Patrick Lowie

Directeurs éditions Biliki
エディション・ビリキ ディレクター パトリック・ロウィ & アッサン・シャラシュ
Graphisme et mise en page
デザイン
アッサン・シャラシュ
Patrick Lowie & Hassan Charach
Hassan Charach
Traduction en japonais – Traduzione in giapponese
T
Yoko Yamaguchi
Y
Traduction en italien – Traduzione in italiano
T
Enrico Frattaroli
Collection – Colana
Kaki Jaune
EDITIONS BILIKI
44 RUE DES PALAIS, BTE 70
1030 BRUXELLES − BELGIQUE
エディション・ビリキ
ベルギー ブリュッセル
日本語訳
山口羊子
イタリア語訳
エンリコ・フラタローリ
カキ・ジョーヌ叢書
ミルクと蜜のいざない — 5
La tentation du lait et du miel — 17
La tentazione del latte e del miele — 27
© 2006 – editions biliki
ISBN 2-930438-17-7
DÉPÔT LÉGAL BELGIQUE D/2006/10.559/18
W W W. B I L I K I . C OM
パトリック・ロウィ
ミルクと蜜のいざない
エディション・ビリキ
ミルクと蜜のいざない
僕たちの愛の行く末に、何も変わりはな
いだろう。僕たちは幼なじみだから。始めか
ら、別れることはないとかたく信じていたか
ら。血を交えたから。文字通りの意味だけで
はなく。ふたりを分かつものは何もない、僕
らの気持ちが揺らぐことはぜったいない、と
いつも考えていたから。
頬へのファーストキスは、昨日や今日の
ことじゃない。僕は十歳、彼は九歳半のこと
だった。僕たちふたりは古い独楽で遊んでい
た。彼の祖父の形見の独楽で。代わり番こ
に。小さな独楽を投げた。コバルト色の丸い
独楽が僕たちの欲望を映し出す。彼がちょっ
と近すぎるぐらいに寄ってきた。姉さんの家
でくすねたジャスミンの香水と、母さんから
ちょっと失敬したバラの香水が入り交じった
香りがする。聖なる町から持ち帰った上品な
香り。僕は、無性に彼の頬にそっと唇で触れ
たくなった。
そして、実行に移した。一瞬のうちに。
「もう一回!」彼が言った。
だから、またキスをした。
何回も。
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ミルクと蜜のいざない
彼は嫌そうじゃなかった。僕はもっと求
めた。僕たちは純真だった。そして美しかっ
た。純真であれば美しい。僕は身を寄せかけ
ることはしなかった。
オリーブの木が日差しを遮ってくれる。僕
たちは木陰でいっしょに読書をした。それぞ
れ自国の言葉で本を読み、相手の国の言葉で
話を続けた。僕たちは、目の前に広がる景色
のように優美な詩を暗唱した。歳月が過ぎて
も、若者らしい高尚な遊びに飽きることはな
かった。彼はリュートをかき鳴らすことを覚
え、僕はその演奏に合わせて歌った。
僕たちは、もうひとつの世界をつくり出
した。
僕たちの世界とまったく同じものを。
キスの回数が増えていった。成長すること
への不安はない。何も変わらないと信じてい
たから。
僕は十五歳になった。学校には興味がな
い。ふたりは別の学校に行き、離れ離れにな
った。どちらの学校も好き勝手に嘘をつく。
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ミルクと蜜のいざない
まったく逆の歴史を教える。対立し合う信仰
を説く。
でも、僕たちは、嘘は受け入れない。無
知にはなりたくない。僕たちは木陰に出かけ
ていった。このオリーブ園を幸せにしてくれ
る無数の虫たちをつぶさないように、ずいぶ
ん気をつけた。どちらの学校でも、僕たちは
退学処分になった。不良のレッテルを貼られ
た。僕たちは無宗教者にされ、白痴呼ばわり
された。死ね、と脅かされた。そんな脅しに
乗るものか。僕は、もっと生きてやる、とす
ごみを利かせた。彼は作曲が好きで、僕は歌
うほうが好き。
僕の国に来たことがある?
