scènes magazine à la comédie : une femme photo © Christophe Raynaud de Lage ISSN 1016-9415 270 / mars 2015 CHF. 10.-- 7 € EN ROUE LIBRE DE PENELOPE SKINNER MISE EN SCÈNE CLAUDIA STAVISKY TRADUCTION FRANÇAISE DOMINIQUE HOLLIER & SOPHIE MAGNAUD ÉQUIPE ARTISTIQUE DAVID AYALA ÉRIC BERGER VALÉRIE CROUZET PATRICK D’ASSUMÇAO NATHALIE LANNUZEL JULIE-ANNE ROTH AXEL AUST ALEXANDRE DE DARDEL JEAN-LOUIS IMBERT LAURENT LANGLOIS FRANCK THÉVENON LOUISE VIGNAUD PRODUCTION LES CÉLESTINS THÉÂTRE DE LYON AVEC LE SOUTIEN DU DÉPARTEMENT DU RHÔNE THÉÂTRE LE POCHE www.lepoche.ch 022 310 37 59 location Service culturel Migros 9 > 22 MARS 2015 CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / IMAGE LAURENT LANGLOIS LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE) LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD) PARTENAIRES MEDIAS : LEPROGRAMME.CH & NOUVELLES Julie-Anne Roth, comédienne s o m m a i r e 66 cinéma 8 9 10 11 12 18 cine die / raymond scholer cinémas du grütli en mars / christian bernard cinémathèque suisse en mars / raymond scholer journées de soleure / emmanuèle rüegger festival international du film oriental / christian bernard les films du mois /c. bernard, f. dayen, é. gür, s. lachat fribourg : 29ème édition du fiff / valérie vuille opéra 20 20 21 22 24 25 26 27 28 29 30 30 31 31 32 33 entretien : alain perroux / anouck molendijk grand théâtre : michael volle / éric pousaz entretien : ottavio dantone / gabriele bucchi scala : die soldaten / frank fredenrich mémento opéra bâle : otello & médée / éric pousaz entretien : andrea marcon / régine kopp zurich : norma & tristan et isolde / éric pousaz berne : salomé / éric pousaz avignon : don pasquale / françois jestin lyon : idomeneo / françois jestin marseille : les caprices de marianne / françois jestin monte-carlo : guillaume tell / françois jestin nice : peter grimes / françois jestin madrid : roméo et juliette & death in venice / françois jestin 35 prix de lausanne / emmanuèle rüegger salle des fêtes du lignon : l.a. dance project / stéphanie nègre 37 38 39 40 41 42 43 45 46 46 47 48 49 la comédie : le laboureur de bohème / émilien gür la comédie : une femme / jérôme zanetta meyrin : king size marionnettes de genève : loulou / laurence tièche-chavier entretien : julien mages & janine rhapsodie / nancy bruchez le poche : claudia stavinsky & en roue libre / frank langlois théâtre du crève-cœur : assoiffés / rosine schautz saint-gervais : les nuits el warsha / rosine schautz tournée : comment vous racontez la partie / gilles costaz équilibre - nuithonie : suite de la saison / valérie vuille nuithonie : jadis d’emmanuel dorand / valérie vuille entretien : vincent baudrillier / valérie vuille onex : le cercle des illusionnistes / gilles costaz annecy : le capital et son singe & le malade imaginaire 52 53 54 encarts - à genève : festival archipel & voix de fêtes / à plan-les-ouates : week-end musical portrait : madeleine carruzzo / yves allaz portrait : le trio wanderer / yves allaz quatuor de genève : saison 2015 / christian bernard danse 34 34 théâtre 36 36 musique 50 50 270 / mars 2015 55 56 57 58 60 61 62 63 portrait : kantorow père et fils / beata zakes portrait : sakari oramo / pierre jaquet entretien : johannes moser / martine duruz agenda romand / yves allaz festival de lucerne avant pâques / emmanuèle rüegger agenda genevois / martina diaz à évian : anne queffélec / martine duruz entretien : mami hagiwara / pierre-rené serna expositions 64 64 66 67 68 70 72 72 73 73 74 74 75 75 lausanne : paris à nous deux ! / nadia el-beblawi musée de carouge : strawinski / nadia el-beblawi à genève : monique frydman / nadia el-beblawi fondation beyeler : paul gauguin / régine kopp fondation arnaud : réalisme / françoise-hélène brou mémento beaux-arts : france rouen : sienne, aux origines de la renaissance mémento beaux-arts : ailleurs francfort : monet et la naissance de l’impressionnisme mémento beaux-arts : suisse romande lausanne : william eggleston mémento beaux-arts : suisse alémanique winterthur : meinrad schade ailleurs 76 76 77 lyon : les jardins engloutis / christine ramel chronique lyonnaise / frank langlois paris 78 78 79 79 80 83 84 85 86 86 86 87 87 à la comédie-française : les estivants / pierre-rené serna champs-élysées : sub, extremely close, casi casa / s. nègre palais des congrès : giselle / stéphanie nègre opéra : festivités baroques / pierre-rené serna chronique des concerts / david verdier encarts - à la colline : la bête dans la jungle / au vieuxcolombier : la tête des autres / à l’odéon : toujours la tempête / à la comédie-française : le songe d’une nuit d’été sélection musicale de mars / françois lesueur mémento théâtre théâtre de la ville : ma mégère apprivoisée pépinière théâtre : marie tudor mémento expositions muse jacquemart-andré : de giotto à caravage les mémentos 88 88 89 90 91 94 encarts - musicales de compesières / à genève : benjamin grosvenor, mare nostrum & messa da requiem encarts - à beau-site : les renards des surfaces / en tournée : 2h14, Huit femmes & quartier lointain conservatoire de genève : jean-guihen queyras grand théâtre : water stains on the wall spectacles onésiens : bratsch ABONNEZ-VOUS! Découvrez chaque mois dans nos pages : L’actualité culturelle d’ici et d’ailleurs Cinéma Concerts Livres Opéra Critiques Danse Expositions Théâtre Entretien Avant-Premières Mémento Scènes Magazine - Case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. (022) 346.96.43 / de France +41 22 346.96.43 www.scenesmagazine.com / e-mail : [email protected] COMMANDE D’ABONNEMENT scènes magazine Nom Prénom Adresse Code Postal Localité Pays o un abonnement (10 numéros) à 100 SFrs / Europe : 120 Sfrs. / hors Europe : 140 Sfrs. o un abonnement France (10 numéros) à 100 € à partir du N° A renvoyer à SCENES MAGAZINE CP 48 - 1211 GENEVE 4 - Suisse avec le règlement par chèque ou virement sur le CCP Scènes Magazine 12-39372-8 Date Signature EDITO direction Frank Fredenrich, Jean-Michel Olivier, Jérôme Zanetta comité de rédaction Christian Bernard, Serge Bimpage, Françoise-Hélène Brou, Laurent Darbellay, Frank Dayen, Martine Duruz, Frank Fredenrich, Jérôme Zanetta éditeur responsable Frank Fredenrich publicité bimpage-communication Viviane Vuilleumier secrétaire de rédaction Julie Bauer collaborateurs Yves Allaz, Philippe Baltzer, Julie Bauer, Nancy Bruchez, Gabriele Bucchi, Romeo Cini, Sarah Clar-Boson, Gilles Costaz, Martina Diaz, Catherine Graf, Emilien Gür, Bernard Halter, Christophe Imperiali, Pierre Jaquet, François Jestin, Régine Kopp, Serge Lachat, Frank Langlois, David Leroy, François Lesueur, Anouk Molendijk, Paola Mori, Michel Perret, Eric Pousaz, Stéphanie Nègre, Christine Pictet, Christine Ramel, Serene Regard, Christophe Rime, Julien Roche, Emmanuèle Rüegger, Maya Schautz, Rosine Schautz, Raymond Scholer, Pierre-René Serna, Bertrand Tappolet, Laurence Tièche Chavier, David Verdier, Valérie Vuille, Christian Wasselin, Beata Zakes, François Zanetta maquette : Viviane Vuilleumier imprimé sur les presses de PETRUZZI - Città di Castello, Italie Welcome Jonathan Nott ! L e déroulement des conférences de presse obéit le plus souvent à un rituel à peu près immuable que ne renieraient pas les officiants des cultes les plus divers. C'est en particulier le cas si l'on songe à celles organisées à l'occasion d'une nomination, et plus spécifiquement lors de l'intronisation d'un chef d'orchestre. Certes, il faudrait être mauvais esprit pour imaginer une séquence quelque peu improbable au cours de laquelle on affirmerait qu'un nouveau directeur musical a été choisi « sans le soutien des membres de l'orchestre, d'autant qu'on attend de lui qu'il mate une bande de musiciens irrespectueux et capricieux » à l'instar de ceux jadis dépeints dans l'inénarrable – mais crédible ? - Prova d'orchestra de Federico Fellini. Il serait en outre tout aussi douteux d'entendre dire, que de toute façon « vu le budget à disposition, on ne va pas commencer à se plaindre si quelqu'un accepte des conditions draconiennes ». Et qui plus est, le candidat a accepté « de ne jamais proposer de diriger des œuvres de musique contemporaine ou des créations, histoire de préserver la fidélité du public ». Rassurons donc les nombreux mélomanes de Romandie, cette vision cauchemardesque ne risque pas de se produire dans nos contrées. Un nouveau chef a été choisi pour prendre la direction de l'Orchestre de la Suisse romande dès la saison 2016-2017 et cela s'est fait avec l'assentiment des musiciens, puisque cela semble être désormais la règle, suivant ainsi l'exemple donné notamment depuis des années par le Philharmonique de Berlin. De plus, hommage a été rendu comme il se doit au père fondateur Ernest Ansermet et promesse a été faite de continuer à défendre la musique française, cette carte de visite du « Romand » , sans pour autant négliger les autres répertoires. Naturellement un attention toute particulière sera portée au renouvellement du public et à la recherche de ce jeune public que l'on veut séduire. Mais il est un moment incontournable lors de ce genre de rendez-vous, c'est l'instant où sera posée la question que tout le monde attend avec impatience : « Et la musique contemporaine ? » Destinée en l'occurrence à l'ancien directeur musical de l'Ensemble Intercontemporain à Paris, cette interrogation ne pouvait qu'entraîner une réponse évidente. FF/SCENES MAGAZINE scènes magazine case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. (022) 346 96 43 de France 00-41-22 346 96 43 www.scenesmagazine.com e-mail : [email protected] c i n é le cinéma au jour le jour Cine Die Bilan de 2014 6 Au moment où je m’apprête à faire le bilan de mes 530 films de 2014, tous festivals, salles d’ici et d’ailleurs et home cinema confondus, trois déficients mentaux, fascistes et coincés, obnubilés par une foi dévoyée, viennent d’affirmer leur pitoyable droit à l’existence (médiatique) en ôtant celle de 17 innocents. S’ils avaient occupé les vides de leurs journées avec des films au lieu de mémoriser (car ils étaient trop incultes pour lire) un diktat pseudo-religieux, tout le monde serait peut-être encore en vie. S’il fallait choisir le meilleur film de l’année supérieur à tous les autres, j’opterais pour 1. Mr.Turner de Mike Leigh, qui, tout en étant le contraire d’un biopic (qui coche docilement, quoique subjectivement, les étapes significatives dans la vie de son sujet), arrive à recréer ex nihilo, simplement par la magie du cinéma, l’essence même de cette vie, avec tout ce que cela implique de sensations complexes pour l’œil et l’oreille. Avec l’alchimie que Leigh et son interprète Timothy Spall ont fait surgir sur l’écran, on se croit transporté dans le 19e siècle, quand les gens ne parlaient pas la pauvre langue martyrisée qu’est l’anglais actuel, mais un idiome d’une richesse insoupçonnée. Oubliez les deux biopics sur Yves Saint Laurent, qui de Jalil Lespert, qui de Bertrand Bonello, et dégustez le chef-d’œuvre de Leigh sur Blu-ray (l’image somptueuse l’exige !), si vous l’avez manqué en salle. Passons en revue la suite (par ordre alphabétique) : 2. Fury de David Ayer, qui nous enferme dans un char américain, pendant les derniers mois de la Deuxième Guerre mondiale, dans l’Allemagne du Volkssturm et des enfants soldats. Le film n’a guère suscité d’émoi dans une critique romande endormie comme à l’accoutumée. Pourtant, le film de guerre en tant que genre ne sera plus le même après Fury. L’équipage du char se connaît par cœur : il a survécu à tant de combats qu’il peut réagir comme une entité organique au quart de tour et se rattraper en un rien de temps, même après un coup dur comme la mort violente d’un membre. Mais la guerre transforme les combattants en barbares, comme le montre la scène où Brad Pitt abat sauvagement un prisonnier pour donner une leçon de savoir-faire à la nouvelle recrue. Et lorsque ces hommes s’invitent dans une maison habitée par une mère et sa fille, on Timothy Spall dans «Mr. Turner» a m a est pendant un quart d’heure sur le fil du rasoir. La tension ne se relâche pas dans cette scène qui pourrait déboucher sur le viol le plus sauvage et où tout se joue dans une joute de sous-entendus entre le chef (Brad Pitt) et ses hommes, entre l’envie d’un retour momentané à la civilisation et l’assouvissement de besoins refoulés depuis belle lurette. Lorsque l’équipage, isolé dans un char immobilisé, décide d’en découdre dans un ultime sursaut guerrier avec une compagnie de SS, ce n’est pas par esprit de sacrifice ou d’héroïsme déplacé, mais parce qu’ils savent que dans la société civile, il n’y a plus de place pour eux : c’est bien d’un suicide collectif qu’il s’agit. 3. The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson brille par la profusion des idées comiques et la mise en scène d’une Zentraleuropa touchante de pacotille, avec des manières bien sûr disparues, mais toujours profondément regrettées. 4. The Hobbit : the Battle of the five Armies où Peter Jackson retrouve une verve qui lui a fait défaut depuis le dernier volet du Lord of the Rings : The Return of the King (2003). Quand bien même le film se compose presque exclusivement de scènes de combats, duels ou batailles rangées, il n’y a rien à dégraisser. Tout s’agence avec un sentiment d’urgence, comme si l’avenir du monde en dépendait. La séquence de la mort du dragon constitue un sommet de la magie numérique qui vaut à lui seul le déplacement. Mais l’émotion véritable ne naît, comme toujours, qu’à la fin de l’aventure, lorsque des personnages appréciés sont blessés à mort ou que les compagnons se séparent pour longtemps, car chez Tolkien, on jongle avec des siècles à la place d’années. Grand amateur de cinéma populaire hors normes, j’aurais tout aussi bien pu mettre à cette place Godzilla de Gareth Edwards, qui ne se gêne pas de considérer l’humanité entière comme portion congrue et impuissante à contrer le cours des choses qui secouent la planète. Godzilla, dont la naissance se perd dans la nuit des temps, semble être l’émissaire de la Terre mère Gaïa pour liquider les monstres qui l’incommodent, en l’occurrence deux MUTO ("massive unidentified terrestrial organism": la femelle gravide est deux fois plus grosse que le mâle, qui, lui, est capable de voler!) de la taille d’un gratte-ciel qui se nourrissent de radiations nucléaires ! Tous les films précédents de notre saurien favori peuvent tranquillement aller se coucher. La démesure règne en maître et le vertige philosophique (pas pseudo-philosophique comme chez Terrence Malick) est de rigueur. 5. Interstellar de Christopher Nolan ose imbriquer de façon sérieuse des notions avancées de physique comme trou noir, trou de ver, effet relativiste ou univers parallèle dans un scénario de science-fiction à ressorts écologiques (rien de moins que la fin de l’humanité par l’ensablement et Shia LaBeouf, Logan Lerman, Brad Pitt, Michael Pena, Jon Bernthal dans «Fury» c t u a l i t é c i n é m a la famine et l’obligation concomitante de trouver parmi les étoiles un nouvel espace vital) magnifié par des images impressionnantes qui rappellent le vertige dans lequel nous avait précipités jadis 2001, A Space Odyssey de Stanley Kubrick (1968). Le seul bémol est le résultat de la plongée du héros dans le trou noir : comment peut-il se retrouver dans le passé et, qui plus est, derrière la bibliothèque de sa fille, à laquelle il donne alors les messages en morse que celle-ci avait cru reconnaître au début du film ? Obnubilé par les retrouvailles qu’il fallait organiser, pour satisfaire les âmes sensibles, entre l’astronaute parti depuis des décennies et sa fille restée sur Terre, les scénaristes ont lancé le bouchon un peu trop loin. Il est pourtant temps que la science fiction se déleste de la sempiternelle succession de superhéros et donne lieu à de vraies interrogations philosophiques. L’année passée, Ender’s Game de Gavin Hood et Gravity d’Alfonso Cuaron avaient montré le chemin. Il est à souhaiter que le film de Nolan rencontre le public afin que SF et infantilisme cessent d’être synonymes. 6. Kreuzweg de Dietrich Brüggemann (voir CINE DIE du numéro d’avril 2014). 7. Leviathan de Andréi Zvyaguintsev. Ce film, curieusement produit sous l’égide du Ministère de la Culture de Russie, livre le portrait le plus acerbe (qui nous soit parvenu à ce jour) de la mafia politique du pays, en collusion avec le clergé orthodoxe pour la mise en coupe réglée de la société. Il évoque, chemin faisant, les réalités de la Nouvelle Russie avec un souci documentaire d’autant plus admirable que la métaphore affleure constamment. De film en film, Zviaguintsev s’affirme comme un des plus grands cinéastes mondiaux. 8. Plemya/La Tribu de Miroslav Slaboshpytskiy, un premier long métrage proprement hallucinant (voir CINE DIE du numéro d’octobre 2014). 9. P’tit Quin-Quin de Bruno Dumont (voir CINE DIE du numéro de juillet-août 2014). 10. Twelve Years a Slave de Steve McQueen d’après l’autobiographie de Solomon Northup (1853) : à l’heure des cérémonies de mémoire sur la libération d’Auschwitz, on peut tirer des parallèles avec ce qu’ont subi des esclaves noirs livrés à l’arbitraire de leurs maîtres planteurs. Lorsque la favorite du planteur Epps est obligée de quémander du savon dans un domaine voisin pour pouvoir se laver, chose pour laquelle elle sera cruellement punie, ou que Solomon, pour communiquer sa détresse d’homme libre fait esclave, est obligé d’improviser instrument scripteur et encre avec bâtonnet et jus de baies pour rédiger le message, on se souvient des récits des Juifs des camps. Ces titres-là seraient talonnés par : 11. Boyhood de Richard Linklater (voir CINE DIE du numéro davril 2014) 12. Calvary de John Michael McDonagh (voir CINE DIE du numéro de mai 2014) 13. The Homesman de Tommy Lee Jones, un western original qui aborde un sujet guère évoqué jusqu’à maintenant : la folie à laquelle sont sujettes les épouses de pionniers qui n’arrivent pas à gérer les privations d’une existence pauvre et rude. Imaginez perdre trois enfants suite à une épidémie et vous comprendrez. Alors, que faire de telles âmes en détresse ? Une cultivatrice, cultivée et célibataire à force de décider à la place et pour les hommes, est prête à convoyer trois de ces femmes depuis le Nebraska vers une institution en Iowa, mais la route est longue et semée d’embûches. Elle engage un homme rustre et asocial comme garde du corps, dont le seul souci est le salaire qu’elle lui promet. 14. Maps to the stars de David Cronenberg, une charge sans concessions contre l’idolâtrie de la célébrité et les mesquineries systémiques du microcosme hollywoodien. Le personnage incarné par Julianne Moore, voyant sa carrière chanceler, pousse des cris de rage magnifique ; le jeune ado pourri qui est star à 13 ans et voue une haine tenace à un gamin qui risque de lui voler la vedette, fait froid dans le dos ; et tout ce beau monde se shoote ou est en cure de désintox : c’est peut-être un tantinet exagéré ou simpliste, mais les acteurs en font un spectacle mesmérisant. 15. Le vent se lève de Hayao Miyazaki, qui signe là son film testament, dans lequel il est évidemment question d’avions. En fait, le film raconte les vicissitudes de la vie privée (d’un romantisme échevelé, mais inventées) et professionnelle (d’une élégance folle, et vraies) de Jiro Horikoshi, l’inventeur du plus maniable avion de chasse de la Deuxième guerre mondiale, le Mitsubishi A6M Zero, connu pour l’attaque de Pearl Harbour et les opérations kamikaze. Point d’orgue : le cataclysme de 1923 avec Tokyo en flammes. C’est accessoirement le meilleur film d’animation de l’année. Le meilleur film documentaire fut National Gallery de Frederick Wiseman. Quant au cinéma suisse, c’est encore une fois les Alémaniques qui remportent ma voix avec Der Goalie bin Ig de Sabine Boss. Au mois prochain Raymond Scholer Richard Armitage dans «The Hobbit : the Battle of the five Armies» a c t u a Jessica Chastain dans «Interstellar» l i t é 7 c i n é m a cinémas du grütli Diego Lerman, la Semaine des nominés La sortie d’une perle venue d’Argentine, Refugiado de Diego Lerman et la Semaine des nominés concourant pour les Prix du cinéma Suisse seront deux moments forts en mars. Refugiado 8 Sa première sortie à la Quinzaine des réalisateurs en mai dernier fut très remarquée. Refugiado, 4ème film du cinéaste argentin Diego Lerman, 38 ans, est à la fois un roadmovie domestique doublé d’un thriller, et un formidable documentaire sur les conséquences de la violence conjugale. Mais là où il apparaît exceptionnel de justesse, c’est dans sa façon de traduire le point de vue des enfants pris dans le maelstrom qui les emporte. Dès l’ouverture du film, Lerman nous alerte : le film jouera sur les points de vue. Dans la cour de récréation d’une école, Matias, 8 ans, physique d’angelot poupin, observe le jeu de ses camarades. Comme il s’amuse à porter des lunettes de natation (!), ce qu’il voit, et nous avec lui, est un peu déformé, un peu fantastique. Mais la réalité s’impose rapidement. Sa mère n’est pas venue le chercher, et la maîtresse, dont le dévouement et la difficulté du métier sont dits en un plan, le raccompagne en voiture. Dans l’appartement, la mère de Matias, Laura, est au sol entourée de verre brisé. Ambulance, hôpital, photographie de ses échymoses, échographie. Le bébé qu’elle porte va bien. Pour Laura accompagnée de Matias qui observe tout, le premier refuge sera un Centre d’accueil pour femmes battues. Première solidarité manifestée par les femmes ayant elles aussi subi des violences (et apparaissant dans leur propre rôle). Difficilement, Laura raconte : son mari, Fabian, jaloux, l’a menacée d’un couteau et l’a frappée au ventre. Fabian ayant réus- a si à les localiser, ils doivent quitter le foyer. Leur fuite éperdue, Fabian les poursuivant, les mènera d’hôtel en hôtel jusqu’au cabanon habité par la mère de Laura, ultime refuge que l’on devine lui aussi provisoire. Le film maintient avec une grande maîtrise une tension née de la menace que représente l’homme que l’on ne voit jamais (sauf furtivement de dos lorsqu’il rejoint l’appartement que viennent de quitter Laura et Matias venus chercher des jouets, dans une scène au suspense Matias et Laura dans «Refugiado» © Trigon Film impeccablemnent construit). Mais la tension naît aussi du décalage entre la façon dont Laura et Matias (que son père n’a jamais battu) perçoivent chacun la menace. Ainsi dans cette même scène, Laura, qui sait que Fabian est en train de monter, est au bord de la panique, alors que Matias ne veut plus repartir ayant retrouvé son lieu et ses jouets. Le film excelle à montrer comment la violence s’insinue et contamine les sentiments, mais aussi comment elle peut être combattue par la solidarité, l’amour et la grâce de l’enfance. Dans ce bel hommage à la force des femmes et à leur solidarité, si on admire le portrait de Laura en Mère Courage à la fois forte et fragile, on admire plus encore celui de Matias c t u a et de la petite fille rencontrée dans le centre d’accueil : tout est dit de la faculté des enfants à guérir (instinctivement) de leurs traumatismes en les rejouant comme une histoire fantastique. La place faite à l’univers de l’enfance tire d’ailleurs le film du côté du conte lui donnant un peu l’aspect d’un remake de La Nuit du chasseur. Si l’on ajoute que Lerman sait garder la juste distance, refuse de dramatiser outre mesure (absence notable de toute musique dramatisante), évite tout misérabilisme tout en manifestant une empathie dépourvue de pathos à l’égard de ses personnages (remarquablement interprétés), on espère avoir convaincu le lecteur de courir voir Refugiado. La Semaine des nominés En janvier à Soleure ont été nominés les films concourant pour les Prix du cinéma Suisse 2015, la cérémonie de remise des Prix ayant lieu le 13 mars 2015 à Genève dans le Bâtiment des Forces Motrices. Du 9 au 15 mars, seront projetés aux Cinémas du Grütli tous les longs-métrages nominés dans toutes les catégories, complétés par deux programmes de courts- métrages. L’occasion de voir, dans la catégorie «Meilleur film de fiction» : Bouboule de Bruno Deville ; Chrieg de Simon Jaquemet ; Der Kreis de Stefan Haupt ; Dora oder die sexuellen Neurosen unserer Eltern de Stina Werenfels ; Pause de Mathieu Urfer. Dans la catégorie « Meilleur documentaire » : Electroboy de Marcel Gisler ; Iraqi Odyssey de Samir ; Tableau noir d’Yves Yersin ; Thuletuvalu de Matthias von Gunten ; Yalom’s Cure de Sabine Gisiger. Dans la catégorie « Meilleur court métrage » : Discipline de Christophe M. Saber ; En août de Jenna Hasse ; La Petite leçon de cinéma: le documentaire de Jean-Stéphane Bron ; Petit homme de Jean-Guillaume Sonnier et Tišina Mujo, contribution au film collectif Les Ponts de Sarajevo réalisée par Ursula Meier. Christian Bernard Plus d’informations sur : www.cinemas-du-grutli.ch/ l i t é c i n é m a Homme (Christoph Schaub, 2006), Mein Name ist Eugen (Michael Steiner, 2005), Das Schweigen der Männer (Clemens Klopfenstein, 1997) et surtout Dällebach Kari (1970) de Kurt Früh. On fête cette année le centenaire de la naissance de Früh : une rétrospective globale de son œuvre serait la bienvenue. mars à la Cinémathèque suisse ennuyés à mourir avec Dans Paris (2006), un fac-similé dans le style de la Nouvelle Vague Vaseuse sur des frères déprimés, s’est attaqué à un sujet de taille, les Métamorphoses d’Ovide. Une lycéenne se fait aborder par un garçon très beau, mais très étrange. Un dieu tombé amoureux de la jeune mortelle ? À explorer le 31 mars ! «Adieu au langage» de J.L. Godard Godard et Honoré La mage de Rolle, Jean-Luc Godard, voit sur le tard les récompenses pleuvoir sur son chef. Après le prix du Jury à Cannes pour Adieu au Langage, ce dernier (on peut rêver) opus (en 3D, Messieurs Dames !) a été plébiscité meilleur film par la « National Society of Film Critics » des Etats-Unis. Beaucoup de « spécialistes » de par le monde le classent parmi les top 5 dans leur bilan annuel (cf. numéro de janvier de la revue britannique Sight & Sound). Pour J. Hoberman, le film est tellement fort qu’il pourrait occuper les 5 premières places (sic). Grégory Valens de Positif (numéro juillet-août 2014) estime toutefois qu’il n’y a rien là de novateur ou surprenant : « L’idée de composer les dialogues d’un collage de citations littéraires ? C’est sa méthode depuis plus de vingt ans. Les interférences sonores, chevauchements de dialogues, au service d’une restitution fidèle de l’expérience auditive de la vraie vie ? Il les pratique depuis Tous les garçons s’appellent Patrick (1957). Adieu au Langage est un foutage de gueule XXL, une arnaque, le pied de nez ultime, après sa consternante installation à Beaubourg, d’un gourou sachant qu’auprès de ses adorateurs, l’élucubration passera pour un coup de génie. » (loc. cit.) La Cinémathèque a décidé de montrer le film 19 fois au mois de mars, sans doute pour pallier l’absence de sortie commerciale, mais aussi pour justifier l’installation passagère d’un dispositif 3D dans la salle du Cinématographe. Christophe Honoré, qui avait choqué le landerneau de la critique parisienne avec sa dérangeante et sublime adaptation de Bataille, Ma Mère (2004), et qui nous avait ensuite a c t u Pour une histoire permanente du cinéma : 1966 (suite) Deux indispensables : Seconds de John Frankenheimer, où le héros signe un pacte faustien avec une mystérieuse entreprise qui lui offre, moyennant un testament signé et grâce à la chirurgie esthétique, une nouvelle identité, une nouvelle vie. Car un cadavre à sa ressemblance sera trouvé dans un accident. The Chase d’Arthur Penn, où le masochisme de Marlon Brando atteint le paroxysme lorsque, shérif d’une petite ville texane, il se fait longuement tabasser jusqu’au sang par quelques concitoyens fortement avinés qui lui reprochent de ne pas les laisser lyncher un évadé du pénitencier (Robert Redford tout jeune et fringant), qui est venu revoir sa femme (Jane Fonda) que tous les mâles du bled convoitent. Pier Paolo Pasolini Les 14 longs métrages réalisés en 15 ans par le poète assassiné seront montrés ce mois, qui plus est, à deux exceptions près, en 35 mm. Chaque œuvre est fascinante, car chacune est en prise sur son époque et en même temps profondément pasolinienne. Par cet adjectif , il faut comprendre « ce mélange de réalisme et de mythologie imaginaire, de sculpture moderne et de fausse préhistoire, toute cette féerie sousprolétarienne, ce bric-à-brac de tiers monde, cet exotisme hétéroclite et superlatif, ce style d’Eisenstein marocain ou de Fellini de banlieue ouvrière » (Dominique Noguez) qui donne lieu à une combinaison singulière d’amateurisme et de maniérisme : « ces terrains vagues et ces dunes à perte de vue, ces accoutrements Pasolini dans «I Racconti di Canterbury» Trésor des Archives Roland Cosandey présente le 10 mars Finnland im Kampf qui fut tourné sur le terrain entre mi-février et début mars 1940 par les Suisses E.O. Stauffer et Charles Zbinden et décrit la Guerre d’Hiver qui vit la Finlande résister à l’URSS entre le 30 novembre 1939 et le 12 mars 1940. Montré en 1941 au Metropol à Berne, le film n’a guère été revu depuis. Trans-Sarine-Express baroques et ces jeunes blondinets folâtrant, ces trognes tannées de figurants, ces chairs féminines lourdement étalées, voilà qui ne convainc pas toujours, et ne saurait satisfaire les tenants d’un art de générosité et d’harmonie, auquel pourtant il n’a cessé d’aspirer » (Claude Beylie). Pasolini a été le seul cinéaste à confier un rôle quasi muet à Maria Callas (Medea, 1971) : c’est tout dire. Raymond Scholer Sous cette désignation se cachent quelques petits bijoux d’un cinéma alémanique quelque peu délaissé par l’institution, notamment Die Herbstzeitlosen (Bettina Oberli, 2006), Jeune a l i t é 9 c i n é m a les journées de soleure fêtent leur 50e anniversaire Le cinéma suisse Le festival du cinéma suisse s’est déroulé dans une ambiance très nationale du 22 au 29 janvier 2015 : sur les écrans, les plateaux, dans les ruelles de la belle vieille ville, on parlait français, italien ou dialectes alémaniques. Le prix d’honneur est allé aux romands Francine Pickel et Vincent Adatte cofondateurs de la Lanterne magique (des clubs de cinéma pour enfants). 10 La table ronde des critiques français et allemands ont analysé quatre œuvres de débutants que nous avons également vues. Herbert Spaich du Südwestrundfunk a dit tout le bien qu’il pensait de Pause, un film du Vaudois Mathieu Urfer. Il s’agit d’une pause dans une relation amoureuse. Spaich n’a pas peur d’évoquer Truffaut, alors qu’Andreas Kilb, de la Frankfurt Allgemeine Zeitung, trouve le film superficiel. Les qualités de l’ouvrage sont par contre bien là : bon agencement, bons dialogues, bons acteurs. Baptiste Gilliéron, Julia Faure et André Wilms sont convaincants, surtout le dernier qui interprète un vieux musicien alcoolique qui donne de (mauvais) conseils au jeune amoureux. Le deuxième film analysé, Padrone e sotto, est très attachant. Il s’agit d’un film documentai- «Spartiates» de Nicolas Wadimoff «Pause» de Mathieu Urfer re, travail de fin d’études de Michele Cirigliano, un élève de la Haute Ecole des Arts de Zurich. Enfant, ce secundo allait en vacances chez ses grands-parents dans un village perdu du sud de l’Italie. Il était fasciné par le jeu auquel s’adonnaient les hommes dans le bistrot, centre de la vie du village. L’enjeu en est un verre de bière que peut boire le « Padrone ». Au début, le film de Cirigliano qui retourne adulte dans ce village est pittoresque puis il devient une véritable étude a sorti de prison, il rencontre la mère de la victime. Pour Herbert Spaich, la psychologie différenciée des personnages est très bonne. Charlotte Garson (France culture) évoque le Fils, des frères Dardenne et loue la direction d’acteur de Patwa. Nommons-les car leur prestation est remarquable : Max Hubacher et Sabine Timoteo. Enfin, Sandrine Marques (le Monde), enthousiaste, ne tarissait pas d’éloges pour Der Meister und Max de Marcel Derek Ramsay. Il s’agit d’un film très particulier, un collage des sociale. Les quatre critiques de la table ronde sont unanimes : c’est un très bon film. La discussion continue sur l’efficacité des films documentaires suisses qui sont un modèle pour tous les reporters. Driften, le troisième film qui a fait l’objet de la discussion, est une fiction de Karim Patwa sur l’addiction à la vitesse d’un jeune homme qui est bouleversé après avoir tué une petite fille lors d’une course de voiture. Quatre ans plus tard, c t u a œuvres du réalisateur suisse underground Clemens Klopfenstein. Ramsay raconte une histoire nouvelle en ordonnant ces extraits comme il l’entend. C’est possible aussi parce que Klopfenstein dirigeait toujours les mêmes acteurs. Marques loue le travail de montage et la photographie de toute beauté. Pour elle, cette œuvre est de la poésie pure. Andreas Kilb émet une réserve : le spectateur ne peut pas tout comprendre. Mais il concède que ce film est une bonne introduction à l’œuvre de Klopfenstein. Pour Charlotte Gerson, c’est un film ivre, pour Herbert Spaich quelque chose de tout nouveau et de fascinant. La table ronde s’est terminée sur ce concert de louanges. Notons pour finir que le film qui a obtenu le Prix de Soleure est l’œuvre d’un Genevois, Nicolas Wadimoff. Spartiates raconte l’histoire d’un jeune maître d’arts martiaux, Yvan Sorel, qui a fondé une école pour les enfants d’un quartier défavorisé de Marseille. Ce film documentaire a emporté l’adhésion du jury formé de Dominique de Rivaz, Melinda Nadj Abonji et Moritz Leuenberger. Il sortira en avril 2015 sur les écrans de Suisse romande. Emmanuèle Rüegger l i t é c i n é m a Cinéma Chkoupi de Bahia Allouache (Algérie, 2014), une comédie racontant comment le scénario d’un film d'intervention politique sur l’hospitalisation en France du Président se trouve transformé en une histoire farfelue, ainsi que le très recommandable Mon Fils / Dancing Arabs d’Eran Riklis (Israël, 2014) (voir critique dans ce numéro dans Les films du mois). maison des arts du grütli Festival International du Film Oriental Le FIFOG, Festival International du Film Oriental de Genève, se déroule du 20 au 29 mars au Grütli, mais aussi à Versoix, Lausanne et en France voisine. Pour fêter son 10ème anniversaire, il a choisi de célébrer l’Amour, thématique très présente dans le cinéma oriental. Mais la centaine de films présentés, tous genres et formats confondus, offre une vue très complète de la diversité des questions abordées par les cinématographies de plus de 10 pays. Les différentes sections de la programmation concoctée par Tahar Houchi, le directeur artistique, et son équipe, témoignent à elles seu- le FIFOG se veut espace de dialogue interculturel et d’exercice de la citoyenneté. Il propose ainsi, en plus des projections, des débats, des «L’Oranais» de Lyes Salem les de cette diversité : «L’Orient dans tous ses états», «Regards de femmes», «Regards croisés: Suisse-Orient», «Migration et intégration», «Voix d’Amérique». La principale section «L’Orient dans tous ses états» offre une large sélection de films venus d’Algérie, du Maroc, de Tunisie, d’Egypte, d’Irak, d’Iran, du Liban, de Turquie, mais aussi de France et de Suisse. Un jury international attribuera un FIFOG d’or et un FIFOG d’argent dans chaque catégorie (longs-métrages, documentaires, courts-métrages). Placé sous le haut patronage de l’UNESCO et présidé cette année par le grand poète Adonis, a c t u colloques, des conférences, où sont débattues aussi bien les questions locales (immigration, intégration des étrangers) que planétaires (droits de l'homme, défis environnementaux, échanges Nord-Sud). Des expositions, des programmes scolaires et divers ateliers de formations contribuent également à ce dialogue. Dans la riche section des documentaires, on retient Les Gracieuses de Fatima Sissani (France, 2014), qui voit six jeunes femmes, la trentaine, nées dans le même immeuble d’une cité de la banlieue parisienne, inséparables depuis l’enfance, raconter leur amitié presque amoureuse et questionner identité, rapports de classe, relégation sociale… , deux films de la réalisatrice tunisienne Nadi El Fani Laïcité Inch’Allah (France-Tunisie, 2010) ou la Tunise sous Ben Ali, quelques mois avant que la révolution éclate, et Même pas mal (Tunisie, 2012) ou le double combat de Nadia El Fani contre les islamistes et contre son cancer, This Is my Land de Tamara Erde (France, 2014) qui explore la question fondamentale de la façon dont l’histoire nationale est enseignée en Israël et en Palestine, en suivant plusieurs professeurs israéliens et palestiniens pendant une année scolaire, Make Hummus not War de Trevor Graham (Australie, 2012) un voyage personnel du réalisateur entre les bars, cuisines et rues de Beyrouth, Tel Aviv, Jérusalem et New York. La passion pour le houmous qui unit toute une région pourrait-elle être une des recettes de paix au Moyen Orient ? Cette question, plus sérieuse qu’elle en a l’air, est également évoquée dans Dancing Arabs. Sans oublier Les Juifs d’Egypte d’Amir Ramsès (Egypte, 2014), évocation de la communauté juive d’Égypte qui vivait jusqu’en 1952 en harmonie avec les chrétiens et la majorité musulmane, et tentative de comprendre le changement qui s’est amorcé dans la société égyptienne, passant d’une culture de tolérance à une attitude de rejet des minorités. Quelques propositions tirées d’une offre abondante où chacun trouvera son miel. Opérant un choix tout personnel, on se réjouit, pour ce qui est des fictions, de voir L’Oranais de Lyes Salem (Algérie-France, 2014) évoquant, à travers l’histoire de deux amis, les premières années suivant l'indépendance de l’Algérie, entre euphorie et trahison, a l i t Christian Bernard é 11 c i n é m a Les films du mois BROKEN LAND un documentaire de Stéphanie Barbey et Luc Peter, avec la collaboration de Peter Mettler (CH, 2014) 12 Le film s’ouvre sur des images de buggies qui font sauts et dérapages contrôlés sur le sable d’un paysage désertique, puis, le plan s’élargit, et nous découvrons la barrière de la honte, celle qui sépare les Etats-Unis du Mexique dans le sud de l’Arizona : 1300 kilomètres de piliers d’acier de 5 mètres de haut, d’un coût de plusieurs milliards de dollars, installés après la signature par George W. Bush en 2006 du Secure Fence Act pour arrêter l’immigration clandestine. Une réussite ? L’immigration clandestine aurait baissé de 25%, mais innombrables sont ceux qui franchissent encore ce mur… Stéphanie Barbey et Luc Peter ont filmé quelques citoyens américains vivant au bord de cette frontière. Sans chercher à rien démontrer, ils nous donnent à voir et à entendre des témoignages de gens aux avis fort différents, certains favorables à ce mur, d’autres moins convaincus… Tous reconnaissent que des immigrés clandestins continuent à passer la frontière. La bonne idée des documentaristes est de ne les montrer que comme les « ombres claires » qu’ils dessinent devant la caméra infra-rouge. Pour le reste, ces clandestins n’apparaissent que dans les traces qu’ils laissent, les objets qu’ils abandonnent (des vêtements, des jouets d’enfants, des ossements !). Aux spectateurs de reconstituer dans leur imaginaire ces traversées dramatiques… Les Américains qui vivent en bordure de ce MAHI VA GORBEH / FISH AND CAT un film de Sharam Mokri, avec Baaba Karimi, Saeid Ebrahimifar, Mona Ahmadi, Ainaz Azahouch, Nazanin Babaei,… (Iran, 2013) mur témoignent avec une ingénuité désarmante. L’un raconte qu’il ne sort jamais de sa maison truffée de caméras sans son pistolet à balles perforantes, mais refuse qu’on le dise paranoïaque. Deux vétérans voient dans leurs expéditions punitives une manière amusante « d’entretenir » leur forme et les techniques apprises pour la guerre du Vietnam. Un autre survole cette frontière pour la surveiller et protéger l’Amérique qui attire forcément le monde entier parce qu’elle représente le paradis sur terre… Réactions moins sécuritaires chez d’autres, qui regrettent le bon vieux temps où il était possible de faire la fête avec les Mexicains, déplorent les atteintes aux droits de l’homme, ou, plus simplement, déposent des bidons d’eau pour les immigrants qui risquent de mourir de soif dans le désert. Plus surprenant encore : l’interview d’un médecin légiste qui examine les ossements humains qu’on lui apporte pour essayer de définir l’âge, le sexe et la cause de la mort de ces migrants malheureux (à lui seul, il a examiné plus de deux mille squelettes en treize ans !). Pour qui ? Pourquoi ?