Zibeline n° 79 en PDF

un gratuit qui se lit
N°79 du 19/11/14 au 17/12/14
Politique culturelle
Entretien avec Marie-Hélène Féraud ..................................... 5
Les écoles d’art .............................................................6, 7
Festival de Pâques .........................................................8, 9
L’art est-il bourgeois ? ................................................ 10, 11
Droit de réponse du Merlan ............................................... 12
Villeneuve en Scène,
Nouveau Théâtre d’Aix ...................................................... 13
Événements
Depardon au MuCEM .................................................... 14, 15
Les Rencontres d’Averroès ................................................. 16
Prix Lux Eden Théâtre,
Chants de Noël ................................................................ 18
Critiques
Danse ..................................................................... 20, 21
Théâtre .................................................................. 22 à 25
Musique ..................................................................26 à 29
Au programme
Musique .................................................................. 30 à 35
Théâtre ................................................................... 36 à 50
Danse ..................................................................... 51 à 55
Jeune public ............................................................ 56 à 61
Cirque/rue ................................................................ 62, 63
Cinéma .................................................................... 64 à 66
Littérature
Fête du livre d’Aix : Vargas Llosa ........................................ 68
Le phénomène des séries ............................................. 70, 71
La Semaine de la pop philosophie, Risc ............................... 71
Arts visuels ........................................................72 à 78
Où sont les politiques
publiques de la culture ?
Au sommaire de notre journal, le Festival de Pâques
financé par la Banque CIC ; un nouveau théâtre aixois
privé ; une élue qui pour défendre l’art contemporain se
sent obligée de démontrer son utilité économique. On
ne peut que se réjouir du mécénat éclairé qui offre au
public des manifestations de qualité. Mais que peut-on
attendre lorsque les financeurs de la culture ne sont pas
comptables de ses missions de service public ?
L’exemple parisien défraie la chronique : la Fondation
Vuitton investit dans l’art contemporain. Au Jardin d’acclimatation tout proche de Neuilly, dans l’arrondissement
le plus riche de Paris, Bernard Arnault, première fortune
française, construit un bâtiment tape-à-l’œil et vide. Pour
qui ? Pour faire la promotion de quel luxe ?
Il est logique qu’un investisseur privé attende que son
argent lui rapporte : les mécènes ne sont plus des aristocrates bienfaiteurs qui s’achètent une conscience esthétique, mais des industriels qui attendent un retour sur
investissement. D’ailleurs cet abandon de la culture à des
arguments de rentabilisation touristique, d’investissements
spéculatifs ou de plus-value d’image sont possibles parce
que l’État se désengage. Au ministère, mais surtout en
asséchant les dotations des collectivités territoriales, qui
ne peuvent que revoir à la baisse ce qui ne relève pas de
leurs compétences obligatoires. Or la culture n’en fait pas
partie, et le dogme de l’austérité s’applique aveuglément
même lorsque les économies opérées sont négligeables,
et les destructions conséquentes...
Le délitement à l’œuvre impose aujourd’hui la question :
où allons-nous en matière de politique publique ? Le
ministère de la Culture se réjouit de ne pas subir de
réelle baisse en 2015, mais des années de disette et de
Mensuel gratuit paraissant
le deuxième mercredi du mois
Édité à 32 000 exemplaires
imprimés sur papier recyclé
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76 avenue de la Panouse n°11
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Dépôt légal : janvier 2008
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destruction interdisent aujourd’hui d’entamer les indispensables chantiers culturels. En particulier de soutenir
l’émergence, et d’en finir avec le centralisme culturel qui
a établi une inégalité inacceptable entre la Capitale et
la «Province». De doter suffisamment le spectacle vivant
pour que le régime de l’intermittence ne soit plus l’unique
recours des artistes. De travailler à une démocratisation des écoles d’art et du spectacle. De travailler à une
démocratisation des pratiques culturelles. De travailler à
protéger notre patrimoine, matériel et immatériel, qui a
souffert physiquement des restrictions budgétaires. D’accompagner intelligemment les mutations des modes de
lecture, avant que ne meure toute entreprise indépendante
de presse1 et d’édition. De soutenir les circuits de diffusion du cinéma d’auteur, de la musique qui cherche, des
formes nouvelles... Construire une politique publique, ce
n’est pas colmater à la va-vite les brèches d’un bâtiment
qui prend l’eau. C’est lui donner un cap, et les moyens
de le maintenir. Il nous faut ouvrir des voies vivifiantes
et insoupçonnées, et c’est en cela que l’investissement
culturel est rentable !
Les mécènes le savent bien... mais quelles que soient
leurs intentions, ils ne rempliront pas les missions de
service public qui font toute la force de la culture française. Pas celle qui s’exporte avec prestige, mais celle
qui nous construit chaque jour.
AGNÈS FRESCHEL
La Marseillaise est mise en redressement judiciaire. La Provence a
perdu près du tiers de ses journalistes et de ses éditions, mais Bernard
Tapie entre presque majoritairement dans le capital de Nice Matin,
et rachète LCM. Une des missions du ministère de la Culture est de
protéger la pluralité de la presse...
1
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Montixi, Yves Bergé, Émilien
Moreau, Christophe Floquet,
Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo,
Anne-Claire Veluire, Maurice
Padovani, Thomas Dalicante,
André Gilles
5
«Ça rentre
dans l’économie»
L’art contemporain
à Marseille,
pour la première
fois, fait l’objet
d’une délégation
municipale. Cette
mission a été
confiée à MarieHélène Féraud avec
un budget annoncé
comme «contraint».
Mais pourquoi avoir
séparé des missions
qui semblent
complémentaires ?
D’un côté, les
musées (dont le
MAC), l’École des
beaux arts sont sous
la responsabilité
d’Anne-Marie
d’Estienne d’Orves
(lire Zib 74),
de l’autre, l’art
contemporain
se retrouve avec
l’Opéra et l’Odéon,
maisons municipales
à gros budget...
Z
ibeline : Votre délégation comprend l’Opéra,
l’Odéon et l’art contemporain, rapprochements
surprenants. Pourriez-vous nous préciser votre
mission ?
Marie-Hélène Féraud : Pour l’Opéra et l’Odéon,
on entame une refonte des deux structures sous
une même entité administrative. Ça devrait se faire
d’ici la fin de l’année. Pour l’art contemporain la
délégation n’existait pas, mais le succès de 2013 a
montré qu’on pouvait fédérer des énergies diverses
pour un même objectif. Je pense qu’au-delà de l’aspect culture, l’attractivité de ce qui se passe autour
suscite la venue de touristes sur le territoire. Donc
ça rentre dans l’économie d’une ville. Il faut que le
public, qu’il soit régional, national ou international,
revienne avec plaisir à Marseille parce qu’il sait qu’il
va trouver une belle exposition dans un beau lieu.
Avez-vous fait une analyse de la situation ? Pensez-vous développer une politique d’ateliers et d’aide
aux artistes ?
Il y a une concentration d’acteurs des arts plastiques
qui est spécifique à Marseille. Pour l’instant on a mis
en place un comité d’étude pour cibler les besoins
des ateliers d’artistes.
Et les rendre visibles ?
Oui, il faut qu’il y ait un accompagnement médiatique. On peut créer un prix à l’issue des résidences,
qu’il reste une trace dans le Fonds Communal d’Art
Contemporain. Et trouver un lieu emblématique. Et
montrer d’une jolie façon tout ce qui existe dans
les collections du Frac, du Mac qui ne sont pas
suffisamment montrées.
Qu’en est-il du projet de transplantation du MAC ?
Je ne veux pas empiéter sur la délégation de ma
collègue qui a en charge les musées. Il avait été
envisagé la Vieille Charité. Une étude devrait rendre
ses conclusions en fin d’année, on prendra les dispositions qui s’imposent. A mon sens, ça n’est pas
le lieu idéal pour la monstration de l’art contemporain, à cause des contraintes architecturales du
monument historique.
La Friche rénovée et agrandie avait été aussi avancée...
Oui, les espaces ont montré qu’on pouvait faire de
belles expos, à la Tour Panorama.
Certaines formes d’art contemporain sont atypiques,
comme Les Pas perdus. Cela fait partie de votre
responsabilité ?
Je n’ai pas encore fait le tour de toutes les structures. Je me suis donné une petite année pour
pouvoir orchestrer tout cela en bonne intelligence.
Il y a les événements récurrents qu’il faut aider et
encourager, le Printemps de l’art contemporain,
Artorama, maintenant Paréidolie.
Les Portes Ouvertes Consolat aussi...
Ce sont des événements qui attirent des collectionneurs.
La première édition Paréidolie a été un très joli succès.
Nous avons évoqué essentiellement le domaine
associatif, institutionnel et subventionné. Qu’en
sera-t-il du privé, du mécénat ?
C’est un axe qu’il faut absolument développer, car
la conjoncture fait que pour tout ce qui est subventionné ça va être de plus en plus difficile. Pour l’art
contemporain et les structures qu’on a évoquées,
toutes ces aides au fonctionnement, on tourne autour
d’un million d’euros par an, ce qui n’est pas énorme.
Certaines structures ont d’ailleurs disparu. Est-il
envisagé d’y remédier ?
En effet c’est une perte. Mais les institutions ne
peuvent pas remédier à tout. On peut envisager à
l’avenir des regroupements comme Marseille Expo.
C’est bénéfique à toutes les structures, elles gagnent
en visibilité.
Donc mutualiser. À moyens constants ?
On va tout faire pour que ça ne diminue pas et
pérenniser. On veut mettre en lumière les structures phares dont on a parlé et ce qui se fait à la
Friche avec Triangle, Sextant et plus, Astérides. Les
chantiers sont nombreux...
L’ancienne poste Colbert ?
C’était idéalement placé mais la Poste récupère
son lieu.
Vous ne leur avez pas proposé une alternative ?
Là, cela devient très politique et ça m’échappe
un peu !
En tout cas pas de projet d’un établissement neuf ?
La ville de Marseille a beaucoup contribué sur beaucoup de rénovations pour 2013. Maintenant la proposition muséale est plus qu’honorable.
Sauf le MAC qui n’a pas bénéficié de ce mouvement...
La collection est très belle, il faut trouver un espace
adapté sans partir dans des budgets conséquents...
Entretien réalisé par CLAUDE LORIN
Marie Hélène Féraud avec son conjoint Marc
Féraud sont collectionneurs d’art contemporain.
Ils ont créé en 2009 un espace d’exposition
au sein de leur entreprise, Le Box, installé à
L’Estaque, appuyé sur un fonds de dotation,
le Fonds M-ARCO. Marc Féraud est le Président
Directeur Général de la Compagnie Financière
de Management (Conseil financier), gérant des
Docks de la Delorme (Immobilier), dirigeant
de la société TCSI (Container portuaire),
de la société Féraud (Holding), de la SCI
Féraud (Immobilier). Les époux Féraud sont
aussi cofondateurs de Mécènes du Sud.
6
Les Écoles d’art
mettent en orbite
leur Réseau
Le 29 novembre à la Villa
Méditerranée à Marseille,
pour la première fois,
les 7 écoles supérieures d’art
de la région Provence-AlpesCôte d’Azur et de Monaco
se réuniront à l’occasion
d’une journée «portes
ouvertes» destinée
aux étudiants, aux
professionnels, aux
entreprises et au public
D
ébats, tables rondes, échanges avec les
présidents et les directeurs… les écoles
supérieures d’art font une démonstration de
force. Tout ce que vous avez toujours voulu
savoir sur ces établissements publics d’enseignement et de recherche sera débattu :
missions, programmes de recherche diplômant, rapports avec les autres établissements
publics d’enseignement, contextualisation à
l’échelle locale, nationale et internationale,
genèse du Réseau des Écoles supérieures d’art
de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de
Monaco, actions futures et enjeux. À cette
photographie panoramique succèderont des
focus qui permettront à chaque école de mettre
en avant atouts et spécificités, comme l’unité
de recherche Bricologie à Nice, le parcours de
formation innovante Écriture et image à Arles
ou encore Agora, préfiguration de la dimension
internationale de la plateforme numérique et
du Fablab Load à Marseille. Le tout agrémenté
d’un forum Découverte des programmes pédagogiques, des conditions d’admission et des
débouchés professionnels, destiné aux futurs
étudiants.
Atelier peinture © Villa Arson
Une prise de conscience
collective
Les écoles d’art ont donc décidé de réagir
face à la baisse de leurs subventions et à leur
manque de visibilité dans le Sud où elles sont
implantées ! D’abord en s’unissant, en juin
dernier, au sein du Réseau des Écoles supérieures d’art de la Région Provence-Alpes-Côte
d’Azur et de Monaco ; ensuite en signant une
convention annuelle avec le Pôle Industries
Culturelles et Patrimoines d’Arles1 chargé de
fédérer, conseiller et accompagner leurs projets.
Car si toutes sont membres du réseau national
ANdÉA2, difficile cependant de rayonner sur
le territoire et en France… Ainsi est né ce
regroupement piloté par Magdaléna Lataillade, responsable du Réseau au sein du Pôle
Industries Culturelles et Patrimoines : «L’idée
fondatrice est économique car les écoles ont
eu conscience des modifications à venir de la
Région suite au désengagement progressif de
l’État. Il leur faut dès aujourd’hui trouver des
solutions pour continuer à exister : mutualiser
certains moyens, structurer le réseau du point
de vue juridique, trouver des partenariats privés,
se doter d’outils prospectifs comme la création
d’un observatoire de l’insertion professionnelle,
harmoniser les dates de concours et les offres
de formations continues par exemple. Ou encore
mettre en place un bureau des affaires internationales pour tisser des liens avec d’autres
structures. Cela peut se concrétiser par des
bourses, des résidences, des projets communs».
Depuis près d’un an, chaque école a appris
à connaître l’autre, à croiser différences et
atouts communs : «chacune a dû faire le point
sur son propre fonctionnement avant de pouvoir jouer collectif sans être en concurrence».
Un processus de concertation qui aboutit à
la journée L’École de l’art, prélude à d’autres
actions communes, à condition de trouver les
financements…
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Association créée en février 2007, labellisée PRIDES par
la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur de 2007 à 2013.
1
Association nationale des directeurs d’écoles supérieures
d’art créée en 1995, devenue en 2012 l’ANdÉA, Association nationale des écoles supérieures d’art publiques.
Elle fédère la totalité des 46 écoles supérieures d’art
publiques en France.
2
Programme détaillé sur www.industriesculturelles-patrimoines.fr
7
Une histoire d’hommes
Rémy Fenzy, directeur de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles :
«L’école est sur un redéploiement architectural
et pédagogique. C’est précisément dans ce cadre
qu’il nous paraît fondamental de pouvoir nous
organiser avec nos semblables, d’où cette envie
de collaborer, de créer des ateliers particuliers et
spécifiques selon chaque stratégie d’établissement
en région. Par exemple, la scénographie à Monaco,
ou plutôt les scénographies car elles touchent les
expositions comme le théâtre ; à Toulon, c’est le
design et le design d’espace en particulier ; s’agissant d’Aix, il s’agit de la robotique, et à Marseille
du design et des pratiques artistiques multiples.
À Arles, nous avons un projet, la photographie.
C’est à la fois très simple et très compliqué car
nous sommes les seuls en France ! En fait, pour
nous enrichir du savoir faire des autres, il faut
absolument engager des collaborations dans le
cadre du Réseau. Par le passé il existait L’Age
d’or aux objectifs et à la finalité moins clairs
qu’aujourd’hui : si on crée un dispositif comme
celui-ci, c’est au bénéfice des étudiants. Il faut
que ceux qui sortent de Arles puissent goûter à
d’autres pratiques artistiques qui supposeraient
une application photographique et, inversement,
que des étudiants sortant d’autres établissements
puissent goûter à la photographie. À notre échelle,
ce type d’engagement est fondamental, d’autant
que la région Paca est celle qui imbrique le plus
d’écoles d’art.
Arles part pour être la cheville ouvrière, car c’est
précisément parce qu’il y a ce sentiment de solitude que l’on a besoin, vitalement, de partenaires
engagés dans l’enseignement de l’art. Et les partenaires les plus proches sont nos complices, nos
amis. C’est une histoire d’hommes. On veut faire
connaître à tous les acteurs, privés et entreprises
compris, combien les écoles d’art sont précieuses
pour le territoire».
S’unir pour résister
Jean Mangion, directeur de l’École supérieure
d’art et de design Marseille-Méditerranée :
«Le Réseau n’est qu’un début. J’ai déjà lancé la
Conférence des structures d’enseignement artistique
et culturel de la région Paca. Ces deux réseaux
se sont montés parallèlement, mais le premier
est limité aux écoles d’art alors que la réalité
du paysage, au regard de nos partenaires financiers que sont l’État, la Région, éventuellement
le Département, prend en compte l’ensemble des
structures qui font de l’enseignement artistique et
culturel. C’est l’École nationale de danse, Rosella
Hightower, l’ERAC, etc. J’ai pris la présidence de
la Conférence régionale et j’espère que le Réseau
s’y associera car la force de nos structures c’est de
se regrouper ! Je vois mal comment il ne peut pas
évoluer vers une entité plus vaste, comme il en
1 réseau,
7 écoles
y Villa Arson - École
nationale supérieure d’art
de Nice / ENSAN (seul
établissement intégré
à un centre d’art)
nationale
y École
supérieure de
la photographie
d’Arles / ENSP
y École supérieure d’art
et de design MarseilleMéditerranée / ESADMM
y École supérieure d’art d’Aixexiste dans plusieurs grandes régions françaises.
Mon souhait est de nous unir pour peser face à
nos interlocuteurs régionaux, départementaux
et même locaux, identiques pour les structures
d’enseignement en arts visuels, en théâtre, en
danse ou en musique. Nous avons tous les mêmes
problématiques et les mêmes sources financières.
Face à l’État et à nos partenaires financiers, il faut
que ces deux réseaux se jumellent, autrement
nous serons faibles. C’est mon espoir et mon sentiment : cela ne peut pas s’arrêter là, il en va de
notre avenir. Comme dans toute guerre, si vous
êtes dispersés vous êtes moins forts que lorsque
vous êtes unis. Il faut que nous allions plus loin».
La nouvelle publication de l’ESADMM, Muet,
premier cahier de dessins d’une collection,
sera présentée le 21 novembre au FRAC
en-Provence / (ESA Aix)
supérieure d’art et
y École
de design Toulon Provence
Méditerranée / ESADTPM
supérieure d’art
y École
d’Avignon / ESA Avignon
y Pavillon Bosio, Art et
scénographie, École
supérieure d’arts plastiques
de la Ville de Monaco /ESAP
8
Le Festival de Pâques est né d’une rencontre entre
un grand musicien, le Président d’une grande banque,
le Directeur d’un grand consortium théâtral...
Trois têtes,
la recette d’une réussite ?
D
ès 2012, les bases du «projet écrit et chiffré»
étaient posées : Renaud Capuçon assure la
direction artistique, le Président du Crédit MutuelCIC Michel Lucas fournit les fonds nécessaires et
le Directeur du jeu de paume et du GTP, Dominique
Bluzet, gère l’exécution des projets. Un an plus tard
à peine, la première édition du Festival de Pâques
est un succès, amplifié l’année suivante : en 2014
on compte 15 663 entrées et un taux de remplissage
de 83,5% pour aller écouter ce qui se fait de mieux
au Walhalla de la musique classique.
Zibeline : Quels sont les buts que vous poursuivez
avec le Festival de Pâques ?
Dominique Bluzet : Les buts ne sont pas les mêmes
pour chacun des partenaires. Renaud Capuçon par
exemple peut réunir ses amis et jouer avec les plus
grands musiciens du monde. Le CIC poursuit son
partenariat traditionnel avec la musique classique.
Mais ce festival part d’une idée formidable, car une
telle proposition de programmes de très haut niveau
n’existait pas en France à cette période : elle complète l’offre aixoise, forte de son Festival lyrique
et de ses outils que sont ses théâtres, le nouveau
conservatoire, sa cathédrale... Aix-en-Provence devient
«la» référence, la grande ville musicale en France.
Quel est l’intérêt du partenariat avec le groupe
CM-CIC ?
Ce n’est pas une simple relation de mécénat. Le
partenariat va au-delà de l’argent. C’est une relation
de complicité, de confiance «affectueuse (Michel
Lucas détesterait ce mot-là !) et surtout il nous
ouvre un réseau, ses clients, des supports de presse
comme Les Échos ou Radio Classique, TGV ou Air
France magazines...
Est-ce la volonté d’un homme ou d’un groupe
bancaire ?
Ce que je peux dire c’est que sans Michel Lucas
ce ne serait pas possible ! Cependant au CIC on
affirme : «la musique classique c’est notre truc !».
Vous avez vu dans notre vidéo de promotion combien
un «banquier» peut avoir de l’humour !
À combien s’élève le financement du festival ?
On ne communique pas là-dessus, car tout chiffre
en France est disséqué et cela peut avoir des conséquences négatives*. On évite tout ce qui peut faire
polémique. Combien de projets sont tombés à l’eau
à cause d’attaques, de revendications remettant en
cause les sommes destinées à la culture ! Depuis
la génération Mitterrand, la culture est sortie du
champ des valeurs des politiques qui n’ont plus, pour
la plupart, de rapport à la littérature. Faire comprendre aujourd’hui combien la dépense culturelle
est légitime, que c’est un outil central de développement, même économique, est difficile. Autrefois
le «fait du prince» était glorieux ; aujourd’hui on
est dans la remise en cause de toute forme de pouvoir ! Nous sommes le seul festival en France à ne
pas vivre de financement public. C’est un choix et
une volonté de CM-CIC. Il est hors de question de
demander des subventions ! Seule la ville d’Aix se
mobilise en termes de communication : c’est une
chance pour elle.
Et qu’en est-il de Marseille, si proche d’Aix et dont
les habitants composent une bonne part du public
du festival ?
Aix et Marseille ne font pas qu’un : c’est identitaire !
Et la relation d’Aix avec la musique classique est une
évidence. En matière de développement extérieur nous
envisageons plutôt la communauté du Pays d’Aix.
Y a-t-il une politique tarifaire, car on associe l’événement à un certain «élitisme» et donc à des prix
élevés.
Les prix sont les mêmes que durant la saison du GTP.
Ils s’échelonnent de 8 euros pour les enfants à 66
euros pour le tarif plein. Il y a des tarifs sociaux
et des places «dernières minutes» à 10 euros, de
nouvelles formules d’abonnements : «Week-end de
Pâques», «3 jours à Aix»...
Un festival de ce niveau est-il un outil en matière
d’éducation pour un territoire ?
Oui, les master-classes, par exemple, ouvertes au
public réunissant parfois 300 ou 400 personnes sont
très appréciées. C’est instructif de
voir un artiste au travail !
Sait-on le pourcentage de
public venant de l’étranger ou
hors-région ?
Nous œuvrons dans ce domaine.
15 à 20% du public provient d’en
dehors de la région. Notre objectif
est d’atteindre un pourcentage
de l’ordre de 50% d’ici 5 à 6 ans
(25 à 30% d’étrangers et 25 à
30% hors-région). Nous ciblons
des pays comme la Suisse, l’Allemagne (avec Arte), l’Angleterre,
des villes telles que Lyon et Paris,
mais aussi Montpellier, Grenoble
ou Nice.
On vous surnomme le «grand manitou» : quel est donc votre rôle ?
Je m’occupe de la réalisation
concrète. Je suis «celui qui fait»,
c’est devenu une seconde nature.
On a acquis à Aix un savoir-faire
avec l’équipe qui alterne entre
une «course de fond» pour la programmation de la saison et un
«sprint» à Pâques. Cependant c’est
une course de tous les instants
comme le prouvent nos conversations téléphoniques quotidiennes
avec Renaud (voir la vidéo sur
www.journalzibeline.fr).
* dans un entretien aux Échos, Dominique
Bluzet évoquait un budget voisinant 3
millions d’euros : 80% fourni par CM-CIC
& 20% par la billetterie (NDLR)
9
Renaud Capuçon,
Dominique Bluzet,
Michel Lucas
© Caroline Doutre
A
u groupe Crédit Mutuel-CIC,
la communication est protégée. Ainsi pour interviewer son
Président nous devons passer par
un «filtre». Impossible de savoir,
par exemple, à combien s’élève
l’enveloppe financière (la valise :
voir la vidéo sur www.journalzibeline.fr) allouée au Festival de
Pâques. Pour mémoire, le groupe
est la deuxième banque de détail
en France avec plus de 13 millions
de clients (près de 30 millions dans
le monde) et affiche un PNB de
près de 15 milliards d’euros, soit
de l’ordre de pays comme le Cameroun ou la Bosnie-Herzégovine.
Quel votre rôle spécifique dans
l’équipe Capuçon-Bluzet-Lucas ?
CM-CIC : Le groupe CM-CIC, fondateur du festival, en est l’unique
partenaire financier.
Quels sont les buts et objectifs
du festival ?
Le but est que le festival de Pâques
devienne une référence musicale en
Europe. C’est aussi faire découvrir
ou mieux connaître la ville et la
région et participer ainsi à son
développement culturel et économique, dans le droit fil des valeurs
de la banque.
Quelles sont les évolutions envisagées en matière de pérennité
du festival ? Le groupe s’est, dès le départ,
engagé pour 5 ans. Le festival
doit offrir une programmation
de haute qualité, s’ouvrir à de
nouveaux publics avec une tarification très accessible, et investir
de nouveaux lieux.
Un commentaire sur le film promotionnel où l’on voit Michel Lucas
ouvrant une valise de billets qui est
acheminée vers le Grand Théâtre
de Provence ? Il s’agit d’une valise de billets de
spectacles et non de banque !
Un ordre de grandeur de la
«valise» ?
Nous respectons un principe : nous
ne communiquons jamais sur nos
budgets de partenariat.
A
u fil de l’année, Renaud
Capuçon pose parfois son
précieux «Guarnieri» pour établir le programme musical du
Festival de Pâques, choisir les
artistes, les œuvres jouées...
Au sein du trio, il est le Directeur Artistique.
Quels sont les objectifs du
Festival de Pâques ?
Faire partager à tous notre
passion pour la musique,
faire découvrir des musiciens
pas forcément connus du Pays
d’Aix, aussi bien des stars que
de jeunes artistes, profiter du
cadre magique de la ville d’Aix.
Que retenir de la programmation 2015 ?
Nous aurons la chance d’accueillir des pianistes de
légende : Martha Argerich,
Menahem Presler, Krystian
Zimermann, Maria João Pires.
Une Messe en si de Bach
avec John Eliot Gardiner, la
2e symphonie de Mahler avec
l’Orchestre Gustav Mahler et
200 musiciens sur scène. La
création française du Concerto
de Wolfgang Rihm que je jouerai, un Carnaval des animaux
festif, les textes lus par Guillaume Gallienne…
Quel avenir ?
Nous voyons l’avenir sur de
nombreuses années. Nous
sommes encore un jeune
festival, nous avons encore
plein de choses à inventer,
imaginer...
Et votre place d’artiste ?
Je suis clairement violoniste,
mais pour ces quinze jours de
l’année, j’incarne vraiment le
Directeur Artistique du Festival
en accueillant les artistes et
en faisant en sorte qu’ils se
sentent chez eux à Aix.
Entretiens réalisés par JACQUES FRESCHEL
10
L’Art est-il bourgeois ?
. .ou par qui et pour qui est fait le spectacle vivant
P
eu rentables, les arts vivants échappent généralement à la spéculation à l’œuvre dans les
arts plastiques. Mais par qui sont-ils conçus ?
Enfants de cadres et d’intellos
Si de nombreuses études sur le public existent,
celle sur la provenance sociale des artistes et des
programmateurs sont rares. Mais il est probable que
l’origine sociale des artistes recoupe en partie celle
des étudiants en art, telle qu’elle apparaît dans une
enquête de 2013 menée par l’Education Nationale.
On constate que les écoles supérieures d’art accentuent
la ségrégation sociale à l’œuvre pour l’ensemble des
étudiants français. Les enfants d’ouvriers et d’employés qui font des études sont très peu nombreux,
et ils font des choix d’études spécifiques (social,
commerce et paramédical), qui ne comprennent pas
les études artistiques.
ne sont pas issus de l’immigration, mais Africains.
En revanche l’absence des femmes dans le spectacle
vivant est aisée à constater. Le dernier recensement
est celui opéré par la SACD (voir Zib 78), qui prend
pour panel la totalité des établissements nationaux
pour la saison en cours, et le résultat est accablant :
78% de metteurs en scène, 74% de chorégraphes
hommes, 83% de solistes instrumentaux, 96% de
chefs d’orchestres, 99% des compositeurs, 81 % des
auteurs sont des hommes !
Des «bourgeois» prolétarisés
Le rapport parlementaire de Jean-Patrick Gilles en
2008 (www.assemblee-nationale.fr/14/rap-info/
i0941.asp) mettait en lumière la précarité des professions artistiques. Nécessitant de longues études,
elles débouchent sur des professions nettement
sous-payées, et une précarité d’emploi qui caractérise le secteur. Les artistes, étant donné la faiblesse
globale de leurs rémunérations, exercent un autre
métier (enseignant), ou peuvent s’appuyer sur une
famille, qui les loge, leur laisse des biens. Ils sont
donc pour la plupart pauvres, mais issus de milieux
aisés. Il est à noter aussi que les écarts de salaires
sont stupéfiants, et que certains artistes du spectacle vivant sont très riches.
Par ailleurs, la réussite d’un artiste dépend aussi
de la richesse de son réseau et de la notoriété de
son nom : on ne peut que constater aujourd’hui le
nombre important de fils et filles d’artistes sur les
scènes ou les écrans.
Ces ségrégations ont des effets, sur le public et
sur les œuvres.
Composition du public
Des hommes, «blancs»
Parler de diversité dans le spectacle vivant se heurte
à un obstacle : rien ne recense notre origine «ethnique» ou nationale. Si on peut constater qu’il y a
peu d’Arabes sur les scènes de France, il est illégal
de les comptabiliser. Une disposition protectrice,
mais qui rend difficile le dénombrement. Pourtant
l’enquête Trajectoire et origine qui s’est penchée sur
la «diversité» des français (www.ined.fr/fichier/s_
rubrique/19558/dt168_teo.fr.pdf) établit que les
enfants d’immigrés et de natifs de DOM sont très
majoritairement enfants d’ouvriers ou d’employés,
donc peu probablement artistes. D’ailleurs, on peut
noter que les Noirs présents par exemple durant cette
saison aux Salins (Martigues) ou Pavillon Noir (Aix)
Les études sur la typologie du public du spectacle
vivant ne manquent pas : on sait que le «non public»
est majoritaire (51% ne sont pas allés au spectacle
durant les 12 derniers mois), que le «public occasionnel» (qui est sorti au spectacle vivant 1 à 2 fois
dans l’année) représente un tiers de la population, et
que parmi ceux-ci la moitié vont voir des spectacles
d’amateurs parce qu’ils connaissent quelqu’un qui
joue. (source MCC.DEPS année 2008)
On sait aussi que le public populaire, en dehors des
représentations scolaires, est très rare.
L’enquête de 2008 du ministère de la Culture dresse
un tableau détaillé des publics et répond à la question
«Êtes vous allés au cours des douze derniers mois à
un spectacle de...» pour 100 personnes interrogées
dans chaque catégorie
11
Source : Enquête Pratiques culturelles des Français, 2008 - DEPS ministère de la Culture et de la Communication
On voit que la fréquentation des spectacles et
concerts dépend très fortement du niveau de
diplômes, et de la catégorie socioprofessionnelle.
Les études sur les origines «ethniques» des
spectateurs en revanche n’existent pas pour
la raison légale évoquée, mais les Arabes et
les Noirs sont visiblement très rares dans les
salles de spectacles.
Les causes du rejet
Quelles en sont les raisons ? Le prix des places
y a une part : chômeurs, employés, ouvriers
assistent plus volontiers à des spectacles gratuits, et les arts de la rue sont moins clivants
que les autres domaines du spectacle vivant.
Mais les arguments avancées par les classes
populaires pour ne pas aller au théâtre ne
sont pas celles-ci, mais un «ce n’est pas pour
moi». Peur de ne pas comprendre ? L’absence
de représentation des classes populaires sur les
scènes, pourrait expliquer que le public ne soit
pas intéressé, ne s’y sentant pas représenté.
La réponse est cependant à nuancer : le hip
hop, le rap rassemblent des publics plus divers
mais les festivals de Théâtre arabe intéressent
peu les publics issus de l’immigration. Une
metteur en scène Franco Ivoirienne comme
Eva Doumbia, lorsqu’elle fait jouer des femmes
noires sur la condition Afropéenne à la Criée,
rassemble un public un peu plus mixte, mais
majoritairement blanc. Mais lorsqu’une chorale
amateur de femmes comoriennes intervient
dans un spectacle sur l’histoire des Comores
(Kara, une épopée comorienne, de Salim Hatubou, joué à la Friche), de nombreuses familles
comoriennes sont dans la salle.
