evaluation de la qualite de vie a 3 mois postoperatoires d une

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BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD – LYON 1
FACULTE DE MEDECINE LYON EST
Année 2014 N°67
EVALUATION DE LA QUALITE DE VIE A 3 MOIS
POSTOPERATOIRES D’UNE CHIRURGIE
CARCINOLOGIQUE DU SEIN AVEC CURAGE AXILLAIRE :
INTERET DU BLOC PARAVERTEBRAL SUR UNE
COHORTE PROSPECTIVE
THESE
Présentée
A l’Université Claude Bernard Lyon 1
et soutenue publiquement le 12 Mai 2014
pour obtenir le grade de Docteur en Médecine
par
Camille BOUISSE
Née le 06/02/1985
A PERTUIS (84)
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD – LYON 1
. Président de l'Université
François-Noël GILLY
. Président du Comité de Coordination
François-Noël GILLY
des Etudes Médicales
. Secrétaire Général
Alain HELLEU
SECTEUR SANTE
UFR DE MEDECINE LYON EST
Doyen : Jérôme ETIENNE
UFR DE MEDECINE
LYON SUD – CHARLES MERIEUX
Doyen : Carole BURILLON
INSTITUT DES SCIENCES PHARMACEUTIQUES
ET BIOLOGIQUES (ISPB)
Directrice: Christine VINCIGUERRA
UFR D'ODONTOLOGIE
Directeur : Denis BOURGEOIS
INSTITUT DES SCIENCES ET TECHNIQUES DE
READAPTATION
Directeur : Yves MATILLON
DEPARTEMENT DE FORMATION ET CENTRE
DE RECHERCHE EN BIOLOGIE HUMAINE
Directeur : Pierre FARGE
SECTEUR SCIENCES ET TECHNOLOGIES
UFR DE SCIENCES ET TECHNOLOGIES
Directeur : Fabien de MARCHI
UFR DE SCIENCES ET TECHNIQUES DES
ACTIVITES PHYSIQUES ET SPORTIVES (STAPS)
Directeur : Claude COLLIGNON
POLYTECH LYON
Directeur : Pascal FOURNIER
I.U.T.
Directeur : Christian
COULET INSTITUT DES SCIENCES FINANCIERES
ET ASSURANCES (ISFA)
Directeur : Véronique MAUME-DESCHAMPS
I.U.F.M.
Directeur : Régis BERNARD
CPE
Directeur : Gérard PIGNAULT
BOUISSE
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Faculté de Médecine Lyon Est
Liste des enseignants 2013/2014
Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers
Allouachiche
André-Fouet
Argaud
Aubrun
Badet
Barth
Bastien
Baverel
Berthezene
Bertrand
Bessereau
Beziat
Blay
Boillot
Borson-Chazot
Boussel
Braye
Breton
Calender
Chapet
Chapurlat
Chassard
Chatelain
Chevalier
Claris
Cochat
Colin
Colombel
Cordier
Cottin
Cotton
D’Amato
Dalle
Delahaye
Denis
Descotes
Devouassoux
Di Fillipo
Disant
Douek
Dubernard
Ducerf
Dumontet
Dumortier
Durieu
Edery
Bernard
Xavier
Laurent
Frédéric
Lionel
Xavier
Olivier
Gabriel
Yves
Yves
Jean-Louis
Jean-Luc
Jean-Yves
Olivier
Françoise
Loïc
Fabienne
Pierre
Alain
Olivier
Roland
Dominique
Pierre
Philippe
Olivier
Pierre
Cyrille
Marc
Jean-François
Vincent
François
Thierry
Stéphane
François
Philippe
Jacques
Mojgan
Sylvie
François
Philippe
Gil
Christian
Charles
Jérome
Isabelle
Charles
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Cardiologie
Réanimation ; médecine d’urgence
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Urologie
Chirurgie générale
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Physiologie
Radiologie et imagerie médicale
Pédiatrie
Biologie cellulaire
Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie
Cancérologie ; radiothérapie
Chirurgie digestive
Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ;
Radiologie et imagerie médicale
Chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique ;
Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie
Génétique
Cancérologie ; radiothérapie
Rhumatologie
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Pédiatrie (surnombre)
Cardiologie
Pédiatrie
Pédiatrie
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
Urologie
Pneumologie ; addictologie
Pneumologie ; addictologie
Anatomie
Psychiatrie d’adultes ; addictologie
Dermato-vénéréologie
Cardiologie
Ophtalmologie
Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie
Anatomie et cytologie pathologiques
Cardiologie
Oto-rhino-laryngologie
Radiologie et imagerie médicale
Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Chirurgie digestive
Hématologie ; transfusion
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Médecine interne ; gériatrie et biologie du
Génétique
et de la reproduction ; gynécologie médicale
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Etienne
Fanton
Faure
Fauvel
Finet
Fouque
Fourneret
Gaucherand
Gillet
Girard
Gleizal
Gouillat
Guenot
Guérin
Guérin
Gueyffier
Guibaud
Guyen
Herzberg
Honnorat
Hot
Jacquin-Courtois
Janier
Javouhey
Jegaden
Jullien
Kodjikian
Kohler
Krolak Salmon
Lachaux
Laville
Lehot
Lejeune
Lermusiaux
Lina
Lina
Mabrut
Martin
Mauguière
Mellier
Merle
Mertens
Michallet
Mion
Miossec
Monneuse
Morel
Morelon
Mornex
Moulin
Jérôme
Laurent
Michel
Jean-Pierre
Gérard
Denis
Pierre
Pasca
Yves
Nicolas
Arnaud
Christian
Marc
Claude
Jean-François
François
Laurent
Olivier
Guillaume
Jérôme
Arnaud
Sophie
Marc
Etienne
Olivier
Denis
Laurent
Rémy
Pierre
Alain
Maurice
Jean-Jacques
Hervé
Patrick
Bruno
Gérard
Jean-Yves
Xavier
François
Georges
Philippe
Patrick
Mauricette
François
Pierre
Olivier
Yves
Emmanuel
Jean-François
Philippe
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Médecine légale
Dermato-vénéréologie
Thérapeutique; médecine d’urgence addictologie
Cardiologie
Néphrologie
Pédopsychiatrie ; addictologie
Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Pédiatrie
Pneumologie
Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie
Chirurgie digestive
Neurochirurgie
Réanimation ; médecine d’urgence
Biologie et médecine du développement
Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie
Radiologie et imagerie médicale
Chirurgie orthopédique et traumatologique
Chirurgie orthopédique et traumatologique
Neurologie
Médecine interne
Médecine physique et de réadaptation
Biophysique et médecine nucléaire
Pédiatrie
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
Dermato-vénéréologie
Ophtalmologie
Chirurgie infantile
Médecine interne ; gériatrie et biologie du
Pédiatrie
Thérapeutique ; médecine d’urgence,addictologie
Anesthésiologie-réanimation médecine d’urgence
Biologie et médecine du développement et de la
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Chirurgie générale
Urologie
Neurologie
Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Anatomie
Hématologie ; transfusion
Physiologie
Immunologie
Chirurgie générale
Biochimie et biologie moléculaire
Néphrologie
Pneumologie ; addictologie
Nutrition
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Mure
Pierre-Yves
Chirurgie infantile
Nataf
Négrier
Serge
Claude
Cytologie te histologie
Hématologie, transfusion
Négrier
Neyret
Nicolino
Nighoghossian
Ninet
Ninet
Obadia
Ovize
Perrin
Peyramond
Philip
Picot
Pignat
Poncet
Ponchon
Pugeat
Raudrant
Raverot
Marie-Sylvie
Philippe
Marc
Norbert
Jacques
Jean
Jean-François
Michel
Gilles
Dominique
Thierry
Stéphane
Jean-Christian
Gilles
Thierry
Michel
Daniel
Gérald
Revel
Richard
Rivoire
Rode
Rossetti
Rousson
Rouvière
Roy
Rudigoz
Ruffion
Ryvlin
Saoud
Schaeffer
Scheiber
Schott-Pethelaz
Scoazec
Souquet
Didier
Jean-Christophe
Michel
Gilles
Yves
Robert-Marc
Olivier
Pascal
René-Charles
Alain
Philippe
Mohamed
Laurent
Christian
Anne-Marie
Jean-Yves
Jean-Christophe
Terra
Thivolet-Bejui
Tilikete
Touraine
Truy
Turjman
Vallée
Vandenesch
Vanhems
Vukusic
Wattel
Zoulim
Jean-Louis
Françoise
Caroline
Jean-Louis
Eric
Francis
Bernard
François
Philippe
Sandra
Eric
Fabien
Cancérologie ; radiothérapie
Chirurgie orthopédique et traumatologique
Pédiatrie
Neurologie
Médecine interne ; gériatrie et biologie du
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
Physiologie
Neurochirurgie
Maladie infectieuses ; maladies tropicales
Cancérologie ; radiothérapie
Parasitologie et mycologie
Oto-rhino-laryngologie
Chirurgie générale
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ;
Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ;
reproduction ; gynécologie médicale
Radiologie et imagerie médicale
Réanimation ; médecine d’urgence
Cancérologie ; radiothérapie
Médecine physique et de réadaptation
Physiologie
Biochimie et biologie moléculaire
Radiologie et imagerie médicale
Biostatistiques, informatique médicale et
Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale
Urologie
Neurologie
Psychiatrie d’adultes
Biologie cellulaire
Biophysique et médecine nucléaire
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
Anatomie et cytologie pathologiques
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
technologies de communication
Psychiatrie d’adultes ; addictologie
Anatomie et cytologie pathologiques
Physiologie
Néphrologie
Oto-rhino-laryngologie
Radiologie et imagerie médicale
Anatomie
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
Neurologie
Hématologie ; transfusion
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Professeur des Universités - Médecine Générale
Letrilliart
Laurent
Moreau
Alain
Professeurs associés de Médecine Générale
Flori
Marie
Zerbib
Yves
Professeurs émérites
Bérard
Boulanger
Bozio
Chayvialle
Daligand
Droz
Floret
Gharib
Itti
Kopp
Neidhardt
Petit
Rousset
Sindou
Tissot
Trepo
Trouillas
Trouillas
Jérôme
Pierre
André
Jean-Alain
Liliane
Jean-Pierre
Daniel
Claude
Roland
Nicolas
Jean-Pierre
Paul
Bernard
Marc
Etienne
Christian
Paul
Jacqueline
Chirurgie infantile
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Cardiologie
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Médecine légale et droit de la santé
Cancérologie ; radiothérapie
Pédiatrie
Physiologie
Biophysique et médecine nucléaire
Anatomie et cytologie pathologiques
Anatomie
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Biologie cellulaire
Neurochirurgie
Chirurgie générale
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Neurologie
Cytologie et histologie
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Maîtres de Conférence – Praticiens Hospitaliers
Ader
Florence
Barnoud
Raphaëlle
Benchaib
Mehdi
Bontemps
Laurence
Bricca
Giampiero
Bringuier
Pierre-Paul
Bui-Xuan
Bernard
Buzluca Dargaud
Yesim
Cellier
Colette
Chalabreysse
Lara
Charbotel-Coing-Boyat Barbara
Charrière
Sybil
Chevallier-Queyron
Philippe
Collardeau Frachon
Cozon
Davezies
Dubourg
Duclos
Escuret Poncin
Franco-Gillioen
Germain
Hadj-Aissa
Hervieu
Jarraud
Jouvet
Kolopp-Sarda
Lasset
Laurent
Le Bars
Lesca
Lièvre
Maucort Boulch
Sophie
Grégoire
Philippe
Laurence
Antoine
Vanessa
Patricia
Michèle
Aoumeur
Valérie
Sophie
Anne
Marie Nathalie
Christine
Frédéric
Didier
Gaëtan
Michel
Delphine
Meyronet
Normand
Peretti
Persat
Phan
Pharaboz-Joly
Piaton
Pina-Jomir
Plotton
Rabilloud
David
Jean-Claude
Noel
Florence
Alice
Marie-Odile
Eric
Géraldine
Ingrid
Muriel
Rheims
Rigal
Rimmele
Ritter
Sylvain
Dominique
Thomas
Jacques
Maladies infectieuses ; maladies tropicales
Anatomie et cytologie pathologiques
Biologie et médecine du développement et de la
Biophysique et médecine nucléaire
Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie
Cytologie et histologie
Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence
Hématologie ; transfusion
Biochimie et biologie moléculaire
Anatomie et cytologie pathologiques
Médecine et santé au travail
Nutrition
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
clinique ; addictologie
Anatomie et cytologie pathologiques
Immunologie
Médecine et santé au travail
Physiologie
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Physiologie
Physiologie
Physiologie
Anatomie et cytologie pathologiques
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Anatomie et cytologie pathologiques
Immunologie
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Biophysique et médecine nucléaire
Génétique
Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie
Biostatistiques, informatique médicale et
médecine d’urgence (stag.)
Anatomie et cytologie pathologiques
Médecine et santé au travail
Nutrition
Parasitologie et mycologie
Dermato-vénéréologie
Biochimie et biologie moléculaire
Cytologie et histologie
Biophysique et médecine nucléaire
Biochimie et biologie moléculaire
Biostatistiques, informatique médicale et
reproduction ; gynécologie médicale
Neurologie (stag.)
Hématologie ; transfusion
Anesthésiologie-réanimation ;
Epidémiologie, économie de la santé et prévention
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Roman
Sappey-Marinier
Schluth-Bolard
Streichenberger
Sabine
Dominique
Caroline
Nathalie
Thibault
Timour-Chah
Tristan
Vasiljevic
Venet
Vlaeminck-Guillem
Voiglio
Wallon
Hélène
Quadiri
Anne
Alexandre
Fabienne
Virginie
Eric
Martine
Tardy Guidollet
Véronique
Physiologie
Biophysique et médecine nucléaire
Génétique
Anatomie et cytologie pathologiques
Biochimie et biologie moléculaire
technologies de communication
Physiologie
Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie
Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière
Anatomie et cytologie pathologiques (stag.)
Immunologie
Biochimie et biologie moléculaire
Anatomie
Parasitologie et mycologie
Maîtres de Conférences associés de Médecine Générale
Farge
Thierry
Figon
Sophie
Lainé
Xavier
8
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Le Serment d'Hippocrate
Je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans l'exercice de la
Médecine.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans discrimination.
J'interviendrai pour les protéger si elles sont vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou
leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les
lois de l'humanité.
J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.
Je ne tromperai jamais leur confiance.
Je donnerai mes soins à l'indigent et je n'exigerai pas un salaire au-dessus de mon travail.
Admis dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés et ma
conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement la vie ni ne
provoquerai délibérément la mort.
Je préserverai l'indépendance nécessaire et je n'entreprendrai rien qui dépasse mes
compétences. Je perfectionnerai mes connaissances pour assurer au mieux ma mission.
Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois
couvert d'opprobre et méprisé si j'y manque.
9
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
REMERCIEMENTS
Au président du jury,
Monsieur le Professeur Frédéric AUBRUN,
Merci de la confiance que vous m’avez accordée depuis les prémices de ce projet en 2011, alors que
je n’étais qu’une jeune interne. C’est un honneur de vous voir siéger à la présidence de cette thèse,
qui marque la fin de cette aventure à laquelle vous n’avez cessé de croire. Merci également pour la
disponibilité dont vous avez fait preuve, vos conseils et remarques avisés, qui m’ont permis et me
permettront encore de progresser, je l’espère.
Aux membres du jury,
Monsieur le Professeur Vincent PIRIOU,
Vous m’avez reçue, avec toute l’équipe d’anesthésie réanimation, avec beaucoup de chaleur et de
bienveillance lors de mon stage puis pendant les gardes par la suite. Cette étape importante de ma
vie m’a permis d’acquérir et de consolider des connaissances sur le plan médical mais aussi sur le
plan humain. Je vous remercie de m’accueillir prochainement au sein de cette équipe que j’aurai tant
de plaisir et de fierté à rejoindre. J’espère honorer votre confiance. Soyez assuré de mon profond
respect.
Monsieur le Professeur Gil DUBERNARD,
Cette thèse est l’aboutissement d’un travail d’équipe auquel le personnel de votre service a
grandement participé, votre présence ici honore leur travail. Votre expertise dans le domaine de la
chirurgie du sein rend votre jugement incontournable. Vous me faites l’honneur de siéger dans mon
jury. Veuillez trouver ici l’expression de ma gratitude et de mon profond respect.
Madame le Docteur Aurélie BONNET,
Pour ton aide permanente et ta présence rassurante, pour tes conseils si justes et tes critiques
constructives, pour tes remarques toujours positives et tes encouragements sans faille malgré mes
doutes et mes erreurs, et aussi pour le café, je ne saurais te remercier assez. Tu es la preuve vivante
qu’un médecin peut allier capacités intellectuelles avec pédagogie, efficacité clinique avec rigueur
scientifique, et tout ça dans la bonne humeur. Tout ce que je peux espérer, c’est être capable un jour
d’apporter autant à mes internes et à mes patients.
10
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
A Maman, Merci. Merci pour ta force de caractère et ta ténacité dont j’espère hériter, merci pour le
courage que tu m’as apporté depuis toutes ces années, merci pour ton soutien inflexible, merci pour
ton écoute et tes conseils, merci pour l’exemple que tu représentes, merci d’être là quand ça ne va
pas, merci d’avoir toujours cru en moi. Je t’aime maman.
A Papa, Merci de m’avoir permis d’arriver là, merci pour ton amour discret mais toujours présent je
le sais, merci pour ton aide en cas de besoin, et pour les aventures que l’on a vécues ensemble et qui
forgent le caractère. Après m’avoir appris à me battre, je suis fière de pouvoir enfin te montrer que
j’ai réussi, papa.
A Marine, nos chamailleries de l’enfance ont évolué en une complicité sans faille qui est un repère et
un soutien dans toute ma vie. Je suis si fière de ma petite sœur, tu es devenue si forte et si belle.
Continue d’être heureuse, tu le mérites tant.
A Julia et Keanu, vos frimousses et vos sourires réchauffent les cœurs et je voudrais tant vous serrer
plus souvent dans mes bras. Même si je ne suis pas près de vous au quotidien, sachez que je serai
toujours là pour vous et que je vous aime profondément.
A Mamie, Micky, votre sagesse est toujours si rassurante, et avec mes parents, vous m’avez appris
l’essentiel des valeurs humaines qui dictent mes choix, et dont je suis fière. Vous êtes des femmes
extraordinaires, merci d’être là, merci de donner autant d’amour à notre si belle famille. Vous savoir
près de moi est une chance que je réalise chaque jour.
Aux cousins, taties et les tontons, La cohésion et l’amour qui nous lie tous ensemble prouve bien
que la famille idéale (ou presque) c’est possible. Pour votre présence et votre bienveillance, pour
tous ces souvenirs passés et à venir, pour les vacances, pour les jeux de cartes et les cabanes, pour
les Noëls, pour les bébés, les câlins et les fous rires, merci à chacun d’entre vous. A nous tous, on est
une force.
A Roro ma cousine, pour me prouver que les miracles existent en médecine et qu’il faut continuer à
se battre, pour me montrer que la famille, c’est tout ce qui reste quand le monde disparaît, je te
remercie.
A tous ceux qui nous ont quittés mais dont le souvenir nous aide chaque jour, merci.
11
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
A Valentin. Pour me supporter sans jamais te plaindre, pour me laisser parler et ranger (et ça ne doit
pas être facile)… pour me faire rire et sourire, pour voir toujours le meilleur partout, pour ta
patience, pour tous les moments passés et à venir, parce que te voir heureux me rend heureuse,
merci.
A Marion, La médecine, c’est toi et moi. Depuis le lycée puis Marseille puis Lyon : les histoires de
mecs, les potes, les soirées, les révisions, les tutorats…! Tout ce qu’on a partagé m’a permis d’en
arriver là, merci pour ton amitié inconditionnelle qui m’aide encore tous les jours…
A Christel, Depuis le collège de Cavaillon à Lyon, notre amitié est toujours aussi forte… et elle le sera
toujours. A très vite pour de nouvelles aventures…
A Chloé, Pleine de joie de vivre et d’amour à donner, ta force de caractère et tes convictions si vives
sont la marque d’une grande humanité, merci d’être là !
A Juloun, merci pour son sourire et son rire qui réchauffent les cœurs, et notre amitié si belle.
A Marine, ta force et ta résistance aux épreuves n’ont d’égale que ta grandeur d’âme. Tu es une
amie exceptionnelle, et c’est très rare…
A Emilie, merci d’avoir eu le courage de corriger cette thèse, tu es peut-être bien la seule ! Et merci
pour ton humour décapant, ta culture si vaste, les crèmes antirides et merci d’être là !
A Valy, pour tout l’amour que tu donnes autour de toi… Je te remercie pour tous les patients et tous
les gens qui auront la chance croiser ton chemin… Et même à l’autre bout du monde, je serai là…
A Sabrina, les fous rires et toutes nos aventures sont un trésor que peu d’amis ont partagé, je te
remercie pour ça, et pour la suite, tu seras une merveilleuse maman,…
A Anne-Laure, petit bout de femme parfaite, merci pour cette année de coloc pleine de rires et
d’émotion, et pour tous les autres moments passés et à venir…
A Katell, on a presque tout partagé (sauf les mecs !) alors sans trop de chichi, tes p’tits chauves et
moi, on voudrait te dire : tu nous manques…
A Bertouille, merci pour les conseils de coloc, pour les bons petits plats et pour ta folie permanente !
A Alice, merci de ton aide à tous instants, de ton accueil à Paris, et merci pour ce semestre magique à
la coloc du bonheur !
12
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
A Elodie, allo quoi ! La coloc de l’arbre sec, c’était si bien… merci de m’avoir remonté le moral, de
m’avoir fait rire, et d’avoir si bien cuisiné, merci aussi à Hector pour ses câlins… j’en connais un qui a
beaucoup de chance…
A Aurélie R, ton sourire et ta joie de vivre ne cessent jamais, merci pour ça…Merci aussi pour les
soirées théâtre, les restos, les potins… ça fait du bien ! Bravo pour ta si jolie famille…
Aux copains de fac, Cédric, Vadim, Denis, David et Flo. Merci pour avoir partagé ces années-fac avec
moi, et d’être encore là, malgré la distance et le temps qui passe, et mon caractère… C’est ça les vrais
amis non ? Vivement vos mariages !
Aux copains de Conv’ Jeff, Tancrède, Pierre, GI, Gri, Kosh, Frédo, Matt, Rachel, Claire, Jolex (et vos
petits bouts) merci pour ces moments d’amitié simples et vrais… Ne changez pas…
A La coloc du Quai Gailleton : Zuzu, le bonheur que tu mérites t’attend il est bientôt là et il est
gigantesque…, Anya et Thomas, merci de montrer ce qu’est le bonheur, je vous souhaite encore
pour plein d’années… Steph, j’admire ta ténacité, ta liberté et ton amour des autres, reviens nous
voir…
La coloc du Quai Jean Moulin : Romain N, merci pour tes conseils de spécialiste, Romain C, merci
pour les super soirées à valence te Lyon, ton rire, le bon vin et la bonne bouffe, plein de bons
moments partagés… ! J’vous souhaite plein d’amour avec mimi ! Nathamin, les âmes sœurs, merci
pour votre présence et l’exemple que vous donner de l’amour partagé…
Les copains D’Annonay : Baptiste, Kathleen, Thomas C, et Sabrina, Camille C, merci pour tous ces
bons moments à Annonay qui ont changé ma vie plus qu’aucun autre… Vous êtes des gens bien, tout
simplement. Merci de m’accorder depuis ce temps votre amitié si précieuse… Et Merci aussi à
Martin, pour ce merveilleux voyage au Pérou et parce que tu es juste complètement fou !
Les copains de Valence : Nicolas, Victor, François, Etienne, Zaza, Gaud, Clément, il y a des
rencontres qui sont plus fortes que d’autres, même si l’on se voit moins pour certains, notre
aventure d’IV a créé des liens pour toujours, je serai toujours là… Gaud, tu es une fille extraordinaire,
après avoir surmonté l’insurmontable, tu es toujours là, belle et forte, pour soigner les p’tits bout et
donner de l’amour, tu es mon modèle… (pense à toi aussi !), Clément, le surhomme, entre deux
randos, reviens nous voir, tu nous manques !
Les autres co-internes, Sophie O, Alban, Fanny L, Fabien, Matthias, Thomas B, Sylvain, Laetitia,
Pierre, Gégé, J-B, Thomas U, Guillaume, Fanny M, Aurore, merci pour ces moments chaleureux et
pleins de vie qui font que j’aime tant me lever le matin ! C’est si bien de travailler avec vous !
13
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Les autres anesthésistes : Olivia, Florent B, Thomas T, Claire, Pauline H, Caroline, Pauline D, Nadia,
Arnaud, Laurent, Rémy, Philippe, Mariette, Maéva … Que la force du diprivan soit avec nous pour
les années à venir !!
A la coloc de Montplaisir : Julie, Thomas B, Romain B, merci de donner sans jamais rien demander…
merci de votre accueil, merci de votre bonne humeur à tout moment ! Thomas, reviens vite, j’ai
besoin de toi moi ! Romain, devenu sage et un (petit peu) moins fou mais toujours aussi gentil,
repose toi ! A Julie et Julien, merci de me montrer que les gens parfaits peuvent se rencontrer et
puis s’aimer … (Grâce à moi mouahahahah !)
A la bande de potes de Julie et Thomas : Alizée, Noura, Julien, Aline, Olivier, Isabelle et Adrien…
merci d’être la preuve vivante que l’amitié est une force indestructible… merci pour les bons
moments que vous m’avez fait vivre, merci juste d’aimer si fort les gens…
Aux copains du Nord et de Paris : Julien, Stépanec, Tonio, Jérome D, Thomas A. et Jerome R,
Cécile… merci pour les soirées, pour votre accueil, pour la bonne humeur communicative, merci de
montrer au monde que la vie est belle !
A Mathieu S., Merci pour ton aide pendant des mois entiers, pour le recueil des données et
l’inclusion des patientes. Je te dois toute la thèse… et merci pour ton amitié et pour les valeurs
humaines auxquelles tu crois. Je te souhaite de trouver le bonheur qui t’attend quelque part, peutêtre pas si loin…
Aux chirurgiens, qui nous font bosser, et qu’on aime bien quand même…
Aux infirmières et aides soignantes, merci pour ce que vous m’avez appris, pour votre aide et votre
soutien, et pour l’amour que vous donnez aux malades
A mes chefs durant l’externat et l’internat, merci de m’avoir appris ce que je sais, pour votre
patience et votre indulgence…Spéciale dédicace et Sylvie et Vincent de Annonay, les médecins les
plus humains et les plus compétents que je connaisse. Merci d’aimer votre métier si fort, et dans
l’ombre…
Je dédie ce travail et tout le reste aux patients, qui m’apprennent chaque jour mon métier et la vie
(surtout)…
14
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Table des matières
1.
INTRODUCTION ............................................................................................................................. 22
1.1.
Bloc paravertébral ................................................................................................................. 22
1.1.1.
Histoire .......................................................................................................................... 22
1.1.2.
Anatomie et description de l’espace paravertébral ...................................................... 23
1.1.3.
Anesthésiques locaux et adjuvants ............................................................................... 27
1.1.4.
Techniques de réalisation.............................................................................................. 32
1.1.5.
Indications du bloc para vertébral................................................................................. 42
1.1.6.
Contre-indications ......................................................................................................... 45
1.1.7.
Avantages ...................................................................................................................... 45
1.1.8.
Inconvénients, risques et effets secondaires ................................................................ 47
1.2.
Cancer du sein ....................................................................................................................... 48
1.2.1.
Epidémiologie ................................................................................................................ 48
1.2.2.
Différents types de tumeurs et stades de développement........................................... 51
1.2.3.
Traitements ................................................................................................................... 57
1.3.
Curage axillaire en détails ..................................................................................................... 62
1.3.1.
Epidémiologie ................................................................................................................ 62
1.3.2.
Anatomie ....................................................................................................................... 62
1.3.3.
Technique chirurgicale .................................................................................................. 63
1.3.4.
Indications ..................................................................................................................... 66
1.3.5.
Complications ................................................................................................................ 66
1.4.
Douleur postopératoire chronique ....................................................................................... 69
1.4.1.
Définition ....................................................................................................................... 69
1.4.2.
En chirurgie du sein ....................................................................................................... 71
15
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
1.4.3.
Traitement curatif ......................................................................................................... 74
1.4.4.
Traitement préventif ..................................................................................................... 74
1.5.
2.
Réhabilitation et qualité de vie post opératoire en chirurgie du sein .................................. 76
1.5.1.
Définition ....................................................................................................................... 76
1.5.2.
Enjeux en cancérologie du sein ..................................................................................... 77
1.5.3.
Mesures de qualité de vie ............................................................................................. 77
ETUDE CLINIQUE............................................................................................................................ 82
2.1.
Justification et hypothèse ..................................................................................................... 82
2.2.
Matériel et méthodes............................................................................................................ 83
2.2.1.
Type d’étude.................................................................................................................. 83
2.2.2.
Objectif et critère de jugement principal ...................................................................... 83
2.2.3.
Objectifs et critères de jugement secondaires .............................................................. 83
2.2.4.
Population ..................................................................................................................... 84
2.2.5.
Protocole ....................................................................................................................... 84
2.2.6.
Analyse statistique ........................................................................................................ 86
2.3.
Résultats ................................................................................................................................ 87
2.3.1.
Données démographiques ............................................................................................ 87
2.3.2.
Réalisation du bloc paravertéral ................................................................................... 89
2.3.3.
Per opératoire ............................................................................................................... 91
2.3.4.
Données au premier jour post opératoire : .................................................................. 93
2.3.5.
Score QuickDASH ........................................................................................................... 95
2.3.6.
Score FACT B+4 .............................................................................................................. 96
2.3.7.
Influence du lymphœdème à 3 mois postopératoires .................................................. 98
2.3.8.
Douleur à 3 mois............................................................................................................ 98
2.4.
Discussion .............................................................................................................................. 99
16
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2.4.1.
Interprétation des résultats .......................................................................................... 99
2.4.2.
Limites ......................................................................................................................... 103
2.5.
3.
Perspectives :....................................................................................................................... 110
CONCLUSIONS ............................................................................................................................. 111
17
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Table des Tableaux :
Tableau 1 : Exemple de doses d’AL dans le bloc paravertébral en 2001 ............................................. 29
Tableau 2 : Indication de BPV en dehors de la chirurgie du sein .......................................................... 44
Tableau 3 : Classification UICC issue de la classification TNM .............................................................. 55
Tableau 4 : Définition des différentes douleurs neurogènes en post opératoire de chirurgie du sein 73
Tableau 5 : Données épidémiologiques des 2 groupes ......................................................................... 88
Tableau 6 : Consommation de rémifentanil dans le groupe de patientes ayant reçu du rémifentanil
pour l’analgésie peropératoire.............................................................................................................. 91
Tableau 7 : Consommation d’éphédrine en peropératoire. ................................................................ 92
Tableau 8 : Consommation de morphine peropératoire. ..................................................................... 93
Tableau 9 : EVA au premier jour postopératoire, au repos et au mouvement..................................... 93
Tableau 10 : Amplitudes lors de 3 mouvements de l’épaule à J1 postopératoire de curage axillaire. 94
Tableau 11 : Evolution du score QuickDASH au cours du temps lors des 3 évaluations, à côté
dominant donné .................................................................................................................................... 95
Tableau 12 : Evolution du score FACT B+4 entre J1 et J21, à côté dominant donné ............................ 97
18
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Table des images :
Image 1: Pr Hugo Selheim 1871-1936 .................................................................................................. 23
Image 2 : Coupe axiale d'une vertèbre thoracique avec ses rapports anatomiques. ........................... 24
Image 3 : Dermatomes sensitifs ........................................................................................................... 27
Image 4 : Repérage des épineuses concernées par la palpation .......................................................... 33
Image 5 : Ponction sous repérage cutané ............................................................................................. 34
Image 6: Technique de ponction d’un bloc paravertébral ................................................................... 36
Image 7 : Approche « dans le plan » sagittale....................................................................................... 38
Image 8 : Approche « dans le plan »sagittale : images échographiques. ............................................. 39
Image 9 : Histoire naturelle du cancer ................................................................................................. 53
Image 10 : Classification TNM .............................................................................................................. 54
Image 11 : Structure du sein ................................................................................................................. 56
Image 12 : Arbre décisionnel thérapeutique (HAS)............................................................................... 58
Image 13 : Ganglions lymphatiques issus de la glande mammaire ...................................................... 63
Image 14 : Technique du ganglion sentinelle : procédure et algorithme décisionnel ......................... 65
Image 15 : 5 questions extraites du score FACT –B+4........................................................................... 81
Image 16 : Nombre de réponses aux questionnaires en fonction des temps de recueil ...................... 89
Image 17 : Evolution dans le temps du score QuickDASH pour le groupe BPV et sans BPV, à côté
dominant donné.. .................................................................................................................................. 96
Image 18 : Distribution de Fact b+4 aux 3 temps de recueil (1, 7, 21 jours) selon la réalisation d’un
bloc paravertébral (bpv 1) ou non (bpv 0) ............................................................................................ 97
19
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
GLOSSAIRE
AAOS : American Academy of Orthopaedic Surgeons
ADN : acide désoxyribonucléique
AL : anesthésique local
ALR : anesthésie locorégionale
ANAES : Agence Nationale d'Accréditation et d’Evaluation en Santé
AG : anesthésie générale
APD : anesthésie péridurale
ASA : statut physique score selon l’American Society of Anesthesiologists
BPV : bloc paravertébral
CDS : cancer du sein
CCI : carcinome canalaire infiltrant
CCIS : carcinome canalaire in situ
CLIS : carcinome lobulaire in situ
Cpmax : concentration moyenne plasmatique
CPV : cathéter paravertébral
DASH : Disabilities of the Arm, Shoulder and Hand
DMS : durée moyenne de séjour
EPV : espace paravertébral
ETP : éducation thérapeutique
EVA : échelle visuelle analogique
FACIT : Functional Assessment of Chronic Illness Therapy
FACT : Functional Assessment of Cancer Therapy
FDA : Food and Drug Administration
GS : ganglion sentinelle
HAS : Haute Autorité de Santé
INCa : institut national du cancer
IADE : infirmière anesthésiste diplômée d’état
IV : intraveineux
IWH : Institute for Work and Health
LHRH : Luteinizing Hormon Releasing Hormon
NMDA : acide N-méthyl-D-aspartique
20
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
NVPO : nausées et vomissements post opératoires
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PCA : patient controlled analgesia (analgésie auto-contrôlée)
PCEA : patient controlled epidural analgesia (analgésie péridurale auto-contrôlée)
RCP : réunion de concertation pluridisciplinaire
SBR : Scarff Bloom Richardson (classification de tumeurs)
TAP bloc : transverse abdominal plane bloc
tCpmax : temps pour atteindre la concentration plasmatique maximale
THS : traitement hormonal substitutif
TNM : classification des cancers T = taille de la tumeur primaire N = atteinte ganglionnaire M =
métastase
UICC : The Union for International Cancer Control
21
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
1.
INTRODUCTION
1.1. Bloc paravertébral
1.1.1. Histoire
En 1905 un gynécologue obstétricien du nom d’Hugo Sellheim a inventé et décrit pour la première
fois la technique du bloc paravertébral (BPV) (image 1). Il cherchait une technique d’anesthésie
permettant d’agir sur la douleur et sur la relaxation des muscles abdominaux en per opératoire, sans
les effets respiratoires et hémodynamiques engendrés par la rachianesthésie. Un de ses étudiants,
Arthur Läwen a alors mené une étude sur des centaines de patients avec une injection de procaïne
avant laparotomie et a montré l’efficacité de cette anesthésie (1,2). Sa méthode est toujours utilisée
actuellement. Après un pic de popularité dans les années 1920 cette technique est tombée en
désuétude jusqu’en 1979, lorsque Eason et Wyatt ont décidé de l’utiliser en y associant la pose d’un
cathéter (3).
De nos jours, Sabanathan, Richardson et Lönnqvist se sont spécialisés dans cette technique. Ils ont
amélioré la compréhension de son mécanisme pour en optimiser les usages (4). Le développement
de l’anesthésie échoguidée, permettant une réduction des effets secondaires et des échecs de
ponction, déjà peu fréquents, a permis à cette technique d’être de nouveau un outil analgésique de
première ligne (5,6).
22
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Image 1: Pr Hugo Selheim 1871-1936 (7)
1.1.2. Anatomie et description de l’espace paravertébral
1.1.2.1. Situation anatomique et rapports
L’espace paravertébral (EPV) est situé latéralement le long du rachis, de façon symétrique. C’est un
espace de forme angulaire dont les limites anatomiques sont : le ligament costo-transverse supérieur
au niveau postérieur, la plèvre pariétale en avant et le rachis en dedans (image 2). Latéralement,
l’EPV se prolonge par l’espace intercostal. Il existe des communications avec l’espace péridural et les
espaces intercostaux (8). L’EPV n’est pas clos et s’étend des vertèbres cervicales jusqu’au muscle
psoas (9). Le psoas comprime complètement l’EPV sous l’espace T12 (10).
1.1.2.2. Composition de l’espace paravertébral
Le fascia endothoracique, structure fibroélastique s’interposant entre la plèvre pariétale et le
ligament costotransverse supérieur, permet de délimiter deux compartiments anatomiques au sein
de l’EPV.