僕らの国に。ミルクと蜜の国に。
そう、みんな、その国の噂を
耳にしたことがあるんだ。
毎晩、苦しくて気が滅入った。辺りが暗
闇に包まれると、疲れ果てるまで抱き合っ
た。僕たちはそれぞれの家族のもとへ帰って
いった。離れていると、息がつまってくる。
僕は、温和になった父に抱かれて眠った。彼
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ミルクと蜜のいざない
は、兄さんに抱かれて眠った。僕たちは互い
に問いかけることはしなかった。疑問をぶつ
けても苦しくなるだけ、と彼は繰り返す。神
の問題を解決するのは自分じゃない、と。僕
たちふたりの間では、すべて事は単純だ。人
生は、たわいなく単純なものなのだ。
息をするだけで十分。
パンくずをかじり、
疑う心をのみ込み、
たっぷり愛し合うだけで十分なのだ。
いくつもの星がまたたいている。めいめ
いの頭上に。目覚めると、長い一日に希望を
抱く。手に手を合わせ、彼の胸に頭をうずめ
る。彼が僕の国の詩を心から褒めたたえ、そ
の詩を読み、何度も読み返す。僕は愛される
幸せを彼の国の言葉で歌う。
僕たちはあるがままに成長していった。
愛し、愛されるふたりの若者。願う力が弱ま
ることはない。ことごとく穢れのないままで
いたいという願い。僕たちは知っている。オ
リーブ園の向こうでは、羞恥心を持たない強
欲な男女の不正と武器のせいで、僕たちの国
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ミルクと蜜のいざない
は血に染まり、教養のない男たちが暴力に加
担していることを。国の中枢の男たち。その
せいで、僕たちは心かき乱され、だから、
もっと声高らかに歌う。彼は、古い詩の言葉
をあらん限りの声でわめいた。敬意、尊敬、
対話をさらに求める詩を。僕たちはミルクと
蜜。ミルクと蜜がいざなう。
危険な愚か者たちは、ふたつの民族が混
じり合う土地を決定的に分かつ壁を建設しよ
うと決めた。この壁によって、僕らのオリー
ブ園もふたつに分断された。二十歳になった
けれど、連中が陥れようとしている地獄に落
ちるわけにはいかない。オリーブ園は、粉塵
で真っ白になった。でも、僕らの心はもとの
まま。僕たちに後ろ指を指す者たちがいる。
考えうる責任を負わせようとする者もいる。
これは悪意の壁だ。僕たちに非はまったくな
い。僕たちは、すべてが変わってしまうので
はないかと恐れを抱く。ふたりで会うために
は、コンクリートの壁に沿って何十キロ、い
や何百キロも歩くことになるのではないかと
不安に駆られる。人の子であれば必ず持つ恐
怖心によって、僕らの夢が打ち砕かれるかも
しれない。だが、僕らは屈しない。
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ミルクと蜜のいざない
壁が建設された。
僕は呆然となった。
ヤロンの声が聞こえる。
壁の向こうから。
木によじ登ったから、きみも木に登れ、
とヤロンが呼びかけてくる。僕たちはそれぞ
れ、いちばん高いオリーブの木のてっぺんに
すわった。すっかり真っ白になったオリーブ
の木。
彼が叫ぶ。
「ニハド! またおいでよ。僕も来るか
ら。こんな馬鹿げたことに引きずられちゃ、
いけないんだ。この壁がつくられたのは、ろ
くでもない奴らの私腹を肥やすためさ。それ
に、土地を分割するためにつくられたんだ。
やがて、壁には落書きがされて、壊されると
きが来るだろう。でも、僕らには、手をこま
ねいているゆとりなんかないんだ。愛し合う
のをやめるゆとりはないんだよ」
来る日も来る日も。もうオリーブの実のな
い木の上から。ヤロンが僕の詩をうたい、僕
はヤロンの詩をそらんじる。何もかもが僕た
ちを引き裂き、離れ離れにしたのだと思う。
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ミルクと蜜のいざない
でも、僕はけっして泣かなかった。つらく虚
しい思いに駆られるけれど、すべてをつうじ
て、僕たちはつながっている。
僕らはもう木から離れない。兄さんが食
べ物を持ってきてくれる。ヤロンの父さん
もついに、彼は間違っていないと認めてくれ
た。世界じゅうからの食べ物ほどに心強いこ
とだ。壁は、この木に比べれば、ずいぶん低
い。木は日ごとにもっと高くなる。そして、
僕らが諦めないように助けてくれる。
狂った連中から復讐されるんじゃないかと
僕たちは不安になる。奴らは、僕たちの気持
ちをぐらつかせるようなことも、いとも簡単
にするかもしれない。ヤロンの木を根元から
切り倒すことだって、平気でやりかねない。
壁の向こうの連中は、平和主義が気に入らな
いんだ。僕には分かった。壁のこちらでは、
僕らの愛は信仰に対する冒涜だ、と軍人が人
びとに思い込ませることだってできる、と。
やがて、このふたつの事が、壁の向こうでも
こちらでも現実になるだろう、とヤロンは忠
告する。でも、僕たちが引き裂かれることは
ない、とも言った。ふたつの木の根が触れ合
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ミルクと蜜のいざない
う。交差する。からみあう。交じり合う。僕
たちの引きつけ合う力が、木の葉脈をくまな
く巡っている。
ヤロンの言うとおりだ。
オリーブの木を抱かずにはいられない。
僕らは美しく、無垢のまま。
やがて僕らも年老いるだろう。
だが、とどまることはない。
なぜなら、道理を知っているから。
ためらいはないのだから。
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Patrick Lowie
La tentation du lait et du miel
L A T E N TAT I O N D U L A I T E T D U M I E L
Rien ne changera jamais le sort de notre amour.
