AXELLE - Impact Journalism Day

Samedi 27 septembre 2014 | #336 | Le magazine lifestyle du Soir
UNICEF
AXELLE
RED
“ Une chanson
peut rendre
les gens plus
humains”
BONNES NOUVELLES!
40 médias du monde livrent une édition
spéciale 100 % positive. Victoire aussi !
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LA MOBILITÉ URBAINE PASSE PAR LA SOLUTION 2 ROUES.
Les routes vers les centres-villes sont engorgées, les places de parking se raréfient et il faut de plus en plus de temps pour aller d’un
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BIENVENUE !
© Laetizia Bazzoni
L’IMPACT JOURNALISM DAY (IJD) EST INITIÉ ET PILOTÉ PAR SPARKNEWS.
AUJOURD’HUI 40 JOURNAUX LEADERS PUBLIENT UN SUPPLÉMENT
DÉDIÉ AUX INNOVATIONS SOCIALES ET AUX NOUVELLES POSITIVES.
Faire des médias le relais des solutions plutôt que celui des problèmes. Ce
mantra n’est pas celui d’un doux rêveur, mais celui de Christian de Boisredon,
fondateur de Sparknews et initiateur de l’Impact Journalism Day, ce jour où
quarante médias du monde se mettent au service des bonnes nouvelles. Et cette
année, c’est dans Victoire que Le Soir verse sa contribution au projet ! Vous
y lirez au fil des pages les histoires étonnantes rapportées par nos consœurs
et confrères danois, africains, suisses, libanais… Des dispositifs scientifiques
pour sauver l’environnement, des découvertes médicales étonnantes, des
projets citoyens qui redonnent le sourire. Mais le projet ne s’arrête pas à cet
instant T, et encourage chacun d’entre nous à relayer les initiatives constructives dont il a connaissance.
Prêts à apporter votre pierre à l’édifice ? C’est par ici que ça se passe :
sparknews.com/ijd/makesense
Anne BOULORD Directrice de la rédaction
PAR
à l’avTeICIPEZ
nture
!
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une photo de vous avec votre journal sur les réseaux sociaux avec le
#ImpactJournalism, @sparknews et les # @MagVictoire. Les meilleures
photos seront récompensées.
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DÉPOSEZ
un projet que vous connaissez qui mériterait d’être dans l’IJD 2015 sur
sparknews.com/ijd/submissions
En couverture Axelle Red
Photo Charlie De Keersmaecker - Maquillage Dior
L’ŒIL | p.4
Une autoroute de lumières
C’ÉTAIT COMMENT ? | p.6
AXA, PARTENAIRE
FONDATEUR DE L’IJD
Le Sommet du Global Editors Network
IMPACT JOURNALISM DAY | p.8
Focus sur les enfants
L’INTERVIEW | p.12
Axelle Red, ambassadrice de l’UNICEF
IMPACT JOURNALISM DAY | p.18
Technique et débrouille au service
de la santé
MODE | p.26
Entrepreneurs belges et engagés
IMPACT JOURNALISM DAY | p.32
Au secours de la planète
En cohérence avec les initiatives de
protection menées par le Groupe,
AXA a choisi de s’associer à l’Impact
Journalism Day 2014 qui valorise
des solutions positives à travers le
monde.
Améliorer la protection, c’est d’abord
mieux comprendre et prévenir les
risques auxquels on est exposé. C’est
pourquoi AXA soutient la recherche
universitaire dans le monde, via
le Fonds AXA pour la recherche,
une initiative originale de mécénat
0 &"+1&Ɯ.2"ǽ "-2&0 0 /ć1&,+ "+
2007, le Fonds AXA pour la recherche
soutient plus de 400 équipes de
chercheurs dans 30 pays, ce qui
représente 200 millions d’euros
pour l’étude des risques qui nous
concernent tous.
C’est aussi mieux connaitre les
solutions existantes pour se protéger. La page AXA People Protectors
rassemble 1,2 million de fans dans
49 pays qui partagent des projets et
des idées pour mieux protéger nos
proches et notre environnement..
Les articles de l’Impact Journalism
Day seront mis en avant sur www.
facebook.com/axapeopleprotectors.
L’ÉQUIPE SPARKNEWS REMERCIE ÉGALEMENT
INTERVIEW ET RECETTES | p.38
Sang-Hoon Degeimbre,
ou l’apologie des circuits ultra-courts
IMPACT JOURNALISM DAY | p.44
Que mangerons-nous demain ?
LES BOUTIQUES/INFOS | p.50
Les adresses mode
VIDE-POCHE | p.51
Pierre Verbeeren,
directeur général de Médecins du Monde
Les équipes des journaux partenaires pour leur engagement envers un
journalisme d’impact ; TOTAL (partenaire de la thématique énergie) ; la
Social Media Squad, MakeSense et Ashoka (qui a nommé le fondateur de
Sparknews, fellow en 2014).
NOUS CONTACTER : [email protected]
Rejoignez-nous sur www.victoiremag.be,
notre page Facebook et sur Twitter @MagVictoire
VICTOIRE
|
3
Nuit
étoilée
|
PAR CHRISTOPHER F. SCHUETZE PHOTO DR
Insatisfait des milliers de kilomètres de pistes
cyclables et des parkings à vélo présents
dans chaque ville des Pays-Bas, un jeune
prodige du design, Daan Roosegarde, et son
équipe ont mis au point une piste cyclable de 600 mètres
de long, qui absorbe la lumière du soleil et devient phosphorescente une fois la nuit tombée. Détail poétique : de
minuscules morceaux lumineux incrustés dans le bitume
représenteront “La nuit étoilée” de Vincent van Gogh,
près de Nuenen, là où le peintre a vécu et travaillé. Cette
piste cyclable, dont l’ouverture est prévue à la fin de
l’année, permettra non seulement aux cyclistes de rouler
sans éclairage, mais d’illuminer, au sens propre comme au
figuré, leurs trajets quotidiens.
4
|
27 septembre 2014
L’ŒIL DE
VICTOIRE
C’ÉTAIT
COMMENT ?
Le Sommet du GLOBAL
EDITORS NETWORK | PAR DIDIER HAMANN PHOTOS DR
Barcelone a la magie des grandsmesses. Le Sommet du Global Editors
Network (GEN) a ce côté pompeux dont
la cité de Gaudi s’accommode assez
bien. Comme son nom l’indique, le GEN
Summit 2014 rassemble le gratin de la
presse mondiale : cinq cents patrons
de rédaction et innovateurs de médias.
Avec les plus grands : “ The Washington
Bertrand Pecquerie,
grand prêtre de la
Post ”, “ The Guardian ”, “ Al Jazeera ”,
grand-messe du GEN.
“ Springer ”, des “ Times ” de partout
et même de New York. Ça fourmille dans tous les sens au
Centre de culture contemporaine envahi de skateurs. C’est
ici que la presse de demain se réinvente.
Un menu à rendre fou. Des conférences solennelles sur le
futur du journalisme d’investigation. Des master classes
sur les réseaux sociaux, le nouveau Graal. Des ateliers
cool sur le data-journalism. Des hack days sur les apps (tu
vois, c’est un moment où toi, génie, tu crées un truc qui
marche sur ton smartphone ?). Et beaucoup, beaucoup
sur le digital. Ah oui ! Et sur le mobile, j’en ai un peu plus, je
vous le mets quand même ? Doux mélange un peu cliché.
Les vieux crocodiles de la presse imprimée ne s’en laissent
pas compter : ils parlent journalisme, contenu, qualité, réinvention de la presse. Ça compte les petits sous. Les jeunes
doux dingues du web s’agitent et parlent fort. Ça cause
gros sous dans les meilleurs restos à tapas de La Rambla,
la grande artère qui dévale jusqu’au vieux port. Genre : Je
vais lever 1 million de dollars pour lancer ma start-up… Et
puis vient la présentation de Sparknews,
porteur d’un projet novateur dont l’idée
est simple : pourquoi ne pas faire du
journalisme positif ? Non, non, pas de la
presse à l’eau de rose pour doux rêveurs.
Mais de l’info qui privilégie les solutions,
pas les problèmes ! Venu de Singapour,
Warren explique que son journal, le
6
|
27 septembre 2014
Petit tour, quand même,
dans le temple du foot,
le Barça.
“ Straits Times ”, a contribué à équiper
des Africains d’un modèle de lunettes
adaptables à tous les yeux, à tous
les nez… Émilie du Liban explique la
difficulté de faire adopter ce point de
vue par les journalistes ancien style.
Le nouveau catéchisme :
Le public accroche. Quarante journaux
la digitalisation de la presse.
de référence (dont “ Le Soir ”), 20 pays,
50 millions de lecteurs se sont déjà piqués au jeu. Et la
cohorte grandit. Les Larry, les Brian, les
David qui, deux jours plus tôt, avaient
présenté leur atelier sur le journalisme
robotisé ont l’air perplexe : aucun algorithme n’a pu encore faire ça ! Une petite
touche d’humanité, ça vous dit ?
En compagnie de Luca Berti
(“La Regione Ticino”, Suisse),
je présente le projet au gratin
mondial de la presse.
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UN MINUSCULE SAC DE COUCHAGE BAPTISÉ
“ EMBRACE WARMER ” S’ATTAQUE À L’UNE DES
PRINCIPALES CAUSES DE MORTALITÉ INFANTILE,
L’HYPOTHERMIE. IL A DÉJÀ ÉTÉ UTILISÉ PAR PLUS
DE SOIXANTE MILLE BÉBÉS DANS LE MONDE.
| PAR LAURA SHIN
Entreprise sociale basée en France, fondée en 2012, qui partage les initiatives inspirantes, grâce à sa plateforme collaborative de partage de vidéos et à des événements éditoriaux.
8
|
27 septembre 2014
A
l’hôpital de Mulago en
Ouganda ,
Na lubega
a accouché de triplés.
Prématurés et de petits
poids, ses bébés risquent
l’hypothermie, l’une des
principales causes de mortalité infantile : chaque année, plus d’un million de
nourrissons meurent dans leur premier
jour de vie, et trois millions au cours du
premier mois. Parmi eux, beaucoup sont
des prématurés ou des nouveau-nés de
petit poids à la naissance, qui n’ont pas
la graisse corporelle nécessaire pour
que leur corps puisse conserver sa chaleur et réguler sa température. Pour eux,
ENFANTS
cire, dont le point de fusion est celui de la
température du corps humain. Une fois
fondu, il conserve la même température
jusqu’à six heures durant. Mieux encore,
il ne coûte que 25 $ (environ 19 €), soit
0,1 % du coût d’une couveuse classique.
Même Obama s’en mêle
Jane Chen, présidente-directrice générale d’Embrace pendant les cinq premières années, était l’une des étudiantes
de la promotion 2007-2008 de l’école de
design de Stanford, qui a
conçu la chaufferette. Le
groupe a fait le voyage
jusqu’à Katmandou, au
Népal, pour enquêter sur
le problème. Elle raconte :
Dans les grands hôpitaux,
il y avait largement assez
de couveuses, mais ce n’est
pas là qu’ étaient les bébés.
Ça a été une grande révélation pour nous. Ils se
sont donc concentrés sur
la fabrication d’une couveuse qui fonctionnerait dans les zones
rurales, où meurent beaucoup d’enfants.
Aujourd’hui, plus de soixante mille bébés
ont bénéficié de l’Embrace Warmer dans
le cadre de quatre-vingt-six programmes
dans onze pays, dont l’Afghanistan, la
Chine, le Guatemala, Haïti, l’Inde, le
Mexique, le Mozambique, l’Ouganda, la
Somalie, le Soudan du Sud et la Zambie.
Le président Obama a convié Chen à la
première Maker Fair (un salon de la créativité et de la fabrication) de la MaisonBlanche avant de chanter les louanges de
l’Embrace dans un discours, Beyoncé a
fait un don de 125.0000 $, Chen a participé à deux conférences TED et l’organisation en elle-même s’est scindée en deux
entités.
La branche lucrative, Embrace
Innovations, fabrique l’appareil, développe de nouveaux produits, conduit des
essais cliniques et vend la chaufferette
aux gouvernements et autres cliniques
privées dans les pays en développement.
La branche non lucrative, Embrace, fait
don des chaufferettes aux installations de
santé et développe des programmes qui
apprennent aux mères et aux professionnels à les utiliser. Il ne suffit pas d’expédier ces bouillotes pour enfants dans un
carton, explique Alejandra Villalobos,
directrice exécutive par intérim pour
la branche non lucrative. Nous avons
découvert qu’elles peuvent se perdre, ne
pas être utilisées ou utilisées pendant
quelques mois avant d’être oubliées.
© DR
Les tests
montrent
que la
minicouveuse
enregistre de
très bonnes
performances
une température ambiante est glaciale.
Dans les pays développés, un bébé risquant l’hypothermie serait placé en couveuse. Mais celle-ci coûte généralement
20.000 $ (environ 15.000 €), un montant exorbitant dans les pays en développement. Dans l’hôpital de Mulago
par exemple, seules deux des vingtsix couveuses fonctionnent : une même
couveuse accueille souvent plus de trois
bébés à la fois.
Mais l’hôpital peut désormais compter
sur une invention simple et intelligente :
l’Embrace Warmer, un minuscule sac de
couchage équipé d’un sachet en plastique
rempli d’un matériau semblable à de la
Améliorer le lien
mère-enfant
La branche non lucrative
enseigne également le
peau à peau – un protocole
dans le cadre duquel la
mère tient son bébé contre
sa peau nue pour le garder
au chaud – ainsi que l’hygiène, la nutrition et les
soins pour les nourrissons
de petit poids à la naissance et les prématurés.
La première version de l’Embrace
Warmer nécessitait un accès intermittent à l’électricité (pour faire fondre la
cire) : c’est celle qui est utilisée dans les
hôpitaux et les installations de santé.
Dans le courant de l’année, Embrace
commercialisera une nouvelle version
utilisable à domicile, pouvant être
chauffée à l’eau bouillante et conservant sa chaleur jusqu’à huit heures.
