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Déclarations officielles de politique étrangère du 09 février 2015
1 - Point de presse du porte-parole - Union européenne/Participation de M. Harlem Désir au conseil
affaires générales - Guinée équatoriale/Ebola/Déplacement de Mme Annick Girardin Qatar/Diplomatie économique/Déplacement de M. Mathias Fekl - Yémen/Dissolution du parlement Somalie/Assassinat du député Abdulahi Qayad Barre - Afrique du Sud/Disparition de l'écrivain André
Brink - Justice internationale/Élection de M. Ronny Abraham à la présidence de la Cour internationale
de justice
Au point de presse de ce jour, le porte-parole a fait les déclarations suivantes :
1 - Union européenne - Participation de M. Harlem Désir au conseil affaires générales (Bruxelles, 10 février 2015)
M. Harlem Désir, secrétaire d'État chargé des affaires européennes, participera demain à Bruxelles au conseil affaires
générales. Les points suivants sont inscrits à l'ordre du jour :
- la lutte contre le terrorisme : les ministres feront le point sur les mesures déjà prises depuis janvier et prépareront la
réunion informelle des chefs d'État ou de gouvernement du 12, qui adoptera une déclaration sur ce sujet ;
- la préparation du Conseil européen des 19 et 20 mars, consacré à la construction d'une union de l'énergie et au
partenariat oriental ;
- le programme de travail de la présidence lettone sur le renforcement de la croissance, de la compétitivité et de
l'emploi, l'agenda numérique et l'affirmation du rôle de l'Europe dans le monde.
Par ailleurs les ministres discuteront au cours d'un déjeuner de travail avec M. Frans Timmermans, premier
vice-président de la Commission, de la façon d'améliorer le processus législatif de l'Union européenne.
2 - Guinée équatoriale - Ebola - Déplacement de Mme Annick Girardin (8-10 février 2015)
Mme Annick Girardin, secrétaire d'État chargée du développement et de la Francophonie, est en Guinée équatoriale du
8 au 10 février.
Elle y sera reçue par M. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, président de la République, et s'entretiendra avec plusieurs
ministres de la lutte contre l'épidémie d'Ebola, de la mobilisation contre le dérèglement climatique, de la promotion
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de la Francophonie et des principaux volets de nos relations bilatérales.
En coopération avec l'organisation mondiale de la santé, la France a envoyé en Guinée équatoriale du personnel de
santé pour participer aux efforts de prévention contre le virus Ebola pendant la coupe d'Afrique des nations, qui vient
de s'achever.
3 - Qatar - Diplomatie économique - Déplacement de M. Mathias Fekl (Doha, 10-11 février 2015)
M. Matthias Fekl, secrétaire d'État chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de
l'étranger, se rendra au Qatar les 10 et 11 février afin d'y rencontrer les autorités gouvernementales et les décideurs
économiques. Une importante délégation d'entreprises françaises, dont plus d'un tiers de petites et moyennes
entreprises, participera à ce déplacement.
Les échanges seront prioritairement consacrés à notre coopération dans les domaines de la ville durable, du tourisme
et du sport. Ils permettront aux entreprises qui le souhaitent de nouer des contacts utiles à leur développement au
Qatar, grâce à un programme personnalisé d'accompagnement proposé par Business France.
A l'occasion de cette visite, M. Matthias Fekl donnera une conférence sur le partenariat économique franco-qatarien
dans les locaux de HEC Paris au Qatar. Il rencontrera également la communauté française, ses élus, les conseillers
consulaires, ainsi que les proviseurs des lycées français.
4 - Yémen - Dissolution du parlement (6 février 2015)
Comme le conseil de sécurité des Nations unies l'a fait le 6 février, la France exprime sa vive inquiétude à la suite des
nouvelles mesures unilatérales annoncées par le mouvement Ansarallah. Elle condamne en particulier l'annonce de la
dissolution du parlement.
Nous demandons que les engagements pris dans le cadre de la conférence du dialogue national, de l'initiative du Golfe
et de l'accord de paix et de partenariat national du 21 septembre soient respectés et intégralement appliqués.
La France insiste sur la nécessité de faire émerger rapidement une solution consensuelle avec l'ensemble des
formations politiques yéménites, afin de mettre un terme à la crise et de relancer le processus de transition.
Elle demande que les négociations conduites par le conseiller spécial du secrétaire général des Nations unies puissent
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reprendre rapidement, de bonne foi et sans condition, entre l'ensemble des parties.
5 - Somalie - Assassinat du député Abdulahi Qayad Barre (Mogadiscio, 9 février 2015)
La France condamne l'assassinat du député Abdulahi Qayad Barre, survenu le 9 février à Mogadiscio.
Nous adressons nos condoléances à sa famille et assurons le gouvernement et le peuple somaliens de notre soutien
dans leur lutte contre le terrorisme.
Ce crime, comme ceux qui l'ont précédé, ne doit pas rester impuni.
6 - Afrique du Sud - Disparition de l'écrivain André Brink (6 février 2015)
C'est avec une profonde tristesse que nous avons appris la disparition de l'écrivain sud-africain André Brink le 6 février
dernier. Nous adressons nos condoléances à sa famille et à ses proches.
Écrivant avec la même aisance en afrikaans, sa langue maternelle, qu'en anglais, il s'était engagé avec courage dans la
lutte contre le système de l'apartheid, puis avait analysé lucidement les défis de la nouvelle Afrique du Sud.
André Brink était également un francophone et francophile passionné, dont la vocation littéraire était née lors de ses
études à Paris. Très apprécié et connu en France, il était lauréat du prix Médicis étranger pour son roman « Une saison
blanche et sèche ». M. André Brink était chevalier de la légion d'honneur et officier de l'ordre des arts et des lettres.
7 - Justice internationale - Élection de M. Ronny Abraham à la présidence de la Cour internationale de justice (6
février 2015)
La France salue l'élection à la présidence de la Cour internationale de justice de M. Ronny Abraham.
Conseiller d'État, ancien directeur des affaires juridiques du ministère des affaires étrangères, M. Ronny Abraham était
juge au sein de cette Cour depuis 2005. Son élection illustre le rayonnement du droit français et la vitalité de la
Francophonie dans les juridictions internationales.
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La France rappelle son attachement à la Cour internationale de justice, qui joue un rôle essentiel pour le règlement
pacifique des différends entre États./.
(fin de l'article)
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2 - Ukraine - Russie - Communiqué de la présidence de la République
Les dirigeants du groupe «Normandie» ont intensément travaillé ce matin au téléphone pour continuer d'élaborer le
paquet de mesures se situant dans le cadre d'un règlement global du conflit.
Ce travail se poursuivra demain à Berlin sur la base des discussions d'aujourd'hui avec l'objectif d'organiser mercredi à
Minsk une réunion au sommet du format «Normandie».
Le groupe de contact trilatéral se réunira d'ici mercredi./.
(Source : site de la présidence de la République)
(fin de l'article)
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3 - Ukraine - Russie - Échanges de M. François Hollande, président de la République, avec des
représentants de la presse
Q - Monsieur le Président, êtes-vous confiant qu'il puisse y avoir un accord dès demain sur l'Ukraine ?
R - Nous faisons tout avec la chancelière pour qu'il y ait un accord, mais pour qu'il y ait un accord il faut que les
acteurs eux-mêmes l'admettent, le veulent. Ils le cherchent. À nous de les conduire vers la conclusion. Nous avons
donc passé deux nuits, si je puis dire, une nuit à Kiev et une nuit ou une demi-nuit à Moscou. Pourquoi avons-nous
lancé cette initiative ? Parce que la chancelière et moi-même, considérons qu'il y a un risque de guerre aux portes de
l'Europe, et qu'il peut y avoir et qu'il y a déjà de nombreuses victimes et des victimes civiles.