Les œuvres populaires
«Tout ce qu’ils nous donnent, c’est des idées
pour nous endormir.»
Il s’agit d’examiner cette phrase prononcée
par un Parisien de 28 ans lors des émeutes de
2007 à Villiers-le-Bel. Les spectacles vivants
que «nous» présentons sur nos scènes sont-ils
faits pour «les» endormir ? Si la réponse est
certainement négative pour le spectacle vivant
public, l’affirmation que la culture vient d’un
«ils» (les artistes ? Les écrivains?) vers un
«nous» (le peuple ? les pauvres ?) est claire
tout autant que son rejet est grand.
Face à cet art vivant fait par une élite intellectuelle masculine issue de catégories socioprofessionnelles supérieures, faire un constat
d’échec de la démocratisation culturelle est
facile, mais inexact. D’une part parce que l’élargissement sociologique progressif du public est
une réalité, d’autre part parce que le public du
spectacle vivant est de plus en plus nombreux.
Une des réponses fréquentes à ce constat d’un
art clivant sociologiquement est de proposer
des œuvres que l’on juge «populaires». Mais le
sens de ce mot est très variable : il se confond
parfois avec des propositions bénéficiant d’une
notoriété médiatique.
La question d’un art populaire au sens de fait
par des artistes issus de la «diversité» est
rarement posée, à l’exception de la musique
(musiques du monde, rap, slam, rock) ou de
la danse hip hop.
Par ailleurs l’intégration dans les spectacles
professionnels de groupes amateur, en particulier de chorales, prouve que ces questions
préoccupent les artistes. De même que les
spectacles participatifs, qui sont co-écrits et/
ou co-interprétés par des volontaires amateurs non constitués
en groupes.
Ouvrir les portes
Reste ouverte, et la perspective est
passionnante, l’idée d’un spectacle
vivant qui, fabriqué par tous, représenterait d’autres problématiques.
Sans tomber dans l’essentialisme,
il est à parier que des artistes
femmes, des artistes différents
par leur origine sociale ou par
leur culture métissée, parleraient
autrement, et inventeraient les
nouvelles formes qui découlent
de nouveaux propos. Et pas seulement dans les marges du hip hop
ou du rap. Il s’agit de fabriquer
un art populaire qui ne soit pas
mineur, ni pauvre par ses formes,
qui ne soit pas non plus désintégré par son intégration dans la
Haute Culture...
AGNÈS FRESCHEL
12
La scène nationale du Merlan a souhaité réagir à un article
paru dans notre édition précédente. Nous lui ouvrons
donc nos colonnes, et répondons par quelques précisions
Droit de réponse
A

près lecture de votre article
paru dans le n°78 de Zibeline
intitulé «Les problèmes du Merlan» et
sans remettre en cause votre liberté
d’opinion et d’expression, l’équipe du
Merlan souhaite pouvoir rectifier dans
vos pages des inexactitudes concernant
sa programmation en cours et le
public qu’elle est censée concerner.
Vous vous demandez si le Merlan, en
attente de sa nouvelle direction, a
bien une saison», mentionnant
«quelques dates et une création
de François Cervantes».
Outre, en effet, cette Épopée du grand
Nord sur laquelle cet artiste travaille
depuis plusieurs mois, la saison
2014/2015 du Merlan (programmée
par Nathalie Marteau et Jean-Marc
Diebold avant leur départ) compte 10
autres créations, dont trois 1ères. Ce
soutien à la création, axe essentiel
de l’action du Merlan, se concrétise
surtout dès la genèse des projets
des artistes : accompagnement en
coproduction (12 en 2014/2015),
accueils en résidence de répétition
ou de recherche. Nous pouvons
également nous réjouir d’accueillir,
entre autres, Vader de Peeping Tom ou
encore The roots de Kader Attou – Cie
Accrorap. Citons aussi des partenariats
importants et surtout pérennes
avec les festivals Actoral, Dansem,
Parallèle, Groove 13 et la nouvelle
Biennale Internationale des Arts du
Cirque. En tout Le Merlan propose
48 représentations. S’y ajoute une
trentaine d’autres rendez-vous faisant
partie des actions artistiques gratuites
et ouvertes au public : ateliers, stages,
projets participatifs et éducatifs,
répétitions générales, restitutions de
travail de compagnies en résidence
(Camille Boitel, Carole Errante,
Gustavo Giacosa, Edith Amselem...).
Vous écrivez que les formes que nous
proposons «n’intéressent à peu près
Précisions de la rédaction
plutôt ceux qui sont satisfaits, et
ous remercions à notre tour
que les professionnels présents s’en
l’équipe du Merlan pour
N
abstiennent : si 316 spectateurs ont
l’attention qu’elle porte à Zibeline et à

ses articles, et pour la reconnaissance
qu’elle a de notre travail.
Nous tenons cependant à
préciser plusieurs choses.
L’enquête «public» qui est citée
a été réalisée dans les conditions
d’un stage. C’est un travail précis
et aux conclusions bien tirées,
mais qui porte sur le dépouillement
de 316 questionnaires, recueillis
lors de 4 spectacles seulement.
En tirer des conclusions sur la
composition générale du public du
Merlan est peu prudent : ainsi les
0,3% d’ouvriers représentent par
exemple 1 seul spectateur. On sait
par ailleurs que dans les enquêtes de
satisfaction, seuls certains «profils»
de spectateurs répondent, en général
répondu parmi les 2143 personnes
présentes lors des 10 représentations
retenues, ils ne sont sans doute pas
représentatifs du public d’une saison
du Merlan, et un sondage diligenté
par une scène nationale devrait
reposer, après cette enquête rapide,
sur un échantillon plus large, avec
des outils de pondération sérieux.
Par ailleurs, nous n’avons jamais remis
en cause l’équipe du Merlan : travailler
pour cette scène nationale située
au cœur d’arrondissements pauvres
et délaissés est particulièrement
difficile. Les actions artistiques
auxquelles il est fait référence,
l’attention particulière portée à la
création, la capacité de construire
des partenariats au long cours avec
que le public professionnel». Nous
invitons à consulter nos dernières
statistiques de fréquentation (www.
merlan.org/lannexe/detail/etudepublic/). Nous nous prévalons d’un
public fidèle, et sûrement l’un des plus
jeunes des scènes nationales : 40% de
notre public a moins de 35 ans, et 20%
provient des 4 arrondissements du nord
de Marseille. Nous ne considérons pas
ces pourcentages comme suffisants,
mais ils ne méritent pas, pourtant,
de ne pas être mentionnés.
Merci, enfin, à vous, et à votre équipe
pour ce droit de réponse et le travail
que vous menez courageusement
pour diffuser la culture et les cultures
sur Marseille et son territoire.
JEANNE-VALÉRIE HELD,
directrice du pole public et communication
le
Merlan, scène nationale à Marseille
les manifestations accueillies en
ses murs, sont effectivement un
des traits caractéristiques de la
programmation, précieuse, de la
scène nationale. Et c’est parce que
nous considérons le Merlan comme
indispensable et précieux, que nous
avons déploré le petit nombre de
spectacles programmés en 2014 :
une vingtaine de représentations
entre janvier et juin dans la salle,
puis cinq soirées proposées entre
octobre et décembre, dont deux par
Actoral et une par Dansem... Si à
partir de janvier la programmation
redémarre effectivement, la
pauvreté de l’année qui s’achève est
indéniable, et la presse est en droit,
voire en devoir, de le constater.
AGNÈS FRESCHEL,
Zibeline
13
Nomination
en rétropédalage
Le recrutement «à trous d’air»
du directeur artistique de Villeneuve
en Scène crée la polémique
A
près moult rebondissements, on sait qui remplacera Frédéric Poty, directeur artistique du festival des théâtres
en itinérance depuis 2004, candidat malheureux à sa propre
succession, pourtant seul à passer le 2nd tour parmi les 5 en lice.
Si le nom de Catherine Dan, directrice de la Chartreuse -bien
que non candidate et membre du jury de sélection- a émergé
fin octobre, l’intéressée a finalement décliné.
C’est donc Brice Albernhe, qui a monté les Nomade(s) de la
Scène de Cavaillon puis fut responsable du spectacle vivant au
CG 74, qui donnera «le nouvel élan» désiré par la ville et sa régie
autonome (interne depuis juillet). «Je me veux continuateur
du festival dont le cadre forain restera la base», rassurait-il le 6
nov lors de sa nomination surprise, souhaitant élargir aux Arts
de la rue et à la danse, re-questionner l’accueil des compagnies
(qui jouent à la recette), développer les synergies avec le In,
le Off, et la Chartreuse. Si ses compétences sont indéniables,
on peut néanmoins s’interroger sur le repêchage d’un candidat
resté à la porte du 1er tour, alors que Frédéric Poty était prêt à
rempiler. «Sur la polémique de recrutement, on peut imaginer
qu’il y a eu des trous d’air, mais je ne suis pas là par hasard,
se défendait le nouveau directeur, je connais mon travail !»
Mais pour F. Poty, si «le divorce est consommé», «la procédure
démocratique de l’appel d’offres» reste indigeste. Il a lancé une
pétition en ligne (sur mesopinions.com) «pour des procédures de
nomination transparentes». «Et pour dénoncer le comportement
de la régie. On m’a poussé dehors !» clame-t-il, outré, autant
que les tutelles qui risquent de «retirer leurs billes», selon lui.
Lorsque Jean-Marc Roubaud, maire de Villeneuve-lez-Avignon,
lui annonçait en juin qu’un recrutement s’engageait suite à de
«nombreuses demandes», F. Poty a joué le jeu «pour formaliser
[son] poste». Mais pour le maire «ses exigences ont fait qu’on
n’a pas pu continuer à fonctionner avec lui». Ce que conteste
l’intermittent éconduit : «J’ai juste posé la question de la rémunération sans en faire une clause finale.» Une éviction due aux
prétentions salariales, à une esthétique trop resserrée centrée
sur des équipes artistiques peu renouvelées, à une difficulté à
collaborer avec les festivals voisins ?
La nomination reste opaque, même si J-.M. Roubaud l’a ainsi
clarifiée : «Je ne voulais pas nommer un directeur dans le secret
de mon bureau, d’où l’idée d’organiser un jury consultatif pour
la désignation. Mais c’était une aide à la décision, pas un appel
d’offres. La page est tournée.» Pour F. Poty aussi, qui alerte
cependant : «Il n’y a plus d’archives, pas de programmation,
pas d’équipe, pas de passation, pas de subventions demandées.
Ils repartent à zéro. C’est ubuesque !». Avec le risque de voir ce
festival international redevenir une manifestation municipale.
DELPHINE MICHELANGELI
www.villeneuve-en-scene.com
Un nouveau
théâtre à Aix
A
ouvert ses portes le 14 novembre un nouveau théâtre,
le Théâtre d’Aix. On ne peut que se réjouir en des
temps moroses pour le spectacle vivant, de l’apparition d’un
nouveau lieu, porté par l’expérience du Piccolo théâtre et le
dynamisme militant de Denis d’Antoni. Ce théâtre de trois
cent quatre-vingt places offre une programmation éclectique
de qualité, musique, cirque, danse, théâtre, du plus classique à la création contemporaine. À cela ajoutez une école
d’acteurs de théâtre et de cinéma qui en quatre ans prépare
les artistes à la vie professionnelle, leur offrant le théâtre
comme première scène. La programmation ne projette pas
moins d’un spectacle par semaine, multipliant les registres.
Fort de l’expérience de ses maîtres, Ariane Mnouchkine et
Jean Périmony, accompagné pour la programmation musicale par l’expert qu’est Hubert Woringer, dont on connaît
le talent (Duo KW) et la bienveillante clairvoyance (Festival
autour des Claviers), Denis d’Antoni dirige ce lieu magique
tout en conservant le Piccolo théâtre. On aura le bonheur
d’entendre Julien Brocal (Zibeline 31) et son piano inspiré,
interpréter Chopin et Beethoven ; On applaudira un petit
bijou, J’ai tué Maurice Thorez, interprété par Gilles Ascaride et Gérard Andréani : un homme d’une soixantaine
d’années demande à être jugé pour le meurtre de Maurice
Thorez. Impossible direz-vous, il s’est éteint de sa «belle
mort». Mythomanie ou vérité ??? Problématique artistique
s’il en est. On s’attache aux classiques contemporains avec
Les règles du savoir-vivre dans la société moderne de Jean
Luc Lagarce dans une mise en scène de François Thomas,
puis on passe au quasi-mime avec le cruel, burlesque et
poétique Monsieur et Madame O de La Volga et la Cie MMO.
On peut se demander comment le Théâtre d’Aix -initiative
privée qui ne compte pas demander de subsides publics,
mais vivre de ses recettes et de l’investissement de la
banque Martin Maurel-, pourra trouver un équilibre et
remplir sa salle, dans un pays d’Aix qui ne manque pas de
scènes et de propositions, musicales comme théâtrales. Le
Théâtre d’Aix va-t-il devenir incontournable ? c’est ce que
nous pouvons lui souhaiter !
MARYVONNE COLOMBANI
À venir
J’ai tué Maurice Thorez
les 22 et 23 nov
Les règles de savoir-vivre dans la société moderne
les 29 et 30 nov
Monsieur et Madame O
les 5 et 6 déc
Récital de piano Julien Brocal
le 12 déc
Le Théâtre d’Aix
04 42 33 04 18
www.letheatredaix.fr
14
À Marseille Raymond Depardon hisse les couleurs au MuCEM,
et révèle son regard humaniste de photographe, et de cinéaste
Penser en couleurs
Un moment si doux consacre
l’œuvre photographique en couleur
P
résentée à Paris au Grand Palais en 2013, l’exposition fait escale au MuCEM enrichie de 40
clichés dont 23 réalisés cette année à Marseille.
En deux volets et 137 photographies, le parcours
sélectif et ouvert à la fois s’ouvre avec Les années
déclic mêlant reportages et sujets plus personnels,
des débuts à l’âge de seize ans (l’autoportrait au
scooter), aux J.O. d’Albertville, la campagne présidentielle de Nixon de 1968, les réfugiés touaregs, le
Chili un an avant Pinochet, Beyrouth (1978/1981),
la série commandée par Stern sur Glasgow (1980)
qui n’avait jamais été publiée, la plus sombre aussi.
Rouge
«Je chargeais mon appareil photo avec un film couleur,
mais je ne pensais pas en couleurs.» Ce sera grâce
à une commande de la DATAR sur le paysage en
France dans les années quatre-vingt, que la couleur,
présente pourtant dès ses débuts, devient évidente
pour Raymond Depardon. Elle s’impose comme un
médium à même de rendre compte de la vérité du
moment. Exit le noir&blanc. Le photoreporter a
désormais cédé la place à l’observateur bienveillant, poursuivant la longue lignée des photographes
humanistes. Le second volet, Un moment si doux,
emprunte son titre à un lot d’archives en couleurs
ressorties récemment et à l’origine de l’exposition
parisienne. De très beaux et grands formats, des
carrés élégants constituent un ensemble plus récent
et composite. Les images racontent des bribes d’histoires captées en différents pays, dont certaines
scènes semblent se répondre d’une rive à l’autre
à travers une attitude, une ombre, la lumière, et,
à bien y regarder, la couleur rouge comme un fil
involontaire dont l’origine remonterait au tracteur
familial pour ressurgir ailleurs, dans un instantané en
Ethiopie, à Nice ou Marseille. Un beau livre (éditions
Xavier Barral) évoque les rivages et les habitants du
pourtour méditerranéen, mêlant
cette fois clichés noir et blanc et
couleur, pour rapprocher Alger,
Naples ou Alexandrie et Marseille,
ville «monde» de laquelle Raymond Depardon appareilla pour
son premier reportage.
Marseille, qui apparaît captée
en quelques jours loin des clichés touristiques mais aussi des
photographies tragiques de ses
misères : la pauvreté est là, le
cosmopolitisme, mais transcendés
par un sourire, une mère qui offre
une glace à la fraise, une jeune
femme qui retouche son maquillage dans le reflet d’un tabac,
une autre portant voile avec son
compagnon, face à la mer.
CLAUDE LORIN
Raymond Depardon,
Un moment si doux
jusqu’au 2 mars
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13
www.mucem.org
Harar,
Éthiopie, 2013
© Raymond Depardon
- Magnum Photos
15
Depardon cinéaste
«R
aymond est autant cinéaste que photographe. Dès qu’il a un moment, il
roule du nord au sud pour photographier la
France. Moi, le camping-car, c’est pas mon
truc» nous dit Claudine Nougaret, collaboratrice et épouse de Raymond Depardon. Sauf
que ce n’est pas seulement leur pays que le
couple montre dans le documentaire pourtant
appelé Journal de France. On y retrouve des
situations politiques instables en Afrique,
continent qui tient à cœur à Depardon. La
France est elle-même filmée dans sa violence
sociale... puis elle disparaît, on retrouve
de simples prises de vues de villes, de paysages, d’interactions au tribunal... Raymond
Depardon s’adresse directement au spectateur, expliquant sa manière de filmer et de
photographier particulièrement méticuleuse ;
et Claudine Nougaret analyse son style en
voix off, contextualise sa filmographie. Car
Journal de France est une tentative de dévoilement d’un travail que le public connait
mal. On y retrouve également des bribes
de films censurés du temps de Giscard, et
des images plus fantasques lorsque Claudine
Nougaret est elle-même filmée : ce premier
film cosigné du couple Depardon-Nougaret
est touchant et simple...
Douleur quotidienne
Nelson Mandela qui se recueille. L’Ethiopie
et sa civilisation, loin des clichés d’un pays
effrayant... Depardon est resté en Afrique
de juillet 1993 à février 1996 pour réaliser Afriques : comment ça va avec la douleur ? juste après le génocide Rwandais,
dans la région des Grands Lacs, au Burundi.
La séquence qu’il consacre aux réfugiés est
révélatrice de sa démarche, si pudique envers
la détresse des victimes, qu’il veut montrer
pourtant, sans la mettre en scène. Dans ce
documentaire, Depardon nous montre également le village où il a tourné La captive
du désert, film qui s’inspire de l’histoire de
l’archéologue Françoise Claustre prise en
otage au Tchad. Il reconstitue à travers une
fiction la prise d’otage qu’il avait suivie en
tant que reporter. La traversée du désert est
aussi difficile que la vie quotidienne dans le
village du tournage. Lorsque Depardon parle
du tournage et de Sandrine Bonnaire qui
interprète le rôle principal aux côtés des
villageois, le malaise est palpable chez les
habitants. Car Sandrine Bonnaire, dans La
captive du désert, est prisonnière d’un monde
auquel elle voudrait échapper malgré la présence de la tribu nomade accompagnant le
groupe armé qui tente de sympathiser avec
elle. Documentaire et fiction sont liés et les
paysages dévoilent peu à peu leurs dangers
et leurs histoires...
Ces films ont été projetés
au MuCEM, Marseille
du 7 au 9 novembre
Écoutez aussi l’entretien
avec Alain Paire sur WRZ.
Approcher la folie
Ancien monastère converti en hôpital psychiatrique, San Clemente est filmé par Depardon
qui se déplace avec Sophie Ristelhueber,
suit les allées et venues des patients qui
déambulent, fait des détours brusques au
gré des micro-événements qui surviennent,
un avion qui passe, un écran de télé... Une
microsociété apparaît, à laquelle l’équipe
de tournage prend par : on leur offre une
cigarette, on fait la bise à la preneuse de
son, on les chasse avec un balai… Si certains pensionnaires ont un discours et un
comportement incohérents, d’autres agissent
de manière simplement décalée : un patient
explique qu’il est là pour alcoolisme et qu’il
s’y sent bien. Certains sont violents, les autres
bricolent. Mais cette vie est sans but, comme
le montrent les diverses déambulations des
uns et des autres dans la vaste salle des
pas perdus...
Urgences illustre aussi cette absence de but.
Mais là où San Clemente se veut Beckettien,
Urgences montre un visage de la folie plus
brutal. Dans les urgences psychiatriques de
l’Hôtel-Dieu à Paris, Depardon a su se rendre
invisible afin de mieux rendre compte de la
relation patient / psychiatre. Pour preuve,
les docteurs étaient d’abord réticents à le
laisser entrer dans les lieux : schizophrènes,
paranoïaques, dépressifs, alcooliques, suicidaires, mythomanes n’allaient pas se laisser filmer facilement. Pourtant, ceux qui se
livrent emploient des mots qu’on connaît
tous : solitude, surmenage, angoisse. De
l’alcoolique en pleine crise au vieil homme
ayant tenté de se suicider, en passant par
la mère séparée de son enfant et révoltée
de son sort, chacune des personnes souffre.
Les professionnels de l’urgence psychiatrique
sont confrontés en permanence à des malades
oubliant le monde autour d’eux. Il s’agit pour
le personnel d’accueil de dédramatiser la
situation de crise pour faire retomber cette
tension qui peut conduire au pire. Un film
profondément humain. ALICE LAY
Crise grecque ?
Q
uestionner la notion de crise ? Il est
temps, puisqu’elle dure depuis 40 ans...
Pourquoi nommer ainsi l’effondrement que
vivent les pays du sud de l’Europe, et la Grèce
en particulier ? Stefanos Tsivopoulos est un
artiste passionnant, par son propos, la force
de ses images et de son dispositif. Son exposition History Zero conçue pour la biennale
de Venise 2013 a bouleversé le public, introduisant une critique de la valeur capitaliste
dans un monde souvent consensuel... Elle
est conçue en trois films qui se complètent,
autour d’un dispositif documentaire sur la
valeur de l’argent. Autour de cette exposition
une programmation de rencontres, projections
et spectacles : ce temps fort se demandera
d’où la crise grecque a surgi, en particulier
en projetant un documentaire sur Goldman
Sachs, la banque qui dirige le monde ; mais
aussi si on peut sortir du capitalisme financier, et comment… Par la frugalité, par un
nouveau système économique ou politique,
par une revendication égalitaire, et la dénonciation de la ploutocratie ? Par un travail de
mémoire sur les cicatrices des guerres civiles
et dictatures ? Panagiotis Grigoriou, Takis
Theodoropoulos, Petros Linardos... seront
présents, et cela promet d’être passionnant !
A.F.
History Zero
jusqu’au 21 avril 2015
Après la crise
du 19 au 23 nov
www.mucem.org
Écoutez aussi l’entretien de WRZ avec
Stefanos Tsivopoulos par Marc Voiry
16
Rencontres
des Méditerranées
C’
est un homme de radio qui prend la relève
de Thierry Fabre à la tête des Rencontres
d’Averroès, organisées par Espaceculture Marseille.
Emmanuel Laurentin, animateur de La fabrique de
l’histoire sur France Culture depuis 1999, et du cycle
Le temps des archives au MuCEM depuis 2013, ouvre
cette année les débats aux «autres Méditerranées».
Comment ? La mare nostrum n’est-elle pas unique
en son genre ? Pour Olivier Poivre d’Arvor, directeur
de France Culture qui coproduit désormais les Rencontres, il est «d’autres bassins de culture, de conflits
et de métissages», d’autres «carrefours de commerce
et d’idées», «d’autres endroits où se sont inventées
des relations de voisinage inédites entre populations
différentes». Ainsi la mer de Chine méridionale ou les
Caraïbes... autant d’espaces tumultueux à explorer
lors de cette édition 2014, la 21e.
Tables rondes
On ne dira jamais assez l’importance des cartes en
matière de compréhension du monde : la conférence inaugurale qui se tiendra au parc Chanot le
28 novembre sera prononcée par Jean-Christophe
Victor, du Laboratoire d’Études Prospectives et Cartographiques. Elle portera sur «D’autres Méditerranées ? Une approche comparative et cartographique».
Le lendemain auront lieu les traditionnelles tables
rondes, à 10h, 15h et 17h. La première réunira
Pierre-Yves Manguin (historien et ethnologue,
spécialiste des réseaux marchands en Asie du SudEst), Philippe Pelletier (géographe, dont les travaux sur le Japon font autorité), et Danielle Tan
(enseignante en science politique/études asiatiques
à Lyon) autour du thème «Une Méditerranée en mer
de Chine». Ils s’attacheront à révéler la cohérence de
cet espace, entre Taïwan, Hong Kong, les Philippines
ou la Malaisie... malgré les tensions inhérentes à la
cohabitation de populations aux parcours contrastés.
La seconde traitera de «L’exemple caraïbe», un univers si proche du continent américain, et pourtant
si différent. Daniel Maximin (romancier guadeloupéen), l’historienne de Cuba Romy Sanchez,
Maboula Soumahoro (spécialiste des diasporas
afro-américaines), et enfin le géographe haïtien
Jean Marie Théodat plongeront dans son histoire
mouvementée, depuis le génocide perpétré par les
colons européens sur ses habitants pré-colombiens,
en passant par l’esclavage, jusqu’aux espoirs des
populations métissées d’aujourd’hui.
La dernière table ronde se demandera s’il est possible de «Comparer l’incomparable ?», avec le grand
Emmanuel Laurentin © Radio France - Christophe Abramowitz
médiéviste Patrick Boucheron, Khalil Joreige ou
Joanna Hadjithomas (réalisateurs et plasticiens
libanais), et Mostafa Hassani-Idrissi qui enseigne
la didactique de l’histoire à l’université de Rabat.
Un retour en Méditerranée, indispensable après ce
cheminement exotique, parce qu’il faut bien l’admettre avec Emmanuel Laurentin : elle «nous semble
différente et, pourquoi pas, inimitable.»
NB : la librairie L’odeur du temps tiendra un stand
bien achalandé dans l’auditorium principal des Rencontres, avec les ouvrages des auteurs invités et
une bibliographie des sujets abordés.
Sous le signe d’Averroès
Comme nous vous l’annoncions dans le n°78, un
programme culturel très étoffé précède et accompagne les Rencontres. Sous le signe d’Averroès décline
dans toute la région bon nombre de rendez-vous
artistiques : théâtre, cinéma, mais également conférences et lectures. Ainsi le 21 novembre à Miramas,
aura lieu une rencontre-débat avec Jihane Sfeir et
Salam Kawakibi, suivie d’une lecture de La maison,
un texte d’Arzé Khodr déjà interprété avec talent
par les élèves de l’ERAC lors de l’édition 2013. Le
23 au cinéma Utopia d’Avignon, la projection de
Rue Cases-Nègres, film d’Euzhan Palcy sorti en 1983,
sera précédée d’une proposition d’Eva Doumbia,
Petites et autres histoires des filles de mer (également à Aix, le 24).
Les 28 et 29 novembre à Marseille, autour des conférences, entre le petit et le grand auditorium du parc
Chanot, documentaires et films courts jeune public
seront diffusés. Le public des Rencontres bénéficiera
également, comme l’an passé, de «virgules musicales» pour se délasser entre les sessions. Enfin, le
concert de clôture sera assuré par
le virtuose de la vielle chinoise
erhu, Guo Gan, accompagné de
Gildas Boclé en quartet.
GAËLLE CLOAREC
21e Rencontres d’Averroès :
«D’autres Méditerranées ?»
les 28 et 29 nov
Sous le signe d’Averroès
du 7 au 30 nov
04 96 11 04 61
rencontresaverroes.net
18
LUX à l’Eden
C
haque année, depuis 2007, le
Parlement européen attribue
le LUX Film Prize (Prix LUX) qui
a pour but de soutenir la diffusion des films en Europe, tout en
stimulant la réflexion et le débat
à l’échelle européenne. Les trois
films finalistes ont été sous-titrés
dans les 24 langues de l’Union
européenne, et sont projetés dans
plus de 40 villes et 18 festivals
européens afin qu’un grand nombre
de spectateurs puisse les découvrir.
C’est à l’Eden Théâtre de La Ciotat
que ces trois films qui traitent de
diverses problématiques sociales,
et tout particulièrement de la jeunesse, sont proposés gratuitement
les 10, 11 et 12 décembre grâce
à un partenariat avec le bureau
d’information du Parlement européen de Marseille.
Après les projections, les spectateurs pourront dialoguer avec des
parlementaires européens et des
professionnels du cinéma.
C’est par un film polonais, Ida
de Pawel Pawlikowski, que
sovražnik (L’Ennemi de classe),
inspiré d’un fait réel, qui aborde
la relation difficile entre un professeur remplaçant et une classe
de lycéens qui ne supporte pas ses
méthodes pédagogiques.
Lequel de ces trois films obtiendra
le prix LUX, choisi par les députés européens, à Strasbourg,
sera adapté pour les personnes
malentendantes et malvoyantes
et promu au moment de sa sortie
internationale ? On le saura le 17
décembre. En attendant, profitons
de cette chance de les découvrir
ou les revoir.
ANNIE GAVA
© Lilies Films/Trigon-Film/Memento Films
commenceront les LUX film days
de la région : un retour sur le
passé de l’Europe et le portrait
d’une jeune orpheline polonaise
au début des années 1960 face à
ses problèmes d’identité.
Suivra Bande de filles, le troisième
long métrage de Céline Sciamma
(voir nos critiques sur www.journalzibeline.fr).
Et pour terminer, le premier film
du Slovène Rok Biček, Razredni
Chants de Noël du CG13
D
epuis plus de 20 ans le Conseil général des Bouches-du-Rhône propose
des Chants de Noël, gratuits, dans tout
le département. Ces instants de partage,
liés à la Nativité, souffrent parfois de
leur succès tant il est parfois difficile de
trouver une place assise dans les églises
où les concerts ont lieu... si l’on ne s’y
présente pas très en avance ! Durant près
d’un mois précédant le 25 décembre 2014,
55 concerts sont affichés et sont interprétés par des artistes confirmés. Leur
qualité est remarquable et ils permettent
de faire belles découvertes dans la large
palette qu’offrent les répertoires sacrés
et traditionnels du domaine.
l’Île de Beauté), mais aussi un répertoire
de chants polyphoniques bulgares et d’airs
des Tziganes de Hongrie et Roumanie par
l’ensemble Nova Zora (Noël du Danube),
une création de Simon Bolzinger autour
de prières hispaniques, tambours d’Afrique,
maracas et autres instruments amérindiens
(Noël du Venezuela), les voix d’enfants de
la Chorale Anguélos avec la soprano Lucille
Pessey ou le ténor Julien Dran (Noëls et
Airs classiques), la Maîtrise des Bouchesdu-Rhône avec un programme consacré
à Bach (Noël baroque) et des spirituals
traditionnels ou modernes afro-américains
avec Gospel for you family (Noël Gospel).
JACQUES FRESCHEL
Six Noëls !
Une demi-douzaine de programmes, pour
tous les goûts, tournent à Marseille et
alentour. C’est souvent juste à côté de
chez soi !
On retrouve les belles voix a cappella d’A
Filetta et ses polyphonies corses (Noël de
Du 3 au 23 déc
Programmes complets et lieux
à télécharger sur www.cg13.fr
Prix LUX 2014
le 10, 11 et 12 déc
Eden Théâtre, La Ciotat
04 42 83 89 05
http://www.edentheatre.org/
http://www.europarl.fr/fr/
ue_et_vous/prix_pe/prix_lux.html
Avignon
est sur la place !
D
u 29 nov au 31 déc, spécialités provençales, décorations, santons, gourmandises et animations qui composent le
traditionnel Marché de Noël situé Place de
l’horloge, s’étendront aux places des Corps
Saints, des Carmes, Crillon et Pie (patinoire).
Les chalets qui composent cet habituel petit
village hivernal, avec sa centaine d’artisans
et producteurs, sont ainsi répartis dans tout
le centre ville selon leurs spécialités, avec un
plan de piétonisation agrandi mis en place
par la municipalité pour une circulation plus
aisée. Autre nouveauté, la crèche habituellement située dans le Péristyle de l’hôtel de
ville est déplacée à l’église des Célestins. De
quoi rendre l’intra muros attractif. Passés les
murs des remparts, les illuminations continueront-elles de briller ? DE.M.
www.avignon.fr
20
Éclats du Klap
Les Questions
de danse avaient
commencé fort avec
La Barbe bleue et
Tutu... et se sont
poursuivies dans
le même élan
C
onvivialité, dialogue, échanges
réels avec le public, la recette
fait mouche, d’autant que sur scène
les propositions les plus diverses
se succèdent, toujours généreuses,
souvent passionnantes. Et que dans
l’entrée les photos d’Agnès Mellon,
prises au vif, défilent, butin précieux
remémorant les soirées précédentes
revisitées par son regard...
Michel Kelemenis présentait
Zef !, un travail qu’il a conçu en
extérieur, pour le toit du Corbusier.
Dans l’espace de son studio il fallait imaginer l’horizon mais le vent
était là, passant parmi les jeunes
danseurs comme emportés par un
souffle, joliment. Explorant comment bouge un individu dans un
groupe, accrochant de malicieux
sourires aux visages, diffusant la
musique directement sur les corps
par un dispositif de haut-parleurs
portatifs, Zef construit un mouvement commun sans unisson... et
plein d’élan !
