ou, si le destin cruel me le refuse,
Je resterai à tes côtés en compagnie des morts.
Adieu ô terre, adieu ciel, et Soleil, adieu.
12. Non piango, e non sospiro (Caccini)
Non piango, e non sospiro,
Ò mia cara Euridice,
Che sospirar, che lagrimar non posso,
Cadavero infelice;
O mio core, o mia spene, o pace, o vita:
Ohimè chi mi t'ha tolto,
Chi mi t'ha tolto ohimè dove sei gita?
Tosto vedrai ch'in vano
Non chiamasti morend' il tuo consorte,
Non son, non son lontano
Io vengo, o cara vita, o cara morte.
Je ne pleure pas, je ne soupire pas,
Ô ma chère Eurydice,
Car je ne peux pleurer ou soupirer,
Malheureux cadavre;
Ô mon cœur, ô mon espérance, ô paix, ô vie!
Hélas, qui t’a arraché à moi?
Qui m’a arraché à toi, hélas, où es-tu donc?
Bientôt tu verras qu’en mourant,
Tu as invoqué ton époux en vain.
Non, je ne suis pas loin:
J’arrive, ô chère vie, ô chère mort.
13. Non piango e non sospiro (Peri)
Non piango e non sospiro
O mia cara Euridice
Che sospirar, che lacrimar non posso,
Cadavero infelice;
O mio core, O mia speme, o pace, o vita
Oime chi mi t'ha tolto
Chi mi t'ha tolto, ohimè dove sei gita?
Je ne pleure pas, je ne soupire pas,
Ô ma chère Eurydice,
Car je ne peux pleurer ou soupirer,
Malheureux cadavre;
Ô mon cœur, ô mon espérance, ô paix, ô vie!
Hélas, qui t’a arraché à moi?
Qui m’a arraché à toi, hélas, où es-tu donc?
Scherzi Musicali – Il Pianto d'Orfeo | Livret en francais – page 6
Tosto vedrai ch'in vano
Non chiamasti morendo il tuo consorte,
Non son, non son lontano
Io vengo, o cara vita, o cara morte.
Bientôt tu verras qu’en mourant,
Tu as invoqué ton époux en vain.
Non, je ne suis pas loin:
J’arrive, ô chère vie, ô chère mort.
16. Funeste piagge (Caccini)
Funeste piaggie, ombrosi orridi campi
Che di stelle, o di Sole
Non vedeste già mai scintill' e lampi,
Rimbombate dolenti
Al suon dell' angosciose mie parole,
Mentre con mesti accenti
Il perduto mio ben con voi sospiro,
E voi deh per pietà del mio martiro,
Che nel misero cor dimora eterno,
Lagrimate al mio pianto, ombre d'Inferno.
Funestes rivages, sombres et horribles plaines,
Qui des étoiles ou du soleil
Ne vîtes jamais les feux ni les éclats,
Retentissez dans la douleur
Au son de mes paroles angoissées,
Tandis qu’avec de tristes accents
Je pleure avec vous ma bien-aimée disparue;
Et vous, ah, par pitié pour la souffrance
Qui dans mon misérable cœur demeure éternelle,
Pleurez à mes larmes, ombres de l’Enfer.
Ohimè che sù l'aurora
Giunse all' occaso il Sol de gl' occhi miei
Misero, e su quell' ora,
Che scaldarmi a’ bei raggi mi credei,
Morte spense il bel lume, e freddo, e solo
Restai frà pianto,e duolo
Com' angue suole in fredda piagga il verno;
Lagrimate al mio pianto, ombre d'Inferno.
Hélas! En son aurore
Décline le soleil de mes yeux.
Malheureux! À cette heure même
Où je crus me réchauffer à tes beaux rayons,
La Mort éteignit la sublime lumière ; et froid et
Solitaire je demeurai entre pleurs et douleur,
Tel un serpent sur une froide plage l’hiver.
Pleurez à mes larmes, ombres de l’Enfer.
E tu mentr' al Ciel piacque
Luce di questi lumi
Fatti al tuo dipartir fontane e fiumi
Che fai per entro i tenebrosi orrori?
Forse t'affliggi e piagni
L'acerbo fato e gl'infelici amori?
Deh, se scintilla ancora
Ti scalda il sen di quei si cari ardori,
Senti mia vita, senti
Quai pianti e quai lamenti
Versa il tuo caro Orfeo dal cor interno;
Lagrimate al mio pianto, ombre d'Inferno.
Et toi qui, comme il plut au Ciel,
Fus la lumière de ces yeux
Devenus dès ton départ fontaine et fleuves,
Que fais-tu parmi l’horreur des ténèbres?
Peut-être es-tu affligée, peut-être pleures-tu
Ton cruel destin et tes amours malheureuses?
Ah, si une étincelle de ces ardeurs si chères
Te réchauffe encore le sein,
Écoute, ô ma vie, écoute,
Quels pleurs et quelles lamentations
Ton cher Orphée déverse du fond de son cœur.