Nous avons donc préparé un texte, d'abord avec les Ukrainiens, et nous l'avons ensuite discuté avec Vladimir Poutine.
Nous devons rapprocher encore les points de vue. Et c'est la raison pour laquelle il y aura un échange dimanche au
téléphone avec le président Poutine, avec le président ukrainien M. Porochenko, la chancelière et moi-même, pour que
nous soyons le plus près du but. Mais tant que le but n'est pas atteint, tant que l'accord n'est pas signé, il y a un
risque. Je ne voulais que rien ne soit dit sur les responsabilités des uns et des autres, avant que l'on ait pris justement
un certain nombre d'initiatives et d'engagements.
La France joue un rôle majeur avec l'Allemagne pour dénouer cette situation, mais elle ne peut pas réussir seule. Avec
Mme Merkel nous ne réussirons pas seuls. Nous avons pris nos responsabilités, maintenant c'est à toutes les autres
parties d'être à la hauteur de ce qui est attendu d'eux.
Q - Est-ce que vous êtes plus optimiste aujourd'hui que vous ne l'étiez avant de faire ce voyage ?
R - Je savais que ça serait difficile et je savais que c'était risqué, mais je savais que c'était indispensable. Je suis donc
dans le processus, je ne veux pas donner de pronostic, je suis aujourd'hui dans la recherche qui prendra encore
quelques jours, pour aboutir à une conclusion. Et je le fais en tant qu'Européen parce que je considère que ce qui se
passe aux frontières de l'Europe nous intéresse directement. Je le fais aussi en tant qu'ami de la Russie, parce que je
ne veux pas que la Russie s'isole du reste de l'Europe et du reste du monde. Je le fais aussi en tant que Français, parce
que la France doit toujours être à l'initiative. Et ce qui se produit là, c'est aussi une belle image de l'alliance entre la
France et l'Allemagne au service de la paix.
Q - Vous vous êtes entretenu avec M. Obama pour le tenir au courant de ces négociations ?
R - Il y a eu des contacts qui ont été pris par les ministres des affaires étrangères, et encore ce matin Laurent Fabius
sera à Munich où il aura des conversations avec son homologue américain. Nous tenons informés les Américains, je
sais qu'ils regardent avec intérêt ce que nous faisons, mais nous le faisons en tant qu'Européens.
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Q - C'est la dernière chance...
R - Je pense que c'est une des dernières chances et c'est pourquoi nous avons pris cette initiative, parce que si nous
ne parvenons pas à trouver non pas un compromis mais un accord durable de paix, eh bien ! Nous connaissons
parfaitement le scénario. Il a un nom, il s'appelle «la guerre»./.
(Source : site Internet de la présidence de la République)
(fin de l'article)
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4 - Ukraine - Russie - Conseil affaires étrangères - Échanges de M. Laurent Fabius, ministre des
affaires étrangères et du développement international, avec des représentants de la presse
Q - Est-ce qu'on aura aujourd'hui une décision de sanctions contre les séparatistes et la Russie ?
R - Où en étions nous jusqu'à ces derniers jours ? La situation en Ukraine était complètement bloquée. Il y a eu une
initiative diplomatique de la part du président français, de la chancelière allemande et les choses commencent commencent, il faut être très prudent - à bouger.
Concrètement, que va-t-il se passer ? Nous avons discuté de la situation ce matin au Conseil des ministres des affaires
étrangères. Cet après-midi il y a une réunion de nos secrétaires généraux de ministères et de nos directeurs politiques.
Demain à Minsk, il y a une réunion des conseillers politiques. Et mercredi, nous espérons qu'il y aura la réunion de
Minsk, avec ce que l'on appelle le format «Normandie», c'est-à-dire le président ukrainien, le président russe, la
chancelière allemande et le président français. L'objectif c'est de parvenir à une désescalade et à la paix. Nous ne
sommes pas assurés du résultat, il faut rester prudent, mais nous travaillons dans ce sens.
Ce matin a été soulevée la question des sanctions, qui avaient été prises, il faut se le rappeler, par rapport à ce qui
est arrivé à Marioupol. Il y avait un délai entre le moment où les sanctions ont été prises et le moment où elles
doivent s'appliquer. Nous avons discuté de cela, et la décision - c'est Mme Mogherini qui certainement vous la
commentera - c'est que le principe de ces sanctions par rapport à Marioupol est maintenu, mais leur application se
fera à la lumière de la situation sur le terrain. Concrètement on fera le point d'ici lundi prochain. D'ici là on verra si la
réunion de Minsk a eu lieu, ce qu'elle a donné, et on pourra en tirer des conséquences. Voilà exactement où nous en
sommes.
Q - Qu'est-ce qui peut encore empêcher une réunion, ou un succès, à Minsk ?
R - Vous savez qu'il y a eu une réunion à Kiev, une réunion à Moscou où je me trouvais avec les présidents vendredi,
et il y a eu une conversation téléphonique hier dimanche entre les quatre responsables, mais il reste du chemin à
faire, parce qu'il y a toute une série de questions qui sont posées. À la fois combien de combien de kilomètres doivent
être retirées les armes lourdes ? Comment assurer le respect de la frontière ? Que deviendront du point de vue
juridique les régions du Donbass, Donetsk et Lougansk ? Et puis il y a d'autres questions. Donc tout cela est en train
d'être discuté. C'est à partir de cela qu'il sera décidé, nous l'espérons, la réunion de Minsk, qui elle-même, nous
l'espérons, donnera des résultats. Mais les choses ne sont pas encore faites.
Q - Le Protocole de Minsk peut être modifié ?
R - Le Protocole de Minsk, il a été signé, et c'est le juge de paix. Maintenant depuis, il y a une certaine évolution sur
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le terrain comme vous le savez. Mais il faut rester le plus possible dans le respect du protocole de Minsk.
En tout cas, les résultats ne sont pas encore acquis, mais nous, nous faisons le maximum d'efforts diplomatiques pour
arriver à la désescalade et à la paix.
Q - La ligne de démarcation tracée sur une carte à Minsk pourrait bouger ?
R - C'est plus compliqué que cela. Il y avait une ligne, mais depuis la réalité sur le terrain s'est déplacée, et au
détriment des forces ukrainiennes. Donc la question qui est posée aujourd'hui, c'est surtout la question du retrait des
armes lourdes. Parce que si on veut arriver à un cessez le feu puis à la paix - c'est l'objectif - il faut que les armes
lourdes ne puissent plus tonner. Donc c'est une des principales questions posées. Merci beaucoup./.
(fin de l'article)
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5 - Ukraine - Russie - Échange de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du
développement international, avec «France24»
Cela reste très tendu. Nous espérons que les choses vont avancer, pas pour une paix sur le papier, mais une paix sur le
terrain. Nous sommes une puissance de paix et nous ferons le maximum pour trouver une solution raisonnable./.
(fin de l'article)
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6 - Ukraine - Russie - Audition de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du
développement international, devant la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale
(...)