Autrement plus sombre était Outremer, la pièce de Sébastien Ly déjà
remarqué l’an dernier : surgissent
de l’obscurité des bouts de corps
mouvants, éclairés par bribes,
sculpturaux comme de la glaise,
mais animés de reptations fluides
et constantes. Puis la pièce s’anime
et s’éclaire, à peine, et nos regards
restent accrochés aux détails...
Fascinant !
Peut on grimper sans sommet ? Sans
doute ! Tout commence avec le
souffle, celui d’Antoine Le Ménestrel qui entre le premier en scène.
Puis celui de ses trois compagnons
s’amplifie avant d’être accompagné d’un autre, en registré, qui lui
donne une dimension symphonique.
Explorateurs d’un nouveau monde,
vertical, accessible à eux seuls, les
corps s’élèvent dans la lenteur, avec
une agilité déconcertante, naturelle
et fluide... Le mouvement s’alanguit,
Je suis fait du bruit des autres, Collectif 2 Temps 3 Mouvements © Agnès Mellon
la main caresse la poutre de métal ou le mur, le corps
semble en apesanteur dans les cintres. Suspendus, les
danseurs se dévêtent, chemise et pantalon glissent,
entraînés par le mouvement. La lumière latérale dessine la musculature parfaite de leurs corps presque
nus, créant des images époustouflantes de beauté.
Spécialisé dans la danse urbaine de façade, Antoine
Le Ménestrel s’oriente désormais vers des endroits
clos pour leur donner une dimension nouvelle, poétique. On suit en palpitant ces conquérants d’un autre
monde qui s’approprient un espace inaccessible aux
mortels qui restent, eux, irrémédiablement au sol.
L’édition 2014 se clôturait par une pièce participative,
conçue par le collectif 2 temps 3 mouvements
avec un groupe d’amateurs recruté à Marseille. Le
pari était relevé avec un beau sens du partage, sans
concession : car la pièce commençait par une vraie
performance, virtuose, des danseurs professionnels,
très athlétiques. Une confrontation avec un corps
mou qui s’effondre, s’aplatit, rebondit comme un
sac élastique, puis peu à peu entre en dialogue avec
un autre qui lui donne un peu de tenue, le rigidifie.
Les danseurs sont sans visages et encapuchonnés
et quand les autres arrivent sur scène on ne sait plus
les distinguer, ils font groupe, corps, répondant à la
lettre au titre : Je suis fait du bruit des autres interdit
aux amateurs de se donner en spectacle singulier, et
leur donne une vraie cohésion de groupe, anonyme.
Un beau pari, très réussi.
AGNÈS FRESCHEL et CHRIS BOURGUE
Les Questions de danse se sont déroulées
du 1er au 24 octobre à Klap, Marseille
Les anges dansent
À peine les Questions posées, le Klap repart à l’aventure !
C
e sera la 1re édition de FestivAnges, un nouveau
temps de danse qui sonne comme un manifeste de
l’esprit du lieu : des spectacles, souvent pour enfants,
des ateliers autour, un Bal des princesses emmené par
Philippe Lafeuille pour finir (venez déguisé !)... Et un
lien constant avec les nombreuses actions éducatives
entreprises à Klap, depuis la maternelle jusqu’à la
formation professionnelle.
Les spectacles sont à peine payants, les répétitions
commentées sont gratuites, et on pourra y revoir un
duo époustouflant de Fana Tshabalala, la restitution
d’un workshop mené par Emanuel Gat, Thomas
Lebrun qui s’essaye au jeune public, Christian Ubl
qui continue de questionner l’identité européenne
(pour public adulte), et la danse de Kelemenis, avec
Siwa qui s’explique, La Barbe bleue qui se construit,
Henriette et Matisse qui s’offre aux jeunes yeux (voir
p56). Pour que tout le monde danse (et les femmes ?)
A.F.
FestivAnges
du 20 nov au 19 déc
Klap, Marseille
04 96 11 11 20
www.kelemenis.fr
21
Deux Martini
E
in Torino est limpide, concis, qui
explore la relation de l’artiste au
public par sa présence et son acte
artistique. Dans une profusion de
gestes-signes et de ruptures, Andrea
Costanzo Martini redouble d’expressivité. Tout est trop long, trop
grand, trop petit, trop plié, démesuré, comme s’il voulait s’extirper de son corps. Relation… ou
confrontation ?
Andrea Martini © Jean-Claude Carbonne
n ouverture du 17e festival
Dansem, Andrea Costanzo
Martini a offert au public du Pavillon Noir la primeur de son duo avec
Matan Eltan Daskal, At the End
of Words créé en résidence à Aix.
Dans un espace dévoré par l’impact des images de l’écran vidéo,
saturé par les sons et les voix, ils
dansent, par deux, comme les œufs
au plat qui grésillent dans la poêle,
filmés en plan serré. Circonvolutions
facétieuses, désarticulations grotesques, corps fébriles : ils sont agités comme une nuit sans sommeil.
Les images défilent par séquence,
toutes inattendues : une princesse
annonce l’obscurité totale du monde
dans trois jours, le tambour d’une
machine à laver essore sans discontinuer à grand renfort de roulement… Seulement une semaine de
répétition et déjà la forme est très
aboutie même si, de l’aveu même
du danseur-chorégraphe formé
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
à la technique «Gaga» par Ohad
Naharin, il n’est pas toujours aisé
de se repérer : «Les personnages,
les situations, les mouvements, les
histoires et les sons se présentent
les uns aux autres inlassablement,
sans former de message clair.»
À contrario son solo What Happened
Tropical (At the End of Words
et What Happened in Torino,
1er Prix en danse et en chorégraphie
à la 17e Compétition Internationale
des solos de danse 2013
à Stuttgart) a été joué
les 6 et 7 novembre
au Pavillon Noir à Aix
dans le cadre de Dansem
(voir aussi p.51)
22
Dans le lard du dialogisme
R
watt ont défoncé nos oreilles,
Sarkozy et Hollande ont débattu
mesquinement sur un écran entre
deux sublimes discours politiques
noyés dans la frénésie de la danse
et la dérision. Comme Mychkine
au terme des désillusions il nous
faut vivre, espérer, être généreux
encore quand tout a déserté, que
les aristocrates sont décadents, que
les prolétaires abandonnent leurs
enfants dans le froid, que la jeunesse
confond amour et commerce de soi,
que la modernité impose sa vitesse
inhumaine, ses assourdissements.
Et comme dans le roman qu’il coupe,
adapte, farcit d’extraits hétérogènes
Vincent Macaigne ne propose pas
de réponse, mais la force vitale du
questionnement, de la révolte, de
la jeunesse. Et d’une scénographie qui ne cesse de s’écrouler,
de se traverser, s’encombrer de
décombres piétinés par des acteurs
tous incroyables. Qui parviennent
à nuancer d’émotions subtiles la
saturation sonore en hurlant à
pleine voix.
Tout éclate, y compris la joie. Et
l’idée que quelque chose existe qui
naîtra du chaos.
L’Idiot © X-D.R
évolution ! Révélation ! Événement de la rentrée théâtrale,
lit-on ici, provocation à courte vue,
voit-on ailleurs. Vincent Macaigne
a repris et transformé son Idiot créé
en 2009, rapidement arrêté pour
cause de santé. Et il y va fort :
accueillant les spectateurs par
des hurlements au mégaphone,
transformant les théâtres en boîtes
enfumées, hurlant le texte durant
trois heures sous des avalanches
de boue et de peinture rouge... On
comprend que les réactions soient
exacerbées ! Mais alors, courte vue
ou éblouissement ? Prenons-le par
un autre bout.
Dostoïevski est un auteur fascinant,
et difficile. Ses romans foisonnent
de longues tirades contradictoires
justement, exposant des points de
vue politiques sur le monde, la vie,
l’amour, la foi et l’espérance, tout
ça mêlé sans que jamais une opinion ne soit donnée comme juste,
et aucune autre comme infondée.
L’Idiot ne déroge pas à cette poétique à partir de laquelle Bakhtine a
théorisé le dialogisme (c’est-à-dire
l’interaction entre les paroles des
personnages, qui lorsque l’auteur/
narrateur ne prend pas parti, laisse
le lecteur libre de penser).
Vincent Macaigne par son actualisation de L’Idiot emprunte le même
chemin. Aujourd’hui. Il invente une
forme théâtrale faite de bribes exacerbées, jamais réalistes, évoquant
tout en même temps la situation
AGNÈS FRESCHEL
politique de la Russie Tsariste en
pleine révolution industrielle, celle
de notre présent français, de la lutte
entre capitalisme et libéralisme,
de l’échec des socialismes. Le
Prince, l’Idiot, Mychkine, lorsqu’il
parle enfin, fait éclater son inadaptation au monde, qui est aussi la
nôtre, spectateurs de cette salle de
théâtre qui écoutons cette parole
complexe dispensée dans le chaos.
La bière a coulé puis le sang, les
L’Idiot, Parce que nous aurions
dû nous aimer, a été joué à La
Friche, Marseille, dans le cadre
de la saison de la Criée hors les
murs, du 17 au 19 octobre
Témoigner jusqu’à la mort
L
e courage d’Anna Politkovskaïa
force l’admiration. La journaliste russe qui s’est élevée contre
la guerre et ses exactions en Tchétchénie a tout subi : elle a assisté
à tous les massacres, a témoigné
des tortures, des viols, a interrogé
les militaires, a été empoisonnée,
arrêtée, incriminée, intimidée, a
échappé à la mort, puis a été exécutée. Le texte de Stefano Massini, Femme non rééducable, est
composé à partir de ses articles,
de son journal, mais écrit comme
une tragédie, avec son avancée
inéluctable. Il a été porté sur scène
plusieurs fois ces dernières années,
par Mireille Perrier, par Anne Alvaro.
Aujourd’hui il évoque forcément
aussi ce qui se passe en Ukraine,
même si l’on sait qu’envers les
musulmans Tchétchènes, les «culs
noirs», les Russes ont été plus inhumains encore. Vincent Franchi a
pris le parti de théâtraliser le témoignage, de le rendre présent, introduisant des gros plans de visages,
des images subjectives. Soignant
les lumières aussi, et faisant jouer
les dialogues entre la journaliste
et les soldats incarnés par Amine
Adjina, il contourne autant qu’il
est possible la distance narrative
des articles pour faire ressentir le
présent de l’attentat, de l’empoisonnement, de la torture. Maud
Narboni s’empare du personnage
à fleur d’émotion, hallucinée autant
qu’elle par la violence de ce qu’elle
relate, criant l’impossibilité de choisir
son camp, entre les attentats des
Tchétchènes et les crimes de guerre
des Russes, portant le combat dans
ce devoir de journaliste qu’elle s’est
fixé, témoignant, témoignant encore,
enquêtant sans trêve, et relatant
sans juger, mais sans rien camoufler.
Elle apparaît dans son humanité, à
la fois fragile et obstinée, héroïne
qui va jusqu’au bout d’un combat
juste et perdu d’avance, parce qu’il
est insoluble, et parce qu’on ne
s’oppose pas à Poutine.
Une très belle proposition, qui
prouve une fois de plus le talent
d’un jeune metteur en scène, et
d’une comédienne, de la région.
A.F.
Femme non rééducable s’est
joué jusqu’au 26 octobre au
théâtre de Lenche, Marseille
À venir
les 28 et 29 nov
Espace Comedia, Toulon
04 94 42 71 01
www.espacecomedia.com
23
Les pieds dans l’eau !
ais quels clowns ! Et quels musiciens !
Mais aussi jongleurs, acrobates, cascadeurs, poètes… que ce duo offert par la Cie
Barolosolo. Tel Laurel et Hardy, le tandem
composé par Mathieu Levavasseur et William
Valet ne va pas l’un sans l’autre, enchaînant les
situations gaguesques et sans paroles avec un
sens de la poésie qui semble inné. À l’intérieur
d’une structure-kiosque surplombant un bassin
d’eau, deux chaises attendent les bonhommes
qui déboulent avec leurs instruments. Un concert
est visiblement prévu… mais pour cela il va bien
falloir mouiller la chemise. Chacun abordera ou
déjouera l’imprévu à sa manière, grimpant sur
des mâts de cocagne improvisés, ou plongeant
à plein «plouf» dans la grande bleue. Mêlant
intimement musique et cirque -on ne sait plus
vraiment quelle est la discipline de prédilection
de ces deux artistes-, ce spectacle de «cirque
enmusicané» comme ils le nomment, met face
à face deux protagonistes, l’un plutôt poltron,
l’autre sacrément polisson, qui cumulent les
initiatives pittoresques faites de petits riens, et
relèvent les défis acrobatiques pour se sortir
de la situation. Un ballet aquatique qui met à
l’honneur le son, du mât chinois qui devient flûte
au violoncelle à demi immergé et son acoustique
© Pidz
M
hors pair, pour ériger un monde clownesque
où l’acrobatie (et le travail !) révèle le sens de
l’amitié et la prise de risque nécessaire. De la
grâce à tous les étages, calibrée au millimètre
près, drôle, féérique, et une chute onirique et
délicieusement visuelle. Les enfants gloussent
allègrement, les parents sont aux anges !
O temps d’O a été joué le 30 octobre
à l’Alpilium de Saint-Rémy-de-Provence
et le 1er novembre à l’Auditorium Jean
Moulin, au Thor, accueilli dans le cadre de
la manifestation vauclusienne Cirques Divers
DELPHINE MICHELANGELI
Thérapie collective
I
ls mordent ces chiens (de Navarre), attaquent
à tout-va, cruels et révélateurs d’une société
qui part à vau-l’eau, mais tente par tous les
moyens de maintenir un équilibre qui ferait de
chacun de nous des citoyens exemplaires. Y
-a-t’il quelque démagogie dans cette démonstration aussi expansive qu’exutoire ?
Des «groupes de parole», mettons-le entre guillemets pour permettre à chacun de cheminer
tranquillement dans ses souvenirs, même imaginés, réunissent quelques paumés en quête
de recettes miracles, autour de thématiques
que l’inconscient collectif connaît –Mieux-vivre
ensemble, réunions de Pôle Emploi, crise de
couple en voiture et autres joyeusetés- pour
mieux les dézinguer sans se soucier des suites
psychologiques que cela pourraient entraîner. Le
traitement n’est pas en option, ou alors cathartique, à voir ; car le rire libère, collectif, quand
bien même on se retrouverait singulièrement
épinglé par ces fous furieux, qui se moquent
avant tout d’eux-mêmes. Là est le secret d’un
spectacle-miroir qui apprivoise le public pour
l’amener sur les terres mouvantes d’une introspection qui se cache toujours derrière un jeu
débridé et la pulvérisation des codes de représentation. C’est drôle et cruel, acide et caustique,
et très sérieusement léger !
DOMINIQUE MARÇON
Quand je pense qu’on va vieillir ensemble a été
joué aux Salins, Martigues, le 13 novembre
24
L’art de la chute
Q
DELPHINE MICHELANGELI
Bounce ! a été joué à La Garance, scène
nationale de Cavaillon le 4 novembre
© Atelier de Paris
uand un grain de sable vient enrayer le système et rend le but à
atteindre inaccessible, qu’oser faire pour rebondir ? Comment
braver l’imprévu ? En lâchant prise ou à force de volonté ? C’est autour
de cette interrogation que la cie Arcosm, associée à La Garance pour
les trois ans à venir, a composé un pas de quatre théâtro-musico-dansé,
étonnant de positivité ! À la tête de la compagnie lyonnaise, un chorégraphe, Thomas Guerry, et un compositeur, Camille Rocailleux,
qui ont l’art de marier leurs disciplines spectaculairement -et de tourner dans le monde entier-, transformant leurs interprètes en poètes
vivants dans des pièces visuelles à la croisée des langages, mais sans
paroles, accessibles à tous les publics. À partir d’un exercice familier
(une structure-totem en milieu de scène fait obstacle aux interprètes),
deux danseurs et deux musiciens à corde, au départ clairement référencés, devront s’emmêler les pinceaux et forcer l’imaginaire pour gravir
la cime. Comme le bois de la structure, les liens se nouent, les corps
se font écho, les voix s’emmêlent, pour transformer l’échec initial en
attitude de dépassement. Une pièce franchement optimiste, même si
la difficulté n’est pas niée à travers des tensions relationnelles exaltées
par le son, qui engage à exploiter ses propres faiblesses et à croire en
l’autre pour atteindre des sommets. Et au milieu de ces quatre roseaux
dressés, coule sans doute une rivière…
Manifeste féministe
L
e Dynamo Théâtre poursuit
dans cette création son travail
sur la figure féminine –après Va
jusqu’où tu pourras, Vivre ! comédie
féminine…-, ainsi que son compagnonnage avec l’écrivain Michel
Bellier, auteur associé à la compagnie. Et c’est heureux ! Car cette
pièce, Les Filles aux mains jaunes,
est une merveille de théâtre !
Tout est juste dans cette évocation de la condition féminine d’une
époque pour le moins bouleversée,
celle de la Grande Guerre, durant
laquelle les femmes, filles, sœurs
de soldats devinrent les «obusettes», les «munitionnettes», les
«cartouchettes» de l’armée, images
magnifiques d’une dévotion sans
bornes, héroïnes dévouées à l’effort de guerre… au mépris de leur
santé, et de leurs droits. L’histoire est
connue, bien sûr, mais elle ici relatée
à la périphérie, et se concentre sur
quatre de ces femmes dont on va
connaître le quotidien, qui vont se
raconter dans les détails de leur vie.
3 d’entre elles sont droites devant
leurs machines, leur appliquant des
magnifiques comédiennes (Valérie
Bauchau, Céline Delbecq, Anne
Sylvain et Blanche Van Hyfte)
qu’accompagne le violoncelliste
Jean-Philippe Feiss ; la scénographie, simple et graphique, dans une
esthétique qui rappelle le cinéma
expressionniste des années 20,
évoque à la fois l’usine, les tranchées (subtil !), et la rue de laquelle
part la clameur, la prise de parole
qui enflammera durablement la
société française.
Il est maintenant à espérer que ce
spectacle soit visible sur des scènes
proches de chez nous…
DOMINIQUE MARÇON
© Isabelle Gachet
gestes mille fois répétés, ne vivant
que dans l’espoir d’un retour du
front de leurs hommes. Mais voilà
qu’une 4e arrive, jeune suffragette
qui va petit à petit leur apporter
un souffle de liberté et leur faire
trouver une place qu’elles n’avaient
pas encore. «Notre force s’arrête où
commence notre peur !» Pour ces
femmes qui n’envisagent la vie que
par les hommes, le choc est rude ;
mais salvateur. Car c’est bien au
début d’une émancipation féminine
qu’on assiste, aux prémices d’une
révolution sociale, du droit de vote
à l’égalité des salaires…
La mise en scène de Joëlle Cattino fait la part belle à l’écriture
ciselée, sans pathos, de Michel Bellier et au jeu incroyable des quatre
Les Filles aux mains jaunes
a été créé au Sémaphore,
Port-de-Bouc, le 17 octobre
À venir
le 7 mars
Théâtre Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.fr
25
Grand duo poétique
I
L’exposition qui accompagne le
spectacle est elle aussi inventive
et virtuose : vidéos, installations
numériques, décors jouent d’effets
d’optique et de projections illusionnistes, mais racontent aussi bien un
dédoublement cauchemardesque
que la traversée, avec des ados, d’un
espace scolaire. Ils jouent de tout,
y compris de la relation aux autres,
à la rue, au seuil, au lit, au flottement. On pourra les revoir : c’est
le dispositif Tridanse, qui regroupe
le 3bisF (Aix), le Citron Jaune (PortSt-Louis), le Vélo Théâtre (Apt) et
La Passerelle (Gap) qui a soutenu
ce projet si pertinent...
© Les Choses de rien
ls ont un côté surdoué, Boris
Gibé et Florent Hamon. Leur
spectacle a tout du duo burlesque
et emprunte au cinéma muet, mais
à 100 000 lieux de toute nostalgie :
dans la matière, l’effet majeur, la
technologie hyper maîtrisée, et la
force d’une jeunesse qui ancre son
propos dans son temps. L’acrobatie
et la danse se mettent au service
de l’envol, du trébuchement, de la
lutte ou de l’étreinte, et ces deux
corps incroyablement virtuoses composent un couple qui affronte les éléments, la pesanteur, et ses propres
défaillances. Et puis aussi quand
le décor s’apaise -car le décor est
peuplé d’éléments hostiles qui les
attaquent régulièrement- ils jouent
l’un contre l’autre, se charrient, se
déséquilibrent, s’obstruent, se trimballent, s’appuient, s’imbriquent....
Il est rare de voir un spectacle aussi
réussi visuellement : en général les
danseurs acrobates ne sont pas
de bons fabriquants d’images, ou
vice-versa... Ces deux-là ont un côté
James Thierrée, d’autant qu’ils ont
comme lui de l’oreille, et que leur
bande-son est d’une rare pertinence.
Mais contrairement à beaucoup de
circassiens, leur univers n’a rien de
passéiste ou décadent. S’ils citent
Brazil ou La Mort aux trousses, leurs
clins d’œil restent discrets : comme
Buster Keaton ils vivent dans un
monde hostile et y naviguent en
funambules, mais celui-ci a l’éclat
du présent.
Et ainsi tout commençA…
«J
e ne suis pas née pour haïr mais pour
aimer», affirmait Antigone dans la pièce de
Sophocle. Ce n’est pas à cette réplique célèbre
que s’est arrêté Jean-Charles Raymond, qui a
traduit et adapté le texte du dramaturge grec,
mais à la réponse de Créon : «Moi vivant ce
n’est pas une femme qui fera la loi», rattachant
la révolte de l’héroïne thébaine aux luttes d’aujourd’hui. Nous avons ainsi un Créon qui refuse
de parler à une femme sans voile. La révolte n’est
plus celle qui mettait en avant les valeurs de la
piété filiale, mais d’une manière plus générale
les droits de tout individu face au despotisme,
celui de disposer de son corps, de sa sexualité, d’enfreindre des lois sans fondement, de
décider de sa propre liberté, avec les échos
de la place Tahir, les mots de Federico Garcia
Lorca, et une esthétique à la Almodovar, pour
évoquer le coryphée du chœur antique. Une
arène ronde, des acteurs assis en bord de scène
qui deviennent personnages en pénétrant dans
l’espace circulaire de l’orchestra, une petite
table et une chaise pour Tirésias en robe rouge
et strass… L’Espagne est là, dans ces dialogues
violents, duels tauromachiques où la légende
tissée au présent dessine l’exigence de l’absolu,
AGNÈS FRESCHEL
Mouvinsitu a été créé
à la Passerelle, Gap,
le 7 novembre
de la révolte, présente jusque dans la finale
attribuée au prénom de la jeune femme, Antigona, un a sonore, ouvert, comme un cri jeté
à la face du monde. La fougue des comédiens
de la Cie La Naïve conquiert le public, dont
celui -difficile- des collégiens.
MARYVONNE COLOMBANI
Antigona a été joué le 7 novembre
à l’Espace NoVa, Velaux
26
Moïse à l’opéra...
de Paolo Arrivabeni, tenant d’une baguette
sûre tout ce beau monde. Une des belles (re)
découvertes belcantistes initiées par Maurice
Xiberras, après Roberto Devereux (2011), Poliuto
(2012) et La Straniera (2013) !
... Mosè baroque !
Moïse et Pharaon © Christian Dresse
C
’est un mur de musiciens qui donne un opéra
de Rossini jamais joué à Marseille depuis
1827. Moïse et Pharaon est chanté en français
et s’apparente à un oratorio biblique, genre qui
se joue sans représentation scénique, avec une
place prépondérante allouée aux chœurs. On
y suit l’histoire de la libération des Hébreux,
mâtinée à la sauce romantique, et l’on imagine le passage de la Mer Rouge ou les plaies
d’Égypte. On goûte aussi au «beau chant», au
plateau vocal très homogène. Ildar Abdrazarov
(Moïse) et Jean-François Lapointe (Pharaon)
dialoguent en miroir dans des registres graves
et ont, pour luxueux partenaire, l’excellente
basse française Nicolas Courjal (voir ci dessous). Coté féminin, c’est Annick Massis qui
tutoie les hauteurs et contraste avec la vigueur
héroïque de Sonia Ganassi. On loue le travail
réalisé par le Choeur de l’Opéra et son chef
Pierre Iodice, comme la direction admirable
JACQUES FRESCHEL et YVES BERGÉ
Moïse et Pharaon a été donné
du 8 au 16 novembre à l’Opéra de Marseille
Mosè a été joué le 13 novembre
à l’église Saint-Michel, Marseille
Chant intime...
our le premier concert de la saison, la salle
Musicatreize est bien remplie, preuve que
désormais, l’espace dédié à la diffusion des
musiques contemporaines (mais pas que... voir
ci-dessous) a ses habitués. C’est l’ensemble
vocal dirigé par Roland Hayrabedian qu’on
entend dans une pièce de Tôn Thât Tiet dont
la texture sonore se meut avec subtilité et de
fines nuances. La palette vocale tisse un ruban
de bribes de mots autour de tenues fondamentales desquelles semble s’évaporer, par bouffées
cycliques, quelque enluminure de soprano.... Le
son s’y fait couleur. Après que le ténor Xavier
de Lignerolles ait une nouvelle fois impressionné par sa présence dans le fabuleux solo
Chant Intime de Zad Moultaka, c’est une œuvre
créée l’été dernier qu’on (re)découvre. À l’orgue,
un virtuose ! Mathias Lecomte accompagne
l’ensemble Musicatreize avec une formidable
maîtrise. Les textes anglais extraits du De Profondis d’Oscar Wilde s’articulent autour de la
structure d’une messe profane dont le compositeur António Chagas Rosa aurait conservé la
quintessence poétique. A Wilde Mass renouvelle
le répertoire et, ce n’est pas le moindre de ses
intérêts, c’est beau à entendre !
…point d’équilibre !
Une quinzaine plus tard, le projet Still Point croise
le langage du pianiste Ray Lema avec l’univers
classique de l’ensemble Des Equilibres (violons : Agnès Pyka, Anne-Céline Paloyan, alto :
Blandine Leydier, violoncelle : Dimitri Maslennikov). Le quatuor se plait à discourir avec le
sage africain à la recherche de ce qu’il nomme
le «point d’immobilité de nos maîtres anciens».
Mopti évoque le bruissement de cette ville du
Mali appelée «la Venise du désert». Matongé
(quartier violent de Kinshasa) est une immense
fresque énergique, mais pleine d’espoir. Ray
Lema inviterait-il la science occidentale de nos
traités théoriques à s’interroger sur l’humilité
de nos racines musicales ?
J.F. et Y.B.
Ces concerts ont été donné à la Salle
Musicatreize, Marseille, le 14 et le 31 octobre
Ray Lema © Jean-Michel Sabatier
P
Jean-Marc Aymes et son ensemble Concerto
Soave présentent, en prolongement pertinent,
un magnifique oratorio : Mosè de Giovanni Paolo
Colonna. Aymes dirige, depuis l’orgue ou le clavecin, avec sa science et son sens de l’espace, un
bel ensemble de cordes et un quintette vocal.
Maarten Engeltjes (Moïse) est un haute-contre
solide, inflexible. Raphaële Kennedy (Aaron)
possède des aigus planants superbement maîtrisés. Etienne Bazola étonne par sa longueur de
voix et son aisance technique. Léonie Renaud
apporte sa fougue aérienne de soprano. Nicolas
Courjal enfinest un Pharaon impressionnant :
timbre d’une rare beauté, tessiture homogène,
un sommet de ligne, de style, de projection ! On
bisse pour un public ravi de découvrir ce chefd’œuvre. L’église pleine pour une entrée libre.
28
Symbioses du monde
Un Temps fort Jazz ! voilà une
heureuse surprise ! Six concerts
pour ouvrir la saison des Théâtres !
N
ous retrouvons Andy Emler avec son
inséparable contrebassiste Claude Tchamitchian. Les compères étaient la veille à Marseille à l’U-percut, un bar musical sympa, mais le
batteur Eric Échampard complète le duo pour
cette soirée exceptionnelle. Après une première
pièce qui pose le climat, inspiré par son disque
magnifique Sad and Beautiful, Andy Emler déclare
qu’il défend les musiques instrumentales, et
que ça n’est pas facile ! L’archet glisse sur les
cordes, le piano effectue des motifs en arpèges,
la batterie effleure, frotte, fait crier les cymbales
dans Journey through hope ou Elegances, les
improvisations passent du tendre à l’orage et
de l’accalmie à de nouveaux paroxysmes. Tea
time illustre le talent de ce faiseur de mélodies
complexes, au groove puissant. La complicité
des musiciens les relie comme un fil et leur
musique, telle une trame qui se construit dans
l’instant, ne le lâche pas une seconde. Claude
Tchamitchian improvise avec sagacité, c’est-àdire intuition, finesse et vivacité d’esprit. Le trio
idéal pour un concert profond !
Youn Sun Nah clôturait le Temps Forts Jazz au GTP. Le guitariste Ulf Wakenius qui l’accompagne n’est plus seul : Simon Tailleu à la
contrebasse et l’accordéoniste Vincent Peirani
contribuent à un autre équilibre dans le couple
voix-guitare (voir Zib’46). Hurt est la première
chanson du concert composée par Nine Inch
Nails. La guitare d’Ulf Wakenius est à l’écoute
Youn Sun Nah © Dan Warzy
et au service entier de la voix, que ce soit pour
des compositions telles Lament ou Empty Dream
avec Vincent Peirani qui les enrichit de contrechants, ou lors de reprises savamment arrangées.
Momento Magico, construit comme Breakfast in
Baghdad, laisse la part belle à l’improvisation où
excellent l’accordéon et la guitare, tandis que
Youn Sun Nah contribue au groove en plongeant
dans ses graves...
Youn Sun Nah demande si des Coréens sont
dans la salle pour introduire son blues traditionnel Arirang. Puis Ghost Riders in the Sky lui
permet d’utiliser une palette élargie : tréfonds
grave, puissance éraillée puis grande douceur...
Elle revient après un ultime rappel : ce sera My
Favorite Things de Coltrane. Elle déclare être
citoyenne du monde, coréenne, jouant sur un
kalimba africain une composition d’un musicien
américain. Et cela se passe à Aix, en France !
DAN WARZY
Ces concerts ont été donnés au Jeu de Paume
et au GTP, à Aix, les 16 et 23 octobre
Re-création
P
our sa 10e édition, le FIMÉ
s’est ouvert à une exploration
tous azimuts en matière d’habillage
sonore mais aussi de choix cinématographiques. Lors d’une deuxième soirée au Théâtre Denis, à
Hyères, consacrée au cultissime 1er
long-métrage de David Lynch, Eraserhead, c’est le tandem de musique
électro Cercueil qui officiait au
pied de l’écran devant ces images
surréalistes, dans une relecture poético-bruitiste aux accents de pop
planante qui creusait le tombeau
du cauchemar de la bande originale
et transformait le film en une sorte
de récit onirique en apesanteur.
Pour sa 4e soirée, c’était au tour
d’Alfred Hitchcock de se faire
habiller musicalement au cinéma
Le Royal dans Blackmail. Cette production, commande de la Cinémathèque Française à Chloé, figure
emblématique de la scène électronique, était réjouissante car on y
retrouvait avec plaisir les éléments
qui ont fait la réputation du cinéaste
et notamment son souci permanent
du détail dans les décors : la DJ a
su se saisir du suspense inhérent
aux images du film pour nous livrer
une musique cinétique, hypnotique
et haletante avec une belle forme
en arche remplie de boucles aux
accents parfois minimalistes. Une
réussite totale à mettre au crédit
d’un superbe travail sur la qualité
du son mais aussi d’une prise de
conscience aiguë de la dynamique
de l’histoire. Dans une veine plus
expérimentale, Rodolphe Burger
investissait les hauteurs Hyéroises
dans la Villa Noailles, deux soirées
plus tard, pour un set musical explorant avec bonheur le mélange entre
la musique ethnique et l’électro,
accompagné de sa guitare électrique sur un docu-fiction rescapé
de l’oubli signé du photographe et
ethnologue américain E.S. Curtis,
spécialiste des civilisations amérindiennes : In The Land of The Head
Hunters. Ce curieux objet filmique
qui mettait en scène une guerre
entre tribus, à mi-chemin entre la
parodie et la reconstitution fidèle,
était idéalement accompagné par
un bel Objet Musical Non Identifié.
Il n’y avait sans doute pas de meilleure illustration du thème annuel
du festival : «Aujourd’hui, tout est
permis !»
EMILIEN MOREAU
La 10e édition du FIMÉ, Festival
international des musiques
d’écran, a eu lieu du 7 au 15
novembre dans le Var
Le chant des voix...
