JOAN FONTcUbERTA cAmOUFlAgES

DOSSIER DE PRESSE
EXPOSITION
DU 15/01/2014 AU 16/03/2014
Joan Fontcuberta
camouflages
“Fauna”, Solenoglypha Polipodida, 1985 © Joan Fontcuberta
EXPOSITION En partenariat média avec : connaissance des arts, RADIO nova
Un catalogue, coédité par les éditions Contrasto et les éditions Gustavo
Gili, et avec le soutien de la MEP et du MUN (Musée de l’Université de
Navarre), accompagne l’exposition. Cette publication a été possible grâce
à la collaboration de l’Institut RAMON Llull, organisme public chargé de
la promotion internationale de la culture catalane.
L’Institut Ramon Llull est un consortium public du Gouvernement
de Catalogne et de la Mairie de Barcelone chargé de la promotion
internationale de la langue et de la culture catalanes. Ses actions
de partenariat avec les agents culturels internationaux permettent de
divulguer la créativité des artistes catalans à travers le monde.
L’IRL contribue également à l’internationalisation de la culture catalane
grâce à des programmes de mobilité adressés aux artistes mais aussi en
participant à des réseaux culturels européens spécialisés dans différentes
disciplines (enseignement, traduction, arts de la scène, musique, cinéma,
arts plastiques et visuels).
L’exposition
Artiste contemporain catalan, Joan Fontcuberta a connu pendant sa
jeunesse la dictature franquiste, et avec elle la censure et la
falsification de l’information. Diplômé en sciences de l’information,
théoricien, critique, historien et professeur, il questionne dans
son travail toutes les formes de prétendue vérité. Son œuvre,
s’appuyant sur les possibilités offertes par l’image photographique
et ses capacités de manipulation, nous entraine dans une réalité à
la fois vraisemblable et insolite.
L’exposition à la Maison Européenne de la Photographie présente,
autour de dix séries, un parcours tout au long de l’œuvre de Joan
Fontcuberta, articulé autour de l’idée de camouflage : camouflage de
l’auteur, camouflage de la photographie, camouflage de la réalité,
camouflage de la vérité...
Neuf séries, conceptuellement autonomes, sont présentées selon une
structure modulaire, l’exposition devenant ainsi une “exposition
d’expositions”. Un dixième projet, “Camouflages” - une série de
portraits, inspirés des chefs-d’œuvre de la peinture, intégrant des
éléments de la physionomie de Joan Fontcuberta - qui donne son titre
à l’exposition, est “camouflée” dans les différents espaces de la
Maison Européenne de la Photographie.
L’exposition développe ainsi une stratégie rhétorique, abordant
de manière critique les discours d’autorité que sont les discours
de la science, de la religion, de l’art, du journalisme et de la
politique, qui fonctionnent comme lieux de construction du savoir
et de la légitimation des valeurs.
Avec Joan Fontcuberta, la nature documentaire de la photographie
comme outil de connaissance et de crédibilité est mise en dérive.
Toujours avec humour, car comme l’écrit Clément Chéroux, “s’il est
une vertu dont l’œuvre de Joan Fontcuberta n’est pas dénuée, c’est
bien l’espièglerie. Depuis maintenant près de quatre décennies,
c’est avec une bienveillante malice que cet artiste catalan utilise
l’aura d’authenticité de l’image photographique pour inventer des
histoires, répandre des rumeurs, engendrer des chimères, créer des
mythes, et nous faire ainsi prendre des vessies pour des lanternes.”
