Télécharger la version PDF de ce numéro

Vendredi 26 septembre 2014 // No 204
GENèVE
Tintamarre marre
marre P. 4
CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch
VAUD
Adversaire
de thaï P. 4
CHIMIE
BâLOISE
Mauvaise graine P. 5
CLIMAT
Comment retenir
votre respiration P. 17
JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA
2
C ’ E S T P A S P O U R D I R E !
Yahvé, Jésus
et tout le tralallah
Laurent Flutsch
A
vec les décapitations filmées, les condamnations
au fouet, les infamies moyenâgeuses
de l’Etat islamique ou les appels fanatiques
au meurtre aveugle, la barbarie se situe plutôt
du côté d’Allah, ces temps-ci. Pendant
ce temps, les dirigeants du peuple élu de Yahvé en profitent
pour bombarder et coloniser tranquillement. Quant à leurs
alliés adeptes du Christ, ils se proclament remparts d’une
civilisation qu’ils défendent par missiles interposés.
Et quelles que soient leur foi et leur chapelle, les « modérés »
condamnent plus ou moins clairement les dérives
des extrémistes.
En termes de brutalité et de sottise religieuse, tout est
fluctuant, épisodique, relatif. Pour l’heure et face aux fous
d’Allah, les adorateurs de Jésus font figure d’humanistes
éclairés. A quelques détails près, toutefois : les Etats-unis
protestants exécutent les mineurs ou les malades mentaux,
les évangéliques du Tea Party prêchent le droit sacré
de flinguer son prochain, les enragés anti-avortement sont
prêts à tuer pour défendre la vie, les créationnistes et autres
maniaques de la bible propagent l’obscurantisme d’un autre
âge. Et Bush junior est un presbytérien « born again », né une
deuxième fois à 40 ans, en rencontrant Jésus ; sa foi profonde,
entre mensonges, carnages et torture systématisée, a éclairé
le monde.
Yahvé, Christ ou Allah, à chacun ses exaltés et ses sectaires.
Aujourd’hui, le moins détestable d’entre eux est peut-être bien
le pape François, qui vient de déclarer qu’il est mal d’occire
quiconque au nom de Dieu. Le pire est qu’il soit nécessaire
de le dire.
Avec leurs dieux, messies et prophètes respectifs, les trois
monothéismes et leurs livres sacrés, faut-il le rappeler, se
recoupent et se confondent. Avatars d’une même superstition née
chez des éleveurs de biques du Proche-Orient ancien, ils puisent
à la même source historique, mais, paradoxale et meurtrière
crétinerie, revendiquent chacun la seule vérité et l’unique voie vers
le salut éternel. Quitte à s’entre-massacrer. Voilà quinze siècles au
moins que ça dure. C’est long, nom de Dieu.
Vigousse vendredi 26 septembre 2014
Q U E L L E S E M A I N E !
3
a f f ai r es en cou r t
Tu retourneras
à la poussière
Pour réduire la consommation énergétique,
l’Union européenne a interdit dès le
1er septembre 2014 la vente d’aspirateurs
de plus de 1600 watts. Et il est prévu
d’abaisser la limite à 900 watts dès 2017.
Une idée plutôt judicieuse, à ceci près
que les aspirateurs utilisés dans un cadre
industriel, bien plus gourmands que les
appareils domestiques, ne sont soumis à
aucun règlement. Par ailleurs, un aspirateur
moins puissant est utilisé plus longtemps
pour obtenir le même résultat. Encore une
mesure qui brasse de l’air ?
Paris raté
Résultats d’un récent
sondage réalisé en France
sur la qualité de vie au
boulot : 25 % des salariés
estiment qu’il est difficile
de concilier vie privée et vie
professionnelle. Les autres
disent avoir trouvé un bon
équilibre entre les deux. Bilan
global : 35 heures de travail
hebdomadaire et toujours un
quart de râleurs.
LE CHIFFRE
2800
C’est, selon le dernier pointage de l’Organisation
mondiale de la santé (OMS), le nombre de personnes
décédées du virus Ebola en Afrique de l’Ouest. Suite
à ce nouveau bilan, le Conseil de sécurité des Nations
unies a qualifié l’épidémie de « menace pour
la paix et la sécurité internationale », ce qui constitue
une première pour une urgence sanitaire. Avec leurs
millions de victimes annuelles, la malaria,
la tuberculose et le sida font pâle figure.
Courant
alternatif
Le 15 septembre, le Japon
a célébré sa première année
sans nucléaire. Autrement
dit, la troisième puissance
économique mondiale, et
anciennement le troisième pays
le plus nucléarisé de la planète
(derrière les Etats-Unis et la
France), a pu, dans l’urgence et
l’improvisation forcée, subvenir
à ses besoins à l’aide d’énergies
fossiles et renouvelables. Et le
tout sans pannes, grâce à la
mobilisation de la population
et des autorités. De quoi mettre
les pro-nucléaires sous tension.
Salade
de calotte
La calotte du pape François
a été mise aux enchères
sur le site de vente en ligne
eBay, où sa cote a déjà
franchi les 100 000 euros.
Et ça continue de grimper.
La somme finale sera versée
à l’organisation humanitaire
Solterre, active dans la
lutte contre la mortalité
infantile en République
démocratique du Congo.
Chapeau ! Même si le
Vatican pourrait fournir
une aide bien supérieure en
casquant lui-même.
Vigousse vendredi 26 septembre 2014
4
FAITS DIVERS ET VARIÉS
FAITS DIVERS ET VARIÉS
Un problème
de thaï
tural local). Mais la police veillait
au grain, assaillant les tenanciers à
coups de prunes.
C’est que la Ville avait fixé la
livraison des matériaux avant
10 h 30. Pas de pot, un livreur de
congélateur venu de Berne un
poil trop tard est reparti avec une
amende amère de 100 francs.
Par ailleurs, à maintes reprises durant l’été, tout ou partie des accès
aux trois restaurants, tant pour le
personnel que pour la clientèle, a
été rendu impossible sans aucun
avertissement préalable de la part
des autorités.
Poulet aux prunes La police de
Lausanne met des bâtons dans les
roues d’un tricycle à l’arrêt. A Vidy, les
rapports entre les restaurateurs et la Ville
commencent à sentir le roussi.
Lausanne, Vidy, au bord du lac :
trois établissements publics, le
Watergate, l’Edelweiss et la Maison Thaï, se partagent les volumes
de l’ancienne Voile d’Or, dans l’un
des vétustes pavillons recyclés de
l’Expo de 1964.
Chacun des trois restos dispose
d’une terrasse quasiment pieds
dans l’eau. Le dernier arrivé, la
Maison Thaï, possède aussi un
bout de jardin où les patrons ont eu
la bonne idée de placer, en guise de
décor évocateur, un tricycle thaïlandais ou tuk-tuk. Las ! Cet ornement exotique, en place depuis
trois mois, n’a pas été du goût des
contractuelles et autres agents veillant sur notre sécurité, qui se sont
mis à deux pour interpeller le véhicule suspect : et hop, une bûche de
100 francs pour le tuk-tuk, et toc.
Echaudé, le propriétaire dudit
plats
de résistance
trois-roues a fait opposition et
déposé plainte pour violation de
la propriété privée. Solidaires, les
gérants des deux autres établissements ont emboîté le pas. C’est
qu’eux aussi sont victimes du zèle
policier. « Cette affaire démontre
bien qu’il ne s’agit plus d’un acte se
rapportant au maintien de l’ordre
public, mais plutôt d’une volonté
délibérée de provocation », écrivent
les trois restaurateurs à Robert Witzig, responsable de l’Office du stationnement à la ville de Lausanne.
Witzig, autrement dit un type
marrant, mais en allemand seulement. Le drôle fait répondre par
son porte-parole que « l’agent est
actuellemnt en vacances, mais que
nos services prendront contact avec
le propriétaire dès son retour ».
L’amende au tuk-tuk n’est qu’un
énième épisode, l’acharnement policier ayant sévi durant toute la durée des travaux de réaménagement.
A l’abandon, la fameuse Voile d’or
nécessitait en effet des transformations lourdes (dans le respect de sa
construction d’origine, le bâtiment
figurant au patrimoine architec-
L’ouïe et le coucher
viseur des autorités qui menacent
de fermer les lieux de perdition
dont la clientèle commet des débordements bruyants. Il faut dire
que les incidents se sont multipliés ces dernières années, mettant à vif les nerfs des riverains.
Certains d’entre eux ont choisi
la vengeance en balançant des
seaux d’eau et autres liquides aux
débauchés jugés excessifs dans
la manifestation sonore de leur
alcoolémie.
Last chance saloon A l’extrême ouest du pays,
Genève est en plein Far West.
Depuis quelques semaines, des affiches très western rappellent aux
noctambules genevois qu’à Calvin
City on ne plaisante pas avec la loi
et l’ordre. Placardés notamment
près des bistrots du boulevard
Carl-Vogt et de la rue de l’Ecolede-Médecine, ces avertissements
signalent aux desperados que
« consommer hors du périmètre de
l’établissement (bar et terrasse),
déranger le voisinage, troubler
l’ordre public, uriner sur la voie publique » sont des crimes passibles
d’amende. La pendaison haut et
court n’est pas mentionnée.
