Microscopie optique par Michel ARNOLD Docteur ès Sciences Chargé de Recherches au Centre de Recherches Pétrographiques et Géochimiques, Vandœuvre les Nancy PE 860 − 3 1. Généralités.................................................................................................. 2. 2.1 2.2 2.3 2.4 2.5 2.6 Interaction rayonnement-matière ........................................................ Onde lumineuse ........................................................................................... Indice de réfraction : aspect microscopique .............................................. Indice de réfraction complexe ..................................................................... Dispersion « anormale » à proximité d’une bande d’absorption............. Ellipsoïde des indices des matériaux transparents ................................... Ellipsoïde des indices des matériaux absorbants...................................... — — — — — — — 3 3 4 5 5 6 6 3. 3.1 3.2 3.3 Principes de la microscopie................................................................... Éléments du microscope ............................................................................. Pouvoir séparateur ....................................................................................... Formation de l’image ................................................................................... — — — — 7 7 7 8 4. 4.1 4.2 4.3 Microscopie de polarisation en lumière transmise et réfléchie .. Appareillage.................................................................................................. Paramètres mesurables en transmission ................................................... Paramètres mesurables en réflexion .......................................................... — — — — 8 9 10 11 5. 5.1 5.2 5.3 Microscopie en contraste de phase..................................................... Principe.......................................................................................................... Mise en œuvre .............................................................................................. Applications .................................................................................................. — — — — 14 14 14 15 6. 6.1 6.2 Contraste interférentiel différentiel.................................................... Principe.......................................................................................................... Mise en œuvre (lumière transmise et réfléchie) ........................................ — — — 15 15 15 7. 7.1 7.2 Interférométrie .......................................................................................... Interférométrie de polarisation Jamin-Lebedef ......................................... Interférométrie de Mirau.............................................................................. — — — 15 16 16 8. 8.1 8.2 8.3 8.4 Microscopies particulières..................................................................... Microscopie de fluorescence sous excitation UV ...................................... Microscopie infrarouge................................................................................ Microscopie en champ proche .................................................................... Microscopie confocale à balayage laser ........................................... — — — — — 16 16 16 17 17 9. 9.1 9.2 9.3 9.4 9.5 Microspectrophotométrie ...................................................................... Instrumentation ............................................................................................ Origine du spectre des ondes électromagnétiques visibles Origine des spectres IR et Raman ............................................................... Applications à la caractérisation des matériaux minéraux....................... Applications des spectroscopies IR et Raman ........................................... — — — — — — 18 18 19 19 19 20 10. Conclusion .................................................................................................. — 21 Pour en savoir plus ........................................................................................... Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation Doc. PE 860 PE 860 − 1 e microscope a été inventé par Anton Leeuwenhock au début du 17e siècle. L’un des premiers à savoir construire de très petites lentilles ou loupes, il eut aussi l’idée de sertir une lentille dans une plaque métallique afin d’examiner de très petits objets. Ceux-ci étaient fixés à l’extrémité d’une aiguille et déplacés au moyen d’une vis. À la même époque, Janssen et Lippershey construisirent le premier microscope composé. Une loupe formait une image réelle et agrandie de l’objet. Cette image était elle-même grossie au moyen d’une seconde lentille. Pratiquement, il faudra attendre la seconde moitié du 19e siècle pour qu’un instrument « raisonné » apparaisse, grâce à l’association fructueuse du mécanicien C. Zeiss, de l’opticien F. Abbe et du fabricant de verres optiques E. Schott. L Figure A – Grands domaines d’application des techniques microscopiques PE 860 − 2 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation _________________________________________________________________________________________________________________ MICROSCOPIE OPTIQUE 1. Généralités À l’heure actuelle, on dispose de différentes techniques de microscopie optique (dans une zone spectrale comprise entre 0,22 et 1,7 µm) : — la microscopie optique classique décrite dans l’article [38] des Techniques de l’Ingénieur ; — la microscopie de polarisation en lumière transmise ou réfléchie (§ 4) ; — la microscopie en contraste de phase (§ 5) ; — l’interférométrie en microscopie (§ 7) ; — des microscopies particulières (en UV et IR) et des couplages avec des spectrophotomètres (§ 8 et 9). Les figures A et B présente les principaux champs d’application des différentes méthodes selon que l’on souhaite visualiser ou caractériser la substance. La microscopie photonique et les diverses microspectrophotométries disponibles permettent de caractériser un grand nombre de substances minérales par la mesure de leurs propriétés optiques. La caractérisation d’une phase minérale comporte trois étapes. 1 Distinction des phases à analyser : ce préliminaire indispensable fait appel aux diverses microscopies photoniques en lumière transmise et réfléchie (polarisée et analysée) essentiellement. Il est très utile de disposer d’une chambre photographique type Polaroïd de manière à repérer les zones à analyser à un grandissement voisin de 400 (qui est celui de la microsonde électronique). 2 Analyse chimique de la phase : elle est généralement déterminée par microsonde électronique (cf. article [39] des Techniques de l’Ingénieur). Pour éviter les phénomènes de charge, l’échantillon doit être « métallisé » avec un élément léger (Z = 6), du carbone généralement. Ce film modifie notablement les contrastes lorsque l’échantillon est observé par réflexion. 3 Caractérisation de la phase minérale : cela consiste, connaissant les teneurs des oxydes des éléments majeurs, à définir l’espèce minérale. Dans le cas d’une substance opaque, une mesure de la (bi)réflectance est généralement suffisante (la section doit au préalable être parfaitement débarrassée du film de carbone). S’il subsiste une indétermination, celle-ci peut être levée au moyen d’une mesure des parties réelle et imaginaire de l’indice de réfraction avec un microscope de polarisation. Les domaines d’application s’étendent de la biologie, pour l’étude de coupes de tissus, cellules, etc., jusqu’à la microélectronique, où le microscope permet de visualiser les microcircuits, et la métallurgie. Grâce au développement de l’optoélectronique, on a vu apparaître de nouvelles techniques comme la microscopie en champ proche et la microscopie confocale à balayage laser qui permettent d’envisager de nouvelles applications. Le développement rapide des systèmes informatiques a permis l’acquisition, le stockage et l’analyse des images fournies par les microscopes. 2. Interaction rayonnementmatière Le microscope photonique est souvent considéré comme un outil permettant seulement d’observer un matériau, d’en visualiser les différentes phases et de préparer le stade analytique proprement dit (utilisant une sonde électronique et diverses microspectroscopies). Les principes de l’interaction entre matière et lumière, bien compris, permettent souvent d’aller bien au-delà d’une observation passive [cela est attesté par le développement récent des microspectrophotomètres travaillant du proche UV (350 nm) au proche IR (850 à 1 200 nm)] en procédant à des mesures « optiques » raisonnées à même de conduire rapidement : — à la structure cristallographique d’une phase minérale dont la composition chimique a été préalablement déterminée ; — à la caractérisation rapide de la largeur de la bande interdite des semiconducteurs ; — à la localisation des métaux des séries de transition responsables de la couleur des matériaux. Pour cet ensemble de raisons, nous rappellerons brièvement les principes fondamentaux de l’interaction matière-lumière. 2.1 Onde lumineuse La lumière est une onde électromagnétique (OEM) dont la propagation suivant l’axe z est assurée par le déplacement simultané d’un champ magnétique B et d’un champ électrique E oscillant en phase, mais dans des plans orthogonaux, à la pulsation ω si le rayonnement est monochromatique (figure 1). Dans le vide et dans la plupart des matériaux (non ferromagnétiques), l’OEM peut être décrite au moyen des relations équivalentes : E = E0 cos (kz − ωt ) E = E 0 sin k ( z Ð v t ) avec k v n vecteur d'onde, vitesse de phase de la lumière dans la matière ( v = c ⁄ n ), indice de réfraction du milieu dans lequel se propage la lumière La longueur d’onde du rayonnement électromagnétique est égale à: 2π c λ = ---------ω c vitesse de propagation de la lumière dans le vide avec La propagation de l’OEM est caractérisée par le vecteur d’onde k dont le sens est celui de la propagation et dont le module a pour expression : 2π n k = ----------λ De façon tout à fait générale, la propagation de la lumière dans un milieu matériel est décrite à l’aide de l’indice de réfraction n, rapport de la vitesse de propagation de la lumière dans le vide à la vitesse de la lumière dans le milieu. Pour les matériaux les plus communs, comme le verre, l’eau, les gaz et la majorité des liquides, l’indice de réfraction ne dépend ni de la direction de propagation de l’onde ni de son état de polarisation ; par contre, il varie avec la fréquence de l’onde, ce qui constitue le phénomène de dispersion. De tels milieux sont dits isotropes. Lorsque l’indice de réfraction dépend à la fois de la direction de propagation, de l’état de polarisation et aussi de la fréquence de l’onde, le milieu est dit anisotrope ou biréfringent. La description, à partir des équations de Maxwell, des propriétés optiques de ces milieux conduit à admettre l’existence de modes propres, c’est-à-dire de vibrations capables de se propager sans que leur état de polarisation soit modifié, encore qu’à des vitesses différentes. À chaque mode propre est associé un indice de réfraction particulier, dit indice de réfraction principal du milieu. Pour chaque direction de propagation, il existe donc deux indices de réfraction, d’où le nom de biréfringence. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 860 − 3 MICROSCOPIE OPTIQUE _________________________________________________________________________________________________________________ Figure B – Grands domaines d’application des techniques microscopiques Il est ainsi possible de caractériser un matériau par la mesure de ses caractéristiques optiques : mesure de réflectance ou mesure de l’indice de réfraction complexe. 