sgen Profession ÉDUCATION No 226 | Mars 2014 | 2,50€ DES PROGRAMMES SCOLAIRES AUX CURRICULUMS sgen Profession ÉDUCATION No 226 | Mars 2014 3 ÉDITO 9 DOSSIER Pour un pacte de responsabilité dans la Fonction publique S'en prendre aux rémunérations des fonctionnaires est incohérent et injuste... 4 ACTUALITÉ Trois révolutions silencieuses Les enjeux du nouveau décret sur le service des enseignants du second degré. Contractuels enseignants Des avancées en perspective. Statut des personnels MLDS Le grand paradoxe ! Des programmes scolaires aux curriculums Marqué par l'encyclopédisme, le système scolaire a du mal à sortir d'une vision « compilatoire » des savoirs enseignés. Et pourtant... 16 CREPS Un nouveau comité de suivi Pour les écoles supérieures du professorat et de l'éducation... Syndicat académique et personnels de CREPS, un enrichissement mutuel Trop longtemps, l'étendue de l'académie Midi-Pyrénées a été un frein au militantisme dans les CREPS. C'est aujourd'hui en train de changer... 8 ÉLECTIONS PROFESSIONNELLES 18 NUMÉRIQUE Rassemblement des élus de Bretagne à Morlaix Le 6 février 2014, les militants CFDT se sont retrouvés pour une journée de débats et de préparation de la campagne. Formation continue à distance des professeurs des écoles Vers la confiance et l'autonomie ? 22 EN DIRECT Rythmes scolaires, les acteurs de terrain ont la parole 80 % des écoles passeront à la semaine de 4,5 jours à la rentrée de 2014. Comment les enseignants se préparent-ils ? DIRECTEUR DE LA PUBLICATION: Frédéric Sève. RÉDACTEURS EN CHEF: Bernadette Peignat et Pierre-Marie Rochard. RÉDACTEURS : Joël Bonenfant, Chantal Demonque, Michel Faucou, Jean-François Le Clanche, Jean-Marc Grimont, Isabelle Lacaton, Anne-Marie Martin, Claudie Paillette, Albert Ritzenthaler, Pierre-Marie Rochard, Frédéric Sève, Guillaume Touzé, Michelle Zorman. SECRÉTAIRES DE RÉDACTION, MAQUETTE: Aline Noël et Christophe Caulier. IMPRESSION: ETC, Yvetot (76) - Imprim' Vert. No CPPAP: 1015S07555. ISSN: 1143-2705. Fédération des Syndicats Généraux de l'Éducation nationale et de la Recherche publique 47/49 avenue Simon Bolivar 75950 Paris cedex 19. Tél.: 01 56 41 51 00. Fax: 01 56 41 51 11. Mél: [email protected] – http://www.sgen.cfdt.fr PUBLICITÉ : IM Régie, 23 rue Faidherbe 75011 Paris / email : [email protected] / Tél. : 01 40 24 15 33. IMAGE DE COUVERTURE : Antoine Chereau. 2: Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 Pour un pacte de responsabilité dans la Fonction publique FRÉDÉRIC SÈVE Secrétaire général SI L'HEURE EST À LA RÉFLEXION stratégique sur la dépense publique, proposer de s'en prendre aux rémunérations des fonctionnaires est incohérent et injuste. Incohérent parce que raboter encore les rémunérations des fonctionnaires est le contraire d'une économie structurelle, ce n'est qu'un expédient budgétaire qui permet de différer les vrais choix. Geler les promotions est ainsi plus facile que de mettre en cohérence l'offre éducative de la maternelle à l'université, de faire coopérer État et collectivités locales ou de s'interroger sur la répartition territoriale des moyens, au risque de froisser les élus locaux. Mais une telle politique est surtout injuste après dix ans de suppression d'emplois et quatre ans de gel du point d'indice, qui ont dégradé la qualité de l'emploi et mis en péril celle du service public. Comment surmonter les problèmes d'attractivité, notamment dans les métiers de l'enseignement et de la recherche, avec un système de rémunération illisible et incohérent ? Comment faire évoluer les services publics sans une formation continue digne de ce nom ? Comment, enfin, motiver les personnels sans valoriser leurs parcours professionnels, développer leurs possibilités de mobilité ou aménager les fins de carrière ? L'État s'est engagé dans un « pacte de responsabilité » avec les entreprises. Il serait avisé d'en signer un avec ses personnels. Février 2014 Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 :3 ACTUALITÉ Négociation-métiers Poursuivons le débat Négociations-métiers Enseignants du second degré Un service rénové C'est par le dialogue social qu'on aura finalement réformé les décrets de 1950, malgré les atermoiements du syndicat majoritaire. Si les maximums de service hebdomadaire actuels sont conservés, le projet de décret correspond mieux à la réalité du métier d'enseignant. Il reprend l'idée du Sgen-CFDT d'une définition en trois blocs : l'intervention pédagogique devant les élèves (cours, accompagnement personnalisé...), les missions complémentaires de cette intervention (concertation d'équipe, suivi des élèves…), et des missions facultatives exercées sur la base du volontariat (professeur principal, coordination d'équipes ou de cycles…). Le métier sort ainsi de l'exercice libéral qui le caractérisait il y a 64 ans, et devient un travail d'équipe inscrit dans un établissement. Un regret : les possibilités de décharges de service sont trop réduites. Une exigence : compléter ce nouveau décret par d'autres réformes tout aussi importantes, sur la gouvernance des établissements et l'évaluation des personnels. Deux sujets qui feront l'objet de prochains groupes de travail, à la demande du Sgen-CFDT. Trois révolutions silencieuses Par Claudie Paillette et Frédéric Sève Si le nouveau décret sur le service des enseignants du second degré décrira mieux la réalité des pratiques professionnelles et apportera de réelles avancées statutaires, il devrait surtout amorcer trois révolutions plus silencieuses, mais qui peuvent à terme transformer le métier enseignant et l'École. Le texte en préparation inclut dans l'obligation de service « toute forme d'intervention pédagogique », l'accompagnement personnalisé comme les cours traditionnels. Il ouvre ainsi la voie à une transformation du face-à-face élève, plus axé sur l'accompagnement des élèves, ou sur d'autres innovations pédagogiques. L'enseignement secondaire retrouve ainsi sa mission d'appui aux apprentissages et sa vocation éducative, longtemps après les avoir abandonnées aux familles ou aux officines privées. Une mutation salutaire, mais qui demandera d'être pilotée et accompagnée, notamment par une évolution de la formation et de l'évaluation des personnels. Deuxième glissement, la prise en compte des conditions réelles d'exercice du métier dans la détermination des obligations de service. La pondération des heures effectuées en éducation prioritaire ou en cycle terminal du lycée constitue ainsi une rupture avec une tradition qui voulait que seules les règles propres au corps d'appartenance – PLP, certifiés, agrégés – régissent les conditions de travail. Enfin, le projet de décret donne aux établissements le choix des « missions facultatives » et un budget indemnitaire pour les rémunérer dans la transparence. L'action au sein de l'établissement devient ainsi une dimension du métier, même si c'est sur la base du volontariat, avec la perspective de véritables politiques éducatives locales. Une évolution qui nécessitera une réforme de la gouvernance des établissements dont la réforme du conseil pédagogique constituera une première étape. Mesures Retrouvez toute l'actualité des négociations-métiers sur notre site www.sgen.cfdt.fr 5 000 Ce qui fait l'alourdissement, c'est d'appartenir à 2 équipes d'établissement. Il faudrait que cela soit généralisé à tous les compléments de service. Pondération à 1,1 en lycée pour le cycle terminal. 15 000 Le gain est essentiel pour les disciplines à faible horaire. Pondération à 1,1 en REP + 10 000 La pondération ne doit pas se traduire en HSA. Indemnité pour classes d'examen en EPS. 6 000 Source : MEN Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 Avis du Sgen-CFDT Minoration de service pour complément de service dans une autre commune. Indemnité pour classes d'examen pour PLP. 4: Nombre de collègues bénéficiaires 40 000 À terme, il faudrait obtenir la même pondération que les collègues des autres disciplines dans le cadre d'un rapprochement de tous les corps d'enseignants. ACTUALITÉ En bref ©pixabay Négo-métiers Orientation Contractuels Le chantier de la sécurisation Le Gouvernement a enfin ouvert, en janvier dernier, le chantier de la sécurisation des parcours des agents contractuels de l’État, prévu dans l'axe 3 de l'accord de mars 2011, concernant l’amélioration des droits individuels et collectifs. Parmi les principales dispositions figurent : - la mise en place d'un entretien professionnel annuel pour les agents contractuels recrutés pour un besoin permanent et sur un contrat dont la durée est supérieure à un an ; - la portabilité des droits liés à l'ancienneté en cas de mobilité ; les modalités d'ouverture de droits soumis à condition d'ancienneté sont également précisées ; - le calcul de l'indemnité de licenciement en fonction de l'ancienneté acquise au titre d'un même contrat. Les travaux devraient aboutir en juin 2014. La CFDT Fonctions publiques veillera à ce qu'ils se concrétisent par des avancées significatives pour tous les agents contractuels. Négo-métiers Contractuels enseignants Le 22 janvier 2014, le ministère a réuni un groupe de travail concernant les contractuels enseignants. Les propositions du ministère ont porté sur plusieurs points : Le recrutement. Il se fera au niveau licence, comme pour les concours internes, avec la possibilité exceptionnelle d'un recrutement à bac+2 pour des disciplines où le vivier est peu important. Les rémunérations. Le ministère proposera un schéma national de salaire, fi xant l’indice minimum et le maximum de rémunération. Chaque recteur devra élaborer une grille indiciaire en conformité avec le schéma national. Elle sera soumise pour avis au comité technique académique. Nous avons exprimé notre grande satisfaction, mais nous réclamons toujours une grille nationale type avec des échelons et des indices permettant un déroulement de carrière pour les contractuels, en CDD comme en CDI, au même titre que les titulaires. La règle du butoir. Le ministère propose de supprimer cette disposition très pénalisante pour les personnels qui sont reclassés au même indice que des étudiants lauréats. Mais, en contrepartie, il supprime la prime d’entrée dans le métier. Nous nous félicitons que la règle du butoir soit enfin supprimée, mais nous avons demandé le maintien de la prime. Ceci étant, le bénéfice, pour les personnels contractuels, de la suppression de la règle du butoir est important. Ils bénéficieront d’un meilleur reclassement, d’un meilleur déroulement de carrière et in fine d’une meilleure pension. Le groupe de travail orientation s'est enfin réuni dans un contexte de désengagement des départements pour le financement des centres d'information et d'orientation (CIO). Le ministère s'est engagé