En antérieur se situe le compartiment extrapleural paravertébral, qui contient la chaine
sympathique ganglionnaire (image 2) (4).
23
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)

En postérieur on décrit le compartiment sous endothoracique paravertébral (11) dans lequel
on trouve surtout le rameau ventral du nerf spinal (ou rachidien) et les vaisseaux
intercostaux.
C’est dans le compartiment postérieur de l’EPV qu’a lieu la division du nerf spinal en deux rameaux
primaires (image 2) (10) :
Les nerfs spinaux sont segmentés en petits faisceaux s’étendant librement au travers de la graisse. Ils
sont dépourvus de gaine de myéline ou de fascia, ce qui les rend très sensibles à la présence
d’anesthésique local (AL). Le nerf intercostal est accompagné des vaisseaux intercostaux (4).
Image 2 : Coupe axiale d'une vertèbre thoracique avec ses rapports anatomiques (4). L'EPV est représenté
par la partie triangulaire délimitée en pointillés.
24
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
1.1.2.3. Nerf spinal (ou rachidien)
1.1.2.3.1.
Formation du nerf spinal
Chaque nerf spinal est formé par la réunion des deux racines rachidiennes, l'une dorsale sensitive et
l'autre ventrale motrice. Il s'agit donc d'une voie nerveuse mixte. Les racines dorsales sensitives
présentent un renflement appelé « ganglion spinal » dans lequel se trouvent les corps cellulaires des
neurones sensitifs pseudo-unipolaires (image 2). Les deux racines rachidiennes comportent aussi des
fibres nerveuses végétatives sympathiques, viscérosensitives et viscéromotrices (12).
Chaque nerf spinal émerge de la colonne vertébrale, entre deux vertèbres par le foramen
intervertébral (ou trou de conjugaison). Les sept premiers nerfs spinaux (C1 à C7) émergent par leur
canal vertébral respectif : C1 sort au-dessus de la première vertèbre cervicale, C2 au-dessus de la
deuxième,... Le nerf spinal C8 sort en dessous de la septième et dernière vertèbre cervicale (C7). A
partir de T1, les nerfs spinaux thoraciques et lombaires émergent au dessous des vertèbres
correspondantes. Ainsi pour anesthésier le dermatome correspondant à T4, il faut localiser le nerf
spinal émergeant en dessous de la vertèbre T4.
1.1.2.3.2.
Division du nerf spinal
Chaque nerf spinal se divise ensuite en deux rameaux primaires dans l’EPV : un rameau dorsal
primaire et un rameau ventral primaire (image2) :
- Le rameau dorsal se dirige vers l'arrière, pour se distribuer aux os, aux articulations, aux
muscles et à la peau du dos dans la région thoracique.
- Le rameau ventral se divise immédiatement en 2 branches :

une branche antérieure qui rejoint le ganglion paravertébral de la chaîne
sympathique, et une branche latérale