2.2 Indice de réfraction : aspect microscopique Lorsqu’une OEM circule dans la matière, les particules chargées (électrons et noyaux atomiques chargés positivement) entrent en PE 860 − 4 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation _________________________________________________________________________________________________________________ MICROSCOPIE OPTIQUE où ν = c / v décrit la vitesse de phase de la lumière, χ est l’indice d’extinction qui prend en compte la décroissance exponentielle de l’amplitude du champ électrique dans le matériau absorbant (figure 2). Figure 1 – Relation entre B, E et le vecteur de Poynting S vibration forcée à la même fréquence que celle du champ électrique de l’OEM pilote. Dans le domaine visible, les oscillateurs ioniques peuvent être négligés et seules les oscillations des électrons valenciels périphériques (appelés électrons optiques) sont à considérer. La plupart des matériaux transparents (diélectriques) sont diamagnétiques, on peut donc négliger l’influence du champ magnétique oscillant si le matériau n’est pas actif optiquement. Dans ces conditions, l’interaction lumière-matière peut être décrite en ne tenant compte que de l’interaction entre le champ électrique et les électrons optiques. En physique classique [4], on considère que cet électron obéit aux lois du mouvement harmonique. L’électron est soumis à une force de rappel Ð mω 20 x (ω 0 pulsation de résonance), ∂x à une force d’amortissement Ð mγ ------- (γ coefficient d’amortisse∂t ment) et à celle eE (e charge de l’électron) imprimée par le champ électrique oscillant dans la direction xx’. La résolution de : ∂2 x ∂x m ---------- + m γ ------- + m ω 20 x = eE 2 ∂t ∂t permet, par des considérations qui ne peuvent être exposées ici [4, 5], d’aboutir à la relation de Clausius-Mosotti : n2 Ð 1 Ne 2 3 ---------------- = ----------2 m ε0 n +1 fk ∑ ----------------------------------------2 Ð ω2 + i γ ω k ωo k k fk fraction d’oscillateurs vibrant à la pulsation ωok, m masse de l’électron au repos (= 0,911 x 10−30 kg), N nombre d’oscillateurs par unité de volume, ε0 permittivité du vide (= 8,854 x 10−12 F/m) Cette relation n’est, en toute rigueur, applicable qu’aux milieux isotropes (amorphes ou cristallisant dans le système cubique), puisqu’il a été implicitement supposé que le moment dipolaire induit et le champ électrique sont colinéaires. Dans le cas contraire, ce calcul requiert [6] de connaître le tenseur de polarisabilité. L’indice de réfraction n dépend alors de l’orientation et le milieu est biréfringent. Enfin, ces relations reposent sur le postulat implicite d’une relation linéaire entre E et ε0 qui n’est plus vérifiée lorsque E est très élevé. La réponse non linéaire du diélectrique peut se manifester alors par la génération d’harmoniques si ce matériau est biréfringent très dispersif [7]. avec 2.3 Indice de réfraction complexe Dans les milieux absorbants, l’indice de réfraction de la lumière est décrit par une expression complexe : n÷ = ν Ð i χ Figure 2 – Absorption d’une onde lumineuse dans un milieu à indice de réfraction complexe Partant de l’équation d’onde : E = E0 exp i (ωt − kz ) on obtient : z νz E = E 0 exp Ð ωχ --- exp i ω t Ð ------ c c L’indice d’extinction χ est lié au coefficient d’amortissement γ ; χ est d’autant plus élevé que γ est plus important. Ainsi, lorsqu’une OEM pénètre dans un matériau dont l’indice d’extinction χ est grand (métal, semiconducteur ou diélectrique dont une des fréquences de résonance ωok est égale à celle de l’OEM), l’amplitude de son champ électrique décroît très rapidement. Ce matériau est opaque ou absorbant. Toutefois, les électrons optiques oscillants réémettent des ondes secondaires déphasées de π / 2 en direction de la source. Le pouvoir réflecteur est donc augmenté. Dans un métal, l’électron optique peut être identifié à l’électron libre tant que ω n’est pas trop élevé, il ne possède donc pas de force de rappel. Enfin, le champ local est nul. En conséquence, son indice n÷ = ν Ð i χ est correctement décrit par la relation de ClausiusMosotti pour autant que ce métal soit isotrope (cristallisant dans le système cubique). 2.4 Dispersion « anormale » à proximité d’une bande d’absorption Dans un diélectrique, un phénomène comparable se manifeste à la proximité d’une bande d’absorption centrée sur une fréquence de résonance, ω0k. Dans ces conditions, l’OEM polarisée selon xx ’ engendre des dipôles induits p = ex. L’amplitude x de l’écartement des charges est proportionnelle à celle de Ex (Fx = eEx ). En conséquence, ces dipôles oscillent à la même fréquence que celle de l’onde pilote de pulsation ω. Toutefois, le dipôle induit vibre en phase ou en opposition de phase selon que ω est inférieure ou supérieure à la pulsation de résonance ω0. Dans l’analogie mécanique Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 860 − 5 MICROSCOPIE OPTIQUE _________________________________________________________________________________________________________________ grossière de l’électron fixé à un ressort, cela équivaut à considérer que ce dernier travaille en extension (ω < ω0) ou en compression (ω > ω0). La différence n − n0 est donc positive dans le premier cas et négative dans le second. Par ailleurs, chaque électron « optique » entrant en oscillation forcée réémet une OEM sphérique. Dans un milieu dense, ces ondes secondaires Σs se détruisent par interférences sauf dans la direction de propagation de l’onde primaire Σp. L’onde Σs a un retard de π/2 puisque la production d’un rayonnement électromagnétique est proportionnelle à l’accélération ∂ 2 x / ∂ t 2 de la charge. L’amplitude de l’onde Σs croît avec 1/ λ4 (loi de Rayleigh). Ainsi, pour ω = ω0 l’absorption est maximale (χ élevé) et il y a accroissement du pouvoir réflecteur avec apparition d’un éclat métallique si la bande d’absorption est très intense. 2.5 Ellipsoïde des indices des matériaux transparents Les solides parfaitement transparents dans le domaine des fréquences optiques ( 0,35 < λ < 0,8 µm ) peuvent être subdivisés [12] en substances isotropes et anisotropes. Un solide est isotrope si un rayon lumineux monochromatique s’y propage à la même vitesse dans toutes les directions. Tenant compte de la relation : n = c ⁄ v = ε r1 / 2 = ( ε ⁄ ε 0 ) 1 / 2 , on en déduit que la permittivité ε est un scalaire et que la surface des indices est une sphère : x 2 ⁄ n x2 + y 2 ⁄ n y2 + z 2 ⁄ n z2 = 1 avec nx = ny = nz (figure 3 a ). Les matériaux totalement désordonnés (verres organiques et minéraux) ou cristallisant dans le système cubique sont isotropes. Lorsque la permittivité cesse d’être décrite par un scalaire, le matériau est anisotrope. Une onde lumineuse se propageant dans un milieu anisotrope peut être décomposée en deux ondes qui se propagent à des vitesses différentes et sont polarisées rectilignement, à angle droit l’une de l’autre. Cet effet donne naissance au phénomène de biréfringence. Les directions de propagation et les directions de vibration de ces deux ondes peuvent être déterminées grâce à l’ellipsoïde des indices (cf. article [40] des Techniques de l’Ingénieur). Les matériaux anisotropes sont des substances cristallisant dans les systèmes hexagonal, quadratique, rhomboédrique, orthorhombique, monoclinique et triclinique. Mais un matériau amorphe devient anisotrope s’il est soumis à une contrainte. Dans les cristaux possédant un axe de symétrie d’ordre supérieur à 2 (substances cristallisant dans les systèmes hexagonal, rhomboédrique et quadratique), l’axe de symétrie principal du cristal est aussi l’axe de révolution de l’ellipsoïde des indices. Selon que l’ellipsoïde dérive de l’étirement ou de l’aplatissement d’une sphère suivant cette direction, on parle d’uniaxe positif (figure 3 b ) ou d’uniaxe négatif. L’ellipsoïde est uniaxe parce qu’il possède un seul axe optique. Néanmoins, il possède deux indices principaux et, en ce sens, il est biaxe. L’ellipsoïde des indices a pour équation Figure 3 – Indices des matériaux isotropes et anisotropes orthorhombique, nx, ny et nz sont parallèles aux trois axes binaires du système. Dans le système monoclinique, un des indices principaux est confondu avec l’unique axe binaire du système. Dans le système triclinique, la position des axes principaux de l’ellipsoïde est à priori quelconque. L’indice de réfraction croît avec la polarisibilité αω et décroît avec le volume de la maille cristalline. Par suite, dans une structure dite anisodesmique, le grand indice est parallèle aux chaînes d’atomes suivant lesquelles la « densité linéaire » est maximale (théorie de Silberstein). S’il existe plusieurs chaînes, celles-ci définissent un plan qui contient le grand indice ng. Le petit indice np est perpendiculaire à ce plan [5]. 2.6 Ellipsoïde des indices des matériaux absorbants Compte tenu de la relation entre n et ω de part et d’autre d’une bande d’absorption ω0, l’ellipsoïde des indices d’un solide absorbant la lumière (dans la partie visible du spectre) ne peut plus être simplement décrite, puisque l’indice de réfraction est complexe. C’est le cas pour les semiconducteurs et les métaux absorbant dans la bande 0,35 < λ < 0,8 µm . C’est aussi le cas, en toute rigueur, pour un diélectrique à proximité d’une bande d’absorption. Dans ces conditions, l’équation de l’indicatrice est définie par : 2 + y 2 ⁄ n 2 + z 2 ⁄ n 2 + 2 xy ⁄ n 2 + 2 yz ⁄ n 2 + 2 zx ⁄ n 2 = 1 x 2 ⁄ n 11 22 33 12 23 31 où nhk sont les constantes de l’indicatrice [13]. x 2 ⁄ n x2 + y 2 ⁄ n y2 + z 2 ⁄ n z2 = 1 avec nx = ny ≠ nz et possède un axe de révolution. Dans les trois autres systèmes cristallins, l’ellipsoïde des indices n’a plus d’axe de révolution. L’ellipsoïde est biaxe (2 axes optiques) ou triaxe ( nx ≠ ny ≠ nz ). Un plan pivotant autour de l’indice moyen coupe l’ellipsoïde suivant une section circulaire pour deux positions symétriques par rapport aux deux autres axes. La perpendiculaire à cette section est nommée axe optique (figure 3 c ). Dans le système PE 860 − 6 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation _________________________________________________________________________________________________________________ MICROSCOPIE OPTIQUE 3. Principes de la microscopie 3.1 Éléments du microscope Dans sa configuration la plus simple, le microscope comporte quatre éléments essentiels : une source lumineuse, un condenseur, un objectif et un oculaire. Ces éléments sont fixés sur une potence appelée aussi statif. L’objet posé sur une platine peut être déplacé verticalement par un mouvement rapide et par un mouvement lent (figure 4). Tous ces éléments sont essentiels. Néanmoins, la partie la plus importante reste l’objectif dont dépend la qualité de l’image à observer, photographier, analyser ou quantifier. Figure 4 – Éléments d’un microscope Les différents éléments du microscope sont décrits dans l’article [38] des Techniques de l’Ingénieur. 