Nouvelle maquette

scènes
magazine
à la comédie :
une femme
photo © Christophe Raynaud de Lage
ISSN 1016-9415
270 / mars 2015
CHF. 10.-- 7 €
EN
ROUE
LIBRE
DE PENELOPE SKINNER
MISE EN SCÈNE
CLAUDIA STAVISKY
TRADUCTION FRANÇAISE
DOMINIQUE HOLLIER
& SOPHIE MAGNAUD
ÉQUIPE ARTISTIQUE
DAVID AYALA
ÉRIC BERGER
VALÉRIE CROUZET
PATRICK D’ASSUMÇAO
NATHALIE LANNUZEL
JULIE-ANNE ROTH
AXEL AUST
ALEXANDRE DE DARDEL
JEAN-LOUIS IMBERT
LAURENT LANGLOIS
FRANCK THÉVENON
LOUISE VIGNAUD
PRODUCTION LES CÉLESTINS THÉÂTRE DE LYON
AVEC LE SOUTIEN DU DÉPARTEMENT DU RHÔNE
THÉÂTRE LE POCHE
www.lepoche.ch
022 310 37 59
location Service culturel Migros
9 > 22 MARS 2015
CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / IMAGE LAURENT LANGLOIS
LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE)
LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD)
PARTENAIRES MEDIAS : LEPROGRAMME.CH & NOUVELLES
Julie-Anne Roth, comédienne
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cine die / raymond scholer
cinémas du grütli en mars / christian bernard
cinémathèque suisse en mars / raymond scholer
journées de soleure / emmanuèle rüegger
festival international du film oriental / christian bernard
les films du mois /c. bernard, f. dayen, é. gür, s. lachat
fribourg : 29ème édition du fiff / valérie vuille
opéra
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entretien : alain perroux / anouck molendijk
grand théâtre : michael volle / éric pousaz
entretien : ottavio dantone / gabriele bucchi
scala : die soldaten / frank fredenrich
mémento opéra
bâle : otello & médée / éric pousaz
entretien : andrea marcon / régine kopp
zurich : norma & tristan et isolde / éric pousaz
berne : salomé / éric pousaz
avignon : don pasquale / françois jestin
lyon : idomeneo / françois jestin
marseille : les caprices de marianne / françois jestin
monte-carlo : guillaume tell / françois jestin
nice : peter grimes / françois jestin
madrid : roméo et juliette & death in venice / françois jestin
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prix de lausanne / emmanuèle rüegger
salle des fêtes du lignon : l.a. dance project / stéphanie nègre
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la comédie : le laboureur de bohème / émilien gür
la comédie : une femme / jérôme zanetta
meyrin : king size
marionnettes de genève : loulou / laurence tièche-chavier
entretien : julien mages & janine rhapsodie / nancy bruchez
le poche : claudia stavinsky & en roue libre / frank langlois
théâtre du crève-cœur : assoiffés / rosine schautz
saint-gervais : les nuits el warsha / rosine schautz
tournée : comment vous racontez la partie / gilles costaz
équilibre - nuithonie : suite de la saison / valérie vuille
nuithonie : jadis d’emmanuel dorand / valérie vuille
entretien : vincent baudrillier / valérie vuille
onex : le cercle des illusionnistes / gilles costaz
annecy : le capital et son singe & le malade imaginaire
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encarts - à genève : festival archipel & voix de fêtes /
à plan-les-ouates : week-end musical
portrait : madeleine carruzzo / yves allaz
portrait : le trio wanderer / yves allaz
quatuor de genève : saison 2015 / christian bernard
danse
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théâtre
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musique
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portrait : kantorow père et fils / beata zakes
portrait : sakari oramo / pierre jaquet
entretien : johannes moser / martine duruz
agenda romand / yves allaz
festival de lucerne avant pâques / emmanuèle rüegger
agenda genevois / martina diaz
à évian : anne queffélec / martine duruz
entretien : mami hagiwara / pierre-rené serna
expositions
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lausanne : paris à nous deux ! / nadia el-beblawi
musée de carouge : strawinski / nadia el-beblawi
à genève : monique frydman / nadia el-beblawi
fondation beyeler : paul gauguin / régine kopp
fondation arnaud : réalisme / françoise-hélène brou
mémento beaux-arts : france
rouen : sienne, aux origines de la renaissance
mémento beaux-arts : ailleurs
francfort : monet et la naissance de l’impressionnisme
mémento beaux-arts : suisse romande
lausanne : william eggleston
mémento beaux-arts : suisse alémanique
winterthur : meinrad schade
ailleurs
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lyon : les jardins engloutis / christine ramel
chronique lyonnaise / frank langlois
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à la comédie-française : les estivants / pierre-rené serna
champs-élysées : sub, extremely close, casi casa / s. nègre
palais des congrès : giselle / stéphanie nègre
opéra : festivités baroques / pierre-rené serna
chronique des concerts / david verdier
encarts - à la colline : la bête dans la jungle / au vieuxcolombier : la tête des autres / à l’odéon : toujours la tempête / à la comédie-française : le songe d’une nuit d’été
sélection musicale de mars / françois lesueur
mémento théâtre
théâtre de la ville : ma mégère apprivoisée
pépinière théâtre : marie tudor
mémento expositions
muse jacquemart-andré : de giotto à caravage
les mémentos
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encarts - musicales de compesières / à genève : benjamin
grosvenor, mare nostrum & messa da requiem
encarts - à beau-site : les renards des surfaces / en tournée : 2h14, Huit femmes & quartier lointain
conservatoire de genève : jean-guihen queyras
grand théâtre : water stains on the wall
spectacles onésiens : bratsch
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Signature
EDITO
direction
Frank Fredenrich, Jean-Michel Olivier,
Jérôme Zanetta
comité de rédaction
Christian Bernard, Serge Bimpage,
Françoise-Hélène Brou, Laurent
Darbellay, Frank Dayen, Martine
Duruz, Frank Fredenrich,
Jérôme Zanetta
éditeur responsable
Frank Fredenrich
publicité
bimpage-communication
Viviane Vuilleumier
secrétaire de rédaction
Julie Bauer
collaborateurs
Yves Allaz, Philippe Baltzer,
Julie Bauer, Nancy Bruchez,
Gabriele Bucchi, Romeo Cini,
Sarah Clar-Boson, Gilles Costaz,
Martina Diaz, Catherine Graf,
Emilien Gür, Bernard Halter,
Christophe Imperiali, Pierre Jaquet,
François Jestin, Régine Kopp,
Serge Lachat, Frank Langlois,
David Leroy, François Lesueur, Anouk
Molendijk, Paola Mori, Michel Perret,
Eric Pousaz, Stéphanie Nègre,
Christine Pictet, Christine Ramel,
Serene Regard, Christophe Rime,
Julien Roche, Emmanuèle Rüegger,
Maya Schautz, Rosine Schautz,
Raymond Scholer, Pierre-René Serna,
Bertrand Tappolet, Laurence Tièche
Chavier, David Verdier, Valérie Vuille,
Christian Wasselin, Beata Zakes,
François Zanetta
maquette : Viviane Vuilleumier
imprimé sur les presses de
PETRUZZI - Città di Castello, Italie
Welcome Jonathan Nott !
L
e déroulement des conférences de presse obéit le plus souvent à un
rituel à peu près immuable que ne renieraient pas les officiants des
cultes les plus divers. C'est en particulier le cas si l'on songe à celles organisées à l'occasion d'une nomination, et plus spécifiquement lors de
l'intronisation d'un chef d'orchestre.
Certes, il faudrait être mauvais esprit pour imaginer une séquence
quelque peu improbable au cours de laquelle on affirmerait qu'un nouveau
directeur musical a été choisi « sans le soutien des membres de l'orchestre,
d'autant qu'on attend de lui qu'il mate une bande de musiciens irrespectueux
et capricieux » à l'instar de ceux jadis dépeints dans l'inénarrable – mais crédible ? - Prova d'orchestra de Federico Fellini. Il serait en outre tout aussi
douteux d'entendre dire, que de toute façon « vu le budget à disposition, on
ne va pas commencer à se plaindre si quelqu'un accepte des conditions draconiennes ». Et qui plus est, le candidat a accepté « de ne jamais proposer de
diriger des œuvres de musique contemporaine ou des créations, histoire de
préserver la fidélité du public ».
Rassurons donc les nombreux mélomanes de Romandie, cette vision cauchemardesque ne risque pas de se produire dans nos contrées.
Un nouveau chef a été choisi pour prendre la direction de l'Orchestre de
la Suisse romande dès la saison 2016-2017 et cela s'est fait avec l'assentiment
des musiciens, puisque cela semble être désormais la règle, suivant ainsi
l'exemple donné notamment depuis des années par le Philharmonique de
Berlin. De plus, hommage a été rendu comme il se doit au père fondateur
Ernest Ansermet et promesse a été faite de continuer à défendre la musique
française, cette carte de visite du « Romand » , sans pour autant négliger les
autres répertoires. Naturellement un attention toute particulière sera portée au
renouvellement du public et à la recherche de ce jeune public que l'on veut
séduire.
Mais il est un moment incontournable lors de ce genre de rendez-vous,
c'est l'instant où sera posée la question que tout le monde attend avec impatience : « Et la musique contemporaine ? » Destinée en l'occurrence à l'ancien directeur musical de l'Ensemble Intercontemporain à Paris, cette interrogation ne pouvait qu'entraîner une réponse évidente.
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le cinéma au jour le jour
Cine Die
Bilan de 2014
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Au moment où je m’apprête à faire le bilan de mes 530 films de 2014,
tous festivals, salles d’ici et d’ailleurs et home cinema confondus, trois
déficients mentaux, fascistes et coincés, obnubilés par une foi dévoyée,
viennent d’affirmer leur pitoyable droit à l’existence (médiatique) en ôtant
celle de 17 innocents. S’ils avaient occupé les vides de leurs journées avec
des films au lieu de mémoriser (car ils étaient trop incultes pour lire) un
diktat pseudo-religieux, tout le monde serait peut-être encore en vie.
S’il fallait choisir le meilleur film de l’année supérieur à tous les autres, j’opterais pour
1. Mr.Turner de Mike Leigh, qui, tout en étant le contraire d’un biopic (qui coche docilement, quoique subjectivement, les étapes significatives dans la vie de son sujet), arrive à recréer ex nihilo, simplement par la
magie du cinéma, l’essence même de cette vie, avec tout ce que cela
implique de sensations complexes pour l’œil et l’oreille. Avec l’alchimie
que Leigh et son interprète Timothy Spall ont fait surgir sur l’écran, on se
croit transporté dans le 19e siècle, quand les gens ne parlaient pas la pauvre langue martyrisée qu’est l’anglais actuel, mais un idiome d’une richesse insoupçonnée. Oubliez les deux biopics sur Yves Saint Laurent, qui de
Jalil Lespert, qui de Bertrand Bonello, et dégustez le chef-d’œuvre de
Leigh sur Blu-ray (l’image somptueuse l’exige !), si vous l’avez manqué
en salle.
Passons en revue la suite (par ordre alphabétique) :
2. Fury de David Ayer, qui nous enferme dans un char américain,
pendant les derniers mois de la Deuxième Guerre mondiale, dans
l’Allemagne du Volkssturm et des enfants soldats. Le film n’a guère suscité d’émoi dans une critique romande endormie comme à l’accoutumée.
Pourtant, le film de guerre en tant que genre ne sera plus le même après
Fury. L’équipage du char se connaît par cœur : il a survécu à tant de combats qu’il peut réagir comme une entité organique au quart de tour et se
rattraper en un rien de temps, même après un coup dur comme la mort violente d’un membre. Mais la guerre transforme les combattants en barbares, comme le montre la scène où Brad Pitt abat sauvagement un prisonnier pour donner une leçon de savoir-faire à la nouvelle recrue. Et lorsque
ces hommes s’invitent dans une maison habitée par une mère et sa fille, on
Timothy Spall dans «Mr. Turner»
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est pendant un quart d’heure sur le fil du rasoir. La tension ne se relâche
pas dans cette scène qui pourrait déboucher sur le viol le plus sauvage et
où tout se joue dans une joute de sous-entendus entre le chef (Brad Pitt) et
ses hommes, entre l’envie d’un retour momentané à la civilisation et l’assouvissement de besoins refoulés depuis belle lurette. Lorsque l’équipage,
isolé dans un char immobilisé, décide d’en découdre dans un ultime sursaut guerrier avec une compagnie de SS, ce n’est pas par esprit de sacrifice ou d’héroïsme déplacé, mais parce qu’ils savent que dans la société
civile, il n’y a plus de place pour eux : c’est bien d’un suicide collectif
qu’il s’agit.
3. The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson brille par la profusion des idées comiques et la mise en scène d’une Zentraleuropa touchante de pacotille, avec des manières bien sûr disparues, mais toujours profondément regrettées.
4. The Hobbit : the Battle of the five Armies où Peter Jackson retrouve une verve qui lui a fait défaut depuis le dernier volet du Lord of the
Rings : The Return of the King (2003). Quand bien même le film se compose presque exclusivement de scènes de combats, duels ou batailles rangées, il n’y a rien à dégraisser. Tout s’agence avec un sentiment d’urgence, comme si l’avenir du monde en dépendait. La séquence de la mort du
dragon constitue un sommet de la magie numérique qui vaut à lui seul le
déplacement. Mais l’émotion véritable ne naît, comme toujours, qu’à la
fin de l’aventure, lorsque des personnages appréciés sont blessés à mort ou
que les compagnons se séparent pour longtemps, car chez Tolkien, on jongle avec des siècles à la place d’années. Grand amateur de cinéma populaire hors normes, j’aurais tout aussi bien pu mettre à cette place Godzilla
de Gareth Edwards, qui ne se gêne pas de considérer l’humanité entière
comme portion congrue et impuissante à contrer le cours des choses qui
secouent la planète. Godzilla, dont la naissance se perd dans la nuit des
temps, semble être l’émissaire de la Terre mère Gaïa pour liquider les
monstres qui l’incommodent, en l’occurrence deux MUTO ("massive unidentified terrestrial organism": la femelle gravide est deux fois plus grosse que le mâle, qui, lui, est capable de voler!) de la taille d’un gratte-ciel
qui se nourrissent de radiations nucléaires ! Tous les films précédents de
notre saurien favori peuvent tranquillement aller se coucher. La démesure
règne en maître et le vertige philosophique (pas pseudo-philosophique
comme chez Terrence Malick) est de rigueur.
5. Interstellar de Christopher Nolan ose imbriquer de façon sérieuse
des notions avancées de physique comme trou noir, trou de ver, effet relativiste ou univers parallèle dans un scénario de science-fiction à ressorts
écologiques (rien de moins que la fin de l’humanité par l’ensablement et
Shia LaBeouf, Logan Lerman, Brad Pitt, Michael Pena, Jon Bernthal dans «Fury»
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la famine et l’obligation concomitante de trouver parmi les étoiles un nouvel espace vital) magnifié par des images impressionnantes qui rappellent
le vertige dans lequel nous avait précipités jadis 2001, A Space Odyssey
de Stanley Kubrick (1968). Le seul bémol est le résultat de la plongée du
héros dans le trou noir : comment peut-il se retrouver dans le passé et, qui
plus est, derrière la bibliothèque de sa fille, à laquelle il donne alors les
messages en morse que celle-ci avait cru reconnaître au début du film ?
Obnubilé par les retrouvailles qu’il fallait organiser, pour satisfaire les
âmes sensibles, entre l’astronaute parti depuis des décennies et sa fille restée sur Terre, les scénaristes ont lancé le bouchon un peu trop loin. Il est
pourtant temps que la science fiction se déleste de la sempiternelle succession de superhéros et donne lieu à de vraies interrogations philosophiques.
L’année passée, Ender’s Game de Gavin Hood et Gravity d’Alfonso
Cuaron avaient montré le chemin. Il est à souhaiter que le film de Nolan
rencontre le public afin que SF et infantilisme cessent d’être synonymes.
6. Kreuzweg de Dietrich Brüggemann (voir CINE DIE du numéro
d’avril 2014).
7. Leviathan de Andréi Zvyaguintsev. Ce film, curieusement produit
sous l’égide du Ministère de la Culture de Russie, livre le portrait le plus
acerbe (qui nous soit parvenu à ce jour) de la mafia politique du pays, en
collusion avec le clergé orthodoxe pour la mise en coupe réglée de la
société. Il évoque, chemin faisant, les réalités de la Nouvelle Russie avec
un souci documentaire d’autant plus admirable que la métaphore affleure
constamment. De film en film, Zviaguintsev s’affirme comme un des plus
grands cinéastes mondiaux.
8. Plemya/La Tribu de Miroslav Slaboshpytskiy, un premier long
métrage proprement hallucinant (voir CINE DIE du numéro d’octobre
2014).
9. P’tit Quin-Quin de Bruno Dumont (voir CINE DIE du numéro de
juillet-août 2014).
10. Twelve Years a Slave de Steve McQueen d’après l’autobiographie
de Solomon Northup (1853) : à l’heure des cérémonies de mémoire sur la
libération d’Auschwitz, on peut tirer des parallèles avec ce qu’ont subi des
esclaves noirs livrés à l’arbitraire de leurs maîtres planteurs. Lorsque la
favorite du planteur Epps est obligée de quémander du savon dans un
domaine voisin pour pouvoir se laver, chose pour laquelle elle sera cruellement punie, ou que Solomon, pour communiquer sa détresse d’homme
libre fait esclave, est obligé d’improviser instrument scripteur et encre
avec bâtonnet et jus de baies pour rédiger le message, on se souvient des
récits des Juifs des camps.
Ces titres-là seraient talonnés par :
11. Boyhood de Richard Linklater (voir CINE DIE du numéro davril
2014)
12. Calvary de John Michael McDonagh (voir CINE DIE du numéro
de mai 2014)
13. The Homesman de Tommy Lee Jones, un western original qui
aborde un sujet guère évoqué jusqu’à maintenant : la folie à laquelle sont
sujettes les épouses de pionniers qui n’arrivent pas à gérer les privations
d’une existence pauvre et rude. Imaginez perdre trois enfants suite à une
épidémie et vous comprendrez. Alors, que faire de telles âmes en détresse ? Une cultivatrice, cultivée et célibataire à force de décider à la place et
pour les hommes, est prête à convoyer trois de ces femmes depuis le
Nebraska vers une institution en Iowa, mais la route est longue et semée
d’embûches. Elle engage un homme rustre et asocial comme garde du
corps, dont le seul souci est le salaire qu’elle lui promet.
14. Maps to the stars de David Cronenberg, une charge sans concessions contre l’idolâtrie de la célébrité et les mesquineries systémiques du
microcosme hollywoodien. Le personnage incarné par Julianne Moore,
voyant sa carrière chanceler, pousse des cris de rage magnifique ; le jeune
ado pourri qui est star à 13 ans et voue une haine tenace à un gamin qui
risque de lui voler la vedette, fait froid dans le dos ; et tout ce beau monde
se shoote ou est en cure de désintox : c’est peut-être un tantinet exagéré ou
simpliste, mais les acteurs en font un spectacle mesmérisant.
15. Le vent se lève de Hayao Miyazaki, qui signe là son film testament, dans lequel il est évidemment question d’avions. En fait, le film
raconte les vicissitudes de la vie privée (d’un romantisme échevelé, mais
inventées) et professionnelle (d’une élégance folle, et vraies) de Jiro
Horikoshi, l’inventeur du plus maniable avion de chasse de la Deuxième
guerre mondiale, le Mitsubishi A6M Zero, connu pour l’attaque de Pearl
Harbour et les opérations kamikaze. Point d’orgue : le cataclysme de 1923
avec Tokyo en flammes. C’est accessoirement le meilleur film d’animation de l’année.
Le meilleur film documentaire fut National Gallery de Frederick
Wiseman.
Quant au cinéma suisse, c’est encore une fois les Alémaniques qui
remportent ma voix avec Der Goalie bin Ig de Sabine Boss.
Au mois prochain
Raymond Scholer
Richard Armitage dans «The Hobbit : the Battle of the five Armies»
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Jessica Chastain dans «Interstellar»
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cinémas du grütli
Diego Lerman, la
Semaine des nominés
La sortie d’une perle venue d’Argentine, Refugiado de Diego Lerman et la
Semaine des nominés concourant pour les Prix du cinéma Suisse seront
deux moments forts en mars.
Refugiado
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Sa première sortie à la Quinzaine des réalisateurs en mai dernier fut très remarquée.
Refugiado, 4ème film du cinéaste argentin
Diego Lerman, 38 ans, est à la fois un roadmovie domestique doublé d’un thriller, et un
formidable documentaire sur les conséquences
de la violence conjugale. Mais là où il apparaît
exceptionnel de justesse, c’est dans sa façon de
traduire le point de vue des enfants pris dans le
maelstrom qui les emporte.
Dès l’ouverture du
film, Lerman nous alerte : le film jouera sur
les points de vue. Dans
la cour de récréation
d’une école, Matias, 8
ans, physique d’angelot
poupin, observe le jeu
de ses camarades.
Comme il s’amuse à
porter des lunettes de
natation (!), ce qu’il
voit, et nous avec lui,
est un peu déformé, un
peu fantastique. Mais la
réalité s’impose rapidement. Sa mère n’est pas venue le chercher, et la
maîtresse, dont le dévouement et la difficulté du
métier sont dits en un plan, le raccompagne en
voiture. Dans l’appartement, la mère de Matias,
Laura, est au sol entourée de verre brisé.
Ambulance, hôpital, photographie de ses échymoses, échographie. Le bébé qu’elle porte va
bien. Pour Laura accompagnée de Matias qui
observe tout, le premier refuge sera un Centre
d’accueil pour femmes battues. Première solidarité manifestée par les femmes ayant elles
aussi subi des violences (et apparaissant dans
leur propre rôle). Difficilement, Laura raconte :
son mari, Fabian, jaloux, l’a menacée d’un couteau et l’a frappée au ventre. Fabian ayant réus-
a
si à les localiser, ils doivent quitter le foyer.
Leur fuite éperdue, Fabian les poursuivant, les
mènera d’hôtel en hôtel jusqu’au cabanon habité par la mère de Laura, ultime refuge que l’on
devine lui aussi provisoire.
Le film maintient avec une grande maîtrise
une tension née de la menace que représente
l’homme que l’on ne voit jamais (sauf furtivement de dos lorsqu’il rejoint l’appartement que
viennent de quitter Laura et Matias venus chercher des jouets, dans une scène au suspense
Matias et Laura dans «Refugiado» © Trigon Film
impeccablemnent construit). Mais la tension
naît aussi du décalage entre la façon dont Laura
et Matias (que son père n’a jamais battu) perçoivent chacun la menace. Ainsi dans cette même
scène, Laura, qui sait que Fabian est en train de
monter, est au bord de la panique, alors que
Matias ne veut plus repartir ayant retrouvé son
lieu et ses jouets. Le film excelle à montrer
comment la violence s’insinue et contamine les
sentiments, mais aussi comment elle peut être
combattue par la solidarité, l’amour et la grâce
de l’enfance. Dans ce bel hommage à la force
des femmes et à leur solidarité, si on admire le
portrait de Laura en Mère Courage à la fois forte
et fragile, on admire plus encore celui de Matias
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et de la petite fille rencontrée dans le centre
d’accueil : tout est dit de la faculté des enfants à
guérir (instinctivement) de leurs traumatismes
en les rejouant comme une histoire fantastique.
La place faite à l’univers de l’enfance tire
d’ailleurs le film du côté du conte lui donnant
un peu l’aspect d’un remake de La Nuit du chasseur.
Si l’on ajoute que Lerman sait garder la
juste distance, refuse de dramatiser outre mesure (absence notable de toute musique dramatisante), évite tout misérabilisme tout en manifestant une empathie dépourvue de pathos à l’égard de ses personnages (remarquablement
interprétés), on espère avoir convaincu le lecteur de courir voir Refugiado.
La Semaine des nominés
En janvier à Soleure ont été nominés les
films concourant pour les Prix du cinéma Suisse
2015, la cérémonie de remise des Prix ayant lieu
le 13 mars 2015 à Genève dans le Bâtiment des
Forces Motrices. Du 9 au 15 mars, seront projetés aux Cinémas du Grütli tous les longs-métrages nominés dans toutes les catégories, complétés par deux programmes de
courts- métrages.
L’occasion de voir, dans
la catégorie «Meilleur film
de fiction» : Bouboule de
Bruno Deville ; Chrieg de
Simon Jaquemet ; Der Kreis
de Stefan Haupt ;
Dora oder die sexuellen
Neurosen unserer Eltern de
Stina Werenfels ;
Pause de Mathieu Urfer.
Dans la catégorie
« Meilleur documentaire » :
Electroboy de Marcel
Gisler ; Iraqi Odyssey de
Samir ; Tableau noir d’Yves Yersin ;
Thuletuvalu de Matthias von Gunten ; Yalom’s
Cure de Sabine Gisiger.
Dans la catégorie « Meilleur court métrage » : Discipline de Christophe M. Saber ;
En août de Jenna Hasse ; La Petite leçon
de cinéma: le documentaire de Jean-Stéphane
Bron ; Petit homme de Jean-Guillaume Sonnier
et Tišina Mujo, contribution au film collectif
Les Ponts de Sarajevo réalisée par Ursula
Meier.
Christian Bernard
Plus d’informations sur : www.cinemas-du-grutli.ch/
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Homme (Christoph Schaub, 2006), Mein Name
ist Eugen (Michael Steiner, 2005), Das
Schweigen
der
Männer
(Clemens
Klopfenstein, 1997) et surtout Dällebach Kari
(1970) de Kurt Früh. On fête cette année le centenaire de la naissance de Früh : une rétrospective globale de son œuvre serait la bienvenue.
mars à la
Cinémathèque suisse
ennuyés à mourir avec Dans Paris
(2006), un fac-similé dans le style de la
Nouvelle Vague Vaseuse sur des frères
déprimés, s’est attaqué à un sujet de
taille, les Métamorphoses d’Ovide. Une
lycéenne se fait aborder par un garçon
très beau, mais très étrange. Un dieu
tombé amoureux de la jeune mortelle ? À
explorer le 31 mars !
«Adieu au langage» de J.L. Godard
Godard et Honoré
La mage de Rolle, Jean-Luc Godard, voit
sur le tard les récompenses pleuvoir sur son
chef. Après le prix du Jury à Cannes pour Adieu
au Langage, ce dernier (on peut rêver) opus (en
3D, Messieurs Dames !) a été plébiscité
meilleur film par la « National Society of Film
Critics » des Etats-Unis. Beaucoup de « spécialistes » de par le monde le classent parmi les top
5 dans leur bilan annuel (cf. numéro de janvier
de la revue britannique Sight & Sound). Pour J.
Hoberman, le film est tellement fort qu’il pourrait occuper les 5 premières places (sic).
Grégory Valens de Positif (numéro juillet-août
2014) estime toutefois qu’il n’y a rien là de
novateur ou surprenant : « L’idée de composer
les dialogues d’un collage de citations littéraires ? C’est sa méthode depuis plus de vingt ans.
Les interférences sonores, chevauchements de
dialogues, au service d’une restitution fidèle de
l’expérience auditive de la vraie vie ? Il les pratique depuis Tous les garçons s’appellent
Patrick (1957). Adieu au Langage est un foutage de gueule XXL, une arnaque, le pied de nez
ultime, après sa consternante installation à
Beaubourg, d’un gourou sachant qu’auprès de
ses adorateurs, l’élucubration passera pour un
coup de génie. » (loc. cit.) La Cinémathèque a
décidé de montrer le film 19 fois au mois de
mars, sans doute pour pallier l’absence de sortie
commerciale, mais aussi pour justifier l’installation passagère d’un dispositif 3D dans la salle
du Cinématographe.
Christophe Honoré, qui avait choqué le
landerneau de la critique parisienne avec sa
dérangeante et sublime adaptation de Bataille,
Ma Mère (2004), et qui nous avait ensuite
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Pour une histoire permanente du cinéma : 1966 (suite)
Deux indispensables : Seconds de John
Frankenheimer, où le héros signe un pacte faustien avec une mystérieuse entreprise qui lui
offre, moyennant un testament signé et grâce à
la chirurgie esthétique, une nouvelle identité,
une nouvelle vie. Car un cadavre à
sa ressemblance sera trouvé dans un
accident. The Chase d’Arthur
Penn, où le masochisme de Marlon
Brando atteint le paroxysme
lorsque, shérif d’une petite ville
texane, il se fait longuement tabasser jusqu’au sang par quelques
concitoyens fortement avinés qui
lui reprochent de ne pas les laisser
lyncher un évadé du pénitencier
(Robert Redford tout jeune et fringant), qui est venu revoir sa femme
(Jane Fonda) que tous les mâles du
bled convoitent.
Pier Paolo Pasolini
Les 14 longs métrages réalisés en 15 ans
par le poète assassiné seront montrés ce mois,
qui plus est, à deux exceptions près, en 35 mm.
Chaque œuvre est fascinante, car chacune est en
prise sur son époque et en même temps profondément pasolinienne. Par cet adjectif , il faut
comprendre « ce mélange de réalisme et de
mythologie imaginaire, de sculpture moderne et
de fausse préhistoire, toute cette féerie sousprolétarienne, ce bric-à-brac de tiers monde, cet
exotisme hétéroclite et superlatif, ce style
d’Eisenstein marocain ou de Fellini de banlieue
ouvrière » (Dominique Noguez) qui donne lieu
à une combinaison singulière d’amateurisme et
de maniérisme : « ces terrains vagues et ces
dunes à perte de vue, ces accoutrements
Pasolini dans «I Racconti di Canterbury»
Trésor des Archives
Roland Cosandey présente le 10 mars
Finnland im Kampf qui fut tourné sur le terrain
entre mi-février et début mars 1940 par les
Suisses E.O. Stauffer et Charles Zbinden et
décrit la Guerre d’Hiver qui vit la Finlande
résister à l’URSS entre le 30 novembre 1939 et
le 12 mars 1940. Montré en 1941 au Metropol à
Berne, le film n’a guère été revu depuis.
Trans-Sarine-Express
baroques et ces jeunes blondinets folâtrant, ces
trognes tannées de figurants, ces chairs féminines lourdement étalées, voilà qui ne convainc
pas toujours, et ne saurait satisfaire les tenants
d’un art de générosité et d’harmonie, auquel
pourtant il n’a cessé d’aspirer » (Claude
Beylie). Pasolini a été le seul cinéaste à confier
un rôle quasi muet à Maria Callas (Medea,
1971) : c’est tout dire.
Raymond Scholer
Sous cette désignation se cachent quelques
petits bijoux d’un cinéma alémanique quelque
peu délaissé par l’institution, notamment Die
Herbstzeitlosen (Bettina Oberli, 2006), Jeune
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les journées de soleure fêtent leur 50e anniversaire
Le cinéma suisse
Le festival du cinéma suisse s’est déroulé dans une ambiance très nationale
du 22 au 29 janvier 2015 : sur les écrans, les plateaux, dans les ruelles de
la belle vieille ville, on parlait français, italien ou dialectes alémaniques.
Le prix d’honneur est allé aux romands Francine Pickel et Vincent Adatte
cofondateurs de la Lanterne magique (des clubs de cinéma pour enfants).
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La table ronde des critiques français et allemands ont analysé quatre œuvres de débutants
que nous avons également vues. Herbert Spaich
du Südwestrundfunk a dit tout le bien qu’il pensait de Pause, un film du Vaudois Mathieu Urfer.
Il s’agit d’une pause dans une relation amoureuse. Spaich n’a pas peur d’évoquer Truffaut, alors
qu’Andreas Kilb, de la Frankfurt Allgemeine
Zeitung, trouve le film superficiel. Les qualités
de l’ouvrage sont par contre bien là : bon agencement, bons dialogues, bons acteurs. Baptiste
Gilliéron, Julia Faure et André Wilms sont
convaincants, surtout le dernier qui interprète un
vieux musicien alcoolique qui donne de (mauvais) conseils au jeune amoureux.
Le deuxième film analysé, Padrone e sotto,
est très attachant. Il s’agit d’un film documentai-
«Spartiates» de Nicolas Wadimoff
«Pause» de Mathieu Urfer
re, travail de fin d’études de Michele Cirigliano,
un élève de la Haute Ecole des Arts de Zurich.
Enfant, ce secundo allait en vacances chez ses
grands-parents dans un village perdu du sud de
l’Italie. Il était fasciné par le jeu auquel s’adonnaient les hommes dans le bistrot, centre de la vie
du village. L’enjeu en est un verre de bière que
peut boire le « Padrone ». Au début, le film de
Cirigliano qui retourne adulte dans ce village est
pittoresque puis il devient une véritable étude
a
sorti de prison, il rencontre la mère de la victime.
Pour Herbert Spaich, la psychologie différenciée
des personnages est très bonne. Charlotte Garson
(France culture) évoque le Fils, des frères
Dardenne et loue la direction d’acteur de Patwa.
Nommons-les car leur prestation est remarquable : Max Hubacher et Sabine Timoteo.
Enfin, Sandrine Marques (le Monde),
enthousiaste, ne tarissait pas d’éloges pour Der
Meister und Max de Marcel Derek Ramsay. Il
s’agit d’un film très particulier, un collage des
sociale. Les quatre critiques de la table ronde
sont unanimes : c’est un très bon film. La discussion continue sur l’efficacité des films documentaires suisses qui sont un modèle pour tous les
reporters.
Driften, le troisième film qui a fait l’objet de
la discussion, est une fiction de Karim Patwa sur
l’addiction à la vitesse d’un jeune homme qui est
bouleversé après avoir tué une petite fille lors
d’une course de voiture. Quatre ans plus tard,
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œuvres du réalisateur suisse underground
Clemens Klopfenstein. Ramsay raconte une histoire nouvelle en ordonnant ces extraits comme il
l’entend. C’est possible aussi parce que
Klopfenstein dirigeait toujours les mêmes
acteurs. Marques loue le travail de montage et la
photographie de toute beauté. Pour elle, cette
œuvre est de la poésie pure. Andreas Kilb émet
une réserve : le spectateur ne peut pas tout comprendre. Mais il concède que ce film est une
bonne introduction à l’œuvre de Klopfenstein.
Pour Charlotte Gerson, c’est un film ivre, pour
Herbert Spaich quelque chose de tout nouveau et
de fascinant. La table ronde s’est terminée sur ce
concert de louanges.
Notons pour finir que le film qui a obtenu le
Prix de Soleure est l’œuvre d’un Genevois,
Nicolas Wadimoff. Spartiates raconte l’histoire
d’un jeune maître d’arts martiaux, Yvan Sorel,
qui a fondé une école pour les enfants d’un quartier défavorisé de Marseille. Ce film documentaire a emporté l’adhésion du jury formé de
Dominique de Rivaz, Melinda Nadj Abonji et
Moritz Leuenberger. Il sortira en avril 2015 sur
les écrans de Suisse romande.
Emmanuèle Rüegger
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Cinéma Chkoupi de Bahia Allouache (Algérie,
2014), une comédie racontant comment le scénario d’un film d'intervention politique sur
l’hospitalisation en France du Président se trouve transformé en une histoire farfelue, ainsi que
le très recommandable Mon Fils / Dancing
Arabs d’Eran Riklis (Israël, 2014) (voir critique
dans ce numéro dans Les films du mois).
maison des arts du grütli
Festival International
du Film Oriental
Le FIFOG, Festival International du Film Oriental de Genève, se déroule du
20 au 29 mars au Grütli, mais aussi à Versoix, Lausanne et en France voisine.
Pour fêter son 10ème anniversaire, il a choisi de célébrer l’Amour, thématique
très présente dans le cinéma oriental. Mais la centaine de films présentés, tous
genres et formats confondus, offre une vue très complète de la diversité des
questions abordées par les cinématographies de plus de 10 pays.
Les différentes sections de la programmation concoctée par Tahar Houchi, le directeur
artistique, et son équipe, témoignent à elles seu-
le FIFOG se veut espace de dialogue interculturel et d’exercice de la citoyenneté. Il propose
ainsi, en plus des projections, des débats, des
«L’Oranais» de Lyes Salem
les de cette diversité : «L’Orient dans tous ses
états», «Regards de femmes», «Regards croisés:
Suisse-Orient», «Migration et intégration»,
«Voix d’Amérique». La principale section
«L’Orient dans tous ses états» offre une large
sélection de films venus d’Algérie, du Maroc,
de Tunisie, d’Egypte, d’Irak, d’Iran, du Liban,
de Turquie, mais aussi de France et de Suisse.
Un jury international attribuera un FIFOG d’or
et un FIFOG d’argent dans chaque catégorie
(longs-métrages, documentaires, courts-métrages).
Placé sous le haut patronage de l’UNESCO
et présidé cette année par le grand poète Adonis,
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colloques, des conférences, où sont débattues
aussi bien les questions locales (immigration,
intégration des étrangers) que planétaires (droits
de l'homme, défis environnementaux, échanges
Nord-Sud). Des expositions, des programmes
scolaires et divers ateliers de formations contribuent également à ce dialogue.
Dans la riche section des documentaires,
on retient Les Gracieuses de Fatima Sissani
(France, 2014), qui voit six jeunes femmes, la
trentaine, nées dans le même immeuble d’une
cité de la banlieue parisienne, inséparables
depuis l’enfance, raconter leur amitié presque
amoureuse et questionner identité, rapports de
classe, relégation sociale… , deux films de la
réalisatrice tunisienne Nadi El Fani Laïcité
Inch’Allah (France-Tunisie, 2010) ou la Tunise
sous Ben Ali, quelques mois avant que la révolution éclate, et Même pas mal (Tunisie,
2012) ou le double combat de Nadia El
Fani contre les islamistes et contre son
cancer, This Is my Land de Tamara Erde
(France, 2014) qui explore la question
fondamentale de la façon dont l’histoire
nationale est enseignée en Israël et en
Palestine, en suivant plusieurs professeurs israéliens et palestiniens pendant
une année scolaire, Make Hummus not
War de Trevor Graham (Australie, 2012)
un voyage personnel du réalisateur entre
les bars, cuisines et rues de Beyrouth, Tel
Aviv, Jérusalem et New York. La passion
pour le houmous qui unit toute une région
pourrait-elle être une des recettes de paix
au Moyen Orient ? Cette question, plus
sérieuse qu’elle en a l’air, est également
évoquée dans Dancing Arabs. Sans
oublier Les Juifs d’Egypte d’Amir
Ramsès (Egypte, 2014), évocation de la
communauté juive d’Égypte qui vivait jusqu’en
1952 en harmonie avec les chrétiens et la majorité musulmane, et tentative de comprendre le
changement qui s’est amorcé dans la société
égyptienne, passant d’une culture de tolérance à
une attitude de rejet des minorités.
Quelques propositions tirées d’une offre
abondante où chacun trouvera son miel.
Opérant un choix tout personnel, on se
réjouit, pour ce qui est des fictions, de voir
L’Oranais de Lyes Salem (Algérie-France,
2014) évoquant, à travers l’histoire de deux
amis, les premières années suivant l'indépendance de l’Algérie, entre euphorie et trahison,
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Les films du mois
BROKEN LAND
un documentaire de Stéphanie Barbey et Luc
Peter, avec la collaboration de Peter Mettler
(CH, 2014)
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Le film s’ouvre sur des images de buggies
qui font sauts et dérapages contrôlés sur le sable
d’un paysage désertique, puis, le plan s’élargit, et
nous découvrons la barrière de la honte, celle qui
sépare les Etats-Unis du Mexique dans le sud de
l’Arizona : 1300 kilomètres de piliers d’acier de
5 mètres de haut, d’un coût de plusieurs milliards
de dollars, installés après la signature par George
W. Bush en 2006 du Secure Fence Act pour arrêter l’immigration clandestine. Une réussite ?
L’immigration clandestine aurait baissé de 25%,
mais innombrables sont ceux qui franchissent
encore ce mur…
Stéphanie Barbey et Luc Peter ont filmé
quelques citoyens américains vivant au bord de
cette frontière. Sans chercher à rien démontrer,
ils nous donnent à voir et à entendre des témoignages de gens aux avis fort différents, certains
favorables à ce mur, d’autres moins convaincus… Tous reconnaissent que des immigrés clandestins continuent à passer la frontière. La bonne
idée des documentaristes est de ne les montrer
que comme les « ombres claires » qu’ils dessinent devant la caméra infra-rouge. Pour le reste,
ces clandestins n’apparaissent que dans les traces
qu’ils laissent, les objets qu’ils abandonnent (des
vêtements, des jouets d’enfants, des ossements !). Aux spectateurs de reconstituer dans
leur imaginaire ces traversées dramatiques…
Les Américains qui vivent en bordure de ce
MAHI VA GORBEH / FISH
AND CAT
un film de Sharam Mokri, avec Baaba Karimi,
Saeid Ebrahimifar, Mona Ahmadi, Ainaz
Azahouch, Nazanin Babaei,… (Iran, 2013)
mur témoignent avec une ingénuité désarmante.
L’un raconte qu’il ne sort jamais de sa maison
truffée de caméras sans son pistolet à balles perforantes, mais refuse qu’on le dise paranoïaque.
Deux vétérans voient dans leurs expéditions
punitives une manière amusante « d’entretenir »
leur forme et les techniques apprises pour la
guerre du Vietnam. Un autre survole cette frontière pour la surveiller et protéger l’Amérique qui
attire forcément le monde entier parce qu’elle
représente le paradis sur terre…
Réactions moins sécuritaires chez d’autres,
qui regrettent le bon vieux temps où il était possible de faire la fête avec les Mexicains, déplorent les atteintes aux droits de l’homme, ou, plus
simplement, déposent des bidons d’eau pour les
immigrants qui risquent de mourir de soif dans le
désert.
Plus surprenant encore : l’interview d’un
médecin légiste qui examine les ossements
humains qu’on lui apporte pour essayer de définir l’âge, le sexe et la cause de la mort de ces
migrants malheureux (à lui seul, il a examiné
plus de deux mille squelettes en treize ans !).
Pour qui ? Pourquoi ?…
Sans que jamais les auteurs ne tiennent un
discours de procureurs, leur documentaire rend
évidente, en deçà de tout jugement moral, l’ineptie d’une telle fermeture de la frontière tant qu’il
sera dans l’intérêt des uns (question de survie !)
et des autres (qui cherchent une main d’œuvre
bon marché) de tout tenter pour la franchir ou la
faire franchir.
Serge Lachat
«Fish and Cat» © Trigon films
«Broken Land» © Xenis films
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Remarqué dans plusieurs festival, le film de
Sharam Mokri arrive enfin (discrètement) sur nos
écrans. Avec, en entrée de film, des cartons nous
rapportant des faits divers des années 1990 et
évoquant la disparition de jeunes étudiants et les
sanctions prises contre des restaurateurs accusés
de servir de la viande humaine, le spectateur s’attend à un film de genre, un film policier ou à un
film d’horreur. C’est plutôt du côté du film d’horreur que le cinéaste s’oriente, mais sans jamais
montrer aucune scène « gore ».
L’histoire se déroule autour d’un lac (de
montagne ?) où un groupe d’étudiants a planté
ses tentes pour un concours de cerfs-volants. On
assiste à quelques discussions, à l’arrivée de nouveaux venus, à quelques tensions avec des habitants du coin,… Rien de menaçant en soi, sinon
peut-être les mines patibulaires de ces derniers,
ou leur étrange comportement (l’un d’eux
transporte un sac de viandes avariées) qui peut
paraître menaçant lorsqu’ils demandent aux gens
leurs papiers, lorsqu’ils exigent d’un automobiliste qu’il leur donne un peu d’essence à siphonner ou lorsqu’ils insistent pour être suivis dans la
forêt pour une mystérieuse réparation. Par
ailleurs, certains personnages ont un degré de
réalité mal défini, comme ces jumeaux qu’on
dirait siamois séparés en deux (chacun n’ayant
qu’un bras) et qui pratiquent une étrange chasse
aux canards. Mais rien de physiquement violent
n’apparaît à l’écran.
Seulement, au vu des informations données
au départ, le spectateur essaie de construire une
histoire à partir des données évoquées ci-dessus,
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à partir aussi de l’inquiétante étrangeté qui envahit de plus en plus le film : bruits inquiétants,
appels et cris lointain, effet de « déjà-vu » (certaines scènes apparaissent plusieurs fois) avec ce
que cela suppose de possible dérèglement temporel, incertitudes quant au statut réel ou onirique
de certaines rencontres, échos de contes…
Pourtant, et c’est là le tour de force du
cinéaste, le tout (134 minutes !) est filmé en un
seul plan grâce aux possibilités offertes par l’enregistrement digital. Un
seul plan, voilà qui est
supposé donner un surcroit de « réel » au film
puisque l’histoire est
racontée en temps réel (ni
ellipse, ni montage).
Surtout que nous sommes
habitués, comme spectateurs, à nous faire manipuler par des effets de
montages, par des jeux de
ruptures dans la taille des
plans.
Sokourov filmant en un seul plan l’Ermitage
à Saint-Petersbourg pouvait jouer sur différents
temps historiques en présentant à son spectateur
différents personnages de l’histoire russe.
Shahram Mokri reste au présent (même s’il y
glisse de l’inquiétante étrangeté par les effets de
déjà-vu qui créent de potentiels flashes-back). Le
défi est de réussir à raconter une histoire en faisant seulement suivre les personnages par la
caméra qui passe de l’un à l’autre comme dans la
chanson pour enfants Trois petits chats où chaque
nouveau mot commence par la syllabe qui termine le précédent (marabout-bout de ficelle…). Et
même si le film ne réalise pas tout à fait son rêve
de créer une histoire en anneau de Moebius ou en
tableau d’Escher, il faut reconnaître que Fish and
Cat constitue un joli tour de force !
Serge Lachat
TURIST (SNOw THERAPy)
de Ruben Östlund avec Lisa Loven Kongsli,
Johannes Bah Kuhnke, Kristofer Hivju
(Suède/France, 2014)
Une station de ski française (Les Arcs?) et
un hôtel confortable. Une famille suédoise modèle: elle, Ebba, lui, Tomas et leur enfants, un garcon et une fille dans les 6-8 ans. C’est le début
des vacances, la famille est installée sur une terrasse de restaurant en bordure de piste, au soleil,
et c’est le bonheur. Soudain une avalanche artificiellement déclenchée s’approche et semble ne
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pas devoir s’arrêter. Tomas rassure (“ils savent ce
qu’ils font”), mais en un instant l’écran devient
blanc, fuite panique des clients, juste le temps
d’apercevoir Tomas quittant la table laissant
femme et enfants derrière lui. Quand la neige
poudreuse retombe, on a la surprise de voir les
tables intactes, aucun verre renversé.
L’avalanche s’était arrêtée au pied le terrasse.
Plus de peur que de mal donc, sauf pour Ebba:
Tomas a fui. Le vers est dans le fruit, comme
"Turist (Snow Therapy)" © Look Now!
dans Le Mépris. Ebba tente le dialogue (“tu as
quelque chose à me dire ?”,“j’ai à te parler”…)
qui se heurte aux dénégations de Tomas qui minimise et refuse toute culpabilité. Progressivement
la crise du couple s’installe et se développe. On
se sent chez Bergman. Les enfants, à qui l’on
veut cacher la vérité pour les protéger, sont de
plus en plus insupportables. En fait ils devinent
tout et font avancer l’histoire pour le spectateur
(“je ne veux pas que vous divorciez” hurle le garcon, alors que la fêlure du couple semble encore
mince). Mais le tête à tête s’élargit, au restaurant,
d’autres couples avec lesquels on sympathise
sont pris à témoin par Ebba: une femme “libérée”
et son amant; un homme marié dans la quarantaine, genre bûcheron ex soixante-huitard accompagné d’une fille de 20 ans. Alors que dans un premier temps, ils se veulent rassurants et prêts à
aider Tomas et Ebba, ils vont se trouver à leur
tour peu ou prou mis en crise. Un phénomène de
contamination réciproque permet à Ruben Östlund d’élargir le propos. Ce qui n’aurait pu être
que la radiographie de la crise traversée par une
cellule familiale, devient le portrait d’une société
ne finissant pas de se chercher entre libération
des instincts et nécessité de trouver des règles.
Östlund se garde d’offrir des réponses univoques: pour Tomas, la libération passe par l’effondrement et l’aveu de tous les mensonges
accumulés, tandis que l’hédonisme de la femme
libérée apparaît comme une vraie liberté. Mais la
liberté, c’est aussi l’irruption de bindge drinkers,
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filmée comme une hallucination, et c’est plutôt
terrifiant…
Il faut souligner la performance des acteurs
filmés en long plans séquences, passant sans
coupe d’une émotion à l’autre au fil de dialogues
non improvisés. Le dispositif donne l’impression
d’une caméra impitoyable. Les décors de l’industrie de l’or blanc (l’hôtel, les remontées mécaniques, les ratraks damant les pistes de nuit) sont
filmés de façon abstraite, produisant un effet
anxiogène amplifié par le
travail du son. Ce film très
psychologique, où tout est
dit et montré dans le
cadre, par les mots et sur
les visages, à la narration
parfaitement linéaire,
condamne le spectateur à
une certaine passivité.
C’est une position qui
peut être diversement
appréciée. Comme on
peut ne pas juger
indispensables les deux scènes de conclusion:
une descente à ski dans le brouillard de la famille
ressoudée sous la conduite de Tomas (on avait
déjà compris que la crise était surmontée); et une
descente en plaine dans un car conduit par un
incapable, suscitant chez les touristes une peur
panique en écho à celle due à l’avalanche. Ils préfèreront finir à pied, dans un curieux rappel de la
fin du Charme discret de la bourgeoisie de
Bunuel, à la signification tout aussi ouverte. Ces
légères réserves n’enlèvent rien à l’intérêt d’un
film ambitieux et réussi, sélectionné au festival
de Cannes 2014 dans la section Un certain
regard, où il a remporté le prix du jury, réalisé par
un cinéaste dont le nom est à retenir.
Christian Bernard
JUPITER ASCENDING
un film de Lana et Andy Wachowski, avec
Channing Tatum, Mila Kunis, Sean Bean, Eddie
Redmayne, Douglas Booth, Vanessa Kirby…
(USA, 2014)
Fille d’un passionné du télescope et de l’observation du système solaire (d’où son étrange
prénom) qui est tué juste avant sa naissance,
Jupiter Jones est une déclassée qui nettoie les
WC pour survivre. Mais elle est en fait destinée à
devenir Reine de l’Univers (d’où le pompeux
titre français du film, Jupiter-Le Destin de
l’Univers). Ce qui ne plaît guère à la Reine en
place ni à ses « frères » qui vont chercher à faire
assassiner la jeune servante. Mais le guerrier qui
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est envoyé sur terre pour la tuer se révolte et
devient le meilleur protecteur de Jupiter.
Ce pitch montre que les Wachowski ont pris
le parti de raconter une histoire, donc de faire un
film moins délirant que certaines de leurs productions « expérimentales » antérieures. On peut
même distinguer 3 actes dans cette œuvre. Mais
en même temps, il est simplement impossible de
résumer ce film qui est un concentré de ce que les
films de science-fiction nous ont offert jusqu’ici :
ésotérisme de conte de fées, somptueux décors
multiples (les différentes cités), créatures hybrides, courses poursuites vertigineuses dans un
espace-temps différent du nôtre… Le tout, bien
sûr, grâce à un déluge d’effets spéciaux, de délires numériques…
Le film offre ainsi, considérablement amplifié par l’usage de la 3D, un mélange de sensations de gigantesque Foire du Trône et de jeu
vidéo ultra-performant. Au-delà, on peut s’amuser à voir dans le sentiment de déclassement du
personnage principal un reflet du sentiment de
« n’être-pas-vraiment-à-sa-juste-place » de Larry
Wachowski avant qu’il ne devienne Lana. Ou encore s’amuser à
découvrir dans ce Barnum des
acteurs vus très récemment dans
des rôles très très différents :
Channing Tatum, le lutteur du dernier Miller, Foxcatcher, dans le
rôle du héros sauveur de l’orpheline, et Eddie Redmaine, qui joue
Stephen Hawking dans Une merveilleuse histoire du temps, le dernier James Marsh, incarnant cette
fois un très très méchant frère de
l’héroïne qui lui susurre de gluantes atrocités…
irresponsable, amant volage, l'homme qu'est
Thompson dans la sphère privée est loin de l'image de super-héros qui lui colle à la peau. Les
répétitions de la pièce - une adaptation d'une nouvelle de Raymond Carver dont l'ex-star signe la
mise en scène - sont placées sous le signe du désastre : hostilités entre comédiens, maladresses
techniques et conflits sur scène sont le lot quotidien des quelques jours qui précèdent la première. Pour empirer le tableau, la critique est hostile
à la pièce avant même de l'avoir vue : Riggan
Thompson, qui s'est illustré dans des sous-produits culturels made in Hollywood, ne peut prétendre faire du théâtre. Ainsi, la star vieillissante,
avant même d'avoir joué, est à bout. La rédemption ne s'obtient guère en claquant des doigts.
Se situant dans une lignée qui va de Sunset
Boulevard à Fedora en passant par What Ever
Happened to Baby Jane ?, films que Birdman
évoque par sa thématique, le nouvel opus
d'Iñárritu propose une réflexion sur le vieillissement des stars et sur leur impossibilité à se réinventer. Enfermé dans son image d'acteur de films
«Birdman » © 2015 Warner Bros.
Serge Lachat
BIRDMAN
de Alejandro González Iñárritu, USA, 2014,
120'. Avec Michael Keaton, Zach Galifianikis,
Edward Norton, Emma Stone et Naomi Wats
À Broadway, Riggan Thompson, ex-star de
cinéma que son interprétation du super-héros
Birdman dans des superproductions hollywoodiennes a rendu célèbre, tente de renouer avec sa
gloire passée en s'essayant dans un tout autre
registre : le théâtre psychologique. Mais il est difficile de renaître de ses cendres, et les obstacles
qui attendent Thompson sur la route du come
back sont nombreux. L'ancienne star, qui désire
faire peau neuve, est vite rattrapée par son passé
peu glorieux : époux violent et égocentrique, père
a
de super héros, Riggan Thompson lutte contre le
destin que l'univers du show business lui a imposé. Contestant la doxa qui voudrait qu'une star ne
puisse bien vieillir et que toute révolte contre
l'âge soit une attitude sénile et ridicule, l'ancienne star s'attire les foudres des journalistes et de
ses proches. La faute impardonnable de
Thompson est de refuser de devenir une caricature de lui-même et de suivre la même voie qu'un
Sylvester Stallone rejouant jusqu'à l'épuisement
le même rôle de mâle viril. C'est cette révolte que
le film met en valeur et qui permet de réhabiliter
le personnage de Thompson en dépit de ses tares,
héros malgré lui d'un drame intérieur.
Critique du milieu du show business,
Birdman présente le défaut d'emprunter luimême les voies de l'entertainment. Sa rhétorique
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musclée, sa construction tape-à-l'oeil en un seul
long plan séquence et le rythme haletant de la
caméra font de ce film qui prétend dénoncer l'industrie du spectacle un film justement trop spectaculaire. Comme l'histrion qui récite dans le
Broadway nocturne sur un ton outrancier la
fameuse tirade de Macbeth (« La vie est une
ombre qui marche, un pauvre acteur qui se pavane et se trémousse une heure en scène, puis qu'on
cesse d'entendre... »), Birdman en fait un peu
trop.
Emilien Gür
FELIX ET MEIRA
un film de Maxime Giroux, avec Martin
Dubreuil, Hadas Yaron, Luzer Twersky, AnneElisabeth Bosse,… (Canada, 2014)
Etonnant film que ce troisième long-métrage du réalisateur québecois Maxime Giroux
(Demain en 2008 et Jo pour Jonathan en 2010) :
plaçant son histoire d’adultère en milieu hassidique, il réussit à lui donner une dimension non
seulement « neuve » (qui peut se
vanter de connaître ce milieu juif
ultra-orthodoxe que le film nous fait
découvrir ?), mais aussi plus
« large » qu’un vaudeville.
En effet, rien ne semblait devoir
faire se rencontrer les protagonistes :
Meira est la jeune mère d’une petite
fille et elle appartient à la communauté hassidique dont le film nous
donne très vite à voir les mœurs et
les rituels très stricts ; Félix, lui, est
d’ascendance juive, mais semble
athée et mène une vie sans responsabilités ni attaches. Ce sont donc deux
visions du monde qui entrent en
contact au gré d’un goût commun pour le dessin
découvert par hasard.
