SOCIÈTÉ femmes « La femme est l’avenir de l’homme » disait Aragon. Mais en aura-t-elle le choix ? 2013 n’aura pas été de tout repos pour les femmes. Alors que certaines se battent pour garder leurs droits, d’autres se pavanent à moitié nues dans des clips vidéo. Entre les partisantes d’un retour en arrière et celles qui ne voient leur succès que dans l’hypersexualisation, le monde féminin semble se désagréger doucement, mais sûrement. Fort heureusement, tout n‘est peut-être pas perdu ! La femme s’impose désormais à la tête d’entreprises cotées en bourse et (même) en politique. Deux poids, deux mesures qui placent 2014 sous le signe des mises au point. Par Camille Baud, Vianne De Jalras, Morgane Ruiz et Janik Semedo Miley Cyrus lors d’un concert à Vancouver Hillary Clinton le 23 octobre 2012 à Austin, Texas Déchue, porn ou patronne, quel visage aura la femme de 2014 ? pouvant justifier l’avortement, ce que la loi post-franquiste de 1985 autorisait. Pourtant cet exemple de « retour en arrière » n’est pas un cas isolé. En Espagne, cette loi anti-avortement, illustre la crise identitaire du Parti populaire de Mariano Rajoy. Mais dans d’autres pays, le recul des droits des femmes dans la société n’est pas dû qu’aux décisions politiques et masculines. En Turquie par exemple, cela relève de la volonté d’une minorité féminine. En octobre dernier, quatre femmes députés de l’AKP, parti conservateur musulman de l’actuel premier ministre Tayep Recip Erdogan, se sont présentées voilées à l’assemblée nationale. En 1999, une députée avait été expulsée de l’hémicycle pour la même raison. Le pays fait face à un recul inattendu. Il y a 91 ans, Atatürk, fondait la République de Turquie et imposait un pays laïc où tout signe religieux ostentatoire était interdit dans la sphère publique. Un fait surprenant pour beaucoup d’Européens qui ont longtemps assimilé la Turquie Sois femme et tais toi à un pays très conservateur. Pourtant, les femmes turques, ont le droit de vote depuis emain, les femmes devront-elles 1930. Les Françaises, elles, n’ont ce droit que depuis 1944, faire face à des sociétés moins soit 14 ans plus tard. « L’islamisme et l’islam le plus dur propermissives ? Voici une question gressent depuis vingt ans, presque partout dans le monde qui nous ramène bien des années en et notamment en Turquie », précise Christophe Barbier, arrière, mais qu’il faut désormais se poser. À la surprise directeur de la rédaction de l’Express. « Fort heureusegénérale, y compris celle des ment, il ne s’agit pas là d’un Espagnols, le gouvernement de phénomène irréversible mais Mariano Rajoy tente depuis le 20 il faudra plus d’une généradécembre de supprimer le texte tion pour que cela s’inverse à de loi autorisant l’IVG jusqu’à nouveau ». 14 semaines de grossesse. Si ce La France n’est pas première projet passe, l’Espagne sera l’un de la classe quant au droit des des pays européens le plus sévère femmes. Aujourd’hui, notre en la matière. Une initiative qui pays ne semble pas voulaisse sans voix, politiques et loir donner le bon exemple. associations féministes euroEn mars dernier, le Sénat péennes qui se disent « choquées a adopté le projet de loi de que l’on puisse priver la femme Manuel Valls réformant les d’un tel droit ». Désormais, en scrutins locaux. Le texte est accord avec le texte, une femme cependant amputé de sa prinenceinte pourra avorter en invocipale disposition, la création quant « un dommage psycholod’un binôme homme-femme gique ou un viol». Se met alors pour les élections cantonales. en place un parcours du comIl ne reste plus qu’à espérer battant. Plusieurs rendez-vous que le nouveau gouverneobligatoires avec deux médecins, ment pense à appuyer le proun psychologue et une assistante jet et ainsi amener la France sociale, ce qui au total, prend plus vers un sans-faute question d’un mois si ce n’est plus, avant égalité Homme/Femme. d’avoir le feu vert. Une nébuleuse « A long terme, la femme administrative qui rappelle l’obsde demain devrait avoir des curantisme franquiste et signe droits plus complets et surtout Le 14 avril dernier plus de 200 lycéennes un terrible retour en arrière de nigériannes ont été enlevées par le groupe plus solides ! », ajoute Chrisplus de 30 ans. La malformation islamistes Boko Haram. Depuis le mouvement tophe Barbier. Une vision du fœtus n’est même plus un cas #bringbackourgirls est mondial. utopique ? d Crédit Photo : Sami Soussi Cc By-Nc 2.0, Stephen Brashear Pour Associated Press Et Epa/Shawn Thew AP/Sunday Alamba Un slogan lors d’une manifestation pro-IVG à Paris SOCIÈTÉ femmes 왘왘왘 Le Trendsetter 5 4 Le Trendsetter SOCIÈTÉ femmes En attendant, deux modèles s’affrontent : celui des retours en arrière et celui de l’hyper-sexualisation. Importé des Etats-Unis, ce phénomène côtoie les jeunes générations et inquiète femmes et hommes. Néo-féminisme hérité de la diva de la pop Madonna ou commercialisation de l’image de la femme soumise à l’industrie musicale ? m La femme libérée est-elle une salope ? iley Cyrus, Rihanna ou encore Lady Gaga utilisent l’hypersexualisation comme arme commerciale. Tenues sexy et poses lascives, elles sont devenues les maîtresses de la provocation. Derrière leurs images sulfureuses, quel message veulent-elles envoyer? Sont-elles des femmes objets, victimes de l’industrie musicale et de la sur-médiatisation ou maîtrisent-elles leur image ? Selon Jean Blairon, il s’agirait «d’un désir d’émancipation et d’affirmation». Porter des culottes en latex ou des porte-jarretelles est un moyen de clamer haut et fort que l’on est maître de son corps. Ce phénomène s›inscrit « dans la lignée du complexe sexe-culturepub », affirme l’écrivain. L’image de ces stars de la provoc’ est devenue tellement indissociable de leur musique et de leurs ventes d’albums qu’il est difficile de croire qu’elles No women no drive ? En Arabie Saoudite, les femmes n'ont pas le droit de conduire. En signe de protestation, certaines n'ont pas hésité à enfreindre la loi en se filmant au volant. Le 13 septembre dernier, Nina Davuluri est élue Miss America. Après son couronnement, un flot de commentaires racistes a envahi les réseaux sociaux. And the Superwoman of the year is... Au printemps, Angelina Jolie annonçait avoir subi une double mastectomie. Les raisons ? Une anomalie génétique qui l’exposait à un risque très élevé de cancer. Un choix courageux pour le sex-symbol d'Hollywood ! Son acharnement lui a valu le respect de la classe politique. Que ce Beyonce, Jennifer Garner ou encore soit pour Condoleezza Rice se sont engagées promouvoir pour la campagne Ban Bossy. Le but ? le mariage Bannir le terme «bossy» qui se traduit homosexuel par autoritaire. Une expression péjorative ou pour se utilisée pour définir une femme qui a défendre du pouvoir. «Dire à une fille qu’elle est face aux “bossy” l'empêche de se voir comme une attaques leader et influence la manière dont les racistes, Christiane Taubira autres la traitent.» Bien dit Queen B ! aura marqué l’année politique. vrai choix, notamment vers l’ambition ». Mais là où tout devient possible, c’est en politique. Angela Merkel, Alenka Bratusek, Dilma Roussef, Michelle Bachelet,… Toutes ces femmes gouvernent des nations. « Des personnalités comme Aminata Touré, première ministre du Who run the world ? Girls ! Sénégal, ont permis des avancés incroyables en terme d’égal n’y a aucun doute : le monde de demain lité », assure Michèle Vianès. Pourtant elle nuance : « il y a sera plus complexe que jamais pour les de plus ne plus de femmes à des postes à très hautes responfemmes. Leur destin semble, par de nombreux sabilités, mais elles n’ont pas toujours l’objectif d’améliorer les aspects incertains. Pourtant à travers le monde, choses ». À l’opposé, la présidente de Regards de Femmes prédes individus se lèvent. Dans tous les domaines, ils se cise