Peut-être parce que nous nous connaissons depuis
toujours. Peut-être parce que dès le début nous
étions certains que jamais nous ne serions séparés.
Peut-être parce que nous avons métissé nos sangs.
Et pas seulement au sens figuré. Peut-être parce que
nous avons toujours considéré que rien ne pourrait
jamais nous diviser. Ou ébranler notre atout majeur.
Notre premier baiser sur la joue ne date pas d’hier.
J’ai dix ans. Il en a neuf et demi. Nous jouons aux
toupies anciennes. Celles léguées par son grandpère. Chacun notre tour. Nous lançons le toton. Les
galets cobalt reflétant nos appétences. Il s’approche
un peu trop de moi. Son parfum est un mélange de
fleurs de jasmin subtilisé chez sa soeur. De fleurs
de rose dérobé chez sa mère. Des parfums élégants
ramenés de la ville sainte. Je ne peux m’empêcher
d’effleurer délicatement sa joue du bout des lèvres.
De passer à l’acte. De manière fugitive.
Il me dit: «Encore!».
Et je recommence.
Plusieurs fois.
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L A T E N TAT I O N D U L A I T E T D U M I E L
Cela ne le gêne pas. J’exige de lui offrir plus. Nous
sommes innocents. Et beaux. La pureté rend beau.
Je ne me presse plus.
Les oliviers nous cachent du soleil. Nous lisons
ensemble. Chacun dans sa langue. Puis nous
enchaînons dans la langue de l’autre. Nous récitons
des poèmes aussi gracieux que le paysage qui s’offre
à nous. Les années passent et nous ne nous lassons
pas de nos jeux d’adolescents érudits. Il apprend
rapidement à gratter le luth tandis que j’accorde ma
voix à ses doigts.
Nous inventons un autre monde.
Forcément identique au nôtre.
Les baisers deviennent plus nombreux encore. La
peur de grandir ne nous vient jamais à l’idée. Nous
pensons que rien ne peut changer.
J’ai quinze ans. Le collège ne nous intéresse pas.
Il nous sépare. Deux collèges. Et chacun de son
côté ment à sa façon. Ils parlent d’histoires qui se
heurtent. De croyances qui s’opposent.
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L A T E N TAT I O N D U L A I T E T D U M I E L
Nous n’acceptons pas le mensonge. Nous ne
voulons pas être réduits à l’ignorance. Nous partons
sous les arbres. Nous usons de mille précautions pour
éviter d’écraser les milliards d’insectes qui font de
cette oliveraie notre bonheur. Les deux écoles nous
renvoient. Nous sommes mal vus. Nous sommes
devenus des mécréants ou des simples d’esprit.
On nous menace de mort. Ces intimidations ne
nous touchent jamais. Je menace même de vivre
davantage encore. Il préfère composer de la musique.
Je préfère chanter mes couplets.
– Êtes-vous déjà venu dans mon pays ?
– Dans notre pays ? Dans le pays du lait et du miel ?
– Oui, tout le monde en a entendu parler.
