Samedi 27 septembre 2014 | #336 | Le magazine lifestyle du Soir UNICEF AXELLE RED “ Une chanson peut rendre les gens plus humains” BONNES NOUVELLES! 40 médias du monde livrent une édition spéciale 100 % positive. Victoire aussi ! BMW Motorrad The Ultimate Riding Machine BMW C 650 GT BMW C 600 Sport BMW C evolution 100% électrique 3 FAÇONS DE SE JOUER DES BOUCHONS. LA MOBILITÉ URBAINE PASSE PAR LA SOLUTION 2 ROUES. Les routes vers les centres-villes sont engorgées, les places de parking se raréfient et il faut de plus en plus de temps pour aller d’un point A à un point B. Pour remédier à ces problèmes sans attendre, BMW Motorrad vous propose 3 alternatives aussi flexibles qu’efficaces. Le scooter BMW C 600 Sport slalome avec agilité entre tous les obstacles. Le scooter BMW C 650 GT vous emmène à destination avec un maximum de confort. Et le scooter électrique BMW C evolution aux performances époustouflantes respecte l’environnement. De plus, un permis B suffit pour le conduire. 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Localité : E-mail : ................................................................................................................ .................................................................................................................................................................................................. BIENVENUE ! © Laetizia Bazzoni L’IMPACT JOURNALISM DAY (IJD) EST INITIÉ ET PILOTÉ PAR SPARKNEWS. AUJOURD’HUI 40 JOURNAUX LEADERS PUBLIENT UN SUPPLÉMENT DÉDIÉ AUX INNOVATIONS SOCIALES ET AUX NOUVELLES POSITIVES. Faire des médias le relais des solutions plutôt que celui des problèmes. Ce mantra n’est pas celui d’un doux rêveur, mais celui de Christian de Boisredon, fondateur de Sparknews et initiateur de l’Impact Journalism Day, ce jour où quarante médias du monde se mettent au service des bonnes nouvelles. Et cette année, c’est dans Victoire que Le Soir verse sa contribution au projet ! Vous y lirez au fil des pages les histoires étonnantes rapportées par nos consœurs et confrères danois, africains, suisses, libanais… Des dispositifs scientifiques pour sauver l’environnement, des découvertes médicales étonnantes, des projets citoyens qui redonnent le sourire. Mais le projet ne s’arrête pas à cet instant T, et encourage chacun d’entre nous à relayer les initiatives constructives dont il a connaissance. Prêts à apporter votre pierre à l’édifice ? C’est par ici que ça se passe : sparknews.com/ijd/makesense Anne BOULORD Directrice de la rédaction PAR à l’avTeICIPEZ nture ! PARTAGEZ une photo de vous avec votre journal sur les réseaux sociaux avec le #ImpactJournalism, @sparknews et les # @MagVictoire. Les meilleures photos seront récompensées. AIDEZ )"0-,/1"2/0!"-/,'"10-/ć0"+1ć0!+0)ȉæ/ć0,2!/")"2/0!ćƜ03" MakeSense. Choisissez-en un et partagez vos idées sur sparknews.com/ ijd/makesense DÉPOSEZ un projet que vous connaissez qui mériterait d’être dans l’IJD 2015 sur sparknews.com/ijd/submissions En couverture Axelle Red Photo Charlie De Keersmaecker - Maquillage Dior L’ŒIL | p.4 Une autoroute de lumières C’ÉTAIT COMMENT ? | p.6 AXA, PARTENAIRE FONDATEUR DE L’IJD Le Sommet du Global Editors Network IMPACT JOURNALISM DAY | p.8 Focus sur les enfants L’INTERVIEW | p.12 Axelle Red, ambassadrice de l’UNICEF IMPACT JOURNALISM DAY | p.18 Technique et débrouille au service de la santé MODE | p.26 Entrepreneurs belges et engagés IMPACT JOURNALISM DAY | p.32 Au secours de la planète En cohérence avec les initiatives de protection menées par le Groupe, AXA a choisi de s’associer à l’Impact Journalism Day 2014 qui valorise des solutions positives à travers le monde. Améliorer la protection, c’est d’abord mieux comprendre et prévenir les risques auxquels on est exposé. C’est pourquoi AXA soutient la recherche universitaire dans le monde, via le Fonds AXA pour la recherche, une initiative originale de mécénat 0 &"+1&Ɯ.2"ǽ "-2&0 0 /ć1&,+ "+ 2007, le Fonds AXA pour la recherche soutient plus de 400 équipes de chercheurs dans 30 pays, ce qui représente 200 millions d’euros pour l’étude des risques qui nous concernent tous. C’est aussi mieux connaitre les solutions existantes pour se protéger. La page AXA People Protectors rassemble 1,2 million de fans dans 49 pays qui partagent des projets et des idées pour mieux protéger nos proches et notre environnement.. Les articles de l’Impact Journalism Day seront mis en avant sur www. facebook.com/axapeopleprotectors. L’ÉQUIPE SPARKNEWS REMERCIE ÉGALEMENT INTERVIEW ET RECETTES | p.38 Sang-Hoon Degeimbre, ou l’apologie des circuits ultra-courts IMPACT JOURNALISM DAY | p.44 Que mangerons-nous demain ? LES BOUTIQUES/INFOS | p.50 Les adresses mode VIDE-POCHE | p.51 Pierre Verbeeren, directeur général de Médecins du Monde Les équipes des journaux partenaires pour leur engagement envers un journalisme d’impact ; TOTAL (partenaire de la thématique énergie) ; la Social Media Squad, MakeSense et Ashoka (qui a nommé le fondateur de Sparknews, fellow en 2014). NOUS CONTACTER : [email protected] Rejoignez-nous sur www.victoiremag.be, notre page Facebook et sur Twitter @MagVictoire VICTOIRE | 3 Nuit étoilée | PAR CHRISTOPHER F. SCHUETZE PHOTO DR Insatisfait des milliers de kilomètres de pistes cyclables et des parkings à vélo présents dans chaque ville des Pays-Bas, un jeune prodige du design, Daan Roosegarde, et son équipe ont mis au point une piste cyclable de 600 mètres de long, qui absorbe la lumière du soleil et devient phosphorescente une fois la nuit tombée. Détail poétique : de minuscules morceaux lumineux incrustés dans le bitume représenteront “La nuit étoilée” de Vincent van Gogh, près de Nuenen, là où le peintre a vécu et travaillé. Cette piste cyclable, dont l’ouverture est prévue à la fin de l’année, permettra non seulement aux cyclistes de rouler sans éclairage, mais d’illuminer, au sens propre comme au figuré, leurs trajets quotidiens. 4 | 27 septembre 2014 L’ŒIL DE VICTOIRE C’ÉTAIT COMMENT ? Le Sommet du GLOBAL EDITORS NETWORK | PAR DIDIER HAMANN PHOTOS DR Barcelone a la magie des grandsmesses. Le Sommet du Global Editors Network (GEN) a ce côté pompeux dont la cité de Gaudi s’accommode assez bien. Comme son nom l’indique, le GEN Summit 2014 rassemble le gratin de la presse mondiale : cinq cents patrons de rédaction et innovateurs de médias. Avec les plus grands : “ The Washington Bertrand Pecquerie, grand prêtre de la Post ”, “ The Guardian ”, “ Al Jazeera ”, grand-messe du GEN. “ Springer ”, des “ Times ” de partout et même de New York. Ça fourmille dans tous les sens au Centre de culture contemporaine envahi de skateurs. C’est ici que la presse de demain se réinvente. Un menu à rendre fou. Des conférences solennelles sur le futur du journalisme d’investigation. Des master classes sur les réseaux sociaux, le nouveau Graal. Des ateliers cool sur le data-journalism. Des hack days sur les apps (tu vois, c’est un moment où toi, génie, tu crées un truc qui marche sur ton smartphone ?). Et beaucoup, beaucoup sur le digital. Ah oui ! Et sur le mobile, j’en ai un peu plus, je vous le mets quand même ? Doux mélange un peu cliché. Les vieux crocodiles de la presse imprimée ne s’en laissent pas compter : ils parlent journalisme, contenu, qualité, réinvention de la presse. Ça compte les petits sous. Les jeunes doux dingues du web s’agitent et parlent fort. Ça cause gros sous dans les meilleurs restos à tapas de La Rambla, la grande artère qui dévale jusqu’au vieux port. Genre : Je vais lever 1 million de dollars pour lancer ma start-up… Et puis vient la présentation de Sparknews, porteur d’un projet novateur dont l’idée est simple : pourquoi ne pas faire du journalisme positif ? Non, non, pas de la presse à l’eau de rose pour doux rêveurs. Mais de l’info qui privilégie les solutions, pas les problèmes ! Venu de Singapour, Warren explique que son journal, le 6 | 27 septembre 2014 Petit tour, quand même, dans le temple du foot, le Barça. “ Straits Times ”, a contribué à équiper des Africains d’un modèle de lunettes adaptables à tous les yeux, à tous les nez… Émilie du Liban explique la difficulté de faire adopter ce point de vue par les journalistes ancien style. Le nouveau catéchisme : Le public accroche. Quarante journaux la digitalisation de la presse. de référence (dont “ Le Soir ”), 20 pays, 50 millions de lecteurs se sont déjà piqués au jeu. Et la cohorte grandit. Les Larry, les Brian, les David qui, deux jours plus tôt, avaient présenté leur atelier sur le journalisme robotisé ont l’air perplexe : aucun algorithme n’a pu encore faire ça ! Une petite touche d’humanité, ça vous dit ? En compagnie de Luca Berti (“La Regione Ticino”, Suisse), je présente le projet au gratin mondial de la presse. 1+1 GRATUIT * collant opaque gratuit d’une valeur de 7,95 € *Valable à partir du 26/09/2014 au 9/10/2014 inclus ou jusqu’à épuisement du stock. Action non valable sur les mi-bas. En exclusivité chez Couveuse miniature UN MINUSCULE SAC DE COUCHAGE BAPTISÉ “ EMBRACE WARMER ” S’ATTAQUE À L’UNE DES PRINCIPALES CAUSES DE MORTALITÉ INFANTILE, L’HYPOTHERMIE. IL A DÉJÀ ÉTÉ UTILISÉ PAR PLUS DE SOIXANTE MILLE BÉBÉS DANS LE MONDE. | PAR LAURA SHIN Entreprise sociale basée en France, fondée en 2012, qui partage les initiatives inspirantes, grâce à sa plateforme collaborative de partage de vidéos et à des événements éditoriaux. 8 | 27 septembre 2014 A l’hôpital de Mulago en Ouganda , Na lubega a accouché de triplés. Prématurés et de petits poids, ses bébés risquent l’hypothermie, l’une des principales causes de mortalité infantile : chaque année, plus d’un million de nourrissons meurent dans leur premier jour de vie, et trois millions au cours du premier mois. Parmi eux, beaucoup sont des prématurés ou des nouveau-nés de petit poids à la naissance, qui n’ont pas la graisse corporelle nécessaire pour que leur corps puisse conserver sa chaleur et réguler sa température. Pour eux, ENFANTS cire, dont le point de fusion est celui de la température du corps humain. Une fois fondu, il conserve la même température jusqu’à six heures durant. Mieux encore, il ne coûte que 25 $ (environ 19 €), soit 0,1 % du coût d’une couveuse classique. Même Obama s’en mêle Jane Chen, présidente-directrice générale d’Embrace pendant les cinq premières années, était l’une des étudiantes de la promotion 2007-2008 de l’école de design de Stanford, qui a conçu la chaufferette. Le groupe a fait le voyage jusqu’à Katmandou, au Népal, pour enquêter sur le problème. Elle raconte : Dans les grands hôpitaux, il y avait largement assez de couveuses, mais ce n’est pas là qu’ étaient les bébés. Ça a été une grande révélation pour nous. Ils se sont donc concentrés sur la fabrication d’une couveuse qui fonctionnerait dans les zones rurales, où meurent beaucoup d’enfants. Aujourd’hui, plus de soixante mille bébés ont bénéficié de l’Embrace Warmer dans le cadre de quatre-vingt-six programmes dans onze pays, dont l’Afghanistan, la Chine, le Guatemala, Haïti, l’Inde, le Mexique, le Mozambique, l’Ouganda, la Somalie, le Soudan du Sud et la Zambie. Le président Obama a convié Chen à la première Maker Fair (un salon de la créativité et de la fabrication) de la MaisonBlanche avant de chanter les louanges de l’Embrace dans un discours, Beyoncé a fait un don de 125.0000 $, Chen a participé à deux conférences TED et l’organisation en elle-même s’est scindée en deux entités. La branche lucrative, Embrace Innovations, fabrique l’appareil, développe de nouveaux produits, conduit des essais cliniques et vend la chaufferette aux gouvernements et autres cliniques privées dans les pays en développement. La branche non lucrative, Embrace, fait don des chaufferettes aux installations de santé et développe des programmes qui apprennent aux mères et aux professionnels à les utiliser. Il ne suffit pas d’expédier ces bouillotes pour enfants dans un carton, explique Alejandra Villalobos, directrice exécutive par intérim pour la branche non lucrative. Nous avons découvert qu’elles peuvent se perdre, ne pas être utilisées ou utilisées pendant quelques mois avant d’être oubliées. © DR Les tests montrent que la minicouveuse enregistre de très bonnes performances une température ambiante est glaciale. Dans les pays développés, un bébé risquant l’hypothermie serait placé en couveuse. Mais celle-ci coûte généralement 20.000 $ (environ 15.000 €), un montant exorbitant dans les pays en développement. Dans l’hôpital de Mulago par exemple, seules deux des vingtsix couveuses fonctionnent : une même couveuse accueille souvent plus de trois bébés à la fois. Mais l’hôpital peut désormais compter sur une invention simple et intelligente : l’Embrace Warmer, un minuscule sac de couchage équipé d’un sachet en plastique rempli d’un matériau semblable à de la Améliorer le lien mère-enfant La branche non lucrative enseigne également le peau à peau – un protocole dans le cadre duquel la mère tient son bébé contre sa peau nue pour le garder au chaud – ainsi que l’hygiène, la nutrition et les soins pour les nourrissons de petit poids à la naissance et les prématurés. La première version de l’Embrace Warmer nécessitait un accès intermittent à l’électricité (pour faire fondre la cire) : c’est celle qui est utilisée dans les hôpitaux et les installations de santé. Dans le courant de l’année, Embrace commercialisera une nouvelle version utilisable à domicile, pouvant être chauffée à l’eau bouillante et conservant sa chaleur jusqu’à huit heures. Bien que les causes de la mortalité infantile soient trop nombreuses pour pouvoir déterminer l’impact de la chaufferette, les essais cliniques montrent qu’elle enregistre d’aussi bonnes performances que les