Pleurez à mes larmes, ombres de l’Enfer.
18. Funeste Piaggie (Peri)
Funeste piaggie, ombrosi orridi campi
Che di stelle o di Sole
Non vedeste già mai scintill' o lampi,
Rimbombate dolenti
Al suon dell' angosciose mie parole,
Mentre con mesti accenti
Il perduto mio ben con voi sospiro,
E voi dhe per pietà del mio martiro,
Che nel misero cor dimora eterno,
Lacrimate al mio pianto, ombre d'inferno
Funestes rivages, sombres et horribles plaines,
Qui des étoiles ou du soleil
Ne vîtes jamais les feux ni les éclats,
Retentissez dans la douleur
Au son de mes paroles angoissées,
Tandis qu’avec de tristes accents
Je pleure avec vous ma bien-aimée disparue;
Et vous, ah, par pitié pour la souffrance
Qui dans mon misérable cœur demeure éternelle,
Pleurez à mes larmes, ombres de l’Enfer.
Scherzi Musicali – Il Pianto d'Orfeo | Livret en francais – page 7
Ohimè, che su l'aurora
Giunse all'occaso il Sol degl'occhi miei
Misero, e su quell' ora
Che scaldarmi a’ bei raggi io mi credei,
Morte spens' il bel lume e fredd' e solo,
Restai fra'l pianto e'l duolo
Com' angue suol in fredda piaggia il verno;
Lacrimate al mio pianto, ombre d'inferno.
Hélas! En son aurore
Décline le soleil de mes yeux.
Malheureux! À cette heure même
Où je crus me réchauffer à tes beaux rayons,
La Mort éteignit la sublime lumière ; et froid et
Solitaire je demeurai entre pleurs et douleur,
Tel un serpent sur une froide plage l’hiver.
Pleurez à mes larmes, ombres de l’Enfer.
E tu mentr' al ciel piacque
Luce di questi lumi
Fatti al tuo dipartir fontane e fiumi,
Che fai che fai per entro i tenebrosi orrori?
Forse t'affliggi e piagni
L'acerbo fato e gl'infelici amori ?
Dhe, se scintill'ancora
Ti scalda 'l sen di quei si cari ardori,
Senti, senti, mia vita, senti,
Quai pianti e quai lamenti
Versa ’l tuo caro Orfeo dal cor interno;
Lacrimate al mio pianto, ombre d'inferno.
Et toi qui, comme il plut au Ciel,
Fus la lumière de ces yeux
Devenus dès ton départ fontaine et fleuves,
Que fais-tu parmi l’horreur des ténèbres?
Peut-être es-tu affligée, peut-être pleures-tu
Ton cruel destin et tes amours malheureuses?
Ah, si une étincelle de ces ardeurs si chères
Te réchauffe encore le sein,
Écoute, ô ma vie, écoute,
Quels pleurs et quelles lamentations
Ton cher Orphée déverse du fond de son cœur.
Pleurez à mes larmes, ombres de l’Enfer.
19. Orfeo, tu dormi?
Orfeo, tu dormi? e ne gl'Abissi oscuri
Lasci Euridice e l'Amor suo ti scordi?
Così a la Lira il dolce canto accordi,
E dal Regno infernal trarmi non curi?
Orphée, dors-tu? Parmi les abîmes obscures,
Tu abandonnes Eurydice, et tu oublies son amour?
Ainsi, tu accordes ton doux chant à ta lyre,
Et tu n’as cure de m’arracher au royaume infernal?
20. Se desti pietà
Se desti pietà
Ne' tronchi e ne' sassi,
Volgendo anco i passi
Nel regno del pianto,
Là pur il tuo canto
Pietà troverà.
Si tu éveilles la pitié
Chez les troncs et les pierres,
En dirigeant tes pas
Au sein du royaume des larmes,
Là aussi, ton chant
Trouvera de la pitié.
Risvegliati su,
Mio sposo diletto,
Deh, vieni t'aspetto
Trà l'ombre qua giù.
Réveille-toi donc,
Mon cher époux,
Viens donc, je t’attends
Ici-bas parmi les ombres .
21. Possente spirto
Possente spirto e formidabil Nume
Senza cui far passaggio a l'altra riva
Alma da corpo sciolta in van presume;
Dieu tout puissant et redoutable divinité
Sans qui une âme séparée de son corps
Prétend faire passage en vain;
Non viv'io no, che poi di vita è priva
Mia cara sposa il cor non è più meco,
E senza cor com' esser puo ch'io viva?
Moi-même, je ne vis plus, car depuis que
Ma chère épouse est privée de vie, je n’ai plus de cœur.
Et sans cœur, comment pourrais-je vivre?
Scherzi Musicali – Il Pianto d'Orfeo | Livret en francais – page 8
A lei volt 'ho il cam[m] in per l'aer cieco,
A l’inferno non già, ch'ovunque stassi
Tanta bellezza il Paradiso ha seco.