Une souffrance nous incommode tous les
soirs. Quand la lumière s’éteint. Fatigués de nous
embrasser. Nous rentrons dans nos familles respectives. La séparation nous suffoque. Je m’endors
dans les bras de mon père qui s’est adouci. Lui dans
ceux de son frère. Nous ne nous posons jamais de
questions. Il me répète que les questions amènent
les tourments. Que ce n’est pas à lui de résoudre
les problèmes de Dieu. Tout est simple entre nous.
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L A T E N TAT I O N D U L A I T E T D U M I E L
La vie est d’une simplicité enfantine.
Il suffit de respirer.
De grignoter des miettes.
D’ingurgiter les soupçons.
Et d’aimer abondamment.
Les étoiles nous éblouissent. Chacun de notre
côté. Le réveil nous offre l’espoir d’une longue
journée. Passée main dans la main. Ma tête sur sa
poitrine. Il lit et relit encore les poètes de mon pays
qu’il magnifie et moi chantant dans sa langue le
bonheur d’être aimé.
Nous grandissons tout en restant tels que nous
sommes. Deux garçons aimés et aimants. Notre
désir ne s’alanguit jamais. Ce désir de tout garder
intact. Nous savons qu’au-delà de cette oliveraie:
les injustices et les armes d’hommes et de femmes
cupides ensanglantent sans vergogne nos pays et
que des hommes incultes prennent le parti de la
violence. Les hommes des grandes capitales. Cela
nous bouleverse et nous chantons plus fort. Il
hurle les mots des poètes anciens. Ceux qui
réclament toujours plus de civilité. De respect.
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L A T E N TAT I O N D U L A I T E T D U M I E L
De dialogue. Nous sommes le lait et le miel. Sa
tentation.
De dangereux imbéciles se sont mis en tête de
construire un mur qui coupera définitivement le
métissage de nos deux peuples. Ce mur scindera
également notre oliveraie en deux. Malgré nos vingt
ans nous ne pouvons nous résoudre à l’enfer qu’ils
nous préparent. Les oliviers sont devenus blancs
de poussière. Mais nos coeurs sont indemnes.
Certains tentent de nous montrer du doigt. De nous
faire porter toutes les responsabilités imaginables.
C’est un mur machiavélique. Nous rejetons toute
culpabilité. Nous craignons que désormais tout
change. Que pour nous revoir nous ayons à marcher
des dizaines voire des centaines de kilomètres le long
d’un mur de béton. Nos rêveries risquent de s’écraser
contre cette horreur bien trop humaine. Mais nous
relèverons le défi.
Le mur est construit.
Je suis consterné.
J’entends la voix de Yarone.
De l’autre côté.
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L A T E N TAT I O N D U L A I T E T D U M I E L
Il me dit qu’il grimpe dans un arbre et me
demande de faire de même. Nous nous asseyons
au sommet des deux plus grands oliviers. Toujours
blancs. Il me crie: Nihad ! Rejoins-moi. Je te rejoins
aussi. Ne nous laissons pas entraîner par cette
folie. Les murs sont faits pour remplir les poches des
truands, puis pour séparer, avant d’être graffités et enfin
détruits. Mais nous n’avons pas le temps d’attendre, pas
le temps de cesser d’aimer.
Tous les jours. Du haut de ces arbres qui ne
donnent plus d’olives. Yarone chante mes poètes et
je récite les siens. Je pense que tout nous éloigne.
Que tout nous sépare. Je n’ai jamais pleuré. Je sens
en moi un vide douloureux. Tout nous lie.
Nous ne quittons plus nos arbres. Mon frère
m’apporte à manger. Son père lui donne enfin
raison. Ce qui représente toutes les nourritures du
monde. Le mur est bien petit face à ces arbres. Ils
croissent chaque jour davantage. Pour nous aider à
ne pas abandonner.
Nous craignons la vengeance d’un désaxé. Il
pourrait facilement nous déséquilibrer. Scier le bas
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L A T E N TAT I O N D U L A I T E T D U M I E L
du tronc d’arbre de Yarone. De l’autre côté: on
n’aime pas les pacifistes. Ici: j’appréhende les
guerriers capables de convaincre le monde que
notre amour est une atteinte aux croyances. Yarone
me fait remarquer que les deux cas se vérifieront.
Dans les deux camps. Mais il ajoute que nous ne
sommes pas séparés. Les racines des deux arbres se
touchent. Se croisent. S’embrassent. S’entremêlent.