Le reste du rameau ventral se poursuit latéralement pour former le nerf
intercostal (10). Ils innervent les téguments et les muscles de la face ventrale du
tronc et des membres.
25
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
1.1.2.4. Dermatomes et myotomes
Par l'intermédiaire de son rameau dorsal et des nerfs intercostaux latéral et antérieur, chaque nerf
spinal se distribue à une zone cutanée bien délimitée qui s'étend de la ligne médiane postérieure à la
ligne médiane antérieure (image 3). Ces bandes cutanées sont appelées dermatomes.
Le groupe de muscles innervés par chaque paire de nerfs spinaux représente un myotome. Les
muscles du myotome comprennent généralement les muscles intercostaux, subcostaux, transverses
du thorax, élévateurs des côtes et dentelés postérieurs associés à l'espace intercostal correspondant
(13).
Les métamères correspondent à l’association d'un dermatome, d'un myotome et d'un
sclérotome. Le sclérotome est issu de la division embryonnaire du mésoderme lors de
l’organogénèse. Il donne naissance aux vertèbres.
26
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Image 3 : Dermatomes sensitifs (issu du collège des enseignants de neurologie)
1.1.3. Anesthésiques locaux et adjuvants
1.1.3.1. Anesthésiques locaux
1.1.3.1.1.
Molécules disponibles
Aucune donnée publiée ne permet de décider de la molécule idéale ou de la dose optimale à
utiliser (14). Dans la littérature, des injections uniques à un ou plusieurs niveaux de bupivacaïne ou
de ropivacaïne dosées à 5mg/ml avec ou sans adrénaline ont été utilisées le plus souvent.
Dans une étude portant sur 70 patients ayant bénéficié d’une anesthésie locorégionale (ALR) pure
par BPV, Hura et al ont montré que la ropivacaïne 5mg/ml possédait une efficacité similaire à la
27
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
bupivacaïne 5mg/ml en terme d’intensité de douleur post opératoire. Cependant, la ropivacaïne
améliorerait la durée de l’analgésie de 24 heures après une injection unique. De plus la ropivacaïne
aurait une rapidité d’action plus brève : environ 5 min contre 15 min pour la bupivacaïne (51).
Deux études ont comparé la ropivacaïne à la bupivacaïne en post opératoire de thoracotomie. Dans
la première les auteurs concluaient à une absence de différence entre les deux anesthésiques locaux
(AL) en termes d’efficacité ou de complications lors d’une administration continue sur cathéter
paravertébral (CPV) (16). La seconde étude concluait à une efficacité légèrement supérieure de la
bupivacaïne concernant le contrôle de la douleur. Mais les doses d’AL utilisées étaient
différentes (17).
Au final, une méta-analyse de 2009 ne retrouvait pas de différence d’efficacité entre l’utilisation de
bupivacaïne et de ropivacaïne en bolus unique dans le BPV, probablement par manque de donnée
fiable (18).
1.1.3.1.2.
Pharmacologie des anesthésiques locaux en paravertébral.
Une étude de toxicité réalisée chez 12 patients retrouvait un pic d’efficacité à 25 min après
l’utilisation de 20 ml de bupivacaïne 5 mg/ml. L’ajout de lidocaïne accélérait l’apparition du pic
d’efficacité à 10 min. L’utilisation de doses 3 ou 4 fois supérieures de bupivacaïne n’a été associée à
aucun effet secondaire, que l’administration soit continue ou discontinue (19).
Un débit continu, avec des doses élevées pendant au moins 48h permettait une analgésie efficace
sans aucun effet secondaire clinique. On retrouvait pourtant des signes biologiques d’accumulation
avec une concentration sanguine élevée, théoriquement neurotoxique (19) (tableau 1).
Ces observations seraient en faveur d’une certaine sécurité des AL en débit continu, malgré des
concentrations sanguines variables d’un individu à l’autre lors de l’utilisation de doses élevées
d’AL (4). Une proposition de doses selon l’âge et la molécule a été proposée par Karmakar (4)
(tableau 1).
28
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Groupes
Molécule
Concentration
mg/ml
Bupivacaïne
2,5 à 5
Dose de bolus
Dose en perfusion
continue
(ml.kg-1.h-1)
15-20ml
adultes
adultes
adultes
Ropivacaïne
Lidocaïne
enfants
Bupivacaïne
enfants
Lidocaïne
0,1
ou 0,3 ml/kg
20 ml
15-20 ml
3
10
1,25-2,5
(+
0,5 ml/kg
éphédrine)
10 (+éphédrine)
0,5 ml/kg
0,1
0,1
0,2
0,25
Tableau 1 : Exemples de doses d’AL dans le bloc paravertébral (4,16,17)
1.1.3.1.3.
Mécanisme de diffusion des anesthésiques locaux
Le mécanisme d’action de l’analgésie paravertébrale se fait par l’action directe de l’AL qui diffuse par
contiguïté autour du nerf intercostal, du rameau dorsal du nerf spinal, des rameaux communicants
ainsi que de la chaîne sympathique (20). La distribution du médicament à travers les plans tissulaires
n’est pas nécessaire, contrairement au bloc intra pleural. C’est un avantage en termes de rapidité
d’action et de chance de réussite du bloc.
La distribution des solutions injectées dans l’EPV a d’abord été observée grâce à l’injection de résine
sur des cadavres (21), puis celle de produits de contraste radiologique ou de liquides colorés (10,22) .
Le liquide injecté en paravertébral peut :
- rester localisé dans l’EPV visé par le BPV
- diffuser de manière céphalique et caudale, vers les espaces sus et sous-jacents
- traverser médialement le foramen vertébral vers l’espace péridural
- s’étendre latéralement dans le plan intercostal
La limite d’extension caudale est le muscle psoas qui empêche la diffusion en deçà de T12 (10).
L’extension du BPV n’est pas prédictible. L’injection d’une solution anesthésique au niveau d’un EPV
permet une anesthésie de plusieurs métamères thoraciques. La diffusion caudale semble être la
diffusion préférentielle bien que la pesanteur ne joue aucun rôle (4). Une extension latérale dans le
ou les espaces intercostaux homolatéraux peut aussi être observée. L’extension dans la zone
thoracique antérieure n’est anatomiquement pas possible en dehors d’une plèvre traumatisée (1).
29
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Certaines études ont retrouvé une extension de l’anesthésie de T5 à L3 après l’injection de 22 ml
d’anesthésique local au niveau de T11 (9). Dans une étude chez des patients souffrant de douleurs
chroniques et bénéficiant d’un BPV par injection unique, un bloc sensitif sur 5 dermatomes et un bloc
sympathique sur 8 dermatomes ont été retrouvés (23). Après une injection unique de 15 ml d’AL,
une extension céphalique sur 1,5 dermatomes en moyenne a également été observée [1-4] ainsi
qu’une extension caudale de 2,8 [0-7] dermatomes, confirmant l’extension préférentiellement
caudale (1). Il a été constaté une extension antérieure et controlatérale du produit de contraste
après la réalisation avec succès d’un BPV pour fractures de côtes multiples (24), ou en cas d’atteinte
pleurale (25,26).
La variabilité et l’imprédictibilité dans l’extension anesthésique après la réalisation d’un BPV sont
expliquées par la présence du fascia endothoracique. Le produit injecté en avant du fascia
endothoracique diffuse de manière longitudinale alors que la diffusion du produit qui reste en arrière
du fascia est imprévisible. Normalement, l’adhésion du fascia endothoracique sous séreux au corps
vertébral empêche la diffusion dans l’espace péridural ou en antérieur. Si l’injection se fait en avant
du fascia endothoracique, l’anesthésique peut donc se répandre dans le fascia sous séreux et
conduire à une analgésie controlatérale et antérieure (11,24,27).
1.1.3.1.4.
Effet de la concentration, de la dose et du volume
Il n’existe aucune étude dans la littérature comparant les doses d’AL dans le BPV. Seule la métaanalyse de 2009 a mis en évidence une relation dose-effet sur le score EVA (échelle visuelle
analogique) avec des fortes doses de bupivacaïne (18).
Le choix de la concentration de l’AL est fait en fonction du volume que l’on désire injecter. Il faut
donc connaître les doses toxiques à ne pas dépasser et penser à pondérer ces doses en fonction du
patient car le seuil toxique peut varier (28). Une étude avec injection colorée sur cadavre a conclu à
une dose minimum de 3 ml pour anesthésier un dermatome entre les racines C8 et T4 et de 2 ml en
dessous de T4 (29).
Une série de cas atteste d’une anesthésie suffisante avec une injection préopératoire au niveau
thoracique de 20 ml de lidocaïne 10 mg/ml suivie d’une réinjection per opératoire de 24 ml, sans
aucune complication (30).
30
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
1.1.3.2. Adjuvants
1.1.3.2.1.
Fentanyl
L’adjonction de fentanyl à de faibles doses de lévobupivacaïne permettait une amélioration de
l’analgésie post opératoire par rapport à la lévobupivacaïne seule ou à l’association avec la
morphine. Les ajouts de fentanyl ont permis une division par 3 de la consommation de morphine en
postopératoire. Cependant le fentanyl majorait les vomissements postopératoires de manière
significative. Les tests de pharmacologie ont par ailleurs mis en évidence un délai d’efficacité plus
long pour le fentanyl que pour la bupivacaïne (25 versus 15 min) (31).
1.1.3.2.2.
Clonidine
Pour l’administration péridurale, il a été mis en évidence une amélioration des scores EVA lors de
l’adjonction de clonidine à la solution d’AL, à la fois pour les administrations en bolus et en
continu (32). Dans 2 études sur le BPV, les groupes recevant de la clonidine associée à la
lévobupivacaïne nécessitaient moins de morphine intraveineuse (IV). Cependant, les effets
secondaires hémodynamiques (hypotension artérielle) et les effets sympathiques étaient majorés
(31,33). Les recommandations de 2009 rappellent ces effets (34).
Au niveau pharmacocinétique, le délai d’efficacité de la clonidine est le même que celui de la
bupivacaïne (31).
La clonidine, comme le fentanyl, s’accumule en cas d’administration continue. De plus, la
concentration sanguine n’est pas corrélée à l’efficacité clinique, suggérant un mécanisme
périphérique associé (31).
Enfin, certaines études ont remis en doute l’effet analgésique potentialisateur de la clonidine tout
comme celle du fentanyl dans les BPV (18).
1.1.3.2.3.
Adrénaline
L’adrénaline est souvent utilisée pour ralentir l’absorption systémique de l’AL (35) et donc prolonger
son effet. Elle agirait par un mécanisme vasoconstricteur mais aussi via un mécanisme α2adrénergique analgésique. Il a été montré que l’ajout d’adrénaline à des solutions de ropivacaïne et
de fentanyl améliorait l’efficacité des APD (36).
L’ajout d’adrénaline lors d’un BPV a permis d’atténuer les effets cardiodépresseurs liés à l’action
systémique de l’AL (45). Elle est souvent utilisée dans les doses tests, particulièrement dans les APD,
31
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
afin de dépister une injection intravasculaire, par son effet β-adrénergique tachycardisant. Sa qualité
en tant que test diagnostique est pourtant controversée (37).
1.1.3.2.4.
Dexaméthasone
La dexaméthasone est le corticoïde de choix pour réaliser une ALR. En effet, ses propriétés
hydrosolubles permettent d’éviter toute agrégation lors du mélange avec les solutions d’AL (38).
L’adjonction de dexaméthasone a permis d’améliorer l’efficacité des blocs axillaires (39) et des blocs
interscaléniques avec des durées de bloc sensitif multipliées par 2 à 3. La durée d’analgésie était
significativement plus longue, environ 48 heures, contre 24 heures sans corticoïde (40). Une revue de
littérature de 2003 a classé la dexaméthasone et l’adrénaline comme les deux médicaments les plus
efficaces comme potentialisateurs des AL lors de l’ALR, en comparaison avec la clonidine ou la
néostigmine (36).
1.1.3.2.5.
Solutions mixtes
Les effets d’un bolus préopératoire paravertébral d’une solution de clonidine, dexaméthasone,
adrénaline et ropivacaïne ont été décrits sur une série de 5 patientes ayant une chirurgie de
mastectomie. L’analgésie obtenue était d’une durée supérieure à 6 jours chez l’ensemble des
patientes contre 24h lors d’utilisation de ropivacaïne seule. Ces résultats ne présument aucunement
du dosage ou des concentrations optimales à utiliser mais il est possible qu’il existe une
potentialisation des adjuvants entre eux (18,41).
1.1.4. Techniques de réalisation
1.1.4.1. Technique classique :
Le principe initial de la méthode décrite par Eason et Wyatt repose sur la localisation de l’EPV par
perte de résistance lors de la ponction avec mandrin gazeux (1,3,42). D’autres techniques de
localisation de l’EPV sont possibles.
1.1.4.1.1.
Position du patient
Le BPV est le plus souvent réalisé en position assise en préopératoire. Mais il peut aussi être réalisé
en décubitus latéral ou en décubitus ventral (3,25). La position assise permet d’identifier et de
marquer plus facilement les repères cutanés que sont les épineuses dorsales (image 4).
32
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Image 4 : Repérage des épineuses concernées par la palpation
1.1.4.1.2.
Repérage et marquage
Les repères cutanés pour identifier le niveau de ponction sont : les apophyses épineuses de la
vertèbre C7 (saillante lorsque les patients ont la colonne cervicale en hyperflexion), de la vertèbre T7
(en regard de la pointe de l’omoplate) et de la vertèbre L4 repérée grâce à la ligne de Tuffier (image
5). A partir de ces points de repère, l’apophyse épineuse du niveau choisi pour la ponction est
identifiée. Pour un blocage du métamère thoracique désiré, il faut ponctionner en regard de
l’apophyse épineuse de la vertèbre sous-jacente, par exemple la racine de T4 se trouve en regard du
processus épineux de T5.
33
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Le point de ponction est situé entre 2 et 3 cm latéralement au niveau du processus épineux. On
marque ainsi les points de ponction du côté homolatéral à la zone opérée. Le repérage est complété
par le marquage au feutre sur l’épineuse et sur le point de ponction (image 5).
1.1.4.1.3.
Matériel
Il faut réaliser un bloc central dans les conditions d’asepsie, avec une désinfection de la zone. Des
gants stériles avec un masque, un calot et un champ stérile sont requis. En cas de mise en place d’un
cathéter, il faut ajouter une casaque stérile (34).
L’aiguille utilisée est le plus souvent une aiguille spinale dédiée ou une aiguille à pointe de type
Tuohy dont le diamètre est de 20 à 22 G et la longueur est inférieure à 10 cm (4). On peut décider de
réaliser une injection unique ou de mettre en place un cathéter pour une ALR prolongée en
postopératoire. On ajoute une éventuelle anesthésie locale cutanée à la lidocaïne. La seringue stérile
ainsi que la tubulure sont purgées avec l’AL et les adjuvants éventuels choisis par l’opérateur.
Image 5 : Ponction sous repérage cutané
34
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
1.1.4.1.4.
Ponction
- Dans un premier temps, l’aiguille est avancée de manière perpendiculaire à la peau dans
tous les plans jusqu’à percevoir une butée osseuse contre le processus transverse (3) (image 6).
Celui-ci se situe de manière générale entre 2 et 4 cm de profondeur par rapport à la peau, de
manière variable en fonction de la musculature et de la physionomie de l’individu (43). Il est
impératif de percevoir le contact osseux avec le processus transverse avant de poursuivre, afin
d’éviter toute ponction pleurale accidentelle. En l’absence de contact osseux, il est possible que
l’aiguille se situe entre les 2 processus transverses de vertèbres adjacentes. Il faut alors se
positionner de manière plus caudale ou plus céphalique. Il est recommandé de ne pas introduire
l’aiguille à plus de 5 cm si la butée n’est pas rencontrée (42,44,45).
- Dans un second temps, on réoriente l'aiguille au dessus du processus transverse touché
(image 6). On avance de manière très progressive jusqu’à percevoir la perte de résistance, très fine,
caractérisée par une baisse de la résistance ressentie à 1 cm environ de profondeur supplémentaire.
Il s’agit du passage du ligament costo-transverse supérieur. La profondeur de l’EPV est généralement
située entre 4 et 6 cm.
- Lorsque l’EPV est localisé, on injecte la solution d’AL et d’adjuvant ou on monte le cathéter
dans l’EPV pour des injections ultérieures.
Des paresthésies peuvent être ressenties par un patient éveillé dans le territoire sensitif du rameau
antérieur du nerf spinal correspondant, prouvant le bon positionnement de l’aiguille. Dans le cas de
paresthésies en relation avec une atteinte du rameau postérieur, cela ne signifie pas forcément que
l’aiguille est correctement positionnée. En effet, il existe des branches postérieures du nerf spinal qui
peuvent avoir été stimulées lors du passage de l’aiguille à travers le muscle spinal.
Le contrôle de l’efficacité du bloc et la détermination clinique du niveau d’anesthésie doit se faire
avec un test au froid de manière bilatérale sur chaque métamère thoracique et lombaire après
15 min (46–48). On recherche aussi une extension non souhaitée (controlatérale par exemple) (34).
Dans le cas d’une pose de cathéter il est important de contrôler l’emplacement de ce dernier par
radiographie du thorax ou fluoroscopie. On injecte alors un produit de contraste à travers le cathéter
qui produit une diffusion longitudinale ou en forme de nuage le long de la colonne vertébrale (49). Il
a cependant été constaté des variations des images radiographiques lors de diverses injections
successives chez le même patient (44,50,51).
35
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Image 6: Technique de ponction d’un bloc paravertébral (1)
1.1.4.2. Autres techniques
1.1.4.2.1.
Technique paravertébrale-péridurale
Dans cette méthode, l'aiguille est introduite 4 à 5 cm latéralement par rapport à la ligne médiane et
dirigée avec un angle de 45° médialement jusqu’au contact de la lamina. Puis l’aiguille est
progressivement redirigée latéralement en augmentant l’angle d’insertion avec la peau jusqu’à
localiser par perte de résistance l’EPV. Cette technique serait associée à un fort taux de succès avec
une faible incidence des complications. Cependant, elle paraît plus complexe et moins reproductible,
elle est donc moins fréquemment utilisée que la technique classique (4,25).
1.1.4.2.2.
Technique par perte de pression
Elle permet de localiser l’EPV car la pression dans le muscle spinal érecteur est plus élevée en
inspiration qu’en expiration (20-30 mmHg versus 5-15 mmHg). La ponction se fait de manière
classique selon les repères cutanés (4,52). Lorsque l'aiguille pénètre l’EPV thoracique il existe une
soudaine perte de pression menant peu à peu à une inversion de la pression ressentie dans la zone.
La pression est mesurée par un capteur relié à l’aiguille. Ces signes objectifs sont décrits comme une
36
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
méthode aisée et reproductible pour localiser l’EPV. La mesure d’une pression négative aux deux
temps de la respiration serait synonyme d’une brèche pleurale (52).
1.1.4.2.3.
Placement en per opératoire par le chirurgien thoracique
Enfin, un cathéter peut aisément être placé en vision directe par un chirurgien thoracique en per
opératoire (4,53,54).
1.1.4.2.4.
Neurostimulation
Le développement de l’utilisation des neurostimulateurs pour la réalisation des blocs en ALR
périphérique a conduit à leur utilisation pour la réalisation des BPV en chirurgie du sein (55). Il est
recommandé de rechercher la contraction du muscle intercostal au niveau souhaité pour une
stimulation d’une intensité de 0.4 mA. Ce muscle correspond à l’innervation par le rameau ventral du
nerf spinal stimulé. Cette technique a été également utilisée afin de diminuer le taux d’échec des
BPV, alors évalué à 10% (56). Mais elle présente des difficultés techniques. Cela nécessite
notamment un aide qui devrait toucher la peau en regard du muscle lors de la réalisation du geste
stérile (57).
1.1.4.2.5.
Technique échoguidée
1.1.4.2.5.1. Justification
Malgré une maitrise de la technique classique, la localisation de l’EPV peut rester difficile. Le taux
d’échec varie entre 6 et 10 % même dans les équipes entrainées (4). La multiplication des tentatives
peut induire de la douleur et de l’inconfort pour le patient. Le risque de pneumothorax est
également plus élevé (0.5 %) (45).
La technique par échoguidage permet une réalisation plus brève, une efficacité plus rapide, un bloc
plus long avec une dose moindre d’AL, une diminution des échecs et des complications, et un confort
augmenté pour le patient (58,59). Un taux de réussite de 100 % pour la pose échoguidée de CPV sans
complication a été observé chez 36 patients (60). Cette technique est amenée à se développer
compte tenu d'un meilleur équipement des blocs opératoires en matériel d'échographie.
37
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1.1.4.2.5.2. Technique classique échoguidée : approche sagittale
dans le plan
Les ultrasons offrent l’avantage de visualiser les limites de l’EPV et parfois sa structure. La sonde 510 MHz linéaire de 38 mm est placée à 2,5 cm en dehors du processus épineux, en position
verticale (image 7). On obtient une vue paramédiane sagittale de l’EPV. Les processus transverses
sont identifiés comme trois lignes hypoéchogènes et la plèvre comme une structure hyperéchogène
courant profondément vers le processus transverse, distinct du parenchyme pulmonaire. Le ligament
transverse supérieur peut être vu comme une collection de lignes homogènes échogènes alternant
avec des zones anéchogènes, entre les processus transverses (image 8). On peut également visualiser
l’aiguille, la diffusion de l’AL et le placement d’un CPV. Le but est de placer le cathéter entre la plèvre
pariétale et le ligament costotransverse supérieur.
L’aiguille est donc insérée dans le prolongement de la sonde d’échographie, à 1 ou 2 cm sous celle-ci.
L’approche se fait dans le plan de la sonde, avec une ponction manière caudo-craniale avec un angle
de 45° environ. On visualise alors le trajet de l’aiguille pour placer le biseau au niveau de
l’EPV (image 7).
Image 7 : Approche échographique sagittale dans le plan
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Image 8 : Approche sagittale dans le plan : images échographiques.
Les lignes rouges représentent les processus transverses et les lignes vertes représentent la plèvre. La ligne
pointillée représente l’aiguille de Tuohy.
1.1.4.2.5.3. Approche intercostale échoguidée
La ponction se fait au niveau du point de repérage classique, dans le plan de la sonde échographique
placée horizontalement. Il apparaît techniquement plus facile de positionner la sonde dans cette
position en cas de patient assis. Une étude anatomique de 24 BPV sur cadavres avec pose de
cathéter a montré une réussite dans 23 cas sur 24 (63).
1.1.4.2.5.4. Approche hors du plan
Dans le but de faciliter la ponction, Marhofer et al. ont décrit une technique avec positionnement de
la sonde verticalement et ponction hors du plan. Le principe est d’approcher l’aiguille par le côté au
centre du transducteur. Le résultat sur 20 patientes permettait une chirurgie sans adjonction de
morphiniques systémiques. De plus la vue échographique permettait d’appréhender toutes les
limites anatomiques de l’EPV (61).
1.1.4.2.5.5. Perspectives sonoanatomiques : 3D
Récemment Karmakar et al. ont innové avec l’utilisation d’une sonde permettant une vue 3D. Ils
affirment pouvoir réaliser un BPV en approchant l’aiguille par divers angles, sans difficulté. Leur
description anatomique innovante ouvre la voie à des études cliniques concrètes (62).
39
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1.1.4.3. Nombre de ponctions
Une ponction unique a le plus souvent un effet localisé. Cependant, l’AL peut diffuser de manière
aléatoire (51). Cette raison peut inciter à réaliser plusieurs ponctions.
Dès 1979, Eason and Wyatt, ont décrit la diffusion sur 4 dermatomes d’une injection unique de 15 ml
de bupivacaïne 3,75 mg/ml (3). Il a été décrit que 15 ml de bupivacaïne 5 mg/ml permettaient
l’anesthésie de 5 dermatomes (24,38,51).
1.1.4.3.1.
Ponctions multiples :
L’efficacité anesthésique optimale a été décrite avec 3 niveaux d’injection d’AL en chirurgie de
reconstruction mammaire (63). Selon Naja, il existait une efficacité radiologique et clinique meilleure
lors des ponctions multiples qui ont permis d’anesthésier de plus nombreux dermatomes avec un
moindre risque d’échec que les ponctions uniques (48). Ainsi, pour l’anesthésie d’une zone
recouvrant plus de 5 dermatomes, il est préférable de répartir le volume d’AL sur au moins deux
niveaux de ponction (51).
1.1.4.3.2.
Ponction unique
Selon Saito, une injection unique de 22 ml permettait de bloquer 6 à 12 dermatomes de manière
efficace sans majorer les effets secondaires sympathiques. Dans cette étude aucune diffusion
controlatérale n’a été constatée cliniquement. Une ponction apparaissait donc suffisante (9).
Un des problèmes soulevés était la toxicité supérieure de l’injection d’un grand volume d’AL sur un
seul niveau, avec le risque d’extension péridurale. Une étude de toxicité a retrouvé une
concentration sérique d’AL identique que la ponction soit unique ou multiple pour une même dose
d’AL administrée. Le niveau métamérique lors des tests cliniques était également identique dans les
2 groupes (64).
1.1.4.3.3.
Recommandations
La ponction multiple offre donc l’avantage de diminuer le risque d’échec (rattrapage par d’autres
injections d’un éventuel échec d’une des ponctions). Le risque de complication augmente cependant
avec le nombre de ponctions. La ponction unique offre l’avantage de diminuer le temps de
réalisation du bloc et d’améliorer le confort du patient.
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Les recommandations d’expert de 2009 ont conclu que l’efficacité était meilleure en cas de ponction
multiple, mais qu’il fallait évaluer le risque de complication (34).
1.1.4.4. Pose de cathéter
1.1.4.4.1.
Mise en place échographique préférentielle
Dès 1989, la mise en place d’un CPV a montré une efficacité sur la douleur des patients, sans
majoration des effets sympathiques attendus (65). Pourtant, une étude de 2009 a douté du bon
placement des cathéters dans l’EPV. En postopératoire, sur 11 cathéters, 6 mauvais placements ont
été décrits, avec diffusion du produit de contraste en péridural principalement (66). La ponction
échoguidée avec approche horizontale pour le placement d’un cathéter permet un contrôle
radiographique satisfaisant, sans effet secondaire (60).
1.1.4.4.2.
Utilité : l’analgésie postopératoire
Le CPV est mis en place lorsque la chirurgie est connue comme présentant un risque de douleur
postopératoire unilatérale de durée prolongée. Son efficacité en terme d’analgésie est identique au
cathéter péridural en chirurgie unilatérale (65). Aucune recommandation ne permet de choisir une
injection unique ou une diffusion continue à l’aide d’un cathéter placé dans l’EPV, en dehors de la
chirurgie thoracique majeure et de la chirurgie majeure du sein (14). Dans ce type de chirurgie, il a
été montré une meilleure efficacité des CPV par rapport aux injections uniques préopératoires
paravertébrales sur le score de douleur à 24 heures (67).
1.1.4.4.3.
Administration de l’anesthésique local
L’administration continue a permis de diminuer les scores de douleur dans les 48 premières heures
postopératoires par rapport à une administration en injections itératives d’AL dans les thoracotomies
(18). On peut utiliser un mode d’administration dont le fonctionnement est similaire à celui d’une
PCEA (patient controlled epidural analgesia), associant un débit continu faible et des doses
intermittentes à la demande du patient (68).
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1.1.5. Indications du bloc para vertébral
1.1.5.1. Généralités
L’objectif du BPV est la diminution de la douleur aiguë et chronique postopératoire. L’utilisation du
BPV thoracique est indiquée pour la chirurgie du thorax et de l’abdomen, en particulier lorsqu’il s’agit
d’une chirurgie unilatérale (tableau 2) qui engendre des douleurs importantes en postopératoire. On
peut donc évoquer : la chirurgie thoracique, la néphrectomie, ou la chirurgie sénologique. Cette
technique est aussi utilisée pour la prévention des douleurs chroniques (42).
1.1.5.2. Indication en chirurgie du sein
La chirurgie du sein s'accompagne habituellement d'une douleur modérée postopératoire ayant une
durée inférieure à 48 heures (69). La douleur varie selon le type de chirurgie.
Le BPV reste une technique invasive. Bien que certaines équipes en rapportent une utilisation
ambulatoire, il paraît actuellement recommandé de limiter l’indication de cette technique aux gestes
chirurgicaux algogènes (70). Il a été montré que le BPV permettait de prévenir l’apparition de
douleur chronique pour au moins 1 patiente sur 5 patientes traitées (71).
1.1.5.2.1.
Chirurgie mineure
La tumorectomie simple, avec ou sans exérèse du ganglion sentinelle (GS), est responsable de
douleurs légères (72). La réalisation d’une tumorectomie seule ou la technique du GS ne sont pas à
ce jour des indications de BPV après évaluation du rapport bénéfice-risque (73,74).
1.1.5.2.2.
Mastectomie, reconstruction mammaire, curage axillaire
Une méta-analyse de 2010 a montré une supériorité du BPV seul ou associé à l’anesthésie générale
(AG) par rapport à l’AG seule sur les scores de douleurs postopératoires (75). Plusieurs essais ont
confirmé ce résultat (74,76–79). De ce fait, la durée moyenne de séjour des patientes était diminuée
(78), ainsi que le coût global de la prise en charge chirurgicale (81,82). En pratique il s’agissait des
mastectomies avec dissection axillaire avec ou sans reconstruction mammaire d’emblée (4). Dans de
nombreuses études, le BPV seul a permis de diminuer les nausées et vomissements postopératoire
(NVPO) (74,76,77,79,83). Une étude récente évaluant les effets secondaires de type NVPO pour tout
type de chirurgie du sein ne retrouvait pas de différence significative entre les patientes ayant eu ou
non un BPV, excepté dans le groupe des reconstructions avec lambeaux (84). Les études sont donc
42
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(CC BY-NC-ND 2.0)
contradictoires concernant l’intérêt du BPV en association avec une AG dans pour une réduction des
NVPO (74,76,77,82,85).
Selon les recommandations de la SFAR de 2006, le BPV est recommandé en chirurgie majeure du sein
avec une ponction unique ou multiple pour une injection unique préopératoire en association avec
AG (73).
Contrairement au BPV, les infiltrations ne semblent pas apporter de bénéfice significatif en chirurgie
du sein (79).
1.1.5.2.3.
Plastie Mammaire
Pour la chirurgie de plastie mammaire, le BPV a montré de meilleurs résultats que l’infiltration par le
chirurgien, en terme de douleur et de coopération patient-médecin (86).
Une étude de 2004 a évalué l'intérêt du CPV thoracique avec perfusion continue lors des plasties
mammaires de reconstruction sur la perfusion du greffon musculaire effectué à partir du muscle
grand dorsal. Cette étude a montré que la pression tissulaire en oxygène au niveau du greffon était
supérieure pendant la durée du bloc du fait de la vasodilatation segmentaire, conséquence du BPV.
Ce résultat intéressant mérite de voir sa signification clinique confirmée (87).
43
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1.1.5.3. Autres indications
Spécialité
Type de chirurgie
THORACIQUE Thoracotomie
DIGESTIF
UROLOGIE
VASCULAIRE
Particularités
Indication première du BPV. Diminution des
douleurs et des complications respiratoires
associées. Anesthésie de première intention
actuellement, avec pose de CPV
Thoracoscopie
Injection unique aussi efficace qu’une
analgésie systémique, avec moins d’effets
secondaires
Pleurectomie
BPV utilisable tant que la plèvre pariétale en
regard du site d’injection est intacte
Œsophagectomie
En cas d’abord unilatéral et de contre
indication à la pose d’une APD, le BPV
procure une analgésie efficace.
Hépatectomie
Discussion de la péridurale compte tenu du
risque hémorragique et de troubles de
coagulation avec bonne efficacité du BPV
Cholécystectomie
Amélioration du contrôle des douleurs lors
des laparoscopies (ponction T5-T6)
Hernie inguinale
Efficacité supérieure à la rachianesthésie en
termes d’analgésie postopératoire. La
technique recommandée reste l’AG avec TAP
(transverse abdominal plane block) ou bloc
ilio-inguinal.
Abdominoplastie
Amélioration de la douleur et des NVPO lors
des BPV sur des séries de cas, en association
à l’AG
Néphrectomie
Amélioration de la douleur et baisse des
effets secondaires de la morphine, en
injection unique préopératoire ou avec pose
de cathéter par voie chirurgicale
Aorte abdominale par Diminution de morbidité et de durée de
voie endovasculaire
séjour
références
(42,88–93)
(94,95)
(88)
(96)
(97)
(42,98)
(99,100)
(101)
(42,102,103)
(104,105)
Tableau 2 : Indication de BPV en dehors de la chirurgie du sein
Le BPV est également indiqué en dehors de la chirurgie réglée. En contexte post-traumatique, le BPV
avec pose de cathéter permet de lutter conter la douleur de fractures costales et de diminuer les
complications liées à l’altération de la mécanique ventilatoire. Il permet également une diminution
de la consommation d’opioïdes et de leurs effets secondaires. Lors de douleurs chroniques postthoracotomie ou en cas de névralgies post-zostériennes au niveau thoracique, le BPV est efficace
pour l’analgésie (46).
44
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1.1.6. Contre-indications
Les contre-indications formelles sont rares et sont similaires aux contre-indications des techniques
d’anesthésie périmédullaire (3,12,42,45):
- l’infection au site d’insertion
- l’empyème
- l’allergie aux AL
- les troubles de coagulation majeurs
Il existe des contre-indications relatives, à comparer au bénéfice de la technique :
- l’existence d’une coagulopathie mineure ou modérée
- la prise de traitements anticoagulants par le patient
Les tumeurs latéro-rachidiennes sont les quelques rares contre-indications spécifiques à la
techniques du BPV (1,4,42). Des précautions sont nécessaires en cas de patients souffrant de
cyphoscoliose ou ayant des antécédents de thoracotomie car les déformations thoraciques majorent
le risque de ponction pleurale.
1.1.7. Avantages
La technique de réalisation de ce bloc est aisée à apprendre avec un taux de succès élevé et ne
semble pas être opérateur dépendant (4). Globalement, le succès varie entre 84 et 87% pour
l’anesthésie chirurgicale (106) et atteint 94% pour l’analgésie postopératoire (107).
1.1.7.1. Par rapport à l’anesthésie générale
Le BPV réduit les effets secondaires. Dans la chirurgie du sein, le BPV était associé à moins de
vomissements, de somnolence et de limitation des amplitudes articulaires lors de la rééducation que
l’AG (107).
Sur une méta-analyse en chirurgie du sein, il a été montré une amélioration des scores de douleurs
avec une baisse de l’EVA de plus de 20 points sur 100 pour l’association AG avec BPV ou BPV seul en
comparaison à l’AG seule, sans majoration des complications (108).
45
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1.1.7.2. Par rapport à l’anesthésie péridurale

En cas d’injection unique en paravertébral ou en péridural, l’efficacité est similaire. Les
scores de douleurs sont les mêmes entre les 2 techniques. La différence principale reste que
la péridurale a une action bilatérale et symétrique, alors que le BPV a une action latéralisée,
et donc moins d’effet systémiques. Le BPV permet un effet analgésique similaire par rapport
à la péridurale en postopératoire de chirurgies par thoracotomie avec une incidence moindre
de complications (14). On peut donc recommander cette technique pour l’analgésie dans de
nombreuses chirurgies thoraciques ou abdominales unilatérales en lieu et place de l’APD
(109,110).