Bien que les causes de la mortalité
infantile soient trop nombreuses
pour pouvoir déterminer l’impact de
la chaufferette, les essais cliniques
montrent qu’elle enregistre d’aussi
bonnes performances que les standards
de soin existants. En outre, elle favorise
le lien mère-enfant, fondamental pour
l’attachement. Et les études montrent
que lorsque les nourrissons survivent,
leurs mères ont tendance à avoir moins
d’enfants.
http://embraceglobal.org
VICTOIRE
|
9
ENFANTS
Apprendre La ferme école
avec la 3D
de la dernière chance
En 2013, des spécialistes du génie
biomédical à l’école polytechnique
de Silésie ont conçu une grotte en
trois dimensions pour l’association
Lubi Ci (“ Je t’aime beaucoup ”) en
Pologne. Cette association travaille
avec des enfants handicapés et rencontre de nombreux obstacles quant
aux apprentissages et à la motivation
des élèves. L’idée était de trouver le
moyen de leur proposer des tâches ludiques et pédagogiques : le cube fabriqué dans une toile spéciale faisant la
taille d’une grande pièce et projetant
des images en trois dimensions sur
toutes ses parois allait faire l’affaire.
Une fois le matériel installé, il suffit
de mettre des lunettes spéciales, une
paire de gants avec des tentacules pour
entrer dans un monde virtuel... on ne
peut plus réel.
Après plusieurs expériences avec les
élèves handicapés, les ingénieurs ont
compris qu’il fallait leur proposer un
graphisme simplifié, fait d’aplats de
couleurs, de grands dessins et de couleurs très contrastées. Les exercices
réalisés dans cette grotte ont permis
de résoudre plusieurs problèmes, et
pas seulement celui de la motivation.
L’application a aussi permis d’éviter
d’autres écueils, notamment la répétition des erreurs, car les enfants se
souviennent de chacun de leurs mouvements, même lorsque ce ne sont pas les
bons. Ainsi, ils les reproduisent sans se
rendre compte qu’ ils se trompent, explique Małgorzata Kalarus-Sternal, de
Lubi Ci. Enfin, dans ce cas précis, les
machines se sont avérées supérieures
à l’homme, car elles ne s’ énervent
jamais. Katarzyna ZACHARIASZ
10
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27 septembre 2014
© DR
Quotidien polonais fondé
en 1989, dirigé par Adam
Michnik. Son rédacteur
en chef est Jaroslaw Kurski et il est tiré à
436.000 exemplaires.
Hebdomadaire francophone marocain fondé en 1991, devenu ensuite
le premier quotidien économique du pays en 1998. En 2011, il était tiré à
19.189 exemplaires. Rédacteur en chef : Mohamed Benabid.
Comme un coup de poing aux destins
malmenés des enfants des rues, l’association Bayti au Maroc agit. Ses éducateurs
sillonnent la ville à la recherche des plus
jeunes et des plus grandes détresses, qu’il
faut apprivoiser petit à petit pour qu’ils
acceptent d’intégrer l’ONG. Aux centres
d’accueil de Casablanca et d’Essaouira,
ils sont nombreux, filles et garçons, à
trouver un toit et un lit protecteur pour
la nuit ou pour des années. Avec le temps
et beaucoup de patience, les enfants apprennent l’heure du coucher et du réveil,
les heures de repas, à se laver, se coiffer
et s’habiller de vêtements propres, faire
leur lit... Et puis à apprendre : la clé de
l’autonomie. Pour aller encore plus loin
dans ses actions, l’association porte un
projet unique au Maroc, la ferme école
Bayti, située près de la ville de Kénitra.
En pleine campagne, depuis 2006, onze
hectares de terre servent à la formation
au travail de l’agriculture des enfants
en grande précarité. La ferme école dispense des formations d’ouvriers agricoles
spécialisés, mais peut être également une
simple trêve pour des jeunes en grande
souffrance. Ils y viennent pour des stages
de réhabilitation, qui les coupent radicalement des codes et tentations de la rue.
Les éducateurs prônent l’esprit d’équipe,
la discussion, la réflexion et le partage.
En effet, les habitants des douars alentour, effrayés au départ par la création de
la ferme et la venue de ces enfants, participent aujourd’hui activement au projet.
Ils sont, au même titre que les jeunes,
bénéficiaires des enseignements. Car ici,
profit et rendement ne font pas loi. En
tant que support pédagogique, la ferme
s’essaie à toutes les innovations. Énergies
renouvelables, recyclage des eaux usées,
irrigation au goutte à goutte… n’ont
plus de secret pour personne. Un élan
de transmission, également utile pour
faire changer des gestes et des pensées
qui semblaient pourtant immuables. Car
malgré certains acquis et une société
marocaine de plus en plus émue par la
précarité de ces enfants, le chemin est
encore long. Reste des obstacles de taille
à dépasser pour voir les mentalités changer. Reste aussi à pallier le manque cruel
d’infrastructures adaptées et les aides
nécessaires aux familles en difficulté.
Des pistes qui permettraient aux enfants
de ne plus finir dans les rues du pays.
Stéphanie JACOB
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“ Je suis empathique
et dois m’en protéger ”
AXELLE RED
12
|
27 septembre 2014
L’INTERVIEW
QU’ELLE PATAUGE DANS LA BOUE D’UN CAMP DE RÉFUGIÉS OU
CHANTE “ AMOUR PROFOND ”, AXELLE RED N’EST QU’UNE. L’HARMONIE
ENTRE CES FACETTES DE SA PERSONNALITÉ N’A PAS ÉTÉ FACILE À
GAGNER, MAIS LUI A ÉTÉ PRÉCIEUSE LORS DE SA RÉCENTE MISSION
D’AMBASSADRICE DE L’UNICEF AU SOUDAN DU SUD.
| PAR GILLES BECHET (AU SOUDAN DU SUD) PHOTOS CHARLIE DE KEERSMAECKER (PORTRAIT)
PHILIPPE HENON POUR L’UNICEF (REPORTAGE)
out au long de sa carrière, A xelle Red a
gorgé son french soul
de chansons d’amour
et d’autres qui abordent
frontalement les conséquences des violences sexuelles, des
mines antipersonnel, de la malnutrition ou des drames que vivent les
enfants soldats. Des chansons de
rage, mais aussi d’espoir devant l’état
d’un monde qui n’a jamais été aussi
proche. Quand elle pose son micro et
sa guitare, c’est sur le terrain que la
f lamboyante rousse poursuit son engagement aux côtés de l’Unicef pour
qui elle a accepté d’endosser le rôle
d’ambassadrice. À l’occasion d’une
mission au Soudan du Sud, c’est une
rencontre en deux temps qu’elle nous
accorde. À Bruxelles, quelques jours
avant son départ et ensuite à Juba, à
l’issue d’une intense mission au cœur
des camps où s’entassent dans des
conditions extrêmes des milliers de
personnes déplacées par le conf lit.
T
BRUXELLES
DANS LES BUREAUX
DE MUSIC AND ROSES
Comment se prépare-t-on pour une
mission pareille ?
J’essaie de m’infomer sur le pays… et
puis de m’endurcir, je crois (rires).
Comment peut-on s’endurcir ?
Depuis quelques années, je me suis
donné le droit de me protéger. J’étais arrivée à un stade où je n’écrivais plus que
des albums ou des chansons engagées.
J’avais vraiment besoin de faire la part
des choses. J’en avais vraiment ras-lebol de lire les réponses des autres. J’avais
envie de trouver les miennes. C’est quoi la
vie, pourquoi on vit ? Pendant deux ans,
j’ai pris le temps de réfléchir. Quand j’ai
trouvé mes réponses, ça m’a fait un bien
fou parce qu’elles étaient
logiques, c’était du bon
sens. J’ai pris beaucoup de
temps à comprendre que je
ne peux pas tout changer,
que j’ai le droit d’être heureuse, malgré cette misère.
Maintenant que j’ai fait ce
travail de préparation, je
dois juste renouer avec ces
réponses et les replacer clairement dans
ma tête avant de repartir.
problématique qui me parlait. Lors d’un
de mes premiers voyages dans ces pays,
j’étais encore étudiante, on avait fait la
connaissance d’un avocat australien. Il
a proposé de nous engager après nos
études pour des projets humanitaires,
mais à l’époque j’avais déjà la musique.
La musique, c’était une soupape
pour cette énergie, cette envie de
révolte ?
Au départ, la musique était complètement dissociée de mes
engagements. Mes chansons racontaient ce dont
j’avais envie de parler sur le
moment. Dès que j’ai commencé à m’investir pour
des causes, j’ai tout de suite
écrit des chansons “ engagées ”. Avec une chanson,
tu évacues les émotions
que tu as en toi, et moi j’en débordais.
L’album que j’ai sorti en anglais, “ Sisters
and Empathy ”, était engagé de la première à la dernière chanson. Pendant la
promo, j’étais mal à l’aise en me disant
que certains pensaient peut-être que je
faisais ça pour la notoriété. C’est difficile de faire un tel album parce qu’il est
rangé à côté des albums pop dans les
bacs, alors que cet album-là, tu le sais
différent. J’aurais voulu l’accompagner
de quelque chose, un documentaire par
Les chansons
peuvent
rendre les gens
plus humains
Vous êtes ambassadrice de l’Unicef
depuis 1997 : comment vous est
venu cet engagement ?
Ils ont commencé par me demander d’être marraine d’une campagne
contre les mines antipersonnel. Cela
avait du sens parce que j’avais beaucoup voyagé, en touriste, au Laos, au
Cambodge, au Viêtnam, et c’était une
VICTOIRE
|
13
exemple, pour approfondir certains
sujets… Aussi, je me suis rendu compte
que je ne me donnais plus le droit de
faire des chansons d’amour, il me fallait lancer un message. Avec “ Rouge
ardent ”, le dernier album, j’ose à nouveau rêver et faire rêver les autres. Mon
pauvre public n’est pas nécessairement
aussi engagé que moi ! Ce n’est pas qu’il
n’a pas de cœur ou de compassion, mais il n’a pas ce
trop-plein. Pour eux, mais
aussi pour moi, je me suis
dit : écrivons sur l’amour.
Vous êtes-vous déjà demandé à quoi sert une
chanson ?
il a divorcé (rires). Moi, j’ai de jeunes
enfants, je ne peux pas faire ça. Oui,
je pourrais peut-être les emmener avec
moi, mais ce n’est pas si évident que ça.
On peut toujours en faire plus, mais avec
un prix à payer et en fin de compte, estce que cela apportera plus aux populations concernées ? Il arrive un moment
où je décide jusqu’où je peux aller et j’y
vais avec conviction. C’est
déjà ça.
Au Soudan
du Sud sont
réunies toutes
les misères
du monde
Je pense qu’une chanson
sert à beaucoup de choses,
à faire rêver les gens, à
détendre. Je n’ai rien contre le côté
entertainment. Parfois, ça sert aussi à
lancer des messages et à rendre les gens
plus humains. Je pense que c’est l’art
qui nous différencie des animaux. Avec
“ Rouge ardent ”, les gens me disent : Ce
n’est pas normal. Non seulement c’est ton
meilleur album, mais ça me donne des
émotions tellement fortes ! Et c’est exactement ce que je voulais avec cet album :
sortir des émotions pour nous ramener à
notre humanité. Et en même temps, une
chanson parle aussi aux tripes, c’est très
animal, très instinctif.
Avec l’expérience, savez-vous où
sont vos limites ?
Je pourrais en faire plus, comme Sean
Penn l’a fait. Il a été à Haïti et il est
resté sur place six mois ou un an. Après,
L’optimisme, ça s’entretient, ça se construit ?
Je suis née optimiste. C’est
vrai. Je le vois chez mes enfants, elles me ressemblent,
c’est vraiment notre nature.
Un jour, j’ai lu dans le journal de Kurt Cobain qu’il ne
voulait plus vivre dans ce
monde quand il voyait en sa fille l’enfant
qu’il avait été, tellement heureuse et positive. Il était tellement empathique qu’il
n’était plus capable de gérer ça. Je comprenais vraiment ce qu’il voulait dire.
Aujourd’hui, j’ai compris que j’ai le droit
de me protéger, car je suis une éponge.
Chaque fois, je me force à redevenir positive, mais ce sont des cycles. On peut
remarquer cela à travers mes albums.
Positiver, c’est la recette du
bonheur ?
Après une longue introspection, j’ai
trouvé plein de réponses, mais je n’arrive
pas toujours à les mettre en pratique.
Par contre, sans être “ zen ”, je parviens
beaucoup plus à gérer les contraintes. Je
voudrais en faire davantage, mais voilà,
je ne suis pas encore devenue sage.
L’UNICEF AU SOUDAN DU SUD
Depuis le début du conflit marqué par trois jours de massacres à Juba, on compte
1,3 million de personnes déplacées dans le pays parmi lesquelles 695.172 enfants en
dessous de 18 ans. Ce pays déjà déshérité traverse une crise majeure. Pour secourir ces
populations réfugiées dans des camps ou disséminés dans les campagnes, l’Unicef et
ses partenaires apportent les premières aides en matière de nutrition, de vaccination et
de santé, d’éducation, d’accès à l’eau et aux sanitaires ainsi que de protection face aux
violences faites aux enfants.
BE31 0000 0000 5555 Soudan du Sud
14
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27 septembre 2014
Heureusement, peut-être ?
Oui, le jour où je serai sage, je ne sais
pas si je pourrai créer avec la même intensité. Pour créer, j’ai besoin de ce côté
impulsif, enfantin, pressé. Un sage me
demanderait pourquoi je me presse, ça
sert à quoi ? Moi, si je ne me presse pas,
je ne fais plus rien. Dans la vie, il faut
toujours trouver cette balance entre “ je
donne et j’existe ”, entre l’ambition et le
besoin de créer. Je crois que le bonheur
tient dans cette balance, dans cette
harmonie.
JUBA
DANS LA COUR
DU TRANSIT HOTEL
Quels sentiments vous imprègnentils à l’issue de cette mission ?
Je suis passée déjà par tous les stades.
J’ai eu des moments où j’étais carrément
fâchée, j’ai eu des moments de grande
détresse. Certaines nuits, je n’arrivais
L’INTERVIEW
Confident Childeren out of Confl ict
à Juba accueille des orphelins,
victimes du confl it. Ils y trouvent
la sécurité et y retournent à
l’école où ils excellent.
pas à dormir. Maintenant, je suis positive. J’essaie de voir le positif. C’est un
pays magnifique : ils ont des ressources,
du pétrole, le sol est fertile. Ils ont un
fleuve. On peut aussi voir tout ce qui
est négatif, mais il y a surtout tous ces
gens avec une volonté très forte. On le
voit dans tous les camps. Ils n’ont pas
un caractère dépendant : ils sont dans
un camp où ils sont assistés, mais ils
font du commerce, ils ont des activités.