3
« Joan Fontcuberta est un artiste dont la réflexion théorique
accompagne toute la carrière, mais il bénéficie aussi du regard de
nombreux analystes qui, depuis plus de trente ans, éclairent son
œuvre sous les angles les plus divers. Dans ce feu croisé des
discours, Fontcuberta connaît une forte critique qui ne laisse rien
de son œuvre dans l’ombre. Cette clarté contraste toutefois avec ce
qui forme l’essence de ses travaux : un art consommé de la confusion des genres et des messages, un goût immodéré pour le trouble
quant au degré de réalité des phénomènes. L’artiste serait ainsi
quelque peu docteur Jekyll et Mister Hyde : pédagogue de notre monde
moderne en même temps que virtuose dans l’art de tendre des pièges à
la raison. Tout serait ainsi en ordre dans la vie d’un artiste dialecticien qui a mis la photographie et, plus largement, l’image, au
cœur de son propos. Il s’avère toutefois utile de rebattre encore
les cartes d’une œuvre qui s’ingénie à faire bégayer le sens pour
considérer Fontcuberta avec quelque distance. Dans quelle histoire
s’inscrit-il aujourd’hui ? (...) L’artiste est en dialogue avec des
idées profondes de l’époque moderne : la puissance des discours qui
déterminent notre regard sur le monde, la place de l’artiste dans la
société, la fonction de l’humour face à l’autorité. Autant de thèmes
qui parcourent une œuvre résistant à toute classification. »
Michel Poivert
Extrait du catalogue de l’exposition
4
“Orogenesis”, Orogenèse : Derain, 2004 © Joan Fontcuberta
5
“Herbarium”, Giliandria escoliforcia, 1984 © Joan Fontcuberta
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parcours
de l’exposition
textes extraits du catalogue de l’exposition
“HERBARIUM”
À travers cette collection de fausses planches botaniques,
photographiée à la manière du photographe allemand Karl Blossfeldt,
la célébration de la nature se transforme en déception de la nature.
Fontcuberta dénonce le réalisme comme “croyance”.
« Recherche des excentricités de la nature, l’“Herbarium” de Joan
Fontcuberta est une contribution de la photographie à l’étude du
regard scientifique : les images tirent leur crédit d’un système de
signes qui les rattache à l’esprit scientifique du classement des
êtres vivants. Cette volonté de documentation botanique correspond en effet à la relation définie par Linné entre l’observateur et
la nature : le naturaliste est celui “qui distingue à l’œil nu les
parties des corps naturels, les décrit soigneusement en fonction de
leur nombre, leur forme, leur position et leur proportion, et leur
attribue un nom”.
D’autre part, cet herbier photographique fait explicitement référence à celui de Karl Blossfeldt, publié en 1928 sous le titre de
Unformen der Kunst : il visait à démontrer que l’ensemble des formes
de l’art nouveau s’enracinait dans les productions de la nature,
surtout dans celles du monde végétal. Tout comme Blossfeldt, Joan
Fontcuberta a photographié les plantes sur fond gris ou blanc, en
accord avec les anciens atlas botaniques qui utilisaient un fond
uniforme afin que les plantes ainsi présentées puissent être comparées et scientifiquement identifiées.
Faisant preuve d’une ingénuité philosophique absolue, Blossfeldt se
fiait malgré tout à la transparence censée exister entre la photographie et les plantes dont il voulait mettre en relief la morphologie,
et, s’appuyant sur la méthode de Linné, pensait que son œuvre révélait un lien de vérité entre la nature et l’art. En établissant un
ordre inverse, totalement absurde, Joan Fontcuberta réalise un herbier scientifiquement impeccable mais ironiquement pervers. »
7
“Fauna”
Un bestiaire imaginaire dans lequel apparaissent des serpents à
pattes, des singes ailés, des oiseaux à carapace et qui parodie le
dispositif muséographique des institutions scientifiques.
« Au début des années 1980, Joan Fontcuberta et Pere Formiguera
découvrent, par hasard, les archives du Professeur Peter Ameiseuhaufen : une documentation minutieuse de ses expéditions dans le
monde entier à la recherche d’exceptions à la théorie darwiniste.
Jusqu’alors, Ameisenhaufen et son bestiaire fantastique étaient
totalement inconnus, tant du grand public que de la communauté
scientifique elle-même.