… Sans que jamais les auteurs ne tiennent un discours de procureurs, leur documentaire rend évidente, en deçà de tout jugement moral, l’ineptie d’une telle fermeture de la frontière tant qu’il sera dans l’intérêt des uns (question de survie !) et des autres (qui cherchent une main d’œuvre bon marché) de tout tenter pour la franchir ou la faire franchir. Serge Lachat «Fish and Cat» © Trigon films «Broken Land» © Xenis films a Remarqué dans plusieurs festival, le film de Sharam Mokri arrive enfin (discrètement) sur nos écrans. Avec, en entrée de film, des cartons nous rapportant des faits divers des années 1990 et évoquant la disparition de jeunes étudiants et les sanctions prises contre des restaurateurs accusés de servir de la viande humaine, le spectateur s’attend à un film de genre, un film policier ou à un film d’horreur. C’est plutôt du côté du film d’horreur que le cinéaste s’oriente, mais sans jamais montrer aucune scène « gore ». L’histoire se déroule autour d’un lac (de montagne ?) où un groupe d’étudiants a planté ses tentes pour un concours de cerfs-volants. On assiste à quelques discussions, à l’arrivée de nouveaux venus, à quelques tensions avec des habitants du coin,… Rien de menaçant en soi, sinon peut-être les mines patibulaires de ces derniers, ou leur étrange comportement (l’un d’eux transporte un sac de viandes avariées) qui peut paraître menaçant lorsqu’ils demandent aux gens leurs papiers, lorsqu’ils exigent d’un automobiliste qu’il leur donne un peu d’essence à siphonner ou lorsqu’ils insistent pour être suivis dans la forêt pour une mystérieuse réparation. Par ailleurs, certains personnages ont un degré de réalité mal défini, comme ces jumeaux qu’on dirait siamois séparés en deux (chacun n’ayant qu’un bras) et qui pratiquent une étrange chasse aux canards. Mais rien de physiquement violent n’apparaît à l’écran. Seulement, au vu des informations données au départ, le spectateur essaie de construire une histoire à partir des données évoquées ci-dessus, c t u a l i t é c i n é m a à partir aussi de l’inquiétante étrangeté qui envahit de plus en plus le film : bruits inquiétants, appels et cris lointain, effet de « déjà-vu » (certaines scènes apparaissent plusieurs fois) avec ce que cela suppose de possible dérèglement temporel, incertitudes quant au statut réel ou onirique de certaines rencontres, échos de contes… Pourtant, et c’est là le tour de force du cinéaste, le tout (134 minutes !) est filmé en un seul plan grâce aux possibilités offertes par l’enregistrement digital. Un seul plan, voilà qui est supposé donner un surcroit de « réel » au film puisque l’histoire est racontée en temps réel (ni ellipse, ni montage). Surtout que nous sommes habitués, comme spectateurs, à nous faire manipuler par des effets de montages, par des jeux de ruptures dans la taille des plans. Sokourov filmant en un seul plan l’Ermitage à Saint-Petersbourg pouvait jouer sur différents temps historiques en présentant à son spectateur différents personnages de l’histoire russe. Shahram Mokri reste au présent (même s’il y glisse de l’inquiétante étrangeté par les effets de déjà-vu qui créent de potentiels flashes-back). Le défi est de réussir à raconter une histoire en faisant seulement suivre les personnages par la caméra qui passe de l’un à l’autre comme dans la chanson pour enfants Trois petits chats où chaque nouveau mot commence par la syllabe qui termine le précédent (marabout-bout de ficelle…). Et même si le film ne réalise pas tout à fait son rêve de créer une histoire en anneau de Moebius ou en tableau d’Escher, il faut reconnaître que Fish and Cat constitue un joli tour de force ! Serge Lachat TURIST (SNOw THERAPy) de Ruben Östlund avec Lisa Loven Kongsli, Johannes Bah Kuhnke, Kristofer Hivju (Suède/France, 2014) Une station de ski française (Les Arcs?) et un hôtel confortable. Une famille suédoise modèle: elle, Ebba, lui, Tomas et leur enfants, un garcon et une fille dans les 6-8 ans. C’est le début des vacances, la famille est installée sur une terrasse de restaurant en bordure de piste, au soleil, et c’est le bonheur. Soudain une avalanche artificiellement déclenchée s’approche et semble ne a c t u pas devoir s’arrêter. Tomas rassure (“ils savent ce qu’ils font”), mais en un instant l’écran devient blanc, fuite panique des clients, juste le temps d’apercevoir Tomas quittant la table laissant femme et enfants derrière lui. Quand la neige poudreuse retombe, on a la surprise de voir les tables intactes, aucun verre renversé. L’avalanche s’était arrêtée au pied le terrasse. Plus de peur que de mal donc, sauf pour Ebba: Tomas a fui. Le vers est dans le fruit, comme "Turist (Snow Therapy)" © Look Now! dans Le Mépris. Ebba tente le dialogue (“tu as quelque chose à me dire ?”,“j’ai à te parler”…) qui se heurte aux dénégations de Tomas qui minimise et refuse toute culpabilité. Progressivement la crise du couple s’installe et se développe. On se sent chez Bergman. Les enfants, à qui l’on veut cacher la vérité pour les protéger, sont de plus en plus insupportables. En fait ils devinent tout et font avancer l’histoire pour le spectateur (“je ne veux pas que vous divorciez” hurle le garcon, alors que la fêlure du couple semble encore mince). Mais le tête à tête s’élargit, au restaurant, d’autres couples avec lesquels on sympathise sont pris à témoin par Ebba: une femme “libérée” et son amant; un homme marié dans la quarantaine, genre bûcheron ex soixante-huitard accompagné d’une fille de 20 ans. Alors que dans un premier temps, ils se veulent rassurants et prêts à aider Tomas et Ebba, ils vont se trouver à leur tour peu ou prou mis en crise. Un phénomène de contamination réciproque permet à Ruben Östlund d’élargir le propos. Ce qui n’aurait pu être que la radiographie de la crise traversée par une cellule familiale, devient le portrait d’une société ne finissant pas de se chercher entre libération des instincts et nécessité de trouver des règles. Östlund se garde d’offrir des réponses univoques: pour Tomas, la libération passe par l’effondrement et l’aveu de tous les mensonges accumulés, tandis que l’hédonisme de la femme libérée apparaît comme une vraie liberté. Mais la liberté, c’est aussi l’irruption de bindge drinkers, a l i t filmée comme une hallucination, et c’est plutôt terrifiant… Il faut souligner la performance des acteurs filmés en long plans séquences, passant sans coupe d’une émotion à l’autre au fil de dialogues non improvisés. Le dispositif donne l’impression d’une caméra impitoyable. Les décors de l’industrie de l’or blanc (l’hôtel, les remontées mécaniques, les ratraks damant les pistes de nuit) sont filmés de façon abstraite, produisant un effet anxiogène amplifié par le travail du son. Ce film très psychologique, où tout est dit et montré dans le cadre, par les mots et sur les visages, à la narration parfaitement linéaire, condamne le spectateur à une certaine passivité. C’est une position qui peut être diversement appréciée. Comme on peut ne pas juger indispensables les deux scènes de conclusion: une descente à ski dans le brouillard de la famille ressoudée sous la conduite de Tomas (on avait déjà compris que la crise était surmontée); et une descente en plaine dans un car conduit par un incapable, suscitant chez les touristes une peur panique en écho à celle due à l’avalanche. Ils préfèreront finir à pied, dans un curieux rappel de la fin du Charme discret de la bourgeoisie de Bunuel, à la signification tout aussi ouverte. Ces légères réserves n’enlèvent rien à l’intérêt d’un film ambitieux et réussi, sélectionné au festival de Cannes 2014 dans la section Un certain regard, où il a remporté le prix du jury, réalisé par un cinéaste dont le nom est à retenir. Christian Bernard JUPITER ASCENDING un film de Lana et Andy Wachowski, avec Channing Tatum, Mila Kunis, Sean Bean, Eddie Redmayne, Douglas Booth, Vanessa Kirby… (USA, 2014) Fille d’un passionné du télescope et de l’observation du système solaire (d’où son étrange prénom) qui est tué juste avant sa naissance, Jupiter Jones est une déclassée qui nettoie les WC pour survivre. Mais elle est en fait destinée à devenir Reine de l’Univers (d’où le pompeux titre français du film, Jupiter-Le Destin de l’Univers). Ce qui ne plaît guère à la Reine en place ni à ses « frères » qui vont chercher à faire assassiner la jeune servante. Mais le guerrier qui é 13 c i n é m a 14 est envoyé sur terre pour la tuer se révolte et devient le meilleur protecteur de Jupiter. Ce pitch montre que les Wachowski ont pris le parti de raconter une histoire, donc de faire un film moins délirant que certaines de leurs productions « expérimentales » antérieures. On peut même distinguer 3 actes dans cette œuvre. Mais en même temps, il est simplement impossible de résumer ce film qui est un concentré de ce que les films de science-fiction nous ont offert jusqu’ici : ésotérisme de conte de fées, somptueux décors multiples (les différentes cités), créatures hybrides, courses poursuites vertigineuses dans un espace-temps différent du nôtre… Le tout, bien sûr, grâce à un déluge d’effets spéciaux, de délires numériques… Le film offre ainsi, considérablement amplifié par l’usage de la 3D, un mélange de sensations de gigantesque Foire du Trône et de jeu vidéo ultra-performant. Au-delà, on peut s’amuser à voir dans le sentiment de déclassement du personnage principal un reflet du sentiment de « n’être-pas-vraiment-à-sa-juste-place » de Larry Wachowski avant qu’il ne devienne Lana. Ou encore s’amuser à découvrir dans ce Barnum des acteurs vus très récemment dans des rôles très très différents : Channing Tatum, le lutteur du dernier Miller, Foxcatcher, dans le rôle du héros sauveur de l’orpheline, et Eddie Redmaine, qui joue Stephen Hawking dans Une merveilleuse histoire du temps, le dernier James Marsh, incarnant cette fois un très très méchant frère de l’héroïne qui lui susurre de gluantes atrocités… irresponsable, amant volage, l'homme qu'est Thompson dans la sphère privée est loin de l'image de super-héros qui lui colle à la peau. Les répétitions de la pièce - une adaptation d'une nouvelle de Raymond Carver dont l'ex-star signe la mise en scène - sont placées sous le signe du désastre : hostilités entre comédiens, maladresses techniques et conflits sur scène sont le lot quotidien des quelques jours qui précèdent la première. Pour empirer le tableau, la critique est hostile à la pièce avant même de l'avoir vue : Riggan Thompson, qui s'est illustré dans des sous-produits culturels made in Hollywood, ne peut prétendre faire du théâtre. Ainsi, la star vieillissante, avant même d'avoir joué, est à bout. La rédemption ne s'obtient guère en claquant des doigts. Se situant dans une lignée qui va de Sunset Boulevard à Fedora en passant par What Ever Happened to Baby Jane ?, films que Birdman évoque par sa thématique, le nouvel opus d'Iñárritu propose une réflexion sur le vieillissement des stars et sur leur impossibilité à se réinventer. Enfermé dans son image d'acteur de films «Birdman » © 2015 Warner Bros. Serge Lachat BIRDMAN de Alejandro González Iñárritu, USA, 2014, 120'. Avec Michael Keaton, Zach Galifianikis, Edward Norton, Emma Stone et Naomi Wats À Broadway, Riggan Thompson, ex-star de cinéma que son interprétation du super-héros Birdman dans des superproductions hollywoodiennes a rendu célèbre, tente de renouer avec sa gloire passée en s'essayant dans un tout autre registre : le théâtre psychologique. Mais il est difficile de renaître de ses cendres, et les obstacles qui attendent Thompson sur la route du come back sont nombreux. L'ancienne star, qui désire faire peau neuve, est vite rattrapée par son passé peu glorieux : époux violent et égocentrique, père a de super héros, Riggan Thompson lutte contre le destin que l'univers du show business lui a imposé. Contestant la doxa qui voudrait qu'une star ne puisse bien vieillir et que toute révolte contre l'âge soit une attitude sénile et ridicule, l'ancienne star s'attire les foudres des journalistes et de ses proches. La faute impardonnable de Thompson est de refuser de devenir une caricature de lui-même et de suivre la même voie qu'un Sylvester Stallone rejouant jusqu'à l'épuisement le même rôle de mâle viril. C'est cette révolte que le film met en valeur et qui permet de réhabiliter le personnage de Thompson en dépit de ses tares, héros malgré lui d'un drame intérieur. Critique du milieu du show business, Birdman présente le défaut d'emprunter luimême les voies de l'entertainment. Sa rhétorique c t u a musclée, sa construction tape-à-l'oeil en un seul long plan séquence et le rythme haletant de la caméra font de ce film qui prétend dénoncer l'industrie du spectacle un film justement trop spectaculaire. Comme l'histrion qui récite dans le Broadway nocturne sur un ton outrancier la fameuse tirade de Macbeth (« La vie est une ombre qui marche, un pauvre acteur qui se pavane et se trémousse une heure en scène, puis qu'on cesse d'entendre... »), Birdman en fait un peu trop. Emilien Gür FELIX ET MEIRA un film de Maxime Giroux, avec Martin Dubreuil, Hadas Yaron, Luzer Twersky, AnneElisabeth Bosse,… (Canada, 2014) Etonnant film que ce troisième long-métrage du réalisateur québecois Maxime Giroux (Demain en 2008 et Jo pour Jonathan en 2010) : plaçant son histoire d’adultère en milieu hassidique, il réussit à lui donner une dimension non seulement « neuve » (qui peut se vanter de connaître ce milieu juif ultra-orthodoxe que le film nous fait découvrir ?), mais aussi plus « large » qu’un vaudeville. En effet, rien ne semblait devoir faire se rencontrer les protagonistes : Meira est la jeune mère d’une petite fille et elle appartient à la communauté hassidique dont le film nous donne très vite à voir les mœurs et les rituels très stricts ; Félix, lui, est d’ascendance juive, mais semble athée et mène une vie sans responsabilités ni attaches. Ce sont donc deux visions du monde qui entrent en contact au gré d’un goût commun pour le dessin découvert par hasard. Rencontre de deux solitaires aussi car on comprend vite que la jeune femme étouffe dans l’univers hassidique et ses multiples contraintes (on comprend très vite qu’elle ne souhaite pas fonder une famille de 6 à 14 enfants (!) comme le voudrait son mari), qu’elle se sent mal à l’aise dans les vêtements imposés, sous la perruque imposée elle aussi… On la sent avide de liberté. Liberté dont jouit Félix, d’autant plus qu’il vient de faire un confortable héritage malgré un rapport terrible à son père juste décédé. Mais cette liberté, Félix ne sait pas vraiment qu’en faire ; n’ayant pas encore trouvé quel sens donner à sa vie, il reste un adolescent attardé. C’est dire que leur rencontre leur paraît providentielle l i t é c i n é m a «Felix et Meira» © Cineworx à tous les deux. Même si elle impose plus de sacrifices à Meira qui sera exclue de sa communauté et qui risque d’être privée de sa fille. La principale qualité du film de Giroux tient à son regard respectueux : il nous offre des entrées quasi documentaires dans la communauté hassidique avec ce que cela suppose d’étrangeté et de rigueur dans les traditions, mais jamais il ne se moque, jamais il ne porte un jugement sur ces pratiques et ces rituels « d’un autre temps » (ou « hors du temps »). Jamais non plus le cinéaste ne se comporte de manière intrusive dans la vie de ses personnages (pas de psychologie à bon marché). Et jamais non plus il ne regarde de haut la banalité de cette histoire d’amour avec ses clichés (voyage à Venise avec promenade en gondole!). Maxime Giroux nous propose un « petit » film tout en retenue (les acteurs ne surjouent jamais, ils chuchotent leurs dialogues) et tout en finesse qui redonne à une histoire archi-rabâchée une étrangeté (ne serait-ce que par le mélange des langues : yiddish, anglais, québecois, français…) et une allure de « première fois »… Serge Lachat LE MERAVIGLIE (LES MERVEILLES) d’Alice Rohrwacher, avec Alexandra Lungu, Alba Rohrwacher, Monica Bellucci (Italie, 2014) Dans un récit que l’on sent très autobiographique, Grand Prix de la compétition officielle à Cannes en 2014, Alice Rohrwacher évoque son enfance et, de façon subtile, la naissance de sa vocation de cinéaste au sein d’une famille où rien ne semblait a priori la favoriser. Famille volontairement marginalisée par la volonté d’un père à la fois anarchiste libertaire et patriarche autoritaire menant à la baguette ses trois filles et sa femme. Si lui est un colérique ne supportant pas a c t u Monica Bellucci dans «Le Meraviglie» © Filmcoopi la contradiction, elles sont de fortes personnalités qui, tout en lui obéissant, savent parfaitement lui résister à l’occasion. Et tous s’aiment. En colère contre une société dont il est convaincu qu’elle court à sa perte, il a installé tout son petit monde en pleine nature, près du Lac Trasimène, où ils sont apiculteurs. Marginale, la famille l’est aussi par la nationalité des parents qui sont Allemands. Ayant probablement beaucoup bourlingué par militantisme, ils naviguent constamment entre l’italien, l’allemand et le français. Le regard porté par Alice Rohrwacher sur cette vie dure sans le moindre confort, mais soumise à une activité noble dans un cadre superbe apparaît équilibré. Elle n’idéalise pas (la dureté du travail d’apiculteur est très précisément décrite, et c’est passionnant) tout en conservant une capacité venue de l’enfance à s’émerveiller. Son regard est relayé par celui de Gelsomina, l’une des filles, (son double?), justement en passe de quitter l’enfance, entre obéissance et affranchissement. Le film se recentre plus particulièrement sur Gelsomina lorsqu’une équipe de télévision débarque pour un jeu télévisé devant mettre en valeur les produits “étrusques”. L’occasion d’une critique des médias drôlatique et parfaitement ciblée. Si le père échoue à remporter le prix (il est paralysé par le direct au contraire d’un chasseur fabricant de saucisson qui “passe” bien), Gelsomina est fascinée par l’animatrice du jeu (Monica Bellucci) véritable apparition fellinienne. Expérience inoubliable et fondatrice, à l’origine d’une vocation? Toujours est-il que le film est riche en allusions à Fellini, du nom de Gelsomina aux situations “felliniennes” (les abeilles sortant de la bouche de Gelsomina; le dromadaire acheté par le père). Aline Rohrwacher combine avec subtilité réalisme documentaire, humour, suspense (la visite annoncée des services d’hygiène alors que le miel a débordé inondant tout le “laboratoire”) a l i t et poésie, pour retrouver son enfance et ses origines. Origines mêlées qui n’empêchent pas cette enfant de nomades vivant comme au temps des Etrusques de chanter l’Italie “de toujours” (le chant des femmes pendant le jeu télévisé, venu du fond des âges). Famille nomade: le plan final est situé dans la ferme abandonnée. On voit deux cadres de portes en enfilade et un rideau (de scène?): le cinéma attend Alice. Christian Bernard THE SMELL OF US un film de Larry Clark, avec Lukas Ionesco, Hugo Béhar-Thinières, Diane Rouxel, Michael Pitt, Dominique Frot,… et Larry Clark luimême. (France, 2014) Impossible de balayer d’un revers de manche le dernier film de Larry Clark au nom d’un tournage foutraque ou en prétextant que le cinéaste redit toujours la même chose. Excessif en même temps d’en faire le panégyrique et de lui consacrer 30 pages comme le font Les Cahiers du Cinéma de janvier de cette année. En effet, même si, comme tous les auteurs, Larry Clark travaille toujours le même sillon (son admiration pour les jeunes éphèbes), il faut bien admettre qu’il apporte cette fois-ci un terrible regard (souvent introspectif) sur la question du vieillissement, se mettant par là-même en danger. D’ailleurs le film s’ouvre sur le corps de Larry Clark vautré dans ses déjections sur un trottoir avec, le contournant, le survolant, parfois le heurtant, des jeunes sur leurs skateboards. Ces skaters, nous les découvrons peu à peu, d’abord sur leur terrain de jeu, l’esplanade du Trocadero, puis dans d’autres endroits où ils traînent en bande, baisant, buvant, se droguant (Larry Clark lui-même les met en garde contre leur tendance autodestructrice) ou brûlant une voiture, détruisant un appartement très classe (tendance des- é 15 c i n é m a 16 tructrice cette fois), se filmant sans cesse sur différents supports et produisant ainsi des images d’une beauté multiforme quelques soient leurs activités (cf. la fille se filmant en train d’uriner), ne sachant par ailleurs pas quoi faire de leurs journées. A noter la présence très majoritaire de garçons, mais aussi, en contrepoint, le rôle très important de Marie remarquablement incarnée par Diane Rouxel, une actrice (encore) peu connue, mais très prometteuse. Bien qu’appartenant à un milieu apparemment favorisé, certains d’entre eux décident de se prostituer pour avoir plus d’argent pour leurs plaisirs. Ce qui va permettre au cinéaste d’appuyer son propos sur le vieillissement. Mais contrairement à celui de Pasolini, le regard de Clark n’est (en dehors des quelques observations ci-dessus) ni sociologique, ni politique, ni moralisateur. Le cinéaste lui-même se filme non seulement en clochard qui rampe et se pisse dessus, mais encore en client fétichiste qui lèche avec obscénité (la scène est pénible dans la durée) les pieds sales d’un bel éphèbe en jouissant bruyamment et en pleurant « son petit garçon » ! Les au-tres adultes, sans être aussi répugnants, n’en sont pas moins pathétiques. Que ce soient les parents sans autorité, à côté de la plaque, qui se rejettent la responsabilité de leur échec et ne voient pas que leur fils JP ((Hugo Béhar-Tignières), éperdument amoureux de Math (Lukas Ionesco), est sur le point de se suicider. Ou, bouleversante, la cliente sexagénaire qui entrouvre son peignoir et demande au garçon qu’elle a acheté « Cela te fait peur, ce corps détruit ?- Non - Mais c’est pas pour autant excitant, n’est-ce pas ? », ce qui montre que le regard des jeunes sur les vieux est plus généreux que celui des vieux sur euxmêmes. Ou encore plus monstrueuse, à la limite du soutenable, la mère de Math (jouée dans l’incandescence par Dominique Frot) qui se vautre comme un insecte vorace ou comme une goule sur le corps de son fils avachi en lui réclamant du plaisir puisqu’il « ne se passe rien » ! A l’évidence, Larry Clark se déteste, ou à tout le moins déteste ce que son corps vieux a fait de lui, ce que les corps vieux ont fait de tous les autres. Mais cela ne fait qu’amplifier sa fascination et son amour pour les corps jeunes qu’il filme comme des statues classiques, comme des figures de tableaux. On peut s’indigner d’un tel travail d’esthétisation, y compris dans les images a « sales » de mini-caméras, de téléphones portables, de Skype… De ce point de vue, Toff (Maxime Terin), le garçon qui photographie, filme en permanence et « tripatouille » ses images dont on ne sait à qui elles sont destinées est un double adolescent de Larry. On peut juger cette esthétisation immorale ou à tout le moins amorale. Mais il faut bien admettre que c’est ce geste qui accentue la dimension testamentaire de The Smell of us. Serge Lachat DANCING ARABS (MON FILS) d’Eran Riklis, avec Tawfeek Barhom, Ali Suliman, Yaël Abecassis, Laëtitia Eïdo, Danielle Kitsis (Israël-France-Allemagne, 2014) Eran Riklis, dont on a pu apprécier La Fiancée syrienne (2004) et Les Citronniers (2008) est un cinéaste israélien attentif à rendre compte de la vie quotidienne de ceux qui vivent Eyad et Jonathan, «Dancing Arabs» © Filmcoopi en Israël ou dans les territoires annexés ou occupés, sans être des Juifs israéliens. Attentif à l’autre donc. La Fiancée Syrienne racontait comment une bureaucratie délirante rendait pratiquement impossible le mariage d’une Druze du Golan, occupé depuis 1967 et annexé unilatéralement en 1981, avec un Syrien de Damas. Les Citronniers racontait le combat d’une veuve palestinienne pour défendre ses citronniers lorsqu’un nouveau Ministre de la défense israélien emménage en face de chez elle et menace de faire arracher ses citronniers pour des raisons de sécurité. Avec Dancing Arabs, il adapte deux romans en partie autobiographiques de Sayed Kashua, un écrivain palestinien qui, précise Riklis, « occupe une position très spécifique, c’est un Arabe qui s’est fait connaître en écrivant en hébreu des tex- c t u a tes satiriques très drôles dans les journaux israéliens. Ce qu’il pratique, c’est de l’humour juif… ». Un Arabe israélien accepté par la société israélienne juive dont il possède la culture tout en s’identifiant à la communauté arabe largement hostile à Israël… Le film, en racontant les efforts d’Eyad, un jeune Israélien arabe, pour échapper à un avenir sans avenir, offre à Riklis l’occasion de montrer toute la complexité des relations entre Juifs et Arabes israéliens. Son histoire est racontée sur plusieurs années depuis son enfance à la fin des années 80, par segments correspondant aux périodes où Israël se trouve plus ou moins directement en guerre (Guerre du Golfe, Irak, Liban). Le soin pris à montrer l’impact des événements sur les populations montre tout ce qui les sépare: à la peur des uns, pour qui la distribution des masques à gaz est prioritaire (il n’y en a pas en nombre suffisant), répond le wishful thinking des autres qui pensent que Saddam va gagner et applaudissent en dansant (d’où le titre du film) les rares Scud qui parviennent à passer en souhaitant qu’ils transportent des gaz… L’essentiel du film cependant se situe dans la période où Eyad qui parle parfaitement l’hébreu se retrouve préparant son bac dans le meilleur collège de Jérusalem, son père voulant, non sans sacrifices, lui donner les meilleures chances de réussir. Seul Arabe au milieu des Israéliens juifs de sa classe, sa compétence et son égalité d’humeur le rendent populaire et une amitié se noue avec Jonathan (Michael Moshonov) tandis qu’il tombe amoureux de Naomi (Danielle Kitsis). Ils vivent cet amour réciproque mais en se cachant. La réaction à l’intérieur des familles est plutôt la tolérance alors que le climat extérieur est lourd, maints détails (affiches; apostrophes depuis les voitures, contrôles d’identité rugueux) indiquant la présence d’un racisme anti arabe virulent. Noémie, bien qu’amoureuse, lui demande de l’aider à le quitter car elle va entrer dans les Services de renseignement. Quant à Jonathan, atteint d’une maladie dégénérative, il sera fidèlement accompagné jusqu’à la mort par Eyad. Au même moment, Eyad décide de quitter le collège pour se préparer seul au bac, ce que ses bonnes notes lui permettent, et de gagner son argent de poche dans un restaurant. Comme Arabe il ne pourrait être que plongeur. Pour être serveur, avec les bons pourboires qui vont avec, il se fait passer pour Juif en utilisant la carte d’identité de son ami car ils se ressemblent. l i t é c i n é m a La mère de Jonathan découvre le subterfuge en ouvrant les relevés bancaires qui continuent à être adressés à son fils. Elle accepte qu’il se poursuive jusqu’au croisement définitif des identités: Jonathan est enterré en tant qu’Arabe sous l’identité d’Eyad. La boucle est bouclée. On imagine sans peine qu’une fable aussi culottée puisse être mal reçue en Israël par le grand public. Pourtant le message humaniste et politique adressé par Riklis, postulant une entente possible sur le plan privé, même s’il peut paraître un peu naïf vu le climat général, acquiert une grande force par son ancrage dans une foule de détails parlants pointant l’orientalisation de toute une partie de la société israélienne juive (succès des restaurants à houmous etc. ) comme l’occidentalisation des Arabes entrant dans la société juive. Le déchiffrage de tous ces détails rend le film passionnant, et convainc que si l’autre est le même dans ce coin de terre, c’est que tous, Juifs et Arabes, sont fils de Sem. enfant et sa mère qui s'apprêtent à faire exploser un char militaire US. Le film commence avec cette scène, et la détonation qui suit est celle du fusil d'un enfant à qui le père apprend à chasser. Eastwood utilise ce flash-back pour mettre sur un même niveau les relèves père-fils américaine et ennemie : pourquoi empêcher les enfants irakiens de prendre les armes alors que les Américains encouragent leurs enfants à tuer ? Même si les cibles sont différentes (le kid tue des animaux, les bambins irakiens visent l'envahisseur). Avec l'allusion à la Guerre du Vietnam (l'Irak serait le plus grand défi militaire US depuis 1975), le film questionne donc la tradition guerrière ancestrale des Etats-Unis, le mythe du self-made man armé (à la base des récits de western), qui doit se battre pour devenir un homme. Au fil des déploiements en Irak, Chris devient un héros, qui n'a d'égal qu'un champion olympique de tir ennemi (la réduction de l'épique au duel rappelle les origines western du réalisateur qui incarnait l'homme sans nom). L'intrigue paraîtrait mince si ce n'était deux complications. bibine au zinc d'un bar, la durée d'une gestation (sic), avant de rentrer chez les siens). Les retours du refoulé hantent tout le film, parce qu'à chaque fois que Chris revient au pays, le héros ne peut mener une existence normale. Les bruits lui rappellent les menaces irakiennes (de la perceuse irakienne à la devisseuse américaine). Ses sens sont toujours en alerte, même en famille : «You're there but you're not there», constate amèrement son épouse, qui a toujours eu un doute sur les sentiments du soldat pour elle (la froideur du héros empêche qu'on s'identifie à lui). Même la télé éteinte, il voit des scènes de guerre. La catharsis du refoulé se passe chez un psy militaire, qui engage Chris à enseigner (le tir) à des vétérans-épaves, mauvaise conscience de l'Amérique (des morts-vivants chez Carpenter, tous mutilés et abandonnés par l'administration chez Eastwood). Le refoulé s'invite jusque dans le meurtre de Chris. Tourné avec l'efficacité qu'on lui connaît, Christian Bernard ménageant suspense, tensions extrêmes (l'enfant qui soulève un lance-roquette, l'enfant qui va se AMERICAN SNIPER faire tirer dessus, l'enfant et la perde Clint Eastwood, avec Bradley ceuse) et quelques scènes émouvanCooper et Sienna Miller. tes (Chris, entre déni et régression face au psy), American Sniper est en Clint ressort son artillerie ceci du vrai cinéma, au sens où pour adapter l'autobiographie de Bazin l'entendait: de l'art populaire l'ancien Marine Chris Kyle. Plus (le film fait un carton mondial). Il que la guerre en Irak et ses consén'exalte pas le sentiment américain, quences sur les civils et les vétéil le remet en question et l'ironise (la rans tous infirmes, le réalisateur de mère du défunt soldat qui, après Flags of our Fathers fait un film avoir qualifié la guerre en Irak de sur la famille. Il y observe le rôle croisade arbitraire dans son éloge du père (la transmission, son mortuaire, reçoit le drapeau amériabsence dans l'éducation des cain plié, ou ce Marine ricain qui dit enfants, son rapport à l'épouse et à An eye for an eye, inversant les Chris Kyle (Bradley Cooper), Taya Renae Kyle (Sienna Miller) dans «American Sniper» © Fox Warner ses parents) et les choix auxquels rôles). La guerre ne constitue qu'un l'enfant est confronté (prendre ou prétexte pour mettre en évidence la non les armes pour ne pas rompre la tradition D'abord, avant de partir en guerre, Chris rencon- défection du père du foyer familial : peu importe familiale). En cela, American Sniper n'est ni un tre Taya (Sienna Miller), à la dérive, dans un bar. qu'il fasse la guerre (ou se tire des flûtes comme film de propagande, ni un éloge du nationalisme Elle l'épouse et mettra au monde deux enfants, les Marines censés couvrir le tireur d'élite), la US : «Mon point de vue sur la guerre n'est pas du issus des permissions successives du soldat. question majeure du réalisateur de Millon Dollar tout celui de Chris Kyle, confie Clint Eastwood à Ensuite, le petit frère de Chris est aussi envoyé Baby et Gran Torino porte sur le rôle du père Vanity Fair de février. Lui pense qu'il a eu raison dans le bourbier irakien. Il sera rapatrié sur une dans les valeurs qu'il transmet à ses enfants, et, sur toute la ligne. Il pense que c'est juste d'aller civière, le visage à moitié détruit: Chris n'est pas partant, celui de la société US face à sa descenlà-bas [...]. Moi, je préférerais qu'on reste ici et parvenu à éviter un nouveau coquard à son petit dance. D'où la mise en évidence, dans le film, de qu'on essaie de s'améliorer, d'améliorer notre frère. Le final de l'épisode irakien montre que les toutes ces figures d'enfants confrontés à des situation plutôt que d'intervenir chez les autres.» soldats américains doivent leur survie à rien choix (le mot choice revient quatre fois dans le Chris Kyle (Bradley Cooper), cow-boy moins qu'une improbable tempête du désert. film), sans que l'entité paternelle les guide : It's texan bourré de testostérone, se cherche en C'est donc ironiquement qu'Eastwood utilise ce up to you! Frank Dayen gagnant des concours de rodéo. Le cataclysme du deus ex machina, Desert Storm étant le nom de 11 septembre 2001 le décide à s'engager dans les l'invasion bushiste en Irak en 1991. La tempête Marines. Il se retrouve tueur d'élite en Irak, à n'est pas où l'on croit, et le sauvetage in extremis décider lui-même s'il doit, oui ou non, abattre un de Chris est loin d'être glorieux (retour à la case a c t u a l i t é 17 c i n é m a cinéma peu représenté. Pour finir, une section hommage guidée par Ossama Mohammed présentera la Syrie et les conséquences de la guerre, à travers des documentaires. fribourg Un air de liberté résonne sur le FIFF Autour du festival Du 21 au 28 mars, le festival international de film de Fribourg envahira la ville. La liberté sous toutes ses formes y est mise à l’honneur. Le programme du festival international du film de Fribourg (FIFF) de cette année colle à l’actualité. Les films tourneront autour de la liberté d’expression. « Le thème est venu avec les films, explique Thierry Jobin directeur artistique du festival. Nous recherchons avant tout la qualité et on s’aperçoit ensuite que les films se regroupent d’eux-mêmes. Une nouvelle fois, cette année, ils font écho à l’actualité. » 18 Réflexion L’actualité est effectivement au cœur du festival. «Pouvez-vous encore rire de tout ?» sera le point de réflexion de la section décryptage. Le thème choisi en novembre a ensuite été rattrapé par la réalité avec les événements du 7 janvier dernier à Paris. Les comédies présentées ont été sélectionnées pour leur qualité et les thèmes subversifs qu’elles abordent. « Il y aura des films qui parleront d’érotisme ou encore de religion, dont une production indienne sur le terrorisme, précise Thierry Jobin. La comédie est un genre qui fait vendre, la plupart sont ainsi peu travaillées. On se contente de peu. Mais il y en a qui peuvent être très intéressantes, tant esthé- Le Festival réserve encore quelques surprises. Des lieux de fêtes et d’art de Fribourg seront ainsi mis à contribution. Des concerts en lien avec les sections seront organisés à la Spirale, à Frison et au SousSol. Trois expositions auront quant à elles lieu. Des photographies d’Yves Leresche consacrées aux Roms tiquement que thématiquement. C’est ce que nous voulons faire découvrir. » Autre sujet des plus actuel : l’érotisme. Entre le procès DSK et le film, les 50 nuances de Gray, le sexe est à la mode. Le FIFF a donc visé juste en proposant de réfléchir sur le cinéma érotique dans la section cinéma de genre. Trois sections mettront, quant à elles, en lumière des populations subissant des injustices. La première, Diaspora, portera sur Tony Gatlif et les Roms. Le réalisateur français présentera sa culture à travers 5 films. La deuxième, nouveau Territoire: Cinéma indigène nord-américain, donnera la parole aux Natives du Canada et des États-Unis. 20 films seront ainsi consacrés à ce Tony Gatlif seront exposées à la bibliothèque cantonale universitaire. Deux au-tres expositions se dérouleront au centre Fri Art. La Kunsthalle de Fribourg présentera ainsi les œuvres de Robert Heineken (dès le 26.02.15), puis celles de Larry Clark (dès le 20.03.15) en lien avec la section cinéma de genre. C’est la première année que le centre Fri Art et le FIFF collaborent. « Je suis très content de pouvoir travailler avec Fri Art, qui apporte un regard critique sur l’érotisme, se réjouit Thierry Jobin. Cela s’est fait très naturellement, grâce à l’ouverture de son nouveau directeur Balthazar Lovay. Une exposition sur Robert Heineken était déjà programmée. C’est pour moi un complément parfait. Il apporte une vision critique sur un érotisme banalisé, en interrogeant l’usage systématique du corps de la femme dans les mass medias. L’exposition des œuvres de Larry Clark est, quant à elle, venue la compléter par la suite. » Avec 130 films provenant de 57 pays différents et une compétition internationale réputée, des expositions et des concerts, le millésime 2015 promet ainsi plein de surprises. Eau argentée, Syrie autoportrait a c Valérie Vuille t u a l i t é o p é r entretien Alain Perroux Le Grand Théâtre de Genève accueillera le 29 mars les Contes de la lune vague après la pluie, opéra composé par Xavier Dayer sur un livret d’Alain Perroux, en version de concert, juste après sa création le 20 mars à l’Opéra de Rouen. Nous nous sommes entretenus avec Alain Perroux, ancien dramaturge du Grand Théâtre de Genève et actuel conseiller artistique du Festival d’Aix-en-Provence sur la genèse de cette œuvre et son travail de librettiste. A quelle occasion est né ce projet d’opéra ? Comment avez-vous pris part à sa genèse ? 