Mais quel shérif imprime et pose
ces affiches ? Nul ne sait. ContacVigousse vendredi 26 septembre 2014
tée, la police municipale affirme
n’être au courant de rien. Il s’agirait donc d’un justicier solitaire
agissant au nez et à la moustache
des agents assermentés. En bas de
l’avis ne figure que cet acronyme
sibyllin : EDM. Pour « Ecole de
Médecine » ? Ou « Education des
Masses » ? Ou « Eradication des
Malotrus » ? Le mystère reste entier.
Pour tenter de le percer, on a
contacté l’un des établissements
concernés, en l’occurrence le
Café du Lys. Emprunté, le serveur préfère renvoyer la question
au patron. Lequel, expéditif, se
Et voilà que ces derniers jours
fleurissent des parcomètres sur le
parking du théâtre de Vidy. Alors
que le stationnement était gratuit
pour une durée de 3 heures maximum, la facturation est désormais
de 2,50 francs de l’heure, et sans
interruption à la pause de midi. Ce
qui renchérit sérieusement le prix
du plat du jour.
La Ville de Lausanne a toujours
échoué à remettre à flot la Voile
d’or. Peut-être parce qu’elle fait
tout pour la transformer en galère.
Jean-Luc Wenger
Quoi qu’il en soit, démasquer le
contente d’un laconique « on ne
peut pas en parler ». Enfer et malédiction, la peur planerait-elle sur
la ville ?
A moins, ce qui est beaucoup plus
probable, que l’affichage émane
des tenanciers de saloons euxmêmes, depuis longtemps dans le
mystérieux justicier placardeur
n’est pas une mince affaire. Force
est donc de recourir à la ruse : aller se saouler et brailler à tue-tête
devant l’une des affiches et voir
qui vient infliger la sanction. A
coup sûr, un amateur d’amendes
qui n’aime pas qu’on lui brise les
noix. Sacha Durant
Syngenta m’était conté
Dans ces conditions, à qui donc
profiterait une augmentation de la
production mondiale ? A Syngenta
bien sûr, pas à l’humanité ni à la
biodiversité.
Le « Good Growth Plan » omet
aussi, curieusement, d’évoquer
les méfaits des pesticides sur
l’eau dont dépendent les cultures,
tout comme il passe sous silence
les conséquences néfastes de
l’industrialisation et du recours
croissant aux semences génétiquement trafiquées.
Quant à « former 20 millions
d’agriculteurs à la sécurité au travail », le mieux serait peut-être
de leur éviter le contact quotidien avec des produits chimiques
toxiques, comme le relève la Food
and Drugs Administration étatsunienne, pour qui la santé des
paysans est sérieusement menacée
par l’exposition aux pesticides. En
particulier le Paraquat, produit
phare de qui ? De Syngenta.
Foutage du monde Avec son « Good Growth Plan » prétendument écologique et responsable, le géant
agrochimique bâlois se lance dans le lavage de cerveau aux pesticides.
Champion mondial des pesticides
et troisième vendeur de semences
OGM, Syngenta (du groupe Novartis) se soucie énormément du développement durable, de l’agriculture
de proximité et de la biodiversité.
Si si. Syngenta est une société merveilleusement verte, pétrie d’amour
pour la planète bleue.
Il y a un an, elle lançait en fanfare
son « Good growth plan », un vaste
et ambitieux projet de croissance
responsable qui vise, d’ici à 2020, à
« accroître la biodiversité des terres
agricoles », « aider 20 millions de
petits exploitants à augmenter de
50 % leur productivité », « augmenter de 20 % le rendement moyen des
principales cultures mondiales sans
utiliser plus de terres, d’eau ou d’énergie » ou encore « former 20 millions
d’agriculteurs à la sécurité au travail,
notamment dans les pays en voie de
développement ». Qu’attend-on pour
décerner à Syngenta le titre officiel
de bienfaitrice de l’humanité et de
protectrice de Mère Nature ?
Las ! A l’occasion du bilan publié
par la société après une année de
« Good growth plan », la Déclaration de Berne a examiné de près les
promesses et leur mode d’application. Et cette ONG tatillonne arrive
à la conclusion que Syngenta est
infiniment moins efficace dans la
vision projetée d’un avenir meilleur
que dans la projection de poudre
aux yeux. Bizarrement, il s’avère en
effet qu’une entreprise qui prospère
dans les pesticides et les OGM a
tendance, quand il s’agit de sauver
la planète, à fournir de mauvaises
réponses à de faux problèmes.
La Déclaration de Berne relève
ainsi qu’il est absurde de vouloir
augmenter de 20 % les rendements
agricoles mondiaux puisque les
actuelles capacités de production
suffiraient à nourrir 12 à 14 milliards d’humains. Ce qu’il faudrait
revoir en revanche, c’est l’utilisation de ces capacités : bien trop de
ressources sont en effet gaspillées
en agrocarburants et en nourriture
pour le bétail. Deux domaines dans
lesquels Syngenta fait son beurre
en commercialisant des pesticides
et des semences de maïs et de soja,
qui représentent aujourd’hui 40 %
de son chiffre d’affaires.
On en passe et des pires, des
mesures totalement fallacieuses
en faveur des abeilles au prétendu
soutien des petits exploitants. En
résumé, le « Good Growth Plan »
n’est qu’une vaste arnaque qui
ne vise à améliorer qu’une seule
chose, l’image et donc les profits de Syngenta. Une firme qui,
non contente d’empoisonner la
planète, se lance désormais dans
l’intoxication. Malika Scialom
Le DUEL
Ringier fait ménage à trois
La presse – le saviez-vous ? – va mal. Plus
d’annonceurs, plus de pognon, plus de lecteurs. Heureusement, il y a des gens, en
indécrottables et bienveillants amoureux
des arts de la plume, qui réfléchissent à des
solutions. Ainsi, le groupe Ringier, après
maintes
cogitations,
est venu courageusement à la rescousse
de notre fragile droit
d’être informé correctement : « Pour exploiter
au mieux les synergies
à Lausanne, il est prévu
qu’une newsroom soit
créée pour L’Hebdo,
Edelweiss et Le Temps. »
Dieu soit loué ! Bon sang, oui, une
newsroom ! Il suffisait d’y penser ! L’enthousiasme est palpable du côté des journalistes. A preuve, ces pages débordantes
de gratitude dans L’Hebdo (18.09.14), où
5
l’on se réjouit « d’imaginer une sorte de
laboratoire du journalisme de demain »,
de tout « réinventer », de « libérer d’immenses potentialités », où il est question
de « révolution », de « chambardement », de
« basculement », de « bouleversement », de
« nouveaux modèles »,
d’« étape
cruciale »,
d’être des « pionniers »…
C’est à se demander
pourquoi ils n’ont pas
fait cette newsroom, ou
« salle de rédaction de
conception
radicale »,
plus tôt… Ne reste
plus aux journalistes
qu’à se spécialiser en
clics et copier-coller, et surtout à ne pas
se perdre en chemin. Pas d’inquiétude, les
newsrooms sont faciles à trouver : c’est
généralement au fond du couloir à gauche. Sebastian Dieguez
Vous êtes plutôt...
Hegel
Tapez : VIG A
au numéro 9000
(Fr. 200.–/sms)
HEGEL :
KANT :
Kant
Tapez : VIG B
au numéro 9000
(Fr. 200.–/sms)
82 %
34 %
Le résultat final se trouvera dans un prochain journal
Vigousse vendredi 26 septembre 2014
6
FAITS DIVERS ET VARIÉS
FAITS DIVERS ET VARIÉS
Tintin pour le Congo
Mines de rien Oubliée, la République démocratique du Congo n’en finit pas de panser ses plaies.
Et ses richesses continuent à faire celle de l’Occident, notamment à Zoug.
Si la République démocratique du
Congo (RDC) a droit à quelques
lignes dans la presse ces jours-ci,
c’est que le virus Ebola y a fauché
une quarantaine de personnes.
L’épidémie serait « maîtrisée »,
selon le gouvernement. Mais qui
parle de tout le reste ?
Etabli en Suisse depuis 28 ans,
naturalisé, ancien conseiller général à Peseux (NE), Njo Moubiala
dénonce sans relâche le régime du
président Joseph Kabila et de ses
complices. Il martèle un message
simple et direct : « Ça suffit ! »
machine afrique
Le Congo endure les séquelles
du conflit qui, de 1998 à 2003, a
fait 180 000 morts, ou 10 millions
selon un rapport de l’ONU, si l’on
prend en compte les victimes indirectes ayant succombé à la famine
et à la maladie. S’y ajoutent les
viols collectifs, systématiques,
utilisés comme arme de guerre :
500 000 femmes abusées. Trente
militaires ont certes été arrêtés ce
mois-ci. Mais leur jugement pourrait bien attendre la semaine des
quatre jeudis.
Par ailleurs, tous les rebelles
n’ont pas déposé les armes. Selon
Njo Moubiala, les violences sont
orchestrées, avec la complicité de
Kabila, par des bandes mafieuses
étrangères, notamment rwandaises, qui cherchent à faire main
basse sur les ressources congolaises. « Nos familles sur place
en sont les victimes et les témoins
vivants », raconte-t-il. S’y ajoute
PUB
Vigousse vendredi 26 septembre 2014
ser. Nous ne sommes pas contre les
investissements étrangers, mais le
président signe des accords sans
connaître l’Europe. Et les Chinois
sont déjà là… »
De fait, la communauté des
Congolais expatriés fait peur
à Kabila. Elle pourrait pourtant négocier avec des groupes
comme Glencore : « Nous sommes
ouverts au dialogue tant politique
qu’économique, on devrait travailler ensemble pour le bien-être des
populations et pour la sauvegarde
de l’environnement », estime Njo
Moubiala. « Mais Glencore ne
s’intéresse pas à la vie au Congo.