Rencontre de deux solitaires aussi car on
comprend vite que la jeune femme étouffe dans
l’univers hassidique et ses multiples contraintes
(on comprend très vite qu’elle ne souhaite pas
fonder une famille de 6 à 14 enfants (!) comme le
voudrait son mari), qu’elle se sent mal à l’aise
dans les vêtements imposés, sous la perruque
imposée elle aussi… On la sent avide de liberté.
Liberté dont jouit Félix, d’autant plus qu’il
vient de faire un confortable héritage malgré un
rapport terrible à son père juste décédé. Mais
cette liberté, Félix ne sait pas vraiment qu’en
faire ; n’ayant pas encore trouvé quel sens donner à sa vie, il reste un adolescent attardé. C’est
dire que leur rencontre leur paraît providentielle
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«Felix et Meira» © Cineworx
à tous les deux. Même si elle impose plus de
sacrifices à Meira qui sera exclue de sa communauté et qui risque d’être privée de sa fille.
La principale qualité du film de Giroux tient
à son regard respectueux : il nous offre des
entrées quasi documentaires dans la communauté hassidique avec ce que cela suppose d’étrangeté et de rigueur dans les traditions, mais jamais il
ne se moque, jamais il ne porte un jugement sur
ces pratiques et ces rituels « d’un autre temps »
(ou « hors du temps »). Jamais non plus le cinéaste ne se comporte de manière intrusive dans la
vie de ses personnages (pas de psychologie à bon
marché). Et jamais non plus il ne regarde de haut
la banalité de cette histoire d’amour avec ses clichés (voyage à Venise avec promenade en gondole!). Maxime Giroux nous propose un « petit »
film tout en retenue (les acteurs ne surjouent
jamais, ils chuchotent leurs dialogues) et tout en
finesse qui redonne à une histoire archi-rabâchée
une étrangeté (ne serait-ce que par le mélange
des langues : yiddish, anglais, québecois, français…) et une allure de « première fois »…
Serge Lachat
LE MERAVIGLIE
(LES MERVEILLES)
d’Alice Rohrwacher, avec Alexandra Lungu,
Alba Rohrwacher, Monica Bellucci (Italie,
2014)
Dans un récit que l’on sent très autobiographique, Grand Prix de la compétition officielle à
Cannes en 2014, Alice Rohrwacher évoque son
enfance et, de façon subtile, la naissance de sa
vocation de cinéaste au sein d’une famille où rien
ne semblait a priori la favoriser. Famille volontairement marginalisée par la volonté d’un père à
la fois anarchiste libertaire et patriarche autoritaire menant à la baguette ses trois filles et sa
femme. Si lui est un colérique ne supportant pas
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Monica Bellucci dans «Le Meraviglie» © Filmcoopi
la contradiction, elles sont de fortes personnalités
qui, tout en lui obéissant, savent parfaitement lui
résister à l’occasion. Et tous s’aiment. En colère
contre une société dont il est convaincu qu’elle
court à sa perte, il a installé tout son petit monde
en pleine nature, près du Lac Trasimène, où ils
sont apiculteurs. Marginale, la famille l’est aussi
par la nationalité des parents qui sont Allemands.
Ayant probablement beaucoup bourlingué par
militantisme, ils naviguent constamment entre
l’italien, l’allemand et le français.
Le regard porté par Alice Rohrwacher sur
cette vie dure sans le moindre confort, mais soumise à une activité noble dans un cadre superbe
apparaît équilibré. Elle n’idéalise pas (la dureté
du travail d’apiculteur est très précisément décrite, et c’est passionnant) tout en conservant une
capacité venue de l’enfance à s’émerveiller. Son
regard est relayé par celui de Gelsomina, l’une
des filles, (son double?), justement en passe de
quitter l’enfance, entre obéissance et affranchissement. Le film se recentre plus particulièrement
sur Gelsomina lorsqu’une équipe de télévision
débarque pour un jeu télévisé devant mettre en
valeur les produits “étrusques”. L’occasion d’une
critique des médias drôlatique et parfaitement
ciblée. Si le père échoue à remporter le prix (il est
paralysé par le direct au contraire d’un chasseur
fabricant de saucisson qui “passe” bien),
Gelsomina est fascinée par l’animatrice du jeu
(Monica Bellucci) véritable apparition fellinienne. Expérience inoubliable et fondatrice, à l’origine d’une vocation? Toujours est-il que le film
est riche en allusions à Fellini, du nom de
Gelsomina aux situations “felliniennes” (les
abeilles sortant de la bouche de Gelsomina; le
dromadaire acheté par le père).
Aline Rohrwacher combine avec subtilité
réalisme documentaire, humour, suspense (la
visite annoncée des services d’hygiène alors que
le miel a débordé inondant tout le “laboratoire”)
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et poésie, pour retrouver son enfance et ses origines. Origines mêlées qui n’empêchent pas cette
enfant de nomades vivant comme au temps des
Etrusques de chanter l’Italie “de toujours” (le
chant des femmes pendant le jeu télévisé, venu
du fond des âges). Famille nomade: le plan final
est situé dans la ferme abandonnée. On voit deux
cadres de portes en enfilade et un rideau (de
scène?): le cinéma attend Alice.
Christian Bernard
THE SMELL OF US
un film de Larry Clark, avec Lukas Ionesco,
Hugo Béhar-Thinières, Diane Rouxel, Michael
Pitt, Dominique Frot,… et Larry Clark luimême. (France, 2014)
Impossible de balayer d’un revers de manche le dernier film de Larry Clark au nom d’un
tournage foutraque ou en prétextant que le
cinéaste redit toujours la même chose. Excessif
en même temps d’en faire le panégyrique et de
lui consacrer 30 pages comme le font Les
Cahiers du Cinéma de janvier de cette année.
En effet, même si, comme tous les auteurs,
Larry Clark travaille toujours le même sillon (son
admiration pour les jeunes éphèbes), il faut bien
admettre qu’il apporte cette fois-ci un terrible
regard (souvent introspectif) sur la question du
vieillissement, se mettant par là-même en danger.
D’ailleurs le film s’ouvre sur le corps de
Larry Clark vautré dans ses déjections sur un
trottoir avec, le contournant, le survolant, parfois
le heurtant, des jeunes sur leurs skateboards. Ces
skaters, nous les découvrons peu à peu, d’abord
sur leur terrain de jeu, l’esplanade du Trocadero,
puis dans d’autres endroits où ils traînent en
bande, baisant, buvant, se droguant (Larry Clark
lui-même les met en garde contre leur tendance
autodestructrice) ou brûlant une voiture, détruisant un appartement très classe (tendance des-
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tructrice cette fois), se filmant sans cesse sur différents supports et produisant ainsi des images
d’une beauté multiforme quelques soient leurs
activités (cf. la fille se filmant en train d’uriner),
ne sachant par ailleurs pas quoi faire de leurs
journées. A noter la présence très majoritaire de
garçons, mais aussi, en contrepoint, le rôle très
important de Marie remarquablement incarnée
par Diane Rouxel, une actrice (encore) peu
connue, mais très prometteuse.
Bien qu’appartenant à un milieu apparemment favorisé, certains d’entre eux décident de se
prostituer pour avoir plus d’argent pour leurs
plaisirs. Ce qui va permettre au cinéaste d’appuyer son propos sur le vieillissement. Mais
contrairement à celui de Pasolini, le regard de
Clark n’est (en dehors des quelques observations
ci-dessus) ni sociologique, ni politique, ni moralisateur. Le cinéaste lui-même se filme non seulement en clochard qui rampe et se pisse dessus,
mais encore en client fétichiste qui lèche avec
obscénité (la scène est pénible dans la durée) les
pieds sales d’un bel éphèbe en jouissant bruyamment et en pleurant « son petit garçon » ! Les au-tres adultes, sans
être aussi répugnants, n’en sont
pas moins pathétiques. Que ce
soient les parents sans autorité, à
côté de la plaque, qui se rejettent la
responsabilité de leur échec et ne
voient pas que leur fils JP ((Hugo
Béhar-Tignières), éperdument
amoureux de Math (Lukas
Ionesco), est sur le point de se suicider. Ou, bouleversante, la cliente
sexagénaire qui entrouvre son peignoir et demande au garçon qu’elle a acheté « Cela te fait peur, ce
corps détruit ?- Non - Mais c’est
pas pour autant excitant, n’est-ce pas ? », ce qui
montre que le regard des jeunes sur les vieux est
plus généreux que celui des vieux sur euxmêmes. Ou encore plus monstrueuse, à la limite
du soutenable, la mère de Math (jouée dans l’incandescence par Dominique Frot) qui se vautre
comme un insecte vorace ou comme une goule
sur le corps de son fils avachi en lui réclamant du
plaisir puisqu’il « ne se passe rien » !
A l’évidence, Larry Clark se déteste, ou à
tout le moins déteste ce que son corps vieux a fait
de lui, ce que les corps vieux ont fait de tous les
autres. Mais cela ne fait qu’amplifier sa fascination et son amour pour les corps jeunes qu’il
filme comme des statues classiques, comme des
figures de tableaux. On peut s’indigner d’un tel
travail d’esthétisation, y compris dans les images
a
« sales » de mini-caméras, de téléphones portables, de Skype… De ce point de vue, Toff
(Maxime Terin), le garçon qui photographie,
filme en permanence et « tripatouille » ses images dont on ne sait à qui elles sont destinées est
un double adolescent de Larry. On peut juger
cette esthétisation immorale ou à tout le moins
amorale. Mais il faut bien admettre que c’est ce
geste qui accentue la dimension testamentaire de
The Smell of us.
Serge Lachat
DANCING ARABS
(MON FILS)
d’Eran Riklis, avec Tawfeek Barhom, Ali
Suliman, Yaël Abecassis, Laëtitia Eïdo,
Danielle Kitsis (Israël-France-Allemagne,
2014)
Eran Riklis, dont on a pu apprécier La
Fiancée syrienne (2004) et Les Citronniers
(2008) est un cinéaste israélien attentif à rendre
compte de la vie quotidienne de ceux qui vivent
Eyad et Jonathan, «Dancing Arabs» © Filmcoopi
en Israël ou dans les territoires annexés ou occupés, sans être des Juifs israéliens. Attentif à l’autre donc. La Fiancée Syrienne racontait comment
une bureaucratie délirante rendait pratiquement
impossible le mariage d’une Druze du Golan,
occupé depuis 1967 et annexé unilatéralement en
1981, avec un Syrien de Damas. Les Citronniers
racontait le combat d’une veuve palestinienne
pour défendre ses citronniers lorsqu’un nouveau
Ministre de la défense israélien emménage en
face de chez elle et menace de faire arracher ses
citronniers pour des raisons de sécurité.
Avec Dancing Arabs, il adapte deux romans
en partie autobiographiques de Sayed Kashua, un
écrivain palestinien qui, précise Riklis, « occupe
une position très spécifique, c’est un Arabe qui
s’est fait connaître en écrivant en hébreu des tex-
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tes satiriques très drôles dans les journaux israéliens. Ce qu’il pratique, c’est de l’humour
juif… ». Un Arabe israélien accepté par la société israélienne juive dont il possède la culture tout
en s’identifiant à la communauté arabe largement
hostile à Israël… Le film, en racontant les efforts
d’Eyad, un jeune Israélien arabe, pour échapper
à un avenir sans avenir, offre à Riklis l’occasion
de montrer toute la complexité des relations entre
Juifs et Arabes israéliens. Son histoire est racontée sur plusieurs années depuis son enfance à la
fin des années 80, par segments correspondant
aux périodes où Israël se trouve plus ou moins
directement en guerre (Guerre du Golfe, Irak,
Liban). Le soin pris à montrer l’impact des événements sur les populations montre tout ce qui
les sépare: à la peur des uns, pour qui la distribution des masques à gaz est prioritaire (il n’y en a
pas en nombre suffisant), répond le wishful thinking des autres qui pensent que Saddam va
gagner et applaudissent en dansant (d’où le titre
du film) les rares Scud qui parviennent à passer
en souhaitant qu’ils transportent des gaz…
L’essentiel du film cependant se
situe dans la période où Eyad qui
parle parfaitement l’hébreu se retrouve préparant son bac dans le
meilleur collège de Jérusalem, son
père voulant, non sans sacrifices, lui
donner les meilleures chances de
réussir. Seul Arabe au milieu des
Israéliens juifs de sa classe, sa compétence et son égalité d’humeur le
rendent populaire et une amitié se
noue avec Jonathan (Michael
Moshonov) tandis qu’il tombe
amoureux de Naomi (Danielle
Kitsis). Ils vivent cet amour réciproque mais en se cachant. La réaction à l’intérieur des familles est plutôt la tolérance alors que le climat extérieur est lourd, maints
détails (affiches; apostrophes depuis les voitures,
contrôles d’identité rugueux) indiquant la présence d’un racisme anti arabe virulent. Noémie, bien
qu’amoureuse, lui demande de l’aider à le quitter
car elle va entrer dans les Services de renseignement. Quant à Jonathan, atteint d’une maladie
dégénérative, il sera fidèlement accompagné jusqu’à la mort par Eyad. Au même moment, Eyad
décide de quitter le collège pour se préparer seul
au bac, ce que ses bonnes notes lui permettent, et
de gagner son argent de poche dans un restaurant.
Comme Arabe il ne pourrait être que plongeur.
Pour être serveur, avec les bons pourboires qui
vont avec, il se fait passer pour Juif en utilisant la
carte d’identité de son ami car ils se ressemblent.
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La mère de Jonathan découvre le subterfuge en
ouvrant les relevés bancaires qui continuent à
être adressés à son fils. Elle accepte qu’il se poursuive jusqu’au croisement définitif des identités:
Jonathan est enterré en tant qu’Arabe sous l’identité d’Eyad. La boucle est bouclée.
On imagine sans peine qu’une fable aussi
culottée puisse être mal reçue en Israël par le
grand public. Pourtant le message humaniste et
politique adressé par Riklis, postulant une entente possible sur le plan privé, même s’il peut
paraître un peu naïf vu le climat général, acquiert
une grande force par son ancrage dans une foule
de détails parlants pointant l’orientalisation de
toute une partie de la société israélienne juive
(succès des restaurants à houmous etc. ) comme
l’occidentalisation des Arabes entrant dans la
société juive. Le déchiffrage de tous ces détails
rend le film passionnant, et convainc que si l’autre est le même dans ce coin de terre, c’est que
tous, Juifs et Arabes, sont fils de Sem.
enfant et sa mère qui s'apprêtent à faire exploser
un char militaire US. Le film commence avec
cette scène, et la détonation qui suit est celle du
fusil d'un enfant à qui le père apprend à chasser.
Eastwood utilise ce flash-back pour mettre sur un
même niveau les relèves père-fils américaine et
ennemie : pourquoi empêcher les enfants irakiens
de prendre les armes alors que les Américains
encouragent leurs enfants à tuer ? Même si les
cibles sont différentes (le kid tue des animaux,
les bambins irakiens visent l'envahisseur). Avec
l'allusion à la Guerre du Vietnam (l'Irak serait le
plus grand défi militaire US depuis 1975), le film
questionne donc la tradition guerrière ancestrale
des Etats-Unis, le mythe du self-made man armé
(à la base des récits de western), qui doit se battre pour devenir un homme.
Au fil des déploiements en Irak, Chris
devient un héros, qui n'a d'égal qu'un champion
olympique de tir ennemi (la réduction de l'épique
au duel rappelle les origines western du réalisateur qui incarnait l'homme sans nom). L'intrigue
paraîtrait mince si ce n'était deux complications.
bibine au zinc d'un bar, la durée d'une gestation
(sic), avant de rentrer chez les siens).
Les retours du refoulé hantent tout le film,
parce qu'à chaque fois que Chris revient au pays,
le héros ne peut mener une existence normale.
Les bruits lui rappellent les menaces irakiennes
(de la perceuse irakienne à la devisseuse américaine). Ses sens sont toujours en alerte, même en
famille : «You're there but you're not there»,
constate amèrement son épouse, qui a toujours eu
un doute sur les sentiments du soldat pour elle (la
froideur du héros empêche qu'on s'identifie à lui).
Même la télé éteinte, il voit des scènes de guerre.
La catharsis du refoulé se passe chez un psy
militaire, qui engage Chris à enseigner (le tir) à
des vétérans-épaves, mauvaise conscience de
l'Amérique (des morts-vivants chez Carpenter,
tous mutilés et abandonnés par l'administration
chez Eastwood). Le refoulé s'invite jusque dans
le meurtre de Chris.
Tourné avec l'efficacité qu'on lui connaît,
Christian Bernard
ménageant suspense, tensions extrêmes (l'enfant
qui soulève un lance-roquette, l'enfant qui va se
AMERICAN SNIPER
faire tirer dessus, l'enfant et la perde Clint Eastwood, avec Bradley
ceuse) et quelques scènes émouvanCooper et Sienna Miller.
tes (Chris, entre déni et régression
face au psy), American Sniper est en
Clint ressort son artillerie
ceci du vrai cinéma, au sens où
pour adapter l'autobiographie de
Bazin l'entendait: de l'art populaire
l'ancien Marine Chris Kyle. Plus
(le film fait un carton mondial). Il
que la guerre en Irak et ses consén'exalte pas le sentiment américain,
quences sur les civils et les vétéil le remet en question et l'ironise (la
rans tous infirmes, le réalisateur de
mère du défunt soldat qui, après
Flags of our Fathers fait un film
avoir qualifié la guerre en Irak de
sur la famille. Il y observe le rôle
croisade arbitraire dans son éloge
du père (la transmission, son
mortuaire, reçoit le drapeau amériabsence dans l'éducation des
cain plié, ou ce Marine ricain qui dit
enfants, son rapport à l'épouse et à
An eye for an eye, inversant les
Chris Kyle (Bradley Cooper), Taya Renae Kyle (Sienna Miller) dans
«American Sniper» © Fox Warner
ses parents) et les choix auxquels
rôles). La guerre ne constitue qu'un
l'enfant est confronté (prendre ou
prétexte pour mettre en évidence la
non les armes pour ne pas rompre la tradition D'abord, avant de partir en guerre, Chris rencon- défection du père du foyer familial : peu importe
familiale). En cela, American Sniper n'est ni un tre Taya (Sienna Miller), à la dérive, dans un bar. qu'il fasse la guerre (ou se tire des flûtes comme
film de propagande, ni un éloge du nationalisme Elle l'épouse et mettra au monde deux enfants, les Marines censés couvrir le tireur d'élite), la
US : «Mon point de vue sur la guerre n'est pas du issus des permissions successives du soldat. question majeure du réalisateur de Millon Dollar
tout celui de Chris Kyle, confie Clint Eastwood à Ensuite, le petit frère de Chris est aussi envoyé Baby et Gran Torino porte sur le rôle du père
Vanity Fair de février. Lui pense qu'il a eu raison dans le bourbier irakien. Il sera rapatrié sur une dans les valeurs qu'il transmet à ses enfants, et,
sur toute la ligne. Il pense que c'est juste d'aller civière, le visage à moitié détruit: Chris n'est pas partant, celui de la société US face à sa descenlà-bas [...]. Moi, je préférerais qu'on reste ici et parvenu à éviter un nouveau coquard à son petit dance. D'où la mise en évidence, dans le film, de
qu'on essaie de s'améliorer, d'améliorer notre frère. Le final de l'épisode irakien montre que les toutes ces figures d'enfants confrontés à des
situation plutôt que d'intervenir chez les autres.» soldats américains doivent leur survie à rien choix (le mot choice revient quatre fois dans le
Chris Kyle (Bradley Cooper), cow-boy moins qu'une improbable tempête du désert. film), sans que l'entité paternelle les guide : It's
texan bourré de testostérone, se cherche en C'est donc ironiquement qu'Eastwood utilise ce up to you!
Frank Dayen
gagnant des concours de rodéo. Le cataclysme du deus ex machina, Desert Storm étant le nom de
11 septembre 2001 le décide à s'engager dans les l'invasion bushiste en Irak en 1991. La tempête
Marines. Il se retrouve tueur d'élite en Irak, à n'est pas où l'on croit, et le sauvetage in extremis
décider lui-même s'il doit, oui ou non, abattre un de Chris est loin d'être glorieux (retour à la case
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cinéma peu représenté. Pour finir, une section
hommage guidée par Ossama Mohammed présentera la Syrie et les conséquences de la guerre, à travers des documentaires.
fribourg
Un air de liberté
résonne sur le FIFF
Autour du festival
Du 21 au 28 mars, le festival international de film de Fribourg envahira la ville.
La liberté sous toutes ses formes y est mise à l’honneur.
Le programme du festival international du
film de Fribourg (FIFF) de cette année colle à
l’actualité. Les films tourneront autour de la
liberté d’expression. « Le thème est venu avec
les films, explique Thierry Jobin directeur artistique du festival. Nous recherchons avant tout
la qualité et on s’aperçoit ensuite que les films
se regroupent d’eux-mêmes. Une nouvelle fois,
cette année, ils font écho à l’actualité. »
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Réflexion
L’actualité est effectivement au cœur du
festival. «Pouvez-vous encore rire de tout ?»
sera le point de réflexion de la section décryptage. Le thème choisi en novembre a ensuite été
rattrapé par la réalité avec les événements du 7
janvier dernier à Paris. Les comédies présentées
ont été sélectionnées pour leur qualité et les thèmes subversifs qu’elles abordent. « Il y aura des
films qui parleront d’érotisme ou encore de religion, dont une production indienne sur le terrorisme, précise Thierry Jobin. La comédie est un
genre qui fait vendre, la plupart sont ainsi peu
travaillées. On se contente de peu. Mais il y en
a qui peuvent être très intéressantes, tant esthé-
Le Festival réserve encore quelques surprises. Des lieux de fêtes et d’art de Fribourg
seront ainsi mis à contribution. Des concerts en
lien avec les sections seront organisés à la
Spirale, à Frison et au SousSol. Trois expositions auront quant à elles lieu. Des photographies d’Yves Leresche consacrées aux Roms
tiquement que thématiquement.
C’est ce que nous
voulons
faire
découvrir. »
Autre sujet
des plus actuel :
l’érotisme. Entre
le procès DSK et
le film, les 50
nuances de Gray,
le sexe est à la
mode. Le FIFF a
donc visé juste en
proposant de réfléchir sur le cinéma érotique
dans la section cinéma de genre. Trois sections
mettront, quant à elles, en lumière des populations subissant des injustices. La première,
Diaspora, portera sur Tony Gatlif et les Roms.
Le réalisateur français présentera sa culture à
travers 5 films. La deuxième, nouveau
Territoire: Cinéma indigène nord-américain,
donnera la parole aux Natives du Canada et des
États-Unis. 20 films seront ainsi consacrés à ce
Tony Gatlif
seront exposées à la bibliothèque cantonale universitaire. Deux au-tres expositions se dérouleront au centre Fri Art. La Kunsthalle de
Fribourg présentera ainsi les œuvres de Robert
Heineken (dès le 26.02.15), puis celles de Larry
Clark (dès le 20.03.15) en lien avec la section
cinéma de genre. C’est la première année que le
centre Fri Art et le FIFF collaborent. « Je suis
très content de pouvoir travailler avec Fri Art,
qui apporte un regard critique sur l’érotisme, se
réjouit Thierry Jobin. Cela s’est fait très naturellement, grâce à l’ouverture de son nouveau
directeur Balthazar Lovay. Une exposition sur
Robert Heineken était déjà programmée. C’est
pour moi un complément parfait. Il apporte une
vision critique sur un érotisme banalisé, en
interrogeant l’usage systématique du corps de
la femme dans les mass medias. L’exposition
des œuvres de Larry Clark est, quant à elle,
venue la compléter par la suite. »
Avec 130 films provenant de 57 pays différents et une compétition internationale réputée,
des expositions et des concerts, le millésime
2015 promet ainsi plein de surprises.
Eau argentée, Syrie autoportrait
a
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Valérie Vuille
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entretien
Alain Perroux
Le Grand Théâtre de Genève accueillera le 29 mars les Contes de la lune vague
après la pluie, opéra composé par Xavier Dayer sur un livret d’Alain Perroux,
en version de concert, juste après sa création le 20 mars à l’Opéra de Rouen.
Nous nous sommes entretenus avec Alain Perroux, ancien dramaturge du
Grand Théâtre de Genève et actuel conseiller artistique du Festival
d’Aix-en-Provence sur la genèse de cette œuvre et son travail de librettiste.
A quelle occasion est né ce projet d’opéra ? Comment avez-vous pris part à sa
genèse ?
20
Ce projet est né d’une initiative de la fondation
Royaumont d’il y a environ six ans, qui
avait passé commande au compositeur
Xavier Dayer, que je connaissais déjà
depuis le collège Claparède! Je connaissais assez bien son œu-vre, notamment
celles de théâtre musical. Jusqu’à présent Xavier avait composé sur des textes
préexistants, assez peu conventionnels,
comme Le Marin du jeune Pessoa,
influencé par Maeterlinck, ou encore
Les mémoires d’une jeune fille triste sur
un texte portugais énigmatique, onirique, sans narration linéaire. Avec les
Contes de la lune vague après la pluie il
a voulu écrire un opéra à partir d’une
narration plus traditionnelle, et a choisi
le film de Mizoguchi qu’il m’a demandé
d’adapter. Nous avions commencé à
auditionner des chanteurs avec Royaumont et
les co-producteurs comme Archipel, Xavier
avait déjà composé la moitié de l’opéra mais le
projet a été annulé pour des raisons budgétaires.
Royaumont s’est obstiné et l’Opéra de Rouen
s’est ajouté en co-producteur. Nous avons dû
changer de metteur en scène: ce sera maintenant
Vincent Huguet, entouré de collaborateurs de
Patrice Chéreau. Xavier a donc terminé la partition en un temps record, de nouveaux chanteurs
ont été engagés, plusieurs ateliers ont déjà eu
lieu à Royaumont depuis l’été passé et les répétitions commenceront dès la fin du mois. Nous
allons donc le créer à Rouen, le donner dans une
version de concert à Genève, le reprendre à
l’Opéra Comique, et nous cherchons encore
d’autres maisons.
Quel a été votre travail par rapport
au matériel du film ? Vous êtes-vous intéressé aux sources littéraires antérieures ?
e
Comment avez-vous traité le langage en traduction ?
Nous avons tout d’abord obtenu les droits pour
la traduction du scénario du film, qui est effec-
Xavier Dayer
tivement basé sur une œuvre d’Ueda Akinari et
de Maupassant. Mais ces deux modèles sont
lointains: on trouve effectivement deux nouvelles de Ueda qui présentent des thèmes et images
similaires, et l’œuvre de Maupassant, Décoré!,
retrace le parcours d’un bourgeois de la fin du
XIXème qui entreprend diverses manœuvres
pour obtenir la légion d’honneur, ce qui poussera sa femme à se prostituer. Mais l’histoire de
Mizoguchi est profondément originale. Il a fallu
déterminer une structure, pour créer un vrai livret d’opéra qui fonctionne avec sa propre temporalité, dans une durée limitée, avec un nombre réduit de personnages. J’ai pu m’inspirer
dans mon travail de l’adaptation des films dans
les comédies musicales. J’ai finalement opté
pour une structure en deux parties divisées
elles-mêmes en scènes pivots. La narration relate les destins parallèles de quatre personnages
qui vont être séparés les uns des autres puis
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r
e
a
d’une certaine façon réunis, de retour à la case
départ avec une certaine cassure : une femme
est morte dans l’intervalle. J’ai fait alterner les
scènes pivots, qui durent une dizaine de minutes
chacune avec de très courtes scènes qui permettent de s’attacher à un personnage particulier.
J’ai aussi eu comme inspiration l’opéra de
Sciarrino Da gelo a gelo, qui présentait l’autobiographie d’une poétesse courtisane en quatrevingt dix-neuf scènes sur une heure et demie.
Mais ce processus, tiré à l’extrême, est difficile
à gérer scénographiquement et suscite une certaine monotonie. Nous avons donc choisi de
varier les durées.
Quels sont les enjeux thématiques de
cette œuvre évoquant le Japon médiéval ?
J’ai cherché un langage assez simple, en rapport
avec la poésie de ce monde ancien. On ne
voulait pas renoncer au contexte japonais
évoqué par les noms des personnages et des
villes, mais sans trop appuyer dessus : nos
Contes de la lune vague après la pluie restent une œuvre d’Occidentaux. Nous avons
donc cherché à rendre l’universel des thématiques. Le canevas est lié à des archétypes universels qui se retrouvent dans nos
corpus de contes. Par exemple, la princesse
Wakasa qui séquestre Genjuro n’est pas
sans rappeler nos Armide et Alcina qui
séduisaient les chevaliers en les retenant
dans des palais enchantés. Et Wakasa est un
esprit défunt qui cherche à s’incarner par
son union avec un mortel : on retrouve ici
l’archétype mélusinien présent dans La
petite sirène, Rusalka ou La femme sans
ombre. Même si l’histoire a une donnée sociale
importante, traitant des désirs d’élévation sociale, elle reste basée sur des contes à dimension
fantastique. Xavier Dayer m’avait d’ailleurs
demandé de trouver des endroits où l’on pouvait
développer des répliques pour créer des passages de lyrisme assez proches de l’air ou l’arioso. J’ai glissé quelques haïkus antiques dans des
répliques, ce qui introduit une coloration poétique.
Propos recueillis par Anouk Molendijk
Contes de la lune vague après la pluie, opéra de Xavier
Dayer, livret d’Alain Perroux sur le film éponyme de
Kenji Mizoguchi, direction Jean-Philippe wurtz,
Ensemble Linea avec Benjamin Mayenobe, Madjouline
Zerari, Carlos Natale, Judith Fa, Luanda Siqueira et
David Tricou, le 29 mars à 17h au Victoria Hall. Info et
réservation sur www.geneveopera.ch
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les souffrances ne sont pas feintes et méritent
autant la compassion que les affres d'un ténor
qui se trucide élégamment sur scène suite à une
déception amoureuse!
grand théâtre : récital de michael volle
“Un baryton pressé
d'atteindre le Walhalla“
Traquer l'émotion
C'est en ces termes qu'un journaliste new-yorkais résumait l'entretien qu'il a
eu avec le baryton allemand Michael Volle à l'occasion de ses débuts au
Metropolitan Opera de New york. Il entendait par là souligner l'extraordinaire
ascension d'un artiste dont bien peu de gens connaissaient le nom avant qu'il ne
fasse de fracassants débuts au Festival de Salzbourg au cours de l'été 2013 dans
le rôle écrasant (et épuisant) de Hans Sachs, le personnage central des Maîtres
Chanteurs de Nuremberg de wagner.
En Suisse, pourtant, ce nom n'est pas
inconnu aux habitués de l'Opéra de Zurich où il
fut longtemps en troupe aux côtés de Jonas
Kaufmann, un autre chanteur d'exception dont
la carrière a pris un tournant décisif depuis
quelques années. Autant dire que sa venue à
Genève fait figure d'événement au même titre
que celle du ténor bavarois il y a un peu plus
d'un an...
S'il se limite aux rôles qu'a tenus le baryton
allemand sur la scène des bords de la Limmat,
l'amateur de belles voix est frappé de la diversité des répertoires abordés. Puccini, Debussy,
Schreker, Wagner, Verdi, Strauss, Tchaïkovski,
pour ne mentionner que quelques
noms, font partie des compositeurs que cet interprète a servi
avec un égal bonheur. Mais cela
ne l'a pas empêché de continuer à
pratiquer l'art du lied avec une
constance admirable, nécessaire,
précise-t-il, au maintien de la
souplesse de sa voix.
Agé de près de 55 ans, le
chanteur a su conserver un
timbre d'une remarquable fraîcheur car il a évité de brûler les
étapes en se construisant une carrière trop rapide. Actuellement,
il dispose d'une voix au grain à la fois moelleux
et prenant qui séduit autant par la noirceur de sa
couleur originelle que par son exceptionnelle
aptitude à sculpter d'infimes nuances avec un
sens consommé du dosage infinitésimal,
comme l'a notamment démontré avec brio son
Eugène Onéguine, un rôle fascinant qu'il a mis
à son répertoire sur les planches zurichoises
avant de le reprendre dans des théâtres de
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dimensions plus imposantes.
Avec son physique à la Jack Nicholson, cet
artiste semble prédestiné à incarner des personnages complexes à la psychologie torturée
comme Golaud dans le Pelléas de Debussy, le
Comte dans les Noces de Figaro, Guy de
Montfort dans les Vêpres Siciliennes de Verdi,
Scarpia dans la Tosca ou encore Guillaume Tell
dans le chef-d'œuvre de Rossini. Ces rôles de
“méchants“ ou de héros malheureux conviennent à sa personnalité artistique, car il aime à
répéter qu'un personnage n'existe sur scène que
dans la mesure où il se présente sous plusieurs
jours, même contradictoires. Lorsqu'un ténor
possède une belle voix, son succès auprès du
Michael Volle © Winfried Hosl
public est quasiment assuré d'office. Mais lorsqu'un artiste à la voix plus grave est invité à
incarner un personnage retors ou du moins équivoque dans ses intentions, il faut qu'il sache
faire preuve d'intelligence et de subtilité dans le
jeu comme dans le chant : il n'est en effet pas
aussi aisé qu'il y paraît de convaincre le public
que, derrière une façade de brute sans égards, se
cache une personnalité blessée et ambiguë dont
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Autant dire, dans un tel contexte, que la
forme musicale ramassée du lied, qui force le
chanteur à traquer l'émotion derrière chaque
note, a tout pour plaire à un musicien qui ne
veut pas se contenter d'exécuter proprement une
suite de notes... Le texte est alors scruté avec la
même intensité que la partition, sans pourtant
que cela n'incite le chanteur à donner dans la
préciosité par souci de raffinement. La série des
mélodies de Schubert que Michael Volle interprètera à Genève, et notamment celles du
fameux Schwanengesang, ne sont pas conçues
par cet artiste comme de longs lamentos, mais
plutôt comme des vignettes aux atmosphères
contrastées; l'angoisse qu'expriment les textes
paraît alors d'autant plus saisissante que la
musique donne parfois l'impression de vouloir
la contredire avec ses mélodies au charme
ensorceleur. Ainsi en va-t-il par exemple de la
Sérénade ou le lied intitulé Am Meer qui pourraient, dans cette interprétation, être appréciés
par l'auditeur comme autant de précieuses élégies mélancoliques, mais non amères; en refusant de mettre outrancièrement l'accent sur le
drame sous-jacent, Michael Volle semble nous
inviter à percevoir, sous l'insouciance de surface,
un arrière plan expressif aux contours
imprécis car son chant ne se veut
jamais univoque: en fait, semble nous
dire le chanteur, qu'expriment finalement ces airs si concis ? une indifférence feinte ? un défi ? une angoisse
subtilement camouflée ? A l'auditeur
de trancher.
S'il est un art que possède ce
baryton au plus haut degré, c'est bien
celui de la litote qui place ses interprétations aux antipodes de celles
d'un Jonas Kaufmann, plus explicites mais peut-être aussi plus artificielles de ton, comme l'a rappelé son
récent récital schubertien sur les planches du
Grand Théâtre il y a quelques mois. A tout le
moins, voici une confrontation qui promet d'être excitante à plus d'un titre...
Eric Pousaz
4 mars. Récital Michael Volle, baryton, Helmut Deutsch,
piano. Grand Théâtre à 19h30 (billetterie en ligne sur le
site du Grand Théâtre)
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opéra de lausanne
Ottavio Dantone
Le chef d’orchestre italien Ottavio Dantone sera de retour à Lausanne pour
diriger Tancredi de Rossini à l’Opéra ainsi qu’un concert à l’OCL (avec le
flûtiste à bec Maurice Steger). En tournée en Europe, il a accepté de répondre
à quelques questions pour « Scènes Magazine ».
Maestro Dantone, vous revenez à
Lausanne pour diriger Tancredi, un des chefsd’œuvre de Rossini, que vous abordez pour la
première fois. Quelles sont les particularités
de l’écriture orchestrale de cet opéra ?
22
Rossini avait très à cœur Tancredi, car il considérait l’opera seria comme le genre le plus noble et
le mieux adapté à former le goût du public de
demain. Preuve en est le fait que, tout en étant
occupé à écrire en même temps aussi l’Inganno
felice et La Cambiale di matrimonio, il a écrit luimême les récitatifs de Tancredi, en laissant à ses
collaborateurs (pratique commune à l’époque) le
soin de s’occuper de ceux des deux farces. Plus
généralement on remarque dans Tancredi une
écriture orchestrale très soignée et proche du classicisme mozartien, autant
sur le plan de la structure que des couleurs (un exemple est le duo de
Amenaide / Tan-credi «L'Aura che
intorno spiri». C’est à cause de son
style influencé par le classicisme viennois qu’en Italie on appelait Rossini
avec le sobriquet de il tedeschino.
De plus en plus souvent des chefs
d’orchestre formés au style baroque s’intéressent au répertoire romantique. Vous avez
déjà dirigé Marin Faliero de Donizetti et plusieurs opéras de Rossini. Comment l’approche de ces œuvres change-t-elle après avoir
fréquenté longtemps Haendel, Vivaldi et
Scarlatti ?
La musique baroque ne compte que très rarement
des indications de dynamique, d’expression ou
d’articulation notées par le compositeur. Pour
aboutir à une interprétation historiquement correcte il est donc nécessaire d’effectuer un travail
philologique notamment sur ce que j’appellerai
la rhétorique du texte. C’est en mettant en rap-
Il existe plusieurs versions
du finale de Tancredi, dues au compositeur. Laquelle avez-vous choisie à Lausanne et pourquoi ?
Nous savons qu'à la première, à Venise
en 1813, le dénouement original de la
tragédie de Voltaire fut changé en une
sorte de happy ending. Mais quand
l’œuvre fut reprise à Ferrare, Rossini
réintégra le finale tragique. Bien que le
goût du public fût en train de changer,
le finale tragique n’arriva pas à s’imposer et on retourna donc à celui de
Venise. Je crois que le finale dit “de
Ferrare“ est beaucoup plus intéressant
et émouvant ainsi que plus cohérent
sur le plan dramaturgique. Je l’ai donc
préféré à l’autre pour les représentations de Lausanne.
port les figures de style et la structure d’une
œuvre avec les traités et la pensée des théoriciens
de l’époque qu’on peut reconstruire une sorte de
dictionnaire utile pour interpréter ce type de
musique. Une fois que cette rhétorique s’est mise
en place, les compositeurs - surtout au XIXème
siècle - ont commencé à noter leurs intentions
dans les partitions mêmes. Malgré cela, beaucoup de gestes typiques de l’esthétique musicale
baroque sont présents dans des œuvres postérieures. Je pense par exemple à la messa di voce
(attaquer un son piano et le renforcer graduellement) qu’on di-sait “le plus bel ornement de la
musique“ et qui fait partie encore du bagage d’un
chanteur et musicien à l’époque de Rossini. Je
pense qu’un interprète habitué au style baroque
peut aborder la musique romantique avec un
autre regard, en valorisant notamment tous ces
aspects typiques d’un style plus ancien.
Vous poursuivez une collaboration
privilégiée avec l’ensemble de l’Accademia
Bizantina (qui fêtera ses trente ans l’année
prochaine). Comment votre travail de chef
change-t-il quand vous travaillez avec des
formations plus traditionnelles ?
Comme je le dis souvent, un travail philologique ne se limite pas à l’utilisation des instruments d’époque,
mais implique une maîtrise du
langage musical du passé pour
le rendre compréhensible encore aujourd’hui. Certes, avec des
instruments d’époque, ce travail
devient quelque part plus naturel, du fait aussi que les ensembles spécialistes de musique
ancienne sont forcément plus
habitués à ce genre de répertoire. Cependant, si l’on dispose
d'assez de temps, on peut obtenir de très beaux résultats avec
un orchestre moderne. Avec
l’OCL, par exemple, j’ai abordé
des répertoires très différents et
toujours à ma plus grande satisfaction. Je suis très content de
notre lien artistique.
A Lausanne vous
retrouverez Anna Bonitatibus
avec laquelle vous avez déjà
travaillé dans l’Italiana in
Algeri. Dans l’opéra préromantique les chanteurs
avaient une grande liberté
Ottavio Dantone. Photo Walter Capelli
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ment une actualisation qui déplace l’action à une autre époque que
celle indiquée dans le li-vret.
L’essentiel est que la mise en
scène maintienne la relation dramaturgique originaire entre les
personnages et qu’elle garde pour
ainsi dire le sens général de l’œuvre afin que l’émotion du spectateur se dégage pleinement. J’ai
travaillé plusieurs fois avec
Emilio Sagi et je considère ce
metteur en scène comme un des
plus intéressants et intelligents
avec lesquels j’ai eu la chance de
collaborer.
d’intervenir sur la musique qu’ils
chantent, notamment avec variations ou fioritures. Comment
abordez-vous cet aspect avec les
chanteurs ?
Quand je dirige des œuvres du
XVIIIem siècle, d’habitude j’écris
moi-même les variations à la demande des chanteurs. Il est vrai que pour
la musique de Rossini nous disposons de variations écrites par les
chanteurs de l’époque et parfois par
le compositeur lui même. Comme le
faisait Rossini avec ses interprètes,
moi aussi je collabore avec les chanteurs d’aujourd’hui pour trouver
chaque fois les solutions plus adaptées à leurs voix et pour mettre au
mieux en valeur leurs ressources
expressives. Cela est vrai pour tout
le répertoire.
Propos recueillis par
Gabriele Bucchi
Anna Bonitatibus sera Tancredi © Frank Bonitatibus
hension d’une œuvre du passé ?
La mise en scène est un des aspects les
plus discutés du théâtre musical de nos jours.
D’après votre expérience, comment une mise
en scène peut-elle contribuer à la compré-
Comme les musiciens respectent la partition, à
mon avis la mise en scène devrait aussi respecter le texte et le lien que celui-ci entretient avec
la musique. Ce respect n’empêche pas évidem-
Les 20, 22 25, 27, 29 mars.
Opéra de Lausanne (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven
de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch)
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VEN.3 | SAM.4 | MAR.7 | MER.8 AVR.
MAR.28 | MER.29 AVR.
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©John Hogg
CELUI QUI TOMBE
YOANN BOURGEOIS
MAR.28 | MER.29 AVR.
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EXTRAIT DE
PROGRAMMATION
LES PARTICULES
ÉLÉMENTAIRES
MICHEL HOUELLEBECQ
JULIEN GOSSELIN
MAR.12 | MER.13 MAI
© Simon Gosselin
CHUT
FANNY DE CHAILLÉ
©Angélica Liddell
CARTA DE SAN PABLO
A LOS CORINTIOS.
LUDWIG VAN BEETHOVEN,
SYMPHONIE N°7
ANGÉLICA LIDDELL
VEN.27 | SAM.28 MARS
© Géraldine Aresteanu
SAM.21 MARS
©Marc Domage
JEU.12 | VEN.13 MARS
2015
EXIT/EXIST
GREGORY MAQOMA
©John Abbott
WOMANCHILD
CÉCILE MCLORIN
SALVANT
©Elizabeth Carecchio
NOS SERMENTS
JULIE DUCLOS
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scala de milan
... mais réussite musicale
Die Soldaten
On pouvait s'en douter, mais le public clairsemé comme jamais qui occupait le
parterre de la salle milanaise démontrait que certaines œuvres contemporaines
effraient encore les amateurs d'oeuvres lyriques. Et de fait, si l'on s'en tient au
projet ambitieux de Bernd Alois Zimmermann, force est de constater que Die
Soldaten est une œuvre qui serait sans doute plus à sa place dans un lieu
moins conventionnel.
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Heureusement, musicalement la réussite
est au rendez-vous avec la direction inspirée
d'Ingo Metzmacher, dont il est inutile de rappeler qu'il est un spécialiste de ce répertoire
contemporain, qui fait sonner l'Orchestre de la
Scala avec des sonorités mêlant tension et raffinement. Le distribution ne méritait que des éloges avec Laura Aikin, une Marie digne héritière
de l'héroïne du Wozzeck de Berg qui offre un
timbre éclatant et personnalise avec intelligence
son personnage de femme humiliée face à
Daniel Brenna, donjuanesque et très à l'aise scéniquement, alors que Gabriela Benackova
Mais il s'agissait d'une
production créée à Salzbourg
en 2012, alors que le festival
était placé sous la direction
d'Alexander Pereira qui avait
donc décidé de „l'importer“ à
Milan avec quelques autres
réalisations, ce qui, par
ailleurs lui a valu de sérieux
reproches de la part de certains milieux.
Mise en scène
décevante ...
Oeuvre sans concession
tant du point de vue du livret
que de la partition, Die
Soldaten avait laissé une
forte impression lors de la
création française à l'Opéra
de Lyon sous la baguette de
Serge Baudo et dans une
conception impressionnante
du cinéaste Ken Russel en 1983. Et si l'on attendait une vision aussi forte de la mise en scène
signée par l'homme de théâtre letton Alvis
Hermanis, la déception était au rendez-vous. Ce
n'est certes pas que la conception scénographique qu'il signe avec Uta Gruber-Ballehr, ou
que les costumes d'Eva Dessecker ou encore
que sa mise en place des nombreux protagonistes manquent de cohérence, mais simplement
tout ce dispositif théâtralement crédible ne touche à aucun moment et se résume à un exercice
de style dont on peut considérer qu'il pourrait
servir à d'autres ouvrages lyriques. Car c'est
une bien curieuse idée d'avoir situé le contexte
de Die Soldaten au temps de la Guerre 14-18
créant peut-être ainsi un effet d'éloignement que
l'on pourra trouver parfaitement vain dans un tel
a
«Die Soldaten» © Teatro alla Scala
contexte. Le metteur en scène et son équipe n'avaient-ils donc rien à dire aujourd'hui au sujet
d'une œuvre dont la gestation datait des années
qui ont suivi la deuxième guerre mondiale ?
Alors certes, on pouvait contempler Marie l'héroïne sur la voie de la déchéance et ses
consœurs se faire peloter dans une vitrine, ou
encore Marie et son amant fricoter dans un tas
de foin – dans une scène frisant au demeurant
les effets comiques – ou encore observer l'imagerie érotique fin XIXème projetée en fond de
scène et s'amuser à découvrir la comtesse de la
Roche habillée façon Fragonard, histoire de
varier un peu les plaisirs visuels. Une vision distanciée que l'on pourra juger superficielle et
dont on peut penser qu'elle ne sert pas le propos
du compositeur.
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séduit en comtesse, faisant apprécier une voix
qui n'a en rien perdu de son éclat. Alfred Muff
(Wesener), Thomas Bauer (Stolzius) ou
Cornelia Kallisch et une dizaine de seconds
rôles d'excellent niveau rendaient parfaitement
justice vocalement au chef-d'œuvre du compositeur allemand.
Frank Fredenrich
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genève
Grand Théâtre (022/418.31.30)
s Contes de la lune vague après la
pluie (Wurtz-Huguet) – 29 mars
lausanne
Opéra (021.315.40.20)
s Tancredi (Dantone-Sagi) – 20, 22,
25, 27, 29 mars
zurich
Opernhaus (044.268.66.66)
s Juliette (Luisi-Homoki) – 1er, 4
mars
s Ariadne auf Naxos (Luisi-Guth) – 3
mars
s Rote laterne (Altinoglu-Loschky) –
6, 11, 14, 18, 21, 25, 27 mars
s Anna Bolena (Yurkevich-del
Monaco) – 20, 24, 29 mars
paris
Champs-Elysées (01.49.52.50.50)
s Solaris (Nielsen-Teshigawara) – 5, 7
mars
Châtelet (01.40.28.28.40)
s Singin' in the rain (ValentineCarsen) – 12, 13, 14, 15, 17, 18, 19,
20, 21, 22, 24, 25, 26 mars
Opéra Comique (0.825.01.01.23)
s Le Pré aux clercs (McCreesh-Ruf) –
23, 25, 27, 29, 31 mars
Opéra National (08.92.90.90)
Bastille :
s Faust (Plasson-Martinoty) – 2, 5, 9,
12, 15, 18, 22, 25, 28 mars
Garnier :
s Das Lied von der Erde (LangeNeumeier) – 2, 3, 5, 6, 9, 10, 11, 12
mars
s Le Cid (Plasson-Roubaud) – 27, 30
mars
avignon
Opéra Grand Avignon
(04.90.82.81.40)
s Simon Boccanegra (GuingalBouillon) – 20, 22 mars
dijon
Opéra (03.80.48.82,82)
s Der Kaiser von Atlantis (ZekeLambert) – 11, 12, 13 mars
lyon
Opéra (0826.30.53.25)
s Die Gezeichneten (Perez-Boesch) –
13, 17, 20, 22, 26, 28 mars
s Orfeo ed Euridice (Onofri-Marton)
– 14, 18, 19, 21, 24, 25, 27, 29 mars
marseille
Opéra (04.91.55.11.10)
s Tosca (Carminati-Désiré) – 11, 13,
15, 18, 20 mar
montpellier
Opéra National (04.67.60.19.99)
s L'Enfant et les sortilèges
(Pillement-Pocceschi) – 1er mars
nice
Opéra (04.92.17.40.79)
a
c
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s Cosi fan tutte (Kluttig-Stone) – 15,
17, 20, 21 fév.
strasbourg
Opéra National du Rhin
(03.89.36.28.28)
s Tristan und Isolde (KoberMcDonald) – 18, 21 24, 30 mars
toulouse
Théâtre du Capitole
(05.61.63.13.13)
s Castor et Pollux (RoussetClément) – 24, 27, 29, 31 mars
s Lucio Silla (Minkowski-Pynkoski) –
3, 12, 14, 17 mars
s Carmen (Zanetti-Dante) – 22, 24,
28 mars
Teatro dell’opera (39/06.48.16.02.55)
5, 6, 7, 8, 10 mars
berlin
rome
s Tosca (Renzetti-Talevi) – 1er, 3, 4,
Ronconi) 31 mars
turin
De nederlandse Opera
(31.20.62.55.456)
s Alcina Rousset-Audi) – 1er mars
s Die Zauberflöte (MadarasMcBurney) – 4, 6, 9, 12, 15, 17, 19, 22,
24, 27 mars
bruxelles
La Monnaie (32/70.23.39.39)
s Jacob Lenz (Ollu-Breth) – 1er, 3, 4,
6, 7 mars
s Le Vin herbé (Rademann) – 10 mars
s Penthesilea (Morlot-Mitchell) – 31
mars
Teatro Regio (39/011.881.52.41)
s Il Turco in Italia (Rustioni-Alden) –
12, 14, 15, 17, 18, 19, 20, 21, 22 mars
venise
Teatro La Fenice (39/041.24.24)
s La Traviata (Matheuz-Carsen) – 21,
25, 27, 29 mars
s Alceste (Tourniaire-Pizzi) – 20, 22,
24, 26, 28 mars
vienne
Staatsoper (43/1514447880)
s Don Carlo (Armiliato-D.Abbado) –
1er mars
s Werther (Chaslin-Serban) – 5, 9, 13
mars
barcelone
Liceu (34.934.85.99.13)
s Siegfried (Pons-Carsen) –
11, 13, 15, 17, 19, 21, 23
mars
s Tristan und Isolde
(Gergiev) – 18 mars
madrid
Teatro Real
(34/90.224.48.48)
s La Grande Duchesse de
Gerolstein (Soler-Pizzi) – 13,
14, 15, 17, 18, 20, 21, 22, 25,
27, 28 mars
ROH (0044/207.304.4000)
s Die Zauberflöte (MeisterMcVicar) – 2, 4, 6, 7, 9, 11
mars
s Aufsteig und Fall der Stadt
Matthew Polenzani sera Hoffmann lors des
Mahagonny (Wigglesworthreprésentations des «Contes d’Hoffmann»
Fulljames) – 10, 12, 14, 24,
à New York © Dario Acosta
28 mars
s Madama Butterfly (Luisotti-Cauriers Lady Macbeth de Mzensk
Leiser) – 20, 23, 28, 31 mars
(Metzmacher-Hartmann) – 8, 11, 14,
17 mars
florence
s Tosca (Armiliato-Wallmann) – 24,
Teatro del Maggio Musicale
27 mars
(39/056.27.79.350)
s Dido and Aeneas (Montanari- s La Traviata (Ettinger-Sivadier) – 15,
18, 21 mars
Bianchi) – 1er, 3, 5, 8, 10 mars
s Il Barbiere di Siviglia (Güttlermilan
Teatro alla scala (39/02.720.03.744) Rennert) – 19 mars
s Aida (Auguin-Joel) – 22, 25, 28
s Aida (Mehta-Stein) – 1er, 11, 14
mars
mars
a
Deutsche Oper (49/30.343.84.343)
s Tosca (Runnicles-Barlog) – 21. 25
mars
s Die Zauberflöte (Gnann-Krämer) –
7 mars.
s Samson et Dalila (LacombeKinmoth) – 1er mars
s La Rondine (Rizzi Brignoli-Villazon)
– 8, 12, 14, 18, 27 mars
s La Fanciulla del West (RizziNemirova) – 13, 19, 22, 28 mars
s La Bohème (Runnicles-Friedrich) –
20, 24, 30 mars
s Madama Butterfly (Abel-Samartini)
– 26, 29 mars
Staatsoper (49/30.20.35.45.55)
s Lulu (Barenboim-Breth) – 1er, 7, 13
mars
s Wozzeck (Barenboim-Breth) – 6, 14
mars
s
Parsifal
(BarenboimTcherniakov) – 28, 31 mars
Komische Oper
(49/30.47.99.74.00)
s Gianni Schicchi/Le Château de
Barbe-Bleue (Nanasi-Bieito) – 1er,
7, 15, 19 mars
s Die Zauberflöte (Poska-Kosky)
– 27 mars
s Ball im Savoy (Benzwi-Kosky) –
4, 13, 28 mars
s L'Orfeo (de Ridder-Kosky) – 6,
29 mars
new york
londres
u
29 mars
s I Puritani (Armiliato-Dew) – 4, 6, 10
mars
Theater an der Wien (43/15.88.85)
s Gli Uccellatori (Gottfried-Happel) –
22, 24, 26, 28, 30 mars
s Lucia di Lammermoor (R.Abbado-
amsterdam
s Elektra (Laufenberg-Glittenberg) –
l
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Metropolitan Opera
(00.1.212.362.60.00)
s Don Giovanni (GilbertGrandage) – 2, 6 mars
s Carmen (Heras-Casado-Eyre) –
4, 7 mars
s Les Contes d'Hoffmann (AbelSher) – 5, 11, 14, 18, 21 mars
s La Donna del Lago (MariottiCurran) – 3, 7, 10, 14 mars
s Manon (Villaume-Pelly) – 9, 12,
17, 21 mars
s Lucia di lammermoor (BeniniZimmermann) – 16, 19, 24, 28 mars
s Ernani (Levine-Samartini) – 20, 23,
26, 31 mars
s Don Carlo (Nézet-Seguin-Hytner) –
30 mars
25
o p é r a
à bâle
Otello revisité
En confiant la mise en scène du chef-d'œuvre verdien à l'iconoclaste artiste
catalan Calixto Bieito, le Théâtre de Bâle a pris un risque calculé : ce metteur
en scène a déjà signé plusieurs productions ici même et le public a eu le temps
de s'habituer à ses provocations. Or, comme tous les grands hommes de théâtre,
Calixto Bieito surprend à chacune de ses nouvelles créations, et cet Otello n'a
pas manqué à ce qui est presque devenu une tradition avec lui lorsqu'il s'agit
de déstabiliser ses admirateurs ... et ses détracteurs..
26
L'action se joue sur le quai d'un port, devant
une grue de déchargement de containers en provenance de pays lointains. Une populace misérable hante les lieux, séparée du monde dit 'civilisé' par des fils de fer barbelés. Impossible de ne
pas songer au port de Calais, par exemple !
Otello, le Maure de Venise, n'est en conséquence
plus un Noir qu'on rejette pour la couleur de sa
peau, mais un être irascible, tiraillé entre deux
univers et prompt à prendre un accès de colère
lorsqu'il se trouve face à des gens qui le traitent
sans les égards qui lui sont dus. Sa relation avec
Desdemona est donc dès le départ placée sous
une mauvaise étoile : leur grand duo d'amour qui
clôt le premier acte n'a plus rien d'une longue
effusion lyrique, on voit plutôt deux êtres qui
s'affrontent toutes griffes dehors. Par la suite, ils
se déchirent avec une férocité qui va crescendo,
ce qui pousse par exemple Desdemona à rejoindre son époux totalement ivre lors de la réception
organisée en l'honneur de l'ambassadeur de
Venise, comme si son but premier était d'humilier
son époux en public. Du coup, Iago devient
parallèlement presque un personnage secondaire:
il est bien sûr l'intrigant cauteleux qu'a imposé
une certaine tradition théâtrale mais sans posséder cette grandeur diabolique qui rend fascinants
tous les grands interprètes de ce rôle magnifique.