En cas de pose de cathéter, l’efficacité est comparable. La comparaison entre CPV et APD en
administration continue (du type administration PCEA) en chirurgie thoracique majeure a mis
en évidence des scores d’analgésie post opératoire similaires jusqu'à 48h. Ainsi, le BPV avec
mise en place de cathéter est recommandé en chirurgie thoracique majeure au même titre
que l’APD avec cathéter (14).
Quel que soit le mode d’administration en paravertébral, les complications sont moindres par
rapport à l’APD : rétention d’urines, NVPO, hypotension artérielle. Les échecs sont également moins
nombreux. Il existerait une meilleure récupération de la capacité pulmonaire en comparaison avec la
péridurale, avec moins d’effets secondaires en chirurgie thoracique (91). Cependant les doses totales
d’AL nécessaires pour un même niveau d’analgésie sont plus élevées avec le BPV, avec un risque de
toxicité systémique accru (90).
Une méta-analyse de 2010 reste pondérée. Aucune étude de qualité ne permet de trancher de
manière stricte en faveur d’une des deux techniques. Elle conclut à la non-infériorité et à l’avantage
du BPV en cas de contre-indication à l’APD. Elle rappelle la nécessité d’un monitorage strict et d’une
surveillance de la survenue d’effets secondaires (90).
1.1.7.3. Par rapport à l’infiltration locale chirurgicale
Le BPV thoracique en injection unique assure une analgésie efficace et diminue les NVPO après une
chirurgie du sein de manière plus efficace. L'infiltration péri-cicatricielle n'a pas montré son efficacité
pour diminuer la douleur postopératoire et les NVPO dans ce type de chirurgie (50).
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1.1.7.4. Par rapport aux autres techniques
En chirurgie thoracique, la méta-analyse du groupe PROSPECT recommande l’utilisation du BPV
comme technique d’analgésie préférentielle par rapport à toute autre technique : rachianesthésie,
anesthésie intercostale et l’AG (92).
1.1.8. Inconvénients, risques et effets secondaires
1.1.8.1. Echec
L’échec de la technique varie entre 6 et 10 %, ce qui correspond aux résultats obtenus de manière
habituelle pour toutes les techniques d’ALR (4,45). L’échec est une conséquence de la difficulté
rencontrée par l’opérateur pour trouver la localisation de l’EPV. On estime qu’avec le développement
de la technique par échoguidage, la multiplication de la pratique du BPV, et la qualification des
anesthésistes, ce taux d’échec devrait progressivement diminuer dans les prochaines études
(4,58,59).
1.1.8.2. Ponction pleurale
La ponction pleurale est rare et peut parfois conduire à un pneumothorax. On retrouve des taux de
ponction pleurale variant de 0 à 6 %, avec préférentiellement des taux inférieurs à 1 %
(4,45,107,111,112). La part de complications graves suivant un pneumothorax n’est pas
connue (113). On ne retrouve pas d’aspiration d’air le plus souvent, sauf si le poumon est
ponctionné.
Dans le cas d’une ponction pleurale sans complication, on peut associer une anesthésie pleurale et
une surveillance régulière clinique ou radiologique. Aucun geste n’est alors recommandé. Le risque
est le développement tardif d’un pneumothorax nécessitant un drainage (114). Les éléments
cliniques à surveiller sont une toux irritative et une douleur dans le thorax ou au niveau de l’épaule.
1.1.8.3. Hypotension
L’hypotension n’est pas habituelle car le bloc sympathique est unilatéral. Il peut néanmoins exister
une hypovolémie préopératoire ou des malaises vagaux. L’utilisation de vasopresseurs est citée dans
6 % des cas environ en per opératoire (106,107). Des hypotensions sans conséquence ont été
décrites dans 3 à 4 % des cas, uniquement en cas de bloc bilatéral (1,4,25,111). Mais L’hypotension
reste peu fréquente même en cas de bloc bilatéral (110).
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1.1.8.4. Hémorragie pulmonaire
Un seul cas d’hémorragie pulmonaire a été décrit dans la littérature. Il s’agissait d’un patient aux
antécédents de thoracotomie. Cela incite donc à la prudence vis-à-vis de ce type de patient (115).
1.1.8.5. Injection intrathécale
Il peut se produire une injection intrathécale, surtout en cas d’approche par la technique
paravertébrale-péridurale ou médiane (4,76,107). On peut alors constater des céphalées post brèche
dure mérienne (116).
1.1.8.6. Syndrome de Claude Bernard Horner
Il peut se produire de façon transitoire, en cas de diffusion de l’anesthésique au niveau des ganglions
nerveux ipsilatéraux. Burlacu en 2005 rapportait une association avec un syndrome Harlequin.
(1,76,89,117)
1.1.8.7. Atteinte nerveuse locale, injection intravasculaire
La lésion d’un nerf intercostal peut conduire à une douleur segmentaire thoracique dont la durée
peut atteindre 2 à 3 mois (118). L’injection intravasculaire n’est pas rapportée dans les études de
sécurité. Dans des études descriptives, son incidence varie de 1 % (112) à 4 % des cas (1,4,111).
1.1.8.8. Mortalité
On ne décrit aucun décès directement imputable à la réalisation d’un bloc paravertébral (42,107).
1.2. Cancer du sein
1.2.1. Epidémiologie
1.2.1.1. Incidence
Le cancer du sein (CDS) est la localisation cancéreuse la plus fréquente et la première cause de
mortalité par cancer chez la femme dans le monde. Plus de 48000 cas ont été diagnostiqués en 2012
en France. Il représente 36,7 % de l’ensemble des nouveaux cas de cancers chez les femmes. Les taux
d’incidence les plus élevés sont enregistrés dans les pays à haut niveau de vie (119). Le risque
augmente de façon significative avec l'âge entre 30 et 60 ans ; il est ensuite homogène. L’âge moyen
48
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
du diagnostic est de 61 ans. L'incidence a baissé significativement (d'un peu moins de 9 %) aux ÉtatsUnis depuis 2003 et en France, ce qui pourrait correspondre à une moindre utilisation des
traitements hormonaux substitutifs de la ménopause (120).
1.2.1.2. Prédispositions et facteurs de risque
1.2.1.2.1.
Cas particulier du cancer familial
Cinq à 10 % des CDS diagnostiqués sont des CDS à prédisposition familiale ce qui représente entre
2000 et 4000 personnes atteintes chaque année en France (121). En 2008, on connaissait dix
mutations génétiques associées à un risque accru de CDS. Les gènes BRCA1 et BRCA2 sont à eux seuls
responsables de la moitié des cancers à prédisposition génétique, soit 2,5 à 5 % de tous les CDS. Chez
une femme la présence d'une seule mutation du gène expose à un risque de 80 % d'avoir un CDS (au
lieu de 10 % en l'absence de mutation) (122).
1.2.1.2.2.
Génétique (hors cancers familiaux)
De nombreuses molécules semblent pouvoir déclencher ou favoriser le CDS. Une inhibition du
système de réponse aux dommages de l'ADN (acide désoxyribonucléique) pourrait être en cause
dans la moitié des CDS. Les altérations génétiques sont facilitées par les traitements hormonaux de la
ménopause.
Par exemple, une protéine, « AKT1 », est surexprimée dans 50 % des CDS sporadiques (123). De
même une autre protéine, la « protéine-kinase CK2 » pourrait favoriser la progression de ces cancers,
et la survenue de métastases (124).
1.2.1.2.3. Hormones
La plupart des CDS sont hormonodépendants. Le risque de CDS croit avec le nombre de cycles
menstruels (125) et l’état d’hyperœstrogénie (non fécondité...). Le traitement substitutif hormonal
(THS) de la ménopause augmente sensiblement le risque de survenue d'un CDS (126,127).
L’allaitement agit comme un facteur protecteur vis-à-vis du CDS, compte tenu de l’arrêt des cycles
menstruels (128). En opposition aux œstrogènes, la progestérone freine la croissance des
galactophores et diminue la perméabilité capillaire.
Malgré de nombreuses polémiques, la pilule contraceptive n’a pas été prouvée comme facteur
favorisant les CDS selon une méta-analyse du Lancet de 1996 (129).
49
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
1.2.1.2.4. Autres facteurs de risque connus
- Alcool et tabac : Le risque est augmenté en moyenne de 30 % pour trois verres d’alcool par jour. Il
existe une corrélation entre le tabagisme et la survenue de CDS, surtout avant la première grossesse.
Le risque relatif est cependant faible (de 1,1 à 1,2) (130).
- Obésité : Par augmentation du taux sanguin d’aromatase et sécrétion d’interleukine 6 pro
inflammatoire, elle accélère la prolifération du CDS et la survenue de métastases (131).
- Polluants : produits chimiques de synthèse ayant une action œstrogènique ou cancérogène (132).
- Acides gras : Aucune étude prospective multicentrique récente n’a pu donner un poids fort à cette
corrélation (133).
- Carence en vitamine D (134)
- Mastopathies (135)
- Chez l’homme : 1 % des CDS sont développés chez l’homme. À stade égal, le pronostic est
identique. Néanmoins, le diagnostic est souvent plus tardif (136).
1.2.1.3. Mortalité
Le CDS reste la principale cause de mortalité par cancer chez les femmes en France. Il était
responsable de 11 886 décès annuels en 2012. Le taux de mortalité standardisé estimé était de
17,7 pour 100 000 en 2005 dans le monde. La mortalité amorce une décroissance depuis 2000 (1,3 %
par an sur la période 2000-2005) (137). La réduction de mortalité se retrouve surtout chez les
femmes de moins de 50 ans. Les évolutions inverses de la mortalité et de l’incidence du CDS peuvent
s’expliquer en partie par l’amélioration des thérapeutiques mais aussi par le diagnostic plus précoce
lié au développement du dépistage en France.
1.2.1.4. Survie
Selon la société d’oncologie américaine, la survie à long terme est définie comme une survie
supérieure à 5 ans après le diagnostic. Selon cette définition, on comptait 2,5 millions de survivants
du CDS en 2006 dans le monde. Selon le réseau FRANCIM en 2007, le taux de survie relative du CDS
en France était un des meilleurs d’Europe (138). En 2012, le taux global de survie relative à 5 ans
après le diagnostic d'un CDS était estimé à près de 89 % tous types confondus (139).
50
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1.2.1.5. Dépistage
Les sociétés savantes considèrent que la balance bénéfices-risques est en faveur du dépistage entre
50 et 75 ans (140,141). Une mammographie tous les deux ans permet un dépistage efficace, mais
expose à un risque de surdiagnostic. En France, elle est proposée gratuitement aux femmes de 50 à
74 ans mais n’est réalisée que par une proportion modérée de la population ciblée (142). En 2005,
65 % des femmes de 50 à 74 ans interrogées par l’enquête Baromètre Santé déclaraient avoir réalisé
une mammographie au cours des deux dernières années (143). Au-delà de 75 ans et avant 50 ans, la
balance bénéfices-risques est en défaveur d'un dépistage systématique compte tenu de l’incidence
faible (144,145).
1.2.2. Différents types de tumeurs et stades de développement
1.2.2.1. Clinique
La palpation du sein fait partie de l'examen gynécologique annuel de toute femme. La suspicion se
fait à partir de la découverte d'un nodule, qui est perceptible à partir de 1 cm de diamètre environ.
Il faut confirmer le diagnostic par une mammographie. L'échographie est un examen
complémentaire, mais ne remplace pas la mammographie.
Une biopsie stéréotaxique sous échographie ou guidage radiologique avec examen histologique
permet le diagnostic de certitude (141,146).
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1.2.2.2. Histoire naturelle
1.2.2.2.1. Développement initial
Il existe tout d’abord une multiplication anarchique des cellules galactophoriques ou lobulaires sous
l’influence des œstrogènes (image 9). La tumeur double de volume en 3 mois (147). L’épithélium
glandulaire évolue d’abord vers une hyperplasie atypique puis vers le carcinome in situ pour aboutir
à la tumeur invasive avec la rupture de la membrane basale (image 9). En 10 ans, la tumeur atteint
1 cm, ce qui correspond à une population de 1 milliard de cellules (148). L’extension locale se fait par
une dissémination le long du conduit galactophorique. Puis elle envahit la graisse et le tissu
conjonctif.
1.2.2.2.1.
Evolution-dissémination
La taille de la tumeur entrainant une dissémination métastatique suit une loi logarithmique (148).
L’extension métastatique est proportionnelle à la taille de la tumeur et se fait soit par voie veineuse
soit par voie lymphatique. Les localisations des métastases sont principalement : osseuses (43 %),
pulmonaires et pleurales (30 %), hépatiques (17 %), cérébrales (5 %). Dans 30 % des cas, l’extension
est multiple (149).
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(CC BY-NC-ND 2.0)
Image 9 : Histoire naturelle du cancer du sein (147)
1.2.2.3. Classification TNM
La classification TNM (tumor node metastasis) tient compte de la taille tumorale notée par la lettre T,
de l’extension ganglionnaire notée par la lettre N, et de la présence ou non de métastases, notée par
la lettre M (image 10).
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Image 10 : Classification TNM du cancer du sein (150)
54
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(CC BY-NC-ND 2.0)
Suite à la détermination du stade TNM on peut également regrouper les stades de cancer selon le score
UICC (The Union for International Cancer Control) qui permet de comparer les stades de gravités des cancers
entre eux:
Stade UICC
0
Tis N0 M0
I
T1 N0 M0
IIA
T0 N1 M0
T01 N1 M0
IIB
T2 N1 M0
T3 N0 M0
IIIA
T0 N2 M0
T1 N2 M0
T2 N2 M0
IIIB
T4 N0 M0
T4 N1 M0
T4 N2 M0
IIIC
Tous T, N3 M0
IV
Tous T Tous n M1
T2 N0 M0
T3 N1 M0
Tableau 3 : Classification UICC issue de la classification TNM
1.2.2.4. Histologie
Le type histologique des cancers est un élément important pour la conduite thérapeutique et le
pronostic. Les tumeurs malignes du sein les plus fréquentes (98%) sont des adénocarcinomes se
développant aux dépens des lobules ou des canaux galactophoriques (image 12). De nombreuses
classifications ont été proposées mais c'est la classification de l'OMS (Organisation Mondiale de la
Santé) qui est la plus souvent utilisée (151).
1.2.2.4.1.
OMS (1981)
Cette classification (151) est basée sur l'aspect histologique et l’architecture des lésions (152).

Les adénocarcinomes canalaires représentent 80 % des CDS

les adénocarcinomes lobulaires n’en représentent que 15%.
1.2.2.4.1.1. Carcinome non infiltrant
Les carcinomes non infiltrant sont aussi appelés aussi carcinomes in situ (CIS). Le carcinome canalaire
in situ (CCIS) se définit comme une prolifération de cellules épithéliales malignes à l'intérieur de
l'arbre galactophorique sans effraction de la membrane basale. Il est classé en grades nucléaires
55
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
(152). Le carcinome lobulaire in situ (CLIS) intéresse les canalicules intra lobulaires. Cette lésion est
souvent une découverte microscopique fortuite (153).
1.2.2.4.1.2. Carcinome infiltrant
Il se distingue du carcinome non infiltrant par l'effraction de la membrane basale et l'envahissement
du tissu conjonctif.
Le carcinome canalaire infiltrant (CCI) est la forme la plus fréquente des tumeurs malignes du sein.
Les cellules se disposent en îlots ou en formations glanduliformes. Le carcinome lobulaire infiltrant se
compose de petites cellules régulières. Le carcinome mucineux est un carcinome riche en mucus
épithélial.
D’autres variétés de carcinomes sont beaucoup plus rares et ont parfois des pronostics meilleurs que
le carcinome canalaire infiltrant. La Maladie de Paget du mamelon apparait dans l'épiderme du
mamelon, contenant de la mucine.
Image 11 : Structure du sein : 1. muscle intercostal 2. Muscles pectoraux 3. Lobule mammaire 4. Mamelon 5.
Aréole 6. Canaux galactophores 7. Graisse sous cutanée 8. Peau . Source : http://training.seer.cancer.gov
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(CC BY-NC-ND 2.0)
1.2.2.4.2.
Classification Scarff Bloom Richardson pour les carcinomes
infiltrants
Le rôle du grade histopronostique est maintenant largement admis pour les tumeurs
carcinomateuses infiltrantes. La méthode de la gradation de Scarff Bloom Richardson (SBR) consiste à
évaluer trois paramètres morphologiques (152) :
- la part de formation de tubules sur la surface tumorale (majeure, modérée ou faible)
- le pléomorphisme nucléaire selon la taille du noyau (petit, grand, vésiculeux)
- la fréquence des mitoses (rares, 2 à 3 par champ de microscope, plus de 2 à 3)
Un score allant de 1 à 3 est attribué à chacun de ces paramètres. Les différents scores sont
additionnés pour obtenir le grade histologique global :
- Grade I = score 3 - 5
- Grade II = score 6 - 7
- Grade III = score 8 – 9
1.2.3. Traitements
1.2.3.1. Prise en charge globale et indications
Le traitement du CDS repose sur la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie (incluant les
thérapies ciblées) et l’hormonothérapie. L’indication des différentes modalités thérapeutiques et leur
séquence d’administration doivent être discutées dans le cadre d’une réunion de concertation
pluridisciplinaire (RCP). L’arbre décisionnel de l’HAS (Haute autorité de Santé) est présenté image 12.
En 2006 une chirurgie conservatrice a été réalisée dans 92% des cas de carcinome canalaire infiltrant,
de type T1N1M0 (ce qui représente environ 50 % des diagnostics). Un curage axillaire (CA) a été
réalisé dans 60 % de l’ensemble des cas traités. En complément du traitement chirurgical, une
radiothérapie a été associée dans 95% des cas, une hormonothérapie dans 80 % des cas, et une
chimiothérapie cytotoxique dans 32 % des cas (154).
57
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(CC BY-NC-ND 2.0)
Image 12 : Arbre décisionnel thérapeutique (HAS)
1.2.3.2. Education thérapeutique
L’éducation thérapeutique (ETP) vise à accompagner la patiente dans l’acquisition d’autonomie.
L’ETP contribue à l’amélioration ou au maintien de l’état de santé de la patiente, de sa qualité de vie
(QDV) et de celle de ses proches (155). La patiente doit pouvoir :

comprendre sa maladie, les traitements et leurs effets indésirables éventuels ;

intégrer les précautions à prendre après un CA du côté traité ou en présence d’un
lymphœdème : éviter le port de charges lourdes, les prises de sang, la prise de tension et les
58
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(CC BY-NC-ND 2.0)
injections sur le bras homolatéral au curage, éviter les mouvements répétitifs sur une longue
durée, mettre des gants pour jardiner et en cas de blessure, piqûre, coupure ou brûlure sur
ce bras, désinfecter immédiatement ;

identifier les signes de lymphangite (majoration de l’œdème, rougeur, chaleur, fièvre) qui
doivent amener à consulter ;

avoir une observance optimale concernant ses traitements ambulatoire et participer à la
planification du suivi après le traitement ;

faire face à des changements de son mode de vie (activité physique, activité professionnelle,
équilibre, diététique, etc.) ;

comprendre et accepter une prise en charge nutritionnelle dès la phase diagnostique ;

impliquer son entourage dans la gestion de la maladie, des traitements et des répercussions
qui en découlent.
1.2.3.3. Traitement chirurgical
La chirurgie peut avoir quatre objectifs : confirmer le diagnostic, évaluer le pronostic, faire l’exérèse
des tissus atteints et éventuellement reconstruire le sein opéré. La chirurgie du CDS la plus fréquente
en France est une chirurgie conservatrice partielle de type tumorectomie.
1.2.3.3.1.
Chirurgie conservatrice
La taille de l’exérèse est adaptée au volume tumoral et aux marges requises, idéalement 1 cm autour
de la lésion.
Il existe deux grands types de chirurgie conservatrice en fonction du volume de glande mammaire
enlevé :
- la tumorectomie (ou parfois zonectomie). On parle de tumorectomie lorsque la lésion retirée est
palpable alors que la zonectomie correspond à l’exérèse d’une lésion non palpable mais identifiée
lors des examens radiologiques (grâce au repérage mammaire).
- la quadrantectomie (encore appelée exérèse locale élargie). La quadrantectomie intéresse une zone
de glande mammaire correspondant environ à un quadrant du sein, elle est donc réservée à des
lésions plus étendues.
59
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Le repérage radiologique préopératoire d’une lésion infraclinique est indispensable afin de guider la
précision et l'étendue de l'exérèse (156). Les techniques classiques consistent à mettre en place sous
stéréotaxie ou échographie une aiguille ou un harpon permettant l'injection d'un colorant ou de
poudre de carbone (157). La radiographie de la pièce opératoire est indispensable (158). Elle vérifie
l’intégralité de la lésion néoplasique retirée.
Des clips radio-opaques sont laissés en place pour retrouver facilement la zone à traiter et diriger
ainsi avec précision la radiothérapie (139).
La technique du ganglion sentinelle (GS) est parfois réalisée en cas de lésion palpable par le
chirurgien ou suspicion de micro-invasion sur image radiologique ou sur biopsie (159).
1.2.3.3.2.
Mastectomie
Elle consiste en l'ablation de la totalité de la glande mammaire, elle est donc non conservatrice. La
peau est séparée de la glande de part et d'autre des incisions cutanées (156).
Malgré une technique bien codifiée, quelques reliquats glandulaires peuvent persister. Lorsque la
tumeur envahit le pectoral ou y adhère, il faut réséquer une « pastille » de ce muscle. Un ou deux
drains aspiratifs sont laissés au contact du muscle.
Localement, la mastectomie se complique rarement d’hématome ou d’infection. Lorsque la tension
est grande, on peut observer des désunions de la cicatrice voire des nécroses cutanées. A distance, la
cicatrice peut s’élargir et devenir disgracieuse (156).
1.2.3.3.3.
Curage axillaire
Le curage axillaire (CA) reste un geste de stadification essentiel dans les CDS et est également un
élément important du contrôle locorégional (160). Il fait l’objet d’un chapitre à part entière ci-après.
1.2.3.4. Traitement médical
1.2.3.4.1.
Chimiothérapie
Les adénocarcinomes mammaires sont considérés comme relativement chimiosensibles. Le taux de
réponse en phase métastatique est supérieur à 60 % (156).
Le traitement adjuvant est généralement débuté dans les 3 à 6 semaines après la chirurgie. Plusieurs
molécules peuvent être utilisées, généralement en association. Il s’agit principalement des
anthracyclines et des taxanes (146). Les schémas d’administration comprennent habituellement 4 à
60
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
6 cures, espacées de 21 jours. La chimiothérapie est le plus souvent utilisée en thérapie adjuvante.
Elle peut aussi être utilisée en néo-adjuvant avec la radiothérapie pour réduire la taille tumorale
avant une exérèse chirurgicale, ou en palliatif en cas de tumeur métastasée non opérable (image 12).
La chimiothérapie présente une toxicité aiguë et retardée. La prise en compte de la QDV est récente
dans les essais thérapeutiques et peut encore être optimisée (161,162).
1.2.3.4.2.
Radiothérapie
La radiothérapie adjuvante a pour but de réduire le risque de récidive. En néo-adjuvant l’objectif est
de réduire la taille de la tumeur avant une résection chirurgicale. L’irradiation peut être délivrée au
niveau de la glande seule ou de la paroi thoracique (163). Compte-tenu de la courbure de la paroi
thoracique et de l'étalement de la glande sur cette paroi, un certain volume pulmonaire est toujours
inclus dans le volume traité. Le contrôle local dépend de la dose (164). Une dose minimum de
50 Gray en 25 fractions doit être délivrée à l'ensemble de la glande mammaire. Dans l'expérience de
l'Institut Curie, l'irradiation exclusive des tumeurs N0-N1 a montré un taux de récidive axillaire de 1 %
(165).
1.2.3.4.3.
Hormonothérapie
La sensibilité hormonale des CDS est largement prédite par la présence de récepteurs hormonaux sur
la tumeur primitive (166).
Les moyens thérapeutiques hormonaux sont:

la suppression ovarienne par agonistes de la Luteinizing Hormon Releasing Hormon (LHRH)

les antiœstrogènes comme le tamoxifène

les progestatifs

les inhibiteurs de l'aromatase.
Les objectifs de l’hormonothérapie sont d’améliorer la survie sans métastase et la survie globale en
agissant sur la maladie micrométastatique, d’optimiser le contrôle locorégional en facilitant la
réalisation de la chirurgie et/ou de la radiothérapie et de réduire le risque de cancer controlatéral.
Le tamoxifène permet d’obtenir des taux de régression tumorale (complète ou supérieure à 50 %) de
30 % environ, et jusqu’à 70 % en cas de tumeur hormonosensible. Il entre en compétition avec les
œstrogènes au niveau des récepteurs hormonaux et empêche donc leur action au niveau des cellules
61
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(CC BY-NC-ND 2.0)
cancéreuses. La toxicité est faible mais les patientes peuvent présenter des signes de privation
œstrogènique : bouffées de chaleur, prise de poids, alopécie. Lors de la préménopause, le
tamoxifène entraîne en outre les bouffées de chaleur, des irrégularités menstruelles, des pertes
vaginales et la survenue de kystes ovariens (167).
Le tamoxifène adjuvant est bénéfique si la tumeur exprime des récepteurs aux œstrogènes (156),
avec une durée de traitement d’au moins 5 ans. Les autres hormonothérapies (progestatifs,
antiaromatases) n’ont pas de place en situation adjuvante en dehors des essais thérapeutiques.
1.3. Curage axillaire en détails
1.3.1. Epidémiologie
Selon un registre américain de 2011, le CA était réalisé dans 31 à 48 % des cas de CDS diagnostiqués,
tous stades confondus. Il s’agissait de la somme totale des CA réalisés d’emblée ainsi que des CA
réalisés en cas de GS positif (168).
1.3.2. Anatomie
Les limites anatomiques de la région de drainage lymphatique axillaire sont (image 13) :

le muscle grand dentelé (dentelé antérieur) et son nerf (nerf thoracique long) en dedans,

le bord externe du muscle grand dorsal en dehors,

le bord inférieur de la veine axillaire en haut,

le petit pectoral en haut et en dedans.
Les ganglions lymphatiques du sein sont principalement situés :

au niveau du creux axillaire : ganglions axillaires
On distingue trois niveaux dits niveaux de Berg, d’atteinte progressive (169) :
o
le niveau I (étage axillaire inférieur) comprend les ganglions situés en dehors du petit
pectoral,
o
le niveau II (étage axillaire moyen) comprend les ganglions situés derrière le petit
pectoral,
62
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
o
le niveau III (étage axillaire supérieur ou apical) comprend les ganglions du sommet
de l'aisselle situés en dedans du petit pectoral (170).