Après autant de décennies de guerre, je
suis étonnée de voir les gens plus positifs
qu’en Sierra Leone par exemple.
Qu’est-ce qui vous a touchée : ce
que vous voyez, les témoignages de
gens ?
À l’issue de la visite,
les enfants ont offert
la joie d’une chanson.
C’est le tout. J’observe, je ressens, j’emmagasine beaucoup d’émotions. Après,
il y a de la tristesse. Au Soudan du Sud
sont réunies toutes les misères possibles.
J’ai vu de nombreux pays en Afrique et
chaque pays a souvent plusieurs problématiques. Ici, elles sont toutes réunies.
C’est le pays qui détient le record de la
scolarité la plus faible d’Afrique, ils sont
malnutris, ils ont toutes les maladies,
même s’ils n’ont pas Ebola. Et à tous ces
problèmes s’ajoutent un conflit armé et
un climat difficile. C’est inhumain de
vivre dans la boue comme ils vivent à
Malakal.
Il faut agir dans l’urgence, mais les
exigences ne sont pas les mêmes…
Sauver un enfant de la malnutrition, ça
prend un mois, apprendre à lire et à écrire,
c’est cinq ans. Ce qui est une éternité dans
un pays en conflit. Surtout quand on ne
sait pas combien de temps ils vont rester
dans les camps. Raison de plus de ne pas
en perdre. L’enseignement est vraiment
au centre de tout. Certains pensent que
ce n’est pas la première nécessité dans
un camp de survie mais, dans des pays
qui ont déjà connu des guerres, l’absence
d’enseignement se marque par des générations entières d’analphabètes appelées
à répéter les mêmes erreurs. Et dans un
contexte de pauvreté et de conflit, l’insécurité se développe et l’illettrisme accentue cette violence.
On peut avoir toute la compassion
qu’on veut, on ne peut pas se mettre
à la place des autres ?
Je pense être capable de me mettre à la
place des autres. J’ai beaucoup d’empathie, c’est ma nature. C’est pour ça que je
VICTOIRE
|
15
L’INTERVIEW
ne dors pas la nuit, je ressens les peurs
de ces femmes. En raison de la violence
des jeunes gens abrutis par l’alcool
local, elles vivent sous un stress permanent. L’Unicef fait déjà beaucoup dans
les camps, mais ils ne peuvent garantir
la sécurité à 100 % pour chaque personne. Je trouve ça très dur. Je ne suis
pas dans leur tente, je ne suis pas dans
leur boue, je ne dois pas me contenter
de l’eau froide, quand il y en a. Je ne
suis pas dans les marécages avec mes
enfants malades. Je peux simplement
me l’imaginer et me sentir au maximum
de l’empathie en comparant à l’état dans
lequel je me trouve quand mes enfants
ont un problème. On se sent misérable.
Ce que vivent ces femmes est inhumain,
car elles sont obligées d’entraîner leurs
enfants dans leur misère.
Vous gérez ça mieux que lors de
votre première mission ?
Cette semaine, je ne l’ai pas mieux géré.
Je pense que maintenant, j’arrive mieux
à rebondir, on verra à la maison, mais
je sais que je vais me sentir mal. Quand
on se replonge dans notre quotidien
belge, on voit le côté presque absurde
Au camp Tongping, les chansons
sont un moteur du vivre-ensemble.
Here, we are coming happy,
chantaient les enfants.
et ridicule de notre fonctionnement. On
court après quoi, alors qu’ici au Soudan
du Sud, on est face aux besoins primaires que nous avons souvent oubliés.
Nous, on stresse parce qu’on a trop. Bien
sûr, on ne peut pas tout comparer. Je ne
suis pas en train de dire qu’en Belgique,
on ne peut pas avoir de soucis mais
quand même, certaines choses sont à relativiser. Ce qui m’a donné un bel espoir,
c’est l’orphelinat que nous avons visité.
En 2004, Axelle Red a fait ses débuts
au cinéma aux côtés de Matthias Schoenaerts, dans “ Ellektra ”, un fi lm de Rudolf Mestdagh. Elle est Anna, une pianiste borderline qui a perdu l’usage de ses
doigts à la suite d’un carjacking, un rôle
pour lequel elle a obtenu un prix d’interprétation au festival de New York.
8
16
|
Après Haïti, le Laos, la République
démocratique du Congo, le Sri Lanka,
la Sierre Leone, le Liberia et le Niger, le
Soudan du Sud est la huitième mission
assurée par Axelle Red en tant qu’ambassadrice de l’Unicef depuis 1997.
27 septembre 2014
C’était beau, je soutiens le même genre
d’orphelinat au Cambodge. Alors que
tous ces enfants ont été abusés sexuellement, ça donne de l’espoir de les voir
épanouis, fiers. Ces enfants-là, non seulement ils vont faire des études, mais ils
vont en faire quelque chose et le rendre
au peuple. On pourra chez eux trouver
des travailleurs humanitaires, une danseuse, un musicien et peut-être même
un président. Et ça, c’est beau.
ICÔNE
Mes héroïnes sont ces femmes africaines.
J’adore parler avec elles. Je leur raconte des
morceaux de ma vie et puis elles me décrivent
leur quotidien. J’apprends des choses
inimaginables, elles vivent dans des conditons
incroyables. Mais elles sont fortes et elles ont
de l’humour.
5
DATES
1968 | Naissance le 15 février de Fabienne Demal à
Hasselt. 1993 | “ Sans plus
attendre ”, premier disque
sous le nom d’Axelle Red.
1997 | Première mission
pour l’Unicef. 2009 | “ Sisters and Empathy ”. 2013 |
“ Rouge ardent ”.
nouvelle-twingo.renault.be
Je suis une vraie 5 portes
Vous pourriez croire que j’ai trois portes, mais regardez : j’en ai bien cinq ! Pratique pour accéder à bord, attacher bébé, ou charger les
bagages et les objets encombrants. Et je n’ai pas fini de vous étonner : découvrez-moi vite sur nouvelle-twingo.renault.be.
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Un livre
pour boire
L
POUR COMBATTRE LES MALADIES LIÉES À L’EAU,
UNE CHIMISTE ET UN GRAPHISTE ONT CRÉÉ LE
DRINKABLE BOOK. UN LIVRE DONT CHAQUE PAGE EST
ENDUITE DE NANOPARTICULES D’ARGENT CAPABLES
D’ÉLIMINER LES BACTÉRIES DE L’EAU CONTAMINÉE.
| PAR MELANIE D. G. KAPLAN
Sparknews est une entreprise sociale basée en France, fondée en 2012 et dont la
mission consiste à partager les initiatives inspirantes pour générer l’action, grâce
à sa plateforme collaborative de partage de vidéos et à des événements éditoriaux.
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27 septembre 2014
aisser partir son enfant sur
le chemin de l’école sans
se douter que sa gourde
contient de l’eau contaminée semble impensable
aujourd’ hui. C’est pourtant exactement ce qui se passe au
Ghana, dans les districts de Tolon
et de Kumbungu. Selon Iddrisu
Abdul-Aziz Boar, directeur de l’antenne ghanéenne de l’association
WATERisLIFE, dans pratiquement
toutes les écoles de ces districts, huit
enfants sur dix apportent de l’eau
contaminée pour leur journée d’ école.
Ils n’ont bien sûr aucune idée de
SANTÉ
de l’eau étaient coûteuses et relativement compliquées à mettre en œuvre.
Désormais, le Drinkable Book rendra
l’eau polluée aussi potable que celle qui
sort de nos robinets. Il était essentiel
de concevoir un outil de filtration de
l’eau susceptible d’ être adopté et utilisé par des individus et des communautés qui ont besoin d’eau potable,
souligne Kristine Bender, présidente
de WATERisLIFE, une association
caritative basée à Edmond, dans
l’Oklahoma. Ce support constitue une
interprétation brillante et novatrice
d’un outil simple destiné à assurer un besoin
élémentaire de la vie : de
l’eau propre.
Mais comment un livre
peut-il f iltrer l ’eau ?
Comme n’importe quel
autre livre, le Drinkable
Book est composé de
pages, à cette différence près que celles-ci
sortent tout droit du laboratoire du Dr Theresa
Dankovich. Il y a quelques années,
à l’Université Mc Gill de Montréal,
la chimiste avait créé un filtre à eau
antibactérien à partir d’un papier revêtu d’une couche de nanoparticules
d’argent, oligo-élément connu pour
ses propriétés bactéricides, et capable
d’éliminer les microbes responsables
des maladies mortelles liées à l’eau.
Au fil de ses recherches, elle s’est demandé comment elle pourrait mettre
au point un filtre à eau abordable. En
2009, elle réussit à démontrer que les
feuilles tapissées d’argent éliminaient
99,9 % des bactéries dans une eau extrêmement polluée, comparable à des
eff luents domestiques. Un filtre ne
coûte que quelques centimes et reste
efficace pendant trente jours.
toxiques, elle publie, à tout hasard,
une vidéo de présentation de sa découverte sur YouTube. Et c’est Brian
Gartside, graphiste designer dans
l’agence de publicité new-yorkaise
DDB qui tombe dessus. Il travaille
alors sur des campagnes conventionnelles pour WATERisLIFE et lui propose de collaborer à un projet hors
du commun. L’ idée du livre est apparue l’ été dernier, lorsque Brian m’a
contactée, raconte le Dr Dankovich.
Les deux inventeurs s’accordaient à
penser que le livre devait comporter
une composante pédagogique, par le biais de
messages inscrits sur
chaque page. Nous savons que si l’eau que nous
buvons n’est pas propre,
nous tombons malades,
dit-elle. Mais pour ceux
qui n’ont pas appris cette
règle dans leur enfance,
l’ idée peut paraître saugrenue. Et s’ ils n’en mesurent pas l’ importance,
ils ne feront rien pour assainir l’eau
qu’ ils consomment.
Le papier est robuste et ressemble à
du carton très fin. De couleur blanche
à l’origine, il vire au jaune, puis à
l’orange foncé sous l’effet des nanoparticules d’argent. Pour imprimer du
texte sur les pages, il restait encore à
trouver une encre adaptée car la plupart des encres d’ imprimerie commerciales contiennent des composés
chimiques nocifs qu’ il ne faut surtout
pas absorber, explique Gartside. Nous
avons fini par dénicher un fabricant
qui était disposé à créer une encre
comestible. La première page du livre
ouvre sur la mise en garde suivante :
L’eau de votre village peut provoquer
des maladies mortelles. Mais chaque
page de ce livre est un filtre à eau qui
la rendra potable.
Chaque feuille est divisée en deux
carrés à découper selon une ligne
© DR
Le Drinkable
Book permet
de filtrer de
l’eau pendant
quatre ans
l’ impact de cette eau sur leur santé.
Au Ghana comme dans d’autres pays
en développement, bien des enfants
et des adultes ignorent qu’en buvant
de l’eau non filtrée, ils risquent de
contracter toutes sortes de pathologies : le choléra, la dysenterie, l’hépatite A et la typhoïde.
Une solution
pour filtrer l’eau
L’association à but non lucratif
Water.org estime que près de 3,4 millions d’individus meurent chaque
année de maladies liées à l’eau. Jusqu’à
présent, les techniques de filtration
La belle rencontre
Après avoir amélioré le procédé et
éliminé tous les composés chimiques
VICTOIRE
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19
SANTÉ
préperforée. Sur celui du haut, le
texte est imprimé en anglais, et sur
celui du bas, dans la langue du pays
de destination – le swahili pour le
Kenya, par exemple. Avec ses vingtquatre pages, le livre permet de filtrer l’eau pendant quatre ans. L’été
dernier, Dankovich a testé les filtres
dans un ruisseau d’Afrique du Sud
pollué par des matières fécales.
L’expérience a démontré que le papier
argenté était tout aussi efficace qu’en
laboratoire.
La tablette
pour non-voyants
Quotidien autrichien généraliste et libéral publié en allemand, fondé
en 1988. Il est tiré à 80.000 exemplaires en semaine et 170.000 le weekend. Il est dirigé par Oscar Bronner.
conception logicielle et 3D. Début 2014,
ils ont quitté la Bulgarie pour Vienne,
où les conditions sont plus propices au
lancement d’une start-up. Et d’ici la
fin de l’année, les principales étapes du
projet auront été franchies pour présenter le premier prototype du Blitab. Des
applications ont d’ores et déjà vu le jour
pour cette tablette qui s’est vu décerner
plusieurs prix récompensant ses innovations techniques et son utilité sociale.
Un outil pour la vie
www.waterislife.com/media/videos
20
|
27 septembre 2014
Un écran tactile en relief
© DR
Cet été, avec des étudiants de l’Université Carnegie Mellon (Pittsburgh,
Pennsylvanie), où elle poursuit ses travaux de recherche postdoctorale, elle
a rejoint l’équipe de WATERisLIFE
au Ghana afin de mener de nouveaux
essais sur le terrain. Il s’agissait de
voir comment le livre serait accueilli
par la population locale. À partir de
2015, une fois que le financement et
la production du livre seront assurés, WATERisLIFE commencera à le
distribuer dans des villages en Haïti,
au Kenya, en Inde et au Ghana…
L’association espère ainsi atteindre
des dizaines de milliers d’individus.
L’objectif à long terme est de créer
un livre pour chacun des trente-trois
pays dans lesquels WATERisLIFE est
présent. Par la suite, le livre pourrait
intéresser des consommateurs des
pays développés qui souhaitent filtrer
leur eau, comme les randonneurs par
exemple.
Entre-temps, le Dr Dankovich cherche
des moyens de produire le papier à
plus grande échelle. Le procédé actuel,
réalisé depuis quelque temps dans la
cuisine d’une église de Pittsburgh,
lui paraît en effet trop long et trop
laborieux.
Au Ghana, Abdul-Aziz Boare attend
avec impatience de pouvoir présenter
le livre buvable à ses concitoyens. La
communauté sera en meilleure santé
et, du même coup, plus productive. Et
la vie des habitants transformée.
Certains outils technologiques permettent déjà aux non-voyants de surfer
sur internet : logiciels de lecture ou de
grossissement d’écran, machines à lire
électroniques, dispositifs de saisie en
braille ou outils de synthèse vocale qui
convertissent les informations électroniques en contenus audio. Mais, en plus
d’être onéreuses, ces innovations sont
peu pratiques car peu mobiles. La startup Blitab Technology entend y remédier en mettant au point une tablette
qui permet à l’utilisateur de traduire
et de rédiger des contenus numériques
en braille. C’est sa rencontre avec un
condisciple non voyant qui pousse
Kristina Tsvetanova, étudiante en ingénierie commerciale à l’Université de
technologie de Sofia, à se lancer dans un
projet ambitieux : la conception d’une
tablette destinée aux déficients visuels.