à suspendre jusqu'à 2015 toute fermeture de CIO d'État et a conforté l'affectation des personnels dans les CIO. Mais il reste à replacer le conseil en orientation au cœur des missions des conseillers d'orientation-psychologues (COP) et à apporter des solutions pour maintenir la carte des CIO, notamment en s'appuyant sur le service public régional d'orientation (SPRO). Négo-métiers Personnels de direction : un groupe pour rien ? Au moment où la refondation de l'École va devoir s'appuyer sur des équipes de direction investies et engagées, le SgenCFDT aurait souhaité que le groupe de travail sur les personnels de direction ne se limite pas à des propositions de toilettage de la formation, même dans la perspective d'un travail commun aux corps d'encadrement. Il est regrettable que le ministère considère encore que la discussion sur les missions des personnels de direction relève exclusivement des organisations présentes en CAPN, et exclusivement des représentants du corps, comme si elles n'avaient pas d'impact sur les autres personnels. Négo-métiers CPE Le groupe de travail sur les missions et le métier de conseiller principal d'Éducation (CPE) s'est réuni une première fois le 13 janvier. La discussion s'est organisée autour des revendications du Sgen-CFDT, qui tendent à faire reconnaitre que le CPE joue un rôle de cadre dans les établissements, capable de conseiller les équipes et les familles, d'assumer la responsabilité du service de vie scolaire, et disposant d'une autonomie concertée vis-à-vis des personnels de direction. De plus, le SgenCFDT réclame une revalorisation des CPE en demandant la transformation de leur indemnité spéciale en ISOE, avec une part fixe et une part variable. Prochain round le 12 mars. Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 :5 ACTUALITÉ DR Coordonnateurs MLDS Leur quotidien Les missions des personnels de la MLDS sont la coordination pédagogique et l’ingénierie. Les élèves à prendre en charge sont si différents qu’il est nécessaire de mettre en place des actions variées. Dans certains cas, le coordonnateur MLDS peut organiser une action dans un lycée qui accueillera les élèves en décrochage et des élèves décrocheurs avérés. Il constituera l'équipe pédagogique, les emplois du temps et la concertation. Il interviendra auprès des élèves collectivement ou individuellement, et assurera le suivi pédagogique et administratif. Dans d'autres situations, il mettra en place des parcours individuels dans l'établissement d’origine de l’élève, signalé par le Groupe de prévention du décrochage scolaire. Il pourra également avoir pour mission, la construction de parcours de raccrochage dans une formation où des places sont vacantes et il fera le suivi de chacun des jeunes reprenant un parcours qualifiant. En plus de ce travail, les coordonnateurs MLDS sont présents au CIO pour harmoniser avec les conseillers d'orientation-psychologues les différentes actions sur les « modules orientation ». Ils participent également au diagnostic du bassin et à son analyse, et apportent leur expertise dans le cadre du réseau Formation Qualification Emploi. Cette liste des tâches n'est pas exhaustive. Toutes ces actions sont sous la responsabilité, suivant le cas, du chef d’établissement, du directeur de CIO, de l'inspecteur d'académie ou du recteur. 6: ... VERSUS MISSIONNÉS MLDS Alsace. 80 % du personnel ont participé à la journée de mobilisation du 12 février dernier. Statut des personnels MLDS Le grand paradoxe ! Par Albert Ritzenthaler Mercredi 12 février, les personnels de la Mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS) ont exprimé massivement leur « ras-le-bol » en participant à la journée de mobilisation à l'appel du Sgen-CFDT. Dans une vingtaine d'académies, des rassemblements ont permis d'échanger sur la dégradation des conditions de travail, et sur les revendications locales à porter au rectorat. La veille, le ministère avait organisé, à la demande du Sgen-CFDT, un groupe de travail pour répondre aux attentes des personnels. MISSIONNAIRES… Alors que la lutte contre le décrochage est présentée comme prioritaire, les personnels qui se sont engagés dans ce combat depuis des années, en ont assez d'être les « petites mains » du système éducatif. Ils dénoncent le manque de respect, l'absence de reconnaissance, le déni de leur expertise et l'interdiction qui leur est faite de devenir titulaire. Pour les élèves décrocheurs, l'Éducation nationale marginalise les personnels, comme si leur mission n'avait pas la même légitimité que celle de n'importe quel enseignant. Depuis septembre, ils sont davantage sollicités par tous les échelons hiérarchiques de l'institution scolaire, et sont soumis aux injonctions contradictoires et à la politique du chiff re. Le concours réservé est toujours interdit aux non-titulaires sans passer par une entrée disciplinaire, et les personnels titulaires ne bénéficient ni de la mobilité ni des mêmes avancements que les autres professeurs. Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 Le 11 février, le groupe de travail ministériel MLDS a été l'occasion pour le représentant du ministre de présenter ses premières propositions visant à l'amélioration de la situation des personnels. Il a reconnu la pérennité du dispositif MLDS, le statut d'enseignant pour les personnels, avec la même reconnaissance des missions de face-à-face pédagogique, et un régime indemnitaire adapté à la mission particulière exercée. Face à la ferme opposition syndicale, il a renoncé à maintenir le concours disciplinaire pour les personnels, et à revoir sa copie pour le prochain groupe de travail prévu en mars. Le Sgen-CFDT a validé la volonté du ministère de prendre appui sur l'expertise développée au cours des années par les personnels MLDS et de l'intégrer dans une approche renouvelée, impliquant tous les acteurs du système éducatif dans la lutte contre le décrochage. Google Map de la mobilisation : http://goo.gl/maps/Ptuv1 850 personnels MLDS 140 000 élèves décrocheurs Un décrocheur couterait 230 000 € à la société Voir le rapport de l'IGEN et de l'IGAEN, « Agir contre le décrochage scolaire : alliance éducative et approche pédagogique repensée », juin 2013. ACTUALITÉ Écoles supérieures du professorat et de l'éducation Un nouveau comité de suivi Par Chantal Demonque Installé en décembre 2013 et présidé par le recteur Daniel Filâtre, un comité de suivi chargé d'accompagner les premiers pas des toutes nouvelles Écoles du professorat et de l'éducation (Espé) se réunit une fois par mois, pour élaborer des propositions et des préconisations concernant la mise en œuvre concrète de la nouvelle formation. Le Sgen-CFDT y est représenté. Le comité n'a aucune mission d'évaluation du fonctionnement des Espé, en revanche ses travaux doivent contribuer à la préparation dès maintenant de la rentrée 2014. Les étudiants inscrits cette année en 1re année de master MEEF (métiers de l'éducation et de la formation) seront en effet les premiers concernés par la totalité de la réforme : un concours plus proche des exigences du métier, une année de M2 en alternance entre poursuite de la formation et mi-temps en responsabilité dans une école ou un établissement. Le comité de suivi a commencé à travailler sur la question de l'alternance : comment éviter une simple juxtaposition des moments de stage et de la formation à l'Espé ? Comment articuler les interventions de tous les acteurs – formateurs de l'Espé, établissements d'accueil des stagaires, tuteurs « de terrain » ? Comment ancrer le mémoire de master dans l'expérience professionnelle ? La réussite de la réforme dépend pour beaucoup de la pertinence des réponses qui seront apportées à ces questions. Retrouvez l'intégralité de l'agenda sur notre site www.sgen.cfdt.fr 8-23 | 03 2014 24-29 | 03 2014 16E PRINTEMPS DES POÈTES 25E SEMAINE DE LA PRESSE ET DES MÉDIAS DANS L’ÉCOLE® À l'honneur, Max Jacob dont on célébrera le 70e anniversaire de la disparition au camp de Drancy. www.printempsdespoetes.com 15-23 | 03 2014 SEMAINE DE LA LANGUE FRANÇAISE ET DE LA FRANCOPHONIE Concours dis-moi dix mots. www.dismoidixmots.culture.fr Activité d’éducation civique, cette semaine de la presse et des médias a pour but d’aider les élèves, de la maternelle aux classes préparatoires, à comprendre le système des médias, à former leur jugement critique, à développer leur goût pour l’actualité et à forger leur identité de citoyen. www.clemi.org/fr/spme/ Alerte sociale… suite Le 21 janvier, le Sgen-CFDT déposait une alerte sociale sur la rémunération et sur la carrière des professeurs des écoles (PE). À l'appui de cette démarche, il a lancé une pétition qui a recueilli plus de 14 000 signatures en moins d'un mois. Celle-ci porte trois exigences (Profession Éducation n° 225) : • un calendrier d'alignement de l'indemnité versée aux PE (ISAE) sur celle des certifiés (ISOE) ; • un calendrier portant le taux d'accès à la hors-classe à 7 % ; • la possibilité de partir à la retraite à la date d'ouverture des droits. Lors de sa rencontre avec le ministère, le Sgen-CFDT a rappelé que les personnels du premier degré, malmenés depuis plusieurs années, ont le sentiment de ne pas être reconnus à la hauteur de l’investissement qui leur est demandé. Pour un métier identique, ils demandent une égalité de traitement entre les enseignants du 1er et du 2nd degré. Sur le premier point, le ministère n'a pas voulu s'engager. Il a renvoyé la hausse de l'ISAE aux prochains arbitrages budgétaires. Sur la deuxième demande, le taux d'accès à la hors-classe sera porté à 4,5 % en 2015. Un nouveau calendrier sera discuté en 2015. Sur la troisième exigence, le ministère a dû reconnaitre la pertinence de nos arguments. Le SgenCFDT souligne que la pratique actuelle, qui oblige les PE à finir l’année scolaire avant de partir à la retraite, repose sur une interprétation abusive de la loi. C'est le seul cas où l'organisation du travail prévaut sur les droits à la retraite. Enfin, cette règle ne prend pas en compte les évolutions survenues depuis plus de vingt ans. Le ministère s'est engagé à mener une étude approfondie. Une nouvelle rencontre devrait avoir lieu. Pour le Sgen-CFDT, la loi doit évoluer afin que les professeurs des écoles bénéficient des mêmes droits que les certifiés. Signez la pétition en ligne : http://sgen. net/petition/index.php Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 :7 ÉLECTIONS PROFESSIONNELLES Rassemblement des élus de Bretagne À Morlaix Par Michel Faucou Faisons entendre notre voix À la fin de l'année 2014, tous les agents de la Fonction publique, qu'ils soient titulaires, stagiaires ou contractuels, vont voter pour élire leurs représentants au comité technique de leur ministère, au