standards de soin existants. En outre, elle favorise le lien mère-enfant, fondamental pour l’attachement. Et les études montrent que lorsque les nourrissons survivent, leurs mères ont tendance à avoir moins d’enfants. http://embraceglobal.org VICTOIRE | 9 ENFANTS Apprendre La ferme école avec la 3D de la dernière chance En 2013, des spécialistes du génie biomédical à l’école polytechnique de Silésie ont conçu une grotte en trois dimensions pour l’association Lubi Ci (“ Je t’aime beaucoup ”) en Pologne. Cette association travaille avec des enfants handicapés et rencontre de nombreux obstacles quant aux apprentissages et à la motivation des élèves. L’idée était de trouver le moyen de leur proposer des tâches ludiques et pédagogiques : le cube fabriqué dans une toile spéciale faisant la taille d’une grande pièce et projetant des images en trois dimensions sur toutes ses parois allait faire l’affaire. Une fois le matériel installé, il suffit de mettre des lunettes spéciales, une paire de gants avec des tentacules pour entrer dans un monde virtuel... on ne peut plus réel. Après plusieurs expériences avec les élèves handicapés, les ingénieurs ont compris qu’il fallait leur proposer un graphisme simplifié, fait d’aplats de couleurs, de grands dessins et de couleurs très contrastées. Les exercices réalisés dans cette grotte ont permis de résoudre plusieurs problèmes, et pas seulement celui de la motivation. L’application a aussi permis d’éviter d’autres écueils, notamment la répétition des erreurs, car les enfants se souviennent de chacun de leurs mouvements, même lorsque ce ne sont pas les bons. Ainsi, ils les reproduisent sans se rendre compte qu’ ils se trompent, explique Małgorzata Kalarus-Sternal, de Lubi Ci. Enfin, dans ce cas précis, les machines se sont avérées supérieures à l’homme, car elles ne s’ énervent jamais. Katarzyna ZACHARIASZ 10 | 27 septembre 2014 © DR Quotidien polonais fondé en 1989, dirigé par Adam Michnik. Son rédacteur en chef est Jaroslaw Kurski et il est tiré à 436.000 exemplaires. Hebdomadaire francophone marocain fondé en 1991, devenu ensuite le premier quotidien économique du pays en 1998. En 2011, il était tiré à 19.189 exemplaires. Rédacteur en chef : Mohamed Benabid. Comme un coup de poing aux destins malmenés des enfants des rues, l’association Bayti au Maroc agit. Ses éducateurs sillonnent la ville à la recherche des plus jeunes et des plus grandes détresses, qu’il faut apprivoiser petit à petit pour qu’ils acceptent d’intégrer l’ONG. Aux centres d’accueil de Casablanca et d’Essaouira, ils sont nombreux, filles et garçons, à trouver un toit et un lit protecteur pour la nuit ou pour des années. Avec le temps et beaucoup de patience, les enfants apprennent l’heure du coucher et du réveil, les heures de repas, à se laver, se coiffer et s’habiller de vêtements propres, faire leur lit... Et puis à apprendre : la clé de l’autonomie. Pour aller encore plus loin dans ses actions, l’association porte un projet unique au Maroc, la ferme école Bayti, située près de la ville de Kénitra. En pleine campagne, depuis 2006, onze hectares de terre servent à la formation au travail de l’agriculture des enfants en grande précarité. La ferme école dispense des formations d’ouvriers agricoles spécialisés, mais peut être également une simple trêve pour des jeunes en grande souffrance. Ils y viennent pour des stages de réhabilitation, qui les coupent radicalement des codes et tentations de la rue. Les éducateurs prônent l’esprit d’équipe, la discussion, la réflexion et le partage. En effet, les habitants des douars alentour, effrayés au départ par la création de la ferme et la venue de ces enfants, participent aujourd’hui activement au projet. Ils sont, au même titre que les jeunes, bénéficiaires des enseignements. Car ici, profit et rendement ne font pas loi. En tant que support pédagogique, la ferme s’essaie à toutes les innovations. Énergies renouvelables, recyclage des eaux usées, irrigation au goutte à goutte… n’ont plus de secret pour personne. Un élan de transmission, également utile pour faire changer des gestes et des pensées qui semblaient pourtant immuables. Car malgré certains acquis et une société marocaine de plus en plus émue par la précarité de ces enfants, le chemin est encore long. Reste des obstacles de taille à dépasser pour voir les mentalités changer. Reste aussi à pallier le manque cruel d’infrastructures adaptées et les aides nécessaires aux familles en difficulté. Des pistes qui permettraient aux enfants de ne plus finir dans les rues du pays. Stéphanie JACOB www.bayti.ma THE INNOVATOR S OF COMFORT™ ( 1 ) DESIGN & C O N F O R T Stressless® Metro Nouveauté Stressless® City (1) Les innovateurs du confort Fabriqué en Norvège www.stressless.be “ Je suis empathique et dois m’en protéger ” AXELLE RED 12 | 27 septembre 2014 L’INTERVIEW QU’ELLE PATAUGE DANS LA BOUE D’UN CAMP DE RÉFUGIÉS OU CHANTE “ AMOUR PROFOND ”, AXELLE RED N’EST QU’UNE. L’HARMONIE ENTRE CES FACETTES DE SA PERSONNALITÉ N’A PAS ÉTÉ FACILE À GAGNER, MAIS LUI A ÉTÉ PRÉCIEUSE LORS DE SA RÉCENTE MISSION D’AMBASSADRICE DE L’UNICEF AU SOUDAN DU SUD. | PAR GILLES BECHET (AU SOUDAN DU SUD) PHOTOS CHARLIE DE KEERSMAECKER (PORTRAIT) PHILIPPE HENON POUR L’UNICEF (REPORTAGE) out au long de sa carrière, A xelle Red a gorgé son french soul de chansons d’amour et d’autres qui abordent frontalement les conséquences des violences sexuelles, des mines antipersonnel, de la malnutrition ou des drames que vivent les enfants soldats. Des chansons de rage, mais aussi d’espoir devant l’état d’un monde qui n’a jamais été aussi proche. Quand elle pose son micro et sa guitare, c’est sur le terrain que la f lamboyante rousse poursuit son engagement aux côtés de l’Unicef pour qui elle a accepté d’endosser le rôle d’ambassadrice. À l’occasion d’une mission au Soudan du Sud, c’est une rencontre en deux temps qu’elle nous accorde. À Bruxelles, quelques jours avant son départ et ensuite à Juba, à l’issue d’une intense mission au cœur des camps où s’entassent dans des conditions extrêmes des milliers de personnes déplacées par le conf lit. T BRUXELLES DANS LES BUREAUX DE MUSIC AND ROSES Comment se prépare-t-on pour une mission pareille ? J’essaie de m’infomer sur le pays… et puis de m’endurcir, je crois (rires). Comment peut-on s’endurcir ? Depuis quelques années, je me suis donné le droit de me protéger. J’étais arrivée à un stade où je n’écrivais plus que des albums ou des chansons engagées. J’avais vraiment besoin de faire la part des choses. J’en avais vraiment ras-lebol de lire les réponses des autres. J’avais envie de trouver les miennes. C’est quoi la vie, pourquoi on vit ? Pendant deux ans, j’ai pris le temps de réfléchir. Quand j’ai trouvé mes réponses, ça m’a fait un bien fou parce qu’elles étaient logiques, c’était du bon sens. J’ai pris beaucoup de temps à comprendre que je ne peux pas tout changer, que j’ai le droit d’être heureuse, malgré cette misère. Maintenant que j’ai fait ce travail de préparation, je dois juste renouer avec ces réponses et les replacer clairement dans ma tête avant de repartir. problématique qui me parlait. Lors d’un de mes premiers voyages dans ces pays, j’étais encore étudiante, on avait fait la connaissance d’un avocat australien. Il a proposé de nous engager après nos études pour des projets humanitaires, mais à l’époque j’avais déjà la musique. La musique, c’était une soupape pour cette énergie, cette envie de révolte ? Au départ, la musique était complètement dissociée de mes engagements. Mes chansons racontaient ce dont j’avais envie de parler sur le moment. Dès que j’ai commencé à m’investir pour des causes, j’ai tout de suite écrit des chansons “ engagées ”. Avec une chanson, tu évacues les émotions que tu as en toi, et moi j’en débordais. L’album que j’ai sorti en anglais, “ Sisters and Empathy ”, était engagé de la première à la dernière chanson. Pendant la promo, j’étais mal à l’aise en me disant que certains pensaient peut-être que je faisais ça pour la notoriété. C’est difficile de faire un tel album parce qu’il est rangé à côté des albums pop dans les bacs, alors que cet album-là, tu le sais différent. J’aurais voulu l’accompagner de quelque chose, un documentaire par Les chansons peuvent rendre les gens plus humains Vous êtes ambassadrice de l’Unicef depuis 1997 : comment vous est venu cet engagement ? Ils ont commencé par me demander d’être marraine d’une campagne contre les mines antipersonnel. Cela avait du sens parce que j’avais beaucoup voyagé, en touriste, au Laos, au Cambodge, au Viêtnam, et c’était une VICTOIRE | 13 exemple, pour approfondir certains sujets… Aussi, je me suis rendu compte que je ne me donnais plus le droit de faire des chansons d’amour, il me fallait lancer un message. Avec “ Rouge ardent ”, le dernier album, j’ose à nouveau rêver et faire rêver les autres. Mon pauvre public n’est pas nécessairement aussi engagé que moi ! Ce n’est pas qu’il n’a pas de cœur ou de compassion, mais il n’a pas ce trop-plein. Pour eux, mais aussi pour moi, je me suis dit : écrivons sur l’amour. Vous êtes-vous déjà demandé à quoi sert une chanson ? il a divorcé (rires). Moi, j’ai de jeunes enfants, je ne peux pas faire ça. Oui, je pourrais peut-être les emmener avec moi, mais ce n’est pas si évident que ça. On peut toujours en faire plus, mais avec un prix à payer et en fin de compte, estce que cela apportera plus aux populations concernées ? Il arrive un moment où je décide jusqu’où je peux aller et j’y vais avec conviction. C’est déjà ça. Au Soudan du Sud sont réunies toutes les misères du monde Je pense qu’une chanson sert à beaucoup de choses, à faire rêver les gens, à détendre. Je n’ai rien contre le côté entertainment. Parfois, ça sert aussi à lancer des messages et à rendre les gens plus humains. Je pense que c’est l’art qui nous différencie des animaux. Avec “ Rouge ardent ”, les gens me disent : Ce n’est pas normal. Non seulement c’est ton meilleur album, mais ça me donne des émotions tellement fortes ! Et c’est exactement ce que je voulais avec cet album : sortir des émotions pour nous ramener à notre humanité. Et en même temps, une chanson parle aussi aux tripes, c’est très animal, très instinctif. Avec l’expérience, savez-vous où sont vos limites ? Je pourrais en faire plus, comme Sean Penn l’a fait. Il a été à Haïti et il est resté sur place six mois ou un an. Après, L’optimisme, ça s’entretient, ça se construit ? Je suis née optimiste. C’est vrai. Je le vois chez mes enfants, elles me ressemblent, c’est vraiment notre nature. Un jour, j’ai lu dans le journal de Kurt Cobain qu’il ne voulait plus vivre dans ce monde quand il voyait en sa fille l’enfant qu’il avait été, tellement heureuse et positive. Il était tellement empathique qu’il n’était plus capable de gérer ça. Je comprenais vraiment ce qu’il voulait dire. Aujourd’hui, j’ai compris que j’ai le droit de me protéger, car je suis une éponge. Chaque fois, je me force à redevenir positive, mais ce sont des cycles. On peut remarquer cela à travers mes albums. Positiver, c’est la recette du bonheur ? Après une longue introspection, j’ai trouvé plein de réponses, mais je n’arrive pas toujours à les mettre en pratique. Par contre, sans être “ zen ”, je parviens beaucoup plus à gérer les contraintes. Je voudrais en faire davantage, mais voilà, je ne suis pas encore devenue sage. L’UNICEF AU SOUDAN DU SUD Depuis le début du conflit marqué par trois jours de massacres à Juba, on compte 1,3 million de personnes déplacées dans le pays parmi lesquelles 695.172 enfants en dessous de 18 ans. Ce pays déjà déshérité traverse une crise majeure. Pour secourir ces populations réfugiées dans des camps ou disséminés dans les campagnes, l’Unicef et ses partenaires apportent les premières aides en matière de nutrition, de vaccination et de santé, d’éducation, d’accès à l’eau et aux sanitaires ainsi que de protection face aux violences faites aux enfants. BE31 0000 0000 5555 Soudan du Sud 14 | 27 septembre 2014 Heureusement, peut-être ? Oui, le jour où je serai sage, je ne sais pas si je pourrai créer avec la même intensité. Pour créer, j’ai besoin de ce côté impulsif, enfantin, pressé. Un sage me demanderait pourquoi je me presse, ça sert à quoi ? Moi, si je ne me presse pas, je ne fais plus rien. Dans la vie, il faut toujours trouver cette balance entre “ je donne et j’existe ”, entre l’ambition et le besoin de créer. Je crois que le bonheur tient dans cette balance, dans cette harmonie. JUBA DANS LA COUR DU TRANSIT HOTEL Quels sentiments vous imprègnentils à l’issue de cette mission ? Je suis passée déjà par tous les stades. J’ai eu des moments où j’étais carrément fâchée, j’ai eu des moments de grande détresse. Certaines nuits, je n’arrivais L’INTERVIEW Confident Childeren out of Confl ict à Juba accueille des orphelins, victimes du confl it. Ils y trouvent la sécurité et y retournent à l’école où ils excellent. pas à dormir. Maintenant, je suis positive. J’essaie de voir le positif. C’est un pays magnifique : ils ont des ressources, du pétrole, le sol est fertile. Ils ont un fleuve. On peut aussi voir tout ce qui est négatif, mais il y a surtout tous ces gens avec une volonté très forte. On le voit dans tous les camps. Ils n’ont pas un caractère dépendant : ils sont dans un camp où ils sont assistés, mais ils font du commerce, ils ont des activités. Après autant de décennies de guerre, je suis étonnée de voir les gens plus positifs qu’en Sierra Leone par exemple. Qu’est-ce qui vous a touchée : ce que vous voyez, les témoignages de gens ? À l’issue de la visite, les enfants ont offert la joie d’une chanson. C’est le tout. J’observe, je