A propos de l'Ukraine, je suis comme vous extrêmement inquiet. Nous sommes dans une situation où MM. Poutine et
Porochenko, qui se parlaient auparavant, même si c'était par l'intermédiaire de la France et de l'Allemagne, en sont à
ne plus se parler. Sur le terrain, ce sont les séparatistes qui ont l'avantage ; par rapport à la ligne de séparation des
accords de Minsk, ils ont progressé vers l'Ouest de 500 km2. De nombreuses discussions ont eu lieu en format de
Normandie entre les chefs d'État, ou bien à mon niveau avec mes trois collègues. Petit à petit, au fur et à mesure de
l'avancée des séparatistes, les Russes, qui au départ étaient en théorie d'accord pour signer et respecter l'accord de
Minsk, ont évolué. Ils veulent être maintenant que l'on prenne pour base de discussion la ligne de démarcation qui est
plus à l'Ouest. Du coup, avec des nuances entre Porochenko et Iatseniouk, les Ukrainiens se braquent de plus en plus
contre la Russie et le dialogue est impossible. Le groupe de contact qui devait se réunir, ne se réunit pas.
Du côté de la Russie, à mon avis, M. Poutine souhaite deux choses. Tout d'abord, il demande un statut particulier du
Donbass et il subordonne la garantie de la frontière russo-ukrainienne à la condition qu'il y ait auparavant une
modification de la constitution permettant la mise en place d'élections. Ceci n'est pas acceptable. On ne peut pas
garantir l'intégrité territoriale d'un pays en fonction de ce qui est décidé à l'intérieur de ce pays. M. Poutine insiste
aussi pour que l'Ukraine n'entre jamais dans l'OTAN et ce bien que la France ait dit clairement qu'elle ne souhaitait pas
que l'OTAN s'élargisse à l'Ukraine.
Du côté ukrainien, au départ, M. Porochenko était en position de force, mais les élections ont été plutôt favorables à
Iatseniouk ; la Rada a pris une nouvelle orientation et la population ukrainienne est de plus en plus antirusse suite
aux exactions des Russes et des séparatistes. Que veulent les Ukrainiens ? Ils veulent que leur frontière soit garantie,
ils veulent le cessez-le-feu, ils veulent que l'accord de Minsk soit respecté.
Les réunions se sont multipliées ; ce soir il y a un appel entre le président et Poutine. La réalité c'est que ce sur quoi
on se met d'accord à quatre en format de Normandie est dépassé la semaine suivante. Ceux qui font le lien du
dialogue, ce sont les Allemands et les Français. Mais on n'arrive plus à ce qu'il y ait un dialogue direct entre les Russes
et les Ukrainiens. Les Russes sont en position de force militairement sur le terrain. Ils n'ont donc aucune raison de
céder. L'accord de Minsk qui était l'élément sur lequel on pouvait se raccrocher, n'est plus reconnu comme tel par les
Russes. C'est pourquoi je partage tout à fait les inquiétudes qui sont les vôtres.
Lors de la récente réunion du Conseil des affaires étrangères à Bruxelles, nous avons décidé la prorogation et
l'extension des sanctions individuelles, mais on n'est pas allé au-delà. D'un côté, les pays baltes et quelques autres
pays voulaient un durcissement de la position européenne. De l'autre, la Grèce et quelques autres ont adopté une
position à l'opposé. La France a essayé de garder l'unité de l'Union européenne.
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La question de la livraison d'armes à l'Ukraine est posée aux États-Unis et des propositions déjà ont été soumises à la
Maison Blanche. Une partie de l'opinion publique et des sénateurs pensent qu'il faut armer l'Ukraine. Si l'on suivait
cette voie, on entrerait dans une phase dangereuse ; on passerait de la tension à un conflit, voire une guerre.
La France doit tout essayer pour éviter cet affrontement. Il ne faut pas non plus faire preuve de faiblesse, sinon on
aura de toute façon cet affrontement. Ce sont la France et l'Allemagne qui essayent, je dis bien essayer car ces
dernières heures les choses vont de mal en pis, de tenir les fils et donc peut être prendrons-nous une initiative, mais
qui ne soit pas en porte-à-faux. John Kerry se rendra à Kiev ; entre temps il y aura peut-être l'arbitrage du président
américain. Voilà où nous en sommes : la France, élément de dialogue et de pont ; une situation de plus en plus
inquiétante ; une Russie qui affirme sa force ; une Ukraine qui se tourne vers ses alliés ; une escalade de plus en plus
violente (...)./.
(Source : site Internet de l'Assemblée nationale)
(fin de l'article)
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7 - Ukraine - Russie - Entretien de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, avec «Le Monde»,
«Europe 1» et «Itélé»
Q - Une guerre totale est-elle encore évitable en Ukraine ?
R - On doit constater que la guerre n'arrive pas qu'aux autres. La guerre, ce n'est pas uniquement à la télévision, ou
uniquement loin de la France. Aujourd'hui, la guerre est là, aux frontières de l'Europe, à quelques heures d'avion d'ici.
Elle se produit, elle se déroule. Pourquoi ? Parce que le droit n'est pas respecté, parce que la force veut s'imposer
malgré tout et parce que les frontières ne sont pas respectées.
Q - Qui ne respecte pas le droit ?
R - La Russie, et les séparatistes qui sont alimentés soit par des conseils, soit par des armes, par les Russes.
Q - Mme Merkel et M. Hollande ont-ils pris l'initiative de rencontrer Poutine, ou ont-ils réagi à une initiative de sa
part ?
R - C'est Mme Merkel et M. Hollande qui prennent leurs responsabilités. Ce sont les Européens, et en particulier le
couple franco-allemand, qui souhaitent que la paix soit rétablie.
Q - Ont-ils réagi à une lettre de Poutine ?
R - Je n'ai pas à entrer dans ces considérations. La seule considération qui m'importe, c'est que la paix progresse. Si la
paix peut avancer, elle avancera sur les bases du protocole de Minsk. Ce protocole était en place déjà depuis plusieurs
mois, c'est sa déclinaison qui a péché. Il faut remettre les éléments de la déclinaison à l'ordre du jour, et éviter cet
engrenage qui serait dramatique pour l'Europe. C'est vraiment une question d'heures et de jours. C'est sans doute la
dernière chance. Et il faut donc l'utiliser jusqu'au bout.
Q - À partir de quel moment le président de la République, vous-même, mettez-vous des éléments de l'armée en état
d'alerte ?
R - Nous avons pris nos responsabilités concernant notre alliance au sein de l'OTAN. À l'automne 2014, nous avons mis
en place sur une base aérienne en Pologne, à proximité de la frontière russe, des Rafale en état d'alerte. Nous avons
annoncé à nos amis polonais que nous participerons au printemps à des manoeuvres où des blindés français seront en
exercice. Bref, nous sommes dans la réassurance.
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Q - À quel moment doit-on aider l'Ukraine avec des armes défensives ?
R - Je n'ai jamais vu un exemple où, lorsqu'on rajoutait des armes aux armes, on rajoutait de la paix.
Q - La Finlande, l'Autriche, la Yougoslavie ont été armées pendant la guerre froide, alors qu'ils n'étaient pas membres
de l'OTAN, et on a évité la guerre.
R - Samedi 7 février, à Munich, Angela Merkel rappelait, à propos de l'armement de l'Ukraine, que, lorsqu'il y a eu
l'érection du mur de Berlin, elle a dû assister, parce que le pragmatisme l'imposait, à l'élévation de ce Mur sans que
personne bouge. Il faut éviter d'ajouter des armes aux armes, parce que la paix ne passe pas par là.
Q - L'Ukraine peut-elle être un jour dans l'OTAN ?
R - Nous avons dit à plusieurs reprises que nous n'envisagions pas de soutenir l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN.