comité technique de proximité, correspondant à leur lieu de travail. Les personnels titulaires éliront également ceux qui les représenteront aux commissions administratives paritaires (CAP) de leur corps, et les agents contractuels voteront pour leurs représentants aux commissions consultatives paritaires. Aussi bien dans l'Éducation nationale, que dans l’Enseignement supérieur et la Recherche, dans l’Enseignement agricole public ou au ministère de la Jeunesse et des Sports, nous avons l'ambition de déposer des listes à tous les scrutins, pour que partout la CFDT soit présente et que les personnels puissent voter pour nous. Si ce sont bien les résultats des votes au comité technique de chaque ministère qui déterminent la représentativité et les moyens des organisations syndicales, les résultats que nous obtiendrons, pour les autres scrutins, donneront plus de poids à notre représentativité. Nous avons besoin de vous pour finaliser les listes de candidats. En acceptant d'être candidat-e sur une liste du Sgen-CFDT, vous nous permettez de porter partout notre voix. Le 6 février 2014, la ville de Morlaix n’a pas été inondée que par les eaux du Jarlot et du Queffleuth, mais aussi par des vagues de militants CFDT venus des quatre départements bretons. Ils étaient 1 150 présents pour se rencontrer et débattre, 1 150 représentants, élus ou candidats CFDT, venus donner le coup d’envoi de la campagne électorale en vue des élections professionnelles qui auront lieu dans toute la Fonction publique, en Bretagne comme ailleurs, en décembre prochain. Laurent Berger, en clôturant ce rassemblement, a réaffirmé l’importance de réussir ces élections pour améliorer encore la représentativité de la CFDT. La CFDT, qui est la première organisation en Bretagne avec plus de 40 % des voix, et la seconde au niveau national pour la Fonction publique avec 26 %. Lors de ce rassemblement interprofessionnel, les militants Sgen-CFDT étaient présents et ont pu rencontrer durant deux heures leur secrétaire général, Frédéric Sève, pour échanger sur les questions liées à l’Éducation nationale. Le débat s’est engagé sur la nécessaire évolution du rôle des directeurs d’écoles, sur le grade à accès fonctionnel (GRAF), sur les conditions de travail et de la gestion des fins de carrières des enseignants, sur les difficultés des personnels administratifs et sur la situation des contractuels. Cette rencontre a été aussi l’occasion d’évoquer la préparation des élections où le Sgen-CFDT de Bretagne a bien l’intention de conforter sa position pour peser sur les choix futurs pris dans l’académie de Rennes. Journée dynamique, riche de rencontres et d’échanges, chaque militant repartant avec l’envie de faire gagner la CFDT. ©Michel Faucou Élections professionnelles 2014 Le secrétaire général du Sgen et Michel Faucou au rassemblement interprofessionnel des élus CFDT à Morlaix le 6 février 2014. 8: Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 Vieux livres de la Société historique de Basking Ridge © William Hoiles from Basking Ridge, NJ, USA/ Wikimedia Des programmes scolaires aux curriculums Réalisé par Jean-François Le Clanche, Anne-Marie Martin, Claudie Paillette, Albert Ritzenthaler, Guillaume Touzé Marqué par l'encyclopédisme, le système scolaire a du mal à sortir d'une vision « compilatoire » des savoirs enseignés. Au moment où le Conseil supérieur des programmes se penche sur la réécriture du socle commun de connaissances, de compétences et de culture, Profession Éducation ouvre le dossier d'une réforme curriculaire de l'enseignement. Éclairages européens, apports de l'enseignement agricole, BTS modulaires... des pistes existent. Il s'agit de pouvoir mettre en place une École où, à la fin, priorité soit donnée à ce que les jeunes ont réellement appris, plutôt qu'à la masse de tout ce que l'on voudrait qu'ils sachent ! Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 :9 DOSSIER Curriculums, l'éclairage européen La commission européenne « Éducation et culture » éclaire cette question complexe des curriculums à travers le prisme de la responsabilité et de l'autonomie des enseignants, et de celles des établissements. Dans une très grande majorité de pays européens, les réformes d'autonomie scolaire, souvent couplées à des mesures de décentralisation, permettent désormais aux enseignants d'intervenir dans la conception même des curriculums mis en œuvre dans leurs établissements scolaires. À l'exception de la Finlande (pays pionnier dès 1980), les politiques d'autonomie pédagogique se sont majoritairement développées dans les années 1990. Les États centralisés ont défini des prescriptions générales (objectifs, recommandations, standards pédagogiques), laissant la possibilité aux établissements de concevoir localement des contenus d'enseignement. Inversement, dans des pays historiquement très décentralisés sur le plan de l'autonomie pédagogique, les « pouvoirs organisateurs » ont progressivement restreint cette liberté en définissant des standards nationaux (Royaume-Uni, Belgique). La définition d'objectifs et de standards nationaux et l'élaboration des curriculums, des programmes d'études au sein des établissements (sous la responsabilité des chefs d'établissement et des équipes pédagogiques) a pour conséquence de laisser une part parfois importante de « programmes » au choix des établissements. L'élaboration dans les établissements de programmes (contenus, progressions, répartition entre matières et années d'études) entraine une diminution de la liberté pédagogique individuelle pour renforcer celle des équipes d'établissement. La France, qui se pose aujourd'hui cette question du rapport entre le local et le national dans la définition du socle et des programmes scolaires, peut utilement tirer profit de plus de vingt ans d'expériences en Europe. S 'il est un invariant dans notre système éducatif depuis maintenant un siècle et demi, c'est bien la notion de programme et le sentiment de trop-plein qui va avec. En 1950 un article du Figaro 1 s'amusait d'un commentaire de la réforme de 1872 : « Le programme actuel est toute une encyclopédie. Un élève qui possèderait réellement cet ensemble de connaissances serait un savant au sortir du collège. Le malheur, c'est que la journée a vingt-quatre heures en 1872 comme en 1802 ; que les enfants ont le même besoin de repos et de sommeil ; qu'en les surchargeant de travail outre mesure, on nuit également à leur santé et à leur progrès. » LE GOÛT FRANÇAIS POUR LES PROGRAMMES AMBITIEUX Mais tout aussi invariable et récurrente est la mobilisation, au moment de l'écriture, pour défendre des programmes « ambitieux » et complets. C'est que la logique reste celle de listes de notions classées par discipline, notions qui sont en général celles qui font partie du bagage culturel des rédacteurs. De l'élève, de ses apprentissages, il est fort peu question. 10: Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 Cette focalisation sur les contenus plus que sur les apprentissages a par ailleurs conduit à laisser les programmes évoluer discipline par discipline, voire, au lycée, série du baccalauréat par série du baccalauréat. Dans les enseignements technologique et professionnel, aux objectifs plus précis, la notion de référentiels ainsi qu’une approche par niveaux de maitrise des compétences permettent une évaluation des progressions plus formatrice. Au contraire, pour la scolarité obligatoire, les débats engagés sur la base de la vie citoyenne et professionnelle qui ont précédé l'institution du socle commun au début des années 2000, ont vite tourné à la querelle maximum/minimum et ont abouti à un listage destructeur de microcompétences. Le triste livret de compétences (LPC), justement caricaturé en usine à cases, a longtemps freiné la mise en œuvre du socle commun. Une habitude bien ancrée donc. Régulièrement, cette définition au niveau national et en extension des contenus scolaires a conduit le ministère à préciser la « liberté pédago- + d’autonomie Estonie & Espagne Lituanie Islande Slovénie Finlande Le long chemin des réformes curriculaires en Europe Sources : rapports EURYDICE « Responsabilité et autonomie des enseignants en Europe » (2008) et « L'autonomie scolaire en Europe. Politique et mécanismes de mise en œuvre » (2007). Quant à la progression, elle se résume souvent à un découpage en dix ou douze tranches annuelles pour parvenir à ce que doit avoir abordé le candidat aux concours des grandes écoles. Italie 1990 1992 1995 1996 1999 2000 1980 RoyaumeUni République tchèque 2004 RoyaumeUni 2006 Belgique – d’autonomie TROUVER UN SEMBLANT DE COHÉRENCE DANS LES APPORTS DE L'ÉCOLE... Outre qu'elle individualise le travail enseignant, cette conception de la liberté pédagogique difficile à faire admettre par les corps d'inspection locaux empêche toute réflexion sur l'autonomie collective au niveau de l'école ou de l'établissement. Le collège Anatole France, Drancy © Ykmyks, Wikimedia Commons gique » des enseignants : « Le professeur peut, s'il le juge utile, négliger certains points et insister sur les parties plus accessibles ou plus nécessaires aux élèves particuliers qui lui sont confiés ; le programme sera considéré comme un programme maximum » (1902). Consigne d'autant plus performative que c'est l'autre spécificité du système éducatif français, à savoir l'examen couperet terminal, qui guide les enseignements et force, en quelque sorte, à « respecter » les programmes (on a d'ailleurs été jusqu'à créer des évaluations nationales là où l'examen manquait dans le premier degré). À cause de ce tropisme disciplinaire, l'Éducation nationale a été conduite, pour assurer son autre mission 2, à multiplier les parcours transversaux et les « éducations à... » sur un mode parallèle aux programmes, continuant de laisser aux élèves qui le peuvent le soin de trouver un semblant de cohérence dans les apports de l'École. sont emparé en mettant en avant l'entrée par les contenus. Pas sûr que les curriculums disciplinaires répondent au besoin de cohérence que la société numérique rend vital. Retenons ce souhait : « Tout projet éducatif se devrait d’assurer une certaine cohérence entre les finalités éducatives générales, les contenus d’enseignement, leur mise en œuvre et leur évaluation 3. » LE CURRICULUM, UNE NOUVELLE LOGIQUE En tout état de cause, cette logique curriculaire que le conseil supérieur des programmes fraichement installé revendique, devrait permettre de s'intéresser davantage à ce que les élèves apprennent, à la façon dont ils construisent leur parcours. Depuis la fin du xxe siècle, les éclairages (et les comparaisons) internationaux ont fait émerger une autre logique, celle de curriculum. En France, dans les dictionnaires courants, le mot ne se trouve que dans l'expression latine curriculum vitae et ne reflète donc que la notion de parcours constaté, alors que l'acception anglo-saxonne tend plutôt vers celle de... programmation de parcours d'études. Dans le monde des sciences de l'éducation, les débats autour du mot sont encore vifs et plusieurs disciplines s'en 1 Pierre Audiat, « La réforme est faite... ». « Le service public de l'éducation prépare les élèves à vivre en société et à devenir des citoyens responsables et libres... », Code de l'éducation, art. L.121-4-1. 