Le projet est mené avec son petit ami,
Slavi Slavev, et le jeune frère de celuici, Stanislav, tous deux spécialistes en
Une nouvelle technologie d’écran permet de percevoir les surfaces lisses
au toucher. Des petits cylindres semblables à des boutons ou à de petites
bulles sortent de l’écran pour traduire
le contenu numérique en braille à l’aide
d’un logiciel de conversion inclus dans
l’appareil. Et la rédaction de contenus
est rendue possible par un clavier de
Perkins qui autorise l’écriture en braille.
Le corps de l’appareil, qui mesure entre
10 et 11 pouces, est composé à 60 %
d’aluminium, l’énergie étant stockée
dans des batteries zinc-air. Le potentiel d’un tel outil semble considérable.
D’après les statistiques de l’OMS, le
monde comptait 39,8 millions de nonvoyants et 285,3 millions de malvoyants
en 2013, dont 20 % maîtrisaient le système d’écriture à points saillants mis
au point par le Français Louis Braille
en 1825. Depuis peu, certains redoutent
que les outils de vocalisation et d’affichage dynamique ne fassent reculer l’apprentissage du braille, car la maîtrise de
la langue est une condition importante
de l’insertion des non-voyants dans le
monde du travail. Karin TZSCHENTKE
www.blitab.com
à nouveau
Sparknews est une entreprise
sociale basée en France, fondée en 2012 et dont la mission
consiste à partager les initiatives inspirantes pour générer l’action, grâce
à sa plateforme collaborative de partage de
vidéos et à des événements éditoriaux.
Le Tek RMB (pour Robotic Mobilization
Device) va changer la vie des personnes à
mobilité réduite en leur permettant de se
tenir à nouveau debout, d’accéder à des objets hors d’atteinte et de se tenir à la même
hauteur que leur interlocuteur. L’appareil
en question est une plateforme montée
sur quatre roues, à traction avant, qui
mesure 39,5 cm sur 75 cm, ce qui est plus
petit que n’importe quel fauteuil roulant.
Né dans l’esprit de l’inventeur turc Necati
Hacıkadirog
˘lu, fondateur de la société
Matia Robotics et physicien de formation,
le Tek RMD permet de pallier les effets
non désirés de la position assise prolongée : mauvaise circulation du sang, troubles
intestinaux, escarres, lésions aux épaules
et ostéoporose. Les économies induites à
long terme pourraient être considérables,
permettant de réduire les coûts de santé
et les frais d’aménagement du domicile
et du lieu de travail. Aux États-Unis, 3,6
millions de personnes âgées de
plus de 15 ans se déplacent en
fauteuil roulant et 11,6 millions
se servent d’autres types d’aide
à la mobilité. Si l’appareil Tek
RMD coûte actuellement
près de 11.000 €, la
liste d’attente de clients
prêts à débourser cette
somme pour se faciliter
la vie est déjà longue.
© DR
Carolyn FRASER
www.matiarobotics.com
La lumière
comme antidouleur
Quotidien suisse généraliste en italien, fondé en 1992 de la réunion
des deux journaux Il Dovere et L’Eco di Locarno. Son tirage est de
32.000 exemplaires. Directeur éditorial : Matteo Caratti.
Dans une résidence pour seniors suisse,
la Casa Anziani Malcantonese, une étude
relative aux effets de la lumière sur la
douleur a été menée sur douze patients.
La chromopuncture est une thérapie qui
utilise des faisceaux de lumière colorée
appliqués sur la peau le long du trajet des
méridiens d’acupuncture, en vue d’atténuer la douleur. La lumière est la langue
de communication des cellules. Lorsque
cette langue est perturbée, les couleurs
transmettent à l’organisme une information qui rétablit l’équilibre, explique le
Dr Fausto Pagnamena, ancien médecin
chef du service pédiatrique de l’hôpital
La Carita de Locarno et spécialiste de
chromothérapie. Nous avons utilisé une
lumière infrarouge (d’une fréquence de
950 nanomètres) qui présente la même
vibration que le noyau cellulaire. L’onde
transmet l’ information à l’organisme
pour libérer des blocs d’énergie, ce qui
rétablit la communication entre les cellules. Ces blocs, précise-t-il, sont les émotions restées coincées pendant des années
et des facteurs déclenchants de maladie,
souvent négligés. En libérant les blocages
émotionnels, le stress est évacué et le système immunitaire s’en trouve renforcé.
Des résultats surprenants
Il s’agit de la première étude à s’être
déroulée sur une année entière (de
février 2012 à mars 2013), pour une
évaluation la plus objective possible :
des infirmières indépendantes enregistraient l’intensité de la douleur indiquée par les patients avant et après les
séances. Cet essai clinique a été réalisé en
collaboration avec des médecins et, approuvé par le Service de santé du canton
du Tessin, il a produit des résultats étonnants : dès la première séance, la douleur
© DR
Se tenir
debout,
avait diminué de 30 % chez la plupart
des patients, pour ensuite pratiquement
disparaître. La consommation d’antalgiques, tels la morphine et autres opiacés,
fut réduite de moitié : onze patients sur
douze ne ressentaient absolument plus
aucune douleur et consommaient deux
fois moins de cachets. Et il semble que la
douleur n’ait pas reparu après interruption du traitement hebdomadaire. Si ces
résultats ont surpris le personnel médical de la résidence, le Dr Pegnamenta,
lui, savait à quoi s’attendre : Je traite les
migraines, l’insomnie, les lombalgies et
bien d’autres choses avec les lumières colorées depuis vingt-cinq ans. En ciblant
des points spécifiques, on peut effacer la
douleur en quelques séances à peine. Et
en cas de maladie dégénérative grave,
le traitement peut renforcer le système
immunitaire. Ces résultats montrent à
quel point les émotions sont à l’origine
de douleurs souvent difficiles à expliquer
par une approche médicale classique.
Simonetta CARATTI
VICTOIRE
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21
SANTÉ
Un train
de la santé
Pour apporter des soins aux communautés précaires et marginalisés du Mexique,
le Grupo México a imaginé une clinique
sur rails. Ce Train de la santé surnommé
“ Dr. Vagón ”, combine un travail sur les
relations publiques et les services à la
communauté. Après la création d’une
entreprise appartenant à un conglomérat
minier, et possédant également la société
ferroviaire Ferromex, qui a coparrainé ce
train, le groupe a créé une infrastructure
sans précédent sur tout le continent américain, et qui a nécessité plusieurs années
de travail intense.
Cette clinique ambulante aménagée à
bord d’un convoi est équipée de tout ce
qu’il faut pour apporter des services de
santé gratuits aux communautés modestes des zones difficiles d’accès : L’ idée
de Dr. Vagón, c’est de transformer un
© DR
Quotidien publié
à Mexico, fondé
en 1917, dont le
rédacteur en chef est Pascal Beltrán del Río.
train en hôpital, afin qu’ il soit capable
de procurer des services à tous les gens
qui habitent dans des zones éloignées et
qui en ont besoin, confie Ximena Ugarte
de la fondation Grupo México, en soulignant que ce projet a déjà trois ans.
Dr. Vagón se compose de onze wagons
ayant chacun un cabinet de consultation, quinze médecins, un laboratoire,
des salles de spécialités, une pharmacie,
des dortoirs et une cantine. C’est un train
où l’on offre aussi bien des consultations
générales que des services d’odontologie
et ultrason. On y pratique également une
médicine préventive et des traitements de
base pour la santé, comme le soulignent
ses sponsors.
Atteindre le plus grand nombre
Le convoi peut impacter jusqu’à 300 personnes par jour dans son parcours et la
plupart des usagers viennent des communautés rurales. Dans ce Train de la
santé, il y a des docteurs spécialisés au
service de la population à laquelle on
donne, au-delà des consultations générales, un service de détection immédiate
du cancer, ajoute Ugarte pendant la
présentation du train aux habitants de
la ville de Saltillo (Coahuila) au nordest du pays. Pour cette première année,
le but était de faire circuler le train sur
neuf routes du pays minimum, pour
en atteindre douze en 2015. Le projet
a cependant été stoppé fin août à cause
d’un scandale frappant la compagnie
sponsor : les déchets toxiques dérivés de
l’exploitation d’une de ses mines polluent
les eaux d’un fleuve. Selon Grupo México,
les œuvres de développement social, du
travail communautaire, de protection de
l’environnement et des ressources naturelles font bien partie de ses objectifs.
© DR
José CARREÑO FIGUERAS
22
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27 septembre 2014
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L’ambulance
de brousse
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Quotidien indépendant ougandais dont le rédacteur en chef est
Malcolm Gibson. Circulation : 22.000 exemplaires.
Bundibugyo, Ouganda. À l’âge de
7 ans, Christopher Ategeka perd sa
famille à cause du sida. Chaperonné
par l’association de l’Américaine Carol
Adams, Youth Encouragement Services
(YES), jusqu’à la fin de sa scolarité secondaire, il part ensuite aux États-Unis
dans une famille d’accueil, où il s’inscrit à l’Université de Californie. C’est
à son retour en Ouganda en 2011 qu’il
fonde CA Bikes, fort des connaissances
acquises pendant ses études. À l’aide de
pièces et de bouts de ferraille récupérés
sur placen, et d’une équipe de bons bricoleurs, Christopher Ategeka se lance
dans la fabrication d’engins qui faciliteraient les déplacements dans la brousse
d’abord et la distribution des soins ensuite. Il commence par des vélos et des
fauteuils roulants, puis des bicyclettesambulances, pour répondre au besoin
criant de solutions de transport médical
24
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27 septembre 2014
simples dans les zones rurales. En trois
ans, nous avons fourni 120 ambulances qui desservent à l’ heure actuelle
plus de 10.000 personnes dans des villages de tout le pays, se félicite-t-il. On
trouve des ambulances de brousse dans
29 dictricts répartis sur l’ensemble du
territoire et nous en avons distribué
177. L’arrivée de ces ambulances de
brousse a également permis d’améliorer certains services, comme les soins
palliatifs, auxquels seuls 10 % de la
population avaient accès en 2011, selon
les chiff res de l’OMS. Aujourd’hui,
Christopher Ategeka pense que l’amélioration du système de santé du pays
dépend surtout de l’innovation et révèle
que son association est sur le point d’en
présenter une nouvelle : un dispensaire
Didas KISEMBO
mobile.
http://cabikes.org
Quotidien canadien francophone
fondé en 1884. Les directeurs de
l’information sont Mario Girard
et Alexandre Pratt. Les tirages
sont de 213.212 (en semaine) et
260.194 (le samedi).
À première vue, l’architecture du site
rappelle Facebook. Les membres ont un
profil, il est possible d’écrire un statut, de
commenter, d’“ aimer ” une publication.
Mais chaque image et chaque message
rappellent que les utilisatrices combattent un ennemi commun : le cancer
du sein. Lancé en 2012, le réseau social
My Breast Cancer Team (myBCTeam) réunit plus de 5000 femmes malades ou en
rémission. Ce réseau est l’œuvre de deux
professionnels du web de San Francisco :
Mary Ray et Eric Peacock. Ils sont les
cofondateurs de MyHealthTeams, une
société qui crée des réseaux sociaux pour
les personnes vivant avec une maladie
chronique. Mary Ray explique que la
principale richesse de myBCTeam est
de permettre aux femmes qui se ressemblent de dialoguer, ce que les groupes
d’entraide traditionnels n’offrent pas toujours. En quelques clics, il est possible de
trouver les membres qui répondent à des
critères précis comme le type de cancer,
l’âge, les traitements reçus, les effets
secondaires ressentis, etc. Et les sujets
plus tabous, comme la baisse de libido ou
l’adaptation aux implants mammaires,
peuvent être abordés sans gêne.
Autre particularité de myBCTeam :
l’option hugs, qui permet d’envoyer des
“ câlins ” à une utilisatrice. Les créateurs
du site ont voulu traduire en pixels cet
élan, devant l’annonce d’une mauvaise
nouvelle, où la seule chose à faire est de
prendre l’autre dans ses bras.
Marie BERNIER
My Breast Cancer Team : http://www.mybcteam.com & http://www.mybcteam.com
Les maillons
forts
À l’heure de la fast fashion, certaines
marques font le pari d’une création plus
raisonnée et consciente. Derrière un
enthousiasme non feint et un travail
intense, ces entreprises remettent
l’humain au centre de la création.
| PRODUCTION ISABELLE PLUMHANS PHOTOS LYDIE NESVADBA
STYLISME PIERRE GORZALA MAKE-UP ZINA BEN MERCI À L’HÔTEL
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27 septembre 2014
MODE
ELLEN KEGELS, 27 ans.
Fondatrice de LN Beanies
et LN Andes.
Gilet, LN Andes, 285 €.
Top sans manches en cuir
d’agneau, Natan, 865 €.
Pantalon en cuir, Amator,
699 €. Baskets, dressing
personnel.
VICTOIRE
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GESINE HOLSCHUH, 48 ans.
Créatrice d’Umanii et consultante en développement.
Châle orange avec poches,
Umanii, 330 €. Top et pantalon, Gigue, 179 € chacun.
Bracelet de cuir, Roos
Vandekerckhove, 45 €.
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27 septembre 2014
MODE
D
urable. Le concept ne
se limite pas à nos
assiettes ou à nos
moyens de locomotion. Parce que notre
société
moderne,
fille de pub, nous fait désirer ce
que nous n’avons pas encore et
mépriser ce dont nous jouissons
déjà, comme l’observe l’économiste
“ décroissant ” Serge Latouche,
et que le trop, trop vite, trop mal
qu’elle engendre lasse. Y compris
dans les sphères modeuses, où l’on
récuse doucement la fast fashion,
démodée avant d’être portée, pensée pour des mannequins à taille
irréaliste et conçue à la chaîne dans
la souff rance, comme en témoigne
le drame de l’effondrement du Rana
Plaza au Bangladesh. D’où un nécessaire retour aux essentiels dans
ce domaine-là aussi. Aux vêtements
utiles, qui durent. Aux marques qui
privilégient la qualité plutôt que la
quantité. Aux circuits de production qui repensent la confection,
plus proche du vêtement et du
consommateur.