Pourquoi ne pas demander une
école à ceux qui exploitent les
mines ? La société extrait le minerai, mais qui paie la facture ? » De
fait, entre pollution, violence et
éducation défaillante, la population indigène végète. « Si l’on
pouvait mesurer ce que la diaspora envoie via Western Union, on
verrait vraiment qui fait survivre
ce pays », avance le Neuchâtelois
d’adoption.
Les
le pillage industriel et financier
perpétré par les multinationales
comme Glencore, dont le siège
est à Zoug. Le processus est tristement classique : les géants des
matières premières graissent les
pattes des potentats locaux, exploitent une main-d’œuvre souspayée pour extraire les richesses
en saccageant irrémédiablement
l’environnement, ne paient pas
d’impôts sur place et transfèrent
les profits en Suisse ou autres pays
proprets. Coton, café, pétrole,
gaz, diamant, manganèse, cuivre,
cobalt, or ou coltan (si indispensable aux téléphones portables),
le sol et le sous-sol congolais
regorgent de richesses qui pourraient faire la prospérité du pays :
elles ne font que la fortune des
actionnaires et des spéculateurs
occidentaux, et celle des dirigeants locaux corrompus, tout en
entretenant, voire en aggravant la
misère des populations.
Pour Njo Moubiala, la diaspora
congolaise pourrait agir efficacement, ne serait-ce que pour mobiliser l’opinion internationale.
« Nous sommes 7 millions à travers le monde, et 5000 en Suisse ;
nous devrions mieux nous organi-
Congolais devraient se
rendre aux urnes en 2016 pour
élire un nouveau président.
Comme la Constitution actuelle
limite la charge à deux mandats,
Joseph Kabila ne peut plus se
présenter. Qu’à cela ne tienne, il
tente de modifier à sa convenance
le texte fondamental, embastillant ou liquidant les opposants.
« Nous dénonçons avec fermeté ce
comportement antidémocratique
et voulons une élection présidentielle libre et transparente », clame
Njo Moubiala, en incitant la
diaspora à jouer pleinement son
rôle pour défendre cette cause et
pour obtenir que ceux qui entretiennent la violence et qui pillent
le pays paient enfin des comptes.
Parce que « ça suffit » !
Avant tout, il importe que la presse
s’intéresse à ce qui se passe dans ce
coin du monde. Même si le virus
Ebola n’y sévit pas. Jean-Luc Wenger
7
… à la folie, pas du tout ?
Génie si vil Les artistes sont-ils complètement fous ou parfaitement sains d’esprit ?
Les deux, affirme un chercheur qui pense avoir résolu cette controverse de dingues.
« Il n’y a pas plus d’art des fous
que d’art des dyspeptiques ou des
malades du genou », disait Jean
Dubuffet, l’« inventeur » de l’art
brut. D’accord, mais bon, c’est tout
de même une sacrée brochette de
cinglés qu’il nous a permis de découvrir... Et de tout façon, Sénèque
lui répondait déjà, quelques années
avant, qu’« il n’y a pas de grand génie sans un soupçon de folie ». Alors
bon.
C’est un peu la guerre des citations,
cette vieille question des rapports
entre le génie et la folie. Avec le
temps, on pourrait croire que la
recherche scientifique serait venue
à bout de cette controverse. Mais il
se trouve que le génie créatif est assez difficile à étudier en laboratoire.
Peut-être aussi que les chercheurs
n’ont pas fait preuve de beaucoup
de génie sur cette question.
C’est en tout cas ce que suggère
un récent article de Dean Simonton, de l’Université de Californie,
qui étudie la psychologie de la
créativité depuis plus de 30 ans.
En ayant sans doute marre qu’on
lui demande sans arrêt s’il y a un
lien entre folie et génie (à l’instar de l’auteur de Maux d’artistes,
editions Belin, en vente dans les
meilleures librairies), il a décidé
de clarifier les termes du débat une
fois pour toutes. D’une part, il y a
ceux qui disent, pas mal de preuves
à l’appui, que les grands artistes ont
de forts risques de souffrir de maladie mentale. D’autre part, munis de
pas mal de preuves aussi, il y a ceux
qui affirment que les artistes sont
en fait plus sains d’esprit que le reste
des gens. C’est ce que Simonton appelle le « paradoxe génie-folie ».
Démonstration mathématique à
l’appui, il prouve qu’il n’y a en fait
pas de contradiction, les deux propositions peuvent être vraies en
même temps. Car ce sont en réalité
des hypothèses totalement différentes, mais qu’on n’a pas cessé de
mélanger depuis très longtemps.
Dans un cas, on prend un groupe
d’artistes et on s’aperçoit que la
productivité et la notoriété dans ce
groupe sont associées à une plus
forte probabilité de troubles mentaux. Dans l’autre cas, on compare
les créateurs avec les non-créa-
teurs, deux groupes séparés donc,
et on constate que le premier présente un niveau moyen de santé
mentale meilleur que le second.
Approches, méthodes et populations complètement différentes.
On comprend mieux avec une
analogie : ce qui distingue les criminels des non-criminels n’est pas
forcément la même chose que ce
qui distingue les simples criminels
des tueurs en série. Ce sont deux
registres d’explication psychologiques différents.
Et donc, un « soupçon de folie »
pourrait bien démarquer les meilleurs créateurs de la masse des
créateurs médiocres parce qu’ils
pensent vraiment différemment ou
Sortez vos mouchards
Objets branchés Les toilettes, le frigo ou le soutien-gorge connectés à internet : une tendance
amusante qui, en fin de compte, n’a rien d’amusant.
« 3 litres » est l’un des messages
plutôt sobres publiés récemment
par le compte Twitter @IoToilets,
géré automatiquement par un petit appareil placé dans une chasse
d’eau : à chaque fois que celle-ci
est actionnée par son usager, la
quantité d’eau déversée est illico
postée sur Twitter. C’est suffisamment rigolo pour que de nombreux
médias relaient l’info, mais carrément moins utile que le soutiengorge connecté dont tout le monde
parlait il y a une année. Celui-ci,
conçu dans le cadre d’une opération de sensibilisation au cancer du
sein, publiait un message d’alerte
sur Twitter à chaque fois qu’il était
dégrafé.
Bref, raconter sa vie dans les
moindres détails sur internet n’est
donc plus le propre de l’homme :
voilà que les objets s’en mêlent.
Invention déjà « ancienne », le frigo
connecté aux centres commerciaux
à qui il signale automatiquement
les denrées à repourvoir est déjà
très fréquent aux Etats-Unis. Désormais, il pourrait bien débarquer
aussi sur les réseaux sociaux afin
de révéler, par exemple, le menu
du soir de la famille à toutes ses
connaissances. Profondément ridicule et totalement inutile ? Evidemment. Et c’est bien pourquoi
ça risque fort de cartonner sur la
Toile. Un habitant de San Francisco
a d’ailleurs connecté l’ensemble de
parce que leur succès expose leur
vulnérabilité tandis que pris en
général, les artistes pourraient bien
avoir une meilleure santé mentale
que la normale parce qu’ils sont
plus contemplatifs, ou plus satisfaits par leur travail.
Quelle que soit l’explication, Dubuffet et Sénèque pouvaient tous
les deux avoir raison. C’était bien la
peine de se faire la gueule pendant
tout ce temps. Sebastian Dieguez
The Mad-Genius Paradox : can creative
people be more mentally healthy but
highly creative people more mentally
ill ?, D.K. Simonton, Perspectives
on Psychological Science, vol. 9,
470–480, 2014.
sa maison au réseau social Twitter.
Ce qui donne des messages générés
automatiquement comme « je viens
d’éteindre les lumières du bureau »
ou, plus équivoque, « il commence
à faire chaud et humide dans la
chambre à coucher, je ferais mieux
d’ouvrir une fenêtre ».
Pour l’heure, tout ça est entière-
ment dénué de sens. Il n’est donc
pas facile, pour un esprit rationnel, de saisir l’engouement de tous
ces abrutis excités à l’idée de lire
au quotidien les confessions de
machines à laver, de fours ou de
poubelles. L’industrie de l’électroménager et de la domotique, elle, y
trouve un intérêt évident. Il s’agit de
suivre à la loupe le comportement
des consommateurs et d’interagir
avec eux. Dans un avenir proche,
qu’elle soit exhibée sur Twitter ou
discrètement stockée dans la base
de données d’une entreprise, l’intimité à domicile n’aura plus rien
d’intime. Samuel Dubuis
Vigousse vendredi 26 septembre 2014
8
f aits dive r s et va r iés
PLUS VRAI QUE
VECU
Q U E L L E S E M A I N E !
9
Audience en correctionnelle dans un tribunal d’arrondissement.
Noms fictifs mais personnages réels et dialogues authentiques.
« Vous êtes un véritable généraliste
de la vente de drogue. »
Monsieur Picard est accusé de blanchiment d’argent,
d’infractions aux lois fédérales sur les stupéfiants, sur les
produits thérapeutiques et sur les armes, ainsi que de
conduite d’un véhicule automobile malgré le refus, le retrait ou
l’interdiction de l’usage du permis, et d’obtention frauduleuse
d’une constatation fausse.
– Examinons l’affaire des anabolisants, déclare le magistrat.