Q - La Lettonie est dans l'OTAN. Si Poutine a des visées sur la Lettonie, on meurt pour la Lettonie ?
R - S'il y avait d'aventure une agression sur la Lettonie, ce que je ne souhaite pas, le sujet c'est l'Ukraine, l'article 5 de
l'Alliance atlantique s'appliquerait.
Q - Deux bombardiers russes, le 28 janvier, sont passés entre la France et l'Angleterre, ce qui a conduit les
Britanniques à fermer une partie de leur espace aérien. Est-on dans une phase de provocations qui peut dégénérer ?
R - J'ai constaté, comme ministre de la défense, cette présence un peu intempestive d'avions russes qui sont venus se
promener pour des raisons que j'ignore, à proximité de nos côtes. Nous leur avons fait savoir que nous les avions vus,
et qu'il était souhaitable qu'ils se retirent. C'est ce qu'ils ont fait.
Q - Ces avions avaient des armements nucléaires ?
R - Je ne crois pas que ce soit cette question qui soit posée./.
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(fin de l'article)
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8 - Forum franco-africain pour une croissance partagée - Discours de M. François Hollande, président
de la République
Messieurs les Présidents,
Cher Alassane,
Cher Ali,
Cher Macky,
Madame, Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs les Représentants des entreprises ainsi que tous les amis qui contribuent à affermir encore
davantage les liens entre l'Afrique et la France.
Il y a un an, vous l'avez rappelé, Cher Lionel Zinsou, le sommet de l'Élysée rassemblait la France et l'ensemble des pays
africains. À cette occasion, nous avions lancé l'idée d'une fondation franco-africaine pour favoriser la croissance - la
croissance en Afrique et la croissance en France. Beaucoup d'entreprises à travers le président du MEDEF - et je les en
remercie - se sont impliquées et engagées dans cette initiative. Ce forum en est l'illustration et je tenais à y être
présent.
Hier soir, j'étais à Kiev. Ce soir, je serai à Moscou. Une fois encore j'ai démontré que Paris était la capitale, puisque,
pour aller de Kiev à Moscou, il faut venir à Paris pour être avec des amis africains ! J'y tenais parce que cette
initiative est un succès. Il y a ici des chefs d'État, des chefs de gouvernement, une cinquantaine de ministres, 500
entreprises françaises et africaines qui sont représentées. C'est la preuve de l'intérêt que porte la France pour le
continent africain et l'intérêt qu'a l'Afrique pour que des entreprises françaises viennent, plus nombreuses encore,
investir en Afrique.
Mais comme il a été dit par le président Ouattara, il n'y a pas de développement, il n'y a pas de croissance sans
sécurité. Les pays africains qui ont connu des développements considérables sont également touchés par le terrorisme.
Pas tous,
mais tous peuvent l'être. La France a considéré qu'elle était également engagée dans cette lutte-là pour préserver la
paix, mais aussi pour assurer sa propre sécurité, parce que nos sorts sont liés. Si je me suis engagé, comme je l'ai fait
pour le Sahel, en faisant intervenir la France au Mali, c'est que j'avais conscience que les risques étaient, pour le Mali,
de perdre son intégrité territoriale et, pour l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest, d'être menacée dans sa souveraineté,
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dans sa liberté.
Si vous êtes venus le 11 janvier - et je veux vous en remercier - pour assurer la solidarité de l'Afrique à la France après
les terribles épreuves que nous avons traversées, c'est bien parce que vous êtes, vous aussi, conscients que cette lutte
se mène à l'échelle internationale et que cette menace peut tous nous toucher.
Je suis conscient, et la ministre des finances du Nigéria l'a rappelé, qu'il y a en ce moment même une offensive
terroriste de très grande envergure au Nigéria et également au Cameroun. Il convient d'y faire face. Les Africains ont
pris leur destin en main. Ces derniers jours encore, l'Union africaine a pris des décisions importantes pour constituer
une force capable de s'opposer aux agissements terroristes. De la même manière, nous avons tenu en mai dernier une
réunion autour des pays du Lac Tchad, avec le Niger, le Nigéria, le Cameroun, le Tchad, le Bénin, pour échanger nos
informations, assurer notre coopération et permettre à des forces de se déployer. Elle montre aujourd'hui son
efficacité. Je veux saluer ce que fait le président Deby, parce qu'il y met pleinement son armée et il permet ainsi de
lutter, avec le Cameroun, le Niger, le Nigéria contre Boko Haram.
L'Afrique connait des fléaux. Parce que l'Afrique est un enjeu. L'Afrique aussi est exposée à la dégradation du climat,
au réchauffement. C'est la raison pour laquelle la France a également pris ses responsabilités, puisque nous allons
organiser, à la fin de l'année, la Conférence de Paris sur le réchauffement climatique. Je sais, d'ores et déjà, que les
pays africains, tous ensemble, seront à nos côtés pour arriver à un accord global, à un accord différencié, à un accord
qui mobilisera des fonds importants pour développer l'Afrique et pour assurer la transition énergétique dans ce
continent.
Lionel Zinsou a présenté avec talent cette réalité et cette évidence et les chefs d'État l'ont confirmé : l'Afrique, c'est
notre avenir. C'est notre avenir parce que c'est le continent qui connait la plus grande progression démographique.
C'est notre avenir parce que c'est le continent qui connait la plus forte croissance ces dernières années. C'est notre
avenir parce que c'est le continent qui a les potentiels les plus élevés (pas simplement les ressources) pour assurer son
développement.
L'Afrique est un continent plein de richesses encore inexploitées, à tel point que, lorsqu'un certain nombre de chefs
d'État m'interrogent sur ce que nous pouvons faire ensemble, à chaque fois, ils me parlent de l'Afrique. J'y vois là
comme une reconnaissance de ce que nous pouvons faire pour l'Afrique. La France est tout à fait prête à emmener
beaucoup de pays à venir investir en Afrique. J'y vois surtout la marque d'intérêt considérable que les pays les plus
développés ou ceux qui sont ce qu'on appelle «les émergents» ont comme ambition pour investir en Afrique.
La France est liée à l'Afrique par l'histoire, par l'amitié, par l'économie, et surtout par les liens humains. Nous avons
beaucoup de Français qui vivent en Afrique, beaucoup d'Africains qui vivent en France. C'est une chance considérable.
Mais, au-delà même de ce lien culturel, il y a comme une convergence d'intérêts communs. Si nous en sommes
conscients, si la France est pleinement présente, si elle a déjà de nombreuses entreprises qui sont sur les marchés
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africains, si vous faites confiance aux entreprises françaises dans les règles du droit, alors nous devons, nous Français,
nous autorité française, mieux accompagner l'Afrique dans le financement de ses projets.
Car la clé, c'est le financement. C'est la raison pour laquelle je voulais, au cours de ce forum, démontrer que nous
avions adapté bon nombre de nos outils pour favoriser le financement des entreprises françaises qui iront investir en
Afrique et le financement de projets qui intéressent l'Afrique.
Il existe ce qu'on appelle dans notre dispositif financier et administratif la «Réserve Pays Emergents». Elle est
désormais pleinement ouverte aux pays africains. Elle a déjà été utilisée dans le passé pour financer de grands projets
: le train à grande vitesse au Maroc, le métro du Caire, un barrage dans la région de Nairobi... Mais nous voulons
maintenant mettre tous ces financements au service du plus grand nombre de projets en Afrique. 70 % de la «Réserve
Pays Emergents» sera consommée en Afrique, soit 240 millions d'euros.