Précurseur de la tératologie, Ameisenhaufen (1895-1955 ?) était un
personnage mystérieux, plongé dans l’étude des hybrides, des mutations et des malformations génétiques. Il a enseigné à la Ludwig
Maximilian Universität de Munich jusqu’à son expulsion, en 1932,
due à des raisons restées obscures. À partir de ce moment-là, il a
voyagé sur les cinq continents avec une petite équipe de collaborateurs scientifiques, dont Hans von Kubert, médiocre biologiste mais
excellent photographe. Le résultat de ce travail est une énorme
quantité de photos, manuscrits, relevés de terrain, enregistrements,
radiographies, voire d’animaux disséqués à chaque fois qu’il était
possible de capturer des spécimens.
Tout cela rend compte de la Neue Zoologie, une faune éteinte et
souvent incroyable, au sujet de laquelle nous conservons par chance
cette impressionnante documentation. La divulgation des recherches
a tout d’abord donné lieu à une importante controverse, mais l’évidence irréfutable des témoignages photographiques apportés a fait
taire tous les doutes et toutes les suspicions. Nous pouvons
aujourd’hui apprécier ce matériel pour son indubitable intérêt
scientifique, mais aussi en tant que miroir de la photographie
moderne et de l’esthétique documentaire régnant au cours des années
1930 et 1940. »
8
“Sirènes”
Prétendu journaliste scientifique du National Géologic, Joan
Fontcuberta propose une excursion à la recherche de fossiles
d’hydropithèques découverts au début des années 1950 par l’abbé
Fontana. Dans l’entourage narratif de cette série, on retrouve les
cabinets de curiosités, l’affaire de l’homme de Piltdown et de la
fraude scientifique.
« En 1947, le père Jean Fontana, enseignant au Petit Séminaire de
Digne et assistant du prestigieux géologue l’abbé Albert-Félix de
Lapparent, découvre dans la vallée du Bès, sur les contreforts des
Alpes, les restes fossilisés d’une espèce alors inconnue, baptisée
depuis Hydropithecus. Les Hydropithèques, qui se seraient éteints
au Miocène, il y a dix-huit millions d’années, présentent une morphologie incroyablement semblable à celle des ancêtres aquatiques
des hominidés. Leurs caractéristiques anatomiques les rapprochent
de l’ordre des siréniens ou mammifères aquatiques, parmi lesquels
se détachent le dugong et la rhytine de Steller. Mais, au-delà de
la zoologie connue, ces squelettes pétrifiés font rêver à la figure
légendaire des sirènes, et confirment poétiquement que l’être humain
est peut-être issu de l’eau.
De telles trouvailles, qui projettent une lumière nouvelle sur la
théorie de l’évolution, sont traitées avec prudence et réserve dans
l’attente de l’avis argumenté et conclusif des experts en paléoanthropologie. Comme il fallait s’y attendre, l’apparition des hydropithèques provoquera des suspicions au sein de la communauté des
spécialistes et des chercheurs ; quant aux controverses scientificoreligieuses, elles n’amélioreront pas la situation. Aujourd’hui, il
n’y a plus de doutes en ce qui concerne leur authenticité, et les
hydropithèques ont été inscrits sur l’arbre phylogénétique débutant
avec l’Ardipithecus ramidus et se terminant avec la lignée humaine.
L’UNESCO, dans sa résolution TC-U 367/2007, a déclaré Trésor paléontologique de l’humanité l’ensemble des restes d’hydropithèques. »
9
“Constellations”, MN77:CETUS(NGC 1068) AR 02h.42,7min./D-00º 01’, 1994
© Joan Fontcuberta
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“Constellations”
Paradoxe, illusion, trompe-l’œil : les images bucoliques de nuits
étoilées de cette série ne sont pas prises avec un télescope, elles
ne sont que des empreintes de moustiques écrasés sur le pare-brise
de la voiture de l’artiste.