Dans cette atmosphère délétère, la montée
de la jalousie chez Otello paraît futile tant chacun
s'ingénie à satisfaire dans l'instant ses besoins les
plus primitifs au mépris de tout idéal de fidélité
ou de règle morale. Le sujet retrouve sa vraie
grandeur au quatrième acte seulement, lorsque
Desdemona attend la mort dans la cabine de pilotage de la grue portuaire qui sert de décor unique;
son forfait achevé, Otello grimpe dans l'immense
bras de cet engin qui le projette par-dessus la
fosse vers les spectateurs: haletant, défait, il semble attendre un message qui tarde à venir d'en
haut... Si cette mise en œuvre plutôt primitive du
sujet shakespearien laisse perplexe, la réalisation
a
musicale est, elle, d'une solidité réjouissante.
Kristian Benedikt n'est pas l'Otello aux
nuances les plus raffinées qui se puisse imaginer,
mais sa prestation est bouleversante au plan scénique et son engagement vocal manifeste une
résistance à toute épreuve. Svetlana Ignatovich
s'approche de l'idéal en Desdemona, n'était une
tendance du timbre à se durcir dans l'aigu, surtout
dans les passages les plus ouvertement dramatiques au 3e acte. Simon Neal en Iago reste sur la
réserve dans son Credo mais campe au final un
personnage parfaitement adapté à la conception
du metteur en scène. Le reste de la distribution
est satisfaisant, sans plu. A la tête d'un orchestre
au jeu massif et bruyant, Enrico Delamboye rappelle une fois de plus que la musique lyrique italienne n'est pas son fort ... (Représ. du 11 janvier)
Médée redécouverte
Avec Médée, Marc Antoine Charpentier a
peut-être écrit son chef-d'œuvre absolu. Pour
cette première représentation en Suisse, le
Théâtre de Bâle a mis les petits plats dans les
grands en faisant appel à Andrea Marcon, dirigeant l'ensemble La Cetra directement issu des
rangs de la célèbre Schola Cantorum bâloise et
en confiant le rôle principal à Magdalena
Kozena, une des grandes pointures actuelles du
chant baroque. Le spectacle séduit et suscite l'enthousiasme du public par sa mise en scène iconoclaste: l'action se joue dans un condominium
moderne, empli de rares meubles 'design' au centre duquel trône un ascenseur permettant
quelques apparitions fantastiques sans grands
effets de soufflerie. Médée vit dans les sous-sols
alors que Jason et Glaucé (ou Créuse) se partagent un appartement qu'on imagine vaste et
luxueux, sis dans les espaces aérés de l'étage
noble. Les cinq actes s'apparentent, visuellement,
à une longue soirée où les fêtards perdent progressivement leur superbe jusqu'au final sanglant
qui laisse tout le monde pantois. A défaut de ren-
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a
«Médée» avec Magdalena Kožená, Meike
Hartmann © Hans Jörg Michel
dre justice au livret de Thomas Corneille dans
tout son raffinement, cette réalisation de Nicolas
Brieger a au moins le mérite de dénouer clairement les fils de l'action tout en respectant de loin
les codes de représentation des opéras royaux du
17e s. Sous la direction tour à tour pointilleuse et
rageuse d'Andrea Marcon, l'orchestre, situé sur la
partie droite de la scène, peine d'abord à remplir
le vaste auditorium de son jeu aux sonorités
compactes au point de paraître parfois franchement brouillonnes. Mais la beauté des soli des
vents, autant que la différenciation subtile des
voix des cordes assurent finalement à l'accompagnement instrumental une assise solide qui rend
pleinement justice à la complexité du langage du
compositeur. Les chanteurs manient le français
avec efficacité sinon élégance ou éloquence : les
vers du livret paraissent embarrassés dans la bouche de solistes pour qui la prosodie française un
rien précieuse de l'ouvrage reste lettre morte.
Trop grandiloquent, le chant devient alors
emphatique et finit par nuire à la compréhension
pourtant essentielle des vers qu'habillent une
musique délicate. Magdalena Kozena joue les
vedettes avec un aplomb sensationnel et obnubile par son chant prenant et son engagement scénique sans défaillance. Mais est-elle une Médée
apte à faire courir le frisson ? Décidément non...
Il y a trop de pose dans son jeu, trop de recherche
d'effets dans son chant. Le Jason au ténor presque
efféminé d'Anders J. Dahlin convient nettement
mieux à la situation dramatique dépeinte, tout
comme le Créonte au timbre profond et sonore de
Luca Tittoto. La Créuse au débit pépiant de
Meike Hartmann paraît par contre s'être trompée
de répertoire alors que l'Oronte sonore de Robin
Adams remplit sa tâche relativement brève avec
un maximum d'efficacité. (Représentation du 15
janvier)
Eric Pousaz
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entretien avec le directeur artistique de la cetra
Andrea Marcon
Dernière saison lyrique pour Georges Delnon, le directeur de Theater Basel, avant
qu’il ne s’envole pour de nouvelles aventures à l’opéra de Hambourg. On doit
aussi à sa perspicacité et son audace la programmation d’opéras baroques dont
certains sont rarement joués, comme cette Médée de Marc-Antoine Charpentier,
ou Juditha Triumphans d’Antonio Vivaldi, à l’affiche cette saison. Contrairement
à d’autres scènes lyriques, qui font jouer les orchestres accrédités, Georges Delnon
a fait appel à un orchestre baroque : La Cetra.
En Suisse, on retient l’excellence de
l’Ensemble 415 avec Chiara Banchini ou de
Giardino Armonico, avec Giovanni Antonini et
Luca Pianta, passés par la Schola Cantorum de
Bâle, centre mondial pour la recherche mais aussi
la pratique sur instruments anciens. De cette
Schola est aussi née en 1999 La Cetra, empruntant son nom au concerto éponyme d’Antonio
Vivaldi, le concerto de violon, opus 9. Ses
concerts donnés un peu partout en Europe et ses
productions lyriques sont salués à l’unanimité
par une critique dithyrambique. En 2009, La
Cetra reçoit le Prix Européen de musique ancienne et le label Deutsche Grammophon l’a accueilli
dans son cénacle très exclusif pour plusieurs
enregistrements. Depuis mai 2009, le claveciniste et spécialiste de la musique baroque Andrea
Marcon, qui a fondé et dirige également le
Venice Baroque Orchestra, préside aux destinées
de La Cetra. Entretien.
Pourquoi avoir créé en 1999 cet
orchestre et pourquoi serait-il meilleur que
d’autres ?
C’est une idée voire un rêve de l’ancien directeur
de la Schola Cantorum de Bâle. Il n’existait pas
d’orchestre baroque à Bâle, alors que la Schola
formait l’élite des musiciens, voués à jouer cette
musique. Il existait un orchestre de la Schola
avec les meilleurs étudiants mais le directeur
regrettait qu’ils partent rejoindre les meilleures
formations baroques. Pour les garder, il fallait
donc créer un orchestre professionnel, payer les
musiciens et engager un manager. Pour Médée
par exemple, ce sont des musiciens que je
connais depuis huit ans qui ont joué dans l’orchestre des étudiants. D’excellents musiciens très
liés entre eux et qui ne se retrouvent pas trois
jours avant pour la répétition. C’est un orchestre
ouvert, très international et des musiciens qui ont
fait un travail d’étude sur la musique ancienne.
En me choisissant comme directeur artistique,
l’idée était aussi de donner un profil à l’orches-
e
n
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chestre, et j’essaie de travailler pour le futur.
Pour les politiciens, la dignité artistique des
orchestres symphoniques est plus grande que
celle de l’orchestre baroque, alors qu’en réalité
nous ne rejouons pas des œuvres du répertoire,
nous faisons vraiment des premières. Imaginez
que Médée n’a jamais été donné en Suisse ni La
Concordia de’pianeti de Caldara. Cette Médée a
la même dignité qu’un opéra de Wagner et le livret de Corneille est un pur chef-d’œuvre. Mais
nous ne pouvons la jouer que grâce à un orchestre baroque, un orchestre moderne a un autre diapason et ne peut pas jouer ces œuvres.
Votre travail d’orchestre est-il le
même que pour les orchestres modernes ?
Andrea Marcon
© Harold Hoffmann /DG.jpg
tre, avec une programmation. Auparavant la
responsabilité artistique se faisait par concert
mais mon travail a permis de structurer l’orchestre, de lui tracer une ligne et le résultat, ce sont
les invitations aux festivals, les enregistrements
avec Deutsch Grammophon et la collaboration
avec Patricia Petitbon et Magdalena Kozena.
Comment comprendre que votre
reconnaissance internationale ne soit pas à la
hauteur des moyens financiers dont dispose
l’orchestre ?
C’est un peu un paradoxe à Bâle, qui est un centre mondial pour la musique baroque, de ne pas
avoir de subventions publiques, dont bénéficient
au contraire les orchestres baroques français. Ce
sont les orchestres symphoniques qui prennent
les subventions et il est difficile de retirer une
partie de ces fonds pour l’octroyer à l’orchestre
baroque. Mais nous avons bon espoir que cela
change, grâce au travail et à la reconnaissance
internationale de ces dernières années et grâce au
théâtre de Bâle, qui nous a permis de monter
beaucoup d’opéras, Calisto, Orpheo, Orlando
Furioso, Idomeneo, Fairy Queen, et donc de faire
un travail régulier. Avant cette collaboration, on
montait un projet comme si c’était à chaque fois
le dernier mais j’ai accepté en 2009 d’aider l’or-
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e
Quand on décide de travailler au centre de
musique ancienne à Genève, Bâle ou Versailles,
il y a, plus que dans les conservatoires où on joue
la musique comme on la sent, un travail de
recherche sur les sources musicales, l’orchestration. Bien sûr pour Bach, la recherche a déjà été
faite mais Vivaldi, Caldara ont tellement écrit
qu’on fait toujours de nouvelles découvertes.
Parfois, on a de la chance de trouver des protocoles ou des autographes mais parfois il n’y a que
des copies tardives pleines d’erreurs et il s’agit
d’apporter une transcription moderne pour l’orchestre, pour donner une profondeur à la lecture
musicale. Mais la qualité est aussi liée aux musiciens de l’orchestre, à leur talent d’interprètes.
Pendant longtemps on a pensé que jouer de la
musique ancienne ou baroque, c’était faire de la
recherche archéologique, récupérer des fossiles.
C’est apparemment juste mais en vérité, c’est de
la musique morte. L’acte musical doit être émancipé de la connaissance musicologique. La
recherche n’est qu’un moyen pour mieux l’interpréter et la musique est quelque chose de vivant.
Rendre la musique d’hier vivante à
l’auditeur d’aujourd’hui ?
Oui, mais pas seulement avec les yeux et les
oreilles du spécialiste. Plus qu’une analyse profonde, ce qui compte, c’est le moment créatif de
l’émotion musicale, cela doit être comme un feu.
La musique ne doit pas sonner comme un morceau travaillé, sinon elle est morte. Cela m’a
donné beaucoup de plaisir dans Médée car l’orchestre n’était pas dans la fosse mais sur le côté
de la scène, au cœur de l’action.
Propos recueillis par Régine Kopp
Discographie : Antonio Caldara, La Concordia de’pianeti
(2014), Baroque Arias and Songs (2012), Ouvertures de
Mozart (2011), Mozart’s Garden (2011), The Passions,
william Hayes (2009), La Serva Padrona de Paisiello
(2007), Madrigaux de Monteverdi avec Magdalena
Kozena (fin 2015).
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à zurich
Nouvelle Norma
Le rôle éponyme de l'opéra le plus célèbre de Bellini a, plus que tout autre, été
marqué par le passage météorique de Maria Callas. Toutes les grandes
interprètes qui lui ont succédé ont été mesurées à l'aune de son interprétation
incandescente, et il en ira encore longtemps ainsi. A Zurich, on a osé confié ce
rôle difficile entre tous à une artiste dont les débuts remontent à 2007
seulement; Maria Agresta, qui a déjà incarné ce personnage hors du commun
sur la scène du Tel Aviv Opera faisait à cette occasion ses débuts in loco. Le
résultat est, vocalement du moins, sidérant.
28
La voix ne connaît aucune limite : le souffle est long, les pianissimi les plus impalpables
passent la rampe sans effort apparent, et les
réserves vocales dont dispose encore cette cantatrice dans le fulminant final imposent le
respect. L'émission vocale superbement contrôlée incite la chanteuse à oser des rallentendi qui
auraient pu mettre à rude épreuve sa maîtrise du
souffle si elle avait disposé d'une technique
moins raffinée : ici, la ligne de chant n'est
jamais entachée d'effets disgracieux et plane
avec une élégance lumineuse sur le délicat
accompagnement orchestral que tissent les
membres du Philharmonia Zurich, inspirés
comme rarement sous la direction dynamique
de Fabio Luisi.
Maria Agresta, la nouvelle Norma
a
tion au service du langage épuré du compositeur
sans chercher à attirer indûment l'attention sur
elle. La mise en scène de Bob Wilson, revenu à
Zurich pour peaufiner ce travail de reprise d'une
réalisation datant de 2009, ravit les amateurs du
genre et irrite les autres. Dans le cas de Norma,
il serait pourtant difficile d'imaginer une transcription scénique plus belle et plus signifiante.
(Représentation du 8 janvier)
Tristan und Isolde, un simple
drame petit-bourgeois
Reprise dans la mise en scène de Claus
Guth datant de 2008, la production maison de
Tristan und Isolde a permis au public zurichois
de réentendre Nina Stemme, qui est actuellement une des plus grandes interprètes de ce
rôle-marathon. De fait, avec les années, le matériau vocal s'est encore bonifié : l'aigu se déploie
avec une intensité lumineuse qui chercherait
son pareil loin à la ronde tandis que la fourchette de nuances à la disposition de la chanteuse
suédoise s'avère d'une confondante richesse.
Sans effort apparent, l'artiste survole un premier
acte où elle est constamment placée au premier
plan par un compositeur qui ne semble pas
Musicalement, cette Norma paraît déjà
d'une étonnante maturité chez une interprète
aussi jeune; il ne lui manque peut-être qu'un
brin d'assurance dans la gestuelle, mais il faut
dire que les déplacements au ralenti et les poses
hiératiques voulues par le metteur en scène Bob
Wilson
ne
permettent
pas
aux interprètes de s'éclater !...
Autour de cette nouvelle diva, l'Opéra zurichois a réuni une distribution d'une rare cohésion
:
Roxana
Constantinescu
en
Adalgisa fait montre
d'un goût musical aussi
affirmé que sa collègue
et brosse à la fois avec
énergie et retenue le
portrait d'une jeune
amoureuse dont les
émois vibrent d'une
passion qui transforme
les deux duos avec
Norma en joutes vocales d'une surprenante
pugnacité
vocale..
Marco Berti est un
Nina Stemme, l’une des grandes Isolde du moment, photo Tanja Niemann
Pollione aux accentuations violentes qui malmènent parfois les déli- s'être soucié des limites naturelles de la voix
cates arabesques belliniennes, mais la figure du humaine : dès les premières notes, le timbre
Romain hautain et infidèle est superbement ren- brillant de l'interprète suédoise se coule dans la
due, alors que celle de l'amoureux aux musique avec naturel et fait intensément partatransports délicats reste, elle, à peine esquissée. ger aux auditeurs les diverses étapes de sa frusWenwei Zhang, enfin, s'impose comme un tration et de son amour naissant pour celui qui a
Oroveso très autoritaire, dont la basse sonore été le meurtrier de son chevalier servant. Dans
sait néanmoins conserver l'once de chaleur le deuxième acte, construit entièrement autour
nécessaire pour laisser transparaître, sous l'in- du long duo d'amour, la voix se love avec déliflexibilité du personnage, une réelle tendresse ces dans les mélismes musicaux qui lui sont
pour sa fille. Le chœur est tout simplement par- réservés mais ne parvient plus au même degré
fait alors que la direction de Fabio Luisi, tour à d'exaltation par la faute du Tristan robuste, mais
tour emportée ou alanguie, se met avec abnéga- peu inspiré, d'un Stephan Gould dont le mérite
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premier est de chanter toutes les notes sans faiblir, parfois au prix d'une intonation hasardeuse.
Mais le Liebestod la retrouve au mieux de sa
forme : le chant semble progressivement se fondre dans l'orchestre, comme s'il s'y noyait, et
finit sur une note où la fusion avec les timbres
instrumentaux fait courir un long frisson d'extase parmi un public comblé.
A côté du Tristan musclé et pétulant du
chanteur américain, on retrouve avec émotion le
roi Marke à la voix caverneuse et encore enveloppante de Matti Salminen, la Brangäne aux
accents bouleversants de Michelle Breedt et le
Kurwenal au timbre inhabituellement corsé et
profond de John Lundgren.
A la tête d'un Philharmonia Zurich des
grands jours, John Fiore empoigne la partition à
bras le corps, sans toutefois en faire ressortir
tous les sortilèges charnels tant le goût de la dissection du matériau sonore l'emporte sur l'abandon sensuel. Mais un tel accompagnement a au
moins le mérite de ne jamais couvrir les voix et
de prolonger éloquemment chaque élément du
discours.
La mise en scène de Claus Guth se plaît à
souligner la parenté entre le sujet légendaire
choisi par Wagner et la biographie du compositeur qui a vécu quelques mois à Zurich dans la
propriété d'un admirateur dont il convoitait la
femme. Le plateau tournant présente différentes
pièces d'une villa bourgeoise qui rappelle la
propriété des Wesendonck sise sur les bords du
lac, presque en face de l'Opéra zurichois. De
longs flashbacks pendant le deuxième acte présentent au public les lentes étapes de la montée
de la passion entre les deux amants au cours de
ces soirées mondaines où rien de personnel ne
peut se dire mais où tous les sous-entendus érotiques restent possibles, le tout culminant sur le
coït du couple adultère qui se couche sur une
table où s'amoncellent les reliefs d'un repas de
gala!.. Une telle relecture ne manque certes pas
d'intérêt, mais elle a néanmoins quelque chose
de réducteur qui va à l'encontre du message
musical : au final, ce spectacle laisse l'impression d'un travail intelligent qui vieillit plutôt
mal. (Représentation du 25 janvier)
Eric Pousaz
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à berne
Salomé en sœur
de Lulu
Enfant gâtée d'un ménage bobo plein aux as, naturellement propriétaire d'un loft
de luxe, Salomé se présente au public bernois dans une tenue improbable (shorts
trop courts, boléro ajusté à l'extrême, démarche dégingandée, mine effrontée et
méprisante) et, dès le départ, n'en fait qu'à sa tête au milieu des invités
d'une fête déjantée.
Sûre de son succès, elle traverse la Danse
des sept voiles sans se défaire de ses vêtements
(ce sont les hommes qui se livrent à sa place à un
lent strip-tease ... ) avant de se recroqueviller
voluptueusement autour de la tête coupée du seul
mâle qui a osé lui résister, curieusement appelé
Jochanaan dans un tel contexte. A défaut de
convaincre l'amateur d'opéra, cette actualisation
du sujet permet au metteur en scène allemand
Ludger Engels de souligner la modernité du sujet
en en montrant les prolongements dans le monde
d'aujourd'hui. Mais la laideur des éclairages frontaux, des costumes de Ria Schachtenbeck faits de
entre les voix instrumentales pour ne pas sombrer dans le chaos ambiant. De plus, malgré la
puissance du jeu orchestral, les voix passent aisément le rideau sonore tendu depuis la fosse et
emplissent sans peine le petit auditorium du théâtre. John Uhlenhopp et Claude Eichenberger
incarnent le couple décadent avec une rigueur
vocale qui sait éviter le piège de la caricature
facile, ce qu'Allison Oakes en Salomé a plus de
peine à réaliser avec son timbre parfois dur et
vibrant à l'excès. Splendides tant par la plénitude
de leur chant que par leur engagement scénique,
le Jochanaan d'Aris Argiris et le Narraboth de
«Salomé» © Anne Bouteiller
bric et de broc, et une direction d'acteurs répétitive entachent ce projet scénique de défauts
majeurs qui font paraître bien longs ces sept
quarts d'heure de musique...
L'Orchestre Symphonique de Berne se montre particulièrement brillant sous la direction de
Fabrizio Ventura, emportée mais en même temps
suffisamment fine dans l'analyse et les dosages
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Michael Feyfar font honneur à la politique d'engagement de chanteurs encore peu connus sur
une scène de moyenne importance, tout comme
la bonne demi-douzaine d'interprètes qui se partagent les rôles épisodiques mais non secondaires
de cette sulfureuse partition. (Représentation du
28 janvier)
Eric Pousaz
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à avignon
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à lyon
Don Pasquale
Idomeneo
Une très belle et réjouissante représentation de l’opéra
buffa de Donizetti, qui sait également faire une place aux
moments de poésie et d’émotion.
Après avoir été copieusement sifflée il y a deux mois au
Covent Garden de Londres, la production de Martin
Kusej recueille de nouvelles huées à l'Opéra de Lyon.
Pour le metteur en scène Andrea Cigni, le barbon Don Pasquale est
avant tout un radin qui enferme ses richesses dans un coffre-fort géant, et
dans la maison duquel on entre comme dans une chambre forte, après avoir
fait pivoter la lourde porte sur la paroi blindée, celle-ci prenant toute la hauteur du cadre de scène. L’apparition de Norina est bien plus bucolique, elle
descend d’une balançoire couronnée de fleurs, à côté de papillons qui volètent et d’un pigeon lui apportant une lettre. Plus tard à l’acte III, les lingots
ont disparu et les liasses de billets se font rares, tandis que Norina, blonde
platine à la Marylin Monroe, a investi dans un mobilier chic : divan et fauteuils blancs, ours polaire en descente de lit surdimensionnée, … La soprano Anna Sohn (Norina) est virevoltante, et améliore très nettement sa musicalité ainsi que la tenue de sa ligne vocale à mesure que la représentation
avance ; elle démarre en effet avec beaucoup d’énergie et peu de raffinement, mais se montre tour à tour piquante et émouvante au dernier acte.
Simone del Savio dans le rôle-titre n’a qu’une peur, c’est qu’on lui vole son
sou-fétiche, conservé sous cloche exactement comme chez Oncle Picsou.
Vocalement le timbre est splendide et bien projeté. L’autre baryton Alex
Martini (Malatesta) semble moins aguerri techniquement, d’une intonation
moins précise et des graves moins présents, mais tous deux réussissent avec
brio leur célèbre duo sillabato « Cheti, cheti » dans la première scène du III.
La belle surprise est l’élégance du phrasé développé par le ténor Sergeï
Romanovsky (Ernesto), de couleur belcantiste, claire et tout de même d’une
certaine épaisseur. Quelques mesures en début d’ouverture sont nécessaires
au chef Roberto Fores-Veses et à l’Orchestre Régional Avignon-Provence
pour trouver un niveau acceptable de réglage, mais de petits décalages (du
chœur également) sont perceptibles par la suite, le solo de trompette en
début du II par exemple manque d’assurance, même si celle-ci arrive à bon
port sans incident flagrant.
Il faut dire que tous les tics et trucs du Regietheater sont exposés dès
les premières minutes, déjà vus plusieurs fois pour la plupart. Au lever du
rideau, des miliciens déboulent, crânes
rasés, lunettes et uniformes noirs,
mitraillette au poing et index constamment sur la gâchette. Ils brutalisent,
bousculent, frappent les prisonniers qui
roulent par terre, y compris la princesse
troyenne Ilia à qui on apporte quand
même assez vite un manteau plus digne
de sa condition. Avec une haute porte en
place à gauche, le décor tournant constitué de quatre faces de parois blanches et
noires percées d’ouvertures permet d'enchaîner rapidement entre les scènes d'extérieur et d'intérieur. Le jeu des acteurs
est parfois convenu, avec beaucoup d'allers et retours comme Idamante qui sort
de scène pendant son premier air mais Kate Aldrich et Elena Galitskaya
© Maurin
revient en courant pour son 2ème couplet, ou encore de traversées de long en
large, par exemple pour Idomeneo dans son très long air du II qui paraît bien
embarrassé dans ses gestes. Certains passages sont réussis, comme la séduction opérée par Elettra auprès d'Idamante, mais la réalisation porte de trop
nombreuses violences gratuites et répétées, ainsi que quelques séquences de
provocation, lorsque les figurants déballent de leur sac plastique un poisson
qu'ils essaient de faire frétiller, puis passent à une swim dance généralisée.
La direction musicale de Gérard Korsten démarre de manière plutôt classique, puis acquiert de la dynamique à partir du premier air d'Elettra, en donnant ressort et relief aux récitatifs, même si certains passages comme le quatuor du III ou le finale baissent en intensité. Dans le rôle-titre, le ténor
Lothar Odinius possède une voix très large, qui confère une impressionnante autorité à ses interventions, en particulier à ses récitatifs. Sa ligne de chant
est scrupuleusement conduite, y compris dans le difficile « Fuor del mar »
où il se sort sans encombres des passages virtuoses, avec une vocalise plus
travaillée que naturelle. Kate Aldrich (Idamante) met un peu de temps à bien
poser sa voix, puis la richesse du timbre et l'engagement de la chanteuse
emportent vite l'adhésion. Elena Galitskaya est une superbe Ilia, délicate et
musicale. Ingela Brimberg (Elettra) semble nettement plus à l'aise dans ses
airs de fureur que dans les passages élégiaques, émettant plusieurs aigus
pointus et agressifs. Pour compléter les rôles principaux, Julien Behr fait très
belle impression en Arbace, la voix est élégante, à l'opposé du traitement
qu'en fait le metteur en scène lorsque le personnage trébuche, bonnet de
laine sur la tête, chemise de bûcheron et accordéon en bandoulière.
François Jestin
Donizetti : DON PASQUALE – le 27 janvier 2015 à l’Opéra Grand Avignon
François Jestin
Sergeï Romanovsky et Simone del Savio © Delestrade
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Mozart : IDOMENEO – le 23 janvier 2015 à l’Opéra de Lyon
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à marseille
Les Caprices de
Marianne
Le Centre Français de Production Lyrique (CFPL) renouvelle l’expérience du Viaggio a Reims de Rossini en 2008,
en montant Les Caprices de Marianne en coproduction
avec 15 maisons d’opéra.
dant ici en Marianne, le chant étant sans reproches avec une bonne qualité de français mais pas exceptionnelle. Aucun besoin en revanche de lire
les surtitres avec le ténor Cyrille Dubois (Coelio), expressif et délicat, la
voix portant idéalement, tout comme pour le baryton Philippe-Nicolas
Martin, joliment timbré et engagé dans le rôle plus développé d’Octave.
La basse Thomas Dear (Claudio) peut encore progresser dans sa projection du son, l’autre ténor Raphaël Brémard caractérise avec humour le rôle
de Tibia, et on comprend sans peine Sarah Laulan distribuée en Hermia.
Après Marseille, le spectacle voyagera à Tours, Rennes, Avignon, puis la
saison prochaine à Limoges, Rouen, Montpellier, Nice, Saint-Etienne,
Toulouse, Vichy, ainsi qu’à l’avant-scène opéra de Neuchâtel.
François Jestin
Sauguet : LES CAPRICES DE MARIANNE – le 29 janvier 2015 à l’Opéra de Marseille
La réalisation visuelle confiée à Oriol Tomas, retenu à l’issue d’un
appel d’offres réunissant 53 concurrents, doit évidemment pouvoir s’adapter rapidement à des cadres de scène de tailles différentes, mais cette
contrainte n’amène à aucun moment une sensation de production faite à
l’économie. Le décor unique de Patricia Ruel situe l’action à l’intérieur de
la Galleria Umberto Primo à Naples, en figurant de petits éléments de
voûte qui partent en perspective. Avec un bassin au centre, qui servira de
baignoire en début de 2ème acte lorsque Coelio se fera frotter le dos par
sa mère, le plateau change très rapidement d’aspect sous les éclairages
efficaces réglés par Etienne Boucher, ainsi que les effets de fumée très
suggestifs. Le dispositif est simple, lisible et de bon goût, favorisant un jeu
naturel des protagonistes. Créée en 1954 à Aix-en-Provence sur une commande du festival à Henri Sauguet, la partition n’est pas toujours égale
avec certains passages de conversation en musique beaucoup moins séduisants que d’autres morceaux comme par exemple l’entrée du ténor Coelio
au 1er acte, mesures dignes d’un Pelléas et Mélisande. Sous la direction
musicale précise et légère de Claude Schnitzler, montant en densité dra-
Philippe-Nicolas Martin et Zuzana Markova © Dresse
matique à l’acte II, l’ouvrage paraît globalement bien plus passionnant et
moins décousu que La Chartreuse de Parme du même compositeur proposée ici-même en 2012.. Le projet porté par le CFPL, dont la mission est
la promotion et l’insertion professionnelle de jeunes chanteurs, a sélectionné une double distribution, dont certains artistes de la première équipe
mènent déjà une belle carrière internationale. C’est d’abord vrai pour la
soprano Zuzana Markova dans le rôle-titre, vue ces dernières années à
Marseille dans de formidables Lucia et Traviata, moins marquante cepen-
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à monte-carlo
Guillaume Tell
Guillaume Tell, grand opéra français, représenté dans la
petite salle Garnier : le spectateur en prend comme attendu
plein les oreilles, mais les yeux sont moins à la fête.
Bien conscient de l’exiguïté des lieux, Jean-Louis Grinda a débarrassé
le plateau de tout accessoire, à l’exception de quatre chaises pendant l’acte
IV et puis bien avant cela, immédiatement après l’ouverture, un soc tiré à
force d’homme en travers de la scène par un Guillaume Tell massif, certainement la plus belle image de la soirée. L’espace est limité sur ses trois côtés
par des parois constituées de deux rangées de panneaux représentant un paysage de montagne, une cascade, et plus tard un
château peu esthétique. Pour l’air d’entrée de Mathilde, sa
« Sombre forêt » est chantée derrière un tulle d’arbres peints,
sans grand contraste, puis lorsqu’Arnold la rejoint, l’ambiance
faite de lumières verdâtres évoque deux personnages au fond
d’un aquarium… Le trio qui suit dans des éclairages plus simples
et naturels passe bien mieux, les représentants des trois cantons
sortant de manière très prévisible au travers des panneaux pivotants. Malgré leurs efforts, Gessler et ses sbires au III sont certes
menaçants mais peu effrayants, et lorsque le fond de décor se
soulève complètement à la fin de l’opéra, c’est non seulement un
soulagement pour Guillaume et ses amis… mais pour le spectateur aussi ! Sur un fond joliment bleuté, le moment est émouvant
avec des chœurs qui finissent de donner tout ce qu’ils ont dans la
cage thoracique ! Familier de l’œuvre qu’il dirigeait déjà en 1995
à Pesaro, le chef Gianluigi Gelmetti insuffle une direction puissante et assez classique dans ses tempi. Il ne subsiste que peu des danses de
l’acte I, mais c’est surtout la partition de l’acte III qui subit de nombreuses
coupures ; à noter enfin sur l’air « Sois immobile » de Guillaume le très inhabituel – et bien curieux ! – accompagnement par plusieurs violoncelles, et
non plus par un instrument solo, ce qui réduit l’équilibre et la solennité de
cette page d’anthologie. Le Guillaume Tell de Nicola Alaimo paraît sans
rival aujourd’hui, pour ce qui est de la diction, la qualité et l’ampleur vocales, l’humanité qu’il dégage. En prise de rôle dans Arnold, Celso Albelo
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Nicola Alaimo et Celso Albelo © Opéra de Monte-Carlo
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semble s’économiser (il chante peu dans les ensembles… voire pas du tout
lorsqu’il baisse la tête sous son chapeau !) pour se concentrer sur ses difficiles interventions. Le résultat est impressionnant, la voix toujours élégante
devient brillante dans son grand air du IV, un point restant toutefois à améliorer, la prononciation du français. Annick Massis (Mathilde) est en très
grande forme et se permet de petites variations électrisantes sur son air d’entrée. Elocution superlative, agilité, volume… on a du mal à croire qu’il s’agit pour elle également d’une prise de rôle ! Le soin apporté à la distribution
des autres rôles ajoute encore à la qualité du plateau, à commencer par les
voix graves : Patrick Bolleire (Melchtal), Nicolas Cavallier (Walter),
Philippe Ermelier (Leuthold), et surtout Nicolas Courjal, un Gessler de belle
autorité. Le ténor Mikeldi Atxalandabaso (Ruodi) claironne ses aigus, Alain
Gabriel (Rodolphe) étant beaucoup moins convaincant. Le timbre d’Elodie
Méchain (Edwige) est très racé et les aigus de Julia Novikova (Jemmy) se
font entendre sans peine dans les grands ensembles.
sont tantôt dispersés, tantôt regroupés lorsque la tempête menaçante approche. La confrontation entre Grimes et Baltrode au
premier acte est un vrai grand moment d'opéra : les deux hommes s'empoignent, postillonnent à qui mieux mieux, Grimes prenant congé avec des bras d'honneur répétés plus vrais que nature ! Des chaises alignées et une croix projetée suffisent à évoquer
l'église au II. Les quelques projections vidéo de Paolo Correa
sont très réussies : des vagues sur la mer déchainée, des objets
qui sombrent dans les fonds marins en annonçant la scène qui
suit – roses, chaises, bibles –, jusqu'à la séquence virtuose du
dernier interlude musical du II où les choristes gravissent les
escaliers menant à la passerelle, à la fois dans le film projeté et
physiquement derrière le rideau en transparence. La direction
musicale du chef Bruno Ferrandis est brillante, les cordes sont
soyeuses et expressives, souvent émouvantes, le chef donne
absolument tous les départs aux artistes avec une précision qui
ne souffre aucune approximation.
John Graham Hall est un grand Peter Grimes, pas précisément par le
raffinement du timbre, mais la couleur est bien celle du rôle, la projection
est insolente, et l'acteur tourmenté et enthousiasmant. Fabienne Jost en
Ellen Orford est absolument remarquable, on croit entendre une Anglaise,
avec un style sans doute plus agressif dans le timbre et sévère dans l'allure
que d'ordinaire, portant jupe plissée et cravate noire sur chemisier blanc.
François Jestin
Rossini : GUILLAUME TELL – le 25 janvier 2015 à l’Opéra de Monte-Carlo – Salle
Garnier
John Graham Hall au premier plan © Jaussein
à nice
Peter Grimes
Avec ce spectacle d'une exceptionnelle qualité, l'Opéra de
Nice renoue avec son glorieux passé de scène lyrique de
tout premier plan.
C'est en premier lieu la nouvelle production de Marc Adam, directeur
artistique de la maison depuis fin 2012, qui est un sans-faute. Le fond de
scène est un hémicycle (décors de Roy Spahn) pouvant tourner sur le plateau et montrer sa surface extérieure faite de structures métalliques, qui figure la cabane de Grimes à la fin du 2ème acte. Une passerelle intérieure épousant cette forme circulaire se déplace également afin que les choristes puissent entrer et sortir, souvent à une hauteur vertigineuse. Le jeu est réglé avec
à la fois densité et naturel, comme dans le pub « The Boar » où les villageois
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Vincent Le Texier (Balstrode) fait valoir un instrument bien en place, mais
la qualité de son anglais, en particulier parlé dans les derniers instants de
l'œuvre, est perfectible, défaut que l'on peut reprocher encore plus à André
Cognet (Swallow). Le ténor Edward Mout (Bob Boles) est superbement
expressif, tout comme les deux « nièces » Hélène Le Corre et Anne
Ellersiek, le petit point faible venant de la “tantine“ Manuela Bress, qui parleplus qu’elle ne chante, la ligne vocale étant désordonnée même en admettant une bonne dose de caricature pour ce personnage. Sophie Fournier, en
Mrs Sedley bien vieillie, complète agréablement les rôles principaux.
François Jestin
Britten : PETER GRIMES – le 24 janvier 2015 à l’Opéra de Nice
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à madrid
Roméo et Juliette /
Death in Venice
Deux artistes semblent supérieurement inspirés ce soir, et
pas les moindres pour cette représentation concertante :
Michel Plasson et Roberto Alagna.
Défenseur obstiné et amoureux du répertoire français, le chef, aux commandes d’un orchestre techniquement impeccable et d’un chœur à la diction
perfectible, donne couleurs, sentiments, sensualité à la musique, se permettant quelques ralentissements surprenants… et captivants ! On gardait un
souvenir très marquant de Roberto Alagna en Roméo en 1994 à l’Opéra
Comique, eh bien 20 ans plus tard le ténor français est encore capable de
prodiges dans ce rôle. Le timbre sonne incroyablement juvénile, il donne
une leçon de prononciation et de legato, l’instrument est sous contrôle sur
toute l’étendue du registre, y compris pour émettre les aigus en voix de tête.
Sa partenaire Sonya Yoncheva, à coup sûr l’une des meilleures Juliette
actuelles, est dotée de possibilités vocales hors du commun, en termes de
puissance, d’agilité, elle est capable d’effets éblouissants piano / forte, chantant parfois sur un souffle, mais peut encore progresser sur la diction. Une
autre chanteuse fait forte impression dans les courtes interventions du rôle
de Stéphano, Marianne Crebassa au timbre d’une grande richesse et à l’émission toujours homogène, tandis que Diana Montague trouve la juste dose
de caricature pour le personnage de Gertrude. Côté masculin, aux côtés de
«Death in Venice» © Javier del Real
bons Tybalt (Mikeldi Atxalandabaso), Mercutio (Joan Martin-Royo), Frère
Laurent (Roberto Tagliavini), ou encore un très prometteur Duc de Vérone
(Fernando Rado), il est dommage que Laurent Alvaro (Capulet) soit en nette
méforme, accusant une instabilité récurrente.
A noter que même sans costumes ni décors, il s’agit beaucoup plus d’un
opéra que d’un concert : aucune partition dans les mains des protagonistes,
Roméo et Juliette s’embrassent à l’envi, s’agenouillent devant Frère
Laurent, et meurent allongés sur le plateau.
En création au Teatro Real de Madrid, Death in Venice de Britten est
représenté dans la production de Willy Decker, déjà donnée au Liceu de
Barcelone en 2008. Les décors des nombreuses scènes successives sont
plantés très rapidement et certaines idées sont formidables comme le cabinet tout noir de l’écrivain en panne d’inspiration qui se transforme en gondole avec une vidéo de mer en fond de plateau, image de Charon traversant
le Styx. D’autres passages sont plus discutables, comme l’explicitation –
même en rêve à la fin du 1er acte ! – du désir d’Aschenbach, qui embrasse
très amoureusement Tadzio en vidéo et danse avec le bel adolescent nu, ce
choix rompant le subtil équilibre de la suggestion, de l’attirance contrôlée ou
de l’attente contenues dans l’opéra.
Dans le rôle écrasant de Gustav von Aschenbach, en scène quasiment
en permanence, le ténor John Daszak, récent Siegfried dans la tétralogie du
GTG, ne faiblit pas, claironnant ses aigus et interprétant avec intelligence les
affres de l’écrivain. Le baryton-basse Leigh Melrose qui joue les 7 personnages (de dandy, gondolier, barbier, …) accuse un déficit de graves, mais
compense par un jeu et une vocalité beaucoup plus dynamiques que d’ordinaire, en campant par exemple un directeur de l’hôtel survitaminé. La jolie
« voix d’Apollon » du haute-contre Anthony Roth Costanzo provient avec
un agréable mystère des étages supérieurs, et l’ensemble est placé sous la
baguette d’Alejo Pèrez, aux commandes de cordes envoûtantes et de bois,
cuivres et percussions bien précis.
François Jestin
Gounod : ROMEO ET JULIETTE – le 16 décembre 2014 au Teatro Real de Madrid
Britten : DEATH IN VENICE – le 17 décembre 2014
Michel Plasson, Sonya Yoncheva et Roberto Alagna © Javier del Real
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prix de lausanne
Danseurs étoiles :
relève assurée
Comme celle du papillon, la vie d’un danseur est de courte
durée. Dès l’âge de trente ans, le corps ne réagit plus
comme avant et à la quarantaine on est obligé de prendre
sa retraite. Mais les compagnies regorgent de danseurs
étoiles, c’est parce que chaque année, de jeunes danseurs et
danseuses prennent la relève.
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Australiens. Les Asiatiques n’ont pas manqué. Non seulement ils venaient
de leurs pays (le Japon et la Corée du Sud) mais ils étaient présentés par
des écoles européennes comme celles de Stuttgart, de Monte-Carlo et de
Lisbonne.
Quatre danseurs et deux danseuses ont obtenu un Prix de Lausanne
bourse, et la sémillante Lou Spichtig a reçu le prix de la meilleure
Suissesse ainsi que le Prix du public. Le jeune Harrison Lee, Australien de
quinze ans et demi, a obtenu le 1er Prix et la médaille du meilleur danseur.
Il était tout simplement époustouflant, malgré son jeune âge : des sauts
magnifiques, un travail des pieds très propre. Le jeune Portugais Miguel
Pinheiro a remporté un Prix bourse ainsi que le Prix de la meilleure exécution de la variation contemporaine. Il faut dire que ces variations sont de
mieux en mieux interprétées. Et un bon danseur de contemporain sera
meilleur danseur de classique.
Parmi les lauréats se trouvent trois Asiatiques, un Japonais une
Japonaise et une Coréenne. Cette dernière était une Gamsatti convaincan-
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Lou Spichtig, photo Gregory Batardon
Au prix de Lausanne, le plus grand concours à échelle mondiale pour
jeunes danseurs, sont révélés chaque année les nouveaux talents en formation. Les écoles européennes qui fournissent des candidats chaque année
sont celles de Monte-Carlo, de Cannes (Rosella Hightower), de Stuttgart,
ainsi que le conservatoire de Lisbonne et la Tanz Akademie de Zurich.
Mais cette année beaucoup de candidats provenaient des Etats-Unis et
d’Australie.
300 jeunes danseurs ont envoyé un enregistrement de leur variation.
70 ont été invités à venir à Lausanne. Le niveau était élevé cette année et
le travail du jury n’a pas été facile. 20 candidats et candidates ont été
sélectionnés pour la finale, parmi eux sept Américains du nord et 4
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te (La Bayadère) et sa variation extraite du Sacre du printemps de Richard
Wherlock était captivante. Comme l’an passé un candidat américain qui
fait sa formation à l’école de danse du Bolchoï a obtenu un Prix de
Lausanne Bourse.
Il ne faudra pas attendre longtemps avant de trouver ces danseurs et
danseuses à la tête des grandes compagnies du monde.
Emmanuèle Rüegger
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salle des fêtes du lignon
LA Dance project
Le LA Dance project, compagnie américaine basée à Los
Angeles, sera à Vernier les 27 et 28 mars 2015 avec un
programme comprenant trois chorégraphies.
Millepied constitue son répertoire avec ses propres pièces mais aussi des
œuvres de William Forsythe ou Merce Cunningham (voir n°254 et n°261
de Scènes magazine) et des commandes d’Emanuel Gat ou Justin Pecq.
En 2013, il est choisi par Stéphane Lissner pour prendre la direction
de la danse de l’Opéra de Paris. Malgré la responsabilité de cette nouvelle fonction, Benjamin Millepied continue de s’engager dans l’aventure du
LA Dance project.
Stéphanie Nègre
Vendredi 27 mars 2015 à 20h00 & Samedi 28 mars 2015 à 20h00
Location : Service de la culture, 022 / 306.07.80
ou www.vernier.ch/billetterie
Elève au conservatoire national supérieur de musique et de danse de
Lyon, Benjamin Millepied achève son cursus à la school of American
Ballet. Il remporte le Prix de Lausanne en 1994 puis est engagé au New
York City Ballet. Il gravit rapidement les échelons de la compagnie et
devient « principal dancer » en 2001 et l’un des interprètes favoris de
Jérôme Robbins. Parallèlement à sa carrière de danseur, il commence à
chorégraphier et forme, avec des solistes des grandes compagnies américaines, Les Danses concertantes. Avec ce groupe, il tourne en Europe et en
Amérique pour présenter grands classiques et pièces plus contemporaines
(vor n°219 de Scènes magazine).
En 2011, Benjamin Millepied prend sa retraite de danseur puis monte,
en 2012, sa compagnie, le L.A. Dance project, basée à Los Angeles, avec
le producteur Charles Fabius et les musiciens Nicholas Britell et Nico
Muhly. Cette compagnie a pour but de rassembler des artistes d’horizons
différents autour de projets chorégraphiques avant-gardistes. Benjamin
Dans ce programme, Benjamin Millepied a choisi d’inclure Quintett,
chef d’œuvre de William Forsythe. Equilibre, déséquilibre, corps qui se
rencontrent entre fluidité et tension, cet œuvre pour cinq est la quintessence du style développé par le chorégraphe américain. Dans une pénombre
mélancolique, sur la musique de Gavin Bryars où un homme répète à l’infini « Jesus’blood never failed me yet » les danseurs nous renvoient l’étrange sentiment du regret, du passé, la perte irrémédiable qui jalonne la
vie. Forsythe la crée en 1993, après la mort de sa femme. C’est une œuvre
déchirante que les danseurs du LA Dance project interprètent à la perfection.
L.A. Dance Project © Benjamin Millepied
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la comédie de genève
Le théâtre a-t-il pour vous une dimension sacrée ?
Du 10 au 29 mars, la Comédie présente une adaptation théâtrale du
Laboureur de Bohême de Johannes von Tepl. Écrit en 1401, ce duel verbal
qui met aux prises un homme venant de perdre sa bien-aimée avec la Mort
interroge les risques que court une société qui considère la mort comme un
tabou. Aux commandes de cette étonnante création, Simone Audemars
nous présente son projet.
Oui, en donnant la parole à ces fantômes que
sont les personnages qui hantent les œuvres dramatiques, le théâtre est doté d'un caractère
sacré. Le comédien rappelle d'ailleurs un peu la
figure du chamane, en ce qu'il mobilise son
corps afin de donner vie à une parole qui n'existait que sous la forme d'un texte. Il est confronté à l'au-delà, puisque les mots, une fois énoncés, sont déjà morts. L'expérience de la parole
au théâtre me fait penser à un souvenir d'enfance : je tiens un ballon et, au moment où je le
lâche, je me rends compte que je ne pourrais
plus le rattraper. Il est définitivement parti,
comme tous les mots que l'on profère.
Le Laboureur de Bohème
Qu'est-ce qui vous a séduit dans le
texte de Johannes von Tepl ? Pourquoi le
porter à la scène ?
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J'ai déjà mise en scène deux pièces abordant la
thématique de la mort, La Maladie de Sachs de
Martin Winkler en 2006 et La Mastication des
morts de Patrick Kermann en 2008. Le
Laboureur de Bohème est un texte essentiel
dans la culture occidentale. Écrit à un moment
charnière, au début du XVème siècle, il annonce tout à la fois le courant de pensée humaniste
et le mouvement de la Réforme en affirmant la
liberté de l'homme dans son rapport à Dieu. Il
s'agit d'une dispute évoquant les dialogues
socratiques, qui confronte un élève, le laboureur, à son maître, la Mort. Or, le dialogue et le
conflit constituent selon moi l'essence du théâtre. Il m'a donc semblé stimulant de transposer
sur scène ce texte étonnant qui continue de nous
interpeller six cent ans après sa rédaction, afin
d'en éclaircir les enjeux. Par ailleurs, il s'agit
d'une œuvre qui mobilise un engagement très
fort de la part des comédiens. Ceux-ci doivent
parvenir à faire jaillir de ce texte traitant de la
vie et de la mort une parole enrichie par leur
propre expérience humaine.
Comment le théâtre, art vivant, peutil parler de la mort ?
Le théâtre, de par sa nature éphémère, est l'art
qui parle le mieux de la mort. Chaque représentation surgit du néant, s'invente et puis meurt.
Quelque chose d'absolument unique se crée
chaque soir entre la salle et la scène, mais s'efface aussitôt dans l'instant qui le suit. La pièce,
une fois achevée, ne subsiste guère qu'à travers
les souvenirs de ses spectateurs. Or, c'est précisément ce dont parle le texte de von Tepl, qui
traite de la douleur des survivants. À un
moment, le laboureur dit que si le corps de son
épouse n'est plus animé par la vie, elle continue
néanmoins d'habiter sa mémoire... La thématique du texte en fonde la théâtralité.
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Quel rapport souhaitez-vous instaurer avec le public ?
Comme s'il était convoqué auprès du veuf, le
«Le Laboureur de Bohème»
public sera dispersé de part et d'autre de la scène
du duel oratoire, qu'il encadrera. L'atmosphère
d'intimité ainsi créée, et la scénographie élaborée par Roland Deville tout entière, évoquent le
rituel de la veillée funèbre, qui voit les proches
du défunt se réunir autour du corps de celui-ci
pour prendre acte de sa disparition. Le corps de
la femme ne sera toutefois pas présent sur
scène, mais il la hantera sous forme de traces
invisibles. J'aimerais que les spectateurs se sentent directement concernés par le spectacle
auquel ils assistent et qu'ils soient renvoyés à
leur propre appréhension de la mort. Afin d'assurer un lien fort entre la pièce et son public,
celui-ci sera pris à parti par le laboureur et la
Mort, qui évolueront sur scène dans un décor
sobre, dans les tons noirs et gris, éclairé de
manière uniforme.
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Comment aborde-t-on la mort
aujourd'hui ?
On n'en parle justement pas assez. Elle est l'objet d'un déni. La force du Laboureur de Bohème
est justement de la placer au cœur de la vie, de
mettre en évidence le rôle moteur qu'elle joue
dans nos existences. Sans la mort, nous ne saurions nous investir pleinement et intensément
dans la vie.
Propos recueillis par Emilien Gür
Le Laboureur de Bohême – Dialogue avec la mort de
Johannes von Tepl, la Comédie, du 10 au 29 mars, m.e.s.
Simone Audemars
Réservation : www.comedie.ch, 022 320 50 01
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voient pas ou refusent de voir. Elisabeth cherche
à voir au-delà, comme pour échapper à sa
condition et conquérir une liberté salutaire,
synonyme de victoire sur le Temps. Minyana
souhaite donner un destin épique à ces figures
singulières qui en deviennent universelles.
la comédie de genève
Une femme
Du 3 au 7 mars, il faut absolument prendre le temps du théâtre de Philippe
Minyana qui nous livre ici une partition dramatique profondément habitée,
avec la complicité désormais évidente de Marcial Di Fonzo Bo pour la mise
en scène et l’interprétation jubilataoire de comédiens aussi remarquables
que Catherile Hiégel, Catherine Ferran, Laurent Poitrenaux, Héléna
Noguerra et Marc Bertin. Une épopée intime de notre monde finissant à
travers le portrait d’une femme délicat et saisissant.
«Une Femme» © Christophe Raynaud de Lage
Fidèle à ses obsessions nourries par l’inéluctabilité du temps, de la mort et, partant,
d’une forme de mouvement perpétuel, Minyana
nous invite dans la chambre d’une femme,
Elisabeth. Dans ce lieu fertiles, les souvenirs, le
présent et le passé, les vivants et les mourants
vont s’entrechoquer et percuter la mémoire universelle, notre mémoire. Les figures les plus
emblématiques de notre culture occidentale
vont devoir affronter la mémoire et le corps en
perdition, rongés par la maladie. Il y a l’amie de
longue date, «la veilleuse», les amis, le père, les
maris et les enfants. Et plus tard, il y aura la
forêt qui viendra dévorer la chambre et happer
Elisabeth, comme un monstre vibrant de chagrins et de mystères. Mais la femme est forte,
forte de cette grande tristesse qui n’usât pas désespérée et toujours consolée par Madame Paul,
qui veille et empêche la chute trop brutale.
Cette pièce conçue comme une épopée intime, comme un conte grotesque, raconte notre
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monde finissant de façon apparemment simple,
au fil de conversations dites dans une langue
sobre, économe et raffinée à la fois. Et puis,
interviennent des événements étranges, mais
familiers de l’univers de Minyana. Des volets
entrouverts que l’héroïne n’a de cesse d’ouvrir
et de refermer, et qui laissent paraître un autre
monde, intime et occulté. Cette perméabilité
entre l’intérieur et l’extérieur est une problématique récurrente de l’œuvre de l’auteur. Dans le
même temps, le passé ronge le présent et finit
par étouffer jusqu’à l’espace même de la chambre. Il se matérialise par la forêt qui prend peu à
peu possession des lieux et abritent des joggers
égarés ou des fantômes inquiétants.
Complicité
Mais la qualité de cette production scénique tient avant tout de la complicité et de la
justesse remarquables des interprètes. Philippe
Minyana à écrit Une Femme pour la comédienne Catherine Hiégel et le metteur en scène
Martial Di Fonzo Bo, liés de fait par la dramaturgie de l’auteur et la force de sa poésie. A ces
deux s’ajoutent une équipe d’acteurs de haut vol
: Catherine Ferran, nuancée et intense, le grand
Laurent Poitrenaux, décisif dans chacune de ses
répliques, Hélène Noguerra, toujours juste et
convaincante, et Marc Bertin étonnant comédien qui complète une véritable petite troupe en
pleine connivence. Bien entendu, la prestation
de Catherine Hiégel est particulièrement captivante, avec ce fichu caractère de femme qui ne
tombe jamais dans le pathos et donne un aperçu
de son jeu toujours sous contrôle et dans le plus
élégante retenue, mais sachant également donner dans le grotesque le plus réjouissant.
La mise en scène de Di Fonzo bo est au service du texte, intelligente et subtile, quand elle
sais se jouer des registres multiples qui animent
la pièce. Il sait cultiver le mystère et l’extravagant, en donnant la respiration nécessaire aux
mots de Minyana, et nous embarquer dans une
dimension inattendue et irrationnelle, aux creux
de silences qui en disent long, comme dans le
théâtre de Jon Fosse ou de Botho Strauss ; de
grands dramaturges qui ont su avant Minyana et
comme lui, faire surgir de personnages un
monde de fantômes et de souvenir, nichés au
cœur de nos âmes et qui accompagnent notre
cheminement vers l’au-delà.
Jérôme Zanetta
Du 3 au 7 mars. Une Femme de Philippe Minyana, m.e.s.
Marcial Di Fonzo Bo. La Comédie de Genève, à 19h, ven
à 20h (loc. 022/320.50.01 / [email protected])
Imperceptiblement, le spectateur glisse
dans un ailleurs, dans protester, sans s’étonner
de la noirceur de ce monde merveilleux et il
devient le témoin distancié de la réalité des personnages et de son vécu. Il finit par percevoir
cette dimension du réel que les personnages ne
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Théâtre Forum Meyrin : « King Size »
dans la mise en scène de Christoph Marthaler
les 3 et 4 mars 2015
Location : 022 / 989.34.34
photos © Simon Hallström
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à eux, sont apparemment simples, avec leurs
lignes claires. En réalité ils construisent un univers peu cadré, loin des règles de l’école ou de
la famille, plus fluctuant, peu stable. L’absence
d’échelle et de réalisme crée des espaces de
liberté propices à la transgression.
théâtre des marionnettes de genève
Loulou
Loulou, un classique de la littérature jeunesse de l’auteur-illustrateur
Grégoire Solotareff, est adapté et mis en scène par Laure-Isabelle Blanchet.
L’occasion de rencontrer cette jeune marionnettiste qui collabore depuis
dix ans avec le TMG et de l’interroger sur l’univers tout en fraîcheur
qu’elle propose au jeune public.
Comment êtes-vous arrivée au TMG
et qu’est-ce qui continue à vous attirer dans
les marionnettes et dans les spectacles pour
enfants ?
Laure-Isabelle Blanchet : Je suis une ancienne
timide, poussée par ma mère à faire du théâtre
depuis mon enfance pour surmonter ce handicap. J’ai rejoint ensuite l’ESAD – L’Ecole
Supérieure d’Art Dramatique – et à la sortie j’ai
fait un stage de marionnettes à fils avec Guy
Jutard qui m’a aussitôt engagée sur Le Petit
Poucet. C’était en 2005 et depuis les projets se
sont enchaînés.
Ce qui m’attire dans les spectacles de marionnettes ? L’illusion commune le temps d’une
mais au contraire c’est s’affranchir d’une apparence pour pouvoir tout faire et tout jouer. Au
théâtre, l’aspect physique des comédiens conditionne les rôles, ce qui n’est pas le cas avec les
marionnettes. Et puis j’aime cette grande richesse interactive : être en même temps la marionnette et la narratrice, ou la manipulatrice.
Quant aux spectacles pour les enfants, j’y suis
venue par le stage initial avec Guy Jutard et j’ai
découvert un terrain de jeu illimité. J’y suis restée parce que j’étais insatisfaite d’autres spectacles vus ça et là. Chaque représentation diffère,
elle doit prendre en compte une interaction subtile avec le jeune public, parfois très jeune! Il
faut savoir doser, car tant les rires que les pleurs
Revenons à Loulou, d’après l’œuvre
de Grégoire Solotareff.