La voix était à l’honneur pour le premier concert gratuit programmé
dans le beau salon de Villa Magalone. Celle en particulier d’une
chanteuse tutoyant les aigus avec aisance, généreuse dans l’émission vocale, et dont la verve énergique a vite conquis l’auditoire :
la soprano colorature Monique Borrelli. Impressionnante et drôle
en Cunégonde titubante et pompette (Candide de Bernstein),
magnifique dans les périlleux contre-fa de la Reine de la Nuit (air
inhumain qu’elle bisse sans ciller !), l’artiste mérite d’avoir une
carrière à la mesure de son talent. À ses côtés, Didier Huot (cor)
dialogue volontiers avec elle dans des duos de West Side Story. Son
cuivre joue au suave ténor, alias Tony épousant la ligne de chant
Maria. Un quatuor à cordes composé d’Alexandre Almedro et
Marian Jurkovic (violons), Xavier Franck (alto) et Odile Baron
(cello) complète le brillant tableau sonore avec d’émouvantes
adaptations de pièces de Schumann ou Brahms.
… Dromos, la route
Maria Simoglu est une artiste à la force tranquille. Son chant
orné, chaleureux et suave, glisse finement au fil des mélodies
présentées à l’auditorium de la Cité de la Musique. C’est le
Rébétiko de Smyrne qu’elle nous livre : chants d’exil de Grecs
fuyant l’oppression turque au début du XXe siècle. Une mélancolie
colore ces musiques populaires, mais on y chante souvent l’amour
et les plaisirs de la vie ! L’hellène diva est secondée par un trio
de musiciens virtuoses. Harris Lambrakis virevolte aux flûtes
(ney), Stephanos Dorbarakis fait habilement valser ses doigts au
kanun (cithare) et Stratis Pasaradellis émeut aux vibrations de
la lyra (vièle), aux luths qui font voyager dès les premières notes.
Le quatuor remplit d’aise le public nombreux dont les jambes
fourmillent d’envie de danser sur le plateau. «Ευχαριστώ» (merci)
semble-t-on murmurer à l’issue du concert !
JACQUES FRESCHEL
Le Chant des Voix à été donné à la Cité
de la Musique, Marseille, le 7 novembre
Dromos, la route a eu lieu à la Cité de
la Musique, Marseille, le 14 novembre
Le Chant des voix © X-D.R
30
Octuor à la Magalone
Soirée de Gala
Laurent Korcia, Saténik Khourdoian,
Évelina Pitti et Bernard d’Ascoli
jouent en compagnie des lauréats
du Conservatoire P. Barbizet.
Huit musiciens de l’Orchestre
Philharmonique de Marseille unissent
leurs talents pour interpréter des extraits,
adaptés à leur formation instrumentale, de
Carmen de Bizet, des Ouvertures d’opéras
de Rossini, du poème symphonique Till
Eulenspiegel de Richard Strauss et le
très bel Octuor de Franz Schubert.
MARSEILLE. Le 22 nov à 19h.
Auditorium du Pharo
Marseille Concerts www.
MARSEILLE. Le 27 nov à 20h.
Abbaye de Saint-Victor
04 91 05 84 48 saintvictor.chez.com
En collaboration avec La Criée 04 91
54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Requiem de Fauré
Week-end Quatuor
Le Chœur Régional PACA, l’Ensemble
Giocoso, la soprano Aude Fabre-Sardier,
le baryton Bernard Imbert, dirigés par
Michel Piquemal, interprètent le Requiem,
le Cantique de Jean Racine de Fauré et Quatre
chants pour chœur de femmes de Brahms.
Quatuor Ardeo © Steff Ungerer-new opera-hero
SALON. Le 22 nov à 20h45. Théâtre Armand
04 90 56 00 82 www.salondeprovence.fr
Mikhail Rudy
Le pianiste russe imagine un programme
intitulé Marc Chagall, La couleurs des
sons, conçu à partir d’esquisses inédites
du plafond de l’Opéra de Paris réalisé
par Chagall. «De Glück à Ravel» : récital
sur un film d’animation, montage vidéo
et effets spéciaux (Mathilde Germi).
Le Quatuor Girard (le 21 nov à 20h30),
le Quatuor Diotima (le 23 nov à 11h)
et le Quatuor Ardeo (le 23 nov à 15h)
jouent de beaux quatuors à cordes de
Beethoven, Schoenberg ou René Koering.
Trio à cordes et hautbois
Que ceux qui n’ont pas pu aller écouter
aux ABD Gaston Defferre les formidables
musiciens que sont Da-Min Kim (violon),
Magali Demesse (alto), Xavier Chatillon
(violoncelle) et Armel Descotte, éminents
membres de l’Orchestre Philharmonique
de Marseille, ne manquent pas l’occasion
de se rendre dans le somptueux salon de
la Villa Magalone pour les entendre dans
le Trio à cordes inachevé de Schubert, la
Sérénade pour cordes de Dohnanyi, l’Adagio
pour cor anglais et trio à cordes K.580 de
Mozart et Phantasy Quartet op.2 de Britten.
MARSEILLE. Le 28 nov à 20h30.
La Magalone (Entrée libre sur réservation)
04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille
Mireille
AIX. Le 24 nov à 20h30. Jeu de Paume
08 2013 2013 www.lestheatres.net
ARLES les 21 et 23 nov. Méjan
04 90 49 56 78 www.lemejan.com
Les fameuses cordes tchèques, fidèles
à la Société de Musique de Chambre
de Marseille, interprètent le Quatuor
n°1 «Sonate à Kreutzer» de Janácek, un
compatriote méconnu Jakub Jan Riba,
ainsi que le 3e Quatuor de Brahms.
© Guy Vivien
MARSEILLE. Le 25 nov à 20h.
Auditorium Faculté de Médecine
Espace Culture 04 96 11 04 60
www.musiquedechambremarseille.org
Nathalie Manfrino © Fabien Bardelli
Quatuor Pražák
Milhaud au Silo
MARSEILLE. Le 22 nov à 20h. Silo
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Dernier concert du Festival de SaintVictor : Clément Saunier (trompette)
et Pascal Marsault (orgue) jouent un
programme qui court de Buxtehude à
Franck en passant par Mozart, Bach... Tout
un panorama de l’histoire musicale !
marseilleconcerts.com
MARSEILLE. Le 21 nov à 20h30.
La Magalone (Entrée libre sur réservation)
04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille
Dans le cadre du 40e anniversaire de la
disparition de Darius Milhaud, le jeune
Da-Min Kim surdoué «Violon Super
Soliste» de l’Orchestre Philharmonique
de Marseille joue le Concerto pour
violon n°2 du musicien provençal, en
compagnie des ses collègues dirigés par
la chef Karen Kamensek. Le clarinettiste
solo de la phalange phocéenne Alain
Geng interprète, quant à lui, le Concerto
moderne du compositeur autrichien Herbert
Willi. On entend également le Quatuor
pour piano et cordes n°1 de Brahms
orchestré par Arnold Schoenberg.
Trompette et orgue
Dans le cadre du 150e anniversaire de la
création du chef-d’œuvre de Gounod, la
Cité de Papes représente Mireille, dans
la mise en scène de Robert Fortune,
avec Nathalie Manfrino et Florian
Laconi qui avaient obtenu un vif succès
en 2010 aux Chorégies d’Orange.
AVIGNON. Les 30 nov à 14h30
et 2 déc à 20h30. Opéra
04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr
31
Capuçon & Buniatishvili Petits bois à l’opéra
Katia Buniatishvili © Caroline Doutre
Le violoniste Renaud Capuçon et la
pianiste Kathia Buniatishvili forment
un épatant duo de musique de chambre :
ils jouent Quatre pièces romantiques
de Dvorak, la 3e sonate de Grieg et la
Sonate en la majeur de César Franck.
Un quintette à vents issu de l’Orchestre de
l’Opéra de Marseille joue un programme
jeune public avec Pierre et le loup de
Prokofiev et Opus number zoo de Luciano
Berio. Une occasion de découvrir le hautbois,
la flûte, la clarinette, le basson et le cor !
MARSEILLE. Le 3 déc à 10h. Auditorium
Cité de la Musique (entrée libre).
04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille
Café Zimmermann
L’ensemble instrumental baroque emmené
par Céline Frisch (clavecin) et PabloValetti
(violon) interprète des Concertos de
Vivaldi, Bach, Zelenka ou Heinichen.
AIX. Le 2 déc à 20h30. GTP
08 2013 2013 www.lestheatres.net
AIX. Le 4 déc à 20h30. GTP
08 2013 2013 www.lestheatres.net
De Rerum Mechanica
Le programme de C Barré (12 musiciens et
électronique dirigés par Sébastien Boin) est
axé sur la «mécanique» et l’imaginaire qu’elle
véhicule : de la monstruosité industrielle au
mouvement obstiné et son déréglage... On
découvre Chaînes d’Alexandros Markeas,
Estompe de Zad Moultaka et Mind Breaths
de Frédéric Pattar. Un bric à brac musical
où le vintage bricolo côtoie l’électro !
Kniazev au cello
Le violoncelliste russe joue le Concerto
n°1 de Chostakovitch avec l’Orchestre
Philharmonique de Marseille (dir.
Yaron Traub) qui interprète également
la 7e symphonie de Beethoven, son
fameux mouvement lent, et les Danses
de Galanta de Zoltan Kodály.
MARSEILLE. Le 29 nov à 20h.
Salle Musicatreize
04 91 00 91 31 www.musicatreize.org
MARSEILLE. Le 5 déc à 20h.
Auditorium du Pharo
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Le Philtre
En prélude et en échos à L’élixir d’amour
de Donizetti qui sera représenté à l’Opéra
de Marseille du 23 décembre 2014 au 4
janvier 2015, on découvre un opéra composé
sur le même sujet par Daniel-FrançoisEsprit Aubert (livret d’Eugène Scribe). Le
Philtre est interprété par les solistes de
l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Marseille,
accompagné au piano par Brigitte Grosse
et mis en espace par Yves Coudray.
MARSEILLE. Les 4 et 5 déc
à 17h. Foyer de l’Opéra
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
De Cordoue à Venise
Catherine Padaut et Lucile Pessey
mixent leur voix de soprano dans des
Cantigas et Romances séfarades, des
Chansons espagnoles des XVIe et XVIIe
siècles ou des Madrigaux et airs d’opéras
de Caccini, Cesti, Zanetti et Monteverdi.
Elles sont soigneusement accompagnées
au luth ou à la guitare par Jean-Michel
Robert, les percussions de Mathias
Autexier et dirigées du clavecin par
Brigitte Tramier. Un beau brassage
culturel du bassin méditerranéen signé
par l’Ensemble Parnassie du Marais !
MARSEILLE. Le 5 déc à 20h30.
La Magalone (entrée libre sur réservation)
Cité de la Musique 04 91 39 28 28
www.citemusique-marseille
HOP!trio
MARSEILLE. Le 2 déc à 19h30. PIC
04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com
L’Enfance du Christ
Alexandre Kniazev © Andrei Mustafayev
Les trois percussionnistes de l’ECO
(European Contemporary Orchestra)
Christian Bini, André Groen et Pierre
Quiriny se font complices pour un concert
d’œuvres originales au sortir de leur
«résidence» au PIC (Pole Instrumental
Contemporain) : «du classique au
contemporain en passant par le jazz
et les musiques traditionnelles».
Un grand oratorio signé Hector Berlioz
avec Marie Gautrot (Marie), Romain
Dayez (Joseph) ou Nicolas Courjal
(Hérode), l’Orchestre Régional et
le Chœur Symphonique AvignonProvence dirigés par Samuel Jean.
AVIGNON. Le 5 déc à 20h30. Opéra
04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr
32
Baudo & Tharaud
Quatuor Girard
Andreas Staier
Un beau programme de musique de
chambre avec le 5e quatuor de Haydn,
le 3e quatuor de Schumann et le
Quatuor à cordes n°2 de Sauguet !
Dutilleux &Campo
Paula Sumane & Gérard Mortier (violons),
Magali Demesse (alto), Xavier Chatillon
(violoncelle), Jean-Marc Boissière
(flûte) et Olivier Lechardeur (piano)
interprètent des pièces d’Henri Dutilleux,
dont son fameux Quatuor «Ainsi la nuit» et
du compositeur marseillais Régis Campo
avec une création mondiale : Sounding
pour violoncelle et piano. À découvrir !
MARSEILLE. Le 6 déc à 17h. Foyer Opéra
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
King Kong
C’est un ciné-concert imaginé par
Raoul Lay, compositeur et directeur
de l’ensemble Télémaque. Sa partition
(commande de l’Alhambra Pôle régional
d’éducation culturelle) illustre les images
du film mythique King Kong (1933). Il
conjugue, au fil des plans, les instruments
traditionnels à l’électronique et la voix.
MARSEILLE. Le 7 déc à 11h et le 8 déc à
9h30 (scolaire). Alhambra cinémarseille
04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com
04 91 03 84 66 www.alhambracine.com
AIX. Le 9 déc à 20h30. Jeu de Paume
08 2013 2013 www.lestheatres.net
Le claveciniste concocte un programme
intitulé «Bach et la France» dans le cadre
de Musique Baroque en Avignon.
AVIGNON. Le 14 déc à 17h.
Église Saint-Pierre
04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr
Bach en famille
Concert de Noël
L’Orchestre Philharmonique de Marseille
dirigé par Roberto Rizzi Brignoli est à
la fête avec Mendelssohn (Symphonie de
jeunesse), Janácek (Suite pour cordes)
et Tchaïkovski (Souvenir de Florence).
L’Orchestre Régional Avignon-Provence
(dir. Régis Pasquier – violon) interprète des
pièces des quatre fils Carl Philipp, Johann
Christian, Wilhelm Friedemann, Johann
Christian et du paternel Johann Sebastian.
ARLES. Le 14 déc à 11h. Méjan
04 90 49 56 78 www.lemejan.com
MARSEILLE. Le 11 déc à 20h30.
Église St-Michel
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Yanowski
The Electric Voice
Pour un «Matin sonnant» fruit de la
collaboration de l’Opéra de Marseille
et du GMEM – Centre National de
Création Musicale de Marseille, autour
de la création et du répertoire lyrique.
Nicholas Isherwood marie sa voix de divo
moderne à l’électronique pour des opus
de Jean-Claude Risset (Otro), Stockhausen
(Capricorn), Lissa Meridan (Shaft of shadow)
et des créations de Miguel Azguine et
David Felder (Black fire/White Fire).
MARSEILLE. Le 14 déc à 11h. Foyer Opéra
04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
www.gmem.org
© Stephane Laniray
TOULON. Le 5 déc à 20h30. Opéra
04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr
Le ténor et son compère au piano
Michael Gees puisent dans le mythe
du «Wanderer» schubertien deux
douzaines de Lieder pour former un cycle
original éminemment romantique.
M. Gees et C. Pregardien © Marco Borggreve
Alexandre Tharaud © Marco Borggreve
Serge Baudo dirige l’Orchestre
Symphonique de l’Opéra de Toulon
dans Pulcinella de Stravinski ou How
slow the wind de Takemitsu et se joint
au pianiste Alexandre Tharaud pour
le Concerto n°5 de Beethoven.
Christophe Prégardien
Andreas Staier © Molina Visuals
AVIGNON. Le 9 déc à 20h30. Opéra
04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr
Le chanteur, poète, compositeur,
performer, interprète ses propres chansons
accompagné au violon par Cyril Garac
et au piano par Samuel Parent.
MARSEILLE. Le 16 déc à 20h30.
Théâtre du Gymnase
08 2013 2013 www.lestheatres.net
34
Vega Project © Goetz Benjamin
Le festival concocté par Leda Atomica
poursuit son défi de porter au sommet
l’improvisation sous toutes ses formes.
Innovantes… pas forcément vendables,
mais qu’importe, le plaisir est lui toujours
au rendez-vous et se distillera durant plus
de 15 jours pour cette 8e édition. L’occasion
de découvrir, dès le 29 nov (et 4 déc),
L’appel du large dans Les sœurs d’André :
une «soupe vocale, jazzy et marécageuse».
Vega Project distillera sa new wave électro
pop (5 déc), et Danielle Stéfan et MarieAnge Jannuccilo exploreront les Brèves
de Rebotier et Dubelsky (6 déc), suivis
d’Impaires avec David Rueff et Nadine
Esteve. Le 7 déc, pour les plus jeunes,
deux ciné-concerts autour de Mélies. Pierre
Guéry donnera sa lecture performance Alien
Ation (12 déc), suivi par le quartet rock Wara.
Carte blanche à Alain Aubin le 13 déc, avec
Magali Rublo, Phil Spectrum et La ligue
d’impro marseillaise Les Improsteurs.
Festival les Inovendables
jusqu’au 13 déc
04 96 12 09 80
http://ledatomica.mus.free.fr
© X-D.R
Guo Gan & Gildas Boclé Nuit brûlante
le 29 nov à 19h
Grand auditorium du Parc Chanot, Marseille
04 96 11 04 61
www.rencontresaverroes.net
www.espaceculture.net
le 19 déc
Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 42 93 85 40
www.agglo-paysdaix.
© X-D.R
Les invités du concert qui clôturera le temps
fort des Rencontres d’Averroès, dont le
thème «D’autres Méditerranées ?» aura
été exploré lors de cette 21e édition (voir
p16), sont les artistes Guo Gan et Gildas
Boclé. Le premier a popularisé dans le
monde l’erhu, vièle à deux cordes (appelée
violon traditionnel chinois). Le second,
contrebassiste, est un musicien éclectique
qui multiplie les collaborations et cumule,
tout comme Guo Gan, les récompenses. Une
expérience musicale métissée au sommet
donc, accompagnée par le batteur Nicolas
Viccaro et Guillaume Naud aux claviers. En
partenariat avec le Cri du Port, entrée libre.
Né sous l’impulsion de Martin Béziers, le
collectif des Brûlants, apporte sa fougue
créatrice : théâtre, rock, production vidéo,
bande son… La première soirée Brûlante,
360° à l’ombre des géants, dans le cadre
des cartes blanches musiques actuelles
2014 de la CPA, proposera, en une seule
soirée, trois concerts et des impromptus.
Scène ronde autour de laquelle le public
circule, géants (vidéo) qui accompagnent ou
annoncent les groupes… Et quels groupes !
Poum Tchack, swing-rock manouche,
Hugo Kant, nu-jazz/trip-hop, Fantasticus,
rock-psyché, Oxyput Compagnie, trio
de danse urbaine. Vivement décembre !
L’histoire du soldat
© Quentin Amalou
Inovendables !
Voilà une rencontre artistique et musicale
inédite, proposée à l’Auditorium du Thor. Sept
musiciens de l’Orchestre Régional Avignon
Provence, dirigés par le chef d’orchestre
Samuel Jean, s’emparent du ballet-opéra
de chambre de Stravinsky pour un dialogue
ludique entre le diable et un soldat pauvre.
Se rajoutent au conte d’inspiration faustienne
l’artiste Dizzylez (sacré meilleur slameur
européen à Berlin) et Mourad Bouhlali,
comédien et percussionniste corporel,
échappé du duo Onstap. Une œuvre qui
va «claquer, swinguer et rebondir».
le 13 déc
Auditorium Jean Moulin, Le Thor
04 90 33 96 80
www.artsvivants84.fr
Ottilie [B]
Avec Histoires d’O deux, son second opus,
la chanteuse Ottilie [B] continue de se
frayer un chemin parsemé d’éloges en
distillant son verbe décapant et son univers
anticonformiste, agrémenté de poésie sonore
et visuelle. Sous la houlette de Nicolas
Repac, elle est aujourd’hui accompagnée des
musiciens Didier Simione et Pascal Collomb.
À La Garance de Cavaillon, une autre artiste
à la voix singulière et envoûtante prendra le
relais : Camélia Jordana, qui présentera
elle aussi un deuxième album, Dans la peau.
le 28 nov
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42
www.theatre-du-brianconnais.eu
le 6 déc
La Garance, scène nationale de Cavaillon
04 90 78 64 64
www.lagarance.com
le 20 mars
Théâtre Durance, ChâteauArnoux/Saint-Auban
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
Canzoniere et Haug
Le Forum de Berre reçoit deux concerts et de belles
découvertes en cette fin d’année. Canzoniere Grecanino
Salentino, le plus ancien groupe de musique des Pouilles
dédié à la danse très rapide Pizzica, sera sur scène le 21
novembre. L’occasion de découvrir un septuor qui perpétue
la ferveur des tarentelles entre ballades amoureuses et
chants populaires. Le 12 décembre, ce sera le bluesman
franco-allemand Mathis Haug qui présentera son
nouveau CD Distance. Il sera accompagné du batteur
Stefan Notari et de la pianiste Perrine Mansuy.
le 21 nov et le 12 dec
Forum des Jeunes, Berre-l’Étang
04 42 10 23 60
www.forumdeberre.com
Tigran Hamasyan
R
D.
X-
le 21 nov
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
AP Live #1
Installé à l’Espace NoVa de Velaux, le plateau TV LCM
inaugurera cette première soirée AP Live qui, à la façon d’un
Taratata, verra se rencontrer en live têtes d’affiche et artistes
en devenir. Une émission de télé, enregistrée en public,
où les artistes exposent également leurs projets dans un
show case. Pour ce premier rendez-vous du 28 novembre,
retrouvez le groupe The Dukes (issu d’une rencontre entre
le chanteur guitariste de No One is Innocent et le batteur de
Superbus) et la musique folk’n’rock de The H.O.S.T, et partez
à la découverte de Subz, Just et Strawberry. La suite : le
14 fév avec Astonvilla, et le 30 avril avec Manu Lanvin & The
Devil Blues. Et vous pouvez assister à l’enregistrement !
le 28 nov
Espace NoVa, Velaux
04 42 87 75 00
www.espacenova-velaux.com
©
Le jeune pianiste de jazz arménien, bardé de prix
internationaux, reconnu aujourd’hui
comme un compositeur
incontournable, est accueilli au
Sémaphore accompagné par
son quintet. Tigran Hamasyan
présentera Shadow Theater,
son cinquième album, dans
lequel il explore de nouvelles
pistes, électroniques et
soniques, où les inspirations
visuelles puisent dans un
monde onirique et imaginaire.
Un ébouriffant songwriter
à découvrir sans tarder.
36
Dans la peau…
© Victor Tonnelli
Dans la peau d’un noir…
le 21 nov
Le Toursky, Marseille
0 820 300 033
www.toursky.org
Le président d’une «République démocratique
populaire» d’Afrique noire reçoit un homme
d’affaires français intéressé par les
gisements d’or du pays. Rien ne va se passer
comme prévu. Quelques artistes, invités
pour faire bonne figure, chantent l’épopée
d’une jeunesse misérable condamnée à l’exil.
Jean Louis Martinelli a travaillé pendant
plusieurs années avec des acteurs africains
au Burkina Faso, y menant des ateliers. Le
spectacle dénonce le pillage infligé par les
grandes puissances autant que la corruption
des dirigeants africains. Et cela sans pathos.
Mur
Mademoiselle Duschesne, ancienne
institutrice à la retraite, est la voisine de
l’antipathique Colonel Chaudron qui cherche
à écrire ses mémoires et réclame du silence.
Ne supportant plus cette condition, la dame
va se mettre à jouer du piano sans relâche.
Les deux protagonistes échangent alors
des courriers acerbes et cyniques, jusqu’à
une mise en demeure par le tribunal. Mais
le Colonel n’est pas vraiment indifférent
à la musique de l’apprentie pianiste…
Anne Bourgeois met en scène le texte
d’Amanda Sthers comme une comédie qui
se base sur l’écoute plutôt que les coups.
Une nuit à la présidence
du 20 au 22 nov
08 2013 2013
Le Gymnase, Marseille
www.lestheatres.net/fr
le 25 nov
Le Toursky, Marseille
0 820 300 033
www.toursky.org
The Valley of Astonishment
du 10 au 14 déc
08 2013 2013
Le Gymnase, Marseille
www.lestheatres.net/fr
© Céline Nieszawer
The Valley…
Le titre vient du grand poème persan La
Conférence des Oiseaux de Farid Al-Din
Attar. Il s’agit ici de créer un univers
poétique à l’inquiétante étrangeté. Peter
Brook le dit lui-même, «Nous voyagerons
dans des territoires inconnus. Dans la
vie secrète de personnes qui vivent des
expériences si intenses qu’elles les cachent
aux autres». Assisté de Marie-Hélène
Estienne, le metteur en scène explore
les circonvolutions du cerveau humain
avec des acteurs et musiciens préparés à
déverser de folles images avec intensité.
En adaptant le formidable roman de John
Howard Griffin, Black like me paru en 1961,
Clémentine Célarié se métamorphose en
homme noir dans une mise en scène de
son fils Abraham Diallo. Les choses ontelles changé depuis cet écrit terrible qui
fit la lumière sur le racisme et les préjugés
qui prévalaient dans l’Amérique des années
60 ? Seul sur scène, la comédienne joue
une multitude de personnages, expérimente
la peur, la honte, la fraternité… et lance par
là-même un cri d’alarme universel ainsi qu’un
appel au respect de l’autre et à sa différence.
Mobilis-action
© Maurizio Beretta
Une nuit…
Créé en 1995, le Théâtre de la Compagnie
Actores Alidos a été menacé de fermeture
après la suppression de subventions due
à la crise économique. Pour éviter
la catastrophe, Gianfranco Angei a écrit
un spectacle mêlant toutes les formes
artistiques possibles, prônant la résistance
du public et des artistes face à la précarité
de l’époque. En nous contant l’histoire
de son théâtre, le metteur en scène
chercherait-il à nous faire comprendre
l’importance de l’existence des
lieux artistiques dans un monde
qui est réticent à les voir ?
le 5 déc
Le Toursky, Marseille
0 820 300 033
www.toursky.org
La tempête
Sur une île est exilé Prospéro
aux pouvoirs enchanteurs. Avec lui,
sa fille Miranca qui n’a plus de souvenirs
du monde humain. À leur service Caliban
et Ariel. Un jour Prospéro déchaîne
une tempête amenant à lui son frère
traître, Antonio, le Roi de Naples et son
fils Ferdinand. Comment tout ceci finirat-il? Christophe Lidon met en scène
Shakespeare, avec Claude Rich dans
le rôle-titre, et en faisant du théâtre des
navires qui fendent les rêves, rendant
hommage à la célèbre citation «Le
monde est théâtre» du même auteur.
les 28 et 29 nov
Le Toursky, Marseille
0 820 300 033
www.toursky.org
37
Made in Friche
En partenariat avec les Bernardines,
le théâtre Joliette-Minoterie programme
la dernière création de l’auteur et metteur
en scène Lazare, avec sa compagnie Vita
Nova, présents pour la première fois à
Marseille. Les illisibles et Quelqu’un est Marie
sont deux courtes histoires imprégnées
d’étrangeté : l’obscurité est propice aux
troubles amoureux, comme aux égarements !
Une plongée dans ces histoires courtes à
l’intérieur desquelles sont observés à la loupe
des événements se produisant en l’individu.
«Frontal par la vue et périphérique par
le son», Utopia est un spectacle pour
cinq comédiennes, doté d’un dispositif
polyphonique original. Marie Lelardoux
a travaillé sa mise en scène de telle
sorte que les artistes se déploient parmi
les spectateurs, tandis que leurs voix
sont un matériau sonore amplifié et
répercuté par un ingénieur du son.
Le texte reprend les paroles de primoarrivants accueillis en France, confrontés
à l’apprentissage d’une nouvelle langue.
les 5 et 6 déc
Les Bernardines, Marseille
04 91 24 30 40
www.theatre-bernardines.org
le 16 déc
Théâtre Vitez, Aix
04 13 55 35 76
www.theatre-vitez.com
Résistance
Le projet artistique…
Pour ponctuer les propositions du festival
Image de ville, le collectif Pensons le
matin tentera de cerner la notion de
projet artistique fondateur comme moteur
de politiques culturelles qui auraient
un réel impact sur la société. Cette
rencontre réunira entre autres intervenants
le sociologue Christophe Apprill et
Philippe Foulquié, ancien directeur de
la Friche. Le même jour, Pensons le matin
participera à une table ronde sur la culture
dans la ville à la Villa Méditerranée.
Le projet artistique : fondateur ou illusion ?
le 22 nov à 9h30
La Friche, Marseille
www.pensonslematin.fr
Petits contes d’amour et d’obscurité
du 27 au 29 nov
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 07 94
www.theatrejoliette.fr
L’association Résister Aujourd’hui organise
une conférence débat autour du thème
«On démantèle le programme du Conseil
National de la Résistance». Interviendront
Christiane Hessel, Gilles Vanderpooten,
coauteur de Engagez-vous avec Stéphane
Hessel, Rose Celavi, Catherine Lecocq,
et Gérard Filoche, dont on ne présente
plus les travaux sur les questions sociales,
le code du travail, les retraites, la sécurité
sociale, entre autres... Cet évènement
est soutenu par la LDH, le MRAP, l’UJFP,
ATTAC, Aix-Solidarité, ARAC, la Cimade,
les Repaires. Richard Martin en hôte
bienveillant interprètera Madame la Misère.
le 26 nov
Le Toursky, Marseille
0 820 300 033
www.toursky.org
© Hélène Bozzi
À la belle étoile
les 12 et 13 déc
Liliom
du 18 au 21 déc
Bêtes de foire
du 19 au 21 déc
Made in Friche
du 19 au 21 déc
La Friche, Marseille
04 95 04 95 95
www.lafriche.org
Utopia, tous des barbares Petits contes...
© X-D.R
C’est la fête... Foraine ! À la Friche, on
prépare les festivités de Noël lors d’un
week-end bien rempli, avec bals, manège
et autos tamponneuses, un grand
marché d’hiver, et des performances en
veux-tu en voilà. Y aura-t-il un montreur
d’ours ? En tous cas, il est question d’un
mystérieux camion dragon, et tant qu’on
peut danser autour d’un feu de joie...
À cette occasion, les trois expositions de
la tour panorama seront en accès libre
(Ce que raconte la solitude, In camera et
Mangaro). On verra aussi en famille, au
Massalia, le spectacle tendre et magique
de Laurent Cabrol et Elsa De Witte,
Bêtes de foire, un petit monde réel et fictif
où les personnages sont manipulés à vue,
composé de matériaux de récupération, de
chiffons et de moteurs. La Criée, accueillie
à La Friche, livrera Liliom, un «conte de
banlieue féérique» en sept tableaux, sans
morale et sans message, mis en scène par
Jean Bellorini. Et si l’on est trop impatient
pour attendre les vacances, elle offrira
aux oreilles curieuses À la belle étoile,
une séance de lecture pour des auditeurs
allongés sur des lits de camp proposée par
Bérangère Jannelle, dès la mi-décembre.
Escales en librairie
Les Escales, initiées par l’association
Libraires à Marseille, poursuivent leur
voyage dans les librairies du département.
Une fois n’est pas coutume, c’est un
éditeur qui est l’invité des deux dernières
dates de novembre : Dominique Bordes,
qui dirige les éditions Monsieur Toussaint
Louverture, sera reçu le 20 nov à 19h à
la librairie Histoire de l’œil, à Marseille
(rencontre animée par Nadia Champesne
et Emmanuel Picaud, avec des lectures de
François Sabourin), et le 21 nov à 18h30 à la
librairie Le Grenier d’Abondance à Salonde-Provence (avec des lectures de Raphaël
France-Kullmann). Début décembre, lors de
deux rencontres animées par Marc Voiry,
l’auteure Lise Benincà viendra raconter
ce qu’elle a vécu au sein d’Emmaüs Défi à
Paris, qui lui a donné envie de donner voix à
tous ces objets singuliers : le 4 déc à 18h30
à la librairie Saint-Paul à Marseille et le 5
déc à la librairie Lettres Vives à Tarascon.
Libraires à Marseille
www.librairie-paca.com
38
Rencontre-débat
Richard Martin © Robert Terzian
À la suite de la lecture du Chant I
de l’Énéide de Virgile par la Compagnie
du Singulier (les 26 et 27 nov au théâtre
Vitez), une rencontre-débat sur le thème
«Épopées, art et politique» unira, autour
de l’œuvre du poète latin et du poème
vietnamien du début du XIXe siècle le
Kim Van Kiêu, littéraires, sociologues et
artistes : Alain Guillemin, TON THAT
Thanh Vân, Henriette Nhung Pertus,
Marcelle Basso, Marie Vayssière,
Miloud Khétib, Dominique Buisset.
Passionnant, n’oubliez pas de réserver !
Les méfaits du tabac
© Pascal Victor, ArtComArt
La méthode
Rencontre-débat : Épopées, art et politique
le 11 déc
Théâtre Vitez, Aix-en-Provence
04 13 55 35 76
www.theatre-vitez.com
Les textes de Léo Ferré, et ceux de
nombreux poètes anarchistes de XXe
siècle, inspirent Richard Martin depuis
longtemps. Accompagné des musiciens
de Leda Atomica, il les interprétera
avec sa fougue habituelle sur la scène
du Théâtre Nono, dans le cadre d’un
partenariat avec le Toursky destiné
à «abolir quelques lignes de démarcation
entre le sud et le nord de Marseille».
En retour, au mois de février, il
accueillera chez lui En attendant
Godot, création 2013 du Nono.