Acteurs de ce mouvement durable
jusqu’au bout de la maille, LN
Beanies, Umanii et Aymara, trois
marques qui puisent (aussi) leur
sens dans le parcours de leur(s)
créateur(s). Pour LN Beanies, c’est
Ellen Kegels revenant de longs séjours à la montagne avec l’habitude,
comme ses comparses de ski, de
crocheter bonnets et écharpes, accessoires dont le succès la poussera
à créer une mini-entreprise. Pour
Umanii, Gesine Holschuh quittant
un temps le monde des grosses
boîtes où elle exerçait en tant que
consultante en stratégie pour revenir à un projet d’entrepreneuriat
solidaire qui met ses compétences
en valeur. Ou pour Aymara, Sven
Van Gucht et Yannina Esquivias
se rencontrant lors du tour du
monde du premier au Pérou, pays
de la seconde, et qui, de retour en
Belgique, à deux, souhaitent créer
un lien fort avec ce pays de cœur.
Mais si la forte valeur émotionnelle
à la base de ces entreprises est un
plus, elle se double surtout d’une
démarche originale. D’abord, une
recherche d’une qualité unique,
pour des vêtements qui durent. Du
tricot haut de gamme, dans une
laine exceptionnelle, longuement
recherchée, baby alpaga pour LN
Beanies et Aymara, merinos tricoté
main pour Umanii. Et des modèles
qui, classe et bien coupés, résistent
à l’attrait de la tendance à tout prix.
Ensuite, un engagement humain
dans le processus de fabrication.
C’est la coopérative uruguayenne
découverte par Gesine lors d’un
voyage, qui façonne à la main tous
les produits Umanii, couvertures
et écharpes, et dont le travail est
certifié par la World Fair Trade
Organisation. Ce sont les fillesmères encadrées par la fondation
Solid, à Ayacucho, au Pérou, qui
tricotent les écharpes et pulls
de LN Beanies et LN Andes, sa
grande sœur “ luxe ”. Ou encore les
anciens travailleurs des métiers à
tisser d’Arequipa, au Pérou, reconvertis peu à peu dans les machines
industrielles, mais rompus au
savoir-faire de la maille, pour les
vêtements d’Aymara. Ces marques
mettent donc un savoir-faire déjà
existant à l’honneur, en le potentialisant. Ça ne m’ intéressait pas
d’ importer là-bas ce qu’on fait ici.
Ce que je voulais, c’ était mettre leur
travail en évidence. Un travail
digne, qui met en valeur un savoirfaire unique, souligne Gesine. Et
Sven d’enchaîner : C’est une belle
histoire, parce que ce savoir-faire
est essentiel, au cœur de tout. Nous,
nous sommes passés à une production industrialisée. Mais quand les
travailleurs programment nos machines, ils connaissent la maille, ils
savent parfaitement comment cela
se passe. C’est un vrai plus pour
nous. Ce ne serait pas pareil si ces
travailleurs ne connaissaient pas
le tricot.
Cette façon humaine de faire a
parfois ses limites : impossible par
exemple de produire en très grande
quantité. LN Andes se développe
plus vite que le nombre de fillesmères à Ayacucho, glisse Ellen dans
un sourire. Et heureusement ! Si
son entreprise doit se développer, ce
sera en faisant appel à des organisations locales qui travaillent dans le
même sens. On a vraiment besoin
de fair fashion, aujourd’ hui. Tout
va tellement vite, souligne la jeune
femme, qui a fait du slow mood et
de la décroissance sa façon d’être.
Dis-moi ce que tu portes, je te dirai
qui tu es. Dans ce sens, enfiler un
vêtement responsable devient acte
de militance. Une façon de passer
de consommateur à “ consomm’acteur ” et de soutenir une mode de
(la) vie, essentielle tendance.
LE FABULEUX JARDIN DU SOIR
Envie de participer
à une production
mode ? Surveillez
nos appels à
casting sur la page
Facebook de
Victoire magazine !
Notre shooting s’est déroulé dans Le Fabuleux Jardin du Soir. Espace
vert au pied du Berlaymont, il matérialise l’engagement du journal.
Des associations environnementales y sont invitées à mener des
actions visant au développement durable – marché bio, atelier de
cuisine ou expositions – comme celle de Yann Arthus-Bertrand, qui
vient de s’y achever.
Le Fabuleux Jardin du Soir, métro Maelbeek à Bruxelles. Voir aussi le site
vert du Soir, Demain, la Terre : www.soir.be/demainlaterre
MODE
YANNINA | Gilet, Aymara,
147 €. Combinaison, Michael
Kors sur Zalando, 229 €.
Chaussures et ceinture,
dressing personnel. SVEN
| Chemise, Ben Sherman,
99,95 €. Pantalon, Strellson
Premium, 139,95 €. Écharpe,
Aymara, 42,50 €. Chaussures,
COS, 125 €.
YANNINA ESQUIVIAS, 38 ans.
Cofondatrice d’Aymara. SVEN
VAN GUCHT, 43 ans. Cofondateur d’Aymara.
30
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27 septembrE 2014
Nettoyer
le Pacifique
LE PETIT PRODIGE NÉERLANDAIS BOYAN SLAT
VEUT ASSAINIR LES OCÉANS. GRÂCE AU SOUTIEN
DE NOMBREUX EXPERTS, SA FONDATION
THE OCEAN CLEANUP POURRAIT BIEN
TRANSFORMER SON UTOPIE EN RÉALITÉ.
| PAR CHRISTOPHER F. SCHUETZE
Sparknews est une entreprise sociale basée en France, fondée
en 2012 et dont la mission consiste à partager les initiatives inspirantes pour générer l’action, grâce à sa plateforme collaborative de partage de vidéos et à des événements éditoriaux.
32
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27 septembre 2014
E
n 2011, à l’âge de 16 ans,
le Néerlandais Boyan Slat
a découvert que des quantités alarmantes de plastique flottaient dans la mer
Égée alors qu’il faisait de la
plongée avec sa famille en Grèce. Comme
beaucoup, il a pensé qu’il fallait agir. Mais
lui, il a trouvé une solution. Quand je me
consacre à quelque chose, je ne m’arrête
qu’une fois mon but atteint, affirme-t-il à
Delft dans les bureaux d’Ocean Cleanup,
l’organisme à but non lucratif qu’il a créé.
Après son voyage en Grèce, Boyan a mené
une expérience avec un copain de lycée
pour mesurer la pollution plastique de
la mer du Nord. Les résultats n’ont pas
été concluants – leur outil de mesure a
ENVIRONNEMENT
© DR
Simple et efficace
été endommagé par les courants – mais
ils ont eu une bonne note et ils ont été
relayés dans un petit quotidien de Delft.
Puis, un organisateur local des conférences TEDx Talks l’a invité à présenter
ses résultats, ce qui lui a permis d’étoffer
son idée : son système propose un nettoyage passif utilisant le vent et le mouvement naturel des courants pour piéger les
déchets contre une barrière. Son exposé
a été bien accueilli et depuis, il a rassemblé une centaine de spécialistes – des
ingénieurs offshore, des experts du droit
maritime, des écologistes, des biologistes
des milieux marins – afin de tester, optimiser et construire son dispositif. Un bon
nombre d’entre eux y participent à titre
bénévole.
Le dispositif prévoit une barrière flottante en forme de V qui descend à environ
3 m sous la surface de l’eau. Elle piégera le
plastique à la dérive tout en épargnant la
faune, puis conduira ce dernier vers une
plateforme d’extraction qui fonctionne
à l’énergie solaire. L’objectif est d’installer ce dispositif de 100 km de large d’ici
à 2020 entre la Californie et Hawaï,
près de la “ grande plaque de déchets du
Pacifique ”. Le budget nécessaire est estimé à 300 millions de dollars (233 millions d’euros), un coût 33 fois inférieur à
l’utilisation de navires équipés de filets,
selon Boyan. Il pourrait ensuite être reproduit ailleurs.
L’outil imaginé par Boyan et son équipe
est d’une simplicité déconcertante : il
se résume à un aspirateur et une pelle
sophistiqués. Lorsqu’un jeune homme de
17 ans vous contacte pour vous décrire
son projet, c’est plutôt troublant, car un
grand nombre de personnes se sont déjà
attaquées au problème, avoue Santiago
Garcia Espallargas, qui travaille à la
faculté d’aérospatiale de
la prestigieuse Technical
University, à Delft. Boyan
avait assisté à l’une de ses
conférences et lui avait présenté ses idées.
Une fois que le projet a
commencé à prendre forme
et à attirer l’attention des
médias, des spécialistes
sont venus frapper à sa
porte. Les personnes les plus motivées
sont celles qui sont directement confrontées au problème, comme les marins et les
plongeurs, explique Jan de Sonneville,
ingénieur principal d’Ocean Cleanup. Si
les estimations varient, Greenpeace affirme toutefois que 10 millions de tonnes
de plastique finissent chaque année dans
les océans. Cette masse provient à 80 %
des terres, mais le reste est issu de navires
commerciaux qui perdent leur cargaison
ou qui déversent leurs déchets illégalement. Avec les courants, le plastique a
tendance à s’accumuler en de grandes
plaques, très loin des littoraux. La plus
grande se trouve dans le Pacifique et fait
la taille du Texas, selon Greenpeace. En
plus de la menace que le plastique représente pour les oiseaux, les mammifères et
les poissons qui l’avalent ou se coincent
dedans, ces déchets finissent également
par se décomposer en fragments, ce qui
crée une mixture toxique qui entre dans
la chaîne alimentaire.
Le succès du financement
participatif
L’une des principales critiques du projet
de Boyan est l’incapacité de la barrière à
attraper les plus petits fragments. Mais
selon Jan de Sonneville, le système permet en revanche d’intercepter le plastique avant qu’il ne se fragmente. Au
printemps 2014, The Ocean Cleanup a
publié une étude de faisabilité, qui décrit
de façon extrêmement détaillée les défis
et les solutions du projet – les implications juridiques d’un système ancré dans
le Pacifique pour collecter les déchets
tout comme les méthodes de recyclage
du plastique récupéré. Bonne nouvelle :
la dernière campagne de financement
participatif de la fondation
a permis de collecter 100 %
de son objectif – deux millions de dollars (1,55 million
d’euros). Cet argent, associé
à des dons en nature comme
l’utilisation gratuite d’équipements techniques ou des
heures de travail d’ingénieurs spécialisés, permettra de financer l’étude
pilote, qui comprend notamment des
modèles réduits du dispositif.
Si le jeune âge de Boyan a fait beaucoup
de bruit, l’intéressé ne trouve rien d’anormal à un projet si ambitieux. Ce n’est pas
comme si nous avions voulu faire (de
mon âge) un outil de communication,
précise-t-il. Il admet néanmoins qu’au
tout début, sa jeunesse a été un atout
pour contacter des spécialistes. Si j’avais
40 ans, je pense que tout aurait été beaucoup plus difficile.
10.000 tonnes
de plastique
finissent
chaque année
dans les
océans
www.theoceancleanup.com
Contribuez à ce projet en partageant vos idées :
sparknews.com/ijd/makeasens
VICTOIRE
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33
Assurance
Valoriser
les déchets de soie
Quotidien thaïlandais économique, tendance conservatrice, fondé en 1971 et dirigé par Sutchichai Yoon.
Tirage : 50.000 exemplaires.
La commune de Chum Tabong, dans la
province de Nakhon Sawan, est au cœur
de la région séricicole thaïlandaise depuis
plusieurs millénaires. Aujourd’hui, le village est également célèbre pour ses produits cosmétiques entièrement naturels
à base de protéines de soie et fabriqués
avec le soutien du Bureau de développement économique fondé sur la biodiversité (Bedo), un organisme public dont la
vocation est de créer des emplois pour les
communautés locales, et de promouvoir
la gestion durable et la préservation des
ressources de la biodiversité.
Les produits phares du village – savon,
shampooing, après-shampooing et lotion corporelle aux protéines de soie –
sont formulés à partir de la “ gomme
de soie ”, un sous-produit de la fabrication de la soie que l’on jetait autrefois. Or, ce résidu est riche en séricine
et en fibroïne, deux précieuses protéines aux propriétés régénératrices et
antibactériennes.
Le Bedo a également aidé la communauté à commercialiser ses produits,
notamment par le biais de la galerie
Fah Sai, un espace de promotion des
produits communautaires situé dans
34
|
27 septembre 2014
le complexe du gouvernement thaïlandais à Bangkok, assurant ainsi à de
nombreux foyers du village un revenu
complémentaire. Les produits de Chum
Tabong sont estampillés Promotion de
la bio-économie, un label officiel soutenant les produits fabriqués à partir
d’ingrédients locaux et selon un procédé écologique.
Ce projet communautaire a non seulement permis aux villageois d’accroître
leurs revenus, mais a également favorisé une prise de conscience écologique
à l’échelon local. Une partie des bénéfices est réinvestie dans des initiatives
de préservation de l’environnement et
des ressources, telles l’expansion des
zones boisées, la création d’espaces
verts dans le village proprement dit et
diverses actions visant à lutter contre le
réchauffement planétaire.
Ces activités ont fait de Chum Tabong
l’une des communautés rurales modèles de Thaïlande, appliquant le développement durable et écologiquement
responsable pour augmenter le niveau
de vie des villageois, tout en améliorant
la qualité de l’environnement local.
Lawrence NEAL
Tages Anzeiger
est un quotidien
germanophone
suisse fondé en 1893, dirigé par Dominique
Eigenmann. Circulation : 550.000 exemplaires.
La sécheresse est la bête noire d’Ararso
Wolsene, paysan d’Éthiopie. Elle fait
mourir ses cultures et affame sa famille.
Certains paysans se voient même contraints
de déscolariser leurs enfants. Dans certains
cas, la migration est la seule issue.
Pour parer à ce type de fléaux, la compagnie suisse CelsiusPro a lancé en 2013 une
offre à destination des paysans en leur proposant de les assurer contre la sécheresse.
Le principe en est simple : CelsiusPro trace
une grille sur la carte du pays et mesure les
précipitations à l’aide de satellites météorologiques américains. Le paysan verse à
la compagnie l’équivalent de 4 € pour une
police d’assurance annuelle, soit la moitié
de ce qu’il gagne en un mois. En échange,
CelsiusPro s’engage à lui rembourser les
dégâts causés par l’absence de pluie.