Lors de la perquisition effectuée à votre domicile, la police
a découvert dans votre pharmacie différents flacons et
boîtes de Primplex, Euiplex, Cecaplex, Tespro, Trenabolic,
Clenbuterol, Mastebolin, Somatropin, etc. Vous en faisiez
commerce ?
– Non, j’ai acheté ces produits à Zurich ou à l’étranger,
mais uniquement pour ma consommation personnelle,
affirme le prévenu.
– Vous vouliez bouffer ou vous injecter tout ça ? Mais
pourquoi ?
– Ben, pour prendre du muscle.
– Levez-vous !
L’accusé obtempère. Il est plutôt balèze.
– Vous n’avez pourtant pas beaucoup de brioche, commente
le juge. Et la drogue découverte chez vous, dans votre
voiture ou encore à votre atelier, c’était aussi pour votre
consommation ?
– Non, c’était pour vendre. Moi, je prends rien.
– A part une montagne de stéroïdes. Résumons : début
2013 vous avez vendu à travers toute la Romandie du
haschisch, de la marijuana, de l’huile de cannabis, de la
pâte d’amphétamine, des ecstas, de la cocaïne, du speed et
du MDMA pour un bénéfice approximatif de… ?
– Je dirais dans les 30 000 francs.
– Ça me semble léger comme chiffre d’affaires, maugrée le
magistrat. En fait, vous êtes un véritable généraliste de la
vente de drogue, j’en ai rarement vus qui vendaient de tout
comme ça. Dites, histoire que j’apprenne quelque chose
aujourd’hui ; c’est quoi, de la pâte d’amphétamine ? Ça se
consomme comment ?
– Je ne sais pas trop, je ne fais que vendre ; mais je crois
que ça se sniffe.
– Ah, tiens ! Et sinon, le pistolet Erma Werke, il est bien
à vous ?
– Oui, je me le suis procuré comme ça, pour moi, pas pour
l’utiliser contre quelqu’un.
– Comme vous coopérez et admettez tout, je pense que vous
ne contestez pas le faux permis de conduire ?
– Non. J’avais un retrait, donc je me suis fait passer pour
mon frère au service des autos. J’ai dit avoir perdu mon
bleu, alors ils m’ont fourni un duplicata à son nom, mais
avec ma photo. Pour mon travail, j’avais besoin du permis.
– Pour le travail… Bon, on a tout passé en revue. Ce qui me
surprend, c’est que vous n’avez pas le profil des trafiquants
que l’on voit généralement défiler au tribunal. Vous avez une
bonne formation d’informaticien, une vie de famille stable.
Et pourtant ce sera votre septième condamnation.
– Oui, mais j’ai eu deux condamnations au mineur et trois
pour des histoires de circulation routière, c’était pas si
sérieux, proteste l’accusé.
– C’est quand même trop ! Et c’est sans compter les deux
affaires de drogue. Pourquoi être soudain passé au trafic de
drogue ?
– J’étais au chômage, j’avais des problèmes d’argent et je
ne trouvais pas de job.
– Quand on cherche sérieusement, on trouve. Ce n’est pas
une excuse pour devenir dealer.
Reconnu coupable, monsieur Picard est condamné à 3 ans,
10 mois et 10 jours de peine privative de liberté sous
déduction de 476 jours de détention avant jugement. Il doit
également s’acquitter d’une amende de 1500 francs
et les frais de justice d’un montant de 69 562,55 francs sont
à sa charge. Lily
Londres au tableau
Une marque de sex-toys d’outreAtlantique a interrogé, via internet,
35 000 personnes âgées de 21 à 55 ans
quant à leurs habitudes sexuelles.
L’enquête, menée au niveau mondial,
a donné toute une série de résultats :
les plus satisfaits sont les Anglais, les
Grecs et les Nippons, les plus frustrés les
Chiliens, les plus endurants les Brésiliens
(46 minutes), les plus fidèles les
Australiens et les Belges, les plus enclins
au changements de partenaires les
Helvètes, etc. Quant aux plus joueurs, il
s’agit à nouveaux des Britanniques : 94 %
d’entre eux possèdent dans leur tiroir des
accessoires voués à pimenter leur vie
sexuelle. Un peuple tout jeu tout flamme.
Des racines
et des elles
En Egypte, des archéologues ont
récemment déterré les restes d’une
femme ayant vécu il y a 3300 ans.
Non momifiée, à peine enveloppée
dans un tapis de moindre qualité
et donc mal conservée, la dame
n’a, de prime abord, rien de bien
particulier. Sauf qu’à y regarder de
plus près, le cadavre présente un
détail inhabituel : mélangées aux
mèches d’origine, 70 extensions de
cheveux permettaient à la coquette
d’arborer une coiffure joliment
travaillée. Une découverte au poil.
Chair amie
PUB
Exclusivité mondiale.
La première tablette numérique
entièrement en vrai papier.
CADEAU
À TOUS LES
ABONNÉS
Pour tout renouvellement
ou nouvel abonnement, vous recevrez en bonus
le recueil « Le mieux de Vigousse 2013».
88 pages, format 24 x 31 cm, valeur CHF 22.–
021 612 02 56 / [email protected]
www.vigousse.ch
En vente chez Payot et Naville
Vigousse vendredi 26 septembre 2014
. . . en cou r t
Dans certaines régions reculées
de Suisse, certains irréductibles
barbares s’entêtent à trucider
sèchement chiens et chats afin de
les bâfrer sous forme de ragoût.
Pour mettre un terme à ces
infâmes frichtis, l’association de la
Neuchâteloise Tomy Tomek a lancé
une pétition en ligne
(www.soschats.org) qui, en
quelques semaines, a été signée
par plus de 10 000 personnes,
dont Brigitte Bardot, Daniel Brélaz
et autres fervents amis des bêtes
qui, lorsqu’on malmène leurs amis
à quatre pattes, n’hésitent pas à
sortir les griffes.
Vigousse vendredi 26 septembre 2014
BIEN PROFOND DANS L'ACTU
L e f in mot de l ' histoi r e
Achetez Sarkozyx 500
Nouvelle Formule™ !
LE COURRIER
Une communication des laboratoires du professeur Junge Cette
semaine : vous avez été déçu par l’ancien Sarkozyx 500™ ? Pas de problème,
nous en avons un entièrement nouveau à vous proposer !
A Roger Golay
Une nation, ça doit s’entretenir chaque jour, sans quoi elle
se dégrade, s’abîme, s’entartre et
devient irrécupérable. Aucun des
produits actuellement sur le marché ne donne entièrement satisfaction. C’est pourquoi nous, aux
Laboratoires De Gaulle Héritage,
nous avons conçu le Sarkozyx
500™. Vous nous direz : « Oh, mais
nous connaissons déjà ce produit ! Il
ne nous a pas plu du tout ! C’est de
la camelote ! On n’a même pas fini
la boîte et on a jeté le reste à la poubelle ! » Certes, mais ce que nous
vous proposons aujourd’hui, c’est
le Sarkozyx 500 Nouvelle Formule™. Rien à voir avec la version
précédente, obsolète et reléguée
aux oubliettes de la recherche en
présidentologie.
Le nouveau Sarkozyx 500 Ultrabrite™ est enrichi en agents blanchissants qui redonneront toute
leur splendeur à un bilan terni.
En outre, une substance active
brevetée, la Marinine™, présente
en traces infimes, stimule la production d’anticorps frontistes qui
empêchent l’entrée de bactéries
venues de l’extérieur et confère un
poil soyeux à la nation.
De conception révolutionnaire,
le nouveau Sarkozyx 500 Deux
Phases™ est doublement efficace.
Sa face bleue dissout le chômage
tandis que sa face rouge fait miraculeusement baisser les impôts, et
cette fois-ci, attention, pas seulement des amis du président, mais
aussi des particuliers.
Comme de nombreux clients se
plaignaient de l’aspect anguleux
de l’ancienne formule qui la rendait difficile à avaler, des types en
blouses blanches avec des lunettes
dans un décor immaculé ont planché longtemps pour remédier à ce
défaut. La pilule révolutionnaire
Sarkozyx 500 Haleine Fraîche™
est conditionnée à présent sous
forme ovoïde, ce qui lui permet de
descendre toute seule et sans effet
désagréable sur la gorge, d’autant
qu’elle est recouverte d’une fine
pellicule d’anesthésiant qui la rend
moins irritante.
Le 8e conseiller fédéral
Acheteur d’autos
Facile à appliquer grâce
à son tube coudé, le Sarkozyx 500 WC™ diffuse
dans la nation des particules néolibérales qui la
nettoient de fond en comble et
préviennent les dépôts de tartre
bolcheviques sur l’émail.
Testé sur des veaux, qui selon les
travaux des Laboratoires De Gaulle
Héritage sont les animaux les plus proches
des électeurs français,
le Mister Sarkozyx Proper™ s’est
révélé être 67 % plus républicain,
24 % moins bling-bling et 3 %
moins arrogant. Lors de dégustations à l’aveugle, 70 % des personnes interrogées n’ont pas pu le
distinguer d’un produit ordinaire.
Le Sarkozyx 500 Règles Abon-
dantes™ est trois fois plus absorbant grâce à ses protège-côtés
à base de sphaigne. Poursuites
pénales, corruption, trafic d’influence, malversations diverses :
tout disparaît en deux temps trois
mouvements.
Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.
« Le 8e conseiller fédéral est une
vraie crevure. Il déteste le peuple
suisse, qu’il appelle « les débiles ».