La mise en espace est très fidèle à l’univers de
Grégoire Solotareff, avec des marionnettes en
gomme. Dans la scénographie nous avons cherché avec Chine Curchod à épurer les lignes graphiques et à créer des formes grâce à un module trapézoïdal. J’ai de plus introduit des chansons pour créer un univers de comédie musicale. Je suis partie de la couleur jaune de
Solotareff et l’ai librement interprétée : si on
imagine que ce peut être une dune, alors les
morceaux de musique peuvent être country, ou
inspirés par Ennio Morricone…
Propos recueillis par
Laurence Tièche-Chavier
La trame narrative de Loulou, comme souvent chez
Solotareff, fait la part belle à l’amitié. Amitié peu crédible, certes, mais amitié vraie, au-delà des comportements
innés et acquis. Ce récit d’initiation montre à l’enfant
spectateur un apprentissage réciproque où il/elle découvrira la confiance et la peur, le respect de l’autre dans sa
diffèrence.
A ne pas rater du 15 avril au 3 mai : Le Vilain Petit
Mouton dans une mise en scène de Guy Jutard sur un
texte commandé par ce dernier à Olivier Chiacchiari.
Encore un élan sans péjugés vers l’autre, l’étranger, celui
qui n’est pas soi! On devinera que la source d’inspiration
d’un tel spectacle est à chercher du côté des affiches
xénophobes d’un certain parti politique qui fait de l’étranger – au sens très vaste du terme – le responsable de
tous nos maux. Et l’on se réjouira d’assister aux vertus
de l’indignatione et de la désobéissance présentées aux
enfants par le truchement de marionnettes à tringle.
« Loulou » © Cédric Vincensini
représentation. Plus que des personnages ou une
situation, il s’agit d’un monde miniature qui
propose un univers au public. Les marionnettes
libèrent de l’apparence et permettent de varier
les modes de jeu : il y a le grotesque dont l’effet grossissant tire vers la légèreté, il y a le rôle
du narrateur. On pourrait penser que jouer avec
des marionnettes c’est se cacher derrière elles,
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sont contagieux. J’aime également le côté transgressif des marionnettes. Ainsi, Ligne de
Chance, une récente création de ma compagnie
Le Cockpit, s’inspirait des merveilleux papiers
découpés du Pays d’En-Haut pour mettre en
scène une très jeune héroïne bravant l’injustice
et le regard ostracisant de ses congénères.
Les livres imagés de Grégoire Solotareff, quant
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Loulou (dès 4 ans), du 7 au 25 mars, Le vilain Petit
Mouton (dès 6 ans), du 15 avril au 3 mai, Théâtre des
Marionnettes de Genève, réservations au 022 807 31 07
ou www.marionnettes.ch
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Quelle a été la réflexion autour de la
pièce de Molière ?
arsenic, lausanne
Janine Rhapsodie
A voir au Théâtre de l’Arsenic du 5 au 15 mars, Janine Rhapsodie, une
pièce originale inspirée du Misanthrope de Molière. Le texte et la mise en
scène sont de l’auteur suisse Julien Mages dont on se souvient de la
magnifique Ballade en orage autour du Roi Lear de Shakespeare.
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Vous appelez les spectateurs « les
écoutants » que vous encouragez à une écoute non passive…
Comment passe-t-on du Misanthrope
à Janine Rhapsodie ?
Pourquoi avoir transposé
Misanthrope en la Misanthrope ?
le
Ma pièce n’est pas du tout Le Misanthrope de
Molière. Il s’agit d’une œuvre originale qui
s’inspire d’un mythe, d’une fable, comme
Shakespeare a pu s’inspirer, pour écrire Le Roi
Lear, d’une vieille légende bretonne qui s’appelle « Le Roi Lear et ses trois filles ».
La métamorphose est complète, même si on y
retrouve des éléments, comme la misanthropie
par exemple, ainsi que la question de la vérité et
du postulat philosophique de l’existence ou non
de la vérité. Le dilemme demeure insoluble
depuis Molière. Peut-être que cette vérité au
fond n’existe pas.
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Laissez-vous une certaine liberté aux
comédiens dans votre travail de mise en scène ?
Il n’y a pas d’improvisation, même si certains
endroits du texte sont suffisamment souples
pour que les comédiens puissent se permettre
des écarts. Mais en principe, j’arrive avec un
texte fini. Les trois premières semaines sont
comme un round d’observation. Je les écoute
parler, je les observe. On entre dans la matière
textuelle, ce qui génère des débats, parfois des
conflits. Ce qui m’intéresse, c’est l’acteur brut
confronté à la matière brute du texte.
Julien Mages expose d’emblée ses intentions: « Pour ce projet je veux revenir à des fondamentaux dramatiques mêlant narration classique et rupture stylistique, inclinant vers une
forme plus abstraite aux accents surréalistes…
M’inspirant du Misanthrope de Molière, je ne
peux me départir de l’idée d’en faire avant tout
une comédie. Aussi le pari sera-t-il de reprendre le conflit mythique de la pièce classique
opposant Alceste aux courtisans pour le
transposer aujourd’hui… À ceci près que mon
Alceste sera une femme et que cette distraction
s’affranchira allègrement de son tuteur légitime
tant par sa fable que par sa forme, l’idée étant
d’en garder avant tout le rire. » Entretien.
C’est une question difficile, mais disons qu’il
s’agit d’obsessions personnelles autour de la
figure mythique d’Alceste. J’ai voulu m’inspirer
du phénomène d’un homme, ou en l’occurrence
d’une femme, qui essaie de dire la vérité à son
monde et qui se heurte aux manières dont le
monde est régi. C’est d’abord une passion intime
pour la pièce qui a conduit ce projet puis, petit à
petit, j’ai laissé naître en moi des envies, les fantasmes dont je voulais parler, mes besoins personnels face au monde d’aujourd’hui.
Les livres, les œuvres, les pièces révèlent les préoccupations complexes des auteurs. Pour Janine
Rhapsodie, je me suis inspiré de ma vision de
cette œuvre, de ce qui a émergé de ma lecture. Si
elle m’a autant fasciné, c’est qu’elle représentait
pour moi quelque chose de fondamental.
«Janine Rhapsodie»
© Cie Julien Mages Sylvain Chabloz
La conclusion que propose Molière est
plutôt pessimiste puisqu’il observe que « pour
être vrai dans le monde, il faut le quitter » …
Je comprends ce départ comme une rupture
symbolique, intérieure, métaphysique. Alceste
part du monde des hommes. Sur cet axiome, il y
a beaucoup de choses à construire et c’était
donc intéressant de penser en femme et aujourd’hui. Cela soulève passablement de questions
par rapport à notre époque.
Pourquoi est-ce plus intéressant que
le personnage principal soit une femme ?
Parce que cela avait déjà été fait pour un
homme ! Et puis, j’ai écrit pour une actrice et je
ne voulais pas de travestissement. Assez vite l’idée m’a passionné, excité, c’est devenu un défi
moderne. Ainsi, il est question dans cette pièce
de la femme vue par l’homme, de sa position
sociale, de sa vérité quant à cette position, de
son rang. L’égalité ou l’équité homme-femme
n’existe pas toujours ; et si parfois elle existe, il
demeure encore beaucoup de machisme et d’incompréhension de la part de l’homme. Nous
vivons toujours dans un héritage de patriarcat.
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J’adorerais que le spectateur soit guidé d’abord
par l’écoute et que les autres sens suivent. On est
toujours guidé par un sens. Le spectateur de théâtre vient écouter un texte, une langue. La langue
est très importante pour moi, c’est ce qui différencie un auteur d’un autre, qui caractérise sa
nature, son style. Il y a d’ailleurs un défi sur la
forme dans cette pièce, « une écriture nouvelle ».
Le plaisir actuel est surtout réservé aux yeux,
notre époque est envahie par l’image. Alors j’imagine que le théâtre peut être un endroit de
résistance où on vient encore écouter une langue.
C’est pourquoi le théâtre existe depuis toujours et
doit continuer d’exister. Les gens se déplacent pour
participer à cette expérience absolument physique
qui consiste à entendre la voix d’un comédien leur
parler, les caresser ou les malmener.
Propos recueillis par Nancy Bruchez
Théâtre de l’Arsenic, Janine Rhapsodie, du 5 au 15 mars
Janine Rhapsodie en résumé
Deux personnalités s’affrontent sur un terrain politique et philosophique. L’une, la misanthrope, se confronte à un puissant homme d’affaire. Ce dernier, qui s'est pris pour un intellectuel en écrivant un essai socio-philosophique,
vient demander des comptes à celle qui a fustigé son texte dans un article véhément. L’homme
de pouvoir va ainsi se heurter à la réalité de la
femme représentant un tout autre pouvoir: celui
de la pensée vraie.
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le poche genève
En roue libre
Le Poche accueille, du 9 au 23 mars, une pièce de Penelope Skinner qui a
fait les beaux soirs du théâtre des Célestins à Lyon. L’occasion de poser
quelques questions à Claudia Stavisky, qui s’est occupée de la mise
en scène.
Comment avez-vous entendu parler
de Penelope Skinner et sa pièce En roue libre
(originellement Village Bike) ?
Claudia Stavisky : En Europe, le réseau des metteurs en scène ébruite vite un texte théâtral singulier. La pièce Village Bike a été lue, en public, au
festival annuel La mousson d’été, qui se tient en
Lorraine, à Pont-à-Mousson. Directeurs de théâtre ou metteurs en scène, nous lisons ces pièces et
transmettons, à notre entour, celles que nous ne
voulons ou ne pouvons produire. Village Bike
m’a procuré un choc immédiat. Même avant d’en avoir
fini la lecture, je décidai de la
mettre en scène. Avec
humour et sens de l’observation, elle déconstruit des clichés sociaux (les personnages sont des bobos quarantenaires) et notre langue quotidienne puis les réorganise
dans un nouvel ordre et dans
des strates extrêmement
fines.
En roue libre
nomme, avec franchise, les
situations et comportements de la vie en couple.
Comment le public lyonnais a-t-il réagi ?
Seule une partie infime du public a été choquée.
Tous les autres ont réagi avec un enthousiasme
passionné. Un point me surprend et me réjouit :
chaque représentation reçoit un accueil différent, tant les moments où le rire éclate que sa
nature même. Pour ce dernier point, je pense au
rire de défense et au rire où s’établissent un partage, un assentiment et une complicité avec un
personnage. Je suis impatience de découvrir
comment le public du Poche, à Genève, réagira.
Comment qualifieriez-vous l’écriture
d’En roue libre ?
Comme tout le théâtre britannique, elle est
extrêmement scénarisée, tant elle se veut
comme (et tend) un miroir critique aux séries
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anglaises. En Grande-Bretagne, depuis les
années 1980, le cinéma et l’image télévisée animée exercent une profonde influence sur l’écriture dramatique, avec de fréquents passages
entre eux. Dans sa substance, En roue libre
pointe des thématiques sociales actuelles Elle
part moins à l’abordage de ces thématiques que
des individus qui laissent leur vie vide de sens
se faire envahir par elles : les écologistes (plus
que l’écologie), les humanitaires, les féministes
et ces êtres que la pornographie fascine.
«En roue libre» © Christian Ganet
Il y a un important écart entre le titre
initial, Village Bike, et sa traduction francophone…
Si, dans notre version française, la pièce est
intégrale, son titre a dû être changé. En effet,
Village Bike est à double sens. Si son premier
degré est clair (approximativement “vélo de
village“), son second degré signifie à peu près
(et trivialement) : “tout le monde l’a chevauchée, sauf le train“. En français, cette polysémie
inclut diverses notions : perte de contrôle, vertige, liberté, vélo. Après réflexion, En roue libre
nous a semblé le mieux à même de rendre
compte de ces subtilités.
Non, cette distribution a été facile à établir.
Depuis longtemps, je souhaitais travailler avec
ces comédiens et, par bonheur, tous étaient
disponibles. Et à commencer par Julie-Anne
Roth qui joue le rôle principal, celui de Becky.
Dans ce théâtre, un considérable investissement
physique est nécessaire ; c’est un registre d’écriture sur lequel les auteurs français ne sont pas
branchés. Cette thématique (la sexualité, féminine et masculine) ne circule pas à ce point dans
le reste du théâtre européen. Plus formidable
encore : le prétexte de la femme enceinte. De là
à en faire une comédie tragique et une fable où
la politique traverse les corps et les asservit, ce
me semble unique.
N’y a-t-il pas une contradiction entre
ce sujet qui se déploie dans un large espace
dramaturgique et le modeste plateau où, à
Lyon, cette production a été réalisée ?
Cette pièce brûle d’une tension entre des thématiques qui nous concernent tous et entre les
récits intimes qui s’y croisent. D’emblée, elle ne
pouvait pas tenir dans une salle à l’italienne
(soit la grande salle au Théâtre
des Célestins) : mon dispositif
scénique exige un espace frontal ; et, dans une salle à l’italienne (et surtout depuis les balcons), le public en aurait vu la
mécanique chorégraphique dans
la coulisse, avec le travail virtuose des régisseurs. Puisque
notre autre salle, La Célestine
(une petite salle), n’offrait ni la
dimension suffisante ni une
issue en arrière-scène, nous
nous sommes entendus avec
notre voisin, le théâtre Les
Ateliers. Son plateau offre bien
des proximités avec Le Poche, à
Genève.
Après En roue libre, quelles pièces
mettrez-vous en scène ?
Lors de la prochaine saison, ce sera un classique
du XXe siècle, Les affaires sont les affaires
d’Octave Mirbeau Et la suivante, une pièce
contemporaine : Tableau d’une exécution de
Howard Barker.
Propos recueillis par Frank Langlois
Du 9 au 22 mars. Le Poche-Genève, mer-jeu+sam à 19h,
lun+ven à 20h30, dim à 17h (location +41 (0)22 310 37 59,
[email protected])
Distribuer ces rôles forts a-t-il été
délicat ?
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théâtre du crève-cœur
Assoiffés
Un gars, une fille, et un anthropologue judiciaire qui refait l’enquête
d’une vie, notamment la sienne.
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Assoiffés, c’est l’histoire de deux adolescents, un garçon et une fille, Murdoch et
Norvège, un qui décide de dire les choses et l’autre qui se tait, un qui se fait entendre et l’autre qui
se cache. C’est aussi l’histoire de Boon, anthropologue judiciaire, qui par le truchement de ces
deux personnages replonge dans sa propre adolescence et tente de retrouver, ‘repêcher’, ses
rêves abandonnés. Pièce qui mêle la réalité à la
fiction, l’humour et le drame dans un univers
empreint de fantastique. Un spectacle percutant
qui aborde des thèmes riches de sens : qu’est-ce
que vivre ? Comment aborder l’avenir ? « Est-ce
que ça sert à quelque chose de connaître ? Est-ce
que ça sert à quelque chose de savoir ?...
Comment ça se fait que plus je grandis, moins
j'ai l'impression d'être vivant ? »
Entretien avec Vincent Babel et
Lorédane Straschnov
Que vous dit cette pièce ?
Vincent Babel : Il s’agit d’une double enquête
menée par un anthropologue judiciaire appelé
Boon. Il doit identifier les corps de deux adolescents engloutis au fond de l’eau, cette recherche
le pousse à devoir enquêter sur lui-même, sur son
passé. Un des deux corps repêchés est celui d’un
ami d’adolescence. Cela l’amène à repenser sa
vie d’avant, sa vie à l’époque où il se souhaitait
un parcours auquel il aura renoncé au fil du
temps. Il voulait devenir auteur, mais les circonstances ont fait de lui quelqu’un d’autre, un
anthropologue judiciaire justement.
Lorédane Straschnov : Cette pièce fait se rencontrer 3 êtres, 3 caractères qui se battent, s’interrogent à la fois sur leur passé, leur avenir, et
qui questionnent leur réalité, la notion de réalité.
L’anthropologue construit son raisonnement avec
la méthodologie de l’anthropologie tout en y associant des moments de vie ou de création personnelle, qui constituent aussi ses pièces à conviction.
C’est un texte théâtral qui n’est pas linéaire, qui
mêle plusieurs époques, plusieurs situations, plusieurs temps. Et plusieurs angles de vue.
Comment comprendre le titre ?
V.B Assoiffés, car les personnages ont tous soif
de beauté, de sincérité, d’infini. Un des trois a
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Vincent Babel © Emilie Batteux
une soif tarie, certes, il a renoncé à ses questionnements d’adolescent et à une certaine part d’innocence perdue au sortir de l’adolescence. En
effet, à un moment donné, il a fait le choix d’entrer dans la mécanique d’une vie, plutôt que de
continuer à se questionner et à remettre en question ce que la réalité lui imposait. La découverte
des deux corps lui fait revivre et retrouver l’être
qu’il était jadis. Et repenser à tout cela.
L.S Le titre dit aussi la soif de survivre, de s’en
sortir, la soif de vaincre. Après sa crise d’adolescence, Boon qui était assoiffé, se retrouve
pris dans une sorte de grande faille… Tous ont
eu, en tous cas à certains moments, une soif de
combat, une soif de lutte.
La langue des personnages est très
contrastée, comment l’avez-vous ‘lue’ et en
quoi fait-elle sens dans votre mise en scène ?
V.B Il y a bien trois langues distinctes.
Murdoch, l’un des repêchés, parle avec des
expressions québécoises qui lui donnent un
phrasé particulier. La pièce se passe en effet au
Canada, pays de résidence de Wajdi Mouawad.
Boon a d’entrée de jeu un langage plus soigné,
il s’adresse au public qu’il prend à témoin, il
reste somme toute le narrateur de l’histoire.
Norvège, personnage énigmatique à la frontière
du réel et de la fiction, a un style plus poétique,
plus suggéré. L’auteur organise les mots sur
papier de sorte à nous donner déjà des indications sur une rythmique possible.
L.S Norvège parle comme dans un poème,
d’ailleurs W. Mouawad se serait semble-t-il inspiré
du poème d’Emile Nelligan (Soir d’hiver) publié
en 1898 au Québec, pour inventer ce personnage :… Mon âme est noire ! Où vis-je ? Où vais-je?
/ Tous ses espoirs gisent gelés / Je suis la nouvelle
Norvège / D’où les blonds ciels s’en sont allés…
Pièce sur ou autour de l’adolescence
donc, mais au fait qu’est-ce que l’adolescence ?
V.B C’est la mue, la peau qui part, qui fait de
nous des écorchés vifs, des êtres à vif, vulnérables et instinctifs. C’est le passage d’un monde
de protection totale à la vie d’adulte, vie faite de
carapaces qui cachent celui ou celle que l’on
espérait être et que l’on n’est pas devenu. Dans sa
pièce, W. Mouawad ne met pas en scène des
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révoltés de la société, des ‘ados’. Il en fait au
contraire des êtres pensants, qui ne cessent de se
questionner, de remettre en cause le ‘donné’ des
choses, la réalité telle qu’on nous la présente.
Questionner le monde, trouver un sens à ce
monde. Ici, les personnages ont soif de sens, et
ont de la colère pour comprendre et décrypter le
monde dans lequel ils vont devoir se jeter.
L.S Il y a aussi dans ce questionnement de l’adolescent, ou propre à l’adolescence, cette idée
que le monde adulte n’accompagne pas dans les
interrogations existentielles et essentielles. On
ne donne pas de réponse à l’adolescent, il n’en
attend d’ailleurs pas forcément, mais surtout on
ne lui propose pas de nouvelles pistes pour aller
plus loin dans sa recherche.
Comment est l’écriture de Mouawad?
V.B C’est une imbrication d’éléments langagiers
entre eux, de liens multiples qui se répondent :
les noms, les lieux, les prénoms tissent des toiles
entre eux de façon aléatoire aussi.
L.S L’intrigue est là, les personnages parlent et
bougent, se déplacent, et le spectateur met à distance ou en gros plan tel ou tel élément, à sa
guise. Son écriture permet cette multiplicité de
points de vue.
La scénographie joue-t-elle avec ces
imbrications ?
L.S Elle tente, oui. L’intention est d’abord de
neutraliser la charge historique du théâtre du
Crève-cœur, le charme de sa pierre notamment... Pour accompagner le raisonnement de
l’anthropologue, nous avons opté pour inscrire
sur le plateau des accessoires à portée symbolique et poétique, qui permettent d’induire des
réflexions, de suivre le processus de la problématique et d’ouvrir la porte des imaginaires. La
pièce n’a pas une unité d’action stricte, on passe
d’un monde à l’autre. Pour le souligner, nous
avons voulu proposer des liens entre les choses
et entre les personnages, une sorte de parcours
des objets, qui donnent au spectateur une certaine liberté d’interprétation. Concrètement,
chaque acteur a son espace, mais est capable
d’en changer le cas échéant. Une manière pour
nous de considérer le théâtre comme un terrain
de jeu, et comme une enquête de terrain.
Propos recueillis par Rosine Schautz
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théâtre saint-gervais
Les Nuits El Warsha
Depuis plusieurs années, chanteurs, musiciens et comédiens de la troupe
El warsha (L’Atelier en arabe) se réunissent presque chaque soir dans le
centre-ville du Caire et racontent le monde.
« Quand le soleil se noie dans une mer de brume,
Quand une vague de nuit déferle sur le monde,
Quand la vue s'est éteinte dans les yeux et les cœurs,
Quand ton chemin se perd comme dans un labyrinthe,
Toi qui erres et qui cherches et qui comprends,
Tu n'as plus d'autre guide que les yeux des mots. »
Ahmad Fouad Negm
Assis en cercle, ils travaillent des chansons, des textes ou des sketches issus de sources
très diverses qui seront le sel d’un futur spectacle : music-hall cairote, chansons nubiennes
(Sud de l’Egypte), quatrains de la Geste
Hilalienne, l’épopée scandant les exploits des
Hilaliens qui envahirent l’Afrique du Nord au
XIe siècle, et textes d’Ahmed Fouad Negm, le
poète populaire et contestataire, absolue référence égyptienne pour tous les amoureux de la
poésie dialectale. Et de la parole libre, en mouvement, la parole qui ‘descend’ dans la rue, où
il se produisait les premiers temps. « La parole
est une arme ; elle est parfois le signe que l’on
agrafe sur la poitrine d’un ami, le présent qu’on
lui offre ; elle est parfois le poignard pour frapper un ennemi ; elle peut être aussi la savate
qu’on utilise lorsque l’on est en relation avec
des gens juste dignes de mépris. » Mort en
2013, deux jours avant Mandela qu’il admirait
et qu’il rencontra, il avait été condamné en 1978
sous l’inculpation ‘d’exercice de la poésie’ à un
an de travaux forcés pour un poème intitulé
Communiqué important jugé humiliant par le
président Sadate. Il fut emprisonné à
nombreuses reprises : « Du temps de
Nasser, l’emprisonnement se faisait
sans jugement et les services de police étaient souverains, alors qu’à
présent s’ajoute à ces derniers la
Cour de sûreté de l’Etat. Avec
Sadate, quand on me met en prison,
on m’interroge. Il n’y a pas d’aveux,
il n’y a pas de preuves, et malgré
cela on me met en prison et j’y reste
des périodes aussi longues que du
temps de Nasser, avec cette différen-
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El Warsha
ce que, maintenant, on m’incarcère pour six
mois, puis on me libère pour deux semaines et
on m’incarcère à nouveau. Le motif a toujours
été le même : saisie de poèmes. J’ai passé en
prison les années de 1959 à 1962, de 1965 à
1966 et demi, de 1968 à 1972, de 1972 à 1973
et après, successivement, 1974, 1975, 1978,
chaque fois pendant quelques mois. »
Le spectacle est à ne pas manquer car s’il
est poétique et drôle, il est aussi finement traversé par les éclats d’une actualité qui continue
d’être brûlante dans les rues proches ou lointaines de Midan Tahrir.
Face public
Les Nuits de El Warsha sont une forme de
« cabaret urbain » : des Egyptiens d'aujourd'hui
font corps sur scène et se présentent comme ils
sont, chacun à son tour face public, pour un
chant ou un récit. Les autres écoutent et font
chorus, sobrement, sans fioritures. Ce travail,
très précis et très ‘juste’, donne à entendre tou-
Hassan El Geretly
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tes les formes de parole : paroles chantées, scandées, cantillées, murmurées, voix du fond des
temps qui surprennent et émeuvent car elles disent la diversité des possibles, témoignent des
engagements artistiques du ‘chercheur de sens’
qu’est Hassan El Geretly, et montrent en diachronie une Egypte bien vivante à la fois millénaire et contemporaine.
Avec une instrumentation économe, oud
(luth), ney (flûte de roseau), percussions, Les
Nuits El Warsha renouent avec la
tradition ancestrale: sans danse du
ventre lascive ni orientalisme
kitsch, des femmes et des hommes
habités par une passion communicative chantent l’amour ou ridiculisent le pouvoir, et pratiquent à
qui mieux mieux l’art de la nokta
(blague) si typique de l’humour
des bords du Nil.
A chaque saison, le répertoire
est repensé par la troupe, d’autres chants, d’autres poèmes, d’autres récits sont travaillés. Le
cabaret joue et se joue des rumeurs ambiantes
captant ainsi au plus près l’air du temps. Les soirées d’El Warsha donnent alors à entendre et
comprendre les aspirations ou les déceptions de
la rue cairote, ses angoisses ou ses désarrois, et
surtout les formidables ‘tours’ qu’inventent jour
après jour les Egyptiens inlassablement enclins à
se lancer dans la vie avec rires, énergie et poésie.
Rosine Schautz
PROGRAMME LE CAIRE - GENEVE
Du 6 au 10 mars à 20h30 : Les Nuits El warsha, cabaret
urbain imaginé par Hassan El Geretly et sa troupe.
Spectacle en arabe surtitré en français
Les 8, 9 et 10 mars à 19h : Hawa el Horreya
Location : 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch
Hassan El Geretly, directeur du premier
théâtre indépendant d’Égypte, a étudié le théâtre et la littérature au Royaume-Uni et en France.
Il a dirigé le Centre dramatique national du
Limousin, puis fondé dans cette région la
Compagnie des Tréteaux et du Vent. Rentré en
Égypte en 1982, il collabore avec les cinéastes
Youssef Chahine et Yousry Nasrallah. En 1987,
il crée la troupe El Warsha, avec laquelle il
monte des pièces de Harold Pinter, Peter
Handke, Dario Fo ou Alfred Jarry tout en développant des formations aux formes artistiques
traditionnelles. Les Nuits El Warsha a été présenté au Festival d’Avignon 2014.
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MIGROS-
L-CLAS
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POUR-C
015 au
Saison 2014/2
SICS
Victoria Hall
Jeudi 19 mars 2015 à 20 h
ORCHESTRE PHILHARMONIQUE
ROYAL DE STOCKHOLM
Sakari Oramo (direction), Patricia Kopatchinskaja* (violon)
Œuvres de Honegger, Tchaïkovski, Sibelius
Jeudi 23 avril 2015 à 20 h
ACADEMY OF ST MARTIN
IN THE FIELDS
Julia Fischer (direction et violon), Oliver Schnyder* (piano)
Œuvres de Haydn, Mendelssohn, Schönberg
*Solistes suisses
Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11
Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe.
www.culturel-migros-geneve.ch
T 021 315 40 20
WWW.OPERA-LAUSANNE.CH
TANCREDI
MARS
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GIOACCHINO ROSSINI
Organisation: Service culturel Migros Genève
www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch
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chez Reza, n'a pas de frontières quand il s'agit
de railler les petitesses de ceux qui sont en
contradiction avec l'autoportrait qu'ils affichent
ou les pensées sur l'art et la société qu'ils professent.Le trait, ici, est de nouveau délicat et fiché
au cœur de la cible. C'est fort drôle. En même
temps, dans les propos du personnage de
Nathalie, il y a une autre inspiration, une sorte
de manifeste de l'écrivain, de réplique au monde
Après avoir connu le succès à Paris, la pièce de yasmina Reza part en
médiatique, une prise de parole pour le droit au
tournée et fera escale en mars à la Maison des Arts de Thonon et à
silence de ceux qui s'expriment par la plume.
l’Octogone de Pully.
Concevant elle-même son propre spectacle,
Yasmina Reza bénéficie d'un très beau décor de
A Vilin-en-Velène, une salle polyvalente de la scène où se tenait la rencontre, dans les Jacques Gabel, qui dessine avec une ironie proconcentre une partie de l'activité culturelle. salles privées du centre culturel. C'est l'après- che de la sienne (cette salle polyvalente a tout
C'est là qu'arrive une femme écrivain, Nathalie débat. On mange, on boit, on danse, on pourrait pour être belle, mais elle ne l'est pas!), et d'une
Oppenheim, à l'invitation du responsable, pour chanter. Et, d'ailleurs, on va chanter : du Gilbert distribution idéale. Zabou Breitman incarne ce
une séance de lecture et un débat. La romanciè- Bécaud ! Le maire est arrivé, trop heureux d'ac- personnage d'écrivain - le double de Reza - avec
re vient de publier un livre intitulé Le Pays des cueillir une romancière à la mode. Lui aussi a une joliesse un peu raide où s'entremêlent secrèlassitudes. Elle va être confrontement l'indépendance
tée aux questions du responsad'esprit et les concesble, qui est un doux mélange de
sions de l'art de vivre.
provincialisme et de parisianisRomain Cottard, qu'on
me, et à la journaliste locale qui
avait surtout vu dans
fait la pluie et le beau temps sur
des spectacles d'improce territoire. Cette journaliste
visation, est une révélapasse pour l'esprit le plus
tion : en responsable
brillant qui soit. Forte de son
culturel, il dessine une
succès dans les médias et les
prestance assez naïve
coulisses municipales, elle
pour mieux révéler la
lance tranquillement ses
profondeur généreuse
remarques acides, en cherchant
du
personnage.
à se montrer plus cultivée et
Dominique Reymond
plus pénétrante que son interlodétaille avec bonheur la
cutrice. Surprise mais non désmondanité de la journa«Comment vous racontez la partie» © Pascal Victor
arçonnées, Nathalie Oppenheim
liste d'un fou narcissisrépond avec une légère ironie. Non, la vie pri- son avis sur la littérature. Il en parle autant que me. Enfin, André Marcon (qui est, certains
vée ne regarde personne. Non, la littérature, ce la femme écrivain et la journaliste, et de façon soirs, remplacé par Michel Bompoil en raison
n'est pas cette série de clichés qu'aligne l'inter- particulièrement péremptoire. Le vin aidant, les d'autres engagements) compose le maire de la
vieweuse. Le responsable culturel fait ce qu'il relations évoluent, se détendent. La journaliste ville dans un style bourru, fort en gueule et prespeut pour que la rencontre ne dégénère pas. Les n'est plus tout à fait la personne cinglante qu'el- sé où se reflètent tant d'hommes politiques que
moments de lecture publique ne se déroulent le était. Le responsable culturel n'est plus tout à nous connaissons. La mise en scène de Reza
pas très bien non plus ; ce n'est pas simple de fait ridicule et pourrait être un vrai poète. déploie tous ces talents nuancés avec une certailire avec un livre posé sur un lutrin. La séance, Nathalie Oppenheim se fond dans cette ne lenteur, dans un espace qui peut sembler trop
traversée de combats évidents et de désaccords atmosphère devenue cordiale, mais l'on sent vaste. Peut-être est moins drôle qu’ « Art » et
implicites, s'achève sur des échanges polis, sans bien que, le lendemain, elle reprendra avec plai- moins méchant que Le Dieu du carnage. Mais
c’est encore une fois du grand Reza.
vainqueur ni victime.
sir la route et sa solitude de romancière.
en tournée
Comment vous
racontez la partie ?
Gilles Costaz
Telle est la première partie du texte de
Yasmina Reza, Comment vous racontez la partie, que l'auteur a elle-même mis en scène et qui
vient d'arriver au Rond-Point, après une création dans une de ces villes provinciales dont on
nous donne là un tableau amusé (c'était à
Toulon, au théâtre Liberté). La seconde partie
prolonge les relations de ces personnages hors
a
c
t
u
Petitesse
Ce n'est pas une pièce très aimable pour ce
qu'on appelle encore la province – malgré la
fureur lointaine d'un Malraux contre ce vocable
(« ce nom hideux de province » ! ). Mais
Yasmina Reza nous répondrait peut-être que ces
personnages ridicules et ces salles polyvalentes
mal conçues existent aussi à Paris. La satire,
a
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t
Comment vous racontez la partie de et m.e.s. yasmina
Reza. Avec Zabou Breitman, Marianne Denicourt,
Michel Bompoil…
- Les 27 et 28 mars. Maison des Arts de Thonon (loc.
04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org)
- Le 31 mars. L’Octogone de Pully (loc. 021/721.36.20)
é
45
t h é â t r e
équilibre - nuithonie
Abondance
À la mi-saison, de nombreux spectacles sont encore à découvrir dans les
salles Equilibre-Nuithonie. Petit panorama de la
programmation riche en couleurs.
46
La saison d’Equilibre-Nuithonie continue
jusqu’au 21 mai. À l’affiche, de nombreuses
pièces de théâtre. Des classiques, avec un Misanthrope aux tonalités baroques mis en scène
par Michel Fou (le 3 mars), Mademoiselle Julie
de Strindberg mis en scène par Gian-Manuel
Rau, reçu pour la première fois à Fribourg (du
25 au 26 mars), la Contrebasse de Patrick
Süskind avec Clovis Cornillac (le 28 mars), ou
encore la visite de la vieille dame de
Dürrenmatt mis en scène par Omar Porras (le 12
mai).
Le théâtre contemporain sera aussi au rendez-vous avec des créations et des adaptations.
Le diptyque Ave Maria et Lido Adriatico de la
compagnie Domenico Carli Acmoser Cie
racontent l’histoire de personnages en voyage
pour Milan. Ils se retrouvent dans une épopée
Un monologue hors du temps
et de la scène
Jadis, un monologue d’Emmanuel Dorand
mis en scène par Hassane Kassi Kouaté propose
un voyage dans la mythologie gréco-romaine.
Tout commence dans la salle d’exposition du
théâtre Nuithonie. Une atmosphère épurée et
naturelle propulse le public dans un autre temps.
Avec Jadis, Emmanuel Dorand, comédien fribourgeois, remet en scène les mythes grécoromains dans un monologue personnel et intimiste. L’idée de cette pièce lui est venue lorsqu’il
s’apprêtait à jouer Achille dans l’Iliade de René
Zahnd. « Je me suis mis à lire de la mythologie et
j’ai beaucoup aimé,
raconte le comédien. J’ai alors
commencé à écrire.
Ensuite, j’improvisais, je testais le
texte et je le modifiais. »
Emmanuel Dorand
Jadis est un
a
mêlant mafia, violence et injustice (du 5 au 8
mars). Dans une atmosphère plus légère, la
Lettre du Danois Paolo Nani en impressionnera
plus d’un. Tournant depuis 20 ans, le comédien,
maître du théâtre gestuel, raconte quinze fois la
même histoire sur des tonalités différentes (le
21 mars).
Ballets, chorégraphies et acrobaties ne
manqueront pas. The Roots de Kader Attan
ravira les amateurs de Break dance (le 8 mars)
tandis que It Dansa de la compagnie Minus 16
résonnera au son du flamenco avec une suite de
trois danses (le 17 mars). La chorégraphe fribourgeoise Fabienne Berger interrogera quant à
elle l’invisible tout en poésie avec Les arbres
pleurent-ils aussi ? (du 24 avril au 2 mai). Les
amateurs d’opéra pourront eux profiter de
personnage qui raconte et qui interprète. Il mêle
les codes du conte et du théâtre. « C’est un peu
ma ligne, raconte l’acteur. J’aime investir un
espace hors de la scène, qu’il faut s’approprier.
Le public est proche de moi, disposé en arc de
cercle. C’est un théâtre de proximité, intimiste, où
les adresses sont de mises. »
Un théâtre de proximité et une création personnelle, où le comédien s’est entouré de personnes avec qui il travaille depuis des années. « Je
l’ai remarqué par hasard, rigole-t-il. Je connais
depuis des années toutes les personnes qui collaborent avec moi sur ce projet. C’est une création
qui me tient très à cœur. J’avais envie de m’entourer de gens de confiance. »
C’est donc naturellement qu’il s’est tourné
vers Hassane Kassi Kouyaté pour le diriger. « Je
dirais qu’Hassane est mon metteur en scène, travailler avec lui, c’est de la crème, raconte
Emmanuel Dorand. On est sur la même longueur
d’onde et c’est génial. C’est un vrai directeur
d’acteur qui sait ce qu’il veut. Nous nous sommes
rencontrés lors d’une lecture à Paris. À l’époque,
il avait le projet de monter l’Iliade de René
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t
u
a
«Mademoiselle Julie» ave Berdine Nusselder
© Mario Del Curto
Blanche neige du compositeur Marius Felix
Lange. (Du 22 au 26 avril).
Vuille Valérie
Zahnd. Il m’a demandé de jouer dans sa pièce et
c’est comme cela que tout a commencé.» Hassane
Kassi Kouyaté accepte alors avec plaisir lorsque
Emmanuel Dorand lui propose le projet. « J’aime
retravailler avec les mêmes personnes, expliquet-il. Je pense qu’il faut du temps pour qu’un
comédien et un metteur en scène puissent donner
le meilleur d’eux-mêmes. C’est d’abord cela qui
m’a séduit dans le projet d’Emmanuel, j’avais
envie de continuer à le connaître. C’est un excellent comédien, qui a beaucoup de potentiel. »
Ainsi de l’Iliade à Jadis, avec cette collaboration Emmanuel Dorand boucle une boucle et
continue une longue amitié professionnelle.
L’aventure n’est en effet pas prête de se terminer.
La pièce bénéficiera d’une collaboration avec une
création parisienne également mise en scène par
Hassane Kassi Kouyaté. Elle tournera ainsi dans
un théâtre parisien et dans 5 communes en
Martinique.
Propos recueillis par Valérie Vuille
Nuithonie du 11 au 15 mars.
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t h é â t r e
entretien
Des acteurs culturels
lausannois en synergie
Du 18 au 29 mars, le théâtre de Vidy, l’Arsenic, l’Ecal, Les printemps de
Sévelin et la Grange de Dorigny mettent leur force en commun pour
proposer un temps fort dédié à la culture. Interview de Vincent Baudriller,
directeur du théâtre de Vidy.
Comment est venue l’envie de faire ce
programme commun ?
Lausanne est une ville très dynamique. Nous
voulions mettre toute cette énergie en commun
pour créer un véritable temps fort. “Programme
commun“ se veut être comme une fête des arts
de la scène contemporaine, qui se destine autant
au public amateur de Lausanne et de sa région,
qu’aux professionnels. Il permet de créer un
contexte très stimulant et d’éveiller la curiosité
des gens. Nous voulons aussi donner l’opportunité à des personnalités internationales, des
journalistes et des professionnels de venir à
Lausanne et de découvrir des artistes suisses.
Pour cet événement, Vidy travaille
avec l’Arsenic. Comment s’est déroulée la
collaboration ?
L’originalité du “Programme commun“, c’est
qu’il ressemble à un festival, sans en être
totalement un. Nous avons réfléchi sur la circulation entre les lieux, mis en place des navettes et pensé à des parcours, afin que les personnes puissent voir plusieurs pièces par journée.
Cependant, chaque institution a fait son propre
programme et ensuite
nous l’avons mis en commun. Nous avons bien sûr
beaucoup dialogué, mais
la décision finale revenait
au lieu d’accueil du spectacle. Cette année la
Grange de Dorigny, les
printemps de Sévelin et
l’ECAL nous rejoignent et
proposent également des
spectacles.
Que nous réserve
la programmation de
Vidy pour cet événement ?
Nous avons voulu profiter
de ce temps fort pour mettre l’accent sur la création.
Angélica Liddell viendra
travailler un mois à Vidy
pour sa création Primera
Carta de San Pablo. La
compagnie Winter Family,
qui est déjà venue à Vidy
en juin dernier, créera éga-
«Giulio Cesare» © Luca Del Pia
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«Primera Carta de San Pablo» © Angelica Liddell
lement un spectacle qui se nommera No World.
Roméo Castelluci présentera quant à lui une
version retravaillée de Guilio Caesare à L’
ECAL, dans laquelle il axera plus sur la performance.
Des Suisses sont-ils également au programme ?
Les spectateurs pourront découvrir Cindy von
Acker ou encore Thom Luz, metteur en scène
zurichois pour la première fois à Lausanne.
Yasmine Hugonnet dansera aux printemps de
Sévelin et Mathieu Bertholet présentera
Berthollet à la grange de Dorigny. Pour eux,
c’est une belle occasion de pouvoir acquérir de
la visibilité tant en Suisse qu’à l’étranger.
Beaucoup de choses au programme
donc, quel est votre coup de cœur ?
La plupart sont des créations. Je vais donc les
découvrir avec le public. Les deux figures fortes sont pour moi Angelica Liddel et Roméo
Castellucci. Je suis également heureux de faire
découvrir Thom Luz.
Propos recueillis par Valérie Vuille
n
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spectacles onésiens
Le Cercle des
illusionnistes
Après le triomphe du Porteur d’Histoire, Alexis Michalik était-il à même de
réussir une nouvelle pièce aussi étourdissante dans sa construction et à
même de rencontrer un public aussi enthousiaste ? Ce Cercle des illusionnistes est sans doute un peu moins surprenant, mais c’est à nouveau de la
belle ouvrage, très stimulante, portée par une équipe de comédiens doués
pour la transformation à vue.
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On sait que Le Porteur d’Histoire entrecroisait différents récits se passant à des
époques différentes, comme si l’on mêlait des
chapitres de Broyat et de Dumas. Cette fois, la
magie est le nœud des diverses histoires dont les
événements sont brassés comme on mêle des
cartes.
Le ballet du vrai et du faux
Au départ, un jeune homme vole un sac
mais, trouvant sur la carte d’identité de la victime que celle-ci est jolie, il prend contact avec
elle. C’est déjà un tour de magie que ce vol. On
va en vivre d’autres en remontant dans le temps
avec ces jeunes gens, par à-coups, par sauts en
avant ou en arrière : on rencontrera JeanEugène Robert-Houdin, maître de l’illusion au
XIXe siècle, dont le théâtre, ou du moins sa
trace, dort sous les coffres de la BNP du boulevard des Italiens, Georges Méliès qui fait disparaître oiseaux et lapins dans les hauts-de-forme
avant de découvrir le cinéma des frères Lumière
et va acheter des appareils de tournage et de
projection en Angleterre parce que les frères
Lumière ne croient pas en leur invention et laissent un moment leurs concurrents prendre leur
place.
scène. Les jeunes comédiens, Jeanne Arènes,
Maud Baecker, Arnaud Dupont, Vincent
Joncquez et Mathieu Métral, passent avec un
grand charme d’un personnage à l’autre, tandis
que Michel Derville, plus âgé, joue en contraste
et habilement divers individus qui, additionnés
dans l’esprit du spectateur, constituent une sorte
de narrateur, de récitant, d’historien. L’on est
emporté par un vif tourbillon à la séduction
romanesque et à la culture très enrichissante.
C’est un grand ballet du vrai et du faux,
avec une folle imagination, une sérieuse
connaissance de l’histoire du music-hall, du
cinéma et des mœurs et une technique infaillible. Les projections entrent habilement dans la
danse, modifiant régulièrement la nature de la
La question qui se pose au sortir de ce cabinet des illusions est de se demander ce qu’on
retient d’un tel manège de séquences et de
jeux ? Notre impression est que l’épisode
Méliès dévore tout et que la mémoire efface les
autres chapitres. A vous de donner votre réponse si vous venez participer à ce
brillant puzzle en trompe-l’œil.
Gilles Costaz
Le Cercle des illusionnistes d’Alexis
Michalik, mise en scène de l’auteur,
scénographie et vidéo d’Olivier Roset,
lumière de Pascal Sautelet, costumes
de Marion Rebmann, musique et son
de Romain Trouillet, magie de
Romain Laliro, avec Jeanne Arènes,
Maud Baecker, Michel Derville,
Arnaud Dupont, Vincent Joncquez et
Mathieu Métral.
- Les 10 et 11 mars à la salle communale d’Onex
(loc. 022/879.59.99 ou [email protected])
«Le Cercle des illusionnistes» © Mirco Magliocca
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Bonlieu Scène nationale, Annecy
Location : 04.50.33.44.11
« Le Capital et son singe » dans la mise en scène de Sylvain Creuzevault
Du 11 au 14 mars 2015
photo © Frédéric Marx
« Le Malade imaginaire » dans la mise en scène de Michel Didym
photo © Serge Martinez
Du 23 au 25 mars 2015
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Genève
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Plan-les-Ouates
Festival Archipel
Week-end musical
Cette année, ce sont ces jeux de miroirs, confrontation à l'autre, échos
entre les arts que présente le festival Archipel 2015, fidèle à son approche
pluridisciplinaire de la musique...
Petit aperçu du programme intitulé «Alter écho», pour vous mettre
l’eau à la bouche et, surtout, vous donner l’envie de fréquenter les lieux du
festival.
Un concert événement est organisé à Plan-les-Ouates pour célébrer le
25e anniversaire du Week-end musical. Cette manifestation musicale, imaginée il y a 25 ans par Aline Champion, une jeune violoniste de la Commune,
pour permettre à de jeunes musiciens de 7 à 16 ans de jouer ensemble le
temps d’un week-end, arrive ainsi à sa 25e édition.
Le 20 mars, concert du LEMANIC MODERN ENSEMBLE et de l’ENSEMBLE
CONTEMPORAIN DE L'HEMU, tous deux placés sous la direction de William
Blank, en présence de la violonceliste Martina Schucan. Au menu, des œ°vres
de Mithatcan Öcal (Pera Berbangê), Michael Jarrell (..chaque jour n'est qu'une trêve entre deux nuits...), Hugues Dufourt ( Les Chasseurs dans la neige
d'après Bruegel) et Bruno Montovani ( Spirit of Alberti). Maison communale
de Plainpalais, à 20h
u Le 21, vous pourrez entendre le biniaouier ERWAN KERAVEC qui, du Grütli à la
Maison communale de Plainpalais, vous proposera ses Improvisations pour cornemuse écossaise. Et vous pourrez le retrouver le 22 mars à la Maison communale de Plainpalais où il interprètera des œuvres de Benjamin de la Fuente (“Frôle“
pour cornemuse solo) et Philippe Leroux (“Le Cri de la pierre“ pour cornemuse
en do).
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Autres prestations singulières, celles de la clarinettiste et improvisatrice
CAROL ROBINSON à la birbyne, un instrument au timbre doux et mélancolique : le
22 mars, à 14h30 & 16h30, elle vous fera entendre une œuvre du Letton Jānis
Petraškevičs intitulée “Arbōs“, ainsi que l’une de ses compositions, “Day/Light
Times“. Maison communale de Plainpalais.
Le 22 mars toujours, au Théâtre Pitoëff, place à QUATUOR DE CHAIR, une chorégraphie sonore pour quatre musiciens nus sur des musiques de Daniel Zea et
Fausto Romitelli, avec l’ensemble Vortex.
Aline Champion
Désormais violoniste de renom, Aline Champion est restée fidèle à la
co-organisation de ce projet. C’est donc tout naturellement, afin de fêter cet
anniversaire, qu’elle a proposé de donner un concert exceptionnel avec, à
ses côtés, le pianiste Frank-Immo Zichner. Ensemble, ils interpréteront
«Grand Duo», de Fritz Schubert, et la «Partita» de Witold Lutoslawsky
. jeudi 5 mars, à 20h00, à l’Espace Vélodrome
Location :
Genève
Voix de Fête
Le 27 mars, un concert intitulé CONTRASTE
SIMULTANé II, sera donné par le Trio K/D/M et
l’Ensemble Contrechamps, avec le chef d’orchestre Michael Wendeberg. Au programme,
des œuvres de Marc Garcia Vitoria
(Trencadís), Alberto Posadas (Snefru),Michaël
Jarrell (Congruences) et Roberto Gerhard
(Leo). Maison communale de Plainpalais à
20h.
Michael Jarrell
© GTG / Francois Grobet
Un spectacle original de Louise Moaty,
(THIS IS NOT) A DREAM, sera donné à la Maison
communale de Plainpalais le 28 mars ; ce
théâtre d’ombres, avec des images animées de
la lanterne magique, accompagne de ses divagations flottantes le sublime piano d'Alexeï
Lubimov jouant la musique des deux rêveurs
définitifs du XXe siècle: Satie et Cage, enfin
réunis dans les volutes de l'au-delà.
Signalons enfin, le 29 mars, LE CRI DU
CRISTAL, un concert des Swiss Chamber Soloists qui vous fera entendre des œuvres
de Mozart (Adagio et rondo pour glassharmonica K.617 & Quatuor pour flûte,
violon, alto et violoncelle en La majeur K. 298), Holliger (Nouvelle œuvre pour
glassharmonica, flûte, hautbois, alto, violoncell), Mamlok (Concert Piece for
Four), et Bolens ( …und weiter) au Conservatoire à 11h
Maria Mettral © Loic Oswald / Picture Style
La 17ème édition de Voix de Fête s’ouvrira avec un chanteur de
légende, le 9 mars : Christophe !
Puis suivront trois grosses soirées, notamment une autour de Yael
Naim, de Miossec et de la Genevoise Licia Cherry.
Le vendredi 13 mars annonce Soviet Suprem, duo sympathique récemment formé, Gypsy Sound System qu’on ne présente plus, ainsi que notre
rayonnante Maria Mettral. Et d’autres artistes à découvrir à sa guise.
La soirée du samedi 14 mars sera consacrée au hip-hop, et il ne faudra
pas manquer le concert de l’Entourage, nouveau collectif de rap qui monte,
et qui vient de sortir son premier album.
. Du 9 au 15 mars 2015
. Du 20 au 29 mars 2015
17e Voix de Fête Salle communale de Plainpalais et autres lieux, du 9 au 15 mars.
Infos: voixdefete.com
Informations détaillées sur www.archipel.org
Billetterie Archipel : www.archipel.org / vente sur place 45’ avant les concerts
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Théâtre des Marionnettes de Genève
MARS
DI 1ER – VIRGINIE FALQUET piano & PATRICK GENET violon
VE 6 – HUIT FEMMES de Robert Thomas Comédie
JE 12 – RADIO TRENET de Jacques Pessis Comédie
ME 18 – FABULA BUFFA d’après Dario Fo Comédie
MA 24 – FRÈRES DE SANG Théâtre visuel
MAM’ZELLE CHAPEAU
De 1 à 3 ans
Jusqu’au 1er mars 2015
Une demoiselle travaille du chapeau
pour de merveilleux récits.
AVRIL
ME 1ER – LES ROIS VAGABONDS Humour musical
DI 19 – LES ANNÉES spectacle musical
d’Yvette Théraulaz à Martigny
VE 24 – Nouvel Album de MARC AYMON
ME 29 – JE VOUS AI COMPRIS de Valérie Gimenez et Sinda Guessab
LES CHAISES
Adultes, ados
Jusqu’au 1er mars 2015
Jouer et rejouer sa vie au cœur
d’une farce tragique.
tm
g
nnet t
mario
LOULOU
Dès 4 ans
7 au 25 mars 2015
Loup et lapin deviennent amis,
ignorant qu’ils doivent être
ennemis intimes.
es
Rue Rodo 3 – Genève
022 807 31 07
www.marionnettes.ch
VERNIER COMEDY
PRODUCTION JEAN-MARC DUMONTET
Place du Lignon 16 — Vernier
laFERME
de laCHAPELLE
avec
et les humoristes
du Point-Virgule
DONEL JACK’SMAN
JULIE VILLERS
DAVID BOSTELI
Service de la culture — 022 306 07 80
www.vernier.ch/billetterie
laFERME
de laCHAPELLE
ANTOINE DULÉRY
PASCALE FAVRE — LAETITIA SALAMIN —
FRANÇOIS SCHAER
RELIEFS
28 février au 12 avril 2015
SAMEDI 21 MARS — 20h
SALLE DES FÊTES DU LIGNON
GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE
39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY
WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH
Ville de Lancy
République et canton de Genève
m u s i q u e
portrait
Madeleine Carruzzo
Violoniste à la Philharmonie de Berlin, Madeleine Carruzzo se produira au
Conservatoire de Genève le jeudi 19 mars au sein du Jerusalem Chamber
Music Festival, hôte de la série des Grands Interprètes de l’agence
Caecilia. Elle jouera des pages de Mozart et de Schumann en compagnie de
quatre autres musiciens, le violoniste Rainer Honeck, l’altiste Amihal
Grosz, le violoncelliste Frans Helmerson et la pianiste Elena Bashkirova.
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Née à Sion, Madeleine Carruzzo a commencé l’étude du violon à l’âge de 7 ans. « Dès
que j’ai joué ma première note, dira-telle, j’ai su que ce serait mon instrument. » Elève de Tibor Varga à
l’Académie de Musique de Detmold,
elle sera pendant trois ans premier violon solo de l’Orchestre de Chambre de
ce grand maître. Elle obtient en 1982 sa
licence de concert avec mention excellence. Elle se porte alors candidate à un
poste de violoniste à la Philharmonie de
Berlin, qui ne compte encore aucune
femme dans ses rangs. Seule femme
parmi les 13 postulants qui se présentent
sans rideau devant un jury formé de
représentants de l’orchestre, Madeleine
Carruzzo joue Bach et Mozart accompagnée par un pianiste qu’elle ne connaît
pas et sort victorieuse du concours. A 26
ans, elle est engagée dans les rangs des
premiers violons, devenant ainsi la première femme de cette prestigieuse phalange de 128 musiciens dont la moyenne
d’âge est alors de 57 ans. « Wie haben
Sie das geschafft ? « (Comment avezvous fait cela ?) lui demandera Herbert
von Karajan à l’issue de la première
répétition – la 6e symphonie de Mahler !
- qu’elle eut avec lui. Trente ans plus
tard, Madeleine Carruzzo, fêtée pour les trois
décennies passées au sein des « Berliner »,
reçoit à cette occasion un pendentif en or portant l’emblème du fameux pentagone de l’architecte Scharun, un bijou qui ne la quitte guère
depuis lors.
Une musicienne très active
En dehors de son activité à la
Philharmonie, Madeleine Carruzzo, à l’instar de
la plupart de ses collègues, est aussi très active
en musique de chambre. Elle fait partie des
a
Philharmonische Streichersolisten, un ensemble à cordes qui joue sans chef, fondé en 1979.
solistes réputés, comme le violoniste Nikolaj
Znaider, le flûtiste Emmanuel Pahud, les frères
Capuçon ou encore le violoncelliste Boris
Pergamenchikov, aujourd’hui disparu. Elle participe également à des festivals de musique de
chambre, tels ceux de Lockenhaus, du
Schleswig-Holstein, ainsi qu’à ceux de
Salzbourg ou de Jérusalem.
Madeleine Carruzzo n’oublie pas son
Valais natal. Elle y revient régulièrement. En été
2013, elle prenait par exemple une part active à
l’Académie de musique Tibor Varga, s’occupant
de la préparation aux concours d’orchestre.
Comme soliste, les occasions de l’entendre en Suisse ne sont d’ailleurs pas
rares. Notons encore qu’en 2012,
Madeleine Carruzzo a été honorée du
Prix de la Ville de Sion.
A Genève
A Genève, la violoniste valaisanne se produira au sein d’une formation
émanant du Jerusalem Chamber
Music Festival, importante manifestation qui a lieu chaque fin d’été au
YMCA Concert Hall de cette ville. La
pianiste Elena Bashkirova en est la
directrice artistique. L’ensemble à géométrie variable issu du festival se produit dans le monde entier. Il joue aussi
bien la Symphonie de chambre op.9
pour quinze instruments solistes
d’Arnold Schoenberg, comme à Paris
en février dernier à la Cité de la
musique, que des duos, des sonates
pour violon et piano, ou encore des
quatuors et quintettes avec piano,
comme ce sera le cas au Conservatoire
de la Cité de Calvin, avec les œuvres
de Mozart et de Schumann à l’affiche
de la soirée du 19 mars.
Madeleine Caruzzo
Elle est aussi membre du Haydn Ensemble de
Berlin, une formation à effectif variable qui
donne de nombreux concerts, en Allemagne
comme ailleurs.
Violoniste d’abord, Madeleine Carruzzo
joue aussi couramment de l’alto. C’est comme
altiste qu’elle fait partie depuis 2005 du
Quatuor Erlenbusch, dont les autres membres
sont les violonistes Michael Barenboim et Petra
Schwieger, et le violoncelliste Timothy Park.