Le magnétisme de notre amour circule dans les
veines de ces arbres.
Yarone a raison.
Je ne peux m’empêcher d’embrasser l’olivier.
Nous restons beaux et innocents.
Nous vieillirons peut-être.
Mais nous ne cèderons pas.
Car nous savons avoir raison.
Sans hésitation.
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Patrick Lowie
La tentazione del latte e del miele
L A T E N TA Z I O N E D E L L AT T E E D E L M I E L E
Nulla cambierà mai il destino del nostro
amore. Forse perché ci conosciamo da sempre.
Forse perché eravamo certi fin dall’inizio che
non ci saremmo mai separati. Forse perché
abbiamo mescolato il nostro sangue. E non solo
in senso figurato. Forse perché abbiamo sempre
pensato che nulla avrebbe mai potuto dividerci.
O minacciare il nostro bene più grande.
Il nostro primo bacio sulla guancia non risale
a ieri. Ho dieci anni. Lui nove e mezzo. Giochiamo
con le vecchie trottole. Quelle lasciate da suo
nonno. Ciascuno a sua volta. Le lanciamo. I dischetti cobalto riflettono i nostri desideri. Mi si avvicina un po’ troppo. Il suo profumo è un misto
di fiori di gelsomino rubato a sua sorella. Di
fiori di rosa sottratto a sua madre. Profumi
eleganti portati dalla città santa. Non posso
trattenermi dallo sfiorare delicatamente la sua
guancia all’estremità delle labbra.
Di passare all’atto. In modo fuggitivo.
Mi dice : « Ancora ! ».
Ed io ricomincio.
Più volte.
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L A T E N TA Z I O N E D E L L AT T E E D E L M I E L E
Non ne è turbato. Pretendo di offrirgli di più.
Siamo innocenti. E belli. La purezza rende belli.
Non mi affretto più.
Gli ulivi ci proteggono dal sole. Leggiamo
insieme. Ciascuno nella propria lingua. Poi proseguiamo nella lingua dell’altro. Recitiamo poemi
dolci come il paesaggio che ci si offre. Gli anni passano e noi non ci stanchiamo dei nostri giochi di
adolescenti eruditi. Impara presto a strimpellare il
liuto mentre accordo la mia voce alle sue dita.
Inventiamo un altro mondo.
Necessariamente identico al nostro.
I baci diventano sempre più numerosi. La
paura di crescere non ci sfiora la mente. Pensiamo
che nulla possa cambiare.
Ho quindici anni. Il collegio non ci interessa.
Ci separa. Due collegi. E ciascuno per sé mente
a suo modo. Parlano di storie che si scontrano.
Di fedi che si oppongono. Non accettiamo
la menzogna. Non vogliamo essere ridotti
all’ignoranza. Ce ne andiamo sotto gli alberi.
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L A T E N TA Z I O N E D E L L AT T E E D E L M I E L E
Prendiamo mille precauzioni per evitare di schiacciare i miliardi di insetti che fanno di questo uliveto
la nostra felicità. Le nostre scuole ci espellono.
Siamo malvisti. Siamo divenuti miscredenti o
semplici di spirito. Ci si minaccia di morte. Queste
intimidazioni non ci toccano mai. Minaccio
persino di vivere ancora più a lungo. Lui ama
comporre musica. Io cantare le mie strofe.
–
–
–
–
Siete già venuto nel mio paese ?
Nel nostro paese ?
Nel paese del latte e del miele ?
Sì, ne hanno tutti sentito parlare.
Una sofferenza ci disturba ogni sera. Quando
la luce si spegne. Stanchi di abbracciarci.
Rientriamo nelle rispettive famiglie. La separazione ci soffoca. Io mi addormento nelle braccia di
mio padre che si è addolcito. Lui in quelle di suo
fratello. Non ci poniamo mai domande. Mi ripete
che le domande portano tormenti. Che non sta a lui
risolvere i problemi di Dio. Tutto è semplice tra noi.
La vita è di una semplicità infantile.
E’ sufficiente respirare.
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L A T E N TA Z I O N E D E L L AT T E E D E L M I E L E
Rosicchiare le briciole.
Ingurgitare i sospetti.
E amare abbondantemente.
Le stelle ci sbalordiscono. Ciascuno a suo modo.