Deuxième outil, la COFACE. La COFACE est nécessaire, indispensable, pour assurer le financement de bon nombre de
projets en Afrique. Macky Sall le rappelait et Ali Bongo a insisté aussi là-dessus : le principal risque n'est pas en
Afrique. Il y a des risques qui peuvent exister partout, y compris en Europe. Nous devons donc regarder l'Afrique
comme nous regardons tout pays, tout continent, avec les mêmes règles, mais aussi en faisant en sorte que la COFACE
puisse assurer plus de garantie. En 2013, ces garanties étaient de 800 millions d'euros. En 2014, elles sont montées à
2 milliards d'euros et cela continuera encore à augmenter en 2015.
Nous avons aussi décidé de créer en France une banque de l'exportation au service des grands contrats internationaux.
Cela aura une influence directe sur ce que nous pouvons faire en Afrique. En effet, l'un des freins à l'exportation, que
nous pouvons rencontrer, ne tient pas aux conditions de compétitivité - même si cela peut exister et nous conduire à
prendre des mesures en France - ne tient pas au savoir faire, à la qualité, à la technologie où nous avons des
entreprises excellentes, petites et grandes ; l'un des freins à l'exportation, c'est le financement, car beaucoup de pays
assurent des financements bien plus avantageux que la France pour réussir à promouvoir leurs exportations.
Nous avons donc décidé, avec le ministre des finances, de mettre en place une banque de l'exportation d'ici la fin du
mois de mars. Ce dispositif concernera tous les pays, tous les secteurs économiques, sans restrictions. Chaque fois
qu'il y aura un contrat qui dépasse un certain volume, 100, 200 millions d'euros, alors cette banque rentrera
directement en intervention. Cela permettra de réduire aussi les coûts du financement ; nous avons chiffré à 10 %
l'économie que nous pouvons en tirer.
J'ai également, l'année dernière, pris un engagement. Le problème avec les engagements, c'est que personne ne les
oublie ! Je ne sais pas ce que vous applaudissez, si vous applaudissez qu'il faut prendre des engagements ou qu'il ne
faut pas les oublier... Mais j'avais pris deux engagements.
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Le premier, c'est que l'Agence française de développement investirait 20 milliards d'euros sur cinq ans en Afrique. Cet
engagement sera tenu, strictement tenu, entièrement tenu. Il commence à être appliqué. Il sera d'autant plus
aisément tenu que j'ai décidé de laisser à l'Agence française de développement 50 % de son résultat net, pour
consolider ses capitaux propres, de façon à ce que la machine apprêtée puisse être continuellement alimentée. Nous
donnerons aussi les moyens à l'AFD de développer, d'amplifier, de développer encore ses interventions.
J'avais pris un deuxième engagement que Macky Sall n'a pas oublié : un milliard d'euros pour la transition énergétique.
Ce milliard d'euros non seulement est confirmé, mais il s'ajoute au milliard de dollars que la France a décidé d'apporter
au Fonds vert. Voilà ce que je peux une nouvelle fois, ici, annoncer.
Nous travaillons également, toujours sur cette question du financement, à assurer non pas simplement des prêts, ou
même des dons, mais également à pouvoir favoriser le financement en capital des entreprises, et notamment des
entreprises africaines. La BPI et PROPARCO (une filiale de l'Agence française de développement) vont lancer cette
année ce qu'on appelle le fonds Averroès III, à hauteur de 30 millions d'euros pour financer le capital des PME et des
ETI françaises en Afrique, et financer également en capital des entreprises africaines. Il y aura ce fonds mixte
franco-africain, ce sera une première et il permettra ainsi de lier, de nouer des partenariats entre les entreprises, et
surtout d'apporter aux entreprises françaises qui investissent en Afrique des moyens d'assurer leur présence.
Il y a également une volonté qui est la nôtre de développer le financement participatif. C'est d'ailleurs prévu par une
innovation législative. C'est un défi qui est lancé. J'ai évoqué les diasporas africaines qui sont présentes en France et
qui sont soucieuses de contribuer au développement de leur pays d'origine. Ces fonds participatifs pourraient donc
être garantis par la puissance publique et pourraient lever des capitaux, lever des ressources, et permettre de les
investir en Afrique.
Je sais aussi qu'il y a bientôt un «Club Afrique» qui va se créer au sein de l'Association française des investisseurs pour
la croissance. Il pourra mobiliser aussi les acteurs du capital risque, les acteurs français notamment, pour financer des
projets en Afrique.
Mais faut-il encore que les personnes puissent circuler. Là encore, je me souviens d'une interpellation qui m'avait été
adressée. Je pense que c'était au Sénégal qu'il m'a été dit : «vous voulez favoriser des échanges, vous voulez
développer les partenariats, mais il est difficile pour des chefs d'entreprise africains de venir en France, pour des
créateurs de venir en France, parce que les visas ne sont pas délivrés dans le bon délai et avec les facilités
indispensables». J'ai donc demandé au ministre des affaires étrangères et au ministre de l'intérieur de favoriser, de
faciliter, ces mécanismes. J'ai les chiffres aujourd'hui sous les yeux : le nombre de visas de circulation délivrés chaque
année à des investisseurs, à des entrepreneurs, à des chercheurs africains, s'élève à 300 000. Le chiffre a progressé de
60 % par rapport à 2012. C'est le signe de la confiance que nous faisons à l'Afrique.
Je rappelle aussi que la France accueille 110.000 étudiants africains. Elle le fait par solidarité sûrement, mais elle le
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fait aussi parce que former les talents africains, c'est un investissement pour la France et pour l'Afrique. Ces étudiants
vont ensuite revenir dans leur pays d'origine, prendre des responsabilités. Tous ne pourront pas devenir ministre des
finances, à 33 ans, de la Côte d'Ivoire, mais nous ne désespérons pas de former aussi les plus anciens... Même si nous
avons-nous aussi, mais je ne vais pas ici en parler trop, des ministres de l'économie jeunes ! C'est un investissement
que nous faisons pour que nous puissions avoir les cadres nécessaires.
Mais je veux aussi dire aux jeunes Français, qui veulent participer à une expérience à l'étranger et notamment en
Afrique, qu'ils pourront le faire plus facilement à l'avenir. J'ai parlé, lors de ma conférence de presse hier, du service
civique. Le service civique sera non seulement élargi, non seulement facilité, non seulement renforcé, mais il sera
également adapté pour qu'il prenne une dimension internationale, dans le cadre du volontariat de solidarité
internationale. Le nombre de jeunes Français qui voudront participer à ce volontariat en Afrique sera favorisé et sera
augmenté, parce que je veux que les Français qui veulent participer à cette belle histoire, à cette belle aventure du
développement du continent africain, puissent le faire dans des associations, dans des entreprises, dans des
administrations, partout où ils peuvent être utiles. Je vous l'assure Messieurs les Présidents, Madame, ils viendront et
ils viendront nombreux.
Il y a enfin, et c'est la raison de notre présence ici, la Fondation Africa-France que préside notre ami Lionel Zinsou. Ce
n'est pas un outil de plus, ce n'est pas une structure supplémentaire, c'est une institution. Une institution qui parle
d'initiative privée, ce qui n'empêche pas que cette fondation soit soutenue par l'État français, d'ores et déjà, à hauteur
de trois millions d'euros. Cette institution, c'est la vôtre. C'est l'institution des entreprises françaises et des
entreprises africaines.