Madeleine Carruzzo a par ailleurs été maintes
fois la partenaire en musique de chambre de
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a
Yves Allaz
www.grandsinterpretes.ch
Le 19 mars. Jerusalem Chamber Music Festival, Rainer
Honeck, violon, Madeleine Carruzzo, violon, Amihai
Grosz, alto, Frans Helmerson, violoncelle, Elena
Bashkirova, piano (Schumann, Mozart). Conservatoire
de Musique à 20h (loc. Service culturel Migros Genève,
Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe)
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portrait
Le Trio wanderer
Le Trio wanderer de Paris sera l’hôte de Pour l’Art, le mardi 3 mars à
l’Octogone de Pully, ainsi que de Temps et Musique, en compagnie de
l’altiste Christophe Gaugué, à la salle de la Colombière à Nyon le
dimanche 22 et le lundi 23 au Conservatoire de Genève. Il y présentera,
entre deux chefs-d’œuvre de Mendelssohn et de Brahms, un Trio méconnu
de Leonard Bernstein et les Trois Nocturnes du Genevois Ernest Bloch,
composés aux USA en 1925.
Fondé en 1987 par le pianiste Vincent Coq,
le violoniste Jean-Marc Phillips-Varjabédian et
le violoncelliste Raphaël Pidoux, tous trois
issus du Conservatoire National Supérieur de
Paris, le Trio Wanderer s’est donné le voyage
comme emblème, « celui intérieur qui le lie à
Schubert et au romantisme allemand et celui,
ouvert et curieux, qui explore le répertoire de
Haydn à la musique d’aujourd’hui. » On ne
saurait mieux dire. Son répertoire est si vaste et
de Rio de Janeiro à Tokyo, et par les festivals du
monde entier.
Les enregistrements
Les enregistrements du Trio Wanderer sont
célébrés par la presse internationale. Ceux de
l’intégrale des Trios avec piano de Beethoven et
de Brahms sont considérés comme des références absolues, et le dernier en date vient d’être
réalisé en Allemagne pour Harmonia Mundi,
te », son ami Nicolas Rubinstein. Avec orchestre, le Trio Wanderer a enregistré en 2005 pour
la firme Capriccio les deux Triples Concertos
de Bohuslav Martinu avec l’Orchestre du
Gürzenich de Cologne et James Conlon, puis en
2011, avec les mêmes interprètes, le Triple
Concerto de Beethoven pour Harmonia Mundi.
La création contemporaine
Le Trio Wanderer participe activement à la
création contemporaine. Il a commandé à
Michèle Reverdy En Terre Inconnue, dont il
existe un enregistrement « live » de 1994. Il a
créé plusieurs œuvres de Thierry Escaich - dont
Lettres Mêlées en 2004 - , de Frank Michael
Beyer (1908-2008) Lichtspuren (2006), ainsi
qu’en 2011 le Triple Concerto « Ego » de
Matteo Franceschini, avec l’Orchestre National
d’Ile de France. Il a également donné le première mondiale du Triple Concerto de Philippe
Hersant au printemps 2014. Quant aux Huit
Moments Musicaux (2008) de Bruno Mantovani
- un hommage à Schubert, commande de la
Folle Journée de Nantes - , ils figuraient déjà au
programme du concert des Wanderer à La
Chaux-de-Fonds en février 2014 et ont été enregistrés pour le label Mirare.
Notons encore que Jean-Marc PhillipsVarjabédian enseigne le violon et Raphaël
Pidoux le violoncelle au Conservatoire de Paris,
que Vincent Coq est professeur de musique de
chambre à la HEMU de Lausanne, et que tous
trois animent des master-classes au Festival de
la Roque d’Anthéron.
Yves Allaz
Mardi 3 mars à 20h. Pour L’Art. TRIO wANDERER
(Schumann: Trio op. 63 / Fauré: Trio op. 120 /
Chostakovitch: Trio op. 67). L’Octogone (loc.
021/721.36.20) / www.pourlart.ch
Trio Wanderer © Marco Borggreve
varié qu’il ne peut être comparé qu’à celui que
défendait avec un brio incomparable, pendant
des décennies, le légendaire Beaux-Arts Trio.
Le Trio Wanderer a d’ailleurs bénéficié des
conseils de Menahem Pressler, à côté de ceux
du Quatuor Amadeus, tout en se formant auprès
des meilleurs maîtres : Jean-Claude Pennetier et
Jean Hubeau, en France, György Sebök, Janos
Starker aux USA.
Le Trio Wanderer est invité par les institutions les plus prestigieuses, de Berlin à Pékin,
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label attitré du trio. Il s’agit du Quatuor pour
piano et cordes No 3 op. 60 de Brahms, qui est
précisément au programme des concerts de
Nyon et de Genève. Citons encore, parmi les
enregistrements de ces dernières années : en
2008, les 2 Quatuors avec piano de Fauré, avec
l’altiste Antoine Tamestit ; en 2009, le Trio op.
15 de Smetana complété par des pages de
Liszt. ; en 2012, le superbe Trio No1 op. 32
d’Arensky, et le monumental Trio op.50 de
Tchaïkovski « A la mémoire d’un grand artis-
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Le 22 mars. Les Matinales. TRIO wANDERER &
CHRISTOPHE GAUGUÉ, alto (Mendelssohn: Trio op. 66 /
Brahms: Quatuor op. 60). Grande salle de la Colombière
de Nyon à 11h15
Le 23 mars. Temps & Musique. TRIO wANDERER &
CHRISTOPHE GAUGUÉ, alto (Mendelssohn: Trio op. 66 /
Bernstein: Trio / Bloch: Nocturnes / Brahms: Quatuor
op. 66). Conservatoire de Genève à 20h
(billetterie : Service culturel Migros, Migros Nyon-La
Combe, Stand Info Balexert)
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«Nuit transfigurée» donnée ensemble en 2013,
et du 1er sextuor de Brahms qui l’avait été en
2011, nous retrouverons Frédéric Kirch et
François Guye, cette fois pour le 2nd sextuor de
Brahms, l’opus 36.
saison 2015 du quatuor de genève
Romantiques
allemands
La saison 2015 est partagée entre
deux lieux : la salle des Armures du MAH et
la Salle Centrale de la Madeleine.
Pour leur 6ème saison de concerts, les membres du Quatuor de Genève
retrouvent avec Mendelssohn, Schumann et Brahms des compositeurs qui
leur sont familiers mais dans des œuvres qu’ils n’ont, pour la plupart
d’entre elles, pas encore jouées. Entretien avec André wanders, le
violoncelliste de l’ensemble.
54
Pourquoi avoir choisi cette année ces
trois compositeurs ?
Pensez-vous que les influences musicales des uns sur les autres apparaîtront ?
D’abord pour présenter au public des pièces qui
sont au coeur battant du répertoire du quatuor,
mais aussi dans l’idée de mettre en lumière les
liens d’amitié et d’influences reliant ces compositeurs. On sait que Mendelssohn, Schumann et
sa femme Clara, pianiste concertiste, étaient
amis. Les quatuors de Mendelssohn ont influencé Schumann lorsqu’il écrivait les siens, qui ont
du reste été dédiés à Mendelssohn. Par ailleurs
lors de la création du quintette avec piano de
Schumann lors d’un concert privé, c’est
Mendelssohn lui-même qui a tenu la partie de
piano! De même la rencontre du jeune Brahms
avec le couple Schumann a été d’une grande
importance pour la suite de sa carrière,
Schumann l’ayant d’emblée qualifié de «nouveau messie de l’art», sans oublier l’amitié passionnée qui a lié Brahms et Clara jusqu’à la
mort de celle-ci.
Chacun de ces compositeurs a clairement son
style bien reconnaissable, mais quand on écoute les quatuors de Schumann, on se dit par
moments qu’il y a là du Mendelssohn, et réciproquement. Ce sont des musiques souvent
intriquées.
Comme lors des saisons passées vous
collaborez avec d’autres musiciens ...
Le jeune pianiste Lorenzo Soulès, 1er Prix du
Concours de Genève 2012, sera notre partenaire dans le quintette de Schumann lors du premier concert au Musée d’Art et d’Histoire.
L’octuor à cordes de Mendelssohn nous donnera l’occasion d’inviter une formation qui,
comme nous, se consacre corps et âme à la
défense du répertoire du quatuor à cordes, le
Quatuor Terpsycordes, avec qui nous nous
réjouissons énormément de faire de la musique.
Et puis encore, dans le prolongement d’une
Oui, les deux concerts du printemps auront
encore lieu au Musée d’Art et d’Histoire avant
sa fermeture pour travaux qui mettra un terme,
peut-être momentané, à la fructueuse collaboration entretenue toutes ces années passées. Si
bien que les deux concerts de l’automne auront
lieu à la Salle Centrale de la Madeleine, qui est
une vraie salle de spectacle avec une acoustique
propice que nous avons pu tester. Le parterre
offre déjà 400 places, d’avantage si on ouvre la
galerie. C’est une belle solution pour continuer
l’aventure et nous espérons que notre public
nous y suivra.
Propos recueillis par Christian Bernard
MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE. Salle des Armures
DIMANCHE 15 MARS à 11 heures
Quatuor de Genève
François Payet-Labonne et Sidonie Bougamont, violons
Emmanuel Morel, alto, André wanders, violoncelle
avec Lorenzo Soulès, piano
1er Prix du Concours de Genève 2012
Mendelssohn : Quatuor à cordes op. 13
Schumann : Quintette avec piano
DIMANCHE 3 MAI à 11 heures
Quatuor de Genève
Schumann : Quatuor à cordes op. 41 n° 1
Brahms : Quatuor à cordes op. 51 n° 1
SALLE CENTRALE DE LA MADELEINE
Théâtre de la Madeleine
DIMANCHE 20 SEPTEMBRE à 11 heures
Quatuor de Genève et Quatuor Terpsycordes, ensemble
invité
Girolamo Bottiglieri et Raya Raytcheva, violons
Caroline Cohen-Adad, alto, François Grin, violoncelle
Brahms : Sextuor à cordes op. 18
Mendelssohn : Octuor à cordes
DIMANCHE 15 NOVEMBRE à 11 heures
Quatuor de Genève avec Frédéric Kirch, alto, François
Guye, violoncelle
Mendelssohn : Quatuor à cordes op. 12
Brahms : Sextuor à cordes op. 36
Quatuor de Genève: François Payet-Labonne
et Sidonie Bougamont,violons, Emmanuel Morel, alto et André Wanders, violoncelle © Alain Doury
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Programme sous réserve de modifications
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saison : orchestre de chambre de genève
Kantorow :
de père en fils
Le 17 mars prochain, le public genevois accueillera
deux générations de Kantorow : Jean-Jacques à la
baguette et Alexandre au piano.
Jean-Jacques Kantorow, violoniste virtuose et chef d’orchestre, plus de
160 enregistrements au compteur, a porté la «Journée Folle» jusqu’en Japon.
Il a y deux ans, il annonçait vouloir se consacrer uniquement à la direction…
Il n’a tenu que neuf mois sans archet… C’est son junior, du haut de ses 16
ans à l’époque, qui lui a réclamé… un enregistrement en duo de la fameuse
sonate de Franck. Pas question de le voir rouiller… « Il y en a trop sur le
marché, rétorque le papa, faisons plutôt du Chevillard,
Fauré et Gedalge », et le projet est né !
Pour la première fois dans sa longue carrière, le
violoniste dit avoir dû vraiment travailler…
L’enregistrement s'est fait chez NoMadMusik, qui —
pour mieux répondre au besoin du mélomane de la nouvelle ère — venait de lancer un concept d’enregistrement sur Internet. Mais père et fils tiennent à avoir en
main un vrai CD, en souvenir de leur première collaboration en studio, et l’on ne peut pas leur en vouloir…
c'est une sorte de trophée d’une escapade initiatique
dans le vaste univers de la musique, dans laquelle un
papa aussi expérimenté qu’attentionné introduit son fiston talentueux, avant de lui lâcher un jour la main…
dignité et son élégance, cousine avec les pages de Chopin ou Wieniawski.
Mais il y a comme une touche de tempérament plus latin: Ravel ou Bizet,
pourquoi pas ? L’archet expert du senior guide et, en même temps, s’appuie sur les accords fermes d’un pianiste très à l’écoute, respectueux, mais
présent. Pour Alexandre Kantorow, la jeunesse semble rimer avec de la
finesse, plus qu’avec de la fougue; il le prouve volontiers en solo, comme
par exemple dans son interprétation de l’arrangement pour clavier du
fameux Caprice n° 24 de Paganini. Si son auteur, le pianiste turc Fazil
Say, y met une touche de folie, le jeune Alexandre se la joue tout en légèreté, en obtenant l’illusion d’une improvisation jazzy qui propulse le mélomane — pour ne pas dire le cinéphile — quelque part entre l’Américain à
Paris de Gershwin et les Temps Modernes de Charlot… Epoustouflant !
La soirée de tous les défis
En mars, à Genève, Jean-Jacques dirigera Alexandre dans le concerto pour piano de Liszt, précédé par la… Malédiction pour piano et orchestre à cordes du même compositeur. Non, franchement, les deux musiciens
n’ont pas froid aux yeux ! Un programme ambitieux, avec Pelléas et
Mélisande de Sibelius en ouverture, et la deuxième symphonie de SaintSaëns en deuxième partie. Aucune doute: le junior offre à son papa une
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Simplicité et fierté
Une complicité énorme émane de cette gravure. La
Polonaise de Chevillard, un proche de Fauré, avec sa
Jean-Jacques Kantorow, photo K. Miura
deuxième jeunesse l’année de ses… septante ans. En
un concert à ne pas manquer, pour des ados fascinés par
leurs pairs dotés de superpouvoirs, le jeune apprenti
Yoda prend du galon rapidement sous l’œil bienveillant
de son Maître Jedi… Et qui sait, la baguette du chef se
fera peut-être fluorescente pour l’occasion ? «La force
est… »
Beata Zakes
L’OCG. 6e concert soirée «Carte blanche». Bâtiment des Forces
Motrices le 17 mars 2015 à 20h.
Billetterie : Rue Gourgas 1, CH–1205 Genève
Du lundi au vendredi (de 9h30 à 12h et de 14h30 à 16h), aussi par
téléphone : +41 22 807 17 90.
Par courriel : [email protected]. et dans les points de vente.
Alexandre Kantorow, photo Vincent Bourre
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lement dévoués à la musique». Il a aussi indiqué, dans un journal anglais,
qu'il veut s'attacher à la partition autant que l'a aimée le compositeur
quand il l'a rédigée. «Je recherche les voix intérieures, celles qui ne sont
pas immédiatement audibles, les articulations des phrases; je m'intéresse
aux points culminants, mais aussi aux silences, en somme je recherche une
atmosphère, en me basant aussi sur tout mon expérience et mes connaissances ». Toujours et encore l'engagement enfiévré !
sakari oramo aux concerts migros
L'énergie
à la nordique
Le 19 mars à Genève, accompagné par la phalange de
la capitale suédoise, c'est un chef très engagé qui se
produira sur la scène du Victoria Hall.
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Né à Helsinki en 1965, il dirige son premier concert à l'âge de 11 ans,
en bottes en caoutchouc sans se préoccuper d'autre chose que de musique:
« il pleuvait tellement ce jour-là ». Cet attachement passionné le suit jusqu'à maintenant : Sakari Oramo commence sa carrière comme violoniste
à l'Orchestre symphonique de la radio finlandaise, mais ce sont des horizons plus larges qui l'attirent. En 1989, il rejoint la classe de direction de
Jorma Panula à l'Académie Sibelius. En 1993, il remplace un maestro
malade et dirige l'Orchestre symphonique de la radio finlandaise dont il
devient dans la foulée chef principal associé. Oramo a également travaillé
avec la formation de chambre «Avanti!» créée par Jukka-Pekka Saraste,
une personnalité forte qui, tout comme Leif Segerstam l'a beaucoup inspi-
Sakari Oramo, photo Jurek Holzer
ré. De ces deux figures, il a hérité un indubitable charisme, qui le mène,
par exemple, à diriger Sibelius avec beaucoup d'énergie et de passion. On
pourra certainement s'en convaincre à Genève.
Feu et flamme
En 2008, Oramo rejoint l'Orchestre philharmonique royal de
Stockholm. Sur son site internet, il précise : « Avec cet orchestre, au tempérament si attachant, mon but est d'en faire briller la personnalité, grâce
à toute l'énergie qui se dégage de la force intérieure des interprètes tota-
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Explorer et dynamiser
Un moment clef dans son parcours a eu lieu en septembre 1996:
Oramo a été nommé chef principal de l'Orchestre symphonique de
Birmingham, succédant à Simon Rattle. Là ou le Britannique a voulu faire
œuvre de moderniste, le Finlandais a préféré explorer le méconnu dans
l'histoire. A sa nomination à Birmingham, il avoue s'être retrouvé dans un
univers inconnu, « j'étais totalement novice en matière d'organisation. J'ai
eu la chance d'être choisi par des musiciens très expérimentés et de bénéficier de leur soutien total. Il voulaient du nouveau et m'ont suivi.»
Dans la cité anglaise, il a notamment enregistré plusieurs œuvres du
compositeur britannique de la première moitié du XXe siècle: John
Foulds. Il s'est aussi spécialisé dans les oeuvres de Elgar et Villa-Lobos.
Le directeur artistique déclare être fasciné par le processus de sélection
historique. Pour quelles raisons Elgar et pas Foulds a-t-il rencontré les
faveurs du public ? Hindemith et pas Kaminsky ou Heinz Schubert ? Il lui
paraît essentiel d'élargir l'héritage musical, les figures restées dans l'ombre tout autant que les personnalités singulières, comme Villa-Lobos ou
John Leifs. « C'est une terrible
erreur de se limiter à des frontières
stylistiques ou nationales, d'écouter
de la musique connue, encore et
encore... ce qui n'empêche nullement
de garder vivante la tradition de
Mahler, Debussy, Beethoven ou
Haydn. Tout est affaire d'équilibre. »
Il est marié à la soprano finlandaise Anu Komsi dont il a deux fils.
Avec elle il a fondé le Festival de
Kokkola, ville située sur le Golfe de
Botnie, à 500 km au nord-ouest de
Helsinki. Dans ce lieu tout à fait neuf
pour la musique classique, le couple
Oramo peut cultiver sa passion, en
organisant ou donnant des concerts
en des lieux inédits et variés: un
débarcadère, une église, un théâtre,
une salle de concert (quand même !)
mais aussi une tente de cirque !
Pierre Jaquet
Victoria Hall, Genève
Jeudi 19 mars 2015, à 20h
Orchestre Philharmonique Royal de Stockholm
Avec Patricia Kopatchinskaja (violon)
Honegger: «Rugby», Mouvement symphonique No 2
Tchaïkovsky: Concerto pour violon en ré majeur op. 35
Sibelius: Symphonie No 1 en mi mineur, op 39
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geneva camerata au bâtiment des forces motrices
Johannes Moser
A nouveau David Greilsammer et son ensemble Geneva Camerata
présentent un programme original dans la série des « Concerts Prestige » :
Vivaldi, Bartok, Carl Philipp Emanuel Bach (concerto pour violoncelle en
la mineur) et … un concerto pour violoncelle électrique de Jonathan Keren
(né en 1978), commande du Geneva Camerata et création mondiale.
Le soliste germano-canadien Johannes
Moser, vainqueur en 2002 du Concours
Tchaïkovski, est l’hôte régulier des plus grands
orchestres de la planète, et la liste de ses enregistrements est déjà longue, principalement
chez Hänssler Classics. Très engagé dans le
soutien à la création contemporaine, il a été
invité par Pierre Boulez à faire ses débuts avec
l’Orchestre Symphonique de Chicago.
En outre il se passionne pour la transmission du goût de la musique aux jeunes générations. « Partout où mes concerts m’amènent,
vous pouvez me trouver en train de visiter des
écoles, de diriger des master classes et de faire
de la musique avec des étudiants de
tous les âges » écrit-il sur son site.
Il nous a livré quelques informations et quelques réflexions.
d’une façon « différente » ?
Je ne pense pas vraiment au violoncelle électrique comme à une diversion par rapport à mon
activité « normale ». Je l’approche avec la même
sincérité que lorsque je joue Dvorak ou Haydn.
Je dirai cependant que les diverses occasions que
j’ai eues de l’utiliser jusqu’ici ont énormément
influé sur la façon dont je joue mon répertoire
habituel. Le dernier concerto pour violoncelle
électrique que j’ai interprété avec le Los Angeles
Philharmonic sous la direction de Gustavo
Dudamel était Magnetar d’Enrico Chapela, écrit
pour moi. Depuis je l’ai joué à Sao Paulo,
Birmingham, Porto, Madrid…
David Greilsammer © Cabinet de Creation
Pourquoi étiez-vous intéressé par une
collaboration avec David Greilsammer ?
C’est un esprit délicieusement créatif et il cherche à dépasser les limites. C’est très inspirant de
travailler avec lui ; c’est une énergie que je
garde longtemps après nos rencontres.
D’une façon générale, estce que la musique de notre temps
joue un rôle important dans votre
carrière, votre vie ?
Nous vivons une époque favorable à
la musique. Tout est à disposition, à
chaque instant, où que l’on soit. La
difficulté est de choisir comment
vous voulez concevoir votre environnement auditif. Avec une telle
abondance de son constamment à
disposition, on doit choisir avec
soin. Je crois que mon sens de la
musique et de l’écoute change profondément selon la manière dont je
l’alimente ; donc je crois qu’il faut
choisir en toute conscience et non
remplir au hasard son espace avec du
son. Et bien sûr, le Silence… qui est
aujourd’hui quelque chose de rare
mais qui est encore la plus grande
musique à mes oreilles.
Pouvez-vous nous parler de ce
violoncelle électrique dont il est
question ?
Je dispose d’un violoncelle Yamaha
SVC110, facile et agréable à jouer. La
magie intervient cependant lorsque
j’envoie mon signal sonore à l’ordinateur : en me connectant avec ma carte
son MOTU je fais passer le son à travers les effets du software ABLETON,
qui fournit tous les effets dont j’ai
besoin. J’utilise une pédale pour varier
les effets et les sons.
Pourriez-vous caractériser la
musique que nous entendrons ?
Pour être honnête, je n’ai aucune idée
de ce à quoi la musique ressemblera,
puisqu’elle est encore en cours de composition à l’heure où je réponds à cette
question. Je suis juste aussi impatient et
curieux que vous l’êtes !
Propos écrits recueillis et
traduits par Martine Duruz
Avez-vous déjà eu d’autres
occasions de jouer du violoncelle
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26 mars. Concert Prestige n°4. Violoncelle
Rock ! Bâtiment des Forces motrices à 20h
(billetterie : Fnac)
Johannes Moser © Uwe Arens
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scènes de mars
Agenda romand
Les villes de Lausanne et de Bienne se distinguent particulièrement ce
mois-ci dans le domaine lyrique et chorégraphique : l’une avec les
représentations de Tancredi de Rossini à l’Opéra et celles de Peter Pan,
nouveau spectacle des jeunes danseurs de l’AFJD au Théâtre de Beaulieu ;
l’autre avec la reprise au Stadttheater de La Tragédie de Carmen, opéra de
chambre d’après Bizet, dans la célèbre adaptation qu’avaient réalisée
Peter Book, Jean-Claude Carrière et Marius Constant au Théâtre des
Bouffes du Nord, à Paris en 1981.
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A Lausanne, du 20 au 27, l’Opéra affiche
Tancrède, premier opera seria de Rossini, adapté de la tragédie de Voltaire, avec notamment
Anna Bonitatibus et Jessica Pratt, dans une mise
en scène d’Emilio Sagi, avec l’OCL, sous la
direction musicale d’Ottavio Dantone.
A l’Opéra également, l’OCL donnera, le
1er mars, son 5e concert du dimanche, sous la
conduite de Rafael Payare, avec des œuvres de
Schnittke et Schubert, et les 9 et 10, son 7e
concert d’abonnement, avec Ottavio Dantone à
la direction et au clavecin et Maurice Steger à la
flûte à bec, dans diverses pages de Bach, Haydn
et Vivaldi.
Une riche activité musicale et chorégraphique est programmée au Théâtre de Beaulieu,
avec les soirées du Ballet de Milan (ve 6), du
Ballet classique de Saint-Pétersbourg dans
Gisèle (di 15), de l’Opéra national de Moldavie
dans Nabucco de Verdi (ma 17), du 6e concert
d’abonnement de l’OSR, conduit par Neeme
Järvi, avec Nikolaj Znaider en soliste (je 19).
Maurice Steger
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Au programme figurent deux symphonies, la
86e de Haydn et la 2e de Sibelius, ainsi que le
Concerto pour violon op.33 de Carl Nielsen.
A Beaulieu également, l’AFJD,
l’Association pour la Formation de Jeunes
Danseurs de Marjolaine Piguet, présente son
nouveau spectacle Peter Pan, mis en scène par
Pierre Wyss, sur une musique originale de JeanSamuel Racine et Renaud Delay interprétée par
un orchestre de musiciens professionnels (je 26,
ve 27 et sa 28).
Deux concerts de musique contemporaine
sont annoncés à la HEMU (Grotte 2) : l’un avec
Karolina Öhman, violoncelle, et Gilles
Grimaître, piano, qui donneront une création
mondiale de Diego Ramos Rodriguez et une
première suisse de Hanspeter Kyburz (lu 9) ;
l’autre, avec William Blank à la direction, la
violoncelliste Martina Schucan, Philippe Albèra
pour la présentation, le Lemanic Modern
Ensemble et l’Ensemble contemporain de
l’HEMU présenteront des œuvres de Bruno
Mantovani, Michael Jarrell et Hector Parra
Esteve (lu 23).
A la Salle Paderewski, les Concerts de
Montbenon affichent un récital du pianiste
Bruno-Leonardo Gelber dans la Sonate «
Waldstein » de Beethoven, le Carnaval de
Schumann et l’Andante Spianato et Grande
Polonaise de Chopin (ve 20).
Intense activité du Sinfonietta Lausanne,
qui donnera deux concerts à Montbenon. L’un,
sous la conduite de Lutz de Veer, comprendra
des pages de R. Strauss, Mendelssohn,
Honegger et, avec Alexandra Conunova, l’admirable Concerto funèbre pour violon et cordes
de Karl Amadeus Hartmann (je 5) ; l’autre, avec
Alexander Mayer à l’orgue et à la direction,
Félix Froschhammer au violon et des solistes,
comportera des pages de Bach, de Haydn et de
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Mozart, dont la Messe du Couronnement K. 317
(ve 27). Ce même programme sera repris à
yverdon, à l’Eglise St-Pierre (sa 28), ainsi qu’à
Gland, au Théâtre de Grand Champ (di 29).
Le Sinfonietta, conduit par Luc
Baghdassarian, accompagnera aussi le Chœur
symphonique de Vevey dans le poignant Stabat
Mater de Karol Szymanovski à Vevey, au
Temple St-Martin (di 22), et les cuivres du
Sinfonietta, avec Alexander Mayer, seront aussi
en concert à Sugnens (me 18).
A la Cathédrale, deux concerts sont annoncés : l’un par le Chœur Pro Arte, l’OCL, des
solistes et la direction de Pascal Mayer, qui présenteront Les 7 dernières paroles du Christ en
croix de Haydn (me 4) ; l’autre, par le Chœur
Karolina Öhman
Laudate Deum en formation de chambre,
l’Orchestre de Chambre de Genève et des solistes, qui interpréteront la Passion selon SaintJean de J.S. Bach, sous la conduite de John
Nelson (me 11). Même concert à Rolle (me 4).
A l’Eglise de Villamont, l’ensemble belge
Il Gardellino se produira dans diverses pages de
Mozart, H.P.A. Leemans de Bruges et J.C. Bach
mettant notamment en valeur la flûte, le hautbois et le glasharmonica (di 15). Même concert
à Bulle (di 15).
A Morges, le Quatuor Terpsycordes sera
en concert au Temple, dans des pages de Haydn,
de Webern et de Schubert (di 8).
A Rolle, au Temple, la Sinfonietta de
Genève, dirigée par Benoît Willmann, jouera le
Concerto pour violon de Beethoven, avec en
soliste Cécile Freyssenède, et la 2e Symphonie
de Brahms (sa 7).
A Nyon, le Trio Wanderer et l’altiste
Christophe Gaugé présenteront des Trios avec
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piano de Mendelssohn et de Bernstein, ainsi que
le 3e Quatuor avec piano de Brahms (di 22)
A Romainmôtier, l’Ensemble Vocal et
Instrumental Laudens Exultet de Mâcon se produira en ouverture de saison des Concerts de
l’Abbatiale (di 29).
A Orbe, le charmant petit Théâtre de la
Tournelle accueillera l’Ensemble Sigma pour
un spectacle musical autour de la Boîte à joujoux de Debussy (sa 28).
A Grandson, au Château, le Trio à cordes
et piano Rafale de Zürich se produira dans des
pages de Beethoven, Jannik Giger (né en 1985)
et Chostakovitch (di 22). Même concert à
Romont (ve 20).
A Pully, deux concerts Pour l’Art sont programmés à l’Octogone : celui du Trio Wanderer
dans Schumann, Fauré et Chostakovitch (ma 3)
et celui du Quatuor Mandelring dans des œuvres de Haydn, Friedrich Gernsheim et
Mendelssohn (ma 24).
A Lutry, au Temple, l’Ensemble Corund
de Lucerne, conduit par Stephen Smith, présentera la fameuse Missa papae Marcelli de
Palestrina, ainsi que le Crucifixus de Lotti, à
l’invitation des Concerts Bach (di 29).
l’Orchestre Confluences de Lyon, conduit par
Philippe Fournier (ve 13).
A Villeneuve, à l’Eglise St-Paul, le duo
d’accordéons des frères Chapuis jouera des pièces de Semjonov, de Ligeti, de Ginastera et de
Piazzolla (di 1).
A Monthey, au Foyer du Crochetan, la pianiste Béatrice Berrut consacrera son récital à
des Préludes de choral de Bach-Busoni, aux
Etudes baroques de Thierry Escaich et à des
pages de Liszt (di 1).
A Martigny, le Quatuor Emerson sera
l’hôte de la Fondation Gianadda pour des
extraits de l’Art de la Fugue de Bach et pour le
monumental Quatuor no 15 op.132 de
Beethoven (di 8).
A Sion, le duo formé par la pianiste
Virginie Falquet et le violoniste Patrick Genet
sera en concert au Théâtre de Valère dans des
Sonates de Bach et de Beethoven, les opus 23 et
96 (di 1).
A La Chaux-de-Fonds, à la Salle Faller, le
duo de piano à 4 mains Ivo Haag et Adrienne
Soos jouera une transcription de la 3e
Symphonie de Brahms et le Divertissement à la
hongroise de Schubert (ve 6). Au Temple
Allemand, la Camerata Alma Viva présentera
un programme d’œuvres
de Mozart, Hugo Wolf et
Souvenir de Florence de
Tchaïkovski (je 19). A
L’Heure
bleue,
l’Ensemble
Café
Zimmermann offrira une
soirée Bach, avec la
Sonate BWV 1021 et les
Cantates BWV 32, 51 et
82, données avec le
concours de la soprano
Sophie Kharthäuser et de
la basse Christian Immler
Sophie Karthäuser © Molina Visuals / Harmonia Mundi
(sa 28).
A Moudon, à l’Eglise St-Etienne,
A Neuchâtel, au Temple du Bas,
l’Ensemble Baroque de Joux et Voix 8 interpré- l’Ensemble Symphonique Neuchâtel (ESN),
teront le cycle des Cantates Membra Jesu sous la baguette d’Alexander Mayer, jouera
Nostri de Buxtehude (di 22).
l’Ouverture de Manfred et la Symphonie no 1
A Vevey, les Folies Françoises seront à « Le Printemps» de Schumann, et accompagnel’affiche d’Arts et Lettres, à la Salle del Castillo, ra le violoncelliste Orlando Theuler dans le
à l’enseigne de « Chroniques d’un musicien - Concerto d’Elgar (di 15). Même concert à la
Carl Philipp Emmanuel Bach » (je 19).
Collégiale de St-Imier ( ve 13).
A La Tour-de-Peilz, à la Doges, le pianisA Bienne, au Stadttheater, Carine Séchaye,
te Pascal Siegrist donnera un récital d’œuvres mezzo soprano, incarnera Carmen dans La
de Beethoven (di 22).
Tragédie de Carmen d’après Bizet, de Marius
A Montreux, à l’Auditorium Stravinski, Constant et Jean-Claude Carrière, dans la mise
est annoncé un spectacle intitulé « Le Mystère en scène de Peter Brook, et sous la direction de
Bizet », avec l’écrivain E.-E. Schmitt et Harald Siegel (ve 20 Première et di 29).
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Au Palais des Congrès, l’Orchestre
Symphonique Bienne Soleure, guidé par Kaspar
Zehner, avec la mezzo Tanja Ariane
Emmanuel Pahud
Baumgartner et le clarinettiste Romain Guyot,
affiche des œuvres de Mozart, Weber, le
Knaben Wunderhorn de Mahler, ainsi qu’une
rareté, la Symphonie op.70 de Robert Radecke,
qui sera enregistrée dans la foulée par la firme
CPO.
A Fribourg, à l’Aula Magna, deux récitals
de piano sont annoncés : l’un du pianiste chinois Yundi dans Chopin (sa 7), l’autre de Lukas
Geniusas, qui jouera des Sonates de Beethoven,
Brahms et Prokofiev. Au même endroit, la
Nordwestdeutsche Philharmonie, conduite par
Yves Abel, avec Lisa Smirnova en soliste,
défendra un programme fort intéressant, avec
des pages de Bernstein, de Chostakovitch, ainsi
que le Concerto for my self – Sonate concertante pour piano et orchestre (1988) de Friedrich
Gulda, et la Rhapsody in blue de Gershwin (ve
20). A l’Equilibre, l’Orchestre de Chambre de
Bâle, conduit par Giovanni Antonini, interprétera la Symphonie No 103 « du Roulement de timbale » de Haydn, et accompagnera le flûtiste
Emmanuel Pahud dans des Concertos de
Devienne et de Gluck (je 5). Une soirée de jazz
vocal est programmée au même endroit, avec la
chanteuse Sud-Coréenne Youn Sun Nah, soutenue par une guitare, un accordéon et une contrebasse (je 26).
Yves Allaz
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festival de lucerne
Musique sacrée
avant Pâques
Pour Olivier Messiaen, il n’y avait pas deux sortes de
musique, une qui serait sacrée et une autre qui serait
profane. Pour le célèbre compositeur toute musique était
sacrée. Dans ce sens, tout le Festival de Lucerne qui
propose avant Pâques des concerts dans les églises et dans
la belle salle de concert du KKL imaginée par Jean Nouvel
est un festival de musique sacrée.
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Le Festival s’ouvre samedi 21 mars dans la Hofkirche avec une
œuvre rare de Mozart, Le devoir du premier commandement KV 35, son
premier Singspiel. Le lendemain, dans le même lieu, le chœur Vox
Luminis, composé de solistes du monde entier, chantera des œuvres de
Schütz et de la famille Bach. Le lundi, toujours à la Hofkirche, l’orchestre des jeunes de la Suisse centrale interprétera des extraits de la Symphonie
avec orgue de Camille Saint-Saëns, Jupiter, de Gustav Holst et une créa-
L.A. DANCE
PROJECT
BENJAMIN MILLEPIED [ USA ]
VENDREDI 27 MARS
& SAMEDI 28 MARS — 20h
SALLE DES FÊTES DU LIGNON
Place du Lignon 16 — Vernier
Ingo Metzmacher © Harald Hoffmann
tion pour orchestre symphonique orgue et Live-Electronic de Dave
Jegerlehner. Le mardi, rendez-vous à la Jesuitenkirche. La jeune
Philharmonie de la Suisse centrale et l’Akademiechor Luzern donneront
vie à une partition tombée dans l’oubli, la cantate de Carl Heinrich Graun,
La mort de Jésus, un “tube“ du 18e siècle.
Les festivités dans la salle de concert commencent mercredi 25 mars
avec l’ensemble Musica Aeterna et son jeune chef Theodor Currentzis. Ils
interpréteront un concerto brandebourgeois ainsi qu’une cantate de Bach
et divers extraits d’œuvres de Jean-Philippe Rameau. Le concert du jeudi
26 mars représente un point d’orgue du festival : John Eliot Gardiner dirigera la célèbre Messe en si (en fait messe en si mineur) de Bach, avec ses
English Baroque Soloists et son Monteverdi Choir. Le lendemain, on
pourra entendre un autre chef-d’œuvre, la 6e symphonie de Mahler.
L’orchestre symphonique de Baden-Baden et Fribourg interprétera cette
partition aux accents tragiques. À la baguette, Ingo Metzmacher. L’œuvre
jouée le samedi 28 mars exprime elle aussi un moment tragique: le Stabat
Mater. Il s’agit de la célèbre version de Dvořák. Mariss Jansons dirigera
l’Orchestre symphonique et le chœur de la radio bavaroise. Les mêmes
clôtureront le Festival, le dimanche des rameaux, avec le 1er concerto de
Beethoven (au piano Radu Lupu) et la 6e symphonie de Bruckner.
De lundi 23 à mercredi 25 mars aura lieu une master class de direction d’orchestre ouverte au public. Bernard Haitink prodiguera ses
conseils à de jeunes chefs. Le dimanche des rameaux, il y aura un concert
jeune public, Les frères cœur de lion, d’après un roman pour la jeunesse
d’Astrid Lindgren, en allemand.
Emmanuèle Rüegger
Service de la culture — 022 306 07 80
www.vernier.ch/billetterie
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en mars
Agenda genevois
Au Grand Théâtre, un ballet sur des
musiques de Toshio Hosokawa annoncera le
printemps. Water Stains on the Wall, signé par
Lin Hwai-min, sera interprété par le Cloud Gate
Dance Theater de Taiwan, du 11 au 14 mars. Par
ailleurs, dans le cadre du festival Archipel, l’on
pourra découvrir au Victoria Hall, le 29 mars prochain, les Contes de la lune vague après la pluie,
opéra de chambre en version concert signé
Xavier Dayer, avec un livret d’Alain Perroux.
Dirigé par Jean-Philippe Wurtz, l’Ensemble
Linea exécutera cette commande soutenue par la
Fondation Arthur Honegger, la Fondation de
France, et Pro Helvetia.
Au Victoria Hall, l’OSR dédiera les soirées
des 8, 10, 11 et 13 mars au Requiem de Verdi :
Edo de Waart dirigera le chœur du Grand
Théâtre, Csilla Boross (soprano), Violeta
Urmana (mezzo-soprano), Riccardo Massi
(ténor) et Roberto Scandiuzzi (basse).
L’orchestre retrouvera ensuite Neeme Järvi les 18
et 20 mars, toujours au VH. Nikolaj Znaider,
violoniste, interprétera le Concerto pour violon
de Nielsen. La soirée sera consacrée également à
la Symphonie No 86 de Haydn ainsi qu’à la
deuxième de Sibelius (le 18 mars) et à la sixième
de Beethoven (le 20 mars).
Nikolaj Znaider © Sheila Rock
L’Orchestre Philharmonique Royal de
Stockholm, avec à sa tête Sakari Oramo, sera en
visite au VH le 19 mars, accompagné par la violoniste suisse Patricia Kopatchinskaj. Elle
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interprétera le Concerto pour violon de
Tchaïkovski ; suivra la Symphonie No 1 de
Sibelius.
Le Geneva Camerata participe au « grand
marathon des concertos » de Vivaldi sur instruments d’époque les 13 et 15 mars, au Musée
d’Art et d’Histoire ; il donne également rendezvous le 6 mars au BFM pour une soirée « violoncelle rock ! », avec au violoncelle Johannes
Moser et à la baguette David Greilsammer. Le
programme, éclectique, comprend des œuvres de
Vivaldi, Bartók et de Jonathan Keren pour violoncelle électrique (création mondiale).
L’Orchestre de Chambre de Genève proposera le 8 mars la Passion selon saint Jean de
Bach à la Cathédrale de Genève, dirigée par John
Nelson ; il donnera ensuite carte blanche le 17
mars au BFM à Jean-Jacques Kantorow (direction) et à Alexandre Kantorow
(piano). Au programme : la suite
orchestrale Pelléas et Mélisande de
Sibelius, le Concerto No 2 pour
piano de Liszt et la Symphonie No 2
de Saint-Saëns.
Côté récital, le pianiste
Benjamin Grosvenor sera au VH le
24 mars dans le cadre de la série des
Grands Interprètes. Il jouera des
œuvres de Chopin,
Granados,
Franck,
Bach-Busoni
et
Rameau.
Mami
Hagiwara propose aussi
un récital de piano de 14 mars, au
VH, autour de partitions de Mozart,
Debussy et Chopin. Le baryton
Michael Volle sera quant à lui au
Grand Théâtre le 4 mars.
Accompagné par Helmut Deutsch, il
interprétera Schwanengesang de
Schubert.
Rachmaninov. Ce même accueille, le 19 mars, le
Jerusalem Chamber Music Festival, soit Rainer
Honeck et Madeleine Carruzzo, violon, Amihai
Grosz, alto, Frans Helmerson, violoncelle, et
Elena Bashkirova, piano, pour un concert
Schumann et Mozart.
Toujours au Conservatoire, le 23 mars, il
sera possible d’ententre le Trio wanderer en
compagnie de l’altiste Christophe Gaugué dans
des œuvres de Mendelssohn, Bloch, Bernstein et
Brahms.
Le 15 mars, le Quatuor de Genève invite le
pianiste Lorenzo Soulès au Musée d’art et d’histoire pour un concert d’œuvres de Mendelssohn
et Schuman.
Les musiques du monde sont au programme,
avec James Taylor & Band au Théâtre du Léman
le 7 mars, tandis que Buika se produit au Victoria
Hall le 21 mars; enfin, le 26 mars, place à Mare
Nostrum, ensemble constitué de Richard
Galliano à l’accordéon, de Paolo Fresu à la trompette et de Jan Lundgren au piano et percussion.
A signaler également, pour les amateurs de
musique contemporaine, les concerts donnés
dans le cadre du Festival Archipel, du 20 au 29
mars : tout d’abord le Lemanic Modern
«(This is not) a Dream» © Benoit Labourdette
Ensemble et l’Ensemble Contemporain de
l’HEMu dirigés par William Blank (20.3.), puis
de la cornemuse avec Erwan Keravec (21 et
22.3.), du birbyne avec Carol Robinson (23.3.),
sans oublier (This is not) a Dream, le spectacle de
Louise Moaty autour de Cage et Satie (28.3.)
et,pour finir, le concert donné par les Swiss
Chamber Soloists (29.3.).
Martina Díaz
Les amateurs de musique de
chambre se retrouveront le 5 mars au
Conservatoire de la Place Neuve pour écouter
Jean-Guihen Queyras au violoncelle et
Alexander Melnikov au piano, qui joueront des
duos de Schumann, Beethoven, Webern et
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à la grange au lac d’évian
Anne Queffélec
En compagnie du Quatuor Manfred, la pianiste française se produira à la Grange au Lac le samedi 21 mars
à 20h dans un programme classique allant de Bach à
Schumann.
Elle n’a pas échappé pourtant à de courtes périodes de doute, n’étant
pas persuadée que la musique avait vraiment besoin d’elle, malgré le parcours sans obstacles qu’elle était en train de suivre. Mais elle comprend
vite qu’elle a besoin de la musique, qu’elle ne saurait s’en passer. Elle a
aussi souffert au début de la solitude, en scène et dans le travail, avant que
la compagnie des compositeurs ne lui soit apparue comme source de satisfaction totale.
Elle a tant reçu qu’elle estime indispensable de transmettre sa passion : le temps de la musique peut donner une « image de l’éternité »,
dévoiler une sorte de « vérité » qui aide à vivre et que chacun devrait avoir
Anne Queffélec poursuit sa déjà longue
carrière couronnée de multiples succès en
France et à travers le monde. Le public l’aime et
elle aime son public, qu’elle considère comme
un cadeau qui l’inspire et avec qui elle partage
quelque chose de très intime. Elle ressent envers
lui une sorte de fraternité et ne craint pas sa critique, car finalement, dit-elle, le critique le plus
dur c’est d’abord soi-même !
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Portrait
Fille du romancier et scénariste breton
Henri Queffélec et sœur de l’écrivain Yann
Queffélec, auteur d’une biographie de Bela
Bartok et lauréat du Prix Goncourt en 1985 pour
ses poignantes Noces Barbares, elle a tout naturellement été sensibilisée aux beautés de la littérature et de la musique, vers laquelle elle décide
de s’orienter. Sa mère, qui avait fait de sérieuses
études de piano et chantait fort agréablement, et
ses premiers professeurs, dont elle appréciait au
plus haut point l’humanité et la générosité, ont
joué un rôle important dans ce choix. Son père
d’ailleurs était également féru de musique, d’art
en général. Sans avoir de but précis, elle s’engage donc sur cette voie, qui la conduit au
Conservatoire supérieur de Paris, où elle obtient
deux premiers prix (piano et musique de chambre), puis se perfectionne à Vienne auprès de Paul Badura-Skoda, Jörg
Demus et Alfred Brendel. Un choix plutôt judicieux ! Ses prix aux
concours de Munich et de Leeds (1968 et 1969) lancent sa carrière internationale. La musique française fait partie bien sûr de son répertoire de
prédilection, mais Mozart y est également très présent : elle a par exemple
donné au festival de La Roque d’Anthéron l’intégrale des sonates de ce
compositeur, en six concerts et contribué à la bande son du film Amadeus
sous la direction de Neville Mariner.
Au fil des ans elle a enregistré plus de trente disques, en majorité
pour le label Mirare. Un Diapason d’or a récompensé son Satie &
Compagnie. Notons qu’elle a reçu la Victoire de la meilleure interprète
classique en 1990. Elle vient d’ajouter à sa discographie sous le titre
Ombre et lumière, des sonates de Domenico Scarlatti, dont elle avait enregistré 13 pièces il y a quarante ans déjà.
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Anne Queffélec. Photo Caroline Doutre
la chance de découvrir. La musique serait comme une clé qui permet d’ouvrir en chacun une dimension inconnue. Elle est source de sens, de force.
Pour Anne Queffélec, rien ne semble jamais acquis : intelligente,
altruiste, cultivée et pleine d’humilité, elle poursuit sa recherche…
Martine Duruz
Nous avons retranscrit la substance de quelques propos d’Anne Queffeléc tenus lors
d’une interview réalisée par Suzana Kubik sur France Musique (octobre 2013)
Le 21 mars : Anne Queffélec / Quatuor Manfred (Busoni, Bach, Haendel, Beethoven)
La Grange au Lac, Evian (loc. 04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org)
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Le Concours de Genève, que vous
avez remporté, a-t-il été un moment déterminant dans votre carrière ?
entretien
Mami Hagiwara
On peut dire que de lui date le lancement de ma
carrière. J’ai pu ainsi entrer en relation avec de
multiples personnes du monde musicale, d’autres musiciens, des institutions internationales…
Et à partir de là, tout a démarré pour moi.
Brillant Premier Prix du Concours de Genève en 2010, Mami Hagiwara
offre un récital ce 14 mars au Victoria Hall. À ne pas manquer, pour
retrouver et goûter cette jeune pianiste originaire du Japon à l’orée
d’une carrière des plus prometteuses.
Comment vous est venue l’envie de
devenir pianiste ?
J’adore la musique, donc mon cheminement est
assez logique. Quand j’avais cinq ans, j’ai commencé à étudier le piano, chez moi au Japon. Et
à partir de là, très vite j’ai ressenti le désir et la
volonté d’être pianiste. Curieusement, c’est une
vocation qui m’est venue toute seule. Car il n’y
a aucun musicien dans ma famille.
Et ensuite, comment s’est déroulée
votre formation musicale ?
Mon parcours a été assez traditionnel. À
Hiroshima, où je suis née, j’ai suivi les cours
d’un professeur de piano, avec d’autres professeurs par la suite. Puis je suis venue en France
pour perfectionner ma technique. Au
Conservatoire de Paris, où j’ai étudié,
j’avais comme professeurs Jacques
Rouvier, Prisca Benoît, Itamar Golan
et Éric Le Sage. J’y suis restée cinq
ans.
Que préférez-vous : jouer seule lors
d’un récital, en tant que soliste dans un
concerto, ou en formation de chambre ?
coup d’amis. Et puis, j’adore Paris et la France.
Et j’adore les boulangeries françaises.
Quel est votre répertoire ? Qu’aimezvous jouer ?
Je n’ai pas de préférence particulière. Je joue
beaucoup de compositeurs, la musique française mais aussi la musique allemande, sans exclusives. Curieusement, je joue peu de compositeurs japonais. Tout simplement parce qu’il y en
a peu. Le seul que j’ai joué est Kenji Sakai, un
compositeur d’aujourd’hui qui a remporté le
Concours Reine Élisabeth il y quelques années,
qui a habité à Paris à une certaine époque et vit
maintenant à Berlin.
Toutes ces participations m’intéressent. Mais
j’avoue une petite préférence pour la musique
de chambre. Elle permet l’échange avec d’autres musiciens, sur un pied d’égalité. C’est enrichissant.
Qu’en est-il du programme de votre
récital du 14 mars ?
Je trouve un lien entre Mozart, Chopin et
Debussy. Du moins dans les pièces que j’ai
choisies. Les Variations de Mozart ont un côté
presque improvisé. La Troisième Sonate de
Chopin participe du même esprit. Quant à l’Isle
joyeuse de Debussy, j’y vois comme une peinture de la nature. Il y a aussi quelque chose de
japonais dans son esthétique. C’est un grand
plaisir pour moi de retourner à Genève, dans la
salle du Victoria Hall. J’y ai beaucoup
de souvenirs. Et je suis ravie de retrouver le public genevois.
Vos prochains projets ?...
Je vais participer à la Folle Journée au
Japon, à la suite de celle de Nantes à
laquelle je participe actuellement. J’ai
aussi des concerts et récitals prévus au
Viêt-Nam, au Canada et au Japon évidemment.
Pourquoi êtes-vous venue en
France ?
Pour poursuivre ma formation, il fallait que je quitte le Japon. J’ai alors
réfléchi, et ai hésité entre l’Italie et la
France. J’ai finalement choisi la
France, parce que les possibilités sont
plus importantes. On peut ainsi également se perfectionner en analyse, histoire de la musique, pédagogie… Et
puis c’est un pays de grande culture,
qui me faisait un peu rêver.
Propos recueillis par
Pierre-René Serna
Samedi 14 mars 2015 au Victoria Hall à 20h00
Mami Hagiwara piano
Programme :
Mozart : Variations sur un thème de Duport en
ré majeur KV 573 & Fantaisie en ré mineur
KV 397
Debussy : L’Isle joyeuse & Suite bergamasque
Chopin : Sonate n° 3 en si mineur op. 58
Location : Espace Ville de Genève, Grütli,
Genève Tourisme, Cité Seniors,
Centrale Billetterie T 0800 418 418 (Suisse), T
+41 22 418 36 18 (Etranger
Et maintenant, vous avez
choisi de résider à Paris…
En réalité, je me partage entre Paris et
le Japon, avec des séjours prolongés
dans les deux cas. Paris est une ville
merveilleuse, qui offre toutes sortes
de possibilités. J’y ai, en plus, beau-
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Mami Hagiwara
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e x p o s i t i o n s
musée cantonal des beaux-arts, lausanne
Paris à nous deux !
L'effervescence de la vie parisienne fait naître l'artiste. Cette croyance qu'au
tournant du XXe siècle toute formation artistique impose un séjour à Paris,
est le propos de l'exposition du musée de Lausanne qui retrace de façon
thématique les relations des artistes suisses romands avec la capitale française.
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Au Salon de 1765, Diderot affirme qu'un
grand artiste ne peut éclore “des peuples suisses“ en raison de leurs mœurs, de leur dispersion et du manque de concurrence d'un canton à
l'autre. Effectivement, entre la fin du XVIIIe et
le début du XIXe siècle, la formation artistique
en Suisse romande est pauvre. Ce constat amène
les artistes à s'instruire d'abord à Rome, puis
exclusivement à Paris. Chacun caressant
l'espoir d'une sélection au Salon, nouvellement
créé en 1725, et d'exposer ses œuvres devant le
public parisien.
C'est ce que montre le début de l'exposition
avec Jacques Sablet. Le peintre s'est inspiré de
ses voyages à Rome et traduit avec bonheur les
luminosités chaudes du sud de l'Europe. Il
excelle dans les scènes de genre à l'Italienne
avec des sujets empruntés à l'héritage antique.
Une production qui soulèvera la reconnaissance
des Salons parisiens de la fin du XVIIIe siècle.
Une étape historique appuyée par la publication
d'un nouveau volume des Cahiers du Musée des
Beaux-Arts de Lausanne consacré aux frères
Jacques et François Sablet.
Les Salons parisiens ne vont pas toujours
être la voie royale de la peinture européenne. Au
cours de la seconde moitié du XIXe siècle, ce
sont les Expositions universelles qui prennent le
pas des grands événements culturels en Europe.
Les pays n'ont de cesse de mettre en avant leur
nation, en présentant des architectures ou des
œuvres typiques de leur culture. Paris n'est pas en
reste, puisque la capitale organise pas moins de
cinq manifestations jusqu'en 1900. A cette période les stéréotypes helvétiques se développent :
les vaches sont reines et les alpages piqués de
mille fleurs, la nature est sauvage, impressionnante, et les traditions bien vivantes. Le point
culminant est représenté par la fameuse toile
d'Eugène Burnand, Taureau dans les Alpes, qui
fut un succès parisien; ainsi que la magnifique
Fête patronale au val d'Hérens, d'Edouard Ravel.
A remarquer aussi les tableaux de François
Bocion qui se démarquent des sujets pittoresques
par des peintures qui se jouent des lumières. En
cette fin de siècle, c'est effectivement le temps
des peintres de l'école de Barbizon et l'émergence du courant impressionniste.
A Paris les rivalités sont féroces. Le Salon
des indépendants se crée en 1884 et le Salon
d'Automne en 1903. Les galeries privées aussi
se développent et jouent désormais un rôle toujours plus important dans la promotion des
artistes vivants. Le monopole des expositions
parisiennes échappe ainsi au Salon officiel, c'est
désormais au public de juger les œuvres en
toute liberté. Certains artistes suisses en profiteront alors pour écouter leur époque et s'impliquer dans des compositions plus novatrices.
Parmi eux le fameux Félix Vallotton, représenté
par le marchand d'art Ambroise Vollard et exposé aux côtés des nabis, la surprenante Alice
Bailly, adepte de l'abstraction cubiste et fortement marquée par les œuvres des Delaunay,
quant à Gustave Buchet, il rencontre un beau
succès en 1926 avec une première exposition
personnelle parisienne.
Nouveau langage artistique
La Grande Guerre plonge les artistes
romands dans les réalités du conflit. Il y a bien
sûr les gravures sur bois de Vallotton, mais également Théophile-Alexandre Steinlein qui reste
le grand porte-parole des désastres. A partir de
ses croquis, mais aussi des photographies de
presse, il grave ses visions de l'épouvante des
tranchées. Le renouvellement du langage artistique ne pourra alors qu'échapper aux dictats de
l'état.
Paris devient une capitale de l'art surpeuplée, une ville à l'urbanisation et à la modernisation galopantes. Les artistes regardent autour
d'eux et traduisent avec passion le spectacle de la
modernité. C'est le début des grands magasins et
de la publicité. La femme tient le rôle d'effigie de
la grâce et de la mode, notamment avec Eugène
Grasset. D'autres artistes se lancent dans des
compositions symbolistes avant de se tourner,
comme Ernest Biéler, vers des exécutions plus
réalistes. Le théâtre est également source d'inspiration, tel René Auberjonois qui illustre à plusieurs reprises l'Ubu Roi d'Alfred Jarry.
L'exposition montre qu'en ce début du XXe
siècle, la capitale parisienne fascine. Elle rassemble des artistes du monde entier, dont les Suisses
qui se mêlent aux créateurs de l'avant-garde et
vont initier une expression artistique qui leur est
propre, et cela en dehors des nationalités.
Nadia El Beblawi
Gustave Buchet «L’Esprit nouveau», 1925 / 1928
Huile sur toile, 81 x 116 cm. Lausanne, Musee cantonal des Beaux-Arts Photo: Musee cantonal des Beaux-Arts
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Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne. Paris à nous
deux! Jusqu'au 26 avril.