au-dessus de la clavicule : les ganglions sus-claviculaires ;

sous la clavicule : les ganglions sous-claviculaires (infra-claviculaires) ;

à l’intérieur du thorax, autour du sternum : les ganglions mammaires internes.
Image 13 : Ganglions lymphatiques issus de la glande mammaire (171)
1.3.3. Technique chirurgicale
1.3.3.1. Technique en monobloc
L’incision peut être horizontale, à deux travers de doigt du pli de l’aisselle, ou verticale juste en
arrière du bord du grand pectoral. Le CA est le plus souvent limité aux 2 premiers étages de Berg et
requiert le prélèvement d’au moins 10 ganglions.
Afin d’obtenir un évidement de qualité, il convient d’effectuer un CA remontant en arrière du petit
pectoral, jusqu’à son bord interne. Il est souvent nécessaire d’effectuer une ligature des vaisseaux
mammaires externes et du nerf perforant du second espace intercostal (nerf inter-costo-brachial). La
pièce doit être orientée, au minimum à une extrémité. Environ 25 % du drainage lymphatique du sein
passe par la voie mammaire interne (MI). C’est pourquoi dans certains cas, un curage mammaire
interne associé au CA classique peut être nécessaire et peut permettre de préciser au mieux
l'envahissement ganglionnaire locorégional. Il consiste dans la dissection des 2ème, 3ème ,4ème et
63
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
parfois 1er espaces intercostaux, afin de prélever en moyenne 4 à 5 ganglions supplémentaires après
les 10 ganglions prélevés lors du CA. Un drain est souvent laissé en aspiration dans la zone réséquée.
Le taux de récidive après cette technique est évalué entre 1,5 et 3 % (160). Dans environ la moitié
des cas la rechute axillaire est associée à une récidive mammaire (172).
1.3.3.2. Association avec mastectomie
Le CA peut être réalisé à travers la cicatrice de mastectomie (173). Mais il est souvent nécessaire de
réaliser un CA par incision séparée. La technique la plus courante est une incision sous la ligne pileuse
s’étendant de la face postérieure du pectoral vers la ligne axillaire postérieure.
L’incision peut aussi se situer le long du muscle grand pectoral ou à travers la cicatrice de
lumpectomie (exérèse ganglionnaire) (174).
1.3.3.3. Ganglion sentinelle
1.3.3.3.1.
Principe
Dans le cadre du CDS, le territoire tumoral est drainé au niveau lymphatique par les ganglions
axillaires. Les premiers ganglions sur la chaîne sont les premiers atteints. Une technique de repérage
de ces ganglions (couleur, radio-isotope) permet leur exérèse isolée et leur analyse histologique
extemporanée. Si ces ganglions sont atteints par des cellules tumorales, on considère que la chaîne
ganglionnaire est atteinte et qu’elle doit donc être retirée. Dans le cas contraire, on ne réalise pas de
CA.
1.3.2.3.2.
Technique
1.3.2.3.2.1. Marquage et repérage
Un traceur est injecté dans la peau ou le parenchyme du sein tumoral en pré ou en per opératoire
(image 14). Ce traceur parcourt le réseau lymphatique et se concentre au niveau du ou des ganglions
sentinelles (GS). Le traceur utilisé est un colorant, un radio-isotope ou les 2. L’identification des GS
par l’opérateur est visuelle ou par sonde de détection à rayonnement gamma.
1.3.2.3.2.2. Exérèse
L’exérèse chirurgicale des GS constitue généralement le premier temps chirurgical. Le nombre de GS
prélevés est de 2 à 4. Tous les GS détectés sont analysés par examen extemporané histologique.
64
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Image 14 : Technique du ganglion sentinelle : procédure et algorithme décisionnel (156)
S’il existe au moins une lésion métastatique supérieure à 0,2 mm au niveau des GS, le CA est réalisé
dans le même temps opératoire. Dans le cas contraire il n’est pas réalisé de CA immédiat. En cas de
résultat positif à l’examen histologique définitif, le CA est réalisé dans un deuxième temps chirurgical.
Une chimiothérapie cytotoxique et une radiothérapie des aires ganglionnaires sont alors
éventuellement indiquées. En l’absence d’identification du GS, un CA immédiat est réalisé
(146,156,175).
1.3.2.3.3.
Faisabilité et utilisation clinique
Cette technique est validée depuis 1994 (176).Elle a été confirmée par de nombreuses études dont
un essai retrouvant une absence de différence en terme de morbi-mortalité globale liée au cancer
par rapport au CA systématique (177). Cela permet d’éviter les complications du CA (175,178,179). La
préservation de la zone située au-dessus de la veine axillaire lors de la dissection limite la survenue
du lymphœdème. Le bénéfice clinique net de la technique du GS prend en compte les faux négatifs
induits par l’analyse limitée et la morbidité associée à la technique (allergie, complications
locorégionales, ...) (146,156,175,180).
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1.3.4. Indications
Compte tenu de la morbidité du geste, les indications actuelles du CA diminuent au profit de la
technique du GS (146). Le but est d’optimiser le rapport bénéfice/risque. Les indications actuelles du
CA sont :
-
l’adénopathie axillaire clinique ou échographique, éventuellement confirmée par une
ponction biopsie ganglionnaire à l’aiguille fine proposée dans certaines recommandations
(22,25,27).
-
une tumeur de taille supérieure à 3 cm. Même en l’absence d’adénopathie, la probabilité
d’envahissement ganglionnaire est alors supérieure à 50 % (15) en cas de tumeur de plus de
3 cm ou lorsque le siège de la tumeur est multifocal (24-27).
-
un GS positif. La possibilité de récidive métastatique est de 50 % dans ce cas (175). Mais
cette indication en systématique est controversée. La récidive cumulée de métastases
axillaires chez les patientes n’ayant pas bénéficié de CA est inférieure à 5% (181). Le NCCN
(National Comprehensive Cancer Network) (182) et l’ASCO (American Society of Clinical
Oncology) ne recommandent le CA qu’en cas de GS supérieur à 0.2 mm car la survie ne serait
pas améliorée sous ce seuil (183). Le Collège Américain des Chirurgiens Oncologues a montré
que la récidive locorégionale n’est pas améliorée par le CA en cas de GS positif (184). Dans
l’avenir, l’IRM mammaire pourrait permettre de visualiser l’atteinte axillaire de manière non
invasive (185).
Au contraire, il n’existe pas d’indication de CA en cas de CIS non étendu et sans micro-invasion ne
nécessitant pas de mastectomie, car la probabilité d’envahissement ganglionnaire est inférieure à
1 %.
1.3.5. Complications
Une grande partie de la morbidité postopératoire imputable à la chirurgie du sein est induite par le
CA. Cela comprend les complications immédiates et tardives (156).
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1.3.4.1. Complications immédiates
1.3.4.1.1.
Douleurs, hématomes, infections, raideurs
En cas de développement d’un hématome, celui-ci survient dans les 24-48h postopératoires, ce qui
peut justifier l’hospitalisation de courte durée. La dissection axillaire peut être inconfortable,
d’autant plus qu’un drain est mis en place. Le risque d’infection est mineur. Les patientes peuvent se
plaindre d’œdème ou d’hématomes cutanés locaux. Il existe des raideurs postopératoires
immédiates pouvant être traitées par kinésithérapie (173,186).
1.3.4.1.2.
La lymphorrhée
Elle est inévitable, les canaux lymphatiques étant dépourvus de membrane basale. Leur ligature
n’empêche donc pas l'extravasation de la lymphe. Le drainage aspiratif est donc rapidement devenu
la norme pour ce genre de chirurgie, même si certains préconisent l’absence de drainage. Il est
habituel de ne retirer ce drain aspiratif que lorsque le débit est inférieur à 20 à 30 ml/j (187).
1.3.4.1.3.
Les lymphocèles
Elles s’observent dans 5 à 50 % des cas (173,186). Elles nécessitent une ou plusieurs ponctions trois
fois sur quatre. Elles semblent plus fréquentes après mastectomie (25 à 50 %) qu’après traitement
conservateur (5 à 27 %) (187).
1.3.4.1.4.
Troubles sensitifs
Les troubles sensitifs de la face interne du bras sont dus à la section du nerf perforant du 2° espace
intercostal. Le respect de ce nerf, souvent ramifié, n’est pas toujours aisé et parfois impossible.
L’hypoesthésie récupère partiellement en 6 à 12 mois. Très rarement se constitue un névrome
douloureux et invalidant
1.3.4.1.5.
Les brides rétractiles
Les brides précoces du creux axillaire et parfois du pli du coude sont dues à des thromboses
lymphatiques superficielles (188). Elles s’observent dans les semaines qui suivent l’intervention. En
l’absence de rééducation précoce, elles entraînent une raideur de l’épaule et des douleurs tardives.
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1.3.4.2. Conséquences à long terme
Le CA est pourvoyeur d’une morbidité élevée en comparaison avec le GS (189). Le curage entraîne
plus d’inconfort, d’insensibilité et d’altération de la QDV à 18 mois (190).
Selon le guide HAS (146) les principales complications concernent :
- les troubles de la cicatrisation (hématomes, infections) ;
- les troubles sensitifs, douleurs, lymphœdème et raideur de l’aisselle ;
- les séquelles esthétiques ;
- les douleurs locales résiduelles. La douleur chronique fera l’objet d’un paragraphe dédié.
1.3.4.2.1.
Lymphœdème
En chirurgie du sein, on rapporte une baisse de QDV chez les patientes ayant été traitées pour CDS et
souffrant de lymphœdème par rapport à la population générale (191). On estime à 12 % la part de
patientes présentant un lymphœdème 2 ans après la prise en charge chirurgicale, et à 50 % d’entre
elles celles présentant une gêne quotidienne. Ce résultat est majoré en cas de CA ou de
radiothérapie postopératoire (192).
Les patientes se plaignent de la limite de capacité fonctionnelle de leur membre supérieur opéré.
Cette gêne est majorée par le lymphœdème ou par les lésions nerveuses ou musculaires per
opératoire. Le lymphœdème est la conséquence d’une chirurgie de l’aisselle ou d’une radiothérapie
axillaire et est majoré par l’association des deux. Son apparition peut être tardive (plusieurs années).
Le lymphœdème ne doit être attribué à un effet secondaire du traitement qu’après élimination du
diagnostic de récidive.
La compression et le drainage lymphatique manuel pourraient améliorer les symptômes. Un
manchon compressif doit être porté quotidiennement du matin au soir pour être efficace. Aucun
traitement médicamenteux n’a d’efficacité prouvée (146).
1.3.4.2.2.
Troubles sensitivo-moteurs
Les troubles mineurs sont fréquents mais ont été très peu étudiés (193). Les taux de séquelles dont
l’intensité retentit sur la vie quotidienne sont de 9 % pour la douleur locale, de 4 % pour la raideur de
l’épaule et de 13 % pour la diminution de la force musculaire (194). Ils peuvent altérer la QDV et
poser des problèmes de reclassement professionnel. Les troubles majeurs de motricité sont rares
mais souvent intriqués avec une périarthrite de l’épaule ou un syndrome algoneurodystrophique.
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Une étude de 2011 retrouve une proportion de 16 % des patientes se plaignant de difficultés de
mobilité en post opératoire de CA. Et il existerait une corrélation significative avec le nombre de
ganglions positifs en anatomopathologie (195).
1.3.4.2.3.
Conséquences sur la Qualité de vie
Il existe un lien entre la chirurgie et la QDV. Les douleurs, les troubles de motricité, l’œdème
provoquent une altération de celle-ci (196). Ivens retrouvait une altération de la QDV chez 39% des
patientes à 1 an du CA (194). Hayes retrouvait un lien significatif entre les atteintes fonctionnelles du
membre supérieur présentes dans 41 % des cas à 1 an postopératoire et une QDV altérée (197). Huit
ans après un CA, les femmes avaient une QDV globale diminuée proportionnellement à l’importance
des symptômes (lymphœdème, douleur…) et au nombre de ganglions enlevés lors du CA (162). Le
lymphœdème en lui-même était un facteur indépendant d’altération de la QDV (198). Les
symptômes fixés 1 an après la chirurgie n’évoluaient pas (199). Il existait cependant un biais
important : la radiothérapie induisait une morbidité similaire à la chirurgie, ce qui empêchait
d’affirmer une causalité entre la chirurgie et l’altération de la QDV. Par contre la chimiothérapie
n’avait qu’un rôle mineur sur la QDV à long terme (162).
Il a été prouvé qu’il existait une différence significative sur la QDV entre le CA et la technique du GS
seul sur les scores de fonctionnalité du membre supérieur (FACT B) mais pas sur les échelles
génériques de QDV (200).
1.4. Douleur postopératoire chronique
1.4.1. Définition
Selon l’association internationale de l’étude de la douleur (IASP) (201,202), la douleur est considérée
comme chronique lorsqu’elle persiste au-delà d’un délai inapproprié. Dans un but d’uniformisation
des définitions dans les études cliniques, dans un contexte chirurgical, ce délai a été fixé à 3 mois
postopératoires (203). Les sensations peuvent être paroxystiques ou permanentes avec des
composantes de douleur par excès de nociception et de douleurs neurogènes (201). La société
américaine des anesthésistes (ASA) a défini le syndrome de douleur chronique.
Il s’agit d’une douleur pouvant avoir une origine somatique mais associée à au moins deux des
conditions suivantes (204) :
69
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-
une régression significative et progressive de la capacité fonctionnelle et relationnelle dans
les activités de la vie journalière, au domicile comme au travail ;
-
une demande excessive de recours à des médicaments ou à des procédures restant pourtant
inefficaces
-
un trouble de l’humeur (dépression, anhédonie, etc.)
-
un sentiment de révolte ou au contraire de résignation, accompagné d’une hostilité envers
les soignants, traduisant l’incapacité de s’adapter à la situation.
1.4.1.1. Origine nociceptive
Il existe une augmentation des messages nociceptifs directement générés par les nocicepteurs
périphériques au sein des tissus lésés. A l’origine, il existe le plus souvent une réaction inflammatoire,
se manifestant par les signes cardinaux classiques : douleur, rougeur, chaleur et œdème. Un contrôle
insuffisant de ces manifestations élémentaires peut entraîner dans un premier temps une
sensibilisation des nocicepteurs périphériques puis ensuite des modifications centrales. Ces dernières
se caractérisent par une hyperexcitabilité des neurones directement impliqués dans le transfert des
messages nociceptifs (sensibilisation centrale) responsables de douleurs neurogènes (205).
1.4.1.2. Origine neurogène
Une grande partie de la douleur chronique est neurogène par sensibilisation centrale.
Cela correspond à une augmentation de l’excitabilité des neurones centraux suite à une afférence
nociceptive continue. Le système nerveux central produit alors une réponse pathologique à un
stimulus non-nociceptif et se manifeste cliniquement par une hyperalgésie et une allodynie (206).
Ces symptômes peuvent être paradoxalement intensifiés en cas de fortes doses de morphiniques. Il
s’agit de l’hyperalgésie induite par les opioïdes, qui peut être atténuée par les antagonistes NMDA
(acide N-méthyl-D-aspartique) comme la kétamine (207). Cette sensibilisation centrale persisterait
malgré la disparition du stimulus nociceptif et conduirait à un mécanisme appelé « vulnérabilité à la
douleur » faisant le lit de la douleur chronique. Le stress environnemental aurait aussi un rôle
favorisant l’hyperalgésie et donc la douleur chronique (208).
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1.4.2. En chirurgie du sein
En postopératoire de chirurgie du sein, les douleurs chroniques diffusent du sein jusqu’au bras, sur la
cicatrice (11-57 %), et à l’épaule (12-51 %). L’incidence de la douleur dans une de ces zones atteint un
taux proche de 50 % 1 an après la chirurgie (196,209). Ces douleurs étaient jugées modérées à
sévères pour 10 % des patientes. L’intensité de la douleur était significativement proportionnelle au
nombre de ganglions retirés en cas de dissection avec CA (210). Seulement 21% des femmes ne se
plaignaient d’aucun symptôme dans un délai de 1 à 5 ans après la chirurgie. De nos jours , la
mortalité liée au CDS baisse (210). Les patientes survivantes représentent une population croissante.
Les conséquences chroniques passent alors au premier plan dans le quotidien des patientes (196).
1.4.2.1. Facteurs de risque
1.4.2.1.1.
Préopératoires
La dépression et l’anxiété préopératoires étaient plus fréquentes chez les patientes qui ont
développé une douleur chronique en postopératoire. Une étude préliminaire de 2013 portant sur
plus de 1000 patientes ayant eu une mastectomie ou un CA, confirmait le rôle de l’anxiété dans la
survenue de douleur postopératoire, d’autant plus qu’il y avait un CA (211,212). L’association entre
humeur et douleur est connue dans tous les types de douleurs chroniques. La dépression est
associée à la survenue de douleurs plus résistantes aux traitements habituels. Certaines études ne
confirment pas ces données (213).
L’âge jeune des patientes serait un facteur de risque de douleur à 3 mois postopératoires (214,215).
La charge émotionnelle que représentent le CDS et sa prise en charge pourrait expliquer ce résultat.
Des facteurs protecteurs subjectifs ont été mis en évidence : la force de caractère et
l’optimisme (215).
1.4.2.1.2.
Peropératoires
L’incidence de la douleur chronique et la gravité de celle-ci étaient proportionnelles à l’étendue du
CA (216), probablement par lésion des fibres sensitives nerveuses locales. Abdullah a constaté une
corrélation entre des déficits sensoriels dont la distribution correspondait aux dermatomes des nerfs
inter-costo-brachiaux à 3 mois postopératoire de CA, et l’atteinte nerveuse délabrante (217). Il faut
noter que la radiothérapie peut également provoquer des lésions nerveuses, d’autant plus qu’elle
concerne la zone axillaire.
71
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Le type de chirurgie peut influencer l’incidence de la douleur. Les données de la littérature sont
contradictoires, retrouvant alternativement que la chirurgie conservatrice ou la chirurgie radicale
était moins pourvoyeuse de douleur (217,218). Dans tous les cas, la présence d’un CA est
significativement associée au développement de douleur chronique (219,220).
1.4.2.1.3.
Postopératoire
Un des facteurs essentiels de douleurs chroniques est représenté par l’intensité des douleurs aiguës
postopératoires (218). Le taux de douleur chronique à 3 mois était plus élevé lorsque la douleur
évaluée par l’EVA à J5 était elle-même plus élevée (221).
La dose totale d’analgésiques nécessaire pour calmer la douleur aiguë était un facteur prédictif de
l’apparition de douleurs chroniques (219).
1.4.2.2. Hypothèses sur la douleur neurogène en chirurgie du sein
Une altération de la sensibilité dans le territoire du nerf inter-costo-brachial est constatée chez plus
de la moitié des femmes subissant un CA. Vingt cinq à 50 % de ces femmes ont ensuite manifesté des
déficits de sensibilité et ont développé des douleurs neurogènes dans le territoire de ce même nerf
(217,222).
Les lésions nerveuses réalisées lors de la chirurgie et la radiothérapie sont importantes dans le
mécanisme de genèse de la douleur. Des patientes suivies pendant 20 ans après radiothérapie ont
développé des plexopathies puis des parésies avec douleurs neurogènes dans le territoire nerveux du
plexus brachial. Un traitement chirurgical leur a été proposé (neurolyse ou transplant d’omentum).
La résolution complète des douleurs chroniques a été obtenue pour un tiers des patientes,
confirmant la part importante des lésions par radiation sur les nerfs (223).
1.4.2.3. Classification de la douleur neurogène en chirurgie du sein
On peut classer les douleurs chroniques neurogènes en post opératoire de chirurgie du sein en
syndromes douloureux parfois associés ou confondus (224).
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Syndrome
Description
Névralgie
Ou « syndrome de douleur post mastectomie »
intercostobrachiale
La plus fréquente
Douleur accompagnée par des modifications sensorielles, dans le
territoire d’innervation du nerf inter-costo-brachial (creux axillaire,
bras, thorax) à la suite d’une chirurgie pour CDS, avec ou sans CA.
(225)(219)
Douleur de névromes
Névrome = amas axonal incapable de régénérer, se formant sur des
(incluant la douleur de
nerfs périphériques altérés. Les axones sectionnés peuvent créer des
cicatrice)
douleurs et une altération des mécanorécepteurs locaux.
Douleur de la région de la cicatrice sur le sein, le thorax ou le bras qui
est provoquée ou exacerbée par le contact. La chirurgie de greffe
nerveuse pourrait
améliorer ces symptômes en améliorant la
régénération nerveuse.(224)
Douleur fantôme
Expérience sensorielle de la présence douloureuse d’un sein pourtant
mastectomisé
Douleur neurogène
Douleur dont le territoire est différent de la zone innervée par le nerf
d’autres zones
inter-costo-brachial correspondant aux lésions d’autres nerfs (nerf
médian, pectoral latéral, thoracique long, thoracodorsal ou autres
nerfs intercostaux)
Tableau 4 : Définition des différentes douleurs neurogènes en post opératoire de chirurgie du sein (219)
1.4.2.4. Evolution de la douleur
L’histoire naturelle de la douleur durant la première année post opératoire n’a pas été décrite de
manière très précise. Une tendance à la diminution de 35 à 23% de l’incidence des douleurs entre le
1er et le 12ème mois post opératoire a été constatée. Parallèlement , l’hyperesthésie diminuait de 38 à
13 % sur la même période (226).
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Cette tendance semblait se confirmer dans une autre étude avec une décroissance de 55 à 51 %
entre le 3ème et le 15ème mois postopératoires (211). Les niveaux de douleurs, de gêne secondaire et
d’altération de QDV étaient stabilisés entre la fin de la 1ère et la 8ème année postopératoire (199).
1.4.3. Traitement curatif
Il n’existe pas de stratégie suffisamment efficace pour émettre des recommandations spécifiques
(201). Comme toute douleur chronique il existe une part neurogène, organique et psychologique. Il
s’agit de prendre en charge chacune de ces 3 composantes. Pour la composante organique, il s’agit
d’utiliser et de titrer la prise d’antalgiques morphiniques usuels (201). Pour contrer la composante
neurogène, on associe des antidépresseurs tricycliques ou des antiépileptiques. Pour la part
psychologique un suivi est souvent nécessaire surtout si la douleur conduit à des états dépressifs
secondaires. Dans certains cas difficiles, il est conseillé une prise en charge par des spécialistes de la
douleur chronique lors des consultations spécifiques existant dans les services d’anesthésie. Le
traitement est essentiellement préventif.
1.4.4. Traitement préventif
1.4.4.1. Anesthésie locorégionale
Un défi pour l’équipe « anesthésiste-chirurgien » est d’anticiper les prises en charge pouvant
prévenir la survenue de la douleur chronique postopératoire chez les patientes opérées de CDS.
La prise en charge de la douleur aiguë est essentielle car elle favorise le développement de la douleur
chronique. Ainsi, tandis que le chirurgien limite les lésions nerveuses iatrogènes, l’anesthésiste
optimise l’analgésie postopératoire. L’utilisation de l’ALR s’est donc avérée prometteuse. Chez
l’homme, l’effet positif de ces techniques sur les douleurs chroniques dans d’autres indications est
déjà connu. En chirurgie viscérale majeure avec laparotomie, l’APD divisait par 5 la survenue de
douleur chronique à 6 et 12 mois (227). Le BPV a été associé à une baisse de la douleur chronique en
chirurgie du sein chez une patiente sur 5 (71,206). Le BPV a été utilisé pour la prise en charge de
névralgies chroniques diverses affectant les dermatomes thoraciques, de manière efficace et en
prévention de l’apparition de douleurs chroniques chez les patients à risque (228–230).
L’ALR pourrait diminuer le développement de douleur chronique par différents mécanismes :
74
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-
à la phase aigüe : diminution de l’influx nerveux nociceptif péri-opératoire, du syndrome
inflammatoire et de la sécrétion de cytokines activant la sensibilisation centrale
-
réduction des phénomènes inflammatoires qui sont à l’origine de la neuroplasticité du
système nerveux central
-
modulation des propriétés de signalisation non nociceptive des cellules de la microglie
-
diminution de la consommation d’opioïdes et de l’incidence de l’hyperalgésie
1.4.4.2. Molécules d’anesthésie générale
1.4.4.2.1.
Hypnotiques et morphiniques
L’AG est réalisée soit seule soit en association avec l’ALR. On peut s’interroger sur les molécules
sédatives et antalgiques à choisir. Le bénéfice sur la douleur chronique est à prendre en
considération. L’hyperalgésie induite par le rémifentanil était dose-dépendante et apparaissait pour
de très fortes doses totales. L’hyperalgésie et la survenue de douleurs chroniques étaient aussi
favorisées par l’administration de sevoflurane en comparaison avec une sédation par propofol
(231,232). Le mécanisme physiopathologique de l’hyperalgésie induite par les morphiniques n’est
pas complètement résolu. Il existe un rôle certain des fibres sensitives du système nerveux central,
de même que pour les mécanismes de douleurs chroniques.
1.4.4.2.2.
Gabapentine
La gabapentine a été testée en 2002 en prévention des douleurs chroniques après chirurgie du sein,
en association au traitement conventionnel. La douleur aiguë était diminuée jusqu’à J8 avec une
différence constatée principalement sur la douleur au mouvement. Cependant le résultat sur la