« Le téléscope astronomique nous permet de scruter l’espace profond
et de pénétrer dans des régions où la lumière et les nuages de gaz
et de poussière d’étoiles dévoilent l’élégance extrême de la création. Il n’y a rien de comparable à la splendeur de la voûte étoilée. Depuis la nuit des temps, on a admiré l’énigme et la beauté de
cette trame infinie de points éclatants qui défient et la raison et la
fantaisie. Malgré une apparence de documentation objective et aseptisée, la photographie astronomique ne peut éviter ni l’évocation
poétique ni le mystère.
Est-il possible que la recherche de la vérité puisse encore coïncider avec la recherche de la beauté ? Les astrologues n’ont considéré
les étoiles que du point de vue des hommes, en lien étroit avec leur
bonheur ou leur malheur. Observer le firmament ouvre une voie à la
connaissance. Les étoiles nous orientent quand nous sommes égarés.
Cette ancestrale sensation d’être éclairés et guidés a été conservée
dans le langage actuel. De nombreux termes abstraits désignant des
opérations hautement intellectuelles s’enracinent dans l’étude des
astres. Par exemple, speculum (miroir) a engendré “spéculation” ; à
l’origine, “spéculer” signifiait “observer le ciel et les mouvements
des étoiles à l’aide d’un miroir”. Sidus (étoile), de son côté, a
donné “considération”, ce qui voulait dire, étymologiquement, “regarder l’ensemble des étoiles”. Il apparaît donc que de l’examen du
ciel naît un symbolisme d’une très grande richesse dans le domaine
de l’expérience et de la connaissance.
Ces images payent tribut à la magnificence du cosmos. Mais elles font
plus : elles nous invitent à considérer spéculativement notre relation avec les images et les choses qu’elles représentent. »
11
“OrogenESIS”
Des paysages virtuels, mais crédibles, réalisés avec un logiciel
topographique nommé Terragen, initialement créé pour des
applications militaires et scientifiques. Si ce logiciel interprète
normalement de l’information cartographique pour construire des
paysages réalistes en 3 dimensions, il est ici est détourné :
au lieu d’utiliser des cartes géographiques ou des textures
représentant la nature, il utilise divers textures comme la peau,
la peinture ou la photographie. Il produit ainsi des paysages
splendides, réalistes et plausibles, mais qui sont de pures fictions.
« Les montagnes sont sans aucun doute les accidents du paysage les
plus chargés sur le plan symbolique. Jean-Jacques Rousseau écrit :
“En effet, c’est une impression générale qu’éprouvent tous les
hommes quoiqu’ils ne l’observent pas tous, que sur les hautes montagnes, où l’air est pur et subtil, on se sent plus de facilité
dans la respiration, plus de légèreté dans le corps, plus de sérénité dans l’esprit… Il semble qu’en s’élevant au-dessus du séjour
des hommes, on y laisse tous les sentiments bas et terrestres, et
qu’à mesure qu’on approche des régions éthérées, l’âme contracte
quelque chose de leur inaltérable pureté.” Aujourd’hui, nous gardons
le deuil d’une nature sacrifiée au profit de périphéries commerciales
ou industrielles à la laideur si bien sublimée par la photographie
contemporaine.
Avec “Orogenesis” (terme désignant la branche de la géographie physique qui traite de la formation des montagnes), Joan Fontcuberta
est, d’une part, fidèle à la méthodologie descriptive des géographes
et topographes, qui prétendent qu’il faut regarder le paysage comme
une chose lointaine et étrange, perdue et sans amour, qui peut se
suffire entièrement à elle-même ; d’autre part, il revient aux modèles des paysages romantiques, et nous propose un hommage respectueux à une nature fantastique et sauvage dont la dimension sublime
persiste dans le dramatisme des montagnes. »
12
“Spoutnik”
Fontcuberta prend le programme spatial soviétique des années 1960
comme prétexte pour s’intéresser aux tergiversations de l’histoire
liées à des raisons idéologiques.