qu’il ne faut pas lutter contre les inégalités par des clichés. dressent pour montrer aux sceptiques, aux oubliées et aux « Il y a des hommes très féministes », reprend-t-elle, « comme découragées que l’évolution est possible. le président Philippin, Benigno Aquino III, qui s’est beaucoup Le 12 juillet dernier, Malala exprimé à l’ONU Femme Yousoufzai, 16 ans, preet a vraiment montré son nait la parole à la tribune engagement ». de l’ONU. La plus jeune Les mots de Barack nominée pour un prix de Obama prononcés lors Nobel de la paix a reçu une de son discours sur l’état standing ovation de plude l’union le 28 jansieurs minutes. Et pour vier 2014, résonnent cause : Malala est une resencore : « Aujourd’hui, les capée des talibans pakistafemmes représentent envinais. Dans son pays, depuis ron la moitié de la mainl’âge de 13 ans, elle élève d’œuvre mais elles gagnent la voix et ouvre la voie. toujours 77 cents quand les Son combat est pourtant hommes gagnent un dolsimple. Que les filles, au lar. C’est mal, et en 2014, même titre que les garc’est embarrassant ». La çons, puissent avoir accès parité homme-femme est à l’éducation. « Les extrédevenue une priorité pour mistes ont peur des livres de nombreux pays. En et des stylos », expliquaitFrance, une application elle, « le pouvoir de l’édumobile à l’initiative de la cation les effraie. » Elle, n’a ministre des droits des femmes, Najat Vallaudpas peur. Malgré une tentative d’assassinat à la sortie Belkacem, a été lancée il y de son école, l’enjeu est trop a quelques semaines. Elle grand. « Le développement permet aux femmes d’évane peut passer que par les luer leurs compétences femmes », assure Michèle et de se coacher pour ne Vianès, présidente de plus avoir peur de se coml’ONG Regards de Femmes parer aux hommes et de qui luttent pour promouvouloir le même salaire. voir la parité politique et Enfin, le 3 janvier 2014, professionnelle en France par décret du président et dans le Monde. Malala Le 14 avril dernier plus de 200 lycéennes nigériannes ont François Hollande, le sait qu’elle n’est pas seule. été enlevées par le groupe islamistes Boko Haram. Depuis le Haut Conseil à l’égalité Depuis plusieurs années, mouvement #bringbackourgirls est mondial. AP/Sunday Alamba entre les femmes et les des femmes se démarquent hommes a été créé. Faidans des domaines qui leur étaient jusque-là inaccessibles. sant de la parité une priorité et un enjeu. Dans le milieu des affaires, par exemple, où Mary Barra Beaucoup d’éléments sont en jeu. Et tous définiront la femme a été nommée, en janvier dernier, à la tête du plus grand de demain, ces droits et ses choix. Si certains protagonistes constructeur automobile des Etats-Unis, General Motors. craignent un retour en arrière irréversible pour l’avenir Car il en faut désormais plus pour arrêter les femmes. « L’évo- du « deuxième sexe », l’optimisme semble de mise. Alors, lution est lente et difficile », commente Julia Mouzon, prési- déchue, porn ou patronne, quel modèle dominera 2014 ? 왎 dente de Femmes et Pouvoir, « mais nous pouvons inspirer 1/ Auteur du livre « Hyper-sexualisation des enfants» les femmes dans leur carrière. Afin qu’elles puissent faire un 2/ Titre d’une chanson de Beyonce i souhaitent uniquement incarner la femme libre et forte. Ces artistes du trash ne sont que des produits dans un monde de commercialisation. Leur but est de se « démarquer des autres, d’où cette surenchère de transgression » souligne Jean Blairon. Pour pouvoir survivre dans cet univers où la concurrence fait rage, ces femmes se livrent à la «prostitution occasionnelle», de la vient le phénomène de la PopPorn. Qui sera la plus «hot», la plus aguicheuse? Tout tourne autour de cette question. En attendant certains chanteurs surfent sur la vague et n’hésitent pas à s’adresser aux femmes en des termes plus que douteux. Robin Thincke dans Blurred line chante « tu es un animal, bébé c’est dans ta nature, laisse-moi te libérer ». Ou encore Juicy J et Justin Bieber, qui répètent dans leur musique Lolly « elle aime ma sucette, elle veut embrasser le bout ». Une chanson qui masque à peine le vrai sens du morceau : la fellation. Sexualité, nudité et démesure : Miley Cyrus, Rihanna et bien d’autres encore sont des objets de désirs. Les jeunes filles les admirent et voient en elles une certaine désobéissance, qui les attire. Un comportement qui à la fois dégrade l’image de la femme, mais en même temps, peut être vu comme une Crédits Photos: Neshan H. Naltchayan, Amira-Bs, The Hollywood Reporter, Serge Pouzet/Sipa, Abaca, Saul Loeb, Afp Ap/Sunday Alamba 왘왘왘 envie d’émancipation. Nous vivons « dans une société où nous sommes forcés, à quelque niveau que ce soit, à quelque échelon que ce soit, de se prostituer d’une manière ou d’une autre » déclare Jean Blairon. Une maladroite tentative de s’affirmer en tant que femme. Le Trendsetter 7 6 Le Trendsetter MODE influences ashion Week Haute Couture Printemps-été 2014. « Il n’y a pas de mode si elle ne descend pas dans la rue ». Coco Chanel ne croyait pas si bien dire. La mode n’appartient pas seulement aux créateurs, mais surtout à ceux qui la portent. En 2014, les accessoires les plus Instagramés sont les must have et madame (presque) tout le monde dicte les «do» et les «don’t» du savoir s’habiller. La mode serait-elle devenue une démocratie ? Photo: Gianni Pucci Par Mitia Bernetel, Chloë Fage et Manon Garrigues Dior et Chanel, les deux garants historiques du chic français, présentent des sneakers sur leurs podiums. Cet OVNI, quoiqu’étonnant, a bien suivi les règles de l’art. Brodée de milliers de sequins chez Raf Simons ou toute de dentelle vêtue pour Karl Lagarfeld, la basket couture est une parfaite réinterprétation de son homologue urbain. Mais si les influences s’entrechoquent, c’est la temporalité qui étonne. En effet, les sneakers sont arrivées aux pieds des it girls bien avant d’être estampillées double C. Le photographe Pier Guido Grassano se souvient : « Les filles à baskets ont commencé à attirer les photographes en marge de la Fashion Week de février 2013 ». Aussi, un an plus tard, les modèles sportswear ont grimpé jusqu’au panthéon de la mode : la Haute Couture. Cette surprenante conquête témoigne d’une tendance plus profonde. Les podiums ne sont plus les principaux trend setters. La révolution est en marche, sneakers aux pieds ! Plusieurs phénomènes sont en cause : la mondialisation des tendances avec les communautés sur le web ainsi que la disparition des saisons dans l’industrie du vêtement. Le réchauffement climatique rentre en jeu, certes, mais les objectifs commerciaux aussi. Car les collections doivent se vendre de Dubaï à Stockholm. Ces facteurs transforment le schéma d’influence de la mode traditionnellement vertical. « Avant, les prescripteurs venaient de la Haute Couture et les tendances descendaient des podiums, maintenant c’est plutôt horizontal. Ce sont les blogs, les nouvelles icônes, les marques internationales qui sont vecteurs de tendances » explique Jean-Philippe Evrard, directeur du bureau de tendance Martine Leherpeur. C’est presque comme si les Françaises avaient coupé leurs jupes dans les années 60 avant même que la créatrice Mary Quant n’invente sa version mini. Ces « vrais gens » deviennent leaders d’opinion et acquièrent une aura jusqu’alors propre à Anna Wintour. Le créateur autodidacte Simon Porte Jacquemus est devenu la coqueluche des modeuses à coup de happenings et de défilés décalés. Il incarne la mode populaire et accessible. Il ne défile pas sur de vrais podiums et choisit ses mannequins dans la rue. Il n’a pas de formation de couturier non plus. Et pourtant, le Who’s Next, Photo : Morgane Ruiz LA MODE À CONTRE SNES salon référence des tendances, a repris ses codes pour son édition du printemps. L’industrie de la mode prend (enfin) en compte la vox