20 Ce projet est né d’une initiative de la fondation Royaumont d’il y a environ six ans, qui avait passé commande au compositeur Xavier Dayer, que je connaissais déjà depuis le collège Claparède! Je connaissais assez bien son œu-vre, notamment celles de théâtre musical. Jusqu’à présent Xavier avait composé sur des textes préexistants, assez peu conventionnels, comme Le Marin du jeune Pessoa, influencé par Maeterlinck, ou encore Les mémoires d’une jeune fille triste sur un texte portugais énigmatique, onirique, sans narration linéaire. Avec les Contes de la lune vague après la pluie il a voulu écrire un opéra à partir d’une narration plus traditionnelle, et a choisi le film de Mizoguchi qu’il m’a demandé d’adapter. Nous avions commencé à auditionner des chanteurs avec Royaumont et les co-producteurs comme Archipel, Xavier avait déjà composé la moitié de l’opéra mais le projet a été annulé pour des raisons budgétaires. Royaumont s’est obstiné et l’Opéra de Rouen s’est ajouté en co-producteur. Nous avons dû changer de metteur en scène: ce sera maintenant Vincent Huguet, entouré de collaborateurs de Patrice Chéreau. Xavier a donc terminé la partition en un temps record, de nouveaux chanteurs ont été engagés, plusieurs ateliers ont déjà eu lieu à Royaumont depuis l’été passé et les répétitions commenceront dès la fin du mois. Nous allons donc le créer à Rouen, le donner dans une version de concert à Genève, le reprendre à l’Opéra Comique, et nous cherchons encore d’autres maisons. Quel a été votre travail par rapport au matériel du film ? Vous êtes-vous intéressé aux sources littéraires antérieures ? e Comment avez-vous traité le langage en traduction ? Nous avons tout d’abord obtenu les droits pour la traduction du scénario du film, qui est effec- Xavier Dayer tivement basé sur une œuvre d’Ueda Akinari et de Maupassant. Mais ces deux modèles sont lointains: on trouve effectivement deux nouvelles de Ueda qui présentent des thèmes et images similaires, et l’œuvre de Maupassant, Décoré!, retrace le parcours d’un bourgeois de la fin du XIXème qui entreprend diverses manœuvres pour obtenir la légion d’honneur, ce qui poussera sa femme à se prostituer. Mais l’histoire de Mizoguchi est profondément originale. Il a fallu déterminer une structure, pour créer un vrai livret d’opéra qui fonctionne avec sa propre temporalité, dans une durée limitée, avec un nombre réduit de personnages. J’ai pu m’inspirer dans mon travail de l’adaptation des films dans les comédies musicales. J’ai finalement opté pour une structure en deux parties divisées elles-mêmes en scènes pivots. La narration relate les destins parallèles de quatre personnages qui vont être séparés les uns des autres puis n t r e a d’une certaine façon réunis, de retour à la case départ avec une certaine cassure : une femme est morte dans l’intervalle. J’ai fait alterner les scènes pivots, qui durent une dizaine de minutes chacune avec de très courtes scènes qui permettent de s’attacher à un personnage particulier. J’ai aussi eu comme inspiration l’opéra de Sciarrino Da gelo a gelo, qui présentait l’autobiographie d’une poétesse courtisane en quatrevingt dix-neuf scènes sur une heure et demie. Mais ce processus, tiré à l’extrême, est difficile à gérer scénographiquement et suscite une certaine monotonie. Nous avons donc choisi de varier les durées. Quels sont les enjeux thématiques de cette œuvre évoquant le Japon médiéval ? J’ai cherché un langage assez simple, en rapport avec la poésie de ce monde ancien. On ne voulait pas renoncer au contexte japonais évoqué par les noms des personnages et des villes, mais sans trop appuyer dessus : nos Contes de la lune vague après la pluie restent une œuvre d’Occidentaux. Nous avons donc cherché à rendre l’universel des thématiques. Le canevas est lié à des archétypes universels qui se retrouvent dans nos corpus de contes. Par exemple, la princesse Wakasa qui séquestre Genjuro n’est pas sans rappeler nos Armide et Alcina qui séduisaient les chevaliers en les retenant dans des palais enchantés. Et Wakasa est un esprit défunt qui cherche à s’incarner par son union avec un mortel : on retrouve ici l’archétype mélusinien présent dans La petite sirène, Rusalka ou La femme sans ombre. Même si l’histoire a une donnée sociale importante, traitant des désirs d’élévation sociale, elle reste basée sur des contes à dimension fantastique. Xavier Dayer m’avait d’ailleurs demandé de trouver des endroits où l’on pouvait développer des répliques pour créer des passages de lyrisme assez proches de l’air ou l’arioso. J’ai glissé quelques haïkus antiques dans des répliques, ce qui introduit une coloration poétique. Propos recueillis par Anouk Molendijk Contes de la lune vague après la pluie, opéra de Xavier Dayer, livret d’Alain Perroux sur le film éponyme de Kenji Mizoguchi, direction Jean-Philippe wurtz, Ensemble Linea avec Benjamin Mayenobe, Madjouline Zerari, Carlos Natale, Judith Fa, Luanda Siqueira et David Tricou, le 29 mars à 17h au Victoria Hall. Info et réservation sur www.geneveopera.ch t i e n o p é r a les souffrances ne sont pas feintes et méritent autant la compassion que les affres d'un ténor qui se trucide élégamment sur scène suite à une déception amoureuse! grand théâtre : récital de michael volle “Un baryton pressé d'atteindre le Walhalla“ Traquer l'émotion C'est en ces termes qu'un journaliste new-yorkais résumait l'entretien qu'il a eu avec le baryton allemand Michael Volle à l'occasion de ses débuts au Metropolitan Opera de New york. Il entendait par là souligner l'extraordinaire ascension d'un artiste dont bien peu de gens connaissaient le nom avant qu'il ne fasse de fracassants débuts au Festival de Salzbourg au cours de l'été 2013 dans le rôle écrasant (et épuisant) de Hans Sachs, le personnage central des Maîtres Chanteurs de Nuremberg de wagner. En Suisse, pourtant, ce nom n'est pas inconnu aux habitués de l'Opéra de Zurich où il fut longtemps en troupe aux côtés de Jonas Kaufmann, un autre chanteur d'exception dont la carrière a pris un tournant décisif depuis quelques années. Autant dire que sa venue à Genève fait figure d'événement au même titre que celle du ténor bavarois il y a un peu plus d'un an... S'il se limite aux rôles qu'a tenus le baryton allemand sur la scène des bords de la Limmat, l'amateur de belles voix est frappé de la diversité des répertoires abordés. Puccini, Debussy, Schreker, Wagner, Verdi, Strauss, Tchaïkovski, pour ne mentionner que quelques noms, font partie des compositeurs que cet interprète a servi avec un égal bonheur. Mais cela ne l'a pas empêché de continuer à pratiquer l'art du lied avec une constance admirable, nécessaire, précise-t-il, au maintien de la souplesse de sa voix. Agé de près de 55 ans, le chanteur a su conserver un timbre d'une remarquable fraîcheur car il a évité de brûler les étapes en se construisant une carrière trop rapide. Actuellement, il dispose d'une voix au grain à la fois moelleux et prenant qui séduit autant par la noirceur de sa couleur originelle que par son exceptionnelle aptitude à sculpter d'infimes nuances avec un sens consommé du dosage infinitésimal, comme l'a notamment démontré avec brio son Eugène Onéguine, un rôle fascinant qu'il a mis à son répertoire sur les planches zurichoises avant de le reprendre dans des théâtres de a c t u dimensions plus imposantes. Avec son physique à la Jack Nicholson, cet artiste semble prédestiné à incarner des personnages complexes à la psychologie torturée comme Golaud dans le Pelléas de Debussy, le Comte dans les Noces de Figaro, Guy de Montfort dans les Vêpres Siciliennes de Verdi, Scarpia dans la Tosca ou encore Guillaume Tell dans le chef-d'œuvre de Rossini. Ces rôles de “méchants“ ou de héros malheureux conviennent à sa personnalité artistique, car il aime à répéter qu'un personnage n'existe sur scène que dans la mesure où il se présente sous plusieurs jours, même contradictoires. Lorsqu'un ténor possède une belle voix, son succès auprès du Michael Volle © Winfried Hosl public est quasiment assuré d'office. Mais lorsqu'un artiste à la voix plus grave est invité à incarner un personnage retors ou du moins équivoque dans ses intentions, il faut qu'il sache faire preuve d'intelligence et de subtilité dans le jeu comme dans le chant : il n'est en effet pas aussi aisé qu'il y paraît de convaincre le public que, derrière une façade de brute sans égards, se cache une personnalité blessée et ambiguë dont a l i t Autant dire, dans un tel contexte, que la forme musicale ramassée du lied, qui force le chanteur à traquer l'émotion derrière chaque note, a tout pour plaire à un musicien qui ne veut pas se contenter d'exécuter proprement une suite de notes... Le texte est alors scruté avec la même intensité que la partition, sans pourtant que cela n'incite le chanteur à donner dans la préciosité par souci de raffinement. La série des mélodies de Schubert que Michael Volle interprètera à Genève, et notamment celles du fameux Schwanengesang, ne sont pas conçues par cet artiste comme de longs lamentos, mais plutôt comme des vignettes aux atmosphères contrastées; l'angoisse qu'expriment les textes paraît alors d'autant plus saisissante que la musique donne parfois l'impression de vouloir la contredire avec ses mélodies au charme ensorceleur. Ainsi en va-t-il par exemple de la Sérénade ou le lied intitulé Am Meer qui pourraient, dans cette interprétation, être appréciés par l'auditeur comme autant de précieuses élégies mélancoliques, mais non amères; en refusant de mettre outrancièrement l'accent sur le drame sous-jacent, Michael Volle semble nous inviter à percevoir, sous l'insouciance de surface, un arrière plan expressif aux contours imprécis car son chant ne se veut jamais univoque: en fait, semble nous dire le chanteur, qu'expriment finalement ces airs si concis ? une indifférence feinte ? un défi ? une angoisse subtilement camouflée ? A l'auditeur de trancher. S'il est un art que possède ce baryton au plus haut degré, c'est bien celui de la litote qui place ses interprétations aux antipodes de celles d'un Jonas Kaufmann, plus explicites mais peut-être aussi plus artificielles de ton, comme l'a rappelé son récent récital schubertien sur les planches du Grand Théâtre il y a quelques mois. A tout le moins, voici une confrontation qui promet d'être excitante à plus d'un titre... Eric Pousaz 4 mars. Récital Michael Volle, baryton, Helmut Deutsch, piano. Grand Théâtre à 19h30 (billetterie en ligne sur le site du Grand Théâtre) é 21 o p é r a opéra de lausanne Ottavio Dantone Le chef d’orchestre italien Ottavio Dantone sera de retour à Lausanne pour diriger Tancredi de Rossini à l’Opéra ainsi qu’un concert à l’OCL (avec le flûtiste à bec Maurice Steger). En tournée en Europe, il a accepté de répondre à quelques questions pour « Scènes Magazine ». Maestro Dantone, vous revenez à Lausanne pour diriger Tancredi, un des chefsd’œuvre de Rossini, que vous abordez pour la première fois. Quelles sont les particularités de l’écriture orchestrale de cet opéra ? 22 Rossini avait très à cœur Tancredi, car il considérait l’opera seria comme le genre le plus noble et le mieux adapté à former le goût du public de demain. Preuve en est le fait que, tout en étant occupé à écrire en même temps aussi l’Inganno felice et La Cambiale di matrimonio, il a écrit luimême les récitatifs de Tancredi, en laissant à ses collaborateurs (pratique commune à l’époque) le soin de s’occuper de ceux des deux farces. Plus généralement on remarque dans Tancredi une écriture orchestrale très soignée et proche du classicisme mozartien, autant sur le plan de la structure que des couleurs (un exemple est le duo de Amenaide / Tan-credi «L'Aura che intorno spiri». C’est à cause de son style influencé par le classicisme viennois qu’en Italie on appelait Rossini avec le sobriquet de il tedeschino. De plus en plus souvent des chefs d’orchestre formés au style baroque s’intéressent au répertoire romantique. Vous avez déjà dirigé Marin Faliero de Donizetti et plusieurs opéras de Rossini. Comment l’approche de ces œuvres change-t-elle après avoir fréquenté longtemps Haendel, Vivaldi et Scarlatti ? La musique baroque ne compte que très rarement des indications de dynamique, d’expression ou d’articulation notées par le compositeur. Pour aboutir à une interprétation historiquement correcte il est donc nécessaire d’effectuer un travail philologique notamment sur ce que j’appellerai la rhétorique du texte. C’est en mettant en rap- Il existe plusieurs versions du finale de Tancredi, dues au compositeur. Laquelle avez-vous choisie à Lausanne et pourquoi ? Nous savons qu'à la première, à Venise en 1813, le dénouement original de la tragédie de Voltaire fut changé en une sorte de happy ending. Mais quand l’œuvre fut reprise à Ferrare, Rossini réintégra le finale tragique. Bien que le goût du public fût en train de changer, le finale tragique n’arriva pas à s’imposer et on retourna donc à celui de Venise. Je crois que le finale dit “de Ferrare“ est beaucoup plus intéressant et émouvant ainsi que plus cohérent sur le plan dramaturgique. Je l’ai donc préféré à l’autre pour les représentations de Lausanne. port les figures de style et la structure d’une œuvre avec les traités et la pensée des théoriciens de l’époque qu’on peut reconstruire une sorte de dictionnaire utile pour interpréter ce type de musique. Une fois que cette rhétorique s’est mise en place, les compositeurs - surtout au XIXème siècle - ont commencé à noter leurs intentions dans les partitions mêmes. Malgré cela, beaucoup de gestes typiques de l’esthétique musicale baroque sont présents dans des œuvres postérieures. Je pense par exemple à la messa di voce (attaquer un son piano et le renforcer graduellement) qu’on di-sait “le plus bel ornement de la musique“ et qui fait partie encore du bagage d’un chanteur et musicien à l’époque de Rossini. Je pense qu’un interprète habitué au style baroque peut aborder la musique romantique avec un autre regard, en valorisant notamment tous ces aspects typiques d’un style plus ancien. Vous poursuivez une collaboration privilégiée avec l’ensemble de l’Accademia Bizantina (qui fêtera ses trente ans l’année prochaine). Comment votre travail de chef change-t-il quand vous travaillez avec des formations plus traditionnelles ? Comme je le dis souvent, un travail philologique ne se limite pas à l’utilisation des instruments d’époque, mais implique une maîtrise du langage musical du passé pour le rendre compréhensible encore aujourd’hui. Certes, avec des instruments d’époque, ce travail devient quelque part plus naturel, du fait aussi que les ensembles spécialistes de musique ancienne sont forcément plus habitués à ce genre de répertoire. Cependant, si l’on dispose d'assez de temps, on peut obtenir de très beaux résultats avec un orchestre moderne. Avec l’OCL, par exemple, j’ai abordé des répertoires très différents et toujours à ma plus grande satisfaction. Je suis très content de notre lien artistique. A Lausanne vous retrouverez Anna Bonitatibus avec laquelle vous avez déjà travaillé dans l’Italiana in Algeri. Dans l’opéra préromantique les chanteurs avaient une grande liberté Ottavio Dantone. Photo Walter Capelli e n t r e t i e n o p é r a ment une actualisation qui déplace l’action à une autre époque que celle indiquée dans le li-vret. L’essentiel est que la mise en scène maintienne la relation dramaturgique originaire entre les personnages et qu’elle garde pour ainsi dire le sens général de l’œuvre afin que l’émotion du spectateur se dégage pleinement. J’ai travaillé plusieurs fois avec Emilio Sagi et je considère ce metteur en scène comme un des plus intéressants et intelligents avec lesquels j’ai eu la chance de collaborer. d’intervenir sur la musique qu’ils chantent, notamment avec variations ou fioritures. Comment abordez-vous cet aspect avec les chanteurs ? Quand je dirige des œuvres du XVIIIem siècle, d’habitude j’écris moi-même les variations à la demande des chanteurs. Il est vrai que pour la musique de Rossini nous disposons de variations écrites par les chanteurs de l’époque et parfois par le compositeur lui même. Comme le faisait Rossini avec ses interprètes, moi aussi je collabore avec les chanteurs d’aujourd’hui pour trouver chaque fois les solutions plus adaptées à leurs voix et pour mettre au mieux en valeur leurs ressources expressives. Cela est vrai pour tout le répertoire. Propos recueillis par Gabriele Bucchi Anna Bonitatibus sera Tancredi © Frank Bonitatibus hension d’une œuvre du passé ? La mise en scène est un des aspects les plus discutés du théâtre musical de nos jours. D’après votre expérience, comment une mise en scène peut-elle contribuer à la compré- Comme les musiciens respectent la partition, à mon avis la mise en scène devrait aussi respecter le texte et le lien que celui-ci entretient avec la musique. Ce respect n’empêche pas évidem- Les 20, 22 25, 27, 29 mars. Opéra de Lausanne (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) 23 WWW.BONLIEU-ANNECY.COM T. 04 50 33 44 11 14 • 15 VEN.3 | SAM.4 | MAR.7 | MER.8 AVR. MAR.28 | MER.29 AVR. e n t r e t ©John Hogg CELUI QUI TOMBE YOANN BOURGEOIS MAR.28 | MER.29 AVR. i e n EXTRAIT DE PROGRAMMATION LES PARTICULES ÉLÉMENTAIRES MICHEL HOUELLEBECQ JULIEN GOSSELIN MAR.12 | MER.13 MAI © Simon Gosselin CHUT FANNY DE CHAILLÉ ©Angélica Liddell CARTA DE SAN PABLO A LOS CORINTIOS. LUDWIG VAN BEETHOVEN, SYMPHONIE N°7 ANGÉLICA LIDDELL VEN.27 | SAM.28 MARS © Géraldine Aresteanu SAM.21 MARS ©Marc Domage JEU.12 | VEN.13 MARS 2015 EXIT/EXIST GREGORY MAQOMA ©John Abbott WOMANCHILD CÉCILE MCLORIN SALVANT ©Elizabeth Carecchio NOS SERMENTS JULIE DUCLOS o p é r a scala de milan ... mais réussite musicale Die Soldaten On pouvait s'en douter, mais le public clairsemé comme jamais qui occupait le parterre de la salle milanaise démontrait que certaines œuvres contemporaines effraient encore les amateurs d'oeuvres lyriques. Et de fait, si l'on s'en tient au projet ambitieux de Bernd Alois Zimmermann, force est de constater que Die Soldaten est une œuvre qui serait sans doute plus à sa place dans un lieu moins conventionnel. 24 Heureusement, musicalement la réussite est au rendez-vous avec la direction inspirée d'Ingo Metzmacher, dont il est inutile de rappeler qu'il est un spécialiste de ce répertoire contemporain, qui fait sonner l'Orchestre de la Scala avec des sonorités mêlant tension et raffinement. Le distribution ne méritait que des éloges avec Laura Aikin, une Marie digne héritière de l'héroïne du Wozzeck de Berg qui offre un timbre éclatant et personnalise avec intelligence son personnage de femme humiliée face à Daniel Brenna, donjuanesque et très à l'aise scéniquement, alors que Gabriela Benackova Mais il s'agissait d'une production créée à Salzbourg en 2012, alors que le festival était placé sous la direction d'Alexander Pereira qui avait donc décidé de „l'importer“ à Milan avec quelques autres réalisations, ce qui, par ailleurs lui a valu de sérieux reproches de la part de certains milieux. Mise en scène décevante ... Oeuvre sans concession tant du point de vue du livret que de la partition, Die Soldaten avait laissé une forte impression lors de la création française à l'Opéra de Lyon sous la baguette de Serge Baudo et dans une conception impressionnante du cinéaste Ken Russel en 1983. Et si l'on attendait une vision aussi forte de la mise en scène signée par l'homme de théâtre letton Alvis Hermanis, la déception était au rendez-vous. Ce n'est certes pas que la conception scénographique qu'il signe avec Uta Gruber-Ballehr, ou que les costumes d'Eva Dessecker ou encore que sa mise en place des nombreux protagonistes manquent de cohérence, mais simplement tout ce dispositif théâtralement crédible ne touche à aucun moment et se résume à un exercice de style dont on peut considérer qu'il pourrait servir à d'autres ouvrages lyriques. Car c'est une bien curieuse idée d'avoir situé le contexte de Die Soldaten au temps de la Guerre 14-18 créant peut-être ainsi un effet d'éloignement que l'on pourra trouver parfaitement vain dans un tel a «Die Soldaten» © Teatro alla Scala contexte. Le metteur en scène et son équipe n'avaient-ils donc rien à dire aujourd'hui au sujet d'une œuvre dont la gestation datait des années qui ont suivi la deuxième guerre mondiale ? Alors certes, on pouvait contempler Marie l'héroïne sur la voie de la déchéance et ses consœurs se faire peloter dans une vitrine, ou encore Marie et son amant fricoter dans un tas de foin – dans une scène frisant au demeurant les effets comiques – ou encore observer l'imagerie érotique fin XIXème projetée en fond de scène et s'amuser à découvrir la comtesse de la Roche habillée façon Fragonard, histoire de varier un peu les plaisirs visuels. Une vision distanciée que l'on pourra juger superficielle et dont on peut penser qu'elle ne sert pas le propos du compositeur. c t u a séduit en comtesse, faisant apprécier une voix qui n'a en rien perdu de son éclat. Alfred Muff (Wesener), Thomas Bauer (Stolzius) ou Cornelia Kallisch et une dizaine de seconds rôles d'excellent niveau rendaient parfaitement justice vocalement au chef-d'œuvre du compositeur allemand. Frank Fredenrich l i t é o p é r a genève Grand Théâtre (022/418.31.30) s Contes de la lune vague après la pluie (Wurtz-Huguet) – 29 mars lausanne Opéra (021.315.40.20) s Tancredi (Dantone-Sagi) – 20, 22, 25, 27, 29 mars zurich Opernhaus (044.268.66.66) s Juliette (Luisi-Homoki) – 1er, 4 mars s Ariadne auf Naxos (Luisi-Guth) – 3 mars s Rote laterne (Altinoglu-Loschky) – 6, 11, 14, 18, 21, 25, 27 mars s Anna Bolena (Yurkevich-del Monaco) – 20, 24, 29 mars paris Champs-Elysées (01.49.52.50.50) s Solaris (Nielsen-Teshigawara) – 5, 7 mars Châtelet (01.40.28.28.40) s Singin' in the rain (ValentineCarsen) – 12, 13, 14, 15, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 24, 25, 26 mars Opéra Comique (0.825.01.01.23) s Le Pré aux clercs (McCreesh-Ruf) – 23, 25, 27, 29, 31 mars Opéra National (08.92.90.90) Bastille : s Faust (Plasson-Martinoty) – 2, 5, 9, 12, 15, 18, 22, 25, 28 mars Garnier : s Das Lied von der Erde (LangeNeumeier) – 2, 3, 5, 6, 9, 10, 11, 12 mars s Le Cid (Plasson-Roubaud) – 27, 30 mars avignon Opéra Grand Avignon (04.90.82.81.40) s Simon Boccanegra (GuingalBouillon) – 20, 22 mars dijon Opéra (03.80.48.82,82) s Der Kaiser von Atlantis (ZekeLambert) – 11, 12, 13 mars lyon Opéra (0826.30.53.25) s Die Gezeichneten (Perez-Boesch) – 13, 17, 20, 22, 26, 28 mars s Orfeo ed Euridice (Onofri-Marton) – 14, 18, 19, 21, 24, 25, 27, 29 mars marseille Opéra (04.91.55.11.10) s Tosca (Carminati-Désiré) – 11, 13, 15, 18, 20 mar montpellier Opéra National (04.67.60.19.99) s L'Enfant et les sortilèges (Pillement-Pocceschi) – 1er mars nice Opéra (04.92.17.40.79) a c t s Cosi fan tutte (Kluttig-Stone) – 15, 17, 20, 21 fév. strasbourg Opéra National du Rhin (03.89.36.28.28) s Tristan und Isolde (KoberMcDonald) – 18, 21 24, 30 mars toulouse Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13) s Castor et Pollux (RoussetClément) – 24, 27, 29, 31 mars s Lucio Silla (Minkowski-Pynkoski) – 3, 12, 14, 17 mars s Carmen (Zanetti-Dante) – 22, 24, 28 mars Teatro dell’opera (39/06.48.16.02.55) 5, 6, 7, 8, 10 mars berlin rome s Tosca (Renzetti-Talevi) – 1er, 3, 4, Ronconi) 31 mars turin De nederlandse Opera (31.20.62.55.456) s Alcina Rousset-Audi) – 1er mars s Die Zauberflöte (MadarasMcBurney) – 4, 6, 9, 12, 15, 17, 19, 22, 24, 27 mars bruxelles La Monnaie (32/70.23.39.39) s Jacob Lenz (Ollu-Breth) – 1er, 3, 4, 6, 7 mars s Le Vin herbé (Rademann) – 10 mars s Penthesilea (Morlot-Mitchell) – 31 mars Teatro Regio (39/011.881.52.41) s Il Turco in Italia (Rustioni-Alden) – 12, 14, 15, 17, 18, 19, 20, 21, 22 mars venise Teatro La Fenice (39/041.24.24) s La Traviata (Matheuz-Carsen) – 21, 25, 27, 29 mars s Alceste (Tourniaire-Pizzi) – 20, 22, 24, 26, 28 mars vienne Staatsoper (43/1514447880) s Don Carlo (Armiliato-D.Abbado) – 1er mars s Werther (Chaslin-Serban) – 5, 9, 13 mars barcelone Liceu (34.934.85.99.13) s Siegfried (Pons-Carsen) – 11, 13, 15, 17, 19, 21, 23 mars s Tristan und Isolde (Gergiev) – 18 mars madrid Teatro Real (34/90.224.48.48) s La Grande Duchesse de Gerolstein (Soler-Pizzi) – 13, 14, 15, 17, 18, 20, 21, 22, 25, 27, 28 mars ROH (0044/207.304.4000) s Die Zauberflöte (MeisterMcVicar) – 2, 4, 6, 7, 9, 11 mars s Aufsteig und Fall der Stadt Matthew Polenzani sera Hoffmann lors des Mahagonny (Wigglesworthreprésentations des «Contes d’Hoffmann» Fulljames) – 10, 12, 14, 24, à New York © Dario Acosta 28 mars s Madama Butterfly (Luisotti-Cauriers Lady Macbeth de Mzensk Leiser) – 20, 23, 28, 31 mars (Metzmacher-Hartmann) – 8, 11, 14, 17 mars florence s Tosca (Armiliato-Wallmann) – 24, Teatro del Maggio Musicale 27 mars (39/056.27.79.350) s Dido and Aeneas (Montanari- s La Traviata (Ettinger-Sivadier) – 15, 18, 21 mars Bianchi) – 1er, 3, 5, 8, 10 mars s Il Barbiere di Siviglia (Güttlermilan Teatro alla scala (39/02.720.03.744) Rennert) – 19 mars s Aida (Auguin-Joel) – 22, 25, 28 s Aida (Mehta-Stein) – 1er, 11, 14 mars mars a Deutsche Oper (49/30.343.84.343) s Tosca (Runnicles-Barlog) – 21. 25 mars s Die Zauberflöte (Gnann-Krämer) – 7 mars. s Samson et Dalila (LacombeKinmoth) – 1er mars s La Rondine (Rizzi Brignoli-Villazon) – 8, 12, 14, 18, 27 mars s La Fanciulla del West (RizziNemirova) – 13, 19, 22, 28 mars s La Bohème (Runnicles-Friedrich) – 20, 24, 30 mars s Madama Butterfly (Abel-Samartini) – 26, 29 mars Staatsoper (49/30.20.35.45.55) s Lulu (Barenboim-Breth) – 1er, 7, 13 mars s Wozzeck (Barenboim-Breth) – 6, 14 mars s Parsifal (BarenboimTcherniakov) – 28, 31 mars Komische Oper (49/30.47.99.74.00) s Gianni Schicchi/Le Château de Barbe-Bleue (Nanasi-Bieito) – 1er, 7, 15, 19 mars s Die Zauberflöte (Poska-Kosky) – 27 mars s Ball im Savoy (Benzwi-Kosky) – 4, 13, 28 mars s L'Orfeo (de Ridder-Kosky) – 6, 29 mars new york londres u 29 mars s I Puritani (Armiliato-Dew) – 4, 6, 10 mars Theater an der Wien (43/15.88.85) s Gli Uccellatori (Gottfried-Happel) – 22, 24, 26, 28, 30 mars s Lucia di Lammermoor (R.Abbado- amsterdam s Elektra (Laufenberg-Glittenberg) – l i t é Metropolitan Opera (00.1.212.362.60.00) s Don Giovanni (GilbertGrandage) – 2, 6 mars s Carmen (Heras-Casado-Eyre) – 4, 7 mars s Les Contes d'Hoffmann (AbelSher) – 5, 11, 14, 18, 21 mars s La Donna del Lago (MariottiCurran) – 3, 7, 10, 14 mars s Manon (Villaume-Pelly) – 9, 12, 17, 21 mars s Lucia di lammermoor (BeniniZimmermann) – 16, 19, 24, 28 mars s Ernani (Levine-Samartini) – 20, 23, 26, 31 mars s Don Carlo (Nézet-Seguin-Hytner) – 30 mars 25 o p é r a à bâle Otello revisité En confiant la mise en scène du chef-d'œuvre verdien à l'iconoclaste artiste catalan Calixto Bieito, le Théâtre de Bâle a pris un risque calculé : ce metteur en scène a déjà signé plusieurs productions ici même et le public a eu le temps de s'habituer à ses provocations. Or, comme tous les grands hommes de théâtre, Calixto Bieito surprend à chacune de ses nouvelles créations, et cet Otello n'a pas manqué à ce qui est presque devenu une tradition avec lui lorsqu'il s'agit de déstabiliser ses admirateurs ... et ses détracteurs.. 26 L'action se joue sur le quai d'un port, devant une grue de déchargement de containers en provenance de pays lointains. Une populace misérable hante les lieux, séparée du monde dit 'civilisé' par des fils de fer barbelés. Impossible de ne pas songer au port de Calais, par exemple ! Otello, le Maure de Venise, n'est en conséquence plus un Noir qu'on rejette pour la couleur de sa peau, mais un être irascible, tiraillé entre deux univers et prompt à prendre un accès de colère lorsqu'il se trouve face à des gens qui le traitent sans les égards qui lui sont dus. Sa relation avec Desdemona est donc dès le départ placée sous une mauvaise étoile : leur grand duo d'amour qui clôt le premier acte n'a plus rien d'une longue effusion lyrique, on voit plutôt deux êtres qui s'affrontent toutes griffes dehors. Par la suite, ils se déchirent avec une férocité qui va crescendo, ce qui pousse par exemple Desdemona à rejoindre son époux totalement ivre lors de la réception organisée en l'honneur de l'ambassadeur de Venise, comme si son but premier était d'humilier son époux en public. Du coup, Iago devient parallèlement presque un personnage secondaire: il est bien sûr l'intrigant cauteleux qu'a imposé une certaine tradition théâtrale mais sans posséder cette grandeur diabolique qui rend fascinants tous les grands interprètes de ce rôle magnifique. Dans cette atmosphère délétère, la montée de la jalousie chez Otello paraît futile tant chacun s'ingénie à satisfaire dans l'instant ses besoins les plus primitifs au mépris de tout idéal de fidélité ou de règle morale. Le sujet retrouve sa vraie grandeur au quatrième acte seulement, lorsque Desdemona attend la mort dans la cabine de pilotage de la grue portuaire qui sert de décor unique; son forfait achevé, Otello grimpe dans l'immense bras de cet engin qui le projette par-dessus la fosse vers les spectateurs: haletant, défait, il semble attendre un message qui tarde à venir d'en haut... Si cette mise en œuvre plutôt primitive du sujet shakespearien laisse perplexe, la réalisation a musicale est, elle, d'une solidité réjouissante. Kristian Benedikt n'est pas l'Otello aux nuances les plus raffinées qui se puisse imaginer, mais sa prestation est bouleversante au plan scénique et son engagement vocal manifeste une résistance à toute épreuve. Svetlana Ignatovich s'approche de l'idéal en Desdemona, n'était une tendance du timbre à se durcir dans l'aigu, surtout dans les passages les plus ouvertement dramatiques au 3e acte. Simon Neal en Iago reste sur la réserve dans son Credo mais campe au final un personnage parfaitement adapté à la conception du metteur en scène. Le reste de la distribution est satisfaisant, sans plu. A la tête d'un orchestre au jeu massif et bruyant, Enrico Delamboye rappelle une fois de plus que la musique lyrique italienne n'est pas son fort ... (Représ. du 11 janvier) Médée redécouverte Avec Médée, Marc Antoine Charpentier a peut-être écrit son chef-d'œuvre absolu. Pour cette première représentation en Suisse, le Théâtre de Bâle a mis les petits plats dans les grands en faisant appel à Andrea Marcon, dirigeant l'ensemble La Cetra directement issu des rangs de la célèbre Schola Cantorum bâloise et en confiant le rôle principal à Magdalena Kozena, une des grandes pointures actuelles du chant baroque. Le spectacle séduit et suscite l'enthousiasme du public par sa mise en scène iconoclaste: l'action se joue dans un condominium moderne, empli de rares meubles 'design' au centre duquel trône un ascenseur permettant quelques apparitions fantastiques sans grands effets de soufflerie. Médée vit dans les sous-sols alors que Jason et Glaucé (ou Créuse) se partagent un appartement qu'on imagine vaste et luxueux, sis dans les espaces aérés de l'étage noble. Les cinq actes s'apparentent, visuellement, à une longue soirée où les fêtards perdent progressivement leur superbe jusqu'au final sanglant qui laisse tout le monde pantois. A défaut de ren- c t u a «Médée» avec Magdalena Kožená, Meike Hartmann © Hans Jörg Michel dre justice au livret de Thomas Corneille dans tout son raffinement, cette réalisation de Nicolas Brieger a au moins le mérite de dénouer clairement les fils de l'action tout en respectant de loin les codes de représentation des opéras royaux du 17e s. Sous la direction tour à tour pointilleuse et rageuse d'Andrea Marcon, l'orchestre, situé sur la partie droite de la scène, peine d'abord à remplir le vaste auditorium de son jeu aux sonorités compactes au point de paraître parfois franchement brouillonnes. Mais la beauté des soli des vents, autant que la différenciation subtile des voix des cordes assurent finalement à l'accompagnement instrumental une assise solide qui rend pleinement justice à la complexité du langage du compositeur. Les chanteurs manient le français avec efficacité sinon élégance ou éloquence : les vers du livret paraissent embarrassés dans la bouche de solistes pour qui la prosodie française un rien précieuse de l'ouvrage reste lettre morte. Trop grandiloquent, le chant devient alors emphatique et finit par nuire à la compréhension pourtant essentielle des vers qu'habillent une musique délicate. Magdalena Kozena joue les vedettes avec un aplomb sensationnel et obnubile par son chant prenant et son engagement scénique sans défaillance. Mais est-elle une Médée apte à faire courir le frisson ? Décidément non... Il y a trop de pose dans son jeu, trop de recherche d'effets dans son chant. Le Jason au ténor presque efféminé d'Anders J. Dahlin convient nettement mieux à la situation dramatique dépeinte, tout comme le Créonte au timbre profond et sonore de Luca Tittoto. La Créuse au débit pépiant de Meike Hartmann paraît par contre s'être trompée de répertoire alors que l'Oronte sonore de Robin Adams remplit sa tâche relativement brève avec un maximum d'efficacité. (Représentation du 15 janvier) Eric Pousaz l i t é o p é r a entretien avec le directeur artistique de la cetra Andrea Marcon Dernière saison lyrique pour Georges Delnon, le directeur de Theater Basel, avant qu’il ne s’envole pour de nouvelles aventures à l’opéra de Hambourg. On doit aussi à sa perspicacité et son audace la programmation d’opéras baroques dont certains sont rarement joués, comme cette Médée de Marc-Antoine Charpentier, ou Juditha Triumphans d’Antonio Vivaldi, à l’affiche cette saison. Contrairement à d’autres scènes lyriques, qui font jouer les orchestres accrédités, Georges Delnon a fait appel à un orchestre baroque : La Cetra. En Suisse, on retient l’excellence de l’Ensemble 415 avec Chiara Banchini ou de Giardino Armonico, avec Giovanni Antonini et Luca Pianta, passés par la Schola Cantorum de Bâle, centre mondial pour la recherche mais aussi la pratique sur instruments anciens. De cette Schola est aussi née en 1999 La Cetra, empruntant son nom au concerto éponyme d’Antonio Vivaldi, le concerto de violon, opus 9. Ses concerts donnés un peu partout en Europe et ses productions lyriques sont salués à l’unanimité par une critique dithyrambique. En 2009, La Cetra reçoit le Prix Européen de musique ancienne et le label Deutsche Grammophon l’a accueilli dans son cénacle très exclusif pour plusieurs enregistrements. Depuis mai 2009, le claveciniste et spécialiste de la musique baroque Andrea Marcon, qui a fondé et dirige également le Venice Baroque Orchestra, préside aux destinées de La Cetra. Entretien. Pourquoi avoir créé en 1999 cet orchestre et pourquoi serait-il meilleur que d’autres ? C’est une idée voire un rêve de l’ancien directeur de la Schola Cantorum de Bâle. Il n’existait pas d’orchestre baroque à Bâle, alors que la Schola formait l’élite des musiciens, voués à jouer cette musique. Il existait un orchestre de la Schola avec les meilleurs étudiants mais le directeur regrettait qu’ils partent rejoindre les meilleures formations baroques. Pour les garder, il fallait donc créer un orchestre professionnel, payer les musiciens et engager un manager. Pour Médée par exemple, ce sont des musiciens que je connais depuis huit ans qui ont joué dans l’orchestre des étudiants. D’excellents musiciens très liés entre eux et qui ne se retrouvent pas trois jours avant pour la répétition. C’est un orchestre ouvert, très international et des musiciens qui ont fait un travail d’étude sur la musique ancienne. En me choisissant comme directeur artistique, l’idée était aussi de donner un profil à l’orches- e n t r chestre, et j’essaie de travailler pour le futur. Pour les politiciens, la dignité artistique des orchestres symphoniques est plus grande que celle de l’orchestre baroque, alors qu’en réalité nous ne rejouons pas des œuvres du répertoire, nous faisons vraiment des premières. Imaginez que Médée n’a jamais été donné en Suisse ni La Concordia de’pianeti de Caldara. Cette Médée a la même dignité qu’un opéra de Wagner et le livret de Corneille est un pur chef-d’œuvre. Mais nous ne pouvons la jouer que grâce à un orchestre baroque, un orchestre moderne a un autre diapason et ne peut pas jouer ces œuvres. Votre travail d’orchestre est-il le même que pour les orchestres modernes ? Andrea Marcon © Harold Hoffmann /DG.jpg tre, avec une programmation. Auparavant la responsabilité artistique se faisait par concert mais mon travail a permis de structurer l’orchestre, de lui tracer une ligne et le résultat, ce sont les invitations aux festivals, les enregistrements avec Deutsch Grammophon et la collaboration avec Patricia Petitbon et Magdalena Kozena. Comment comprendre que votre reconnaissance internationale ne soit pas à la hauteur des moyens financiers dont dispose l’orchestre ? C’est un peu un paradoxe à Bâle, qui est un centre mondial pour la musique baroque, de ne pas avoir de subventions publiques, dont bénéficient au contraire les orchestres baroques français. Ce sont les orchestres symphoniques qui prennent les subventions et il est difficile de retirer une partie de ces fonds pour l’octroyer à l’orchestre baroque. Mais nous avons bon espoir que cela change, grâce au travail et à la reconnaissance internationale de ces dernières années et grâce au théâtre de Bâle, qui nous a permis de monter beaucoup d’opéras, Calisto, Orpheo, Orlando Furioso, Idomeneo, Fairy Queen, et donc de faire un travail régulier. Avant cette collaboration, on montait un projet comme si c’était à chaque fois le dernier mais j’ai accepté en 2009 d’aider l’or- e t i e Quand on décide de travailler au centre de musique ancienne à Genève, Bâle ou Versailles, il y a, plus que dans les conservatoires où on joue la musique comme on la sent, un travail de recherche sur les sources musicales, l’orchestration. Bien sûr pour Bach, la recherche a déjà été faite mais Vivaldi, Caldara ont tellement écrit qu’on fait toujours de nouvelles découvertes. Parfois, on a de la chance de trouver des protocoles ou des autographes mais parfois il n’y a que des copies tardives pleines d’erreurs et il s’agit d’apporter une transcription moderne pour l’orchestre, pour donner une profondeur à la lecture musicale. Mais la qualité est aussi liée aux musiciens de l’orchestre, à leur talent d’interprètes. Pendant longtemps on a pensé que jouer de la musique ancienne ou baroque, c’était faire de la recherche archéologique, récupérer des fossiles. C’est apparemment juste mais en vérité, c’est de la musique morte. L’acte musical doit être émancipé de la connaissance musicologique. La recherche n’est qu’un moyen pour mieux l’interpréter et la musique est quelque chose de vivant. Rendre la musique d’hier vivante à l’auditeur d’aujourd’hui ? Oui, mais pas seulement avec les yeux et les oreilles du spécialiste. Plus qu’une analyse profonde, ce qui compte, c’est le moment créatif de l’émotion musicale, cela doit être comme un feu. La musique ne doit pas sonner comme un morceau travaillé, sinon elle est morte. Cela m’a donné beaucoup de plaisir dans Médée car l’orchestre n’était pas dans la fosse mais sur le côté de la scène, au cœur de l’action. Propos recueillis par Régine Kopp Discographie : Antonio Caldara, La Concordia de’pianeti (2014), Baroque Arias and Songs (2012), Ouvertures de Mozart (2011), Mozart’s Garden (2011), The Passions, william Hayes (2009), La Serva Padrona de Paisiello (2007), Madrigaux de Monteverdi avec Magdalena Kozena (fin 2015). n 27 o p é r a à zurich Nouvelle Norma Le rôle éponyme de l'opéra le plus célèbre de Bellini a, plus que tout autre, été marqué par le passage météorique de Maria Callas. Toutes les grandes interprètes qui lui ont succédé ont été mesurées à l'aune de son interprétation incandescente, et il en ira encore longtemps ainsi. A Zurich, on a osé confié ce rôle difficile entre tous à une artiste dont les débuts remontent à 2007 seulement; Maria Agresta, qui a déjà incarné ce personnage hors du commun sur la scène du Tel Aviv Opera faisait à cette occasion ses débuts in loco. Le résultat est, vocalement du moins, sidérant. 