« En pleine guerre froide, dans une véritable course contre la
montre, les États-Unis et l’URSS s’employaient à atteindre la Lune.
Les pressions politiques passaient avant les garanties techniques,
et le programme spatial commençait à faire des victimes. Le 25
octobre 1968, au cosmodrome de Baïkonour, Soyouz 2 est lancé, avec à
son bord le colonel Iván Istochnikov, comme pilote-cosmonaute, et la
petite chienne Kloka. Pour des raisons aujourd’hui encore inconnues,
le cosmonaute disparaît au cours de la mission. Un dysfonctionnement
fait avorter sa manœuvre décisive d’assemblage avec le vaisseau jumeau Soyouz 3. Les capsules s’éloignent l’une de l’autre et perdent
le contact. Quelques heures plus tard, quand la communication est
rétablie, le module de Soyouz 2 présente l’impact d’un petit météorite et Istochnikov s’est volatilisé sans laisser de trace. On ne
trouve qu’une bouteille de vodka bien suspecte qui flotte dans
l’orbite du vaisseau et contient un message d’appel au secours.
Qu’il s’agisse d’un sabotage ou d’un accident, le politburo ne veut
pas reconnaître la perte fâcheuse d’un homme dans l’espace. La
version officielle consiste à dire que Soyouz 2 était un vaisseau
totalement automatisé, sans équipage et dirigé à distance. Officiellement, Istochnikov n’aurait jamais existé. Par conséquent, tout
indice de sa présence est embarrassant pour qui tente de rendre
crédible une telle manipulation. Les photographies du colonel sont
falsifiées et une chape de silence s’abat sur sa mémoire.
L’histoire est ainsi réécrite selon les diktats d’obscures “raisons
d’État” ; la réalité dépasse le plus fantastique argument de science
fiction… Ce n’est qu’avec la chute du communisme et l’arrivée de la
perestroïka que les documents seront déclassifiés et que les chercheurs pourront démasquer cette incroyable imposture. »
13
“Déconstruire Oussama”, Le Dr. Fasqiyta-Ul Junat menant une incursion de la guérilla
des talibans d’Al-Qaïda dans la zone de combat au nord de Mazar-e-Sharif, 2003
© Joan Fontcuberta
14
“Déconstruire Oussama”
Le terroriste comme construction médiatique. Une agence de presse
découvre que finalement, certains terroristes ne sont que des
comédiens qui doivent entretenir le théâtre de l’actualité.
« L’agence photographique Al-Zur, dont le siège est à Qatar, est à
la fois très respectée et très populaire dans les pays arabes. Le
traitement indépendant et rigoureux des conflits au Moyen-Orient lui
a valu la reconnaissance du public occidental. Deux de ses membres,
les photojournalistes Mohammed Ben Kalish Ezab et Omar Ben Salaad,
sont les auteurs d’un des reportages les plus incroyables jamais
produits dans l’histoire du journalisme d’investigation.