Mais les paysans africains n’ont jamais
entendu parler du monde de l’assurance
ni de satellites, qui leur sont présentés
comme des caméras installées très haut
dans le ciel pendant les cours d’initiation
– lesquels ont souvent lieu au milieu des
champs, à l’ombre des arbres. Les paysans
ont d’abord été sceptiques : que se passet-il si les mesures sont erronées ? Combien
de temps faut-il attendre avant de toucher
© DR
© DR
sécheresse
ENVIRONNEMENT
La pluie recyclée
Excelsior est un quotidien publié à Mexico depuis 1917. Rédacteur en chef : Pascal Beltrán del Río.
© DR
l’argent ? Comment se passe l’indemnisation ? Comme la plupart des paysans éthiopiens sont analphabètes, la compagnie ne
pouvait pas distribuer de brochures ou de
prospectus et a dû imaginer des jeux de rôle
à la place. À l’heure actuelle, la vente des polices d’assurance et le versement des indemnisations nous reviennent cher, reconnaît
Mark Rüegg, fondateur et directeur général
de CelsiusPro. On est obligés de se déplacer
dans les villages pour vendre les polices et
d’y retourner ensuite pour les indemnisations. L’objectif est donc d’automatiser ce
processus, et CelsiusPro collabore pour ce
faire avec des compagnies de téléphonie
locales. À l’avenir, les souscriptions comme
les versements se feront via mobile.
Mark Rüegg est un ancien banquier
d’affaires responsable du forex chez UBS
Londres. Un jour, il s’est fait la réflexion
suivante : Si l’on peut s’assurer contre les
risques de change, pourquoi pas contre le
mauvais temps ? C’est avec cette idée en tête
qu’il fonde CelsiusPro en 2008, en ciblant
au départ les PME suisses. Et devient numéro un mondial de la prévision des risques
météorologiques.
En 2012, le ministère de l’Agriculture
éthiopien et une ONG japonaise ont planché ensemble sur une solution destinée
aux paysans touchés par le manque d’eau.
Des périodes de sécheresse récurrentes
menaçaient leurs moyens de subsistance
– quelque 60 millions de personnes, soit
près de 80 % de la population éthiopienne,
dépendent de l’agriculture pour vivre. Le
ministère de l’Agriculture a donc contacté
CelsiusPro. En collaboration avec des assureurs locaux et la compagnie de réassurance Swiss Re, CelsiusPro a imaginé un
produit qui permet aux Éthiopiens d’être
moins vulnérables face à la sécheresse. Les
paysans éthiopiens deviennent progressivement plus réceptifs. À l’heure actuelle,
6000 paysans de 45 villages ont souscrit
une police d’assurance.
Ararso Wolsene a quant à lui reconduit son
contrat pour un an, même s’il a suffisamment plu l’année dernière et qu’il n’a donc
pas dû être indemnisé. J’ai gagné en qualité de vie, assure-t-il, parce que je sais que,
même s’il ne pleut pas, je suis assuré et que,
quoi qu’il arrive, je pourrai nourrir ma
famille. Christian ZÜRCHER
Nichée au creux d’une vallée située à 2200 m d’altitude, la ville de Mexico lutte
chaque jour pour acheminer de l’eau potable à ses résidents. En 2012, on estimait qu’un habitant sur trois n’avait accès à l’eau potable que quelques heures par
jour. Et plusieurs milliers de personnes n’y avaient accès que grâce à des camionsciternes la distribuant dans les quartiers périurbains les plus précaires.
Grâce à Isla Urbana, un projet mené par Enrique Lomnitz et David Vargas, plus
de douze mille personnes faisant partie des communautés isolées de la capitale
bénéficient aujourd’hui d’un accès presque gratuit à l’eau. Des milliers de gens
manquent d’un bon approvisionnement en eau et, en même temps, elles sont obligées de supporter d’ innombrablees inondations, car c’est ainsi que fonctionne
notre ville, explique un membre du groupe Isla Urban. Dans ces conditions, la
récolte de la pluie se transforme en réel espoir pour cette immense mégapole, qui
veut que son approvisionnement en eau devienne durable.
Dans ces régions montagneuses où il n’existe pas de réservoirs de distribution
d’eau, les 1700 systèmes de récupération d’eau de pluie installés par le groupe de
jeunes entrepreneurs ont changé radicalement les conditions de vie de centaines de
familles. La “ récolte ” de l’eau est parvenue à générer 140 millions de litres l’année
dernière et promet une production encore bien plus abondante.
Le système est composé de toitures spécialement conçues pour diriger l’eau vers des
réservoirs. Avec 30 m2 de toits couverts, il est possible d’obtenir 30 mille litres d’eau.
Une solution qui peut garantir six mois de disponibilité d’eau pour les usages quotidiens : laver le linge, la vaisselle, faire le ménage et même se doucher.
Les projets sont financés conjointement par des bourses, des donations, des apports des institutions et les autorités intéressées par la récupération massive de l’eau de pluie. Le but est d’étendre la présence de ce
système dans les régions qui reçoivent un minimum de 500 ml d’eau par an.
Georgina OLSON et José CARREÑO
www.islaurbana.org
VICTOIRE
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Des algues
comme ressources écologiques
© DR
Le Politiken est un quotidien danois réputé proche des sociaux-démocrates, fondé en 1884. Son tirage varie
entre 110.000 et 143.000 exemplaires. Rédacteur en chef : Tøger Seidenfaden.
Les algues et les moules, ressources
inexploitées, pourraient être mises en
valeur à grande échelle dans les eaux
territoriales danoises. Utilisées dans
l’alimentation humaine, les algues fournissent également un engrais et une
source de combustible. Hjarnø est actuellement le premier producteur danois
d’algues marines et, comme le reste du
secteur agricole et les chercheurs, cette
entreprise prédit que la plantation de
forêts d’algues et l’installation de vastes
exploitations de mytiliculture dans des
champs marins au large de la côte danoise ouvriront un marché très porteur.
Trouver de nouvelles
ressources
À l’heure où la pression démographique
ne cesse de s’accroître et les surfaces
agricoles de diminuer, les algues et les
moules vont tenir une place capitale :
Si nous voulons nourrir la population de la planète, nous devrons à
l’avenir mieux exploiter nos espaces
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27 septembre 2014
maritimes, explique le professeur Jens
Kjerulf Petersen, chef de projet au
Centre danois pour les mollusques qui,
dans le cadre des recherches de l’Institut national de ressources aquatiques,
étudie l’algoculture et la mytiliculture
dans le fjord de Lim. Nous manquons
de sources de protéines, poursuit-il, et si
l’on en croit les études climatiques, nous
risquons à plus ou moins long terme de
connaître une pénurie alimentaire.
Si le Danemark produit actuellement
environ un millier de tonnes de moules
par an, son algoculture est encore essentiellement en phase expérimentale.
Selon le réseau Tangnet qui fédère des
chercheurs et des spécialistes des algues,
en consacrant à peine 1 % de ses eaux
territoriales à la culture d’algues, le pays
pourrait générer près de 1,34 milliard
d’euros de revenu, sauver 10.000 km2
de forêt vierge brésilienne et réduire de
5 % les émissions de CO2 du Danemark.
La production d’algues, qui s’établit actuellement à 21 millions de tonnes par
an, se développe à un rythme annuel
d’environ 10 % mais, selon les statistiques de la FAO (Food and Agriculture
Organization of the United Nations),
elle est surtout concentrée en Asie.
Lars Hvidtfeldt, vice-président du
Conseil danois de l’agriculture et de
l’alimentation, espère que le Danemark
saura prendre le train de l’ économie
bleue en marche, car l’ intégration de
nos ressources maritimes à une stratégie de gestion durable laisse entrevoir
d’excellentes perspectives. Elle nous
permettrait par exemple de produire
des algues et des moules dans le cadre
d’une démarche cradle to cradle (“ du
berceau au berceau ”, concept d’ éthique
environnementale, NDLR) assurant le
recyclage écologique de nos ressources.
Les enjeux écologiques
Le biologiste marin Henning Mørk
Jørgensen, de l’Association danoise
de la préservation de la nature, craint
cependant que l’exploitation de grands
champs marins sur la côte danoise ne
débouche sur de nouveaux différends
écologiques : Il y a déjà beaucoup d’ intérêts en jeu dans les zones côtières. Le
littoral concentre une grande part de
notre activité touristique, et il serait
certainement moins agréable de voir au
large de grandes installations de production, fait-il remarquer, rappelant
que les marins et les pêcheurs utilisent
également les zones côtières. Cela créerait un énorme conflit. Son association
est en revanche plus favorable à l’idée
de déplacer les installations au large et
d’utiliser les mollusques et les algues
comme aliment pour la pisciculture.
Dorrit SAIETZ
http://oysterecover.cetmar.org/
ENVIRONNEMENT
Européa,
la ville intelligente
© DR
Hebdomadaire belge de langue française, supplément du
quotidien indépendant et progressiste Le Soir. Créé en 2006,
ce magazine lifestyle s’adresse à un lectorat mixte et est
dirigé par Anne Boulord. Tirage : 88.000 exemplaires.
La smart city représente-t-elle le futur de l’humanité ? La cité de demain présentera en tout cas un visage bien différent de celui que nous connaissons. Elle
devra optimiser les dépenses en énergie, produire elle-même une partie de sa
consommation énergétique. Elle sera axée sur la mobilité douce, les bâtiments
durables (immeubles passifs, zéro énergie ou à énergie positive). Elle exploitera
des systèmes d’information et de gestion interconnectés pour produire des biens
et des services (eau, électricité…) moins coûteux, plus respectueux de l’environnement, et mieux adaptés. Elle mettra aussi en œuvre une qualité de vie élevée
pour les citoyens. En bref, la smart city cumulera une “ économie intelligente ”,
une “ mobilité intelligente ”, un “ environnement intelligent ”, des “ habitants intelligents ”, un “ mode de vie intelligent ” et une “ administration intelligente ”. Avec
le quartier Européa, Bruxelles s’apprête à accueillir ce nouveau type de développement urbain. Installé sur le site du Heysel, à deux pas du célèbre Atomium,
cet ambitieux projet, imaginé par l’architecte Jean-Paul Viguier et l’agence Art
& Build, joue la carte du développement durable jusqu’au bout. Logement et
bureaux seront ainsi isolés selon le standard passif. Le quartier Européa fera
aussi la part belle aux synergies énergétiques et mettra en place une boucle
d’échange thermique entre les fonctions résidentielles et commerciales. Un quart
des besoins en énergie seront produits localement par une source renouvelable
et modulable en temps réel en fonction des consommations. Le projet prévoit
par ailleurs la collecte et le recyclage des eaux de pluie et privilégiera les modes
de déplacement doux : circuit de navette électrique, lignes de métro, de tram
à proximité, 1200 emplacements pour vélos… Européa devrait comprendre
590 logements intergénérationnels, dont 90 logements publics, deux maisons
de repos, deux crèches, des bureaux, des espaces verts paysagers sur plus de trois
hectares, avec jardins, aires de repos, jeux pour enfant, ainsi que des services de
proximité dont deux cents boutiques, trente restaurants, un cinéma multiplex et
15.000 m2 d’activités de loisirs intérieurs. Didier DILLEN
www.europea-brussels.com
Gastronome
des circuits
courts
SANG HOON DEGEIMBRE
LE CHEF
DOUBLEMENT ÉTOILÉ À L’AIR DU TEMPS, IL A ASSOCIÉ À SON NOUVEAU
RESTAURANT UN JARDIN DE PLUS 2 HECTARES. INFLUENÇANT SA CUISINE,
CETTE DÉMARCHE LIÉE AUX CIRCUITS COURTS INDUIT UNE COLLABORATION
PLUS FORTE AVEC LES PRODUCTEURS ARTISANAUX DE SA RÉGION.
| INTERVIEW RENÉ SÉPUL PRODUCTION MALIKA HAMZA PHOTOS ALEXANDRE BIBAUT
Q
u’entendez-vous par
circuit court ?
Il s’agit de supprimer au maximum les
intermédiaires entre
le producteur et le
consommateur. Dans mon cas, c’est
plutôt entre ma cuisine et le lieu de production. Cette réflexion, je l’ai intégrée
dès la recherche d’un lieu pour l’Air du
Temps. À l’ouverture du restaurant à
Mehaigne, en 1997, j’ai trouvé certains
producteurs, d’autres sont venus me
voir. Par exemple, le propriétaire de la
Ferme de la Tour est venu manger. Il
m’a parlé de son travail et je suis allé
le voir. Depuis, on travaille ensemble.
C’est la même chose pour les pigeons de
la Pigeolière de Waret. Et puis, il y a eu
les framboises, les asperges vertes, les
noix… Mon travail a accompagné une
prise de conscience du monde paysan.
Quelle prise de conscience ?
Avec le temps, j’ai senti davantage de
confiance chez les producteurs artisanaux. Il y a eu aussi le soutien politique
et l’intérêt croissant du consommateur.
Mais il reste du travail à faire dans la formation et la distribution. Nous ne nous
rendons pas assez compte de la richesse
de notre terroir. On pourrait imaginer le
retour de halles, comme dans les villes
françaises, et les chefs devraient approcher les élèves et les étudiants dans les
écoles. On n’en est plus au stade où le
chef doit aller de ferme en ferme, mais il
faut toujours provoquer ces rencontres,
ce que nous essayons de faire avec un
collectif comme Génération W, dont je
suis à l’origine avec Jean-Luc Pigneur et
Benoît Cloës.
Le résultat est-il encourageant ?
Oui, mais au-delà de l’image, il faut
développer le fond : qu’est-ce qu’un
bon produit ? Qu’est-ce qu’une chose
goûteuse ? Qu’est-ce que la qualité ?
Comment éduquer les jeunes à avoir
cette exigence ? Cela reste vague. Des
progrès peuvent être faits dans le secteur
viande en apprenant à tuer les bêtes sans
les stresser, par exemple. Si vous élevez
de splendides bêtes, mais
qu’elles sont mal abattues,
vous ruinez votre travail.
Avoir de bons produits… L’idée de créer
votre propre jardin
vient-elle de là ?
Ce jardin a-t-il changé votre
organisation ?
Oui, si on joue le jeu jusqu’au bout, le
circuit court bouleverse le travail : par
exemple, chez moi, le pigeon est un
classique que le client s’attend à voir à
la carte. Mais je dois faire en fonction
des réalités. Si mon éleveur ne peut
suivre la demande, que dois-je faire ?