3 Annie Feyfant, « Quels contenus pour l'enseignement obligatoire », rapport IFE à retrouver à l'adresse http://ife.ens-lyon.fr/vst/ DA-Veille/85-juin-2013.pdf 2 13 % Des programmes scolaires, vous dites... Trop ambitieux, pénibles, mission impossible... ces termes cumulent 86 % des réponses, le caractère encyclopédique des programmes ne rassurant que 14 % des collègues... Les programmes devraient être moins exhaustifs, plus complémentaires, notamment entre école et collège, et finalement plus ambitieux, dans la mesure où ils auraient dès lors vocation à être réellement assimilés. Mais pour cela, ils ne devraient pas être une simple liste de connaissances formelles, mais constituer un ensemble de savoirs, savoir-faire et savoir-être inscrits dans un véritable socle commun. Source : « Conditions de travail des personnels de collège », Le travail en questions. Enquête Sgen-CFDT, mai-juin 2008. C’est mission impossible, les programmes sont inadaptés à mes élèves. 14 % Ils sont clairs, je sais toujours ce que j’ai à faire et dans quelles conditions. 50 % Ils sont trop ambitieux, on ne peut pas approfondir. 23 % C’est pénible, on ne peut pas atteindre les objectifs que l’on nous demande. Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 :11 DOSSIER Roger-François Gauthier* “ce que les élèves savent a plus d'intérêt que leurs moyennes” * INSPECTEUR GÉNÉRAL DE L'ADMINISTRATION DE L'ÉDUCATION NATIONALE ET DE LA RECHERCHE (IGAENR), EXPERT INTERNATIONAL EN ÉDUCATION, CONSULTANT À Vous faites partie du Conseil supérieur des programmes (CSP) qui doit « proposer une nouvelle architecture pour le socle commun et une charte des programmes »... Vaste programme !? Ce Conseil, mis en place à la suite de la loi de refondation, a pour mission centrale de tirer les programmes d’enseignement hors de ce statut bizarre et tellement français qui fait qu’ils sont à la fois quasi sacrés, et dans une étrange clandestinité : qui les fabrique ? En fonction de quoi ? Qui décide d’en changer ? Faisons-nous l'avocat du diable : ce n’est bien sûr jamais dit comme cela, mais dans les faits, ce que l’École enseigne, est-ce si important ? L’École n’a-t-elle pas d’abord, toujours dans les faits, à sélectionner ? Ceux qui iront dans les meilleurs lycées, puis dans les fi lières sélectives ? Ce Conseil a adopté une perspective radicalement inverse et, bien sûr, dérangeante : ce que l’École enseigne est en soi important ! Les questions posées sur les savoirs, sur l’apprentissage de la liberté de penser, sur la définition d’une culture commune, sur ce qui est indispensable à tous, sur le type de profi l des élèves en sortie, doivent, selon nous, reprendre plus de force que les procédures d’évaluation et de sélection. Ce que les élèves savent a plus d’intérêt que leurs moyennes. Disons-le clairement : ces réflexionslà, sur les savoirs, sur les programmes, il nous semble nécessaire de les creuser – un immense travail est à faire – et de les diff user, de faire d’une réflexion sur les programmes une partie essentielle de la maitrise professionnelle des maitres. C’est pour cela que nous proposerons bientôt, sous le nom de Charte des programmes, un texte consacré à cet objet, le programme d’enseignement. Pour qu’un consensus soit recherché sur des questions aussi importantes que le lien des programmes aux savoirs savants, leur rythme de renouvellement, l’évaluation de leur prise réelle sur les élèves dans leur diversité, la part à faire entre prescription et liberté des acteurs ou la recherche de la meilleure évaluation des élèves. Quelles sont, de votre point de vue, les pistes de travail qui permettront d'aller vers une conception plus « curriculaire » des contenus d'enseignement en France ? Pourquoi parle-t-on de curriculum ? Non pas pour céder à un effet de mode, mais parce qu’on considère que, pour que les scolarités ne sécrètent pas autant d’échec qu’elles le font, il faut se préoccuper, beaucoup plus que ce n’est traditionnellement le Éléments bibliographiques Outre sa participation à de nombreux rapports d'inspection générale, dont vous retrouverez une sélection sur notre site, Roger-François Gauthier est l'auteur de : – L'École et l'Argent, quels financements pour quelles finalités ? (avec André Robert). Paris, Éditions Retz, 2005. – Les contenus de l'enseignement secondaire dans le monde : état des lieux et choix stratégiques. Éditions de l'Unesco, 2006. – « "Malgoverno" éducatif et questions curriculaires en France : fi l rouge sur travaux (1985-2010) », thèse de doctorat sous la direction d'André Robert, université Lumière Lyon 2, janvier 2011. 12: Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 ©Isabelle Lacaton L'UNESCO, MEMBRE DU CONSEIL SUPÉRIEUR DES PROGRAMMES. cas, des cohérences effectives entre les savoirs des différentes disciplines et niveaux, entre les programmes et les évaluations, entre les programmes et l’équipement initial et continu des maitres, etc. En touchant aux programmes, on est conduit non seulement à modifier un paysage normatif mais aussi à reconsidérer certains rituels sociaux, à remettre en cause les intérêts toujours dominants de l’immobilisme, à interférer avec un paysage intellectuel préexistant qu’il s’agit en effet d’améliorer et d’enrichir. On n’est pas en surface. Mais je suis personnellement très confiant dans la capacité et même dans le souhait des maitres de mieux se saisir de tout cela, et dans la maturité des acteurs que nous rencontrons à s’ouvrir à ces questions. À une condition, ne pas être pris pour des exécutants à qui le changement est prescrit à la hâte, ne pas se voir prescrire des mots gadgets ou des évolutions étrangères à adopter sans examen, comme ce fut parfois le cas ces dernières années. Retrouvez l'intégralité de l'interview et de la bibliographie sur notre site : www.cfdt.fr/interview-gauthier Diplômes, référentiels et modularisation Par Albert Ritzenthaler Pour un CAP, un bac pro ou un BTS, le diplôme se définit par un document d'au moins 80 pages. Il se compose d'un référentiel d'activités professionnelles, d'un référentiel de certification découpé en unités de formation et d'un règlement d'examen. Il est compatible avec la formation initiale en lycée, l'apprentissage et la formation continue des adultes. Il est élaboré avec des professionnels et présenté en commission professionnelle consultative (CPC) où siègent des représentants des employeurs, des salariés et des personnels enseignants. Les diplômes sont ensuite présentés au Conseil supérieur de l'éducation (CSE) qui émet un avis. Dans chacune des CPC et au CSE, la CFDT représente les salariés et le Sgen-CFDT les personnels de l'Éducation nationale. Noter sur 20 une compétence ? Les diplômes professionnels sont organisés autour de compétences à évaluer. Le contrôle en cours de formation doit permettre d'évaluer les compétences terminales au fur et à mesure de leur acquisition. Or, l'organisation des enseignements s'établit toujours autour de la classe, des disciplines, de la moyenne, et de l'examen terminal pour une part du diplôme. Alors que les unités de formation peuvent être communes à plusieurs diplômes, les parcours de formation restent linéaires avec le redoublement ou l'hypothétique passerelle comme seuls éléments de souplesse. Le diplôme professionnel valide les compétences acquises alors que le lycée place toujours la note et l'examen terminal comme horizon. Ces deux logiques contradictoires ne s'accordent qu'au prix d'un investissement considérable de la part des enseignants, et contribuent grandement à la dégradation des conditions de travail. L'exemple des BTS modulaires En 2011, cinq BTS ont été, à titre expérimental, modularisés. Ce dispositif vise à permettre une individualisation des parcours et une meilleure articulation avec la formation tout au long de la vie. La validation des modules à la fin de chaque semestre et la délivrance des crédits ECTS (European Credits Transfer System) permet de faciliter les changements d'orientation dans les parcours de formation des élèves, en lien avec les universités ou la formation continue. Mais là encore, son organisation heurte le fonctionnement classique du lycée. Pourtant, ce modèle pourrait être étendu et généralisé à tous les parcours des lycées et du supérieur, à condition de réorganiser les enseignements. Dans ce domaine, l'immobilisme contribue à la dégradation des conditions de travail des personnels et menace l'existence de ces diplômes au sein de l'Éducation nationale. Cabanes tachanquées © Jibi44 fr.wikipedia DOSSIER Enseignement agricole et ruban pédagogique Le brevet professionnel de responsable d'exploitation en aquaculture est une formation professionnelle de 1 200 heures composée de modules souvent pluridisciplinaires. Au centre de formation de Quimper, l’équipe pédagogique calait avant la rentrée chronologiquement début et fin des examens. Cette construction était formalisée au sein du ruban pédagogique. Ainsi, les mathématiques commençaient en début d’année, base indispendable avant d’aborder la comptabilité. À la mi-octobre, les heures de ce module étant épuisées, la comptabilité démarrait. Dans ce système, la date des évaluations est choisie par les formateurs qui sont également les concepteurs des épreuves d’examen. Le jury (composé de formateurs et de professionnels) les valide en commission ou exige des ajustements. Dans ce cadre, le coordonnateur doit concevoir l'emploi du temps en respectant ce ruban. Cette pratique demande du temps de concertation et une bonne organisation. En outre, les formateurs doivent accepter d’avoir, chaque semaine, un emploi du temps variable. Le rôle du coordonnateur est central et l’administration doit faire preuve de souplesse. Ce dispositif, contrôlé par l’autorité académique, favorise l’innovation pédagogique. Grâce au ruban, chaque formateur a une vue globale de la formation et de son positionnement. En formation initiale, on retrouve ce même principe malgré une absence de souplesse due à l'emploi du temps hebdomadaire. TOUT COMMENCE PAR, TOUT REVIENT À... ... à partir desquelles on spécifie... ... des profils types d’activités professionnelles... ... faisant référence à... ... à partir duquel on élabore... ... des situations d’évaluation définies par des unités, des épreuves, un règlement d’examen... Source : MEN. ... le référentiel des activités professionnelles défini en termes de : - fonctions - activités - tâches... ... le référentiel de certification défini en termes de compétences (savoir-faire + savoirs)... ... auquel correspondent... Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 :13 DOSSIER Quelle éducation pour la vie au XXIe siècle ? Glossaire Échos de l'intervention de Philippe Perrenoud*, lors d'une conférence aux « Rencontres de Brest » de novembre 2013 Au moment où le CSP se penche sur la réécriture du socle commun, Philippe Perrenoud tente de répondre à la question de l'éducation scolaire que l'on souhaite. En France, les prescriptions programmatiques de l'État sont fortes, inscrites dans un curriculum national, mais quel doit être le périmètre de la culture scolaire au sein de la scolarité obligatoire ? D'ailleurs, pourquoi une culture commune ? Pour former des citoyens, des travailleurs, des consommateurs ? Une culture commune, c'est aussi pour faire société. Mais dès lors, il faudrait se poser la question tous les dix ans des évolutions ou des adaptations – d'ailleurs pour atteindre quelles finalités ? L'éducation à la vie ? oui, mais laquelle : vie personnelle ? vie sociale ? vie familiale ? La question des compétences se pose également : quelles compétences enseigner pour préparer à la vie ? Dans la scolarité obligatoire, il faut développer des compétences pour toutes les situations rencontrées, ce qui implique un nombre restreint de compétences, mais qui donne les moyens d'en construire de nouvelles, qui pourront être développées toute la vie. Actuellement le socle commun, ce sont sept grands domaines et 777 compétences : il offre un boulevard aux disciplines et il n'est finalement qu'un compromis douteux ne satisfaisant véritablement que les classes supérieures, car on sait que la préparation à la vie est accessoire. Toutes les disciplines prétendent préparer à la vie. En réalité, elles préparent à la suite des études... On peut aussi se demander si les « éducations à » préparent à la vie : elles occupent moins du quart du temps scolaire, elles ne sont pas pérennes, elles sont souvent mises en place dans une perspective militante et idéologique, soutenues par des lobbies, et en outre le plus souvent non évaluées. Quant aux savoirs vitaux, quasi absents de l'éducation de base, ils sont nombreux (droit, psychologie, sociologie, sciences politiques, urbanisme, architecture...) et majeurs (l'école ne nous prépare en rien à exercer un certain contrôle sur nous-mêmes ou sur notre cadre de vie) : il y a décidément, insiste Philippe Perrenoud, un décalage inquiétant entre une société, complexe, et le contenu des programmes scolaires. La question essentielle que devra donc se poser le Conseil national des programmes est la suivante : qu’y a-t-il d'indispensable dans une discipline au-delà des examens ? La réforme, estime Philippe Perrenoud, « sera démocratique si elle prépare à la vie, plus qu’aux études longues ». Carte mentale du curriculum Capacités : Ensemble d'aptitudes que l'individu met en œuvre dans différentes situations. Une capacité conserve un caractère très général, elle n'est ni observable ni évaluable. Elle se décline en compétences qui traduisent concrètement des situations d'action dans un contexte donné. Compétences : Ensemble de savoirs, savoir-faire et comportements organisés en vue d'accomplir de façon adaptée une activité. Dans une situation concrète, une compétence se traduit par des actions ou comportements observables. Les comportements ou les résultats de l'action sont mesurables ou évaluables. Curriculum : L'Unesco (Bureau international d’éducation ) rappelle qu’il s’agit d’un concept utilisé dans la tradition anglo-saxonne comme équivalent du concept français de « programme d'études ». Il est actuellement repris en pédagogie et en sociologie au sens plus large de « cursus de formation » prenant en compte non seulement les fondements et contenus éducatifs, leur échelonnement en fonction du temps alloué, mais aussi les expériences éducatives, les méthodes, les didactiques à mettre en œuvre, les ressources d’apprentissage et d’enseignement (dont les moyens d’enseignement et les nouvelles technologies), l’évaluation, et le profil des enseignants. * Philippe Perrenoud est sociologue. Chargé de cours à l'université de Genève de 1984 à 2009, il a cofondé et animé le Laboratoire de recherche sur l'innovation en formation et en éducation (LIFE). Ses travaux sur la fabrication des inégalités et de l'échec scolaire l'ont conduit à s'intéresser au métier d'élève, aux pratiques pédagogiques, à la formation des enseignants, au curriculum, au fonctionnement des établissements scolaires, aux transformations du système éducatif et aux politiques de l'éducation. En savoir plus : http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/ perrenoud/php_main/notice.html Préétabli Rythme imposé Centré sur les contenus Rythme personnalisé Ressource unique imposée Curriculum ? Préétabli Rythme adaptable Centré sur les compétences 14: Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 Se construit Programme Parcours Centré sur l’élève Référentiel Ressources multiples à disposition DOSSIER Bibliographie Focus sur deux dossiers de veille de l'Institut français d'éducation Feyfant (Annie) – « Quels contenus pour l'enseignement obligatoire ? », dossier d'actualité Veille et Analyse, no 85, 2013. En ligne : http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA/detailsDossier.php?parent= accueil&dossier=85&lang=fr Tout projet éducatif se devrait d’assurer une certaine cohérence entre les finalités éducatives générales, les contenus d’enseignement, leur mise en œuvre et leur évaluation. L'histoire de l'éducation donne quelques clés pour appréhender la façon dont les systèmes éducatifs se sont appuyés sur telle ou telle structuration des savoirs à enseigner, mais il faut bien l'aide de la sociologie ou de la didactique pour comprendre la construction des contenus d'enseignement, les choix privilégiés par l'une ou l'autre, les rapports entre contenus, savoirs, savoir-faire et apprentissages. Comment fabrique-t-on les contenus d'enseignement en Europe ou aux États-Unis ? Quelles sont les idéologies sous-jacentes, les modalités de mise en œuvre, leur évaluation et leur réception par les élèves ? Les contenus d'enseignement ne peuvent être alimentés par les seules disciplines universitaires, dans une pure vision de transposition didactique. Les pratiques sociales et leurs interférences avec la forme scolaire supposent la construction d'autres contenus, pour d'autres savoirs que les seuls savoirs savants. La conception des contenus doit s’envisager dans le cadre plus global du curriculum, processus intégrant des impératifs d'ordre didactique, sociologique, pédagogique. La reconnaissance d'une approche par compétences, notamment transversales, transforme l’approche des contenus d’enseignement et donne une assise aux « éducations à » et aux disciplines « autonomes ». Rey (Olivier) – « Contenus et programmes scolaires : comment lire les réformes curriculaires ? », Dossier d'actualité Veille et Analyse, no 53, 2010. En ligne : http://ife.ens-lyon.fr/vst/DA/ detailsDossier.php?parent=accueil&dossier=53&lang=fr Les contenus d’enseignement apparaissent souvent comme des savoirs naturels, « déjà là ». Pourtant, de nombreux travaux montrent combien les choix de contenus sont loin d’être neutres : avant d’être stabilisés sous la forme d’une discipline ou d’une matière, les contenus sont le produit d’un jeu complexe de réseaux, de groupes de pression, de luttes sociales et de conflits d’intérêts. Le concept de « curriculum » est généralement utilisé dans ce type de démarche, car il permet d’intégrer aussi bien la question des contenus que celles des objectifs de l’éducation, des modes d’évaluation, des dispositifs et supports pédagogiques ou encore des parcours dans le système éducatif. Encore peu usité en France, le curriculum est, dans de nombreux pays, non seulement un objet de recherche, mais aussi un outil d’action éducative, utilisé par les responsables des politiques publiques. Cette approche permet d’appréhender des réformes au niveau international marquées par des oscillations entre contenus scolaires traditionnels et connaissances extrascolaires, entre acquisition de compétences et retour aux fondamentaux, entre sélection des élites et culture commune, entre formation du futur citoyen et formation du futur professionnel... La notion de curriculum apparait ainsi particulièrement pertinente pour aborder l’introduction du socle commun en France. Réforme curriculaire sur bien des aspects inédite dans l’Hexagone, la loi de 2006 sort en effet de la logique technique des programmes pour poser au niveau politique la question des objectifs et des contenus de l’éducation. Elle a donc des conséquences profondes sur les disciplines, sur l’évaluation ou encore sur la façon d’enseigner. Le curriculum permet enfin de saisir la spécificité de la culture scolaire et son rapport à la société : quels contenus sont les plus pertinents pour assurer à la fois la démocratisation scolaire et une culture commune qui ait du sens pour tous les membres d’une société ? Retrouvez les liens cliquables sur www.cfdt.fr/dossier-pe-226 Raulin (Dominique) – Les Programmes scolaires : des disciplines souveraines au socle commun. Retz, 2006. Perrenoud (Philippe) – Quand l’école prétend préparer à la vie… ESF, 2011. Gauthier (Roger-François) [coord.] – « Le curriculum dans les politiques éducatives », Revue internationale d'éducation de Sèvres, no 56, avril 2011. Sur la toile La page de Philippe Perrenoud sur le site de l'université de Genève : http://www.unige.ch/fapse/SSE/ teachers/perrenoud/php.html Le site des rapports de la commission européenne : http://eacea.ec.europa.eu/ education/eurydice/thematic_ reports_fr.php En particulier : « Développer les compétences clés à l'école en Europe : défis et opportunités pour les politiques en la matière » : http://eacea.ec.europa.eu/ education/eurydice/documents/ thematic_reports/145FR.pdf « Responsabilités et autonomie des enseignants en Europe » : http://eacea.ec.europa.eu/ education/eurydice/documents/ thematic_reports/094FR.pdf « Autonomie scolaire en Europe. Politiques et mécanismes de mise en œuvre » : http://eacea.ec.europa.eu/ education/eurydice/documents/ thematic_reports/090FR.pdf Le site du Bureau international de l'éducation (Unesco) : Concernant le développement curriculaire : http://www.ibe. unesco.org/fr/themes/themescurriculaires/developpementcurriculaire.html