ressens, j’emmagasine beaucoup d’émotions. Après, il y a de la tristesse. Au Soudan du Sud sont réunies toutes les misères possibles. J’ai vu de nombreux pays en Afrique et chaque pays a souvent plusieurs problématiques. Ici, elles sont toutes réunies. C’est le pays qui détient le record de la scolarité la plus faible d’Afrique, ils sont malnutris, ils ont toutes les maladies, même s’ils n’ont pas Ebola. Et à tous ces problèmes s’ajoutent un conflit armé et un climat difficile. C’est inhumain de vivre dans la boue comme ils vivent à Malakal. Il faut agir dans l’urgence, mais les exigences ne sont pas les mêmes… Sauver un enfant de la malnutrition, ça prend un mois, apprendre à lire et à écrire, c’est cinq ans. Ce qui est une éternité dans un pays en conflit. Surtout quand on ne sait pas combien de temps ils vont rester dans les camps. Raison de plus de ne pas en perdre. L’enseignement est vraiment au centre de tout. Certains pensent que ce n’est pas la première nécessité dans un camp de survie mais, dans des pays qui ont déjà connu des guerres, l’absence d’enseignement se marque par des générations entières d’analphabètes appelées à répéter les mêmes erreurs. Et dans un contexte de pauvreté et de conflit, l’insécurité se développe et l’illettrisme accentue cette violence. On peut avoir toute la compassion qu’on veut, on ne peut pas se mettre à la place des autres ? Je pense être capable de me mettre à la place des autres. J’ai beaucoup d’empathie, c’est ma nature. C’est pour ça que je VICTOIRE | 15 L’INTERVIEW ne dors pas la nuit, je ressens les peurs de ces femmes. En raison de la violence des jeunes gens abrutis par l’alcool local, elles vivent sous un stress permanent. L’Unicef fait déjà beaucoup dans les camps, mais ils ne peuvent garantir la sécurité à 100 % pour chaque personne. Je trouve ça très dur. Je ne suis pas dans leur tente, je ne suis pas dans leur boue, je ne dois pas me contenter de l’eau froide, quand il y en a. Je ne suis pas dans les marécages avec mes enfants malades. Je peux simplement me l’imaginer et me sentir au maximum de l’empathie en comparant à l’état dans lequel je me trouve quand mes enfants ont un problème. On se sent misérable. Ce que vivent ces femmes est inhumain, car elles sont obligées d’entraîner leurs enfants dans leur misère. Vous gérez ça mieux que lors de votre première mission ? Cette semaine, je ne l’ai pas mieux géré. Je pense que maintenant, j’arrive mieux à rebondir, on verra à la maison, mais je sais que je vais me sentir mal. Quand on se replonge dans notre quotidien belge, on voit le côté presque absurde Au camp Tongping, les chansons sont un moteur du vivre-ensemble. Here, we are coming happy, chantaient les enfants. et ridicule de notre fonctionnement. On court après quoi, alors qu’ici au Soudan du Sud, on est face aux besoins primaires que nous avons souvent oubliés. Nous, on stresse parce qu’on a trop. Bien sûr, on ne peut pas tout comparer. Je ne suis pas en train de dire qu’en Belgique, on ne peut pas avoir de soucis mais quand même, certaines choses sont à relativiser. Ce qui m’a donné un bel espoir, c’est l’orphelinat que nous avons visité. En 2004, Axelle Red a fait ses débuts au cinéma aux côtés de Matthias Schoenaerts, dans “ Ellektra ”, un fi lm de Rudolf Mestdagh. Elle est Anna, une pianiste borderline qui a perdu l’usage de ses doigts à la suite d’un carjacking, un rôle pour lequel elle a obtenu un prix d’interprétation au festival de New York. 8 16 | Après Haïti, le Laos, la République démocratique du Congo, le Sri Lanka, la Sierre Leone, le Liberia et le Niger, le Soudan du Sud est la huitième mission assurée par Axelle Red en tant qu’ambassadrice de l’Unicef depuis 1997. 27 septembre 2014 C’était beau, je soutiens le même genre d’orphelinat au Cambodge. Alors que tous ces enfants ont été abusés sexuellement, ça donne de l’espoir de les voir épanouis, fiers. Ces enfants-là, non seulement ils vont faire des études, mais ils vont en faire quelque chose et le rendre au peuple. On pourra chez eux trouver des travailleurs humanitaires, une danseuse, un musicien et peut-être même un président. Et ça, c’est beau. ICÔNE Mes héroïnes sont ces femmes africaines. J’adore parler avec elles. Je leur raconte des morceaux de ma vie et puis elles me décrivent leur quotidien. J’apprends des choses inimaginables, elles vivent dans des conditons incroyables. Mais elles sont fortes et elles ont de l’humour. 5 DATES 1968 | Naissance le 15 février de Fabienne Demal à Hasselt. 1993 | “ Sans plus attendre ”, premier disque sous le nom d’Axelle Red. 1997 | Première mission pour l’Unicef. 2009 | “ Sisters and Empathy ”. 2013 | “ Rouge ardent ”. nouvelle-twingo.renault.be Je suis une vraie 5 portes Vous pourriez croire que j’ai trois portes, mais regardez : j’en ai bien cinq ! Pratique pour accéder à bord, attacher bébé, ou charger les bagages et les objets encombrants. Et je n’ai pas fini de vous étonner : découvrez-moi vite sur nouvelle-twingo.renault.be. 4,2 - 4,5 L/100 KM. 95 - 105 G CO2 /KM. Informations environnementales [A.R. 19.03.2004] sur www.renault.be. Un livre pour boire L POUR COMBATTRE LES MALADIES LIÉES À L’EAU, UNE CHIMISTE ET UN GRAPHISTE ONT CRÉÉ LE DRINKABLE BOOK. UN LIVRE DONT CHAQUE PAGE EST ENDUITE DE NANOPARTICULES D’ARGENT CAPABLES D’ÉLIMINER LES BACTÉRIES DE L’EAU CONTAMINÉE. | PAR MELANIE D. G. KAPLAN Sparknews est une entreprise sociale basée en France, fondée en 2012 et dont la mission consiste à partager les initiatives inspirantes pour générer l’action, grâce à sa plateforme collaborative de partage de vidéos et à des événements éditoriaux. 18 | 27 septembre 2014 aisser partir son enfant sur le chemin de l’école sans se douter que sa gourde contient de l’eau contaminée semble impensable aujourd’ hui. C’est pourtant exactement ce qui se passe au Ghana, dans les districts de Tolon et de Kumbungu. Selon Iddrisu Abdul-Aziz Boar, directeur de l’antenne ghanéenne de l’association WATERisLIFE, dans pratiquement toutes les écoles de ces districts, huit enfants sur dix apportent de l’eau contaminée pour leur journée d’ école. Ils n’ont bien sûr aucune idée de SANTÉ de l’eau étaient coûteuses et relativement compliquées à mettre en œuvre. Désormais, le Drinkable Book rendra l’eau polluée aussi potable que celle qui sort de nos robinets. Il était essentiel de concevoir un outil de filtration de l’eau susceptible d’ être adopté et utilisé par des individus et des communautés qui ont besoin d’eau potable, souligne Kristine Bender, présidente de WATERisLIFE, une association caritative basée à Edmond, dans l’Oklahoma. Ce support constitue une interprétation brillante et novatrice d’un outil simple destiné à assurer un besoin élémentaire de la vie : de l’eau propre. Mais comment un livre peut-il f iltrer l ’eau ? Comme n’importe quel autre livre, le Drinkable Book est composé de pages, à cette différence près que celles-ci sortent tout droit du laboratoire du Dr Theresa Dankovich. Il y a quelques années, à l’Université Mc Gill de Montréal, la chimiste avait créé un filtre à eau antibactérien à partir d’un papier revêtu d’une couche de nanoparticules d’argent, oligo-élément connu pour ses propriétés bactéricides, et capable d’éliminer les microbes responsables des maladies mortelles liées à l’eau. Au fil de ses recherches, elle s’est demandé comment elle pourrait mettre au point un filtre à eau abordable. En 2009, elle réussit à démontrer que les feuilles tapissées d’argent éliminaient 99,9 % des bactéries dans une eau extrêmement polluée, comparable à des eff luents domestiques. Un filtre ne coûte que quelques centimes et reste efficace pendant trente jours. toxiques, elle publie, à tout hasard, une vidéo de présentation de sa découverte sur YouTube. Et c’est Brian Gartside, graphiste designer dans l’agence de publicité new-yorkaise DDB qui tombe dessus. Il travaille alors sur des campagnes conventionnelles pour WATERisLIFE et lui propose de collaborer à un projet hors du commun. L’ idée du livre est apparue l’ été dernier, lorsque Brian m’a contactée, raconte le Dr Dankovich. Les deux inventeurs s’accordaient à penser que le livre devait comporter une composante pédagogique, par le biais de messages inscrits sur chaque page. Nous savons que si l’eau que nous buvons n’est pas propre, nous tombons malades, dit-elle. Mais pour ceux qui n’ont pas appris cette règle dans leur enfance, l’ idée peut paraître saugrenue. Et s’ ils n’en mesurent pas l’ importance, ils ne feront rien pour assainir l’eau qu’ ils consomment. Le papier est robuste et ressemble à du carton très fin. De couleur blanche à l’origine, il vire au jaune, puis à l’orange foncé sous l’effet des nanoparticules d’argent. Pour imprimer du texte sur les pages, il restait encore à trouver une encre adaptée car la plupart des encres d’ imprimerie commerciales contiennent des composés chimiques nocifs qu’ il ne faut surtout pas absorber, explique Gartside. Nous avons fini par dénicher un fabricant qui était disposé à créer une encre comestible. La première page du livre ouvre sur la mise en garde suivante : L’eau de votre village peut provoquer des maladies mortelles. Mais chaque page de ce livre est un filtre à eau qui la rendra potable. Chaque feuille est divisée en deux carrés à découper selon une ligne © DR Le Drinkable Book permet de filtrer de l’eau pendant quatre ans l’ impact de cette eau sur leur santé. Au Ghana comme dans d’autres pays en développement, bien des enfants et des adultes ignorent qu’en buvant de l’eau non filtrée, ils risquent de contracter toutes sortes de pathologies : le choléra, la dysenterie, l’hépatite A et la typhoïde. Une solution pour filtrer l’eau L’association à but non lucratif Water.org estime que près de 3,4 millions d’individus meurent chaque année de maladies liées à l’eau. Jusqu’à présent, les techniques de filtration La belle rencontre Après avoir amélioré le procédé et éliminé tous les composés chimiques VICTOIRE | 19 SANTÉ préperforée. Sur celui du haut, le texte est imprimé en anglais, et sur celui du bas, dans la langue du pays de destination – le swahili pour le Kenya, par exemple. Avec ses vingtquatre pages, le livre permet de filtrer l’eau pendant quatre ans. L’été dernier, Dankovich a testé les filtres dans un ruisseau d’Afrique du Sud pollué par des matières fécales. L’expérience a démontré que le papier argenté était tout aussi efficace qu’en laboratoire. La tablette pour non-voyants Quotidien autrichien généraliste et libéral publié en allemand, fondé en 1988. Il est tiré à 80.000 exemplaires en semaine et 170.000 le weekend. Il est dirigé par Oscar Bronner. conception logicielle et 3D. Début 2014, ils ont quitté la Bulgarie pour Vienne, où les conditions sont plus propices au lancement d’une start-up. Et d’ici la fin de l’année, les principales étapes du projet auront été franchies pour présenter le premier prototype du Blitab. Des applications ont d’ores et déjà vu le jour pour cette tablette qui s’est vu décerner plusieurs prix récompensant ses innovations techniques et son utilité sociale. Un outil pour la vie www.waterislife.com/media/videos 20 | 27 septembre 2014 Un écran tactile en relief © DR Cet été, avec des étudiants de l’Université Carnegie Mellon (Pittsburgh, Pennsylvanie), où elle poursuit ses travaux de recherche postdoctorale, elle a rejoint l’équipe de WATERisLIFE au Ghana afin de mener de nouveaux essais sur le terrain. Il s’agissait de voir comment le livre serait accueilli par la population locale. À partir de 2015, une fois que le financement et la production du livre seront assurés, WATERisLIFE commencera à le distribuer dans des villages en Haïti, au Kenya, en Inde et au Ghana… L’association espère ainsi atteindre des dizaines de milliers d’individus. L’objectif à long terme est de créer un livre pour chacun des trente-trois pays dans lesquels WATERisLIFE est présent. Par la suite, le livre pourrait intéresser des consommateurs des pays développés qui souhaitent filtrer leur eau, comme les randonneurs par exemple. Entre-temps, le Dr Dankovich cherche des moyens de produire le papier à plus grande échelle. Le procédé actuel, réalisé depuis quelque temps dans la cuisine d’une église de Pittsburgh, lui paraît en effet trop long et trop laborieux. Au Ghana, Abdul-Aziz Boare attend avec impatience de pouvoir présenter le livre buvable à ses concitoyens. La communauté sera en meilleure santé et, du même coup, plus productive. Et la vie des habitants transformée. Certains outils technologiques permettent déjà aux non-voyants de surfer sur internet : logiciels de lecture ou de grossissement d’écran, machines à lire électroniques, dispositifs de saisie en braille ou outils de synthèse vocale qui convertissent les informations électroniques en contenus audio. Mais, en plus d’être onéreuses, ces innovations sont peu pratiques car peu mobiles. La startup Blitab Technology entend y remédier en mettant au point une tablette qui permet à l’utilisateur de traduire et de rédiger des contenus numériques en braille. C’est sa rencontre avec un condisciple non voyant qui pousse Kristina Tsvetanova, étudiante en ingénierie commerciale à l’Université de technologie de Sofia, à se lancer dans un projet ambitieux : la conception d’une tablette destinée aux déficients visuels. Le projet est mené avec son petit ami, Slavi Slavev, et le jeune frère de celuici, Stanislav, tous deux spécialistes en Une nouvelle technologie d’écran permet de percevoir les surfaces lisses au toucher. Des petits cylindres semblables à des boutons ou à de petites bulles sortent de l’écran pour traduire le contenu numérique en braille à l’aide d’un logiciel de