Aller voir ailleurs, au risque de mettre
en jeu la qualité et la philosophie de mon
projet ? Aujourd’hui, si j’ai peu, je mets
moins de ce produit dans l’assiette… Il
y a quelques années, j’aurais sans doute
pallié le manque en allant
voir ailleurs.
Je m’inspire
du vécu du
jardin
En partie, mais elle doit
aussi beaucoup à la passion de Ben
Blairvacq, un client devenu un ami. On
voulait faire quelque chose ensemble. À
l’époque, je trouvais de beaux légumes,
mais sans goût. On a créé ce jardin, à
Couthuin, où Ben habitait. C’était en
2000, au moment où je commençais
à m’intéresser aux recherches d’Hervé
This, à l’origine de la cuisine moléculaire. Depuis 2008, l’essentiel de ma
cuisine repose sur cette production.
Lorsque nous avons pensé déménager,
nous avons cherché un lieu capable
d’associer ma conception de la cuisine
avec un jardin. L’Air du Temps, version
Liernu, est né il y a deux ans.
Et votre manière de
cuisiner ?
Aussi, puisque ma cuisine
s’inspire désormais du
vécu du jardin. Au printemps, je peux avoir une
production énorme, à un moment précis,
de légumes calibrés comme je les aime.
Et comme je ne peux pas tout écouler,
je prépare des sauces, des fermentations, des pickles, que j’utilise les mois
moins productifs, de décembre à mars.
Le jardin entraîne une cuisine plus instinctive et plus créative. Il s’inscrit aussi
dans une cuisine de conscience, avec ce
que porte l’ambition de faire du bon et
du propre.
Air du Temps, 2 rue de la Croix Monet,
5310 Liernu, T. 081 81 30 48,
www.airdutemps.be Ouvert du mercredi au
dimanche de 12 h à 13 h 30 et dès 19 h.
VICTOIRE
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POUR L’EFFET BULLES VERTES
Légumes de saison, jus
lacté à l’huile de basilic
POUR 4 PERSONNES - DIFFICULTÉ : I
PRÉPARATION : 30 MIN - CUISSON : 5 MIN
• 1 poivron rouge • 1 oignon blanc • 4 feuilles
de blettes rouges • 10 cl de vinaigre blanc
• 1 concombre • 10 feuilles de salade radicchio
• 2 fleurs d’hémérocalle • 4 fleurs de capucine
• 8 pensées • 1 fleur de poireau • 20 fèves des
marais • 4 groseilles à maquereau • 100 g de basilic
• 150 g d’huile de pépins de raisin • 120 g de beurre
de ferme salé • 20 baies de cassis • 8 feuilles et
8 fleurs de tagettes lemoni • 200 g de jus de kimchi
blanc • sel
• Coupez le poivron et l’oignon en gros dés.
Cuisez à l’eau salée 10 min. Égouttez et mixez
très finement. Passez au chinois.
• Séparez cardes et feuilles des blettes. Blanchissez les feuilles à l’eau bouillante salée, 3 min.
Refroidissez à l’eau glacée, roulez-les à l’aide
d’un tapis à makis, coupez en fins tronçons. Coupez les cardes en bâtonnets et cuisez-les à l’eau
salée et vinaigrée. Conservez dans le jus.
• Pelez le concombre et tranchez-le à la mandoline.
• Taillez les feuilles de radicchio en gros morceaux. Détachez les pétales d’hémérocalle et
coupez-les en deux dans la largeur.
• Détachez les pétales des corolles des capucines, conservez. Réservez les fleurs de pensées.
• Détachez la fleur de poireau. Blanchissez les
fèves 2 min à l’eau bouillante, refroidissez-les à
l’eau glacée, enlevez la peau.
• Coupez les groseilles à maquereau en deux.
• Blanchissez le basilic à l’eau bouillante 3 min et
refroidissez à l’eau glacée. Essorez, mixez très
finement avec l’huile. Laissez se séparer l’huile
et le liquide, prélevez l’huile et réservez au frais.
• Réchauffez rapidement les légumes blanchis
avec une bonne noix de beurre.
• Chauffez le jus de kimchi blanc avec le reste
du beurre, rectifiez l’assaisonnement si besoin,
mixez pour émulsionner.
• Service Disposez une noix de coulis de poivrons dans une assiette creuse ou un bol large,
ajoutez les légumes cuits, les feuilles, les fleurs,
les baies et les herbes. Dans un bol à part, versez 3 c. à s. d’huile de basilic, versez-y le jus
de kimchi émulsionné, chaud et mélangez à la
cuillère pour intégrer l’huile. Versez devant le
convive dans l’assiette de légumes et de fleurs.
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27 septembre 2014
Lorsque l’on verse le jus lacté dans les assiettes, les
gouttes d’huile remontent à la surface : il faut donc verser suffisamment de jus. Cette recette varie en fonction
des légumes de saison et peut être adaptée selon vos
goûts, le jus étant le lien commun.
LE MENU
Pigeonneau de Waret, riz
Koshi et céleri-rave au foin
POUR 4 PERSONNES - DIFFICULTÉ : II
PRÉPARATION : 25 MIN - CUISSON : 30 MIN
• 1 c. à s. de foin bio • 100 g de céleri-rave • 50 g de
beurre de ferme salé • 2 pigeonneaux de 600 g • 50 g de
riz Koshi i Kari (riz à sushi) • 1 c. à s. de vinaigre de riz
• 2 oignons rouges • 50 g de sucre • 100 g de vinaigre
• 2 oignons blancs doux • 6 g de sel fin • 1 clou de girofle
• 5 grains de poivre noir • 5 baies de genévrier • 2 fleurs
de cosmo • 1 c. à s. de feuilles de cosmo
POUR UNE VIANDE TENDRE
Lorsque vous préparez le coffre des
pigeons, veillez à ne pas abîmer la
peau et à bien la tirer afin de
recouvrir les filets. Cela protégera
la chair lors de la cuisson.
• Dans une cocotte, déposez le foin lavé et le morceau entier de céleri-rave épluché. Ajoutez 30 cl d’eau et cuisez à
feu doux à couvert, 30 min. Conservez le jus de cuisson.
• Coupez le céleri en morceaux puis versez-le, avec 30 g
de beurre et un peu de jus de cuisson, dans le bol d’un
thermomix ou d’un blender. Mixez finement. Maintenez
au chaud.
• Débarrassez le pigeonneau de ses pattes et de ses ailerons, et préparez le coffre pour la cuisson en laissant les
filets sur l’os. Salez la peau et colorez à la cocotte avec
un peu de beurre. Déposez le coffre sur le dos, couvrez
et faites colorer 6 min. Retirez du feu et laissez reposer
dans la cocotte 20 min à couvert avant la découpe. Levez
les filets juste avant de dresser vos assiettes.
• Rincez le riz à l’eau froide. Égouttez-le et versez-le dans
une petite casserole avec une fois et demi sa quantité en
eau. Cuisez à feu doux et à couvert, 15 min. Laissez reposer à couvert, 5-6 min. Au moment de servir, mélangez
avec un peu de vinaigre de riz.
• Pelez les oignons rouges et coupez-les en deux dans
la longueur. Déposez-les dans une petite casserole avec
le sucre, le vinaigre et 15 cl d’eau. Donnez un bouillon,
retirez du feu et laissez refroidir à couvert. Conservez les
oignons dans ce jus.
• Pelez les oignons blancs et coupez-les en deux dans
la longueur. Déposez-les dans une petite casserole
avec 20 cl d’eau, le sel, le clou de girofle, les grains de
poivre noir et les baies de genévrier. Donnez un bouillon,
retirez du feu et laissez refroidir à couvert. Conservez les
oignons dans le jus. Au moment de servir, colorez dans
une poêle à sec, avec un peu de sel et à feu moyen à fort.
• Montez le jus de cuisson du céleri-rave au beurre.
Rectifiez l’assaisonnement en sel.
• En assiette Étalez une ligne de riz, déposez un filet de
pigeonneau coupé en deux. Ajoutez oignons, mousseline
de céleri-rave au foin, pétales et feuilles de cosmo et
quelques herbes et fleurs. Saucez devant les convives.
VICTOIRE
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LE MENU
Cerises au café, mousse
de chocolat blanc au
wasabi, poudre de coco
POUR 4 PERSONNES - DIFFICULTÉ : II
PRÉPARATION : 30 MIN - CUISSON : 10 MIN
• 16 belles cerises • 100 g de café • 25 g de
glucose • 50 g de coco râpé • 20 g de sucre en
poudre • 1 c. à s. d’oxalis
Pour la mousse au chocolat blanc • 100 g de
crème • 100 g de lait entier • 1 feuille de gélatine • 2 jaunes d’œufs • 25 g de sucre • 300 g de
chocolat blanc • 200 g de crème à 40 % • 10 g de
wasabi en pâte
Pour la glace au chocolat blanc et wasabi
• 200 g de mousse au chocolat blanc • 100 g de
lait • 10 g de wasabi en pâte
Mousse au chocolat blanc
• Chauffez la crème et le lait. Réhydratez la gélatine et ajoutez-la au mélange de crème et de
lait chaud. Battez les jaunes d’œufs et le sucre
en ruban. Versez le mélange de crème et de lait
sur les jaunes d’œufs, mélangez et versez dans
une casserole. Cuisez à feu doux en remuant
jusqu’à ce que le mélange nappe la cuillère.
Versez dans un plat creux et laissez refroidir.
• Faites fondre le chocolat blanc au bainmarie. Fouettez la crème aux trois quarts avec
le wasabi. Quand le chocolat et la crème anglaise sont à même température (35 ºC), mélangez-les délicatement. Ajoutez la crème montée
et laissez refroidir. Versez la mousse dans une
poche à douille.
Glace au chocolat blanc
• Prélevez 200 g de mousse et mélangez-la au
lait et au wasabi. Versez le mélange dans une
sorbetière. Réservez la glace au congélateur.
• Coupez les cerises en deux et retirez le noyau.
• Versez le café et le glucose dans une casserole et faites réduire aux deux tiers. Retirez du
feu et réservez à température ambiante.
• Mélangez le coco râpé et le sucre en poudre.
• En assiette Dressez les demi-cerises avec le
chocolat blanc en mousse. Ajoutez une goutte
de concentré de café dans chaque cerise à la
place du noyau. Saupoudrez de coco, déposez
un peu d’oxalis. Ajoutez le sorbet juste avant de
servir.
RÉUSSIR LA CRÈME ANGLAISE
Cuisez le mélange à feu très doux sans cesser de remuer
à l’aide d’une spatule. Pour vérifier la cuisson de la crème,
utilisez une sonde thermomètre et faites atteindre une
température de 83 ºC à la préparation.
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27 septembre 2014
COUR DE
Fairebel oblige, le lait entier goût chocolaté a aussi un
bon goût de lait de ferme. Créé par 550 agriculteurs
passionnés, il réussit l'exploit de répondre aux normes
de qualité les plus sévères tout en permettant à
chaque membre de la coopérative de disposer d'un
juste revenu. Mais le plus remarquable, c'est le visage
radieux, paille à la bouche, de toutes celles et ceux qui
fréquentent les cours de récréation.
Il n’y a rien de meilleur pour aider nos agriculteurs.
Toutes les infos et
la liste des points
de vente sur
www.fairebel.be
Distribué chez :
TOUS UNIS CONTRE L A VIE CHÈRE
bestiole
ARGUMENT MARKETING DE RESTAURANTS
GATRONOMIQUES OU SOLUTION ÉCOLOGIQUE À LONG TERME, LES INSECTES ONT
DÉSORMAIS UNE PLACE DE CHOIX
DANS NOS ASSIETTES |
PAR DORRIT SAIETZ
Le Politiken est un quotidien danois réputé
proche des sociaux-démocrates, fondé
en 1884. Son tirage varie entre 110.000 et
143.000 exemplaires. Rédacteur en chef : Tøger Seidenfaden.
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27 septembre 2014
M
anger des insectes
comestibles est du
dernier chic dans les
restaurants gastronomiques de New
York, Copenhague
et Paris. Mais ne faut-il pas les réserver aux habitants des pays en développement lorsqu’ils n’ont plus rien à se
mettre sous la dent ?
La faculté de sciences de l’université a
invité des gens à venir goûter des snacks
d’insectes – un projet interdisciplinaire de haute volée, le Nordic Food
Lab étant associé au projet. Fondé par
deux toques du Noma, meilleur restaurant du monde, René Redzepi et Claus
Meyer, le laboratoire est partie prenante
© RUNE PEDERSEN
Bouilla
ALIMENTATION
www.fao.org/forestry/edibleinsects/fr
Les bienfaits
de l’urine de lapin
Principal quotidien anglophone kenyan, fondé en 1958. Éditeurs
en chef : Joseph Odindo et Charles Onyango-Obbo.
Humphrey Wangila, un habitant du
village de Mkuyuni, dans le comté de
Bungoma, au Kenya, n’est pas un éleveur de lapins comme les autres. Ce père
de cinq enfants qui vend de l’urine et du
fumier de lapin aux agriculteurs a découvert qu’il pouvait verser quelques gouttes
d’urine sur ses cultures pour leur apporter des substances nutritives, en particulier en épandage tardif. Le fumier de lapin
est l’un des meilleurs qui soient pour le
jardinage bio : il améliore la structure du
sol et favorise le cycle de vie des microorganismes bénéfiques qui y vivent. Il est
également riche en micronutriments et
oligo-éléments (azote, phosphore, potassium, calcium, soufre, manganèse...) et
simple d’utilisation. Une lapine et sa progéniture produisent plus d’une tonne de
fumier par an.
De nombreux cultivateurs de la région
ont commencé à lui acheter de l’urine
pour optimiser à leur tour leurs résultats.
Dans le bâtiment rudimentaire qui abrite
ses lapins, Humphrey Wangila a imaginé
un système qui lui permet de récupérer
le fumier et l’urine qu’il peut vendre
jusqu’à 9 € le litre. Devenu un exemple
dans ce village réputé pour la culture de
la canne à sucre et du maïs, il fait partie
des 300 cultivateurs qui ont diversifié
leurs activités après avoir agrandi leur
exploitation grâce aux connaissances acquises, aux produits agricoles et au crédit.
Ce faisant, ils améliorent leur productivité et luttent contre les fléaux que sont
l’insécurité alimentaire et la pauvreté
rurale.