populi. Pas de doute, l’e-shop infini que représente Internet y est aussi pour quelque chose. Nous prenons enfin en main la destinée de nos dressings en créant notre propre univers, en hiérarchisant nous même nos inspirations via les réseaux sociaux. Le facteur partage et les communautés Internet nous rapprochent des acteurs de la mode. Et cela nous donne de plus en plus envie de les toucher du doigt. Les magazines l’ont bien compris d’ailleurs. Dans la presse féminine, le nombre de visuels de street Caroline Brasch à la sortie du défilé Chloé Automne-Hiver 2014 styles concurrence fortement les séries mode. « Leur importance s’est accrue et ils reflètent une diversification des influences stylistiques facilitées par les réseaux sociaux sur Internet » constate Frédéric Godart, sociologue de la mode. Les blogueurs ont également contribué à ce rapprochement et leurs admirateurs le leur rendent bien. La star des blogueuses Garance Doré a même été récompensée 왘왘왘 Le Trendsetter 9 8 Le Trendsetter MODE influences le sociologue Frédéric Godart. Les marques exploitent désormais le filon du streetwear et créent de plus en plus de collections inspirées des styles urbains. « C’est un phénomène très «post-moderne» d’individualisation massive, rendu possible par la technologie, la production de masse et une plus grande tolérance vestimentaire. La production à bas coût et la croissance des classes moyennes rendent la mode plus accessible » poursuit-il. Le phénomène se professionnalise si bien qu’un nouveau métier pointe le bout de son nez : dénicheur de talents... modesques. Ce capteur de tendances dégaine son appareil photo pour immortaliser un look, une attitude. Des clichés commandés par les marques pour créer des collections populaires et accessibles, adaptées à une clientèle qui fabrique elle-même son style. Le repérage de look est devenu un métier à part entière. Un phénomène illustré par la stratégie d’Asos. com, leader anglais de la vente en ligne, et ses scouts, “toujours prêts” à shooter des styles pointus. Leur mission ? Repérer dans la rue ou à la sortie des défilés des personnes à l’allure originale et maîtrisée qui deviendront l’inspiration principale des collections vendues sur le e-shop référence. Un job 2.0 qui rentre dans le processus d’ horizontalisation des tendances. It Parade Ces pièces mises en avant par les marques sont imaginées pour devenir des must have. Peu chers et au style marquant, ces it produits s’arrachent dans le monde entier. Le pull Kenzo Le sweat fait rugir de plaisir toute une communauté. Avec plus de 33 000 posts sur le hastag #Kenzotiger, il est à présent l’étendard de la maison et un véritable succès populaire. La coque Moschino Pour son premier défilé pour Moschino, Jérémy Scott imagine une collection Macdonald’s. Pour asseoir son buzz, il rend disponible immédiatement une coque d’iPhone cornet de frite. La Fashion Week n’a jamais connu une telle explosion de calories ! Photo : Morgane Ruiz It girls, mannequins, blogueurs : les trend setters nouvelle génération Karlie Kloss à la sortie du défilé Balmain Automne-Hiver 2014 왘왘왘 par le prestigieux CFDA Fashion Award. Ces nouvelles stars du web, élues par les votes du public, bouleverseraient l’échiquier fashion. Sauf que l’identification est une mécanique fondamentale de la mode et ne date pas d’hier. Le phénomène des street styles ou quand la mode vient de la rue Les internautes sont de plus en plus nombreux à s’inspirer des looks de rue. Scott Schuman, photographe et auteur du blog référence The Sartorialist, a propulsé les street styles sur le devant de la scène. La Parisienne au coin de sa rue La mode populaire inspire également les marques de luxe qui s’intéressent de plus en plus aux « vrais gens ». Des personnes au style unique qui incarnent les nouveaux prescripteurs de tendances. Aussi, des photographes de mode shootent les looks dans la rue, à la sortie des défilés ou du métro, et les envoient aux marques. Le trottoir se transforme en podium, les personnes lambda en muses modesques. Pier Guido Grassano, photographe pour les Vogue et Glamour italiens, doit répondre aux besoins des marques. « La demande des magazines est grandissante. En ce moment, ils veulent du cuir, du denim et des imprimés. Des tendances que l’on voit sur les mannequins, les It girls de notre époque ». Les superstars Cara Delevingne et Karlie Kloss génèrent des modes de manière presque instantanée. Ming Xi et Caroline Brasch, moins connues mais tout autant stylées, sont également trend setteuses. Elles sont admirées pour leur créativité, leur capacité à expérimenter la mode. Les blogueuses comme Susie Lau ou Chiara Ferragni ne sont pas en reste. Elles ont autant de fans que les tops. Les raisons d’une telle popularité ? Des looks soignés et une mise en scène digne d’un shooting de Vogue. Elles peuvent dire merci à leur photographe ! En quelques années, la rue est devenue le nouveau terrain de jeu des photographes et des marques désireuses de capter l’air du temps, de ressentir les besoins d’une époque de plus en plus créative et connectée. « Les street styles datent des années 60 et leur influence s’est accrue au fur et à mesure de l’évolution technologique. » devient un modèle pour les lectrices du monde entier en mal de style. Et le hipster californien, entre autres, inspire les adeptes du look bobo décontracté. Mais ce n’est pas un phénomène nouveau. « Les street styles datent des années 60 et leur influence s’est accrue au fur et à mesure de l’évolution technologique. L’influence de ces looks urbains a explosé avec le numérique » explique Ce n’est donc pas seulement une histoire de tendances inspirées par la rue. Floriane Pelletier, en charge du pôle média du groupe Dagobert, parle d’une véritable « nouvelle stratégie marketing ». Les marques se plient désormais aux nombreuses habitudes liées aux réseaux sociaux, elles adaptent leurs contenus pour les rendre plus attractifs auprès des internautes. « Photos et vidéos à l’appui, le produit est exposé de manière plus « quali » » affirme la spécialiste. Rien de tel pour mettre en avant un produit phare ou booster les ventes. C’est dans cette dynamique que se développent depuis quelques années déjà différentes plateformes comme Pinterest. Le réseau aux 70 millions d’abonnés constitue une véritable banque d’images, classées par catégories (mode, graphisme, beauté…) que l’on collecte selon ses envies. Un mur d’inspirations 2.0 en somme ! Et une aubaine pour les marques en quête d’interactions avec leurs clientèles. Les réseaux sociaux de ce type ont bien flairé le filon. Pour générer du profit, ils monétisent la visibilité des marques. S’ajoutent à cela les sites qui facilitent l’achat en ligne, les shoppings personnalisés ou encore les newsletters qui ciblent mieux que jamais les consommatrices. Le rapprochement de la mode avec ses clientes n’est définitivement pas à sens unique, il profite aussi grandement aux enseignes. Le blog : panneau publicitaire idéal ? La banane Jacquemus Non content d’être la nouvelle succès story mode, Jacquemus se marketise. Le jeune créateur signe un petit sac tout rond, tout rose en association avec Lancôme, une it banane en puissance… La Stan Smith Adidas soigne ses classiques. La tennis best seller Stan Smith lancée en 1960 a fait son grand come-back cette année. La marque avait stratégiquement arrêté sa production en 2012 pour créer le manque, pari réussi ! Le web, meeting point entre marques et modeuses Mais comment parler de ces street tendances sans mentionner la superpuissance des réseaux sociaux. Eh oui, pourquoi ce sweat Kenzo nous fait-il de l’œil ? Tout simplement parce qu’il a été bombardé sur la Toile en l’espace de quelques mois dès sa sortie. Retweetée, taguée, commentée, cette pièce a été omniprésente sur les réseaux sociaux au point de créer