conversion inclus dans l’appareil. Et la rédaction de contenus est rendue possible par un clavier de Perkins qui autorise l’écriture en braille. Le corps de l’appareil, qui mesure entre 10 et 11 pouces, est composé à 60 % d’aluminium, l’énergie étant stockée dans des batteries zinc-air. Le potentiel d’un tel outil semble considérable. D’après les statistiques de l’OMS, le monde comptait 39,8 millions de nonvoyants et 285,3 millions de malvoyants en 2013, dont 20 % maîtrisaient le système d’écriture à points saillants mis au point par le Français Louis Braille en 1825. Depuis peu, certains redoutent que les outils de vocalisation et d’affichage dynamique ne fassent reculer l’apprentissage du braille, car la maîtrise de la langue est une condition importante de l’insertion des non-voyants dans le monde du travail. Karin TZSCHENTKE www.blitab.com à nouveau Sparknews est une entreprise sociale basée en France, fondée en 2012 et dont la mission consiste à partager les initiatives inspirantes pour générer l’action, grâce à sa plateforme collaborative de partage de vidéos et à des événements éditoriaux. Le Tek RMB (pour Robotic Mobilization Device) va changer la vie des personnes à mobilité réduite en leur permettant de se tenir à nouveau debout, d’accéder à des objets hors d’atteinte et de se tenir à la même hauteur que leur interlocuteur. L’appareil en question est une plateforme montée sur quatre roues, à traction avant, qui mesure 39,5 cm sur 75 cm, ce qui est plus petit que n’importe quel fauteuil roulant. Né dans l’esprit de l’inventeur turc Necati Hacıkadirog ˘lu, fondateur de la société Matia Robotics et physicien de formation, le Tek RMD permet de pallier les effets non désirés de la position assise prolongée : mauvaise circulation du sang, troubles intestinaux, escarres, lésions aux épaules et ostéoporose. Les économies induites à long terme pourraient être considérables, permettant de réduire les coûts de santé et les frais d’aménagement du domicile et du lieu de travail. Aux États-Unis, 3,6 millions de personnes âgées de plus de 15 ans se déplacent en fauteuil roulant et 11,6 millions se servent d’autres types d’aide à la mobilité. Si l’appareil Tek RMD coûte actuellement près de 11.000 €, la liste d’attente de clients prêts à débourser cette somme pour se faciliter la vie est déjà longue. © DR Carolyn FRASER www.matiarobotics.com La lumière comme antidouleur Quotidien suisse généraliste en italien, fondé en 1992 de la réunion des deux journaux Il Dovere et L’Eco di Locarno. Son tirage est de 32.000 exemplaires. Directeur éditorial : Matteo Caratti. Dans une résidence pour seniors suisse, la Casa Anziani Malcantonese, une étude relative aux effets de la lumière sur la douleur a été menée sur douze patients. La chromopuncture est une thérapie qui utilise des faisceaux de lumière colorée appliqués sur la peau le long du trajet des méridiens d’acupuncture, en vue d’atténuer la douleur. La lumière est la langue de communication des cellules. Lorsque cette langue est perturbée, les couleurs transmettent à l’organisme une information qui rétablit l’équilibre, explique le Dr Fausto Pagnamena, ancien médecin chef du service pédiatrique de l’hôpital La Carita de Locarno et spécialiste de chromothérapie. Nous avons utilisé une lumière infrarouge (d’une fréquence de 950 nanomètres) qui présente la même vibration que le noyau cellulaire. L’onde transmet l’ information à l’organisme pour libérer des blocs d’énergie, ce qui rétablit la communication entre les cellules. Ces blocs, précise-t-il, sont les émotions restées coincées pendant des années et des facteurs déclenchants de maladie, souvent négligés. En libérant les blocages émotionnels, le stress est évacué et le système immunitaire s’en trouve renforcé. Des résultats surprenants Il s’agit de la première étude à s’être déroulée sur une année entière (de février 2012 à mars 2013), pour une évaluation la plus objective possible : des infirmières indépendantes enregistraient l’intensité de la douleur indiquée par les patients avant et après les séances. Cet essai clinique a été réalisé en collaboration avec des médecins et, approuvé par le Service de santé du canton du Tessin, il a produit des résultats étonnants : dès la première séance, la douleur © DR Se tenir debout, avait diminué de 30 % chez la plupart des patients, pour ensuite pratiquement disparaître. La consommation d’antalgiques, tels la morphine et autres opiacés, fut réduite de moitié : onze patients sur douze ne ressentaient absolument plus aucune douleur et consommaient deux fois moins de cachets. Et il semble que la douleur n’ait pas reparu après interruption du traitement hebdomadaire. Si ces résultats ont surpris le personnel médical de la résidence, le Dr Pegnamenta, lui, savait à quoi s’attendre : Je traite les migraines, l’insomnie, les lombalgies et bien d’autres choses avec les lumières colorées depuis vingt-cinq ans. En ciblant des points spécifiques, on peut effacer la douleur en quelques séances à peine. Et en cas de maladie dégénérative grave, le traitement peut renforcer le système immunitaire. Ces résultats montrent à quel point les émotions sont à l’origine de douleurs souvent difficiles à expliquer par une approche médicale classique. Simonetta CARATTI VICTOIRE | 21 SANTÉ Un train de la santé Pour apporter des soins aux communautés précaires et marginalisés du Mexique, le Grupo México a imaginé une clinique sur rails. Ce Train de la santé surnommé “ Dr. Vagón ”, combine un travail sur les relations publiques et les services à la communauté. Après la création d’une entreprise appartenant à un conglomérat minier, et possédant également la société ferroviaire Ferromex, qui a coparrainé ce train, le groupe a créé une infrastructure sans précédent sur tout le continent américain, et qui a nécessité plusieurs années de travail intense. Cette clinique ambulante aménagée à bord d’un convoi est équipée de tout ce qu’il faut pour apporter des services de santé gratuits aux communautés modestes des zones difficiles d’accès : L’ idée de Dr. Vagón, c’est de transformer un © DR Quotidien publié à Mexico, fondé en 1917, dont le rédacteur en chef est Pascal Beltrán del Río. train en hôpital, afin qu’ il soit capable de procurer des services à tous les gens qui habitent dans des zones éloignées et qui en ont besoin, confie Ximena Ugarte de la fondation Grupo México, en soulignant que ce projet a déjà trois ans. Dr. Vagón se compose de onze wagons ayant chacun un cabinet de consultation, quinze médecins, un laboratoire, des salles de spécialités, une pharmacie, des dortoirs et une cantine. C’est un train où l’on offre aussi bien des consultations générales que des services d’odontologie et ultrason. On y pratique également une médicine préventive et des traitements de base pour la santé, comme le soulignent ses sponsors. Atteindre le plus grand nombre Le convoi peut impacter jusqu’à 300 personnes par jour dans son parcours et la plupart des usagers viennent des communautés rurales. Dans ce Train de la santé, il y a des docteurs spécialisés au service de la population à laquelle on donne, au-delà des consultations générales, un service de détection immédiate du cancer, ajoute Ugarte pendant la présentation du train aux habitants de la ville de Saltillo (Coahuila) au nordest du pays. Pour cette première année, le but était de faire circuler le train sur neuf routes du pays minimum, pour en atteindre douze en 2015. Le projet a cependant été stoppé fin août à cause d’un scandale frappant la compagnie sponsor : les déchets toxiques dérivés de l’exploitation d’une de ses mines polluent les eaux d’un fleuve. Selon Grupo México, les œuvres de développement social, du travail communautaire, de protection de l’environnement et des ressources naturelles font bien partie de ses objectifs. © DR José CARREÑO FIGUERAS 22 | 27 septembre 2014 www.ferromex.com.mx L’ART CONTEMPORAIN N’EST PLUS RÉSERVÉ AUX MUSÉES. Éditions signées, limitées. Par plus de 160 artistes. À prix abordables. 43 É NOU V E L L E S KRISTINA VARAKSINA First Drop 370 € 90 x 72 cm limité & signé 34 / 150 KVA04 RUE JEAN STAS 10 | 1060 BRUXELLES AMSTERDAM . BERLIN . BRUXELLES . DUBAÏ . LONDRES . MOSCOU . NEW YORK . PARIS . SÉOUL . VIENNE . ZURICH LUMAS.BE DIT IONS rir dès à découvenant maint SANTÉ L’ambulance de brousse Brigade rose © DR Quotidien indépendant ougandais dont le rédacteur en chef est Malcolm Gibson. Circulation : 22.000 exemplaires. Bundibugyo, Ouganda. À l’âge de 7 ans, Christopher Ategeka perd sa famille à cause du sida. Chaperonné par l’association de l’Américaine Carol Adams, Youth Encouragement Services (YES), jusqu’à la fin de sa scolarité secondaire, il part ensuite aux États-Unis dans une famille d’accueil, où il s’inscrit à l’Université de Californie. C’est à son retour en Ouganda en 2011 qu’il fonde CA Bikes, fort des connaissances acquises pendant ses études. À l’aide de pièces et de bouts de ferraille récupérés sur placen, et d’une équipe de bons bricoleurs, Christopher Ategeka se lance dans la fabrication d’engins qui faciliteraient les déplacements dans la brousse d’abord et la distribution des soins ensuite. Il commence par des vélos et des fauteuils roulants, puis des bicyclettesambulances, pour répondre au besoin criant de solutions de transport médical 24 | 27 septembre 2014 simples dans les zones rurales. En trois ans, nous avons fourni 120 ambulances qui desservent à l’ heure actuelle plus de 10.000 personnes dans des villages de tout le pays, se félicite-t-il. On trouve des ambulances de brousse dans 29 dictricts répartis sur l’ensemble du territoire et nous en avons distribué 177. L’arrivée de ces ambulances de brousse a également permis d’améliorer certains services, comme les soins palliatifs, auxquels seuls 10 % de la population avaient accès en 2011, selon les chiff res de l’OMS. Aujourd’hui, Christopher Ategeka pense que l’amélioration du système de santé du pays dépend surtout de l’innovation et révèle que son association est sur le point d’en présenter une nouvelle : un dispensaire Didas KISEMBO mobile. http://cabikes.org Quotidien canadien francophone fondé en 1884. Les directeurs de l’information sont Mario Girard et Alexandre Pratt. Les tirages sont de 213.212 (en semaine) et 260.194 (le samedi). À première vue, l’architecture du site rappelle Facebook. Les membres ont un profil, il est possible d’écrire un statut, de commenter, d’“ aimer ” une publication. Mais chaque image et chaque message rappellent que les utilisatrices combattent un ennemi commun : le cancer du sein. Lancé en 2012, le réseau social My Breast Cancer Team (myBCTeam) réunit plus de 5000 femmes malades ou en rémission. Ce réseau est l’œuvre de deux professionnels du web de San Francisco : Mary Ray et Eric Peacock. Ils sont les cofondateurs de MyHealthTeams, une société qui crée des réseaux sociaux pour les personnes vivant avec une maladie chronique. Mary Ray explique que la principale richesse de myBCTeam est de permettre aux femmes qui se ressemblent de dialoguer, ce que les groupes d’entraide traditionnels n’offrent pas toujours. En quelques clics, il est possible de trouver les membres qui répondent à des critères précis comme le type de cancer, l’âge, les traitements reçus, les effets secondaires ressentis, etc. Et les sujets plus tabous, comme la baisse de libido ou l’adaptation aux implants mammaires, peuvent être abordés sans gêne. Autre particularité de myBCTeam : l’option hugs, qui permet d’envoyer des “ câlins ” à une utilisatrice. Les créateurs du site ont voulu traduire en pixels cet élan, devant l’annonce d’une mauvaise nouvelle, où la seule chose à faire est de prendre l’autre dans ses bras. Marie BERNIER My Breast Cancer Team : http://www.mybcteam.com & http://www.mybcteam.com Les maillons forts À l’heure de la fast fashion, certaines marques font le pari d’une création plus raisonnée et consciente. Derrière un enthousiasme non feint et un travail intense, ces entreprises remettent l’humain au centre de la création. | PRODUCTION ISABELLE PLUMHANS PHOTOS LYDIE NESVADBA STYLISME PIERRE GORZALA MAKE-UP ZINA BEN MERCI À L’HÔTEL THON POUR SON ACCUEIL, WWW.THONHOTELS.COM/EU ADRESSES P. 50 26 | 27 septembre 2014 MODE ELLEN KEGELS, 27 ans. Fondatrice de LN Beanies et LN Andes. Gilet, LN Andes, 285 €. Top sans manches en cuir d’agneau, Natan, 865 €. Pantalon en cuir, Amator, 699 €. Baskets, dressing personnel. VICTOIRE | 27 GESINE HOLSCHUH, 48 ans. Créatrice d’Umanii et consultante en développement. Châle orange avec poches, Umanii, 330 €. Top et pantalon, Gigue, 179 € chacun. Bracelet de cuir, Roos Vandekerckhove, 45 €. 