Je vous demande, puisque vous êtes présents nombreux à ce forum, d'y participer pleinement. Je vous encourage à le
faire. Je veux aussi que de nombreuses associations puissent se former et puissent s'ajouter à cette fondation. Elle a
déjà mis en place des programmes, ils ont été rappelés : programmes pour la formation des cadres économiques de
haut niveau, programmes de rencontres des jeunes dirigeants français et africains, programmes pour labéliser ou pour
organiser des centres africains de formation professionnelle et technique, pour répondre aux besoins des entreprises
africaines et françaises...
Cette fondation a, enfin, d'ores et déjà mis en place des groupes - et non pas des «clusters» comme il a été dit - des
grappes qui rassembleront des entreprises françaises et les entreprises africaines dans de nombreux secteurs pour
former un réseau. Une première initiative a déjà été lancée : les industries créatives et culturelles et de nouvelles
technologies vont se rassembler.
L'Afrique, c'est un continent qui est capable de sauter les étapes. C'est l'avantage d'être jeune, c'est qu'on peut aller
plus vite. En matière de technologie, l'Afrique a été capable de sauter plusieurs générations de biens et de produits.
C'est ce qui doit nous permettre d'avoir sur les industries culturelles, sur les industries créatives, sur les industries de
l'éducation, un temps d'avance en Afrique. La France doit être pleinement partie prenante de ce mouvement. La
Fondation va donc créer de nouveaux groupes sectoriels dans le numérique, dans le secteur financier, dans
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l'agroalimentaire, dans les infrastructures, dans la ville durable... Bref, grâce à cette Fondation, il va y avoir des
organisations nouvelles qui vont permettre d'agir, d'investir et de créer.
Il y a l'énergie et en particulier l'électricité. Là, je salue et j'appuie, autant qu'il sera possible, l'initiative de
Jean-Louis Borloo. Jean-Louis Borloo, chacun le connait ici. Il est capable de tout déplacer, de tout bouger. Je sais
qu'il consacre déjà tout son temps, toute sa force de conviction pour promouvoir des partenariats nouveaux et des
bonnes pratiques, pour satisfaire les besoins en électricité du continent. Cette structuration énergétique, cet accès
pour tous les Africains à l'électricité, c'est véritablement la clé de l'avenir. C'est ainsi que nous avons conçu notre
propre développement, notre propre croissance. Sa structure va dégager des ressources importantes et sera associée à
la Fondation Africa-France. J'invite toutes les entreprises présentes, notamment celles de ce secteur mais elles sont
déjà pleinement impliquées, à rejoindre cette fondation.
Mesdames et Messieurs,
Ce que vous êtes venus rencontrer ici, ce n'est pas une administration - même si nous sommes reçus dans la plus belle
des administrations, à Bercy. Ce n'est pas pour entendre simplement, une fois encore, un certain nombre d'ambitions
proclamées. Non, nous fournissons ici des instruments sûrement ; mais nous fournissons surtout une communauté,
une communauté d'esprit, une communauté d'action. Cette institution n'est pas figée, elle va évoluer, elle va bouger,
elle va s'adapter selon les besoins. Je sais aussi que plusieurs villes, des régions, des collectivités, sont également
prêtes à s'associer.
En Afrique, des associations se créent dans plusieurs pays pour être également des relais de la Fondation. Je fais
confiance à Lionel Zinsou et à toute son équipe, avec son talent, son expérience et sa double appartenance à la
France et à l'Afrique. Je fais confiance à cette équipe pour créer un esprit nouveau et multiplier les initiatives. Avec ce
forum, nous avons voulu adresser un message. Il est très simple : l'Afrique est pleine d'avenir et la France est pleine
de projets. C'est pourquoi nous sommes ensemble./.
(Source : site Internet de la présidence de la République)
(fin de l'article)
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9 - 51ème conférence sur la sécurité de Munich - Discours de M. Laurent Fabius, ministre des affaires
étrangères et du développement international (en anglais)
(Check against delivery)
Ladies and Gentlemen, distinguished guests, my dear friends Frank-Walter and John,
Last year at the same date, in spite of our common profound expertise, our conference did not really see Ebola, Daesh
and the Ukrainian war coming. That means we have to be humble in our analyses and forecasts. It means also that
today's world is no longer either bipolar or unipolar but rather chaotic, violent and unpredictable. In this world, I will
not comment on decisive elements such as Iran, the Middle East Peace Process, Syria, Iraq, Libya and other major
subjects. I will only - and briefly - mention four issues: counter-terrorism, Africa, Ukraine and the climate.
***
1/ Security today means first and foremost international action to combat terrorism. That action needs to be better
shared and better adapted.
The attacks in France in early January wounded our country. Demonstrations of solidarity and friendship erupted
around the world, and France was extremely touched.
But France is obviously not alone in being affected. In reality, no one is safe.
That is why efforts need to be shared to a greater extent. The threat is global, and so must the response be. In the
face of terrorism, we must resist any temptation to withdraw, for withdrawal is never a protection. We must also resist
«international free-rider» behaviour. We know the cost of inaction and procrastination. Efforts need to be stepped up
at EU level, but also, further, be shared with the United States, as well as with Muslim countries whose populations
are the first victims, and with emerging countries, which have to take the measure of their new responsibilities in the
international order by strengthening their engagement.
Better adaptation to threats is also needed. On this 70th anniversary of UN, in this world where our traditional
Westphalian approach is not always sufficient, we need to be more active to dismantle the financing and recruitment
networks of terrorist groups: we must strengthen our international efforts, such as the European Passenger Name
Record (PNR), which will help ensure the traceability of suspects. We also need to work on means of
counter-propaganda and better controlling the greatest vectors of radicalization, while respecting our values of
freedom. I have in mind propaganda on websites and social media, which are spreading the message of jihadi
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terrorists far and wide.
***
2/ Africa is a key area for our common security. We need to help Africa resolve its crises itself.
France is mobilized in Africa, as everyone knows. We were in Mali. We are in the Sahel, with Operation Barkhane which
deploys 3,000 soldiers to combat terrorism, and in the Central African Republic. France is playing its part - perhaps
even more than its part - in the resolution of crises in Africa. But in the medium and long term, security can only be
ensured in Africa by the Africans themselves, with the support of the whole international community. That is France's
message. We need to encourage and support African capacities to respond to crises.
At political level, the African Union has endowed itself with crisis management tools. Coordination between the
African Union, subregional and national forces, and the UN has made progress. Militarily, things are obviously more
complex.
In one of the most worrying conflicts, the fight against Boko Haram - falsely religious but genuinely murderers -, the
Africans have begun to take matters in hand. They could not afford to wait more for others to act: a regional force
generated by the African Union is to be created, neighbouring countries are on the front lines, and the rest of the
continent is organizing support. The international community needs to play its part. This scheme will need to be
replicated in future: an African crisis tackled by African countries themselves, supported by the mobilization of the
international community.
***
3/ European security.
Security on the European continent today obviously refers to the Ukraine issue, just two hours from here. The
situation is well known by all of you. I was in Moscow with President Hollande, Chancellor Merkel and President Putin
on Friday. We, Germany and France, are currently doing our best with our allies to find a solution. After discussions at
length in the Normandy format - and discussions are taking place today -, the key parameters are reasonably clear.
For Ukraine the main point is, legitimately, to feel safe from any military threats from its neighbour, in particular
through effective border control, and to remain the master of its own destiny.
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For Russia, the stated objective seems to be that the people in Eastern Ukraine live with the guarantee that their
specificities are recognized, in particular by a real decentralization or autonomy.