Et ça le fait rire en plus. »
DU CHIEUR
« Ce gros porc de 8e conseiller
fédéral suinte la bêtise. Ses yeux
torves ont autant d’expression
que ceux d’un poisson mort. »
« Je n'oublierai jamais le jour où il
m'a répudiée au profit de Simonetta.
Son SMS se concluait par « Alors
dégages fissa, t'es vraiment trop
nulle! » Etait-ce vraiment
nécessaire d'ajouter un smiley? »
Elle m’a bien cerné,
la drôlesse…
Vigousse vendredi 26 septembre 2014
phare de la pensée contemporaine
J’ai lu votre torchon !
Il est complètement diffamatoire !
« Son sourire fourbe
et son nez de traviole
lui donnent un air
pathétique. »
Mais ne mégotons pas, si le coût
de départ était de 97 000 francs,
les surcoûts pour « une galerie
de toit spéciale comprenant des
matériaux d’arrimage » ou « des
commandes de matériel tels que
l’antenne de la radio, des
lampes de rechange, des gilets
réfléchissants » ont fait gonfler
la facture. Des différences que
le DDPS a justifiées également
avec « la compensation des fluctuations de change ».
Ça ne va pas se passer comme ça, Doris !
Je n’ai pas
le nez de
traviole !
Elle écrit bien,
quand même,
cette Doris.
« Il est sale et mange
de façon répugnante.
Il rote entre chaque
bouchée. »
Nous avons également amélioré
le nouveau Sarkozyx 500 Recette
Gourmande™ en supprimant
son amertume et tout goût de
revanche. A la place, il dégage
en bouche un agréable arôme de
lendemains qui chantent, avec
des effluves d’augmentation du
pouvoir d’achat.
Enfin bref, en un mot comme en
mille : les veaux achèteraient Sarkozyx 500™. Professeur Junge,
Hein ? Quoi ?
Artistes en herbe
Environ 35 000 ans avant que le
fils Yahvé fît des siennes en Judée, un autre farfelu, lui aussi de
l’espèce Cro-Magnon alias Homo
sapiens, se livrait également à des
fantaisies douteuses. Ce type-là,
nommons-le
Charles-Adalbert
pour simplifier, peignait des rhinocéros laineux au fin fond d’une
grotte (avec de la peinture, pas
avec un peigne). Chacun son truc.
Après tout, ce n’est pas plus saugrenu que de vouloir rétablir le
royaume de Dieu ou autres lubies,
et c’est nettement moins lourd de
conséquences.
Donc, Charles-Adalbert dessinait
des rhinocéros, lesquels étaient
laineux parce qu’ils paissaient là
où se trouve aujourd’hui l’Ardèche
et que la période glaciaire était
frisquette, surtout le soir. Par ailleurs, les rhinocéros ne font pas
de terriers. Les hommes non plus,
ce qui rend encore plus incongrue
la manie qu’avaient certains individus de s’enfoncer régulièrement
sous terre, en rampant dans des
anfractuosités étroites, mal plates,
rugueuses et obscures, jusqu’à
trouver un vide assez grand pour
pouvoir couvrir ses parois de dessins de bestioles.
Tout esprit tant soit peu rationnel
songerait que ce fut là le passetemps éphémère de deux ou trois
excentriques isolés, amateurs
d’extrême ou autres demi-fous,
mais non : cette mode a sévi vingt
bons millénaires sur une bonne
partie du continent européen. Et
elle est apparue aussi, à diverses
périodes plus ou moins reculées,
en Afrique, en Patagonie, en Mongolie, en Malaisie… Bref, un peu
partout où il y avait des animaux
sauvages à gribouiller, et des
grottes. Sans compter que certains
adeptes, sans doute faute de dénicher des trous assez profonds et
malcommodes, se sont contentés
de surfaces rocheuses à ciel ouvert.
Fig. 1. Paroi rocheuse (avant dessin).
En plus de dessiner la faune locale,
d’aucuns se plaisaient à marquer
au pochoir leur propre main sur
les parois.
La question, bien évidemment, est
de savoir à quoi riment ces facéties. A l’instar de ses acolytes barbouilleurs, Charles-Adalbert vivait
à la lointaine époque où la chasse
et la cueillette tenaient lieu de supermarché, et où absolument rien
ne tenait lieu de carnet de notes,
de carte mémoire ou même de dictaphone. Pour dire, l’écriture était
si balbutiante qu’elle ne serait pas
inventée avant 315 siècles environ.
Dès lors, les chances sont assez ténues de retrouver des explications
détaillées de la part des peintres
préhistoriques quant à leurs motivations profondes.
Très en vogue voici quelques
années, une théorie suggère que
Charles-Adalbert et ses potes
conjuguaient allègrement l’art
animalier et la défonce. Qu’ils se
livraient à des rituels de nature
chamanique, où diverses substances psychotropes ouvraient
l’accès à des états seconds, à des
perceptions inusuelles, à des degrés de conscience débridés, à des
réalités parallèles, ce genre de machins. Qu’à la lueur des flammes
et à la faveur de la fumette ils entraient en transe, voyant s’animer
les animaux représentés dont ils
pénétraient l’esprit intime. Il est
vrai que ces choses-là s’observent
chez de modernes chasseurs-cueilleurs miraculeusement épargnés
par le smartphone, la bible et la
réclame de lessive : ainsi les Yanomamis d’Amazonie, pour ne citer
qu’eux, se livrent-ils volontiers à
de robustes divagations en se faisant exploser la tête à coups de
drogues insufflées au chalumeau
dans leur narine, histoire ensuite
de rejoindre le pays des rêves et
d’y partager les sensations et la
conscience de leur animal-totem
(ou quelque chose comme ça).
Cette explication est-elle la bonne
pour les images animalières de
Charles-Adalbert et consorts ?
Peut-être pas. Mais dans le doute,
vu la qualité et l’excellente durabilité de leurs œuvres (qui par
ailleurs apportent aujourd’hui de
substantiels revenus touristiques),
il serait clairvoyant de libéraliser
le cannabis. Laurent Flutsch
Le strip de Bénédicte
Sans ce budget, « nous pourrons
bientôt déclarer notre armée
sinistrée »,
avez-vous
dit,
très applaudi par le groupe UDC
dont vous, le MCG, êtes membre.
Félicitations : grâce à vous et
à la droite du Parlement, 16
000 militaires pourront donc
rouler dans 3200 véhicules
tout neufs. Il n’y a plus qu’à
savoir où aller.
Ça dépend de
quel côté on
le regarde.
N’importe quoi !
Vous allez entendre
parler de mes avocats !
Ah oui, je me
rappelle,
j’avais bien ri
ce jour-là…
Vous vous êtes vaillamment battu au National pour que le programme d’armement soit adopté
le 21 septembre dernier. Et
vous et vos amis galonnés avez
gagné 771 millions de francs
d’un coup. Un peu plus de la
moitié, soit 440 millions, servira à l’achat de 3200 « voitures
combi à 5 portes du type Mercedes-Benz G 300 CDI 4×4, pour
le transport de personnes et
de matériel », comme le précise
le catalogue conjoint du DDPS
et du constructeur allemand.
Un 4x4, c’est toujours sympa
pour partir en pique-nique.
Car, dans le « baroudeur », on
case aisément cinq troufions et
une caisse de bière. Calculette
en main, on arrive quand même à
137 500 pièce pour l’indispensable tout-terrain des pâturages. Le prix d’une Maserati
V6 4 portes.
11
Jean-Luc Wenger
138
Pitch
10
Vigousse vendredi 26 septembre 2014
12
CULTURE
CULTURE
Des védés
Des films
Very Bad Trip
Le forçat de la mine
(à cheval)
À vous de voir Le biopic est à la mode. Après la collection
printemps-été (Yves Saint Laurent réalisé par Jalil Lespert,
disponible en DVD), voici la collection automne-hiver (Saint Laurent
par Bertrand Bonello, sur les écrans). Les scènes défilent, le regard
se dérobe. On préfère admirer Sandrine Kiberlain sous toutes ses
coutures dans Elle l’adore !
Tommy Lee Jones est un type bizarre.
Promenant sa dégaine d’acteur
mutique depuis trente ans, il a
perfectionné son rôle unique de vieux
briscard dont les traces d’humanité se
découvrent au microscope. Mais voilà
que, après le déjà magnifique Trois
enterrements, il réussit à nouveau à
enflammer Cannes avec sa deuxième
réalisation qui se joue des codes du
Far West.
Dans un Nebraska glacial de fin d’hiver,
une nana à poigne (superbement jouée
par Hilary Swank) accepte de conduire
trois femmes ayant perdu la raison vers
leurs familles en Iowa. Sur le chemin,
dangereux et difficile, elle sauve un
ex-soldat et quasi-bandit d’un lynchage
certain et le convainc de faire route
avec elles. Lui, c’est le personnage
joué par l’acteur Tommy Lee et il n’est,
comme d’habitude, pas supersympa.
Le parcours de ces deux personnages
que tout oppose est intérieur autant
qu’extérieur. Et ce réalisateur grognon
se révèle, sans y toucher, un grand
conteur à l’humanité frappante. Une
histoire qui ne manque pas de selle.