28 La voix ne connaît aucune limite : le souffle est long, les pianissimi les plus impalpables passent la rampe sans effort apparent, et les réserves vocales dont dispose encore cette cantatrice dans le fulminant final imposent le respect. L'émission vocale superbement contrôlée incite la chanteuse à oser des rallentendi qui auraient pu mettre à rude épreuve sa maîtrise du souffle si elle avait disposé d'une technique moins raffinée : ici, la ligne de chant n'est jamais entachée d'effets disgracieux et plane avec une élégance lumineuse sur le délicat accompagnement orchestral que tissent les membres du Philharmonia Zurich, inspirés comme rarement sous la direction dynamique de Fabio Luisi. Maria Agresta, la nouvelle Norma a tion au service du langage épuré du compositeur sans chercher à attirer indûment l'attention sur elle. La mise en scène de Bob Wilson, revenu à Zurich pour peaufiner ce travail de reprise d'une réalisation datant de 2009, ravit les amateurs du genre et irrite les autres. Dans le cas de Norma, il serait pourtant difficile d'imaginer une transcription scénique plus belle et plus signifiante. (Représentation du 8 janvier) Tristan und Isolde, un simple drame petit-bourgeois Reprise dans la mise en scène de Claus Guth datant de 2008, la production maison de Tristan und Isolde a permis au public zurichois de réentendre Nina Stemme, qui est actuellement une des plus grandes interprètes de ce rôle-marathon. De fait, avec les années, le matériau vocal s'est encore bonifié : l'aigu se déploie avec une intensité lumineuse qui chercherait son pareil loin à la ronde tandis que la fourchette de nuances à la disposition de la chanteuse suédoise s'avère d'une confondante richesse. Sans effort apparent, l'artiste survole un premier acte où elle est constamment placée au premier plan par un compositeur qui ne semble pas Musicalement, cette Norma paraît déjà d'une étonnante maturité chez une interprète aussi jeune; il ne lui manque peut-être qu'un brin d'assurance dans la gestuelle, mais il faut dire que les déplacements au ralenti et les poses hiératiques voulues par le metteur en scène Bob Wilson ne permettent pas aux interprètes de s'éclater !... Autour de cette nouvelle diva, l'Opéra zurichois a réuni une distribution d'une rare cohésion : Roxana Constantinescu en Adalgisa fait montre d'un goût musical aussi affirmé que sa collègue et brosse à la fois avec énergie et retenue le portrait d'une jeune amoureuse dont les émois vibrent d'une passion qui transforme les deux duos avec Norma en joutes vocales d'une surprenante pugnacité vocale.. Marco Berti est un Nina Stemme, l’une des grandes Isolde du moment, photo Tanja Niemann Pollione aux accentuations violentes qui malmènent parfois les déli- s'être soucié des limites naturelles de la voix cates arabesques belliniennes, mais la figure du humaine : dès les premières notes, le timbre Romain hautain et infidèle est superbement ren- brillant de l'interprète suédoise se coule dans la due, alors que celle de l'amoureux aux musique avec naturel et fait intensément partatransports délicats reste, elle, à peine esquissée. ger aux auditeurs les diverses étapes de sa frusWenwei Zhang, enfin, s'impose comme un tration et de son amour naissant pour celui qui a Oroveso très autoritaire, dont la basse sonore été le meurtrier de son chevalier servant. Dans sait néanmoins conserver l'once de chaleur le deuxième acte, construit entièrement autour nécessaire pour laisser transparaître, sous l'in- du long duo d'amour, la voix se love avec déliflexibilité du personnage, une réelle tendresse ces dans les mélismes musicaux qui lui sont pour sa fille. Le chœur est tout simplement par- réservés mais ne parvient plus au même degré fait alors que la direction de Fabio Luisi, tour à d'exaltation par la faute du Tristan robuste, mais tour emportée ou alanguie, se met avec abnéga- peu inspiré, d'un Stephan Gould dont le mérite c t u a l i t é o p é r a premier est de chanter toutes les notes sans faiblir, parfois au prix d'une intonation hasardeuse. Mais le Liebestod la retrouve au mieux de sa forme : le chant semble progressivement se fondre dans l'orchestre, comme s'il s'y noyait, et finit sur une note où la fusion avec les timbres instrumentaux fait courir un long frisson d'extase parmi un public comblé. A côté du Tristan musclé et pétulant du chanteur américain, on retrouve avec émotion le roi Marke à la voix caverneuse et encore enveloppante de Matti Salminen, la Brangäne aux accents bouleversants de Michelle Breedt et le Kurwenal au timbre inhabituellement corsé et profond de John Lundgren. A la tête d'un Philharmonia Zurich des grands jours, John Fiore empoigne la partition à bras le corps, sans toutefois en faire ressortir tous les sortilèges charnels tant le goût de la dissection du matériau sonore l'emporte sur l'abandon sensuel. Mais un tel accompagnement a au moins le mérite de ne jamais couvrir les voix et de prolonger éloquemment chaque élément du discours. La mise en scène de Claus Guth se plaît à souligner la parenté entre le sujet légendaire choisi par Wagner et la biographie du compositeur qui a vécu quelques mois à Zurich dans la propriété d'un admirateur dont il convoitait la femme. Le plateau tournant présente différentes pièces d'une villa bourgeoise qui rappelle la propriété des Wesendonck sise sur les bords du lac, presque en face de l'Opéra zurichois. De longs flashbacks pendant le deuxième acte présentent au public les lentes étapes de la montée de la passion entre les deux amants au cours de ces soirées mondaines où rien de personnel ne peut se dire mais où tous les sous-entendus érotiques restent possibles, le tout culminant sur le coït du couple adultère qui se couche sur une table où s'amoncellent les reliefs d'un repas de gala!.. Une telle relecture ne manque certes pas d'intérêt, mais elle a néanmoins quelque chose de réducteur qui va à l'encontre du message musical : au final, ce spectacle laisse l'impression d'un travail intelligent qui vieillit plutôt mal. (Représentation du 25 janvier) Eric Pousaz a c t u à berne Salomé en sœur de Lulu Enfant gâtée d'un ménage bobo plein aux as, naturellement propriétaire d'un loft de luxe, Salomé se présente au public bernois dans une tenue improbable (shorts trop courts, boléro ajusté à l'extrême, démarche dégingandée, mine effrontée et méprisante) et, dès le départ, n'en fait qu'à sa tête au milieu des invités d'une fête déjantée. Sûre de son succès, elle traverse la Danse des sept voiles sans se défaire de ses vêtements (ce sont les hommes qui se livrent à sa place à un lent strip-tease ... ) avant de se recroqueviller voluptueusement autour de la tête coupée du seul mâle qui a osé lui résister, curieusement appelé Jochanaan dans un tel contexte. A défaut de convaincre l'amateur d'opéra, cette actualisation du sujet permet au metteur en scène allemand Ludger Engels de souligner la modernité du sujet en en montrant les prolongements dans le monde d'aujourd'hui. Mais la laideur des éclairages frontaux, des costumes de Ria Schachtenbeck faits de entre les voix instrumentales pour ne pas sombrer dans le chaos ambiant. De plus, malgré la puissance du jeu orchestral, les voix passent aisément le rideau sonore tendu depuis la fosse et emplissent sans peine le petit auditorium du théâtre. John Uhlenhopp et Claude Eichenberger incarnent le couple décadent avec une rigueur vocale qui sait éviter le piège de la caricature facile, ce qu'Allison Oakes en Salomé a plus de peine à réaliser avec son timbre parfois dur et vibrant à l'excès. Splendides tant par la plénitude de leur chant que par leur engagement scénique, le Jochanaan d'Aris Argiris et le Narraboth de «Salomé» © Anne Bouteiller bric et de broc, et une direction d'acteurs répétitive entachent ce projet scénique de défauts majeurs qui font paraître bien longs ces sept quarts d'heure de musique... L'Orchestre Symphonique de Berne se montre particulièrement brillant sous la direction de Fabrizio Ventura, emportée mais en même temps suffisamment fine dans l'analyse et les dosages a l i t Michael Feyfar font honneur à la politique d'engagement de chanteurs encore peu connus sur une scène de moyenne importance, tout comme la bonne demi-douzaine d'interprètes qui se partagent les rôles épisodiques mais non secondaires de cette sulfureuse partition. (Représentation du 28 janvier) Eric Pousaz é 29 o p é r a à avignon 30 à lyon Don Pasquale Idomeneo Une très belle et réjouissante représentation de l’opéra buffa de Donizetti, qui sait également faire une place aux moments de poésie et d’émotion. Après avoir été copieusement sifflée il y a deux mois au Covent Garden de Londres, la production de Martin Kusej recueille de nouvelles huées à l'Opéra de Lyon. Pour le metteur en scène Andrea Cigni, le barbon Don Pasquale est avant tout un radin qui enferme ses richesses dans un coffre-fort géant, et dans la maison duquel on entre comme dans une chambre forte, après avoir fait pivoter la lourde porte sur la paroi blindée, celle-ci prenant toute la hauteur du cadre de scène. L’apparition de Norina est bien plus bucolique, elle descend d’une balançoire couronnée de fleurs, à côté de papillons qui volètent et d’un pigeon lui apportant une lettre. Plus tard à l’acte III, les lingots ont disparu et les liasses de billets se font rares, tandis que Norina, blonde platine à la Marylin Monroe, a investi dans un mobilier chic : divan et fauteuils blancs, ours polaire en descente de lit surdimensionnée, … La soprano Anna Sohn (Norina) est virevoltante, et améliore très nettement sa musicalité ainsi que la tenue de sa ligne vocale à mesure que la représentation avance ; elle démarre en effet avec beaucoup d’énergie et peu de raffinement, mais se montre tour à tour piquante et émouvante au dernier acte. Simone del Savio dans le rôle-titre n’a qu’une peur, c’est qu’on lui vole son sou-fétiche, conservé sous cloche exactement comme chez Oncle Picsou. Vocalement le timbre est splendide et bien projeté. L’autre baryton Alex Martini (Malatesta) semble moins aguerri techniquement, d’une intonation moins précise et des graves moins présents, mais tous deux réussissent avec brio leur célèbre duo sillabato « Cheti, cheti » dans la première scène du III. La belle surprise est l’élégance du phrasé développé par le ténor Sergeï Romanovsky (Ernesto), de couleur belcantiste, claire et tout de même d’une certaine épaisseur. Quelques mesures en début d’ouverture sont nécessaires au chef Roberto Fores-Veses et à l’Orchestre Régional Avignon-Provence pour trouver un niveau acceptable de réglage, mais de petits décalages (du chœur également) sont perceptibles par la suite, le solo de trompette en début du II par exemple manque d’assurance, même si celle-ci arrive à bon port sans incident flagrant. Il faut dire que tous les tics et trucs du Regietheater sont exposés dès les premières minutes, déjà vus plusieurs fois pour la plupart. Au lever du rideau, des miliciens déboulent, crânes rasés, lunettes et uniformes noirs, mitraillette au poing et index constamment sur la gâchette. Ils brutalisent, bousculent, frappent les prisonniers qui roulent par terre, y compris la princesse troyenne Ilia à qui on apporte quand même assez vite un manteau plus digne de sa condition. Avec une haute porte en place à gauche, le décor tournant constitué de quatre faces de parois blanches et noires percées d’ouvertures permet d'enchaîner rapidement entre les scènes d'extérieur et d'intérieur. Le jeu des acteurs est parfois convenu, avec beaucoup d'allers et retours comme Idamante qui sort de scène pendant son premier air mais Kate Aldrich et Elena Galitskaya © Maurin revient en courant pour son 2ème couplet, ou encore de traversées de long en large, par exemple pour Idomeneo dans son très long air du II qui paraît bien embarrassé dans ses gestes. Certains passages sont réussis, comme la séduction opérée par Elettra auprès d'Idamante, mais la réalisation porte de trop nombreuses violences gratuites et répétées, ainsi que quelques séquences de provocation, lorsque les figurants déballent de leur sac plastique un poisson qu'ils essaient de faire frétiller, puis passent à une swim dance généralisée. La direction musicale de Gérard Korsten démarre de manière plutôt classique, puis acquiert de la dynamique à partir du premier air d'Elettra, en donnant ressort et relief aux récitatifs, même si certains passages comme le quatuor du III ou le finale baissent en intensité. Dans le rôle-titre, le ténor Lothar Odinius possède une voix très large, qui confère une impressionnante autorité à ses interventions, en particulier à ses récitatifs. Sa ligne de chant est scrupuleusement conduite, y compris dans le difficile « Fuor del mar » où il se sort sans encombres des passages virtuoses, avec une vocalise plus travaillée que naturelle. Kate Aldrich (Idamante) met un peu de temps à bien poser sa voix, puis la richesse du timbre et l'engagement de la chanteuse emportent vite l'adhésion. Elena Galitskaya est une superbe Ilia, délicate et musicale. Ingela Brimberg (Elettra) semble nettement plus à l'aise dans ses airs de fureur que dans les passages élégiaques, émettant plusieurs aigus pointus et agressifs. Pour compléter les rôles principaux, Julien Behr fait très belle impression en Arbace, la voix est élégante, à l'opposé du traitement qu'en fait le metteur en scène lorsque le personnage trébuche, bonnet de laine sur la tête, chemise de bûcheron et accordéon en bandoulière. François Jestin Donizetti : DON PASQUALE – le 27 janvier 2015 à l’Opéra Grand Avignon François Jestin Sergeï Romanovsky et Simone del Savio © Delestrade a c Mozart : IDOMENEO – le 23 janvier 2015 à l’Opéra de Lyon t u a l i t é o p é r a à marseille Les Caprices de Marianne Le Centre Français de Production Lyrique (CFPL) renouvelle l’expérience du Viaggio a Reims de Rossini en 2008, en montant Les Caprices de Marianne en coproduction avec 15 maisons d’opéra. dant ici en Marianne, le chant étant sans reproches avec une bonne qualité de français mais pas exceptionnelle. Aucun besoin en revanche de lire les surtitres avec le ténor Cyrille Dubois (Coelio), expressif et délicat, la voix portant idéalement, tout comme pour le baryton Philippe-Nicolas Martin, joliment timbré et engagé dans le rôle plus développé d’Octave. La basse Thomas Dear (Claudio) peut encore progresser dans sa projection du son, l’autre ténor Raphaël Brémard caractérise avec humour le rôle de Tibia, et on comprend sans peine Sarah Laulan distribuée en Hermia. Après Marseille, le spectacle voyagera à Tours, Rennes, Avignon, puis la saison prochaine à Limoges, Rouen, Montpellier, Nice, Saint-Etienne, Toulouse, Vichy, ainsi qu’à l’avant-scène opéra de Neuchâtel. François Jestin Sauguet : LES CAPRICES DE MARIANNE – le 29 janvier 2015 à l’Opéra de Marseille La réalisation visuelle confiée à Oriol Tomas, retenu à l’issue d’un appel d’offres réunissant 53 concurrents, doit évidemment pouvoir s’adapter rapidement à des cadres de scène de tailles différentes, mais cette contrainte n’amène à aucun moment une sensation de production faite à l’économie. Le décor unique de Patricia Ruel situe l’action à l’intérieur de la Galleria Umberto Primo à Naples, en figurant de petits éléments de voûte qui partent en perspective. Avec un bassin au centre, qui servira de baignoire en début de 2ème acte lorsque Coelio se fera frotter le dos par sa mère, le plateau change très rapidement d’aspect sous les éclairages efficaces réglés par Etienne Boucher, ainsi que les effets de fumée très suggestifs. Le dispositif est simple, lisible et de bon goût, favorisant un jeu naturel des protagonistes. Créée en 1954 à Aix-en-Provence sur une commande du festival à Henri Sauguet, la partition n’est pas toujours égale avec certains passages de conversation en musique beaucoup moins séduisants que d’autres morceaux comme par exemple l’entrée du ténor Coelio au 1er acte, mesures dignes d’un Pelléas et Mélisande. Sous la direction musicale précise et légère de Claude Schnitzler, montant en densité dra- Philippe-Nicolas Martin et Zuzana Markova © Dresse matique à l’acte II, l’ouvrage paraît globalement bien plus passionnant et moins décousu que La Chartreuse de Parme du même compositeur proposée ici-même en 2012.. Le projet porté par le CFPL, dont la mission est la promotion et l’insertion professionnelle de jeunes chanteurs, a sélectionné une double distribution, dont certains artistes de la première équipe mènent déjà une belle carrière internationale. C’est d’abord vrai pour la soprano Zuzana Markova dans le rôle-titre, vue ces dernières années à Marseille dans de formidables Lucia et Traviata, moins marquante cepen- a c t u a l à monte-carlo Guillaume Tell Guillaume Tell, grand opéra français, représenté dans la petite salle Garnier : le spectateur en prend comme attendu plein les oreilles, mais les yeux sont moins à la fête. Bien conscient de l’exiguïté des lieux, Jean-Louis Grinda a débarrassé le plateau de tout accessoire, à l’exception de quatre chaises pendant l’acte IV et puis bien avant cela, immédiatement après l’ouverture, un soc tiré à force d’homme en travers de la scène par un Guillaume Tell massif, certainement la plus belle image de la soirée. L’espace est limité sur ses trois côtés par des parois constituées de deux rangées de panneaux représentant un paysage de montagne, une cascade, et plus tard un château peu esthétique. Pour l’air d’entrée de Mathilde, sa « Sombre forêt » est chantée derrière un tulle d’arbres peints, sans grand contraste, puis lorsqu’Arnold la rejoint, l’ambiance faite de lumières verdâtres évoque deux personnages au fond d’un aquarium… Le trio qui suit dans des éclairages plus simples et naturels passe bien mieux, les représentants des trois cantons sortant de manière très prévisible au travers des panneaux pivotants. Malgré leurs efforts, Gessler et ses sbires au III sont certes menaçants mais peu effrayants, et lorsque le fond de décor se soulève complètement à la fin de l’opéra, c’est non seulement un soulagement pour Guillaume et ses amis… mais pour le spectateur aussi ! Sur un fond joliment bleuté, le moment est émouvant avec des chœurs qui finissent de donner tout ce qu’ils ont dans la cage thoracique ! Familier de l’œuvre qu’il dirigeait déjà en 1995 à Pesaro, le chef Gianluigi Gelmetti insuffle une direction puissante et assez classique dans ses tempi. Il ne subsiste que peu des danses de l’acte I, mais c’est surtout la partition de l’acte III qui subit de nombreuses coupures ; à noter enfin sur l’air « Sois immobile » de Guillaume le très inhabituel – et bien curieux ! – accompagnement par plusieurs violoncelles, et non plus par un instrument solo, ce qui réduit l’équilibre et la solennité de cette page d’anthologie. Le Guillaume Tell de Nicola Alaimo paraît sans rival aujourd’hui, pour ce qui est de la diction, la qualité et l’ampleur vocales, l’humanité qu’il dégage. En prise de rôle dans Arnold, Celso Albelo i t é 31 o p é r a Nicola Alaimo et Celso Albelo © Opéra de Monte-Carlo 32 semble s’économiser (il chante peu dans les ensembles… voire pas du tout lorsqu’il baisse la tête sous son chapeau !) pour se concentrer sur ses difficiles interventions. Le résultat est impressionnant, la voix toujours élégante devient brillante dans son grand air du IV, un point restant toutefois à améliorer, la prononciation du français. Annick Massis (Mathilde) est en très grande forme et se permet de petites variations électrisantes sur son air d’entrée. Elocution superlative, agilité, volume… on a du mal à croire qu’il s’agit pour elle également d’une prise de rôle ! Le soin apporté à la distribution des autres rôles ajoute encore à la qualité du plateau, à commencer par les voix graves : Patrick Bolleire (Melchtal), Nicolas Cavallier (Walter), Philippe Ermelier (Leuthold), et surtout Nicolas Courjal, un Gessler de belle autorité. Le ténor Mikeldi Atxalandabaso (Ruodi) claironne ses aigus, Alain Gabriel (Rodolphe) étant beaucoup moins convaincant. Le timbre d’Elodie Méchain (Edwige) est très racé et les aigus de Julia Novikova (Jemmy) se font entendre sans peine dans les grands ensembles. sont tantôt dispersés, tantôt regroupés lorsque la tempête menaçante approche. La confrontation entre Grimes et Baltrode au premier acte est un vrai grand moment d'opéra : les deux hommes s'empoignent, postillonnent à qui mieux mieux, Grimes prenant congé avec des bras d'honneur répétés plus vrais que nature ! Des chaises alignées et une croix projetée suffisent à évoquer l'église au II. Les quelques projections vidéo de Paolo Correa sont très réussies : des vagues sur la mer déchainée, des objets qui sombrent dans les fonds marins en annonçant la scène qui suit – roses, chaises, bibles –, jusqu'à la séquence virtuose du dernier interlude musical du II où les choristes gravissent les escaliers menant à la passerelle, à la fois dans le film projeté et physiquement derrière le rideau en transparence. La direction musicale du chef Bruno Ferrandis est brillante, les cordes sont soyeuses et expressives, souvent émouvantes, le chef donne absolument tous les départs aux artistes avec une précision qui ne souffre aucune approximation. John Graham Hall est un grand Peter Grimes, pas précisément par le raffinement du timbre, mais la couleur est bien celle du rôle, la projection est insolente, et l'acteur tourmenté et enthousiasmant. Fabienne Jost en Ellen Orford est absolument remarquable, on croit entendre une Anglaise, avec un style sans doute plus agressif dans le timbre et sévère dans l'allure que d'ordinaire, portant jupe plissée et cravate noire sur chemisier blanc. François Jestin Rossini : GUILLAUME TELL – le 25 janvier 2015 à l’Opéra de Monte-Carlo – Salle Garnier John Graham Hall au premier plan © Jaussein à nice Peter Grimes Avec ce spectacle d'une exceptionnelle qualité, l'Opéra de Nice renoue avec son glorieux passé de scène lyrique de tout premier plan. C'est en premier lieu la nouvelle production de Marc Adam, directeur artistique de la maison depuis fin 2012, qui est un sans-faute. Le fond de scène est un hémicycle (décors de Roy Spahn) pouvant tourner sur le plateau et montrer sa surface extérieure faite de structures métalliques, qui figure la cabane de Grimes à la fin du 2ème acte. Une passerelle intérieure épousant cette forme circulaire se déplace également afin que les choristes puissent entrer et sortir, souvent à une hauteur vertigineuse. Le jeu est réglé avec à la fois densité et naturel, comme dans le pub « The Boar » où les villageois a c t Vincent Le Texier (Balstrode) fait valoir un instrument bien en place, mais la qualité de son anglais, en particulier parlé dans les derniers instants de l'œuvre, est perfectible, défaut que l'on peut reprocher encore plus à André Cognet (Swallow). Le ténor Edward Mout (Bob Boles) est superbement expressif, tout comme les deux « nièces » Hélène Le Corre et Anne Ellersiek, le petit point faible venant de la “tantine“ Manuela Bress, qui parleplus qu’elle ne chante, la ligne vocale étant désordonnée même en admettant une bonne dose de caricature pour ce personnage. Sophie Fournier, en Mrs Sedley bien vieillie, complète agréablement les rôles principaux. François Jestin Britten : PETER GRIMES – le 24 janvier 2015 à l’Opéra de Nice u a l i t é o p é r a à madrid Roméo et Juliette / Death in Venice Deux artistes semblent supérieurement inspirés ce soir, et pas les moindres pour cette représentation concertante : Michel Plasson et Roberto Alagna. Défenseur obstiné et amoureux du répertoire français, le chef, aux commandes d’un orchestre techniquement impeccable et d’un chœur à la diction perfectible, donne couleurs, sentiments, sensualité à la musique, se permettant quelques ralentissements surprenants… et captivants ! On gardait un souvenir très marquant de Roberto Alagna en Roméo en 1994 à l’Opéra Comique, eh bien 20 ans plus tard le ténor français est encore capable de prodiges dans ce rôle. Le timbre sonne incroyablement juvénile, il donne une leçon de prononciation et de legato, l’instrument est sous contrôle sur toute l’étendue du registre, y compris pour émettre les aigus en voix de tête. Sa partenaire Sonya Yoncheva, à coup sûr l’une des meilleures Juliette actuelles, est dotée de possibilités vocales hors du commun, en termes de puissance, d’agilité, elle est capable d’effets éblouissants piano / forte, chantant parfois sur un souffle, mais peut encore progresser sur la diction. Une autre chanteuse fait forte impression dans les courtes interventions du rôle de Stéphano, Marianne Crebassa au timbre d’une grande richesse et à l’émission toujours homogène, tandis que Diana Montague trouve la juste dose de caricature pour le personnage de Gertrude. Côté masculin, aux côtés de «Death in Venice» © Javier del Real bons Tybalt (Mikeldi Atxalandabaso), Mercutio (Joan Martin-Royo), Frère Laurent (Roberto Tagliavini), ou encore un très prometteur Duc de Vérone (Fernando Rado), il est dommage que Laurent Alvaro (Capulet) soit en nette méforme, accusant une instabilité récurrente. A noter que même sans costumes ni décors, il s’agit beaucoup plus d’un opéra que d’un concert : aucune partition dans les mains des protagonistes, Roméo et Juliette s’embrassent à l’envi, s’agenouillent devant Frère Laurent, et meurent allongés sur le plateau. En création au Teatro Real de Madrid, Death in Venice de Britten est représenté dans la production de Willy Decker, déjà donnée au Liceu de Barcelone en 2008. Les décors des nombreuses scènes successives sont plantés très rapidement et certaines idées sont formidables comme le cabinet tout noir de l’écrivain en panne d’inspiration qui se transforme en gondole avec une vidéo de mer en fond de plateau, image de Charon traversant le Styx. D’autres passages sont plus discutables, comme l’explicitation – même en rêve à la fin du 1er acte ! – du désir d’Aschenbach, qui embrasse très amoureusement Tadzio en vidéo et danse avec le bel adolescent nu, ce choix rompant le subtil équilibre de la suggestion, de l’attirance contrôlée ou de l’attente contenues dans l’opéra. Dans le rôle écrasant de Gustav von Aschenbach, en scène quasiment en permanence, le ténor John Daszak, récent Siegfried dans la tétralogie du GTG, ne faiblit pas, claironnant ses aigus et interprétant avec intelligence les affres de l’écrivain. Le baryton-basse Leigh Melrose qui joue les 7 personnages (de dandy, gondolier, barbier, …) accuse un déficit de graves, mais compense par un jeu et une vocalité beaucoup plus dynamiques que d’ordinaire, en campant par exemple un directeur de l’hôtel survitaminé. La jolie « voix d’Apollon » du haute-contre Anthony Roth Costanzo provient avec un agréable mystère des étages supérieurs, et l’ensemble est placé sous la baguette d’Alejo Pèrez, aux commandes de cordes envoûtantes et de bois, cuivres et percussions bien précis. François Jestin Gounod : ROMEO ET JULIETTE – le 16 décembre 2014 au Teatro Real de Madrid Britten : DEATH IN VENICE – le 17 décembre 2014 Michel Plasson, Sonya Yoncheva et Roberto Alagna © Javier del Real a c t u a l i t é 33 d a n prix de lausanne Danseurs étoiles : relève assurée Comme celle du papillon, la vie d’un danseur est de courte durée. Dès l’âge de trente ans, le corps ne réagit plus comme avant et à la quarantaine on est obligé de prendre sa retraite. Mais les compagnies regorgent de danseurs étoiles, c’est parce que chaque année, de jeunes danseurs et danseuses prennent la relève. s e Australiens. Les Asiatiques n’ont pas manqué. Non seulement ils venaient de leurs pays (le Japon et la Corée du Sud) mais ils étaient présentés par des écoles européennes comme celles de Stuttgart, de Monte-Carlo et de Lisbonne. Quatre danseurs et deux danseuses ont obtenu un Prix de Lausanne bourse, et la sémillante Lou Spichtig a reçu le prix de la meilleure Suissesse ainsi que le Prix du public. Le jeune Harrison Lee, Australien de quinze ans et demi, a obtenu le 1er Prix et la médaille du meilleur danseur. Il était tout simplement époustouflant, malgré son jeune âge : des sauts magnifiques, un travail des pieds très propre. Le jeune Portugais Miguel Pinheiro a remporté un Prix bourse ainsi que le Prix de la meilleure exécution de la variation contemporaine. Il faut dire que ces variations sont de mieux en mieux interprétées. Et un bon danseur de contemporain sera meilleur danseur de classique. Parmi les lauréats se trouvent trois Asiatiques, un Japonais une Japonaise et une Coréenne. Cette dernière était une Gamsatti convaincan- 34 Lou Spichtig, photo Gregory Batardon Au prix de Lausanne, le plus grand concours à échelle mondiale pour jeunes danseurs, sont révélés chaque année les nouveaux talents en formation. Les écoles européennes qui fournissent des candidats chaque année sont celles de Monte-Carlo, de Cannes (Rosella Hightower), de Stuttgart, ainsi que le conservatoire de Lisbonne et la Tanz Akademie de Zurich. Mais cette année beaucoup de candidats provenaient des Etats-Unis et d’Australie. 300 jeunes danseurs ont envoyé un enregistrement de leur variation. 70 ont été invités à venir à Lausanne. Le niveau était élevé cette année et le travail du jury n’a pas été facile. 20 candidats et candidates ont été sélectionnés pour la finale, parmi eux sept Américains du nord et 4 a c t te (La Bayadère) et sa variation extraite du Sacre du printemps de Richard Wherlock était captivante. Comme l’an passé un candidat américain qui fait sa formation à l’école de danse du Bolchoï a obtenu un Prix de Lausanne Bourse. Il ne faudra pas attendre longtemps avant de trouver ces danseurs et danseuses à la tête des grandes compagnies du monde. Emmanuèle Rüegger u a l i t é d a n s e salle des fêtes du lignon LA Dance project Le LA Dance project, compagnie américaine basée à Los Angeles, sera à Vernier les 27 et 28 mars 2015 avec un programme comprenant trois chorégraphies. Millepied constitue son répertoire avec ses propres pièces mais aussi des œuvres de William Forsythe ou Merce Cunningham (voir n°254 et n°261 de Scènes magazine) et des commandes d’Emanuel Gat ou Justin Pecq. En 2013, il est choisi par Stéphane Lissner pour prendre la direction de la danse de l’Opéra de Paris. Malgré la responsabilité de cette nouvelle fonction, Benjamin Millepied continue de s’engager dans l’aventure du LA Dance project. Stéphanie Nègre Vendredi 27 mars 2015 à 20h00 & Samedi 28 mars 2015 à 20h00 Location : Service de la culture, 022 / 306.07.80 ou www.vernier.ch/billetterie Elève au conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon, Benjamin Millepied achève son cursus à la school of American Ballet. Il remporte le Prix de Lausanne en 1994 puis est engagé au New York City Ballet. Il gravit rapidement les échelons de la compagnie et devient « principal dancer » en 2001 et l’un des interprètes favoris de Jérôme Robbins. Parallèlement à sa carrière de danseur, il commence à chorégraphier et forme, avec des solistes des grandes compagnies américaines, Les Danses concertantes. Avec ce groupe, il tourne en Europe et en Amérique pour présenter grands classiques et pièces plus contemporaines (vor n°219 de Scènes magazine). En 2011, Benjamin Millepied prend sa retraite de danseur puis monte, en 2012, sa compagnie, le L.A. Dance project, basée à Los Angeles, avec le producteur Charles Fabius et les musiciens Nicholas Britell et Nico Muhly. Cette compagnie a pour but de rassembler des artistes d’horizons différents autour de projets chorégraphiques avant-gardistes. Benjamin Dans ce programme, Benjamin Millepied a choisi d’inclure Quintett, chef d’œuvre de William Forsythe. Equilibre, déséquilibre, corps qui se rencontrent entre fluidité et tension, cet œuvre pour cinq est la quintessence du style développé par le chorégraphe américain. Dans une pénombre mélancolique, sur la musique de Gavin Bryars où un homme répète à l’infini « Jesus’blood never failed me yet » les danseurs nous renvoient l’étrange sentiment du regret, du passé, la perte irrémédiable qui jalonne la vie. Forsythe la crée en 1993, après la mort de sa femme. C’est une œuvre déchirante que les danseurs du LA Dance project interprètent à la perfection. L.A. Dance Project © Benjamin Millepied a c t u a l i t é 35 t h é â t e la comédie de genève Le théâtre a-t-il pour vous une dimension sacrée ? Du 10 au 29 mars, la Comédie présente une adaptation théâtrale du Laboureur de Bohême de Johannes von Tepl. Écrit en 1401, ce duel verbal qui met aux prises un homme venant de perdre sa bien-aimée avec la Mort interroge les risques que court une société qui considère la mort comme un tabou. Aux commandes de cette étonnante création, Simone Audemars nous présente son projet. Oui, en donnant la parole à ces fantômes que sont les personnages qui hantent les œuvres dramatiques, le théâtre est doté d'un caractère sacré. Le comédien rappelle d'ailleurs un peu la figure du chamane, en ce qu'il mobilise son corps afin de donner vie à une parole qui n'existait que sous la forme d'un texte. Il est confronté à l'au-delà, puisque les mots, une fois énoncés, sont déjà morts. L'expérience de la parole au théâtre me fait penser à un souvenir d'enfance : je tiens un ballon et, au moment où je le lâche, je me rends compte que je ne pourrais plus le rattraper. Il est définitivement parti, comme tous les mots que l'on profère. Le Laboureur de Bohème Qu'est-ce qui vous a séduit dans le texte de Johannes von Tepl ? Pourquoi le porter à la scène ? 