3.2 Pouvoir séparateur Même un objectif idéal (parfaitement corrigé) ne peut donner une image ponctuelle d'une source lumineuse ponctuelle placée sur son axe optique. On démontre [2] que cette image est la figure de diffraction de Fraunhofer du diaphragme qui délimite l’ouverture de la lentille frontale de l’objectif. Comme cette ouverture est circulaire, l’image de la source est un anneau faiblement lumineux entourant une tache (ou un disque) centrale beaucoup plus brillante). L’ensem- ble constitue la figure d’Airy. Pour que deux sources ponctuelles incohérentes (qui ne sont pas en phase) puissent être séparées (résolution de l’instrument), il faut que leurs disques d’Airy respectifs soient séparables. On admet conventionnellement (critère de Rayleigh) que cette condition n’est remplie que si le maximum relatif à l’un des points est situé sur ou au-delà du premier minimum de la figure d’Airy du second point. Par le calcul, on constate que l’intensité lumineuse du creux central (figure 5) est égale à 23 % du maximum de l’intensité lumineuse. La limite de résolution est fixée par : dx (µm) = 0,61 λ /ON dans laquelle ON est l’ouverture numérique de l’objectif et λ la longueur d’onde de la lumière exprimée en µm. Avec λ = 0,450 µm Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 860 − 7 MICROSCOPIE OPTIQUE _________________________________________________________________________________________________________________ (bleu) et une ouverture numérique de 1,3 (objectif x 125 fabriqué par Leitz), deux points objets distants de 0,2 µm peuvent être séparés. Toutefois, la diffraction est une fonction de la longueur d’onde. D’une source ponctuelle de lumière blanche, un objectif produit une infinité de disques d’Airy dont le rayon du premier minimum est une fonction de λ. Le minimum d’intensité est donc inférieur à 23 % et l’image a une définition inférieure à 0,2 µm. On améliore sensiblement la résolution du microscope en éclairant l’objet avec une source monochromatique. À la limitation de Rayleigh, deux solutions ont été proposées : — balayer point par point l’objet (microscopie confocale par balayage laser § 8.4), — utiliser les propriétés de la réflexion totale frustrée (microscopie en champ proche : § 8.3). Figure 6 – Formation de l’image dans un microscope Figure 5 – Définition de la limite de résolution port à la tache centrale (diffraction d’ordre zéro). L’occultation des ordres élevés produit une dégradation de l’image (elle perd ses détails). La suppression de la tache centrale fait disparaître l’image tout en préservant les détails de l’image transmis par les taches de diffraction d’ordres supérieurs. Sous éclairage incohérent, le traitement est plus complexe. On démontre que la transformée de Fourier de l’image d’un objet incohérent est égale au produit de la transformée de Fourier de l’image géométrique de l’objet par la transformée de Fourier de l’image d’un point lumineux isolé [3]. 3.3 Formation de l’image Un objet est dit d’amplitude lorsque son image résulte des variations de l’intensité de la lumière qui le traverse. Le plus simple est constitué par un réseau de lignes parallèles alternativement noires et transparentes. Si z 0 est le pas du réseau, la grandeur 1 / z 0 est nommée fréquence spatiale du réseau. La fonction intensité lumineuse correspondante passe alternativement de 0 à 1. Cette fonction périodique en créneau peut être considérée comme la somme d’une infinité de fréquences spatiales sinusoïdales : 2πz 2 i 1 + 2 cos ---------- + 2 cos 2 π z ----- + ... + 2 cos 2 π z ----z0 z0 z0 (théorème de Fourier) L’objet est reconstitué par une infinité de sinusoïdes de fréquences spatiales 1 / z0, 2 / z0 ,..., i / z0. Aux sinusoïdes de basse fréquence correspondent les détails larges. Aux fréquences spatiales élevées correspondent les fins détails. Ainsi, ce simple réseau d’amplitude contient en lui-même des fréquences spatiales variant de 1 / z0 à l’infini. Lorsque l’éclairage de l’objet est cohérent, c’est-àdire lorsque tous les électrons optiques de l’objet éclairé diffusent en phase, l’objet périodique défini plus haut peut être considéré comme un véritable réseau [3] et l’image qu’en transmet l’objectif est d’autant meilleure que le nombre de spectres admis dans l’instrument est plus important. La formation de l’image dans le microscope peut être schématisée par la figure 6. Dans la transformée de Fourier de l’objet, les ordres élevés (générateurs de détails fins) sont représentés par les taches lumineuses les plus externes, de faible intensité. Elles sont symétriques par rap- PE 860 − 8 4. Microscopie de polarisation en lumière transmise et réfléchie Le microscope polarisant est un instrument indispensable pour distinguer et repérer différentes phases minérales dans un matériau naturel ou artificiel. La composition chimique de ces différentes phases est ensuite déterminée par microsonde électronique. Le microscope de polarisation, s’il est équipé d’un interféromètre du type Jamin-Lebedef, permet, par des mesures d’indice, de donner une signification physique structurale aux données brutes (pourcentage des différents oxydes) fournies par la microsonde électronique. Certains oxydes (Al2O3, SiO2, MgO, FeO, etc.) peuvent occuper différents types de sites. Ainsi, dans un verre, SiO2 peut être tétracoordonné ou hexacoordonné [5]. Il existe donc une indétermination qui est levée par la mesure précise de l’indice de réfraction et de la densité du verre. La microscopie de polarisation trouve un nouveau champ d’application dans le domaine des matériaux composites. On sait que les lois macroscopiques de l’optique cristalline s’appliquent à des cristaux dont les dimensions sont grandes comparées à la longueur d’onde de la lumière utilisée [16]. Dans le cas contraire, des propriétés optiques « anormales » apparaissent. Celles-ci résultent de la modification des propriétés optiques macroscopiques par la taille, la forme et l’agencement spatial des microphases. La biréfringence de forme développée par un empilement régulier de microsphères iso- Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation _________________________________________________________________________________________________________________ MICROSCOPIE OPTIQUE tropes [17] en est une bonne illustration. L’analyse des figures d’interférence produites par les matériaux composites dont la biréfringence résulte de la configuration des microphases (isotropes ou anisotropes) permet de caractériser rapidement les états de contrainte ou le degré de fatigue de ces matériaux (microphotoélasticimétrie). 4.1 Appareillage Le microscope polarisant n’est pas fondamentalement différent du microscope travaillant en lumière naturelle. Dans le microscope polarisant, la direction de vibration du champ électrique est sélectionnée (généralement selon xx ′ ) au moyen d’un dispositif nommé polariseur. Dans le paragraphe 2, les interactions entre matière et lumière ont été abordées en utilisant un rayonnement généralement polarisé. Le microscope polarisant peut travailler en transmission ou en réflexion, en lumière parallèle ou convergente suivant les besoins (figure 7). 4.1.1 Appareils de polarisation Les deux dispositifs pratiquement utilisés sont le prisme biréfringent et le filtre polarisant dichroïque. 4.1.1.1 Prismes biréfringents La construction des polariseurs à prisme, appelés généralement Nicols, repose sur le principe de la biréfringence. Ils sont taillés dans de la calcite (de structure rhomboédrique uniaxe). Un faisceau de lumière naturelle tombant sur ce cristal anisotrope donne naissance à deux faisceaux polarisés rectilignement à angle droit l’un de l’autre. L’un des faisceaux est éliminé par réflexion totale. 4.1.1.2 Filtres dichroïques Le fonctionnement des polariseurs pelliculaires, communément appelés Polaroïd, repose sur le principe de l’absorption dichroïque. Certaines molécules organiques à longue chaîne (sulfate d’iodoquinine ou hérapatite) orientées au moyen d’un champ électrique ou magnétique absorbent plus fortement l’un des deux faisceaux polarisés provenant d’un faisceau de lumière naturelle. Les prismes polarisants en calcite sont coûteux et sont progressivement remplacés par des filtres dichroïques. Mais on n’oubliera pas que ceux-ci perdent progressivement leur efficacité dans l’infrarouge proche et que, par ailleurs, leur transmittance est de l’ordre de 0,75. Deux filtres dichroïques parallèles ne transmettent donc que 50 % de la lumière. Pour cette raison, on choisira des polariseurs en calcite chaque fois qu’il est nécessaire d’obtenir une image très lumineuse, en métallographie par exemple. 4.1.2 Éléments du microscope polarisant en transmission Le microscope est équipé d’un polariseur situé sous le condenseur, là où le faisceau lumineux est pratiquement parallèle. Depuis 1972, l’orientation du polariseur est fixé par la norme DIN 58879. La vibration de la lumière émergente est orientée E-W (correspondant à xx ′ ) si l’on se réfère au champ oculaire du microscope et doit être analysée au moyen d’un second polariseur nommé analyseur situé immédiatement au-dessus de la lentille de tube. Il est escamotable pour permettre d’observer certains phénomènes tel le dichroïsme. Il est également souhaitable que son orientation puisse être modifiée précisément afin de mesurer certaines grandeurs (pouvoir rotatoire et polarisation elliptique). Le tube comporte toujours une fente orientée NNW-SSE. Située entre l’objectif et la lentille de tube, celle- Figure 7 – Microscope polarisant en lumière parallèle a et convergente b ci permet l’insertion de lames introduisant des retards optiques connus (λ / 4 λ) ou variables (compensateurs en biseau ou basculants). Les observations en lumière polarisée sont généralement réalisées sur la sortie binoculaire. Dans un microscope polarisant convenablement réglé, le polariseur transmet une vibration EW qui est arrêtée par l’analyseur. Le champ est dit « obscur ». Pour que cette condition soit remplie, les lentilles des systèmes optiques intermédiaires (condenseur et objectif) doivent être exemptes de tension génératrice d’une biréfringence de contrainte. Par ailleurs, le champ n’est jamais uniformément obscurci. Il y a formation d’une croix noire. Celle-ci est particulièrement nette lorsque des lentilles demi-boules (lentille additionnelle du condenseur, lentille frontale des objectifs à grande ouverture numérique) sont insérées dans le faisceau. Si le microscope travaille en lumière convergente, il y a production d’une figure d’interférence dans le plan focal image de l’objectif (cf. § 4.2.6). Cette figure est amenée dans le plan focal objet Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 860 − 9 MICROSCOPIE OPTIQUE _________________________________________________________________________________________________________________ de l'oculaire grâce au déplacement d'une lentille additionnelle dite de Bertrand-Amici. 4.1.3 Éléments du microscope polarisant en réflexion Les métaux et les semiconducteurs (sulfures, arséniures, sulfoantimoniures, oxydes) sont généralement trop absorbants pour pouvoir être observés en lumière transmise, du moins sous l’épaisseur conventionnelle de 10 µm. L’objet est alors éclairé par réflexion. La lumière polarisée (EW) est dirigée sur une lame semi-transparente métallisée (transmittance ≈ 0,5) inclinée de 45o sur l’axe optique. La lumière est ainsi renvoyée sur l’objectif qui fait fonction de condenseur avant de former une image de l’objet. L’état de polarisation linéaire de la lumière ne devrait pas être modifié par réflexion sur la lame si tous les rayons l’attaquaient sous un même angle d’incidence. En pratique, cette condition n’est pas remplie − la lumière incidente étant légèrement divergente. Les bords du faisceau réfléchi sont pour cette raison entachés de polarisation elliptique. Sur les illuminateurs les plus coûteux, la lame à faces parallèles peut être échangée contre un prisme dit de Berek. La lumière qui sort du prisme est polarisée linéairement. Ce montage a le désavantage d’occulter la moitié du champ de l’objectif et de diminuer son pouvoir séparateur en réduisant son ouverture. 