douleur à 6 mois n’était pas significatif (229). Une réduction significative de la douleur chronique à 6
mois a été mise en évidence lors de l’association de plusieurs techniques d’analgésie (multimodale)
comprenant de la gabapentine, une infiltration de cicatrice à la ropivacaïne et de la crème
prilocaïne/licocaïne (230). On ne peut pas en attribuer le mérite à la gabapentine seule. Cela met en
évidence la nécessité d’une association d‘analgésiants. Par ailleurs la gabapentine ne permet pas
toujours de réduire la douleur aiguë (233).
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1.4.4.2.3.
Kétamine, Venlaflaxine,…
La kétamine a été également citée en prévention de douleur chronique du fait de son action
antagoniste du récepteur NMDA. Chez l’animal elle permet de prévenir l’apparition de douleur
neurogène à long terme lors d’un stimulus de stress (208). Chez l’homme l’administration de faibles
doses de kétamine en peropératoire diminue l’hyperalgésie à la phase aiguë postopératoire (234).
Aucune étude ne montre d’effet positif de la kétamine en prévention de la douleur chronique
postopératoire. Elle serait peut-être plus utile en traitement de douleurs chroniques déjà installées
ou en prévention de douleurs aiguës (235,236).
Une étude de 2010 montrait un résultat favorable sur la douleur aiguë et la douleur à 6 mois avec
l’ajout de 37.5 mg de Venlaflaxine en prémédication de chirurgie du sein (233).
1.4.4.2. Psychothérapie préopératoire
Compte tenu de la part psychologique de la douleur chronique, on peut traiter préventivement les
patientes à risque en les orientant vers des psychologues dès le début de la prise en charge
oncologique. On pourrait ainsi diminuer la survenue de douleur chronique dans cette pathologie
difficile.
1.5.
Réhabilitation et qualité de vie postopératoire en chirurgie du sein
1.5.1. Définition
La complexité du concept de QDV tient du fait qu’il n’existe pas de définition unique mais de
nombreuses formulations.
La Définition de l’OMS (1993) est la suivante : «La perception qu’un individu a de sa place dans la vie,
dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lequel il vit, en relation avec ses
objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes».
Cette notion ne permet pas une mesure objective. Des psychiatres et philosophes ont étudié cette
question conduisant à mettre en avant les différentes facettes de la QDV sans pour autant arriver à
une définition exploitable en clinique (237).
Plusieurs méta-analyses ont tenté d’unifier les définitions, les connaissances et les données, sans
parvenir à un consensus. Une récente revue menée sur 20 ans concluait à une grande difficulté à
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évaluer la QDV. Il existait effectivement une altération de QDV sous tous ses aspects (social,
physique, psychologique et spirituel) chez les survivants de CDS mais les disparités culturelles étaient
trop importantes pour donner une définition (238). Une revue de la littérature en CDS sur plus de
100 articles ne permettait pas de conclure, compte tenu d’échelles trop variées. Aucune donnée
épidémiologique et aucune recommandation n’ont donc pu être émises. Il est nécessaire de trouver
une échelle universelle de QDV pour ensuite dépister, prévenir et traiter son altération (239).
1.5.2. Enjeux en cancérologie du sein
La QDV est une notion en pleine expansion en oncologie. Les cancers sont mieux soignés et leur prise
en charge s’apparente actuellement à celle d’une maladie chronique. Le quotidien des patientes
atteintes de CDS est bousculé par la prise de traitements, leurs effets secondaires, la surveillance
médicale, la nouvelle hygiène de vie et la peur de la récidive. Tout cela engendre une altération
significative de la QDV.
La place de la notion de QDV grandit d’année en année dans la littérature. Elle était au mieux un
critère de jugement secondaire dans les études anciennes et est devenue un critère de jugement
principal dans de nombreuses études actuelles (161). On s’aperçoit que sa prise en charge impacte
sur le coût des soins et la satisfaction des patientes. La gestion de la maladie par les patientes est
améliorée, l’adhésion aux traitements est meilleure ainsi que la relation de la patiente avec son
médecin.
L’impact sur la politique de santé est non négligeable, avec le lancement des plans cancer, du plan
« maladies chroniques et qualité de vie ». Les institutions comme la FDA (Food and Drug
Administration) ou l’HAS incitent à sa prise en charge.
1.5.3.
Mesures de qualité de vie
La mesure de la QDV pour la pratique clinique peut se faire de 2 manières (240). On peut utiliser une
hétéro-évaluation, le plus souvent par des professionnels (psychologues). Dans ce cas, il s’agit d’une
évaluation globale avec une dimension thérapeutique. Elle est difficile à reproduire et à quantifier.
Ce n’est pas envisageable en recherche clinique. De plus il est montré que l’hétéro-évaluation ne
permet pas de mesurer correctement la QDV (241).
77
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Des auto-questionnaires de QDV liée à la santé sont une autre option et constituent une mesure
subjective par le patient lui-même. Cela permet une approche quantitative et standardisée. Seuls les
outils de mesure validés doivent être utilisés. Il existe des questionnaires généralistes sur la QDV
globale des patients, ou des questionnaires orientés vers un aspect particulier et attendu de la
pathologie. Ceux-ci sont plus sensibles pour identifier un changement fin de QDV. Le choix des
questionnaires disponibles doit prendre en compte la finalité et le contexte de la mesure de
QDV (242).
1.5.3.1. Spécificité du membre supérieur : Score DASH
Parmi les différents outils, il existe le « Disabilities of the Arm, Shoulder and Hand (DASH) Outcome
Measure ». C’est un auto-questionnaire de 30 questions. Ses premières utilisations remontent à 1996
après sa publication par Hudak (243). Les associations de chirurgiens ont voulu développer un outil
de mesure de la QDV orienté vers la fonctionnalité du membre supérieur. Le but était de mesurer au
cours du temps chez un même patient l’évolution des atteintes fonctionnelles en postopératoire. Il
donnait du poids à l’interprétation du patient de son propre handicap et à sa perception personnelle.
Cet instrument unique, simple et reproductible pouvait être utilisé pour toute atteinte physique du
membre supérieur et permettait une meilleure uniformité dans les études cliniques, en
traumatologie et en postopératoire de chirurgies de diverses spécialités.
Il existe également en supplément des modules de 4 items supplémentaires utilisables pour les
sportifs ou autres professionnels pour lesquels une évaluation spécifique de la fonctionnalité des
membres est nécessaire. Il contient 2 questions optionnelles pour certaines professions particulières.
1.5.3.2. Score raccourci : QuickDASH
Le QuickDASH est une version raccourcie du DASH Outcome Measure (voir annexe). Au lieu des
30 items initiaux, il contient 11 items utilisés pour mesurer les capacités fonctionnelles et les
symptômes chez les patients ayant des atteintes physiques du membre supérieur (voir annexe 1).
Chaque item induit une réponse croissante dont la valeur va de 1 à 5. Au total le résultat varie de
11 à 55 points. Le score est d’autant plus haut que les symptômes sont invalidants.
Une étude a comparé l’efficacité des versions longues et courtes du DASH. Les auteurs concluent à
des tests comparables, avec une tendance en faveur du QuickDASH, la validité externe et interne
étant de très bonne qualité (244). L’explication de la meilleure performance du QuickDASH réside
peut-être dans sa rapidité et sa facilité de réalisation qui permettent une bonne reproductibilité.
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BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Une revue de littérature récente a colligé 71 publications comparant plusieurs outils de mesure des
capacités des membres supérieurs (245). La fiabilité est excellente pour le QuickDASH avec très peu
de biais de mesure. Tous les tests sont très fiables mais le DASH ou le QuickDASH sont les seuls à
rechercher des données psychométriques avec aspects émotionnels et sociaux. Ils ont l’avantage
d’être moins sujet aux biais de jugement et disponibles dans plus de 16 langues. Tous ces arguments
en font des outils de choix comme mesure de QDV (244,246).
1.5.3.3. Spécificité du cancer du sein : FACT B
1.5.3.3.1.
Questionnaires FACIT
Les questionnaires du groupe FACIT ont été élaborés pour les patients de cancérologie (Functional
Assessment of Chronic Illness Therapy). Ils sont une collection de questionnaires de QDV portant sur
la prise en charge des maladies chroniques. Le terme “FACIT” a remplacé en 1997 le plus familier
“FACT” (Functional Assessment of Cancer Therapy), constitué de questions supplémentaires.
Ce système de mesure est utilisé depuis 1987, date de la création du premier questionnaire
générique du groupe : le Functional Assessment of Cancer Therapy-General (FACT-G). Celui-ci est
disponible dans sa version 4 actuellement. Le principe est la prise en compte de 4 dimensions de la
QDV : le bien-être physique, le bien-être social et familial, le bien-être émotionnel et le bien-être
fonctionnel. Ce point de vue permet de s’adapter, moyennant quelques modifications, à des patients
souffrant de toutes les maladies chroniques.
Les échelles de mesure FACIT sont construites à partir du modèle général du FACT-G, en ciblant des
pathologies ou symptômes plus spécifiques qui ne pourraient pas être mis en évidence par les
questionnaires généralistes. Chacun est construit pour être aussi spécifique que possible des
problèmes cliniques posés par la pathologie étudiée. Il existe au total plus de 50 échelles FACIT. Leurs
équivalents sont disponibles dans plus de 50 langues différentes, permettant des comparaisons entre
diverses cultures et prises en charges, de manière internationale.
1.5.3.3.2.
Cancer du sein : Questionnaires FACT-B
Le FACT-B est un questionnaire ciblant les patients souffrant de CDS.
En 1997, une étude a testé la cohérence interne du FACT-B sur 2 essais cliniques différents sur une
période de 2 mois. Il s’avère être un très bon test diagnostique (247).
79
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(CC BY-NC-ND 2.0)
Le FACT-B est approprié pour l’usage en recherche clinique en oncologie, aussi bien qu’en pratique
clinique. Il est facile, rapide, validé, fiable et sensible au changement. Il est composé de plusieurs
catégories dans un but d’exhaustivité, ciblant les aspects de la QDV : bien-être physique, social,
émotionnel et fonctionnel avec des items additionnels.
1.5.3.3.3.
Spécificité du lymphœdème : FACT B+4
Le FACT B+4 (image 15) contient 5 questions plus ciblées sur les patientes pouvant souffrir de
lymphœdème et des symptômes associés. Il a été testé et validé à partir de 2001. Il a été comparé à
son prédécesseur le FACT-B sur une période de 12 semaines. Cet outil a montré une bonne
cohérence interne (coefficient α = 0,62 à 0,88) et une bonne fiabilité (test-retest = 0,97). Ainsi, le
FACT B+4 s’est révélé être un test psychométrique robuste et sensible pour l’évaluation de la
réhabilitation du patient après traitement pour CDS, rendant sont usage reproductible dans des
essais cliniques (248).
Ce score a été testé et il a montré une baisse de QDV durant le premier mois post opératoire du
CDS (248). Cela mettait en évidence les conséquences des problèmes liés à la chirurgie au cours de
cette période. Puis le score s’améliorait jusqu’à 3 mois post opératoires, témoignant de la bonne
récupération de fonctionnalité du membre supérieur à distance (248). Il a été mis en évidence une
différence de QDV entre le CA et la chirurgie de GS seul en faveur de la réalisation du GS (200).
Cet outil peut être critiqué concernant son caractère subjectif, l’exposant à une difficulté en termes
de reproductibilité ou de comparaison intercotateurs. Pour répondre à cette critique, une étude en
2013 a comparé 4 critères. Il s’agissait de 2 critères objectifs évalués par un opérateur extérieur, et 2
critères subjectifs, dont le FACT B+4 concernant la présence d’un lymphœdème, chez plusieurs
centaines de patientes. Le FACT B+4 évaluait correctement le lymphœdème et la QDV. Cette étude
suggère que la QDV secondaire à la présence de lymphœdème mesurée par le FACTB+4 était
correcte puisqu’elle correspondait à la survenue de symptômes éprouvés et considérés comme
significativement gênants par les patientes. En effet on estime qu’un œdème objectivé cliniquement
n’est pas à considérer comme significatif si la patiente n’en ressent aucune gêne et ne s’en plaint pas
(249).
On peut donc utiliser cette échelle de mesure lors des études cliniques, sa validité, fiabilité et
reproductibilité ayant été prouvées tant pour des questionnaires écrits que pour des interrogatoires
oraux réalisés par les investigateurs auprès des sujets étudiés (250). Il a été créé et évalué en
complément du FACT-B.
80
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Le FACT B+4 laisse également la possibilité de sélectionner les questions les plus pertinentes et les
plus adaptées à l’usage attendu.
QUESTIONNAIRE ADDITIONNEL FACT B+4
Merci de cocher le numéro qui correspond à votre ressenti pour les 5 questions ci après :
0 : Pas du tout
1 : un petit peu
2 : moyennement
3 : beaucoup
4 : énormément
1/ un ou mes 2 bras sont gonflés ou tendus
2
3
4
2/ les mouvements de mon bras opéré sont douloureux 0
1
2
3
4
3/ j’ai une diminution d’amplitude articulaire du côté opéré
0
1
2
3
4/ mon bras opéré est engourdi 0
1
5/ j’ai des raideurs du côté du bras opéré 0
0
2
1
3
1
4
4
2
3
4
Image 15 : Cinq questions extraites du score FACT –B+4
81
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(CC BY-NC-ND 2.0)
2. ETUDE CLINIQUE
2.1. Justification et hypothèse
Le BPV est une technique anesthésique utilisée dans diverses chirurgies de la zone thoracique, en
particulier en chirurgie majeure du sein (73). Il permet de diminuer la douleur per et postopératoire
immédiate et par conséquent entraîne une épargne morphinique et une diminution des
NVPO (34,111). Il a aussi été prouvé une efficacité sur la survenue de douleurs chroniques
(71,111,251). De récentes études suggèrent une potentielle action protectrice vis-à-vis de la récidive
carcinologique (252). Le BPV agit sur une zone métamérique unilatérale suspendue du thorax par
diffusion nerveuse (9). Sa facilité de réalisation et le développement des techniques échoguidées ont
permis d’améliorer sa faisabilité et de rendre minimes les risques inhérents à cette technique (58).
Le CA est pourvoyeur de douleurs, de lymphœdème et d’une morbidité propre au niveau du membre
supérieur à court et long terme (190). La rééducation commence dès le lendemain de la chirurgie et
se poursuit pendant plusieurs semaines pour prévenir ces complications. Les séquelles de cette
chirurgie influencent la fonctionnalité du membre supérieur et ainsi la récupération d’une autonomie
satisfaisante.
Actuellement, la QDV devient un élément majeur de l’évaluation et du choix des traitements en
oncologie et particulièrement en carcinologie du sein (161). Le CDS est une pathologie fréquente,
dépistée chez des femmes souvent jeunes et à des stades précoces. La survie atteint près de 89 % à
5 ans sous traitement (139). Ces patientes, avec une espérance de vie longue, aspirent à retrouver
une vie autonome à domicile, avec une QDV identique à celle précédant leur chirurgie. Ainsi
l’association des progrès des techniques chirurgicales pour minimiser les lésions nerveuses, et
l’amélioration des techniques anesthésiques en prévention et traitement des séquelles se font dans
cet objectif.
La douleur est bien évaluée dans la littérature et il existe de nos jours des moyens suffisants pour
assurer aux patientes le traitement de celle-ci. La QDV pour ces patientes ne se limite pas à la
douleur. Une atteinte fonctionnelle du membre supérieur peut avoir un impact sur la vie sociale et
professionnelle des patientes qui sont de plus en plus des patientes actives.
Il nous a paru intéressant d’étudier un aspect global des séquelles par l’évaluation de la QDV, de
façon à répondre à une attente réelle, mais encore trop peu étudiée, de ces patientes.
82
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Nous avons émis l’hypothèse que la réalisation d’un BPV en préopératoire d’une chirurgie de CA
pourrait permettre une amélioration de la récupération fonctionnelle et de la QDV à court et long
terme. Les mécanismes pouvant expliquer le rôle du BPV sont multiples : il pourrait faciliter la
kinésithérapie précoce en diminuant les douleurs à la phase aiguë, ou encore diminuer l’incidence de
la douleur chronique et la survenue de lymphœdème.
2.2. Matériel et méthodes
2.2.1. Type d’étude
Cette étude était une étude mono centrique prospective observationnelle contrôlée non randomisée
en ouvert par observation d’une série de cas consécutifs.
L’accord du comité d’éthique des Hospices Civils de Lyon a été obtenu concernant la mise en route
de l’étude en avril 2012.
2.2.2. Objectif et critère de jugement principal
L’objectif principal de cette étude était donc de rechercher un effet du BPV sur la QDV à distance de
la chirurgie de CA.
Le critère de jugement principal était le score QuickDASH à 3 mois postopératoires. Ce score explore
la QDV en orientant l’évaluation sur les troubles fonctionnels du membre supérieur. Il s’agit de la
cause principale d’altération de QDV causée par le contexte postopératoire de chirurgie de CA.
2.2.3. Objectifs et critères de jugement secondaires
Les objectifs secondaires étaient de rechercher un effet du BPV réalisé en préopératoire de la
chirurgie de CA sur :
-
la douleur au repos et au mouvement, les amplitudes de mobilité du membre supérieur
homolatéral à la chirurgie en postopératoire précoce
-
la survenue de lymphocèle et de lymphœdème
-
l’évolution de la QDV sur les 3 mois postopératoires
-
la persistance de douleurs chroniques à 3 mois de la chirurgie
Les critères secondaires de jugement étaient donc : les scores EVA à J1, les amplitudes articulaires de
l’épaule à J1, la consommation en antalgiques de secours à J1, la présence de lymphocèle ou de
83
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
lymphœdème, la présence de douleur résiduelle à 3 mois, le score FACT B+4, le score QuickDASH à
J7, J21 et 3mois.
Par ailleurs, nous avons recherché sur le plan statistique :
-
un lien entre la QDV à 3mois et la persistance de douleur
-
un lien entre la QDV à 3mois et l’existence de lymphœdème
-
un lien entre la QDV à 3mois et la réalisation d’un BPV
2.2.4. Population
Les patientes bénéficiant d’un CA lors d’une chirurgie carcinologique du sein dans le service de
gynécologie de l’hôpital de la Croix Rousse (Lyon) entre avril 2012 et juillet 2013 ont été inclues
prospectivement. La cohorte était constituée de 2 groupes de patientes selon qu’elles avaient ou pas
bénéficié d’un BPV. La décision de réalisation ou non d’un BPV était laissée à l’appréciation des
cliniciens en consultation d’anesthésie, en accord avec la patiente. Les causes de non réalisation
pouvaient être une contre-indication médicale, le refus de la patiente ou le choix de l’anesthésiste
(en particulier lorsqu’il n’était pas prévu de mastectomie associée au CA). Les patientes recevaient
l’information orale et écrite sur le BPV en consultation d’anesthésie, ainsi qu’une notice
d’information écrite concernant les modalités et la justification de l’étude.
Les patientes refusant de participer à l’étude, mineures ou incapables, ou ayant des difficultés de
communication et de compréhension empêchant une information correcte n’étaient pas inclues dans
cette étude.
2.2.5. Protocole
La veille de la chirurgie, les patientes étaient vues à la visite pré anesthésique, où leur accord pour la
technique de BPV le cas échéant et pour la participation à l’étude était confirmé. On recueillait alors
leur numéro de téléphone ou leur adresse électronique selon leur choix pour la récupération des
données ultérieures.
84
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Au matin de l’intervention, les patientes étaient conduites au bloc opératoire après prise de la
prémédication prescrite par l’anesthésiste. Elles bénéficiaient alors de la réalisation d’un BPV puis de
l’AG ou de l’AG d’emblée en fonction de l’option qui avait été retenue en consultation.
Le BPV était réalisé du côté de la chirurgie du sein et du curage, sans pose de cathéter, avec une
injection unique ou plusieurs injections étagées d’un mélange associant : ropivacaïne 7,5 mg/ml,
clonidine 2,5 µg/ml et adrénaline 2,5µg /ml. Le volume injecté était variable selon le nombre de
ponctions et les critères morphologiques de la patiente. La ponction était effectuée sous sédation
légère en ventilation spontanée et sous surveillance scopée, en position assise au bord du lit, dans
des conditions d’asepsie stricte, et en présence d’un infirmier spécialisé. La technique utilisée était la
technique classique par repérage cutané ou une technique échoguidée, selon les habitudes de
l’anesthésiste. Le nombre et la technique de ponction étaient laissés au choix de l’anesthésiste en
charge du fait du caractère observationnel de l’étude. Si le délai avant l’intervention le permettait, un
test au froid était réalisé avant l’AG.
Toutes les patientes bénéficiaient ensuite d’une AG selon les modalités choisies par l’anesthésiste
concernant le choix des agents de l’anesthésie, la prise en charge des voies aériennes et
l’administration d’antalgiques per opératoires.
Après la fin de l’intervention les patientes étaient prises en charge en salle de surveillance post
interventionnelle où l’administration d’antalgiques supplémentaire pouvait être réalisée en fonction
des scores de douleur.
A partir de leur retour dans le service, l’administration postopératoire d’antalgiques dans le service
de gynécologie était standardisée comme à l’habitude en postopératoire des CA : paracétamol
jusqu’à 4 grammes/j et kétoprofène 100 mg systématiquement toutes les 8 heures, en dehors d’une
contre-indication. L’analgésie de secours était assurée par l’administration de tramadol pour des EVA
supérieures à 30 mm malgré le traitement systématique. Enfin, de la morphine orale était
administrée en cas de persistance d’une EVA supérieure à 30 mm malgré les traitements précédents.
Les patientes restaient hospitalisées entre 24 et 72 h selon la présence de drain, l’apparition de
complication ou en fonction du terrain et des facteurs de risques évalués en préopératoire. La
rééducation était aussi protocolée dans le service avec une visite par les kinésithérapeutes du service
à J1 permettant de débuter précocement la prévention du lymphœdème, des raideurs et des
altérations fonctionnelles. Avec l’aide des kinésithérapeutes, les patientes étaient informées du
protocole de rééducation à suivre au domicile ainsi que des exercices à réaliser de manière
85
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
autonome. Elles étaient sensibilisées aux complications fonctionnelles et formées aux gestes contreindiqués, pouvant majorer le lymphœdème.
Les données démographiques (âge, bras dominant et côté opéré, score ASA, poids et taille), les
données peropératoires concernant la réalisation du BPV lorsqu’il avait lieu (doses d’AL, temps
nécessaire et doses administrées, nombre et localisation des ponctions, doses de sédation, difficultés
de réalisation et complications éventuelles), ainsi que les données de l’AG (doses de morphiniques,
doses d’éphédrine utilisées en cas d’hypotension, doses d’antalgiques, mise en place de drains
chirurgicaux, type de cicatrice) étaient recueillies par le médecin anesthésiste en charge de la
patiente le jour de la chirurgie.
Le lendemain de la chirurgie (J1), les investigateurs interrogeaient les patientes sur le questionnaire
FACT B+4, les scores de douleur (EVA) au repos et au mouvement, la consommation d’antalgiques et
la présence de lymphocèle. Les kinésithérapeutes remplissaient la feuille de données avec les
éléments concernant les amplitudes articulaires de l’épaule homolatérale au CA.
A J7 et J21, les patientes étaient recontactées par les investigateurs par téléphone, mail ou en
entretien pour les patientes hospitalisées. Leurs réponses aux questionnaires QuickDASH et FACT
B+4 étaient alors récoltées.
A 3 mois minimum (entre 3 et 6 mois postopératoires) les patientes étaient de nouveau recontactées
pour répondre une dernière fois au questionnaire QuickDASH. On consignait alors également la
persistance de douleur résiduelle ou de lymphœdème.
2.2.6. Analyse statistique
Les analyses ont été réalisées avec le logiciel R (software 3.0.2, 2012) : R Development Core Team. R:
A Language Environment for Statistical Computing. Vienna, Austria. ISBN 3-900051-07-0. URL: http:
//www.R-project.org 2013.
Les données ont été décrites en effectifs et pourcentages pour les variables qualitatives ou
catégorielles, et en moyennes (minimum et maximum), médianes (intervalles et interquartiles) pour
les variables quantitatives continues.
Les scores FAST B+4 et QuickDASH ont été représentés graphiquement en fonction du temps avec
des boxplots et les moyennes selon la présence ou l’absence d’un BPV.
86
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