Ben Kalish et Ben Salaad suivent les déplacements réalisés ces dernières années par le Dr Fasquiyta-Ul Junat, l’un des dirigeants
de de la branche militaire d’Al-Qaïda. Les deux reporters couvrent
les activités troubles de ce personnage insaisissable qui tient sur
le qui-vive les services secrets de nombreux pays. La bombe médiatique explose quand ils découvrent qu’il se nomme en réalité Manbaa
Mokfhi, et qu’il s’agit d’un ex-acteur et chanteur ayant joué dans
des feuilletons télévisés du monde arabe (il joua le rôle du personnage principal dans la comédie romantique “Le sourire de Schéhérazade” en 1974, et prêta son visage pour la campagne publicitaire de
Mecca Cola, en Algérie et au Maroc). Sous la pression, il reconnaît
avoir été engagé pour interpréter le rôle du méchant terroriste lors
des opérations orchestrées en Afghanistan et en Irak. Nul n’est parvenu à élucider s’il s’agissait d’un montage ourdi par les médias ou
par un service secret. Sa disparition lors d’une action s’inscrivant
dans le cadre des Extraordinary Renditions (le programme controversé
qui implique la séquestration de présumés terroristes en vue de leur
transfert dans des pays dénués de protection juridictionnelle des
détenus) n’a fait qu’épaissir encore le mystère. »
15
“Miracles & Co”
Un hommage à l’ancienne photographie d’esprits et de fantômes, pour
présenter une caricature de la crédulité, des superstitions et de
l’irrationnel, ainsi qu’une critique aussi du rôle que la religion
prend dans la politique et le domaine public.
« À notre époque, la ferveur religieuse est instrumentalisée plus
que jamais à des fins politiques ou mercantiles. Églises et cultes
variés trouvent une nouvelle jeunesse en comblant les aspirations
de transcendance spirituelle, tandis que la superstition et le fanatisme animent des masses croissantes de croyants. Pour beaucoup,
miracles et reliques deviennent des témoignages validant dévotion et
foi. En attendant, les dogmes les plus divers imprègnent en profondeur aussi bien les agendas gouvernementaux que l’action de nombreux
groupes terroristes. “Miracles & Co” est un projet documentaire qui
vise à démasquer la supercherie tramée au monastère carélien de
Valhamönde. Situé sur une île du lac Saimaa à l’accès labyrinthique,
Valhamönde a été occupé par des descendants de la secte orthodoxe
des Khlysts. Mais ce centre spirituel éloigné de tout n’était pas
consacré à la prière : en réalité, il camouflait un puissant holding
ésotérique. Parmi les départements amenés à jouer un rôle important, il faut signaler l’unité de fabrication de fausses reliques,
ainsi qu’un institut de formation où l’on délivrait un master portant sur les différentes techniques utiles pour faire des miracles.
À Valhamönde, discrètement, mais en troupes, accouraient des gogos
de toutes les religions et des membres des églises les plus extravagantes, disposés à payer des sommes astronomiques dans le but candide d’apprendre à dominer le surnaturel. Mais un reporter réussit
à s’infiltrer au sein de cette communauté monacale ésotérique et à
réaliser un reportage photographique spectaculaire qui dénonce une
imposture d’une telle envergure, que les fils, comme cela a fini par
être révélé, se ramifiaient jusqu’aux troubles machinations de sectes
puissantes, d’organisations clandestines et de services secrets. »
16
“L’artiste et la photographie”
Fontcuberta s’approprie l’univers iconographique de quelques
peintres espagnols (Picasso, Miró, Dalí, Tàpies) pour problématiser
l’idée d’œuvre, d’auteur, de style, de signature, de génie,
d’originalité, d’authenticité, etc.