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Alice Bailly «Marval au Bal van Dongen», 1914
Huile sur toile, 100 x 81 cm Collection particuliere. Photo: DR
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expos itions
tre comment la palette sombre et terne des années 1930 et 1940 laisse à
nouveau place à la couleur et aux tons vifs et chauds.
musée de carouge
Strawinsky
Equilibre des volumes
Cette présentation dédiée à l'œuvre de Théodore
Strawinsky est la première importante exposition
genevoise consacrée à l'artiste depuis l'hommage posthume
qui lui avait été rendu à l'Athénée en 1993. Peintures,
dessins et gravures mettent en lumière les multiples talents
de cet homme qui mena une carrière prolifique en marge
de son célèbre père, le compositeur Igor Strawinsky.
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En 1936, Théodore Strawinsky épouse la relieuse d'art genevoise
Denise Guerzoni, qui deviendra son modèle et que nous découvrons dans
la très belle toile Femme assise, 1944-1954. Bien que placée dans un espace déstructuré par les lumières et la géométrique, la femme est traitée de
manière naturelle et simplifiée. Marqué par le cubisme, le peintre n'altérera jamais vraiment la figure humaine. Il souhaite réintégrer le sujet aux
acquis du cubisme. Aussi définit-il en 1975 son style de façon équivoque:
« Ma figuration est abstraite, mon abstraction figurative ».
Durant la Seconde Guerre, en 1942, le couple Strawinsky s'installe
définitivement en Suisse, comme en témoignent les paysages peints aux
Le musée de Carouge s'est prêté à une collaboration avec la abords de Carouge. Ces bouts de nature croqués sur les rives de l'Arve
Fondation Théodore Strawinsky pour organiser ensemble cette exposition indiquent néanmoins que l'artiste n'est pas un peintre de plein air. Sur
thématique. Celle-ci retrace les développements du peintre d'origine russe place, il réalise de nombreux croquis à la mine de plomb ou au fusain, fixe
qui séjourna dès son enfance régules couleurs à l'aquarelle ou au
lièrement en Suisse et s'établit à
pastel, puis reprend ses composiGenève en 1942, où il demeura justions en atelier, à l'huile sur toile.
qu'à son décès en 1989.
L'équilibre des volumes clairement définis par la lumière est
Le charme intime des salles du
une constante durant toute sa carmusée raconte le contexte culturel
rière artistique. Les vitraux qu'il
privilégié qui accompagna le déveréalisa dans la seconde moitié du
loppement artistique de Théodore
XXe siècle sont à cet égard parStrawinsky. Fils aîné du fameux
lants. Il orna plusieurs lieux de
compositeur du Sacre du printemps,
culte genevois et produisit aussi
il se forma dans l'effervescence
des mosaïques pour la très renomintellectuelle du début du XXe sièmée Eglise de Notre-Dame
cle et aux contacts de fortes persond'Assy.
nalités artistiques tels que Picasso,
Un aspect moins connu de
Braque, Derain, lequel lui aurait
l'artiste et des plus touchants de
expliqué comment préparer sa
l'exposition est certainement son
palette et ses toiles, Auberjonois,
travail de décorateur de théâtre et
Cocteau ou Ramuz. Marqué par ces
d'illustrateur. Il collabore bien sûr
rencontres, il restera longtemps
à des pièces musicales de son
père, mais également à des proattaché à une approche formelle
ductions théâtrales genevoises.
cubiste.
Durant sa carrière, il illustrera pas
moins de 16 ouvrages, dont Le
La première découverte de
Cirque de Ramuz pour lequel il se
cette exposition est la surprenante
tente avec succès à la technique
précocité du jeune Théodore.
Théodore Strawinsky «La femme assise2, non daté (vers 1952)
de
la lithographie.
Enfant doué, il peint très tôt des
Huile sur toile, 146 x 114 cm. Fondation Théodore Strawinsky, Genève
aquarelles. A l'âge de 7 ans, en 1914,
L'exposition est à mettre bien sûr en relation avec la publication et la
il réalise une impressionnante Bataille navale; quatre ans plus tard, il peint
une remarquable vue plongeante sur une scène de théâtre depuis les loges. mise en ligne, depuis octobre dernier, du catalogue raisonné de l'œuvre de
Le père devine le don particulier de son fils, il annote, titre et date les pre- Théodore Strawinsky. La Fondation, épaulée par l'université de Lausanne,
offre cet outil idéal pour tous ceux qui souhaiteraient élargir leurs connaismières œuvres du prodige.
Aux couleurs de ces débuts artistiques, répondent plus tard des tons sances.
Nadia El Beblawi
sombres. Il faut dire que la situation financière de la famille s'était fortement détériorée. Suite à la révolution bolchevique de 1917, les Strawinsky
sont privés de leur fortune et vivent dans des conditions matérielles pré- Musée de Carouge, Théodore Strawinsky (1907-1989). Jusqu'au 22 mars.
caires. Les années 30 sont également endeuillées par la maladie, Théodore www.theodorestrawinsky.ch
perd une sœur et sa mère des suites de la tuberculose. L'exposition mon-
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expos itions
dessus, relève les tracés par frottage, puis retravaille certaines lignes. Entre peinture et motifs
dessinés, l'œuvre devient un extrait libre de tout
sens et pourtant une expression propre à
l'artiste.
espace muraille
Monique Frydman
Pour la première fois le public genevois se confronte de visu à l'œuvre abstraite
du peintre Monique Frydman. Bien qu'âgée aujourd'hui de plus de 70 ans,
cette figure marquante de l'abstraction poursuit encore avec bonheur sa quête
d'un non-lieu qu'elle nomme U-topie de la couleur. C'est la découverte d'une
vision étonnamment tactile.
L'artiste française présente une quarantaine
d'œuvres au cœur des fortifications de la vieille
ville, à l'Espace muraille. L'exposition montre
aussi bien des tableaux, des étoffes teintes, des
dessins, qu'une installation murale. Cette sélection, jalonnant les 20 dernières années, nous
laisse deviner l'étendue du travail créatif de
Monique Frydman. Un travail reconnu internationalement par de grandes institutions, comme
en 2013, au Louvre, où elle participa à l’exposition Le printemps de la Renaissance. Elle présenta alors, dans le Salon Carré, son
Polyptyque Sassetta qui faisait écho au
Polyptyque de Borgo San Sepolcro du
peintre siennois dit Sassetta. Un ouvrage monumental qui a marqué les esprits
par son dépouillement, mais également
par cette volonté de donner une présence à la couleur, et par conséquent à la
lumière. Sous une sensibilité poétique
évidente, se découvre pourtant une
œuvre plus complexe qu'elle n'y paraît.
Nous abordons l'exposition avec
plusieurs peintures, dont la série
Tabula, réalisées par frottage de pigments et liants. Ces compositions, qui à
force de dépouillement en deviennent
parfois déroutantes, jouent des monochromies. L'utilisation des pigments et
l'apparition de la toile de lin brute
impliquent une vision à nue. Un peu
comme si nous pouvions voir les couleurs comme les voit l'artiste. On investit l'observation des tableaux de significations multiples et on s'interroge sur la
genèse du sens.
Pour Monique Frydman, c'est une
porte ouverte vers un espace de liberté,
celles des songes et de l'infini. Les
bleus de la salle située au niveau inférieur de l'exposition sont à cet égard
manifestes.
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Force expressive
Monique Frydman contrecarre cette force
expressive avec une gestuelle le plus souvent à
peine perceptible. Elle se déjoue des automatismes du mouvement en utilisant parfois le hasard
comme élément déclencheur. A ce titre Des saisons avec Bonnard 22 est un très bel exemple.
Des cordes et des ficelles, disposées de façon
aléatoire sur le sol de son atelier, lui servent
d'empreintes. Elle pose une toile humidifiée
Accordant une grande importance à la
transparence et à la texture, Monique Frydman
a entamé la création d'ouvrages de dimension
architecturale, notamment avec la série des
Paravents. Cette facette de son travail est montrée avec Fenêtre sur cour, une étude préparatoire de 2011. L'installation murale occupe toute
la hauteur du mur de la cage d'escalier et se présente comme les pans d'un rideau encadrants
une fenêtre aveugle. Ce prêt de la manufacture
des Gobelins évoque d'abord la texture de longs
cheveux. Des cordons métalliques, gainés de
plastique transparent et partiellement assemblés
par des volutes tissées de soie blanche, forment
des entrelacs blancs qui se tortillent et animent
la paroi murale. Le matériau industriel, la blancheur dominante, ainsi que les nombreux jeux
d'ombres créent une présence particulière.
Associée à la symbolique de la fenêtre,
l'œuvre acquière une dimension
presque irréelle.
L'exposition se poursuit au niveau
inférieur avec des travaux où l'artiste
varie autant les supports, toile de lin à
même le mur ou tarlatane, que les procédés, frottage, teinture sur textile, utilisation d'empreintes ou tracés au pinceau. C'est dans l'intimité des petits formats que Monique Frydman évoque les
souvenirs de son voyage en Inde à la fin
des années 90. Pastel, encre et aquarelle servent l'expression de dessins sur
papier où dominent les couleurs violettes, rouges, jaunes et orange. Aux teintes chaudes se confronte l'éclat des
bleus de la dernière salle. Ces œuvres
récentes se déclinent sur tissu, les éléments sont superposés et cousus,
mêlant les transparences et la légèreté.
Dans cette pièce, l'artiste se joue des
monochromies et nous emmène spontanément vers cette U-Topie de la couleur.
Nadia El Beblawi
Espace Muraille, Monique Frydman U-Topie
de la couleur, jusqu'au 2 mai
Monique Frydman, «Tabula 2», 2013, 53x90cm
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expos itions
barque en 1891, puis par son retour en France
en 1893, pour réembarquer en 1895 à destination de la Polynésie. En 1901, à la recherche
d’une nouvelle inspiration et cherchant à se
débarrasser de l’influence de la civilisation,
jugée trop envahissante à Tahiti, il rejoint à
1500 kms l’île d’Hiva Oa, dans les Marquises,
où il meurt deux ans après son arrivée.
fondation beyeler : paul gauguin
À la recherche
du paradis perdu
Conforme à son habitude, quelque peu agaçante, le directeur de la Fondation
Beyeler, Sam Keller introduit l’exposition, consacrée à Paul Gauguin
(1843-1903), par une avalanche de superlatifs. La plus remarquable consacrée
aux chefs-d’œuvre de cet artiste, la plus longue en préparation (six ans), les
prêts des plus grandes collections mondiales, la plus chère en valeur d’œuvres
et par conséquent de primes d’assurance. Malgré de fortes réticences, étant
donné l’extrême fragilité des œuvres, de grands musées européens, américains
et fait plus exceptionnel l’Ermitage de Saint-Pétersbourg et le musée
Pouchkine de Moscou ainsi que quelques collections privées ont permis de
réunir une cinquantaine d’œuvres.
68
Pourtant, la veille de l’ouverture, une ombre est jetée sur ce
tableau idyllique. On apprenait que
le tableau Nafea (1892) de Paul
Gauguin, véritable icône de cet
artiste, propriété du Trust Familial
Ruedi Staechelin et prêté depuis
toujours au Kunstmuseum de Bâle,
venait d’être vendu pour une supposée somme de 320 millions, faisant
ainsi de ce joyau de la collection, le
tableau le plus cher du monde. Il ne
retournera donc plus au musée, qui
vient de fermer ses portes, pour de
lourds travaux d’agrandissement et
qui ne rouvrira qu’en avril 2016.
Comme ne retourneront pas les autres dix-sept tableaux de cette collection. Ainsi en a décidé Ruedi
Staechelin, le président du Trust, en
désaccord complet avec les instances politiques mais aussi le président de la commission du musée,
l’avocat Peter Mosimann. Les collections Staechelin et Im Obersteg
sont deux fleurons du musée des
Beaux-Arts et vont être exposées
prochainement au musée Reina
Sofia à Madrid, puis en octobre à la Phillips
Collection à Washington. Seule, la collection
Im Obersteg rejoindra donc le musée. Ne nous
laissons cependant pas gâcher le plaisir, car la
célèbre toile de Gauguin, Nafea sera, à n’en pas
douter, la star de cette exposition. Elle vous
attend pour un dernier regard !
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Paul Gauguin «Nafea faaipoipo, Quand te maries-tu?» 1892
Huile sur toile, 105 x 77,5 cm . Collection Rudolf Staechelin
Photo: Kunstmuseum Basel, Martin P. Bühler
Le parcours, tel qu’il a été conçu par
Martin Schwander, le commissaire, correspond
à la période de maturité de l’artiste et prend
pour point de départ son premier séjour en
Bretagne à Pont-Aven, où il se rend en 1888, y
trouvant « le sauvage, le primitif ». Il se poursuit par sa première période à Tahiti, où il s’em-
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Autoportraits
Gauguin aimait se mettre en scène et n’a
créé pas moins de quarante autoportraits.
L’Autoportrait à la palette (1893/1894) dans
lequel il se montre sûr de soi, complété par sa
palette de peintre prêtée par le musée d’Orsay,
accueille le visiteur. De son séjour en Bretagne,
date l’Autoportrait au Christ jaune (1890/1891)
qui lui fait dire qu’il y a en lui deux natures,
« l’Indien et la sensitive, la sensitive a disparu
ce qui permet à l’Indien de marcher tout droit et fermement ».
Dix ans avant de partir en
Bretagne, Paul Gauguin travaille
avec succès comme courtier dans
une banque, puis commence à
peindre tout en découvrant la
peinture impressionniste. Les
milieux parisiens le dégoûtent et
sa quête de l’authenticité, sa
recherche d’une vérité plus profonde au-delà du visible, l’amènent en Bretagne. Le banquier
devient artiste, bohème, marginal.
En 1888, il peint La Vision du
sermon, dans laquelle il met au
point son style personnel, s’affranchissant de l’impressionnisme, et qu’il désigne sous le nom
de synthétisme. Le thème qu’il
représente, la lutte de Jacob avec
l’ange, lui sert aussi à délimiter le
profane du religieux, le monde de
la réalité de celui de l’imagination
et servira de modèle aux artistes
regroupés sous l’étiquette d’Ecole
de Pont-Aven. Il utilise des couleurs pures et lumineuses, qui
entretiennent de puissants
contrastes, et juxtapose des formes clairement délimitées, accentuant la planéité du tableau, renonçant ainsi à toute perspective et profondeur. En témoignent Petit Breton nu
(1889), Les Saules (1889) ou Bonjour Monsieur
Gauguin (1889), où il se peint en voyageurartiste enveloppé dans une cape, le visage
enfoncé dans une casquette face à une paysanne
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expos itions
Paul Gauguin «D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?, 1897/98
Huile sur toile, 139,1 x 374,6 cm. Museum of fine Arts, Boston, Tompkins Collection, Arthur Gordon Tompkins Fund. Photo © 2015 Museum of Fine Arts, Boston
vue de dos. Dans l’étrange toile La Perte du
pucelage (1890/91), on est frappé par la
conception novatrice de la surface et de l’espace pictural, les couleurs éclatantes et les formes
simples.
Idéalisation
On imagine aisément qu’en arrivant à
Tahiti en juin 1891, Gauguin est fasciné par
cette nature intacte. Il idéalise dans Le Grand
Arbre (1891) la représentation de la nature luxuriante et le mode de vie des indigènes. Sa fascination pour les femmes tahitiennes se lit aussi
bien dans Parau api, Quelles nouvelles (1891),
d’un chromatisme très intense que dans Aha oe
feii, eh quoi tu es jalouse (1892) nous montrant
deux corps de femmes au modelé plastique
dans un espace pictural aux teintes rose pâle et
rouge vif. De cette même année date aussi le
chef-d’œuvre Nafea faaipoipo, Quand te
maries-tu, appartenant à la fameuse collection
Staechelin et qui rejoindra une collection privée ou publique. Gauguin y simplifie les corps
des deux femmes en formes décoratives harmonieusement intégrées dans les plages de
couleurs vives qui les entourent. S’il célèbre la
beauté exotique des paysages et de leur population indigène dans des toiles aux couleurs
somptueuses et des sculptures très expressives,
s’inspirant du langage iconographique des
peuples océaniens, Gauguin fait l’amer constat
que la réalité tahitienne ne correspond pas à
ses images idéalisées. La colonisation et la
christianisation ont détruit ce paradis. Son
retour à Paris est pour lui une grande déception. Alors que Monet et Pissaro connaissent le
succès, Gauguin reste l’exclus de la gloire,
comme l’est Cézanne à la même époque qui
aura sa première exposition en 1895 chez
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Ambroise Vollard. A Gauguin, le galeriste proposera en 1900 de conclure un contrat, afin de
lui assurer un revenu fixe.
Lors de son deuxième séjour à Tahiti, alors
que sa santé se détériore, que les difficultés de
l’existence s’accumulent, que la mort l’angoisse, il peint une grande toile, sorte de testament
existentiel : D’où venons-nous, Que sommesnous ? Où allons-nous (1797/98), prêt exceptionnel du Fine Arts Museum de Boston. Il écrit
à Daniel de Monfreid : « je crois que non seulement cette toile dépasse en valeur toutes les
précédentes, mais encore que je n’en ferai
jamais une meilleure ni une semblable. J’y ai
mis là avant de mourir toute mon énergie, une
telle passion douloureuse… et une vision tellement nette sans corrections, que le hâtif en
disparaît et que la vie en surgit ». De Rupe,
rupe, La cueillette des fruits, peint en 1899,
dominé par trois personnages féminins dans une
composition équilibrée, se dégage une impression de grande paix, celle que l’artiste cherchait
sans jamais la trouver. De même, Femmes au
bord de la mer : Maternité (1899) est une composition centrée sur trois femmes respirant le
bonheur. Dans Le Cheval Blanc (1898), le paysage est idyllique, les hommes et les animaux
vivent en harmonie dans une sphère primitive
paradisiaque. Lorsqu’il arrive sur l’île d’Hiva
Oa dans les Marquises, c’est une belle
Polynésienne, à la chevelure rousse, éclatante
qui retient son attention et qu’il représente dans
deux toiles : Contes barbares (1902), où elle est
assise à côté d’un personnage androgyne
comme figé et un homme d’apparence démoniaque et Femme à l’éventail (1902) où la belle
rousse semble incarner l’antique culture des
Maohis, condamnée à disparaître avec l’arrivée
de la civilisation.
L’autoportrait qu’il peint en 1903 quelque
temps avant sa mort, et qui clôt le parcours , en
dit long sur la vie tragique de l’artiste, ses désillusions. Les couleurs se sont estompées,
l’homme y est rendu dans sa vérité, sans artifices. « En tout cas j’aurai fait mon devoir, semble-t-il dire à la postérité, et si mes œuvres ne
restent pas, il restera toujours le souvenir d’un
artiste qui a libéré la peinture de beaucoup de
ses travers académiques d’autrefois et de travers symbolistes (autre genre de sentimentalisme) ».
Régine Kopp
Paul Gauguin, «Pot en forme de tête, Autoportrait»,
1889. Grès, H. 19,5 cm. Designmuseum Danmark,
Copenhague. Photo Pernille Klemp
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Jusqu’au 28 juin 2015 (ouvert tous les jours)
Attention, en raison d’une forte affluence de visiteurs
attendus, il est recommandé de réserver les billets d’entrée en ligne (coût : 28.FS )
www.fondationbeyeler.ch
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expos itions
fondation arnaud, lens / crans-montana
Réalisme
La Fondation Pierre Arnaud de Lens poursuit un cycle hivernal initié avec
succès l’an dernier par une première exposition consacrée au divisionnisme.
La seconde étape présente les multiples facettes du réalisme pictural, un
courant sans école ni période qui s’est particulièrement distingué aux 19ème
et 20ème siècle.
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L’un des principaux objectifs de ce cycle
est de promouvoir les beaux-arts tout en mettant
spécifiquement en relief la peinture suisse. Le
parcours proposé par le commissariat d’exposition tente, à travers quelques regroupements
thématiques, de répondre à la question :
« Qu’est-ce que le réalisme ? ». Le spectateur est alors
confronté aux genres fondamentaux : celui du paysage et
de la nature morte, puis aux
scènes de la vie quotidienne
évoquant successivement la
sphère familiale, le monde
rural et urbain. Le traitement
du nu ou du portrait offre,
depuis le Déjeuner sur l’herbe
(1863) de Manet, l’image
d’une femme descendue de
son Olympe pour imposer
désormais sa présence corporelle et morale traduisant une
forme, aboutie ou non, d’intégration sociale.
moyens supplémentaires pour mieux apprécier
cette « symphonie des contraires ». Ainsi l’académisme est-il illustré par les sobres natures
mortes de Pieter Claesz (1659/60) et Heda
Claesz Willem (1631), le Neuchâtelois Léopold
Robert avec son Marinier napolitain avec une
Réalismes
D’emblée la notion de
réalisme associée traditionnellement à des valeurs d’objectivité et vérité mérite d’être
relativisée, en effet la représentation de la réalité varie
selon les époques, les croyances, les émotions. Aussi plutôt
que de parler de « réalisme »
est-il plus pertinent d’évoquer
« des réalismes », tout en soulignant ce qui les rapproche et
les différencie. Au-delà de la
diversité des genres, celles
des techniques, des styles et
manières constituent autant de
jeune fille de l’île d’Ischia (1825) nous en livre
une version romantique, les nus crûs de Félix
Vallotton quant à eux révèlent la puissance de la
chair offerte au regard. La veine naturaliste des
œu-vres de Camille Corot, Gustave Courbet ou
Barthélémy Menn entre en dissonance heureuse
avec l’austérité d’un Albert Anker, mais se
décline aussi sur des tonalités tour à tour
impressionnistes, expressionnistes et symbolistes, représentées par des œuvres de Charles
L’Eplattenier, Ferdinand Hodler, Gustave
Caillebotte. Le langage plastique de la modernité offre également sa vision de la réalité : on
découvre alors l’approche cubiste et géométrique de Le Corbusier, Fernand Léger ou
Armand Niquille, l’hyper réalisme d’un Franz
Gertsch.
Scènes de la vie ouvrière
Le traitement de la réalité sociale n’a pas
échappé aux organisateurs de l’exposition, elle
en constitue au contraire
l’un des points forts. On
découvre d’impressionnantes scènes de la vie
ouvrière, par exemple les
Lavandières (1890) du
Russe Arkhipov, L’Atelier
de
boîtier
(1893)
d’Edouard Kaiser. Les
Barquiers déchargeant
des pierres (1888) de
William Röthlisberger, La
Maison du garde-barrière
(1924) de Georg Scholz.
On atteint le paroxysme
de cette dimension
ouvriériste avec des œuvres telles que : Le
Charpentier au-dessus du
port (1900) de Steinlein,
L’Equipe du matin (1929)
de Otto Nagel, Le
Travailleur (1936) de
Mario
Sironi,
Le
Travailleur blessé (1961)
de Carlo Montarsolo.
Il faut également
mettre en relief une section importante consacrée
aux artistes suisses, à cet
égard les peintres de
l’Ecole de Savièse y
jouent un rôle de premier
Mario Sironi «Le travailleur», 1936 © GardaPhoto, Salò
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expos itions
Gérard de Palézieux «Nature morte», 1950 ©
Collection privée
plan. Parmi ceux-ci Ernest Bieler,
Marguerite Burnat-Provins et Albert
Chavaz recomposent un Valais idéalisé
où la dure réalité des paysans de montagne, cette société d’un autre temps,
acquiert une aura de paradis perdu. Le
spectateur s’attardera, on l’espère, à
découvrir un magnifique diaporama
qui, grâce à une confrontation-juxtaposition de peintures, d’images et documents d’archives, reconstitue ce climat
entre idylle et réalité.
Il y a enfin de petits joyaux qu’on
n’a pas vraiment envie de classer dans
un genre ou un autre, le seul plaisir de les
contempler se substituant à toute démarche
intellectuelle, on citera parmi de nombreuse
pépites : une intemporelle Nature morte (1950)
de Gérard de Palézieux, l’étonnante La
Cantilène Sottomarina (1894) d’Edmond de
Pury, la grâce ineffable de La Table (1989)
d’Albert Chavaz, le sentiment de totale plénitude se dégageant des Glaneuses (s.d.) d’Eugène
Burnand.
Promesse
Cette exposition, riche en découvertes d’artistes et d’œuvres parfois peu connus, démontre
que l’objectif visé par la Fondation Arnaud :
« promouvoir les beaux-arts tout en mettant
spécifiquement en relief la peinture suisse »
constitue un créneau plein de promesses, on
attend d’ailleurs avec impatience les prochaines
expositions. Il s’avère finalement que l’implantation de ce centre d’art, au cœur d’un territoire
alpestre mondialement réputé pour ses activités
sportives, démontre que l’après-ski, l’aprèsgolf, l’après-randonnée, peut se décliner sur un
autre mode que celui de la raclette-fondue, du
carnotzet ou de l’incontournable spa, cela étant
l’un n’exclut pas l’autre.
Françoise-Hélène Brou
« Réalisme, La Symphonie des contraires », Fondation
Pierre Arnaud, Lens/Cran-Montana, jusqu’au 19 avril
2015.
Albert Chavaz «Modèle Diane au bahut», av. 1955
© A. Perraudin, Sion
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expos itions
en
FRANCE Giverny
Annemasse
Villa du Parc : Le monde entier
l
jusqu'à aujourd'hui. Du 28 mars au
30 mai.
franc e
Jusqu’au 13 avril.
l Musée des impressionnismes :
Degas, un peintre impressionniste?
Du 27 mars au 19 juillet.
Metz
Centre Pompidou-Metz
:
Rétrospective Tania Mouraud. Du
4 mars au 5 octobre
l
Jusqu’au 31 mai.
Toulon
Hôtel des Arts : Pedro Cabrita
l
Reis « Les lieux fragmentés ».
Jusqu’au 19 avril
Lens
Toulouse
Le Louvre : Des animaux et des Meudon
Bourg-en-Bresse
Musée Rodin : Robert Doisneau
Musée Saint-Raymond : L’Empire
pharaons. Le règne animal dans
Monastère royal de Brou : En noir
l
l
l
et en couleurs. Jusqu‘au 26 avril
l’Egypte ancienne. Jusqu’au 9 mars
l
(1912-1994). Sculpteurs et sculptures. Du 14 mars au 19 novembre
de la couleur, de Pompéï au sud
des Gaules. Jusqu’au 22 mars.
l
l
Lille
Camjac
Wingen
LaM : Aloïse Corbaz en constel- Nice
Château du Bosc : ToulouseMusée national Marc Chagall :
Musée Lalique : 1715 - 2015 : les
l
l
Lautrec et ses loisirs. Jusqu’au 30
avril
Cannes
Centre d’art La Malmaison : Jean
l
Fautrier - La figuration libérée.
Jusqu’au 26 avril.
lation. Jusqu’au 10 mai
L’Isle-Adam
Musée d’art et d’histoire Louis
l
Senlecq : Jean-Baptiste Sécheret,
Paysages. Peintures, dessins, gravures.
Jusqu’au 15 mars
Rodez
Musée Soulages : De Picasso à
300 ans du Hochberg. Du 1er mars au
1er novembre
AILLEURS
l
Jasper Johns. L’atelier d’Aldo
Crommelynck. Jusqu’au 8 mars.
Amsterdam
Rijksmuseum : Rembrandt - les
Lyon
Colmar
Musée des
Espace d’art contemporain
Rouen
Musée dest beaux-arts : Sienne,
Dijon
Musée Magnin : Bon Boullogne.
St-Tropez
L’Annonciade : Les 60 ans du Aoste
Centre
Jusqu’au 4 mars
beaux-arts :
Raymond Grandjean. Jusqu’au 30
mars.
l Musée des confluences : Les
résors d’Emile Guimet & Dans la
chambre des merveilles. Jusqu’au
26 juillet A la Conquête du pôle
Sud. Jusqu’au 28 juin.
l
l
Levis Carroll. Jusqu’au 6 avril
History Zero. Stefanos Tsivopoulos.
l
l
André Malraux : Naji Kamouche.
Mars.
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Marc Chagall, des couleurs pour la
Bible. Jusqu’au 9 mars
l
l
aux origines de la Renaissance. Du
27 mars au 17 août.
l
musée. Hommage aux donateurs.
Du 14 mars au 1er juin.
l
années de plénitude. Jusqu’au 17
mai. Alexander Roslin (1718-1793).
Portraitiste de l’aristocratie.
Jusqu’au 29 mars.
Saint-Bénin :
Alessandro Mendini - de Proust à
Cattelan. Jusqu’au 26 avril.
l
Evian
Marseille
Palais Lumière : Les Contes de
MuCEM : Raymond Depardon - Strasbourg
fées - Perrault, Grimm, Andersen, Un moment si doux. Jusqu‘au 9 mars.
Musée d'Art Moderne et Bilbao
Musée Guggenheim : Niki de
l
Contemporain : Jusepe de Ribera à
Rome, le premier Apostolado.
l
Saint Phalle. Jusqu’au 7 juin.
Musée des Beaux-Arts, Rouen
Sienne, aux origines de la
Renaissance
Depuis l’exposition l’art gothique siennois tenue au musée du petit palais d’Avignon
en 1983, aucune rétrospective n’a été consacrée à la peinture siennoise des XIVe et XVe siècles en France. L’exposition «Miroir du temps» tenue en 2006 au musée des Beaux-Arts de
Rouen avait présenté au public un aperçu de ce phénomène culturel majeur au XVe siècle.
Il est intéressant de compléter ce panorama des arts en Toscane aux XIVe et XVe siècles en proposant au public de découvrir le « pendant » de l’art florentin que constitue la
production de la grande cité rivale : la ville de Sienne. Cette exposition permet ainsi au public d’admirer des chefs-d’œuvre qu’il a rarement l’occasion de voir réunis.
La rétrospective «Sienne, aux origines de la Renaissance» propose de découvrir les
spécificités de l’art siennois en donnant à voir des œuvres exécutées entre la fin du XIIIe siècle et la fin du XVe siècle. Cette présentation à la fois chronologique et thématique permet
de comprendre comment, grâce à l’impulsion insufflée par Duccio, des artistes majeurs
comme Simone Martini et les frères Lorenzetti ont véritablement révolutionné la peinture, à
l’image de leur homologue Florentin, le fameux Giotto.
Introduction de la notion de perspective, sensibilité nouvelle face au monde réel, attention portée à la variété des coloris, élégance des figures, développement du paysage,
humanisation des épisodes sacrés, essor d’un art civique voire identitaire et naissance du
portrait sont autant de thèmes qui peuvent caractérriser la peinture siennoise du XIVe siècle.
. Du 21 mars au 17 août 2015
Giovanni di Paolo, «La Vierge de l’Humilite», vers 1450
Tempera sur panneau (avec encadrement d’origine), 62,4 x 47,8 cm
Siena, Pinacoteca Nazionale
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n
d
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expos itions
en
europe
Städelmuseum, Francfort-sur-le-Main
Monet et la naissance de
l’Impressionnisme
Pour fêter le bicentenaire de l’Impressionnisme, le Städel Museum organise une
importante exposition : une centaine de chefs-d’œuvres seront à voir, peints par des
maîtres tels que Monet, Renoir, Manet, Pissarro, Degas ainsi que par d’autres artistes de
ce mouvement.
En plus des œuvres de Monet - parmi lesquelles figurent des peintures de renommée
mondiale comme «La Grenouillère» (1869) du Metropolitan Museum of Art de New York,
«Le Boulevard des Capucines» (1873) du Nelson-Atkins Museum of Art de Kansas City,
ou le monumental «Déjeuner» (1874) de la collection du Musée d’Orsay de Paris - nombre d’autres œuvres impressionnistes font partie de la sélection.
Le panorama comprend des noms connus tels ceux de Camille Pissarro
(1830–1903), Edgar Degas (1834–1917) ou Berthe Morisot (1841–1895), mais également des artistes comme Frédéric Bazille (1841–1870), Armand Guillaumin
(1841–1927) ou Stanislas Lépine (1835–1892), des noms moins familiers pour le public
allemand.
. Du 11 mars au 21 juin 2015
Claude Monet (1840-1926) «Hôtel des roches noires à Trouville», 1870.
Paris, Musée d’Orsay. Huile sur toile, 81 x 58 cm
Photo: bpk | RMN - Grand Palais | Herve Lewandowski
© Musee d’Orsay, Paris, donation de Jacques Laroche, 1947
Bruxelles
Bozar : F
. Portraits de
l
ACES THEN
la Renaissance aux Pays-Bas &
FACES NOW. Portraits photographiques europeens depuis 1990.
Jusqu’au 17 mai. L’EMPIRE DU
SULTAN. Le monde ottoman dans
l’art de la Renaissance. Jusqu’au 31
mai.
Cologne
Wallraf-Richartz-Museum :
Les
mystères de Dürer. Jusqu’au 22 mars
l
Ferrare
Palazzo dei Diamanti : L’art pour
l
l’art - Boldini et De Pisis au
Château d’Este. Dès le 31 janvier
Forli
Musée San
Domenico :
Boldini. Le spectacle de la modernité. Jusqu’au 14 juin.
l
Francfort
Schirn Kunsthalle :
Les
Affichistes. Jusqu’au 25 mai.
l Städelmuseum : Jean Jacques de
Boissieu. Jusqu‘au 10 mai. Monet et
la naissance de l’Impressionnisme.
Du 11 mars au 21 juin.
l
La
Haye
Mauritshuis : Une maison de cam-
pagne à New York : chefs-d’œuvre
de la Frick Collection. Jusqu’au 10
mai.
Liège
La Cité Miroir : L’art dégénéré
l
selon Hitler. La vente de Lucerne.
Jusqu’au 29 mars.
Londres
British Museum : Huit momies,
l
huit vies, huit histoires. Jusqu’au 19
avril. Poésie et exil. Jusqu’au 29
mars
l Courtauld Gallery : Goya - l’album des sorcières et des femmes
âgées. Jusqu’au 25 mai.
l National Gallery : Peder Balke.
Jusqu’au 12 avril. Inventing
Impressionism. Du 4 mars au 31 mai
l National Portrait Gallery :
Sargent - Portraits d’artistes et d’amis. Jusqu’au 25 mai.
l Royal Academy of Arts :
Rubens et son legs. De Van Dyck à
Cézanne. Jusqu’au 10 avril.
l Tate Britain : Conflict, Time,
Photography. Jusqu’au 15 mars
l Tate Modern : Louise
Bourgeois. œuvres sur papier.
Jusqu’au 12 avril.
l Wallace Collection : Joshua
Reynolds, expériences en peinture.
Du 12 mars au 7 juin.
l
a
g
Madrid
Musée du Prado : Les cartons de
l
tapisserie de Goya dans le contexte de
la peinture de cours. Jusqu‘au 25 mai
l Musée Thyssen-Bornemisza :
Raoul Dufy. Jusqu’au 17 mai. Paul
Delvaux, une promenade avec l’amour et la mort. Jusqu’au 7 juin.
n
Rovigo
Palazzo Roverella : Le démon de
l
la modernité - Peintres visionnaires. Jusqu’au 14 juin.
Stuttgart
Milan
Staatsgalerie :
Palazzo della Ragione : Walter
Oskar
Schlemmer. Visions d’un nouveau
monde. Jusqu’au 6 avril.
l
l
Bonatti, photographies. Jusqu’au 8
mars.
l Palazzo Reale : Van Gogh L’homme et la terre. Jusqu’au 8
mars.
l Pinacothèque de Brera :
Bramante à Milan. Jusqu’au 22
mars
Venise
Peggy Guggenheim Collection:
l
“Alchemy“ par Jackson Pollock.
Jusqu’au 6 avril. Charles Pollock une rétrospective. Du 22 avril au
14 septembre
Munich
Kunsthalle der Hypo-Kulturstif- Vienne
tung : Le corps et l’esprit. Le
Albertina (Albertinapl.) Degas,
l
Rococo munichois d’Asam à
Günther. Jusqu’au 12 avril
Padoue
Palais du Mont de Piété : C’est la
l
guerre ! 100 ans de conflits au feu
de la photographie. Jusqu’au 31
mai.
Rome
Musée Capitolin : L’âge de
l
e
l’angoisse. De Commode à
Dioclétien. Jusqu’au 4 octobre.
l Scuderie del Quirinale : Matisse
arabesque. Du 4 mars au 21 juin
d
a
l
Cézanne, Seurat. Jusqu’au 3 mai.
Sturtevant - Drawing Double
Reversal. Jusqu’au 10 mai. La
beauté de la nature - Aquarelles du
XIXe siècle. Jusqu’au 31 mai.
Vincenza
Basilica
Palladiana
l
:
Toutankhamon, Caravage & Van
Gogh - Le soir et les nocturnes, des
Egyptiens au XXe s. Jusqu’au 2 juin.
73
expos itions
Genève
Art Bärtschi & Cie : Andrea
l
74
Moastrovito - Les Etrangers.
Jusqu’au 14 mars. Rafael LozanoHemmer. Du 19 mars au 23 mai.
l Art & Public (Bains 37) Zhang
Wei. Du 5 mars au 8 mai.
l Bibliothèque d’art et d’archéologie (Promenade du Pin) Les livres de
jeux. Quand les artistes entrent
dans la partie. Jusqu’au 30 mai.
l Blondeau & Cie (Muse 5) David
Maljkovic. Du 19 mars au 9 mai.
l Cabinet d’arts graphiques :
«Pardonnez-leur». Du 5 mars au 14
juin.
l Centre de la Photographie (Bains
28)
Zhang
Wei,
Ursula
Mumenthaler. Du 5 au 29 mars.
l Espace JB (Noirettes 32) Martin
Parr. Jusqu’au 1er mai.
l Espace Muraille (5, pl. Casemates)
Monique Frydman. Jusqu’au 2 mai
l Fondation Bodmer (Cologny)
Sade, un athée en amour. Jusqu’au
12 avril
l Gagosian Gallery (Longemalle
19) Chromophobia. Jusqu’au 27
mars
l Galerie Bärtschi (rte des Jeunes 43)
Jim Shaw. Jusqu’au 13 mars
l Galerie de la Béraudière (E.Dumont 2) Germaine Richier.
Jusqu’au 31 mars.
en
Galerie Bernard Ceysson (7,
Vieux-Billard) Paule Soubeyrand.
Jusqu’au 7 mars. Nicolas Momein.
Du 19 mars au 23 mai.
l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Fifo Stricker. Du 19 mars au
26 mai.
l Galerie Anton Meier (Athénée 2)
Sélection - Dieter Roth, Markus
Raetz, Hans Schärer, Philippe
Schibig. Du 3 mars au 24 avril.
l Galerie Mezzanin (63, Maraîchers)
Christopher Williams. Jusqu’au 14
mars. Maureen Kaegi, Christina
Zurfluh. Du 19 mars au 23 mai.
l Galerie Mitterand + Cramer (Bains
52) Warm Winter - Group Show.
Jusqu’au 14 mars.
l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers
9) Gilles Furtwängler, Olivier
Mosset, Anne Rochat. Jusqu’au 7
mars. Jean-Luc Manz. Du 19 mars au
16 mai.
l Galerie Turetsky (25, Grand-Rue)
Jean-Louis Perrot. Du 5 mars au 23
avril.
l Maison Tavel (Puits-St-Pierre 6)
L’oreille en voyage - Phonothèque
Nationale Suisse. Jusqu’au 15 mars
l Mamco (Vieux-Granadiers 10)
Cycle Des histoires sans fin, printemps 2015 - avec Antoine
Bernhart, François Dilasser, Émilie
Ding, .... & La Collection du Frac
Île-de-France. Jusqu’au 10 mai
l
s uis s e
Médiathèque du Fonds d'Art
Contemporain
(Bains
34)
Unfinished Histories - Histoires en
devenir. Jusqu’au 14 mars. Limes Voyages de frontière. Du 19 mars
au 23 mai.
l Milkshake Agency (24, Montbrillant) Laure Gonthier. Jusqu’au 22
mars.
l Musée Ariana (Av. Paix 10) Jean
Marie Borgeaud, La terre au corps.
Jusqu’au 26 avril. Le verre artistique de Saint-Prex. Jusqu’au 1er
novembre.
l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Christiane Baumgartner White Noise. Du 19 mars au 28 juin.
l Musée d’ethnographie (Conches)
Les rois mochica. Divinité et pouvoir
dans le Pérou ancien. Jusqu’au 3 mai.
l Musée de Carouge (pl. Sardaigne)
Théodore Strawinsky (1907-1989).
Jusqu’au 22 mars.
l Musée Rath (pl. Neuve) Biens
publics. Jusqu’au 26 avril.
l Xippas Art Contemporain (Sablons 6) James Siena & Pauline
Beaudemont. Jusqu’au 14 mars.
Faillir Etre Fingué. Du 19 mars au 23
mai.
l
Fondation de l’Hermitage (2, rte
Signal) De Raphaël à Gauguin.
Trésors de la collection Jean
Bonna. Jusqu’au 25 mai
l Mudac (pl. Cathédrale 6) Nirvana les étranges formes du plaisir.
Jusqu’au 26 avril. Le verre vivant II.
Du 18 mars au 1er novembre.
l Musée cantonal des beaux-arts (pl.
Riponne) Paris, à nous deux !
Artistes de la collection à l’assaut
de la capitale. Jusqu’au 26 avril
l Musée de l’Elysée (Elysée 18)
William Eggleston, from Black and
White to Colour & PhotoBooks
Elysée. La collection Schifferli.
Jusqu’au 3 mai.
l Musée Olympique : Sarajevo 1984
- L'âme slave. Jusqu’au 22 mars
l Musée d’art de Pully : Mathias
Schmied - Critical Mass of Silence.
Jusqu’au 15 mars.
l
Fribourg
Espace Tinguely - Saint-Phalle :
l
Sculpture et architecture dans
l’oeuvre de Niki de Saint Phalle. Du
1er mars au 31 décembre
l Fri-Art (Petites Rames 22) Robert
Heinecken. Lessons in Posing
Subjects. Jusqu’au 3 mai.
Lausanne
Collection de l’Art brut (Bergières Mézières
Musée du papier peint : Fusions
l
11) André Robillard. Jusqu’au 19
avril.
l
- œuvres en verre contemporaines.
Musée de l’Elysée, Lausanne
William Eggleston
Après avoir été présentée à la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris jusqu’en décembre, l’exposition «From Black and White to Colour» de William Eggleston
orne les cimaises du musée de l’Elysée. A la fin des années 1950, Eggleston commence à photographier autour de chez lui, dans le sud des Etats-Unis, utilisant des pellicules 35 mm noir et blanc. Fasciné par le travail d’Henri
Cartier-Bresson, il déclare à l’époque : « Je ne pouvais pas
imaginer faire mieux que de parfaits faux Cartier-Bresson ».
II a finalement développé un style photographique personnel, qui viendra quelques années plus tard façonner son travail en couleur. C’est une vision inédite de l’Amérique quotidienne, banale, avec ses typologies : les supermarchés, les bars,
les stations-services, les voitures et des personnages fantomatiques perdus dans l’espace.
Présenté en 1976 au MoMA, le travail en couleur
d’Eggleston marque un tournant dans l’histoire de la photographie. A travers une centaine d’épreuves en noir et blanc et en
couleur, empruntées à différentes collections et au fonds de
l’artiste, l’exposition propose de montrer l’évolution, les ruptures et surtout la radicalité qui peu à peu apparaît dans l’œuvre du photographe, alors qu’il aborde la photographie en
couleur à la fin des années 1960.
William Eggleston, Sans titre, 1960-1965 © William Eggleston, Courtesy Eggleston artistic trust
. Jusqu’au 3 mai 2015
A voir, en parallèle, l’exposition «Photobooks.Elysée» ainsi que le «Prix Elysée, l’exposition des nominés » avec le soutien de Parmigiani Fleurier.
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expos itions
en
s uis s e
Fondation Suisse pour la Photographie, winterthur
Meinrad Schade - La guerre sans la guerre
Voilà plus de dix ans que Meinrad Schade (né en 1968) travaille à son projet « Avant, après et en marge de la guerre ». Il a visité des régions dans l’actuelle Russie
et dans des Etats de l’ancienne Union soviétique, comme la Tchétchénie, l’Ingouchie, le Haut-Karabagh, le Kazakhstan et l’Ukraine, pour documenter dans des reportages
détaillés des conflits passés, qui couvent encore et qui pourraient éclater à nouveau.
Faisant preuve d’empathie, d’impartialité et de
rigueur, le photographe montre les traces laissées par la
guerre dans les villes, les villages et la nature, mais aussi
les blessures physiques et psychiques infligées aux habitants ; il montre également ceux qui en sont sortis indemnes
et qui s’enorgueillissent de leurs exploits.
Meinrad Schade donne à voir un tableau inquiétant
d’un contexte de vie oscillant entre catastrophe et normalité, entre guerre et paix. Mais il ne s’agit pas pour lui seulement de l’ex-Union soviétique. Le photographe cherche
plutôt à explorer les relations de cause à effet de la guerre
et son impact sur des destins individuels, qui sont partout
les mêmes, que ce soit en Europe de l’Est ou encore en
Israël et en Palestine où Meinrad Schade poursuit actuellement son projet.
. Du 7 mars au 17 mai 2015
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Sleptsowskaya, Ingouchie, Fédération de Russie, 2003
© Meinrad Schade
Jusqu’au 3 novembre. Vis-à-vis /
Visarte. Jusqu’au 31 mai.
Lens
/ Crans
Fondation Pierre Arnaud
:
Réalisme. La Symphonie des
contraires. Jusqu’au 19 avril.
l
artistiques et historique, 18142014. Jusqu’au 22 mars.
Sierre
Caves de Courten : Ice - horizons
l
arctiques, photos de Robert
Bolognesi. Jusqu’au 8 mars.
Martigny
Vevey
Fondation Pierre Gianadda :
Alimentarium (quai Perdonnet)
l
Anker, Hodler, Vallotton... Coll.
Bruno Stefanini. Jusqu’au 14 juin
l Le Manoir de la Ville : «Zigzag».
Céline Peruzzo, Gaël Epiney,
Cécile Giovannini, Dexter Maurer.
Jusqu’au 24 mai.
l Musée des sciences de la terre :
Le verre dans tous ses états et
dans tous ses éclats. Jusqu’au 29
mars.
l
Detox. Jusqu’au 30 avril.
l Musée Jenisch : Fred Eux - Le For
intérieur. Jusqu’au 24 mai.
Yverdon
Maison d’Ailleurs (Pl. Pestalozzi 14)
l
Alphabrick. Jusqu’au 31 mai
OUTRE SARINE
Aarau
Neuchâtel
Aargauer Kunsthaus : Miriam
Laténium (Hauterive) Aux origines
l
l
des pharaons noirs - 10’000 ans d’archéologie nubienne. Jusqu’au 18 mai
l Musée d'art et d'histoire (espl.
Léopold-Robert 1) Renzo Ferrari
(1958-2014) Visions nomades.
Jusqu’au 20 avril.
l Musée d'ethnographie (St Nicolas
4 ) Imagine Japan. Jusqu’au 19 avril.
Pregny
Musée des Suisses dans le
l
monde - Château de Penthes :
La Suisse par les Russes. Regards
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Cahn. Jusqu’au 12 avril
Bâle
Cartoon Museum (St. Albanl
Vorstadt 28) Peter Gut. Du 7 mars
au 21 juin.
l Fondation Beyeler (Riehen)
Peter Doig. Jusqu’au 22 mars.
Alexander Calder Gallery III.
Jusqu’au 6 sept. Paul Gauguin.
Jusqu’au 28 juin.
l Kunsthalle : Vincent Meessen /
Thela Tendu. Jusqu’au 24 mai.
Mark Leckey. Du 6 mars au 31 mai
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n
Musée des Cultures (Münsterpl.
20) Du Patchwork à l'illumination la robe des moines bouddhistes.
Jusqu’au 22 mars.
l Museum für Gegenwartskunst
(St. Alban-Rheinweg 60) One
Million Years - système et symptôme. Jusqu’au 5 avril. De Cézanne à
Richter. Jusqu’au 14 février 2016.
l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Belle Haleine – L'odeur
de l'art. Jusqu’au 17 mai.
l
Weil
/ Rhein
Vitra Design Museum : Alvar
l
Aalto(1898-1976), architecte et designer. Jusqu’au 1er mars. Afrikanische
Moderne. Jusqu’au 22 mai. Making
Africa. A Continent of Contemporary
Design. Du 14 mars au 13 sept.
Winterthur
Fotomuseum (Grüzenstr. 44)
l
Fruchtland 3) Henry Moore.
Jusqu’au 25 mai. Klee à Berne.
Jusqu’au 17 janvier 2016
l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr.
8-12) Nakis Panayotid voir l’invsibles. Jusqu’au 15 mars. Coll. Kunst
Heute. Jusqu’au 26 avril.
Paul Strand. Du 7 mars au 17 mai
l Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) Meinrad Schade – La guerre sans la guerre. Du 7 mars au 17
mai
l Museum Oskar Reinhart
(Stadthausstr. 6) Oranje ! Chefsd’œuvre de la peinture hollandaise. Jusqu’au 5 avril. The English
Face - Portraits miniatures.
Jusqu’au 15 juillet.
l
l
Berne
Centre Paul Klee (Monument im
l
Bienne
Zurich
PhotoforumPasqu’Art : Sebastien
Kunsthaus (Heimpl.1)
Atadler. Jusqu’au 5 avril.
Saint-Gall
Kunstmuseum : Isabelle Lartault l
Michel Verjux. Jusqu’au 26 juillet.
Soleure
Kunstmuseum : Turo Pedretti,
l
une rétrospective. Du 7 mars au
25 mai. Peter Stoffel. Du 7 mars au
14 juin.
d
a
Hodler/
Schnyder. Jusqu’au 26 avril.
l Museum Bellerive (Augustinergasse 9) Say it with Flowers.
Jusqu’au 29 mars.
l
Museum für Gestaltung
(Austellungsstr. 60) Px. Jusqu’au
l Museum Rietberg (Gablerstr.
15) À cordes et à corps - Instruments
de musique de l'Inde. Jusqu’au 9
août.
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opéra de lyon
Les Jardins engloutis
Du 13 au 29 mars, le festival annuel thématique de l'Opéra de Lyon suit le fil
rouge des Jardins mystérieux et rassemble trois opéras dont le trait commun
pourrait être l'échappée du réel et le rêve, qu'il s'agisse du passage d'Orphée
au royaume des morts pour y retrouver Eurydice, d'un voyage intérieur dans
le monde de l'art et de la beauté ou d'un jardin englouti en 3D. L'occasion de
découvrir deux curiosités et un grand classique sous la houlette de créateurs
de la jeune scène théâtrale européenne qui poursuivent leur parcours avec
l'Opéra de Lyon.
76
Après Simon Boccanegra l'an dernier qui
marque ses débuts lyriques en France à l'Opéra
de Lyon, David Boesch, un
des metteurs en scène
émergents de la scène allemande,
aborde
les
Stigmatisés, de Franz
Schreker, considéré comme
le grand héritier de
Wagner, et mis sur la liste
noire des “décadents“ à
cause de l'érotisme de ses
livrets d'opéra. Créée triomphalement à Francfort
en 1918, une œuvre de ce
compositeur autrichien
rarement joué en France à
redécouvrir. Pour traduire
cette “fresque monumentale aussi novatrice par sa
polytonalité et sa complexité musicale“, David
Boesch s'inspire au niveau
images et couleurs d'univers aussi différents que La
Route
de
Cormac
McCarthy ou Moulin Rouge de Baz Luhrmann.
A la baguette le jeune chef argentin, issu du
domaine contemporain, Alejo Perez.
Chef-d’œuvre
Puis c'est un classique, Orphée et Eurydice
de Gluck, que l'Opéra confie au metteur en
scène berlinois David Marton, pour la deuxième
fois à Lyon après avoir signé Capriccio de
Richard Strauss en 2013. Saluée comme l'œuvre symbole du point de départ de la réforme de
l'opéra qu'entreprit Gluck au XVIIIème siècle,
ce trentième opéra et le plus célèbre du compositeur, créé à Vienne en italien en 1762, connut
a
de nombreuses versions dont la synthèse sera
réalisée par Hector Berlioz en 1859, dans une
Nouvel opus
Puis place à un inédit lyrique, un filmopéra qui invite les spectateurs à chausser des
lunettes 3 D : Le Jardin englouti, nouvel opus
du compositeur néerlandais Michel van der Aa,
que les spectateurs de l'Opéra de Lyon ont pu
voir en mars 2010 avec After Life. Créée en
2013 à Londres avec grand succès, cette nouvelle commande Sunken Garden est le quatrième
opéra de ce compositeur, metteur en scène et
vidéaste. En compagnie du romancier britannique David Mitchell pour le livret, il a travaillé
«Le Jardin englouti» © Mike Hoban
adaptation qui est celle proposée à Lyon.
Musicien de formation, pianiste et homme de
théâtre, compagnon de route de Frank Castorf et
Christoph Marthaler, David Marton s'empare de
ce chef-d’œuvre du siècle des Lumières sous un
angle résolument contemporain et entend pointer la modernité du mythe d’Orphée et Eurydice
dans une lecture sur l'adieu et la séparation. On
retrouve au pupitre le spécialiste du baroque
Enrico Onofri, jeune chef et violoniste qui a fait
ses armes auprès de Jordi Savall, Gustav
Leonhardt et Nikolaus Harnoncourt.
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à un opéra d'aujourd'hui, utilisant l'électronique,
le numérique et les images, notamment virtuelles. Dans ce monde des nouvelles technologies,
des chanteurs entrent dans le film, un orchestre
classique dialogue avec des musiques électroniques… Fusion totale du cinéma, du théâtre et
de l'opéra garantis !
Christine Ramel
Les Jardins mystérieux
Du 13 au 29 mars à l'Opéra de Lyon
+ 33 4 69 85 54 54 / www.opera-lyon.com
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chronique lyonnaise
Chapeau !
À qui en douterait, Lyon est une plaque tournante du
théâtre en France : en ce début de 2015, se sont arrêtées, à
Lyon, quatre productions issues de grandes institutions
françaises. Soient, respectivement : le Théâtre de l’Odéon,
le Théâtre des Amandiers, le Théâtre de Gennevilliers
et le Théâtre de Lille.
Théâtre National Populaire
À la mi-janvier, la production des Nègres, de Jean Genet, dans la mise
en scène de Robert Wilson s’est arrêtée au TNP. Le premier mérite de cette
production est d’élucider la texture touffue et les significations, pour le
moins complexes, de la pièce, tant, entre construction gigogne, dispositif
théâtral propre à un procès judiciaire, masques, jeux de rôle, terreau colonialiste et tension entre réalité et fiction, elle ne se donne pas d’emblée, et au
point que tout instant de cette pièce repose sur du sable mouvant. Cette
représentation muée en célébration suscite, chez le spectateur, un rare vertige. Un virtuose travail de lumières élargit perpétuellement le plateau et en
exalte les multiples gradations de profondeur. L’écriture scénique entrelace
comédie et parade, miroirs et dédoublements. Et une distribution, uniquement constituée de noirs, éblouit par sa flamboyance liberté de ton. À signaler, Robert Wilson a ajouté un prélude : terrorisés des bruits de coups de feu,
des Africains – maghrébins et noirs – se figent, les mains en l’air. C’était le
vendredi 9 janvier, après les trois jours de violence terroriste à Paris. Quand
des artistes saisissent le réel, avant même qu’il n’ait lieu…
tous publiés par la Copat. Au-delà de l’intrigue – un président africain et son
épouse accueillent un investisseur étranger (louche, est-il besoin de le préciser) et de jeunes musiciens, avant que la situation ne dérape –, cette production porte un filigrane où s’entrelacent le théâtre brechtien et le cabaret
politique. Une riche texture dramaturgique et le magnétisme du jeu théâtral
laissent le spectateur dans un rare état de suspense. Par cette production,
Jean-Louis Martinelli a clos sa puissante direction au théâtre Les
Amandiers, à Nanterre. Chapeau bas !
Théâtre des Célestins
Après sa création au Théâtre de Gennevilliers, centre dramatique national engagé dans les écritures contemporaines, La répétition, la plus récente
pièce de Pascal Rambert, tourne en France et fait halte à Caluire-et-Cuire
(aux portes de Lyon), dans un co-accueil par Le Radiant et le Théâtre des
Célestins. En bien des points, La répétition reprend et élargit sa devancière :
Clôture de l’amour (2011) qui a connu une diffusion mondiale. Reprend :
des monologues successifs, qu’expulsent les protagonistes d’un couple désormais brisé. Et élargit : outre l’amour, un second terreau de “clôture“ : une
compagnie théâtrale éclate. Ainsi sont-ce flots verbaux. Soient deux rôles de
comédienne : l’une (Audrey Bonnet) construit son métier avec radicalité,
alors que l’autre (Emmanuelle Béart) vit sa profession comme un engagement passionné. Puis un dramaturge (Denis Podalydès) et un metteur en
scène (Stanislas Nordey) : l’un établit les rôles avec cynisme, tandis que
l’autre les distribue avec impudeur. Dans ces deux pièces, une pratique – des
monologues longs d’une demi-heure qu’expulsent les acteurs (ils épuisent le
rôle, l’acteur et l’attention du spectateur) – qui tournerait au procédé si l’écriture ne muait l’intime ainsi déballé en un séisme pathétique et universel.