28 | 27 septembre 2014 MODE D urable. Le concept ne se limite pas à nos assiettes ou à nos moyens de locomotion. Parce que notre société moderne, fille de pub, nous fait désirer ce que nous n’avons pas encore et mépriser ce dont nous jouissons déjà, comme l’observe l’économiste “ décroissant ” Serge Latouche, et que le trop, trop vite, trop mal qu’elle engendre lasse. Y compris dans les sphères modeuses, où l’on récuse doucement la fast fashion, démodée avant d’être portée, pensée pour des mannequins à taille irréaliste et conçue à la chaîne dans la souff rance, comme en témoigne le drame de l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh. D’où un nécessaire retour aux essentiels dans ce domaine-là aussi. Aux vêtements utiles, qui durent. Aux marques qui privilégient la qualité plutôt que la quantité. Aux circuits de production qui repensent la confection, plus proche du vêtement et du consommateur. Acteurs de ce mouvement durable jusqu’au bout de la maille, LN Beanies, Umanii et Aymara, trois marques qui puisent (aussi) leur sens dans le parcours de leur(s) créateur(s). Pour LN Beanies, c’est Ellen Kegels revenant de longs séjours à la montagne avec l’habitude, comme ses comparses de ski, de crocheter bonnets et écharpes, accessoires dont le succès la poussera à créer une mini-entreprise. Pour Umanii, Gesine Holschuh quittant un temps le monde des grosses boîtes où elle exerçait en tant que consultante en stratégie pour revenir à un projet d’entrepreneuriat solidaire qui met ses compétences en valeur. Ou pour Aymara, Sven Van Gucht et Yannina Esquivias se rencontrant lors du tour du monde du premier au Pérou, pays de la seconde, et qui, de retour en Belgique, à deux, souhaitent créer un lien fort avec ce pays de cœur. Mais si la forte valeur émotionnelle à la base de ces entreprises est un plus, elle se double surtout d’une démarche originale. D’abord, une recherche d’une qualité unique, pour des vêtements qui durent. Du tricot haut de gamme, dans une laine exceptionnelle, longuement recherchée, baby alpaga pour LN Beanies et Aymara, merinos tricoté main pour Umanii. Et des modèles qui, classe et bien coupés, résistent à l’attrait de la tendance à tout prix. Ensuite, un engagement humain dans le processus de fabrication. C’est la coopérative uruguayenne découverte par Gesine lors d’un voyage, qui façonne à la main tous les produits Umanii, couvertures et écharpes, et dont le travail est certifié par la World Fair Trade Organisation. Ce sont les fillesmères encadrées par la fondation Solid, à Ayacucho, au Pérou, qui tricotent les écharpes et pulls de LN Beanies et LN Andes, sa grande sœur “ luxe ”. Ou encore les anciens travailleurs des métiers à tisser d’Arequipa, au Pérou, reconvertis peu à peu dans les machines industrielles, mais rompus au savoir-faire de la maille, pour les vêtements d’Aymara. Ces marques mettent donc un savoir-faire déjà existant à l’honneur, en le potentialisant. Ça ne m’ intéressait pas d’ importer là-bas ce qu’on fait ici. Ce que je voulais, c’ était mettre leur travail en évidence. Un travail digne, qui met en valeur un savoirfaire unique, souligne Gesine. Et Sven d’enchaîner : C’est une belle histoire, parce que ce savoir-faire est essentiel, au cœur de tout. Nous, nous sommes passés à une production industrialisée. Mais quand les travailleurs programment nos machines, ils connaissent la maille, ils savent parfaitement comment cela se passe. C’est un vrai plus pour nous. Ce ne serait pas pareil si ces travailleurs ne connaissaient pas le tricot. Cette façon humaine de faire a parfois ses limites : impossible par exemple de produire en très grande quantité. LN Andes se développe plus vite que le nombre de fillesmères à Ayacucho, glisse Ellen dans un sourire. Et heureusement ! Si son entreprise doit se développer, ce sera en faisant appel à des organisations locales qui travaillent dans le même sens. On a vraiment besoin de fair fashion, aujourd’ hui. Tout va tellement vite, souligne la jeune femme, qui a fait du slow mood et de la décroissance sa façon d’être. Dis-moi ce que tu portes, je te dirai qui tu es. Dans ce sens, enfiler un vêtement responsable devient acte de militance. Une façon de passer de consommateur à “ consomm’acteur ” et de soutenir une mode de (la) vie, essentielle tendance. LE FABULEUX JARDIN DU SOIR Envie de participer à une production mode ? Surveillez nos appels à casting sur la page Facebook de Victoire magazine ! Notre shooting s’est déroulé dans Le Fabuleux Jardin du Soir. Espace vert au pied du Berlaymont, il matérialise l’engagement du journal. Des associations environnementales y sont invitées à mener des actions visant au développement durable – marché bio, atelier de cuisine ou expositions – comme celle de Yann Arthus-Bertrand, qui vient de s’y achever. Le Fabuleux Jardin du Soir, métro Maelbeek à Bruxelles. Voir aussi le site vert du Soir, Demain, la Terre : www.soir.be/demainlaterre MODE YANNINA | Gilet, Aymara, 147 €. Combinaison, Michael Kors sur Zalando, 229 €. Chaussures et ceinture, dressing personnel. SVEN | Chemise, Ben Sherman, 99,95 €. Pantalon, Strellson Premium, 139,95 €. Écharpe, Aymara, 42,50 €. Chaussures, COS, 125 €. YANNINA ESQUIVIAS, 38 ans. Cofondatrice d’Aymara. SVEN VAN GUCHT, 43 ans. Cofondateur d’Aymara. 30 | 27 septembrE 2014 Nettoyer le Pacifique LE PETIT PRODIGE NÉERLANDAIS BOYAN SLAT VEUT ASSAINIR LES OCÉANS. GRÂCE AU SOUTIEN DE NOMBREUX EXPERTS, SA FONDATION THE OCEAN CLEANUP POURRAIT BIEN TRANSFORMER SON UTOPIE EN RÉALITÉ. | PAR CHRISTOPHER F. SCHUETZE Sparknews est une entreprise sociale basée en France, fondée en 2012 et dont la mission consiste à partager les initiatives inspirantes pour générer l’action, grâce à sa plateforme collaborative de partage de vidéos et à des événements éditoriaux. 32 | 27 septembre 2014 E n 2011, à l’âge de 16 ans, le Néerlandais Boyan Slat a découvert que des quantités alarmantes de plastique flottaient dans la mer Égée alors qu’il faisait de la plongée avec sa famille en Grèce. Comme beaucoup, il a pensé qu’il fallait agir. Mais lui, il a trouvé une solution. Quand je me consacre à quelque chose, je ne m’arrête qu’une fois mon but atteint, affirme-t-il à Delft dans les bureaux d’Ocean Cleanup, l’organisme à but non lucratif qu’il a créé. Après son voyage en Grèce, Boyan a mené une expérience avec un copain de lycée pour mesurer la pollution plastique de la mer du Nord. Les résultats n’ont pas été concluants – leur outil de mesure a ENVIRONNEMENT © DR Simple et efficace été endommagé par les courants – mais ils ont eu une bonne note et ils ont été relayés dans un petit quotidien de Delft. Puis, un organisateur local des conférences TEDx Talks l’a invité à présenter ses résultats, ce qui lui a permis d’étoffer son idée : son système propose un nettoyage passif utilisant le vent et le mouvement naturel des courants pour piéger les déchets contre une barrière. Son exposé a été bien accueilli et depuis, il a rassemblé une centaine de spécialistes – des ingénieurs offshore, des experts du droit maritime, des écologistes, des biologistes des milieux marins – afin de tester, optimiser et construire son dispositif. Un bon nombre d’entre eux y participent à titre bénévole. Le dispositif prévoit une barrière flottante en forme de V qui descend à environ 3 m sous la surface de l’eau. Elle piégera le plastique à la dérive tout en épargnant la faune, puis conduira ce dernier vers une plateforme d’extraction qui fonctionne à l’énergie solaire. L’objectif est d’installer ce dispositif de 100 km de large d’ici à 2020 entre la Californie et Hawaï, près de la “ grande plaque de déchets du Pacifique ”. Le budget nécessaire est estimé à 300 millions de dollars (233 millions d’euros), un coût 33 fois inférieur à l’utilisation de navires équipés de filets, selon Boyan. Il pourrait ensuite être reproduit ailleurs. L’outil imaginé par Boyan et son équipe est d’une simplicité déconcertante : il se résume à un aspirateur et une pelle sophistiqués. Lorsqu’un jeune homme de 17 ans vous contacte pour vous décrire son projet, c’est plutôt troublant, car un grand nombre de personnes se sont déjà attaquées au problème, avoue Santiago Garcia Espallargas, qui travaille à la faculté d’aérospatiale de la prestigieuse Technical University, à Delft. Boyan avait assisté à l’une de ses conférences et lui avait présenté ses idées. Une fois que le projet a commencé à prendre forme et à attirer l’attention des médias, des spécialistes sont venus frapper à sa porte. Les personnes les plus motivées sont celles qui sont directement confrontées au problème, comme les marins et les plongeurs, explique Jan de Sonneville, ingénieur principal d’Ocean Cleanup. Si les estimations varient, Greenpeace affirme toutefois que 10 millions de tonnes de plastique finissent chaque année dans les océans. Cette masse provient à 80 % des terres, mais le reste est issu de navires commerciaux qui perdent leur cargaison ou qui déversent leurs déchets illégalement. Avec les courants, le plastique a tendance à s’accumuler en de grandes plaques, très loin des littoraux. La plus grande se trouve dans le Pacifique et fait la taille du Texas, selon Greenpeace. En plus de la menace que le plastique représente pour les oiseaux, les mammifères et les poissons qui l’avalent ou se coincent dedans, ces déchets finissent également par se décomposer en fragments, ce qui crée une mixture toxique qui entre dans la chaîne alimentaire. Le succès du financement participatif L’une des principales critiques du projet de Boyan est l’incapacité de la barrière à attraper les plus petits fragments. Mais selon Jan de Sonneville, le système permet en revanche d’intercepter le plastique avant qu’il ne se fragmente. Au printemps 2014, The Ocean Cleanup a publié une étude de faisabilité, qui décrit de façon extrêmement détaillée les défis et les solutions du projet – les implications juridiques d’un système ancré dans le Pacifique pour collecter les déchets tout comme les méthodes de recyclage du plastique récupéré. Bonne nouvelle : la dernière campagne de financement participatif de la fondation a permis de collecter 100 % de son objectif – deux millions de dollars (1,55 million d’euros). Cet argent, associé à des dons en nature comme l’utilisation gratuite d’équipements techniques ou des heures de travail d’ingénieurs spécialisés, permettra de financer l’étude pilote, qui comprend notamment des modèles réduits du dispositif. Si le jeune âge de Boyan a fait beaucoup de bruit, l’intéressé ne trouve rien d’anormal à un projet si ambitieux. Ce n’est pas comme si nous avions voulu faire (de mon âge) un outil de communication, précise-t-il. Il admet néanmoins qu’au tout début, sa jeunesse a été un atout pour contacter des spécialistes. Si j’avais 40 ans, je pense que tout aurait été beaucoup plus difficile. 10.000 tonnes de plastique finissent chaque année dans les océans www.theoceancleanup.com Contribuez à ce projet en partageant vos idées : sparknews.com/ijd/makeasens VICTOIRE | 33 Assurance Valoriser les déchets de soie Quotidien thaïlandais économique, tendance conservatrice, fondé en 1971 et dirigé par Sutchichai Yoon. Tirage : 50.000 exemplaires. La commune de Chum Tabong, dans la province de Nakhon Sawan, est au cœur de la région séricicole thaïlandaise depuis plusieurs millénaires. Aujourd’hui, le village est également célèbre pour ses produits cosmétiques entièrement naturels à base de protéines de soie et fabriqués avec le soutien du Bureau de développement économique fondé sur la biodiversité (Bedo), un organisme public dont la vocation est de créer des emplois pour les communautés locales, et de promouvoir la gestion durable et la préservation des ressources de la biodiversité. Les produits phares du village – savon, shampooing, après-shampooing et lotion corporelle aux protéines de soie – sont formulés à partir de la “ gomme de soie ”, un sous-produit de la fabrication de la soie que l’on jetait autrefois. Or, ce résidu est riche en séricine et en fibroïne, deux précieuses protéines aux propriétés régénératrices et antibactériennes. Le Bedo a également aidé la communauté à commercialiser ses produits, notamment par le biais de la galerie Fah Sai, un espace de promotion des produits communautaires situé dans 34 | 27 septembre 2014 le complexe du gouvernement thaïlandais à Bangkok, assurant ainsi à de nombreux foyers du village un revenu complémentaire. Les produits de Chum Tabong sont estampillés Promotion de la bio-économie, un label officiel soutenant les produits fabriqués à partir d’ingrédients locaux et selon un procédé écologique. Ce projet communautaire a non seulement permis aux villageois d’accroître leurs revenus, mais a également favorisé une prise de conscience écologique à l’échelon local. Une partie des bénéfices est réinvestie dans des initiatives de préservation de l’environnement et des ressources, telles l’expansion des zones boisées, la création d’espaces verts dans le village proprement dit et diverses actions visant à lutter contre le réchauffement planétaire. Ces activités ont fait de Chum Tabong l’une des communautés rurales modèles de Thaïlande, appliquant le développement durable et écologiquement responsable pour augmenter le niveau de vie des villageois, tout en améliorant la qualité de l’environnement local. Lawrence NEAL Tages Anzeiger est un quotidien germanophone suisse fondé en 1893, dirigé par Dominique Eigenmann. Circulation : 550.000 exemplaires. La sécheresse est la bête noire d’Ararso Wolsene, paysan d’Éthiopie. Elle fait mourir ses cultures et affame sa famille. Certains paysans se voient même contraints de déscolariser leurs enfants. Dans certains cas, la migration est la seule issue. Pour parer à ce type de fléaux, la compagnie suisse CelsiusPro a lancé en 2013 une offre à destination des paysans en leur proposant de les assurer contre la sécheresse. Le principe en est simple : CelsiusPro trace une grille sur la carte du pays et mesure les précipitations à l’aide de satellites météorologiques américains. Le paysan verse à la compagnie l’équivalent de 4 € pour une police d’assurance annuelle, soit la moitié de ce qu’il gagne en un mois. En échange, CelsiusPro s’engage à lui rembourser les dégâts causés par l’absence de pluie. Mais les paysans africains n’ont jamais entendu parler du monde de l’assurance ni de satellites, qui leur sont présentés comme des caméras installées très haut dans le ciel pendant les cours d’initiation – lesquels ont souvent lieu au milieu des champs, à l’ombre des arbres. Les paysans ont d’abord été sceptiques : que se passet-il si les mesures sont erronées ? Combien de temps faut-il