36 r J'ai déjà mise en scène deux pièces abordant la thématique de la mort, La Maladie de Sachs de Martin Winkler en 2006 et La Mastication des morts de Patrick Kermann en 2008. Le Laboureur de Bohème est un texte essentiel dans la culture occidentale. Écrit à un moment charnière, au début du XVème siècle, il annonce tout à la fois le courant de pensée humaniste et le mouvement de la Réforme en affirmant la liberté de l'homme dans son rapport à Dieu. Il s'agit d'une dispute évoquant les dialogues socratiques, qui confronte un élève, le laboureur, à son maître, la Mort. Or, le dialogue et le conflit constituent selon moi l'essence du théâtre. Il m'a donc semblé stimulant de transposer sur scène ce texte étonnant qui continue de nous interpeller six cent ans après sa rédaction, afin d'en éclaircir les enjeux. Par ailleurs, il s'agit d'une œuvre qui mobilise un engagement très fort de la part des comédiens. Ceux-ci doivent parvenir à faire jaillir de ce texte traitant de la vie et de la mort une parole enrichie par leur propre expérience humaine. Comment le théâtre, art vivant, peutil parler de la mort ? Le théâtre, de par sa nature éphémère, est l'art qui parle le mieux de la mort. Chaque représentation surgit du néant, s'invente et puis meurt. Quelque chose d'absolument unique se crée chaque soir entre la salle et la scène, mais s'efface aussitôt dans l'instant qui le suit. La pièce, une fois achevée, ne subsiste guère qu'à travers les souvenirs de ses spectateurs. Or, c'est précisément ce dont parle le texte de von Tepl, qui traite de la douleur des survivants. À un moment, le laboureur dit que si le corps de son épouse n'est plus animé par la vie, elle continue néanmoins d'habiter sa mémoire... La thématique du texte en fonde la théâtralité. e Quel rapport souhaitez-vous instaurer avec le public ? Comme s'il était convoqué auprès du veuf, le «Le Laboureur de Bohème» public sera dispersé de part et d'autre de la scène du duel oratoire, qu'il encadrera. L'atmosphère d'intimité ainsi créée, et la scénographie élaborée par Roland Deville tout entière, évoquent le rituel de la veillée funèbre, qui voit les proches du défunt se réunir autour du corps de celui-ci pour prendre acte de sa disparition. Le corps de la femme ne sera toutefois pas présent sur scène, mais il la hantera sous forme de traces invisibles. J'aimerais que les spectateurs se sentent directement concernés par le spectacle auquel ils assistent et qu'ils soient renvoyés à leur propre appréhension de la mort. Afin d'assurer un lien fort entre la pièce et son public, celui-ci sera pris à parti par le laboureur et la Mort, qui évolueront sur scène dans un décor sobre, dans les tons noirs et gris, éclairé de manière uniforme. n t r e Comment aborde-t-on la mort aujourd'hui ? On n'en parle justement pas assez. Elle est l'objet d'un déni. La force du Laboureur de Bohème est justement de la placer au cœur de la vie, de mettre en évidence le rôle moteur qu'elle joue dans nos existences. Sans la mort, nous ne saurions nous investir pleinement et intensément dans la vie. Propos recueillis par Emilien Gür Le Laboureur de Bohême – Dialogue avec la mort de Johannes von Tepl, la Comédie, du 10 au 29 mars, m.e.s. Simone Audemars Réservation : www.comedie.ch, 022 320 50 01 t i e n t h é â t r e voient pas ou refusent de voir. Elisabeth cherche à voir au-delà, comme pour échapper à sa condition et conquérir une liberté salutaire, synonyme de victoire sur le Temps. Minyana souhaite donner un destin épique à ces figures singulières qui en deviennent universelles. la comédie de genève Une femme Du 3 au 7 mars, il faut absolument prendre le temps du théâtre de Philippe Minyana qui nous livre ici une partition dramatique profondément habitée, avec la complicité désormais évidente de Marcial Di Fonzo Bo pour la mise en scène et l’interprétation jubilataoire de comédiens aussi remarquables que Catherile Hiégel, Catherine Ferran, Laurent Poitrenaux, Héléna Noguerra et Marc Bertin. Une épopée intime de notre monde finissant à travers le portrait d’une femme délicat et saisissant. «Une Femme» © Christophe Raynaud de Lage Fidèle à ses obsessions nourries par l’inéluctabilité du temps, de la mort et, partant, d’une forme de mouvement perpétuel, Minyana nous invite dans la chambre d’une femme, Elisabeth. Dans ce lieu fertiles, les souvenirs, le présent et le passé, les vivants et les mourants vont s’entrechoquer et percuter la mémoire universelle, notre mémoire. Les figures les plus emblématiques de notre culture occidentale vont devoir affronter la mémoire et le corps en perdition, rongés par la maladie. Il y a l’amie de longue date, «la veilleuse», les amis, le père, les maris et les enfants. Et plus tard, il y aura la forêt qui viendra dévorer la chambre et happer Elisabeth, comme un monstre vibrant de chagrins et de mystères. Mais la femme est forte, forte de cette grande tristesse qui n’usât pas désespérée et toujours consolée par Madame Paul, qui veille et empêche la chute trop brutale. Cette pièce conçue comme une épopée intime, comme un conte grotesque, raconte notre a c t u monde finissant de façon apparemment simple, au fil de conversations dites dans une langue sobre, économe et raffinée à la fois. Et puis, interviennent des événements étranges, mais familiers de l’univers de Minyana. Des volets entrouverts que l’héroïne n’a de cesse d’ouvrir et de refermer, et qui laissent paraître un autre monde, intime et occulté. Cette perméabilité entre l’intérieur et l’extérieur est une problématique récurrente de l’œuvre de l’auteur. Dans le même temps, le passé ronge le présent et finit par étouffer jusqu’à l’espace même de la chambre. Il se matérialise par la forêt qui prend peu à peu possession des lieux et abritent des joggers égarés ou des fantômes inquiétants. Complicité Mais la qualité de cette production scénique tient avant tout de la complicité et de la justesse remarquables des interprètes. Philippe Minyana à écrit Une Femme pour la comédienne Catherine Hiégel et le metteur en scène Martial Di Fonzo Bo, liés de fait par la dramaturgie de l’auteur et la force de sa poésie. A ces deux s’ajoutent une équipe d’acteurs de haut vol : Catherine Ferran, nuancée et intense, le grand Laurent Poitrenaux, décisif dans chacune de ses répliques, Hélène Noguerra, toujours juste et convaincante, et Marc Bertin étonnant comédien qui complète une véritable petite troupe en pleine connivence. Bien entendu, la prestation de Catherine Hiégel est particulièrement captivante, avec ce fichu caractère de femme qui ne tombe jamais dans le pathos et donne un aperçu de son jeu toujours sous contrôle et dans le plus élégante retenue, mais sachant également donner dans le grotesque le plus réjouissant. La mise en scène de Di Fonzo bo est au service du texte, intelligente et subtile, quand elle sais se jouer des registres multiples qui animent la pièce. Il sait cultiver le mystère et l’extravagant, en donnant la respiration nécessaire aux mots de Minyana, et nous embarquer dans une dimension inattendue et irrationnelle, aux creux de silences qui en disent long, comme dans le théâtre de Jon Fosse ou de Botho Strauss ; de grands dramaturges qui ont su avant Minyana et comme lui, faire surgir de personnages un monde de fantômes et de souvenir, nichés au cœur de nos âmes et qui accompagnent notre cheminement vers l’au-delà. Jérôme Zanetta Du 3 au 7 mars. Une Femme de Philippe Minyana, m.e.s. Marcial Di Fonzo Bo. La Comédie de Genève, à 19h, ven à 20h (loc. 022/320.50.01 / [email protected]) Imperceptiblement, le spectateur glisse dans un ailleurs, dans protester, sans s’étonner de la noirceur de ce monde merveilleux et il devient le témoin distancié de la réalité des personnages et de son vécu. Il finit par percevoir cette dimension du réel que les personnages ne a l i t é 37 Théâtre Forum Meyrin : « King Size » dans la mise en scène de Christoph Marthaler les 3 et 4 mars 2015 Location : 022 / 989.34.34 photos © Simon Hallström t h é â t r e à eux, sont apparemment simples, avec leurs lignes claires. En réalité ils construisent un univers peu cadré, loin des règles de l’école ou de la famille, plus fluctuant, peu stable. L’absence d’échelle et de réalisme crée des espaces de liberté propices à la transgression. théâtre des marionnettes de genève Loulou Loulou, un classique de la littérature jeunesse de l’auteur-illustrateur Grégoire Solotareff, est adapté et mis en scène par Laure-Isabelle Blanchet. L’occasion de rencontrer cette jeune marionnettiste qui collabore depuis dix ans avec le TMG et de l’interroger sur l’univers tout en fraîcheur qu’elle propose au jeune public. Comment êtes-vous arrivée au TMG et qu’est-ce qui continue à vous attirer dans les marionnettes et dans les spectacles pour enfants ? Laure-Isabelle Blanchet : Je suis une ancienne timide, poussée par ma mère à faire du théâtre depuis mon enfance pour surmonter ce handicap. J’ai rejoint ensuite l’ESAD – L’Ecole Supérieure d’Art Dramatique – et à la sortie j’ai fait un stage de marionnettes à fils avec Guy Jutard qui m’a aussitôt engagée sur Le Petit Poucet. C’était en 2005 et depuis les projets se sont enchaînés. Ce qui m’attire dans les spectacles de marionnettes ? L’illusion commune le temps d’une mais au contraire c’est s’affranchir d’une apparence pour pouvoir tout faire et tout jouer. Au théâtre, l’aspect physique des comédiens conditionne les rôles, ce qui n’est pas le cas avec les marionnettes. Et puis j’aime cette grande richesse interactive : être en même temps la marionnette et la narratrice, ou la manipulatrice. Quant aux spectacles pour les enfants, j’y suis venue par le stage initial avec Guy Jutard et j’ai découvert un terrain de jeu illimité. J’y suis restée parce que j’étais insatisfaite d’autres spectacles vus ça et là. Chaque représentation diffère, elle doit prendre en compte une interaction subtile avec le jeune public, parfois très jeune! Il faut savoir doser, car tant les rires que les pleurs Revenons à Loulou, d’après l’œuvre de Grégoire Solotareff. La mise en espace est très fidèle à l’univers de Grégoire Solotareff, avec des marionnettes en gomme. Dans la scénographie nous avons cherché avec Chine Curchod à épurer les lignes graphiques et à créer des formes grâce à un module trapézoïdal. J’ai de plus introduit des chansons pour créer un univers de comédie musicale. Je suis partie de la couleur jaune de Solotareff et l’ai librement interprétée : si on imagine que ce peut être une dune, alors les morceaux de musique peuvent être country, ou inspirés par Ennio Morricone… Propos recueillis par Laurence Tièche-Chavier La trame narrative de Loulou, comme souvent chez Solotareff, fait la part belle à l’amitié. Amitié peu crédible, certes, mais amitié vraie, au-delà des comportements innés et acquis. Ce récit d’initiation montre à l’enfant spectateur un apprentissage réciproque où il/elle découvrira la confiance et la peur, le respect de l’autre dans sa diffèrence. A ne pas rater du 15 avril au 3 mai : Le Vilain Petit Mouton dans une mise en scène de Guy Jutard sur un texte commandé par ce dernier à Olivier Chiacchiari. Encore un élan sans péjugés vers l’autre, l’étranger, celui qui n’est pas soi! On devinera que la source d’inspiration d’un tel spectacle est à chercher du côté des affiches xénophobes d’un certain parti politique qui fait de l’étranger – au sens très vaste du terme – le responsable de tous nos maux. Et l’on se réjouira d’assister aux vertus de l’indignatione et de la désobéissance présentées aux enfants par le truchement de marionnettes à tringle. « Loulou » © Cédric Vincensini représentation. Plus que des personnages ou une situation, il s’agit d’un monde miniature qui propose un univers au public. Les marionnettes libèrent de l’apparence et permettent de varier les modes de jeu : il y a le grotesque dont l’effet grossissant tire vers la légèreté, il y a le rôle du narrateur. On pourrait penser que jouer avec des marionnettes c’est se cacher derrière elles, e n t r sont contagieux. J’aime également le côté transgressif des marionnettes. Ainsi, Ligne de Chance, une récente création de ma compagnie Le Cockpit, s’inspirait des merveilleux papiers découpés du Pays d’En-Haut pour mettre en scène une très jeune héroïne bravant l’injustice et le regard ostracisant de ses congénères. Les livres imagés de Grégoire Solotareff, quant e t i e Loulou (dès 4 ans), du 7 au 25 mars, Le vilain Petit Mouton (dès 6 ans), du 15 avril au 3 mai, Théâtre des Marionnettes de Genève, réservations au 022 807 31 07 ou www.marionnettes.ch n 39 t h é â t r e Quelle a été la réflexion autour de la pièce de Molière ? arsenic, lausanne Janine Rhapsodie A voir au Théâtre de l’Arsenic du 5 au 15 mars, Janine Rhapsodie, une pièce originale inspirée du Misanthrope de Molière. Le texte et la mise en scène sont de l’auteur suisse Julien Mages dont on se souvient de la magnifique Ballade en orage autour du Roi Lear de Shakespeare. 40 Vous appelez les spectateurs « les écoutants » que vous encouragez à une écoute non passive… Comment passe-t-on du Misanthrope à Janine Rhapsodie ? Pourquoi avoir transposé Misanthrope en la Misanthrope ? le Ma pièce n’est pas du tout Le Misanthrope de Molière. Il s’agit d’une œuvre originale qui s’inspire d’un mythe, d’une fable, comme Shakespeare a pu s’inspirer, pour écrire Le Roi Lear, d’une vieille légende bretonne qui s’appelle « Le Roi Lear et ses trois filles ». La métamorphose est complète, même si on y retrouve des éléments, comme la misanthropie par exemple, ainsi que la question de la vérité et du postulat philosophique de l’existence ou non de la vérité. Le dilemme demeure insoluble depuis Molière. Peut-être que cette vérité au fond n’existe pas. e Laissez-vous une certaine liberté aux comédiens dans votre travail de mise en scène ? Il n’y a pas d’improvisation, même si certains endroits du texte sont suffisamment souples pour que les comédiens puissent se permettre des écarts. Mais en principe, j’arrive avec un texte fini. Les trois premières semaines sont comme un round d’observation. Je les écoute parler, je les observe. On entre dans la matière textuelle, ce qui génère des débats, parfois des conflits. Ce qui m’intéresse, c’est l’acteur brut confronté à la matière brute du texte. Julien Mages expose d’emblée ses intentions: « Pour ce projet je veux revenir à des fondamentaux dramatiques mêlant narration classique et rupture stylistique, inclinant vers une forme plus abstraite aux accents surréalistes… M’inspirant du Misanthrope de Molière, je ne peux me départir de l’idée d’en faire avant tout une comédie. Aussi le pari sera-t-il de reprendre le conflit mythique de la pièce classique opposant Alceste aux courtisans pour le transposer aujourd’hui… À ceci près que mon Alceste sera une femme et que cette distraction s’affranchira allègrement de son tuteur légitime tant par sa fable que par sa forme, l’idée étant d’en garder avant tout le rire. » Entretien. C’est une question difficile, mais disons qu’il s’agit d’obsessions personnelles autour de la figure mythique d’Alceste. J’ai voulu m’inspirer du phénomène d’un homme, ou en l’occurrence d’une femme, qui essaie de dire la vérité à son monde et qui se heurte aux manières dont le monde est régi. C’est d’abord une passion intime pour la pièce qui a conduit ce projet puis, petit à petit, j’ai laissé naître en moi des envies, les fantasmes dont je voulais parler, mes besoins personnels face au monde d’aujourd’hui. Les livres, les œuvres, les pièces révèlent les préoccupations complexes des auteurs. Pour Janine Rhapsodie, je me suis inspiré de ma vision de cette œuvre, de ce qui a émergé de ma lecture. Si elle m’a autant fasciné, c’est qu’elle représentait pour moi quelque chose de fondamental. «Janine Rhapsodie» © Cie Julien Mages Sylvain Chabloz La conclusion que propose Molière est plutôt pessimiste puisqu’il observe que « pour être vrai dans le monde, il faut le quitter » … Je comprends ce départ comme une rupture symbolique, intérieure, métaphysique. Alceste part du monde des hommes. Sur cet axiome, il y a beaucoup de choses à construire et c’était donc intéressant de penser en femme et aujourd’hui. Cela soulève passablement de questions par rapport à notre époque. Pourquoi est-ce plus intéressant que le personnage principal soit une femme ? Parce que cela avait déjà été fait pour un homme ! Et puis, j’ai écrit pour une actrice et je ne voulais pas de travestissement. Assez vite l’idée m’a passionné, excité, c’est devenu un défi moderne. Ainsi, il est question dans cette pièce de la femme vue par l’homme, de sa position sociale, de sa vérité quant à cette position, de son rang. L’égalité ou l’équité homme-femme n’existe pas toujours ; et si parfois elle existe, il demeure encore beaucoup de machisme et d’incompréhension de la part de l’homme. Nous vivons toujours dans un héritage de patriarcat. n t r e J’adorerais que le spectateur soit guidé d’abord par l’écoute et que les autres sens suivent. On est toujours guidé par un sens. Le spectateur de théâtre vient écouter un texte, une langue. La langue est très importante pour moi, c’est ce qui différencie un auteur d’un autre, qui caractérise sa nature, son style. Il y a d’ailleurs un défi sur la forme dans cette pièce, « une écriture nouvelle ». Le plaisir actuel est surtout réservé aux yeux, notre époque est envahie par l’image. Alors j’imagine que le théâtre peut être un endroit de résistance où on vient encore écouter une langue. C’est pourquoi le théâtre existe depuis toujours et doit continuer d’exister. Les gens se déplacent pour participer à cette expérience absolument physique qui consiste à entendre la voix d’un comédien leur parler, les caresser ou les malmener. Propos recueillis par Nancy Bruchez Théâtre de l’Arsenic, Janine Rhapsodie, du 5 au 15 mars Janine Rhapsodie en résumé Deux personnalités s’affrontent sur un terrain politique et philosophique. L’une, la misanthrope, se confronte à un puissant homme d’affaire. Ce dernier, qui s'est pris pour un intellectuel en écrivant un essai socio-philosophique, vient demander des comptes à celle qui a fustigé son texte dans un article véhément. L’homme de pouvoir va ainsi se heurter à la réalité de la femme représentant un tout autre pouvoir: celui de la pensée vraie. t i e n t h é â t r e le poche genève En roue libre Le Poche accueille, du 9 au 23 mars, une pièce de Penelope Skinner qui a fait les beaux soirs du théâtre des Célestins à Lyon. L’occasion de poser quelques questions à Claudia Stavisky, qui s’est occupée de la mise en scène. Comment avez-vous entendu parler de Penelope Skinner et sa pièce En roue libre (originellement Village Bike) ? Claudia Stavisky : En Europe, le réseau des metteurs en scène ébruite vite un texte théâtral singulier. La pièce Village Bike a été lue, en public, au festival annuel La mousson d’été, qui se tient en Lorraine, à Pont-à-Mousson. Directeurs de théâtre ou metteurs en scène, nous lisons ces pièces et transmettons, à notre entour, celles que nous ne voulons ou ne pouvons produire. Village Bike m’a procuré un choc immédiat. Même avant d’en avoir fini la lecture, je décidai de la mettre en scène. Avec humour et sens de l’observation, elle déconstruit des clichés sociaux (les personnages sont des bobos quarantenaires) et notre langue quotidienne puis les réorganise dans un nouvel ordre et dans des strates extrêmement fines. En roue libre nomme, avec franchise, les situations et comportements de la vie en couple. Comment le public lyonnais a-t-il réagi ? Seule une partie infime du public a été choquée. Tous les autres ont réagi avec un enthousiasme passionné. Un point me surprend et me réjouit : chaque représentation reçoit un accueil différent, tant les moments où le rire éclate que sa nature même. Pour ce dernier point, je pense au rire de défense et au rire où s’établissent un partage, un assentiment et une complicité avec un personnage. Je suis impatience de découvrir comment le public du Poche, à Genève, réagira. Comment qualifieriez-vous l’écriture d’En roue libre ? Comme tout le théâtre britannique, elle est extrêmement scénarisée, tant elle se veut comme (et tend) un miroir critique aux séries e n t r anglaises. En Grande-Bretagne, depuis les années 1980, le cinéma et l’image télévisée animée exercent une profonde influence sur l’écriture dramatique, avec de fréquents passages entre eux. Dans sa substance, En roue libre pointe des thématiques sociales actuelles Elle part moins à l’abordage de ces thématiques que des individus qui laissent leur vie vide de sens se faire envahir par elles : les écologistes (plus que l’écologie), les humanitaires, les féministes et ces êtres que la pornographie fascine. «En roue libre» © Christian Ganet Il y a un important écart entre le titre initial, Village Bike, et sa traduction francophone… Si, dans notre version française, la pièce est intégrale, son titre a dû être changé. En effet, Village Bike est à double sens. Si son premier degré est clair (approximativement “vélo de village“), son second degré signifie à peu près (et trivialement) : “tout le monde l’a chevauchée, sauf le train“. En français, cette polysémie inclut diverses notions : perte de contrôle, vertige, liberté, vélo. Après réflexion, En roue libre nous a semblé le mieux à même de rendre compte de ces subtilités. Non, cette distribution a été facile à établir. Depuis longtemps, je souhaitais travailler avec ces comédiens et, par bonheur, tous étaient disponibles. Et à commencer par Julie-Anne Roth qui joue le rôle principal, celui de Becky. Dans ce théâtre, un considérable investissement physique est nécessaire ; c’est un registre d’écriture sur lequel les auteurs français ne sont pas branchés. Cette thématique (la sexualité, féminine et masculine) ne circule pas à ce point dans le reste du théâtre européen. Plus formidable encore : le prétexte de la femme enceinte. De là à en faire une comédie tragique et une fable où la politique traverse les corps et les asservit, ce me semble unique. N’y a-t-il pas une contradiction entre ce sujet qui se déploie dans un large espace dramaturgique et le modeste plateau où, à Lyon, cette production a été réalisée ? Cette pièce brûle d’une tension entre des thématiques qui nous concernent tous et entre les récits intimes qui s’y croisent. D’emblée, elle ne pouvait pas tenir dans une salle à l’italienne (soit la grande salle au Théâtre des Célestins) : mon dispositif scénique exige un espace frontal ; et, dans une salle à l’italienne (et surtout depuis les balcons), le public en aurait vu la mécanique chorégraphique dans la coulisse, avec le travail virtuose des régisseurs. Puisque notre autre salle, La Célestine (une petite salle), n’offrait ni la dimension suffisante ni une issue en arrière-scène, nous nous sommes entendus avec notre voisin, le théâtre Les Ateliers. Son plateau offre bien des proximités avec Le Poche, à Genève. Après En roue libre, quelles pièces mettrez-vous en scène ? Lors de la prochaine saison, ce sera un classique du XXe siècle, Les affaires sont les affaires d’Octave Mirbeau Et la suivante, une pièce contemporaine : Tableau d’une exécution de Howard Barker. Propos recueillis par Frank Langlois Du 9 au 22 mars. Le Poche-Genève, mer-jeu+sam à 19h, lun+ven à 20h30, dim à 17h (location +41 (0)22 310 37 59, [email protected]) Distribuer ces rôles forts a-t-il été délicat ? e t i e n 41 t h é â t r e théâtre du crève-cœur Assoiffés Un gars, une fille, et un anthropologue judiciaire qui refait l’enquête d’une vie, notamment la sienne. 42 Assoiffés, c’est l’histoire de deux adolescents, un garçon et une fille, Murdoch et Norvège, un qui décide de dire les choses et l’autre qui se tait, un qui se fait entendre et l’autre qui se cache. C’est aussi l’histoire de Boon, anthropologue judiciaire, qui par le truchement de ces deux personnages replonge dans sa propre adolescence et tente de retrouver, ‘repêcher’, ses rêves abandonnés. Pièce qui mêle la réalité à la fiction, l’humour et le drame dans un univers empreint de fantastique. Un spectacle percutant qui aborde des thèmes riches de sens : qu’est-ce que vivre ? Comment aborder l’avenir ? « Est-ce que ça sert à quelque chose de connaître ? Est-ce que ça sert à quelque chose de savoir ?... Comment ça se fait que plus je grandis, moins j'ai l'impression d'être vivant ? » Entretien avec Vincent Babel et Lorédane Straschnov Que vous dit cette pièce ? Vincent Babel : Il s’agit d’une double enquête menée par un anthropologue judiciaire appelé Boon. Il doit identifier les corps de deux adolescents engloutis au fond de l’eau, cette recherche le pousse à devoir enquêter sur lui-même, sur son passé. Un des deux corps repêchés est celui d’un ami d’adolescence. Cela l’amène à repenser sa vie d’avant, sa vie à l’époque où il se souhaitait un parcours auquel il aura renoncé au fil du temps. Il voulait devenir auteur, mais les circonstances ont fait de lui quelqu’un d’autre, un anthropologue judiciaire justement. Lorédane Straschnov : Cette pièce fait se rencontrer 3 êtres, 3 caractères qui se battent, s’interrogent à la fois sur leur passé, leur avenir, et qui questionnent leur réalité, la notion de réalité. L’anthropologue construit son raisonnement avec la méthodologie de l’anthropologie tout en y associant des moments de vie ou de création personnelle, qui constituent aussi ses pièces à conviction. C’est un texte théâtral qui n’est pas linéaire, qui mêle plusieurs époques, plusieurs situations, plusieurs temps. Et plusieurs angles de vue. Comment comprendre le titre ? V.B Assoiffés, car les personnages ont tous soif de beauté, de sincérité, d’infini. Un des trois a e Vincent Babel © Emilie Batteux une soif tarie, certes, il a renoncé à ses questionnements d’adolescent et à une certaine part d’innocence perdue au sortir de l’adolescence. En effet, à un moment donné, il a fait le choix d’entrer dans la mécanique d’une vie, plutôt que de continuer à se questionner et à remettre en question ce que la réalité lui imposait. La découverte des deux corps lui fait revivre et retrouver l’être qu’il était jadis. Et repenser à tout cela. L.S Le titre dit aussi la soif de survivre, de s’en sortir, la soif de vaincre. Après sa crise d’adolescence, Boon qui était assoiffé, se retrouve pris dans une sorte de grande faille… Tous ont eu, en tous cas à certains moments, une soif de combat, une soif de lutte. La langue des personnages est très contrastée, comment l’avez-vous ‘lue’ et en quoi fait-elle sens dans votre mise en scène ? V.B Il y a bien trois langues distinctes. Murdoch, l’un des repêchés, parle avec des expressions québécoises qui lui donnent un phrasé particulier. La pièce se passe en effet au Canada, pays de résidence de Wajdi Mouawad. Boon a d’entrée de jeu un langage plus soigné, il s’adresse au public qu’il prend à témoin, il reste somme toute le narrateur de l’histoire. Norvège, personnage énigmatique à la frontière du réel et de la fiction, a un style plus poétique, plus suggéré. L’auteur organise les mots sur papier de sorte à nous donner déjà des indications sur une rythmique possible. L.S Norvège parle comme dans un poème, d’ailleurs W. Mouawad se serait semble-t-il inspiré du poème d’Emile Nelligan (Soir d’hiver) publié en 1898 au Québec, pour inventer ce personnage :… Mon âme est noire ! Où vis-je ? Où vais-je? / Tous ses espoirs gisent gelés / Je suis la nouvelle Norvège / D’où les blonds ciels s’en sont allés… Pièce sur ou autour de l’adolescence donc, mais au fait qu’est-ce que l’adolescence ? V.B C’est la mue, la peau qui part, qui fait de nous des écorchés vifs, des êtres à vif, vulnérables et instinctifs. C’est le passage d’un monde de protection totale à la vie d’adulte, vie faite de carapaces qui cachent celui ou celle que l’on espérait être et que l’on n’est pas devenu. Dans sa pièce, W. Mouawad ne met pas en scène des n t r e révoltés de la société, des ‘ados’. Il en fait au contraire des êtres pensants, qui ne cessent de se questionner, de remettre en cause le ‘donné’ des choses, la réalité telle qu’on nous la présente. Questionner le monde, trouver un sens à ce monde. Ici, les personnages ont soif de sens, et ont de la colère pour comprendre et décrypter le monde dans lequel ils vont devoir se jeter. L.S Il y a aussi dans ce questionnement de l’adolescent, ou propre à l’adolescence, cette idée que le monde adulte n’accompagne pas dans les interrogations existentielles et essentielles. On ne donne pas de réponse à l’adolescent, il n’en attend d’ailleurs pas forcément, mais surtout on ne lui propose pas de nouvelles pistes pour aller plus loin dans sa recherche. Comment est l’écriture de Mouawad? V.B C’est une imbrication d’éléments langagiers entre eux, de liens multiples qui se répondent : les noms, les lieux, les prénoms tissent des toiles entre eux de façon aléatoire aussi. L.S L’intrigue est là, les personnages parlent et bougent, se déplacent, et le spectateur met à distance ou en gros plan tel ou tel élément, à sa guise. Son écriture permet cette multiplicité de points de vue. La scénographie joue-t-elle avec ces imbrications ? L.S Elle tente, oui. L’intention est d’abord de neutraliser la charge historique du théâtre du Crève-cœur, le charme de sa pierre notamment... Pour accompagner le raisonnement de l’anthropologue, nous avons opté pour inscrire sur le plateau des accessoires à portée symbolique et poétique, qui permettent d’induire des réflexions, de suivre le processus de la problématique et d’ouvrir la porte des imaginaires. La pièce n’a pas une unité d’action stricte, on passe d’un monde à l’autre. Pour le souligner, nous avons voulu proposer des liens entre les choses et entre les personnages, une sorte de parcours des objets, qui donnent au spectateur une certaine liberté d’interprétation. Concrètement, chaque acteur a son espace, mais est capable d’en changer le cas échéant. Une manière pour nous de considérer le théâtre comme un terrain de jeu, et comme une enquête de terrain. Propos recueillis par Rosine Schautz t i e n t h é â t r e théâtre saint-gervais Les Nuits El Warsha Depuis plusieurs années, chanteurs, musiciens et comédiens de la troupe El warsha (L’Atelier en arabe) se réunissent presque chaque soir dans le centre-ville du Caire et racontent le monde. « Quand le soleil se noie dans une mer de brume, Quand une vague de nuit déferle sur le monde, Quand la vue s'est éteinte dans les yeux et les cœurs, Quand ton chemin se perd comme dans un labyrinthe, Toi qui erres et qui cherches et qui comprends, Tu n'as plus d'autre guide que les yeux des mots. » Ahmad Fouad Negm Assis en cercle, ils travaillent des chansons, des textes ou des sketches issus de sources très diverses qui seront le sel d’un futur spectacle : music-hall cairote, chansons nubiennes (Sud de l’Egypte), quatrains de la Geste Hilalienne, l’épopée scandant les exploits des Hilaliens qui envahirent l’Afrique du Nord au XIe siècle, et textes d’Ahmed Fouad Negm, le poète populaire et contestataire, absolue référence égyptienne pour tous les amoureux de la poésie dialectale. Et de la parole libre, en mouvement, la parole qui ‘descend’ dans la rue, où il se produisait les premiers temps. « La parole est une arme ; elle est parfois le signe que l’on agrafe sur la poitrine d’un ami, le présent qu’on lui offre ; elle est parfois le poignard pour frapper un ennemi ; elle peut être aussi la savate qu’on utilise lorsque l’on est en relation avec des gens juste dignes de mépris. » Mort en 2013, deux jours avant Mandela qu’il admirait et qu’il rencontra, il avait été condamné en 1978 sous l’inculpation ‘d’exercice de la poésie’ à un an de travaux forcés pour un poème intitulé Communiqué important jugé humiliant par le président Sadate. Il fut emprisonné à nombreuses reprises : « Du temps de Nasser, l’emprisonnement se faisait sans jugement et les services de police étaient souverains, alors qu’à présent s’ajoute à ces derniers la Cour de sûreté de l’Etat. Avec Sadate, quand on me met en prison, on m’interroge. Il n’y a pas d’aveux, il n’y a pas de preuves, et malgré cela on me met en prison et j’y reste des périodes aussi longues que du temps de Nasser, avec cette différen- a c t u El Warsha ce que, maintenant, on m’incarcère pour six mois, puis on me libère pour deux semaines et on m’incarcère à nouveau. Le motif a toujours été le même : saisie de poèmes. J’ai passé en prison les années de 1959 à 1962, de 1965 à 1966 et demi, de 1968 à 1972, de 1972 à 1973 et après, successivement, 1974, 1975, 1978, chaque fois pendant quelques mois. » Le spectacle est à ne pas manquer car s’il est poétique et drôle, il est aussi finement traversé par les éclats d’une actualité qui continue d’être brûlante dans les rues proches ou lointaines de Midan Tahrir. Face public Les Nuits de El Warsha sont une forme de « cabaret urbain » : des Egyptiens d'aujourd'hui font corps sur scène et se présentent comme ils sont, chacun à son tour face public, pour un chant ou un récit. Les autres écoutent et font chorus, sobrement, sans fioritures. Ce travail, très précis et très ‘juste’, donne à entendre tou- Hassan El Geretly a l i t tes les formes de parole : paroles chantées, scandées, cantillées, murmurées, voix du fond des temps qui surprennent et émeuvent car elles disent la diversité des possibles, témoignent des engagements artistiques du ‘chercheur de sens’ qu’est Hassan El Geretly, et montrent en diachronie une Egypte bien vivante à la fois millénaire et contemporaine. Avec une instrumentation économe, oud (luth), ney (flûte de roseau), percussions, Les Nuits El Warsha renouent avec la tradition ancestrale: sans danse du ventre lascive ni orientalisme kitsch, des femmes et des hommes habités par une passion communicative chantent l’amour ou ridiculisent le pouvoir, et pratiquent à qui mieux mieux l’art de la nokta (blague) si typique de l’humour des bords du Nil. A chaque saison, le répertoire est repensé par la troupe, d’autres chants, d’autres poèmes, d’autres récits sont travaillés. Le cabaret joue et se joue des rumeurs ambiantes captant ainsi au plus près l’air du temps. Les soirées d’El Warsha donnent alors à entendre et comprendre les aspirations ou les déceptions de la rue cairote, ses angoisses ou ses désarrois, et surtout les formidables ‘tours’ qu’inventent jour après jour les Egyptiens inlassablement enclins à se lancer dans la vie avec rires, énergie et poésie. Rosine Schautz PROGRAMME LE CAIRE - GENEVE Du 6 au 10 mars à 20h30 : Les Nuits El warsha, cabaret urbain imaginé par Hassan El Geretly et sa troupe. Spectacle en arabe surtitré en français Les 8, 9 et 10 mars à 19h : Hawa el Horreya Location : 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch Hassan El Geretly, directeur du premier théâtre indépendant d’Égypte, a étudié le théâtre et la littérature au Royaume-Uni et en France. Il a dirigé le Centre dramatique national du Limousin, puis fondé dans cette région la Compagnie des Tréteaux et du Vent. Rentré en Égypte en 1982, il collabore avec les cinéastes Youssef Chahine et Yousry Nasrallah. En 1987, il crée la troupe El Warsha, avec laquelle il monte des pièces de Harold Pinter, Peter Handke, Dario Fo ou Alfred Jarry tout en développant des formations aux formes artistiques traditionnelles. Les Nuits El Warsha a été présenté au Festival d’Avignon 2014. é 43 MIGROS- L-CLAS E R U T L U C T N E POUR-C 015 au Saison 2014/2 SICS Victoria Hall Jeudi 19 mars 2015 à 20 h ORCHESTRE PHILHARMONIQUE ROYAL DE STOCKHOLM Sakari Oramo (direction), Patricia Kopatchinskaja* (violon) Œuvres de Honegger, Tchaïkovski, Sibelius Jeudi 23 avril 2015 à 20 h ACADEMY OF ST MARTIN IN THE FIELDS Julia Fischer (direction et violon), Oliver Schnyder* (piano) Œuvres de Haydn, Mendelssohn, Schönberg *Solistes suisses Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11 Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe. www.culturel-migros-geneve.ch T 021 315 40 20 WWW.OPERA-LAUSANNE.CH TANCREDI MARS 20 22 25 27 29 GIOACCHINO ROSSINI Organisation: Service culturel Migros Genève www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch t h é â t r e chez Reza, n'a pas de frontières quand il s'agit de railler les petitesses de ceux qui sont en contradiction avec l'autoportrait qu'ils affichent ou les pensées sur l'art et la société qu'ils professent.Le trait, ici, est de nouveau délicat et fiché au cœur de la cible. C'est fort drôle. En même temps, dans les propos du personnage de Nathalie, il y a une autre inspiration, une sorte de manifeste de l'écrivain, de réplique au monde Après avoir connu le succès à Paris, la pièce de yasmina Reza part en médiatique, une prise de parole pour le droit au tournée et fera escale en mars à la Maison des Arts de Thonon et à silence de ceux qui s'expriment par la plume. l’Octogone de Pully. Concevant elle-même son propre spectacle, Yasmina Reza bénéficie d'un très beau décor de A Vilin-en-Velène, une salle polyvalente de la scène où se tenait la rencontre, dans les Jacques Gabel, qui dessine avec une ironie proconcentre une partie de l'activité culturelle. salles privées du centre culturel. C'est l'après- che de la sienne (cette salle polyvalente a tout C'est là qu'arrive une femme écrivain, Nathalie débat. On mange, on boit, on danse, on pourrait pour être belle, mais elle ne l'est pas!), et d'une Oppenheim, à l'invitation du responsable, pour chanter. Et, d'ailleurs, on va chanter : du Gilbert distribution idéale. Zabou Breitman incarne ce une séance de lecture et un débat. La romanciè- Bécaud ! Le maire est arrivé, trop heureux d'ac- personnage d'écrivain - le double de Reza - avec re vient de publier un livre intitulé Le Pays des cueillir une romancière à la mode. Lui aussi a une joliesse un peu raide où s'entremêlent secrèlassitudes. Elle va être confrontement l'indépendance tée aux questions du responsad'esprit et les concesble, qui est un doux mélange de sions de l'art de vivre. provincialisme et de parisianisRomain Cottard, qu'on me, et à la journaliste locale qui avait surtout vu dans fait la pluie et le beau temps sur des spectacles d'improce territoire. Cette journaliste visation, est une révélapasse pour l'esprit le plus tion : en responsable brillant qui soit. Forte de son culturel, il dessine une succès dans les médias et les prestance assez naïve coulisses municipales, elle pour mieux révéler la lance tranquillement ses profondeur généreuse remarques acides, en cherchant du personnage. à se montrer plus cultivée et Dominique Reymond plus pénétrante que son interlodétaille avec bonheur la cutrice. Surprise mais non désmondanité de la journa«Comment vous racontez la partie» © Pascal Victor arçonnées, Nathalie Oppenheim liste d'un fou narcissisrépond avec une légère ironie. Non, la vie pri- son avis sur la littérature. Il en parle autant que me. Enfin, André Marcon (qui est, certains vée ne regarde personne. Non, la littérature, ce la femme écrivain et la journaliste, et de façon soirs, remplacé par Michel Bompoil en raison n'est pas cette série de clichés qu'aligne l'inter- particulièrement péremptoire. Le vin aidant, les d'autres engagements) compose le maire de la vieweuse. Le responsable culturel fait ce qu'il relations évoluent, se détendent. La journaliste ville dans un style bourru, fort en gueule et prespeut pour que la rencontre ne dégénère pas. Les n'est plus tout à fait la personne cinglante qu'el- sé où se reflètent tant d'hommes politiques que moments de lecture publique ne se déroulent le était. Le responsable culturel n'est plus tout à nous connaissons. La mise en scène de Reza pas très bien non plus ; ce n'est pas simple de fait ridicule et pourrait être un vrai poète. déploie tous ces talents nuancés avec une certailire avec un livre posé sur un lutrin. La séance, Nathalie Oppenheim se fond dans cette ne lenteur, dans un espace qui peut sembler trop traversée de combats évidents et de désaccords atmosphère devenue cordiale, mais l'on sent vaste. Peut-être est moins drôle qu’ « Art » et implicites, s'achève sur des échanges polis, sans bien que, le lendemain, elle reprendra avec plai- moins méchant que Le Dieu du carnage. Mais c’est encore une fois du grand Reza. vainqueur ni victime. sir la route et sa solitude de romancière. en tournée Comment vous racontez la partie ? Gilles Costaz Telle est la première partie du texte de Yasmina Reza, Comment vous racontez la partie, que l'auteur a elle-même mis en scène et qui vient d'arriver au Rond-Point, après une création dans une de ces villes provinciales dont on nous donne là un tableau amusé (c'était à Toulon, au théâtre Liberté). La seconde partie prolonge les relations de ces personnages hors a c t u Petitesse Ce n'est pas une pièce très aimable pour ce qu'on appelle encore la province – malgré la fureur lointaine d'un Malraux contre ce vocable (« ce nom hideux de province » ! ). Mais Yasmina Reza nous répondrait peut-être que ces personnages ridicules et ces salles polyvalentes mal conçues existent aussi à Paris. La satire, a l i t Comment vous racontez la partie de et m.e.s. yasmina Reza. Avec Zabou Breitman, Marianne Denicourt, Michel Bompoil… - Les 27 et 28 mars. Maison des Arts de Thonon (loc. 04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org) - Le 31 mars. L’Octogone de Pully (loc. 021/721.36.20) é 45 t h é â t r e équilibre - nuithonie Abondance À la mi-saison, de nombreux spectacles sont encore à découvrir dans les salles Equilibre-Nuithonie. Petit panorama de la programmation riche en couleurs. 