« La culture visuelle du xxe siècle a été dominée par le cinéma, la
télévision et Internet, médias qui tous trouvent, d’une manière ou
d’une autre, leurs fondements dans la photographie. Il est alors
logique de penser que la vision de la caméra a contribué à formater la sensibilité moderne. Mais quelles sont les traces qu’elle a
laissées dans l’œuvre des grands génies de la peinture ? Ici sont
explorés les dialogues du pinceau et de la caméra, en se centrant
sur les quatre grands peintres espagnols qui ont le plus marqué la
scène internationale : Picasso, Miró, Dalí et Tàpies. Pour cette
sélection, des pièces inconnues d’une grande plasticité ont été
récupérées, souvent des ébauches préparatoires ou des essais non
concluants, mais qui anticipent de nombreuses réussites esthétiques
et aident à comprendre le processus du travail créatif. À l’aide de
photographies directes comme de photogrammes, de photocollages et
d’autres manipulations de l’image photographique, Joan Fontcuberta
illustre pédagogiquement à quel point celle-ci vivifie la créativité
du peintre et devient un support générateur de nouvelles expériences
expressives. Le critique nord-américain Rosalynd Kroll a écrit : “Ce
qui importe, ce n’est pas l’émergence soudaine de travaux pratiquement inédits de certains des plus exceptionnels monstres de l’art
de ce siècle, ridiculisant ainsi les hagiographes officiels ; ce qui
est vraiment grave, c’est qu’une révélation d’une telle envergure
ébranle les fondements de l’historiographie de l’art moderne et
contemporain, et nous oblige à la réécrire à la lumière des rendezvous réussis ou ratés avec la photographie”. De plus, tout cela rend
problématique la propriété des styles en tant que simples éléments
esthétiques ; cela va même jusqu’à désacraliser la notion d’auteur
ainsi que l’autorité qui l’accompagne. »
17
JOAN FONTCUBERTA
Né en 1955 à Barcelone où il vit et travaille, Joan Fontcuberta
développe une activité plurielle : enseignant, critique, historien,
artiste, commissaire d’exposition, il est aussi une figure majeure de
la photographie plasticienne contemporaine.
Après des études en sciences de l’information à l’Université
autonome de Barcelone, il travaille dans le domaine de la publicité
et du journalisme.
Professeur à la Facultad de Bellas Artes (Barcelone) entre 1978 et
1986, Joan Fontcuberta continue depuis à enseigner comme professeur
invité dans différents centres et universités en Europe et aux
États-Unis.
Il collabore régulièrement à des publications consacrées à l’art
et à l’image. En 1980, il cofonde de la revue Photovision, dont il
dirige la rédaction jusqu’en 2004.
Chercheur en histoire de la photographie espagnole du XXe siècle,
il collabore avec des institutions comme le Ministerio de Cultura
ou le Departement de Cultura de le Generalitat Cataluña en tant que
commissaire de nombreuses expositions.
Il est conseiller pour la collection FotoGGrafia des éditions
Gustavo Gili (Barcelone). Il a publié plusieurs ouvrages consacrés
à l’histoire, l’esthétique et la pédagogie de la photographie.
Promoteur et fondateur de nombreuses manifestations photographiques,
il organise en 1979 les “Jornadas Catalanas de Fotografia” et cofonde
en 1982 la “Primavera Fotografica” de Barcelone. En 1996, il est
nommé directeur artistique des Rencontres internationales de la
photographie d’Arles. Enfin il est nommé commissaire invité pour le
Mois de la Photographie de Montréal en 2015.
Entre autres distinctions, il a reçu la médaille David Octavious
Hill de la Fotografisches Akademie GDL en Allemagne en 1988, a été
fait chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres par le ministère
de la Culture français en 1994, et a reçu en 1998 le Premio Nacional
de Fotografia décerné par le ministère de la Culture espagnol. En
2013 il a reçu, pour l’ensemble de son œuvre, le prix Hasselblad.
18
autour de
l’exposition
RENCONTRE
Rencontre avec
le mercredi 12
à l’auditorium
d’entrée, dans
Joan Fontcuberta
février 2014, de 18h à 20h
de la MEP, en accès libre sur présentation du billet
la limite de splaces disponibles.
VISITES
Visite commentée pour le public en individuel
le jeudi 13 février 2014 à 18h
Accès libre sur présentation du billet d’entrée, sur réservation.
Visite-atelier pour le jeune public (6/11 ans)
avec le soutien de Neuflize Vie
le samedi 15 février 2014, de 14h30 à 17h
le samedi 15 mars 2014, de 14h30 à 17h
Tarif : 20€, sur réservation
Réservations : 01 44 78 75 23 / [email protected]
PROJECTIONS
Chaque week-end, une sélection de films en lien avec le cycle
d’exposition en cours.