attendre avant de toucher © DR © DR sécheresse ENVIRONNEMENT La pluie recyclée Excelsior est un quotidien publié à Mexico depuis 1917. Rédacteur en chef : Pascal Beltrán del Río. © DR l’argent ? Comment se passe l’indemnisation ? Comme la plupart des paysans éthiopiens sont analphabètes, la compagnie ne pouvait pas distribuer de brochures ou de prospectus et a dû imaginer des jeux de rôle à la place. À l’heure actuelle, la vente des polices d’assurance et le versement des indemnisations nous reviennent cher, reconnaît Mark Rüegg, fondateur et directeur général de CelsiusPro. On est obligés de se déplacer dans les villages pour vendre les polices et d’y retourner ensuite pour les indemnisations. L’objectif est donc d’automatiser ce processus, et CelsiusPro collabore pour ce faire avec des compagnies de téléphonie locales. À l’avenir, les souscriptions comme les versements se feront via mobile. Mark Rüegg est un ancien banquier d’affaires responsable du forex chez UBS Londres. Un jour, il s’est fait la réflexion suivante : Si l’on peut s’assurer contre les risques de change, pourquoi pas contre le mauvais temps ? C’est avec cette idée en tête qu’il fonde CelsiusPro en 2008, en ciblant au départ les PME suisses. Et devient numéro un mondial de la prévision des risques météorologiques. En 2012, le ministère de l’Agriculture éthiopien et une ONG japonaise ont planché ensemble sur une solution destinée aux paysans touchés par le manque d’eau. Des périodes de sécheresse récurrentes menaçaient leurs moyens de subsistance – quelque 60 millions de personnes, soit près de 80 % de la population éthiopienne, dépendent de l’agriculture pour vivre. Le ministère de l’Agriculture a donc contacté CelsiusPro. En collaboration avec des assureurs locaux et la compagnie de réassurance Swiss Re, CelsiusPro a imaginé un produit qui permet aux Éthiopiens d’être moins vulnérables face à la sécheresse. Les paysans éthiopiens deviennent progressivement plus réceptifs. À l’heure actuelle, 6000 paysans de 45 villages ont souscrit une police d’assurance. Ararso Wolsene a quant à lui reconduit son contrat pour un an, même s’il a suffisamment plu l’année dernière et qu’il n’a donc pas dû être indemnisé. J’ai gagné en qualité de vie, assure-t-il, parce que je sais que, même s’il ne pleut pas, je suis assuré et que, quoi qu’il arrive, je pourrai nourrir ma famille. Christian ZÜRCHER Nichée au creux d’une vallée située à 2200 m d’altitude, la ville de Mexico lutte chaque jour pour acheminer de l’eau potable à ses résidents. En 2012, on estimait qu’un habitant sur trois n’avait accès à l’eau potable que quelques heures par jour. Et plusieurs milliers de personnes n’y avaient accès que grâce à des camionsciternes la distribuant dans les quartiers périurbains les plus précaires. Grâce à Isla Urbana, un projet mené par Enrique Lomnitz et David Vargas, plus de douze mille personnes faisant partie des communautés isolées de la capitale bénéficient aujourd’hui d’un accès presque gratuit à l’eau. Des milliers de gens manquent d’un bon approvisionnement en eau et, en même temps, elles sont obligées de supporter d’ innombrablees inondations, car c’est ainsi que fonctionne notre ville, explique un membre du groupe Isla Urban. Dans ces conditions, la récolte de la pluie se transforme en réel espoir pour cette immense mégapole, qui veut que son approvisionnement en eau devienne durable. Dans ces régions montagneuses où il n’existe pas de réservoirs de distribution d’eau, les 1700 systèmes de récupération d’eau de pluie installés par le groupe de jeunes entrepreneurs ont changé radicalement les conditions de vie de centaines de familles. La “ récolte ” de l’eau est parvenue à générer 140 millions de litres l’année dernière et promet une production encore bien plus abondante. Le système est composé de toitures spécialement conçues pour diriger l’eau vers des réservoirs. Avec 30 m2 de toits couverts, il est possible d’obtenir 30 mille litres d’eau. Une solution qui peut garantir six mois de disponibilité d’eau pour les usages quotidiens : laver le linge, la vaisselle, faire le ménage et même se doucher. Les projets sont financés conjointement par des bourses, des donations, des apports des institutions et les autorités intéressées par la récupération massive de l’eau de pluie. Le but est d’étendre la présence de ce système dans les régions qui reçoivent un minimum de 500 ml d’eau par an. Georgina OLSON et José CARREÑO www.islaurbana.org VICTOIRE | 35 Des algues comme ressources écologiques © DR Le Politiken est un quotidien danois réputé proche des sociaux-démocrates, fondé en 1884. Son tirage varie entre 110.000 et 143.000 exemplaires. Rédacteur en chef : Tøger Seidenfaden. Les algues et les moules, ressources inexploitées, pourraient être mises en valeur à grande échelle dans les eaux territoriales danoises. Utilisées dans l’alimentation humaine, les algues fournissent également un engrais et une source de combustible. Hjarnø est actuellement le premier producteur danois d’algues marines et, comme le reste du secteur agricole et les chercheurs, cette entreprise prédit que la plantation de forêts d’algues et l’installation de vastes exploitations de mytiliculture dans des champs marins au large de la côte danoise ouvriront un marché très porteur. Trouver de nouvelles ressources À l’heure où la pression démographique ne cesse de s’accroître et les surfaces agricoles de diminuer, les algues et les moules vont tenir une place capitale : Si nous voulons nourrir la population de la planète, nous devrons à l’avenir mieux exploiter nos espaces 36 | 27 septembre 2014 maritimes, explique le professeur Jens Kjerulf Petersen, chef de projet au Centre danois pour les mollusques qui, dans le cadre des recherches de l’Institut national de ressources aquatiques, étudie l’algoculture et la mytiliculture dans le fjord de Lim. Nous manquons de sources de protéines, poursuit-il, et si l’on en croit les études climatiques, nous risquons à plus ou moins long terme de connaître une pénurie alimentaire. Si le Danemark produit actuellement environ un millier de tonnes de moules par an, son algoculture est encore essentiellement en phase expérimentale. Selon le réseau Tangnet qui fédère des chercheurs et des spécialistes des algues, en consacrant à peine 1 % de ses eaux territoriales à la culture d’algues, le pays pourrait générer près de 1,34 milliard d’euros de revenu, sauver 10.000 km2 de forêt vierge brésilienne et réduire de 5 % les émissions de CO2 du Danemark. La production d’algues, qui s’établit actuellement à 21 millions de tonnes par an, se développe à un rythme annuel d’environ 10 % mais, selon les statistiques de la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations), elle est surtout concentrée en Asie. Lars Hvidtfeldt, vice-président du Conseil danois de l’agriculture et de l’alimentation, espère que le Danemark saura prendre le train de l’ économie bleue en marche, car l’ intégration de nos ressources maritimes à une stratégie de gestion durable laisse entrevoir d’excellentes perspectives. Elle nous permettrait par exemple de produire des algues et des moules dans le cadre d’une démarche cradle to cradle (“ du berceau au berceau ”, concept d’ éthique environnementale, NDLR) assurant le recyclage écologique de nos ressources. Les enjeux écologiques Le biologiste marin Henning Mørk Jørgensen, de l’Association danoise de la préservation de la nature, craint cependant que l’exploitation de grands champs marins sur la côte danoise ne débouche sur de nouveaux différends écologiques : Il y a déjà beaucoup d’ intérêts en jeu dans les zones côtières. Le littoral concentre une grande part de notre activité touristique, et il serait certainement moins agréable de voir au large de grandes installations de production, fait-il remarquer, rappelant que les marins et les pêcheurs utilisent également les zones côtières. Cela créerait un énorme conflit. Son association est en revanche plus favorable à l’idée de déplacer les installations au large et d’utiliser les mollusques et les algues comme aliment pour la pisciculture. Dorrit SAIETZ http://oysterecover.cetmar.org/ ENVIRONNEMENT Européa, la ville intelligente © DR Hebdomadaire belge de langue française, supplément du quotidien indépendant et progressiste Le Soir. Créé en 2006, ce magazine lifestyle s’adresse à un lectorat mixte et est dirigé par Anne Boulord. Tirage : 88.000 exemplaires. La smart city représente-t-elle le futur de l’humanité ? La cité de demain présentera en tout cas un visage bien différent de celui que nous connaissons. Elle devra optimiser les dépenses en énergie, produire elle-même une partie de sa consommation énergétique. Elle sera axée sur la mobilité douce, les bâtiments durables (immeubles passifs, zéro énergie ou à énergie positive). Elle exploitera des systèmes d’information et de gestion interconnectés pour produire des biens et des services (eau, électricité…) moins coûteux, plus respectueux de l’environnement, et mieux adaptés. Elle mettra aussi en œuvre une qualité de vie élevée pour les citoyens. En bref, la smart city cumulera une “ économie intelligente ”, une “ mobilité intelligente ”, un “ environnement intelligent ”, des “ habitants intelligents ”, un “ mode de vie intelligent ” et une “ administration intelligente ”. Avec le quartier Européa, Bruxelles s’apprête à accueillir ce nouveau type de développement urbain. Installé sur le site du Heysel, à deux pas du célèbre Atomium, cet ambitieux projet, imaginé par l’architecte Jean-Paul Viguier et l’agence Art & Build, joue la carte du développement durable jusqu’au bout. Logement et bureaux seront ainsi isolés selon le standard passif. Le quartier Européa fera aussi la part belle aux synergies énergétiques et mettra en place une boucle d’échange thermique entre les fonctions résidentielles et commerciales. Un quart des besoins en énergie seront produits localement par une source renouvelable et modulable en temps réel en fonction des consommations. Le projet prévoit par ailleurs la collecte et le recyclage des eaux de pluie et privilégiera les modes de déplacement doux : circuit de navette électrique, lignes de métro, de tram à proximité, 1200 emplacements pour vélos… Européa devrait comprendre 590 logements intergénérationnels, dont 90 logements publics, deux maisons de repos, deux crèches, des bureaux, des espaces verts paysagers sur plus de trois hectares, avec jardins, aires de repos, jeux pour enfant, ainsi que des services de proximité dont deux cents boutiques, trente restaurants, un cinéma multiplex et 15.000 m2 d’activités de loisirs intérieurs. Didier DILLEN www.europea-brussels.com Gastronome des circuits courts SANG HOON DEGEIMBRE LE CHEF DOUBLEMENT ÉTOILÉ À L’AIR DU TEMPS, IL A ASSOCIÉ À SON NOUVEAU RESTAURANT UN JARDIN DE PLUS 2 HECTARES. INFLUENÇANT SA CUISINE, CETTE DÉMARCHE LIÉE AUX CIRCUITS COURTS INDUIT UNE COLLABORATION PLUS FORTE AVEC LES PRODUCTEURS ARTISANAUX DE SA RÉGION. | INTERVIEW RENÉ SÉPUL PRODUCTION MALIKA HAMZA PHOTOS ALEXANDRE BIBAUT Q u’entendez-vous par circuit court ? Il s’agit de supprimer au maximum les intermédiaires entre le producteur et le consommateur. Dans mon cas, c’est plutôt entre ma cuisine et le lieu de production. Cette réflexion, je l’ai intégrée dès la recherche d’un lieu pour l’Air du Temps. À l’ouverture du restaurant à Mehaigne, en 1997, j’ai trouvé certains producteurs, d’autres sont venus me voir. Par exemple, le propriétaire de la Ferme de la Tour est venu manger. Il m’a parlé de son travail et je suis allé le voir. Depuis, on travaille ensemble. C’est la même chose pour les pigeons de la Pigeolière de Waret. Et puis, il y a eu les framboises, les asperges vertes, les noix… Mon travail a accompagné une prise de conscience du monde paysan. Quelle prise de conscience ? Avec le temps, j’ai senti davantage de confiance chez les producteurs artisanaux. Il y a eu aussi le soutien politique et l’intérêt croissant du consommateur. Mais il reste du travail à faire dans la formation et la distribution. Nous ne nous rendons pas assez compte de la richesse de notre terroir. On pourrait imaginer le retour de halles, comme dans les villes françaises, et les chefs devraient approcher les élèves et les étudiants dans les écoles. On n’en est plus au stade où le chef doit aller de ferme en ferme, mais il faut toujours provoquer ces rencontres, ce que nous essayons de faire avec un collectif comme Génération W, dont je suis à l’origine avec Jean-Luc Pigneur et Benoît Cloës. Le résultat est-il encourageant ? Oui, mais au-delà de l’image, il faut développer le fond : qu’est-ce qu’un bon produit ? Qu’est-ce qu’une chose goûteuse ? Qu’est-ce que la qualité ? Comment éduquer les jeunes à avoir cette exigence ? Cela reste vague. Des progrès peuvent être faits dans le secteur viande en apprenant à tuer les bêtes sans les stresser, par exemple. Si vous élevez de splendides bêtes, mais qu’elles sont mal abattues, vous ruinez votre travail. Avoir de bons produits… L’idée de créer votre propre jardin vient-elle de là ? Ce jardin a-t-il changé votre organisation ? Oui, si on joue le jeu jusqu’au bout, le circuit court bouleverse le travail : par exemple, chez moi, le pigeon est un classique que le client s’attend à voir à la carte. Mais je dois faire en fonction des réalités. Si mon éleveur ne peut suivre la demande, que dois-je faire ? Aller voir ailleurs, au risque de mettre en jeu la qualité et la philosophie de mon projet ? Aujourd’hui, si j’ai peu, je mets moins de ce produit dans l’assiette… Il y a quelques années, j’aurais sans doute pallié le manque en allant voir ailleurs. Je m’inspire