Il s’apprête à porter son cheptel de lapins
à cent têtes dans les semaines à venir,
© DR
de ce projet, dont le but est de considérer les insectes comme une ressource
et une source future de protéines, pour
les animaux comme pour les humains,
et de surmonter nos appréhensions en
rendant ces bestioles appétissantes.
Sous nos latitudes, les fourmis vivantes qui
figurent sur la carte du Noma sont considérées avant tout comme un coup marketing. En d’autres lieux, surtout sous les
tropiques, les insectes sont des produits de
consommation courante. L’Organisation
des Nations unies pour l’alimentation et
l’agriculture (FAO) chiffre d’ailleurs à près
de deux millions le nombre de personnes
qui complètent leur alimentation en mangeant des insectes dans le monde.
S’il arrive, dans certains pays, que les
habitants se rabattent sur les insectes
lorsque les récoltes ont été mauvaises, ils
sont en règle générale considérés comme
des mets raffinés très prisés et se monnaient à des prix élevés sur les marchés.
La plupart des insectes sont récoltés
dans la nature, mais quand ils sont
élevés de manière industrielle, leur
production peut atteindre des proportions considérables. Il existe un million
d’espèces d’ insectes diff érentes et, à ce
titre, ils représentent plus de la moitié
de toutes les espèces animales connues
dans le monde. Or, c’est le groupe d’organismes vivants que nous mettons le
moins à profit, révèle Jørgen Eilenberg,
qui ajoute que les vers à soie et les
abeilles constituent des exceptions –
la règle étant plutôt de considérer les
insectes comme un fléau.
Or, à en croire la FAO, les insectes présentent de nombreux bienfaits dont les
humains devraient apprendre à tirer
avantage : ils ont besoin de moins d’eau
et de moins d’espace que les animaux
domestiques traditionnels et sont plus
efficaces pour transformer les aliments
qu’on leur donne en viande. Par ailleurs, les insectes peuvent se nourrir
de déchets organiques, de compost et
d’effluents d’élevage, et convertir ces
déchets en précieuses protéines.
motivé par les bénéfices qu’il tire de ses
animaux. Qui dit extension des surfaces
cultivées dit accroissement de la demande
d’urine de lapin, créant ainsi un cercle
vertueux dont les autres cultivateurs et
lui-même bénéficient – même si tous les
cultivateurs qui ont agrandi leurs parcelles n’ont pas encore adopté la recette
de fertilisation de leur voisin.
Hezbon Itumbo, cultivateur à Teso, se
réjouit : Je me suis rendu compte que
j’avais un trésor sous mes pieds depuis
toutes ces années. La plupart d’entre
nous nous plaignons de la pauvreté,
alors qu’on a la chance d’avoir une
terre fertile, qui était simplement mal
exploitée. Le président de l’association
Action rurale, Joseph Atsali explique :
Le principal défi auquel sont confrontés nos agriculteurs dans les zones rurales est que – alors que des terres sont
disponibles – la plupart d’entre eux
n’ont pas les moyens d’acheter les produits et finissent par cultiver des petits
lopins de terre qui ne suffi sent même
pas à assurer leur subsistance. Parmi
ces produits, l’engrais, qui coûte près
de 90 shillings le kilo (0,80 €), sachant
qu’il en faut près de 125 par hectare.
Mazera NDURYA
VICTOIRE
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ALIMENTATION
Des poissons pour
Verticalement bio
nourrir des plantes
© DR
L’Orient-Le Jour est un quotidien indépendant libanais d’information générale
centrée sur l’actualité libanaise et moyen-orientale. Il est dirigé par Najib
Aoun, et son tirage papier est de 18.000 exemplaires.
Au domicile de Raïf Chabab à Maghdouché,
un beau village du Liban du Sud, une
famille souriante et affable accueille les
visiteurs. Derrière cette façade de famille
on ne peut plus normale, il y a la passion
peu commune du père pour une technique
agricole de pointe : l’aquaponie. Dans le
petit jardin derrière la maison, un mur
végétal en témoigne : Ma femme me dit
souvent que les gens insatisfaits changent
le monde, dit d’emblée ce Libanais d’une
quarantaine d’années. C’est au Canada
que j’ai entendu parler d’hydroponie, la
culture des plantes par de l’eau enrichie en
matières minérales, puis d’aquaponie, un
procédé au cours duquel l’eau est enrichie
de déjections de poissons qui servent d’engrais au végétal cultivé. De retour au Liban
en 2008, j’ai décidé de me lancer dans cette
aventure pour cultiver le petit terrain adjacent à ma maison, explique l’informaticien
de formation.
Un précieux équilibre
Plusieurs mois durant, chaque soir après le
travail, Raïf Chabab travaille à l’installation
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de son mur de légumes et de fruits. Il a luimême adapté les réservoirs qui permettent
à la technique de se mettre en marche.
J’ai opté pour le tilapia, une espèce que
j’ai préférée aux truites, car elle s’adapte
mieux aux températures de notre pays. Il
y a 350 poissons dans ce bac, de 250 g chacun, explique-t-il. Dans un premier réservoir, un filtre sépare les déchets solides
des déjections liquides des poissons. L’eau
ainsi obtenue, riche en ammoniaque, est
acheminée vers un second réservoir. C’est
là, dans ce biofiltre, que s’opère une transformation biologique et chimique, poursuit Raïf Chabab. On y ajoute de l’oxygène,
qui attire naturellement une des bactéries
nécessaires à la transformation. C’est cette
eau qui sera ensuite drainée pour irriguer
les plantes. Celles-ci, en absorbant par leurs
racines cette eau riche en fertilisants, vont la
purifier, et la même eau sera réacheminée
vers le bac à poissons. Le cercle vertueux
est lancé : C’est un écosystème qui est ainsi
créé, explique Raïf Chabab. Il faut qu’il y
ait continuellement un équilibre entre le
nombre de poissons et le nombre de plantes.
L’aquaponie présente beaucoup d’avantages pour l’environnement. Comme l’eau
circule en circuit fermé et que les seules
quantités perdues sont celles absorbées par
les plantes ou celles qui s’évaporent, l’aquaponie permet une économie de 90 % d’eau,
affirme-t-il. Par ailleurs, cette technologie
exclut naturellement toute utilisation de
pesticides ou de fertilisants artificiels parce
que ceux-ci affectent la qualité de l’eau et
mettent les poissons en péril.
Raïf Chabab évoque aussi l’économie
d’espace puisque cette technique peut être
facilement installée à la verticale ou sur les
toit. Les produits obtenus sont d’une qualité exceptionnelle, que leur confèrent les
fertilisants de poissons, ce qui les rend très
résistants aux maladies. Last but not least,
on récolte deux sortes de bénéfices : les
poissons et les plantes. Sur son mur végétal,
Raïf cultive 20 plants de concombres, 280
de haricots verts, 13 de fraises, 28 de laitues. Pour l’instant, je ne les commercialise
que dans le village, je n’ai pas les quantités
suffisantes pour le faire ailleurs, racontet-il. Mais je peux dire qu’ils ont un succès
fou. Je vends tout ce que je récolte à un prix
supérieur à celui du marché.
L’avenir a un coût
L’aquaponie n’a toutefois pas que des
avantages. L’investissement initial pour
l’installation du système est substantiel,
explique Raïf Chabab. J’ai dû débourser
pas moins de 4000 $ (3110 €) rien que pour
ce mur de 3,5 m de haut et 12 m de large,
sans compter les frais résultant des erreurs
en cours de route. Et encore, j’ai adapté
les réservoirs et le biofiltre moi-même !
Les frais d’alimentation de ces poissons
sont également élevés, l’État libanais ne
subventionnant que l’élevage des truites.
Sans compter l’alimentation en électricité 24 heures sur 24, d’où une facture
non négligeable et des difficultés dans un
pays où les coupures sont fréquentes. Raïf
Chabab ne peut certifier qu’il est le premier
ni même le seul à pratiquer ce genre d’agriculture au Liban, mais il espère que cette
technique se répandra dans tout le pays.
Suzanne BAAKLINI
https://www.youtube.com/watch?v=8EZlfisWjyw
ALIMENTATION
Le Café roulant Les guerrières
du légume
Quotidien norvégien libéral et conservateur fondé en 1860. Éditeur en chef : Espen Egil Hanse.
Circulation : 658.000 exemplaires.
© DR
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27 septembre 2014
© DR
Au cœur d’Oslo, dans le quartier Grønland, deux
jeunes hommes tirent un chariot rempli de limonade, de café et de melons. Lars Petter Berg, (26 ans)
et Eilif Salemonsen (27 ans) ont créé un café itinérant, un projet idéaliste dont l’ensemble des bénéfices
sont reversés à une œuvre caritative. L’idée de départ
était d’imaginer un lieu d’échange dans les quartiers
calmes de la ville, y mettre un peu plus d’animation
pour faire d’Oslo un lieu encore plus agréable à vivre,
confie Lars. Les deux jeunes gens arpentent la ville
avec leur chariot, du quartier branché de Frogner à
celui de Tøyen, ouvrier et bigarré, et déclarent qu’ils
n’ont pas constaté de grandes différences malgré un
prétendu clivage entre les quartiers Est et Ouest de la
ville : Si les gens sont pressés, ils passent sans s’arrêter,
qu’on soit à l’Est ou à l’Ouest. On voit des gens généreux
des deux côtés, observe Eilif Salemonsen. Quand nous
les rencontrons, ils ont récolté plus de 1700 couronnes
depuis le début de la journée, soit près de 200 €. Notre
objectif, c’est que les gens prennent le temps de faire un
brin de causette. On n’a aucune idée de ce qui marchera
ou pas. Aucun de nous deux n’est un commerçant dans
l’ âme, mais on aime rencontrer des gens. C’est sympa,
enrichissant, amusant. Un sacrifice ? Pas le moins du
May Synnøve ROGNE
monde, précisent-ils de concert.
Victoire est un hebdomadaire belge de langue française,
supplément du quotidien indépendant et progressiste Le
Soir. Créé en 2006, ce magazine lifestyle s’adresse à un
lectorat mixte, avec un tirage de 88.000 exemplaires. Il est dirigé par Anne Boulord.
Les modernes amazones du projet Beste groenten madame !
troquent l’arc contre une binette pour réfléchir sur l’alimentation durable, le partage des savoirs et l’émancipation par l’assiette. Lancé début 2012 par l’ASBL Amazone, ce projet pilote
accueille des femmes de toutes les cultures, habitant principalement la commune de Saint-Josse-ten-Noode, à Bruxelles. Leur
objectif : retrouver des habitudes alimentaires plus saines, apprendre
à consommer bon, propre, juste et local, développer et valoriser aussi
leurs compétences et savoir-faire en tant que femmes. Le Jardin des
Amazones, c’est d’abord un petit potager urbain cultivé de manière
collective et des ateliers d’agriculture donnés en collaboration avec
deux autres associations. Un accent particulier est mis sur les herbes
aromatiques, les légumes oubliés, les produits de saison. Chaque atelier
est l’occasion de faire connaissance avec des légumes de toutes sortes,
d’apprendre à les cultiver, à les reproduire et à s’en servir en cuisine.
La balade gustative se poursuit lors d’ateliers culinaires où les participantes abordent les grandes thématiques de l’assiette durable et de
l’alimentation saine, à l’aide de délicieuses recettes d’ici et d’ailleurs.
Chaque atelier permet d’aborder une réflexion plus globale sur les impacts de l’alimentation sur l’écologie, la santé et l’économie mondiale.
Le tout dans un esprit interculturel d’échange, d’entraide et d’autoorganisation des plus... durables. Didier DILLEN
Beste Groenten Madame !, T. 0479 80 48 49, www.facebook.com/
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VICTOIRE, MAGAZINE DU JOURNAL LE SOIR
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RÉDACTION
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Caratti, José Carreño Figueras, Didier Dillen, Carolyn Fraser, Didier
Hamann, Stéphanie Jacob, Melanie D. G. Kaplan, Didas Kisembo, Lawrence
Neal, Georgina Oslon, Isabelle Plumhans, May Synnøve Rogne,
Dorrit Saietz, Christopher F. Schuetze, René Sépul, Laura Shin, Karin Tzschentke,
Katarzyna Zakarasz, Christian Zürcher
Correcteur Pierre Michel Rouffiange
Photographes Alexandre Bibaut, Charlie De Keersmaecker,
Philippe Henon, Lydie Nesvadba, Filip Vanzieleghem
Illus Pascal Lemaitre
50
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27 septembre 2014
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LEVIDE
VIDE- POCHE
POCHE
Pierre VERBEEREN
Directeur général de Médecins du Monde | PAR FILIP VANZIELEGHEM
Le dé renvoie au souhait que les inégalités soient
le fruit du hasard plutôt que celui de l’héritage, ça
éviterait bien des arrogances. Quant au sablier, c’est
le temps qui passe inévitablement, mais dont nous
sommes responsables. La responsabilité est une notion
qui m’est chère. En tant qu’humanitaires, nous avons la
responsabilité de convaincre. Mon “ ordre de mission ”,
que je conserve toujours sur moi, me le rappelle. Plus
qu’un passe-partout, c’est un élément de négociation. Il
ne fait pas pour autant de moi un globe-trotteur, j’aime
me retrouver chez moi ou dans ma voiture, deux lieux
simples. Je dois aussi être l’une des rares personnes
à utiliser encore les mouchoirs en tissus, à l’évocation
durable. J’ai d’ailleurs le “ vieux modèle ” de l’iPhone ;
le progrès est ambigu, indispensable mais parfois mal
maîtrisé. J’ai enfin toujours un petit essai sur moi.
Parce qu’on ne réussit jamais vraiment quelque chose,
on ne fait qu’essayer.
Roulez au feeling
Posez les mains sur le volant de la Volvo XC60 et laissez-vous
transporter. Ce n’est pas par hasard que la Volvo XC60 est
le leader de sa catégorie. Ainsi, son nouveau moteur diesel
D4 redéfinit la notion de puissance. 181 cv associés à une
consommation si basse, c’est une véritable révolution.
Testez-la chez votre distributeur Volvo et découvrez
à quel point puissance peut aller de pair avec sobriété.
Le nouveau moteur diesel D4 est disponible sur
presque toute la gamme.
DÉCOUVREZ LE NOUVEAU MOTEUR DIESEL D4
Tout conducteur Volvo qui se respecte donne priorité à la sécurité. Informations environnementales AR 19/03/2004: www.volvocars.be
4,5 L/100 KM - 117 G CO2/KM