La Fabrique de l’éphémère
Quatre autour des textes d’Hervé Guibert,
Claire Ingrid Cottanceau, Micheline
Welter, Jean-Baptiste Sastre, Alain
Simon, quatre artistes, comédiens,
metteurs en scène, pour une courte
résidence au Bois de l’Aune et une
représentation unique où ils uniront leurs
voix pour une lecture et une mise en
espace de courts extraits, choisis parmi
les plus tendres de l’auteur. Le style simple
et dépouillé permettra à ces artistes qui
n’ont jamais travaillé ensemble d’inventer
un mode nouveau d’interprétation.
Soirée exceptionnelle en vue !
le 28 nov
Théâtre Nono, Marseille
04 91 75 64 59
www.theatre-nono.com
Je suis
les 2 et 3 déc
Théâtre Vitez, Aix-en-Provence
en partenariat avec les ATP d’Aix
04 13 55 35 76
www.theatre-vitez.com
© Hiam Abbass
Deux équipes, l’une française, l’autre russe,
avec un travail sur la langue, sur la mémoire,
l’oubli… le Théâtre KnAM et En Compagnie
d’Eux, sous la direction de Tatiana
Frolova, jouent les mots du Livre de l’oubli
de Bernard Noël et ceux des mères
de Léna et Sophie (Gindt), toutes deux
atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Par le biais de l’émotion, il s’agit
de prendre conscience du travail
essentiel de la mémoire, aujourd’hui
trop souvent abandonnée aux liens
Internet et aux fichiers informatiques.
le 21 nov
Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 42 93 85 40
www.agglo-paysdaix.fr
Denis Podalydès met en scène ce «concert
en un acte» de Tchekhov sur des musiques
de Bach, Tchaïkovski, Berio, pour Michel
Robin et trois musiciennes. L’argument est
simple : un conférencier doit nous énumérer
les méfaits du tabac, mais profitant de son
absence il se plaint à nous du caractère
de sa femme qui le tyrannise depuis
trente-trois ans. Légèreté mélancolique
de ce monologue qui converse avec la
musique, douceur, regrets, évocation de
l’impossible harmonie… un temps suspendu
où le rêve cherche à fuir la réalité…
du 26 au 29 nov
Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence
08 2013 2013
www.lestheatres.net
Frou-Frou les Bains
Imaginez une station thermale le jour de
son ouverture, sans eau ! C’est le début
de l’argument de la comédie musicale
légère et drolatique Frou-Frou les Bains.
Le texte de Patrick Haudecoeur
s’amuse des quiproquos, des personnages
déjantés, des situations loufoques.
La mise scène jubilatoire de Jean-François
Pomerole soutient le rythme effréné de
ce ballet savoureux où les mots dansent.
Un exercice soutenu pour les zygomatiques !
le 21 nov
Espace NoVa, Velaux
04 42 87 75 00
www.espacenova-velaux.com
La Festa & Bar
La Festa les 28 et 29 nov
Bar le 27 et le 29 nov
Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence
04 42 93 85 40
www.agglo-paysdaix.fr
© X-D.R
Ces deux courtes pièces permettent
de retrouver sur scène la compagnie
Scimone Sframeli dont on a applaudi
sans réserve Nunzio il y a deux ans. Les
deux œuvres sont de Spiro Scimone qui
les interprète avec son complice et ami
Francesco Sframeli, en duo pour Bar
et en trio pour La Festa avec Gianluca
Cesale. On entend avec bonheur la petite
musique des textes de Spiro Scimone,
ciselés, sachant laisser la place aux
silences, aux non-dits. Original
et dense, un régal !
Le mensonge
du 16 au 21 déc
Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence
08 2013 2013
www.lestheatres.net
Le texte autobiographique du philosophe
Michel Onfray est interprété et mis en
scène par Bernard Saint Omer, dans un
monologue qui tente à donner une nouvelle
épaisseur aux mots. L’enfance auprès
d’un père ouvrier agricole peu loquace et
courageux retrouve son parfum, par la grâce
du comédien, tour à tour narrateur, père,
fils. L’évocation est à la fois tendre, pudique,
lyrique. Les odeurs, les sons deviennent
sensibles. Renaît l’atmosphère du bocage
normand. Un spectacle d’une intense poésie.
le 21 nov
Théâtre Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.fr
© X-D.R
Le corps de mon père
© Emmanue
l Mu
rat
La pièce du brillant et jeune auteur Florian Zeller reprend
les personnages de La vérité (2011) Alice, Laurence,
Paul, Michel, dans... Le mensonge. Il est question
d’un repas qui doit réunir les deux couples, mais
Alice (Evelyne Bouix) a vu le meilleur ami
de son mari (Pierre Arditi) embrasser une
autre femme que la sienne. Elle veut annuler
le repas, ne supportant pas le mensonge.
Son mari en fait l’éloge. Le repas aura lieu…
Le masque des conventions sociales est mis
en lumière avec la finesse du marivaudage.
42
Le Bourgeon
Goma Gom
La peau dure
le 25 nov
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.les-salins.net
© X-D.R
© Cie Fraction
© Jérémie Rone
Parce que Maurice est sujet à des malaises,
sa mère la Comtesse fait venir un docteur
qui diagnostique… «le bourgeon qui crève
de sève jusqu’à éclater […]». Impossible
pour la Comtesse d’imaginer son fils se
pervertir avec une femme, elle qui l’a
élevé dans la pureté et la chasteté ! Dans
cette comédie de mœurs pratiquement
inexplorée par le théâtre français,
Georges Feydeau fait s’entrechoquer
les postures sociales et démontre
combien elles imposent aux individus des
attentes de rôles selon leur milieu social.
Dans une scénographie minimaliste,
Nathalie Grauwin met en scène une
formidable troupe de onze comédiens.
Si vous ne savez pas faire grand-chose
avec des chambres à air, les Chapertons,
eux, inventent un monde inouï et sans
limites ! Lors d’une traversée en mer vont
se succéder, au gré des aventures de
ces trois joyeux lurons espagnols, un tendre
couple de pingouins délurés, un dompteur
de cirque et ses phoques, trois hiboux
musicaux, une fleur et un bourdon qui
vont vivre une belle histoire d’amour…
Imagination, simplicité et originalité
sont au service de ce spectacle
d’humour visuel tout public !
le 13 déc
Le Théâtre, Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
Sonate d’automne
L’époustouflant seul-en-scène de Sophie
Vaude, adapté des Trois sœurs de Raymond
Guérin, est repris au Sémaphore (en
appartement) 10 ans après sa création. Le
metteur en scène Jean-François Matignon
invite, sur la musique de Gorecki, à écouter
ces femmes habituées à se taire, dans
une fresque du malheur quotidien durant
la Seconde guerre. Dans l’intimité, après
avoir encaissé les coups, les sœurs Coustu
prennent chacune la parole et composent,
dans une troublante déambulation, un
chant de compassion et d’amour.
du 26 au 28 nov
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
La Ronde de nuit
© Cie Fraction
© Pascal Gely
Adaptée par Marie Deshaires et mise en scène par Marie
Louise Bischofberger, la pièce est tirée du film d’Ingmar
Bergman. Deux femmes, une mère -célèbre concertiste qui a
toute sa vie privilégié sa carrière en délaissant ses filles-, et
l’une de ses filles se retrouvent après sept ans de séparation. Le
temps d’une nuit elles vont s’affronter, et confronter leur quête
inassouvie d’identité et leur immense besoin d’amour. Avec
Françoise Fabian et Rachida Brakni dans les rôles titres.
le 25 nov
La Colonne, Miramas
04 90 50 66 21
www.scenesetcines.fr
Jean-François Matignon adapte et met en scène le roman éponyme
de Patrick Modiano, l’histoire d’«un salaud ordinaire», joué par
Thomas Rousselot, qui accepte de travailler pour la Gestapo
française, et se retrouve, au hasard de ses «missions de confiance»,
membre d’un réseau de Résistance. Ni traître ni héros, il se retrouve
bâtard de tout, pris entre deux mondes qui vont le pousser à jouer un
double-jeu ambigu qui va prendre la forme d’une quête d’identité.
le 5 déc
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
les 13 et 14 déc
Les Carmes, Avignon
04 90 82 20 47
www.theatredescarmes.com
Racine par la racine
le 21 nov
Espace Gérard Philippe,
Port-St-Louis-du-Rhône
04 42 48 52 31
www.scenesetcines.fr
© X-D.R
Avec un bel esprit humoristique et inventif,
la compagnie Alcandre s’empare du
concentré de onze des tragédies de
Racine ! La mise en scène de Serge
Bourhis décoiffe, faisant appel au
cinéma, aux séries télé et aux dessins
animés, avec musique de péplum, airs
d’ouverture d’opéras… Un spectacle en
forme d’hommage, comme le souligne
son metteur en scène, qui «pourrait se
définir comme une modeste entreprise de
réhabilitation iconoclaste du corpus racinien».
Tentative de jalousie
Un grand moment…
Un grand moment de solitude
le 9 déc
L’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
le 28 janv
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
© Isard Paris Match Scoop
Josiane Balasko fait son retour au théâtre
avec cette pièce dont elle est l’auteure, la
metteure en scène et l’interprète principale.
Une comédie bien alambiquée dont elle a
le secret, qui réunit un psychothérapeute
agoraphobe, la psy qui vient le traiter à
domicile qui est accumulatrice compulsive,
une jeune fille SDF en galère, et un
célèbre hacker lanceur d’alerte recherché
par les polices du monde entier…
Rau
le 28 nov
Espace Gérard Philippe, Port-St-Louis-du-Rhône
04 42 48 52 31
www.scenesetcines.fr
© André
Marina Tsvetaeva fut l’une des plus grandes voix de la
poésie russe du XXe siècle. Exilée en 1922 pour rejoindre son
époux engagé dans les armées blanches, elle décida
de rentrer en URSS en 1939, ne pouvant ignorer
ce qui l’y attendait en pleine terreur stalinienne.
Soixante douze ans après son suicide, Carole
Bouquet fait entendre des textes de Marina
Tsvetaeva, pour qui l’écriture fut une question
de vie ou de mort, dans une mise en scène de
l’auteure d’origine iranienne Nahal Tajadod.
44
L’Annonce faite à Marie Le contraire de Un
© Jean Louis Fernandez
Emma B., Charles B. et leur fille forment, en
apparence, une famille des plus ordinaires
qui semble respirer le bonheur. En apparence
seulement, car sous le vernis qui se
craquèle apparaît une Emma désœuvrée
qui se consume de l’intérieur, et pour
tromper l’ennui accumule les liaisons avec
d’autres hommes en même temps que les
dettes. S’inspirant librement de Flaubert,
sur un texte de Mariette Navarro issu
d’improvisations avec les acteurs, Caroline
Guiela Nguyen appuie sa mise en scène
sur une scénographie qui reconstitue
scrupuleusement l’intérieur hyperréaliste de
la maison, et l’ancre dans un réel palpable.
les 2 et 3 déc
Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes
06 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
Une mère et sa fille discutent, se
souviennent, et mettent à jour une
relation depuis longtemps douloureuse.
Des années de silence les ont séparées,
depuis le temps lointain où un des fils de
cette mère, persuadé d’être une petite
fille enfermée dans un corps de garçon, a
décidé de devenir une femme, affirmant
ainsi son identité. Des années plus tard,
la voilà confrontée à sa mère dont la
mémoire se délite au fur et à mesure
que la maladie d’Alzheimer progresse.
Seule en scène, la comédienne Belge
Vanessa Van Durme, auteure du texte,
interprète les deux identités bouleversées,
mise en scène par Richard Brunel.
le 9 déc
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
Le Temps
© X-D.R
Avant que j’oublie
Le magnifique recueil de nouvelles
d’Erri de Luca, paru en 2003, dans lequel
s’entrecroisent ses expériences de solitude
éprouvées au sommet de monts transalpins
et ses récits de luttes ouvrières dans
l’Italie des années 60, est le sujet d’une
lecture musicale et poétique, nouvel «ovni
artistique inclassable» composé par Inouï
Productions. En compagnie de Guigou
Chenevier, Cyril Darmedru, Nicolas
Gény et Emmanuel Gilot, une vivifiante
occasion de rester en alerte face aux dangers
de l’individualisme et du repli sur soi.
les 12 et 13 déc
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51
www.theatredeshalles.com
© Guy Delahaye
les 25 et 26 nov
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
le 2 déc
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
Yves Beaunesne signe une version lyrique
de la première pièce de Claudel, suivant
l’auteur dans son intuition d’un «opéra sans
paroles». Le chant apporte une profondeur
supplémentaire à ce drame mystique qui
se tisse autour de la rivalité de deux sœurs,
Violaine et Mara. Violaine, jeune femme
aimante, contracte la lèpre en offrant un
baiser par compassion. Jalousée par sa
sœur cadette, reniée par les siens, elle
se retire dans une caverne, seule avec sa
foi. Les comédiens, Judith Chemla en
tête, portent magnifiquement ce drame.
© Piero Coiffard
Elle brûle
Pour la 7e année, le théâtre des Halles
accueille les Rencontres euroméditerranéennes de l’association
Volubilis. Conférences, débats,
arts visuels et vivants agrémenteront
ces quatre jours dédiés à une réflexion
commune sur le paysage, la ville et
ses aménagements. Autour du Temps,
thématique de cette 11e édition,
sociologues, philosophes, historiens,
scientifiques, urbanistes, économistes,
élus, professionnels, artistes…
confronteront leurs points de
vue pour «un retour à une vision
plus humaniste du paysage».
du 26 au 29 nov
Théâtre des Halles, Avignon
04 32 76 24 51
www.theatredeshalles.com
www.volubilis.org
45
La voix du piano
© Gérard Vantaggioli
À partir du texte du psycho-anthropologue
et romancier Hubert Auque sur le mythe
de Médée, Gérard Vantaggioli offre dans
sa nouvelle création un rôle à la hauteur de
la tragédienne Aïni Iften. Ni condamnation
ni acquittement dans la revisitation de ce
récit d’infanticide qui a traversé les siècles,
mais l’envie de comprendre le sens du
geste meurtrier de la prêtresse du soleil
en Colchide, à partir de sa culture et de
sa place de descendante du Soleil qui
perpétua les offrandes de son ancêtre…
Au bout de la mythique rue des Teinturiers,
ce sont souvent des histoires de rencontres
qui bercent le théâtre du Chien qui Fume.
C’est le cas pour cette soirée issue
d’une rencontre coup de cœur entre
Clémentine Célarié et le pianiste Gilles
de la Buharaye, tous deux régulièrement
à l’affiche du théâtre. Ils se rejoindront
pour une lecture musicale, plongeant les
spectateurs dans une douce pénombre
pour mieux apprécier la force des émotions,
et «pour que toute la lumière des notes et
du texte nous envahissent totalement».
les 12 et 13 déc
Le Chien qui Fume, Avignon
04 90 85 25 87
www.chienquifume.com
La conférence…
Noces
Dialogue sensible et charnel entre
la comédienne Annick Gambotti
et le pianiste Jean-Louis Deconflin
pour sublimer la beauté et la profondeur
des mots d’Albert Camus, dans un
spectacle bâti autour de Noces et
Retour à Tipasa. Deux courts essais
autobiographiques en forme de
célébration de la nature, de l’Algérie,
de l’histoire, de la connaissance de soi,
écrits à 15 ans d’intervalle, où la
recherche du bonheur et l’intensité
lumineuse de l’écrivain se trouvent ici
reliées pour faire entendre «la richesse
de la musique d’un homme libre».
le 21 nov
Le Balcon, Avignon
04 90 85 00 80
www.theatredubalcon.org
Produit par l’Union nationale des associations
des apiculteurs italiens, ce spectacle a été
créé en Italie en 2012. La solitudine dell’ape
est un conte en chansons qui mêle, avec
humour, réflexions et poésie autour de la
lutte contre l’ennemi moderne, et mortel, que
sont les pesticides de nouvelle génération
qui éliminent peu à peu les insectes
pollinisateurs. En première partie, organisé
avec l’association Follavoine, aura lieu sur le
sujet un débat avec François Veillerette,
porte parole de Générations futures.
La solitude de l’abeille
le 5 déc
Le Balcon, Avignon
04 90 85 00 80
www.theatredubalcon.org
© Francis Grosjean
Médée de retour en Colchide
du 21 au 23 nov
Le Chien qui Fume, Avignon
04 90 85 25 87
www.chienquifume.com
La solitude…
© Andrea Pierdicca
Médée de retour…
Acte e(s)t parole
Avant de partir en tournée, La conférence des
oiseaux de la Cie Serge Barbuscia est reprise
en ses murs, au Théâtre du Balcon. À partir
du récit poétique de Jean-Claude Carrière,
Serge Barbuscia a adapté le conte persan
de Farid Al Din Attar, l’un des plus célèbres
contes soufis. Un voyage initiatique dans
lequel 33 oiseaux pèlerins partent à la
recherche de leur roi, le Simorgh… Textes,
voix, chants, musiques se conjuguent à
merveille et en toute poésie, dans une quête
universelle entre Orient et Occident.
La conférence des oiseaux
les 29 et 30 nov
Le Balcon, Avignon
04 90 85 00 80
www.theatredubalcon.org
En collaboration avec l’Association
Beaumarchais SACD, deux soirées pour
fêter l’écriture théâtrale. Le principe :
la lecture d’un texte inédit d’un auteur
d’aujourd’hui par deux comédiens (Camille
Carraz, Olivier Ranger), une artiste peintre
(Paule Tavera-Soria), une musicienne
(Joëlle Faye) et quelques impromptus.
Cette première soirée mettra à l’honneur
Pompiers de Jean Benoit Patricot,
mise en voix par Serge Barbuscia. La
seconde aura lieu le 14 fév autour d’un
texte de Gilles Treton, accompagné
musicalement par Nathalie Waller.
le 12 déc
Le Balcon, Avignon
04 90 85 00 80
www.theatredubalcon.org
46
Elf la pompe Afrique
Nicolas Lambert a suivi le procès Elf, et le
restitue avec une terrible vérité. Le système
de nettoyage d’argent de la Françafrique
apparaît dans ses détails et ses méandres,
scandaleux, affligeant. D’utilité publique
pour comprendre comment politique et
finance s’allient sur le dos des Africains,
et au nom de la France. Nicolas Lambert
est drôle et sidérant dans chacun des
personnages de ce micmac honteux...
le 6 déc
La Chartreuse, Villeneuve-lez-Avignon
04 90 15 24 24
www.chartreuse.org
© X-D.R
Dans une langue inimitable et un humour
ravageur, la figure du théâtre-récit Ascanio
Celestini signe un spectacle magistral sur
les aberrations de nos sociétés modernes.
Sur un texte écrit pour David Murgia, il
donne la parole aux puissants, évoquant
une nouvelle fois la relation entre classes
dominante et dominée. Le comédien,
époustouflant, donne vie à ces politiciens
ou ces patrons qui laissent échapper un
discours grotesque et effrayant. Féroce !
Conférence sous le Chêne du journaliste et
écrivain Olivier Barrot, autour de la vie du
«patron» incontesté du théâtre. Il s’appuiera
sur des images d’archives et des écrits de
Jean Vilar pour retracer son parcours et son
œuvre bâtie en faveur d’un théâtre populaire
de qualité accessible à tous. Celui qui a
fondé le Festival d’Avignon en 1947 avec le
poète René Char, puis le Théâtre National
Populaire qu’il dirigea de 1951 à 1963, reste
à Avignon comme ailleurs un modèle de chef
de troupe charismatique et exemplaire.
Le Théâtre Mobile présente un laboratoire
après une résidence de travail autour de
l’œuvre complexe de l’écrivain norvégien
Arne Lygre. C’est pour le metteur en
scène et dramaturge Christian Giriat,
«le tout début d’un voyage», qu’il lui sera
donné d’expérimenter avec son équipe sur
le plateau de la Chartreuse. «Le théâtre
n’est utile que s’il contient un explosif
insondable nous dit Régy. Et l’œuvre de
Lygre contient ce type d’explosif. Ce que
raconte Homme sans but, seul le plateau
peut le révéler…». À 14h, en entrée libre.
le 27 nov
La Chartreuse, Villeneuve-lez-Avignon
04 90 15 24 24
www.chartreuse.org
La Maison
Avec sa Cie Sic.12, le chorégraphe Gustavo
Giacosa mène depuis 2013 des ateliers
dans des lieux où les personnes vivent
une expérience particulière de la maison,
pour récolter des matériaux de création. La
maison, thème de sa recherche actuelle, lieu
de sédentarisation et de retour qui permet
d’interpréter notre présence au monde…
L’équipe multidisciplinaire (théâtre, cinéma,
musique, danse) en résidence d’écriture
du 8 au 20 décembre, ouvre une répétition
publique le 18 déc à 20h. Entrée libre.
La Maison (titre provisoire)
le 18 déc
La Chartreuse, Villeneuve-lez-Avignon
04 90 15 24 24
www.chartreuse.org
© Gustavo Giacosa
Homme sans but
le 12 déc
Théâtre Durance, ChâteauArnoux/Saint-Auban
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
le 16 déc
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
© Erwan Temple
le 27 nov
Chêne Noir, Avignon
04 90 86 74 87
www.chenenoir.fr
Discours à la nation
© Antonio Gomez Garcia
Jean Vilar l’exigence
47
Le Nouveau ciné-club
Danbé
Que reste-t-il d’un film vu dans nos
mémoires ? Le collectif ildi! eldi s’appuie
sur la relation physique, psychique et
émotionnelle qui s’instaure entre un film et
son spectateur pour imaginer 3 spectacles
autour des films cultes que sont Les
Parapluies de Cherbourg, Alien la trilogie
et Les Oiseaux. Avec l’écrivaine Olivia
Rosenthal, Sophie Cattani et Antoine
Oppenheim interrogent les perturbations
que provoquent en nous chacun de ces
3 extraits -respectivement les pleurs,
la conception de l’enfant et sa perte, la
peur-, en croisant théâtre et cinéma.
Depuis 2010, la Cie des Petits Champs
est installée dans la Ferme Neuve, une
étable dont l’histoire riche sert de toile de
fond à cette pièce, sur le texte de Clément
Hervieu-Léger mis en scène par Daniel
San Pedro. Dans les années 50, une famille
d’éleveurs uruguayens se rend en France
pour y acheter des bêtes et enrichir son
troupeau. Ils achèteront trois taureaux et
deux vaches, avant de s’embarquer pour une
longue traversée de retour entre l’Europe et
l’Amérique du sud, presqu’aussi épique que
l’Odyssée d’Ulysse ou le voyage de Magellan.
Pierre Badaroux et Laurent Sellier
font de l’histoire vraie d’Aya Cissoko
-une jeune femme née de parents maliens,
touchée par de nombreux malheurs
et qui parvint à se reconstruire à travers
la boxe avant d’entamer des études
à Sciences Po-, relaté dans un livre
coécrit avec Marie Desplechin,
un spectacle mêlant texte, concert
jazz / électroacoustique et archives
sonores. Un concert-conte qui se
niche dans les oreilles, au plus près
du son, de la voix et de l’intime…
Sur le sentier d’Antigone
le 5 déc
Théâtre du Briançonnais, Briançon
04 92 25 52 42
www.theatre-du-brianconnais.eu
Cocktails
les 11 et 12 déc
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
Cabaret…
Avant Tournée, le film de Mathieu Amalric,
on ne connaissait pas en France ces
drôles de strip-teaseuses burlesques.
Dans leur show, le sexe, ou plutôt la chair,
est débordante, étrange, pas très jeune,
sexy pourtant. Les numéros se
succèdent, portés par leur humour
finalement bon enfant, et les vidéos
amusées de Pierrick Sorin.
Cabaret new burlesque
le 13 déc
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
© Hichem Dahes
© Julien Oppenheim
Antigone est une rebelle, une révolutionnaire,
une résistante ; figure emblématique
de l’insoumission que l’Agence de
Voyages Imaginaires fait clown. Car
Séraphin, le clown innocent et malicieux
de Valérie Bournet est de retour,
toujours accompagné des ses deux
anges gardiens musiciens-comédiens
qui auront fort à faire, tantôt Antigone,
Créon… et Séraphin ! La mise en scène de
Philippe Car joue là sur les tempos, les
modes de narration qui permettent des
respirations poétiques et gaguesques.
Le Voyage en Uruguay
du 26 au 28 nov
CNCDC Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
© E. Rioufol
les 25 et 26 nov
La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
Sur le sentier…
Le Voyage…
C’est une véritable constellation débridée
de courtes pièces qui constitue ce cocktail
subversif et détonnant. Après To the ones
I love et Clear Tears / Troubled Waters,
Thierry Smits concocte un spectacle
plus intimiste qui s’inspire des actualités
qui ont marqué la mémoire collective des
dernières années, où l’enjeu est celui du
fantasme et du fantasque. Les tableaux
se succèdent, empruntant largement au
répertoire musical et à l’imagerie pop, pour
recréer l’ambiance du cabaret berlinois de
l’entre-deux-guerres, ironie comprise !
du 9 au 12 déc
CNCDC Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
48
Jean François Sivadier reprend La Vie de
Galilée avec Nicolas Bouchaud. Un très
grand acteur, emmené par un très grand
metteur en scène, dans un très grand texte...
Le discours de Brecht, sur la vérité, la raison, le pouvoir, l’argent, décoiffe, révèle,
épate, convainc. L’engagement de l’homme
de science, ses petits arrangements avec le
réel qui lui permettent de continuer à penser et à travailler, rejoignent les luttes de
Brecht contre le capitalisme, affirmant que
les systèmes (économiques) communément
admis peuvent être des erreurs, et qu’il faut
chercher la vérité, même seul contre tous...
les 16 et 17 déc
CNCDC Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
King Lear fragments
Ah ! Le grand homme
Le grand homme en question n’est autre
que Jean Vilar, à qui un hommage veut être
rendu par un metteur en scène légèrement
fumeux, un sous-directeur complètement
dépassé et des comédiens connus ou moins
connus. Mais les fantômes du lieu, et du
Théâtre en général, vont s’en mêler… Les
frères Pradinas, Pierre et Simon, dessinent
des personnages déraisonnables, excessifs,
maladroits et touchants, portés sur scène,
entre autres, par Christophe Alévêque,
Yvan Le Bolloch’, Jacques Vanier…
© Gabriel Fabre
La vie de Galilée
le 21 nov
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
le 22 nov
Le Théâtre, Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
Deux comédiens du collectif Mains
d’œuvre, Jérôme Kocaocglu et Frédéric
Fialon, interprètent à eux-seuls, tout en
pirouettes et en ruptures, la horde de
personnages du Roi Lear de Shakespeare.
Ou plutôt réinventent, dans un rapport au
public jubilatoire et une réécriture pertinente,
la tragédie fragmentée du roi déchu et
des frasques de son fou. Clownesques et
fantasques, ils changent de rôles comme
d’épées, dans un aller-retour tonique entre
fiction et réalité pour mieux surprendre
l’absurdité de la condition humaine.
© Alain Dugas
© Xavier Cantat
le 9 déc
Théâtre du Rocher, La Garde
04 94 08 99 34
www.ville-lagarde.fr
Contractions
Album de famille
Ça joue, ça chante, c’est du théâtre en
chansons ou des chansons théâtralisées…
pour raconter l’histoire d’une famille, de la
naissance des enfants jusqu’à leur départ
de la maison, jusqu’à la création de leur
propre famille. Banal ? Certes non, car
pour en parler la Cie Le Sans soucis à
choisi la chanson comme unique moyen
d’expression. L’album se feuillette alors à
travers une vingtaine de chansons françaises
que quatre comédiens-chanteurs revisitent
avec humour, émotion, et un brin de folie.
le 5 déc
Théâtre du Rocher, La Garde
04 94 08 99 34
www.ville-lagarde.fr
La nouvelle création de la Compagnie
varoise de l’Écho interroge sans concession
notre société, et particulièrement le pouvoir
et les dérives qui régissent le monde
du travail. Quels sont les mécanismes
qui peuvent priver un être humain de sa
liberté de penser, d’agir, pour le mettre
au service d’un intérêt économique ?
Xavier Hérédia met en scène cette
fable terrifiante en quatorze tableaux qui
annoncent l’inéluctable descente aux
enfers d’une jeune employée de bureau.
Joué dans le cadre du 1er festival d’automne
du Conservatoire national à rayonnement
régional de Toulon Provence Méditerranée.
le 13 déc
Théâtre Marélios, La Valette
04 94 23 62 06
www.lavalette83.fr
La Légende noire…
Le sous-titre très évocateur de cette
pièce, qu’André Newton a écrit et met
en scène fait référence à une histoire peu
connue de la Première guerre mondiale :
celle de l’affaire du XVe corps d’armée,
entièrement constitué de soldats provençaux
injustement accusés de lâcheté devant
l’ennemi, boucs émissaires d’une stratégie
désastreuse de l’armée française sur le
front de l’Alsace et de la Lorraine. Le soldat
Auguste Odde, de Six-Fours, fut la victime
expiatoire de cette cruelle histoire.
La Légende noire du soldat O ou
les «midis» du XVe corps
le 9 déc
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
Elles
Écrit d’après un collectage d’une quarantaine
de récits de femmes, Elles est une pièce
qui révèle une infinité de vies minuscules et
majuscules, drôles ou bouleversantes, qui
confortent le sentiment qu’aucune femme
n’est réductible aux panoplies que la société
cherche à lui faire endosser. Comédiennes,
danseuses, chanteuses, Alicia Ducout,
Jenny Mutela et Marianne Vigues incarnent
ces mots livrés dans le secret de l’intimité,
à la fois personnels et universels, formant
un camaïeu de paroles multiples.
© Mairie des ULIS
le 21 nov
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
Le Conte d’hiver
Patrick Pineau offre une version facétieuse,
résolument enlevée et franchement drôle
du Conte d’hiver de Shakespeare, entouré
d’une de sa talentueuse bande de comédiens.
De ce drame de la jalousie terrible, maladive
et sans objets d’un roi qui soupçonne son
épouse, sur le point d’accoucher de leur
deuxième enfant, d’avoir un amant, il fait
naître le rire et la fantaisie, en y mêlant le
romanesque et le merveilleux, pour faire de
ce conte une comédie foraine et foutraque.
le 29 nov
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
le 2 déc
L’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
© Philippe Delacroix
14-18 : dans l’enfer des tranchées
le 12 déc
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
© X-D.R
Les lettres et carnets de poilus ne cessent d’alimenter
l’histoire de la Première guerre que l’on découvre
toujours plus et mieux, aidés en cela par les mots de
tous les soldats partis sur le front pour défendre la
France dans un grand élan national. La création de
la Cie Artefact, associée au Carré, est une lecture
mise en scène de ces écrits qui disent l’enfer vécu
par ces hommes, mais aussi par les familles en attente
de retours, à l’aide de vidéo et d’un théâtre d’objets
qui rendent plus poignantes encore ces vies bouleversées.
50
Hôtel paradiso
Le collectif berlinois Familie Flöz a
renouvelé le théâtre de masques avec
des créations combinant comédie,
mime, musique, clown et acrobatie.
Et sans paroles ! Ici, ce sont les masques
rigides animés par les sentiments qui parlent,
rient, chantent pour une expérience
de théâtre totalement fascinante.
Des choses étranges se passent
à l’Hôtel Paradiso, situé dans
les Alpes, tenu par une vieille dame
et ses enfants. S’ensuit une danse
de malentendus et de gaffes,
pleine d’humour.
© Bruno
Mixer la poésie de Charles Baudelaire et de
Brigitte Fontaine, un mariage improbable
relevé par Françoise Courvoisier dans
ce spectacle musical, véritable cocktail de
volupté, entre vertige, beauté et spiritualité.
Joués par Robert Bouvier, Cédric Cerbara
et Aurélie Trivillin, trois personnages
partagent une journée à la campagne et
égrènent, de pique-nique bucolique en
confidences au clair de lune, leurs plus
belles fleurs du mal. Un voyage sensible
et torturé dans les mots flamboyants,
humains et tendres, du poète maudit.
le 25 nov
Théâtre Le Forum, Fréjus
04 94 95 55 55
www.aggloscenes.com
les 26 et 27 nov
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 00
www.theatredegrasse.com
Ouvert la nuit
Dominique Pinon © X-D.R
Les fleurs du mal
Le Théâtre clôture son projet «Terre, Eau,
Territoire - De 1914 à 2014, histoire d’un
siècle» avec un marathon de lectures
portées par une quarantaine de lecteurs
amateurs -ayant participé aux ateliers
proposés par le Dynamo Théâtre- et
professionnels, dont Marie-Christine
Barrault, Dominique Pinon et Philippe
Torreton. Au Théâtre de Grasse, et dans
des lieux insolites de la ville, douze heures
de lectures dresseront les espoirs des
luttes, changements et progrès espérés et
opérés sur le siècle écoulé, dans le but de
mettre en perspective les cent ans à venir.