La normalité de la distribution de ces 2 critères a été étudiée graphiquement (histogramme et droite
d’Henry). Si cela était justifié, une transformation (type logarithmique) était réalisée. Un modèle
linéaire a ensuite été construit pour étudier l’effet de : la présence d’un BPV, l’existence d’un
lymphœdème à 3 mois, la présence d’une douleur résiduelle à 3 mois sur chacun des critères. Ceci a
été ajusté sur le côté dominant pour le QuickDASH à 3 mois, et sur la présence d’un BPV ajusté sur le
côté dominant pour le FACT B+4 à J7. Certains tests de significativité ont été réalisés par un test de
Chi2 pour les variables qualitatives et par un test de Wilcoxon ou de Fisher pour les autres données.
Les résultats ont été considérés comme significatifs lorsque la valeur de p était inférieure à 5%.
Le calcul du nombre de sujets nécessaire retrouvait une nécessité de recueillir les données de
50 patientes pour observer une différence de 20% avec un risque β de 10%, au vu des études
préexistantes sur le sujet.
2.3. Résultats
2.3.1. Données démographiques
La population initiale à l’inclusion le jour de la chirurgie était de 61 patientes : 22 patientes dans le
groupe avec BPV et 39 patientes dans le groupe sans BPV. Les données démographiques des
patientes inclues initialement sont présentées dans le tableau 5. Les patientes étaient comparables
dans les 2 groupes concernant ces caractéristiques. Il existait plus de patientes opérées de leur côté
dominant dans le groupe BPV (61% contre 50% respectivement).
87
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Données
Sans BPV
BPV
total
39
22
61
51 (44,5-62,5)
53,5 (44,25-65,75)
52 (44-64)
160 (162-167)
165 (157-168,5)
164 (158-168)
Score ASA 1 (%)
69,2
68,2
68,9
Score ASA 2(%)
28,2
27,3
27,9
Score ASA 3(%)
2,6
4,5
3,3
50
61
53,7
Nombre de patientes
Age (années) médian
(interquartile)
Taille (cm) médiane
(interquartile)
Coté opéré homolatéral au
côté dominant (%)
Tableau 5 : Données épidémiologiques des 2 groupes
Au cours de la suite du suivi, certains temps de recueil ont permis d’obtenir moins de réponses que la
population initialement inclue. Ces données sont présentées dans la figure 16. « J1 » correspond au
lendemain de la chirurgie soit le 1er jour postopératoire, « J7 » correspond au 7ème jour
postopératoire, « J21 » correspond au 21ème jour postopératoire et « 3 mois » représente le
questionnaire réalisé entre 3 et 6 mois postopératoires. Le délai de réponse du dernier questionnaire
a été étendu à 6 mois postopératoires, s’agissant d’étudier la douleur chronique et la QDV à distance
de la chirurgie.
88
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
70
60
50
40
BPV
sans BPV
30
total
20
10
0
J1
J7
J21
3 mois
Image 16 : Nombre de réponses aux questionnaires en fonction des temps de recueil
2.3.2. Réalisation du bloc paravertébral
2.3.2.1. Sédation
Dans le groupe des 22 patientes ayant bénéficié d’un BPV, la sédation permettant la réalisation du
geste était réalisée par du midazolam, de l’alfentanil ou du propofol, avec des possibilités
d’association de 2 ou 3 molécules.
Dix huit patientes sur 22 (81%) ont reçu du midazolam en intraveineux avec des doses médianes de
1 mg [0,35-1,65]. Soixante douze pourcent des patientes ont reçu du propofol avec des doses
médianes de 40 mg [7,5-50]. Cinquante quatre pourcent des patientes ont bénéficié d‘alfentanil,
avec des doses médianes de 100 µg [0-200]. Une seule patiente n’a reçu aucune sédation pour la
réalisation de son BPV. Il s’agissait d’une patiente ASA 3 avec de forts risques respiratoires.
2.3.2.2. Nombre de ponctions, volume et durée
Les 22 patientes bénéficiaient d’une à 6 ponctions maximum entre le niveau T1 (correspondant à la
première vertèbre thoracique) et le niveau T6. Huit patientes (36 %) sur 22 ont reçu un BPV avec une
injection en un niveau unique. En médiane, il était réalisé 2,5 ponctions [1-4]. Le niveau T3 était le
niveau le plus fréquemment ponctionné (77 % des cas), suivi par le niveau T4 (54,5 % des cas), puis
les niveaux T2 et T5 (45 % des cas).
89
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(CC BY-NC-ND 2.0)
En moyenne, un volume total de 26,7 ml était injecté [DS 6,84]. La durée moyenne pour réaliser ce
bloc était de 12,7 minutes [DS 4,75].
2.3.2.3. Complications
Aucune complication n’a été rapportée au cours de la réalisation du BPV. On recherchait les
hypotensions artérielles, les pneumothorax, les désaturations, les troubles neurologiques et les
extensions péridurales.
Les complications apparues plus tard ne faisaient pas parties du recueil de données. Cependant, un
pneumothorax infraclinique, a été diagnostiqué sur une radio du thorax la semaine suivante, sans
conséquence clinique. Une surveillance simple a été préconisée. La patiente appartenait au groupe
BPV. L’existence d’un lien avec la réalisation du BPV ne peut être déterminée. Une patiente du
groupe BPV a été réopérée à J1 pour un hématome local avec un saignement par les drains. Une
patiente du groupe sans BPV a également été réopérée à J6 pour un hématome local.
Trois patientes ont présenté des difficultés de ponctions (13,6 % des cas). Pour 2 d’entre elles, les
opérateurs ont préféré réaliser un nombre plus important de ponctions (ponctions de 5 étages de T2
à T6) compte tenu d’un doute sur la bonne localisation des premières injections. Ces 2 BPV ont été
réalisés avec la technique classique non échoguidée. Les volumes totaux injectés étaient de 35 ml et
30 ml, avec une durée de réalisation de 20 minutes dans les 2 cas. Pour la 3ème patiente, il s’agissait
d’un bloc sous échographie avec des difficultés de visualisation. Au total, les 3 BPV ont été suivis
d’une bonne efficacité prouvée au test au froid.
2.3.2.4. Test d’efficacité
Seulement 68,2 % des BPV ont été testés avant le début de l’AG. En effet, pour 7 patientes, le temps
avant l’induction anesthésique était trop bref pour permettre à l’anesthésiste de tester l’efficacité du
bloc.
Un test au froid à l’aide d’un glaçon était réalisé. Sur les 15 tests au froid réalisés, 13 (soit 86,6 %)
étaient un succès et 2 ne retrouvaient qu’une efficacité partielle. Aucun test au froid ne montrait un
échec du bloc.
90
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(CC BY-NC-ND 2.0)
2.3.3. Peropératoire
2.3.3.1. Dose de rémifentanil peropératoire
Sur les 61 patientes, 54 soit 88,5 % ont reçu du rémifentanil en administration continue avec objectif
de concentration cérébrale comme analgésie peropératoire. Les autres ont reçu des injections
itératives d’alfentanil.
Il existait une différence significative des doses de rémifentanil reçues entre les patientes ayant eu
un BPV et les autres. Le tableau 6 présente ces résultats.
p
Nombre recevant rémifentanil
(%)
Dose de rémifentanil (µg)
Sans BPV
BPV
Total
38 (97,4%)
16 (72,7%)
54 (88,5%)
1026,0 (408,51)
642,40 (311,15)
910,40 (418,48)
0,001
moyenne (DS)
Tableau 6 : Consommation de rémifentanil dans le groupe de patientes ayant reçu du rémifentanil pour
l’analgésie peropératoire. Test statistique utilisé : test de Wilcoxon
2.3.3.2. Dose d’éphédrine
Quatre vingt huit pourcent des patientes du groupe sans BPV et 77,3 % des patientes du groupe BPV
ont nécessité de l’éphédrine en peropératoire, devant des épisodes d’hypotension (tableau 7). Les
doses d’éphédrine nécessaires étaient faibles dans les 2 groupes, avec une moyenne de 15,66 mg (DS
12,81). Il n’existait pas de différence significative.
91
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Sans BPV
BPV
Total
32 (82)
17 (77,3)
49 (80,3)
15,64 (13,1)
15,68 (12,69)
15,66 (12,81)
Nombre recevant éphédrine
p
(% du groupe)
Dose d’éphédrine (mg)
0,91
moyenne (DS)
Tableau 7 : Consommation d’éphédrine en peropératoire. Test statistique utilisé : test de Fischer
2.3.3.3. Cicatrice, drain
Pour 46,6 % des patientes le chirurgien utilisait la cicatrice de mastectomie comme abord du CA
(33,3 % des patientes du groupe sans BPV et 68,2 % des patientes du groupe BPV). Trente quatre
pourcent des patientes avaient une cicatrice axillaire transverse (36 % dans le groupe sans BPV et
31 % dans le groupe avec BPV). Dans les autres cas, la cicatrice était une cicatrice axillaire craniocaudale (15,5 % des patientes dont 22,2 % dans le groupe sans BPV contre 4,5 % dans le groupe avec
BPV) ou la cicatrice de tumorectomie.
La plupart des patientes (85 %, soit 51 patientes) bénéficiaient de la pose d’un drain avant la
fermeture chirurgicale dans la zone axillaire. Toutes les patientes du groupe BPV et 29 sur les 39
patientes du groupe sans BPV (76,1 %) ont eu un drainage.
2.3.3.4. Morphine et analgésie en fin d’intervention
L’analgésie mise en place avant la fin de l’AG consistait en l’administration par l’anesthésiste de :
-
paracétamol (1 gramme) chez toutes les patientes
-
néfopam chez toutes les patientes sauf une du groupe BPV.
-
kétoprofène (100 mg) chez toutes les patientes sauf une dans le groupe BPV et 3 dans le
groupe sans BPV, pour des raisons d’intolérance digestive ou d’insuffisance rénale modérée.
Selon l’évaluation de la douleur, de la morphine était administrée en intraveineux avec des doses
variables laissées à l’appréciation de l’anesthésiste. Une titration morphinique était réalisée si besoin
en salle de surveillance post interventionnelle (SSPI) avec pour objectif une EVA inférieure à 40 mm.
Il existait une différence significative concernant le nombre de patientes ayant reçu de la morphine
au bloc opératoire en faveur du groupe BPV (p<0,001). Concernant les doses moyennes nécessaires,
92
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(CC BY-NC-ND 2.0)
les patientes avec un BPV qui recevaient de la morphine en recevaient 2 à 3 fois moins que les
patientes sans BPV (tableau 8).
Nombre
Sans BPV
BPV
Total
p
39 (100)
8 (36,4)
47 (77)
<0,001
6,03 (1,75)
2.33 (3,47)
4,69 (3,06)
(% du groupe)
Dose de morphine (mg)
moyenne (DS)
Tableau 8 : Consommation de morphine peropératoire chez les patientes ayant consommé de la morphine.
Test statistique utilisé : test du Chi-2
2.3.4. Données au premier jour post opératoire :
2.3.4.1. Douleur au repos et au mouvement
Il n’existait pas de différence significative concernant la douleur au repos et au mouvement à J1
entre les 2 groupes, malgré une tendance à leur diminution dans le groupe BPV. Les scores de
douleurs étaient inférieurs à 30 mm dans les 2 groupes, témoignant d’un bon contrôle analgésique
(tableau 9).
Groupe sans BPV
Groupe BPV
Total
p
11,22 (13,81)
9,77 (11,60)
10 ,68 (12,95)
0,835
28,11 (18,50)
27,95 (16,23)
28,05 (17,54)
EVA repos (mm)
Moyenne (DS)
EVA mouvement (mm)
Moyenne (DS)
Tableau 9 : EVA au premier jour postopératoire, au repos et au mouvement. Test statistique utilisé : Chi 2
93
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2.3.4.2. Amplitudes articulaires
Il n’existait pas de différence significative concernant les amplitudes articulaires de l’épaule
réalisables à J1 postopératoire, bien qu’une tendance à la diminution soit observée chez les patientes
sans BPV. Cette tendance était identique dans les 3 mouvements testés : flexion, rotation et
abduction, très souvent atteints en postopératoire de CA. (Tableau 10).
Groupe sans BPV
Groupe BPV
Total
p
88,03 (33,16)
93,86 (24,97)
90,36 (30,04)
0,636
90,61 (35,59)
103,41(30,53)
95,73 (33,96)
0,243
74,53 (31,50)
81,50 (28,06)
77,21 (30,14)
0,704
Abduction (°)
Moyenne (DS)
Flexion (°)
Moyenne (DS)
Rotation (°)
Moyenne (DS)
Tableau 10 : Amplitudes lors de 3 mouvements de l’épaule à J1 postopératoire de curage axillaire. Test
statistique : test de Wilcoxon
2.3.4.3. Consommation en antalgiques de secours
Le recours au tramadol était significativement plus important dans le groupe sans BPV (p = 0,042).
Toutes patientes confondues, la consommation de tramadol était de 47,84 mg (DS 58,51) par 24 h
pour le groupe sans BPV contre 18,18 mg (DS 36,34) par 24 h pour le groupe avec BPV.
Aucune patiente du groupe BPV n’a nécessité de morphine à J1 postopératoire, alors que 7 patientes
(16,2 %) dans le groupe sans BPV y ont eu recours (p<0,001). Parmi ces 7 patientes la dose moyenne
reçue était de 7 mg en sous-cutané. Dans le groupe BPV, il y avait significativement moins de
patientes qui consommaient de la morphine en SSPI (p<0,001).
De manière générale, toutes les patientes du groupe sans BPV ont eu recours à la morphine contre
36,4 % de groupe BPV (8 patientes sur 22).
94
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2.3.4.4. Lymphocèle
Cinq patientes du groupe sans BPV (13,9 %) et 1 patiente du groupe BPV (4,5 %) ont connu une
complication de type lymphocèle dès J1. Parmi elles, une patiente avait eu une double mastectomie
avec un curage unilatéral.
2.3.5. Score QuickDASH
2.3.5.1. Critère de jugement principal : QuickDASH à 3 mois
Le critère de jugement principal était le score de QuickDASH à long terme, soit à au moins 3 mois et
jusqu’à 6 mois postopératoires. Il existait une différence significative entre les 2 groupes (p = 0,043)
avec une différence de 3,5 points en faveur des patientes du groupe BPV, témoignant d’une
meilleure QDV.
Le BPV était associé à un score QuickDASH à 3 mois plus bas, témoignant d’une meilleur QDV (effet
moyen sur la valeur du log QuickDASH : -0,231, IC 95% [-0,449 ;-0,014]). Cette différence se
retrouvait dans l’analyse ajustée avec régression logistique, mais pas dans l’analyse univariée. Il
n’existait pas d’influence du côté dominant par rapport au côté opéré (p = 0,985) (tableau 11).
QuickDASH (/55)
Groupe sans BPV
Groupe avec BPV
J7 : médiane (Q1Q3)
25 (20-33)
20 (15-24)
J21 : médiane (Q1Q3)
19 (15-26)
15 (13-19)
18 (14,25-23)
15,5 (12-19,75)
3 mois : médiane (Q1Q3)
p
0,043
Tableau 11 : Evolution du score QuickDASH au cours du temps lors des 3 évaluations, à côté dominant
donné, après régression logistique
2.3.5.2. Evolution dans le temps
L’évolution du QuickDASH dans le temps était similaire entre les 2 groupes de patientes. La QDV
s’améliorait rapidement au cours des 3 premières semaines et restait relativement stable jusqu’au
95
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
3ème mois postopératoire. Cependant, les patientes du groupe sans BPV avaient un QuickDASH
supérieur au groupe avec BPV à tous les temps de l’étude, traduisant une QDV inférieure, avec un
gain de près de 5 points sur le score QuickDASH dans le groupe BPV (image 17).
*p :0.04
Image 17 : Evolution dans le temps du score QuickDASH pour les groupes BPV et sans BPV, à côté dominant
donné, après régression logistique.
2.3.6. Score FACT B+4
Le score FACT B+4 n’était pas significativement différent entre les 2 groupes au 7è jour
postopératoire (p=0,840). Le fait que la chirurgie soit homolatérale au côté dominant n’était pas
associé au score de FACT B+4 (p= 0,638) (tableau 12).
96
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
Groupe sans BPV
Groupe avec BPV
J1 : médiane (Q1Q3)
4 (2,25-6,00)
3 (1,25-4,75)
J7 : médiane (Q1Q3)
8 (4,00-8,00)
6 (5,00-8,00)
J21 : médiane (Q1Q3)
5 (3,00-7,75)
5 (3,00-7,25)
p
0,840
Tableau 12 : Evolution du score FACT B+4 entre J1 et J21, à côté dominant donné. Test utilisé : Régression
logistique
L’évolution dans le temps ne retrouvait aucune différence significative entre les 2 groupes. Le score
avait une tendance à être plus élevé à J7 qu’aux 2 autres moments évalués (J1 et J21) dans les
2 groupes (image 18).
Image 18 : Distribution de Fact b+4 aux 3 temps de recueil (1, 7, 21 jours) selon la réalisation d’un bloc
paravertébral (bpv 1) ou non (bpv 0)
97
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2.3.7. Influence du lymphœdème à 3 mois postopératoires
Il existait une tendance à une prévalence plus élevée de lymphœdème dans le groupe sans BPV :
40 % (12/30) vs 18,4 % (4/22), sans significativité statistique.
Après ajustement sur le côté dominant, la présence d’un lymphœdème à 3 mois était
significativement associée à un score QuickDASH plus élevé (p=0.003). Le caractère homolatéral ou
controlatéral de la chirurgie par rapport au côté dominant n‘influençait pas le QuickDASH à 3 mois
(p=0,985).
2.3.8. Douleur à 3 mois
La douleur résiduelle à 3 mois était plus fréquente dans le groupe sans BPV (14/30 (46,7 %) vs 7/22
(31,8 %)).
Après ajustement sur le côté dominant, la présence d’une douleur résiduelle était associée à une
augmentation significative du score QuickDASH à 3 mois (p<0,0001). Le côté dominant ne semblait
pas significativement influencer le critère QuickDASH à 3 mois (p=0,804).
98
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2.4. Discussion
Cette étude consistait à rechercher les conséquences de la réalisation d’un bloc paravertébral en
préopératoire d’une chirurgie de CA sur la QDV à long terme. Cette étude a retrouvé une
amélioration significative d’un score de QDV à 3 mois post opératoires. Celle-ci était d’autant
meilleure que la douleur résiduelle et le lymphœdème étaient absents. Cette étude a confirmé aussi
l’amélioration de la douleur aiguë à court terme par le BPV.
2.4.1. Interprétation des résultats
2.4.1.1. Critère principal : le score QuickDASH à 3 mois.
Dans cette étude, il a été mis en évidence un score de QDV QuickDASH plus bas dans le groupe BPV à
3 mois, témoignant d’une meilleure QDV dans ce groupe. Les divers autres résultats retrouvés
semblent cohérents avec celui-ci. D’une part, la douleur aiguë et la consommation en antalgiques de
secours morphiniques, facteurs de risque de douleur chronique et pouvant ainsi altérer la QDV,
étaient diminuées dans le groupe BPV. D’autre part, l’évolution du score QuickDASH dans le temps
suivait une courbe décroissante dans les 2 groupes. L’évolution des scores était parallèle, témoignant
de la récupération progressive de la fonctionnalité du membre supérieur au cours du temps. Le
QuickDASH à tous les temps de l’étude était plus bas, bien que sans significativité statistique, dans le
groupe BPV. Ceci permet d’appuyer la validité du résultat retrouvé à 3 mois et montre une cohérence
entre les résultats aux 3 temps de l’étude.
Aucune étude ne s’est intéressée à mesurer la QDV à long terme en fonction du type d’anesthésie
dans la chirurgie de CA. De multiples auteurs ont mis en évidence l’incidence élevée de la morbidité à
long terme des CA (198,199,253). Il existait avec des effets négatifs sur la QDV (191,192,253). Ivens
retrouvait une altération du quotidien des patientes dans 39% des cas à 1 an du CA (194), en
concordance avec des scores de QuickDASH altérés dans les 2 groupes de notre étude. De plus, il est
maintenant admis que la douleur aiguë est un facteur de risque de survenue de douleur chronique
(218,219,221). Les questionnaires de QDV, dont le FACT et le QuickDASH, prennent en compte
l’existence de douleurs (voir annexes). En chirurgie du sein, la littérature atteste d’une efficacité du
BPV sur la douleur aiguë (75,77,86) et la douleur chronique (71,251). Il semble cohérent de penser
que le BPV améliore la QDV au moins par son rôle sur l’amélioration de la douleur. Il est possible que
le BPV diminue la survenue de lymphœdème par la mobilisation précoce, ou qu’il diminue les autres
99
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
symptômes que sont la raideur ou les dysesthésies. Aucune étude dans la littérature n’a encore pu
l’évaluer.
2.4.1.2. Survenue de lymphœdème et score FACT B+4
Il n’existait pas de différence significative à tous les temps de l’étude sur le score FACT B+4 dont
l’évolution avait tendance à être identique dans les 2 groupes. Il était faible à J1 (3 - 4 sur 20), ce qui
n’était pas surprenant étant donné qu’il était trop tôt au premier jour postopératoire pour voir se
développer un œdème. A J7 et J21, le score augmentait, témoignant de l’apparition du
lymphœdème. Au 3ème mois postopératoire, le lymphœdème était retrouvé plus fréquemment dans
le groupe sans BPV (40 %) que dans le groupe BPV (18,2 %). Mais cette tendance n’atteignait pas la
significativité.
Dans les 2 groupes, les scores de FACT B+4 étaient relativement faibles à chaque évaluation (de 3 à 8
points sur 20), ce qui témoigne soit d’une incidence faible soit d’une répercussion faible du
lymphœdème. L’absence de différence de survenue de lymphœdème à J7 et J21 peut aussi être en
lien avec le faible effectif de patientes inclues à ces temps de l’étude, compte tenu de nombreuses
perdues de vue. Le questionnaire FACT B+4 aurait pu être renouvelé à 3 mois, ce qui aurait peut-être
permis de montrer une différence. Au lieu de cela, nous avons uniquement demandé aux patientes si
elles souffraient de lymphœdème, rendant le diagnostic moins sensible.
Dans cette étude, 30,8 % des femmes interrogées ont déclaré souffrir de lymphœdème à 3 mois
postopératoires. Dans la littérature, un lymphœdème était retrouvé chez 8 à 25 % des patientes dans
l’année suivant la chirurgie de CA (193–195,198,253). L’évolution dans le temps est variable selon les
études. Le taux de lymphœdème serait stable jusqu’à un an après le CA selon Maunsell (211), ou
pourrait augmenter ou diminuer en fonction de la méthode d’évaluation (évaluation objective par un
observateur ou le ressenti de la patiente) selon Tasmuth (220). La différence d’incidence du
lymphœdème entre notre population et la littérature peut donc être liée à une différence dans la
méthode d’évaluation, qui, dans notre étude, était une auto-évaluation.
La présence de lymphœdème était associée de manière significative avec le score de QuickDASH,
témoignant de la participation du lymphœdème dans l’altération de la QDV, sans influence de la
localisation de la chirurgie par rapport au côté dominant. La QDV était améliorée à J7 et J21 mais
sans différence sur les scores de lymphœdème. Les conséquences du lymphœdème sur la QDV
s’intègrent ainsi dans un mécanisme plurifactoriel comprenant la douleur notamment, dont
l’incidence postopératoire de CA est évaluée à 30 à 40 % selon les études (193–195,198). Cela
100
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
concorderait à la fois avec notre hypothèse sur l’amélioration du lymphœdème avec le BPV, et avec
nos résultats attestant de l’amélioration de la QDV à 3 mois après réalisation de BPV. Pourtant
certaines études récentes ne retrouvent pas d’association entre le lymphœdème et la QDV après
1 an postopératoire (191).
2.4.1.3. Scores de douleurs et consommations d’antalgiques à la phase aiguë
2.4.1.3.1.
Peropératoire
La consommation peropératoire de rémifentanil était inférieure dans le groupe BPV. De nombreuses
études ont mis en évidence l’absence de nécessité de recourir à l’AG après un BPV ou au moins
l’absence de nécessité d’opioïdes, ce qui correspond au résultat retrouvé (76,78). Les résultats sont
cohérents avec ceux retrouvés pour les consommations d’antalgiques en postopératoire.
2.4.1.3.2.
Postopératoire
La consommation en antalgiques de secours était moindre dans le groupe BPV à J1 postopératoire.
Ces résultats concernant la douleur à la phase aiguë concordent avec les connaissances actuelles. En
chirurgie du sein notamment, la littérature atteste d’une efficacité du BPV sur la douleur aiguë
(75,77,86). Ceci est lié aux propriétés de l’ALR, qui assure un blocage de la transmission nerveuse
sensitive de la zone opérée.
Les scores de douleurs étaient faibles dans les 2 groupes, tant à la mobilisation qu’au repos,
témoignant d’une bonne prise en charge de la douleur dans le service, quelle que soit la technique
utilisée. Les niveaux de scores de douleur sont en accord avec les scores retrouvés dans diverses
études dans les groupes BPV (74,76,77,79). Certaines études ont analysé les scores de douleurs
postopératoires à J1 et J2, et ont conclu de façon unanime une amélioration significative des scores
EVA lorsque le BPV était réalisé seul ou associé à une AG par rapport à une AG seule (74,81). Deux
méta-analyses récentes ont confirmé ce résultat (75,79).
L’absence de différence de scores de douleurs entre les groupes peut s’expliquer par le fait que le CA
reste une chirurgie engendrant une douleur faible à modérée. L’autre hypothèse serait une
consommation de morphiniques plus importante dans le groupe sans BPV, permettant d’atténuer les
douleurs.
101
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2.4.1.4. Scores de douleur résiduelle à 3 mois
La survenue de douleur chronique était plus fréquente dans le groupe sans BPV, ce qui reste
cohérent avec la littérature qui s’accorde sur une efficacité du BPV sur la douleur chronique (71,251).
La douleur résiduelle à 3 mois et le score QuickDASH à 3 mois étaient corrélés (p<0,0001). Mais il n’a
pas été retrouvé de lien statistiquement significatif entre la réalisation du BPV et la présence de
douleur à 3 mois (p=0,39), contrairement aux résultats d’autres études, ceci pouvant être dû à un
manque de puissance de notre étude (111,206,228).
La douleur est reconnue comme un facteur d’altération de la QDV (254). La présence de douleur est
une composante de tous les questionnaires utilisés pour évaluer la QDV, y compris dans ceux de
l’étude, ce qui explique en partie la corrélation. Il n’a pas été recueilli le nombre de ganglions retirés
durant l’exérèse. Cela peut avoir influencé la douleur chronique, puisque son intensité est
proportionnelle au nombre de ganglions retirés (210).
2.4.1.5. Amplitudes articulaires
Il n’existait pas de différence significative en termes d’amplitudes articulaires de l’épaule
homolatérale à la chirurgie à J1. Le protocole du service prévoit une intervention des
kinésithérapeutes dès le lendemain de la chirurgie. En effet, il a été mis en évidence une