46 La saison d’Equilibre-Nuithonie continue jusqu’au 21 mai. À l’affiche, de nombreuses pièces de théâtre. Des classiques, avec un Misanthrope aux tonalités baroques mis en scène par Michel Fou (le 3 mars), Mademoiselle Julie de Strindberg mis en scène par Gian-Manuel Rau, reçu pour la première fois à Fribourg (du 25 au 26 mars), la Contrebasse de Patrick Süskind avec Clovis Cornillac (le 28 mars), ou encore la visite de la vieille dame de Dürrenmatt mis en scène par Omar Porras (le 12 mai). Le théâtre contemporain sera aussi au rendez-vous avec des créations et des adaptations. Le diptyque Ave Maria et Lido Adriatico de la compagnie Domenico Carli Acmoser Cie racontent l’histoire de personnages en voyage pour Milan. Ils se retrouvent dans une épopée Un monologue hors du temps et de la scène Jadis, un monologue d’Emmanuel Dorand mis en scène par Hassane Kassi Kouaté propose un voyage dans la mythologie gréco-romaine. Tout commence dans la salle d’exposition du théâtre Nuithonie. Une atmosphère épurée et naturelle propulse le public dans un autre temps. Avec Jadis, Emmanuel Dorand, comédien fribourgeois, remet en scène les mythes grécoromains dans un monologue personnel et intimiste. L’idée de cette pièce lui est venue lorsqu’il s’apprêtait à jouer Achille dans l’Iliade de René Zahnd. « Je me suis mis à lire de la mythologie et j’ai beaucoup aimé, raconte le comédien. J’ai alors commencé à écrire. Ensuite, j’improvisais, je testais le texte et je le modifiais. » Emmanuel Dorand Jadis est un a mêlant mafia, violence et injustice (du 5 au 8 mars). Dans une atmosphère plus légère, la Lettre du Danois Paolo Nani en impressionnera plus d’un. Tournant depuis 20 ans, le comédien, maître du théâtre gestuel, raconte quinze fois la même histoire sur des tonalités différentes (le 21 mars). Ballets, chorégraphies et acrobaties ne manqueront pas. The Roots de Kader Attan ravira les amateurs de Break dance (le 8 mars) tandis que It Dansa de la compagnie Minus 16 résonnera au son du flamenco avec une suite de trois danses (le 17 mars). La chorégraphe fribourgeoise Fabienne Berger interrogera quant à elle l’invisible tout en poésie avec Les arbres pleurent-ils aussi ? (du 24 avril au 2 mai). Les amateurs d’opéra pourront eux profiter de personnage qui raconte et qui interprète. Il mêle les codes du conte et du théâtre. « C’est un peu ma ligne, raconte l’acteur. J’aime investir un espace hors de la scène, qu’il faut s’approprier. Le public est proche de moi, disposé en arc de cercle. C’est un théâtre de proximité, intimiste, où les adresses sont de mises. » Un théâtre de proximité et une création personnelle, où le comédien s’est entouré de personnes avec qui il travaille depuis des années. « Je l’ai remarqué par hasard, rigole-t-il. Je connais depuis des années toutes les personnes qui collaborent avec moi sur ce projet. C’est une création qui me tient très à cœur. J’avais envie de m’entourer de gens de confiance. » C’est donc naturellement qu’il s’est tourné vers Hassane Kassi Kouyaté pour le diriger. « Je dirais qu’Hassane est mon metteur en scène, travailler avec lui, c’est de la crème, raconte Emmanuel Dorand. On est sur la même longueur d’onde et c’est génial. C’est un vrai directeur d’acteur qui sait ce qu’il veut. Nous nous sommes rencontrés lors d’une lecture à Paris. À l’époque, il avait le projet de monter l’Iliade de René c t u a «Mademoiselle Julie» ave Berdine Nusselder © Mario Del Curto Blanche neige du compositeur Marius Felix Lange. (Du 22 au 26 avril). Vuille Valérie Zahnd. Il m’a demandé de jouer dans sa pièce et c’est comme cela que tout a commencé.» Hassane Kassi Kouyaté accepte alors avec plaisir lorsque Emmanuel Dorand lui propose le projet. « J’aime retravailler avec les mêmes personnes, expliquet-il. Je pense qu’il faut du temps pour qu’un comédien et un metteur en scène puissent donner le meilleur d’eux-mêmes. C’est d’abord cela qui m’a séduit dans le projet d’Emmanuel, j’avais envie de continuer à le connaître. C’est un excellent comédien, qui a beaucoup de potentiel. » Ainsi de l’Iliade à Jadis, avec cette collaboration Emmanuel Dorand boucle une boucle et continue une longue amitié professionnelle. L’aventure n’est en effet pas prête de se terminer. La pièce bénéficiera d’une collaboration avec une création parisienne également mise en scène par Hassane Kassi Kouyaté. Elle tournera ainsi dans un théâtre parisien et dans 5 communes en Martinique. Propos recueillis par Valérie Vuille Nuithonie du 11 au 15 mars. l i t é t h é â t r e entretien Des acteurs culturels lausannois en synergie Du 18 au 29 mars, le théâtre de Vidy, l’Arsenic, l’Ecal, Les printemps de Sévelin et la Grange de Dorigny mettent leur force en commun pour proposer un temps fort dédié à la culture. Interview de Vincent Baudriller, directeur du théâtre de Vidy. Comment est venue l’envie de faire ce programme commun ? Lausanne est une ville très dynamique. Nous voulions mettre toute cette énergie en commun pour créer un véritable temps fort. “Programme commun“ se veut être comme une fête des arts de la scène contemporaine, qui se destine autant au public amateur de Lausanne et de sa région, qu’aux professionnels. Il permet de créer un contexte très stimulant et d’éveiller la curiosité des gens. Nous voulons aussi donner l’opportunité à des personnalités internationales, des journalistes et des professionnels de venir à Lausanne et de découvrir des artistes suisses. Pour cet événement, Vidy travaille avec l’Arsenic. Comment s’est déroulée la collaboration ? L’originalité du “Programme commun“, c’est qu’il ressemble à un festival, sans en être totalement un. Nous avons réfléchi sur la circulation entre les lieux, mis en place des navettes et pensé à des parcours, afin que les personnes puissent voir plusieurs pièces par journée. Cependant, chaque institution a fait son propre programme et ensuite nous l’avons mis en commun. Nous avons bien sûr beaucoup dialogué, mais la décision finale revenait au lieu d’accueil du spectacle. Cette année la Grange de Dorigny, les printemps de Sévelin et l’ECAL nous rejoignent et proposent également des spectacles. Que nous réserve la programmation de Vidy pour cet événement ? Nous avons voulu profiter de ce temps fort pour mettre l’accent sur la création. Angélica Liddell viendra travailler un mois à Vidy pour sa création Primera Carta de San Pablo. La compagnie Winter Family, qui est déjà venue à Vidy en juin dernier, créera éga- «Giulio Cesare» © Luca Del Pia e n t r e t i e «Primera Carta de San Pablo» © Angelica Liddell lement un spectacle qui se nommera No World. Roméo Castelluci présentera quant à lui une version retravaillée de Guilio Caesare à L’ ECAL, dans laquelle il axera plus sur la performance. Des Suisses sont-ils également au programme ? Les spectateurs pourront découvrir Cindy von Acker ou encore Thom Luz, metteur en scène zurichois pour la première fois à Lausanne. Yasmine Hugonnet dansera aux printemps de Sévelin et Mathieu Bertholet présentera Berthollet à la grange de Dorigny. Pour eux, c’est une belle occasion de pouvoir acquérir de la visibilité tant en Suisse qu’à l’étranger. Beaucoup de choses au programme donc, quel est votre coup de cœur ? La plupart sont des créations. Je vais donc les découvrir avec le public. Les deux figures fortes sont pour moi Angelica Liddel et Roméo Castellucci. Je suis également heureux de faire découvrir Thom Luz. Propos recueillis par Valérie Vuille n 47 t h é â t r e spectacles onésiens Le Cercle des illusionnistes Après le triomphe du Porteur d’Histoire, Alexis Michalik était-il à même de réussir une nouvelle pièce aussi étourdissante dans sa construction et à même de rencontrer un public aussi enthousiaste ? Ce Cercle des illusionnistes est sans doute un peu moins surprenant, mais c’est à nouveau de la belle ouvrage, très stimulante, portée par une équipe de comédiens doués pour la transformation à vue. 48 On sait que Le Porteur d’Histoire entrecroisait différents récits se passant à des époques différentes, comme si l’on mêlait des chapitres de Broyat et de Dumas. Cette fois, la magie est le nœud des diverses histoires dont les événements sont brassés comme on mêle des cartes. Le ballet du vrai et du faux Au départ, un jeune homme vole un sac mais, trouvant sur la carte d’identité de la victime que celle-ci est jolie, il prend contact avec elle. C’est déjà un tour de magie que ce vol. On va en vivre d’autres en remontant dans le temps avec ces jeunes gens, par à-coups, par sauts en avant ou en arrière : on rencontrera JeanEugène Robert-Houdin, maître de l’illusion au XIXe siècle, dont le théâtre, ou du moins sa trace, dort sous les coffres de la BNP du boulevard des Italiens, Georges Méliès qui fait disparaître oiseaux et lapins dans les hauts-de-forme avant de découvrir le cinéma des frères Lumière et va acheter des appareils de tournage et de projection en Angleterre parce que les frères Lumière ne croient pas en leur invention et laissent un moment leurs concurrents prendre leur place. scène. Les jeunes comédiens, Jeanne Arènes, Maud Baecker, Arnaud Dupont, Vincent Joncquez et Mathieu Métral, passent avec un grand charme d’un personnage à l’autre, tandis que Michel Derville, plus âgé, joue en contraste et habilement divers individus qui, additionnés dans l’esprit du spectateur, constituent une sorte de narrateur, de récitant, d’historien. L’on est emporté par un vif tourbillon à la séduction romanesque et à la culture très enrichissante. C’est un grand ballet du vrai et du faux, avec une folle imagination, une sérieuse connaissance de l’histoire du music-hall, du cinéma et des mœurs et une technique infaillible. Les projections entrent habilement dans la danse, modifiant régulièrement la nature de la La question qui se pose au sortir de ce cabinet des illusions est de se demander ce qu’on retient d’un tel manège de séquences et de jeux ? Notre impression est que l’épisode Méliès dévore tout et que la mémoire efface les autres chapitres. A vous de donner votre réponse si vous venez participer à ce brillant puzzle en trompe-l’œil. Gilles Costaz Le Cercle des illusionnistes d’Alexis Michalik, mise en scène de l’auteur, scénographie et vidéo d’Olivier Roset, lumière de Pascal Sautelet, costumes de Marion Rebmann, musique et son de Romain Trouillet, magie de Romain Laliro, avec Jeanne Arènes, Maud Baecker, Michel Derville, Arnaud Dupont, Vincent Joncquez et Mathieu Métral. - Les 10 et 11 mars à la salle communale d’Onex (loc. 022/879.59.99 ou [email protected]) «Le Cercle des illusionnistes» © Mirco Magliocca a c t u a l i t é Bonlieu Scène nationale, Annecy Location : 04.50.33.44.11 « Le Capital et son singe » dans la mise en scène de Sylvain Creuzevault Du 11 au 14 mars 2015 photo © Frédéric Marx « Le Malade imaginaire » dans la mise en scène de Michel Didym photo © Serge Martinez Du 23 au 25 mars 2015 m u s i q Genève u e Plan-les-Ouates Festival Archipel Week-end musical Cette année, ce sont ces jeux de miroirs, confrontation à l'autre, échos entre les arts que présente le festival Archipel 2015, fidèle à son approche pluridisciplinaire de la musique... Petit aperçu du programme intitulé «Alter écho», pour vous mettre l’eau à la bouche et, surtout, vous donner l’envie de fréquenter les lieux du festival. Un concert événement est organisé à Plan-les-Ouates pour célébrer le 25e anniversaire du Week-end musical. Cette manifestation musicale, imaginée il y a 25 ans par Aline Champion, une jeune violoniste de la Commune, pour permettre à de jeunes musiciens de 7 à 16 ans de jouer ensemble le temps d’un week-end, arrive ainsi à sa 25e édition. Le 20 mars, concert du LEMANIC MODERN ENSEMBLE et de l’ENSEMBLE CONTEMPORAIN DE L'HEMU, tous deux placés sous la direction de William Blank, en présence de la violonceliste Martina Schucan. Au menu, des œ°vres de Mithatcan Öcal (Pera Berbangê), Michael Jarrell (..chaque jour n'est qu'une trêve entre deux nuits...), Hugues Dufourt ( Les Chasseurs dans la neige d'après Bruegel) et Bruno Montovani ( Spirit of Alberti). Maison communale de Plainpalais, à 20h u Le 21, vous pourrez entendre le biniaouier ERWAN KERAVEC qui, du Grütli à la Maison communale de Plainpalais, vous proposera ses Improvisations pour cornemuse écossaise. Et vous pourrez le retrouver le 22 mars à la Maison communale de Plainpalais où il interprètera des œuvres de Benjamin de la Fuente (“Frôle“ pour cornemuse solo) et Philippe Leroux (“Le Cri de la pierre“ pour cornemuse en do). 50 Autres prestations singulières, celles de la clarinettiste et improvisatrice CAROL ROBINSON à la birbyne, un instrument au timbre doux et mélancolique : le 22 mars, à 14h30 & 16h30, elle vous fera entendre une œuvre du Letton Jānis Petraškevičs intitulée “Arbōs“, ainsi que l’une de ses compositions, “Day/Light Times“. Maison communale de Plainpalais. Le 22 mars toujours, au Théâtre Pitoëff, place à QUATUOR DE CHAIR, une chorégraphie sonore pour quatre musiciens nus sur des musiques de Daniel Zea et Fausto Romitelli, avec l’ensemble Vortex. Aline Champion Désormais violoniste de renom, Aline Champion est restée fidèle à la co-organisation de ce projet. C’est donc tout naturellement, afin de fêter cet anniversaire, qu’elle a proposé de donner un concert exceptionnel avec, à ses côtés, le pianiste Frank-Immo Zichner. Ensemble, ils interpréteront «Grand Duo», de Fritz Schubert, et la «Partita» de Witold Lutoslawsky . jeudi 5 mars, à 20h00, à l’Espace Vélodrome Location : Genève Voix de Fête Le 27 mars, un concert intitulé CONTRASTE SIMULTANé II, sera donné par le Trio K/D/M et l’Ensemble Contrechamps, avec le chef d’orchestre Michael Wendeberg. Au programme, des œuvres de Marc Garcia Vitoria (Trencadís), Alberto Posadas (Snefru),Michaël Jarrell (Congruences) et Roberto Gerhard (Leo). Maison communale de Plainpalais à 20h. Michael Jarrell © GTG / Francois Grobet Un spectacle original de Louise Moaty, (THIS IS NOT) A DREAM, sera donné à la Maison communale de Plainpalais le 28 mars ; ce théâtre d’ombres, avec des images animées de la lanterne magique, accompagne de ses divagations flottantes le sublime piano d'Alexeï Lubimov jouant la musique des deux rêveurs définitifs du XXe siècle: Satie et Cage, enfin réunis dans les volutes de l'au-delà. Signalons enfin, le 29 mars, LE CRI DU CRISTAL, un concert des Swiss Chamber Soloists qui vous fera entendre des œuvres de Mozart (Adagio et rondo pour glassharmonica K.617 & Quatuor pour flûte, violon, alto et violoncelle en La majeur K. 298), Holliger (Nouvelle œuvre pour glassharmonica, flûte, hautbois, alto, violoncell), Mamlok (Concert Piece for Four), et Bolens ( …und weiter) au Conservatoire à 11h Maria Mettral © Loic Oswald / Picture Style La 17ème édition de Voix de Fête s’ouvrira avec un chanteur de légende, le 9 mars : Christophe ! Puis suivront trois grosses soirées, notamment une autour de Yael Naim, de Miossec et de la Genevoise Licia Cherry. Le vendredi 13 mars annonce Soviet Suprem, duo sympathique récemment formé, Gypsy Sound System qu’on ne présente plus, ainsi que notre rayonnante Maria Mettral. Et d’autres artistes à découvrir à sa guise. La soirée du samedi 14 mars sera consacrée au hip-hop, et il ne faudra pas manquer le concert de l’Entourage, nouveau collectif de rap qui monte, et qui vient de sortir son premier album. . Du 9 au 15 mars 2015 . Du 20 au 29 mars 2015 17e Voix de Fête Salle communale de Plainpalais et autres lieux, du 9 au 15 mars. Infos: voixdefete.com Informations détaillées sur www.archipel.org Billetterie Archipel : www.archipel.org / vente sur place 45’ avant les concerts a c t u a l i t é Théâtre des Marionnettes de Genève MARS DI 1ER – VIRGINIE FALQUET piano & PATRICK GENET violon VE 6 – HUIT FEMMES de Robert Thomas Comédie JE 12 – RADIO TRENET de Jacques Pessis Comédie ME 18 – FABULA BUFFA d’après Dario Fo Comédie MA 24 – FRÈRES DE SANG Théâtre visuel MAM’ZELLE CHAPEAU De 1 à 3 ans Jusqu’au 1er mars 2015 Une demoiselle travaille du chapeau pour de merveilleux récits. AVRIL ME 1ER – LES ROIS VAGABONDS Humour musical DI 19 – LES ANNÉES spectacle musical d’Yvette Théraulaz à Martigny VE 24 – Nouvel Album de MARC AYMON ME 29 – JE VOUS AI COMPRIS de Valérie Gimenez et Sinda Guessab LES CHAISES Adultes, ados Jusqu’au 1er mars 2015 Jouer et rejouer sa vie au cœur d’une farce tragique. tm g nnet t mario LOULOU Dès 4 ans 7 au 25 mars 2015 Loup et lapin deviennent amis, ignorant qu’ils doivent être ennemis intimes. es Rue Rodo 3 – Genève 022 807 31 07 www.marionnettes.ch VERNIER COMEDY PRODUCTION JEAN-MARC DUMONTET Place du Lignon 16 — Vernier laFERME de laCHAPELLE avec et les humoristes du Point-Virgule DONEL JACK’SMAN JULIE VILLERS DAVID BOSTELI Service de la culture — 022 306 07 80 www.vernier.ch/billetterie laFERME de laCHAPELLE ANTOINE DULÉRY PASCALE FAVRE — LAETITIA SALAMIN — FRANÇOIS SCHAER RELIEFS 28 février au 12 avril 2015 SAMEDI 21 MARS — 20h SALLE DES FÊTES DU LIGNON GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE 39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH Ville de Lancy République et canton de Genève m u s i q u e portrait Madeleine Carruzzo Violoniste à la Philharmonie de Berlin, Madeleine Carruzzo se produira au Conservatoire de Genève le jeudi 19 mars au sein du Jerusalem Chamber Music Festival, hôte de la série des Grands Interprètes de l’agence Caecilia. Elle jouera des pages de Mozart et de Schumann en compagnie de quatre autres musiciens, le violoniste Rainer Honeck, l’altiste Amihal Grosz, le violoncelliste Frans Helmerson et la pianiste Elena Bashkirova. 52 Née à Sion, Madeleine Carruzzo a commencé l’étude du violon à l’âge de 7 ans. « Dès que j’ai joué ma première note, dira-telle, j’ai su que ce serait mon instrument. » Elève de Tibor Varga à l’Académie de Musique de Detmold, elle sera pendant trois ans premier violon solo de l’Orchestre de Chambre de ce grand maître. Elle obtient en 1982 sa licence de concert avec mention excellence. Elle se porte alors candidate à un poste de violoniste à la Philharmonie de Berlin, qui ne compte encore aucune femme dans ses rangs. Seule femme parmi les 13 postulants qui se présentent sans rideau devant un jury formé de représentants de l’orchestre, Madeleine Carruzzo joue Bach et Mozart accompagnée par un pianiste qu’elle ne connaît pas et sort victorieuse du concours. A 26 ans, elle est engagée dans les rangs des premiers violons, devenant ainsi la première femme de cette prestigieuse phalange de 128 musiciens dont la moyenne d’âge est alors de 57 ans. « Wie haben Sie das geschafft ? « (Comment avezvous fait cela ?) lui demandera Herbert von Karajan à l’issue de la première répétition – la 6e symphonie de Mahler ! - qu’elle eut avec lui. Trente ans plus tard, Madeleine Carruzzo, fêtée pour les trois décennies passées au sein des « Berliner », reçoit à cette occasion un pendentif en or portant l’emblème du fameux pentagone de l’architecte Scharun, un bijou qui ne la quitte guère depuis lors. Une musicienne très active En dehors de son activité à la Philharmonie, Madeleine Carruzzo, à l’instar de la plupart de ses collègues, est aussi très active en musique de chambre. Elle fait partie des a Philharmonische Streichersolisten, un ensemble à cordes qui joue sans chef, fondé en 1979. solistes réputés, comme le violoniste Nikolaj Znaider, le flûtiste Emmanuel Pahud, les frères Capuçon ou encore le violoncelliste Boris Pergamenchikov, aujourd’hui disparu. Elle participe également à des festivals de musique de chambre, tels ceux de Lockenhaus, du Schleswig-Holstein, ainsi qu’à ceux de Salzbourg ou de Jérusalem. Madeleine Carruzzo n’oublie pas son Valais natal. Elle y revient régulièrement. En été 2013, elle prenait par exemple une part active à l’Académie de musique Tibor Varga, s’occupant de la préparation aux concours d’orchestre. Comme soliste, les occasions de l’entendre en Suisse ne sont d’ailleurs pas rares. Notons encore qu’en 2012, Madeleine Carruzzo a été honorée du Prix de la Ville de Sion. A Genève A Genève, la violoniste valaisanne se produira au sein d’une formation émanant du Jerusalem Chamber Music Festival, importante manifestation qui a lieu chaque fin d’été au YMCA Concert Hall de cette ville. La pianiste Elena Bashkirova en est la directrice artistique. L’ensemble à géométrie variable issu du festival se produit dans le monde entier. Il joue aussi bien la Symphonie de chambre op.9 pour quinze instruments solistes d’Arnold Schoenberg, comme à Paris en février dernier à la Cité de la musique, que des duos, des sonates pour violon et piano, ou encore des quatuors et quintettes avec piano, comme ce sera le cas au Conservatoire de la Cité de Calvin, avec les œuvres de Mozart et de Schumann à l’affiche de la soirée du 19 mars. Madeleine Caruzzo Elle est aussi membre du Haydn Ensemble de Berlin, une formation à effectif variable qui donne de nombreux concerts, en Allemagne comme ailleurs. Violoniste d’abord, Madeleine Carruzzo joue aussi couramment de l’alto. C’est comme altiste qu’elle fait partie depuis 2005 du Quatuor Erlenbusch, dont les autres membres sont les violonistes Michael Barenboim et Petra Schwieger, et le violoncelliste Timothy Park. Madeleine Carruzzo a par ailleurs été maintes fois la partenaire en musique de chambre de c t u a Yves Allaz www.grandsinterpretes.ch Le 19 mars. Jerusalem Chamber Music Festival, Rainer Honeck, violon, Madeleine Carruzzo, violon, Amihai Grosz, alto, Frans Helmerson, violoncelle, Elena Bashkirova, piano (Schumann, Mozart). Conservatoire de Musique à 20h (loc. Service culturel Migros Genève, Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe) l i t é m u s i q u e portrait Le Trio wanderer Le Trio wanderer de Paris sera l’hôte de Pour l’Art, le mardi 3 mars à l’Octogone de Pully, ainsi que de Temps et Musique, en compagnie de l’altiste Christophe Gaugué, à la salle de la Colombière à Nyon le dimanche 22 et le lundi 23 au Conservatoire de Genève. Il y présentera, entre deux chefs-d’œuvre de Mendelssohn et de Brahms, un Trio méconnu de Leonard Bernstein et les Trois Nocturnes du Genevois Ernest Bloch, composés aux USA en 1925. Fondé en 1987 par le pianiste Vincent Coq, le violoniste Jean-Marc Phillips-Varjabédian et le violoncelliste Raphaël Pidoux, tous trois issus du Conservatoire National Supérieur de Paris, le Trio Wanderer s’est donné le voyage comme emblème, « celui intérieur qui le lie à Schubert et au romantisme allemand et celui, ouvert et curieux, qui explore le répertoire de Haydn à la musique d’aujourd’hui. » On ne saurait mieux dire. Son répertoire est si vaste et de Rio de Janeiro à Tokyo, et par les festivals du monde entier. Les enregistrements Les enregistrements du Trio Wanderer sont célébrés par la presse internationale. Ceux de l’intégrale des Trios avec piano de Beethoven et de Brahms sont considérés comme des références absolues, et le dernier en date vient d’être réalisé en Allemagne pour Harmonia Mundi, te », son ami Nicolas Rubinstein. Avec orchestre, le Trio Wanderer a enregistré en 2005 pour la firme Capriccio les deux Triples Concertos de Bohuslav Martinu avec l’Orchestre du Gürzenich de Cologne et James Conlon, puis en 2011, avec les mêmes interprètes, le Triple Concerto de Beethoven pour Harmonia Mundi. La création contemporaine Le Trio Wanderer participe activement à la création contemporaine. Il a commandé à Michèle Reverdy En Terre Inconnue, dont il existe un enregistrement « live » de 1994. Il a créé plusieurs œuvres de Thierry Escaich - dont Lettres Mêlées en 2004 - , de Frank Michael Beyer (1908-2008) Lichtspuren (2006), ainsi qu’en 2011 le Triple Concerto « Ego » de Matteo Franceschini, avec l’Orchestre National d’Ile de France. Il a également donné le première mondiale du Triple Concerto de Philippe Hersant au printemps 2014. Quant aux Huit Moments Musicaux (2008) de Bruno Mantovani - un hommage à Schubert, commande de la Folle Journée de Nantes - , ils figuraient déjà au programme du concert des Wanderer à La Chaux-de-Fonds en février 2014 et ont été enregistrés pour le label Mirare. Notons encore que Jean-Marc PhillipsVarjabédian enseigne le violon et Raphaël Pidoux le violoncelle au Conservatoire de Paris, que Vincent Coq est professeur de musique de chambre à la HEMU de Lausanne, et que tous trois animent des master-classes au Festival de la Roque d’Anthéron. Yves Allaz Mardi 3 mars à 20h. Pour L’Art. TRIO wANDERER (Schumann: Trio op. 63 / Fauré: Trio op. 120 / Chostakovitch: Trio op. 67). L’Octogone (loc. 021/721.36.20) / www.pourlart.ch Trio Wanderer © Marco Borggreve varié qu’il ne peut être comparé qu’à celui que défendait avec un brio incomparable, pendant des décennies, le légendaire Beaux-Arts Trio. Le Trio Wanderer a d’ailleurs bénéficié des conseils de Menahem Pressler, à côté de ceux du Quatuor Amadeus, tout en se formant auprès des meilleurs maîtres : Jean-Claude Pennetier et Jean Hubeau, en France, György Sebök, Janos Starker aux USA. Le Trio Wanderer est invité par les institutions les plus prestigieuses, de Berlin à Pékin, a c t u label attitré du trio. Il s’agit du Quatuor pour piano et cordes No 3 op. 60 de Brahms, qui est précisément au programme des concerts de Nyon et de Genève. Citons encore, parmi les enregistrements de ces dernières années : en 2008, les 2 Quatuors avec piano de Fauré, avec l’altiste Antoine Tamestit ; en 2009, le Trio op. 15 de Smetana complété par des pages de Liszt. ; en 2012, le superbe Trio No1 op. 32 d’Arensky, et le monumental Trio op.50 de Tchaïkovski « A la mémoire d’un grand artis- a l i t Le 22 mars. Les Matinales. TRIO wANDERER & CHRISTOPHE GAUGUÉ, alto (Mendelssohn: Trio op. 66 / Brahms: Quatuor op. 60). Grande salle de la Colombière de Nyon à 11h15 Le 23 mars. Temps & Musique. TRIO wANDERER & CHRISTOPHE GAUGUÉ, alto (Mendelssohn: Trio op. 66 / Bernstein: Trio / Bloch: Nocturnes / Brahms: Quatuor op. 66). Conservatoire de Genève à 20h (billetterie : Service culturel Migros, Migros Nyon-La Combe, Stand Info Balexert) é 53 m u s i q u e «Nuit transfigurée» donnée ensemble en 2013, et du 1er sextuor de Brahms qui l’avait été en 2011, nous retrouverons Frédéric Kirch et François Guye, cette fois pour le 2nd sextuor de Brahms, l’opus 36. saison 2015 du quatuor de genève Romantiques allemands La saison 2015 est partagée entre deux lieux : la salle des Armures du MAH et la Salle Centrale de la Madeleine. Pour leur 6ème saison de concerts, les membres du Quatuor de Genève retrouvent avec Mendelssohn, Schumann et Brahms des compositeurs qui leur sont familiers mais dans des œuvres qu’ils n’ont, pour la plupart d’entre elles, pas encore jouées. Entretien avec André wanders, le violoncelliste de l’ensemble. 54 Pourquoi avoir choisi cette année ces trois compositeurs ? Pensez-vous que les influences musicales des uns sur les autres apparaîtront ? D’abord pour présenter au public des pièces qui sont au coeur battant du répertoire du quatuor, mais aussi dans l’idée de mettre en lumière les liens d’amitié et d’influences reliant ces compositeurs. On sait que Mendelssohn, Schumann et sa femme Clara, pianiste concertiste, étaient amis. Les quatuors de Mendelssohn ont influencé Schumann lorsqu’il écrivait les siens, qui ont du reste été dédiés à Mendelssohn. Par ailleurs lors de la création du quintette avec piano de Schumann lors d’un concert privé, c’est Mendelssohn lui-même qui a tenu la partie de piano! De même la rencontre du jeune Brahms avec le couple Schumann a été d’une grande importance pour la suite de sa carrière, Schumann l’ayant d’emblée qualifié de «nouveau messie de l’art», sans oublier l’amitié passionnée qui a lié Brahms et Clara jusqu’à la mort de celle-ci. Chacun de ces compositeurs a clairement son style bien reconnaissable, mais quand on écoute les quatuors de Schumann, on se dit par moments qu’il y a là du Mendelssohn, et réciproquement. Ce sont des musiques souvent intriquées. Comme lors des saisons passées vous collaborez avec d’autres musiciens ... Le jeune pianiste Lorenzo Soulès, 1er Prix du Concours de Genève 2012, sera notre partenaire dans le quintette de Schumann lors du premier concert au Musée d’Art et d’Histoire. L’octuor à cordes de Mendelssohn nous donnera l’occasion d’inviter une formation qui, comme nous, se consacre corps et âme à la défense du répertoire du quatuor à cordes, le Quatuor Terpsycordes, avec qui nous nous réjouissons énormément de faire de la musique. Et puis encore, dans le prolongement d’une Oui, les deux concerts du printemps auront encore lieu au Musée d’Art et d’Histoire avant sa fermeture pour travaux qui mettra un terme, peut-être momentané, à la fructueuse collaboration entretenue toutes ces années passées. Si bien que les deux concerts de l’automne auront lieu à la Salle Centrale de la Madeleine, qui est une vraie salle de spectacle avec une acoustique propice que nous avons pu tester. Le parterre offre déjà 400 places, d’avantage si on ouvre la galerie. C’est une belle solution pour continuer l’aventure et nous espérons que notre public nous y suivra. Propos recueillis par Christian Bernard MUSÉE D’ART ET D’HISTOIRE. Salle des Armures DIMANCHE 15 MARS à 11 heures Quatuor de Genève François Payet-Labonne et Sidonie Bougamont, violons Emmanuel Morel, alto, André wanders, violoncelle avec Lorenzo Soulès, piano 1er Prix du Concours de Genève 2012 Mendelssohn : Quatuor à cordes op. 13 Schumann : Quintette avec piano DIMANCHE 3 MAI à 11 heures Quatuor de Genève Schumann : Quatuor à cordes op. 41 n° 1 Brahms : Quatuor à cordes op. 51 n° 1 SALLE CENTRALE DE LA MADELEINE Théâtre de la Madeleine DIMANCHE 20 SEPTEMBRE à 11 heures Quatuor de Genève et Quatuor Terpsycordes, ensemble invité Girolamo Bottiglieri et Raya Raytcheva, violons Caroline Cohen-Adad, alto, François Grin, violoncelle Brahms : Sextuor à cordes op. 18 Mendelssohn : Octuor à cordes DIMANCHE 15 NOVEMBRE à 11 heures Quatuor de Genève avec Frédéric Kirch, alto, François Guye, violoncelle Mendelssohn : Quatuor à cordes op. 12 Brahms : Sextuor à cordes op. 36 Quatuor de Genève: François Payet-Labonne et Sidonie Bougamont,violons, Emmanuel Morel, alto et André Wanders, violoncelle © Alain Doury e n t r Programme sous réserve de modifications e t i e n m u s i q u e saison : orchestre de chambre de genève Kantorow : de père en fils Le 17 mars prochain, le public genevois accueillera deux générations de Kantorow : Jean-Jacques à la baguette et Alexandre au piano. Jean-Jacques Kantorow, violoniste virtuose et chef d’orchestre, plus de 160 enregistrements au compteur, a porté la «Journée Folle» jusqu’en Japon. Il a y deux ans, il annonçait vouloir se consacrer uniquement à la direction… Il n’a tenu que neuf mois sans archet… C’est son junior, du haut de ses 16 ans à l’époque, qui lui a réclamé… un enregistrement en duo de la fameuse sonate de Franck. Pas question de le voir rouiller… « Il y en a trop sur le marché, rétorque le papa, faisons plutôt du Chevillard, Fauré et Gedalge », et le projet est né ! Pour la première fois dans sa longue carrière, le violoniste dit avoir dû vraiment travailler… L’enregistrement s'est fait chez NoMadMusik, qui — pour mieux répondre au besoin du mélomane de la nouvelle ère — venait de lancer un concept d’enregistrement sur Internet. Mais père et fils tiennent à avoir en main un vrai CD, en souvenir de leur première collaboration en studio, et l’on ne peut pas leur en vouloir… c'est une sorte de trophée d’une escapade initiatique dans le vaste univers de la musique, dans laquelle un papa aussi expérimenté qu’attentionné introduit son fiston talentueux, avant de lui lâcher un jour la main… dignité et son élégance, cousine avec les pages de Chopin ou Wieniawski. Mais il y a comme une touche de tempérament plus latin: Ravel ou Bizet, pourquoi pas ? L’archet expert du senior guide et, en même temps, s’appuie sur les accords fermes d’un pianiste très à l’écoute, respectueux, mais présent. Pour Alexandre Kantorow, la jeunesse semble rimer avec de la finesse, plus qu’avec de la fougue; il le prouve volontiers en solo, comme par exemple dans son interprétation de l’arrangement pour clavier du fameux Caprice n° 24 de Paganini. Si son auteur, le pianiste turc Fazil Say, y met une touche de folie, le jeune Alexandre se la joue tout en légèreté, en obtenant l’illusion d’une improvisation jazzy qui propulse le mélomane — pour ne pas dire le cinéphile — quelque part entre l’Américain à Paris de Gershwin et les Temps Modernes de Charlot… Epoustouflant ! La soirée de tous les défis En mars, à Genève, Jean-Jacques dirigera Alexandre dans le concerto pour piano de Liszt, précédé par la… Malédiction pour piano et orchestre à cordes du même compositeur. Non, franchement, les deux musiciens n’ont pas froid aux yeux ! Un programme ambitieux, avec Pelléas et Mélisande de Sibelius en ouverture, et la deuxième symphonie de SaintSaëns en deuxième partie. Aucune doute: le junior offre à son papa une 55 Simplicité et fierté Une complicité énorme émane de cette gravure. La Polonaise de Chevillard, un proche de Fauré, avec sa Jean-Jacques Kantorow, photo K. Miura deuxième jeunesse l’année de ses… septante ans. En un concert à ne pas manquer, pour des ados fascinés par leurs pairs dotés de superpouvoirs, le jeune apprenti Yoda prend du galon rapidement sous l’œil bienveillant de son Maître Jedi… Et qui sait, la baguette du chef se fera peut-être fluorescente pour l’occasion ? «La force est… » Beata Zakes L’OCG. 6e concert soirée «Carte blanche». Bâtiment des Forces Motrices le 17 mars 2015 à 20h. Billetterie : Rue Gourgas 1, CH–1205 Genève Du lundi au vendredi (de 9h30 à 12h et de 14h30 à 16h), aussi par téléphone : +41 22 807 17 90. Par courriel : [email protected]. et dans les points de vente. Alexandre Kantorow, photo Vincent Bourre a c t u a l i t é m u s i q u e lement dévoués à la musique». Il a aussi indiqué, dans un journal anglais, qu'il veut s'attacher à la partition autant que l'a aimée le compositeur quand il l'a rédigée. «Je recherche les voix intérieures, celles qui ne sont pas immédiatement audibles, les articulations des phrases; je m'intéresse aux points culminants, mais aussi aux silences, en somme je recherche une atmosphère, en me basant aussi sur tout mon expérience et mes connaissances ». Toujours et encore l'engagement enfiévré ! sakari oramo aux concerts migros L'énergie à la nordique Le 19 mars à Genève, accompagné par la phalange de la capitale suédoise, c'est un chef très engagé qui se produira sur la scène du Victoria Hall. 56 Né à Helsinki en 1965, il dirige son premier concert à l'âge de 11 ans, en bottes en caoutchouc sans se préoccuper d'autre chose que de musique: « il pleuvait tellement ce jour-là ». Cet attachement passionné le suit jusqu'à maintenant : Sakari Oramo commence sa carrière comme