différentes communautés fans du produit. Et qui dit communautés dit potentiels acheteurs. Les blogueuses, reines de la com´ sur Internet, sont encore et toujours en première ligne. Avec leur audience, elles regroupent à elles seules des milliers d’internautes et donc différents groupes d’acheteurs. Punky B, le blog de Betty ou la Revue de Kenza sont autant de mines d’or pour les enseignes en quête d’une clientèle fidèle. « Le compte Instagram du blog de Betty compte 550 300 followers, soit quasiment le même nombre que celui de Versace, c’est bien une influence non négligeable ! » commente Floriane Pelletier, spécialiste médias. Le Graal pour les grandes maisons ? Imaginer des collaborations avec ces modeuses dont les séries limitées partent en quelques clics. Un comble lorsque l’on sait qu’il y a encore quelques années le milieu de la mode se targuait d’un certain snobisme. Les co-créations témoignent d’une évolution stratégique du marketing. Les blogueuses sont un maillon clé de cette machine bien rodée qu’elles manient à merveille. Mais pour combien de temps encore les réseaux sociaux et les plateformes continueront à influencer la mode et ses ressorts économiques ? Le sociologue Frédéric Godart a son idée sur le sujet : « Probablement encore pour quelques années, mais les évolutions technologiques rapides de ces derniers temps laissent présager des changements massifs. Les Google Glass, par exemple, risquent de remanier certaines de ces techniques marketing. » Mais une chose est sûre, les marques n’ont jamais été aussi puissantes qu’aujourd’hui. 왎 Le Trendsetter 11 10 Le Trendsetter BEAUTÉ insolites SOIS BIO ET TEINS-TOI Miroir, miroir, comment être la plus belle ? De la peau aux cheveux, l’insolite tire son épingle du jeu. Entre colorations acidulées, crèmes à base de sperme ou placenta et lifting sanguinolent, la beauté n’en fait qu’à sa tête. Par Marie Blanchet, Clémence Guillossou, Alix Lerebours et Marine Simon. L es tendances sont pensées et prévues deux ans avant leur sortie sur le marché. Ce sont les bureaux de style qui proposent aux industriels l’étude de différents univers», explique Olivier Echaudemaison, creative director de Guerlain. De l’automobile à l’électroménager en passant par les cosmétiques, des phénomènes ressortent. Ils sont analysés par les groupes comme Nelly Rodi ou encore Peclers qui suggèrent des mouvances esthétiques, parfois insolites. Si certaines se démocratisent et deviennent de véritables phénomènes de société, d’autres au contraire sont furtives, voire marginales. De l’utilisation de cellules humaines au hair painting, l’année 2013 a vu émerger des pratiques étonnantes. Décryptage de ces beauty tendances. LA BIOLOGIE AU SERVICE DE LA COSMÉTOLOGIE L’univers de la cosmétique ouvre le champ des possibles. Elle se sert désormais de cellules humaines comme matériau de base à l’élaboration de produits et de pratiques esthétiques. Si certaines de ces utilisations sont déjà répandues, d’autres débarquent tout juste sur le marché. Alors que Kim Kardashian a fait émerger la nouvelle lubie du lifting de vampire, les crèmes à base de spermidine ou de placenta semblent, elles aussi, envahir le paysage cosméto. BELLE À SANG POUR SANG A l’heure où les séries comme Vampire Diaries, The Gates ou encore Being Human attirent les mordus de sang, les vampires se tournent vers les pratiques esthétiques en espérant attirer le plus grand nombre d’adeptes. Si l’usage du sang dans la lutte contre le vieillissement cutané n’est pas inconnu du monde médi- cal, le terme « Vampire Lift » fait, quant à lui, l’objet d’une nouvelle tendance beauté depuis l’été 2013. Adoptée par Kim Kardashian ou encore Bar Refaeli, la technique consiste à se réinjecter son propre sang, prélevé au niveau du bras sous forme de plasma riche en plaquettes (PRP), dans le visage. Objectifs visés : le renouvellement des cellules, la stimulation de production de fibres collagènes mais aussi la réduction de cicatrices dues à l’acné. Nouvelle lubie ou révolution esthétique ? Le "Vampire Lift" convaincra t-il le grand public? "Ce n’est que de l’autotransfusion", indique Joël Rivière, directeur de la polyclinique d’Equeurdreville-Hainneville dans la Manche. "Cette pratique est déjà bien répandue mais sa visée anti-âge est novatrice. Elle est intéressante puisque l’augmentation de l’hémoglobine, après injection, multiplie les globules rouges et apporte ainsi une bonne oxygénation des tissus. D’où l’effet « coup de jeune ». Toutefois, l’intérêt est très limité puisque les bienfaits ne durent pas au-delà de quelques jours." 왘왘왘 Le Trendsetteur 13 12 Le Trendsetteur BEAUTÉ insolites 왘왘왘 DU SPERME DANS NOS CRÈMES Si certaines tendances insolites attirent les consommatrices, d’autres interpellent. D’après les travaux de 2009 de Tobias Eisenberg et Frank Madeo, deux chercheurs suisses à l’université de Gaz et plus récemment ceux de Jacques Philippe Moulinoux publiés fin 2013, la spermidine, une molécule présente dans le sperme, pourrait être l’anti-âge le plus répandu dans les années à venir. Alors que les deux universitaires ont prouvé son efficacité dans le renouvellement cellulaire, le scientifique a démontré son pouvoir inhibiteur sur la prolifération de cellules cancéreuses. Si l’idée d’enduire son visage de fluide biologique pour contrer les effets du temps semble peu ragoutante, il faut savoir que la spermidine est pourtant déjà présente dans certains de nos cosmétiques. La gamme Skins Science, une Prête à tout pour être belle ? Au Japon, deux nouvelles tendances cosmétiques font fureur : le soin à la bave d’escargot ou au venin de serpent. Utilisé comme anti-ride, le venin de serpent est sollicité pour ses vertus anesthésiantes. Quant à la bave d’escargot, son usage serait tout aussi efficace, mais son application beaucoup moins facile. Pour bénéficier de ces bienfaits, il convient de disposer lesdits mollusques vivants sur son visage. En rampant, leur bave se dépose sur la peau et fait disparaître cellules mortes et autres brûlures. Un geste beauté aux étonnantes facultés hydratantes et tonifiantes. Mais si à la simple énonciation de ces produits vos poils (colorés) se sont hérissés, pas de panique. Ces produits de beauté ne sont disponibles qu’au Japon. marque du groupe L’Oréal, a été la première sur le marché à faire entrer la spermidine dans sa composition. De nombreuses marques ont ensuite pris le même chemin et depuis peu, le salon esthétique Graceful Services de New-York propose même à ses clientes des soins du visage à base de ce composant. Une pratique qui devrait être saluée par Tobias Eisenberg et Frank Madeo pour qui la molécule est en quelque sorte « le Graal sacré contre le processus de vieillissement des cellules. » PLACENTA MANIA La folie biologique ne semble pas s’arrêter là. Le placenta, depuis longtemps ingéré par certaines femmes après l’accouchement pour profiter des vitamines et nutriments qu’il contient, se retrouve désormais dans nos salles de bain. S’il est à la fois assainissant et hydratant, c’est aussi un reconstituant tissulaire très puissant puisqu’il est, entre autre, composé d’acide hyaluronique. "Les industries pharmaceutiques achètent directement le placenta aux maternités", commente Joël Rivière, directeur général de la polyclinique d’Equerdreville-Hainneville. "C’est un composant efficace mais pas révolutionnaire." Selon un sondage MyVoucherCodes.co.uk, 45% des Britanniques de plus de 30 ans inquiètes des effets du temps, seraient prêtes pour un test. Un acte qu’ont déjà franchi Victoria Beckham, Jennifer Lopez ou Tom Cruise. Tandis que pullulent les soins au placenta dans les salons d’esthétiques, les gammes grand public se démocratisent elles aussi. La marque Plazan a même créé une gamme entière de produits à partir de cette nouvelle trouvaille. Et si le corps humain était