But beyond the current negotiations, there is a larger issue, at the heart of Europe. On one side we have a country
with huge military capabilities, one single leader, and which does not act according to the rules of democracy and
transparency, nor to the core principles that we have established on our continent since 40 years.
On the other side, we have a gathering of diverse countries which rightly do not see the use of military means as a
preferred option and which act in accordance with some fundamental principles, such as transparency, the priority of
negotiation and the rule of law.
This explains why the situation is so tough. It also means we have to stick together, show our resolve and negotiate,
but not agree to concessions which would undermine the key foundations of European security.
But it is time to make a choice. Nobody wants to get trapped in a raging war nobody has interest in.
***
4/ The last challenge I will mention for international security is the climate.
Why mention the climate? Not only because France will host and chair the COP21 Conference in December. But also
because the effects of climate disruption on global security are massive: it undermines development, causes
population displacements, increases competition for natural resources, weakens States and fuels conflicts. Climate
disruption is not only an environmental issue: it is also a major security issue.
Climate disruption is caused first and foremost by the massive use of fossil fuels. For the last two centuries, their use
has been a major component of security crises. It has created dependencies, inequalities and rivalry that have
sharpened conflicts. Reducing the carbon intensity of economies and developing renewable resources is therefore a
shift towards greater security, as it helps equalize access to energy. It reduces tensions, inequalities and
dependencies. Many countries seek to reduce their dependence on fossil fuels primarily for energy security and
security more generally.
Collectively, how must we respond?
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First, we need to reach a universal agreement placing economies on the path to reduced carbon consumption and
keeping the temperature rise below the 2°C limit. That is the whole point of the Paris Climate Conference - COP21 - in
December.
The answer is also what is known as adaptation, meaning the provision of immediate assistance to populations whose
daily life is impacted by climate disruption, so that they are not forced to turn to despair and violence. We want
adaptation to have a key place in the agreement we need to reach in Paris.
On that subject, like those I mentioned earlier, we need to take action today, and not put it off until tomorrow.
Otherwise, the cost will become more and more disastrous.
***
My conclusions:
a) Against jihadi terrorism, the only response is total resolve and collective action.
b) To solve African crises, what is urgently needed is everyone's commitment in support of our African partners.
c) In Ukraine, what Germany and France are seeking right now, is not peace on paper, but peace on the ground.
d) Finally, climate disruption is security disruption and we need to prevent it with the same sense of urgency and
resolve.
Ladies and gentlemen,
Facing those risks, we cannot postpone our answers. And we cannot afford to be divided.
Thank you./.
(fin de l'article)
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10 - Lutte contre le terrorisme - Nigeria/Boko Haram - Irak - Audition de M. Laurent Fabius, ministre
des affaires étrangères et du développement international, devant la commission des affaires
étrangères de l'Assemblée nationale
(...)
J'ai eu l'occasion de répondre à une question sur le Nigeria, cet après-midi. La situation est aggravée par le fait que le
pays est en campagne électorale.
Pendant ce temps-là, il y a des morts chaque jour, et le Cameroun, le Niger et le Tchad sont également en difficulté.
Alors que d'autres pays sont aux abonnés absents, nous avons organisé une réunion à Paris. C'était utile, mais nous
nous sommes bien gardés de mettre le doigt dans l'engrenage. Nous ne voulons pas être entraînés dans tous les
conflits africains.
Les Tchadiens, qui sont menacés, ont pris leur décision avec l'accord du Cameroun, et ils viennent d'envoyer des
troupes.
La décision de l'Union africaine, qui a annoncé la création d'une force pouvant comprendre jusqu'à 7.500 hommes, est
positive et nous l'avons saluée, comme Ban Ki-moon. Les problèmes habituels de financement se posent néanmoins. Il
faut que cette force soit financée et équipée. Nous allons apporter notre aide, mais il faut aussi que les Américains et
les Britanniques contribuent à la solution. Nous ne pouvons pas régler seuls tous les problèmes du monde.
(...)
Le gouvernement japonais a demandé l'aide de la France pour essayer de sauver les otages de Daech et nous avons
bien sûr fait ce que nous pouvions. Daech recule aujourd'hui en Irak. (...)./.
(Source : site Internet de l'Assemblée nationale)
(fin de l'article)
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11 - République centrafricaine - Mali - Tunisie - Libye - Maroc - Audition de M. Laurent Fabius,
ministre des affaires étrangères et du développement international, devant la commission des affaires
étrangères de l'Assemblée nationale
(...)
En ce qui concerne la Centrafrique, l'accord de Nairobi a été rejeté. On en revient à l'objectif d'organiser des élections,
ce qui est une bonne chose, car il faut rétablir une légitimité. Un système interdisant à ceux qui sont aux
responsabilités de se présenter ensuite à l'élection présidentielle ne peut pas fonctionner. Cela conduit les acteurs
ayant du poids à rester en retrait jusqu'à l'élection. Sous réserve d'un inventaire plus complet, on revient plutôt sur le
bon chemin.
Le Cameroun se trouve aussi dans une situation très difficile, ne serait-ce qu'en raison de ses frontières très étendues
avec le Nigeria.
Au Mali, un accord aurait dû être conclu en décembre, puis en janvier. Certains acteurs ont manifestement intérêt à ce
qu'il ne voit pas le jour et l'idée se développe que Bamako ne ferait pas les efforts nécessaires. Il faut trouver une
solution avec le Nord et il existe d'ailleurs un projet d'accord. Tous ceux qui ont une influence doivent maintenant
peser dans le bon sens. Nous allons nous y efforcer pour notre part.
Nous allons aider la Tunisie. C'est le seul pays dans cette zone où nous pouvons obtenir des résultats. «Nous», cela
signifie les Français mais aussi l'Europe. Le précédent Premier ministre Mehdi Jomaa dit qu'il a besoin de 2 milliards
d'euros par an pendant 3 ans pour s'en sortir, ce qui est peu. La réussite est à portée de mains. Un effort de
conviction important est à effectuer au niveau européen car la France ne peut pas tout prendre en charge.
Sur la Libye, des éléments vont dans le bon sens. Bernardino Leon fait un bon travail en essayant de rapprocher les
uns et les autres mais cela ne va pas être facile. Nous poussons dans le sens d'un rapprochement entre les parties mais
en même temps nous devrons traiter d'une manière spécifique les terroristes que j'appelle les terroristes
«professionnels». Il y en a à l'Est et beaucoup au Sud. Nous pouvons aider en Libye mais la France ne peut pas régler
tous les problèmes du monde et il faut dire aux Américains que chacun doit y mettre du sien. Il faut également
demander aux soutiens étrangers des principaux acteurs en Libye d'arrêter certaines fournitures ; cela rendrait la
situation plus simple.
Au Maroc, la situation a avancé. Toute une série d'incidents et d'erreurs avaient créé un mauvais climat. Il a fallu faire
redescendre la tension. Mme Guigou - que je remercie - y a contribué de manière importante. Les deux ministres de la
justice se sont vus la semaine dernière et ils ont abouti à un accord qui paraît satisfaisant. L'accord consiste à ce qu'il
y ait une information immédiate de la justice marocaine lorsque des Marocains sont incriminés et que celle-ci soit
consultée. Il y'a également une possibilité - pas une obligation - de renvoyer des dossiers à la justice marocaine. Cet
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accord s'applique aux binationaux. Cet apaisement va permettre de reprendre la coopération judiciaire avec le Maroc coopération dont nous avons besoin notamment en matière de lutte contre le terrorisme. Nos relations avec le Maroc
ne doivent pas être impactées en raison de nos bonnes relations avec l'Algérie. Nous pouvons avoir une bonne relation
avec les deux pays. (...)./.