Les définitions du curriculum : http://www.ibe.unesco.org/AIDS/ doc/cecilia_fr.pdf Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 :15 CREPS Repères historiques L'idée de centres régionaux assurant les mêmes missions en lien avec le sport émane de Léo Lagrange à l'époque du Front populaire, mais c'est Jean Borotra, Haut-commissaire à la Jeunesse et aux Sports sous le gouvernement de Vichy, qui a créé les Centres régionaux d'éducation générale et sportive (CREGS). Vingt-et-un établissements ouvrent leurs portes à partir de 1941, rebaptisés après-guerre Centres régionaux d'éducation physique et sportive. Destinés principalement à la formation des professeurs d'éducation physique et sportive et à l'accueil des stages sportifs, ils sont placés sous la tutelle de l’Éducation nationale (jusqu'en 1981) et des secrétariats et ministères de la Jeunesse et des Sports successifs. Un moment remis en cause par les premières lois de décentralisation, ils deviennent « Centres régionaux d'éducation populaire et de sport » par le décret no 86581 du 14 mars 1986 qui précise leur organisation administrative et financière, ainsi que leurs missions. Celles-ci relèvent alors de domaines variés : accueil et formation des sportifs de haut niveau, mais aussi contribution à l'animation sportive régionale, formation aux métiers de l'encadrement sportif et de l'animation, accueil des mouvements associatifs de jeunesse et d'éducation populaire. En 2009, ils atteignent le nombre de vingt-quatre (dont deux CREPS ultramarins), soit un établissement par région. Mais décision est prise par le gouvernement Fillon d’en dissoudre huit (certains étant repris en partie par les collectivités) dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP), pour des raisons uniquement budgétaires. Les seize CREPS qui restent voient leurs missions recentrées sur la haute performance sportive, sur le double projet des jeunes sportifs (études en parallèle de leur préparation sportive), et sur une offre de formation aux métiers de l'encadrement des activités sportives, ainsi que sur la formation initiale et continue des cadres supérieurs du sport, tandis que les formations aux métiers de l'animation subsistent, mais de façon plus aléatoire. En juin 2011, un décret change le statut administratif des CREPS, établissements publics nationaux, avec une autonomie de gestion renforcée, mais aussi leur nom : ils deviennent dès lors « Centres de ressources, d'expertise et de performance sportives ». Syndicat académique et personnels de CREPS, un enrichissement mutuel Le regard de Nadine Bielle, secrétaire générale du Sgen-CFDT Midi-Pyrénées LE CHAMP DE SYNDICALISATION de notre syndicat général inclut les personnels du CREPS. L’étendue de notre académie et le nombre important de personnels ont fait que, trop longtemps, les militants se sont tenus éloignés de ce site. La signature du protocole d’accord portant sur la sécurisation des parcours professionnels des agents contractuels dans les trois versants de la Fonction publique (en mars 2011) nous a amenés à recenser les personnels de notre académie éligibles aux nouveaux dispositifs. C’est ainsi que nous avons pu constater à quel point le fonctionnement du CREPS reposait sur des personnels non titulaires : des services indispensables étaient assurés par des CDI. Jean-Marc Grimont, responsable du dossier Jeunesse et Sports au niveau fédéral, s’est rendu à plusieurs reprises sur place pour échanger avec les personnels. Le lien s’est par la suite créé entre le syndicat académique et la section CREPS. Un état des lieux de l’établissement a rapidement permis de mesurer le travail nécessaire : un seul syndicat présent, une information auprès de l’ensemble des personnels non formateurs quasi inexistante, des instances internes réservées aux formateurs, une gestion très particulière de l’action sociale, un document unique plus que minimaliste, une multitude de contrats précaires… Résultats électoraux en 2011 dans les établissements relevant du ministère des Sports (INSEP, CREPS et écoles nationales) par extraction des votes au comité technique ministériel Source : ministère des Sports, de la Jeunesse, de l'Éducation populaire et de la Vie associative. 16: Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 © Jean-Marc Grimont le travail fourni soit reconnu par un vote favorable lors des prochaines élections… Or les élections au comité technique (CT) avaient lieu quelques mois plus tard. Grâce à la mobilisation des personnels (hors formateurs), le Sgen-CFDT a obtenu trois sièges sur quatre en comité technique spécial (CTS) et deux sièges sur trois au comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Le travail en faveur de l’ensemble des personnels pouvait donc débuter... Le syndicat académique a donné la priorité à la formation en CHSCT des élus, dispensée par l’URI. Un stage « nouvel adhérent » a ainsi permis de faire découvrir le fonctionnement de notre organisation. Le syndicat académique a contractualisé un GPS (gestion des protocoles et suivi) afi n d’aider la section dans son développement. Cette aide a permis d’équiper la section d’un ordinateur portable et d’ouvrir systématiquement les formations aux personnels CREPS. Si l’on faisait le bilan de ce que le syndicat académique peut apporter à une section CREPS, je dirais de la formation syndicale, une mutualisation des pratiques, une aide logistique, des conseils. Mais, me dira-ton, qu’est-ce qu’une section CREPS apporte en retour à un syndicat académique ? On pourrait facilement répondre : des adhérents, de la représentativité, etc. Mais le vrai apport n’est pas là : c’est une vision différente des métiers, très enrichissante. Il faut avoir entendu les personnels partager leur souci pour tel ou tel athlète qui leur est confié, ou se réjouir d’une performance sportive, ou se préoccuper de la qualité de l’internat, ou expliquer quelles ligues sont présentes sur l’établissement pour mesurer cette différence par rapport à ce que nous connaissons pour le premier ou le second degré. Et quel apport pour un militant syndical overbooké ? Si d’aventure, à un moment ou un autre, un léger découragement vous saisit ou si vous doutez de ce que notre spécificité de syndicat général peut apporter… allez donc faire un tour sur le site du CREPS le plus proche… le sens de votre engagement syndical s’en trouvera immédiatement revivifié… Les élus et la section ont effectué un travail considérable de suivi des personnels éligibles à la loi no 2012-347 du 12 mars 2012 relative à l'amélioration des conditions d'emploi des agents contractuels dans la fonction publique, dite « loi Sauvadet ». Retrouvez le mois prochain la suite de nos pages CREPS Grâce à la présence en CT et en CHSCT, une plus grande transparence existe à ce jour. Nous souhaitons tous que Le CREPS de Toulouse Midi-Pyrénées C’est un établissement public administratif implanté sur 23 hectares, dont 53 000 m2 de terrains sportifs et 18 000 m2 de salles couvertes. Il affiche un budget de six millions d’euros, dont 75 % en ressources propres. Soixante-quinze agents de l’État titulaires et contractuels y travaillent (formateurs, médecins et kinésithérapeutes, personnels administratifs et techniques…), ainsi que cinquante-deux entraineurs nationaux et cadres des fédérations sportives. Le CREPS de Toulouse accueille près de 350 athlètes dans onze pôles France (un pôle regroupe les sportifs de haut niveau d’une discipline sportive) et huit pôles espoirs, une partie résidant en internat (capacité d’hébergement : 190 lits). C’est aussi un établissement de formation aux métiers de l’encadrement du sport, avec une offre de plus de quarante formations chaque année, un centre de formation en apprentissage (CFA). En 2012, 1 300 stagiaires ont été formés au CREPS. Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 :17 NUMÉRIQUE Formation continue à distance des professeurs des écoles Vers la confiance et l'autonomie ? Par Isabelle Lacaton Dans le cadre de la stratégie ministérielle visant à faire entrer l'École dans l'ère du numérique, de nouveaux services numériques (11 plateformes) sont proposés aux enseignants, aux élèves et à leurs parents. M@gistère est l'un de ces dispositifs, et va servir à la formation continue à distance des professeurs des écoles. En effet, dans le cadre de la redéfinition des obligations de service des professeurs des écoles (circulaire « 108 heures »), au moins 9 des 18 heures consacrées aux animations pédagogiques et à la formation continue doivent être consacrées à des sessions de formation à distance sur supports numériques. Une vingtaine de parcours de formation de 3, 6 ou 9 heures, réalisés par la direction générale de l'enseignement scolaire et le CNDP (entre autres exemples de modules : l'aménagement de l'espace à l'école maternelle, le respect d'autrui et de la différence, les activités graphiques, prendre en compte le handicap, l'autisme, des fractions aux nombres décimaux...), devaient être opérationnels dès janvier 2014. Il semble qu'il y ait du retard. Cette formation innovante est fondée sur le travail collaboratif, l'interactivité, la confiance et l'autonomie de l'enseignant. Pilotée au niveau départemental en lien avec le plan académique de formation, elle se présenterait sous des formes attractives, conviviales et très variées : vidéos, conférences, forums, classes virtuelles... L'enseignant construit son parcours et gère son « carnet de bord ». La mise en place de ce dispositif se fait progressivement dans chaque académie. Beaucoup d'entre elles n'en sont actuellement qu'à la formation des formateurs. M@gistère est a priori un outil prometteur, avec une attractivité en devenir, à condition qu'il réponde vraiment aux besoins des enseignants, et qu'il se démarque de la rigidité institutionnelle. Premiers pas de l'Éducation nationale dans la culture « 2.0 » et dans l'horizontalité de l'accès au savoir ?! À suivre... Le Scérén devient CANOPÉ D'emblée, le site s'ouvre sur cette définition du dictionnaire Larousse : « Canopée [n. f.] : Étage sommital de la forêt tropicale humide, qui abrite la majorité des espèces y vivant. » Un nom qui évoque « un écosystème riche basé sur la diversité et l’adaptabilité, un lieu foisonnant et stimulant d’expérimenta- 18: tion et d’échanges. » La refonte de ce réseau s'inscrit dans la stratégie pour « faire entrer l'École dans l'ère du numérique ». L'objectif est de mieux répondre aux besoins des enseignants, et d'accroitre et de diversifier l'offre des ressources multimédias. Un nouveau site et une librairie en ligne seront lancés en avril 2014, avec pour principe la mutualisation de contenus, gratuits ou payants. La création des ressources