4.2 Paramètres mesurables en transmission 4.2.1 Réfringence et biréfringence La polarisabilité d’un gaz, d’un liquide en équilibre ou surfondu (verre) est indépendante de la direction du champ électrique. Il en va de même pour un verre et la substance est qualifiée de réfringente. Les substances cristallisant dans le système cubique sont également réfringentes (figure 3 a ). Cela tient à la fois au nombre important d’opérateurs de symétrie de ce système et à la longueur d’onde de l’OEM. Très supérieure au motif de la maille, cette onde « voit » le cristal comme un milieu continu sans orientations préférentielles. Néanmoins, si ce milieu est soumis à une contrainte uniaxiale, les liaisons atomiques sont raccourcies suivant cette direction et augmentées dans la direction perpendiculaire. La polarisabilité évolue de manière inverse et la matière devient biréfringente (figure 3 b ). Un même résultat est obtenu naturellement si les liaisons atomiques sont anisodesmiques (le graphite, par exemple, présente des forces de liaison différentes dans le plan du feuillet et dans le plan perpendiculaire). Supposons qu’une rangée d’atomes soit soumise à un champ E d’abord parallèle puis perpendiculaire à l’axe de cette chaîne. On constate que la rangée d’atomes est plus facile à polariser lorsque E est parallèle à son grand axe. Donc, dans ce modèle cristallin élémentaire, la vitesse de la lumière est plus élevée lorsque E est parallèle à l’axe de la chaîne. Puisque n = c / v , on en déduit que le grand indice ng est parallèle aux chaînes et que la surface des indices est un ellipsoïde de révolution (uniaxe positif), si les rangées de chaînes sont équidistantes. Si ces rangées forment des feuillets équidistants, la direction de polarisabilité la plus facile est dans le plan du feuillet. La vitesse de la lumière reste maximale dans la direction perpendiculaire au feuillet qui est encore l’axe de révolution de la surface des indices (uniaxe négatif). Supposons maintenant que les forces de liaison interatomiques soient anisotropes dans le plan du feuillet, de surcroît. Il existe désormais trois directions principales de polarisabilité ou d’indices de réfraction (figure 3 c ) : — la plus faible reste perpendiculaire au plan du feuillet ; PE 860 − 10 — la plus grande appartient toujours au plan du feuillet ; — il existe une troisième direction, orthogonale à la précédente et suivant laquelle la polarisabilité est intermédiaire entre les deux autres. On en déduit l’existence d’une surface des indices à trois axes : — ng et nm sont contenus dans le plan du feuillet ; le grand indice ng est parallèle à la direction de « densité linéaire » maximale, nm est perpendiculaire à ng ; — np reste orthogonal au feuillet. Par ces considérations élémentaires, on peut déduire : — qu’une substance minérale phylliteuse (un mica par exemple) possédant de bons clivages (l’indice d’une forte anisotropie des forces de liaison interatomiques) est généralement biaxe négatif − un caractère commun aux micas par exemple ; — qu’une substitution diadochique (substitution d’un ion du réseau par un ion de taille voisine) opérant dans le plan du feuillet a des conséquences optiques différentes de celles résultant d’une modification des forces de cohésion entre feuillets. On conçoit que le petit indice np décroît avec une augmentation de la distance entre feuillets ou, ce qui revient au même, avec une diminution des forces de cohésion entre feuillets. Par la connaissance de l’ellipsoïde des indices, on voit qu’il est possible de conclure à l’arrangement des atomes en chaînes régulièrement espacées, en feuillets, etc. Par rapport aux rayons X, la microscopie fournit des informations plus ponctuelles. Si l’on dispose d’un spectrophotomètre, il est possible de mesurer précisément les indices principaux par le biais d’une mesure des réflectances (Rg, Rm et Rp ) correspondantes ; puisque : R = (n − 1)2 /(n + 1)2 pour les minéraux incolores. Pour les matériaux colorés, on procède de la même manière mais en réalisant deux mesures successivement par rapport à l’air et par rapport à l’huile, ce qui permet d’extraire ν et χ (§ 2.3). On rappelle que : 4ν R = 1 Ð ----------------------------------------- . 1 + ν2 + χ2 + 2 ν La connaissance de ces paramètres jointe à celle de la composition chimique en pourcentage d’oxydes majeurs permet généralement de caractériser de manière non équivoque une substance minérale et de préciser le plan d’occupation des sites tétraédriques et octaédriques des cations en substitution. 4.2.2 Biréfringence de forme La biréfringence de forme s’exprime à l’état pur lorsque des objets isotropes, dont les dimensions sont petites comparées à la longueur d’onde (de l’ordre du quart), sont régulièrement agencés au sein d’une seconde phase isotrope. Bien que la polarisabilité de chaque phase soit constante, l’indice du composite n’est pas constant, puisque la valeur moyenne dépend de la compacité de l’agencement. Le matériau se comporte donc comme s’il était biréfringent. Il peut y avoir superposition de biréfringence de forme et de réseau. C’est le cas notamment pour la brucite Mg (OH)2 rhomboédrique et pour le quartz fibreux. 4.2.3 Biréfringence de contrainte La biréfringence de contrainte (mise à profit en photoélasticimétrie) se manifeste lorsqu’une contrainte uniaxiale est appliquée à un matériau normalement isotrope. Suivant l’axe de la contrainte, la densité linéaire augmente. Elle diminue dans toutes les directions perpendiculaires à cet axe. Le matériau devient uniaxe positif, puisque ng est parallèle à l’axe de la contrainte. Si la contrainte est appliquée avant totale solidification d’un verre, celui-ci renferme des Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation _________________________________________________________________________________________________________________ MICROSCOPIE OPTIQUE domaines sous contrainte résiduelle. Ceux-ci peuvent être facilement observés entre deux Polaroïds croisés. 4.2.4 Biréfringence circulaire Un matériau optiquement actif fait tourner le plan de vibration du champ électrique d’un angle qui dépend de l’orientation si ce matériau est cristallisé, de l’épaisseur traversée et de la fréquence (ou de la longueur d’onde) de la lumière. Pour mesurer une activité optique, on oriente une des lignes neutres d’une lame cristalline parallèlement à la direction de transmission (EW ou xx ′ ) du polariseur. Après traversée de la lame, la direction de vibration de l’onde n’est plus perpendiculaire à celle de transmission de l’analyseur (NS ou yy ′ ) et le champ oculaire est éclairci. Pour rétablir l’extinction, on tourne l’analyseur d’un angle θ. Le pouvoir rotatoire spécifique s’exprime en degrés · cm−1. révolution. Pour des angles d’incidence plus élevés (θ2, θ3, θi , etc.), on obtient une série de cercles noirs pour les mêmes raisons (figure 8). Dans un cristal biaxe, la figure est plus complexe. Si la lame cristalline est perpendiculaire à la bissectrice des axes optiques (section imparfaitement éteinte en lumière parallèle, polarisée et analysée), les traces des axes optiques sont entourées d’ovales, d’une lemniscate et d’une deuxième série d’ovales tournant autour des deux axes optiques − ce sont les courbes de Cassini représentées par la figure 8. L’ensemble de ces courbes répond à une même formulation : p · p′ = z 2 avec p et p′ z distances du point courant aux deux foyers, paramètre 4.2.5 Dichroïsme Un matériau est dichroïque (uniaxe) ou polychroïque (biaxe) lorsque le spectre transmis (ou réfléchi) dépend de l’orientation du cristal par rapport au plan de vibration du champ E de l’OEM incidente. Dans les diélectriques, le pléochroïsme est la conséquence du changement d’énergie des électrons des orbitales d des ions des séries de transition sous l’influence du champ cristallin (§ 9.2). 4.2.6 Lames cristallines : observation en lumière polarisée et analysée (lumière parallèle et convergente) Lorsqu’une substance biréfringente est éclairée par de la lumière blanche linéairement polarisée de manière à ce que E ne soit pas parallèle à une des lignes neutres de la lame, l’onde plane incidente est divisée en deux ondes dont les vecteurs Ex et Ey vibrent dans des directions orthogonales. Ces ondes circulent donc à des vitesses différentes ( v′ = c ⁄ n ′ et v″ = c ⁄ n ″ ). À la sortie de la lame d’épaisseur e, il existe des radiations qui sont en situation de produire une interférence destructive, d’être soustraites du spectre de la lumière blanche et donc de produire la sensation de couleur [avec une différence de phase ∆ϕ = 2 πe (n ′ − n ″ )/ λ = π]. Cela n’est pas possible tant qu’elles vibrent dans des plans perpendiculaires. Le second polariseur − l’analyseur − permet cette interférence pour les composantes qui le traversent. Celles-ci sont donc les projections de Ex et Ey sur la direction de vibration de l’analyseur. Comme les radiations soustraites dépendent, à épaisseur constante, de la différence n ′ − n ″, un matériau monophasé polycristallin est vu comme une mosaïque de plages colorées, excepté celles dont l’axe optique est parallèle à celui du microscope. De telles plages transmettent la lumière incidente sans affecter l’orientation de E. Sa projection sur la direction de vibration de l’analyseur est nulle et une section cristalline perpendiculaire à l’axe optique est « éteinte » dans le procédé dit en lumière parallèle. Les sections éteintes en lumière parallèle polarisée et analysée permettent d’établir si la substance cristalline est uniaxe ou biaxe. Dans ce but, on éclaire cette plage avec un cône de lumière polarisée monochromatique aussi ouvert que possible obtenu grâce à un système de lentilles amovible qui fait converger la lumière incidente dans le plan focal objet de l’objectif et donc dans le plan de la préparation. Dans un matériau uniaxe, un rayon axial circule parallèlement à l’axe optique du cristal. Après avoir traversé l’analyseur, ce rayon forme une tache noire (mélatope) dans le plan de l’image intermédiaire − c’est la trace de l’axe optique. Lorsque l’angle d’incidence croît, il y a augmentation de l’épaisseur traversée et de la différence n ′ − n ″. Pour un angle θ1, la condition ∆ ϕ = π est remplie ; il lui correspond une interférence destructive qui se marque par un cercle noir centré sur l’axe optique, puisque le phénomène est de Figure 8 – Figure de convergence d’un cristal uniaxe a et d’un cristal biaxe b 4.3 Paramètres mesurables en réflexion 4.3.1 Considérations générales L’observation en lumière réfléchie permet de déterminer si une substance est isotrope ou anisotrope, de caractériser sa réflectance ou sa biréflectance. Elle s’applique aux matériaux dont le coefficient d’extinction est élevé : oxydes, sulfures, sulfosels, métaux et leurs alliages. Le microscope en lumière réfléchie demeure un outil indispensable à la caractérisation des structures des matériaux naturels (minerais, charbons) [13, 20] ou industriels (produits métallurgiques). Celles-ci peuvent être observées directement si les différentes phases d’un matériau ont des propriétés optiques tranchées ou indirectement par le biais d’attaques sélectives. Celles-ci produisent des dénivelées en fonction de l’orientation cristallographique et de la nature des grains attaqués. On procède en général à des attaques ménagées afin de ne pas détruire le poli. Les dénivelées peuvent être accentuées optiquement par contraste interférentiel différentiel ou par contraste de phase. L’observation en lumière réfléchie n’est plus guère utilisée en caractérisation de structure cristallographique, car elle requiert une très grande expérience et surtout une pratique quasi journalière de l’instrument. On élargit beaucoup ses possibilités si l’on dispose d’un spectrophotomètre et d’une platine universelle, puisqu’il devient possible de déterminer les parties réelle ν et imaginaire χ de l'indice n÷ des matériaux : semiconducteurs et métaux [10, 19]. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 860 − 11 MICROSCOPIE OPTIQUE _________________________________________________________________________________________________________________ 4.3.2 Réflexion sur la surface d’un métal ou d’un semiconducteur sous incidence non nulle Lorsque la surface polie d’un diélectrique d’indice nd immergé dans un milieu d’indice nr (l’air en général avec nr = 1) est attaquée par un rayon lumineux monochromatique et linéairement polarisé sous un angle d’incidence φ, l’intensité de la lumière réfléchie par le diélectrique est une fonction de φ, de nd / nr et de l’orientation du champ électrique du rayon incident [4]. Supposons que nr = 1. Deux cas limites apparaissent selon que le champ électrique de l’onde incidente est perpendiculaire E i ⊥ ou parallèle E i // au plan d’incidence. Figure 9 – Courbes de réflectance pour les trois grands types de matériaux Dans le premier cas, le vecteur E i ⊥ subit une avance de phase à la réflexion égale à π. Si le champ électrique du rayon réfléchi est noté E r ⊥ , le taux de lumière réfléchie I ⊥ = E r2⊥ ⁄ E i2⊥ croît de façon monotone avec l’angle φ. Il est de 100 % lorsque φ = π/2. I // = E r2 // ⁄ E i2 // Dans le second cas, avec I // = I ⊥ sous incidence nulle. Lorsque φ augmente, I // décroît et s’annule pour φ = θ avec tan θ = nd . Cet angle θ est nommé indifféremment angle de Brewster ou principal angle d’incidence. Lorsque φ continue à croître, l’intensité lumineuse atteint 100 % sous incidence rasante. La réflexion ne produit une avance de phase, égale à π, que lorsque φ > θ. L’extinction qui se produit sous l’incidence brewstérienne est expliquée en considérant que les dipôles du diélectrique oscillent alors exactement dans la direction du rayon réfléchi virtuel (figure 9). Soit un rayon linéairement polarisé attaquant la surface du diélectrique sous un angle φ avec un vecteur E vibrant à 45o du plan d’incidence. Pour φ < θ, φ est petit, seul E⊥ subit un saut de phase à la PE 860 − 12 réflexion. Par ailleurs, I // est voisin de I ⊥ . La recomposition de E r // et E r ⊥ produit une vibration linéairement polarisée dont l’azimuth est fixé par tan ψ = E r // ⁄ E r ⊥ . Pour φ = θ, il n’existe qu’une composante réfléchie E r ⊥ . Pour φ > θ, il y a saut de phase de π pour les deux vibrations réfléchies. Celles-ci sont de nouveau en phase. Elles se recomposent en une vibration linéairement polarisée dont l’azimut, fixé par tan ψ = E r // ⁄ E r ⊥ , est à π / 2 de l’orientation de E [4]. Cela permet de mieux comprendre les changements de l’état de polarisation de la lumière résultant de sa réflexion à la surface d’un matériau isotrope possédant des électrons libres (semiconducteurs et métaux) (figures 9 et 10). Figure 10 – Différence de phase entre E r // et E r ⊥ pour les trois grands types de matériaux 4.3.3 Mesure des constantes optiques des matériaux absorbants La mesure des parties réelle ν et imaginaire χ de l’indice de réfraction des matériaux absorbants nécessite l’emploi d’un ellipsomètre où la source lumineuse et le détecteur (un photomultiplicateur) peuvent simultanément être orientés d’un angle φ par rapport à la normale à la surface polie (cf. article [41] des Techniques de l’Ingénieur). Cette mesure peut être faite avec un microscope, si l’on dispose d’un photomètre et d’une platine dite universelle (figure 11). Cette méthode s’applique pour toutes les longueurs d’onde du domaine de transparence de la lentille demi-boule. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation _________________________________________________________________________________________________________________ MICROSCOPIE OPTIQUE Le champ du microscope est donc obscur en lumière polarisée et analysée. 4.3.4.2 Matériaux anisotropes Considérons d’abord le cas où le cristal peu absorbant est éclairé par de la lumière monochromatique dont la longueur d’onde ne coïncide pas avec celle d’une bande d’absorption. Puisqu’il existe deux indices principaux ng et np, il existe aussi deux réflectances principales Rg et Rp qui constituent les directions principales de la section polie. Orientons-les à 45o du plan de polarisation. Une vibration incidente Ei est décomposée en Eix et Eiy qui, après changement de phase π, sont réfléchies proportionnellement à Rg et Rp. Ce sont les vibrations Erx et Ery (figure 12). Elles se recomposent pour former Er qui est linéairement polarisée (ϕ = 0), mais dont l’azimut est incliné de θ sur Ei . Entre Nicols croisés, le champ n’est plus obscur et il est nécessaire de tourner l’analyseur d’un angle θ pour rétablir l’extinction. Figure 12 – Rotation du plan de vibration de la lumière réfléchie par un diélectrique anisotrope Les cristaux anisotropes très absorbants (semiconducteurs, métalliques ou diélectriques sur une bande d’absorption) ont deux indices principaux complexes n÷ et n÷ et sont de ce fait biréflecg p tants. Le cristal étant orienté comme précédemment il vient : tan ϕ g = 2 χ g ⁄ ( ν g2 Ð 1 + χ g2 ) et Figure 11 – Montage permettant la mesure de ν et χ 4.3.4 Matériaux absorbants isotropes et anisotropes sous incidence normale 4.3.4.1 Matériaux isotropes Sous incidence normale (φ = 0), la réflexion métallique ou semimétallique détermine une avance de phase de la vibration réfléchie fixée par : tan ϕ = 2 χ ⁄ ( ν 2 Ð 1 + χ 2 ) . Cette relation dépend naturellement de λ. En conséquence, sur une bande d’absorption, ϕ est différent de π, même si la substance est diélectrique pour d’autres valeurs de longueurs d’onde. Puisque le matériau est isotrope, les surfaces des indices de réfraction ν et du coefficient d’extinction χ sont des sphères. La réflectance (ou pouvoir réflecteur) est indépendante de l’orientation de la section polie (lorsqu’on fait tourner la platine, l’intensité de la lumière réfléchie n’est pas modifiée). Sa réflectance est fixée par : I ⁄ I0 = [ ( ν Ð 1 ) 2 + χ 2 ] ⁄ [ ( ν + 1 ) 2 + χ 2 ] tan ϕ p = 2 χ p ⁄ ( ν p2 Ð 1 + χ p2 ) Les vibrations réfléchies sont déphasées de ϕ = ϕg − ϕp. De plus, leurs amplitudes diffèrent, puisqu’il y a deux réflectances principales. Elles se recomposent donc en une vibration Er elliptiquement polarisée. À cette vibration correspond une ellipse inscrite dans un rectangle dont les côtés sont égaux à 2Rg et 2Rp (figure 13). Le grand axe de cette ellipse n’est parallèle à la diagonale principale que si ϕ = 0. Dans le cas contraire, son inclinaison θ sur Ox est fixée par : 2 E rx Ð E ry tan 2 θ = -------------------------- cos ϕ 2 Ð E2 E ix iy 4.3.4.3 Mesure de la réflectance ou de la biréflectance Le microscope doit être équipé d’un photomètre qui, dans sa version la plus simple, est composé d’un photomultiplicateur d’électrons, d’une alimentation et d’un dispositif de mesure : un galvanomètre ou un enregistreur. Un jeu de filtres interférentiels à bande large (15 nm à mi-hauteur de pic) permet de mesurer la réflectance en différentes régions du spectre visible. La mesure se fait en lumière polarisée non analysée. Elle nécessite des étalons de Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 860 − 13 MICROSCOPIE OPTIQUE _________________________________________________________________________________________________________________ 5. Microscopie en contraste de phase 5.1 Principe Figure 13 – Production d’une vibration elliptique par réflexion sur un corps absorbant réflectance. La réflectance Rs du standard étant connue, on mesure successivement l’intensité Is du courant délivré par le photomultiplicateur pour le standard, puis celle Ie correspondant à la réflectance Re de l’échantillon. On obtient Re = ( Ie / Is ) Rs . On améliore beaucoup la reproductibilité des mesures en stabilisant l’alimentation de la source lumineuse. Dans la mesure de la biréflectance, on recherche les directions principales de réflectance correspondant à Rg et à Rp en faisant tourner l’échantillon et en repérant les directions suivant lesquelles l’intensité est maximale Ig et minimale Ip . Les réflectances Rg et Rp sont respectivement égales à (Ig / Is) Rs et à (Ip / Is) Rs. 4.3.4.4 Caractérisation d’une vibration elliptique Il s’agit d’une mesure très utile si le matériau est peu absorbant ou très mince. En effet, combinée à une mesure de Rg et Rp et à celle de νg − νp , par transmission, elle permet de déterminer les deux coefficients d’extinction et les indices de réfraction correspondants. La première étape consiste à rechercher les directions principales de réflectance et à mesurer Rg et Rp . La vibration elliptique est inscrite dans le rectangle 2 Rg, 2 Rp (figure 13). On oriente l’une de ces directions à 45o de celle du polariseur et l’on insère l’analyseur. Par rotation de ce dernier, on recherche les axes de l’ellipse. L’intensité du courant du photomultiplicateur est maximale IM lorsque le plan de vibration de l’analyseur est parallèle au grand axe et minimale Im dans le cas contraire. Le rapport des axes est donné par I M ⁄ I m . On mesure alors νg − νp au moyen d’un compensateur type Ehringhaus et l’on calcule ϕ, χg , χp , νg et νp au moyen des relations données dans le paragraphe 4.3.2. 4.3.4.5 Examens en lumière réfléchie convergente L’usage d’un objectif à ouverture numérique élevée (= 1,3) permet d’explorer rapidement un très grand nombre d’angles d’incidence. Une substance isotrope développe une croix noire entre Nicols croisés. Lorsque la substance est anisotrope, on observe des branches d’hyperboles qui se confondent en une croix noire lorsque ses lignes neutres sont parallèles aux directions de vibration des filtres Nicols. Les objets parfaitement transparents ou réfléchissants n’absorbent aucune énergie transportée par l’onde qui les éclaire. Leur structure n’est donc pas visible. En revanche, ces objets affectent la phase des rayons lumineux qui les traversent, puisque celle-ci dépend de la différence de marche Γ = e (n − n ′) où e est l’épaisseur traversée et n − n ′ représente les variations locales de l’indice. La technique du contraste de phase consiste à convertir les changements de phase en changements d’amplitude. Soit un objet transparent d’indice n immergé dans un milieu d’indice n ′ avec n > n ′ (figure 14). Deux rayons circulant à l’intérieur et à proximité de l’objet acquièrent la différence de marche Γ = e (n − n ′) lorsqu’ils émergent de cette lame. On suppose que Γ est petit devant la longueur d’onde λ. Désignons par Σ 1 la vibration qui traverse l’objet et par Σ 2 celle qui passe à proximité. On constate que Σ 1 est en retard sur Σ 2 . Σ 1 est la somme de Σ 2, lumière directement transmise et de Σ3. Cette dernière, d’intensité beaucoup plus faible et déphasée de π/2 par rapport à Σ 1, représente la lumière diffractée par l’objet. Dans la figure de diffraction de l’objet, fournie par l’objectif, Σ 2 et Σ 3 représentent respectivement les vibrations produisant la tache centrale (ordre zéro) et les taches d’ordres supérieurs admises dans l’objectif. La lumière directement transmise Σ 2 est d’abord concentrée dans le plan focal image de l’objectif avant de participer à la formation de l’image intermédiaire. Dans le plan focal image de l’objectif, le cône de lumière diffractée Σ 3 est encore très étalé. Cela permet donc d’agir sélectivement sur l’intensité et la phase de la lumière directement transmise. En l’absence de tout traitement, l’intensité lumineuse en un point de l’image intermédiaire est égale à I 22 + I 32 où I 2 et I 3 sont les amplitudes de Σ 2 et Σ 3. Comme I 3 est très petit, l 32 est négligeable et l’objet est dépourvu de contraste. En insérant une lame quart d’onde dans le plan focal de l’objectif là où la lumière directe est concentrée, on retarde Σ 2 de manière à la mettre en phase avec Σ 3 afin de créer une condition d’interférence constructive assurant une luminosité maximale de l’image. Dès lors, l’intensité est égale à ( I 2 + I 3 ) 2 ≈ I 22 + 2 I 2 I 3 . Comme l3 reste faible devant I2, on améliore le contraste en divisant l’intensité par N au moyen d’une lame absorbante. On démontre [3] que le contraste γ est fixé par I 2 N . Pour N = 2 500, on décèle des différences de marche de 1 nm avec un contraste de 0,5, ce qui est un bon contraste. 5.2 Mise en œuvre Les objectifs anciens étaient construits suivant le principe de Zernicke. Dans les fabrications récentes, l’objet est éclairé au moyen d’un condenseur comportant un diaphragme annulaire. La lame de phase absorbante λ / 4 (ou 3 λ / 4) est montée dans le corps de l’objectif. Lorsque l’ensemble condenseur-objectif est correctement centré, la lame de phase recouvre exactement l’image du diaphragme projetée dans son plan. Ce montage, intermédiaire entre le montage « fond noir » et celui exposé précédemment, permet de passer indifféremment du fond noir au fond clair en contraste de phase. Le même système est applicable en lumière réfléchie. En ce cas, toutefois, il n’existe qu’un diaphragme annulaire. Ses dimensions sont telles que son image ne se superpose à la lame de phase de l’objectif qu’après avoir été réfléchie par la surface polie de l’échantillon, puisque l’objectif est aussi le condenseur du microscope. PE 860 − 14 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation _________________________________________________________________________________________________________________ MICROSCOPIE OPTIQUE 6.1 Principe Figure 14 – Principe du contraste de phase 5.3 Applications On utilise le contraste de phase chaque fois que l’objet, transparent, ne peut être perçu que par des variations ténues d’indice et/ou d’épaisseur. C’est le cas, en général, pour les cellules végétales ou animales. Le contraste de phase est donc largement utilisé en cytologie. En sciences des matériaux, cette technique se justifie chaque fois que le matériau est incolore (verres minéraux et organiques par exemple). Lors de l’examen de défauts internes (hétérogénéités de l’indice d’un verre par exemple), on s’efforce de réduire les images parasites qui résultent de l’état de surface de l’échantillon. Celui-ci est recouvert d’un film d’huile à immersion (n = 1,52) ou de glycérine (n = 1,33) et d’une lame couvre-objet standard (e = 170 µm). Lors de l’examen de défauts superficiels naturels ou provoqués par une attaque chimique ménagée, on augmente le contraste en maintenant l’interface au contact de l’air. Si le matériau est peu absorbant, une métallisation préalable est souhaitable. 