(Source : site Internet de l'Assemblée nationale)
(fin de l'article)
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12 - Syrie - Irak - Daech - Réponse de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du
développement international, à une question au Sénat
La France est profondément préoccupée par le sort des populations civiles irakienne et syrienne, quelles que soient
leurs religions ou leurs origines ethniques. Aux exactions quotidiennes du régime syrien, depuis près de quatre ans,
sont venus s'ajouter les crimes de Daech, dont l'attaque sur la ville de Kobané est une des tragiques illustrations.
La France s'est mobilisée avec ses partenaires pour empêcher la chute de Kobané, et a pris de nombreux contacts avec
les autorités turques à ce sujet. Le président de la République a salué la décision des autorités turques d'autoriser des
Peshmergas kurdes d'Irak, à qui des armes ont été livrées, à rejoindre la ville pour la défendre. La coalition
internationale contre Daech a par ailleurs conduit de nombreuses frappes contre les positions du groupe terroriste aux
alentours de la ville de Kobané.
Sur le plan humanitaire, la France a versé 5,7 millions d'euros au programme alimentaire mondial (PAM) en 2014 qui
ont notamment permis de venir en aide aux Kurdes de Kobané ayant trouvé refuge en Turquie. Au-delà de Kobané où
les forces engagées parviennent, avec le soutien de la France et de la coalition, à faire face à Daech, il ne faut pas
oublier la souffrance de millions de Syriens qui subissent les assauts du régime et des groupes djihadistes à travers la
Syrie. Avec plus de 200.000 morts depuis le début du conflit et plus de 76.000 en 2014, le pays a connu son année la
plus meurtrière depuis le début du conflit. Le régime bombarde quotidiennement les zones tenues par l'opposition. En
restant fermement opposé à toute transition politique, le régime de Bachar al-Assad alimente le chaos et l'extrémisme
en Syrie. La France continue pour sa part de venir en aide à l'opposition modérée et à soutenir une transition
politique fondée sur Genève I.
Sans solution politique, la menace terroriste en Syrie ne pourra être combattue efficacement. La France soutient tout
effort crédible en ce sens. S'agissant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), les raisons qui ont présidé à son
inscription sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne restent valables. Depuis janvier 2013, le
gouvernement turc a entamé un processus de dialogue sur la question kurde et les autorités françaises forment le voeu
qu'il puisse aboutir, dans le respect des principes démocratiques./.
(Sources : site internet du Sénat)
(fin de l'article)
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13 - Iran - Audition de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement
international, devant la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale
(...)
Pour ce qui est de la négociation sur le nucléaire iranien, je ne ferai pas de pronostics. Le secrétaire d'État américain
est très allant, le Congrès l'est moins. La position de la France reste la même : nous voulons un accord honnête
garantissant que l'Iran n'accédera pas à l'arme nucléaire, pas un accord où le sens des mots serait travesti pour arriver
à une signature. On entend parler d'avancées, mais les Iraniens ont encore beaucoup de chemin à faire ; j'ai entendu
une formule qui me paraît correspondre assez bien à la situation : «le Guide suprême iranien soutient les
négociateurs, mais pas la négociation». La volonté de l'exécutif américain de terminer rapidement la négociation se
heurte aux réticences du Congrès, devant lequel le premier ministre israélien va prochainement s'exprimer. À cet
égard, j'insiste sur la nécessité de ne pas mêler à cette affaire des considérations sur Israël. Il y a un point très
important que nous ne devons pas oublier : l'accord que nous négocions, s'il est conclu, deviendra un standard pour
toutes les négociations avec des pays ayant des ambitions nucléaires (...)./.
(Source : site Internet de l'Assemblée nationale)
(fin de l'article)
Page 30
14 - Arabie saoudite - Audition de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du
développement international, devant la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale
(...)
Concernant l'Arabie saoudite, la ligne politique du pays ne va pas être modifiée par la succession. Nous connaissons
bien le nouveau roi - ancien ministre de la défense et qui a nommé son fils au même poste. Les interrogations
concernant la génération suivante ne sont pas d'actualité immédiate.
Nos relations avec l'Arabie saoudite sont très bonnes, mais il est vrai que nous avons des problèmes à aborder dont
notamment la situation de ce blogueur qui subit ce châtiment scandaleux d'être fouetté (...)./.
(Source : site Internet de l'Assemblée nationale)
(fin de l'article)
Page 31
15 - Chine - Audition de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement
international, devant la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale
(...)
Le voyage en Chine a été une réussite. Le premier ministre chinois viendra en France début juin. Nous avons de très
bonnes relations avec la Chine en ce moment. Cette bonne relation est utile à beaucoup d'égards notamment en vue
de la COP 21. La Chine étant le premier émetteur de gaz à effet de serre, sa coopération est décisive.
Notre objectif est de préparer - en vue de la visite du Premier ministre en juin - un accord sur l'ensemble de la filière
nucléaire allant des mines jusqu'au retraitement. Un peu plus de la moitié des centrales nucléaires vont être
construites en Chine dans les cinquante prochaines années. Il est illusoire de penser que ce pays - qui construit les
premiers EPR avant même la France et la Finlande - décide que les 40 prochaines tranches vont être construites par la
France toute seule. Notre objectif est d'avoir un accord formalisé en juin.
Pour répondre à la question de M. Loncle, je dirais qu'il y a eu une répétition insistante du côté chinois concernant
leur volonté de travailler avec nous à la fois en Asie et en Afrique. Ils ont affirmé que compte tenu de notre excellente
technologie et de leur financement pas cher, il était souhaitable de coopérer. Ainsi, nous travaillons en vue d'un
accord cadre - pour la visite de juin - sur ce partenariat. L'objectif est de prendre quatre ou cinq dossiers précis - les
Chinois en ont déjà cité deux - où l'on pourrait coopérer. Cette coopération est susceptible d'avoir des effets
considérables sur la balance commerciale. Les Chinois souhaitent coopérer du fait que nous avons de grandes
technologies, que la Chine est parfois mal perçue en Afrique et qu'ils sont confrontés à la barrière de la langue. Nous
sommes -sans naïveté - prêts à coopérer (...)./.
(Source : site Internet de l'Assemblée nationale)
(fin de l'article)
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16 - Questions économiques - Gastronomie française - Audition de M. Laurent Fabius, ministre des
affaires étrangères et du développement international, devant la commission des affaires étrangères
de l'Assemblée nationale
(Interventions des parlementaires)
Je veux remercier ceux qui ont, avec un clin d'oeil, salué les efforts faits sur la gastronomie française. C'est une
histoire sérieuse. D'abord sur un point économique, cela représente beaucoup d'emplois et de devises. Ensuite, c'est
un élément important de l'image de la France et nous sommes très bons. J'ai effectivement demandé à avoir ce
secteur. Ce qui m'a amusé ce sont les tweets envoyés par les citoyens. Une partie pense, qu'en effet, cela est très
bien. Mais une autre partie m'a dit : «occupez-vous de choses plus sérieuses». On a donc un travail à faire pour
expliquer que ce sont des affaires sérieuses. Ce n'est pas parce que ce sont des affaires agréables qu'elles ne sont pas
sérieuses. J'envisage de demander à transformer la journée du patrimoine en journée des patrimoines, et d'y ajouter
notre patrimoine gastronomique et oenologique (...)../.
(Source : site Internet de l'Assemblée nationale)
(fin de l'article)
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