devenu la première source d’approvisionnement de produits cosméto ? Une question qui laisse Olivier Echaudemaison, creative director de Guerlain, quelque peu dubitatif : « Puisque nous obtenons les mêmes résultats avec du synthétique, je ne vois pas pourquoi nous devrions avoir recours à l’utilisation de cellules humaines. » COMME UN HAIR DE CANDY CRUSH Mais qu’en est-il de nos cheveux ? Depuis quelques années, notre chevelure et même nos poils pubiens sont les premières victimes de nos artistes capillaires. Les tendances s’affolent allant du hair make up aux colorations phosphorescentes sur les podiums. De quoi satisfaire les imaginations les plus folles. Les jeux de couleurs ou de textures traduisent une volonté d’extravagance et d’émancipation. Une chose est sûre : les désirs et les envies évoluent "Il n’y a pas que la chanson Happy de Pharell Williams qui réflète la quête du bonheur", confirme PeclersParis, bureau de tendance. Notre chevelure aussi. Les visages et les corps s’animent. On se fait du bien avec de la couleur, de la lumière et de la chaleur. Cela sonne le retour d’un ton épicurien. » Un engouement capillaire, traduit par les créations de Charlie Le Mindu et les colorations Bleach. UN POIL COLORÉ La peinture pour cheveux, alias hair painting, est la tendance capillaire du moment. Elle consiste à colorer notre crinière avec les pigments les plus flashies possibles. A base de craie non toxique, la pâte colorante, que l’on peut réaliser soi-même, permet de teindre notre chevelure de façon éphémère selon nos goûts. L’innovation se trouve dans la multitude de coloris proposés : du noir corbeau à l’orange mécanique en passant par la couleur phare de cette saison : le rose. Et pour plus d’extravagance, on peut utiliser des pochoirs, que l’on peut faire soi-même. Jean-Marie Contreras, coloriste, nous en parle : "La tendance ce sont les effets marqués dans la coiffure. C’est en fait un graphisme sur cheveux. On met plusieurs teintes sur une même mèche." Une mode originale mais qui se veut éphémère pour le professionnel : "C’est plus un "délire". Cela ne durera qu’un été je pense. Elle touche une cible en particulier ,une saison, un univers. Elle veut revendiquer une identité et casser les codes d’une société très codifiée." FLASHDANCE STYLE Peur du noir ? La solution : les colorations phosphorescentes. Apparues sur le catwalk lors de la fashion week de janvier dernier, cette trouvaille est-elle en passe de devenir le futur accessoire à la mode ? Vampire lift : Bleu, jaune, ou encore rose Docteur Véronique Gassia, dermatologue, 23 allées fluos, autant de nuances Charles de Fitte 31 300 Toulouse. qui illuminent sa vie Centre Morpholife, médecine régénérative, esthétique et anti-âge, et surtout ses nuits. 15 rue du Colonel Driant, 75 001 Paris. Le créateur déjanté Docteur Nguyen, clinique Saint-Roch, 99 avenue Saint-Roch, 83 000 Toulon. de cette innovation n’est autre que CharProduits à base de spermidine : lie Le Mindu, coifUniquement disponible sur le site internet du groupe L’Oréal : Crème Bioforskning, feur haute couture. Skinscience, 126 €, www.skinscience.com Destiné à l’origine aux "freaks" comme Produits à base de placenta : il les appelle, le Les cosmétiques estampillés crèmes à base de placenta sont souvent d’une "créaffeur" espère composition douteuse. Le placenta humain est présent dans de nombreux produits une commercialipuisque les industries pharmaceutiques rachètent directement les cellules aux sation rapide de son maternités et l’utilisent ensuite dans la composition de leurs gammes adaptées. produit : "Je suis très Hair Pochoir : fier de mon œuvre. J’essaie de la faire signer par Kit pour cheveux avec pochoirs, 10,53 €, www.Asos.fr. L’Oréal. Il y a un marché Kit de 12 craies colorantes pour cheveux, 3,34 €, potentiel qui peut aller bien www.Amazon.fr au-delà du monde de la nuit." Laques colorées, 2,99€, Une nouvelle invention, nécessiwww.Colourxtreme.co.uk tant d’être adaptée au grand public selon le spécialiste du cheveu Jean-Marie Contreras, "la Haute Couture pousse à l’extrême une création pour passer un message. Mais dans les salons, elle est réinterprétée de manière créative et plus sobre. On ne fera pas des teintures uniformes, mais juste localisées." Autant d’artifices qui promettent un été haut en couleurs. 왎 Où les trouver ? Le Trendsetteur 15 14 Le Trendsetteur CULTURE musique Hit Daft Punk, Pharrell Williams, Stromae... machines ? ( L a v i e Get Lucky, Happy, Papaoutai… Quelle est la recette pour que ces titres cartonnent autant ? Y-a-t-il une formule magique pour faire un tube ? Nous avons tenté de percer le mystère. Par Céline Coelho, Anna Outy et Emlyn Tisba e s t p o p ! ) S i je savais comment on faisait, dès demain j’ouvrirais une maison de disques », la réponse du musicologue Olivier Julien est cocasse, mais évidente. Faire un tube n’est pas une science exacte. Mais alors, quels sont les bons ingrédients pour obtenir l’équation parfaite ? Génération chaises musicales Le monde dans lequel nous vivons peut-il expliquer comment une chanson se hisse au rang de tube ? D’abord, il faut rappeler qu’un tube, c’est un énorme succès commercial avant tout. « En anglais, on parle de « hit », ce qui veut dire frapper. Il faut frapper fort avec une mélodie qui rentre dans la tête, que chacun peut fredonner très facilement et avec un texte Daft Punk Si depuis 1993 le duo Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo n’a sorti que 4 albums, son succès est désormais planétaire ! simple », voilà la règle d’or à respecter pour avoir du succès selon Nicolas Jorand, compositeur indépendant et membre du groupe Anima. Mais revenons 40 ans plus tôt. Si dans les années 70, on vivait, s’habillait et écoutait de la musique disco, genre prédominant à cette époque, quel est le courant majeur aujourd’hui ? Les grands artistes de cette période florissante tels que Ray Charles, Stevie Wonder ou encore James Brown véhiculaient des messages à travers leurs créations. Ils fédéraient et ont permis de faire évoluer les mœurs et donc la société. Alors, quels messages avons-nous à faire passer dans notre société actuelle ? Mondialisation, globalisation, crise économique, chômage ; voilà les mots qui résonnent sans arrêt autour de nous. Alors, Olivier Julien, musicologue à L’Université ParisSorbonne (Paris IV), se réfère à Jacques Attali pour expliquer comment le contexte influence la création musicale : « la musique est la bande audible des vibrations et des signes qui font la société ». La musique reflète ce que nous sommes C’est dans cette même idée que Nicolas Jorand explique que, « la musique, c’est un peu comme la loterie de nos jours ». On vit dans une génération d’artistes « kleenex » : on existe un temps sur le marché musical jusqu’à ce que quelqu’un d’autre vienne prendre notre place ». Mais alors, pour tenter de percer le marché musical, y-a-t-il une stratégie ? 