Vol au dessus…
le 3 déc
Palais des Congrès, Saint-Raphaël
04 94 19 84 11
www.saint-raphael-congres.fr
le 29 nov de 12h à 24h
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 03
www.theatredegrasse.com
© BM Palazon
Narcisse…
La courte pièce en un acte et en prose
de Jean-Jacques Rousseau, œuvre de
jeunesse légère et enlevée, traite de la
question de l’identité, de l’imposture et
de la mascarade sociale et morale. Mise
en scène par Jean-Luc Revol dans le
cadre du tricentenaire de la naissance
de Rousseau, qui en offre une version
jubilatoire. Un chassé-croisé amoureux,
partagé par sept comédiens exaltés,
où les quiproquos se succèdent autour
de ce Valère/Narcisse moderne, fou
amoureux de son propre portrait.
Narcisse ou l’amant de lui même
le 12 déc
Palais des Congrès, Saint-Raphaël
04 94 19 84 11
www.saint-raphael-congres.fr
L’histoire adaptée du roman de Ken Kesey par
Dale Wasserman au cinéma, est celle d’un
combat entre des individus et le système
psychiatrique qui cherche à les normaliser,
pour dénoncer la censure de la liberté
d’expression. Tout le monde se souvient du
film de Milos Forman, l’adaptation théâtrale
par le metteur en scène Stéphane Daurat
réussit à prouver que le propos reste actuel.
Un message de solidarité dans une société
individualiste joué par une myriade d’acteurs,
tous très justes, de la Cie Caravane.
Vol au dessus d’un nid de coucou
le 9 déc
Théâtre Le Forum, Fréjus
04 94 95 55 55
www.aggloscenes.com
Cabaret Gainsbourg
Serge Gainsbourg, né Lucien, passa son
enfance à écouter son père, musicien
professionnel, jouer sur son piano des
œuvres de Scarletti, Bach, Gershwin…
Imprégné de cet univers musical, et après
avoir obtenu un poste de pianiste de
bar, il commença à écrire des chansons
pour Juliette Gréco, Brigitte Bardot, Jane
Birkin, Catherine Deneuve etc..., non
sans interpréter lui-même ses propres
chansons. Les comédiens de l’ensemble
22 de l’ERAC feront résonner dans
leur propre sensibilité et musicalité les
textes et musiques du compositeur.
le 28 nov
Théâtre de La Licorne, Cannes
04 97 06 44 90
www.madeincannes.com
51
Dansem sur tous les plateaux
pièces d’Alessandro Sciarroni (I will be
there when you die, ou le jonglage dansé,
les 2 et 3 déc au Pavillon Noir et Joseph,
version pour Kids, au Massalia les 3 et
5 déc), une création de Jean Jacques
Sanchez (le 4 déc à La Friche), une
autre de Montaine Chevalier (le 12
déc à La Joliette), une de Michele di
Stefano (le 12 déc à La Friche)... pour
finir le 16 déc à La Joliette par un quatuor
masculin de Raddouane el Meddeb,
sur le cinéma égyptien des années 60,
Au temps où les Arabes dansaient...
Voir aussi p.21
Y a-t-il une danse méditerranéenne ?
Lorsqu’on lui pose la question, Cristiano
Carpanini, directeur de Dansem depuis
18 ans, répond qu’en tous les cas elle n’a
pas d’unité, ni d’esthétiques spécifiques,
mais que des artistes s’y posent des
questions, souvent politiques, et toujours
autour de la place sociale du corps.
La 17e édition de Dansem a commencé
(voir critique sur le site), et bat son plein.
Après Andrea Costanzo Martini et Olivier
Dubois, on peut y voir Georges Appaix
pour la reprise de Univers light oblique (les
18 et 19 nov au Pavillon Noir) et la création
de Vers un protocole de conversation (les 11
et 12 déc à La Joliette). On attend aussi
avec impatience Catherine Diverres et
Francesca Foscarini les 28 et 29 nov au
Théâtre de Lenche, Tordre de Rachid
Ouramdane au Merlan (le 9 déc), deux
Festival Dansem
jusqu’au 16 déc
Arles, Aix, Marseille
04 91 55 68 06
www.officina.fr
Danse contemporaine Dance groove 13
le 16 déc
Le Toursky, Marseille
0 820 300 033
www.toursky.org
Siwa
© Pierre Thepenier
© Agnes Mellon
Divadlo Studio Tanca © Cossimo Mirco Magglioca
La Compagnie du Divadlo Studio Tanca
est l’invitée prestigieuse du Toursky pour
cette soirée de découverte et d’excellence.
Tomas Danielis convie le spectateur à
une expérience unique et intime d’une
rencontre avec soi-même avec Les Mémoires
du corps ; pour Les Duos, trois regards se
posent sur l’existence et la danse, ceux de
Katarina Zagorski, de Milan Kozanek et
de Peter Mika ; enfin, dans Gel d’images,
Peter Mika et Olga Cobos offrent une
fantaisie pour six danseurs sur les relations
humaines et ses rapports de domination.
Cantando Sulle Ossa © Paolo Porto
Pour sa 2e édition, le Dance groove
13, initiative conjointe du Merlan et de
Heart Color Music, poursuit sa mission de
repérage, présentation et accompagnement
des compagnies de danse hip hop de la
région. À l’issue de cette soirée, et après
avoir concouru devant un jury professionnel,
l’une d’entre elles bénéficiera d’une
résidence artistique de travail et d’une
programmation à venir au Merlan.
le 22 nov
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20
www.merlan.org
Une oasis, Siwa, et ses miroitements. Michel
Kelemenis a écrit un quatuor pour quatre
danseurs hommes, sur le quatuor n°2 de
Debussy, interprété en direct par le Quatuor
Tana. La musique commence, les danseurs
entrent doucement dans ses espaces, ses
harmonies, ses douceurs, ses envolées. La
musique d’Yves Chauris vient par moments
imposer ses respirations. L’eau est là,
précieuse, dans le sable évoqué, les lumières
allumées. La danse se fait matière, entre son
et corps qui se réfléchissent ensemble...
le 27 nov
Le Merlan, Marseille
04 91 11 19 20
www.merlan.org
le 7 fév
CNCDC Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
52
Pavement
Lacher prise © Patrick Lefebvre
Jeune prodige new-yorkais et phénomène
de la danse, Kyle Abraham interroge par
la danse l’identité afro-américaine ainsi que
sa place dans le monde. Avec cette pièce
il plonge au cœur des tensions raciales des
quartiers chauds de Pittsburgh pour révéler
les discriminations et la pauvreté dont les
Noirs sont victimes aux États-Unis, mais
aussi, paradoxalement, leur apport à la
culture et aux arts. La musique hip hop et
jazz côtoie les airs d’opéra et les extraits
d’archives radiophoniques pour construire
une danse métisse, à la croisée de la danse
contemporaine et des danses de rue.
le 6 déc
La Colonne, Miramas
04 90 50 66 21
www.scenesetcines.fr
Le Transformateur, lieu de résidence et
d’accueil du Ballet d’Europe, programme
deux créations : Lâcher prise de JeanCharles Gil, comme son titre l’indique,
découle de la nécessité d’accepter ses
limites et de vouloir tout contrôler pour
mettre en œuvre sa propre liberté. Sur une
musique de Miguel Cobo, avec les danseurs
Emma Gustafsson et Samir El Yamni ; ce
dernier signe l’autre création, Journal des
Corps / Révolution des corps, second volet
d’un diptyque qui fait suite aux Carnets de
route dans lequel il s’attache à la mutation
et révolution du corps dans sa temporalité.
Constelaciones
La Cie Aracaladanza révèle la fantaisie,
l’imagination et la magie de Joan Miró
dans cette pièce chorégraphique
d’Enrique Cabrera qui mêle danse
et vidéo. Au rythme des tableaux colorés
et élégants, le chorégraphe fait appel
à une recherche subtile des lumières
ainsi qu’à l’originalité des costumes
pour révéler des formes conceptuelles
suggestives. Jusqu’au final qui
dessine une toile surréaliste dans une
explosion de couleurs et de danse.
le 13 déc
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.les-salins.net
Rocio Molina, icône du flamenco
moderne, s’est inspirée, dans cette
toute dernière création, du théâtre
japonais et des poétesses de l’âge
d’or espagnol. Elle transforme
le plateau en forêt chimérique
au cœur de laquelle elle se bat
avec les forces irrationnelles
de la nature. Précision rythmique
et inventivité instinctive sont toujours
les maîtres-mots de cette talentueuse
et élégante jeune andalouse.
le 29 nov
L’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
les 24 et 25 janv
Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
© Carrie Schneider
les 26 et 27 nov
Le Transformateur, Allauch
04 96 13 01 12
www.balletdeurope.org
Bosque Ardora
© X-D.R
Soirées créations
Dans les pas…
En rendant hommage à Rudolf Noureev
qui l’avait nommé danseur étoile à l’Opéra
de Paris, Kader Belarbi, directeur du
Ballet du Capitole, permet aux danseurs
du Ballet de se confronter à cinq chefsd’œuvre du répertoire du chorégraphe
russe : la Scène des Ombres de La
Bayadère, des extraits de La Belle au Bois
Dormant, la Scène d’amour de Roméo et
Juliette, un Pas de trois du Lac des Cygnes,
et le dernier acte de Don Quichotte.
Dans les pas de Noureev
le 3 déc
Le Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
Stéréoscopia
Le nouveau projet de Vincent Dupont,
comme un hommage rendu au peintre
Jacopo Chimenti, cherche l’écart entre deux
images presque semblables pour créer
une perception nouvelle. Comme dans
les dessins du peintre, qui représentent le
même sujet vu par chacun des deux yeux,
les corps des danseuses Ariane Guitton et
Aline Landreau explorent un monde fait de
doubles, s’attirent et se repoussent, entre
désir et peur de la chute. En contrepoint,
des objets et des sons viennent révéler
des émotions, et créer un décalage entre
ce que l’on voit et ce que l’on entend.
les 16 et 17 déc
Théâtre d’Arles
04 90 52 51 51
www.theatre-arles.com
53
Samedi détente
les 27 et 28 nov
Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
les 9 et 10 déc
Les Salins, Martigues
04 42 49 02 00
www.les-salins.net
Dorothée Munyaneza © Klara Puski
Dorothée Munyaneza, survivante du
génocide rwandais, livre son histoire, et
celle de son pays, 20 ans après. Le titre fait
référence à une émission de radio où l’on
écoutait des musiques venues d’ailleurs, qui
faisaient danser, chanter. C’est par le prisme
de l’enfance, et d’une danse badine et
joyeuse, qu’elle témoigne de la paix d’avant
la guerre, de la vie avant la mort, du rire
avant les larmes. Mani Asumani Mungaï,
danseur, et Alain Mahé, compositeur
et improvisateur l’accompagnent.
Rites
le 11 déc
L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence
04 90 92 70 37
www.mairie-saintremydeprovence.fr
© Christian Ganet
Conférence dansée pour un inventaire à la Denis Plassard, chorégraphe qui se mue
en anthropologue-sociologue pour dérouler ses rituels contemporains. Analysés,
décortiqués, loufoques, imaginaires ou
totalement crédibles, la collection de
rites dansés qu’offrent les formidables
interprètes de la Compagnie Propos,
est d’une inventivité sans limite. Derrière
le comique de situation, se joue une
qualité d’écriture précise et jubilatoire
qui réinvente avec une totale liberté
le concept de danse traditionnelle.
Jean-Sébastien Lourdais
le 15 déc
CDC Les Hivernales, Avignon
04 90 82 33 12
www.hivernales-avignon.com
Jean-Sébastien Lourdais © X-D.R
Dans le cadre des Lundis au soleil, rendezvous mensuels conviviaux de découverte
en entrée libre, organisés par le CDC Les
Hivernales, le chorégraphe québécois
Jean-Sébastien Lourdais présente ses
pistes de travail pour le spectacle en
deux parties qu’il créera pour le Festival
Les Hivernales 2015. Une réflexion sur le
déracinement que ce danseur atypique, au
corps fascinant en constante tension, trace
de pièces en pièces, créant une trajectoire
à part dans le paysage chorégraphique.
54
Annonciation…
© Book of Taboo-Aviator © Image by Maleonn
Nouvelle création de Christian et François
Ben Aïm autour de la force motrice du
désir. Accompagnés par trois violoncellistes
et un chanteur au plateau, quatre danseurs
délivrent les sensations provoquées
par ce souffle vital, observant ce qui se
cache, parfois inconsciemment derrière
cette énergie sans limite. «La légèreté des
tempêtes c’est le calme dans la tornade,
l’agitation dissimulée derrière l’apparence
paisible de nos vies quotidiennes,
l’expression révélée de notre
vibration intérieure».
Charles Eric Petit a réussi avec sa
compagnie L’Individu à proposer
une lecture de Shakespeare à la fois tout
à fait fidèle, et tout à fait décalée.
Parlant de la vie de troupe, du couple
surtout, de ses déchirements, de ses
accords imparfaits, il fabrique un décor
avec trois bricoles, et un propos avec
beaucoup d’a-propos. Les comédiens
sont justes, entrant dans la peau
des personnages shakespeariens
petit à petit, et ne quittant
jamais tout à fait la leur...
Le songe d’une nuit d’été
le 9 déc
La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
© Laurence Garel
The word’s room
le 5 déc
Théâtre Golovine, Avignon
04 90 86 01 27
www.theatre-golovine.com
Annonciation & Royaume Uni
le 21 nov
La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
Le songe…
La légèreté des tempêtes
le 9 déc
La Garance, Scène nationale de Cavaillon
04 90 78 64 64
www.lagarance.com
Prisonnière de sa mémoire et de ses
souvenirs épars, une femme, interprétée
par Ioulia Plotnikova qui signe également
la chorégraphie pour sa Cie TanZoya,
est enfermée dans une pièce où le papier
et les mots calligraphiés ont remplacé le
mobilier, l’écriture reflétant ses obsessions.
Un solo en flux tendu dans lequel la
danseuse, interprète chez Blanca Li
ou James Thierrée, engage tout son
corps, et l’espace est organisé autour
de cette quête pour dompter les mots
par les projections vidéo de traces
manuscrites de Johann Fournier.
Deux pièces courtes d’Angelin Preljocaj,
aux esthétiques fortes et singulières.
La première, Annonciation, est une œuvre
de jeunesse (1995) charnelle et
bouleversante, dans laquelle le chorégraphe
façonne un duo loin de l’iconographie
classique autour de l’Ange Gabriel et
la vierge Marie. Plus récente, Royaume
Uni (2012) rassemble quatre hip-hopeuses
qui composent une communauté où
s’unissent les genres et les individualités,
et offre de superbes images épurées
dans un «sur-mesure chorégraphique».
Nous sommes pareils…
© Manon Valentin
La légèreté…
Nous sommes pareils à ces crapauds qui
dans l’austère nuit des marais s’appellent
et ne se voient pas, ployant à leur cri d’amour
toute la fatalité de l’univers : en voilà un
titre, forcément acrobatique, inspiré d’un
poème de René Char pour cette première
pièce époustouflante, suivie par Ali, créée
en 2008. En associant leurs talents,
les frères belgo-tunisiens Ali et Hedi
Thabet et le circassien-poète français
Mathurin Bolze interrogent la notion
de prouesse et de métamorphose.
les 4 et 5 déc
Théâtre Liberté, Toulon
04 98 00 56 76
www.theatre-liberte.fr
le 7 déc
La Croisée des Arts, Saint-Maximin
04 94 86 18 90
www.st-maximin.fr
Pixel
Mourad Merzouki poursuit sa quête du
mouvement en mêlant, pour la première
fois, danse hip hop et arts numériques.
Adrien Mondot et Claire Bardainne
l’accompagnent dans ce nouveau projet,
projetant un monde d’illusions grâce à leurs
vidéos interactives sur le corps des danseurs.
Une conversation ludique en trois dimensions
et en trompe l’œil, où se succèdent
prouesses technologiques et physiques.
le 6 déc
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
le 13 déc
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
le 16 déc
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
55
Coup fatal
Solo sur l’exil, tous les exils, celui de soimême aussi, plus dramatique encore
que celui d’un pays, la chorégraphie de
Christian Rizzo explore en une série
de tableaux l’univers fragmenté d’une
vie nomade, s’attachant aux objets que
l’on emporte, points d’ancrage d’une
reconstruction. Cette pièce composée pour
Kerem Gelebek, danseur turc installé en
France, dessine un univers en épure d’une
intense poésie. (Nota bene : tarif spécial
pour les deux soirées Christian Rizzo).
Imaginez une création scénographique de
Freddy Tsimba, connu à Kinshasa pour
ses impressionnantes sculptures faites de
douilles de munition glanées sur les zones
de combat, en écrin au chant du contreténor Serge Kakudji et treize musiciens
congolais, où jazz, musique traditionnelle,
populaire, rock se mêle aux arias baroques.
Ajoutez à cela la forme théâtrale et dansée
créée par Alain Platel et le danseur Romain
Guion… vous obtiendrez Coup fatal, baroque,
exubérant, élégant, dandy à souhait. Une
belle idée pour KVS et les Ballets C de la B.
Sakinan göze çöp Batar
le 21 nov
CNCDC Châteauvallon,
Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
les 5 et 6 déc
CNCDC Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
© Marc Domage
Alonzo King…
Pour une fois, ce n’est pas le nom de
l’œuvre interprétée qui est posé en titre,
mais celui de la compagnie, Alonzo King
Lines Ballet. Cette troupe prestigieuse
de San Francisco est dirigée par l’un des
«rares véritables Ballet Master de notre
temps» d’après William Forsythe : Alonzo
King. On applaudira le sublime pas de
deux de Migration, le lyrique Writing ground
inspiré des poèmes de Colum McCann,
et le Concerto for two violins. Inspiration
multiculturelle, fusion entre les mouvements
des danseurs et l’idée à servir, pour un art
à la fois exigeant et accessible à tous.
Alonzo King Lines Ballet
le 2 déc
Théâtre le Forum, Fréjus
04 94 95 55 55
www.aggloscenes.com
C’est à partir de l’émotion ressentie en
voyant l’exécution impromptue d’une
danse folklorique turque que Christian
Rizzo compose la chorégraphie Une
histoire vraie. Pour comprendre ce qu’il
a éprouvé alors, il s’entoure de huit
danseurs masculins et de deux batteurs.
La danse folklorique mêle alors ses pas
à ceux de la danse contemporaine. Se
dessine une danse fiévreuse, exaltée,
emplie d’un bonheur rythmé par les
percussions. Un spectacle jubilatoire !
D’après une histoire vraie
le 28 nov
CNCDC Châteauvallon, Ollioules
04 94 22 02 02
www.chateauvallon.com
© Margo Moritz
D’après une...
Bit
© Grappe
Sakinan göze...
La nouvelle création de Maguy Marin joue
sur les variations de rythme de pulsations,
les élans, les repos, les tempi, les densités,
les timbres, construisant le chemin de la
vie humaine, en un poème symphonique
qui se déploie entre naissance et mort. La
chorégraphe imagine la vie humaine comme
une forme en constante mutation, entre les
possibles et les devenirs, entre mémoire
et attente de ce qui sera. Vivre, c’est vivre
le temps. Ses orchestrations multiples
dessinent la respiration de la danse.
le 16 déc
Grimaldi Forum, Monte Carlo
+377 99 99 30 00
www.monaco-spectacle.com
Genesis
Musiques d’origines africaines,
indiennes, chinoises et polonaises,
masques chirurgicaux, cages de verre
à l’instar d’éprouvettes géantes,
la création de Sidi Larbi Cherkaoui
interroge sur l’origine de toutes choses,
la vie, la mort, indissociables, rencontre
entre l’Orient et l’Occident, poésie virtuose
des gestes… Le chorégraphe transpose
ses pensées philosophiques en une
chorégraphie superbe avec
la danseuse chinoise Yabin Wang
(Le secret des poignards volants).
les 13 et 14 déc
Opéra de Monte Carlo, salle Garnier
+377 98 06 28 28
www.monaco-spectacle.com
56
Henriette et Matisse
Ogre es-tu ?
Est-ce qu’on naît ogresse, ou est-ce qu’on
le devient ? Puiser dans la riche matière
des contes classiques, faire resurgir
l’imposante figure de l’ogre, et surtout
son pendant féminin moins souvent
représenté, telle est l’ambition de
Béatrice Courcoul et Rachel Ceysson
dans ce nouveau spectacle. Ogres es-tu
est créé dans le cadre du délicieux
temps fort jeune public du Théâtre de
Lenche, Minots, Marmaille & Cie,
à l’issue d’une résidence de la Compagnie
d’Ici et de La Paloma. Un «voyage
en ogritude» à voir dès 7 ans.
© Agnes Mellon
Au cœur de FestivAnges, nouveau
festival très particulier lancé par Michel
Kelemenis à son arrivée au Klap (voir p.
20), le chorégraphe propose plusieurs
représentations d’Henriette et Matisse,
une pièce ludique et plastique autour
du peintre et de son modèle. Il y met
en perspective le mouvement suggéré
dans la peinture, et la pause sculpturale
des corps. C’est gai, plaisant, à portée
colorée de tous les enfants !
Hadi Boudechiche, seul en scène,
parvient à faire vivre une classe de CM2
entière, de la rentrée à la kermesse de
fin d’année. Neuf mois pendant lesquels
le ventre de la maîtresse, Mademoiselle
Annick, s’arrondit, ce qui déclenche un
certain nombre d’interrogations chez ses
25 élèves... Une proposition de Christian
Carrignon pour le Théâtre de Cuisine,
qui plonge avec bonheur dans l’univers
acidulé de l’enfance, et retrace dans une
épopée sensible une année scolaire en
accéléré, avec ses petits et grands secrets.
du 4 au 6 déc
Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille
04 91 90 07 94
www.theatrejoliette.fr
du 10 au 13 déc
Le Lenche, Marseille
05 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
Venue d’Arles, la compagnie Qui bout !
a pris pour base de travail un humble
matériau, le carton. Modeste point de
départ, et pourtant, que d’usages
méconnus on peut lui trouver, quels
trésors d’imagination on peut déployer
autour de ce simple objet du quotidien !
Tour à tour cabane ou rempart dérisoire,
le carton peut s’avérer un matériau de
construction étonnamment solide...
Et permet en tous cas d’interroger
subtilement notre monde, où
l’emballage est parfois plus significatif
que le contenu. Dès 3 ans.
du 17 au 20 déc
Le Lenche, Marseille
05 91 91 52 22
www.theatredelenche.info
Guests
© X-D.R
Alban Richard, Hofesh Shechter, Rui Horta
ou encore Wayne McGregor, nombreux
sont les chorégraphes talentueux qui ont
inspiré Josette Baïz. Elle a demandé
à ses danseurs de travailler certaines de
leurs œuvres, en tout sept pièces ou
extraits de pièces puisées dans un répertoire
international. Guests est le fruit de ce
projet, qui a permis à une vingtaine
d’enfants et adolescents du Groupe
Grenade de relever le défi de se
«glisser dans l’univers particulier»
de chacun de ces artistes.
© B.Pelletier
Ça cartonne
du 10 au 16 déc
Klap Maison pour la Danse, Marseille
04 96 11 11 20
www.kelemenis.fr
les 20 et 22 nov
Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
08 2013 2013
www.lestheatres.net
... Ce ventre-là...
Écris-moi un mouton
La guerre d’Algérie est un cri qui se décline
au présent, passé, futur... Émilie Flacher
et Sébastien Joanniez sont partis
en quête de son écho entre France
et Maghreb, pour lui consacrer une
trilogie théâtrale intense. Successivement,
le Massalia présentera On dirait rien
longtemps (puis tout à coup tout), On
vivrait tous ensemble (mais séparément),
et On en croirait pas ses yeux (au début).
La soirée «intégrale» permettant d’assister
aux trois volets, avec repas, aura lieu
le 29. Tout public à partir de 10 ans.
du 24 au 30 nov
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75
www.theatremassalia.com
57
Théâtre documentaire… Le Magicien d’Oz
4M4A…
THEMAA (Association Nationale des
Théâtres de Marionnettes et des Arts
Associés) et le Théâtre Massalia organisent
une journée de rencontre autour du théâtre
documentaire ayant les marionnettes
pour mode d’expression. Les débats, au
MuCEM, auront pour axe central le rôle
des spectacles de marionnettes dans
l’appropriation populaire des faits historiques.
Dans quelle mesure le recours à ces
créatures permet-il une transmission efficace
de la mémoire ? Universitaires et artistes
tenteront d’apporter quelques réponses.
4M4A, quatre mythes quatre auteurs
le 20 nov
Théâtre de la Colonne, Miramas
04 90 50 05 26
www.scenesetcines.fr
© X-D.R
Danse hip hop et slam, la compagnie
Ainsi de suite repeint dans les tons
actuels le célèbre Magicien d’Oz. L’œuvre
de Frank Baum fut publiée il y a déjà
plus d’un siècle, en 1900. Adaptée au
cinéma par Victor Fleming en 1939, elle
fut maintes fois revisitée par Hollywood
et d’autres. La troupe aixoise en livre
sa version, et se plonge dans une Amérique
bourrée de clichés et de préjugés. La mise
en scène de Claude Pelopidas s’amuse
à les tourner en dérision, dans un spectacle
musical plein de rythme et de fantaisie.
L’homme qui plantait…
Elzeard Bouffier était un berger. Des
années durant, il passa son temps à trier
des graines et à les planter. De son œuvre
patiente jaillit une forêt. La compagnie
Arketal adapte à la scène le texte de Jean
Giono, L’homme qui plantait des arbres.
Pour cette troupe cannoise, la marionnette
est un «moyen d’expression, comme
d’autres utilisent le pinceau, la glaise ou le
stylo». Pierre Blain au jeu et Erika Faria
de Oliveira à la manipulation, présentent
un spectacle où le plus petit des gestes
devient précieux et porteur d’espoir.
Fragile
le 5 déc
Espace Nova, Velaux
04 42 87 75 00
www.espacenova-velaux.com
L’homme qui plantait des arbres
le 28 nov
Le Comoedia, Aubagne
04 42 18 19 88
www.aubagne.fr
Clinc !
© Brigitte Pougeoise
Les bulles de savon en tant que moyen
d’expression. C’est de ce postulat plutôt
inattendu que naissent les spectacles
de la compagnie de Peb Bou. Ce mime
catalan a créé depuis déjà plus de trente
ans le théâtre de bulles de savon.
Dans Clinc !, il met en scène deux jeunes
talents de sa troupe, Isaias Antolin
et Eduardo Telletxea. En plus de
la dimension visuelle et poétique, ce
spectacle explore un tout nouvel univers
dans les créations de la compagnie :
le rire. À découvrir absolument.
du 15 au 19 déc
Le Sémaphore, Port-de-Bouc
04 42 06 39 09
www.theatre-semaphore-portdebouc.com
© Le clan des songes
Théâtre documentaire, marionnette et société
le 29 nov
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13
www.mucem.org
La compagnie Flash Marionnettes
travaille depuis une trentaine d’années sur
les formes d’expressions liées au théâtre
de marionnettes. Pour ce spectacle 4M4A,
la troupe alsacienne puise dans la mythologie
grecque et explore quatre mythes antiques,
revisités par quatre auteurs contemporains.
Philippe Dorin, Thor Hungwald, Lise
Martin et Karin Serres se sont prêtés
au jeu de l’écriture. Ils livrent leurs
versions d’Orphée, Narcisse, ou l’Odyssée,
qu’Ismaël Safwan met en scène avec
les marionnettes créées par Michel Klein.
Le travail de la compagnie le Clan des
Songes s’adresse en particulier aux jeunes
publics. Fragile est le deuxième volet d’une
trilogie destinée aux enfants dès trois ans, qui
découvrent la représentation théâtrale. Dans
ce spectacle, l’univers est souvent proche du
dessin animé. Marina Montefusco a puisé
son inspiration dans La Linea, ce bonhomme
dessiné, créé à partir d’une ligne blanche.
Son personnage, petite marionnette solitaire,
avec son sac pour seul compagnon, avance
au gré des péripéties qui l’attendent.
du 27 au 29 nov
Théâtre de la Colonne, Miramas
04 90 50 05 26
www.scenesetcines.fr
58
Toi du monde
© Jean Henry
Marionnettes et théâtre d’objets sont
les ingrédients utilisés par la compagnie
Bouffou Théâtre. Polar porc est un
des anciens spectacles de la troupe,
que Serge Boulier a décidé de reprendre
«pour le plaisir de partager cette jubilatoire
récréation». Dans cette énigme «comicocharcutière», Serge Boulier joue les multicartes, auteur, comédien, manipulateur
et metteur en scène. Le détective Mac
Goret mène l’enquête comme dans
les séries policières, avec un style
digne de Dard ou Audiard. Un One
Manipulation Show à ne pas manquer.
Moooooonstres
Tout se joue autour d’un lit. Laurent
Fraunié, du collectif Label Brut, a conçu
le spectacle, (il alterne à l’interprétation
avec Philippe Richard), et a placé cet
objet au cœur de ce Moooooonstres.
C’est le lieu de nos nuits, de nos
rêves et de tous les possibles. Théâtre
d’objets pour tout public dès 3 ans, le
spectacle s’interroge : «Qui du monstre
ou de la peur est arrivé en premier ?»
le 3 déc
Auditorium Jean Moulin, Le Thor
04 90 33 96 80
www.auditoriumjeanmoulin.com
le 10 déc
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
le 13 déc
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
les 25 et 26 nov
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
De passage
© Heloise Faure, Jeremy Martin, Les Ephemeres
le 29 nov
Théâtre de Fos
04 42 11 01 99
www.scenesetcines.fr
Ploum plouf
Il suffit parfois de voir les choses
d’un autre œil pour changer d’humeur.
Regarder en haut, par exemple, cela peut
aider à retrouver la joie de vivre. C’est
le conseil que donne ce ramoneur à
cette jeune fille triste. Avoir la tête en
l’air pour atteindre les sommets.
Dans un décor de ville miniature,
Serge Boulier (compagnie Bouffou
Théâtre) manipule ses petits personnages
au fil des aventures. Il les fait grandir,
leur fait gravir ce toi(t) du monde
et les accompagne dans leur
parcours sur les reliefs de la vie.
© X-D.R
Polar porc
Création commune des compagnies
L’Elephant Vert et Piment Rouge, Ploum
plouf s’adresse aux plus jeunes enfants, de
3 à 6 ans. Dans un décor de salle de bains,
le spectacle met en scène une danseuse,
Fabienne Cohen, et une comédienne,
Claire Madelénat, dirigées par Pierre
Delosme. Invitant constamment au
mouvement et à la mobilité, le spectacle
offre une réflexion sur la place de chacun.
Passant d’actrices à spectatrices, les deux
interprètes se baladent d’un espace à l’autre,
entre le public, les coulisses ou la scène.
le 10 déc
Espace Pièle, Cornillon-Confoux
04 90 55 71 53
www.scenesetcines.fr
«Il n’y a que trois jours importants dans
la vie d’un homme : hier, aujourd’hui,
et demain», annonce Stéphane Jaubertie.
L’auteur de la pièce De passage propose
un voyage à travers ses mots. Un fils et
sa mère pour personnages, le temps
d’une année dans leur vie à partager.
Johanny Bert met en scène ce texte
et évoque avec subtilité les peurs intimes
que ressentent parfois les enfants.
Le spectacle emprunte aux marionnettes,
au théâtre d’ombre, et le public reçoit
un casque audio, pour entendre au
plus près la parole du conteur.
le 21 nov
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
Corbeau l’indien
Spectacle complet, mêlant conte, musique,
théâtre d’ombre, de marionnettes et film
d’animation, Corbeau l’indien puise son
inspiration dans les légendes amérindiennes.
Julien La Bouche (récit et musique) et
Cami di Franceso (texte et marionnettes),
donnent corps à ce grand corbeau noir qui
parcourt les plaines américaines, de tribus
en tribus. Au fil de leurs collaborations,
les deux artistes ont formé la compagnie
L’Œil Magique, et proposent, à travers
ce spectacle, une découverte des
rouages et secrets du cinéma animé.
le 28 nov
Espace Robert Hossein, Grans
04 90 55 71 53
www.scenesetcines.fr
59
le 26 nov
Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes
06 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
La Grenouille…
Accompagnée par un ensemble de flûtes
(traversière, alto, piccolo), une danseuse
ose sortir de son nid douillet pour goûter
à l’émancipation grâce au souffle du
vent. Destinée aux tout-petits, la pièce
de la compagnie Piccola Velocità
éveille en douceur la curiosité des jeunes
spectateurs au monde sensible. D’un
état de besoin à celui du désir, malgré
la peur de la séparation, l’envol est
nécessaire pour grandir et l’espace créé
par les interprètes, tout en plumes et cerfsvolants, propice à toutes les audaces.
le 30 nov
L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence
04 90 92 70 37
www.mairie-saintremydeprovence.fr
Nouvelle création pour le jeune public du
Théâtre du Kronope, qui adapte pour
l’occasion les aventures du célèbre pantin
imaginé par Carlo Collodi. Une touche
déjantée et exubérante, toujours dans
l’esprit baroque de la commedia dell’arte qui
fait la marque du Kronope, et une mise en
scène de Guy Simon. On suivra le périple
et la découverte du monde de la petite
marionnette qui parle du menuisier italien
Geppetto, sa rencontre avec de nombreux
personnages et son désir de devenir un
vrai petit garçon… À partir de 7 ans.
le 10 déc
La Fabrik’Théâtre, Avignon
04 90 86 47 81
www.fabriktheatre.fr
Si Monsieur Brin d’Avoine collectionnait
les maisons, il en possédait 400… mais
aucune ne lui donnait satisfaction. Ce que
cet énigmatique personnage recherchait,
sans le savoir, c’était sa toute première
maison, celle de son enfance, l’endroit
fondateur des premiers souvenirs… Par le
biais d’un magnifique cabinet de curiosité,
Charlot Lemoine et Tania Castaing,
fondateurs du Vélo Théâtre, provoquent
des émotions et rêveries enfouies.