pédagogiques sera davantage liée au terrain (enseignants, Espé, Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 établissements) et aux nouvelles pratiques pédagogiques induites par le numérique. Les liens avec tous les partenaires du numérique éducatif (rectorats, collectivités territoriales, Espé, associations et parents d’élèves) seront renforcés. C'est l'offre de proximité qui marquera la différence avec des « ateliers Canopé, espaces de créativité, de collaboration, d’expérimentation et de formation, pour accompagner les nouvelles pratiques pédagogiques ». Ce nouveau dispositif a été présenté par Vincent Peillon au siège de Canopé au Futuroscope le 3 février 2014. Pourtant, de nombreux CDDP sont fermés, menacés de fermeture, ou en attente d'« expulsion ». Le Sgen-CFDT s'inquiète de cette incohérence et restera vigilant (Cf. le communiqué de presse no 37 du 3 février 2014). Site de Canopé : www.reseau-canope.fr Communiqué de presse du Sgen-CFDT : www.cfdt.fr/cp-cndp PUBLI-RÉDACTIONNEL BUDGET FAMILIAL TROUVER LE BON ÉQUILIBRE Automobile moto 11,9 % Alimentation restauration 15,3 % Le logement + la voiture + les assurances Loisirs, culture 6,8 % Habillement 5,9 % = 40,8 % du budget d’une famille sans complaisance. En commençant par le logement, l’automobile et les assurances, que l’on croit souvent incompressibles. Le logement, premier poste de dépenses Assurances 4,8 % (auto / logement / santé) Communication 2,7 % Logement 24,1 % Santé 2,7 % Source : Insee, dernière enquête budget de famille. Avec plus de 40 % des dépenses familiales consacrées au logement, à la voiture et aux assurances, l’équilibre du budget familial est un art délicat. Tour d’horizon des marges de manœuvre. A ujourd’hui, repenser l’équilibre de son budget familial est devenu une nécessité très largement partagée. Avec un recul historique de leur pouvoir d’achat et des perspectives économiques qui les font douter de l’avenir, les ménages français sont plus que jamais à la recherche d’économies dans leurs dépenses. Alors, significatifs ou plus modérés, ponctuels ou récurrents, quels gains espérer sur quels postes de dépenses et surtout comment agir ? En ne laissant rien au hasard et en étudiant tous les types de dépenses, Représentant aujourd’hui à lui seul le quart du budget familial (voire le tiers pour les propriétaires accédants), le logement paraît à première vue un domaine dans lequel il est de plus en plus difficile de pouvoir réaliser des économies. D’autant que les prix de l’immobilier dans l’Hexagone ont progressé deux fois plus vite que les revenus des Français au cours des dix dernières années et se sont même envolés en région parisienne. Et pourtant, sans être obligé de déménager ni partager sa maison ou son appartement, des solutions existent. La conjoncture actuelle a amené les organismes de crédit à pratiquer des taux exceptionnellement bas et il est intéressant d’en profiter. On emprunte aujourd’hui aux alentours de 3 %, contre 5 % il y a 5 ans. Pour les primo-accédants à la propriété, c’est donc le moment d’emprunter en négociant sérieusement le taux et les conditions générales de leur emprunt. Quant à ceux qui sont dans leurs premières années de remboursement, ils ne doivent pas hésiter à remettre en PUBLI-RÉDACTIONNEL concurrence les taux et conditions de leur financement. Au début d’un prêt, les intérêts peuvent représenter plus de 50 % des mensualités, l’effet renégociation est donc maximisé. Philippe, propriétaire d’un appartement à Bordeaux, témoigne : « J’ai renégocié mon crédit récemment. Résultat : 25 000 euros de gagnés, après déduction des frais de rachat anticipé, de dossier et de garantie. Pas mal ! » De fait, une renégociation de crédit est rentable lorsque l’écart de taux entre le crédit en cours et celui qui peut être obtenu dépasse 1 %. La renégociation permet de raccourcir la durée du prêt, ou d’alléger les charges de remboursement. Bien négocier l’achat de sa voiture, c’est possible ! Moyen de transport souvent incontournable pour se rendre sur son lieu de travail, la voiture coûte cher. Cher à l’achat mais aussi à l’usage, avec des frais d’entretien non négligeables et des coûts de carburant qui augmentent régulièrement à la pompe. Parallèlement, la valeur des véhicules à la revente décote souvent rapidement, incitant les familles à acheter de plus en plus de voitures d’occasion, avec des risques et des coûts de réparation associés parfois élevés. Pour éviter ces désagréments « Renégocier notre prêt immo nous a permis de revoir à la baisse nos mensualités. Un peu de souplesse côté budget, ça ne fait pas de mal avec l’arrivée de bébé ! » et faire en sorte que la voiture ne devienne pas un luxe à sacrifier, c’est à l’achat qu’il convient de se montrer à la fois habile et prudent. En négociant une importante remise ou un taux de crédit avantageux pour l’acquisition d’un véhicule neuf, ou encore en achetant une occasion récente garantie. Des moyens sûrs de dépenser moins et sans risque ! De nombreux véhicules neufs se négocient aujourd’hui avec une remise de 20 % mais il faut savoir qu’il est possible d’atteindre jusqu’à 35 voire 40 % dans certains cas, tout en bénéficiant de la garantie constructeur. « J’ai obtenu 40 % de réduction sur le prix d’un monospace neuf. Qui dit mieux ? », s’exclame Benoit, dont la famille nantaise vient de s’agrandir. Et si l’achat d’un véhicule par Internet génère quelques craintes, comme c’est le cas pour beaucoup de ménages français, il sera judicieux de passer par l’intermédiaire d’un assureur tel que la MAIF, dont l’image de marque et la notoriété sont gages de sécurité. S’assurer au juste prix « Une voiture neuve 35 % moins chère, c’est tentant. Mais faire un achat de plus de 15 000 € sur Internet, il faut oser. J’ai osé. Passer par la MAIF, c’est quand même plus rassurant. » «Moi par exemple, j’ai économisé 26 000 € sur mon crédit immobilier, 9 000 € sur l’achat de la voiture, sans compter les assurances superflues que j’ai résiliées... » Alexandre, 34 ans. « Je suis pile dans la cible : pour ma maison, j’ai emprunté en 2010 sur 17 ans. Quand j’ai reçu mon offre de renégociation, j’avoue qu’une telle économie, j’avais un peu de mal à y croire. » Quand l’équilibre budgétaire est difficile à trouver et que la situation économique et financière d’une famille devient tendue, il peut être tentant d’économiser sur les frais d’assurance. Surtout qu’assurer un bien ou une activité n’est pas toujours légalement obligatoire et laisse par conséquent le champ libre aux risques non couverts. Dans d’autres cas de figure, les familles font parfois trop tard l’amer constat que leur contrat d’assurance ne couvrait pas le sinistre qu’elles viennent de subir, les obligeant alors à en assumer elles-mêmes les conséquences financières. Or, la facture peut être lourde ! Sans compter que de très nombreux contrats excluent d’office certains risques, tels que ceux liés à la vie scolaire, aux sports d’hiver ou aux PUBLI-RÉDACTIONNEL MAIF FAMILLES appareils nomades. Il faut alors souscrire des contrats complémentaires au cas par cas et, au final, l’addition est souvent salée. « On m’a volé mon vélo dans ma cave. Mon assurance n’a pas fonctionné. J’ai même découvert à cette occasion qu’il n’était assuré qu’à mon domicile ! Vous connaissez beaucoup de personnes qui garent leur vélo dans le salon ? », déplore Laurence, dans la région de Lille. L’une des solutions les plus économiques et les moins périlleuses consiste à choisir une protection adaptée qui tienne compte des nouvelles configurations familiales et des besoins actuels de chacun, sans superflu. S’assurer judicieusement aujourd’hui, ce n’est pas abandonner des garanties mais penser à une couverture globale qui préserve la sécurité de la famille tout autant que son porte-monnaie. • AGISSEZ SUR VOTRE BUDGET Budget logement Emprunt immobilier1 : recherche des meilleures conditions de prêt GRATUITE économie moyenne Renégociation de crédit1 et 2 - 26 000 € le MAIF Frais de négociation/ renégociation offerts sur maif.fr soit 900 € d’économie supplémentaire3. Budget automobile jusqu’à - 35 % Voiture neuve4 économie moyenne - 400 € Occasion récente4 : garantie 12 mois incluse sur tous les véhicules proposés par Aramis frais de gestion 0€ Crédit auto à taux très compétitif le MAIF Du 17 mars au 12 avril 2014, sur maif.fr, 150 € minimum d’économie supplémentaire5 sur votre voiture neuve ou d’occasion grâce à l’assurance auto MAIF. Budget assurances Avec l’assurance auto MAIF, ces garanties sont gratuites pour les enfants de nos assurés, soit une économie moyenne de : - 40 € - 400 € Conduite occasionnelle assurée6 Surprime jeune conducteur offerte6 Avec l’assurance logement7 MAIF, ces garanties sont gratuites pour toute la famille, soit une économie moyenne de : par objet et par an Garantie des smartphones, tablettes8 « On a économisé les 20 € d’assurance scolaire que l’on payait pour les enfants et les 60 € d’assurance vol de mon téléphone portable. » - 64 € - 40 € - 65 € -10 € par an et par instrument Garantie des instruments de musique6 par voyage Assurance bagages et vol de papiers8 au minimum par enfant Assurance scolaire8 (y compris sorties, séjours) le MAIF 95 % des sociétaires sont satisfaits de la MAIF après un sinistre. Baromètre 2013 de satisfaction post-sinistre conduit auprès de 3 987 sociétaires MAIF. Réduisez vos charges sur www.maif-familles.fr Un crédit vous engage et doit être remboursé. Vérifiez vos capacités de remboursement avant de vous engager. Organisme prêteur : Socram Banque. Offre valable du 17 mars au 12 avril 2014, détails sur www.maif-familles.fr. Exemples non contractuels. 1- Bien immobilier situé en France métropolitaine. Aucun versement de quelque nature que ce soit ne peut être exigé d’un particulier avant l’obtention d’un ou plusieurs prêts d’argent. 2- Économie moyenne de 26 000 € réalisée sur la durée totale du prêt pour les dossiers validés en 2013 par Crédit immobilier direct. 3- Montant de 900 € correspondant aux frais minimum habituellement facturés par Crédit immobilier direct, SAS au capital de 858 000 €, filiale de la MAIF, RCS Niort 445 091 416 61 rue de la Gare - 79000 Niort. Intermédiaire en opérations de banque et en services de paiement non exclusifs inscrit sur le registre unique sous le n° 07030069 (www.orias.fr). 4- Achat de véhicules en partenariat avec Aramis et Auto-IES. Points de livraison situés en France métropolitaine. 5- Avantage sous forme de chèque adressé dans un délai de deux mois minimum pour la souscription d’un contrat d’assurance Vam avant le 31/12/2014 faisant suite à la commande d’un véhicule neuf ou d’occasion sur www.maif.fr entre le 17 mars et le 12 avril 2014. 