왘왘왘 Le Trendsetter 17 16 Le Trendsetter CULTURE musique TOP 5 des tubes qui ont enflammé la France en 2013 왘왘왘 CULTURE musique Quand le marketing écrit la partition Il fut un temps où l’écoute de la musique s’accompagnait de rituels bien précis. Aller chez le disquaire, passer des heures à fouiller les bacs dans l’espoir de dénicher la perle rare pour enfin tomber sur le vinyle qui deviendra une pièce de collection. Mais, avec la démocratisation du CD et l’explosion des formats digitaux, la musique est devenue un réel produit de consommation. « La musique aujourd’hui est un prétexte, ce n’est plus qu’un marché. » explique Nicolas Jorand. C’est au début des années 80 que le CD, disque compact, voit le jour et rend le vinyle complètement obsolète. D’après Olivier Julien, musicologue, « on considère qu’il y a une nouvelle ère qui s’est ouverte dans les années 80 avec l’explosion de MTV qui a permis une vente énorme de disques ». C’est à ce même moment qu’apparaît la notion de bien de consommation. Mais voilà, le CD s’est rapidement fait détrôner par le téléchargement sur internet. Le disque a perdu de son attrait Le caractère si particulier de la musique a, quant à lui, disparu. D’après le jeune compositeur, « nous sommes dans l’ère de la superficialité. Un tube qui marche c’est une intro extrêmement courte, un refrain qui arrive au bout de 45 secondes maximum. Aujourd’hui dans notre société de consommation, on ne va pas s’attarder sur quelqu’un. Soit ça nous plaît, soit on zappe et on passe à autre chose. Tout est établit pour accrocher les gens, pour les hypnotiser. Nous sommes dans la consommation pure et dure. » L’industrie musicale a donc évolué, en même temps que nos modes de consommation des produits culturels. « On zappe plus. Les supports techniques sont pratiquement faits pour ça : la molette de l’ipod, les playlists. Finalement on écoute de la musique par liste » selon Peter Szendy, philosophe et musicologue à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense. A cela s’ajoute l’importance de la vidéo, nécessaire à l’identité d’un artiste. Car maintenant, tout le marketing autour d’un groupe ou d’un leader, semble avoir bien plus de poids que la musique elle-même. Le clip, la mise en scène, sont autant de facteurs qui apportent un crédit nécessaire à son image. « L’écoute musicale est devenue indissociable d’un accompagnement vidéo. », conclu le musicologue. A qui le tour ? Mais il y a aussi les tubes que l’on n’a pas vu venir. La recette n’est donc pas toujours exacte. Les ingrédients « NOUS SOMMES DANS L’ÈRE DE LA SUPERFICIALITE. UN TUB BE QUI MARCHE C’E EST UNE INTRO COURTE, UN REFRAIN QUI ARRIVE AU BOUT DE 45 SECONDES MAXIMUM.» Nicolas Jorand, Compositeur indépendant et membre du groupe Anima Stromae Le 2 avril dernier, le chanteur s’est lancé dans la mode avec une ligne de vêtements signé “Mosaert”, l’anagramme de son nom. Inspiré de son look décalé, la collection est disponible chez Colette. Pharrell Williams Entre son clip de 24 heures réalisé par We are from L.A et son célèbre Buffalo Hat signé Vivienne Westwood, vendu 32 000 euros aux enchères, l’artiste rend tout le monde Happy. qui agrémentent une musique, dans le but d’en faire un carton, peuvent se révéler inattendus. Si l’on évoque les trois titres les plus vendus en 2012, rien n’avait présagé un tel succès. Trois inconnus ont débarqué sur les ondes et sur nos Ipod, sans que l’on s’en rende compte. Il n’y a aucun point commun entre Gotye («Somebody that I used to know»), Carly Rae Jepsen («Call me maybe») et le coréen Psy («Gangnam Style»). D’après Olivier Julien, si l’on essaie d’interpréter ces phénomènes sur le plan de l’évolution du monde, « pour la première fois sur le marché international, aucune de ces musiques n’a été produite aux EtatsUnis ou au Royaume-Uni. » Depuis quelques temps, le marché mondial de la musique subit un basculement. Replongeons-nous à la fin des années 90. Quand la French Touch a éclaté, avec Daft Punk par exemple, la musique électronique était encore marginale. Alors, est-ce le hasard, la chance, ou un ingrédient secret qui explique aujourd’hui son succès populaire ? Le musicologue considère même le genre, à l’époque où il s’est révélé, comme « un marché confidentiel ». L’avènement de l’électronique n’était en rien prédestiné La French Touch a su séduire le public anglo-saxon, un véritable exploit, quand on sait que les artistes français ne percent pratiquement jamais à l’étranger. Finalement, nous décidons de l’ascension d’une musique. Rien ne présage réellement si le public va adhérer ou non à un titre. L’opportunité peut se créer, avec succès ou infortune. Entre nos mains, nous avons la destinée d’une chanson, reste à savoir si le hasard la hissera en haut des charts. Pour Peter Szendy, « si la chance se dessine, si une musique quelle qu’elle soit peut se connecter métonymiquement avec une époque, une tendance peut voir le jour. » Des mouvements ont émergé alors que l’on ne l’avait pas prévu. Les tubes s’associent naturellement avec un événement, une émotion ou un contexte mais il n’y a pas de science exacte et encore moins de recette miracle. 왎 Le Trendsetter 19 18 Le Trendsetter CONSO planète CONSO planète Poubelle la vie! Un nouveau destin pour nos objets Consommer moins? consommer mieux? Pourquoi pas les deux. Recycler est une pratique de plus en plus exploitée, pour ne pas dire une tendance de fond bien ancrée. Focus sur trois initiatives qui ont de l’avenir : le Relais, l’Upcycling, et les Ateliers du Bocage. Par Géraldine Richard, Mélodie Raymond & Mathilde Fabbro Illustrations : Ioana Seidita D ’après une étude du Crédoc, le volume de consommation par personne est aujourd’hui trois fois supérieur à celui de 1960. Mais les Français prennent petit à petit la mesure du phénomène : l’observatoire ObSoCo indique qu’en 2012, 55% d’entre eux souhaitaient optimiser leur consommation. Cette résolution s’explique par des facteurs à la fois économiques et écologiques. La baisse du pouvoir d’achat et la précarité obligent à se tourner vers de nouvelles façons de consommer. Parallèlement, une conscience citoyenne « verte » a émergée. Tout commence donc par la nécessité de donner une seconde vie aux objets du quotidien. Sortir les vêtements de la poubelle Fondée en 1984 par Pierre Duponchel, le Relais donne une seconde vie aux vêtements. Avec 15 968 conteneurs, soit la moitié des points de collecte existants en France, elle est la première des 200 entités hexagonales. « Au début des années 80, j’étais ingénieur et bénévole chez Emmaüs. Conscient des enjeux de société, j’ai décidé de quitter mon travail pour lancer le Relais, avec pour objectif la création d’emplois », confie Pierre Duponchel. 30 ans plus tard, plus de 2 200 postes ont été créé, dont 60% en CDI. Le tri, entièrement effectué en France via 14 centres, est au cœur de l’action du Relais puisque c’est l’activité qui embauche le plus. Mais son projet va bien au-delà d’une simple considération économique, en visant l’emploi il s’est inscrit sans le vouloir dans une démarche écologique avant-gardiste. Une filière au fort potentiel de développement « 700 000 tonnes de vêtements sont collectables chaque année en France, et pourtant nous n’en collectons « que » 160 000 ! », explique le président. En grande partie parce que les gens ont du mal à se séparer de leurs vêtements, auxquels ils accordent souvent une valeur sentimentale. Et lorsqu’ils décident de vider leurs armoires, le premier réflexe est de se diriger vers la poubelle. L’utilisation des conteneurs de tri est un geste encore mal répandu au sein de la population. Pour le fondateur de l’association, l’évolution de la filière passe donc par le développement de nouveaux points de collectes, mais aussi par l’éducation des citoyens. Il est aidé en cela par écoTLC, un organisme privé qui œuvre à l’amélioration de cette filière. Né il y a 6 ans. écoTLC détermine les besoins financiers des collecteurs, puis recueille une contribution annuelle auprès de ceux qui mettent sur le marché français du textile, du linge de maison, et des chaussures. Lauriane Tiard, en charge de la communication chez écoTLC indique qu’avec 5000 adhérents (95% des metteurs en marché), la taxe rapporte jusqu’à 14 millions d’euros par an. La valorisation du textile au Relais Seulement 50% des vêtements collectés sont revendus en l’état. Une partie dans les boutiques « Ding Fring » qui répondent à un objectif social simple : s’habiller correctement et pas cher. L’autre partie est destinée aux trois antennes Relais africaines, où le marché de la friperie est très répandu. Les marges réalisées servent à développer des initiatives dans les rizières et le tourisme (Madagascar), l’apiculture (Burkina Faso), et la 왘왘왘 