© Michel Ferchaud
Flûtt
Pinocchio
Ulysse…
Mêlant le texte d’Homère et celui de
Philippe Arnoux (Iraka), cette réécriture
de l’Odyssée offre des airs de road-movie
contemporain, tentant à travers une
adaptation percussive et une langue proche
du slam, de la rendre plus accessible. Les
Milles Tours Compagnie ont en effet plus
d’un tour dans leur sac pour mener le héros
dans son épopée mythologique, partant à
l’aventure rencontrer Circée, le Cyclope au
son de Sirènes très actuelles et à bord d’une
voiture qui a elle aussi bien roulé sa bosse.
La Grenouille au fond du puits
croit que le ciel est rond
du 2 au 4 déc
La Garance, scène nationale de Cavaillon
04 90 78 64 64
www.lagarance.com
du 10 au 12 déc
Théâtre de Grasse
04 93 40 53 03
www.theatredegrasse.com
Ulysse, l’Odyssée d’un retour
le 28 nov
La Fabrik’Théâtre, Avignon
04 90 86 47 81
www.fabriktheatre.fr
La jeune fille…
Olivier Py a adapté pour la scène
plusieurs contes des frères Grimm.
Celui-ci, avec ses mains coupées,
un père effrayant de couardise,
un diable séduisant, une jeune fille pure
et un prince idéal, parle de la foi dans
l’amour et dans le destin. Accompagné
de musique, trimballant ses espaces
factices de tréteaux, il joue
de pacotilles charmantes, dans
une belle langue pleine d’élans
mystiques...
La jeune fille le diable et le moulin
le 21 nov
La FabricA, Avignon
04 90 27 66 50
www.festival-avignon.com
© Benoit Carrot
Loin de l’imagerie de Walt Disney, Christian
Duchange renouvelle le regard porté sur
l’œuvre de James Matthew Barrie grâce
une scénographie circulaire qui fait d’une
chambre d’enfant une île, le refuge des
pirates, le rocher des gamins abandonnés.
L’inconscient du public est convoqué,
pour devenir Peter Pan «comme on entre
en résistance» et laisser «s’exprimer cette
puissance enfantine qui nous habite tous,
dès le plus jeune âge». Quatre comédiens,
accompagnés d’un musicien, partent ainsi
à la conquête de ce personnage mythique.
© Vélo Théâtre
Peter Pan
60
À la renverse
© Xavier Cantat
© J-L Alessandra
Accueillie avec le soutien de l’ISTS, cette
pièce de la Cie Débrid’arts s’inspire des
Histoires Pressées de Bernard Friot. Autant
de petites saynètes aux univers insolites,
où les relations entre enfants et adultes
s’expriment. Mises en scène par Jeanne
Béziers, Judith Arsenault et Magali
Jacquot plongent au cœur de l’enfance,
incarnant tour à tour une drôle d’institutrice
qui finit dans un bocal à poisson, le petit
Benjamin qui «fond la nuit», lançant à la
volée des chapelets de «Je t’aime»…
Pascale Daniel Lacombe et l’auteure
Karin Serres signent, avec cette tendre
histoire sur les prémices de l’amour, une
œuvre d’une maîtrise remarquable. L’histoire
renversante de deux jeunes gens qui se
retrouvent chaque année depuis l’enfance
dans le Finistère, et vont jouer leur destin,
face à la mer. Deux rockers au grand cœur
confrontés à l’appel du large. Toujours
à la renverse mais jamais séparés…
le 25 nov
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
le 28 nov
Théâtre Le Forum, Fréjus
04 94 95 55 55
www.aggloscenes.com
le 2 déc
Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux
04 94 98 12 10
www.polejeunepublic.fr
les 30 nov et 3 déc
Eveil artistique, Avignon (à la
Chapelle des Pénitents Blancs)
04 90 85 59 55
www.eveilartistique.com
le 9 déc
Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux
04 94 98 12 10
www.polejeunepublic.fr
Une pièce onirique et musicale de
la compagnie vauclusienne Okkio pour
une comédienne et une violoncelliste,
visible dès 5 ans. Adaptée du conte
d’Andersen, elle évoque à travers
le personnage de Gerda et de son ami
Kay, mystérieusement disparu, le passage
de l’enfance à l’adolescence, entre
l’imaginaire et la réalité, la peur et la
témérité. Présentée dans le cadre des
rendez-vous jeunes publics Mercredi
des Bambini, avec un traditionnel goûter
en clôture et l’occasion de rencontrer
les artistes en chair et en os
après le spectacle.
le 17 déc
Théâtre Golovine, Avignon
04 90 86 01 27
www.theatre-golovine.com
Sur les traces du ITFO
© Romain Etienne
L’histoire de Clara
Un concert narratif sous casque de
la Cie (Mic)Zzaj, pour une expérience
intime et collective de l’Histoire.
Le spectateur est immergé dans le son
des voix qui lui chuchotent à l’oreille,
accompagné par la création musicale
de Pierre Bardaroux et Laurent Sellier,
pour écouter L’histoire de Clara de
Vincent Cuvellier. Un bébé juif abandonné
en 42 pour échapper à la Gestapo,
qui survivra grâce à dix personnages
qui nous racontent et transmettent
ce pan de mémoire par les «voix»
d’Olivia Kryger. Intense et singulier.
Neiges
© Patricia Boucharlat
Tu m’écoutes
L’histoire tragico-humoristique d’un
orchestre fantôme contée par Michel
Laubu et ses complices de la compagnie
de théâtre d’objets Turak Théâtre. Sur les
traces du ITFO (comprenez Import’nawaouk
Turakian Folklorik Orske’stars), nous
mène, avec ses marionnettes grandeur
nature et ses délicieuses trouvailles
visuelles, sur un étonnant jeu de piste
et un joyeux capharnaüm, créés par un
improbable orchestre en pleine crise
économique. Un conte social, joyeux
et drôle, et de la poésie à revendre !
le 16 déc
La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
61
Pinocchio
le 19 nov
Théâtre Le Forum, Fréjus
04 94 95 55 55
www.aggloscenes.com
Les aventures de Pinocchio
le 26 nov
Palais des Congrès, Saint-Raphaël
04 94 19 84 11
www.saint-raphael-congres.fr
le 29 nov
3bisF, Aix-en-Provence
(dans le cadre de Momaix)
04 42 16 17 75
www.3bisf.com
le 2 déc
Théâtre La Colonne, Miramas
04 90 50 66 21
www.scenesetcines.fr
© X-
© X-D.R
Voyage magique et surprenant dans la vie secrète de la Grande Bleue
par la compagnie TPO, qui associe danse et arts numériques dans de
véritables performances visuelles. Plongés en plein cœur d’un décor
interactif, jeunes spectateurs et danseurs interagissent en direct avec
les images et les sons pour explorer un univers poétique original et
ludique. Ce premier volet d’une trilogie consacrée par la compagnie
italienne à la mer Méditerranée, berceau de la civilisation et des
mythes, compose un conte visuel et sensoriel majestueux. Dès 4 ans.
Frédéric Garbe adapte le mythe de
Pinocchio, conte initiatique de Carlo
Collodi appartenant à l’imaginaire
collectif, avec L’Autre Compagnie.
S’attachant à la dimension épique
et poétique des mésaventures
du pantin, quatre comédiens
jouent les personnages de
la fable, manipulent objets
et éléments scénographiques
dans une forme inspirée de la
bande dessinée. Dès 8 ans.
R
D.
Bleu
62
Le cirque invisible
Huître
© Mario Sabatini
Qu’est-ce qu’un couple ? Une femme
et un homme, généralement, mais aussi
la part masculine de l’une et la part
féminine de l’autre. Le couple à quatre
serait alors une entité à part(s) entière(s).
Dans cette nouvelle création de
la compagnie 1 Watt, une Eve et
un Adam racontent leur fascination
pour ce mollusque hermaphrodite.
Changer de sexe plusieurs fois par vie,
est-ce là le secret d’une relation
amoureuse équilibrée ? La solution
pour enfin ne faire qu’un ?
Sophie Borthwick et Pierre Pilatte,
duo de clowns, s’y essayent.
En 2006, la compagnie Les 7 doigts de
la main crée Traces. Depuis, le spectacle
ne cesse de tourner dans le monde entier,
bientôt vu par un million de spectateurs.
La troupe de cirque québecoise y exprime
sa plus totale inventivité. Prisonniers d’une
catastrophe annoncée, les artistes n’ont
plus qu’une échappatoire : créer. Pour tenter
encore d’exister, même après le chaos.
Acrobaties, voltige, musique, chant ou dessin,
qu’importe le moyen d’expression, l’essentiel
pour chacun est de laisser une trace.
du 25 au 29 nov
Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
08 2013 2013
www.lestheatres.net
les 21 et 22 nov
Daki Ling, Marseille
04 91 33 45 14
www.dakiling.com
Couple à la ville comme à la scène,
Victoria Chaplin et Jean-Baptiste
Thierrée sont deux artistes hors du
commun. Avec leur Cirque invisible, la fille
de Charlie Chaplin et son compagnon offrent
un spectacle rempli d’émotion et de poésie.
D’un côté, le clown illusionniste déballe de
sa malle un monde magique et merveilleux.
De l’autre, la danseuse acrobate, équilibriste
gracieuse, habile à tout transformer. Leur
rencontre crée un univers féerique, où
la métamorphose, des choses et des
êtres, devient l’art de fabriquer du rêve.
Entre équilibres sur objets et déséquilibres
sonores, Sébastien Le Guen et Jérôme
Hoffmann se relaient dans la performance.
Les deux artistes, réunis dans la compagnie
Lonely Circus, proposent un jeu croisé
de leurs disciplines. Dans Fall fell fallen, le
musicien et le circassien se confrontent,
s’interpellent, se répondent. L’un, dressé
sur des planches ou des tasseaux de bois.
L’autre, entouré d’instruments improbables,
véritables «agrès sonores». Autour du duo
se crée un univers suspendu déconcertant.
du 11 au 14 déc
Théâtre Massalia, Marseille
04 95 04 95 75
www.theatremassalia.com
Cuisine et confessions
Emmène-moi
Depuis sa naissance, il y a une trentaine
d’années, la compagnie Pagnozoo évolue
aux côtés des chevaux. Après plusieurs
spectacles où hommes et animaux se
domptent mutuellement, en 1998, le cirque
équestre devient définitivement le mode
d’expression de la troupe. Avec Emmènemoi, créé en 2009, la relation entre les
chevaux et les artistes atteint des sommets.
La tempête est source d’inspiration de ce
spectacle. Le public, tout proche de la piste,
se laisse emporter par la virtuosité des
acrobates et la fougue de leurs montures.
© Nicolas Heredia
Une dose de toucher, un brin d’odorat et
surtout beaucoup de goût. Voici la recette
de Cuisine et confessions, créé par la
compagnie Les 7 doigts de la main. Le
collectif de circassiens québecois élargit
sa palette et s’adresse à tous nos sens.
La vue et l’ouïe seront rassasiées par un
spectacle qui place la cuisine au cœur de la
rencontre des cultures. Shana Carroll et
Sébastien Soldevila, en chefs de brigade,
puisent dans la mémoire inconsciente où
sont enfouis les souvenirs des saveurs et
des odeurs. À déguster sans modération.
© Larry Rosenberg
Fall fell fallen
du 11 au 13 déc
Le Toursky, Marseille
0 820 300 033
www.toursky.org
du 2 au 6 déc
Le Gymnase, Marseille
08 2013 2013
www.lestheatres.net
Traces
du 17 au 20 déc
Théâtre de l’Olivier, Istres
04 42 56 48 48
www.scenesetcines.fr
63
Mercredis du Port
Cabaret magique
le 17 déc
Quai de la Libération, Port-Saint-Louis
04 42 48 40 04
www.lecitronjaune.com
La compagnie 14:20 propose dans la salle
Guy Obino, inaugurée en début d’année,
une soirée de magie nouvelle composée de
divers numéros, poétiques ou loufoques :
Philippe Beau joue d’ombres chinoises,
Aragorn Boulanger de déséquilibres
et de chutes, Arthur Chavaudret fait
du close up, Raymond Raymondson
rate ses tours... tandis que Mathieu
Saglio les accompagne au violoncelle.
À partir de 7 ans, et à tarif doux !
Alice in China
La troupe de l’Académie des Arts du
Cirque de Tianjin présente une libre
adaptation d’Alice au pays des Merveilles.
De l’autre côté de la muraille, l’héroïne de
Lewis Caroll s’embarque au cœur d’un pays
fascinant. Sur un texte et une dramaturgie
signés Fabrice Melquiot, Alice in China
part à la rencontre d’artistes virtuoses, pour
un spectacle virevoltant et envoûtant.
le 13 déc
Salle Guy Obino, Vitrolles
04 42 02 46 50
www.vitrolles13.fr/programmation-culturelle
les 10 et 11 déc
Théâtre de Nîmes
04 66 36 65 10
www.theatredenimes.com
les 20 et 21 déc
Théâtre Le Forum, Fréjus
04 94 95 55 55
www.aggloscenes.com
le 23 janv
Théâtres en Dracénie, Draguignan
04 94 50 59 59
www.theatresendracenie.com
Dans les bois & Un
Deux spectacles en équilibre, à l’affiche
du Théâtre La Passerelle. Avec Dans
les bois, la compagnie Lonely Circus
revisite l’histoire du Petit Chaperon
rouge. Sébastien Le Guen, comédien
funambule, s’amuse avec le personnage
de Perrault. Les bois, c’est la forêt, où le
guette un loup slameur, mais aussi tous les
tasseaux sur lesquels joue l’équilibriste.
Le bois reste présent dans Un. Ezec
Le Floc’h, jongleur étonnant, n’a
qu’un objet en mains pour réaliser
ses prouesses : un bilboquet.
les 28 et 29 nov
La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
© Céement Debailleul
Vous connaissiez les Mercredis du Port
en juillet, le Citron Jaune et la ville de PortSaint-Louis-du-Rhône vous proposent un
arrière goût d’été avec ce nouveau rendezvous aux senteurs de marrons, de vin ou de
chocolat chauds avec écharpes et bonnets !
C’est la Cie Karnavires qui va orchestrer
la soirée sur le quai de la Libération, avec
Ben ça alors !, un spectacle pyrotechnique
qui use d’explosion de gags, d’émotions, et
des rêveries d’une joyeuse bande de douxdingues, les Picabias, du nom de la région
proche du pôle nord, le Picaland, où ils vivent.
Liaison carbone
Le jonglage est-il une matière scientifique ?
C’est un peu la question que pose ce
spectacle entièrement jonglé, créé par la
compagnie Les Objets Volants. Présentée
comme «une physique des particules à
l’échelle humaine», cette performance
de cinq jongleurs porte une réflexion
sur la suspension fragile. Chaque objet
jonglé est la composante d’un ensemble
qui s’anime. Comme une multitude
d’atomes constitue la matière, balles,
massues ou cerceaux sont les éléments
essentiels d’un art qui défie la gravité.
© X-D.R
le 2 déc
Théâtre Durance, Château-Arnoux
04 92 64 27 34
www.theatredurance.fr
L’insomnante
Quand ne pas dormir devient source
d’inspiration. Plutôt que de subir ses
insomnies, Claire Ruffin en a fait un
spectacle. La danseuse et comédienne
l’a conçu et l’interprète, sous le regard
de Camille Boitel et accompagnée de
Catherine Exbrayat au violoncelle et au
chant. L’insomnante, c’est l’histoire de cette
jeune femme, prisonnière de son lit, sans
sommeil, mais pas sans rêves. Rêves ou
cauchemars, c’est selon. De sa lutte avec
Morphée surgissent toutes sortes d’images
et de sons qui viendront peut-être la bercer.
du 11 au 13 déc
La Passerelle, Gap
04 92 52 52 52
www.theatre-la-passerelle.eu
Night Circus
Dans une ambiance de cabaret berlinois,
un souffle de poésie flotte sur des numéros
époustouflants. La vingtaine d’artistes de
la compagnie Recirquel sont les maîtres
du cirque contemporain hongrois. De leur
rencontre avec le metteur en scène Vági
Bence naîtra Night Circus, une plongée dans
une atmosphère enfumée et vaporeuse,
où clowns et acrobates enchaînent leurs
prouesses au son des notes de jazz. Dans la
lignée des grands cirques d’Europe centrale,
ce spectacle est une invitation au rêve.
les 13 et 14 déc
Le Carré, Sainte-Maxime
04 94 56 77 77
www.carreleongaumont.com
64
John John
John John de Brillante Mendoza © Ad Vitam
Baltimore, where you at de Tim Moreau © Les films du chat brillant
Art et Essai Lumière, La Ciotat
www.artetessailumiere.fr
Dans le cadre du mois du film documentaire
et du Tour du Pays d’Aix, les 25 et 26 nov, au
Théâtre Bellegarde, Aix’Qui ? et Les Films
du Gabian présentent deux premiers films
documentaires en lien avec la musique.
Mutante, rageuse, cathartique, tisseuse
de liens, dans une Baltimore ravagée par
la crise, que Tim Moreau parcourt avec
Baltimore, where you at ? Fil conducteur
pour Water Music du Collectif One Take, où
on suit entre doc et fiction, les tribulations
de 5 potes en tournée, de la côte Atlantique
à la Mer Noire, au mois d’août 2011.
La première fois, festival du
premier film documentaire
Pays d’Aix
Les Films du Gabian
06 48 08 52 87
www.festival-lapremierefois.org
La Grande guerre
Institut de l’Image, Aix-en-Provence
04 42 26 81 82
www.institut-image.org
Du côté de l’Alhambra
En cette fin d’année, l’Alhambra multiplie
les événements ciné. Le 20 nov à 20h,
L’oranais en présence du réalisateur, Lyes
Salem : amitié et trahison dans l’Algérie
décolonisée. Journée René Allio le 24 nov.
À ne pas rater, le 27 nov à 20h, en avantpremière, le documentaire Trois sœurs en
présence de Julie Aguttes, l’histoire de trois
religieuses ivoiriennes en mission dans
les quartiers Nord. Et le 3 déc à 19h30, le
rendez-vous avec Laurent Bécue-Renard
et ses douze hommes en colère, brisés
par la guerre dans Of men and war.
Le 21 nov à 19h30, séance-débat autour
du film Brasil adentro, Paroles d’un autre
Brésil en présence de la réalisatrice
Claudia Neubern et d’Antoine Héberlé,
co-scénariste et directeur de la photo.
Un voyage du Sud au Nord du Brésil,
de l’élection de Lula à l’aube des
présidentielles, trois ans plus tard. Débat
animé par l’écrivain Jean-Paul Delfino.
Le 26 nov à 19h30, en partenariat avec le
Goethe Institut, Baal de Volker Schlöndorff,
inspiré de la pièce de théâtre en diverses
versions de Bertolt Brecht avec Rainer
Werner Fassbinder dans le rôle-titre ; Baal
fut frappé d’anathème directement après
le passage à l’antenne en 1970 et sort 40
ans plus tard. Puis le 9 déc à 19h30, en
collaboration avec AFLAM, le documentaire
Route 60, «un périple poétique dans la vie
quotidienne des Palestiniens, en Cisjordanie»
en présence du réalisateur Alaa Ashkar.
Cinéma Les Variétés, Marseille
0892 68 05 97
www.cinemetroart.com
Docus à l’Eden
Cinéma Alhambra, Marseille
04 91 03 84 66
www.alhambracine.com
L’Oranais de Lyes Salem © Jean-Claude Lother
Centenaire oblige, du 5 au 25 nov, l’Institut
de l’Image met 14-18 à l’écran croisant les
regards de cinéastes américains, français,
allemands, italien, de 1918 à 1973. 10
classiques indispensables dont Wings de
William Wellman, une des productions les
plus gigantesques du muet, À l’ouest rien
de nouveau, adaptation du célèbre roman
de Remarque par Raymond Bernard, La
grande illusion de Jean Renoir, African
Queen de John Huston, Les hommes
contre de Francesco Rossi et le terrible
pamphlet de Dalton Trumbo contre
toutes les guerres, Johnny Got His Gun.
RDV aux Variétés
Dans le cadre des Rencontres d’Averroès,
le 21 nov à 20h30 à l’Eden Cinéma de
La Ciotat, Art et Essai Lumière propose
John John de Brillante Mendoza. Dans
un quartier pauvre de Manille, Thelma est
chargée par un service social local d’élever
des enfants abandonnés avant leur adoption
officielle. Aujourd’hui, John John, le dernier
enfant gardé par Thelma, doit être remis
à ses parents adoptifs américains...
Les Glaneurs et la glaneuse d’Agnès Varda © Cinetamaris
La première fois...
Dans le cadre du mois du documentaire,
Les Lumières de l’Eden propose deux
documentaires de grands cinéastes : le 22
nov à 18h30, Les Glaneurs et la glaneuse
d’Agnès Varda qui en référence au
tableau de Millet, s’intéresse aux glaneurs
d’aujourd’hui, ceux qui récupèrent de la
nourriture dans tous les lieux possibles
de consommation. Et le 28 à 20h30, Buena
Vista Social Club de Wim Wenders, un filmdétonateur dans le monde musical qui vit
renaitre de vieux musiciens comme Compay
Segundo, Ibrahim Ferrer, Ruben Gonzalez…
Les Lumières de L’Eden, La Ciotat
04 42 83 89 05
www.edentheatre.org
65
Cabrières
sur courts
Au pays du court
Du 20 au 23 novembre, l’association
Cinambule propose la 21e édition de Court
c’est court ! : 88 film répartis en 37
séances, des films pour tous les goûts,
dont un focus sur les courts métrages
polonais, présenté par Marta Świątek
de la Fondation du cinéma de Cracovie et
pour la première fois, des clips musicaux.
Invité d’honneur, Paul Vecchiali présentera
en avant-première son dernier long
métrage Nuits blanches sur la jetée, adapté
d’une nouvelle de Dostoïevski, ainsi qu’une
Carte Blanche. Une vingtaine d’invités
professionnels du cinéma seront présents :
réalisateurs, comédiens, techniciens
dont Sébastien Fau, réalisateur en
animation pour le cinéma et la télévision,
artiste plasticien bricoleur, récupérateur
qui redonne vie aux objets oubliés.
Cette année le public pourra voter et
sa tâche ne sera pas facile : 29 films
sont en compétition parmi lesquels
les excellents 37°4 S d’Adriano Valerio,
Meu Amigo Nietzsche de Fáuston da
Silva, T’étais où quand Michael Jackson
est mort ? de Jean-Baptiste Pouilloux
ou Nashhorn im galopp d’Erik Schmitt.
Courts en Méditerranée permettra de voir
Dinola de Mariam Khatchvani et Peau
de colle de Kaouther Ben Hania, primés
récemment à FFM. Et Ça court en région
PACA propose entre autres Beauduc,
en présence du réalisateur Laurent
Teyssier, et Ouvre l’œil de Rémy Galvain.
Les enfants ne sont pas oubliés :
Cinémômes leur propose 4 films
d’animation dont La petite casserole
d’Alexandre d’Éric Monchaud.
Bref ! Aux rencontres du film court,
il est prudent de réserver !
Sto katofli (Au seuil) d’Anastasia Kratidi © Anastasia Kratidi
Du 1er au 6 décembre se tiendra le
32e Festival Tous Courts : plus de 200
films, fictions, documentaires, cinéma
d’animation ou expérimental. 52 en
compétition internationale répartis
en 10 programmes concourront
pour 8 prix dont un nouveau, celui
du meilleur scénario. Des courts
métrages venus de 21 pays.
Cette année, on fera un voyage spécial
en Grèce avec 3 programmes. Deux
cartes blanches, l’une à Paola Starakis :
Tous les désespoirs sont permis ; l’autre
au Festival International du Film
d’Athènes, et six films courts de Georgis
Grigorakis dont N’Me for Myself qui
a remporté le Prix du meilleur court
aux Oscars du film grec en 2009.
On pourra rester en région : Avec Lou
d’Isabelle Schapira, Quand les branches
se querellent... les racines s’embrassent
de Marthe Sébille, Jardin d’hiver de
Camille Genaud et Oripeaux de
Sonia Gerbeaud et Mathias
de Panafieu.
La soirée ARTE permettra de voir
Les Enfants de Jean-Sébastien
Chauvin et Loups solitaires en mode
passif de Joanna Grudzinska.
Cavalier Express proposera une
nouvelle lecture de huit courts
métrages d’Alain Cavalier.
Pour les optimistes, les Coups
de cœur dont les réjouissants
Welkom de Pablo Munoz Gomez et
Democratia de Borja Cobeaga.
Les noctambules passeront une nuit
«à haut risque, garantie en peurs,
frissons, cris, effarements» avec 27
films répartis en quatre programmes
dans la Nuit des monstres.
Tous courts, ce sont aussi des
rencontres avec les réalisateurs,
des ateliers, et surtout la
possibilité en une seule séance,
de voyager à travers le monde.
Alors, bon voyage au pays du court !
ANNIE GAVA
Festival Tous Courts
Aix-en-Provence
du 1er au 6 déc
www.festivaltouscourts.com
Semaine asymétrique
poème vidéo de la série commencée
par Florence Pazzottu en 2013 ou
Les Branleurs de la Havane de Cécile
Patingre, un dialogue inédit avec
les cubains où se croisent questions
de sexualité et de politique.
Et ce n’est pas uniquement pour
le besoin de montrer son film que
chacun pourra participer mais «pour
l’envie de partager une semaine avec
d’autres cinéastes, partager le chemin,
les doutes, les bonheurs, les questions...
à travers les films... Et en public !»
A.G.
La Semaine asymétrique
du 1er au 7 déc
Polygone Étoilé, Marseille
09 67 50 58 23
www.polygone-etoile.com
A.G.
Court c’est court
du 20 au 23 nov
Cinambule, Cabrières d’Avignon
04 90 74 08 84
www.cinambule.org
Nashhorn im galopp d’Erik Schmitt © X-D.R
La Semaine asymétrique n’est pas
un festival de films ; aucune sélection,
pas d’invités, pas de catalogue.
«Chacun est le bienvenu s’il en a envie.»
Du 1er au 7 décembre, les auteurs
viennent avec le film de leur choix
sous le bras au Polygone Étoilé.
Le 5e opus de la collection cinéma
hors capital(e) se fera l’écho des
interventions, des débats, des
expériences et des notes sur
les films ou les auteurs...
Des films sont déjà annoncés
comme Mes 7 lieux de Boris Lehman,
un essai sur le temps qui passe,
Les Apatrides volontaires d’Aaron
Nikolaus Sievers, «une remontée qui
passe, du grand père au père, du fils
vers la mère, un cheminement dans
les méandres de ce qui est tu.»
Le Triangle mérite son sommet, sixième
66
Méditerranée
en images et en sons
Du 8 au 13 décembre à Marseille, le 18e PriMed
(Prix International du Documentaire et du Reportage
Méditerranéen) propose une semaine de projections,
de débats et de rencontres autour des productions
de la Méditerranée. 29 documentaires, reportages
et web-documentaires, autant de regards sur le
monde et la société, venus de 19 pays différents.
Créé en 1994, le PriMed a pour objectif de récompenser des programmes privilégiant la créativité, il
est parrainé cette année par Yasmina Khadra qui
ouvrira la cérémonie de remise des Prix le 12 déc
à 17h30 à la Villa Méditerranée et rencontrera le
public à l’Alcazar le lendemain. Le 12 à 10h30, à la
Villa Méditerranée, conférence sur le web-documentaire en Méditerranée et les nouveaux écrans
de diffusion.
Les œuvres concourent pour neuf prix dont «Enjeux
méditerranéens» (The Renegade de Sofia Amara et
Bruno Joucla ou Des murs et des hommes de Dalila
Ennadre) ; «Art, patrimoine et cultures de la Méditerranée» (The Venice Syndrome d’Andreas Pichler
ou Electro Chaabi d’Hind Meddeb...).
Parmi les thèmes abordés, la jeunesse et l’éducation
avec Enfants de l’ovale de Grégory Fontana et Rachid
Oujdi, les écoliers palestiniens et israéliens de This is
my land de Tamara Erde, la guerre avec L’attentat de
Sarajevo de Nedim Loncarevic ou ses conséquences
Quivir de Manu Trillo (Catégorie Première œuvre) © Manu Trillo
avec Sarajevo, des enfants dans la guerre de Virginie
Linhart ; les femmes avec La Femme à la caméra
de Karima Zoubir (lire sur www.journalzibeline.fr)
ou Droit au baiser de Camille Ponsin ; les luttes et
révolutions avec Traqués de Paul Moreira ou Dell’arte
della guerra de Silvia Luzi et Luca Bellino.
Le public attribuera son prix ainsi que les lycéens
en partenariat avec Averroès junior. Entrée libre.
ANNIE GAVA
PriMed
du 8 au 13 déc
CMCA, Marseille
Centre Méditerranéen de la
Communication Audiovisuelle
04 91 42 03 02
www.cmca-med.org
http://primed.tv/
Chemins de vie
26e Festival d’automne, et un public passionné au
rendez-vous pour une cinquantaine de films choisis
avec discernement par Régine Juin, et des rencontres-débats, tel celui de Thomas Salvador pour
Vincent n’a pas d’écailles (voir entretien sur www.
journalzibeline.fr). Nicolas Gayraud a présenté Le
temps de quelques jours, et répondu aux questions
du public. Son film nous fait partager le quotidien
et les pensées des sœurs du couvent de Bonneval
en Aveyron, quête de spiritualité, remise en cause
de la société et de son manque de profondeur. Une
relecture fine et enjouée du monde, où rires espiègles
et réflexion se conjuguent avec délicatesse. Le choix
personnel de se retirer du monde s’effectue sans
grandiloquence, ni prosélytisme. Portraits, paysages,
montage d’une sobriété minimaliste, en épure, à
l’image du choix de vie des protagonistes… Documentaire encore, le très beau Kumbh Mela, sur les
rives du fleuve sacré de Pan Nalin, sur le plus grand
pèlerinage du monde qui rassemble plus de cent
millions d’hindous tous les douze ans. On est séduit
par À la recherche de Vivian Maier de Charlie Siskel,
et la qualité des photographies de cette nurse mystérieuse, qui a vraiment existé. Il y a tant d’œuvres à
Marie Heurtin de Jean-Pierre Améris © Unifrance
religieuse sauvera de l’enfermement. On gardera le remarquable
prix du public, Iranien de Mehran
Tamadon, qui réussit le tour de
force de discuter avec des religieux
extrémistes sur le vivre ensemble.
Au cartésien s’oppose un discours
huilé, empli de syllogismes. Comment trouver un terrain commun
avec des personnes qui refusent
jusqu’au chant de femme ! Vous le
saviez déjà, le Festival de Gardanne
reste la démonstration éclatante
que le cinéma n’est pas un simple
divertissement.
MARYVONNE COLOMBANI
citer, à aimer : le bouleversant Siddarth de Ritchie
Mehta, le superbe Whiplash de Damien Chazelle,
chemin de croix du batteur pour atteindre la perfection
jazzique, le rythme endiablé de Pride de Matthew
Warchus et sa belle histoire de solidarité, sans compter le bouleversant film de clôture, Marie Heurtin de
Jean-Pierre Améris sur l’histoire vraie d’une jeune
fille née sourde et aveugle que le dévouement d’une
Le Festival cinématographique
d’automne de Gardanne s’est
déroulé du 17 au 28 octobre
68
Romantisme
contemporain
Invité une seconde fois par les Écritures croisées, Mario Vargas Llosa
revient à Aix auréolé du Nobel. Les divers entretiens et tables rondes cherchent
à cerner cet écrivain si complexe
«I
Mario Var
gas L
losa
©
Ina Salazar évoque la création stylistique du Paradis - un peu plus
loin, le monologue intérieur à deux voix. «C’est comme si on se parlait
à soi-même, de plus, la 2e personne a l’avantage d’introduire dans le
monologue une incertitude qui sous-tend la progression du roman et
garde le lecteur en haleine». Et lorsqu’ on demande à Mario Vargas
Llosa ce qui fait qu’un personnage est romanesque, il
répond : «Ce sont des personnages qui osent aller à
contre-courant, capables par conviction de se
révolter, qui n’acceptent pas d’abdiquer».