Au sommet de cette équipe de comédiens, Audrey Bonnet et Emmanuelle
Béart, bouleversantes.
«Répétition» © Marc Domage
«Les Nègres» © Lucie Jansch
Puis, au tournant de février, une autre production, de laquelle l’Afrique
noire est partie prenante : Une nuit à la présidence, que Jean-Louis
Martinelli a écrit à partir d’improvisations que les comédiens ont proposées.
Parmi eux, trois grandes figures : Moussa Sanou, auteur, acteur et metteur
en scène ; Odile Sankara (la jeune sœur de Thomas Sankara) ; et le musicien
Ray Lema. Au préalable, il faut rappeler la passion que, depuis longtemps,
Jean-Louis Martinelli éprouve pour le théâtre africain et dont certains dvd
témoignent (J’aurais voulu être égyptien d’El Aswany, Médée de
Rouquette, Les coloniaux de Chouaki et Mitterrand et Sankara de Jouet),
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Et une déception. Du deuxième roman Les particules élémentaires
(1998) de Michel Houellebecq, Julien Gosselin a réalisé une adaptation
théâtrale. Alors que les passages crus en ont été ôtés, se dressent des obstacles majeurs : le composite (entre Céline et Deleuze) et les procédés propres à l’écriture houellebecquienne éclatent, tandis qu’une prévisible linéarité dramaturgique, une inégale équipe de comédiens et une musique médiocre (avec un niveau sonore près de rompre les tympans) peinent à tenir
durant les quatre heures de la représentation. Se prétendant novateur, le
jeune Julien Gosselin (28 ans) reprend de vieilles ficelles théâtrales, à la
limite du dilettantisme. La vogue actuelle dont il jouit laisse coi.
Frank Langlois
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comédie française
Les Estivants
La Comédie-Française s’attaque à une nouvelle production : les Estivants.
D’après Gorki. Puisque pour son entrée au répertoire de la maison, le choix
s’est porté sur l’adaptation réalisée par un théâtre berlinois en 1975, dans une
version française bien évidemment. Une version condensée, ardemment fouillée
et jouée, de cet aride huis clos en plein-air.
s
Dans la salle Richelieu, les acteurs de la
troupe du Français sont plus vrais que nature.
Chacun investi de son personnage, et tout autant
quand il n’est pas mis en avant par les répliques.
Criant de vérité ! La diction n’est pas en reste,
où la palme revient à Bruno Raffaelli, vétéran
sans faille dans l’art du dire et de la projection.
La première partie de soirée se fait un peu lancinante, à l’image de l’ennui qui suinte de ces
êtres sans but ni horizon, et à l’image du message désespéré de l’œuvre. Puis tout éclate en
seconde partie, avec les conflits larvés désor-
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«Les Estivants» © Cosimo Mirco Magliocca
Gérard Desarthe réalise la mise en scène,
au sein de costumes d’époque et d’un décor
unique de clairière boisée, entre jour et nuit. Au
sens figuré également. Puisque le spectateur est
directement présenté et confronté aux treize
personnages, campés immédiatement de façon
saisissable, pour ensuite assister à leurs tourments. Les rapports se font, se défont, et finalement laissent éclater leurs différences et leurs
antagonismes.
De la pièce écrite par Maxime Gorki en
1904, l’adaptation de Peter Stein et Botho
Strauss, venus du collectif de la Schaubühne am
Halleschen Ufer (à Berlin), concentre l’action
tout en respectant parfaitement l’esprit initial.
La version française, due à Michel Dubois et
Claude Yersin, respecte, on imagine, l’esprit de
a
la langue originale à défaut de sa lettre. C’est
ainsi qu’un vocabulaire de nos jours ordinaires,
qui n’hésite pas à la trivialité (« dégueulasse »,
« on s’en fout », etc.), tend à retranscrire la vérité des personnages et de leur action. Si action, il
y a. Car il s’agit davantage de joutes verbales
d’être reclus, le temps d’une villégiature, dans
un même lieu. Lieu qui devient le creuset de
leurs conflits, jusqu’alors estompés par le vernis
des convenances. Des bourgeois, vaguement
intellos, se confrontent et finissent par s’affronter. Les femmes ont la part belle, révoltées et
tonitruantes, mais dans une trame teintée de
misogynie. Nous sommes à la veille de la
Révolution russe, n’oublions pas, avec ses
changements sociaux inéluctables. Ce dont la
pièce porte le dur reflet.
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mais à cœurs, propos et gestes ouverts. Le
rideau final chute sur un sentiment de malaise.
Puisque que nous avons vécu près de trois heures plongés dans un abime qui ressemble à notre
temps et à ses angoisses.
Pierre-René Serna
Salle Richelieu (01.44.58.15.15)
Les Estivants de Gorki - m.e.s. Gérard Desarthe - jusqu’au 25 mai
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théâtre des champs-élysées
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palais des congrès
Sub, Extremely Giselle
close, Casi Casa
Danseur étoile de l’Opéra de Paris, José Martinez a pris,
après son départ en retraite, la direction de la Compagnie
Nationale de Danse d’Espagne en 2011. Il prenait la suite
du chorégraphe Nacho Duato qui, pendant vingt ans, avait
façonné la compagnie et créé plus de quarante œuvres.
José Martinez a souhaité, avec son arrivée, redonner à la
compagnie un répertoire plus large allant des grands
classiques à la danse contemporaine. Le programme des
27, 28 et 29 janvier était l’occasion de découvrir
cette compagnie.
La soirée commence avec Sub d’Itzik Galli. Très tonique, le ballet
écrit pour six danseurs alterne solos et ensembles. Vêtus de robes en toile
militaire, les interprètes
traversent la scène tels
des comètes ou se regroupent pour former un
bataillon puissant et gracieux à la fois. Si Itzik
Galli s’inscrit dans
l‘esprit de la danse
contemporaine israélienne, il ne cède pas à la
décharge d’énergie vaine
mais sait composer une
danse certes viril mais
raffinée.
Extremely
close
s’ouvre
comme
une
«Sub» d'Itzik Galli. Photo J Vallinas
parenthèse de douceur
dans ce monde de brutes. Sur la musique de Philip Glass, Alejandro
Cerrudo nous entraîne dans un tourbillon de passions avec duvet blanc
jonchant le sol, gestuelle néo-classique des corps qui s’enlacent et final où
le héros referme sur sa bien-aimée le voile noir de la scène.
La soirée se terminé avec Casi Casa de Mats Ek, variante resserrée
d’Appartement créé pour le Ballet de l’Opéra de Paris. On retrouve les
scènes de la vie quotidienne et ces détails sordides – le bébé cramé dans
le four – ou terriblement ordinaires – l’adultère de voisinage, les corvées
ménagères-. Alors que les deux premiers ballets savaient communiquer de
l’énergie ou de l’émotion, le troisième renvoie la médiocrité quotidienne
qui, même interprétée sans faille et croquée avec acuité, n’est guère inspirante.
Ce programme donne une belle occasion de découvrir le travail de
cette compagnie qu’on espère revoir bientôt.
Stéphanie Nègre
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Le ballet de la Scala de Milan était de retour sur les scènes
parisiennes avec Giselle du 31 janvier au 8 février. Depuis
2009, la vénérable compagnie, fondée en 1813, est dirigée
par Makhar Vaziev, ancien danseur étoile de Mariinsky
puis son directeur de 1995 à 2008.
Giselle est présenté
dans sa version classique
de Jean Coralli et Jules
Perrot avec les décors et
costumes d’Alexandre
Benois. Danseuse étoile
invitée,
Svetlana
Zakharova illumine de
sa présence la scène.
Elle est tour à tour la
paysanne amoureuse et
fragile, bouleversante
dans la scène de la folie,
et le fantôme aérien du
second acte. Friedemann
Vogel, principal dancer du ballet de
Stuttgart, lui donne avec
S.Zakharova et F Vogel dans «Giselle»
justesse la réplique en
Albrecht. Les solistes de la Scala ne sont pas en reste. Les étoiles Mick
Zenni et Nicoletta Manni sont impeccables, respectivement en Hilarion et
Myrtha. Doté d’une belle présence, le danseur italien pourrait emporter le
cœur de beaucoup de Giselle. Quant à Nicoletta Manni, elle offre de très
beaux solos pleins de romantisme dans le second acte. Les ensembles des
willis du second acte sont réglés au cordeau et créent un véritable enchantement avec les tutus scintillants dans la pénombre de la nuit. L’ensemble est
à la hauteur des scènes parisiennes.
Giselle fait partie des grands classiques qui perdent toute magie si l’interprétation n’est pas parfaite. Le Ballet de la Scala a remarquablement relevé le défi de ce monument.
Stéphanie Nègre
La danse en mars :
Le mois de mars verra le retour du Lac des cygnes du 11 mars au 9 avril
à l’Opéra Bastille.
L’Afrique du Sud sera au programme du Théâtre de la Ville avec, du 17
au 21 mars, Exit / Exist de Gregory Maqoma et, du 25 au 29 mars, At the
same time de Robyn Orlin. Le 3 mars, Roméo et Juliette de Julien Lestel sera
présenté à l’Opéra de Massy.
Le Saint Petersbourg Ballet Theatre sera de retour au Théâtre des
Champs Elysées du 9 au 14 mars avec, en alternance, Le Lac des cygnes, La
Bayadère et Roméo et Juliette.
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opéra
Festivités baroques
Les Fêtes vénitiennes resplendissent à l’Opéra-Comique. Davantage comme
spectacle, que pour la valeur intrinsèque de l’ouvrage lui-même, lequel recèle
peu de splendeurs musicales ou dramatiques.
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«Les Fêtes vénitiennes» © Vincent Pontet
Il s’agit de l’œuvre la plus célèbre d’André
Campra, compositeur qui fait le lien en France
entre Lully et Rameau. Sans toutefois le caractère novateur du premier, ni le génie du second.
En dehors de quelques pièces religieuses, son
renom doit surtout au genre lyrique léger qu’il
illustra, la « comédie-ballet ». C’est-à-dire une
forme de divertissement, pourvu d’un luxe de
décors et costumes, qui mêle ballet et chant sur
une trame sans beaucoup d’importance. Une
manière de revue, dans le style emplumé que
perpétuera le Lido ou les Folies Bergères, adapté aux goûts du XVIIIe siècle.
Les Fêtes vénitiennes furent étrennées en
1710, puis reprises de nombreuses fois, avec
une multitude de variantes, jusqu’en 1722. Pour
cette résurrection à l’Opéra-Comique, les maîtres d’œuvre William Christie et Robert Carsen
ont dû ainsi faire des choix entre quatre possibles prologues et neuf entrées (ou actes). Le
résultat présenté équivaut plus ou moins à la
version originale, avec quelques différences
(dont un épilogue inventé pour l’occasion).
Donc, un prologue et trois entrées, que sont :
« le Bal », « les Sérénades et les Joueurs », et
enfin « l’Opéra ». Prétextes à danses, intrigues
a
superficielles, musiques de même consistance,
le tout dans une Venise de convention.
L’intérêt du spectacle ne réside donc pas tant
dans l’œuvre, sinon dans sa restitution. Une fois
encore, Carsen livre une puissante scénographie,
esthétiquement comme conceptuellement. Dans
une Venise plus vraie que nature : à travers de
magnifiques décors (signés par Radu Boruzescu)
en forme de façades grises de procuraties se
retournant en murs pourpres de salon, sous de
judicieux éclairages rasants ou intimistes ; des
danses vivement animées (par le chorégraphe Ed
Wubbe), sans verser dans le pastiche néobaroque ; des costumes évocateurs, de notre époque
(ces touristes débraillés maniaques des photos –
tout un portrait de la Venise crade actuelle !) ou
Grand-Siècle avec son opulence raffinée ; et surtout, un réglage minutieux de chacun de ces
ingrédients. Une fête des yeux ! Qui, de surcroît,
s’inscrit exactement dans le propos de l’œuvre. À
cet égard, la première partie avec ses scènes
ébouriffées attire mieux l’œil, qu’une seconde
tranche de soirée, concentrée sur une action qui
n’en demande pas tant.
Christie partage cette même conception,
côté musical. Ses Arts Florissants sonnent
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impeccables, et le plateau vocal répond de
même. Se détachent, entre les voix les plus
sûres et fameuses du baroque français actuel :
Emmanuelle de Negri, Reinoud van Mechelen,
Cyril Auvity et Marc Mauillon. Avec un style
éminemment approprié, pour des parties de
chant qui ne les mettent pas trop en péril. Une
fête ! disions-nous.
Frais pasteur
L’effet était annoncé, presque sans surprise : puisque préside à la conception scénique de
Il Re pastore, avec l’aide d’Olivier Fredj pour la
circonstance, Nicolas Buffe, celui même qui
avait concocté le tout aussi rare Orlando paladino de Haydn en 2012 en ce même Châtelet.
Nous retrouvons donc l’esprit et l’imagerie d’un
jeu vidéo, avec station interplanétaire, robots et
engins balistiques, humanoïdes et super-héros,
tirés d’archétypes de bande dessinée manga ou
heroic fantasy. Le tout projeté et animé en 3D
sur grand écran. Car le plateau se résume à peu
près à cela, les personnages de l’action voulue
par l’opéra de Mozart plantés au-devant,
dispensant des gestes stéréotypés entre un groupe d’acrobates-danseurs et de rares figurines
manipulées par des marionnettistes tout de noir,
dans des factures de même acabit. Mais cela
suffit à donner à l’ensemble une vie de chaque
instant. Qui a cependant ses limites et ses
risques : dans un second acte (encore qu’il n’y
en ait que deux !) qui tourne à vide avec les
mêmes effets et ingrédients.
Pour autant, cet apparat de fantastique et de
merveilleux, revu par les gadgets chers aux adolescents, colle à son sujet. Car le livret de ce
Mozart de jeunesse inscrit son (léger) conflit
d’amour et de pouvoirs dans une mythologie de
convention, comme tout opera seria, finalement
intemporelle. Et d’autant, si l’on relève son
beau message final de générosité magnanime
(qui sera aussi celui de L’Enlèvement au sérail,
La Flûte enchantée et La Clémence de Titus).
Encore faut-il s’entendre sur « Mozart de jeunesse »… Oui, en ce sens que le compositeur
avait seulement 19 ans, mais pas tout à fait en
regard de sa carrière, puisque Il re pastore
(1775) constitue tout de même son septième
opéra. Il est donc signé d’un musicien déjà fait,
averti, maître de ses moyens et connaisseur des
ressorts lyriques. Si l’on ne peut parler d’un
chef-d’œuvre à l’égal de ceux de la maturité
(qui succède juste après, d’Idomenée à La
Clémence), l’inspiration et le métier s’y font
sentir. Notamment dans la construction, qui
avance inexorablement, d’un premier acte d’ex-
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«Il Re Pastore» © Marie-Noëlle Robert
position avec arias da capo figés dans leur
moule, à un second acte d’un vaste souffle dramatique et musical (qui trouve son acmé dans le
magnifique air du héros, soprano castrat ou travesti comme il se doit, digne des plus grands de
Mozart).
Et c’est bien ce qu’illustre la restitution
musicale au Châtelet. La battue de Christophe
Spinosi et les timbres de son ensemble Matheus
paraissent d’entrée un peu frustes, pour ensuite
indiciblement et peu à peu verser dans la subtilité et la transmission intérieure. Spinosi à son
meilleur ! La plateau vocal acquiert lui aussi de
l’assurance au fil de la soirée. Les jeunes voix
de Rainer Trost, Soraya Mafi et Raquel
Camarinha, dominent leur sujet et son traitement, coloratures comprises, avec une projection aisée. Marie-Sophie Pollak et Krystian
Adam, un peu rêches et d’émission dure,
gagnent ensuite souplesse et délié. Les ponctuations de bruits synthétiques, « bing » et autre
« zip » (réglés par Antoine Souchav’) inhérents
à tout jeu électronique, se produisent ellesmêmes dans les moments qui s’y prêtent, sans
gêne musicale aucune : pendant ou entre le récitatif secco, qui comme on sait se prêtait en son
temps à toutes sortes de variations et improvisations. Au final, quelque chose de frais, comme
le réclame cette pastorale héroïque, juvénile
d’esprit et de conception mais assurée, à l’instar
de ce spectacle tout public.
monter l’ouvrage en version scénique devait
tenir au cœur de Niquet. Chose faite désormais,
avec cette production reprise à l’Opéra royal de
Versailles (juste après sa création à l’Opéra de
Metz). Mais ce n’était pas si simple. Puisque si
la musique est parvenue jusqu’à nous, les dialogues parlés qui faisaient lien ont disparu. Il a
fallu donc réinventer une trame, tout en gardant
l’esprit de ce qui à l’époque (1747) constituait
une forme de divertissement. À quoi se sont
attelés, avec un réel bagout, Corinne et Gilles
Benizio, plus connus dans le milieu du specta-
Plaisant Quichotte
cle et du cabaret sous les noms d’affiche de
Shirley et Dino.
Ce jeu, éminemment baroque, en valait-il
le chandelier ? Oui, assurément, si l’on considère la qualité de la musique. Boismortier s’y
révèle d’une hauteur d’inspiration qui annonce
Rameau. Très supérieure, à cet égard, à celle de
son prédécesseur français dans le genre lyrique
C’était la toute première œuvre jouée par le
Concert Spirituel que venait de fonder Hervé
Niquet. C’était il y a 27 ans, Don Quichotte chez
la duchesse… Un enregistrement devait suivre,
le premier à rétablir la musique du « balletcomique » de Joseph Bodin de Boismortier
(1689-1755). Nul doute, donc, que le projet de
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léger, Campra (comme on l’aura noté pour les
Fêtes vénitiennes). À la tête de son Concert
Spirituel, Niquet s’affirme tout aussi inspiré :
avec des attaques sans faille, une rigoureuse
précision d’ensemble et un souffle qui balaye
tout. Le plateau vocal n’est pas en reste, avec la
haute-contre idoine de François-Nicolas Geslot,
le chant assuré (et le jeu scénique tout autant) de
Marc Labonnette, et la présence forte (en dépit
de quelques duretés) de Chantal Santon-Jeffery.
Quant à la mise en scène ? Elle verse dans le
joyeux délire, comme on pouvait s’y attendre.
Les gags se multiplient, amusants souvent,
lourds parfois. Mais dans un ensemble bien
réglé. Niquet lui-même donne la répartie humoristique au couple Shirley et Dino, troquant son
frac en deuxième partie pour un costume de
torero, propice à un désopilant numéro olé-olé.
Un plaisant spectacle.
Armida à Massy
Production de l’Arcal, Armida fait escale à
l’Opéra de Massy, au sein d’une tournée dans
différents théâtres de France. La réussite est
indéniable, pour cet opéra de Haydn revisité par
nos jours coutumiers. Mariame Clément a choisi avec justesse de camper l’action (celle du
croisé Renaud envoûté par la sorcière Armide,
«Don Quichotte chez la duchesse» © Opéra de Metz
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reprise dans de nombreux autres opéras
baroques) parmi les conflits et personnages
actuels – ce qui ne serait pas sans rappeler
quelque chose par les temps qui courent... Reste
un drame à nu, et fort. Et d’autant que la restitution musicale ne ménage sa force et ses
efforts. Julien Chauvin, à la tête de son tout neuf
Concert de la Loge olympique (scission du
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Cercle de l’Harmonie), allie emportement et
précision. Chantal Santon-Jeffery, Juan Antonio
Sanabria, Dorothée Lorthiois et Francisco
Fernández-Rueda se partagent les rôles chantés
avec justesse stylistique. Meilleure réparation
ne pouvait être rendue à ce Haydn qui s’ébroue
un peu, pour trouver enfin son ampleur musicale dans les dernières scènes.
Bois somnolant
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Au Théâtre de l’Athénée, l’Opéra Studio
de l’Opéra du Rhin présente son dernier spectacle : la Belle au bois dormant. Cet opéra, d’après Perrault (bien sûr), a été composé dans les
années 20 par Respighi pour un jeune public. Il
est ici retranscrit en français, plus ou moins
dans sa deuxième version musicale. On ne saurait dire que l’intérêt se soutient constamment,
dans cette sorte de déclamation à la Pelléas
piquée de fox trot et autres variétés du moment.
La dizaine d’instrumentistes de l’ensemble le
Balcon et la direction de Vincent Monteil ne
sont pas en cause, parfaitement en place. Les
voix sont un peu grêles, dans un français qui
n’est pas toujours intelligible (pourquoi alors
avoir traduit ?), mais Gaëlle Alix, Peter Kirk,
David Oller et Rocío Pérez (et sa jolie colorature) tirent un bon parti. Quant à la mise en scène
de Valentina Carrasco (venue de la Fura dels
Baus), elle brille ! Toiles et tulles vaporeux font
un jeu de merveilleux incessant, pour un onirique conte féérique.
Haine de la musique ?
L’idée était presque paradoxale, sinon
incongrue, de parer de musique l’essai de Pascal
s
Quignard, la Haine de la musique. C’est à quoi
s’est confronté le compositeur Daniel
D’Adamo, avec un succès limité. Sa pièce éponyme prend la forme d’un mélodrame, texte
déclamé mêlé de musique, que d’autres compositeurs du passé ont illustré. Mais le mélange
prend mal, entre une musique translucide et
séduisante de prime abord, mais qui tourne
ensuite en rond, et un texte débité (emprunté à
Quignard) qui prend vite la même tournure. Un
peu vain. À la Maison de la musique Nanterre,
l’Ensemble TM+ s’acquitte pourtant de sa tâche
avec un professionnalisme à tout épreuve. Et
Christian Gangneron concocte, avec des riens
(un tulle, des costumes tout de blanc) une animation exquise (avec l’aide de l’excellent
comédien Lionel Monier).
Cinq-Mars en février
Foule des grands jours, avec toute la presse
spécialisée réunie, pour CinqMars, ressuscité de concert à
l’Opéra royal de Versailles (sous
la houlette du Palazzetto Bru
Zane). L’Orchestre et le Chœur
de la Radio bavaroise réagissent
sans peur et sans reproche, aux
ordres excités et tempétueux
d’Ulf Schirmer. Et tout pareillement la distribution vocale, dont
se signalent l’ardent Charles
Castronovo, le puissant André
Heyboer, et, surtout, l’irradiante
Véronique Gens. À croire que
rien n’y fait ! pour cet opéra (sur
un livret poncif déjà éprouvant)
d’un Gounod dont le métier ne saurait palier
l’inspiration chiche, à travers des formules
convenues et/ou attendues. Qui prennent toutefois mieux forme sur la fin. Mais pour Gens,
soprano superlative que l’on aimerait entendre
plus souvent, le voyage à Versailles est gratifié.
Lyrisme du tombeau
Philippe Hersant figure un compositeur
phare de notre époque, dont les ouvrages régulièrement programmés bénéficient de constantes reprises. Cas exceptionnel pour la musique
dite contemporaine. Ainsi du Tombeau de
Virgile, créé en 2006, repris ensuite en
Allemagne et cette fois dans le cadre de la saison de l’Orchestre Lamoureux. L’œuvre entend
être une évocation de la tombe supposée de
Virgile, lieu de sérénité et de recueillement au
cœur de Naples ; dans un climat musical d’outre-tombe, avec cette couleur modale d’une poé-
à la salle Gaveau : «Tombeau de Virgile»
sie évanescente dont le compositeur a le secret.
Et le public de ce concert, dans l’acoustique
intensément présente de la Salle Gaveau, de
réserver un accueil triomphal, avec rappels –
des plus inhabituels pour un compositeur. Il faut
dire que les interprètes méritent tout autant :
d’Isabelle Moretti (la harpiste soliste, dédicataire de l’œuvre), avec une dextérité sensible audelà de toute virtuosité, à un Orchestre
Lamoureux d’une précision emportée sous la
battue fouillée de Marco Parisotto. Ces derniers,
avec des vertus comparables, livrent en introduction de miroitants fragments symphoniques
du Festin de l’Araignée de Roussel, et, en clôture de concert, une Symphonie de Franck acerbe comme rarement.
Pierre-René Serna
«La Belle au bois dormant» © Alain Kaiser
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chronique des concerts
Inauguration en beauté
La Philharmonie de Paris n'en finit pas de s'inaugurer… avec près de 45 000
visiteurs, elle sera même devenue le temps du premier week-end le lieu le plus
couru de la capitale. Evidemment, la programmation est à la hauteur de l'engouement et si l'on fait abstraction des échafaudages et des équipes chargées de
terminer le bâtiment, on peut dire que tout commence sous les meilleurs auspices pour ce nouveau lieu de culture à Paris.
Première formation étrangère à se produire
sous les suspensions de la grande salle, le WestEastern Divan Orchestra présente avec Daniel
Barenboim un programme en forme de triptyque qui met en regard anciens et modernes de
la musique française du XXe siècle : DebussyBoulez-Ravel. Du premier, Barenboim présente
le célèbre Prélude à l'après-midi d'un faune sur
papier glacé, l'acoustique très claire offrant une
image sonore très précise, qui met en valeur une
petite harmonie très homogène de timbres.
Rupture totale avec Dérive 2 de Pierre Boulez,
au rythme fugace et volatil. La deuxième partie
met les voiles vers des rivages exclusivement
ravéliens, à commencer par la très dansante
Rapsodie espagnole et une Alborada del gracioso puissante et passionnée. La Pavane pour
une infante défunte et le Boléro déploient à l'envi les rythmes et les couleurs.
Inauguré quelques semaines avant la
Philharmonie, l'auditorium de la Maison de la
Radio accueille dans son bel écrin boisé un
marathon Berg-Beethoven dirigé par un Daniel
Harding assez inégal à la tête du philharmonique de radio-France. On retiendra de ces soirées la belle interprétation des Trois pièces opus
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étonnamment vifs, avec cette agogique de l'urgence et du rebond qui dessine fiévreusement
lignes et contre-chants. Gatti pousse encore plus
loin dans le Lebhaft initial de la Quatrième ces
effarements et ces échappées de couleurs qui
soulèvent la matière sonore sans jamais la massifier. Gatti sait mettre en valeur l'animation
intérieure de la Seconde symphonie, avec cette
façon unique de tresser les vents avec le reflux
des cordes, tandis que la Troisième est éclatante de douceur et de puissance. Mention spéciale
à Sarah Nemtanu et Nicolas dans la Symphonie
concertante K.364 de Mozart. Gatti s'attache à
6 d'Alban Berg, les cuivres
explosent dans le fracas spectaculaire du marteau, tandis que
les lignes mélodiques courent
d’un pupitre à l’autre dans une
esthétique très pulsée et éclatante. Le Concerto pour violon
est interprété par l'excellent
Christian Tetzlaff qui fait
admirer sa maîtrise des bariolages de quintes et des passages
legato. Le concerto pour violon de Beethoven le révèlera
moins inspiré et prisonnier
d'une assez narcissique tendance à gonfler les phrases et jouer
d'effets faciles. La soprano
Barbara Hannigan interprète
brillamment trois extraits de
Wozzeck, éclipsant un Triple
concerto de Beethoven assez
approximatif.
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Daniele Gatti
Marathon également pour Daniele Gatti à
la tête de l'Orchestre National de France dans
une intégrale des symphonies de Schumann.
Dans la première symphonie, les tempi sont
une rondeur du son, à la fois diffuse et généreuse pour obtenir un pastel assez tendre et une présence rassurante, qui jamais ne cherche à
empiéter sur le dialogue amoureux des deux
solistes placés de part et d'autre de son pupitre.
Signalons également l'étonnant programme
pour deux pianos, donné aux Bouffes du Nord
par les pianistes Vanessa Wagner, Marie
Vermeulin, Cédric Tiberghien, et Wilhem
Latchoumia. Aux sublimes transcriptions des
Nuages debussystes succède un Sacre du
Printemps extraordinairement pulsé et sauvage.
En seconde partie, la Valse de Ravel danse un
peu sur ses pointes, tandis qu'Amériques
d'Edgard Varèse éclate de mille feu sous les huit
(!) mains des talentueux protagonistes.
David Verdier
Daniel Harding
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Théâtre de la Colline
Théâtre du Vieux-Colombier
La Bête dans la jungle
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La Tête des autres
C’est Marguerite
Duras qui, en 1962, a
adapté cette nouvelle énigmatique d’Henry James :
Un homme et une femme
font connaissance. Lui vit
avec la conviction d’être
promis à un sort mystérieux ; un événement
extraordinaire, terrible
peut-être, fondra sur lui un
jour. Ils scellent un pacte
étrange : elle sera la compagne de cette attente.
Leur vie s’écoule, immobile, inquiète : la “bête”
ne se montre pas. Mais –
suggère James – n’aura-telle pas été, elle, cette
femme, le destin qu’il n’a
Valérie Dréville © Christophe Raynaud de Lage
su saisir ?
Célie Pauthe est à la mise en scène alors que le jeu est confié aux comédiens John Arnold, Valérie Dréville et Mélodie Richard. Cette pièce est suivie de «La Maladie de la mort» de Marguerite Duras.
Avec cette pièce,
Marcel Aymé dénonce la
compromission entre la
justice et le pouvoir;
menacée d’interdiction,
«La Tête des autres» est
créée avec succès par
André Barsacq. Toutefois,
face à la polémique et aux
pressions de la justice,
Marcel Aymé change en
1956 le dernier acte de
son audacieuse comédie
grinçante.
C’est Lilo Baur qui
se charge de la mise en
scène de cet acide réquisitoire contre la peine de
mort, la corruption et l’ilLilo Baur
lusoire équité de la justice,
en choisissant toutefois le version initiale de la pièce, dont l’acte final lui
paraît plus subversif que celui de la seconde version.
. Du 6 au 29 mars 2015
. jusqu'au 22 mars 2015
Loccation : 01.44.39.87.00.
Réservation : 01.44.62.52.52.
Théâtre de l’Odéon, Berthier 17e
Comédie Française
Toujours la tempête
Le Songe d’une nuit d’été
«Toujours la tempete», photo de repetition © Michel Corbou
«Le Songe d’une nuit d’été» © Christophe Raynaud de Lage
Création aux Ateliers Berthier avec cette pièce de Peter Handke mise
en scène par Alain Françon. Avant de s'épanouir en une chorale de
présences dont Alain Françon a confié les voix à Pierre-Félix Gravière,
Gilles Privat, Dominique Reymond, etc., le dernier texte de Peter Handke
commence par un paysage, le plus indéfini qui soit. «Une lande, une steppe,
une lande-steppe, ou n'importe où. Maintenant, au Moyen âge, ou n'importe
quand». Le genre d'espace qui surgit quand on a fermé les yeux pour les
ouvrir ailleurs, jusqu'au-delà des lointains du souvenir.
Muriel Mayette-Holtz a choisi de mettre en scène les fantasmes secrets
inspirés par l’amour. Ce songe, imaginé par Shakespeare, se joue dans le
creux du lit des rêves, un lit où tous les jeux sont permis avant que le jour ne
se lève.
. jusqu'au 25 mai à la Salle Richelieu
Location : 01.44.58.15.15
. Du 4 mars au 2 avril 2015
Location : 01.44.85.40.40
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Azzaretti, Michael Spyres, Emiliano Gonzalez Toro, Eric Huchet, Christian
Helmer, Olivier Déjean, Grégoire Fohet-Duminil, Thomas Roullon et JeanSur la scène de la Bastille du 2 au 28 mars, nouvelle mise en scène du Christophe Jacques, Chœur Accentus et Orchestre de la Fondation
Faust de Gounod par Jean-Romain Vesperini, dirigée par Michel Plasson, Gulbenkian. Le 24, retour de la fidèle Anna Caterina Antonacci interprèavec Piotr Beczala dans le rôle-titre, Krassimira Stoyanova dans celui de te de Carmen en 2010, puis Le Secret de Suzanne et La Voix humaine en
Marguerite, mais également Ildar Abdrazakov (Méphistophélès), Jean- 2013, qui poursuivra son exploration des répertoires vocaux français et itaFrançois Lapointe (Valentin), l'Orchestre et le Chœur de l’Opéra national de lien avec le pianiste Donald Sulzen et le Quatuor. Le 26, Sophie MarinParis. En parallèle à Garnier du 27 mars au 21 avril, une rareté avec Le Cid Degor, Jean-Sebastien Bou et François-René Duchâble interpréteront des
de Massenet mis en scène par Charles Roubaud et crée en 2011 à Marseille, mélodies de Bordes, ainsi que des airs et des duos d’opéra-comique de
avec Roberto Alagna (Rodrigue), Sonia Ganassi (Chimène), Annick Massis Chabrier, Massenet, Messager, Hahn, Bizet.
(L'Infante) et Paul Gay (Le Roi), une partition dirigée par Michel Plasson
La Philharmonie de Paris proposera les 4 et 5 mars, Jeanne d'Arc au
avec les forces de l'Orchestre et du Choeur de l’Opéra national de Paris.
bûcher de Honegger avec Marion Cotillard et Eric Génovèse mise en scène
Sur la scène du TCE du 5 au 7 mars une création avec Solaris de Dai par Côme de Bellescize, placée sous la direction de Kazuki Yamada à la tête
Fujikura, un opéra en quatre actes (2015) sur une livret de Saburo de l'Orchestre de Paris avec Anne-Catherine Gillet, Simone Osborne, Faith
Teshigawara, d’après le roman éponyme de Stanislas Lem Matériel placé Sherman et Thomas Blondelle. Puis ce sera Roméo et Juliette de Berlioz par
sous la direction de Erik Nielsen et réalisé par Saburo Teshigawara avec François-Xavier Roth avec Isabelle Druet, Jean-François Borras et Jérôme
Sarah Tynan (Hari), Leigh Melrose (Kris Kelvin), Tom Randle (Snaut), Varnier, Les Siècles (16 mars). Le 24 l’Orchestre National d’Ile-de-France
Callum Thorpe (Gibarian) et Marcus
dirigé par Enrique Mazzola joueront
Farnsworth (Kelvin) avec la participation
Mozart et Duruflé (le Requiem avec
du danseur étoile Nicolas Le Riche, et les
Stéphanie d’Oustrac), le même jour ayant
instrumentistes de l'Ensemble interconlieu Un jardin à l’italienne par Les Arts Flo
temporain. Le16 mars, Messe en si de
et William Christie. Carmina Burana sera
Bach dirigée par Jean-Claude Malgoire et
donné le 28 avec Rosa Feola, Alexander
chantée par Olga Pasichnyck, Anne
Kaimbacher et Rodion Pogossov placés
Magouët, Christophe Dumaux, Paul
sous la direction de Pierre Cao à la tête du
Agnew et Alain Buet, La Grande Ecurie et
Philharmonique du Luxembourg un concert
la Chambre du Roy. Le 19, grand gala de
intitulé « Héroïnes » étant prévu le 28 égacontre-ténors interprété par Max
lement avec Inva Mula, Leonardo Caimi et
Emanuel Cenčić, Valer Sabadus, Xavier
Jacques-Greg Belobo dirigés par JeanSabata et Vince Yi accompagné par
Claude Casadessus et le National de Lille
l'Orchestre Armonia Atenea dirigé par
(programme Bizet). Enfin la soprano
George Petrou, programme Haendel,
Karen Vourc’h accompagnée par Pascal
Vivaldi, Hasse, Sachini et Gluck. La
Rophé et le National des Pays de Loire
soprano Juliane Banse sera en concert le
interpréteront Debussy, Dusapin et
26 mars avec le Wiener Solisten-Sextet et
Stravinsky le 29.
pour jouer Strauss, Wagner, Zemlinsky et
A l'Athénée du 19 au 22, KafkaSchoenberg.
Fragmente de Kurtag, le 27 et 28 concert
Julie Fuchs avec Le Balcon dirigé par
Au Châtelet du 12 au 26 mars, un seul
Maxime Pascal. Au Musée d'Orsay récital
spectacle mais quel spectacle, Singin’ in
Susan Graham le 19 mars accompagnée
the rain de Brown, d’après le célèbre film
par Malcom Martineau, suivi par celui de
de Stanley Donen chorégraphié par Gene
puis Véronique Gens le 26 avec Susan
Susan Graham © Dario Acosta
Kelly, mis en scène par Robert Carsen à
Manoff.
qui l’on doit sur ce plateau Candide de Bernstein (2006) et My Fair Lady
(2010 et 2013). Au pupitre Gareth Valentine avec Don Lockwood (Dan
Ailleurs en France : en mars, Bordeaux et Strasbourg osent Tristan et
Burton), Kathy Selden (Clare Halse) et Cosmo Brown (Daniel Crossley), la Isolde. Le premier sera mis en scène par Giuseppe Frigerni avec Christian
partie dansée étant assure par Stephen Mear.
Voigt et Alilwyn Mellor, le second Anthony Mc Donald réunira Ian Storey
A Versailles le 22 mars, place à Mozart avec un Gala autour de la trilo- et Melanie Diener.
gie Da Ponte interprété par les artistes suivants : Clémence Tilquin, Anna
Destraël, Ruth Rosique, Robert Getchell, Joan Martin Royo et Nicolas
Vu et entendu : A la Philharmonie, concert Ravel par Salonen et
Rivenq, La Grande écurie et la Chambre du Roy dirigée par Jean-Claude l'Orchestre de Paris, en majesté, le 4 février (Ma mère l'Oye et L'enfant et
Malgoire.
les Sortilèges).
Sélection musicale de mars :
François Lesueur
Salle Favart, du 25 mars au 2 avril Le Pré aux clers d’Hérold reverra
le jour grâce au chef Paul McCreesh et au metteur en scène Eric Ruf avec
dans les rôles principaux Marie Lenormand, Marie-Eve Munger, Jaël
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Théâtre de la Ville
Ma Mégère apprivoisée
Que donne cette pièce humoristique de Shakespeare - avec ses multiples jeux de rôle, et ses allusions aux ambiguïtés de la condition féminine adaptée par la metteur en scène Mélanie Leray, qui se montre préoccupée
par la situation des femmes?
Mélanie Leray
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Sur scène, on découvrira cette mégère transposée à la grande époque
du Mouvement de libération des femmes (MLF), dans les années 1960. Une
mégère qui aura appris de son homme le pouvoir manipulateur des mots, un
pouvoir qu’elle maîtrise avec grâce et qui lui permet, en flattant les uns et
les autres, de tranquillement les dominer !
. du 4 au 20 mars 2015
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Meulen - du 26 mars au 10 mai
ViEuX-COLOMBiER (01.44.39.87.00)
u La tête des autres de Marcel
Aymé m.e.s. Lilo Baur - du 6 au 29
mars
ESSAïON (01 42 78 46 42)
u Fin de Partie de Beckett - m.e.s.
Jean-Claude Sachot - jusqu’au 4 avril
u Conversation ou Le voyage
d’Ulysse de Primo Levi et Ferdinando
Camon - m.e.s. Dominique Lurcel du 2 mars au 26 mai
HéBERTOT (01.43.87.23.23)
u Des Gens bien de David LindsayAbaire - m.e.s. Anne Bourgeois - jusqu’au 30 mai - avec Miou Miou
u Les lois de la gravité de Jean Teule
- m.e.s. Anne Bourgeois - jusqu’au
31 mars
MADELEiNE (01.42.65.07.09)
u Le Souper de Jean-Claude Brisville
- m.e.s. Daniel Benoin - jusqu’au 10
mai
MATHuRiNS (01.42.65.90.00)
u Le Chat du Rabbin d’après la BD
de Joann Sfar - m.e.s. Sarah
Marcuse - jusqu’au 15 mars
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NOuVEAuTéS (01.47.70.52.76)
u Le Tombeur de Robert Lamoureux
- m.e.s. Jean-Luc Moreau - avec
Michel Leeb - jusqu’au 29 mars.
ODéON EuROPE (01.44.85.40.40)
u Das Weisse vom Ei (Une île flottante) de Labiche - m.e.s. Christoph
Marthaler - du 11 au 29 mars
ATELiERS BERTiER
u Toujours la tempête de Peter
Handke - m.e.s. Alain Françon - création - du 4 mars au 2 avril
OEuVRE (01.44.53.88.88)
u Les larmes amères de Petra von
Kant de R. W. Fassbinder - m.e.s.
Thierry De Peretti - jusqu’au 22 mars
u Extinction de Thomas Bernhard m.e.s. Alain Françon, Blandine
Masson - avec Serge Merlin - du 3
mars au 5 avril
RiVE GAuCHE (01 43 35 32 31)
u L’Elixir d’amour d’Eric-Emmanuel
Schmitt - m.e.s. Steve Suissa - avec
Marie-Claude Pietragalla, EricEmmanuel Schmitt - jusqu’u 15 mars
Location : 01 42 74 22 77
ANTOiNE (01.42.08.77.71)
u Pour en finir avec la question juive
de Jean-Claude Grumberg - m.e.s.
Charles Tordjman - jusqu’au 20 mars
ARTiSTiC ATHéVAiNS
(rés. 01.43.56.38.32)
u Espèces d’espaces de Georges
Perec - m.e.s. Anne-Marie Lazarini du 3 mars au 19 avril
ATELiER (loc. 01.46.06.49.24)
u Anna Christie de Eugène O’Neill m.e.s. Jean-Louis Martinelli - avec
Mélanie Thierry, Féodor Atkine... jusqu’au 26 avril
BOuFFES PARiSiENS
(01.42.96.92.42)
u A gauche, en sortant de l’ascenseur de Gérard Lauzier - m.e.s.
Arthur Jugnot - jusqu’au 9 mai
COLLiNE (rés. 01.44.62.52.52)
u La Bête dans la jungle d'après
Henry James, adapt. Marguerite
Duras - m.e.s. Célie Pauthe - jusqu’au 22 mars
u Il faut toujours terminer qu’est-ce
qu’on a commencé (Le Mépris)
librement inspiré de Alberto
Moravia, Jean-Luc Godard, Homère,
Dante - conception Nicolas Liautard
- du 3 au 29 mars
COMéDiE DES CHAMPS ELySéES
(01.53.23.99.19)
u Le Père de Florian Zeller - m.e.s.
Ladislas Chollat - avec Robert Hirsch
- jusqu’au 28 juin.
COMéDiE FRANçAiSE
SALLE RiCHELiEu (01.44.58.15.15)
u Le Misanthrope de Molière m.e.s. Clément Hervieu-Léger - jusqu’au 23 mars.
u Les Estivants de Gorki - m.e.s.
Gérard Desarthe - jusqu’au 25 mai
u Le Songe d’une nuit d’été de
Shakespeare - m.e.s. Muriel MayetteHoltz - jusqu’au 25 mai
u Innocence de Dea Loher - m.e.s.
Denis Marleau - du 28 mars au 1er
juillet
STuDiO-THéâTRE (01.44.58.98.98)
u La Dame aux jambes d’azur de
Labiche - m.e.s. Jean-Pierre Vincent
- jusqu’au 8 mars
u Dancefloor Memories de Lucie
Depauw - m.e.s. Hervé Van der
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Pépinière Théâtre
Marie Tudor
Douze acteurs sur scène : dix hommes, deux femmes. Deux femmes
vêtues de deuil dans un tombeau, voilà l'amour tel qu'il est décrit par Hugo
dans cette pièce. Dans cet univers profondément masculin, une Reine se
débat, tente de rester debout, luttant pour avoir le droit d'aimer.
«Marie Tudor» avec Chritiana Reali © Florian Fromentin
Christiana Reali endosse les habits de Marie Tudor dans ce drame historique dû à la plume de Victor Hugo et mis en scène par Philippe Calvario.
. jusqu'au 25 avril 2015
loc.01.42.61.44.16
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b e a u x - a r t s
Musée Jacquemart-André
De Giotto à Caravage
Les passions de Roberto Longhi (1889/1890-1970 sont à découvrir au musée JacquemartAndré dès la fin mars... En effet, l’exposition de printemps présente les grands noms de la peinture italienne, du XIVe au XVIIe siècle, redécouverts par l’une des personnalités majeures de
l’histoire de l’art italien.
Giotto, Masaccio, Masolino, Piero della Francesca, Ribera, Caravage... autant d’artistes
de premier plan qui seront ainsi mis en lumière. Aux œuvres issues de la Fondation Roberto
Longhi, présentées pour la première fois en France, répondront les œuvres prêtées par les plus
grands musées français et italiens. Un dialogue inédit entre ce grand connaisseur et ses passions
artistiques.
Après une section consacrée aux œuvres de Caravage, un artiste qui a révolutionné la
peinture italienne du XVIIe siècle en passant d’une peinture naturaliste à une peinture plus
inspirée, marquér par le clair-obscur.
Fidèle à la démarche de Roberto Longhi, l’exposition mettra en regard les œuvres de
Caravage et de ses émules, en montrant l’influence des thèmes et du style de cet artiste sur ses
contemporains, à Rome d’abord, puis dans toute l’Europe. Carlo Saraceni (vers 1579 – 1620)
et Bartolomeo Manfredi (1582-1622) ont contribué à populariser les thèmes travaillés par
Caravage – figures du Christ, scènes bibliques... – et à les diffuser.
Deux générations reprendront ces thèmes à leur compte : Jusepe Ribera (1591-1652) à travers ses apôtres saisissants, Matthias Stomer (1600 – 1652) ou Mattia Preti (1613 – 1699).
Au cours de ses recherches, Roberto Longhi s’est également intéressé aux primitifs, ces
artistes rénovateurs du début du XIVe siècle (Giotto), et aussi aux artistes italiens du XVe siècle
à l’origine de la peinture moderne (Masaccio, Masolino, Piero della Francesca). Quelques-uns
de leurs chefs-d’œuvre ont été prêtés pour cette exposition par la Galerie des Offices et la
Galleria Palatina à Florence, les Musées du Vatican et les Gallerie dell’Accademia à Venise.
Masaccio, Tommaso di Giovanni Cassai dit, (1401 - 1428)
«Vierge a l’Enfant». Vers 1426 - 1427. Tempera et or sur bois, 24 x 18 cm
Florence, Istituti museali della Soprintendenza Speciale per il Polo Museale
Fiorentino – Galleria degli Uffizi © Soprintendenza Speciale per il Patrimonio
Storico Artistico ed Etnoantropologico e per il Polo Museale della Citta di
Firenze – Gabinetto Fotografico
Atelier Grognard
l VLAMiNCK – jusqu’au 25 mai
Bibliothèque-Palais Garnier
l RAMEAu ET LA SCèNE – jusqu’au 8
mars
Bibliothèque Nationale
l FRANçOiS iER, POuVOiR ET iMAGE –
du 24 mars au 21 juin
Carreau du Temple
l DRAWiNG NOW PARiS. Le Salon
du dessin contemporain – du 25
au 29 mars
Centre Pompidou
l Qu’EST-CE QuE LA PHOTOGRAPHiE ? –
du 4 mars au 1er juin
l JEFF KOONS – jusqu’au 27 avril
l RéTROSPECTiVE TéLéMAQuE – jusqu’au
18 mai
Cité de l'Architecture et du
Patrimoine
l ViOLLET-LE-DuC - Les visions d'un
architecte – jusqu’au 9 mars
l REVOiR PARiS - François Schuiten &
Benoît Peeters – jusqu’au 9 mars
Cité de la Musique
l DAViD BOWiE iS... – du 3 mars au
30 mai
l PiERRE BOuLEz – du 17 mars au
28 juin
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. du 27 mars au 20 juillet 2015
Espace Dali
l DALi FAiT LE MuR – Dali et le
“street art“ - jusqu’au 15 mars
Fondation Custodia
l ENTRE GOLTziuS ET VAN GOGH –
jusqu’au 11 mars
Fondation Louis Vuitton
l FRANK GEHRy - jusqu’au 16 mars
Grand Palais
l VELázQuEz – du 25 mars au 13
juillet
l LuMièRE ! Le cinéma inventé –
du 27 mars au 14 juin
Halle St. Pierre
l LES CAHiERS DESSiNéS – jusqu’au 14
août.
Hôtel de Ville
l PARiS MAGNuM – jusqu’au 28 mars
Institut des Cultures d’Islam
l CHERCHEz L’ERREuR – jusqu’au 19
avril
Institut du Monde Arabe
l LE MAROC CONTEMPORAiN – jusqu’au
15 mars
Jeu de Paume
l FLORENCE HENR & TARyN SiMON &
VANDy RATTANA – jusqu’au 17 mai
La Maison Rouge
l MATHiEu BRiAND - ET iN LEBERTALiA
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EGOuN PROJET & JéRôME zONDER - jusqu’au 10 mai
Maison de la Photographie
l MARCEL BOViS – jusqu’au 26 avril
Musée des arts décoratifs
l LE BOuTON ET LA MODE – jusqu’au
13 avril
Musée d’art moderne
l GEORGES NOëL – jusqu’au 19 avril
Musée Cognacq-Jay
l LuMièRES : CARTE BLANCHE à CHRiSTiAN
LACROiX – jusqu’au 19 avril.
Musée Dapper
l L’ART DE MANGER - Rites et traditions – jusqu’au 12 juillet
Musée Jacquemart-André
l DE GiOTTO à CARAVAGE - Les passions de Roberto Longhi – du 27
mars au 20 juillet
Musée du Louvre
l NEW FRONTiER iV : FASTES ET FRAGMENTS. AuX ORiGiNES DE LA NATuRE
MORTE AMéRiCAiNE – jusqu’au 27 avril.
l POuSSiN ET DiEu – jusqu’au
Musée du Luxembourg
l LES TuDORS – du 18 mars au 19
juillet
Musée Maillol
l LE BAiSER – du 25 mars au 26
d
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juillet
Musée Marmottan-Monet
l LA TOiLETTE. Naissance de l’intime
– jusqu’au 5 juillet
Musée de Montmartre
l L’ESPRiT DE MONTMARTRE ET L’ART
MODERNE 1875-1910 – jusqu’au 25
septembre
Musée d’Orsay
l PiERRE BONNARD. Peindre l’Arcadie
– du 17 mars au 19 juillet
Musée Zadkine
l DES(T/S)iNS DE GuERRE – jusqu’au 14
juin
Palais Galliera
l JEANNE LANViN – du 8 mars au 23
août
Palais de Tokyo
l LE BORD DES MONDES & TAKiS,
champs magnétiques & BOuCHRA
KHALiLi – jusqu’au 17 mai
Petit Palais
l LES BAS-FONDS Du BAROQuE. La
Rome du vice et de la misère – jusqu’au 24 mai
Pinacothèque
l Au TEMPS DE KLiMT. La Sécession
à Vienne – jusqu’au 21 juin
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Musicales de Compesières
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Week-end musical dans la campagne genevoise pour fêter l’arrivée du
printemps.
VENDREDI 20 MARS à 20H30 : SÉLIM MAZARI, PIANO
Le pianiste Sélim Mazari a été Lauréat des Jeudis du Piano 2013-2014 - Société
des Arts. On l’entendra dans la Sonate en ré Majeur K 284 de Mozart, la Pavane
pour une infante défunte de Ravel et les Variations Eroica op. 35 de Beethoven
SAMEDI 21 MARS à 20H30 : LA CAMERATA DU LEMAN
On est impatient d’entendre cette formation orchestrale accueillie pour trois ans
en résidence par les Musicales de Compesières. Le programme, titré « L’Europe
», est composé de la Capriol Suite de Warlock, du Concerto n° 1 op.11 de Chopin,
de la Suite Holberg de Grieg et de la Danse Hongroise no.5 de Brahms
DIMANCHE 22 MARS à 11H00 : CONCERT CHANT ET ORGUE SAVIKA CORNU ZOZOR, SOPRANO, MARCELO GIANNINI, ORGUE
La voix émouvante de la soprano Savika Cornu Zozor dont on n’oublie pas le très
beau récital du 30 novembre 2013 au Victoria Hall avec l’Orchestre des NationsUnies sera accompagnée par Marcelo Giannini, organiste titulaire du Temple de
Carouge. Au programme des œuvres de G. Puccini, G. Verdi, W.A. Mozart, J.
Haydn. Entrée libre
DIMANCHE 22 MARS à 15H30 : CAUSERIE de Sarah Scholl, historienne.
« Compesières au cœur d’une guerre de civilisation ? Sous le baptême à la baïonnette du 25 janvier 1875 ». Entrée libre – Salle des Chevaliers de Malte –
Commanderie
DIMANCHE 22 MARS à 17H00 : ENSEMBLE VOCAL & INSTRUMENTAL DE CAROUGE. Direction : Marie-Isabelle Pernoud
Le programme « Pour le temps de Pâques » verra se succéder la Missa Dolorosa
de A. Caldara, la Cantate BWV 4 de J.S. Bach et Misericordias Domini de Mozart.
Abonnements : www.musicalesdecompesieres.ch
Billets en vente sur place une heure avant le concert
Navette gratuite depuis la Place Neuve - 1h avant les concerts
Victoria Hall, Genève
Benjamin Grosvenor
Le pianiste britannique invité par Les Grands Interprètes fait partie des
artistes les plus remarqués dans le monde, une reconnaissance qu’il doit à
sa technique, que l’on dit exquise, ainsi qu’à sa maîtrise des complexités
techniques les plus redoutables, des aptitudes qui rendent ses interprétations
remarquables, et qui font de ses concerts des moments électrisants.
Il est vrai que Benjamin Grosvenor s’est fait connaître en 2004 en rem-
Benjamin Grosvenor
portant la Finale Piano du concours de la BBC Young Musician à l’âge de
onze ans....
. Mardi 24 mars 2015 à 20h00
Location : Service culturel Migros Genève, T +41 (0)22 319 61 11
Victoria Hall, Genève
Victoria Hall, Genève
Mare Nostrum
Messa da Requiem
Sous cet intitulé se cache un trio célèbre, qui sera en concert sur la
scène du Victoria Hall.
Paolo Fresu - Jan Lundgren - Richard Galliano
Constitué de Richard Galliano à l’accordéon, de Paolo Fresu à la
trompette et de Jan Lundgren au piano et à la percussion, ce trio de musiciens-poètes a déjà séduit un public nombreux, grâce à l’alliage entre la
trompette de Paolo, baladin nocturne absolu, le piano limpide et tout d’élégance de Jan et l’accordéon irrésistible et torrentiel de Richard, le tout
générant une alchimie de sons d’une rare richesse.
En coproduction avec
le Grand Théâtre de
Genève, l'Orchestre de la
Suisse Romande programme, au Victoria Hall,
la « Messa da Requiem »
de Verdi en version de concert.
Semyon Bychkov
ayant dû renoncer à
diriger ce concert, il sera
remplacé au pupitre par
Edo de Waart.
Sur scène également,
les Chœurs du Grand
Théâtre (sous la direction
d’Alan Woodbridge).
Quant à la distribution rassemblée pour l’ocVioletta Urmana © Christine Schneider
casion, elle se révèle
pretigieuse. Qu’on en
juge : la soprano Csilla Boross, la mezzo-soprano Violetta Urmana, le ténor
Riccardo Massi et la basse Roberto Scandiuzzi !
. 11 mars 2015 à 20h
. Jeudi 26 mars 2015 à 20h30
Billetterie : 022 / 807.00.00 / [email protected]
Billetterie : Fnac, TcketCorner
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Beau-Site, La Chaux-de-Fonds
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En tournée
Les Renards des surfaces
2h14
Avec cette création, la chorégraphe Perrine Valli veut porter son regard
de femme sur les hommes, sur leur identité masculine : quel regard portent
les hommes sur eux-mêmes, quel parcours pour un enfant mâle, du garçon à
l’homme ? Perrine Valli tente de créer un espace commun entre le féminin
et le masculin et invente un terrain de jeu où une dizaine d’hommes viennent
s’interroger à travers leurs pratiques artistiques sur cette passionnante
question du genre et de l’identité sexuelle.
«2h14» © Mercedes Riedy
«2h14» du Canadien David Paquet est la nouvelle création de la compagnie Marin. Elle a vu le jour au Pulloff Théâtres de Lausanne en février.
Cette pièce nous invite à suivre six personnages dont les destins s’entrechoquent au hasard d’un drame qui les unit et les dépasse. Ceux-ci se
croisent, se cherchent, se ratent souvent, grandissent. Tous n'ont qu'un seul
désir : goûter au bonheur. Chacun y arrive comme il peut : avaler des vers,
devenir aveugle, ouvrir des portes imaginaires…
«Les Renards des surfaces» © Samuel Rubio
. du 4 au 7 mars au Théâtre du Crochetan, Monthey
Une proposition hybride - mêlant danse, musique et textes - dont le fil
conducteur est le corps.