Il risveglio ci regala la speranza di una lunga giornata. Passata mano nella mano. La mia testa sul
suo petto. Legge e rilegge ancora i poeti del mio
paese che esalta mentre io canto nella sua lingua la
felicità di essere amato.
Cresciamo restando quello che siamo. Due
ragazzi amati e amanti. Il nostro desiderio non
languisce mai. Desiderio di conservare tutto
intatto. Sappiamo che al di là di questo uliveto
le ingiustizie e le armi di uomini e donne cupidi
insanguinano senza vergogna i nostri paesi e
uomini incolti sostengono il partito della
violenza. Gli uomini dei grandi capitali. Tutto ciò
ci sconvolge e noi cantiamo più forte. Lui grida le
parole dei poeti antichi. Che reclamano sempre più
civiltà. Più rispetto. Più dialogo. Noi siamo il latte
e il miele. La loro tentazione.
Pericolosi imbecilli si sono messi in testa di
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L A T E N TA Z I O N E D E L L AT T E E D E L M I E L E
costruire un muro che porrà termine definitivamente alla mescolanza dei nostri due popoli.
Questo muro dividerà in due anche il nostro
uliveto. Nonostante i nostri vent’anni non possiamo ridurci all’inferno che ci preparano. Gli
ulivi sono diventati bianchi di polvere. Ma i
nostri cuori restano indenni. Alcuni provano ad
accusarci. Ad addossarci tutte le responsabilità
immaginabili. E’ un muro machiavellico.
Respingiamo ogni colpa. Temiamo che ormai
tutto cambi. Che per rivederci dovremo
camminare per decine se non centinaia di
chilometri lungo un muro di cemento. I nostri
sogni rischiano d’infrangersi contro questo orrore
fin troppo umano. Ma accetteremo la sfida.
Il muro è costruito.
Sono costernato.
Ascolto la voce di Yarone.
Dall’altra parte.
Mi dice che si arrampica su un albero e mi
chiede di fare lo stesso. Ci sediamo in cima ai due
ulivi più grandi. Sempre bianchi. Mi grida : Nihad !
Raggiungimi. Anch’io ti raggiungo. Non lasciamoci
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L A T E N TA Z I O N E D E L L AT T E E D E L M I E L E
travolgere da questa follia. I muri sono fatti per riempire
le tasche dei criminali, eppoi per dividere, prima di
essere graffiti e infine distrutti. Ma non abbiamo tempo di
aspettare, il tempo di cessare d’amare.
Tutti i giorni. Dall’alto di questi alberi che
non danno più olive. Yarone canta i miei poeti ed
io recito i suoi. Penso che tutto ci allontani. Che
tutto ci separi. Non ho mai pianto. Sento in me un
vuoto doloroso. Tutto ci lega.
Non lasciamo più i nostri alberi. Mio fratello mi
porta da mangiare. Suo padre alla fine gli dà ragione.
Ciò che rappresenta tutti i nutrimenti del mondo. Il
muro è piccolo di fronte agli alberi. Crescono ogni
giorno di più. Per aiutarci a non rinunciare.
Temiamo la vendetta di uno spostato. Potrebbe
facilmente farci perdere l’equilibrio. Segare alla
base il tronco d’albero di Yarone. D’altra parte :
non amiamo i pacifisti. Qui : temo i guerrieri
capaci di convincere il mondo che il nostro amore
è un attentato alle fedi. Yarone mi fa notare che
entrambi i casi si verificheranno. Nei due campi.
Ma aggiunge che noi non siamo divisi. Le radici
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L A T E N TA Z I O N E D E L L AT T E E D E L M I E L E
dei due alberi si toccano. Si intrecciano. Si
abbracciano. Si confondono. Il magnetismo del
nostro amore circola nelle vene di questi alberi.
Yarone ha ragione.
Non posso fare a meno di baciare l’ulivo.
Restiamo belli e innocenti.
Invecchieremo forse.
Ma non cederemo.
Perché sappiamo di aver ragione.
Senza esitazione.
35
Du même auteur
Je suis heros postif
postif, roman
Editions EL, 1995
Au rythme des déluges, roman
Editions ThéGlacé, 2000
La légende des amandierss en fleur
eur, roman
Editions Labor, 2003
L’enfant du kerala, roman
Editions Bonobo 2005
Le plongeoir
plongeoir, théâtre
Edition Maelström 2006
Imprimer en France
Le 30 juin 2006
Imprimerie Adlis - Lille