violoniste à l'Orchestre symphonique de la radio finlandaise, mais ce sont des horizons plus larges qui l'attirent. En 1989, il rejoint la classe de direction de Jorma Panula à l'Académie Sibelius. En 1993, il remplace un maestro malade et dirige l'Orchestre symphonique de la radio finlandaise dont il devient dans la foulée chef principal associé. Oramo a également travaillé avec la formation de chambre «Avanti!» créée par Jukka-Pekka Saraste, une personnalité forte qui, tout comme Leif Segerstam l'a beaucoup inspi- Sakari Oramo, photo Jurek Holzer ré. De ces deux figures, il a hérité un indubitable charisme, qui le mène, par exemple, à diriger Sibelius avec beaucoup d'énergie et de passion. On pourra certainement s'en convaincre à Genève. Feu et flamme En 2008, Oramo rejoint l'Orchestre philharmonique royal de Stockholm. Sur son site internet, il précise : « Avec cet orchestre, au tempérament si attachant, mon but est d'en faire briller la personnalité, grâce à toute l'énergie qui se dégage de la force intérieure des interprètes tota- a c t Explorer et dynamiser Un moment clef dans son parcours a eu lieu en septembre 1996: Oramo a été nommé chef principal de l'Orchestre symphonique de Birmingham, succédant à Simon Rattle. Là ou le Britannique a voulu faire œuvre de moderniste, le Finlandais a préféré explorer le méconnu dans l'histoire. A sa nomination à Birmingham, il avoue s'être retrouvé dans un univers inconnu, « j'étais totalement novice en matière d'organisation. J'ai eu la chance d'être choisi par des musiciens très expérimentés et de bénéficier de leur soutien total. Il voulaient du nouveau et m'ont suivi.» Dans la cité anglaise, il a notamment enregistré plusieurs œuvres du compositeur britannique de la première moitié du XXe siècle: John Foulds. Il s'est aussi spécialisé dans les oeuvres de Elgar et Villa-Lobos. Le directeur artistique déclare être fasciné par le processus de sélection historique. Pour quelles raisons Elgar et pas Foulds a-t-il rencontré les faveurs du public ? Hindemith et pas Kaminsky ou Heinz Schubert ? Il lui paraît essentiel d'élargir l'héritage musical, les figures restées dans l'ombre tout autant que les personnalités singulières, comme Villa-Lobos ou John Leifs. « C'est une terrible erreur de se limiter à des frontières stylistiques ou nationales, d'écouter de la musique connue, encore et encore... ce qui n'empêche nullement de garder vivante la tradition de Mahler, Debussy, Beethoven ou Haydn. Tout est affaire d'équilibre. » Il est marié à la soprano finlandaise Anu Komsi dont il a deux fils. Avec elle il a fondé le Festival de Kokkola, ville située sur le Golfe de Botnie, à 500 km au nord-ouest de Helsinki. Dans ce lieu tout à fait neuf pour la musique classique, le couple Oramo peut cultiver sa passion, en organisant ou donnant des concerts en des lieux inédits et variés: un débarcadère, une église, un théâtre, une salle de concert (quand même !) mais aussi une tente de cirque ! Pierre Jaquet Victoria Hall, Genève Jeudi 19 mars 2015, à 20h Orchestre Philharmonique Royal de Stockholm Avec Patricia Kopatchinskaja (violon) Honegger: «Rugby», Mouvement symphonique No 2 Tchaïkovsky: Concerto pour violon en ré majeur op. 35 Sibelius: Symphonie No 1 en mi mineur, op 39 u a l i t é m u s i q u e geneva camerata au bâtiment des forces motrices Johannes Moser A nouveau David Greilsammer et son ensemble Geneva Camerata présentent un programme original dans la série des « Concerts Prestige » : Vivaldi, Bartok, Carl Philipp Emanuel Bach (concerto pour violoncelle en la mineur) et … un concerto pour violoncelle électrique de Jonathan Keren (né en 1978), commande du Geneva Camerata et création mondiale. Le soliste germano-canadien Johannes Moser, vainqueur en 2002 du Concours Tchaïkovski, est l’hôte régulier des plus grands orchestres de la planète, et la liste de ses enregistrements est déjà longue, principalement chez Hänssler Classics. Très engagé dans le soutien à la création contemporaine, il a été invité par Pierre Boulez à faire ses débuts avec l’Orchestre Symphonique de Chicago. En outre il se passionne pour la transmission du goût de la musique aux jeunes générations. « Partout où mes concerts m’amènent, vous pouvez me trouver en train de visiter des écoles, de diriger des master classes et de faire de la musique avec des étudiants de tous les âges » écrit-il sur son site. Il nous a livré quelques informations et quelques réflexions. d’une façon « différente » ? Je ne pense pas vraiment au violoncelle électrique comme à une diversion par rapport à mon activité « normale ». Je l’approche avec la même sincérité que lorsque je joue Dvorak ou Haydn. Je dirai cependant que les diverses occasions que j’ai eues de l’utiliser jusqu’ici ont énormément influé sur la façon dont je joue mon répertoire habituel. Le dernier concerto pour violoncelle électrique que j’ai interprété avec le Los Angeles Philharmonic sous la direction de Gustavo Dudamel était Magnetar d’Enrico Chapela, écrit pour moi. Depuis je l’ai joué à Sao Paulo, Birmingham, Porto, Madrid… David Greilsammer © Cabinet de Creation Pourquoi étiez-vous intéressé par une collaboration avec David Greilsammer ? C’est un esprit délicieusement créatif et il cherche à dépasser les limites. C’est très inspirant de travailler avec lui ; c’est une énergie que je garde longtemps après nos rencontres. D’une façon générale, estce que la musique de notre temps joue un rôle important dans votre carrière, votre vie ? Nous vivons une époque favorable à la musique. Tout est à disposition, à chaque instant, où que l’on soit. La difficulté est de choisir comment vous voulez concevoir votre environnement auditif. Avec une telle abondance de son constamment à disposition, on doit choisir avec soin. Je crois que mon sens de la musique et de l’écoute change profondément selon la manière dont je l’alimente ; donc je crois qu’il faut choisir en toute conscience et non remplir au hasard son espace avec du son. Et bien sûr, le Silence… qui est aujourd’hui quelque chose de rare mais qui est encore la plus grande musique à mes oreilles. Pouvez-vous nous parler de ce violoncelle électrique dont il est question ? Je dispose d’un violoncelle Yamaha SVC110, facile et agréable à jouer. La magie intervient cependant lorsque j’envoie mon signal sonore à l’ordinateur : en me connectant avec ma carte son MOTU je fais passer le son à travers les effets du software ABLETON, qui fournit tous les effets dont j’ai besoin. J’utilise une pédale pour varier les effets et les sons. Pourriez-vous caractériser la musique que nous entendrons ? Pour être honnête, je n’ai aucune idée de ce à quoi la musique ressemblera, puisqu’elle est encore en cours de composition à l’heure où je réponds à cette question. Je suis juste aussi impatient et curieux que vous l’êtes ! Propos écrits recueillis et traduits par Martine Duruz Avez-vous déjà eu d’autres occasions de jouer du violoncelle e n t 26 mars. Concert Prestige n°4. Violoncelle Rock ! Bâtiment des Forces motrices à 20h (billetterie : Fnac) Johannes Moser © Uwe Arens r e t i e n 57 m u s i q u e scènes de mars Agenda romand Les villes de Lausanne et de Bienne se distinguent particulièrement ce mois-ci dans le domaine lyrique et chorégraphique : l’une avec les représentations de Tancredi de Rossini à l’Opéra et celles de Peter Pan, nouveau spectacle des jeunes danseurs de l’AFJD au Théâtre de Beaulieu ; l’autre avec la reprise au Stadttheater de La Tragédie de Carmen, opéra de chambre d’après Bizet, dans la célèbre adaptation qu’avaient réalisée Peter Book, Jean-Claude Carrière et Marius Constant au Théâtre des Bouffes du Nord, à Paris en 1981. 58 A Lausanne, du 20 au 27, l’Opéra affiche Tancrède, premier opera seria de Rossini, adapté de la tragédie de Voltaire, avec notamment Anna Bonitatibus et Jessica Pratt, dans une mise en scène d’Emilio Sagi, avec l’OCL, sous la direction musicale d’Ottavio Dantone. A l’Opéra également, l’OCL donnera, le 1er mars, son 5e concert du dimanche, sous la conduite de Rafael Payare, avec des œuvres de Schnittke et Schubert, et les 9 et 10, son 7e concert d’abonnement, avec Ottavio Dantone à la direction et au clavecin et Maurice Steger à la flûte à bec, dans diverses pages de Bach, Haydn et Vivaldi. Une riche activité musicale et chorégraphique est programmée au Théâtre de Beaulieu, avec les soirées du Ballet de Milan (ve 6), du Ballet classique de Saint-Pétersbourg dans Gisèle (di 15), de l’Opéra national de Moldavie dans Nabucco de Verdi (ma 17), du 6e concert d’abonnement de l’OSR, conduit par Neeme Järvi, avec Nikolaj Znaider en soliste (je 19). Maurice Steger a Au programme figurent deux symphonies, la 86e de Haydn et la 2e de Sibelius, ainsi que le Concerto pour violon op.33 de Carl Nielsen. A Beaulieu également, l’AFJD, l’Association pour la Formation de Jeunes Danseurs de Marjolaine Piguet, présente son nouveau spectacle Peter Pan, mis en scène par Pierre Wyss, sur une musique originale de JeanSamuel Racine et Renaud Delay interprétée par un orchestre de musiciens professionnels (je 26, ve 27 et sa 28). Deux concerts de musique contemporaine sont annoncés à la HEMU (Grotte 2) : l’un avec Karolina Öhman, violoncelle, et Gilles Grimaître, piano, qui donneront une création mondiale de Diego Ramos Rodriguez et une première suisse de Hanspeter Kyburz (lu 9) ; l’autre, avec William Blank à la direction, la violoncelliste Martina Schucan, Philippe Albèra pour la présentation, le Lemanic Modern Ensemble et l’Ensemble contemporain de l’HEMU présenteront des œuvres de Bruno Mantovani, Michael Jarrell et Hector Parra Esteve (lu 23). A la Salle Paderewski, les Concerts de Montbenon affichent un récital du pianiste Bruno-Leonardo Gelber dans la Sonate « Waldstein » de Beethoven, le Carnaval de Schumann et l’Andante Spianato et Grande Polonaise de Chopin (ve 20). Intense activité du Sinfonietta Lausanne, qui donnera deux concerts à Montbenon. L’un, sous la conduite de Lutz de Veer, comprendra des pages de R. Strauss, Mendelssohn, Honegger et, avec Alexandra Conunova, l’admirable Concerto funèbre pour violon et cordes de Karl Amadeus Hartmann (je 5) ; l’autre, avec Alexander Mayer à l’orgue et à la direction, Félix Froschhammer au violon et des solistes, comportera des pages de Bach, de Haydn et de c t u a Mozart, dont la Messe du Couronnement K. 317 (ve 27). Ce même programme sera repris à yverdon, à l’Eglise St-Pierre (sa 28), ainsi qu’à Gland, au Théâtre de Grand Champ (di 29). Le Sinfonietta, conduit par Luc Baghdassarian, accompagnera aussi le Chœur symphonique de Vevey dans le poignant Stabat Mater de Karol Szymanovski à Vevey, au Temple St-Martin (di 22), et les cuivres du Sinfonietta, avec Alexander Mayer, seront aussi en concert à Sugnens (me 18). A la Cathédrale, deux concerts sont annoncés : l’un par le Chœur Pro Arte, l’OCL, des solistes et la direction de Pascal Mayer, qui présenteront Les 7 dernières paroles du Christ en croix de Haydn (me 4) ; l’autre, par le Chœur Karolina Öhman Laudate Deum en formation de chambre, l’Orchestre de Chambre de Genève et des solistes, qui interpréteront la Passion selon SaintJean de J.S. Bach, sous la conduite de John Nelson (me 11). Même concert à Rolle (me 4). A l’Eglise de Villamont, l’ensemble belge Il Gardellino se produira dans diverses pages de Mozart, H.P.A. Leemans de Bruges et J.C. Bach mettant notamment en valeur la flûte, le hautbois et le glasharmonica (di 15). Même concert à Bulle (di 15). A Morges, le Quatuor Terpsycordes sera en concert au Temple, dans des pages de Haydn, de Webern et de Schubert (di 8). A Rolle, au Temple, la Sinfonietta de Genève, dirigée par Benoît Willmann, jouera le Concerto pour violon de Beethoven, avec en soliste Cécile Freyssenède, et la 2e Symphonie de Brahms (sa 7). A Nyon, le Trio Wanderer et l’altiste Christophe Gaugé présenteront des Trios avec l i t é m u s i q u e piano de Mendelssohn et de Bernstein, ainsi que le 3e Quatuor avec piano de Brahms (di 22) A Romainmôtier, l’Ensemble Vocal et Instrumental Laudens Exultet de Mâcon se produira en ouverture de saison des Concerts de l’Abbatiale (di 29). A Orbe, le charmant petit Théâtre de la Tournelle accueillera l’Ensemble Sigma pour un spectacle musical autour de la Boîte à joujoux de Debussy (sa 28). A Grandson, au Château, le Trio à cordes et piano Rafale de Zürich se produira dans des pages de Beethoven, Jannik Giger (né en 1985) et Chostakovitch (di 22). Même concert à Romont (ve 20). A Pully, deux concerts Pour l’Art sont programmés à l’Octogone : celui du Trio Wanderer dans Schumann, Fauré et Chostakovitch (ma 3) et celui du Quatuor Mandelring dans des œuvres de Haydn, Friedrich Gernsheim et Mendelssohn (ma 24). A Lutry, au Temple, l’Ensemble Corund de Lucerne, conduit par Stephen Smith, présentera la fameuse Missa papae Marcelli de Palestrina, ainsi que le Crucifixus de Lotti, à l’invitation des Concerts Bach (di 29). l’Orchestre Confluences de Lyon, conduit par Philippe Fournier (ve 13). A Villeneuve, à l’Eglise St-Paul, le duo d’accordéons des frères Chapuis jouera des pièces de Semjonov, de Ligeti, de Ginastera et de Piazzolla (di 1). A Monthey, au Foyer du Crochetan, la pianiste Béatrice Berrut consacrera son récital à des Préludes de choral de Bach-Busoni, aux Etudes baroques de Thierry Escaich et à des pages de Liszt (di 1). A Martigny, le Quatuor Emerson sera l’hôte de la Fondation Gianadda pour des extraits de l’Art de la Fugue de Bach et pour le monumental Quatuor no 15 op.132 de Beethoven (di 8). A Sion, le duo formé par la pianiste Virginie Falquet et le violoniste Patrick Genet sera en concert au Théâtre de Valère dans des Sonates de Bach et de Beethoven, les opus 23 et 96 (di 1). A La Chaux-de-Fonds, à la Salle Faller, le duo de piano à 4 mains Ivo Haag et Adrienne Soos jouera une transcription de la 3e Symphonie de Brahms et le Divertissement à la hongroise de Schubert (ve 6). Au Temple Allemand, la Camerata Alma Viva présentera un programme d’œuvres de Mozart, Hugo Wolf et Souvenir de Florence de Tchaïkovski (je 19). A L’Heure bleue, l’Ensemble Café Zimmermann offrira une soirée Bach, avec la Sonate BWV 1021 et les Cantates BWV 32, 51 et 82, données avec le concours de la soprano Sophie Kharthäuser et de la basse Christian Immler Sophie Karthäuser © Molina Visuals / Harmonia Mundi (sa 28). A Moudon, à l’Eglise St-Etienne, A Neuchâtel, au Temple du Bas, l’Ensemble Baroque de Joux et Voix 8 interpré- l’Ensemble Symphonique Neuchâtel (ESN), teront le cycle des Cantates Membra Jesu sous la baguette d’Alexander Mayer, jouera Nostri de Buxtehude (di 22). l’Ouverture de Manfred et la Symphonie no 1 A Vevey, les Folies Françoises seront à « Le Printemps» de Schumann, et accompagnel’affiche d’Arts et Lettres, à la Salle del Castillo, ra le violoncelliste Orlando Theuler dans le à l’enseigne de « Chroniques d’un musicien - Concerto d’Elgar (di 15). Même concert à la Carl Philipp Emmanuel Bach » (je 19). Collégiale de St-Imier ( ve 13). A La Tour-de-Peilz, à la Doges, le pianisA Bienne, au Stadttheater, Carine Séchaye, te Pascal Siegrist donnera un récital d’œuvres mezzo soprano, incarnera Carmen dans La de Beethoven (di 22). Tragédie de Carmen d’après Bizet, de Marius A Montreux, à l’Auditorium Stravinski, Constant et Jean-Claude Carrière, dans la mise est annoncé un spectacle intitulé « Le Mystère en scène de Peter Brook, et sous la direction de Bizet », avec l’écrivain E.-E. Schmitt et Harald Siegel (ve 20 Première et di 29). a c t u a l i t Au Palais des Congrès, l’Orchestre Symphonique Bienne Soleure, guidé par Kaspar Zehner, avec la mezzo Tanja Ariane Emmanuel Pahud Baumgartner et le clarinettiste Romain Guyot, affiche des œuvres de Mozart, Weber, le Knaben Wunderhorn de Mahler, ainsi qu’une rareté, la Symphonie op.70 de Robert Radecke, qui sera enregistrée dans la foulée par la firme CPO. A Fribourg, à l’Aula Magna, deux récitals de piano sont annoncés : l’un du pianiste chinois Yundi dans Chopin (sa 7), l’autre de Lukas Geniusas, qui jouera des Sonates de Beethoven, Brahms et Prokofiev. Au même endroit, la Nordwestdeutsche Philharmonie, conduite par Yves Abel, avec Lisa Smirnova en soliste, défendra un programme fort intéressant, avec des pages de Bernstein, de Chostakovitch, ainsi que le Concerto for my self – Sonate concertante pour piano et orchestre (1988) de Friedrich Gulda, et la Rhapsody in blue de Gershwin (ve 20). A l’Equilibre, l’Orchestre de Chambre de Bâle, conduit par Giovanni Antonini, interprétera la Symphonie No 103 « du Roulement de timbale » de Haydn, et accompagnera le flûtiste Emmanuel Pahud dans des Concertos de Devienne et de Gluck (je 5). Une soirée de jazz vocal est programmée au même endroit, avec la chanteuse Sud-Coréenne Youn Sun Nah, soutenue par une guitare, un accordéon et une contrebasse (je 26). Yves Allaz é 59 m u s i q u e festival de lucerne Musique sacrée avant Pâques Pour Olivier Messiaen, il n’y avait pas deux sortes de musique, une qui serait sacrée et une autre qui serait profane. Pour le célèbre compositeur toute musique était sacrée. Dans ce sens, tout le Festival de Lucerne qui propose avant Pâques des concerts dans les églises et dans la belle salle de concert du KKL imaginée par Jean Nouvel est un festival de musique sacrée. 60 Le Festival s’ouvre samedi 21 mars dans la Hofkirche avec une œuvre rare de Mozart, Le devoir du premier commandement KV 35, son premier Singspiel. Le lendemain, dans le même lieu, le chœur Vox Luminis, composé de solistes du monde entier, chantera des œuvres de Schütz et de la famille Bach. Le lundi, toujours à la Hofkirche, l’orchestre des jeunes de la Suisse centrale interprétera des extraits de la Symphonie avec orgue de Camille Saint-Saëns, Jupiter, de Gustav Holst et une créa- L.A. DANCE PROJECT BENJAMIN MILLEPIED [ USA ] VENDREDI 27 MARS & SAMEDI 28 MARS — 20h SALLE DES FÊTES DU LIGNON Place du Lignon 16 — Vernier Ingo Metzmacher © Harald Hoffmann tion pour orchestre symphonique orgue et Live-Electronic de Dave Jegerlehner. Le mardi, rendez-vous à la Jesuitenkirche. La jeune Philharmonie de la Suisse centrale et l’Akademiechor Luzern donneront vie à une partition tombée dans l’oubli, la cantate de Carl Heinrich Graun, La mort de Jésus, un “tube“ du 18e siècle. Les festivités dans la salle de concert commencent mercredi 25 mars avec l’ensemble Musica Aeterna et son jeune chef Theodor Currentzis. Ils interpréteront un concerto brandebourgeois ainsi qu’une cantate de Bach et divers extraits d’œuvres de Jean-Philippe Rameau. Le concert du jeudi 26 mars représente un point d’orgue du festival : John Eliot Gardiner dirigera la célèbre Messe en si (en fait messe en si mineur) de Bach, avec ses English Baroque Soloists et son Monteverdi Choir. Le lendemain, on pourra entendre un autre chef-d’œuvre, la 6e symphonie de Mahler. L’orchestre symphonique de Baden-Baden et Fribourg interprétera cette partition aux accents tragiques. À la baguette, Ingo Metzmacher. L’œuvre jouée le samedi 28 mars exprime elle aussi un moment tragique: le Stabat Mater. Il s’agit de la célèbre version de Dvořák. Mariss Jansons dirigera l’Orchestre symphonique et le chœur de la radio bavaroise. Les mêmes clôtureront le Festival, le dimanche des rameaux, avec le 1er concerto de Beethoven (au piano Radu Lupu) et la 6e symphonie de Bruckner. De lundi 23 à mercredi 25 mars aura lieu une master class de direction d’orchestre ouverte au public. Bernard Haitink prodiguera ses conseils à de jeunes chefs. Le dimanche des rameaux, il y aura un concert jeune public, Les frères cœur de lion, d’après un roman pour la jeunesse d’Astrid Lindgren, en allemand. Emmanuèle Rüegger Service de la culture — 022 306 07 80 www.vernier.ch/billetterie a c t u a l i t é m u s i q u e en mars Agenda genevois Au Grand Théâtre, un ballet sur des musiques de Toshio Hosokawa annoncera le printemps. Water Stains on the Wall, signé par Lin Hwai-min, sera interprété par le Cloud Gate Dance Theater de Taiwan, du 11 au 14 mars. Par ailleurs, dans le cadre du festival Archipel, l’on pourra découvrir au Victoria Hall, le 29 mars prochain, les Contes de la lune vague après la pluie, opéra de chambre en version concert signé Xavier Dayer, avec un livret d’Alain Perroux. Dirigé par Jean-Philippe Wurtz, l’Ensemble Linea exécutera cette commande soutenue par la Fondation Arthur Honegger, la Fondation de France, et Pro Helvetia. Au Victoria Hall, l’OSR dédiera les soirées des 8, 10, 11 et 13 mars au Requiem de Verdi : Edo de Waart dirigera le chœur du Grand Théâtre, Csilla Boross (soprano), Violeta Urmana (mezzo-soprano), Riccardo Massi (ténor) et Roberto Scandiuzzi (basse). L’orchestre retrouvera ensuite Neeme Järvi les 18 et 20 mars, toujours au VH. Nikolaj Znaider, violoniste, interprétera le Concerto pour violon de Nielsen. La soirée sera consacrée également à la Symphonie No 86 de Haydn ainsi qu’à la deuxième de Sibelius (le 18 mars) et à la sixième de Beethoven (le 20 mars). Nikolaj Znaider © Sheila Rock L’Orchestre Philharmonique Royal de Stockholm, avec à sa tête Sakari Oramo, sera en visite au VH le 19 mars, accompagné par la violoniste suisse Patricia Kopatchinskaj. Elle a c t u interprétera le Concerto pour violon de Tchaïkovski ; suivra la Symphonie No 1 de Sibelius. Le Geneva Camerata participe au « grand marathon des concertos » de Vivaldi sur instruments d’époque les 13 et 15 mars, au Musée d’Art et d’Histoire ; il donne également rendezvous le 6 mars au BFM pour une soirée « violoncelle rock ! », avec au violoncelle Johannes Moser et à la baguette David Greilsammer. Le programme, éclectique, comprend des œuvres de Vivaldi, Bartók et de Jonathan Keren pour violoncelle électrique (création mondiale). L’Orchestre de Chambre de Genève proposera le 8 mars la Passion selon saint Jean de Bach à la Cathédrale de Genève, dirigée par John Nelson ; il donnera ensuite carte blanche le 17 mars au BFM à Jean-Jacques Kantorow (direction) et à Alexandre Kantorow (piano). Au programme : la suite orchestrale Pelléas et Mélisande de Sibelius, le Concerto No 2 pour piano de Liszt et la Symphonie No 2 de Saint-Saëns. Côté récital, le pianiste Benjamin Grosvenor sera au VH le 24 mars dans le cadre de la série des Grands Interprètes. Il jouera des œuvres de Chopin, Granados, Franck, Bach-Busoni et Rameau. Mami Hagiwara propose aussi un récital de piano de 14 mars, au VH, autour de partitions de Mozart, Debussy et Chopin. Le baryton Michael Volle sera quant à lui au Grand Théâtre le 4 mars. Accompagné par Helmut Deutsch, il interprétera Schwanengesang de Schubert. Rachmaninov. Ce même accueille, le 19 mars, le Jerusalem Chamber Music Festival, soit Rainer Honeck et Madeleine Carruzzo, violon, Amihai Grosz, alto, Frans Helmerson, violoncelle, et Elena Bashkirova, piano, pour un concert Schumann et Mozart. Toujours au Conservatoire, le 23 mars, il sera possible d’ententre le Trio wanderer en compagnie de l’altiste Christophe Gaugué dans des œuvres de Mendelssohn, Bloch, Bernstein et Brahms. Le 15 mars, le Quatuor de Genève invite le pianiste Lorenzo Soulès au Musée d’art et d’histoire pour un concert d’œuvres de Mendelssohn et Schuman. Les musiques du monde sont au programme, avec James Taylor & Band au Théâtre du Léman le 7 mars, tandis que Buika se produit au Victoria Hall le 21 mars; enfin, le 26 mars, place à Mare Nostrum, ensemble constitué de Richard Galliano à l’accordéon, de Paolo Fresu à la trompette et de Jan Lundgren au piano et percussion. A signaler également, pour les amateurs de musique contemporaine, les concerts donnés dans le cadre du Festival Archipel, du 20 au 29 mars : tout d’abord le Lemanic Modern «(This is not) a Dream» © Benoit Labourdette Ensemble et l’Ensemble Contemporain de l’HEMu dirigés par William Blank (20.3.), puis de la cornemuse avec Erwan Keravec (21 et 22.3.), du birbyne avec Carol Robinson (23.3.), sans oublier (This is not) a Dream, le spectacle de Louise Moaty autour de Cage et Satie (28.3.) et,pour finir, le concert donné par les Swiss Chamber Soloists (29.3.). Martina Díaz Les amateurs de musique de chambre se retrouveront le 5 mars au Conservatoire de la Place Neuve pour écouter Jean-Guihen Queyras au violoncelle et Alexander Melnikov au piano, qui joueront des duos de Schumann, Beethoven, Webern et a l i t é 61 m u s i q u e à la grange au lac d’évian Anne Queffélec En compagnie du Quatuor Manfred, la pianiste française se produira à la Grange au Lac le samedi 21 mars à 20h dans un programme classique allant de Bach à Schumann. Elle n’a pas échappé pourtant à de courtes périodes de doute, n’étant pas persuadée que la musique avait vraiment besoin d’elle, malgré le parcours sans obstacles qu’elle était en train de suivre. Mais elle comprend vite qu’elle a besoin de la musique, qu’elle ne saurait s’en passer. Elle a aussi souffert au début de la solitude, en scène et dans le travail, avant que la compagnie des compositeurs ne lui soit apparue comme source de satisfaction totale. Elle a tant reçu qu’elle estime indispensable de transmettre sa passion : le temps de la musique peut donner une « image de l’éternité », dévoiler une sorte de « vérité » qui aide à vivre et que chacun devrait avoir Anne Queffélec poursuit sa déjà longue carrière couronnée de multiples succès en France et à travers le monde. Le public l’aime et elle aime son public, qu’elle considère comme un cadeau qui l’inspire et avec qui elle partage quelque chose de très intime. Elle ressent envers lui une sorte de fraternité et ne craint pas sa critique, car finalement, dit-elle, le critique le plus dur c’est d’abord soi-même ! 62 Portrait Fille du romancier et scénariste breton Henri Queffélec et sœur de l’écrivain Yann Queffélec, auteur d’une biographie de Bela Bartok et lauréat du Prix Goncourt en 1985 pour ses poignantes Noces Barbares, elle a tout naturellement été sensibilisée aux beautés de la littérature et de la musique, vers laquelle elle décide de s’orienter. Sa mère, qui avait fait de sérieuses études de piano et chantait fort agréablement, et ses premiers professeurs, dont elle appréciait au plus haut point l’humanité et la générosité, ont joué un rôle important dans ce choix. Son père d’ailleurs était également féru de musique, d’art en général. Sans avoir de but précis, elle s’engage donc sur cette voie, qui la conduit au Conservatoire supérieur de Paris, où elle obtient deux premiers prix (piano et musique de chambre), puis se perfectionne à Vienne auprès de Paul Badura-Skoda, Jörg Demus et Alfred Brendel. Un choix plutôt judicieux ! Ses prix aux concours de Munich et de Leeds (1968 et 1969) lancent sa carrière internationale. La musique française fait partie bien sûr de son répertoire de prédilection, mais Mozart y est également très présent : elle a par exemple donné au festival de La Roque d’Anthéron l’intégrale des sonates de ce compositeur, en six concerts et contribué à la bande son du film Amadeus sous la direction de Neville Mariner. Au fil des ans elle a enregistré plus de trente disques, en majorité pour le label Mirare. Un Diapason d’or a récompensé son Satie & Compagnie. Notons qu’elle a reçu la Victoire de la meilleure interprète classique en 1990. Elle vient d’ajouter à sa discographie sous le titre Ombre et lumière, des sonates de Domenico Scarlatti, dont elle avait enregistré 13 pièces il y a quarante ans déjà. a c t Anne Queffélec. Photo Caroline Doutre la chance de découvrir. La musique serait comme une clé qui permet d’ouvrir en chacun une dimension inconnue. Elle est source de sens, de force. Pour Anne Queffélec, rien ne semble jamais acquis : intelligente, altruiste, cultivée et pleine d’humilité, elle poursuit sa recherche… Martine Duruz Nous avons retranscrit la substance de quelques propos d’Anne Queffeléc tenus lors d’une interview réalisée par Suzana Kubik sur France Musique (octobre 2013) Le 21 mars : Anne Queffélec / Quatuor Manfred (Busoni, Bach, Haendel, Beethoven) La Grange au Lac, Evian (loc. 04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org) u a l i t é m u s i q u e Le Concours de Genève, que vous avez remporté, a-t-il été un moment déterminant dans votre carrière ? entretien Mami Hagiwara On peut dire que de lui date le lancement de ma carrière. J’ai pu ainsi entrer en relation avec de multiples personnes du monde musicale, d’autres musiciens, des institutions internationales… Et à partir de là, tout a démarré pour moi. Brillant Premier Prix du Concours de Genève en 2010, Mami Hagiwara offre un récital ce 14 mars au Victoria Hall. À ne pas manquer, pour retrouver et goûter cette jeune pianiste originaire du Japon à l’orée d’une carrière des plus prometteuses. Comment vous est venue l’envie de devenir pianiste ? J’adore la musique, donc mon cheminement est assez logique. Quand j’avais cinq ans, j’ai commencé à étudier le piano, chez moi au Japon. Et à partir de là, très vite j’ai ressenti le désir et la volonté d’être pianiste. Curieusement, c’est une vocation qui m’est venue toute seule. Car il n’y a aucun musicien dans ma famille. Et ensuite, comment s’est déroulée votre formation musicale ? Mon parcours a été assez traditionnel. À Hiroshima, où je suis née, j’ai suivi les cours d’un professeur de piano, avec d’autres professeurs par la suite. Puis je suis venue en France pour perfectionner ma technique. Au Conservatoire de Paris, où j’ai étudié, j’avais comme professeurs Jacques Rouvier, Prisca Benoît, Itamar Golan et Éric Le Sage. J’y suis restée cinq ans. Que préférez-vous : jouer seule lors d’un récital, en tant que soliste dans un concerto, ou en formation de chambre ? coup d’amis. Et puis, j’adore Paris et la France. Et j’adore les boulangeries françaises. Quel est votre répertoire ? Qu’aimezvous jouer ? Je n’ai pas de préférence particulière. Je joue beaucoup de compositeurs, la musique française mais aussi la musique allemande, sans exclusives. Curieusement, je joue peu de compositeurs japonais. Tout simplement parce qu’il y en a peu. Le seul que j’ai joué est Kenji Sakai, un compositeur d’aujourd’hui qui a remporté le Concours Reine Élisabeth il y quelques années, qui a habité à Paris à une certaine époque et vit maintenant à Berlin. Toutes ces participations m’intéressent. Mais j’avoue une petite préférence pour la musique de chambre. Elle permet l’échange avec d’autres musiciens, sur un pied d’égalité. C’est enrichissant. Qu’en est-il du programme de votre récital du 14 mars ? Je trouve un lien entre Mozart, Chopin et Debussy. Du moins dans les pièces que j’ai choisies. Les Variations de Mozart ont un côté presque improvisé. La Troisième Sonate de Chopin participe du même esprit. Quant à l’Isle joyeuse de Debussy, j’y vois comme une peinture de la nature. Il y a aussi quelque chose de japonais dans son esthétique. C’est un grand plaisir pour moi de retourner à Genève, dans la salle du Victoria Hall. J’y ai beaucoup de souvenirs. Et je suis ravie de retrouver le public genevois. Vos prochains projets ?... Je vais participer à la Folle Journée au Japon, à la suite de celle de Nantes à laquelle je participe actuellement. J’ai aussi des concerts et récitals prévus au Viêt-Nam, au Canada et au Japon évidemment. Pourquoi êtes-vous venue en France ? Pour poursuivre ma formation, il fallait que je quitte le Japon. J’ai alors réfléchi, et ai hésité entre l’Italie et la France. J’ai finalement choisi la France, parce que les possibilités sont plus importantes. On peut ainsi également se perfectionner en analyse, histoire de la musique, pédagogie… Et puis c’est un pays de grande culture, qui me faisait un peu rêver. Propos recueillis par Pierre-René Serna Samedi 14 mars 2015 au Victoria Hall à 20h00 Mami Hagiwara piano Programme : Mozart : Variations sur un thème de Duport en ré majeur KV 573 & Fantaisie en ré mineur KV 397 Debussy : L’Isle joyeuse & Suite bergamasque Chopin : Sonate n° 3 en si mineur op. 58 Location : Espace Ville de Genève, Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors, Centrale Billetterie T 0800 418 418 (Suisse), T +41 22 418 36 18 (Etranger Et maintenant, vous avez choisi de résider à Paris… En réalité, je me partage entre Paris et le Japon, avec des séjours prolongés dans les deux cas. Paris est une ville merveilleuse, qui offre toutes sortes de possibilités. J’y ai, en plus, beau- e n t Mami Hagiwara r e t i e n 63 e x p o s i t i o n s musée cantonal des beaux-arts, lausanne Paris à nous deux ! L'effervescence de la vie parisienne fait naître l'artiste. Cette croyance qu'au tournant du XXe siècle toute formation artistique impose un séjour à Paris, est le propos de l'exposition du musée de Lausanne qui retrace de façon thématique les relations des artistes suisses romands avec la capitale française. 64 Au Salon de 1765, Diderot affirme qu'un grand artiste ne peut éclore “des peuples suisses“ en raison de leurs mœurs, de leur dispersion et du manque de concurrence d'un canton à l'autre. Effectivement, entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle, la formation artistique en Suisse romande est pauvre. Ce constat amène les artistes à s'instruire d'abord à Rome, puis exclusivement à Paris. Chacun caressant l'espoir d'une sélection au Salon, nouvellement créé en 1725, et d'exposer ses œuvres devant le public parisien. C'est ce que montre le début de l'exposition avec Jacques Sablet. Le peintre s'est inspiré de ses voyages à Rome et traduit avec bonheur les luminosités chaudes du sud de l'Europe. Il excelle dans les scènes de genre à l'Italienne avec des sujets empruntés à l'héritage antique. Une production qui soulèvera la reconnaissance des Salons parisiens de la fin du XVIIIe siècle. Une étape historique appuyée par la publication d'un nouveau volume des Cahiers du Musée des Beaux-Arts de Lausanne consacré aux frères Jacques et François Sablet. Les Salons parisiens ne vont pas toujours être la voie royale de la peinture européenne. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, ce sont les Expositions universelles qui prennent le pas des grands événements culturels en Europe. Les pays n'ont de cesse de mettre en avant leur nation, en présentant des architectures ou des œuvres typiques de leur culture. Paris n'est pas en reste, puisque la capitale organise pas moins de cinq manifestations jusqu'en 1900. A cette période les stéréotypes helvétiques se développent : les vaches sont reines et les alpages piqués de mille fleurs, la nature est sauvage, impressionnante, et les traditions bien vivantes. Le point culminant est représenté par la fameuse toile d'Eugène Burnand, Taureau dans les Alpes, qui fut un succès parisien; ainsi que la magnifique Fête patronale au val d'Hérens, d'Edouard Ravel. A remarquer aussi les tableaux de François Bocion qui se démarquent des sujets pittoresques par des peintures qui se jouent des lumières. En cette fin de siècle, c'est effectivement le temps des peintres de l'école de Barbizon et l'émergence du courant impressionniste. A Paris les rivalités sont féroces. Le Salon des indépendants se crée en 1884 et le Salon d'Automne en 1903. Les galeries privées aussi se développent et jouent désormais un rôle toujours plus important dans la promotion des artistes vivants. Le monopole des expositions parisiennes échappe ainsi au Salon officiel, c'est désormais au public de juger les œuvres en toute liberté. Certains artistes suisses en profiteront alors pour écouter leur époque et s'impliquer dans des compositions plus novatrices. Parmi eux le fameux Félix Vallotton, représenté par le marchand d'art Ambroise Vollard et exposé aux côtés des nabis, la surprenante Alice Bailly, adepte de l'abstraction cubiste et fortement marquée par les œuvres des Delaunay, quant à Gustave Buchet, il rencontre un beau succès en 1926 avec une première exposition personnelle parisienne. Nouveau langage artistique La Grande Guerre plonge les artistes romands dans les réalités du conflit. Il y a bien sûr les gravures sur bois de Vallotton, mais également Théophile-Alexandre Steinlein qui reste le grand porte-parole des désastres. A partir de ses croquis, mais aussi des photographies de presse, il grave ses visions de l'épouvante des tranchées. Le renouvellement du langage artistique ne pourra alors qu'échapper aux dictats de l'état. Paris devient une capitale de l'art surpeuplée, une ville à l'urbanisation et à la modernisation galopantes. Les artistes regardent autour d'eux et traduisent avec passion le spectacle de la modernité. C'est le début des grands magasins et de la publicité. La femme tient le rôle d'effigie de la grâce et de la mode, notamment avec Eugène Grasset. D'autres artistes se lancent dans des compositions symbolistes avant de se tourner, comme Ernest Biéler, vers des exécutions plus réalistes. Le théâtre est également source d'inspiration, tel René Auberjonois qui illustre à plusieurs reprises l'Ubu Roi d'Alfred Jarry. L'exposition montre qu'en ce début du XXe siècle, la capitale parisienne fascine. Elle rassemble des artistes du monde entier, dont les Suisses qui se mêlent aux créateurs de l'avant-garde et vont initier une expression artistique qui leur est propre, et cela en dehors des nationalités. Nadia El Beblawi Gustave Buchet «L’Esprit nouveau», 1925 / 1928 Huile sur toile, 81 x 116 cm. Lausanne, Musee cantonal des Beaux-Arts Photo: Musee cantonal des Beaux-Arts a c t u a Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne. Paris à nous deux! Jusqu'au 26 avril. l i t é expos itions Alice Bailly «Marval au Bal van Dongen», 1914 Huile sur toile, 100 x 81 cm Collection particuliere. Photo: DR a c t u a l i t é expos itions tre comment la palette sombre et terne des années 1930 et 1940 laisse à nouveau place à la couleur et aux tons vifs et chauds. musée de carouge Strawinsky Equilibre des volumes Cette présentation dédiée à l'œuvre de Théodore Strawinsky est la première importante exposition genevoise consacrée à l'artiste depuis l'hommage posthume qui lui avait été rendu à l'Athénée en 1993. Peintures, dessins et gravures mettent en lumière les multiples talents de cet homme qui mena une carrière prolifique en marge de son célèbre père, le compositeur Igor Strawinsky. 