. ve. 6 mars 2015, 20h15
. sa. 7 mars 2015, 18h15
. di. 8 mars 2015, 17h15
Billetterie 024 / 471.62.67
. les 12 et 13 mars au Théâtre Alambic, Martigny
Billetterie 027 / 722.94.22
A Genève, Sion et yverdon
A yverdon et Morges
Huit femmes
Quartier lointain
La veille de Noël, le
maître de maison a été
assassiné d’un coup de
couteau, et chacune des
huit femmes présentes
aurait pu avoir une raison
de le tuer. Est-ce son
épouse, ses filles, sa sœur,
sa belle-mère, sa bellesoeur ou encore une des
domestiques ?
Des comédiennes de
talent servent cette intrigue
où se mêlent meurtre,
jalousie, sexe, argent, mensonges et rancunes.
Mais l’ambiance est
festive !
L’une des 8 femmes : Paola Landolt © DR
. 6 mars 2015 au théâtre de Valère, Sion
Location : 027 / 323.45.61
. 12 mars 2015 au théâtre Benno Besson, Yverdon
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«Quartier lointain» © Carole Parodi
Qui n’a jamais rêvé de faire un retour dans le passé, afin d’en modifier le cours ? C’est ce qui arrive à Hiroshi Nakahara, lorsqu’il retourne sur
les lieux de son enfance.
Dorian Rossel adapte le roman graphique de Jirô Taniguchi de façon
ludique et réussit ainsi le pari de traduire sur scène une odyssée fantastique,
un spectacle d’une grande inventivité visuelle et à l’intensité physique de
tous les instants.
. 4 mars 2015 - Théâtre Benno Besson, Yverdon
Location : 024 / 423.65.84
Location : 024 / 423.65.84
. Du 18 mars au 1er avril 2015 au théâtre Alchimic, Genève
. 18 mars 2015 - Théâtre de Beausobre, Morges
Réservation : 022 / 301.68.38 / Location : Service culturel Migros
Location : 024 / 471.62.67
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GENEVE
concerts
90
u 5.3. : Les Grands Interprètes.
JEAN-GuiHEN QuEyRAS, violoncelle,
ALExANDER
MELNikOV,
piano
(Schumann, Beethoven, Webern,
Rachmaninov). Conservatoire de
Musique à 20h (loc. Service culturel
Migros Genève, Stand info Balexert)
u 7.3. : Prestige Artists. JAMES
TAyLOR & BAND. Théâtre du Léman à
20h30 (loc. Fnac)
u 8.3. : L’iRASCiBLE. Laurent Bruttin,
clarinette, Jean-Marc Daviet, trombone, Antoine Françoise, piano,
Sébastien Cordier, Thierry Debons,
percussion, Olivier Marron, violoncelle (Schmucki, Zhang, Holliger,
Huber). Musée d’art et d’histoire de
Genève à 11h (rés. sur : www.contrechamps.ch/reserver)
u 8.3. : CONCERTS DE LA CATHéDRALE,
dir. John Nelson, LAuRENCE GuiLLOD,
soprano, ANDRé GASS, ténor, VALERiO
CONTALDO, évangéliste, STEPHAN
MACLEOD, Pilatus/Petrus, STEPHEN
MORSCHECk, Jésus, LAuDATE DEuM,
chœur de chambre (JS. Bach :
Passion selon St.Jean). Cathédrale
Saint-Pierre à 17h (loc. Service culturel Migros, 022 319 61 11 / www.culturel-migros-geneve.ch)
u 13.3. : GECA au Musée n°2.
ViVALDi - GRAND MARATHON DES
CONCERTOS. Solistes du Geneva
Camerata. Musée d’art et d’histoire
à 19h (Billets sur place, une heure
avant le concert)
u 14.3. : MAMi HAGiWARA, piano
(Mozart, Debussy, Chopin). victoria
Hall à 20h (loc. Espace Ville de
Genève, Centrale billetterie T
0800.418.418)
u 15.3. : QuATuOR DE GENèVE, avec
LORENZO SOuLèS, piano (Mendelssohn, Schumann). Musée d’art et
d’histoire, salle des Armures, à 11h
(Billets : sur place une heure avant le
concert / Préloc. : Espace Ville de
Genève, Maison des arts du Grütli,
Cité Seniors et Genève)
u 15.3. : GECA au Musée n°3.
ViVALDi - GRAND MARATHON DES
CONCERTOS. Solistes du Geneva
Camerata. Musée d’art et d’histoire
à 16h (Billets sur place, une heure
avant le concert)
u 17.3. : Concert de soirée No. 6.
CARTE BLANCHE. L’OCG, dir. JEANJACQuES kANTOROW, ALExANDRE
kANTOROW, piano (Sibelius, Liszt,
Saint-Saëns). BFM à 20h (loc.
022/807.17.90 / [email protected]
e
n
t
ou www.ticketportal.com)
u 18.3. : Série Symphonie. OSR, dir.
Neeme Järvi, NikOLAJ ZNAiDER, violon
(Haydn, Nielsen, Sibelius). Victoria
Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 /
[email protected])
u 19.3. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ORCHESTRE PHiLARMONiQuE
ROyAL DE STOCkHOLM, dir. Sakari
Oramo, PATRiCiA kOPATCHiNSkAJA, violon (Honegger, Tchaïkovski,
Sibelius). Victoria Hall à 20h (loc.
SCM 022/319.61.11)
u 19.3. : Les Grands Interprètes.
JERuSALEM CHAMBER MuSiC FESTiVAL,
Rainer Honeck, violon, Madeleine
Carruzzo, violon, Amihai Grosz, alto,
Frans Helmerson, violoncelle, Elena
Bashkirova, piano (Schumann,
Mozart). Conservatoire de Musique
à 20h (loc. Service culturel Migros
Genève, Stand info Balexert, Migros
Nyon-La Combe)
u 20.3. : Série répertoire. OSR, dir.
Neeme Järvi, NikOLAJ ZNAiDER, violon (Haydn, Nielsen, Beethoven).
Victoria Hall à 20h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
u 21.3. : World Music. BuikA, flamenco. Victoria Hall à 20h30 (loc. Fnac /
Ticketcorner)
u 23.3. : Temps & Musique. TRiO
WANDERER & CHRiSTOPHE GAuGué, alto
(Mendelssohn, Bloch, Bernstein,
Brahms). Conservatoire de Genève à
20h (billetterie : Service culturel
Migros, Migros Nyon-La Combe)
u 24.3. : Les Grands Interprètes.
BENJAMiN
GROSVENOR,
piano
(Rameau, Bach/Busoni, Franck,
Chopin, Granados). Victoria Hall à
20h (loc. Service culturel Migros
Genève, 022 319 61 11, Stand info
Balexert, Migros Nyon-La Combe)
u 25.3. : ENSEMBLE VOCAL ORPHéE &
NOuVEL ORCHESTRE DE GENèVE, dir.
Matthieu Schweyer. CHARLOTTE
MüLLER PERRiER, soprano (Stravinsky,
Poulenc). Victoria Hall à 20h30 (loc.
o
Espace Ville de Genève, Centrale
billetterie T 0800.418.418)
u 26.3. : Concert Prestige n°4.
ViOLONCELLE ROCk ! Geneva
Camerata, dir. David Greilsammer,
JOHANNES MOSER, violoncelle et violoncelle électrique (Vivaldi, Bartók,
keren, J.-C. Bach). BFM à 20h (billetterie : Fnac)
u 26.3. : Jazz Classics. MARE
NOSTRuM, avec Richard Galliano,
accordéon, Paolo Fresu, trompette
& Jan Lundgren / piano/percussion.
Victoria Hall à 20h30 (loc. Fnac /
Ticketcorner)
u 26.3. : CONCERT NO. 3.
Professeurs et étudiants de la
HEM, site de Neuchâtel.
Auditorium 1, Campus Arc,
Neuchâtel, à 20h. Entrée libre
u 29.3. : Archipel - Concert du
dimanche de la ville de Genève.
CONTES DE LA LuNE VAGuE APRèS LA
PLuiE, de xavier Dayer d’après kenji
Mizoguchi, dir. Jean-Philippe Wurtz,
Ensemble Linea. Victoria Hall à 17h
(Location Espace Ville de Genève Pont de la Machine, Grütli, Cité
Seniors)
u 31.3. : CARTE BLANCHE à JEANPiERRE DROuET, PERCuSSiONNiSTE ET
MuLTi-iNSTRuMENTiSTE. étudiants de
la classe de percussion de la HEM
de Genève. L’Abri, pl. de la
Madeleine, à 20h
u 1.4. : Série Prélude. OSR, dir.
Benjamin Levy, SARkiS OHANESSiAN,
commentaires (Dvorak, Bernstein).
Victoria Hall à 20h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
FESTiVAL ARCHiPEL 2015 - ALTER éCHO
20 au 29.3. informations détaillées
sur www.archipel.org
Billetterie Archipel : www.archipel.org / vente sur place 45’ avant
les concerts
u 20.3. : LEMANiC MODERN
ENSEMBLE & ENSEMBLE CONTEMPO-
RAiN DE L'HEMu, dir. William Blank.
Violoncelle : Martina Schucan
(Öcal, Jarrell, Dufourt, Montovani).
Maison communale de Plainpalais,
à 20h
u 21.3. : ERWAN kERAVEC.
improvisations (2015) pour cornemuse en do
u 22.3. à 14h30 & 16h30 : CAROL
ROBiNSON, birbyne (Petraškevičs,
Robinson). Maison communale de
Plainpalais
u 22.3. : ERWAN kERAVEC, cornemuse (Cavanna). Maison communale
de Plainpalais, à 15h30
u 22.3. : QuATuOR DE CHAiR, avec
l’ensemble Vortex. Théâtre Pitoëff
à 17h
u 26.3. : EuRyDiCE VERNAy, violon.
ESTHER LEFEBVRE, violoncelle &
JéRéMiE CRESTA, percussion
(Nakamura, Alonso, Ascione).
Théâtre Pitoëff à 20h
u 27.3. : CONTRASTE SiMuLTANé ii,
concert avec le Trio k/D/M &
l’Ensemble Contrechamps, dir.
Michael Wendeberg (Vitoria,
Posadas, Jarrell, Gerhard). Maison
communale de Plainpalais à 20h
u 28.3. : (THiS iS NOT) A DREAM,
spectacle de Louise Moaty (Cage,
Satie). Avec Alexeï Lubimov au
piano. Maison communale de
Plainpalais à 21h
u 29.3. : LE CRi Du CRiSTAL, concert
par les Swiss Chamber Soloists
(Mozart, Holliger, Mamlok,
Bolens). Conservatoire à 11h
opéra
u 4.3. : Récital MiCHAEL VOLLE, baryton, HELMuT DEuTSCH, piano. Grand
Théâtre à 19h30 (billetterie en ligne
sur le site du Grand Théâtre)
u 8, 10, 11 et 13.3. : Série répertoire. OSR, dir. Edo de Waart. CSiLLA
BOROSS, soprano, ViOLETA uRMANA,
mezzo-soprano, RiCCARDO MASSi,
Conservatoire de Musique de Genève
Jean-Guihen Queyras
Le violoncelliste français s’associe au pianiste russe
Alexander Melnikov pour présenter un programme d’œuvres de Schumann (Cinq pièces dans un style populaire en
la mineur op. 102), Beethoven (Sonate pour violoncelle et
piano n° 3 en la majeur op. 69), Webern (Trois petites
pièces pour violoncelle et piano op. 11) et Rachmaninov
(Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur op. 19)
. Jeudi 5 mars 2015 à 20h00
Billetterie : Service culturel Migros
Jean-Guihen Queyras
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ténor, ROBERTO SCANDiuZZi, basse,
Chœurs du Grand Théâtre (Verdi :
Messa da Requiem). Victoria Hall à
20h (Tél. 022/807.00.00 /
[email protected])
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Grand Théâtre de Genève
Water Stains on the Wall
La compagnie taiwanaise Cloud Gate
Dance Theater, qui s’est donné pour tâche d’associer les techniques de danse occidentale à
quelques-unes des nombreuses traditions chorégraphiques et spirituelles du continent asiatique,
sera sur la scène du Grand Théâtre pour y
présenter «Water Stains on the Wall (Tâches
d’eau sur le mur)», un ballet inspiré de l’art de
la calligraphie, sur des musiques de Toshio
Hosokawa et une chorégraphie de Lin Hwai-min.
théâtre
u Jusqu’au 8.3. : TOuT iRA BiEN de et
m.e.s. Jérôme Richer, création. Le
Grütli, Petite Salle (2ème étage), à
20h, dim à 18h. Relâche lun (billetterie : [email protected] /
022/888.44.88)
u Jusqu’au 8.3. : MACBETH ET LADy M,
d’après Macbeth de Shakes-peare,
m.e.s.
Evelyne
Castellino.
Compagnie 100% Acrylique. Théâtre
La Parfumerie (rés. 022/300.23.63)
u Jusqu’au 14.3. : LE BEAu MONDE
d'Alexandre Soukhovo-kobyline, par
la Compagnie NVk. Théâtre du Loup,
mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h,
dim à 17h (rés. 022/301.31.00)
u Jusqu’au 15.3. : MADEMOiSELLE JuLiE
d'August Strindberg, m.e.s. Gian
Manuel Rau. Théâtre de Carouge,
salle François-Simon, mar-mer-jeu et
sam à 19h, ven à 20h, dim à 17 (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected])
u Jusqu’au 15.3. : JuSQu’à CE QuE LA
MORT NOuS SéPARE de Rémi De Vos,
m.e.s. Daniel Vouillamoz, création.
Théâtre Alchimic, mar+ven à 20h30,
mer-jeu-sam-dim à 19h (rés.
022/301.68.38 / www.alchimic.ch loc. Service culturel Migros)
u Jusqu’au 22.3. : ASSOiFFéS de Wajdi
Mouawad, m.e.s. Vincent Babel.
Théâtre du Crève-Cœur, ch. de Ruth,
Cologny, mar au sam à 20h00, dim à
18h00 (rés. 022/786.86.00)
u Jusqu’au 22.3. : iL EST MiNuiT... Si ON
CHANTAiT!, une création de la Cie Le
Pavillon des singes, m.e.s. Frank
Arnaudon. Théâtre des Amis,
Carouge, mar-ven à 20h, mer-jeu-sam
à 19h, dim à 17h
(rens.
022/342.28.74)
u Du 3 au 7.3. : uNE FEMME de
Philippe Minyana, m.e.s. Marcial Di
Fonzo Bo. La Comédie de Genève, à
19h, ven à 20h (loc. 022/320.50.01 /
[email protected])
u Du 3 au 22.3. : LA PARANOïA de
Rafael Spregelburd, m.e.s. Frédéric
Polier, création. Le Grütli, Grande
salle (sous-sol), mar-jeu-sam à 19h,
mer-ven à 20h, dim à 18h. Relâche
lun
([email protected]
/
022/888.44.88)
u Du 5 au 8.3. : ROOMS, JuNk, AND
OTHER FORCES de Jules Gimbrone,
création. Théâtre de l’usine (rés.
022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch)
e
. 11, 12, 13 et 14 mars 2015 à 19h30
Billetterie : http://www.geneveopera.ch/
«Water Stains on the Wall» © Liu Chen-hsiang
u Du 7 au 25.3. : LOuLOu d'après
Grégoire Solotareff, m.e.s. Laureisabelle Blanchet, dès 4 ans. Théâtre
des Marionnettes, sam à 17h, dim à
11h et 17h, mer à 15h (rés.
022/807.31.07)
u Du 9 au 22.3. : EN ROuE LiBRE de
Penelope Skinner, m.e.s. Claudia
Stavisky. Le Poche-Genève, merjeu+sam à 19h, lun+ven à 20h30,
dim à 17h (location +41 (0)22 310 37
59, [email protected])
u Du 10 au 21.3. : LE FANTASME DE L'éCHEC par Solange Dulac. Théâtre
Saint-Gervais, L'Atelier, mar-jeu-sam
à 20h30, mer-ven à 19h (loc.
022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch)
u Du 10 au 29.3. : LE LABOuREuR DE
BOHêME – DiALOGuE AVEC LA MORT de
Johannes von Tepl, m.e.s. Simone
Audemars. La Comédie de Genève,
mar-mer-jeu-sam à 19h, ven à 20h,
dim à 17, lun relâche (loc.
022/320.50.01 / [email protected])
u Du 17 au 20.3. : L'ExCuRSiON DES
JEuNES FiLLES MORTES d'Anna Seghers,
m.e.s. Hervé Loichemol. La Comédie
de Genève à 19h (loc. 022/320.50.01
/ [email protected])
u Du 18.3. au 1.4. : HuiT FEMMES de
Robert Thomas, m.e.s. Jean-Gabriel
Chobaz. Théâtre Alchimic, mar+ven
à 20h30, mer-jeu-sam-dim à 19h (rés.
022/301.68.38 / www.alchimic.ch loc. Service culturel Migros)
u Du 19 au 22.3. et du 26 au 28.3. :
WALkiNG de Gregory Stauffer, création performance. Théâtre de
l’usine (rés. 022/328.08.18 ou
www.theatredelusine.ch)
u 20, 21 et 22.3. : LE MANuSCRiT DES
CHiENS iii de Jon Fosse, m.e.s.
Guillaume Beguin, dès 10 ans.
Théâtre Am Stram Gram, ven à 19h,
sam+ dim à 17h (Loc. 022/735.79.24
e
n
et Service Culturel Migros)
u Du 24 au 29.3. : TOuT CE Qui NOuS
RESTE DE LA RéVOLuTiON, C'EST SiMON,
par le Collectif L'avantage du doute.
Théâtre Saint-Gervais, grande salle,
mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h30,
dim à 18h (loc. 022/908.20.20 ou
www.saint-gervais.ch)
u Du 25 au 28.3. : Festival Jeunes
comédiens / jeunes compagnies.
C’EST DéJà DEMAiN.5. Théâtre du Loup
/ 25 et 26 mars : Flash Dance,
Rébecca Balestra & Hysteria, Julia
Perazzini et Valério Scamuffa / 27 et
28 mars : Panik, Alice Bollier-Plüss,
Martin Bieri, Orpheo Carcano,
Thomas köppel, Nina Langensand /
Follow us, Mira kandathil et Annina
Machaz / 28 mars : Rencontres /
Tables rondes (rés. 022/301.31.00)
danse
u 3, 7 et 8.3. : LA BELLE, chor.
Bérangère Fournier et Samuel
Faccioli, dès 8 ans. Théâtre Am
Stram Gram, mar à 19h, sam+ dim à
17h (Loc. 022/735.79.24 et Service
Culturel Migros)
u 11, 12, 13, 14.3. : WATER STAiNS ON
THE WALL de Toshio Hosokawa, chor.
Lin Hwai-min, Cloud Gate Dance
Theater de Taiwan. Grand Théâtre à
19h30 (billetterie en ligne sur le site
du GrandThéâtre)
u Du 11 au 15.3. : LE CRi – LES
SENTiNELLES – LE TEMPS SCELLé de
Nacera Belaza. Salle des EauxVives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30
(billets : Service culturel Migros,
Stand info Balexert, Migros Nyon La
Combe)
u Du 25 au 29.3. : MExiCAN CORNER
de Frank Micheletti et Aladino
Rivera Blanca. Salle des Eaux-Vives,
82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets :
d
a
Service culturel Migros, Stand info
Balexert, Migros Nyon La Combe)
divers
u Du 6 au 10.3. : LES NuiTS EL
WARSHA, dir. Hassan El Geretly,
cabaret urbain. Théâtre SaintGervais, grande salle, ven+lun à
20h30, sam+mar à 19h, dim à 18h
(loc. 022/908.20.20 ou www.saintgervais.ch)
u 10.3. : Laboratoire spontané.
RENCONTRE AVEC ARiANE MNOuCHkiNE,
dès 10 ans. Théâtre Am Stram Gram,
à 19h (Loc. 022/735.79.24 et Service
Culturel Migros)
u 11.3. : LES ESCALiERS SONT EN PAPiER
par le Théâtre Escarboucle, Jeune
public. La Traverse à 14h30 (loc.
Service
culturel
Migros,
022/319.61.11)
u 21.3. : LA RuE kéTANOu. Salle des
Fêtes de Thônex à 20h30 (Billets
FNAC ou www.thonex.ch)
u Du 24 au 29.3. : JE SuiS ViEux (PAS
BEAuCOuP MAiS DéJà) de et par
Frédéric Recrosio, m.e.s. Jean-Luc
Barbezat. Le Grütli, Grande salle,
mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h,
dim à 18h ([email protected] /
022/888.44.88)
u 26.3. : Midi, théâtre ! - RÖSTiGRABEN
d’Antoine Jaccoudet Guy krneta,
Cie Théâtre des Osses. Le Grütli,
Foyer du Théâtre à 12h ([email protected] ou 022 888 44 88)
u 27.3. : Laboratoire spontané.
CHiLDREN OF THE REVOLuTiON de et
avec Luca Scarlini, dès 9 ans. Théâtre
Am Stram Gram, à 19h (Loc.
022/735.79.24 et Service Culturel
Migros)
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LAUSANNE
concerts
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u 1.3. : Concert du dimanche.
O.C.L., dir. Rafael Payare, Olivier
Blache et Alexander Grytsayenko,
violon (Schubert, Schnittke). Opéra
de Lausanne à 11h15 (Billetterie de
l’OCL: Tél. 021 345 00 25)
u 7.3. : HuMAiN TROP HuMAiN, concert
par David Tixier. Théâtre 2.21, à 21h
(billetterie sur : http://www.theatre221.ch/abos-billets/reservations)
u 9 et 10.3. : O.C.L., dir. Ottavio
Dantone, MAuRiCE STEGER, flûte à bec
(Bach, Haydn, Vivaldi).
Salle
Métropole à 20h (Billetterie :
021/345.00.25)
u 10.3. : Les Entractes du mardi.
CuRZiO PETRAGLiO, clarinette, NiCOLAS
PACHE, alto, GEORGES STAROBiNSki,
piano (Schumann, Menozzi, Bruch).
Salle Métropole à 12h30 (Billetterie
de l’OCL: Tél. 021/345.00.25)
u 19.3. : OSR, dir. Neeme Järvi,
NikOLAJ ZNAiDER, violon, TRuLS MøRk,
violoncelle (Haydn, Nielsen,
Sibelius). Théâtre de Beaulieu à
20h15 (Tél. 022/807.00.00 /
[email protected] ou Passion Musique)
u 21.3. : SCARLETT’S FALL. Théâtre
Sévelin 36 à 23h. Entrée libre
u 27.3. : PSyCHOPHARMAkA. Avec
Rodolphe Burger & Olivier Cadiot,
special guests Franz Treichler &
Jeanne Balibar. Les Docks à 22h
(Billetterie : Starticket, Fnac, Petzi)
u 29.3. : Les Concerts J.S. Bach de
Lutry. ENSEMBLE CORuND DE LuCERNE,
dir. Stephen Smith (Palestrina et
Lotti). Temple de Lutry à 17h
(Billets : Hug Musique, Grand-Pont
4, ou à l'entrée du Temple dès 16h
/ rés. Point i, Quai G. Doret, 1095
Lutry, Tél. 021 791 47 65)
u 1.4. : Concert Découvertes. LA
SyMPHONiE iTALiENNE, OCL, dir. Andris
Poga, Jean-François Zygel, conception, piano et commentaires,
musique de Felix Mendelssohn
Bartholdy. BCV Concert Hall à 17h
(Billets sur place ou 021 345 00 25)
opéra
u 3.3. : Forum Opéra – TANCREDi.
Conférence
de
Paul-André
Demierre. Salon Alice Bailly de
l’Opéra de Lausanne à 18h45
(Billets en ligne et infos :
www.opera-lausanne.ch)
u 18.3. : Conférence Université de
Lausanne – TANCREDi. Conférence
e
n
t
de Damien Colas. Grange de Dorigy
à 17h15. Entrée gratuite.
u 20, 22 25, 27, 29.3. : TANCREDi de
Rossini, dir. Ottavio Dantone,
Orchestre de Chambre de
Lausanne, m.e.s. Emilio Sagi. Opéra
de Lausanne, les 20 et 27 à 20h, le
22 à 17h, le 25 à 19h, le 29 à
15h (Billetterie : 021/315.40.20, lunven de 12h à 18h / en ligne et infos :
www.opera-lausanne.ch)
théâtre
u Jusqu’au 7.3. : VERNiSSAGE de
Vaclav Havel, par la Cnie Générale de
Théâtre (CGT), m.e.s. Matthias
urban. La Grange de Dorigny, ma-jesa 19h / me-ve 20h30 / di 17h (rés.
021/692.21.24 + en ligne sur la page
de chaque spectacle)
u Du 3 au 13.3. : AFFABuLATiON de
Pier Paolo Pasolini, m.e.s. Stanislas
Nordey. Vidy-Lausanne, salle
Charles Apothéloz, mar-mer-ven à
20h, ven à 20h30 (rés. 021/619.45.45
- www.billetterie-vidy.ch) / 5.3. :
Rencontre autour d’Affabulation
u Du 4 au 15.3. : MONSiEuR,
BLANCHETTE ET LE LOuP d'après
Alphonse Daudet, m.e.s. José Pliya,
dès 7 ans. Le petithéâtre (réservation
en ligne sur le site du théâtre)
u jeu 5, ven 6, dim 8.3. : LyDiE, TiM,
PAuL ET LES AuTRES, de Jean Naguel,
Daniel Marguerat, m.e.s. Jean
Chollet. Espace culturel des
Terreaux, jeu à 19h, ven à 20h, dim à
17h (billetterie 021 320 00 46)
u Du 5 au 15.3. : JANiNE RHAPSODiE
d’après Molière, m.e.s. Julien
Mages, création. Théâtre de
L’Arsenic, ma, je, sa 19h / me, ve
20h30 / di 18h (rés. en ligne)
u Du 10 au 22.3. : LE JOuR Où J’Ai Tué
uN CHAT de et m.e.s. Laetitia Barras.
Théâtre 2.21, ma, ve à 20h30, me, je,
sa à 19h, di à 18h (billetterie sur :
www.theatre221.ch/)
u Du 10 au 29.3. : CONSTELLATiON
CENDRiLLON. Par Cie de l’Oranger /
Cie bernard-l’hermite, m.e.s.
Laurent Gachoud. Pulloff Théâtre,
industrie 10, me/ve à 20h, ma/je/sa
à 19h et di à 18h (réservations en
ligne sur : www.pulloff.ch, ou au 021
311 44 22)
u Du 13 au 15.3. : LES CLOWNS de et
m.e.s. François Cervantes, par la cie
L’entreprise (Marseille). La Grange
de Dorigny, je 19h / ve 20h30 / sa
19h (rés. 021/692.21.24 + en ligne
sur la page de chaque spectacle)
u Du 13 au 22.3. : NO WORLD/FPLL,
par Winter Family. Vidy-Lausanne,
Chapiteau, à 19h, ven 20 à 21h, sam
a
g
o
21 et dim 22 à 20h (loc.
021/619.45.45) / 17.3. : Rencontre
autour de No World/FPLL
u Du 18 au 20.3. : SAGA de et
m.e.s. Jonathan Capdevielle.
Théâtre de L’Arsenic à 21h (rés. en
ligne) / je 19.3. : rencontre public
artistes après la représentation
u Du 18 au 29.3. : GuLLiVER d'après
Jonathan Swift, m.e.s. karim Bel
kacem et Adrien kuenzy, création,
dès 8 ans. Le petithéâtre (réservation
en ligne sur le site du théâtre)
u Du 19 au 21.3. : GiuLiO CESARE.
PEZZi STACCATi - intervention dramatique sur William Shakespeare,
m.e.s. Romeo Castellucci. ECAL Studio de cinéma, jeu-ven à 17h et
19h, sam à 14h et 16h (loc & rés. :
021 619 45 45 - www.billetterievidy.ch) / 18.3. à 18h : Conférence
de Roméo Castellucci
u Du 19 au 22.3. : LE CHAT Du RABBiN
d'après Joann Sfar, par la Cie La
Fourmilière, m.e.s. Sarah Marcuse.
La Grange de Dorigny, je 19h / ve
20h30 / sa 19h / di 17h / Le 21 mars,
représentation en audiodescription
(rés. 021/692.21.24 + en ligne sur la
page de chaque spectacle)
u jeu 19, ven 20, dim 22.3. : PROCèS
à SOCRATE, JéSuS ET ROuSSEAu. De et
avec Marc Bonnant / Jeudi - SOCRATE
/ Vendredi - JéSuS / Dimanche ROuSSEAu. Espace culturel des
Terreaux, jeu à 19h, ven à 20h, dim à
17h (billetterie 021 320 00 46)
u Du 19 au 22.3. : PRiMERA CARTA DE
SAN PABLO A LOS CORiNTiOS. CANTATA
BWV 4, CHRiST LAG iN TODESBANDEN.
OH, CHARLES!, m.e.s. Angélica
Liddell. Création, en espagnol, surtitré en français et anglais. VidyLausanne, salle Charles Apothéloz,
jeu à 21h, ven à 18h30, sam-dim à
17h30 (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch)
u Du 26 au 28.3. : BERTHOLLET, d’après
Charles Ferdinand Ramuz, par la Cie
MuFuThe, m.e.s. Mathieu Bertholet.
La Grange de Dorigny, je 19h / ve
20h30 / sa 19h (Rés. 021 692 21 24) /
sam 28.3. : après-midi autour de l’œuvre de C. F. Ramuz, organisé en collaboration avec le CRLR (Centre de
recherches sur les lettres romandes)
et la Fondation Ramuz. Entrée libre
u Du 26 au 29.3. : TANDy, m.e.s.
Angélica Liddell. En espagnol, surtitré en français et anglais. VidyLausanne, salle Charles Apothéloz,
jeu-ven à 20h30, sam à 21h, dim à
16h (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch)
u du 26 au 29.3. : iL EST MiNuiT... Si ON
CHANTAiT ? par Le Pavillon des singes, m.e.s. Frank Arnaudon. Théâtre
e
n
2.21, je-sa à 21h, di à 17h (billetterie en ligne sur : http://www.theatre221.ch/abos-billets/reservations)
u Du 27 au 29.3. : WHEN i DiE - A
GHOST STORy WiTH MuSiC, m.e.s. Thom
Luz. Vidy-Lausanne, salle René
Gonzalez, à 18h (loc. 021/619.45.45)
danse
u 18.3. : GERRO, MiNOS AND HiM, par
Simon Tanguy, Aloun Marchal, Roger
Sala Reyner. Théâtre Sévelin 36 à 19h
(loc. sur le site de Vidy-Lausanne)
u 19 et 20.3. : LA TRAVERSéE DES LANGuES, par yasmine Hugonnet. Théâtre
Sévelin 36 à 19h (loc. sur le site de
Vidy-Lausanne)
u Du 20 au 28.3. : iON, chor. & jeu
Cindy Von Acker. Vidy-Lausanne, La
Passerelle, ven 20 à 17h, sam 21-dim
22 à 16h, jeu 26 à 18h30, ven 27-sam
28 à 16h30 (loc. 021/619.45.45)
u 21 et 22.3. : SO yOu CAN FEEL, par
Pieter Ampe. Théâtre Sévelin 36, le
21 à 20h30, le 22 à 19h (loc. sur le site
de Vidy-Lausanne)
u Du 24 au 26.3. : ANTiGONE SR.
TWENTy LOOkS OR PARiS iS BuRNiNG AT
THE JuDSON CHuRCH, chor. Trahal
Harrel. Théâtre de L’Arsenic, mar
24 à 19h / mer 25 à 20h30 / jeu 26
à 22h30 (rés. en ligne)
u Du 26 au 29.3. : FROuFROu,
conception et m.e.s. MarieCaroline Hominal. Théâtre de
L’Arsenic, jeu 26 et ven 27 à 20h30
/ sam 28 et dim 29 à 18h
divers
u 20 et 21.3. : CASTiNG par Lausanne
impro. Théâtre 2.21, à 20h (billetterie sur : http://www.theatre221.ch/)
u Du 20 au 22.3. : x MiNuTES - spectacle évolutif de et par Schick /
Gremaud / Pavillon. Vidy-Lausanne,
salle René Gonzalez, ven à 16h, sam
à 15h et 16h30, dim à 15h et 16h30
(loc. 021/619.45.45)
u 21 à 22h et 22.3. à 21h : SéRiE
OPéRA - SALOMé m.e.s. Christian
Garcia / Boom Cie. Théâtre de
L’Arsenic (rés. en ligne)
d
a
m
AILLEURS
annecy
BONLiEu SCèNE NATiONALE aux Haras
d’Annecy, sauf mention contraire
(rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected])
u 3.3. : ENFANTS PRODiGES, Orchestre
des Pays de Savoie, dir. Nicolas
Chalvin
(Tôn-Thât
Tiêt,
Mendelssohn, Mozart)
u 4 et 5.3. : LES LiMBES par Etienne
Saglio, création
u 5.3. : LES NuiTS de El Warsha, par le
Cabaret du Caire
u 5.3., Cathédrale Saint-Pierre : LES
HARPiES, Odile Edouard, violon,
Freddy Eichelberger, orgue et cistre, Mickael Cozien, cornemuse
u 7.3. : ExPéRiENCE BATTLE 2.0 par
l’Association un autre angle de rue
u Du 11 au 14.3. : LE CAPiTAL ET SON
SiNGE d’après karl Marx, m.e.s.
Sylvain Creuzevault
u 12 à 19h et 13.3. à 20h30 : NOS
SERMENTS, m.e.s. Julie Duclos
u 17 et 18.3. : PixEL, chor. Mourad
Merzouki
u 17 et 18.3. : LE iSHOW par les petites cellules chaudes
u 20.3., Musée-Château : ROGER
MuRARO, piano
u 21.3. : WOMANCHiLD par Cécile
McLorin Salvant, jazz
u Du 23 au 25.3. : LE MALADE iMAGiNAiRE de Molière, m.e.s. Michel
Didym
u 24 et 25.3. : P. P. P. par Phia
Ménard
u 27 et 28.3. : ExiT/ExiST, chor.
Gregory Maqoma
u 29.3. : TAP FACTORy, chor. Vincent
Pausanias
annemasse
RELAiS CHâTEAu-ROuGE à 20h30
sauf mention contraire (loc.
+33/450.43.24.24)
u 3.3. : LA FACE CACHéE DE LA LuNE
par la Compagnie inouïe
u 10 et 11.3. : CHAPiTRES DE LA CHuTE
de Stefano Massini, m.e.s. Arnaud
Meunier
u Du 11 au 14.3. : VENTROSOLEiL de
Douna Loup, m.e.s. Joan Mompart
u Du 17 au 19.3. : JE SuiS NOMBREuSE
par la Compagnie La chair du
monde, cirque
u 18.3. : BOuNCE ! De Thomas
Guerry et Camille Rocailleux, par la
Compagnie Arcosm
a
g
u 21.3. : ANNE QuEFFéLEC, piano &
LE QuATuOR MANFRED
u 25.3. : BACH FOREVER par
L'Ensemble Baroque sur instruments
anciens
u 27.3. : TiTi ROBiN
u 28.3. : LES STiGMATiSéS de Franz
Schreker, m.e.s. David Boesch
bienne
Loc. : www.spectaclesfrancais.ch /
guichet du TOBS, Théâtre municipal /
Points de vente Ticketportal
u 6.3. : BOB’ART, chor. Etienne
Béchard. Théâtre Palace à 20h15
fribourg
THéâTRE EQuiLiBRE à 20h (billetterie :
Fribourg Tourisme 026/350.11.00 /
[email protected])
u 3.3. : LE MiSANTHROPE de Molière,
m.e.s. Michel Fau
u 8.3. : THE ROOTS, chor. kader
Attou
u Du 11 au 15.3. : JADiS par Les
Débrouillarts, m.e.s. Hassane kassi
kouyaté
u 13 et 14.3. : ET iL N'EN RESTA PLuS
AuCuN d'après Agatha Christie,
m.e.s. Robert Sandoz
u 17.3. : iT DANSA, chor. Jirí kylián,
Jove Companyia
u 24.3. : NiNA d'André Roussin,
m.e.s. Bernard Murat
u 26.3. : yOuN SuN NAH, jazz
u 28.3. : LA CONTREBASSE de Patrick
Süskind, m.e.s. Daniel Benoin
givisiez
THéâTRE DES OSSES, 20h, di à 17h
(loc. 026/469.70.00)
u Du 10 au 22.3. : VERNiSSAGE de
Vaclav Havel, m.e.s. Matthias urban
u Du 17 au 31.3. : RÖSTiGRABEN
d’Antoine Jaccoud et Guy krneta,
m.e.s. Geneviève Pasquier et
Nicolas Rossier
la chaux-fds
THéâTRE POPuLAiRE ROMAND / CENTRE
NEuCHâTELOiS DES ARTS ViVANTS (loc.
032/967.60.50, www.tpr.ch)
u 4.3. : DE A à ZOuC par Joseph
Gorgoni. L’Heure bleue à 20h30
u Du 23 au 27.2., Cinéma ABC :
LETTRE à MOMO de Hirojuki Okiura
u Du 6 au 8.3. : LES RENARDS DES SuRFACES de Perrine Valli et Francine
Jacob, m.e.s. Perrine Valli, création.
Beau-Site, le 6 à 20h15, le 7 à 18h15,
le 8 à 17h15
u 6.3. : Série parallèles. iVO HAAG ET
ADRiENNE SOóS, pianos. Salle Faller
e
n
é
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e
u 11 et 14.3. : MuSiQuES MiNuSCuLES
de et avec Guigou Chenevier, dès 4
ans. Théâtre ABC , le 11 à 15h, le 14
à 17h30
u 18.3. : MADEMOiSELLE JuLiE de
August Strindberg, m.e.s. Gian
Manuel Rau. L’Heure bleue à 20h15
u 19.3. : Série parallèles. CAMERATA
ALMA ViVA. Temple Allemand à 20h15
u Du 24 au 28.3. Théâtre du
Passage : LE MOCHE, m.e.s. Nathalie
Sandoz
u 25 et 26.3. : JuLiA. D’après
Mademoiselle Julie de August
Strindberg, m.e.s.
Christiane
Jatahy. Spectacle en portugais surtitré en français. Beau-Site à 20h15
u 28.3. : ENSEMBLE CAFé ZiMMERMANN,
SOPHiE kARTHäuSER, soprano,
CHRiSTiAN iMMLER, basse (JS Bach),
piano. L’Heure bleue à 20h15
(Billetterie Arc en scènes)
u 31.3. : CARTA DE SAN PABLO A LOS
CORiNTiOS. BEETHOVEN, SiNFONíA N°7
de Angélica Liddell. Beau-Site à
20h15
martigny
FONDATiON GiANADDA, à 20h, dim à
17h sauf mention contraire (rés. +41
27 722 39 78)
u 8.3. : EMERSON STRiNG QuARTET
(Bach, Beethoven)
u Du 12 au 14.3. : 2H14 de David
Paquet, m.e.s. François Marin.
Théâtre Alambic à 19h30, le 14 à 19h
(rés. & loc. au 027/722.94.22 ou
[email protected])
meyrin
THéâTRE FORuM MEyRiN
(loc. 022/989.34.34)
u 3 et 4.3. : kiNG SiZE de et m.e.s.
Christoph Marthaler
u 4.3. : RENCONTRE AVEC GABRiELE
SOFiA. Chanson populaire et neurosciences - Autour de «King Size»
u 12.3. : A POSTO – EN PLACE, chor.
Ambra Senatore
u 19.3. : CARNAGES de François
Cervantes, Compagnie L'Entreprise
u 21.3. : SHANTALLA
u 21.3. : C'EST LE PRiNTEMPS!, Banquet
d'équinoxe
u 25 et 26.3. : J'Ai COuRu COMME DANS
uN RêVE par Les Sans Cou
monthey
THéâTRE Du CROCHETAN à 20h
(loc. 024/471.62.67)
u Du 4 au 7.3. : 2H14 de David
Paquet, m.e.s. François Marin
u 6.3. : JEAN-LOuiS MuRAT, chanson
u Du 12 au 15.3. : LES HiSTOiRES D'A –
ANDROMAQuE de Jean Racine, m.e.s.
d
a
n
t
o
Alexandre Doublet
u 12.3. : LA FACE CACHéE DE LA LuNE
par la Compagnie inouïe
u 17.3. : ET iL N'EN RESTA PLuS AuCuN
d'après Agatha Christie, m.e.s.
Robert Sandoz
u 20.3. : CiNQ JOuRS EN MARS de
Toshiki Okada, m.e.s. yvan Rihs
u Du 26 au 28.3. : WHAT ABOuT
ORFEO, chor. et m.e.s. Rafaele
Giovanola et Christian Duarte
u 29.3. : TRiO NOTA BENE, musique
(Chausson, Dvorak)
u 31.3. et 1.4. : JOSEPH GORGONi DE A à ZOuC
montreux
Auditorium Stravinski, 20h15 sauf
mention contraire
(loc. 021/962.21.19)
u 13.3. : LE MySTèRE BiZET avec EricEmmanuel Schmitt
morges
THéâTRE DE BEAuSOBRE à 20h
(loc. 024/471.62.67)
u Du 3 au 5.3. : CHRiSTELLE CHOLLET
u 6.3. : PiERRiC, Magie
u 10.3. : NOVECENTO de Alessandro
Baricco, m.e.s. André Dussollier et
Pierre-François Limbosch
u 12.3. : L’ORiGiNE Du MONDE de
Sébastien Thiéry
u 18.3. : QuARTiER LOiNTAiN d’après
Jirô Taniguchi, m.e.s. Dorian Rossel
u 19.3. : MOZART GROuP, Humour
u 26.3. : NiNA d’André Roussin,
m.e.s. Bernard Murat, Théâtre
u 28.3. à 19h : LES ENCOMBRANTS
FONT LEuR CiRQuE de et m.e.s. Claire
Dancoisne, Théâtre
neuchâtel
THéâTRE Du PASSAGE. A 20h, di à 17h
(loc. 032/717.79.07)
u 1.3. : CiNéMA APOLLO de Matthias
Langhoff et Michel Deutsch
u Du 5 au 7.3. : yANN LAMBiEL, m.e.s.
Jean-Luc Barbezat, humour
u Du 13 au 15.3. : LE PETiT CHAPERON
CHiNOiS d'après Marie Sellier et
Catherine Louis
u 15.3. : iT DANSA, chor. Cat. Allard
u 20.3. : AFRikA de et par Eric
Bouvron, humour
u 22.3. : PAOLO NANi - LA LETTRE
u Du 24 au 28.3. : LE MOCHE de
Marius von Mayenburg
u 27 et 28.3. : GuiTOu de Fabrice
Melquiot, m.e.s. Guy Pierre Couleau
u 29.3. : CONTES à REBROuSSE-POiL de
et par Ariane Racine, conte
u 1.4. : EN ATTENDANT GODOT de
Samuel Beckett
93
m
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o
d'après Agatha Christie, m.e.s.
Robert Sandoz
u 26.3. : FRèRES DE SANG de et m.e.s.
André Curti et Artur Ribeiro
u 27.3. : RÖSTiGRABEN d'Antoine
Jaccoud, par le Théâtre des Osses
u 28.3. : NiNA d'André Roussin,
m.e.s. Bernard Murat
Salle communale d'Onex
Bratsch
Les Spectacles onésiens accueillent en mars l’ensemble
Bratsch qui, pendant 40 ans, a connu le succès en interprétant toutes les musiques du monde : juives, tziganes, arméniennes et bien d'autres, créant un nomad’s jazz land sans
cesse réinventé qui prend toute sa dimension sur scène.
ORiENTAL-VEVEy, rue d’italie 22 (rés.
021/925.35.90, www.orientalvevey.ch)
u 4 au 15.3 : DERNièRE NOuVELLE DE
JuiLLET, de yves Robert, par la Cie
Théâtre du Monde, m.e.s. Doris
Naclerio.
Les musiciens de Bratsch ont hélas décidé de mettre fin
à leur belle aventure. Ne manquez pas leurs adieux ! Ils
seront à Onex pour leur tout dernier concert avant dissolution du groupe.
. Vendredi 20 Mars 2015
nyon
94
uSiNE à GAZ sauf mention contraire
(loc. 022/361.44.04)
u 5 et 6.3. : RECyCLAGE ET AuTRES
PETiTES PHiLOSOPHiES SuSPECTES par
Zooscope, spectacle
u 18.3. : ELLES FONT FONT QuOi? Par
les Bamboches, jeune public
u 21.3. : BARRiO OSCuRO, concert
u 22.3. : Les Matinales. TRiO
WANDERER, CHRiSTOPHE GAuGué, alto
(Mendelssohn, Brahms). Grande
salle de la Colombière à 11h15
(billetterie : Service culturel Migros,
Migros Nyon-La Combe)
u Du 24 au 28.3. : ARiANE DANS SON
BAiN, Théâtre en flammes, spectacle
onex
SPECTACLES ONéSiENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99
ou [email protected])
u 3 et 4.3. : LES ROiS VAGABONDS,
musique et humour, dès 8 ans
u 10 et 11.3. : LE CERCLE DES iLLuSiONiSTES de et m.e.s. Alexis Michalik
u 12.3. : ALDEBERT, chanson
u 20.3. : BRATSCH
u 22 et 25.3. : Récrés Spectacle.
ELLES FONT FONT QuOi? Cie les
Bamboches, marionnettes, dès 5 ans
plan/ouates
LA JuLiENNE (loc. 022/888.64.60)
u 6.3. : TEOFiLO CHANTRE, Concert
u 27.3. : A PORTéE DE CRACHAT de
Taher Najib, m.e.s. Laurent
Fréchuret, Théâtre
pully
L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention
contraire (loc. 021/721.36.20)
u Mardi 3.3. à 20h : Pour L’Art et le
Lutrin. TRiO WANDERER.
u 6.3. : DiALOGuE WiTH ROTHkO. Chor.
et interprétation Carolyn Carlson
u 7.3. à 18h : Amdathtra. NuiT Du
RAGA.
u 11.3. : NOVECENTO d’Alessandro
Baricco. Avec André Dussollier
u Mardi 24.3. à 20h : Pour L’Art et le
Lutrin. QuATuOR MANDELRiNG.
u 27 et 28.3. : VOix DES ViLLES.
Théâtre musical avec l’ensemble
choral «Voix de Lausanne»
u 31.3. : COMMENT VOuS RACONTEZ LA
PARTiE de et m.e.s. yasmina Reza.
sierre
THéâTRE LES HALLES (www.theatre-leshalles.ch / loc. 027/452.02.90)
u Du 3 au 7.3. à 19h30 : LES HiSTOiRES
D’A - ANDROMAQuE d’après Racine, Cie
Alexandre Doublet
u 11.3. : CARTE BLANCHE à ANTOiNE
JACCOuD. Lecture. A l’accordéon :
Christian Brantschen
u 12.3. : LA FACE CACHéE DE LA LuNE,
Cie inouïe. Opération Vadrouilleurs
u 25.3. à 19h30 : LE LiON D’ABySSiNiE.
Lecture de Luisa Campanile.
sion
THéâTRE DE VALèRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61)
u 6.3. : HuiT FEMMES de Robert
Thomas, par la Cie du Projecteur
(CH), m.e.s. Jean-Gabriel Chobaz
u 12.3. : RADiO TRENET de Jacques
Pessis, par l’Atelier Théâtre Actuel
(F), m.e.s. Philippe Ogouz
u 18.3. : FABuLA BuFFA d'après Dario
Fo, par le Teatro Picaro (F), m.e.s.
Ciro Cesarano
u 24.3. : FRèRES DE SANG de et m.e.s.
André Curti et Artur Ribeiro, par la
Cie Dos à dos (F-Br)
a
villars s/gl.
Bratsch. Photo © François Junot
Billetterie : en ligne
g
thonon-évian
MAiSON DES ARTS, ESPACE MAuRiCE
NOVARiNA à 20h30, sauf mention
contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en
ligne : billetterie.mal-thonon.org)
u 3.3. : SEuLS de et m.e.s. Wajdi
Mouawad
u 5.3. : SœuRS de et m.e.s. Wajdi
Mouawad
u 7.3. : LuZ CASAL, chanson
u 17.3. : PAPA EST EN BAS de
Christophe Roche, m.e.s. Alban
Coulaud
u 21.3., Evian : ANNE QuEFFéLEC /
QuATuOR MANFRED (Busoni, Bach,
Haendel, Beethoven)
u 24.3. : PETER PAN de James
Matthew Barrie, m.e.s. Christian
Duchange
u 27 et 28.3. : COMMENT VOuS
RACONTEZ LA PARTiE ? de et m.e.s.
yasmina Reza
vevey
LE REFLET - THéâTRE DE VEVEy, à 20h,
sauf mention contraire
(billetterie sur www.lereflet.ch)
u 4.3. : LE MiSANTHROPE de Molière,
m.e.s. Michel Fau
u 6.3. : THE ROOTS, chor. kader
Attou
u 8.3. : M'ENVOLER de et m.e.s. JeanLuc Bosc
u 10.3. : JOSEPH GORGONi - DE A à
ZOuC, m.e.s. Pierre Naftule
u 13.3. : iT DANSA, chor. Jiří kylián
u 14.3. : MiNuS 16, chor. Ohad
Naharin
u 17.3. : CARNAGES de et m.e.s.
François Cervantes
u 19.3. : Arts & Lettres. LES FOLiES
FRANçOiSES. CHRONiQuES D’uN MuSiCiEN (C.P.E. Bach). Salle del Castillo
à 19h30
u 20.3. : ET iL N'EN RESTA PLuS AuCuN
e
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ESPACE NuiTHONiE, à 20h (loc.
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[email protected], ou
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Anne-Cécile Moser
u Du 5 au 8.3. : LiDO ADRiATiCO de
Domenico Carli Acmoser Cie, m.e.s.
Anne-Cécile Moser
u 15.3. : BAL LiTTéRAiRE
u 21.3. : LA LETTRE de Paolo Nani et
Nullo Facchini, m.e.s. Nullo Facchini
u Du 25 au 29.3. : MADEMOiSELLE
JuLiE d'August Strindberg, m.e.s.
Gian Manuel Rau
yverdon
THéâTRE BENNO BESSON
(loc. 024/423.65.84)
u 4.3. : QuARTiER LOiNTAiN de Jirò
Taniguchi, m.e.s. Dorian Rossel
u 12.3. : HuiT FEMMES de Robert
Thomas, m.e.s. Jean-Gabriel Chobaz
u 19.3. : SOiRéE iRLANDAiSE par irish&
Scottish Music & Dance et Ceòl
u 24.3. : RÖSTiGRABEN par le Théâtre
des Osses
u 25.3. : LA LETTRE de et m.e.s. Paolo
Nani
u 28.3. : SiNFONiETTA DE LAuSANNE,
dir. Alexandre Mayer (Bach, Mozart)
u 31.3. et 1.4. : D'ACiER de Sylvia
Avallone, m.e.s. Robert Sandoz
THéâTRE DE L’ECHANDOLE (loc.
024/423.65.84 ou 024/423.65.89
une heure avant le spectacle
u 14 et 15.3. : LES 3 PETiTS COCHONS
de Noëlle Revaz
u 18.3. : TAC.TAC., chor.
youngSoon Cho Jaquet
u 27.3. : iAROSS, chanson
u Du 31.3. au 2.4.: JE SuiS uN SAuMON de Philippe Avron, m.e.s.
Patrick Mohr
d
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Danse
Cirque
Musique
Théâtre
A posto
Carnages
Shantalla
Ambra Senatore
Cie L’Entreprise
21 mars à 18h
12 mars à 20h30
19 mars à 20h30
J’ai couru comme
dans un rêve
Les Sans Cou
25 et 26 mars à 20h
forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin
Billetterie + 41 22 989 34 34 du lu au ve de 14h à 18h
J’ai couru comme dans un rêve © Anne Nordmann
Service culturel Migros Genève / Stand Info Balexert / Migros Nyon-La Combe
SAISON1415
NOUVELLE PRODUCTION
Medea
TRAGEDIA EN 3 ACTES
LUIGI CHERUBINI
DIRECTION MUSICALE
MARKO LETONJA
MISE EN SCÈNE
CHRISTOF LOY
CREONTE DANIEL OKULITCH
GLAUCE G R A Z I A D O R O N Z I O
GIASONE ANDREA CARÈ
MEDEA JENNIFER LARMORE
NERIS SARA MINGARDO
U N C A P I TA I N E D E L A G A R D E R O YA L E A L E X A N D E R M I L E V
P R E M I È R E S E R VA N T E M A G D A L E N A R I S B E R G
D E U X I È M E S E R VA N T E A H L I M A M H A M D I
CHŒUR DU GRAND THÉÂTRE
DIRECTION ALAN WOODBRIDGE
ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE
9>24.04.2015
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+41(0)22 322 5050
Scènes magazine
Case postale 48
CH - 1211 Genève 4
PP
1200 Genève 4
Thomas Dear (Claudio, le mari perfide). Tous, y
compris pour la soprano tchèque précitée, avec
une élocution exemplaire. Et sans laquelle cette
œuvre, qui colle tant à l’ambitus restreint de la
prosodie française, ne saurait être.
en tournée et à neuchâtel
Les Caprices de
Marianne
Le Centre Français de Promotion Lyrique concocte une nouvelle production
destinée à voyager : les Caprices de Marianne. Le lancement solennel revient à
l’Opéra de Reims, avant une tournée qui mènera l’opéra jusqu’en 2016 dans
une quinzaine de maisons lyriques de France et même de Suisse (Avant-scène
opéra, Neuchâtel ; date à déterminer).
RESERVE
Le choix de l’opéra d’Henri Sauguet
(1901-1989) est significatif, qui permet de
réunir neuf jeunes chanteurs dans toutes les tessitures. On ne peut aussi que louer l’élection
d’un ouvrage rare, dû à un compositeur qui l’est
autant. Créé en 1954 au Festival d’Aix, l’opéra
n’a depuis lors été repris que de loin en loin. On
serait tenté d’y voir une façon de prolongement
de Pelléas, dans la déclamation linéaire et certaines couleurs orchestrales ;
mais piqué de touches de fantaisie et d’élans de lyrisme, dans
une complexité savante. Nul
doute que pour beaucoup de
mélomanes, les Caprices de
Marianne constitueront, en sus
d’une découverte, une révélation.
Le livret, signé par JeanPierre Grédy, reprend la pièce
éponyme de Musset, quelque
peu allégée et réécrite pour les
voix. Nous sommes donc dans
une Naples de fabulation, qui
voit se confronter le trio habituel : la femme, l’époux et l’amant. Mais dans une situation
déviée, puisque l’amant n’est
pas aimé de l’épouse, éprise
pour sa part de l’ami, qui lui n’a
d’yeux que pour l’amant éconduit. Un marivaudage, comme décalqué du Barbier de Séville,
mais aux ressorts déglingués et achevé tragiquement. La mise en scène d’Oriol Tomas sait jouer
de ces ambiguïtés, mais sans note forcée, au
sein d’une direction d’acteurs précise évoluant
dans un joli décor unique, perspective stylisée
Le petit effectif de l’Orchestre de l’Opéra
de Reims accomplit des miracles de ductilité
rutilante, devant une partition qui le met à dure
épreuve. Le chef Claude Schnitzler a ici réalisé
un travail approfondi, pour servir au plus près
un ouvrage qu’il aime, à n’en pas douter, et
entend porter au mieux. Un quasi sans-faute,
pour un pari qui n’était pas gagné d’avance, et
qui augure bien du succès de la tournée prévue.
(Prochaines représentations : Opéra de Massy, 5
et 7 décembre ; Opéra de Marseille, 29, 30, 31
janvier et 1er février.)
de la Galerie Umberto Ier de Naples, serti de
vigoureux et variés éclairages. Les interprètes
peuvent alors donner libre cours à leurs talents.
Pour la distribution de la soirée de création
à Reims, il n’est que de relever une parfaite adéquation, et ce jusqu’au moindre des rôles.
Retenons le quatuor principal : la science du
legato de Cyrille Dubois (Cœlio, ou l’amant
«Les Caprices de Marianne»
malheureux), éclatant dans son splendide
monologue final ; la colorature éblouissante, et
pourtant exigeante, de Zuzana Markova
(Marianne), en dépit d’une ligne à la justesse
parfois incertaine ; la sûreté d’émission de
Philippe-Nicolas Martin (Octave, l’ami de l’amant) ; et la projection sombre et crâne de
Pierre-René Serna