Michael Frei, Karloff, films cultes,
Pour ceux qui aiment que
ce soit beau (et un peu
chiant aussi...). Au Festival de Cannes, les superlatifs ont défilé, mais le
film, qui visait la plus
haute marche du podium,
a fini à poil, vierge de tout
prix. Saint Laurent, film
fleuve (2 h 30) de Bertrand
Bonello, privilégie certes la vision artistique du biopic – on se
concentre sur une période donnée
de l’illustre dont on illustre la vie,
allant ici du milieu des années 60
à celui des années 70, ce qui est
toujours mieux que de céder à la
mode de la fiche wikipedia mise
en images –, il n’en demeure pas
moins un objet clinquant, une
suite de tableaux esthétiques dont
on décroche assez vite. Yves Saint
Laurent à la mode Bonello, c’est la
vie d’une rock star, drogue, picole,
sexe, dépression, angoisse, fatigue
(dessiner des collections de haute
couture, c’est être un forçat de la
mine). Du snobinard pour l’art !
C’est aussi laisser hors champs ou
presque Pierre Bergé (« Mon Bergé,
je ne serai pas ton mouton »), compagnon et hommes d’affaires, qui
avait l’étoffe des zéros, fit d’YSL
une marque, son pull aux œufs
d’or. Moins scolaire, terne et cor-
rares et classiques, Lausanne
The Homesman,
de Tommy Lee
Jones, 2013,
Praesens, Vf et
Vost, DVD et Bluray, 122 min.
Gare aux grilles par
1
2
3
4
5
6
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Vigousse vendredi 26 septembre 2014
Des cédés
(tente au débouché des rues Dufour
et Nidau), du 25 au 27 septembre,
www.bienne-seeland.ch
DéLIRE L’illusion comique,
seté que le Yves Saint Laurent de
Jalil Lespert, le Saint Laurent de
Bertrand Bonello aurait mérité
quelques bons coups de ciseaux
et pas mal de retouches. C’est haut
en couleur, en douleur, mais ça
manque de chaleur.
Pour ceux qui la trouvent belle (et
pas du tout chiante...). En voilà
une actrice modèle ! Et de top niveau ! Dans Elle l’adore, Sandrine
Kiberlain, esthéticienne farfelue,
est raide dingue d’un chanteur
lui aussi à la mode incarné par
un Laurent (Lafitte) qui n’est pas
un saint. Nul besoin de me faire
chanter ou de me torturer avec
l’intégrale de Pascal Obispo, oui,
je l’avoue, de Sandrine Kiberlain,
je suis fan ! Bertrand Lesarmes
Saint Laurent, de Bertrand Bonello.
Durée : 2 h 30 ; Elle l’adore, de Jeanne
Henry. Durée : 1 h 45. En salles.
égé N 66
8
9
ROCK&RHUM Concert 1989,
dans le cadre de la Nuit des musées
à Lausanne (www.lanuitdesmusees.
ch/2014), Musée romain
de Lausanne-Vidy, le samedi
27 septembre, www.lausanne.ch/mrv
SAUCISSE Fête de la bière, Bienne
o
7
BROUILLON
DE CULTURE
10
HORIZONTAL 1 Blanc 2 Suaves, ces betteraves 3 Fassions sillons 4 Leurs
gousses rehaussent – Céline divine 5 Bonne pour la santé malgré son
bouleversement – Cri de douleur répété 6 Parti de la Nati – Canton au
taureau par sa queue 7 Possessif – Message à usage de services sociaux
8 Pour égouttage de fromage 9 Ah ! mon cochon – Tisane de l’Anse-à-l’Ane
10 Où l’on ne passera pas – C’est complètement jusqu’à lui.
VERTICAL 1 Vol sans violence 2 Diarrhée en virée 3 Fourrure d’animal
tropical – Cap en capilotade 4 Bœuf pas neuf – En rayon à Cavaillon
5 Sommet de gourmet – Va à la mer via Saint-Omer – S’irise en ciel 6 Opus
qui fait plus qu’oremus – L’Ob le gobe 7 Détériore même l’or – De Blocher
quand il doit chercher – 8 Etaient infidèles 9 Ses hommes ont home dans
le Puy-de-Dôme – Signe un ton indigné 10 Les partisans de l’ASIN le sont
soi-disant.
Solution pour les nuls dans le prochain numéro
[email protected]
de Pierre Corneille, mise en scène :
Geneviève Pasquier et Nicolas
Rossier, Théâtre des Osses, Fribourg,
du 26 septembre au 23 novembre,
www.theatreosses.ch
VITAMINES Cerise festival, danse
contemporaine, 3e édition «absurde»,
Centre pluriculturel et social d’Ouchy,
Lausanne, les 2, 4 et 5 octobre,
www.cerise-festival.ch
TRIBULATIONS Le bossu,
adaptation par Pierre Natftule
et Pascal Bernheim, Théâtre Pitoëff,
Genève, du 2 au 19 octobre,
www.lebossu.ch
SAVEUR 1066 Festival, cap sur
l’Inde et le Liban, Epalinges, les 3 et
4 octobre, ww.1066festival.ch
POUVOIR Patronne et domestique,
par la Cie fantôme, Petithéâtre,
Sion, les 2, 3 et 4 octobre,
www.petitheatre.ch
DOULEUR Trop humain, artistes
des xxe et xxie siècles devant la
souffrance, Musée international de la
Croix-rouge et du Croissant-rouge,
Genève, jusqu’au 4 janvier 2015,
www.redcrossmuseum.ch
SOIF De l’hypocras au moka,
boisson neuchâteloise du Moyen
Age à la Belle Epoque, exposition
aux moulins souterrains du Col-desRoches, Le Locle, jusqu’au 22 mars
2015, www.lesmoulins.ch
MéMOIRE Traces de guerres,
Musée jurassien d’art et d’histoire,
Delémont, jusqu’au 2 août 2015,
www.mjah.ch
Sur tous les « er »…
Galettes de rois Gerber revient, (Ostap) Bender insiste, Bühler
compile : la chanson romande se porte à merveille, merci pour elle !
corps », c’est sûr, Ostap Bender a
des accents à nuls autres pareils.
1969, Helvétiquement vôtre. 2012,
Et voilà ! Entre ces deux dates
presque un demi-siècle, plus d’une
vingtaine d’albums et 200 chansons. Bühler, on l’a dit, est un laboureur. Il aime la terre, les gens,
se fiche bien des modes et poursuit, inlassable voyageur, la route
qu’il s’est lui-même tracée. Bühler
dit « des choses » qu’il ne fait pas
toujours bon dire, dénonce, fustige,
gueule quand l’urgence l’impose,
mais revient toujours à l’essentiel :
l’humain. Bühler de Sainte-Croix a
vu le monde, il y a rencontré des
hommes, des femmes, des bons,
des modestes, des salauds aussi. De
toutes ces rencontres, il a fait une
œuvre qui – cadeau des temps modernes – tient désormais sur une
simple galette. Quelques grammes
de vinyle et voilà résumée toute
une vie de musique et de poésie,
d’espoirs souvent déçus mais jamais trahis. Bühler, c’est sûr, nous
est indispensable. Roger Jaunin
On nous le disait fort occupé aux
côtés de Sophie Hunger, voire, entre
deux concerts, à mêler son grain de
sel sur l’un ou l’autre des albums
de Sarclo. N’empêche que Simon
Gerber et ses accents « à la Waits »
nous manquaient et c’est peu dire
que huit ans après Dans ton lit, son
nouvel opus a valeur de cadeau.
Vent d’Est – c’est le titre –, ce sont
onze chansons taillées comme autant de diamants finement ciselés
et, au final, éclatantes de beauté…
et de vie. Pour réussir ce tour de
force, notre Jurassien s’est assuré
le concours de l’ami Flutsch, Marie
Marie Perny et Sylvain Boggio pour
une partie des textes, du même
Sarclo (dont il reprend avec un
rare bonheur «Quand tu seras petite » ), de Julien Revilloud, Daniel
Perrin, Mimo Pisino et de Claude
Kamber pour les musiques. Et tout
cela fait qu’on le retrouve tel qu’on
l’avait quitté, peut-être un peu plus
mûr, un peu plus exigeant, mais
toujours capable de nous emmener dans un monde où la poésie
ne cède rien aux « exigences » du
moment. Dire qu’on s’en réjouit…
autres activités, l’une des valeurs
sûres de l’écriture romande. Encore faut-il, dès lors qu’on se pique
de faire dans la chanson, savoir
fédérer et s’entourer de complices
parfaitement en accord(s) avec
ses propres aspirations. Ainsi est
né, au printemps 2007, un groupe
d’artistes venus d’horizons fort différents (Clara Loï, Anthony Weber, David Magnin, Maik Gudehus
et Perruchoud lui-même). Et
ainsi, sept ans plus tard, vient de
naître Imposteurs, troisième livraison d’Ostap Bender. 14 titres en
tout et tout autant d’accasions
de replonger dans l’univers d’un
groupe désormais fait au feu de la
scène. « Après l’enfance », « Marcel », « Yalta », « Au détour de ton
Verni samedi dernier sur la scène
Vent d’Est. Simon Gerber. Les disques du Progrès. Prochains spectacles
ce vendredi 26 septembre au Moultipasss à La Chaux-de-Milieu et le jeudi
18 décembre au Bourg à Lausanne. www.simongerber.ch
Imposteurs. Ostap Bender. www.ostapbender.ch
Michel Bühler, L’intégrale. 229 chansons en format mp3 (+ paroles et grilles
d’accords). A l’Esprit frappeur, Lutry (VD) du 3 au 5 octobre. www.michelbuhler.com
du Chat Noir, à Carouge, le nouvel album d’Ostap Bender ne saurait faire mentir ceux qui pensent
et prétendent que ce touche-à-tout
de Michaël Perruchoud est, entre
Des bédés
Crise de la quarantaine
Déjà le quatrième volume de la
saga Les Indociles de Pitch Comment, qui sévit chaque semaine
dans Vigousse, avec Camille Rebetez au scénario. Comme nous y
a habitués la série, une ellipse de
10 ans sépare cet album du précédent. Joe mène une double vie
dans les boîtes homosexuelles et se
meurt d’amour pour un jeune qui
ne veut plus de son bide et de ses
45 ans. Dans la ferme autonome de
Lulu, les hippies ont fait place aux
fêtards techno. Son fils Siddhartha,
de retour d’Afghanistan, traîne sa
folie dans la campagne. Et Chiara
est séparée de sa fille, placée en
famille d’accueil. Les auteurs font
mouche une fois encore avec leur
chronique douce-amère qui suit
une foule de personnages tentant
de ne pas devenir des vieux cons
(avec des fortunes diverses) sur
fond de montagnes jurassiennes.