Le Trendsetter 21 20 Le Trendsetter CONSO planète 왘왘왘 culture maraichère (Sénégal). Les 50% restants sont recyclés dans le cadre de la production de chiffons d’essuyage, ou de matières premières. En refusant la fatalité du chômage et de la misère, Pierre Duponchel a bâti un projet tourné vers l’humain et la planète. Pour apporter votre pierre à l’édifice, rendezvous sur www.lafibredutri.fr et découvrez les points de collecte les plus proches de chez vous. L’Upcycling : créativité astucieuse Qu’on se rassure, l’upcycling, n’est pas encore un de ces termes tarabiscotés. Il signifie « recycler vers le haut. » Bon ok, dis comme ça, vous le trouvez encore bizarre. Outre le mot, le phénomène s’est propagé sur toute la planète. L’upcycling est une tendance qui consiste à récupérer des matériaux ou des objets pour les rendre aussi esthétiques que pratiques. Remettre à neuf ce que l’on croyait archaïque: top. Mais le rendre beau: tellement mieux. Homemade pour soi… Là où plus d’un d’entre nous se verrait jeter ou recycler des produits (la nuance est immense, on vous l’accorde), d’autres préfèrent leur imaginer une autre utilité et le tout en beauté. Contrairement au recyclage, la transformation upcycling ne nécessite pas de processus chimique. L’amélioration du produit passe par l’innovation de l’usage et par la dimension artistique. Ainsi, nombreux sillonnent ce mouvement éco responsable. Dans le vaste atelier de Laurence Sourisseau, le concept est innovant. Situé dans le 11ème arrondissement de Paris, l’Etablisienne regroupe savoir-faire, créativité et praticité. Cet atelier dépôt-vente propose un large éventail de possibilités, notamment rénover ou fabriquer des meubles et des objets. L’endroit allie la location d’un espace de bricolage et d’outils, à la formation d’apprentis : cours et stages à la carte. «Je travaille avec des designers, des tapissiers, des ébénistes et bien d’autres professionnels.» raconte la créatrice. En collaboration avec Marie Prenat, créatrice d’objets en matériaux recyclés, «Les p’tits dej’ créatifs Talalilala» s’inscrivent dans la démarche du Do it yourself élaboré. «On peut faire des vases avec des ampoules, ou des coussins avec des pulls. Les gens sont de plus en plus intéressés par ce qui est fait main» explique Laurence. Si l’intérêt est vif, le réemploi contribue grandement au développement durable. …Ou pour les autres Gaspiller : telle est la hantise de Véronic Durand. Fondatrice de la boutique Pirouette, au cœur de Nantes, la jeune femme ouvre en 2013 sa jolie caverne d’Ali baba écolo. Nait ainsi le premier espace français exclusivement dédié à l’upcycling. De la mode à la décoration en passant par le petit mobilier, Véronic travaille avec une cinquantaine de créateurs, dans leur majorité des locaux. Des clients « entre 16 et 100 ans », Pirouette séduit toutes les tranches sociales par son originalité. Ses sélections ? «Il faut que le produit soit beau, utile et qu’il interpelle. Je suis en éveil constant sur le réemploi. Je travaille avec des gens impliqués qui ont cette fibre en eux.» Dons, déchèteries, consommation personnelle, vide greniers: tous les moyens sont bons pour la récupération. Et l’artiste Cicia Hartmann l’a bien compris. Celle qui attend parfois des années une pièce manquante pour un projet plutôt que d’acheter, crée à partir de déchets plastiques. « Je réalise des objets décoratifs, des personnages, des fleurs. » Des jouets distribués à des enfants dans des pays en voie de développement. Un « mur végétal » réalisé avec plus de 20 000 bouchons, le recycl’art de Cicia étonne et passionne. Les issues à la surconsommation sont florissantes, et comme la plasticienne le dit si bien « on ne peut plus dire que nous ne sommes pas informés quant aux bienfaits du recyclage ». Faire du neuf avec du vieux Que faire lorsque son téléphone décide de rendre l’âme ? Ou si l’on décide juste qu’il est temps de le changer? 37%* des Français le stockent dans leur cimetière d’objets (généralement un tiroir oublié). Avouons-le : rare- CONSO planète ment utile. Le pire serait bien sûr qu’il finisse au fond des océans. Heureusement, des centres de recyclage et de remise en état de nos vieux mobiles ont vu le jour. L’initiative la plus significative en termes de volume comme de visée sociale s’appelle les Ateliers du Bocage. Filière d’Emmaüs, ces ateliers existent depuis 1992. Spécialistes du recyclage, l’opération téléphones portables débute en 2003. Une centaine d’employés trie chaque jour des milliers d’appareils dans les locaux des deux Sèvres. Et les possibilités de réemploi sont vastes : « avec trois téléphones usagés, on peut en faire deux en bon état » explique Jacques, un réparateur. De cette manière, environ 45% des téléphones récoltés trouvent une seconde vie. Le reste est revendu à des entreprises de recyclage. Objectif emplois En 2012, ils ont reçus 637 000 téléphones, une quantité faramineuse lorsqu’on sait que mille téléphones représentent un emploi pour un mois. Sur une soixantaine d’employés, 12 sont en emplois d’insertion et 2 en emplois adaptés. Cette aspiration solidaire est la deuxième facette d’une entreprise hors du commun. « Je me retrouve dans l’humanisme des Ateliers, ils m’ont aidé et maintenant j’ai un peu l’impression d’aider les autres», confie Laurent, employé sur le site. Depuis 10 ans les Ateliers ont créé plus de 100 CDI, dont la moitié après une insertion. Que deviennent les téléphones ? Une partie est envoyée par les opérateurs qui les font réparer aux Ateliers avant de les revendre d’occasion. La SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) a ainsi des contrats avec Orange, SFR, ou encore Bouygues. Vous comprenez mieux quel sort est réservé à votre vieux téléphone une fois renvoyé. « Ce n’est pas la première fois que je rends mon téléphone mais je ne m’étais jamais posé la question, c’est vrai », avoue Claude, interrogée dans une boutique Orange. Les Ateliers organisent aussi leurs propres collectes. Après réparation, ils revendent les mobiles à un tiers du prix d’origine, en parfait état de marche et de nouveau garantis. De toutes les gammes, pour toutes les bourses, ils sont proposés lors de braderies Emmaüs, au profit de l’association, ou directement dans les boutiques solidaires des Ateliers. Dans ce cas le prix du téléphone permet de faire tourner l’entreprise mais aussi de soutenir des programmes solidaires. Comme AdB Solidatech, qui fournit un équipement informatique à des associations sélectionnées, ou Clic Vert en Afrique** qui a pour objectif de réduire la fracture numérique sur ce continent tout en préservant l’environnement. De A à Z, les Ateliers multiplient les bonnes initiatives, pour Laurent « cela prouve que succès et bonne conscience ne sont pas incompatibles. » 왎 *Les chiffres cités sont extraits d’une enquête Credoc. ** ateliers-du-bocage.fr/fr/nosprogrammes/international Le Trendsetter 23 22 Le Trendsetter CUISINE tendances CUISINE tendances Quelle mouche t’a piqué ? Dans la bouche de Triton En 2014, le végétarisme est à l’honneur. Suite aux dérapages rencontrés dans l’alimentation industrielle et aux scandales des produits chimiques, la méfiance ouvre la porte aux valeurs sûres. Ainsi, les algues détiennent une place fondamentale dans l’avenir de notre alimentation. Consommées depuis la nuit des temps par les pays asiatiques, elles sont longtemps restées loin de nos traditions européennes. Reconnues comme aliment comestible en France dans les années 50, ce n’est qu’aujourd’hui qu’elles commencent à se démocratiser. Complètes dans leurs apports nutritionnels variés (vitamines, protéines, oligoéléments, etc.) les algues sont une incroyable source d’énergie. «En concentrant l’eau de mer qui lessive la terre des fonds marins et en pratiquant la photosynthèse du soleil, ces végétaux multiplient les bénéfices »souligne Régine Quéva, auteure de Magnésium, Algues et Santé publié chez Grancher Depot en 2013 et formatrice culinaire. Particulièrement riches en magnésium, elles régulent plus de 300 métabolismes dans le corps. Il est scientifiquement prouvé qu’elles confortent les défenses immunitaires. Contribuant à filtrer 40% de nos graisses alimentaires, les alginates se placent comme régulateur majeur des cas de surpoids. Selon la formatrice «On est considérablement en retard, mais ce qui est magnifique c’est qu’on a tout à inventer». Au-delà des grands Chefs tels que Roellinger ou Gagnière qui démocratisent peu à peu les algues dans leurs assiettes, il s’agit maintenant d’apprivoiser les En clair palais par des stages 1 cuillère à café culinaires. «Les algues, d'algues en le plancton ou l’agar paillettes, agar sont vraiment mis = à l’honneur cette année», 6 bananes appuie le jeune chef + Clément Guillemot au 2 plaquettes de Salon Omnivore 2014. chocolat. Parmi les 800 variétés, 0 calorie en prime ! nombre de recettes séduisent déjà les clients locaux. Rillettes, tartares, salades chacun peut les cuisiner à sa sauce. Aujourd’hui, selon l’enquête Idealgue, 70% de la population française accepte de manger des algues si on leur montre comment les cuisiner. A l’image de Régine Quéva, devenez «végétacool »! A l’heure où l’on aspire à faire corps avec les bienfaits de la nature, il n’est plus exclu de faire corps avec les insectes. Et oui, ces petites bêtes venues d’ailleurs pourraient bien finir dans nos assiettes. Dans une société qui voit sa population croître, il est inévitable de penser aux ressources alimentaires futures. Objectif : nourrir la planète et ses hommes, et surtout, la préserver. Face à la quantité de gaz à effets de serre émise par les bovins (18% des émissions mondiales selon la FAO), l’alternative entomophagie -soit le fait de manger des insectes-, 10 à 100 fois moins néfaste avec une empreinte carbone plus intéressante, est essentielle. Gayanhé Jovet, militante chez les Jeunes Ecologistes et Greenpeace, confirme que «vis-à vis de la dégradation actuelle de l’environnement, la société doit diversifier ses sources d’approvisionnement». D’autant plus que ces petites bêtes, moins dangereuses que les grosses, sont aussi intéressantes nutritivement. Les insectes apportent quatre fois plus de protéines que le bœuf, sans pour autant être caloriques. Pauvres en matières grasse et en cholestérol, ils représentent une solution non négligeable face aux problèmes de malnutrition ou d’obésité. Il s’agit désormais de les faire accepter. Face à la réticence de ce nouveau mode de consommation, les initiateurs du mouvement tels que Romain Fessard, premier à les avoirs commercialisés en France en 2010, incitent à bouleverser nos habitudes. Pour cela, il propose de les cuisiner à travers des plats traditionnels, pour remplacer les lardons, le bacon, ou encore les cacahuètes. Selon lui, «le dégoût que l’on peut en avoir se franchi à force d’en parler et par le fait de les voir se démocratiser dans les médias et grandes surfaces». Aujourd’hui, parmi les visiteurs visiteur présents sur l’évènement «So Food», 90% étaient tentés de goûter. Et vous ? Un petit ver pour la route ? L’assiette Produits, culture, consommaon nature Les français sont géniaux. Surtout quand ils copient les concepts étrangers ! En 2014, ce mélange de cultures fait émerger de nouveaux projets culinaires pour le meilleur... et pour le pire de nos papilles. Tour d’horizon des neo food concepts du produit à l’assiette, en passant par la recette. Par Clémence Guillerm et Raphaëlle Pascal 24 Le Trendsetteur Le Trendsetteur 25 CUISINE tendances CUISINE tendances L’INTERVIEW LE GREEN BUSINESS En janvier dernier, Emilia Lombardo et Fabien Borgel ont ouvert leur bistrot 42 degrés qui propose une carte 100 % « raw food » et vegan. Des cocktails à croquer Depuis la création du «cronut »l’année dernière par le chef pâtissier français Dominique Ansel, la tendance est au mélange des recettes pour en créer une nouvelle. En guest star cette année : les cocktails solides. C’est dans les années 1800 que la première recette de cocktail à croquer aurait vu le jour en France. La «Gelée de fleur d’oranger au vin rosé de Champagne», créée par le cuisinier de Napoléon Bonaparte, était donc précurseur de l’année 2014 ! Le cocktail solide a le pouvoir de fasciner les gens tout en étant très facile à réaliser. Les plus complexes sont conçus par des grands barmen et font encore plus d’effets qu’une simple gelée aromatisée. Certains relèvent ainsi de la mixologie moléculaire dont Thierry Hernandez, le barman de l’Hôtel Plaza Athénée, est l’un de ses meilleurs représentants. Il conseille d’ailleurs à qui viendrait pour la première fois de tester le Fashion Ice, mix entre un sorbet et un cocktail à base de gelée. Inventés par les français, les cocktails solides ont parcouru un long chemin. Hervé This, le créateur de la gastronomie moléculaire mais aussi de la mixologie moléculaire, souligne : «Les cocktails solides contribuent au rayonnement de la gastronomie moléculaire française. De nombreux pays s’y mettent et c’est plaisant de voir que notre pays est toujours un exemple en terme de gastronomie !». 왖 Choux d’enfer Intersection de la rue Jean Rey et du Quai Branly - 75015 Paris Adam’s 21 rue Danielle Casanova 75001 Paris Sweet food is coming ! Nutella Bar à Chicago ou cupcakeries à New York, le concept monoproduit fait fureur outreAtlantique. En France, le phénomène arrive et un nombre impressionnant d’enseignes ont vu le L’exemple le plus probant est sans nul doute la maison Ladurée qui perdure depuis de nombreuses années avec ses macarons. Aujourd’hui, même Un arrière goût d’antan Face au succès considérable de la série “Game of Thrones”, le retour de la cuisine médiévale en 2014 n’est pas étonnant. Outre les livres édités sur le sujet, les réseaux sociaux bourgeonnent d’inspirations culinaires. Crème de marrons, légumes…mais surtout viandes oubliées. Sortez vos marmites, les lapins n’ont qu’à bien se tenir ! Qu’est-ce que la raw food ? De la cuisine crue littéralement. Dans la pratique, les aliments sont cuits à 42°C maximum. Ainsi, ils gardent toutes leurs propriétés bénéfiques pour la santé et restent savoureux. jour avec pour seul mot d’ordre : ne travailler qu’un seul et unique produit. Macarons, éclairs, tropéziennes, merveilleux, etc. les grands chefs pâtissiers s’y mettent. Alain Ducasse et Christophe Michalak se sont associés pour ouvrir Choux d’Enfer, le premier kiosque à choux. Les deux chefs avaient envie de chambouler le paysage français de la pâtisserie. En plus de rester monoproduit, ils ont lancé le concept de la «sweet food » savant mélange de la «street food »et de la haute pâtisserie française. D’autres ont suivi le mouvement, à l’instar du Chef Christophe Adam (déjà investigateur de L’éclair de génie, une pâtisserie qui ne présente que des éclairs) qui a ouvert Adam’s, une boutique de snacking sucré, mais pas que. Avec les boutiques mono-produit, il est aujourd’hui possible de faire un tour du monde de la pâtisserie, rien qu’à Paris. La preuve que la France est toujours à l’affut des nouveautés, et ce, même en pâtisserie. Pourquoi avoir ouvert un restaurant comme 42 degrés ? Parce que nous n’avons pas envie d’être moralisateurs sur le végétarisme. Nous sommes des crudivoristes confirmés et nous préférons montrer aux omnivores que cette alimentation est toute aussi délicieuse que le reste. La plupart promettent de revenir ! Avez-vous une recette succès ? Le burger et le cheesecake sont très demandés. C’est assez drôle parce que ce ne sont pas vraiment des plats que les végétariens ont l’habitude de manger. La preuve que, bien travaillée, la cuisine vegan peut être tendance ! Le Trendsetteur 27 26 Le Trendsetteur
© Copyright 2024 Paperzz