amélioration des amplitudes articulaires, des scores de motricité, de douleur et des scores de QDV à
1 an lorsque la kinésithérapie est débutée précocement en postopératoire de CA (255–257). Les
résultats sont en contradictions avec d’autres études ayant mis en évidence une amélioration des
amplitudes articulaires en comparaison avec une AG seule (107).
2.4.1.6. Complications et échec du BPV
Un BPV sur les 22 (soit un taux d’échec de 4,5 %) réalisés a été jugé inefficace en peropératoire. Le
test au froid n’avait pas pu être réalisé avant l’induction de l’AG. La nécessité de fortes doses de
rémifentanil en peropératoire (1115 µg) puis la nécessité d’administration de morphine en
postopératoire immédiat (10 mg en titration) ont conduit à juger le BPV comme un échec. Dans la
littérature le taux d’échec est de 3 à 10 % ce qui dénote une bonne expérience de l’équipe en charge
des patientes de notre étude (45,59).
Des difficultés de ponctions ont été observées chez 3 patientes. Aucune étude n’a recherché et
comparé cette donnée, une des principales explications étant la définition hétérogène de la difficulté
de ponction. Dans la littérature, en dehors des hypotensions, les incidences des complications sont
102
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
faibles, inférieures à 1 %. L’effectif de l’étude étant faible, cela explique l’absence de complication
immédiate retrouvée.
2.4.1.7. Episodes d’hypotension artérielle et consommation d’éphédrine
Dans cette étude, 70 % des patientes recevaient de l’éphédrine, avec des doses moyennes faibles
(15 mg). La présence de clonidine aurait pu potentialiser les hypotensions du groupe BPV, mais il
n’est pas retrouvé de différence entre les 2 groupes. L’analyse de la littérature retrouve des résultats
non concordants. Certaines études ont mis en évidence une augmentation significative des
hypotension peropératoires lors de la réalisation d’un BPV par rapport aux groupes sous AG seule
sans différence en terme de traitement hémodynamique (82,87). D’autres études ont constaté à
l’inverse des chiffres tensionnels inférieurs en cas d’AG seule (76). L’AG peut être elle-même
responsable d’hypotensions dont l’incidence varie selon les molécules, les doses et les associations
utilisées. Shin et al. retrouvaient des besoins en éphédrine significativement plus importants (37 %
des patientes) en cas d’association de propofol avec du rémifentanil à forte doses (231). Ainsi, il est
probable que l’induction et l’entretien de l’AG soient seuls en causes dans la survenue des
hypotensions peropératoires dans notre effectif.
2.4.2. Limites
2.4.2.1. Méthodologie de l’étude
Cette étude était observationnelle, sans aveugle, non randomisée et avec des groupes non appariés,
l’allocation se faisant selon le choix de la patiente et de l’anesthésiste de réaliser ou non un BPV. Ces
choix peuvent avoir influencé les résultats.
Il s’agissait d’une étude monocentrique, dont le recrutement, les techniques chirurgicale et
anesthésique, les protocoles de services particuliers ne permettent pas d’extrapoler les résultats à la
population générale. Ces inconvénients représentent également une force car l’homogénéité des
pratiques locales rendent ces résultats applicables à toute patiente opérée dans le service et peuvent
conduire à une adaptation des pratiques et à la rédaction de protocoles locaux en adéquation avec
ceux utilisés dans cette étude. Les bons résultats en termes de scores de douleurs dans les 2 groupes
en sont un témoin.
103
BOUISSE
(CC BY-NC-ND 2.0)
2.4.2.2. Puissance
L’altération de la QDV serait significative pour 39 % des patientes interrogées selon Ivens (194), mais
cette étude ancienne ne permet pas d’évaluer le réel impact actuel du CA avec la technique actuelle
et les modifications des prises en charge. Le calcul du nombre de sujets nécessaire peut donc être
inapproprié et conduire à un manque de puissance de l’étude, et donc à une absence de résultat
significatif pour certains résultats comme l’influence du bras dominant selon le côté opéré ou
l’incidence du lymphœdème.
2.4.2.3. Population
2.4.2.3.1.
Côté dominant
L’existence d’une chirurgie au niveau du bras dominant ne semble pas modifier les scores de QDV, de
douleur ou de lymphœdème. Cela ne correspond pas aux données existantes dans la littérature,
puisque plusieurs études retrouvent un lien entre la chirurgie du côté du bras dominant et la QDV à
long terme (197,253). Un manque de puissance ou le hasard peuvent expliquer ce résultat.
2.4.2.3.2.
Geste sénologique
La population des patientes inclues était hétérogène : certaines avaient une tumorectomie simple
avec GS rendu positif, certaines avaient une mastectomie et d’autres un CA isolé (principalement en
cas de résultat secondairement positif du GS). Ces différents types de patientes n’ont de fait pas été
répartis dans les 2 groupes de façon homogène. En effet, la tumorectomie et la technique du GS,
chirurgies mineures et peu algogènes du sein, ne représentent pas actuellement une indication
formelle de BPV. Par contre, la mastectomie est en elle-même une indication à une telle technique.
Ceci peut expliquer une différence entre les groupes en termes de chirurgies associées et de
cicatrices réalisées qui peuvent également modifier l’atteinte nerveuse, la douleur aiguë ou la
récupération fonctionnelle.
Dans l’étude, il a effectivement été retrouvé une plus grande proportion de cicatrices de
mastectomie dans le groupe BPV. La douleur et la morbidité de la chirurgie peuvent être estimées
plus importantes dans ce groupe. Si tel était le cas, ce facteur confondant aurait eu un impact négatif
sur la QDV et donc sur les scores QuickDASH. Malgré tout, une différence significative en faveur du
groupe BPV était retrouvée. Ce biais valorise donc la force du résultat principal déjà significatif sur le
QuickDASH à 3 mois.
104
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(CC BY-NC-ND 2.0)
2.4.2.4. Bloc paravertébral
S’agissant d’une cohorte observationnelle, la technique de réalisation du BPV n’était pas uniforme
mais laissée au choix de l’anesthésiste : utilisation de l’échographie ou des repères cutanés, nombre
de ponctions, volume injecté, mode de sédation. Aucun cathéter n’a été mis en place du fait de la
courte durée estimée de la douleur aiguë en chirurgie du sein. Les patientes ne restaient
hospitalisées que 24 à 48 h, ce qui ne justifiait pas la pose d’un CPV.
Selon les études, les techniques sont variables et il n’existe pas de recommandation (3,12,42,58,107).
Chacun des médecins en charge des patientes de l’étude a réalisé le BPV selon la technique qu’il
maîtrisait le mieux afin que l’étude corresponde à la pratique réelle du service d’anesthésie, les
pratiques étant variables selon les praticiens en charge des patientes. Cette absence d’homogénéité
des pratiques peut être une limite à l’interprétation des résultats obtenus.
La solution injectée était standardisée selon le protocole du service. Elle contenait de l’adrénaline,
dont les objectifs étaient de tester une éventuelle injection intravasculaire d’AL, de prolonger l’effet
de BPV et de raccourcir le délai avant l’efficacité du BPV pour le tester avant le début de l’AG. Ce test
n’a pas toujours pu être réalisé du fait d’un délai entre la fin de la réalisation du BPV et l’induction de
l’AG parfois trop court.
La solution contenait également de la clonidine dans le but de potentialiser l’effet de l’AL. L’effet
secondaire principal est le risque d’hypotension artérielle. Cependant la survenue d’hypotensions et
les besoins en éphédrine n’étaient pas différents entre les groupes, soit par manque de puissance,
soit par absence d’effet hypotenseur significatif, soit par la présence d’adrénaline dans la solution
contrecarrant ses effets.
Dans l’étude, le BPV a été réalisé sous sédation, ce qui correspond à la pratique la plus fréquente.
Aucune recommandation ne permet de choisir le médicament à utiliser pour la sédation mais celle-ci
doit être légère. Certains pratiquent le BPV sans aucune sédation ou sous AG, en décubitus latéral
(114). L’avantage principal de l’absence de sédation est que le patient éveillé garde facilement la
position assise qui facilite la ponction, et que l’on détecte rapidement une complication lors de la
dose test.
2.4.2.5. Gestion anesthésique per opératoire
La technique anesthésique choisie pour l’AG n’était pas standardisée et pourrait avoir un impact sur
les résultats. Les habitudes de service sont l’utilisation de propofol en administration continue pour
105
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(CC BY-NC-ND 2.0)
l’entretien de l’AG. Le choix des halogénés pour l’entretien pourrait avoir majoré l’hyperalgésie de
certaines patientes. Cette donnée n’était pas recueillie dans notre protocole.
Les administrations d’antalgiques en fin d’intervention sont standardisées dans le service et ont donc
une importance limitée en termes de biais pour cette étude.
2.4.2.6. Technique chirurgicale
Il existe un lien directement proportionnel entre le nombre de ganglions retirés dans le CA et la
douleur chronique (215). Cette donnée n’a pas été recueillie. On ne sait pas si les CA étaient
comparables et s’ils correspondaient à des pratiques comparables à d’autres centres.
A J1, le drain de Redon peut avoir provoqué une gêne, des douleurs et des limitations d’amplitudes
qui peuvent avoir influencé les résultats du FACT B+4 ou/et des scores d’amplitudes articulaires.
Enfin, la présence de drains peut compliquer la prise en charge, modifier l’occurrence de la survenue
de lymphocèle ou la qualité de la kinésithérapie.
2.4.2.7. Données manquantes
2.4.2.7.1.
Perdues de vues
Les évaluations à J7 et J21 exigeaient une ponctualité stricte. Il manquait les données de 24 patientes
à J1 et 17 patientes à J21. La raison principale de ces données manquantes était le retard à la
réception des réponses des patientes, ou l’absence de réponse. A 3 mois, 9 patientes n’ont pas
répondu, et elles appartenaient toutes au groupe sans BPV : six d’entre elles n’ont jamais répondu
aux appels ou messages laissés, 2 patientes ont refusé de répondre, une patiente n’a jamais pu être
jointe car ses coordonnées étaient erronées. Les données à J7 et J21 sont donc difficiles à interpréter
du fait du faible effectif à ces temps de l’étude. Le taux de réponse pour les critères à long terme est
bon. La différence concernant les taux de réponses entre les 2 groupes pouvait s’expliquer par le fait
que les patientes avec BPV pouvaient se sentir plus concernées par l’étude.
2.4.2.7.2.
Caractéristiques des patientes
Les données concernant les pathologies associées en préopératoire (atteintes préexistantes du
membre supérieur, existence de pathologies neuromusculaires ou de douleurs chroniques
préopératoires), les antécédents chirurgicaux du membre supérieur et les antécédents
psychiatriques n’ont pas été recueillis.
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(CC BY-NC-ND 2.0)
2.4.2.7.3.
Complications
Le recueil des complications s’arrêtait à J1 postopératoire. La plupart des patientes sortaient de
l’hôpital à J2, sauf contre-indication médicale. Les complications chirurgicales à distance, les
événements médicaux intercurrents et les atteintes associées du membre supérieur ne sont pas
connus. Une lymphocèle était présente à J1 et J7 pour 6 patientes du groupe sans BPV et pour 1
patiente du groupe avec BPV. Ces complications chirurgicales peuvent avoir modifié la survenue de
douleur, de lymphœdème et le score de QDV en découlant. Les réponses des patientes lors des
questionnaires des temps précoces de cette étude peuvent en avoir été affectés concernant
notamment les scores de douleur et les consommations en antalgiques. La complication du type
pneumothorax a une incidence de 1 % dans la littérature, dans la série il est rapporté un cas de
pneumothorax sur 22 BPV, ce qui peut correspondre à ce taux.
Ces patientes n’ont pas été exclues de l’évaluation dont l’objectif était d’inclure une population
correspondant à celle prise en charge dans le service.
2.4.2.7.4.
Traitements associés
La réalisation de traitements par radiothérapie ou chimiothérapie n’a pas été recueillie. Ces
traitements ont des conséquences sur la fonctionnalité du membre supérieur et la QDV non
négligeables et peuvent ainsi être un facteur confondant.
De même, les modalités de kinésithérapie de chaque patiente et la compliance aux traitements n’ont
pas été consignées.
2.4.2.8. Choix des données recueillies à 3 mois
Du fait de la définition de la douleur chronique fixée de manière aléatoire entre 3 et 6 mois, un délai
de 3 mois a été choisi pour évaluer la douleur et la QDV. Il est probable que celle-ci ne soit pas
encore complètement stabilisée à ce stade et qu’une évaluation à plus long terme soit préférable.
Les études montrent une tendance à la baisse très faible de l’incidence de la douleur entre le 3ème et
le 15ème mois avec une stabilité à partir d’une année (199,211). Pour obtenir un nombre maximum de
réponses, le délai a été étendu jusqu’à 6 mois postopératoires, puisque la définition l’autorisait. Il est
possible que les réponses obtenues à 3 mois par certaines patientes et à 6 mois par d’autres ne
soient pas comparables entre elles en cas d’évolution de la QDV dans cet intervalle.
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La douleur chronique à 3 mois n’a été évaluée que par une question fermée. Un recueil de l’EVA
aurait permis une comparaison avec le score EVA recueilli à J1. L’utilisation du score DN4 pour
compléter l’information sur la douleur résiduelle aurait permis d’évaluer la composante neurogène
chez les patientes douloureuses chroniques.
Le lymphœdème à 3 mois a été recherché par une question fermée. Il est impossible de comparer le
résultat avec le FACT B+4. La présence de lymphœdème pourrait correspondre à une vision
subjective de la patiente ou à l’avis de son entourage, sans témoigner de la composante
fonctionnelle qu’explore le FACT B+4.
L’intérêt principal de cette étude se portait sur la QDV globale liée à la chirurgie du membre
supérieur. Ainsi les scores de douleur et de lymphœdème n’ont pas été mis au premier plan de
l’évaluation à 3 mois, expliquant ces choix de données.
2.4.2.9. Choix des outils de mesure
L’obtention d’un questionnaire validé par les autorités compétentes et applicable en recherche
clinique est un processus long et fastidieux durant de 2 à 10 ans. Le but dans cette étude était
d’étudier la QDV associée aux handicaps et incapacités fonctionnelles engendrées par la chirurgie de
CA (258).
Il n’existe aucun outil de référence. L’objectif était donc de trouver un outil qui corresponde aux
critères suivants :
- auto-questionnaire
- validé et avec une bonne capacité diagnostique
- facile à réaliser, reproductible dans le temps
- orienté vers les symptômes et les altérations fonctionnelles du membre supérieur
- avec une spécificité concernant le lymphœdème
Deux questionnaires ont été sélectionnés :
- le QuickDASH qui est un questionnaire de QDV spécifique des atteintes du membre supérieur. Il
aborde l’aspect fonctionnel, physique et social de l’effet de la chirurgie sur le vécu au quotidien des
patientes. Il a été montré un lien entre les troubles fonctionnels et la QDV en chirurgie du sein (197).
- Le FACT B+4 explore le ressenti de l’atteinte du membre supérieur, du fait de la présence de
lymphœdème.
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Le recueil de ces 2 scores permettait d’étudier de manière plus fine l’impact du lymphœdème dans
l’altération de la QDV.
Pour les 2 scores, l’analyse a consisté en une comparaison globale, sans délimiter de seuil de bonne
ou mauvaise QDV. Il n’existe pas de données permettant de préjuger de tels seuils car ce sont des
données subjectives, c’est pourquoi l’analyse des scores a été préférée.
2.4.2.9.1.
Limites du FACT B+4
Il aurait pu être intéressant de l’associer au questionnaire FACT B de base, car ils ont été conçus pour
une évaluation simultanée. Ce questionnaire a été créé initialement pour une évaluation à J7 mais
aurait pu être recueilli à 3 mois afin d’évaluer le lymphœdème à long terme. Les items faisant appel à
une évaluation fine, les patientes ont souvent eu des difficultés à y répondre avec certitude, trouvant
les questions très intriquées les unes aux autres.
C’est pourquoi les statistiques n’exploraient que le résultat du score global (sur 20), sans comparer
les items de manière séparée. De plus, la puissance de l’étude était déjà faible avec un manque de
données important à J7. Il était donc impossible d’interpréter un item isolé en lien avec la QDV.
2.4.2.9.2.
Limites du QuickDASH
Il s’agit d’un questionnaire spécifique de la fonctionnalité du membre supérieur. Il explore donc trop
peu les autres aspects de la QDV. Pourtant, après un CA, la QDV peut être altérée par les traitements
adjuvants. Elle peut aussi être liée à des considérations en rapport avec le bien-être physique,
psychique, social ou professionnel. Un questionnaire plus générique aurait pu être utilisé.
Cependant, le BPV n’ayant une action que sur le problème chirurgical du membre supérieur, il est
probable qu’il aurait été plus difficile de mettre en évidence une différence en cas de questionnaire
trop généraliste. Bien que le but ultime soit la QDV globale, il fallait déjà prouver son efficacité en
termes de fonctionnalité du membre supérieur. C’est ce que ce travail a tenté de faire. Seul le score
total a été analysé, devant l’absence de validation de chacun des items de manière séparée.
Par ailleurs, la question de l’intérêt clinique du résultat se pose. On retrouve un gain de 5 points
environ sur un total de 55 points grâce au BPV dont il est difficile de connaître le retentissement
clinique.
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2.5. Perspectives :
Devant ce résultat positif, il serait intéressant de vérifier l’existence d’un réel lien de causalité entre
le BPV et l’amélioration de la QDV. Si cela s’avère confirmé, de nouvelles hypothèses sont à vérifier
sur le mécanisme physiopathologique. Si la douleur chronique joue un rôle important sur la QDV, et
que le BPV l’améliore, il se peut que la part neurogène de la douleur soit améliorée par le BPV. Il
serait intéressant d’explorer l’effet du BPV sur la douleur neurogène de manière spécifique pour en
comprendre son mécanisme. La QDV pourrait être explorée avec des scores globaux, en intégrant la
part des traitements associés. Un essai clinique randomisé serait plus approprié pour conclure à une
relation de cause à effet sur la QDV. Enfin, la même étude pourrait être réalisée à plus long terme (au
moins 1 an), sur une population plus importante de patientes pour vérifier la validité des résultats
retrouvés ici.
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3. CONCLUSIONS
Le curage axillaire est une thérapeutique chirurgicale réalisée dans plus de 30% des cas de cancer du
sein. Au sein d’une prise en charge globale, il a permis d’améliorer la survie des patientes. Celle-ci
atteint un taux de 89% à 5 ans. Cependant, il est pourvoyeur d’une morbidité importante (douleurs à
court et long terme, troubles fonctionnels et lymphœdème) entraînant une altération de la qualité
de vie, évaluée à plus de 39% des cas.
La technique du bloc paravertébral thoracique peut être utilisée en chirurgie majeure du sein, pour
ses bénéfices en termes d’analgésie. Elle permet une diminution de l’incidence des douleurs aiguës
mais aussi chroniques. Aucune donnée n’est actuellement disponible concernant le bénéfice d’une
telle technique sur la qualité de vie en chirurgie de curage axillaire.
L’objectif de cette étude a été d’évaluer la qualité de vie à long terme chez les patientes opérées
d’un curage axillaire selon la réalisation ou non d’un bloc paravertébral thoracique en préopératoire
immédiat.
Pour cela, nous avons mené une étude prospective observationnelle sur une durée de 16 mois entre
avril 2012 et juillet 2013. Soixante et une patientes opérées d’un curage axillaire ont été inclues, dont
21 ont bénéficié d’un bloc paravertébral en préopératoire, avant l’anesthésie générale. Deux groupes
de patientes ont ainsi été comparés et suivis sur une durée d’au moins 3 mois, avec quatre
évaluations consécutives au 1er, 7ème et 21ème jours suivant la chirurgie et à 3 mois. Le critère de
jugement principal était un score de qualité de vie orienté sur l’atteinte du membre supérieur,
appelé QuickDASH, évalué à 3 mois postopératoires. Ce score est d’autant plus élevé que la qualité
de vie est altérée. Un score de lymphœdème spécifique du cancer du sein, appelé FACT-B+4, était
également renseigné. Les caractéristiques démographiques initiales ne différaient pas. Les besoins en
morphiniques étaient diminués dans le groupe « bloc paravertébral » en per opératoire puis au cours
de la période postopératoire. Aucune des patientes ayant eu un bloc paravertébral n’a nécessité
l’administration d’antalgiques de secours au cours des 24 premières heures postopératoires. Les
scores de douleurs et les amplitudes articulaires de l’épaule homolatérale à la chirurgie ne différaient
pas entre les deux groupes. Au 7ème et au 21ème jour, le score FACT B+4 n’était pas significativement
différent. Toutefois, il existait de nombreuses données manquantes. Le score QuickDASH était
significativement moins élevé à 3 mois en cas de bloc paravertébral (18 vs 15,5, p=0,043),
témoignant d’une qualité de vie meilleure dans cette population. L’évolution de ce score dans le
temps suivait une courbe décroissante similaire dans les 2 groupes, le score QuickDASH étant plus
bas dans le groupe « bloc paravertébral » à chaque temps de l’évaluation. Une moins bonne qualité
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de vie à 3 mois était associée significativement à la présence de douleur résiduelle et de
lymphœdème.
Cette étude a ainsi mis en évidence l’effet bénéfique du bloc paravertébral sur la qualité de vie à long
terme des patientes opérées de curage axillaire, ce qui n’avait pas été recherché dans les études
précédentes. Cet effet pourrait s’expliquer par la diminution de la survenue de douleurs à court et
long terme chez les patientes ayant un bloc paravertébral en préopératoire immédiat, permettant
ainsi une meilleure rééducation et la diminution du lymphœdème. La limite principale de cette étude
réside dans son caractère observationnel et dans son manque de puissance, justifiant en soi la
réalisation d’une étude interventionnelle prospective et randomisée.
Le Président de la thèse,
Pr Frédéric Aubrun
Vu et permis d’imprimer
Lyon, le
Vu : Le Doyen de la Faculté de Médecine
Lyon-Est
Vu : Pour Le Président de l’Université
le Président du Comité de Coordination Des Etudes Médicales,
112
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ANNEXE
SCORE QUICKDASH
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BOUISSE Camille : Evaluation de la qualité de vie à 3 mois postopératoires d’une chirurgie
carcinologique du sein avec curage axillaire : intérêt du bloc paravertébral sur une cohorte
prospective
Nbre f.:127 ill : 18 tab : 12
Th Méd : Lyon 2014 n°67
Résumé:
Introduction : Le curage axillaire(CA) induit un lymphœdème, des troubles fonctionnels et une
réduction de la qualité de vie (QDV). Le bloc paravertébral (BPV) permet de diminuer la douleur aiguë
et chronique post opératoire. Notre hypothèse est que le BPV améliore la récupération fonctionnelle
et la QDV à 3 mois postopératoires.
Matériel et méthode : Etude observationnelle prospective monocentrique. Toutes les patientes
avaient une anesthésie générale. Certaines recevaient un BPV en préopératoire. Une évaluation
postopératoire était réalisée à 7, 21 jours et 3 mois. Un score de QDV axé sur les troubles
fonctionnels du membre supérieur (QuickDASH) était recueilli. Le critère principal était le QuickDASH
à 3 mois.
Résultats : De 2012 à 2013, 61 patientes ont été inclues. Vingt-deux ont bénéficié d’un BPV. Les 2
groupes étaient comparables en préopératoire. Les BPV étaient réalisés avec une solution
contenant : ropivacaine, clonidine et adrénaline. La consommation d’antalgiques per et
postopératoires étaient significativement inférieurs dans le groupe BPV sans différence sur les scores
de douleur, les amplitudes articulaires ou le lymphœdème. La présence du BPV diminuait de manière
significative le QuickDASH à 3 mois (p=0,043) traduisant une amélioration de la QDV. Cela restait vrai
à tous les temps de l’étude. La présence d’un lymphœdème et de douleur résiduelle à 3 mois était
associée à une diminution de la QDV (p=0,002).
Discussion : Le BPV améliore la récupération fonctionnelle et la QDV à 3mois postopératoires de CA.
Les hypothèses peuvent être la diminution de la douleur aiguë et chronique permettant une
réhabilitation plus précoce. Les limites de cette étude sont principalement son caractère
observationnel et des données perdues concernant la radiothérapie et la technique de kinésithérapie
qui pourraient influencer les résultats. Le score QuickDASH n’explore pas la QDV globale.
MOTS CLES :
Bloc paravertébral, Qualité de Vie, Curage Axillaire, Douleur,
Anesthésie locorégionale
JURY :
Président :
Membres :
Monsieur le Professeur Frédéric AUBRUN
Monsieur le Professeur Vincent PIRIOU
Monsieur le Professeur Gil DUBERNARD
Madame le Docteur Aurélie BONNET
DATE DE SOUTENANCE :
Lundi 12 Mai 2014
Adresse de l’auteur :
6, rue Mulet 69001 LYON
[email protected]
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