L’inquiétante étrangeté des photographes
le samedi de 15h à 17h
15h00 David Lynch, Guy Richard
16h00 F for Foncuberta, Gerardo Panichi et Daniele Vila
le dimanche, de 15h à 18h
Tyger, Guilherme Marcondes ; Le Monde de Ramette, Guillaume
Allaire ; Barcelone, Tom Drahos ; Karl Blossfeldt, série “Histoire
de voir” ; Pomme (Omena), Harri Larjosto ; Still not there - Arno
Rafael Minkkinen, Kimmo Koskela ; Cindy: The Dol lis Mine,
Bertrand Bonello
À l’auditorium de la MEP, en accès libre sur présentation du billet
d’entrée, dans la limite des places disponibles.
19
IMAGES PRESSE
Les images sont libres de droits pour la presse dans le seul cadre
de la promotion de l’exposition à la MEP et pendant SA duréE.
JF01
“L’Artiste et la Photographie,
Suite Portlligat”
Narcisse sodomisé par une mâchoire
repentante, 1959
Tirage gélatino-argentique
© Joan Fontcuberta
JF02
“L’Artiste et la Photographie,
Suite Destino”
Deux sœurs et un sauveteur invitent une
sirène, 1962
Page de magazine avec gouache
© Joan Fontcuberta
JF03
“Constellations”
MN 77: CETUS (NGC 1068) AR 02 h. 42,7
min. / D -00º 01’, 1994
Tirage Cibachrome
© Joan Fontcuberta
20
JF04
“Déconstruire Oussama”
Le Dr. Fasqiyta-Ul Junat menant une
incursion de la guérilla des talibans
d’Al-Qaïda dans la zone de combat au nord
de Mazar-e-Sharif, 2003
Tirage à développement chromogène
© Joan Fontcuberta
JF05
“Fauna”
Solenoglypha Polipodida, 1985
Tirage gélatino-argentique viré au
sélénium
© Joan Fontcuberta
JF06
“Herbarium”
Giliandria escoliforcia, 1984
Tirage gélatino-argentique
© Joan Fontcuberta
21
JF07
“Herbarium”
Guillumeta polymorpha, 1982
Tirage gélatino-argentique
© Joan Fontcuberta
JF08
“Miracles & Co”
Munkki Juhani fait lire un chapitre du
Kalevala à des suricates lapons, 2002
Tirage à développement chromogène
© Joan Fontcuberta
JF09
“Orogenesis”
Orogenèse : Derain, 2004
Tirage à développement chromogène
© Joan Fontcuberta
22
JF10
“Sirènes”
Squelette d’Hydropithèque, Baie de
Portissol, Sanary sur mer, 2012
Tirage à développement chromogène
© Joan Fontcuberta
JF11
“Spoutnik”
Portrait officiel du pilote-cosmonaute
Iván Istochnikov, 1968
Tirage gélatino-argentique
© Joan Fontcuberta
JF12
“Spoutnik”
Iván et Kloka effectuant leur sortie
historique hors de la capsule, 1968
Tirage gélatino-argentique
© Joan Fontcuberta
23
Informations
pratiques
LA MEP
Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris
01 44 78 75 00 – www.mep-fr.org
M° Saint-Paul (ligne 1) ou Pont-Marie (ligne 7)
Ouvert du mercredi au dimanche de 11h à 20h
Accès à la billetterie jusqu’à 19h30
Fermé lundi, mardi et jours fériés
Entrée grauite le mercredi de 17h à 20h
Tarifs
Plein tarif : 8 € / Tarif réduit : 4,5 €
Gratuit le mercredi de 17h à 20h
Abonnement annuel : 30 € / Tarif réduit : 24 € / Carte Duo : 48 €
Contacts
Carole Brianchon
Responsable de la communication
01 44 78 75 01 / [email protected]
ÉMILIE RABANY
Assistante communication et relations presse
01 44 78 75 28 / [email protected]