Vers elle, j’ai cheminé à travers l’air aveugle,
Mais non jusqu’à l’Enfer: là où est une telle beauté
Est aussi le paradis.
Orfeo son io che d'Euridice i passi
Seguo per queste tenebrose arene,
Ove già mai per huom mortal non vassi.
Mon nom est Orphée, et je suis les pas d’Eurydice
A travers ces plages ténébreuses,
Là où jamais un homme mortel n’a osé s’aventurer.
O de le luci mie luci serene,
S'un vostro sguardo può tornarmi in vita
Ahi, chi niega il conforto a le mie pene?
Oh, si de vos yeux sereins
Un seul regard pouvait me ramener à la vie!
Ah, qui pourrait refuser réconfort à mes peines?
Sol tu nobile Dio puoi darmi aita,
Né temer dei, che sopr' un’ aurea Cetra
Sol di corde soavi armo le dita,
Contra cui rigid' alma in van s'impetra.
Toi seul, noble dieu, peux me venir en aide,
N’ai aucune crainte, car avec cette lyre dorée,
Mes doigts ne sont armés que de douces cordes,
Contre lesquelles une âme inflexible résiste en vain.
23. Ahi, vista troppo dolce
Ahi vista troppo dolce e troppo amara:
Cosi per troppo amor dunque mi perdi?
Et io misera perdo
Il poter più godere
E di luce e di vita, e perdo insieme
Te, d'ogni ben più caro o mio consorte.
Ah, vue trop douce et trop amère:
Ainsi, tu me perds donc par trop d’Amour?
Et moi, malheureuse, je perds le privilège
De pouvoir encore jouir de la lumière et de la vie;
Mais à la fois, je te perds,
Ô mon époux, bien qui m’est le plus cher.
Muove Orfeo l'empia dite
Muove Orfeo l'empia Dite
Piange, prega, e sospira
E impetra pietate
Al suon di lira.
Orphée émeut la cité infernale
Par des pleurs, prières et soupirs,
Et il implore la pitié
Au son de sa lyre.
Io piango, e prego una crudele e bella
D'amor troppo rubella ;
Cosi vuol il mio fato.
S'io morissi cantando, o me beato.
Je prie, et pleure une beauté cruelle
Trop avare de son amour;
Ainsi le veut mon destin.
Si je pouvais mourir en chantant, ô combien je serais heureux!
26. Lasciate Averno
Lasciate Averno, o pene, e me seguite.
Quel ben ch'a me si toglie
Riman là giù, né ponno angoscie e doglie
Star già mai seco unite.
Più penoso ricetto, più disperato loco
Del mio misero petto, non ha l'Eterno foco;
Son le miserie mie solo infinite
Lasciate Avern' o pene, e me seguite.
Quittez l’Averne, ô mes peines, et suivez-moi.
Ce bien qui m’est arraché reste là-bas,
Les angoisses et les douleurs
Ne peuvent à jamais rester unies.
Le feu Éternel n’a de refuge plus pénible,
Ni de lieu plus désespéré que mon cœur;
Seules mes misères sont infinies.
Quittez l’Averne, ô mes peines, et suivez-moi.
E voi, del Tracio suol piagge ridenti,
Ch'imparando a gioir dalla mia Cetra
Et vous, plages riantes de la Thrace,
Qui en apprenant à jouir de ma lyre
Scherzi Musicali – Il Pianto d'Orfeo | Livret en francais – page 9
Gareggiaste con l'Etra
Or all' aspetto sol de miei tormenti
D'orror vi ricoprite.
E tu, Cetra infelice
Oblia gli accenti tuoi già si canori
E per ogni pendice vien pur meco Piangendo i miei dolori.
Son le gioie per noi tutte smarrite.
Lasciate Avern' o pene, e me seguite.
Concourrez avec Éthra,
Désormais, à l’aspect seul de mes tourments,
Vous vous couvrez d’horreur.
Et toi, malheureuse cithare,
Oublie tes accents d’habitude si mélodieux,
Et pour chaque faiblesse, viens avec moi pleurer mes douleurs.
Les joies sont pour nous toutes perdues.
Quittez l’Averne, ô mes peines, et suivez-moi.
Ma che tardo a morire,
Se può con lieta sorte
Ricondurmi la morte
Alla bella cagion del mio languire?
Mais pourquoi tarder à mourir,
Si avec un sort heureux
La mort peut me reconduire
Vers la belle cause de ma langueur?
Textes de:
Pio di Savoia (2)
Ottavio Rinuccini (4, 12, 13, 16, 18)
Francesco Buti (5, 7, 26)
Alessandro Striggio (6, 8, 10, 21, 23)
Aurelio Aureli (19, 20)
B. Saracelli (25)
Traduction: Nicolas Achten
Scherzi Musicali – Il Pianto d'Orfeo | Livret en francais – page 10