6. Contraste interférentiel différentiel Le contraste interférentiel différentiel est souvent proposé comme un substitut séduisant (image en noir et blanc ou au contraire coloriée) du contraste de phase (en lumière transmise et réfléchie). Le contraste interférentiel différentiel par réflexion est applicable à tous les matériaux absorbants isotropes ou anisotropes. La baisse de contraste qui résulte de l’état de polarisation elliptique de la lumière réfléchie est tolérable dans la plupart des cas. Le contraste interférentiel différentiel par transmission ne donne de bonnes images que si le matériau transparent est isotrope. Lorsqu’une onde incidente plane émerge d’un objet caractérisé en chaque point par une valeur de chemin optique Γ = ne, cette onde est déformée. À indice constant, la topographie de la surface de l’onde est donc une réplique de celle de l’objet. Supposons maintenant que cet objet soit traversé par deux ondes planes linéairement polarisées suivant des directions orthogonales. Après traversée de l’objet, chaque surface d’onde reproduit encore la topographie de cet objet. On peut rapprocher ces ondes et les forcer à interférer. On révèle alors la morphologie de l’objet par un procédé dit de contraste interférentiel différentiel. Supposons qu’un objet transparent isotrope d’indice n présente un défaut local, une petite cavité hémisphérique par exemple. Une onde plane et linéairement polarisée Σ qui a traversé cet objet est en quelque sorte le moulage de l’objet. L’onde émergente Σ′ est déformée. Supposons qu’elle attaque alors une lame biréfringente à faces parallèles taillée obliquement sur son axe optique et dont les lignes neutres sont à 45o du polariseur. Pénétrant dans cette lame, un rayon r ′ perpendiculaire à Σ′ donne deux rayons, ordinaire et extraordinaire, r0 et re qui ressortent de la lame suivant la même direction que r ′. À ces rayons correspondent deux surfaces d’onde déformées Σ 0′ et Σ e′ . Ces surfaces d’onde ont acquis un retard δ fonction de e ( n ′ Ð n ″ ) et un décalage transversal ∆. Leurs directions de vibration respectives sont celles des lignes neutres de la lame. Si l’on considère que Σ 0′ et Σ e′ représentent un même état des vecteurs E 0′ et E e′ dans des directions parallèles aux lignes neutres de la lame au temps t, on peut prévoir trois situations lorsque ces ondes traversent l’analyseur. Lorsque Σ 0′ et Σ e′ sont parallèles, les projections de E 0′ et de E e′ qui traversent l’analyseur ne sont pas exactement en phase puisque Γ = δ. Cette région qui correspond à une partie plane de l’objet est donc faiblement et uniformément éclairée. Si Γ = 0, les régions correspondantes sont noires, puisque E 0′ et E e′ sont en phase. Si 0 < Γ < δ la lumière est donc rétablie dans cette région de l’image. Le défaut est vu par son flanc comme s’il était éclairé latéralement. La différence ∆ est choisie de manière à ce que l’observateur ne perçoive qu’une seule image. Elle est donc inférieure au pouvoir de résolution du microscope. Ce montage qui permet d’expliquer le principe de contraste interférentiel différentiel, est peu utilisé en pratique. 6.2 Mise en œuvre (lumière transmise et réfléchie) Dans un microscope, Σ0, Σ 0′ et Σ e′ ne peuvent pas être parallèles à la lame biréfringente diviseuse d’onde. Celle-ci est donc remplacée par deux prismes de Wollaston, ce qui équivaut à construire un interféromètre dont la distance de séparation des faisceaux ∆ est inférieure au pouvoir séparateur du microscope. Le contraste lié au relief (et aux variations de Γ, plus généralement) est normalement exprimé par les teintes de polarisation du premier ordre (noir à blanc) qui sont déplacées dans le second ordre (contraste coloré) par insertion d’une lame quart d’onde. Dans le contraste interférentiel différentiel par réflexion, un seul prisme de Wollaston est nécessaire, puisqu’il est traversé deux fois par le faisceau (figure 15). 7. Interférométrie Un interféromètre est un dispositif permettant, par la mesure précise d’une différence de marche Γ, de déterminer la valeur d’une dénivelée ou l’indice de réfraction d’un matériau diélectrique. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 860 − 15 MICROSCOPIE OPTIQUE _________________________________________________________________________________________________________________ L’onde incidente Σi est dédoublée, et les deux ondes ainsi obtenues cheminent suivant deux trajets géométriquement parfaitement distincts, l’objet étant placé sur l’un d’entre eux. Après recombinaison, ces deux ondes, l’une Σo empreinte des déformations introduites par l’objet, l’autre ΣR servant de référence, interfèrent et la différence de marche variable due à l’objet est directement mise en évidence et mesurable. L’interféromètre de Mirau donne des résultats d’autant plus précis que les franges sont plus contrastées. Sa précision dépend donc de la pureté spectrale de la source lumineuse. Avec une source au sodium et une lame diviseuse faiblement inclinée (α = 10−3 rad), une dénivellation de 0,03 µm est déjà perceptible, puisqu’il lui correspond un décrochement de 1/10 d’interfrange. 8. Microscopies particulières 8.1 Microscopie de fluorescence sous excitation UV Figure 15 – Principe du contraste interférentiel différentiel en lumière réfléchie L’interférométrie est une méthode majeure de la métrologie (cf. article [38] des Techniques de l’Ingénieur). Ne seront décrits ici que les interféromètres facilement adaptables à un microscope : — le système Jamin-Lebedef qui permet la mesure de l’indice et l’épaisseur des matériaux transparents ; — le système Mirau employé à visualiser et à mesurer les dénivelées (rayures, microtopographies) des matériaux absorbants (semiconducteurs et métaux). 7.1 Interférométrie de polarisation Jamin-Lebedef Il s’agit d’une méthode largement utilisée en microbiologie et dont les applications (pétrographie des charbons par exemple) sont encore limitées en sciences des matériaux. L’équipement de fluorescence fonctionne en lumière réfléchie. Il nécessite une source UV puissante (lampe à vapeur de Hg sous haute pression de 200 W) et un illuminateur spécial dont la lame semi-métallisée est remplacée par un miroir dichroïque. Ce miroir a la propriété de réfléchir les courtes longueurs d’onde et de transmettre la partie visible du spectre. Le rayonnement émis par la source est dirigé sur un filtre d’excitation à bande passante étroite qui permet de sélectionner une partie du spectre UV du mercure. Ce rayonnement est réfléchi par le miroir dichroïque sur l’objectif qui le concentre sur l’échantillon. Un objet fluorescent pour cette plage de longueurs d’onde réémet un rayonnement visible (loi de Stokes) qui traverse le miroir dichroïque. Les UV résiduels sont arrêtés par un filtre barrière. L’objet peut être simultanément observé dans ses vraies couleurs, ce qui fournit des informations complémentaires de celles produites par fluorescence. Les matériaux inorganiques sont rarement fluorescents dans le proche UV (bande 0,365-0,480 µm du spectre de Hg). On peut pallier cet inconvénient et visualiser certains défauts en les imprégnant de fluochromes (Rhodamine B200 par exemple). 8.2 Microscopie infrarouge Dans l’interféromètre de Jamin-Lebedef, la lumière incidente linéairement polarisée est dédoublée longitudinalement. Il en est de même de l’image de l’objet donnée par le microscope. Seule l’une de ces deux images est au point. La phase de l’onde correspondante Σ 0′ est modifiée par les variations locales d’épaisseur optique, alors que l’effet sur l’autre onde Σ R′ , servant d’onde de référence, est celui de l’épaisseur optique moyenne de l’objet et de l’espace environnant. L’interférogramme obtenu est comparable à un interférogramme normal. Cette méthode est parfaitement adaptée à la mesure des indices des films et des fibres. 7.2 Interférométrie de Mirau Dans sa version la plus simple, l’interféromètre de Mirau (ou celui de Tolanski qui est très voisin) est constitué par une lame semiréfléchissante placée en avant d’un objectif à grande distance frontale. PE 860 − 16 Cette technique est très utilisée dans l’industrie des semiconducteurs ainsi que dans certains laboratoires de contrôle des fraudes. Elle permet d’obtenir des images, généralement dans la partie verte du spectre, de matériaux minéraux ou organiques qui émettent ou absorbent dans le proche infrarouge ( λ < 2,4 µm ) . On peut notamment déceler une signature falsifiée. La signature « effacée » apparaît alors en filigrane sous celle qui la recouvre. On observe et photographie des microcircuits de semiconducteurs déposés sur des tranches de silicium, puisque celui-ci devient transparent dans l’infrarouge pour des longueurs d’onde supérieures à 1,1 µm. ■ La fenêtre de transparence des crowns et flints λ < 1,2 µm définit deux types de matériels très différents. Pour des longueurs d’onde inférieures à 1,2 µm, un microscope conventionnel est simplement équipé d’un convertisseur d’infrarouges. Il s’agit d’un dispositif électronique qui permet d’étendre la visibilité dans le proche infrarouge de 0,750 à 1,2 µm en général. Ce tube cathodique est intercalé entre l’objectif et l’oculaire du microscope. Il est en général amovible. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation _________________________________________________________________________________________________________________ MICROSCOPIE OPTIQUE ■ Pour des longueurs d’onde supérieures à 1,2 µm, l’optique traditionnelle doit être remplacée par un objectif à miroir [ou par des lentilles taillées dans des matériaux semiconducteurs (sélénium)] et par un détecteur semiconducteur refroidi ou non (une caméra vidéo IR en pratique). Les observations sont faites sur un moniteur TV. Figure 16 – Microscopie optique en champ proche utilisant une onde évanescente produite par réflexion totale frustrée par l’extrémité amincie d’une fibre optique (d’après [37] 8.3 Microscopie en champ proche La microscopie en champ proche est une technique qui permet d’augmenter la résolution du microscope. Un objet microscopique placé au foyer d’un objectif et éclairé par une onde plane monochromatique diffracte celle-ci sous des angles qui croissent avec la fréquence spatiale de l’objet. Dans le plan focal de l’objectif, les informations (transformée de Fourier de l’objet) les plus fines sont donc les plus éloignées de la tache centrale. L’ouverture numérique de l’objectif étant limitée, les rayons diffractés sous une incidence rasante ne peuvent être collectés dans ce montage fonctionnant en champ lointain. La définition de l’image est alors fixée par le critère de Rayleigh. La lumière diffractée sous incidence rasante porte des informations sur les fréquences spatiales élevées de l’objet. En collectant ces ondes dites inhomogènes ou évanescentes, on s’affranchit du critère de Rayleigh et l’on augmente alors la résolution du microscope dit en champ proche. On peut notamment placer l’objet transparent et très mince sur la surface d’un guide d’onde plan diélectrique, de manière à ce qu’il soit éclairé par les ondes évanescentes issues de la réflexion laser préalablement filtrée (figure 16). L’amplitude des ondes évanescentes que l’objet diffracte décroît de manière exponentielle à mesure qu’elles s’éloignent de l’interface milieu dense-milieu rare. Il faut donc collecter ce signal (on frustre localement la réflexion totale) au moyen d’une sonde diélectrique où l’onde évanescente réexcite une onde progressive qui est dirigée vers un photomultiplicateur. Le signal électrique qui en sort est alors dirigé vers un ordinateur. Sur l’écran, chaque point (pixel) de l’image correspond à un point de l’objet dont la résolution est fixée par le diamètre de la sonde. La résolution latérale est donc inversement proportionnelle au diamètre de la sonde qui doit être aussi petit que possible. Ce pouvoir séparateur est affecté par l’hystérésis des céramiques piézoélectriques chargées de déplacer en x et y la sonde ou l’objet. La résolution de ces instruments est encore mal définie. Les auteurs annoncent des résolutions latérales et longitudinales meilleures que 10 nm et 0,5 nm respectivement [37]. Elles sont comparables à celles des microscopes électroniques à balayage à canon thermo-ionique lorsque l’objet observé est constitué d’éléments à Z faible, de la matière organique par exemple. Il n’est donc plus utopique d’espérer observer de la matière vivante (ce qui n’est pas possible en microscopie électronique où l’objet doit être tué et métallisé) sous un microscope photonique avec la résolution d’un microscope électronique à balayage. 