6- Sources : études concurrence MAIF 2012, suppléments habituellement constatés. 7- Avec les formules Raqvam Équilibre et Raqvam Sérénité. 8- Tarifs moyens constatés dans la presse. MAIF, Société d’assurance mutuelle à cotisations variables - 79038 Niort cedex 9. Filia-MAIF, Société anonyme au capital de 114 337 500 € entièrement libéré, RCS Niort B 341 672 681 79076 Niort cedex 9. Entreprises régies par le Code des assurances. MAIF et Filia-MAIF agissent en qualité d’intermédiaires en opérations de banque et en services de paiement exclusifs de Socram Banque. Filia-MAIF est inscrite sur le registre unique sous le n° 13 003 699, MAIF sous le n° 13 005 068 (www.orias.fr). Socram Banque, Société anonyme au capital social de 70 000 000 €, RCS Niort 682014865 - 2 rue du 24 Février - CS 90000 - 79092 Niort cedex 9. Mandataire en assurance. N° Orias : 08044968 (www.orias.fr). EN DIRECT RYTHMES SCOLA LES ACTEURS DE Propos recueillis par Joël Bonenfant Cathy Pascal. Directrice d'école (3 classes) à Ladignac-sur-Rondelles, 450 habitants, Corrèze. Raphaël Rambaud. Enseignant en école maternelle (6 classes) à Bègles, 25 000 hab., Gironde. Véronique Couvreur. Enseignante en école élémentaire (11 classes) à Lille, 230 000 hab., Nord. 20 % des écoles sont passées à la semaine de 4,5 jours à la rentrée 2013. Les autres le feront à la prochaine rentrée. Comment les enseignants se préparent-ils à ces nouveaux rythmes ? La parole est donnée à Cathy Pascal, Raphaël Rambaud et Véronique Couvreur, trois collègues travaillant dans des communes différentes, mais où on retrouve les mêmes préoccupations. Comment préparez-vous le passage aux 4,5 jours en 2014 ? Cathy Pascal : La démocratie participative a bien fonctionné. Plusieurs réunions ont permis à l'école et à la municipalité de se rencontrer, de poser leurs impératifs et finalement de proposer des horaires scolaires accueillis favorablement par les parents du conseil d'école. Maintenant, il reste à bâtir le périscolaire. C'est ce qui préoccupe les parents. Nous allons en discuter encore en conseil d'école prochainement, avec beaucoup d'ouverture d'esprit, mais en tenant compte des contraintes de chacun. J'ai prévu d'inviter des bénévoles, des présidents d'association, toute personne susceptible de pouvoir intervenir dans le périscolaire. Il faut aussi expliquer nos choix, être pédagogue et dire que le périscolaire ne sera pas le même partout, ce qui n'est pas synonyme d'une qualité moindre. On fera avec nos ressources. J'insiste beaucoup sur le fait que trop de temps collectifs, c'est aussi de la fatigue pour les enfants. Il faut donc proposer des ateliers calmes, accompagnés et surveillés certes, mais dans lesquels les enfants peuvent vaquer librement. Raphaël Rambaud : J'ai été nommé dans une école maternelle de Bègles à la rentrée 2013. Je n'ai donc pas suivi le début du processus de construction des nouveaux rythmes. Je sais néanmoins que la mairie est allée à la ren- 22: Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 contre des équipes en mai et en juin 2013, pour connaitre leurs « souhaits » et pour faire part des réflexions de l'équipe municipale. Dès le mois d'octobre, nous avons validé un projet en conseil des maitres, puis en conseil d'école. Les activités périscolaires sont articulées avec la pause méridienne. La municipalité attend nos propositions quant aux contenus. Nous devrions être très libres, y compris du choix des associations avec lesquelles travailler. Prioritairement – il s'agit bien d'améliorer les rythmes de l'enfant – nous souhaitons proposer des temps de calme et de repos à tous les élèves de moyenne et de grande section qui en ont besoin et permettre une « sieste » écourtée à certains élèves de petite section. Nous souhaitons vraiment mettre la question de la qualité de l'accueil des enfants tout au long de la journée au centre de nos préoccupations. Le passage des enfants entre les lieux, les temps et les personnels sera aussi réfléchie avec les associations dans les semaines à venir. Véronique Couvreur : Comme mes collègues, je me suis impliquée. Je me suis appuyée sur les propositions des équipes et des parents d’élèves élus. La municipalité a réuni un groupe de directeurs, de parents d'élèves et de représentants d'association pour travailler à l’élaboration des nouveaux rythmes. Ces réunions ont donné lieu à des pistes intéressantes qui ont parfois eu du mal à s’harmoniser. La mairie a proposé un schéma répondant partiellement aux enjeux de fond de la réforme. Au mois de janvier, un temps fort d’échanges a permis d'aboutir à une réflexion poussée lors des rencontres du CAPE (Collectif des associations partenaires de l’école publique). Il est capital de se mettre tous autour d’une même table pour envisager cette transition importante. Qu'attendez-vous de cette nouvelle organisation sur les apprentissages scolaires ? Et sur vos conditions de travail ? Cathy Pascal : On attend bien sûr plus de concentration de la part des élèves, plus de disponibilité, une meilleure répartition des apprentissages dans la semaine. Ce qui est très dur actuellement, ce sont les après-midis. À partir de 15 h 30, ils sont bien fatigués. On pense que la cinquième matinée sera bien plus favorable sur le plan pédagogique. Si les élèves sont moins énervés, moins remuants, plus attentifs, ce sont automatiquement nos conditions de travail dans la classe qui s'améliorent. Raphaël Rambaud : Mon attente principale avec ce projet, c'est ce que tout le monde a oublié, y compris parfois le ministre me semble-t-il : une matinée de classe de plus. Que ce soit en maternelle ou en élémentaire, les temps d'apprentissage du matin me semblent plus favorables, ce qui a un impact évident sur les conditions de travail. J'ai d'ailleurs déjà travaillé le mercredi matin. C'est un lointain, mais bon, souvenir. D'autre part, une journée de classe raccourcie de 45 minutes me parait plus facile à vivre. Véronique Couvreur : Nous souhaitons que les enfants bénéficient de matinées plus pro- EN DIRECT LAIRES DE TERRAIN ONT LA PAROLE… Agir localement : l'exemple du Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais fitables aux apprentissages, car plus longues. Il s'avère que les après-midis destinées à des moments de concertation entre collègues et de préparation ou de corrections des activités de classe sont difficiles à mettre en place du fait d’une seule après-midi réellement dédiée aux activités périscolaires. Vous êtes-vous inspirés des expériences des écoles qui sont passées à 4,5 jours à la rentrée 2013 ? Cathy Pascal : En tant que militante SgenCFDT, j'ai beaucoup écouté les collègues que je rencontrais. Ce que j'avais glané comme retours, a alimenté ma réflexion. Cela a permis d'avancer plus vite collectivement dans le projet qui est en train de se construire dans mon école. Raphaël Rambaud : Honnêtement, nous ne les avons pas utilisées, essentiellement par méconnaissance. Les propositions sont extrêmement variées et les évaluations portées par nos collègues, y compris au sein de la même école, peuvent être totalement contradictoires. Véronique Couvreur : Nous sommes en effet à l’écoute des ressentis des collègues des communes voisines qui sont déjà dans le dispositif. Une commune importante comme Roubaix, qui a proposé un aménagement uniforme pour toutes les écoles, semble recueillir des avis positifs. Cette ville a pris le temps de se concerter avec les agents municipaux et a balisé l’encadrement des activités en mettant des référents de sites « animateurs » qui font des liens de qualité avec les enfants, les familles et les structures sociales et sportives du quartier. Lors de la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires, le Sgen-CFDT a défendu l'idée que seuls une action de proximité et un travail en partenariat permettraient de trouver une organisation qui garantisse de bonnes conditions de travail aux personnels et de bonnes conditions d'apprentissage à tous les élèves. Pour accompagner les équipes syndicales dans cette démarche, la fédération a proposé aux militants des fiches-action dont l'objectif était de les aider à construire une action syndicale de proximité entre tous les syndicats CFDT concernés par cette réforme. Quelle démarche syndicale avez-vous adoptée ? Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans les actions menées ? À Lille, bon nombre de collègues ont très mal pris les dérogations annoncées par la municipalité. Celles-ci raccourcissent très peu le temps journalier au profit d’une seule après-midi consacrée aux activités périscolaires et une demi-journée réduite (2 heures) le samedi matin ! Le Sgen-CFDT Nord Pas-de-Calais a proposé des pétitions aux écoles et demandé une audience à madame le maire. Nous avons pu ainsi nous exprimer sur les craintes d’une semaine coupée par un mercredi où les enfants, dont les deux parents travaillent, iraient dans les structures collectives. Martine Aubry nous a répondu qu’elle œuvrait pour la mise en place d’un aménagement des temps de l’enfant avec des propositions d’activités différentes entre les pauses méridiennes et les temps d’accueil du mercredi. Elle a évoqué des créations d’emploi et des recrutements auprès d’étudiants et de personnels qualifi és, ainsi qu’un parcours de formation des agents déjà en place. Elle a convenu que le samedi matin était une matinée trop courte et a accepté de l’allonger en diminuant une autre après-midi. L'action locale du Sgen-CFDT a donc permis de faire évoluer le schéma initial. Quels retours avez-vous eu des collègues que vous avez rencontrés ? Lors de visites dans d’autres écoles, nous avons rencontré de nombreux collègues qui se sentaient frustrés. Ils ont fait des propositions à leur commune mais n’ont pas été entendus. La conjugaison des intérêts des enseignants et des municipalités n'a pas été pas évidente dans certains endroits ! Le Sgen-CFDT a accompagné les collègues. Nous avons organisé une journée de formation syndicale en associant enseignants, élus, inspecteurs de l’Éducation nationale, responsables de structures associatives et personnels territoriaux. Dans un cadre syndical protégé, chacun a pu faire part des diffi cultés rencontrées et de solutions à mettre en œuvre. Les collègues présents ont pu se rassurer et entendre que si tous les partenaires communiquent, un aménagement est possible ! Le partage des outils et l’échange de qualité sont nécessaires pour aboutir à une réforme négociée et de qualité. La possibilité de réunir autour d'une même table des acteurs aussi différents, c’est une grande force de la CFDT ! http://sgen-cfdt-59-62.fr/spip/spip.php?article407 Profession ÉDUCATION | No 226 | Mars 2014 :23
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