C’est brillant, on adore et l’on est
du coup un peu déçu d’apprendre
que la série prendra déjà fin avec
le prochain tome. On aurait pourtant bien vu cette galerie d’irréductibles atteindre les 65, voire
75 ans… Stéphane Babey
13
Les Indociles 4 : Joseph, années
nonante, de Camille Rebetez et
Pitch Comment, éditions Les Enfants
Rouges.
Un spectacle
Gynécée
démembré
A Cérillac, un bled perdu, les
femmes ont des soucis à se faire :
l’une après l’autre, elles se font
sèchement zigouiller. La pâle mercière est retrouvée éventrée, un
couteau à viande planté dans le
bide. L’épouse parfaite est découverte noyée au fond d’un puits, le
cul emballé d’une luxueuse culotte
à volants. L’inflexible secrétaire
municipale est éparpillée sur les
rails, déchiquetée par le ParisHendaye. Un sérieux ménage parmi la gent féminine.
Spectateurs incisifs et corrosifs de
l’hécatombe, Jacques Rouchon, le
médecin du coin perpétuellement
imbibé de picon-bière, Catherine,
son épouse hystérique épuisée et
épuisante, leur fils lourdement
handicapé et leur ami obsédé Alain
Bonillé sont les protagonistes de
cette histoire subtile et loufoque.
Des personnages outranciers et caractériels pour une adaptation scénique de l’unique roman de Pierre
Desproges, entre humour incisif et
langue affûtée.
La Compagnie Un air de rien, qui
aligne les succès depuis dix ans,
s’est lancé un défi de taille : réaliser la première mise en scène de
Des femmes qui tombent. Des droits
difficiles à obtenir, un talent pas
facile à égaler, un texte compliqué à s’approprier n’ont pas freiné
l’équipe de l’actrice et metteur en
scène Sandra Gaudin. Un spectacle à tomber. Alinda Dufey
Des femmes qui tombent, de Pierre
Desproges, par la Cie Un air de rien,
Théâtre Boulimie, Lausanne,
du 30 septembre au 11 octobre,
http ://theatreboulimie.com
Vigousse vendredi 26 septembre 2014
14
Ecran de fumier
LE CAHIER
Purée illimitée Avertissement : les programmes de
MTV peuvent heurter la sensibilité des moins abrutis.
Abréviation de music television, la
chaîne états-unienne MTV, diffusée
dans plus de 170 pays, est en principe vouée aux chanteurs et à leur
art. Mais ces dernières années, elle
s’est diversifiée en programmant
des émissions de téléréalité et des
séries cul-cul la praline : ça lui a
valu de devenir la télé fétiche des
ados décérébrés, désignés comme
la « génération MTV ». Ne reculant
devant aucun sacrifice pour remplir
sa mission socioculturelle, Vigousse
a tenté une immersion dans l’univers câblé des nubiles débiles.
Aux heures diurnes, rien de palpitant. Outre des séries niaises,
on relève quelques émissions de
téléréalité plutôt édifiantes comme
« 16 ans et enceinte », logiquement
suivie par « 17 ans et maman »,
relatant la triste vie de gamines
trop vite en cloque. S’y ajoutent
« Avant j’étais gros », où de jeunes
obèses fondent à force de nourriture saine, de sport et de psys, ou
encore « Catfish », qui traque les
nombreux tordus du web. Jusquelà ça va, c’est même plus ou moins
pertinent. Mais sur MTV, ce ne sont
pas les leçons sur la contraception
ou l’hygiène de vie qui séduisent les
jeunes. Ce qui les branche, ce sont
les émissions amorales et voyeuristes diffusées en deuxième partie
de soirée. Petit florilège.
« Are you the one » : dix femmes et
dix hommes doivent trouver leur
âme sœur préalablement sélectionnée par un programme informatique
très scientifique. Ça semble romantique, mais dans les faits, vingt par-
DES SPORTS
faits abrutis échoués
sur une plage de rêve
passent leur temps à
s’insulter, comparer leurs miches ou
leurs biscotos, se
murger, dégobiller
et s’envoyer en l’air
parmi. Alerte à Malibu
en cent fois plus con,
c’est dire.
VIOLENCES CONJUGUÉES
« Big tips USA », dont le très éloquent slogan est « moins t’en portes,
plus ça rapporte » : au fin fond du
Texas, un bar offre à sa clientèle une
flopée de jeunes et jolies serveuses
travaillant à moitié à poil et friandes
de pourboires. Au programme :
vomi, crêpage de chignons, encore
vomi, amour foireux, à nouveau
vomi, grossesse accidentelle et, finalement, vomi. Juste navrant pour
la condition féminine.
« Beauty school promotion Manchester », scénario officiel : une
bêtes de foire
dizaine
d’apprentis
coiffeursesthéticiens cohabitent et suivent
des cours. Scénario caché : dix
dégénérés sont enfermés dans un
appartement où le spectateur les
voit copuler et tenter de communiquer par des gestes et des sons. En
d’autres termes, une expérience de
laboratoire sur des primates.
« Ex on the beach » : un troupeau
de bimbos siliconées et de machos
gonflés aux stéroïdes, tous dépour-
vus de cervelle, passent des vacances à la mer. Chaque jour, un(e)
de leurs ex débarque. Résultat : de la
bagarre et des orgies en tout genre.
Et chez le spectateur lucide, une
irrépressible envie d’embrasser une
vie d’abstinence.
Pour finir, « Jersey Shore », « Geor-
die Shore », « Gandia Shore » et
« The Valleys ». Autant d’émissions
qui ont le même concept, à savoir
une totale absence de concept.
Des jeunes narcissiques font de la
colocation durant des semaines, picolent continuellement, s’envoient
tout ce qui passe (deux participants mâles se sont poétiquement
surnommés « le gang des ramoneurs »), dégueulent à gogo (souvent, allez savoir pourquoi, le cul à
l’air), grillent dans des solariums et
passent des heures à se couvrir de
gel, de maquillage, de faux cils, de
faux cheveux et de ridicule.
Grossière mixture de films X et de
documentaires animaliers, ces programmes démontrent à quel point
la télévision peut rendre con. La
« génération MTV » ? Une musique
d’avenir, hélas. Alinda Dufey
Augmentation de capitales Helsinki va là ?
En pleine manœuvres politico-politicardes en vue des
législatives de 2015, le président du PDC Christophe Darbellay
somme le PLR de se positionner une fois pour toutes : les
libéraux-radicaux veulent-ils s’allier avec l’UDC, avec le PDC
ou tout seuls ? A l’appui de cette gesticulation médiatique,
Darbellay martèle : « On ne peut pas danser en même temps
avec Washington, Pékin et Moscou ! » (laliberté.ch, 21.09.14).
Bigre ! On ignore à laquelle des grandes puissances mondiales
se compare le PDC, mais les communes des Arlaches et de
Torny-le-Petit eussent été plus indiquées.
Vigousse vendredi 26 septembre 2014
15
S uisse - Fiction
Rebut S de p r esse
Lors d’une interview télévisée sur une chaîne
nationale, les politiciens Ari Jalonen, du Parti
des vrais Finlandais, et Sauli Ahvenjäri, des
chrétien-démocrates, ont exposé leur solution
à l’engouement de quelques jeunes Européens
pour le djihad. Selon eux, c’est simple :
pour exclure tout risque de « contamination
islamiste », il ne faut plus accueillir en
Finlande que des immigrés de confession
chrétienne. Pas très finauds, ces Finnois.
Propriété de Procter & Gamble, la
marque de produits buccodentaires
Crest – pub gratuite – ne fournira plus
de protège-dents (roses, pour faire
joli) aux joueurs de la ligue de football
américain (National Football League).
Dit comme ça, la nouvelle peut prêter
à sourire, émail clinquant garanti. Sauf
que la raison du retrait de l’un des
plus importants sponsors de la NFL fait
référence à une série sans précédent
d’accusations portées à l’encontre
de joueurs coupables de violences
domestiques, qui sur leurs épouses,
qui encore sur leurs petites amies.
Ainsi, en l’espace d’une semaine,
ce ne sont pas moins de cinq d’entre
eux qui se sont fait suspendre pour
« voies de fait sur des proches ». Dernier
cas en date, l’un des attaquants des
Arizona Cardinals, arrêté par la police
locale pour « attaque aggravée » sur sa
compagne et sur son enfant, un bébé
de 18 mois. Quant à un certain Ray
Rice, vedette des Baltimore Ravens et
convaincu, images vidéos à l’appui,
d’avoir tabassé sa fiancée dans un
ascenseur, il a été prié de prendre ses
cliques et, forcément, ses claques :
son contrat a été rompu et il n’a
échappé à des poursuites pénales qu’en
promettant de suivre un traitement
spécifiquement destiné à « lui faire
changer de conduite ».