8.4 Microscopie confocale à balayage laser La limite de résolution d’un microscope est définie par le critère de Rayleigh. On peut s’en affranchir partiellement en balayant l’objet au moyen d’un spot. Celui-ci est obtenu en utilisant le microscope en sens inverse de manière à ce qu’un faisceau laser soit focalisé dans le plan focal objet de l’objectif. Dans un montage par transmission, la lumière du laser modulée par l’objet atteint le condenseur puis une photodiode ou un photomultiplicateur. Supposons que l’on synchronise le balayage point par point de l’objet à celui de l’écran du moniteur vidéo au moyen d’un système de miroirs vibrants (micro-déplacement par des céramiques piézoélectriques). Chaque point de l’objet module l’intensité lumineuse de la source. Par l’intermédiaire du photomultiplicateur, celle-ci est convertie en un courant électrique qui module en retour le flux d’électrons du moniteur. Dans un microscope confocal à balayage laser, l’image est une image de synthèse reconstituée point par point par synchronisme entre le balayage de l’objet et celui du moniteur vidéo. Ce système présente deux avantages majeurs : — améliorer sensiblement la résolution en utilisant un laser émettant dans l’ultraviolet (le détecteur peut être un photomultiplicateur) ; — favoriser le traitement d’image puisque celle-ci, créée point par point, peut être informatisée. Il y a lieu de souligner que la qualité de l’image de synthèse est limitée par la résolution du moniteur (1 024 x 1 024 pixels image) qui est très inférieure à celle d’une émulsion photographique. La microscopie confocale par balayage laser est également appliquée en lumière réfléchie. Elle permet d’acquérir des images de synthèse de fluorescence, notamment, en utilisant des sources laser de longueur d’onde appropriée. Enfin, certains fabricants (Technical Instrument Company) proposent des modules permettant de transformer un microscope conventionnel en un microscope confocal à balayage laser. Le coût de cet accessoire est encore très élevé. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 860 − 17 MICROSCOPIE OPTIQUE _________________________________________________________________________________________________________________ 9. Microspectrophotométrie Pour compléter les informations fournies par les microsondes électroniques, on utilise classiquement les spectroscopies par absorption ou transmission (visible et infrarouge) et par diffusion inélastique des photons (effet Raman). Ces méthodes macroscopiques se sont progressivement miniaturisées. Elles s’appliquent désormais à des plages extrêmement réduites (0,5 µm de diamètre). La dimension de la plage absorbant, réfléchissant ou diffusant a donc pratiquement la même dimension que celle du faisceau d’électrons d’une sonde électronique conventionnelle (1 µm de diamètre). Il est ainsi possible de procéder à l’analyse chimique quasi ponctuelle d’une substance, puis de réaliser sur le même site des mesures spectroscopiques. Celles-ci ont pour but de caractériser minéralogiquement ce domaine (substance de composition simple) ou d’apporter des informations additionnelles sur la structure cristallographique. La localisation (dans la maille pour un cristal ou dans la charpente pour un verre) des métaux de transition, la nature et la déformation des polyèdres de coordinats, le caractère ordonné ou désordonné d’une solution solide, la nature (OH−, H2O) et la localisation structurale ou interstitielle de l’eau sont des paramètres désormais accessibles grâce aux microspectrophotomètres (MSPM) de la nouvelle génération. 9.1 Instrumentation Un microspectrophotomètre est la combinaison d’un spectromètre et d’un microscope (figure 17). Les instruments les plus simples sont conçus pour mesurer la transmittance et la réflectance dans différentes régions du spectre visible isolées au moyen de filtres interférentiels à large bande passante (15 nm à mi-hauteur de pic). Dans les instruments les plus perfectionnés, la lumière transmise ou réémise (fluorescence) par l’objet est décomposée par un réseau avec un incrément beaucoup plus petit (0,5 nm) avant d’être dirigée sur le détecteur (semiconducteur type PbS ou photomultiplicateur d’électrons). Le spectre balayable varie de 0,380 à 0,800 µm, voire de 0,240 à 2,2 µm. Figure 17 – Éléments du microspectrophotomètre 240 à 2 100 nm de Carl Zeiss 9.1.1 Classes de microspectrophotomètres On distingue classiquement trois types de microspectrophotomètres. ■ Le premier est généralement destiné à mesurer des spectres de réflectance ou de transmittance dans la partie visible du spectre et en fait du proche UV (λ = 350 nm) au proche IR (λ = 850 nm) avec un seul détecteur. Cette plage peut être étendue à 2,2 µm : l’instrument est alors doté de deux détecteurs et de deux monochromateurs. ■ Les microspectrophotomètres IR travaillent traditionnellement dans la plage 8 à 100 µm. 514,5 nm le plus souvent) et dans le domaine IR lorsque l’excitatrice est un laser à He-Ne (λ = 632,8 nm). L’instrument doit alors comporter deux monochromateurs et deux détecteurs dont un sensible à l’IR. La classe de l’instrument se définit en fonction de la qualité du monochromateur (filtre interférentiel dégradé, réseau, filtre PerotFabry ou interféromètre Michelson) et de la largeur du domaine spectral analysable. Lorsque ce dernier devient important (système UMPS Zeiss 240 à 2 100 nm), deux monochromateurs et deux détecteurs doivent être montés dans l’instrument dont le coût est alors très élevé. ■ Les microspectrophotomètres à effet Raman, sonde MOLE par exemple travaillent sur les raies Stokes dans la partie visible du spectre si l’excitatrice est un laser Ar ionisé (raies à 488 ou à PE 860 − 18 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation _________________________________________________________________________________________________________________ MICROSCOPIE OPTIQUE 9.1.2 Éléments du microspectrophotomètre La technologie d’un microspectrophotomètre travaillant dans le visible, l’infrarouge ou par effet Raman n’est pas fondamentalement différente de celle mise en œuvre dans les spectrophotomètres correspondants. On n’oubliera pas toutefois que l’optique du microscope doit être transparente au rayonnement exploré. Ainsi, en microscopie IR, les optiques traditionnelles qui absorbent ce rayonnement sont remplacées par des objectifs à miroirs [33]. 9.2 Origine du spectre des ondes électromagnétiques visibles Une substance amorphe ou cristallisée (minérale ou organique) est colorée si elle absorbe certaines radiations de la partie visible ( 350 < λ < 700 nm ) du spectre. Ce processus peut résulter de l’absorption des photons dont l’énergie est supérieure à la hauteur de la bande interdite. Dans un semiconducteur, à chaque photon absorbé correspond le transfert d’un électron dans la bande de conduction. Le semiconducteur fonctionne en filtre passe-bas et de ce fait est coloré. Trois autres processus contribuent à « colorier » les matériaux. Dans ces trois cas, un photon incident d’énergie suffisante délocalise un électron. Le photon est absorbé, donc soustrait du spectre de l’OEM transmise ou réfléchie. On distingue : — la transition intra-ionique par laquelle l’électron passe, par exemple, d’une orbitale 3d à une orbitale partiellement vacante d’énergie plus élevée ; — la transition interionique : le transfert électronique de l’orbitale s’effectuant d’un ion à celle d’un ion mitoyen ; — la transition intervalentielle (saut électronique entre un ion et un des atomes du polyèdre de coordinat). 9.3 Origine des spectres IR et Raman Les spectres IR et Raman sont les conséquences des vibrations des atomes, des ions ou des molécules localisés aux nœuds d’un réseau cristallin (théorie des phonons) [8]. 9.4 Applications à la caractérisation des matériaux minéraux 9.4.1 Mesure des parties réelle et imaginaire de l’indice de réfraction d’un matériau La mesure des parties réelle ν et imaginaire χ de l’indice de réfraction fournit une première indication sur la réfractivité molaire de la substance. Cette mesure peut être réalisée à la longueur d’onde λNa ou mieux sur tout le spectre visible. ■ Pour un matériau isotrope, on mesure successivement la réflectance par rapport à deux milieux d’immersion différents (air et huile). On obtient ainsi deux réflectances liant χ aux indices de réfraction relatifs par rapport à l’air et à l’huile, qui permettent de déterminer χ et ν. ■ Dans un matériau anisotrope, quatre mesures de réflectance sont nécessaires pour obtenir νg , χg et νp , χp . Ainsi une analyse par microsonde établissant qu’une microinclusion est constituée exclusivement d’oxyde de titane ne fournit aucune indication sur la structure cristalline de cet oxyde. La mesure Figure 18 – Séparation des niveaux d’énergie ∆ de différentes configurations régulières ou irrégulières de polyèdres de coordinats de ν et de χ permet alors d’établir s’il s’agit de rutile, d’anatase ou de brookite. Les spectres électroniques des matériaux contenant des métaux de transition permettent de suivre des substitutions du type Fe2+ par Mn2+, difficiles à mettre en évidence par des mesures par rayons X puisque les facteurs d’absorption sont identiques. Ainsi, et à titre d’exemple, lors d’une substitution de ce type dans les sites M2 d’une solution solide entre (Mg0,96, Mn0,03, Fe0,01)2SiO4 et (Mg0,31, Mn0,67, Fe0,02)2SiO4 (série des olivines), il y a à la fois déplacement de la bande d’absorption du Fe2+ (de 1 000 à 1 120 nm) et réduction du coefficient d’absorption relatif dans cette région du spectre. Des bandes d’absorption additionnelles apparaissent vers 410, 440 et 585 nm. On peut de la même manière caractériser les sites d’occupation des métaux des séries de transition (3d, 4d et 5d) de certaines terres rares (Eu, Sm) et des actinides dans des matériaux vitreux par l’importance de la séparation des niveaux d’énergie ∆ des orbitales d d’un même métal. Celle-ci est fixée par ∆0 > ∆c > ∆d > ∆t (figure 18) pour des polyèdres de coordinats non déformés, si les transitions électroniques sont permises toutefois. Sous cette dernière condition, la bande d’absorption est centrée λ (µm) = 1,239 6 / ∆ (eV) quand le polyèdre de coordinats est un octaèdre régulier [25]. Bien que les couleurs physiologiques d’un verre brun et d’un verre vert soient très différentes, ces matériaux présentent une même bande d’absorption très intense, centrée sur 580 nm, conséquence de l’élimination de la partie jaune du spectre. Leur différence de couleur tient essentiellement à la réponse spectrale de ces matériaux dans la partie rouge ( 600 < λ < 700 nm ) du spectre. Celle-ci est faible pour le verre vert et plus importante pour le verre brun. Paradoxalement, le verre vert absorbe davantage les radiations vertes ( λ ≈ 550 nm ) que le verre brun. Cela démontre toute l’importance du MSPM dans la caractérisation objective des couleurs des matériaux. On étendra, si possible, l’investigation au proche IR ( λ < 2,5 µm ) afin de mesurer les bandes d’absorption correspondant aux transitions permises de petite énergie, qui résultent de la déformation des polyèdres de coordination. De telles mesures doivent être réalisées en polarisant la source lumineuse de manière à déceler d’éventuels transferts interioniques. Elles peuvent par ailleurs être réalisées à différentes températures et pressions. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 860 − 19 MICROSCOPIE OPTIQUE _________________________________________________________________________________________________________________ 9.4.2 Caractérisation d’une espèce minérale à partir d’une mesure de sa (bi)réflectance introduction à ce sujet dans [8] et de nombreuses données dans [30]. De nombreux minéraux opaques se différencient par des variations ténues de couleur ou de réflectance, l’emploi du microspectrophotomètre est alors indispensable. Les réflectances standards sont généralement mesurées par rapport à l’air et par rapport à une huile d’indice 1,515 pour la raie D du sodium. La (bi)réflectance dépend beaucoup de l’état de surface du matériau, qui doit être poli optiquement, et de sa « fraîcheur ». Son oxydation même superficielle, quelques dizaines de nanomètres d’épaisseur, abaisse fortement la (bi)réflectance des sulfures et sulfosels. Les (bi)réflectances d’un grand nombre de substances sont données dans [26, 27]. 9.4.4 Détection de l’eau liée et de l’eau interstitielle dans les matériaux vitreux ou cristallisés, par spectroscopie IR Le quartz peut être considéré comme le produit de la polymérisation de l’acide monosilicique, le pontage silanol évoluant en un pontage siloxane avec production d’une molécule d’eau : 9.4.3 Caractérisation d’une solution solide par spectroscopie IR en mode réflectance La microspectrophotométrie IR permet de déterminer les différentes bandes interdites d’une espèce cristallisée (trois spectres de réflectance si la symétrie est minimale, E étant successivement orienté suivant les trois repères cristallographiques principaux) et plus généralement d’explorer une solution solide dont les pôles ont été caractérisés au préalable. Dans le proche infrarouge, la pulsation ω et le vecteur d’onde k ne sont proches des paramètres correspondants (Ω et K ) des phonons des modes optiques transverses (T) et longitudinaux (L) qu’à proximité du centre de la zone de Brillouin. De cela découle le concept de bande(s) de fréquences interdite(s) ou théorie de Lyddane-Sachs et Teller (LST). Dans l’intervalle ΩL à ΩT (pulsations des phonons longitudinaux et transverses), la vitesse de groupe v g = ∂ω ⁄ ∂k est nulle ou négative, aucune énergie n’est transmise et le rayonnement IR incident est totalement réfléchi. Exemple : considérons le cas classique d’une solution solide de FeS dans ZnS. ZnS est un semiconducteur intrinsèque incolore, puisque la hauteur de sa bande interdite est de 3,6 eV. Ce sulfure absorbe dans l’UV pour λ < 340 nm . Tenant compte des paramètres suivants : ΩT = 5,71 x 1013 Hz, ε0 = 8,3, ε∞ = 5,07 [29], on utilise la relation de LST : ΩL = ΩT (ε0 /ε∞)1/2 ε0 permittivité diélectrique statique, ε∞ permittivité diélectrique dynamique (ε∞ = n2) pour calculer ΩL (7,3 x 1013 Hz) et la fréquence moyenne de la bande interdite (6,5 x 1013 Hz). Le pic de réflectance maximale est centré sur 4,6 µm soit 2 179 cm−1. La substitution de Zn2+ (de masse atomique M1 = 65,38) par le Fe2+ (de masse atomique M 1′ = 55,8 ) doit modifier ΩT, ε0 et ε∞. Comme M 1′ < M 1 , il est intuitif que Ω T′ > Ω T . Le glissement de fréquence peut être calculé (méthode dite du phonon localisé [10]). Le spectre IR de la solution solide considérée a été mesuré [30] et l’on observe une bande de réflectance maximale centrée sur 3 500 cm−1. Cette application très simple montre l’intérêt de cette spectrométrie dans le domaine des solutions solides. La bande de réflectance maximale correspond aussi à une bande d’absorption maximale en mode transmittance. Le raccord « réflectance IR − absorbance par effet du champ cristallin » est en ce cas très simple. Le Fe2+ (Ar 4s2 3d4) doit être considéré comme occupant le site tétraédrique du Zn substitué (ZnS a la structure du diamant). La transition électronique permise correspond à une différence de niveau d’énergie de 0,27 eV. On notera le caractère approché de cette estimation. Dans la théorie du champ cristallin, on postule que les interactions sont purement électrostatiques. Or, la sphalérite (sulfure de Zn) est un cristal covalent de type C diamant. Dans ce mécanisme tridimensionnel, il arrive que certaines liaisons silanol persistent, ce qui modifie notablement les propriétés du cristal. Ces liaisons doivent être détruites par chauffage et les molécules d’eau résultantes sont alors en positions interstitielles. Une telle évolution peut être suivie par spectroscopie IR. En effet, la fréquence de résonance des groupes hydroxyles correspond à une bande d’absorption centrée sur 3 650 cm−1 (λ = 2,74 µm), alors que celle de l’eau interstitielle correspond à 3 450 cm−1 (λ = 2,9 µm) [21]. L’absorption étant proportionnelle à la densité de liaisons silanols et/ou d’eau interstitielle localisées dans le quartz (ou tout autre matériau supposé présenter les mêmes caractéristiques), on procède par transmission avec un faisceau incident polarisé de manière à définir des directions d’absorption préférentielles. Dans le quartz, l’absorption maximale tient à ce que les groupements hydroxyls résiduels se localisent à la surface de fibres alignées parallèlement à cet axe. La microsonde électronique restant aveugle aux éléments légers, la microspectroscopie IR reste l’outil privilégié pour différencier les groupements hydroxyls, l’eau structurale et l’eau interstitielle dans les silicates amorphes ou cristallisés [31]. 9.5 Applications des spectroscopies IR et Raman avec Compte tenu du développement limité de ce paragraphe, le thème des centres colorés ne peut être abordé ici. On trouvera une PE 860 − 20 Les spectres Raman résultent, comme les spectres IR, d’une interaction entre une OEM incidente et les phonons Ωi du réseau cristallin, dont les vecteurs d’onde K sont proches du centre de la zone de Brillouin. Un spectre Raman est produit par la diffusion inélastique des photons par les phonons longitudinaux et transverses des modes optiques. Dans une espèce cristalline à symétrie minimale, il y a autant de raies Raman que de modes optiques. Les spectrométries Raman et IR sont complémentaires. La microspectrométrie Raman produit des spectres à raies fines. Les méthodes mathématiques nécessaires au dépouillement des spectres IR ne sont pas nécessaires. Les spectres Raman sont bien caractérisés lorsque les éléments constituants du matériau sont très polarisables (Ti, S, I, etc.). Par voie de conséquence, la réponse spectrale est faible avec des éléments tels Si, O, C. Un spectre Raman permet théoriquement de caractériser une substance si son appartenance à une famille (spinelle, olivine) est connue au préalable. Mais cela nécessite d’acquérir des spectres orientés, par l’utilisation d’une platine universelle de type Fedorof (le rayonnement incident étant parallèle à un des axes du repère cristallographique Ox, Oy, Oz ), de disposer d’une banque de spectres et d’un logiciel performant. Cette application reste limitée au contrôle fin d’un produit industriel relativement homogène (verres, solutions solides cristallisées contenant un nombre limité de constituants). On citera à titre d’exemple d’application le dosage en routine de la teneur en chrome de la « chromite » (une solution solide entre un pôle alumi- Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation _________________________________________________________________________________________________________________ MICROSCOPIE OPTIQUE neux Fe2Al2O4 et un pôle Fe2Cr2O4 chromifère) dont le déplacement de la raie Raman de haute fréquence est linéairement corrélé au rapport Cr3+ / (Cr3+ + Al3+) [32]. Dans le domaine de la pétrographie des charbons, la mesure du spectre Raman permet de déterminer immédiatement le degré de graphitisation de la matière organique. Le graphite cryptocristallin (amorphe) est caractérisé par deux larges bandes centrées sur 1 355 et 1 575 cm−1. L’augmentation de la cristallinité se caractérise par la disparition progressive de la bande à 1 355 cm−1 et par un pic bien caractérisé à 1 575 cm−1. Couplée éventuellement à une mesure de réflectance, cette méthode permet d’estimer de manière très rapide la qualité d’un charbon. En l’absence de périodicité, la notion de phonon disparaît théoriquement. Toutefois, un verre peut être considéré comme un liquide surfondu qui présente une organisation à courte distance. De la même manière qu’un métal fondu présente des bandes de diffraction X larges et centrées sur une ou plusieurs raies du métal cristallisé, les verres minéraux possèdent des spectres Raman à bandes larges. Ceux-ci peuvent être exploités pour définir la structure du verre (organisation à courte distance faisant intervenir des éléments formateurs et modificateurs de structure) si les spectres Raman sont complétés de données microsonde [32]. 10. Conclusion Bien que le microscope « isolé » connaisse encore des applications surtout en biologie, il est souvent concurrencé, pour les matériaux conducteurs, par les microscopes électroniques à fort grandissement. En revanche, la microscopie photonique a bénéficié du développement de nouvelles sources de lumière (laser) et de couplages avec plusieurs spectromètres (UV, IR, Raman), qui en font un outil privilégié des spectroscopistes pour l’analyse de petits échantillons. En particulier, la microscopie en champ proche permet de s’affranchir du critère de Rayleigh et d’améliorer notablement la résolution (voisine de 10 nm). La microscopie confocale à balayage laser est une technique qui, grâce à sa très faible profondeur de champ, peut s’appliquer à un ensemble de plans d’analyse faiblement équidistants, conduisant à une étude en trois dimensions. Il est ainsi possible d’explorer l’organisation tridimensionnelle de complexes macromoléculaires à l’intérieur d’un noyau ou d’étudier à haute résolution la surface de matériaux ou de microéléments. Finalement, les développements de l’informatique ont permis l’acquisition, le stockage et le traitement des images numériques provenant des microscopes. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Analyse et Caractérisation PE 860 − 21 P O U R Microscopie optique par E N Michel ARNOLD Docteur ès Sciences Chargé de Recherches au Centre de Recherches Pétrographiques et Géochimiques, Vandœuvre les Nancy Constructeurs Jusqu’à une date récente, le marché était dominé en Europe par deux fabricants de réputation internationale : Carl Zeiss. compétitifs. Toutefois leur percée récente sur le marché européen ne permet pas encore de juger de la longévité de ce matériel. Celle des fabricants européens est au demeurant légendaire. Leica S.A.R.L. (fusionnement récent de Wild-Leitz et de Cambridge instruments). Composants optiques : Deux fabricants japonais se sont implantés en Europe depuis une quinzaine d’années : Nikon et Olympus. Leurs fabrications très soignées ont des prix très Melles Griot. Newport Electronics GmbH. S A V O I R Bibliographie [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11] [12] [13] [14] STEWARD (E.G.). – Fourier optics : an introduction. (2e éd.), Ellis Horwood Limited Publishers Chichester 1987, 269 p. CHRÉTIEN (H.). – Calcul des combinaisons optiques. (6e éd.), Masson, Paris 1980, 841 p. FRANÇON (M.). – Optique, formation et traitement des images. Masson, Paris 1972, 159 p. JENKINS (F.A.) et WHITE (H.E.). – Fundamentals of optics. (4e éd.), McGraw Hill International editions, physics series. 1981, 746 p. JAFFE (H.W.). – Crystal chemistry and refractivity. Cambridge University Press 1988, 335 p. 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