du vécu du jardin En partie, mais elle doit aussi beaucoup à la passion de Ben Blairvacq, un client devenu un ami. On voulait faire quelque chose ensemble. À l’époque, je trouvais de beaux légumes, mais sans goût. On a créé ce jardin, à Couthuin, où Ben habitait. C’était en 2000, au moment où je commençais à m’intéresser aux recherches d’Hervé This, à l’origine de la cuisine moléculaire. Depuis 2008, l’essentiel de ma cuisine repose sur cette production. Lorsque nous avons pensé déménager, nous avons cherché un lieu capable d’associer ma conception de la cuisine avec un jardin. L’Air du Temps, version Liernu, est né il y a deux ans. Et votre manière de cuisiner ? Aussi, puisque ma cuisine s’inspire désormais du vécu du jardin. Au printemps, je peux avoir une production énorme, à un moment précis, de légumes calibrés comme je les aime. Et comme je ne peux pas tout écouler, je prépare des sauces, des fermentations, des pickles, que j’utilise les mois moins productifs, de décembre à mars. Le jardin entraîne une cuisine plus instinctive et plus créative. Il s’inscrit aussi dans une cuisine de conscience, avec ce que porte l’ambition de faire du bon et du propre. Air du Temps, 2 rue de la Croix Monet, 5310 Liernu, T. 081 81 30 48, www.airdutemps.be Ouvert du mercredi au dimanche de 12 h à 13 h 30 et dès 19 h. VICTOIRE | 39 POUR L’EFFET BULLES VERTES Légumes de saison, jus lacté à l’huile de basilic POUR 4 PERSONNES - DIFFICULTÉ : I PRÉPARATION : 30 MIN - CUISSON : 5 MIN • 1 poivron rouge • 1 oignon blanc • 4 feuilles de blettes rouges • 10 cl de vinaigre blanc • 1 concombre • 10 feuilles de salade radicchio • 2 fleurs d’hémérocalle • 4 fleurs de capucine • 8 pensées • 1 fleur de poireau • 20 fèves des marais • 4 groseilles à maquereau • 100 g de basilic • 150 g d’huile de pépins de raisin • 120 g de beurre de ferme salé • 20 baies de cassis • 8 feuilles et 8 fleurs de tagettes lemoni • 200 g de jus de kimchi blanc • sel • Coupez le poivron et l’oignon en gros dés. Cuisez à l’eau salée 10 min. Égouttez et mixez très finement. Passez au chinois. • Séparez cardes et feuilles des blettes. Blanchissez les feuilles à l’eau bouillante salée, 3 min. Refroidissez à l’eau glacée, roulez-les à l’aide d’un tapis à makis, coupez en fins tronçons. Coupez les cardes en bâtonnets et cuisez-les à l’eau salée et vinaigrée. Conservez dans le jus. • Pelez le concombre et tranchez-le à la mandoline. • Taillez les feuilles de radicchio en gros morceaux. Détachez les pétales d’hémérocalle et coupez-les en deux dans la largeur. • Détachez les pétales des corolles des capucines, conservez. Réservez les fleurs de pensées. • Détachez la fleur de poireau. Blanchissez les fèves 2 min à l’eau bouillante, refroidissez-les à l’eau glacée, enlevez la peau. • Coupez les groseilles à maquereau en deux. • Blanchissez le basilic à l’eau bouillante 3 min et refroidissez à l’eau glacée. Essorez, mixez très finement avec l’huile. Laissez se séparer l’huile et le liquide, prélevez l’huile et réservez au frais. • Réchauffez rapidement les légumes blanchis avec une bonne noix de beurre. • Chauffez le jus de kimchi blanc avec le reste du beurre, rectifiez l’assaisonnement si besoin, mixez pour émulsionner. • Service Disposez une noix de coulis de poivrons dans une assiette creuse ou un bol large, ajoutez les légumes cuits, les feuilles, les fleurs, les baies et les herbes. Dans un bol à part, versez 3 c. à s. d’huile de basilic, versez-y le jus de kimchi émulsionné, chaud et mélangez à la cuillère pour intégrer l’huile. Versez devant le convive dans l’assiette de légumes et de fleurs. 40 | 27 septembre 2014 Lorsque l’on verse le jus lacté dans les assiettes, les gouttes d’huile remontent à la surface : il faut donc verser suffisamment de jus. Cette recette varie en fonction des légumes de saison et peut être adaptée selon vos goûts, le jus étant le lien commun. LE MENU Pigeonneau de Waret, riz Koshi et céleri-rave au foin POUR 4 PERSONNES - DIFFICULTÉ : II PRÉPARATION : 25 MIN - CUISSON : 30 MIN • 1 c. à s. de foin bio • 100 g de céleri-rave • 50 g de beurre de ferme salé • 2 pigeonneaux de 600 g • 50 g de riz Koshi i Kari (riz à sushi) • 1 c. à s. de vinaigre de riz • 2 oignons rouges • 50 g de sucre • 100 g de vinaigre • 2 oignons blancs doux • 6 g de sel fin • 1 clou de girofle • 5 grains de poivre noir • 5 baies de genévrier • 2 fleurs de cosmo • 1 c. à s. de feuilles de cosmo POUR UNE VIANDE TENDRE Lorsque vous préparez le coffre des pigeons, veillez à ne pas abîmer la peau et à bien la tirer afin de recouvrir les filets. Cela protégera la chair lors de la cuisson. • Dans une cocotte, déposez le foin lavé et le morceau entier de céleri-rave épluché. Ajoutez 30 cl d’eau et cuisez à feu doux à couvert, 30 min. Conservez le jus de cuisson. • Coupez le céleri en morceaux puis versez-le, avec 30 g de beurre et un peu de jus de cuisson, dans le bol d’un thermomix ou d’un blender. Mixez finement. Maintenez au chaud. • Débarrassez le pigeonneau de ses pattes et de ses ailerons, et préparez le coffre pour la cuisson en laissant les filets sur l’os. Salez la peau et colorez à la cocotte avec un peu de beurre. Déposez le coffre sur le dos, couvrez et faites colorer 6 min. Retirez du feu et laissez reposer dans la cocotte 20 min à couvert avant la découpe. Levez les filets juste avant de dresser vos assiettes. • Rincez le riz à l’eau froide. Égouttez-le et versez-le dans une petite casserole avec une fois et demi sa quantité en eau. Cuisez à feu doux et à couvert, 15 min. Laissez reposer à couvert, 5-6 min. Au moment de servir, mélangez avec un peu de vinaigre de riz. • Pelez les oignons rouges et coupez-les en deux dans la longueur. Déposez-les dans une petite casserole avec le sucre, le vinaigre et 15 cl d’eau. Donnez un bouillon, retirez du feu et laissez refroidir à couvert. Conservez les oignons dans ce jus. • Pelez les oignons blancs et coupez-les en deux dans la longueur. Déposez-les dans une petite casserole avec 20 cl d’eau, le sel, le clou de girofle, les grains de poivre noir et les baies de genévrier. Donnez un bouillon, retirez du feu et laissez refroidir à couvert. Conservez les oignons dans le jus. Au moment de servir, colorez dans une poêle à sec, avec un peu de sel et à feu moyen à fort. • Montez le jus de cuisson du céleri-rave au beurre. Rectifiez l’assaisonnement en sel. • En assiette Étalez une ligne de riz, déposez un filet de pigeonneau coupé en deux. Ajoutez oignons, mousseline de céleri-rave au foin, pétales et feuilles de cosmo et quelques herbes et fleurs. Saucez devant les convives. VICTOIRE | 41 LE MENU Cerises au café, mousse de chocolat blanc au wasabi, poudre de coco POUR 4 PERSONNES - DIFFICULTÉ : II PRÉPARATION : 30 MIN - CUISSON : 10 MIN • 16 belles cerises • 100 g de café • 25 g de glucose • 50 g de coco râpé • 20 g de sucre en poudre • 1 c. à s. d’oxalis Pour la mousse au chocolat blanc • 100 g de crème • 100 g de lait entier • 1 feuille de gélatine • 2 jaunes d’œufs • 25 g de sucre • 300 g de chocolat blanc • 200 g de crème à 40 % • 10 g de wasabi en pâte Pour la glace au chocolat blanc et wasabi • 200 g de mousse au chocolat blanc • 100 g de lait • 10 g de wasabi en pâte Mousse au chocolat blanc • Chauffez la crème et le lait. Réhydratez la gélatine et ajoutez-la au mélange de crème et de lait chaud. Battez les jaunes d’œufs et le sucre en ruban. Versez le mélange de crème et de lait sur les jaunes d’œufs, mélangez et versez dans une casserole. Cuisez à feu doux en remuant jusqu’à ce que le mélange nappe la cuillère. Versez dans un plat creux et laissez refroidir. • Faites fondre le chocolat blanc au bainmarie. Fouettez la crème aux trois quarts avec le wasabi. Quand le chocolat et la crème anglaise sont à même température (35 ºC), mélangez-les délicatement. Ajoutez la crème montée et laissez refroidir. Versez la mousse dans une poche à douille. Glace au chocolat blanc • Prélevez 200 g de mousse et mélangez-la au lait et au wasabi. Versez le mélange dans une sorbetière. Réservez la glace au congélateur. • Coupez les cerises en deux et retirez le noyau. • Versez le café et le glucose dans une casserole et faites réduire aux deux tiers. Retirez du feu et réservez à température ambiante. • Mélangez le coco râpé et le sucre en poudre. • En assiette Dressez les demi-cerises avec le chocolat blanc en mousse. Ajoutez une goutte de concentré de café dans chaque cerise à la place du noyau. Saupoudrez de coco, déposez un peu d’oxalis. Ajoutez le sorbet juste avant de servir. RÉUSSIR LA CRÈME ANGLAISE Cuisez le mélange à feu très doux sans cesser de remuer à l’aide d’une spatule. Pour vérifier la cuisson de la crème, utilisez une sonde thermomètre et faites atteindre une température de 83 ºC à la préparation. 42 | 27 septembre 2014 COUR DE Fairebel oblige, le lait entier goût chocolaté a aussi un bon goût de lait de ferme. Créé par 550 agriculteurs passionnés, il réussit l'exploit de répondre aux normes de qualité les plus sévères tout en permettant à chaque membre de la coopérative de disposer d'un juste revenu. Mais le plus remarquable, c'est le visage radieux, paille à la bouche, de toutes celles et ceux qui fréquentent les cours de récréation. Il n’y a rien de meilleur pour aider nos agriculteurs. Toutes les infos et la liste des points de vente sur www.fairebel.be Distribué chez : TOUS UNIS CONTRE L A VIE CHÈRE bestiole ARGUMENT MARKETING DE RESTAURANTS GATRONOMIQUES OU SOLUTION ÉCOLOGIQUE À LONG TERME, LES INSECTES ONT DÉSORMAIS UNE PLACE DE CHOIX DANS NOS ASSIETTES | PAR DORRIT SAIETZ Le Politiken est un quotidien danois réputé proche des sociaux-démocrates, fondé en 1884. Son tirage varie entre 110.000 et 143.000 exemplaires. Rédacteur en chef : Tøger Seidenfaden. 44 | 27 septembre 2014 M anger des insectes comestibles est du dernier chic dans les restaurants gastronomiques de New York, Copenhague et Paris. Mais ne faut-il pas les réserver aux habitants des pays en développement lorsqu’ils n’ont plus rien à se mettre sous la dent ? La faculté de sciences de l’université a invité des gens à venir goûter des snacks d’insectes – un projet interdisciplinaire de haute volée, le Nordic Food Lab étant associé au projet. Fondé par deux toques du Noma, meilleur restaurant du monde, René Redzepi et Claus Meyer, le laboratoire est partie prenante © RUNE PEDERSEN Bouilla ALIMENTATION www.fao.org/forestry/edibleinsects/fr Les bienfaits de l’urine de lapin Principal quotidien anglophone kenyan, fondé en 1958. Éditeurs en chef : Joseph Odindo et Charles Onyango-Obbo. Humphrey Wangila, un habitant du village de Mkuyuni, dans le comté de Bungoma, au Kenya, n’est pas un éleveur de lapins comme les autres. Ce père de cinq enfants qui vend de l’urine et du fumier de lapin aux agriculteurs a découvert qu’il pouvait verser quelques gouttes d’urine sur ses cultures pour leur apporter des substances nutritives, en particulier en épandage tardif. Le fumier de lapin est l’un des meilleurs qui soient pour le jardinage bio : il améliore la structure du sol et favorise le cycle de vie des microorganismes bénéfiques qui y vivent. Il est également riche en micronutriments et oligo-éléments (azote, phosphore, potassium, calcium, soufre, manganèse...) et simple d’utilisation. Une lapine et sa progéniture produisent plus d’une tonne de fumier par an. De nombreux cultivateurs de la région ont commencé à lui acheter de l’urine pour optimiser à leur tour leurs résultats. Dans le bâtiment rudimentaire qui abrite ses lapins, Humphrey Wangila a imaginé un système qui lui permet de récupérer le fumier et l’urine qu’il peut vendre jusqu’à 9 € le litre. Devenu un exemple dans ce village réputé pour la culture de la canne à sucre et du maïs, il fait partie des 300 cultivateurs qui ont diversifié leurs activités après avoir agrandi leur exploitation grâce aux connaissances acquises, aux produits agricoles et au crédit. Ce faisant, ils améliorent leur productivité et luttent contre les fléaux que sont l’insécurité alimentaire et la pauvreté rurale. Il s’apprête à porter son cheptel de lapins à cent têtes dans les semaines à venir, © DR de ce projet, dont le but est de considérer les insectes comme une ressource et une source future de protéines, pour les animaux comme pour les humains, et de surmonter nos appréhensions en rendant ces bestioles appétissantes. Sous nos latitudes, les fourmis vivantes qui figurent sur la carte du Noma sont considérées avant tout comme un coup marketing. En d’autres lieux, surtout sous les tropiques, les insectes sont des produits de consommation courante. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) chiffre d’ailleurs à près de deux millions le nombre de personnes qui complètent leur alimentation en mangeant des insectes dans le monde. S’il arrive, dans certains pays, que les habitants se rabattent sur les insectes lorsque les récoltes ont été mauvaises, ils sont en règle générale considérés comme des mets raffinés très prisés et se monnaient à des prix élevés sur les marchés. La plupart des insectes sont récoltés dans la nature, mais quand ils sont élevés de manière industrielle, leur production peut atteindre des proportions considérables. Il existe un million d’espèces d’ insectes diff érentes et, à ce titre, ils représentent plus de la moitié de toutes les espèces animales connues dans le monde. Or, c’est le groupe d’organismes vivants que nous mettons le moins à profit, révèle Jørgen Eilenberg, qui ajoute que les vers à soie et les abeilles constituent des exceptions – la règle étant plutôt de considérer les insectes comme un fléau. Or, à en croire la FAO, les insectes présentent de nombreux bienfaits dont les humains devraient apprendre à tirer avantage : ils ont besoin de moins d’eau et de moins d’espace que les animaux domestiques traditionnels et sont plus efficaces pour transformer les aliments qu’on leur donne en viande. Par ailleurs, les insectes peuvent se nourrir de déchets organiques, de compost et d’effluents d’élevage, et convertir ces déchets en précieuses protéines. motivé par les bénéfices qu’il tire de ses animaux. Qui dit extension des surfaces cultivées dit accroissement de la demande d’urine de lapin, créant ainsi un cercle vertueux dont les autres cultivateurs et lui-même bénéficient – même si tous les cultivateurs qui ont agrandi leurs parcelles n’ont pas encore adopté la recette de fertilisation de leur voisin. Hezbon Itumbo, cultivateur à Teso, se réjouit : Je me suis rendu compte que j’avais un trésor sous mes pieds depuis toutes ces années. La plupart d’entre nous nous plaignons de la pauvreté, alors qu’on a la chance d’avoir une terre fertile, qui était simplement mal exploitée. Le président de l’association Action rurale, Joseph Atsali explique : Le principal défi auquel sont confrontés nos agriculteurs dans les zones rurales est que – alors que des terres sont disponibles – la plupart d’entre eux n’ont pas les moyens d’acheter les produits et finissent par cultiver des petits lopins de terre qui ne suffi sent même pas à assurer leur subsistance. Parmi ces produits, l’engrais, qui coûte près de 90 shillings le kilo (0,80 €), sachant qu’il en faut près de 125 par hectare. Mazera NDURYA VICTOIRE | 45 ALIMENTATION Des poissons pour Verticalement bio nourrir des plantes © DR L’Orient-Le Jour est un quotidien indépendant libanais d’information générale centrée sur l’actualité libanaise et moyen-orientale. Il est dirigé par Najib Aoun, et son tirage papier est de 18.000 exemplaires. Au domicile de Raïf Chabab à Maghdouché, un beau village du Liban du Sud, une famille souriante et affable accueille les visiteurs. Derrière cette façade de famille on ne peut plus normale, il y a la passion peu commune du père pour une technique agricole de pointe : l’aquaponie. Dans le petit jardin derrière la maison, un mur végétal en témoigne : Ma femme me dit souvent que les gens insatisfaits changent le monde, dit d’emblée ce Libanais d’une quarantaine d’années. C’est au Canada que j’ai entendu parler d’hydroponie, la culture des plantes par de l’eau enrichie en matières minérales, puis d’aquaponie, un procédé au cours duquel l’eau est enrichie de déjections de poissons qui servent d’engrais au végétal cultivé. De retour au Liban en 2008, j’ai décidé de me lancer dans cette aventure pour cultiver le petit terrain adjacent à ma maison, explique l’informaticien de formation. Un précieux équilibre Plusieurs mois durant, chaque soir après le travail, Raïf Chabab travaille à l’installation 46 | 27 septembre 2014 de son mur de légumes et de fruits. Il a luimême adapté les réservoirs qui permettent à la technique de se mettre en marche. J’ai opté pour le tilapia, une espèce que j’ai préférée aux truites, car elle s’adapte mieux aux températures de notre pays. Il y a 350 poissons dans ce bac, de 250 g chacun, explique-t-il. Dans un premier réservoir, un filtre sépare les déchets solides des déjections liquides des poissons. L’eau ainsi obtenue, riche en ammoniaque, est acheminée vers un second réservoir. C’est là, dans ce biofiltre, que s’opère une transformation biologique et chimique, poursuit Raïf Chabab. On y ajoute de l’oxygène, qui attire naturellement une des bactéries nécessaires à la transformation. C’est cette eau qui sera ensuite drainée pour irriguer les plantes. Celles-ci, en absorbant par leurs racines cette eau riche en fertilisants, vont la purifier, et la même eau sera réacheminée vers le bac à poissons. Le cercle vertueux est lancé : C’est un écosystème qui est ainsi créé, explique Raïf Chabab. Il faut qu’il y ait continuellement un équilibre entre le nombre de poissons et le nombre de plantes. L’aquaponie présente beaucoup d’avantages pour l’environnement. Comme l’eau circule en circuit fermé et que les seules quantités perdues sont celles absorbées par les plantes ou celles qui s’évaporent, l’aquaponie permet une économie de 90 % d’eau, affirme-t-il. Par ailleurs, cette technologie exclut naturellement toute utilisation de pesticides ou de fertilisants artificiels parce que ceux-ci affectent la qualité de l’eau et mettent les poissons en péril. Raïf Chabab évoque aussi l’économie d’espace puisque cette technique peut être facilement installée à la verticale ou sur les toit. Les produits obtenus sont d’une qualité exceptionnelle, que leur confèrent les fertilisants de poissons, ce qui les rend très résistants aux maladies. Last but not least, on récolte deux sortes de bénéfices : les poissons et les plantes. Sur son mur végétal, Raïf cultive 20 plants de concombres, 280 de haricots verts, 13 de fraises, 28 de laitues. Pour l’instant, je ne les commercialise que dans le village, je n’ai pas les quantités suffisantes pour le faire ailleurs, racontet-il. Mais je peux dire qu’ils ont un succès fou. Je vends tout ce que je récolte à un prix supérieur à celui du marché. L’avenir a un coût L’aquaponie n’a toutefois pas que des avantages. L’investissement initial pour l’installation du système est substantiel, explique Raïf Chabab. J’ai dû débourser pas moins de 4000 $ (3110 €) rien que pour ce mur de 3,5 m de haut et 12 m de large, sans compter les frais résultant des erreurs en cours de route. Et encore, j’ai adapté les réservoirs et le biofiltre moi-même ! Les frais d’alimentation de ces poissons sont également élevés, l’État libanais ne subventionnant que l’élevage des truites. Sans compter l’alimentation en électricité 24 heures sur 24, d’où une facture non négligeable et des difficultés dans un pays où les coupures sont fréquentes. Raïf Chabab ne peut certifier qu’il est le premier ni même le seul à pratiquer ce genre d’agriculture au Liban, mais il espère que cette technique se répandra dans tout le pays. Suzanne BAAKLINI https://www.youtube.com/watch?v=8EZlfisWjyw ALIMENTATION Le Café roulant Les guerrières du légume Quotidien norvégien libéral et conservateur fondé en 1860. Éditeur en chef : Espen Egil Hanse. Circulation : 658.000 exemplaires. © DR 48 | 27 septembre 2014 © DR Au cœur d’Oslo, dans le quartier Grønland, deux jeunes hommes tirent un chariot rempli de limonade, de café et de melons. Lars Petter Berg, (26 ans) et Eilif Salemonsen (27 ans) ont créé un café itinérant, un projet idéaliste dont l’ensemble des bénéfices sont reversés à une œuvre caritative. L’idée de départ était d’imaginer un lieu d’échange dans les quartiers calmes de la ville, y mettre un peu plus d’animation pour faire d’Oslo un lieu encore plus agréable à vivre, confie Lars. Les deux jeunes gens arpentent la ville avec leur chariot, du quartier branché de Frogner à celui de Tøyen, ouvrier et bigarré, et déclarent qu’ils n’ont pas constaté de grandes différences malgré un prétendu clivage entre les quartiers Est et Ouest de la ville : Si les gens sont pressés, ils passent sans s’arrêter, qu’on soit à l’Est ou à l’Ouest. On voit des gens généreux des deux côtés, observe Eilif Salemonsen. Quand nous les rencontrons, ils ont récolté plus de 1700 couronnes depuis le début de la journée, soit près de 200 €. Notre objectif, c’est que les gens prennent le temps de faire un brin de causette. On n’a aucune idée de ce qui marchera ou pas. Aucun de nous deux n’est un commerçant dans l’ âme, mais on aime rencontrer des gens. C’est sympa, enrichissant, amusant. Un sacrifice ? Pas le moins du May Synnøve ROGNE monde, précisent-ils de concert. Victoire est un hebdomadaire belge de langue française, supplément du quotidien indépendant et progressiste Le Soir. Créé en 2006, ce magazine lifestyle s’adresse à un lectorat mixte, avec un tirage de 88.000 exemplaires. Il est dirigé par Anne Boulord. Les modernes amazones du projet Beste groenten madame ! troquent l’arc contre une binette pour réfléchir sur l’alimentation durable, le partage des savoirs et l’émancipation par l’assiette. Lancé début 2012 par l’ASBL Amazone, ce projet pilote accueille des femmes de toutes les cultures, habitant principalement la commune de Saint-Josse-ten-Noode, à Bruxelles. Leur objectif : retrouver des habitudes alimentaires plus saines, apprendre à consommer bon, propre, juste et local, développer et valoriser aussi leurs compétences et savoir-faire en tant que femmes. Le Jardin des Amazones, c’est d’abord un petit potager urbain cultivé de manière collective et des ateliers d’agriculture donnés en collaboration avec deux autres associations. Un accent particulier est mis sur les herbes aromatiques, les légumes oubliés, les produits de saison. Chaque atelier est l’occasion de faire connaissance avec des légumes de toutes sortes, d’apprendre à les cultiver, à les reproduire et à s’en servir en cuisine. La balade gustative se poursuit lors d’ateliers culinaires où les participantes abordent les grandes thématiques de l’assiette durable et de l’alimentation saine, à l’aide de délicieuses recettes d’ici et d’ailleurs. Chaque atelier permet d’aborder une réflexion plus globale sur les impacts de l’alimentation sur l’écologie, la santé et l’économie mondiale. Le tout dans un esprit interculturel d’échange, d’entraide et d’autoorganisation des plus... durables. Didier DILLEN Beste Groenten Madame !, T. 0479 80 48 49, www.facebook.com/ BesteGroentenMadame www.amazone.be CHAQUE SAMEDI, ” HISTOIRE ET CIVILISATIONS” L’HISTOIRE DE L’HUMANITÉ EN 30 LIVRES EXCEPTIONNELS SIGNÉS NATIONAL GEOGRAPHIC Le livre * 9,99€ seulement Le Soir vous propose l’œuvre historique de référence de National Geographic. Une vision globale et structurée de plus de 5000 ans d’Histoire, de l’Antiquité à l’époque contemporaine en 30 magnifiques livres. Toutes les clés pour comprendre, actualisées avec les données les plus récentes. 5000 pages, 4800 photos et illustrations à couper le souffle. Un must dans la bibliothèque familiale. 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J’y vois clair LES BOUTIQUES Les ADRESSES Amator, www.amatorcollection.com Aymara, www.aymara.be COS, www.cosstores.com Gigue, www.gigue.com LNAndes, T. 0495 74 38 40, www.lnandes.com Natan, T. 02 647 10 01, www.natan.be Ben Sherman, www.bensherman.com Umanii, T. 0473 864 732, umanii.com Ross Vandeckerkhove, www.roosvandekerckhove.be VICTOIRE, MAGAZINE DU JOURNAL LE SOIR ÉDITEUR RESPONSABLE PATRICK HURBAIN, 100 RUE ROYALE, 1000 BRUXELLES Administrateur délégué Bernard Marchant Directeur général Didier Hamann Directeur commercial & communication Grégory Vandenschrick Rédacteur en chef du Soir Christophe Berti RÉGIE PUBLICITAIRE ROSSEL ADVERTISING Account Manager Malika Afkir T. 02 225 57 30, [email protected] Assistante commerciale Nadine Haenecour T. 02 225 52 86 Imprimerie Remy Roto à Beauraing RÉDACTION Directrice de la rédaction Anne Boulord Directrice adj. de la rédaction Amandine Maziers Coordinatrice de rédaction Stéphanie Grosjean Product Manager Saouli Quddus Contact rédaction T. 02 225 53 03 [email protected] Conception graphique Willy Cabourdin et Prémédia créatif Journalistes Suzanne Baaklini, Gilles Bechet, Marie Bernier, Simonetta Caratti, José Carreño Figueras, Didier Dillen, Carolyn Fraser, Didier Hamann, Stéphanie Jacob, Melanie D. G. Kaplan, Didas Kisembo, Lawrence Neal, Georgina Oslon, Isabelle Plumhans, May Synnøve Rogne, Dorrit Saietz, Christopher F. Schuetze, René Sépul, Laura Shin, Karin Tzschentke, Katarzyna Zakarasz, Christian Zürcher Correcteur Pierre Michel Rouffiange Photographes Alexandre Bibaut, Charlie De Keersmaecker, Philippe Henon, Lydie Nesvadba, Filip Vanzieleghem Illus Pascal Lemaitre 50 | 27 septembre 2014 Rejoignez-nous sur www.victoiremag.be, notre page Facebook et sur Twitter @MagVictoire LEVIDE VIDE- POCHE POCHE Pierre VERBEEREN Directeur général de Médecins du Monde | PAR FILIP VANZIELEGHEM Le dé renvoie au souhait que les inégalités soient le fruit du hasard plutôt que celui de l’héritage, ça éviterait bien des arrogances. Quant au sablier, c’est le temps qui passe inévitablement, mais dont nous sommes responsables. La responsabilité est une notion qui m’est chère. En tant qu’humanitaires, nous avons la responsabilité de convaincre. Mon “ ordre de mission ”, que je conserve toujours sur moi, me le rappelle. Plus qu’un passe-partout, c’est un élément de négociation. Il ne fait pas pour autant de moi un globe-trotteur, j’aime me retrouver chez moi ou dans ma voiture, deux lieux simples. Je dois aussi être l’une des rares personnes à utiliser encore les mouchoirs en tissus, à l’évocation durable. J’ai d’ailleurs le “ vieux modèle ” de l’iPhone ; le progrès est ambigu, indispensable mais parfois mal maîtrisé. J’ai enfin toujours un petit essai sur moi. Parce qu’on ne réussit jamais vraiment quelque chose, on ne fait qu’essayer. Roulez au feeling Posez les mains sur le volant de la Volvo XC60 et laissez-vous transporter. Ce n’est pas par hasard que la Volvo XC60 est le leader de sa catégorie. Ainsi, son nouveau moteur diesel D4 redéfinit la notion de puissance. 181 cv associés à une consommation si basse, c’est une véritable révolution. Testez-la chez votre distributeur Volvo et découvrez à quel point puissance peut aller de pair avec sobriété. Le nouveau moteur diesel D4 est disponible sur presque toute la gamme. DÉCOUVREZ LE NOUVEAU MOTEUR DIESEL D4 Tout conducteur Volvo qui se respecte donne priorité à la sécurité. Informations environnementales AR 19/03/2004: www.volvocars.be 4,5 L/100 KM - 117 G CO2/KM
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