Episode 5
Résumé : Ayant vanté le principe de son helvétoscope, Glutz décide
d’initier Greta à l’aide d’une petite démonstration.
L
e bruit gagna en
intensité jusqu’à devenir
assourdissant, et tout
se mit à vibrer. Du coffre
cadenassé monta un long
couinement terrifié. Le halo du
combusteur à prunes vacilla
au rythme des trépidations
toujours plus violentes. Dans
cette lueur stroboscopique,
Greta vit le rictus jubilant de
Glutz juste avant que, dans un
crissement saccadé, le tramway
Est-ce que tu beuzzes ?
Toute l’actu qui fait du clic
lectionne
ol
Toi aussi c
Et ce sera tout pour cette semaine.
Roger Jaunin
les
SHAPES
des femmes ont exigé la démission du
patron de la NFL, lequel s’est borné à
répliquer que « la violence fait partie
de notre sport » et que « dès lors que
le public et la presse en demandent
toujours plus, on a fini par s’y habituer
et par fermer les yeux ».
vers le support. Le son de ses
talons sur le granit mouillé
lui parut terriblement banal,
ancrant son corps et ses gestes
dans un univers soudain
indéniablement, implacablement
réel.
En s’approchant du panneau,
Greta put y distinguer les
lettres peintes en blanc :
« Paradeplatz ». La jeune femme
éprouva un malaise diffus : bien
qu’elle ignorât la signification
de ce mot mystérieux, elle
eut l’impression fugace qu’il
lui était vaguement familier...
Une simple illusion, peutêtre. Perplexe, elle fouillait en
vain sa mémoire lorsqu’elle
remarqua que le crachin perdait
en intensité. Le fin brouillard
se dissipait peu à peu, révélant
les contours de la place dans
la lumière blême. C’est alors
qu’elle les aperçut.
(plus sous peu)
Tech Niouzes
Google et Apple
« Emmerde tes parents pauvres
avec cette nouvelle camelote à la con ! »
Du coup, les mouvements de défense
A ce jour, aucune étude sérieuse n’a
été réalisée pour tenter de savoir si
les anabolisants qu’ingurgitent les
joueurs avant les matches pouvaient
avoir quelques conséquences sur leur
conduite à leur retour à la maison.
En attendant, Crest pourra toujours
fournir des protège-dents pour femmes
et enfants.
bleu la frôlât. Elle fit un bond
en arrière et tomba à la
renverse sur le pavé détrempé.
Prestement relevée, la jeune
femme se figea, tétanisée, et
regarda autour d’elle. Sous le
ciel blafard, embrumée par
un crachin dense et tiède,
la vaste place était déserte.
« Qu’est-ce que… Qu’est-ce qui
se passe ? Glutz ? Glutz, vous
êtes où ? » Seul lui répondit le
silence, à peine troublé par
le chuintement métallique du
tram qui s’éloignait, invisible,
derrière l’angle d’une large
avenue aux façades noyées de
grisaille. Sentant monter en elle
une panique viscérale, Greta
parvint à se contrôler au prix
d’un effort titanesque : « Pense
à l’oiseau quetzal », psalmodiat-elle à mi-voix, « pense à
l’oiseau quetzal, l’oiseau
quetzal… » Cette évocation,
comme si souvent depuis son
enfance, lui procura une sorte
de calme résolu, mélange
de sérénité et d’énergie.
Suivant du regard les rails
luisants, elle avisa à une
vingtaine de pas un châssis
d’acier supportant une plaque
jaune et bleue où semblait
figurer une inscription. Ayant
vérifié, d’un rapide coup d’œil
circulaire, qu’il n’y avait
toujours pas âme qui vive
dans le périmètre, elle aspira
profondément et se risqua, les
sens en alerte, à se déplacer
sont toujours dans la course pour leur
nouveau bracelet de surveillance électronique pour tous. « A
ce jour, seuls les ex-prisonniers pouvaient bénéficier de cette
technologie, notre but est d’en faire profiter également les
gens honnêtes, comme vous et, euh… nous », a expliqué Stevie
Bentham, responsable du Département Orwell de Google, sans
toutefois révéler la date prévue de sortie. « Le iPanopticon va
être une révolution. Non seulement vous aurez notre
montre au poignet, notre téléphone dans la
poche et notre musique dans les oreilles, mais
désormais vous pourrez aussi nous porter à la
cheville puisque vous y tenez », s’enthousiasme
Harold Skinner, directeur du Huxley Lab à
Cupertino. Pas de date de sortie non plus
de son côté, mais la Toile s’embrase déjà
pour savoir qui l’emportera dans cette
prochaine guerre des chevilles.
Mark Zuckerberg, CEO de Facebook, a remis les
Avec sa nouvelle opération séduction auprès des enfants, la Migros va-t-elle trop
loin ? Nos experts en débattent.
POUR
Fathi Derder,
jeune innovateur
génial ! pour,
100 % pour.
CONTRE
Alain Morisod,
vieux grincheux
Ah, mais
non alors !
pendules à l’heure jeudi passé lors de l’assemblée annuelle des
actionnaires de la firme. « Nous sommes fermement déterminés
à ne jamais apporter la moindre amélioration à notre système »,
a-t-il annoncé sous des applaudissements nourris. « En fait »,
a-t-il ajouté, « on va juste se consacrer à rendre le truc de plus
en plus insupportable, juste pour entendre se
plaindre tous ces millions d’abrutis. Ça les
rend dingues de savoir à quel point, et
combien facilement, cette merde pourrait
être mieux et qu’ils n’y peuvent rien. » Sur
quoi le jeune milliardaire est parti d’un
rire incoercible tandis que l’audience
entamait une ovation debout de
53 minutes.
Vigousse vendredi 26 septembre 2014
16
{
B é B E RT D E
PLONK & REPLONK
}
LA SUITE AU PROCHAIN NUMÉRO
Delahousse n’amasse pas mousse
Elle a dit
la semaine prochaine
« Il est l’heure ce soir d’en savoir plus,
car les questions sont multiples :
pourquoi ce retour ? pourquoi maintenant ? jusqu’où souhaite-t-il aller
réellement, et avec qui ? » Y a pas
à dire, Laurent Delahousse a été à
bonne école. Quel meilleur professeur que David Pujadas pour
apprendre à inventer les « questions
que tout le monde se pose » ? Dans
ce registre, Delahousse est passé
maître.
Oui oui, le brushing, la mini-vague
blonde, le bronzage, la mâchoire
californienne… Bon d’accord, ça
va, on l’a assez emmerdé avec son
physique. Merde, combien de fois
devra-t-il répéter que, bien plus
qu’une belle gueule, il est avant tout
« journaliste, présentateur, rédacteur
en chef du journal et réalisateur de
documentaires » ? C’est un pro, Delahousse, pas un vulgaire people.
Faut-il qu’il multiplie les prises de
position outrées contre « l’info fastfood » et « ce système d’hystérisation
qui met au même niveau ces buzz
Vigousse vendredi 26 septembre 2014
médiatiques issus de blogs ou de sites
internet et une information politique
émanant de grands médias » ? Hein,
c’est du flan tout ça, peut-être ?
Non, s’il a du succès, c’est parce qu’il
a totalement réinventé l’exercice de
l’interview. Sur son plateau du JT
ou dans son émission « Un jour,
un destin », Delahousse multiplie
les trouvailles. La question-et-de-
mie, c’est de lui : « Réussir seul, ça
veut dire quoi ? Vous êtes isolé, vous
êtes devenu euh. » Car Delahousse
non seulement n’interrompt pas ses
invités, il se laisse interrompre par
eux et pousse même la courtoisie
jusqu’à s’interrompre lui-même. La
classe. Et ce n’est pas notre Darius*
qui aurait inventé la méta-interview : « Que pensez-vous de cette
question ? » C’est pas du génie, ça ?
Au final, ce qui distingue
vraiment Delahousse, c’est
que les autres journalistes,
trop souvent, font juste
semblant d’écouter leur
interlocuteur. Lui a trouvé
beaucoup mieux : il fait
carrément semblant de mener
une interview. Main au menton,
coude sur la table, yeux plissés,
mâchoire serrée : c’est vraiment
à s’y méprendre. Et après, on dit
encore que les grands révolutionnaires sont des gens qui décoiffent.
Sebastian Dieguez
* nom connu de la rédaction
(ou du moins ça se pourrait bien)
« On m’a volé
mes photos
topless »
M. Calmy-Rey
Vigousse Sàrl, rue du Simplon 34, CP 1499, CH-1001
Lausanne > www.vigousse.ch > [email protected], tél. +41
21 612 02 50 Directeur rédacteur en chef : Barrigue
Rédacteur en chef adjoint : Laurent Flutsch Chef d’édition :
Roger Jaunin Journalistes : Alinda Dufey, Jean-Luc Wenger
Correction : Victor Gagnaux Abonnements : [email protected]
> Tél. +41 21 612 02 56 Publicité : IRL Plus, Ch. du Closel 5,
1020 Renens, 021 525 48 73, fax 021 525 48 01, E-mail :
[email protected] – MEDIALIVE SA, Oetlingerstrasse 10, 4057
Bâle, tél. 061 561 52 80, [email protected] Layout et production :
www.unigraf.com Impression : CIR, Sion > Tirage : 13 000 ex.