Cependant ces personnages ne sont
pas des vecteurs de sa pensée, les
essais ou les articles sont faits pour
ça, souligne-t-il.
Il rend aussi hommage à son
traducteur, Albert Bensoussan, qui accomplit son travail
de traduction avec un tel
«amour qu’il fait ça comme
un véritable créateur !». Et
la poésie ? Exercice littéraire le plus noble, mais
«qui ne souffre rien sinon
l’excellence… c’est pourquoi
je l’ai abandonnée, et en reste
un fidèle lecteur !».
Autre écrivain présent aux
côtés de Vargas Llosa, Vassili Vassilikos évoque l’utopie :
«Sans elle, souligne-t-il, la société
ne peut pas aller en avant.» Il évoque
les conditions de la création, «pas de
parthénogenèse, pas d’inspiration venue
du néant… J’ai publié cent livres, chacun est
le fruit de la lecture d’un livre.» Avec humour,
«l’homme au chapeau», célèbre dans toute la Grèce,
raconte la schizophrénie grecque qui vient du double langage avec
les doublets grec ancien/langue démotique. S’inscrivant contre les
écoles qui apprendraient à devenir écrivain, il rappelle que l’on
comprend la structure de la narration en écrivant. Les lectures
d’Anne Le Ny, Anne Alvaro, Alain Simon complètent par leur
force musicale ces portraits.
Fio
rell
a
B
att
ist
ini
l ne faut pas essayer de définir un homme dans une phrase,
une seule idée… on est tellement de choses en même temps !»
On laissera donc de côté l’homme politique pour se focaliser sur
l’écrivain, moins contestable ! Présenté par Gérard Meudal avec
pertinence, admirateur de Camus, «ce libertaire libéral», déclare
qu’«on ne peut pas écarter la morale de la politique, les séparer
mène à la brutalité, la corruption, au despotisme».
L’écrivain revient d’abord sur son histoire :
«C’est par la reconnaissance de l’Europe
que les auteurs ont été appréciés en Amérique du Sud… quand je vivais au
Pérou, je pensais que si je voulais être
écrivain, il fallait vivre à Paris.
J’avais l’impression que l’air
que l’on respirait à Paris vous
contaminait. On lisait Sartre,
Camus, Merleau-Ponty…»
Vargas Llosa rappelle sa
fascination pour Alexandre
Dumas, Victor Hugo. «Le
premier livre acheté à Paris,
Madame Bovary, m’a fait
découvrir l’écrivain que je
voulais être, réaliste (en ce
sens d’une réalité vérifiable
par l’expérience) avec une
écriture précise, qui cherche la
beauté à travers la langue, sans
s’éloigner du réel. Une bonne histoire
ne suffit pas. La vérité et le mensonge
dans le roman ne dépendent pas de la
confrontation entre la vérité et la fiction :
si vous dites que la terre est ronde, mais si vous
n’êtes pas persuasif, ce sera faux !»
La prose doit donc être la plus apte possible à rendre
l’histoire «persuasive». Mais il faut encore organiser l’histoire.
«Je dois tout à la lecture de Faulkner. Ses histoires entrechoquent la
structure temporelle. La structure devient créative, une histoire banale
devient mystérieuse, profonde, symbole de la condition humaine». Lors
de la table ronde animée par Daniel Lefort, l’écrivain revient sur
ce problème de la structure de l’œuvre. La technique est fondamentale pour la réussite d’un roman, deux questions se posent :
qui va raconter l’histoire et on peut inventer des dizaines de narrateurs, et quel sera le temps de la narration. La chronologie du
récit n’est jamais celle dans laquelle nous sommes, vous avez la
liberté d’inventer un système temporel dont le seul impératif est
de rester cohérent.
MARYVONNE COLOMBANI
La Fête du Livre s’est déroulée
du 17 au 19 octobre, à Aix-en-Provence
70
Penser les séries
Soirée The Wire, Emmanuel Burdeau © Carole Filiu Mouhali
une œuvre d’archivistes et d’auteurs. Ainsi chaque
saison s’articule-t-elle autour d’une thématique, à la
façon de la saga des Rougon-Macquart de Zola. La
saison 2 par exemple a pour cadre principal le port
et les docks ; plus largement, elle pose la question
de la fin du travail et de la classe ouvrière. Un regard
éminemment politique sur Baltimore aujourd’hui.
C’est cette perspective, et son «réalisme spécial» que la
professeure d’études urbaines Marie-Hélène Bacqué,
auteur de The Wire, l’Amérique sur écoute, apprécie
dans la série. Pour elle, «The Wire donne à voir de
façon très intelligente les données de Baltimore étudiées
par les sciences sociales.» La saison 2 s’inspire d’ailleurs
de l’ouvrage d’un sociologue américain When work
disappears. En filigrane, c’est l’échec du capitalisme et
du néolibéralisme américains que David Simon laisse
entrevoir. Les séries seraient donc, dans la lignée des
romans réalistes du XIXe siècle, de fidèles «miroirs
placés le long du chemin», des documents fiables sur
un espace, un groupe social, une époque donnés. Le
sémiologue François Jost, invité à la deuxième soirée
pop philosophique, semble le penser lui aussi. S’intéressant aux «méchants» dans les séries, et plus particulièrement aux personnages principaux de Deadwood,
Dexter et Breaking Bad, il voit dans l’émergence de ces
héros bad guys le signe d’une perte de confiance dans
le système américain actuel. Dexter, comme Walter
dans Breaking Bad, sont obligés de sortir de la loi à
cause des failles du système. En outre, tous deux ont
un raisonnement très «conséquentialiste», à l’image de
la plupart des téléspectateurs américains, nourris des
théories de Bentham et de Stuart Mill.
n’est pas nouveau. Depuis ses débuts,
The Wire, Lelaphénomène
télévision propose ces programmes adaptés au
petit écran et destinés à fidéliser les spectateurs, comme
Game of Thrones, le faisait naguère la presse avec les romans-feuilletons. Il
semblerait toutefois qu’on assiste depuis une quinzaine
à un «troisième âge d’or de la série télévisée».
Dexter, d’années
Formatage des esprits à des produits commerciaux
nouvel impérialisme américain, ou émergence
Six feet under, calibrés,
d’une culture ? Le fait est que les séries mobilisent
aujourd’hui sociologues, enseignants et philosophes.
Breaking bad…
Métaphysique en série
les séries, Critique politique
Cependant les séries ne se limitent pas à cet intérêt
On en a eu la démonstration ces dernières semaines à sociologique. Pour Marianne Chaillan, invitée à paraméricaines Marseille durant la cinquième édition des Littorales puis ler des «fondements de la métaphysique des meurtres
pendant la semaine de la Pop Philosophie. Le festival dans Game of Thrones», «le véritable monarque des sept
marseillais portait le sous-titre d’Histoires en couronnes n’est autre que la philosophie». Et la pétulante
souvent mais littéraire
séries. Et dès la soirée d’ouverture à L’Alhambra, c’est professeure de philosophie de montrer, en cinquante
séries TV qu’il a été question ; plus particulièrement minutes chrono et non sans humour, comment morale
pas que, font dede The
Wire (en français Sur écoute), dont on a pu suivre (avec le renfort de Kant et de Bentham) et politique
trois épisodes de la saison 2. Regarder une série télé (avec Hobbes et Machiavel), s’invitent, entre autres
décidément dans un cinéma peut sembler paradoxal, comme l’a questions philosophiques, dans la célèbre série. Autre
souligné William Benedetto, le directeur de la salle. philosophe invité à parler des séries télé aux Littorales
qualité de ladite série (la plus achetée aujourd’hui, et pendant la «soirée télé» proposée par la Semaine
le buzz ! La
devenue une référence pour les apprentis scénaristes) de la Pop Philosophie, Thibaut de Saint Maurice.
ajoutée à la porosité de plus en plus évidente entre
cinéma et télévision justifie pourtant l’utilisation du
grand écran. The Wire, diffusée de 2002 en 2008 en
cinq saisons, vise à dresser le portrait de Baltimore.
Emmanuel Burdeau, critique de cinéma et auteur
d’un ouvrage collectif consacré à la série, a rappelé
l’ambition de ses deux créateurs David Simon, ancien
journaliste au Baltimore Post, et Ed Burns, ancien policier : dépasser la simple création d’une fiction, proposer
Chroniqueur radio et télé, il enseigne la philosophie et
a écrit les deux tomes de Philosophie en séries. Pour lui,
les séries TV constituent un «très bon matériau culturel
pour créer une rencontre entre professeur et élèves». Pourquoi
est-il devenu «cool» de s’intéresser aux séries télévisées
en tant que philosophe ? À cette question, il répondra
en un brillant exposé, en trois parties, s’appuyant sur
des références on ne peut plus sérieuses. Partant de ce
qu’il nomme «l’indignité des séries», il montre que
71
Mouvements de
foule et pataphysique
celles-ci ont longtemps souffert de
trois reproches principaux : celui
de «perversité industrielle» d’abord
(voir Adorno) ; celui d’«impureté
esthétique» ensuite (cf. Hannah
Arendt et sa Crise de la culture) ;
celui enfin de «légèreté divertissante» (depuis Pascal, on n’ignore
rien du divertissement). Il réfute
ces trois arguments en trois points.
Aujourd’hui, les produits culturels
sont requalifiés esthétiquement ; et
de citer Nelson Goodman : «N’importe quel objet, à un moment donné
de son existence, […] peut fonctionner
comme une œuvre d’art.» Signalons,
pour ceux qui veulent en savoir plus,
que l’article est reproduit à la fin
de Philosophie en séries 1. À cette
requalification esthétique s’ajoute la
requalification culturelle. On parle
désormais de «sériephilie» comme
on parle de «cinéphilie». Un nouveau nom pour une nouvelle (et
authentique) culture. Enfin, pour en
finir avec la connotation péjorative
du terme «divertissement», et aussi
parce qu’il milite activement pour
casser toute hiérarchie culturelle,
Thibaut de Saint Maurice insiste
sur la notion de plaisir, qui suscite
communication et partage.
Ainsi les séries font-elles émerger des
questionnements touchant à l’art, à
la culture, à l’émotion esthétique.
Et elles font plus encore. De par
leur structure narrative élaborée,
souvent chorale et très complexe,
elles activent ce qu’Umberto Eco
appelait «la compétence spectorielle», enrichissent notre expérience
de spectateur. Leur rythme spécifique, fondé sur la succession des
épisodes, redonne une continuité à
nos existences fragmentées. Les séries
réveillent ainsi en nous une capacité d’attention au réel, aux autres
et à nous-mêmes. De la vertu du
divertissement…
L
Thibaut de Saint Maurice © Chedly Zouiten
De quoi les séries américaines
sont-elles le symptôme ?
François Jost
CNRS éditions
a Semaine de la pop philosophie a connu un intermède scientifique le 22 octobre, à
la BMVR Alcazar. Si le public était
déçu de ne pas pouvoir écouter
Etienne Klein, retenu en Chine,
il n’en est rien paru ; tant pis pour
le rugby quantique annoncé !
Bertrand Maury (mathématicien), et Gérard Berry (informaticien, et tout récent médaillé d’or
du CNRS pour l’ensemble de ses
travaux) ont amplement étanché
sa soif de sciences.
Les recherches de Bertrand Maury
au laboratoire d’Orsay portent sur
les prédictions de comportement
des foules. Utiles notamment pour
anticiper les engorgements en cas
d’urgence à évacuer rapidement un
grand nombre d’individus dans un
endroit donné, ses calculs prennent
par exemple en compte le taux
d’insatisfaction éprouvé par l’être
humain lorsque ses congénères
envahissent sa zone d’intimité, le
nombre de personnes cherchant
à rejoindre la sortie au même
moment, et celui des issues possibles... Ces travaux rapprochent
le champ de la sociologie et celui
de la physique, en considérant les
individus comme des particules.
Rappelons que le même type de
logiciels est utilisé par bien des états
ou municipalités pour détecter les
déplacements suspects dans une
Philosophie en séries (2 tomes)
Thibaut de Saint Maurice
Ellipses
Sciences
en conscience
Avec la volonté de «créer un dia- (seule séance payante du festival, le
FRED ROBERT
À lire, pour aller plus loin
The Wire-Reconstitution collective
Emmanuel Burdeau, Grégoire
Chamayou, Philippe Mangeot,
Mathieu Potte-Bonneville,
Jean-Marie Samocki,
Nicolas Vieillescazes
Les Prairies ordinaires
The Wire,
l’Amérique sur écoute
(ouvrage collectif)
Marie-Hélène Bacqué
La Découverte
Et aussi
Sériephilie, sociologie
d’un attachement culturel
Hervé Glevarec
Ellipses
logue entre le cinéma et l’univers
des sciences, considérées comme un
domaine de création», l’association
Polly Maggoo livre la 8e édition
de son festival RISC. 300 candidatures ont été reçues cette année
pour concourir : un large choix
de fictions, documentaires, films
expérimentaux ou jeune public,
pour constituer une programmation éclectique, mais solide, de
courts et longs métrages. Parmi les
multiples propositions, on retiendra particulièrement la projection
d’un documentaire consacré à la
découverte du Boson de Higgs,
Particle Fever, de Mark Levinson
foule, et par les dictatures pour
optimiser la répression des mouvements insurrectionnels.
Gérard Berry quant à lui a évoqué
avec humour le temps à travers
les âges, depuis les heures monacales variant en fonction des saisons au Moyen Âge (matines au
milieu de la nuit, prime au lever
du soleil, tierce en matinée, sexte
à midi, none l’après-midi, vêpres
au coucher du soleil, et complies
à la tombée de la nuit), jusqu’aux
horloges atomiques ultra précises
qui régissent la planète aujourd’hui.
Il a également livré une prestation
de pataphysique ébouriffante, en
proposant de fonder une start up
pour commercialiser une pendule
des plus cocasses. Dotée d’une seule
aiguille, elle rythmerait approximativement le temps comme suit :
«dès potron-minet», «telle heure et
des poussières», «de midi à quatorze
heures», «avec les poules» (pour
le coucher, et ce de manière très
rigoureuse, en installant une webcam dans un poulailler), «entre
chien et loup», pour finir à «point
d’heure».
GAËLLE CLOAREC
La Semaine de la pop
philosophie a eu lieu du
20 au 25 oct, dans divers
lieux à Marseille
23 au cinéma Le Prado). Et celle
d’une série intitulée Les Braves,
qu’Alain Cavalier consacre à «ceux
qui refusent de se plier à l’injustice» (le 28 au Musée d’histoire
de Marseille). Remise des prix le
lendemain au cinéma Les Variétés.
G.C.
8e Rencontres Internationales
Sciences & Cinéma
Divers lieux, Marseille
du 20 au 29 nov
04 91 91 45 49
04 96 11 04 61
www.pollymaggoo.org
72
L’âme
des marins
L
e festival de photographie contemporaine Maison
Blanche se déroule sur plusieurs lieux cette année.
Après l’accueil des lauréats 2014 (Léa Habourdin,
Pauline Hisbacq, Vincent Ceraudo, Olivia Pierrugues
et Laure Barbosa) dans les salons de la Mairie des
9e et 10e arr., et avant qu’ils ne reviennent à la galerie
MAD, on peut en ce moment découvrir l’oeuvre mise
à l’honneur de Stephen Shore à l’Espace Culture. Le
grand maître de la photographie, célèbre pour ses
prises de vue en couleur à une époque où le noir
et blanc régnait sans partage, a réalisé un journal
visuel de ses voyages à travers les États-Unis dans
les années 70. Cette exposition est l’occasion de
découvrir l’essence d’une époque à travers ses détails
quotidiens : pancakes et verre de lait, nuages flottant
sur les highways, stations automobiles, drive in...
Les plus curieux iront directement en bibliothèque
feuilleter le livre consacré à un pan de son œuvre
récente, visible sur place uniquement en vitrine. From
Galilee to the Negev est ouvert sur deux photographies
splendides : un monastère ensablé des environs de
Bethleem (2009), et les collines ourlées de vert de
Jéricho (2010). Les plus gourmands iront jusqu’à
Madrid pour voir la rétrospective Stephen Shore,
actuellement à la Fundación MAPFRE, ou devront
patienter jusqu’à l’été prochain, car elle fera escale
aux Rencontres d’Arles.
En attendant, pour compléter le parcours du festival, il ne faut pas manquer le travail de Marine
Lanier, lauréate de l’édition précédente. Sa série
Le Capitaine de vaisseau, inspirée de son histoire
familiale, est un embarquement immédiat pour l’ère
des explorateurs. On y croise toutes les superstitions maritimes, jusqu’à y discerner des fantômes
de mouettes, qui selon la tradition abritent les âmes
des marins perdus. L’exposition est adéquatement
ponctuée d’une citation de Joseph Conrad : dans Au
cœur des ténèbres, il évoque l’importance de ne pas
voyager dans certains lieux dont on a rêvé enfant.
L’imagination reste ainsi la plus forte.
GAËLLE CLOAREC
Stephen Shore
jusqu’au 4 déc
Espace Culture, Marseille
04 96 11 04 60
www.espaceculture.net
Le Capitaine de vaisseau
jusqu’au 13 déc
La Traverse, Marseille
04 91 90 46 76
www.ateliers-image.fr
Lauréats 2014
du 8 janv au 7 fév
Galerie MAD, Marseille
04 91 82 83 46
www.esadmm.fr
Tous les goûts sont
dans la nourriture
Au MuCEM, Food, une exposition consacrée aux questions
liées à l’alimentation, peine à nourrir les esprits
malgré le renfort de l’art et de trente sept artistes
L
’art peut-il questionner la nourriture ?
L’exposition itinérante conçue par ART
for the World, ONG associée au département d’Information publique des Nations
Unies, tente la gageure. Avec au menu une
quarantaine d’artistes, le visiteur peut composer un parcours à la carte. On retrouve
des œuvres historiques de Miralda/Selz,
Broodthaers, Meret Oppenheim, Spoerri,
Matta-Clark..., une imposante installation
de Kounellis, des œuvres plus récentes
et plusieurs créations à partir des collections du musée1. Barthélémy Toguo met en
tension des machines agraires ; Stefano
Boccalini détourne des marques à pain
avec le vocabulaire économique ; dans des
vitrines, John Armleder re-muséifie de la
vaisselle et Miralda joue avec les objets
de table comme les caganaires ; à partir
d’archives, Angelo Plessas crée un jeu vidéo
interactif à poursuivre sur Internet. Food
offre beaucoup à voir. Mais sans repères
suffisants malgré les cartels, le visiteur est
abandonné à un abreuvement tous azimuts.
Par endroits des œuvres confinées dans
l’immense vitrine sont peu accessibles.
Aussi passe-t-on à côté des messages
insurgés de Cildo Meireles (Yankees go
home) sur des bouteilles de Coca-Cola
en écho au contexte socio-politique du
Brésil des années 70. Le mural de Dan
Perjovschi perd, dans l’enceinte muséale,
la vigueur du Street art. D’autres mériteraient un espace particulier comme le
travail tout en délicatesse d’Ymane Fakhir
(à confronter avec la vidéo à l’oignon de
Marina Abramović). La critique dégoulinante de l’hyper consommation avec
Supermercado d’Eduardo Srur en prend
un coup lorsqu’on sait qu’il est mécéné
par une grande enseigne commerciale2.
«Elle [l’exposition] interroge le public sur la
consommation, les inégalités entre riches et
pauvres, les disparités entre pays producteurs et pays consommateurs.» Pas sûr
que le message soit perçu. Le doit-on en
partie à une commande institutionnelle
qui édulcore le sujet ? On trouvera dans le
catalogue les prolongements nourrissant
la réflexion entamée dans ce parcours.
CLAUDE LORIN
Food
Produire, Manger, Consommer
jusqu’au 23 fév
MuCEM, Marseille
04 84 35 13 13
www.mucem.org
Écoutez l’entretien avec les conservateurs
du MuCEM sur notre WebRadio Zibeline
2
Les Galeries Lafayette
1
73
Le manga sans foi ni loi
l fallait une bonne dose de folie nippone à
Pakito Bolino (Le Dernier cri, Marseille)
et Hervé Di Rosa (MIAM, Sète) pour se lancer dans pareille aventure, à savoir dresser
un panorama de l’édition japonaise depuis
les années 1960 et la naissance de Garo, le
magazine de référence ! Avec la complicité de
Ayumi Nakayama (librairie Taco Ché à Tokyo),
Pakito Bolino et Hervé Di Rosa racontent son
histoire de manière jubilatoire, pour démontrer, si besoin était, combien cette écriture
entrecroise l’art contemporain, l’art mural
et la performance. Avec une liberté de ton
saisissante ! Pas de tabou, pas d’interdit, les
créateurs et les éditeurs n’ont pas froid aux
yeux : récurrence de scènes porno, de dessins effrayants, de figures monstrueuses, de
situations violentes, d’écorchés, de femmes
attachées ou serviles ou dominantes… La littérature manga trash répand une imagerie de
la femme très machiste. Heureusement que
le genre ero-guro, traduire érotico-grotesque,
a l’humour pour étendard et provoque plutôt
le sourire et le rire que les récriminations de
la gent féminine.
À la Tour Panorama, la scénographie emprunte
aux échoppes de cuisine de rue japonaises
leur matière brute pour accrocher bouquins,
affiches, photos, sculptures, sérigraphies dans
un fourre-tout inextricable. Ici peu de noir et
blanc, trop austère, sauf à être incisif dans la
provocation politico-contestataire, mais une
avalanche de couleurs plus criardes les unes
que les autres. À moins d’être un expert en art
manga et de maîtriser la culture nippone sur
le bout des baguettes, difficile de se repérer
dans ce dédale de formes, il y a tant et tant
de mouvances, d’écoles, de chapelles, de
styles. Tels le nuri comic (manga peint) fondé
par Amakane Suzy, l’heta-huma («mauvais
dessin» ou «maladroit génial») ou encore les
De la nature
à la table
D
eux expositions toulonnaises se font écho,
par-delà les années et les techniques,
autour de la nature. Des poires, des tulipes,
des orchidées et des oignons magnifiés par
le photographe Denis Brihat (voir Zib’67) à
la Maison de la Photographie ; des natures
mortes peintes entre la Seconde moitié du
XIXe siècle et l’Entre-deux guerres au Musée
d’art. Un temps fort sur l’art culinaire, ses
rites et ses représentations qui se poursuivra
Exposition Mangaro, Friche la Belle de Mai, 2014 © MGG / Zibeline
I
figures indisciplinées d’Ichiba Daîsuke qui
accouple graphisme trash, comic-book, art
contemporain et poésie. Du manga «classique» au manga alternatif, du cinétique No
More War de Kaichi Tanaami au psychédélique
Katsumata Hideyuki, l’art du manga semble
se régénérer dans un bouillonnement perpétuel. Ce que souligne précisément l’exposition Mangaro à Marseille, plus attachée à
«la matière imprimée» que le MIAM dédié à
l’univers des artistes. «Par conviction et par
choix», explique Hervé Di Rosa qui dirige «un
lieu créé par un artiste pour les artistes et où il
n’y a pas une seule de mes œuvres !». Un florilège d’artistes dont la carrière de mangaka
a débuté dans Garo -exceptionnellement, Le
Dernier cri présente toute la collection- ou à
cause de Garo, comme Yoshikazu Ebisu qui
évoque «la chance provoquée par le magazine».
en novembre 2015 par une troisième exposition, Délices d’artistes, où l’aliment sera mis en
questionnement dans ses enjeux sociétaux par
Vincent Bioulès, Gérard Tranquandi, Saverio
Lucariello, Marie Ducaté, Serge Plagnol, Claire
Dantzer, Geneviève Martin… et Denis Brihat qui
fait admirablement l’apologie des herbacées et
autres plantes monocotylédones. Des «sujets
humbles» portraitisés dans leur plus simple
appareil et pourtant hissés au rang d’objets
rares, quasi précieux. Une vision bien différente des peintres de l’École provençale qui
ancraient leurs scènes dans la vie quotidienne :
poissons pour la bouillabaisse, marchés dans
l’arrière-pays, intérieurs de cuisines modestes
et salles à manger bourgeoises, prétextes
à valoriser l’art de vivre en Provence cher à
Jean-Baptiste Reboul et son célébrissime La
Cuisinière provençale toujours en librairie !
MARIE GODFRIN-GUIDICELLI
Mangaro
jusqu’au 2 fév
Tour Panorama, La Friche la
Belle de Mai, Marseille 3e
04 95 04 95 94
www.cartel-artcontemporain.fr
Heta-Uma
jusqu’au 1er mars
MIAM, Sète
04 99 04 76 44
www.miam.org
M.G.-G.
Éclats d’infini, Photographies 1958/2011
jusqu’au 24 janv
Maison de la photographie, Toulon
04 94 93 07 59
À table en Provence, 1850/1940
jusqu’au 1er mars
Musée d’art, Toulon
04 94 36 81 01
www.toulon.fr
74
Images sans image…
À l’invitation de Sally Bonn, Joan Ayrton, Cécile Beau, Faust
Cardinali, Anne-Valérie Gasc, Agnès Geoffray, Dominique
Ghesquière et Virginie Yassef proposent des expériences
singulières de perception temporelle et spatiale en écho à sa
nouvelle Le Peuple des bords (Éd. Le Mot et le reste). Au livre et
à l’exposition s’ajouteront deux conférences performées. M.G.-G.
Une sédimentation d’images sans image
jusqu’au 15 janv
Galerie des grands bains douches de la Plaine, Marseille 1er
04 91 47 87 92
http://art-cade.org
© Virginie Yassef, Les enfants travaillent pour se réchauffer, photographie argentique, 2014,
courtesy galerie G-P et N Vallois, Paris
Pellizon, Dodet
Patrick Bartoli clôt son année avec les créations récentes de deux artistes marseillais.
Pierre Pellizon présente Homo Humus, sculptures en racine de pin, terre crue,
terre cuite et résine. Le peintre Jean-Marc Dodet, Ecce Homo et Trace, Matière et
Disparition, réalisées au goudron, cendre d’os, encre et papier marouflé. C.L.
jusqu’au 12 déc
Galerie Bartoli, Marseille
04 91 54 20 17
www.patrickbartoli.fr
Andy Warhol
Pierre Pellizon, série Homo Humus, H.40cm, 2014 © X-D.R
Le [mac] propose la (re)découverte d’un aspect rarement
montré de l’œuvre d’Andy Warhol : les Time Capsules, 612
cartons de déménagement remplis de documents et objets
divers. 8 ont été sélectionnés et complétés par d’autres
œuvres, films, chansons de Lou Reed et John Cale. C.L.
Andy Warhol : Time Capsules
du 6 déc au 12 avril
[mac] Musée d’Art Contemporain, Marseille
04 91 25 01 07
www.marseille.fr
Andy Warhol’s Time Capsule 526 and its contents, 1978-1982 mixed archival material,
Overall (Box) 25.4 x 35.6 x 45.7 cm, The Andy Warhol Museum, Pittsburgh, Founding Collection,
Contribution The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. © ADAGP
Christmas Art Market
Pourquoi ne pas offrir une œuvre d’art pour Noël ? Le Réseau Marseille Expos propose
une liste d’œuvres originales dans laquelle on pourra choisir selon ses goûts, ses
humeurs et son porte-monnaie. Il faudra débourser entre 80 et 3 200 euros environ
pour acquérir dessins, photos, collages numériques ou encore acryliques signés
Caroline Sury, Adrian Scheiss, Marine Douet, Delphine Wibaux, Philippe Turc… M.G.-G.
du 22 nov au 20 déc
Galerie du 5e, Marseille 1er
06 95 19 80 60
www.marseilleexpos.com
© Philippe Turc, Grigri je vous ai apporté des bonbons
parce que les fleurs c’est périssable, 2009
76
Sortir de la réserve, avant l’accrochage, Artothèque Antonin Artaud, 2014 © Gérard Fontès
Intégrale
Forte de ses 25 ans d’existence indéfectible au service de la diffusion et la compréhension
de l’art contemporain, l’artothèque du lycée Antonin Artaud exposera pour la première fois
la totalité de sa collection. Soit 550 œuvres de toutes techniques et formats, 172 artistes
de Hatem Akrout à Jean-Michel Zazzi. Et tout est accessible sur son site tout neuf ! C.L.
Sortir de la réserve
jusqu’au 18 déc
Artothèque du lycée Antonin Artaud, Marseille
06 08 99 85 27
www.artothequeantoninartaud.fr
Enki Bilal
Oxymore & More est à l’image de l’Autoportrait au sourire forcé d’Enki Bilal, à la fois
grave et heureuse. À l’image de son enfance à Belgrade marquée par l’absence
du père. On retrouve dans ses acryliques et pastels, ses planches, couvertures de
magazine et illustrations, son alphabet complet, avec ses récurrences stylistiques
et philosophiques. L’exposition est une vraie plongée dans son univers. M.G.-G.
Oxymore & More
jusqu’au 4 janv
Hôtel des arts, Toulon
04 83 95 18 40
www.hdatoulon.fr
Acrylique et pastel pour une illustration, Que Sais-je, Portrait de Montaigne,
2008, couverture du Magazine Littéraire © Enki Bilal
Le temps des photographes
Depuis quatre ans, les Comptoirs offrent un espace de visibilité
aux jeunes créatrices photographes. Parrainées par Jean-Marc
Ballée, Emmanuelle Duron-Morells, Marion Tampon-Lajarriette,
Julie Pradier, Joane David et Marina Losada restituent leur
expérience de la question du temps. Jusqu’à Noël. C.L.
Temps Suspendu
jusqu’au 27 déc
Comptoirs arlésiens de la jeune photographie, Arles
06 07 78 94 71
www.comptoirsarlesiens.com
Dans la forêt © Julie Pradier
Martin Werthmann
Chaque estampe du jeune artiste allemand Martin Werthmann demande un
temps d’arrêt prolongé, tant les impressions multicouches et multicolores
réservent des surprises : dans un mouvement de spirale infini, les
éléments ornementaux, charnels ou architecturaux, et les motifs végétaux
s’y télescopent comme pour mieux déstabiliser notre regard. M.G.-G.
jusqu’au 11 janv
Hôtel de Gallifet, Aix-en-Provence
09 53 84 37 61
© Martin Werthmann
Above the Surface
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Jérémy Laffon
Il y a dans le travail de Jérémy Laffon un incessant croisement
entre installation, peinture et architecture, plus saisissant encore
dans ses nouvelles pièces réalisées au cours de ses résidences
au Cairn. Ici, l’aléatoire n’est pas de mise sauf à considérer la
pièce évolutive née de sa confrontation avec le territoire minéral,
Circuit fermé, en pains de glace, dont le destin lui échappe… M.G.-G.
Circuit fermé
jusqu’au 21 déc
Cairn centre d’art, Digne-les-Bains
04 92 31 45 29
www.jeremylaffon.com
Installation Circuit fermé, CAIRN, Digne, 2014 © Jérémy Laffon
La parole aux femmes
Nées au Niger ou aux États-Unis, en France ou au Zimbabwe, les
plasticiennes questionnent l’expérience du corps dans une exposition
dont le titre s’inspire de l’ouvrage La Parole aux Négresses d’Awa Thiam,
un des premiers écrits féministes africains paru en 1978. Leurs œuvres
empruntent la voie de l’intime pour parler au monde. M.G.-G.
Danielle Lorin, La tentation du double-je, technique mixte et photographie, 2012 © D. Lorin
jusqu’au 7 mars
Fondation Blachère, Apt
04 32 52 06
www.fondationblachere.org
Vue d’exposition, premier plan Ifeoma Anyaeji, Open Door Policy (2014),
second plan, Mavis Tauzeni, série sans titre (2014) © Fondation Blachère
Noir au blanc
Deuxième événement d’importance pour cet espace artistique éclectique,
avec une préférence d’exposants internationaux et des artistes sous le label
«gens d’ici» (Eriko Arima, Danielle Lorin). Sélection des œuvres
concoctée par Yifat Gat, responsable du lieu et commissaire de
l’exposition, pour un vernissage en musique le 22 nov à 18h. C.L.
à partir du 22 nov
Look&Listen, Espace d’art, Saint Chamas
06 26 45 39 50
www.lookelisten.com
Isabelle Agnel Gouzy
jusqu’au 23 janv
Espace Pébéo, Gémenos
04 42 32 08 08
www.pebeo.com
© Isabelle Agnel Gouzy
C’est une rétrospective qui ne se dit pas mais qui propose
un large panorama des œuvres d’Isabelle Agnel Gouzy,
depuis ses premières huiles sur toile libre, dessins,
collages, peintures-coutures, explorant différents supports
et procédures -pli, couture, nœuds- avec la réintégration
récente de la toile sur châssis. À (re)découvrir ! C.L.