66 En 1936, Théodore Strawinsky épouse la relieuse d'art genevoise Denise Guerzoni, qui deviendra son modèle et que nous découvrons dans la très belle toile Femme assise, 1944-1954. Bien que placée dans un espace déstructuré par les lumières et la géométrique, la femme est traitée de manière naturelle et simplifiée. Marqué par le cubisme, le peintre n'altérera jamais vraiment la figure humaine. Il souhaite réintégrer le sujet aux acquis du cubisme. Aussi définit-il en 1975 son style de façon équivoque: « Ma figuration est abstraite, mon abstraction figurative ». Durant la Seconde Guerre, en 1942, le couple Strawinsky s'installe définitivement en Suisse, comme en témoignent les paysages peints aux Le musée de Carouge s'est prêté à une collaboration avec la abords de Carouge. Ces bouts de nature croqués sur les rives de l'Arve Fondation Théodore Strawinsky pour organiser ensemble cette exposition indiquent néanmoins que l'artiste n'est pas un peintre de plein air. Sur thématique. Celle-ci retrace les développements du peintre d'origine russe place, il réalise de nombreux croquis à la mine de plomb ou au fusain, fixe qui séjourna dès son enfance régules couleurs à l'aquarelle ou au lièrement en Suisse et s'établit à pastel, puis reprend ses composiGenève en 1942, où il demeura justions en atelier, à l'huile sur toile. qu'à son décès en 1989. L'équilibre des volumes clairement définis par la lumière est Le charme intime des salles du une constante durant toute sa carmusée raconte le contexte culturel rière artistique. Les vitraux qu'il privilégié qui accompagna le déveréalisa dans la seconde moitié du loppement artistique de Théodore XXe siècle sont à cet égard parStrawinsky. Fils aîné du fameux lants. Il orna plusieurs lieux de compositeur du Sacre du printemps, culte genevois et produisit aussi il se forma dans l'effervescence des mosaïques pour la très renomintellectuelle du début du XXe sièmée Eglise de Notre-Dame cle et aux contacts de fortes persond'Assy. nalités artistiques tels que Picasso, Un aspect moins connu de Braque, Derain, lequel lui aurait l'artiste et des plus touchants de expliqué comment préparer sa l'exposition est certainement son palette et ses toiles, Auberjonois, travail de décorateur de théâtre et Cocteau ou Ramuz. Marqué par ces d'illustrateur. Il collabore bien sûr rencontres, il restera longtemps à des pièces musicales de son père, mais également à des proattaché à une approche formelle ductions théâtrales genevoises. cubiste. Durant sa carrière, il illustrera pas moins de 16 ouvrages, dont Le La première découverte de Cirque de Ramuz pour lequel il se cette exposition est la surprenante tente avec succès à la technique précocité du jeune Théodore. Théodore Strawinsky «La femme assise2, non daté (vers 1952) de la lithographie. Enfant doué, il peint très tôt des Huile sur toile, 146 x 114 cm. Fondation Théodore Strawinsky, Genève aquarelles. A l'âge de 7 ans, en 1914, L'exposition est à mettre bien sûr en relation avec la publication et la il réalise une impressionnante Bataille navale; quatre ans plus tard, il peint une remarquable vue plongeante sur une scène de théâtre depuis les loges. mise en ligne, depuis octobre dernier, du catalogue raisonné de l'œuvre de Le père devine le don particulier de son fils, il annote, titre et date les pre- Théodore Strawinsky. La Fondation, épaulée par l'université de Lausanne, offre cet outil idéal pour tous ceux qui souhaiteraient élargir leurs connaismières œuvres du prodige. Aux couleurs de ces débuts artistiques, répondent plus tard des tons sances. Nadia El Beblawi sombres. Il faut dire que la situation financière de la famille s'était fortement détériorée. Suite à la révolution bolchevique de 1917, les Strawinsky sont privés de leur fortune et vivent dans des conditions matérielles pré- Musée de Carouge, Théodore Strawinsky (1907-1989). Jusqu'au 22 mars. caires. Les années 30 sont également endeuillées par la maladie, Théodore www.theodorestrawinsky.ch perd une sœur et sa mère des suites de la tuberculose. L'exposition mon- a c t u a l i t é expos itions dessus, relève les tracés par frottage, puis retravaille certaines lignes. Entre peinture et motifs dessinés, l'œuvre devient un extrait libre de tout sens et pourtant une expression propre à l'artiste. espace muraille Monique Frydman Pour la première fois le public genevois se confronte de visu à l'œuvre abstraite du peintre Monique Frydman. Bien qu'âgée aujourd'hui de plus de 70 ans, cette figure marquante de l'abstraction poursuit encore avec bonheur sa quête d'un non-lieu qu'elle nomme U-topie de la couleur. C'est la découverte d'une vision étonnamment tactile. L'artiste française présente une quarantaine d'œuvres au cœur des fortifications de la vieille ville, à l'Espace muraille. L'exposition montre aussi bien des tableaux, des étoffes teintes, des dessins, qu'une installation murale. Cette sélection, jalonnant les 20 dernières années, nous laisse deviner l'étendue du travail créatif de Monique Frydman. Un travail reconnu internationalement par de grandes institutions, comme en 2013, au Louvre, où elle participa à l’exposition Le printemps de la Renaissance. Elle présenta alors, dans le Salon Carré, son Polyptyque Sassetta qui faisait écho au Polyptyque de Borgo San Sepolcro du peintre siennois dit Sassetta. Un ouvrage monumental qui a marqué les esprits par son dépouillement, mais également par cette volonté de donner une présence à la couleur, et par conséquent à la lumière. Sous une sensibilité poétique évidente, se découvre pourtant une œuvre plus complexe qu'elle n'y paraît. Nous abordons l'exposition avec plusieurs peintures, dont la série Tabula, réalisées par frottage de pigments et liants. Ces compositions, qui à force de dépouillement en deviennent parfois déroutantes, jouent des monochromies. L'utilisation des pigments et l'apparition de la toile de lin brute impliquent une vision à nue. Un peu comme si nous pouvions voir les couleurs comme les voit l'artiste. On investit l'observation des tableaux de significations multiples et on s'interroge sur la genèse du sens. Pour Monique Frydman, c'est une porte ouverte vers un espace de liberté, celles des songes et de l'infini. Les bleus de la salle située au niveau inférieur de l'exposition sont à cet égard manifestes. a c t Force expressive Monique Frydman contrecarre cette force expressive avec une gestuelle le plus souvent à peine perceptible. Elle se déjoue des automatismes du mouvement en utilisant parfois le hasard comme élément déclencheur. A ce titre Des saisons avec Bonnard 22 est un très bel exemple. Des cordes et des ficelles, disposées de façon aléatoire sur le sol de son atelier, lui servent d'empreintes. Elle pose une toile humidifiée Accordant une grande importance à la transparence et à la texture, Monique Frydman a entamé la création d'ouvrages de dimension architecturale, notamment avec la série des Paravents. Cette facette de son travail est montrée avec Fenêtre sur cour, une étude préparatoire de 2011. L'installation murale occupe toute la hauteur du mur de la cage d'escalier et se présente comme les pans d'un rideau encadrants une fenêtre aveugle. Ce prêt de la manufacture des Gobelins évoque d'abord la texture de longs cheveux. Des cordons métalliques, gainés de plastique transparent et partiellement assemblés par des volutes tissées de soie blanche, forment des entrelacs blancs qui se tortillent et animent la paroi murale. Le matériau industriel, la blancheur dominante, ainsi que les nombreux jeux d'ombres créent une présence particulière. Associée à la symbolique de la fenêtre, l'œuvre acquière une dimension presque irréelle. L'exposition se poursuit au niveau inférieur avec des travaux où l'artiste varie autant les supports, toile de lin à même le mur ou tarlatane, que les procédés, frottage, teinture sur textile, utilisation d'empreintes ou tracés au pinceau. C'est dans l'intimité des petits formats que Monique Frydman évoque les souvenirs de son voyage en Inde à la fin des années 90. Pastel, encre et aquarelle servent l'expression de dessins sur papier où dominent les couleurs violettes, rouges, jaunes et orange. Aux teintes chaudes se confronte l'éclat des bleus de la dernière salle. Ces œuvres récentes se déclinent sur tissu, les éléments sont superposés et cousus, mêlant les transparences et la légèreté. Dans cette pièce, l'artiste se joue des monochromies et nous emmène spontanément vers cette U-Topie de la couleur. Nadia El Beblawi Espace Muraille, Monique Frydman U-Topie de la couleur, jusqu'au 2 mai Monique Frydman, «Tabula 2», 2013, 53x90cm u a l i t é 67 expos itions barque en 1891, puis par son retour en France en 1893, pour réembarquer en 1895 à destination de la Polynésie. En 1901, à la recherche d’une nouvelle inspiration et cherchant à se débarrasser de l’influence de la civilisation, jugée trop envahissante à Tahiti, il rejoint à 1500 kms l’île d’Hiva Oa, dans les Marquises, où il meurt deux ans après son arrivée. fondation beyeler : paul gauguin À la recherche du paradis perdu Conforme à son habitude, quelque peu agaçante, le directeur de la Fondation Beyeler, Sam Keller introduit l’exposition, consacrée à Paul Gauguin (1843-1903), par une avalanche de superlatifs. La plus remarquable consacrée aux chefs-d’œuvre de cet artiste, la plus longue en préparation (six ans), les prêts des plus grandes collections mondiales, la plus chère en valeur d’œuvres et par conséquent de primes d’assurance. Malgré de fortes réticences, étant donné l’extrême fragilité des œuvres, de grands musées européens, américains et fait plus exceptionnel l’Ermitage de Saint-Pétersbourg et le musée Pouchkine de Moscou ainsi que quelques collections privées ont permis de réunir une cinquantaine d’œuvres. 68 Pourtant, la veille de l’ouverture, une ombre est jetée sur ce tableau idyllique. On apprenait que le tableau Nafea (1892) de Paul Gauguin, véritable icône de cet artiste, propriété du Trust Familial Ruedi Staechelin et prêté depuis toujours au Kunstmuseum de Bâle, venait d’être vendu pour une supposée somme de 320 millions, faisant ainsi de ce joyau de la collection, le tableau le plus cher du monde. Il ne retournera donc plus au musée, qui vient de fermer ses portes, pour de lourds travaux d’agrandissement et qui ne rouvrira qu’en avril 2016. Comme ne retourneront pas les autres dix-sept tableaux de cette collection. Ainsi en a décidé Ruedi Staechelin, le président du Trust, en désaccord complet avec les instances politiques mais aussi le président de la commission du musée, l’avocat Peter Mosimann. Les collections Staechelin et Im Obersteg sont deux fleurons du musée des Beaux-Arts et vont être exposées prochainement au musée Reina Sofia à Madrid, puis en octobre à la Phillips Collection à Washington. Seule, la collection Im Obersteg rejoindra donc le musée. Ne nous laissons cependant pas gâcher le plaisir, car la célèbre toile de Gauguin, Nafea sera, à n’en pas douter, la star de cette exposition. Elle vous attend pour un dernier regard ! a Paul Gauguin «Nafea faaipoipo, Quand te maries-tu?» 1892 Huile sur toile, 105 x 77,5 cm . Collection Rudolf Staechelin Photo: Kunstmuseum Basel, Martin P. Bühler Le parcours, tel qu’il a été conçu par Martin Schwander, le commissaire, correspond à la période de maturité de l’artiste et prend pour point de départ son premier séjour en Bretagne à Pont-Aven, où il se rend en 1888, y trouvant « le sauvage, le primitif ». Il se poursuit par sa première période à Tahiti, où il s’em- c t u a Autoportraits Gauguin aimait se mettre en scène et n’a créé pas moins de quarante autoportraits. L’Autoportrait à la palette (1893/1894) dans lequel il se montre sûr de soi, complété par sa palette de peintre prêtée par le musée d’Orsay, accueille le visiteur. De son séjour en Bretagne, date l’Autoportrait au Christ jaune (1890/1891) qui lui fait dire qu’il y a en lui deux natures, « l’Indien et la sensitive, la sensitive a disparu ce qui permet à l’Indien de marcher tout droit et fermement ». Dix ans avant de partir en Bretagne, Paul Gauguin travaille avec succès comme courtier dans une banque, puis commence à peindre tout en découvrant la peinture impressionniste. Les milieux parisiens le dégoûtent et sa quête de l’authenticité, sa recherche d’une vérité plus profonde au-delà du visible, l’amènent en Bretagne. Le banquier devient artiste, bohème, marginal. En 1888, il peint La Vision du sermon, dans laquelle il met au point son style personnel, s’affranchissant de l’impressionnisme, et qu’il désigne sous le nom de synthétisme. Le thème qu’il représente, la lutte de Jacob avec l’ange, lui sert aussi à délimiter le profane du religieux, le monde de la réalité de celui de l’imagination et servira de modèle aux artistes regroupés sous l’étiquette d’Ecole de Pont-Aven. Il utilise des couleurs pures et lumineuses, qui entretiennent de puissants contrastes, et juxtapose des formes clairement délimitées, accentuant la planéité du tableau, renonçant ainsi à toute perspective et profondeur. En témoignent Petit Breton nu (1889), Les Saules (1889) ou Bonjour Monsieur Gauguin (1889), où il se peint en voyageurartiste enveloppé dans une cape, le visage enfoncé dans une casquette face à une paysanne l i t é expos itions Paul Gauguin «D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?, 1897/98 Huile sur toile, 139,1 x 374,6 cm. Museum of fine Arts, Boston, Tompkins Collection, Arthur Gordon Tompkins Fund. Photo © 2015 Museum of Fine Arts, Boston vue de dos. Dans l’étrange toile La Perte du pucelage (1890/91), on est frappé par la conception novatrice de la surface et de l’espace pictural, les couleurs éclatantes et les formes simples. Idéalisation On imagine aisément qu’en arrivant à Tahiti en juin 1891, Gauguin est fasciné par cette nature intacte. Il idéalise dans Le Grand Arbre (1891) la représentation de la nature luxuriante et le mode de vie des indigènes. Sa fascination pour les femmes tahitiennes se lit aussi bien dans Parau api, Quelles nouvelles (1891), d’un chromatisme très intense que dans Aha oe feii, eh quoi tu es jalouse (1892) nous montrant deux corps de femmes au modelé plastique dans un espace pictural aux teintes rose pâle et rouge vif. De cette même année date aussi le chef-d’œuvre Nafea faaipoipo, Quand te maries-tu, appartenant à la fameuse collection Staechelin et qui rejoindra une collection privée ou publique. Gauguin y simplifie les corps des deux femmes en formes décoratives harmonieusement intégrées dans les plages de couleurs vives qui les entourent. S’il célèbre la beauté exotique des paysages et de leur population indigène dans des toiles aux couleurs somptueuses et des sculptures très expressives, s’inspirant du langage iconographique des peuples océaniens, Gauguin fait l’amer constat que la réalité tahitienne ne correspond pas à ses images idéalisées. La colonisation et la christianisation ont détruit ce paradis. Son retour à Paris est pour lui une grande déception. Alors que Monet et Pissaro connaissent le succès, Gauguin reste l’exclus de la gloire, comme l’est Cézanne à la même époque qui aura sa première exposition en 1895 chez a c t u Ambroise Vollard. A Gauguin, le galeriste proposera en 1900 de conclure un contrat, afin de lui assurer un revenu fixe. Lors de son deuxième séjour à Tahiti, alors que sa santé se détériore, que les difficultés de l’existence s’accumulent, que la mort l’angoisse, il peint une grande toile, sorte de testament existentiel : D’où venons-nous, Que sommesnous ? Où allons-nous (1797/98), prêt exceptionnel du Fine Arts Museum de Boston. Il écrit à Daniel de Monfreid : « je crois que non seulement cette toile dépasse en valeur toutes les précédentes, mais encore que je n’en ferai jamais une meilleure ni une semblable. J’y ai mis là avant de mourir toute mon énergie, une telle passion douloureuse… et une vision tellement nette sans corrections, que le hâtif en disparaît et que la vie en surgit ». De Rupe, rupe, La cueillette des fruits, peint en 1899, dominé par trois personnages féminins dans une composition équilibrée, se dégage une impression de grande paix, celle que l’artiste cherchait sans jamais la trouver. De même, Femmes au bord de la mer : Maternité (1899) est une composition centrée sur trois femmes respirant le bonheur. Dans Le Cheval Blanc (1898), le paysage est idyllique, les hommes et les animaux vivent en harmonie dans une sphère primitive paradisiaque. Lorsqu’il arrive sur l’île d’Hiva Oa dans les Marquises, c’est une belle Polynésienne, à la chevelure rousse, éclatante qui retient son attention et qu’il représente dans deux toiles : Contes barbares (1902), où elle est assise à côté d’un personnage androgyne comme figé et un homme d’apparence démoniaque et Femme à l’éventail (1902) où la belle rousse semble incarner l’antique culture des Maohis, condamnée à disparaître avec l’arrivée de la civilisation. L’autoportrait qu’il peint en 1903 quelque temps avant sa mort, et qui clôt le parcours , en dit long sur la vie tragique de l’artiste, ses désillusions. Les couleurs se sont estompées, l’homme y est rendu dans sa vérité, sans artifices. « En tout cas j’aurai fait mon devoir, semble-t-il dire à la postérité, et si mes œuvres ne restent pas, il restera toujours le souvenir d’un artiste qui a libéré la peinture de beaucoup de ses travers académiques d’autrefois et de travers symbolistes (autre genre de sentimentalisme) ». Régine Kopp Paul Gauguin, «Pot en forme de tête, Autoportrait», 1889. Grès, H. 19,5 cm. Designmuseum Danmark, Copenhague. Photo Pernille Klemp a l i t Jusqu’au 28 juin 2015 (ouvert tous les jours) Attention, en raison d’une forte affluence de visiteurs attendus, il est recommandé de réserver les billets d’entrée en ligne (coût : 28.FS ) www.fondationbeyeler.ch é 69 expos itions fondation arnaud, lens / crans-montana Réalisme La Fondation Pierre Arnaud de Lens poursuit un cycle hivernal initié avec succès l’an dernier par une première exposition consacrée au divisionnisme. La seconde étape présente les multiples facettes du réalisme pictural, un courant sans école ni période qui s’est particulièrement distingué aux 19ème et 20ème siècle. 70 L’un des principaux objectifs de ce cycle est de promouvoir les beaux-arts tout en mettant spécifiquement en relief la peinture suisse. Le parcours proposé par le commissariat d’exposition tente, à travers quelques regroupements thématiques, de répondre à la question : « Qu’est-ce que le réalisme ? ». Le spectateur est alors confronté aux genres fondamentaux : celui du paysage et de la nature morte, puis aux scènes de la vie quotidienne évoquant successivement la sphère familiale, le monde rural et urbain. Le traitement du nu ou du portrait offre, depuis le Déjeuner sur l’herbe (1863) de Manet, l’image d’une femme descendue de son Olympe pour imposer désormais sa présence corporelle et morale traduisant une forme, aboutie ou non, d’intégration sociale. moyens supplémentaires pour mieux apprécier cette « symphonie des contraires ». Ainsi l’académisme est-il illustré par les sobres natures mortes de Pieter Claesz (1659/60) et Heda Claesz Willem (1631), le Neuchâtelois Léopold Robert avec son Marinier napolitain avec une Réalismes D’emblée la notion de réalisme associée traditionnellement à des valeurs d’objectivité et vérité mérite d’être relativisée, en effet la représentation de la réalité varie selon les époques, les croyances, les émotions. Aussi plutôt que de parler de « réalisme » est-il plus pertinent d’évoquer « des réalismes », tout en soulignant ce qui les rapproche et les différencie. Au-delà de la diversité des genres, celles des techniques, des styles et manières constituent autant de jeune fille de l’île d’Ischia (1825) nous en livre une version romantique, les nus crûs de Félix Vallotton quant à eux révèlent la puissance de la chair offerte au regard. La veine naturaliste des œu-vres de Camille Corot, Gustave Courbet ou Barthélémy Menn entre en dissonance heureuse avec l’austérité d’un Albert Anker, mais se décline aussi sur des tonalités tour à tour impressionnistes, expressionnistes et symbolistes, représentées par des œuvres de Charles L’Eplattenier, Ferdinand Hodler, Gustave Caillebotte. Le langage plastique de la modernité offre également sa vision de la réalité : on découvre alors l’approche cubiste et géométrique de Le Corbusier, Fernand Léger ou Armand Niquille, l’hyper réalisme d’un Franz Gertsch. Scènes de la vie ouvrière Le traitement de la réalité sociale n’a pas échappé aux organisateurs de l’exposition, elle en constitue au contraire l’un des points forts. On découvre d’impressionnantes scènes de la vie ouvrière, par exemple les Lavandières (1890) du Russe Arkhipov, L’Atelier de boîtier (1893) d’Edouard Kaiser. Les Barquiers déchargeant des pierres (1888) de William Röthlisberger, La Maison du garde-barrière (1924) de Georg Scholz. On atteint le paroxysme de cette dimension ouvriériste avec des œuvres telles que : Le Charpentier au-dessus du port (1900) de Steinlein, L’Equipe du matin (1929) de Otto Nagel, Le Travailleur (1936) de Mario Sironi, Le Travailleur blessé (1961) de Carlo Montarsolo. Il faut également mettre en relief une section importante consacrée aux artistes suisses, à cet égard les peintres de l’Ecole de Savièse y jouent un rôle de premier Mario Sironi «Le travailleur», 1936 © GardaPhoto, Salò a c t u a l i t é expos itions Gérard de Palézieux «Nature morte», 1950 © Collection privée plan. Parmi ceux-ci Ernest Bieler, Marguerite Burnat-Provins et Albert Chavaz recomposent un Valais idéalisé où la dure réalité des paysans de montagne, cette société d’un autre temps, acquiert une aura de paradis perdu. Le spectateur s’attardera, on l’espère, à découvrir un magnifique diaporama qui, grâce à une confrontation-juxtaposition de peintures, d’images et documents d’archives, reconstitue ce climat entre idylle et réalité. Il y a enfin de petits joyaux qu’on n’a pas vraiment envie de classer dans un genre ou un autre, le seul plaisir de les contempler se substituant à toute démarche intellectuelle, on citera parmi de nombreuse pépites : une intemporelle Nature morte (1950) de Gérard de Palézieux, l’étonnante La Cantilène Sottomarina (1894) d’Edmond de Pury, la grâce ineffable de La Table (1989) d’Albert Chavaz, le sentiment de totale plénitude se dégageant des Glaneuses (s.d.) d’Eugène Burnand. Promesse Cette exposition, riche en découvertes d’artistes et d’œuvres parfois peu connus, démontre que l’objectif visé par la Fondation Arnaud : « promouvoir les beaux-arts tout en mettant spécifiquement en relief la peinture suisse » constitue un créneau plein de promesses, on attend d’ailleurs avec impatience les prochaines expositions. Il s’avère finalement que l’implantation de ce centre d’art, au cœur d’un territoire alpestre mondialement réputé pour ses activités sportives, démontre que l’après-ski, l’aprèsgolf, l’après-randonnée, peut se décliner sur un autre mode que celui de la raclette-fondue, du carnotzet ou de l’incontournable spa, cela étant l’un n’exclut pas l’autre. Françoise-Hélène Brou « Réalisme, La Symphonie des contraires », Fondation Pierre Arnaud, Lens/Cran-Montana, jusqu’au 19 avril 2015. Albert Chavaz «Modèle Diane au bahut», av. 1955 © A. Perraudin, Sion a c t u a l i t é 71 expos itions en FRANCE Giverny Annemasse Villa du Parc : Le monde entier l jusqu'à aujourd'hui. Du 28 mars au 30 mai. franc e Jusqu’au 13 avril. l Musée des impressionnismes : Degas, un peintre impressionniste? Du 27 mars au 19 juillet. Metz Centre Pompidou-Metz : Rétrospective Tania Mouraud. Du 4 mars au 5 octobre l Jusqu’au 31 mai. Toulon Hôtel des Arts : Pedro Cabrita l Reis « Les lieux fragmentés ». Jusqu’au 19 avril Lens Toulouse Le Louvre : Des animaux et des Meudon Bourg-en-Bresse Musée Rodin : Robert Doisneau Musée Saint-Raymond : L’Empire pharaons. Le règne animal dans Monastère royal de Brou : En noir l l l et en couleurs. Jusqu‘au 26 avril l’Egypte ancienne. Jusqu’au 9 mars l (1912-1994). Sculpteurs et sculptures. Du 14 mars au 19 novembre de la couleur, de Pompéï au sud des Gaules. Jusqu’au 22 mars. l l Lille Camjac Wingen LaM : Aloïse Corbaz en constel- Nice Château du Bosc : ToulouseMusée national Marc Chagall : Musée Lalique : 1715 - 2015 : les l l Lautrec et ses loisirs. Jusqu’au 30 avril Cannes Centre d’art La Malmaison : Jean l Fautrier - La figuration libérée. Jusqu’au 26 avril. lation. Jusqu’au 10 mai L’Isle-Adam Musée d’art et d’histoire Louis l Senlecq : Jean-Baptiste Sécheret, Paysages. Peintures, dessins, gravures. Jusqu’au 15 mars Rodez Musée Soulages : De Picasso à 300 ans du Hochberg. Du 1er mars au 1er novembre AILLEURS l Jasper Johns. L’atelier d’Aldo Crommelynck. Jusqu’au 8 mars. Amsterdam Rijksmuseum : Rembrandt - les Lyon Colmar Musée des Espace d’art contemporain Rouen Musée dest beaux-arts : Sienne, Dijon Musée Magnin : Bon Boullogne. St-Tropez L’Annonciade : Les 60 ans du Aoste Centre Jusqu’au 4 mars beaux-arts : Raymond Grandjean. Jusqu’au 30 mars. l Musée des confluences : Les résors d’Emile Guimet & Dans la chambre des merveilles. Jusqu’au 26 juillet A la Conquête du pôle Sud. Jusqu’au 28 juin. l l Levis Carroll. Jusqu’au 6 avril History Zero. Stefanos Tsivopoulos. l l André Malraux : Naji Kamouche. Mars. 72 Marc Chagall, des couleurs pour la Bible. Jusqu’au 9 mars l l aux origines de la Renaissance. Du 27 mars au 17 août. l musée. Hommage aux donateurs. Du 14 mars au 1er juin. l années de plénitude. Jusqu’au 17 mai. Alexander Roslin (1718-1793). Portraitiste de l’aristocratie. Jusqu’au 29 mars. Saint-Bénin : Alessandro Mendini - de Proust à Cattelan. Jusqu’au 26 avril. l Evian Marseille Palais Lumière : Les Contes de MuCEM : Raymond Depardon - Strasbourg fées - Perrault, Grimm, Andersen, Un moment si doux. Jusqu‘au 9 mars. Musée d'Art Moderne et Bilbao Musée Guggenheim : Niki de l Contemporain : Jusepe de Ribera à Rome, le premier Apostolado. l Saint Phalle. Jusqu’au 7 juin. Musée des Beaux-Arts, Rouen Sienne, aux origines de la Renaissance Depuis l’exposition l’art gothique siennois tenue au musée du petit palais d’Avignon en 1983, aucune rétrospective n’a été consacrée à la peinture siennoise des XIVe et XVe siècles en France. L’exposition «Miroir du temps» tenue en 2006 au musée des Beaux-Arts de Rouen avait présenté au public un aperçu de ce phénomène culturel majeur au XVe siècle. Il est intéressant de compléter ce panorama des arts en Toscane aux XIVe et XVe siècles en proposant au public de découvrir le « pendant » de l’art florentin que constitue la production de la grande cité rivale : la ville de Sienne. Cette exposition permet ainsi au public d’admirer des chefs-d’œuvre qu’il a rarement l’occasion de voir réunis. La rétrospective «Sienne, aux origines de la Renaissance» propose de découvrir les spécificités de l’art siennois en donnant à voir des œuvres exécutées entre la fin du XIIIe siècle et la fin du XVe siècle. Cette présentation à la fois chronologique et thématique permet de comprendre comment, grâce à l’impulsion insufflée par Duccio, des artistes majeurs comme Simone Martini et les frères Lorenzetti ont véritablement révolutionné la peinture, à l’image de leur homologue Florentin, le fameux Giotto. Introduction de la notion de perspective, sensibilité nouvelle face au monde réel, attention portée à la variété des coloris, élégance des figures, développement du paysage, humanisation des épisodes sacrés, essor d’un art civique voire identitaire et naissance du portrait sont autant de thèmes qui peuvent caractérriser la peinture siennoise du XIVe siècle. . Du 21 mars au 17 août 2015 Giovanni di Paolo, «La Vierge de l’Humilite», vers 1450 Tempera sur panneau (avec encadrement d’origine), 62,4 x 47,8 cm Siena, Pinacoteca Nazionale a g e n d a expos itions en europe Städelmuseum, Francfort-sur-le-Main Monet et la naissance de l’Impressionnisme Pour fêter le bicentenaire de l’Impressionnisme, le Städel Museum organise une importante exposition : une centaine de chefs-d’œuvres seront à voir, peints par des maîtres tels que Monet, Renoir, Manet, Pissarro, Degas ainsi que par d’autres artistes de ce mouvement. En plus des œuvres de Monet - parmi lesquelles figurent des peintures de renommée mondiale comme «La Grenouillère» (1869) du Metropolitan Museum of Art de New York, «Le Boulevard des Capucines» (1873) du Nelson-Atkins Museum of Art de Kansas City, ou le monumental «Déjeuner» (1874) de la collection du Musée d’Orsay de Paris - nombre d’autres œuvres impressionnistes font partie de la sélection. Le panorama comprend des noms connus tels ceux de Camille Pissarro (1830–1903), Edgar Degas (1834–1917) ou Berthe Morisot (1841–1895), mais également des artistes comme Frédéric Bazille (1841–1870), Armand Guillaumin (1841–1927) ou Stanislas Lépine (1835–1892), des noms moins familiers pour le public allemand. . Du 11 mars au 21 juin 2015 Claude Monet (1840-1926) «Hôtel des roches noires à Trouville», 1870. Paris, Musée d’Orsay. Huile sur toile, 81 x 58 cm Photo: bpk | RMN - Grand Palais | Herve Lewandowski © Musee d’Orsay, Paris, donation de Jacques Laroche, 1947 Bruxelles Bozar : F . Portraits de l ACES THEN la Renaissance aux Pays-Bas & FACES NOW. Portraits photographiques europeens depuis 1990. Jusqu’au 17 mai. L’EMPIRE DU SULTAN. Le monde ottoman dans l’art de la Renaissance. Jusqu’au 31 mai. Cologne Wallraf-Richartz-Museum : Les mystères de Dürer. Jusqu’au 22 mars l Ferrare Palazzo dei Diamanti : L’art pour l l’art - Boldini et De Pisis au Château d’Este. Dès le 31 janvier Forli Musée San Domenico : Boldini. Le spectacle de la modernité. Jusqu’au 14 juin. l Francfort Schirn Kunsthalle : Les Affichistes. Jusqu’au 25 mai. l Städelmuseum : Jean Jacques de Boissieu. Jusqu‘au 10 mai. Monet et la naissance de l’Impressionnisme. Du 11 mars au 21 juin. l La Haye Mauritshuis : Une maison de cam- pagne à New York : chefs-d’œuvre de la Frick Collection. Jusqu’au 10 mai. Liège La Cité Miroir : L’art dégénéré l selon Hitler. La vente de Lucerne. Jusqu’au 29 mars. Londres British Museum : Huit momies, l huit vies, huit histoires. Jusqu’au 19 avril. Poésie et exil. Jusqu’au 29 mars l Courtauld Gallery : Goya - l’album des sorcières et des femmes âgées. Jusqu’au 25 mai. l National Gallery : Peder Balke. Jusqu’au 12 avril. Inventing Impressionism. Du 4 mars au 31 mai l National Portrait Gallery : Sargent - Portraits d’artistes et d’amis. Jusqu’au 25 mai. l Royal Academy of Arts : Rubens et son legs. De Van Dyck à Cézanne. Jusqu’au 10 avril. l Tate Britain : Conflict, Time, Photography. Jusqu’au 15 mars l Tate Modern : Louise Bourgeois. œuvres sur papier. Jusqu’au 12 avril. l Wallace Collection : Joshua Reynolds, expériences en peinture. Du 12 mars au 7 juin. l a g Madrid Musée du Prado : Les cartons de l tapisserie de Goya dans le contexte de la peinture de cours. Jusqu‘au 25 mai l Musée Thyssen-Bornemisza : Raoul Dufy. Jusqu’au 17 mai. Paul Delvaux, une promenade avec l’amour et la mort. Jusqu’au 7 juin. n Rovigo Palazzo Roverella : Le démon de l la modernité - Peintres visionnaires. Jusqu’au 14 juin. Stuttgart Milan Staatsgalerie : Palazzo della Ragione : Walter Oskar Schlemmer. Visions d’un nouveau monde. Jusqu’au 6 avril. l l Bonatti, photographies. Jusqu’au 8 mars. l Palazzo Reale : Van Gogh L’homme et la terre. Jusqu’au 8 mars. l Pinacothèque de Brera : Bramante à Milan. Jusqu’au 22 mars Venise Peggy Guggenheim Collection: l “Alchemy“ par Jackson Pollock. Jusqu’au 6 avril. Charles Pollock une rétrospective. Du 22 avril au 14 septembre Munich Kunsthalle der Hypo-Kulturstif- Vienne tung : Le corps et l’esprit. Le Albertina (Albertinapl.) Degas, l Rococo munichois d’Asam à Günther. Jusqu’au 12 avril Padoue Palais du Mont de Piété : C’est la l guerre ! 100 ans de conflits au feu de la photographie. Jusqu’au 31 mai. Rome Musée Capitolin : L’âge de l e l’angoisse. De Commode à Dioclétien. Jusqu’au 4 octobre. l Scuderie del Quirinale : Matisse arabesque. Du 4 mars au 21 juin d a l Cézanne, Seurat. Jusqu’au 3 mai. Sturtevant - Drawing Double Reversal. Jusqu’au 10 mai. La beauté de la nature - Aquarelles du XIXe siècle. Jusqu’au 31 mai. Vincenza Basilica Palladiana l : Toutankhamon, Caravage & Van Gogh - Le soir et les nocturnes, des Egyptiens au XXe s. Jusqu’au 2 juin. 73 expos itions Genève Art Bärtschi & Cie : Andrea l 74 Moastrovito - Les Etrangers. Jusqu’au 14 mars. Rafael LozanoHemmer. Du 19 mars au 23 mai. l Art & Public (Bains 37) Zhang Wei. Du 5 mars au 8 mai. l Bibliothèque d’art et d’archéologie (Promenade du Pin) Les livres de jeux. Quand les artistes entrent dans la partie. Jusqu’au 30 mai. l Blondeau & Cie (Muse 5) David Maljkovic. Du 19 mars au 9 mai. l Cabinet d’arts graphiques : «Pardonnez-leur». Du 5 mars au 14 juin. l Centre de la Photographie (Bains 28) Zhang Wei, Ursula Mumenthaler. Du 5 au 29 mars. l Espace JB (Noirettes 32) Martin Parr. Jusqu’au 1er mai. l Espace Muraille (5, pl. Casemates) Monique Frydman. Jusqu’au 2 mai l Fondation Bodmer (Cologny) Sade, un athée en amour. Jusqu’au 12 avril l Gagosian Gallery (Longemalle 19) Chromophobia. Jusqu’au 27 mars l Galerie Bärtschi (rte des Jeunes 43) Jim Shaw. Jusqu’au 13 mars l Galerie de la Béraudière (E.Dumont 2) Germaine Richier. Jusqu’au 31 mars. en Galerie Bernard Ceysson (7, Vieux-Billard) Paule Soubeyrand. Jusqu’au 7 mars. Nicolas Momein. Du 19 mars au 23 mai. l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Fifo Stricker. Du 19 mars au 26 mai. l Galerie Anton Meier (Athénée 2) Sélection - Dieter Roth, Markus Raetz, Hans Schärer, Philippe Schibig. Du 3 mars au 24 avril. l Galerie Mezzanin (63, Maraîchers) Christopher Williams. Jusqu’au 14 mars. Maureen Kaegi, Christina Zurfluh. Du 19 mars au 23 mai. l Galerie Mitterand + Cramer (Bains 52) Warm Winter - Group Show. Jusqu’au 14 mars. l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers 9) Gilles Furtwängler, Olivier Mosset, Anne Rochat. Jusqu’au 7 mars. Jean-Luc Manz. Du 19 mars au 16 mai. l Galerie Turetsky (25, Grand-Rue) Jean-Louis Perrot. Du 5 mars au 23 avril. l Maison Tavel (Puits-St-Pierre 6) L’oreille en voyage - Phonothèque Nationale Suisse. Jusqu’au 15 mars l Mamco (Vieux-Granadiers 10) Cycle Des histoires sans fin, printemps 2015 - avec Antoine Bernhart, François Dilasser, Émilie Ding, .... & La Collection du Frac Île-de-France. Jusqu’au 10 mai l s uis s e Médiathèque du Fonds d'Art Contemporain (Bains 34) Unfinished Histories - Histoires en devenir. Jusqu’au 14 mars. Limes Voyages de frontière. Du 19 mars au 23 mai. l Milkshake Agency (24, Montbrillant) Laure Gonthier. Jusqu’au 22 mars. l Musée Ariana (Av. Paix 10) Jean Marie Borgeaud, La terre au corps. Jusqu’au 26 avril. Le verre artistique de Saint-Prex. Jusqu’au 1er novembre. l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Christiane Baumgartner White Noise. Du 19 mars au 28 juin. l Musée d’ethnographie (Conches) Les rois mochica. Divinité et pouvoir dans le Pérou ancien. Jusqu’au 3 mai. l Musée de Carouge (pl. Sardaigne) Théodore Strawinsky (1907-1989). Jusqu’au 22 mars. l Musée Rath (pl. Neuve) Biens publics. Jusqu’au 26 avril. l Xippas Art Contemporain (Sablons 6) James Siena & Pauline Beaudemont. Jusqu’au 14 mars. Faillir Etre Fingué. Du 19 mars au 23 mai. l Fondation de l’Hermitage (2, rte Signal) De Raphaël à Gauguin. Trésors de la collection Jean Bonna. Jusqu’au 25 mai l Mudac (pl. Cathédrale 6) Nirvana les étranges formes du plaisir. Jusqu’au 26 avril. Le verre vivant II. Du 18 mars au 1er novembre. l Musée cantonal des beaux-arts (pl. Riponne) Paris, à nous deux ! Artistes de la collection à l’assaut de la capitale. Jusqu’au 26 avril l Musée de l’Elysée (Elysée 18) William Eggleston, from Black and White to Colour & PhotoBooks Elysée. La collection Schifferli. Jusqu’au 3 mai. l Musée Olympique : Sarajevo 1984 - L'âme slave. Jusqu’au 22 mars l Musée d’art de Pully : Mathias Schmied - Critical Mass of Silence. Jusqu’au 15 mars. l Fribourg Espace Tinguely - Saint-Phalle : l Sculpture et architecture dans l’oeuvre de Niki de Saint Phalle. Du 1er mars au 31 décembre l Fri-Art (Petites Rames 22) Robert Heinecken. Lessons in Posing Subjects. Jusqu’au 3 mai. Lausanne Collection de l’Art brut (Bergières Mézières Musée du papier peint : Fusions l 11) André Robillard. Jusqu’au 19 avril. l - œuvres en verre contemporaines. Musée de l’Elysée, Lausanne William Eggleston Après avoir été présentée à la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris jusqu’en décembre, l’exposition «From Black and White to Colour» de William Eggleston orne les cimaises du musée de l’Elysée. A la fin des années 1950, Eggleston commence à photographier autour de chez lui, dans le sud des Etats-Unis, utilisant des pellicules 35 mm noir et blanc. Fasciné par le travail d’Henri Cartier-Bresson, il déclare à l’époque : « Je ne pouvais pas imaginer faire mieux que de parfaits faux Cartier-Bresson ». II a finalement développé un style photographique personnel, qui viendra quelques années plus tard façonner son travail en couleur. C’est une vision inédite de l’Amérique quotidienne, banale, avec ses typologies : les supermarchés, les bars, les stations-services, les voitures et des personnages fantomatiques perdus dans l’espace. Présenté en 1976 au MoMA, le travail en couleur d’Eggleston marque un tournant dans l’histoire de la photographie. A travers une centaine d’épreuves en noir et blanc et en couleur, empruntées à différentes collections et au fonds de l’artiste, l’exposition propose de montrer l’évolution, les ruptures et surtout la radicalité qui peu à peu apparaît dans l’œuvre du photographe, alors qu’il aborde la photographie en couleur à la fin des années 1960. William Eggleston, Sans titre, 1960-1965 © William Eggleston, Courtesy Eggleston artistic trust . Jusqu’au 3 mai 2015 A voir, en parallèle, l’exposition «Photobooks.Elysée» ainsi que le «Prix Elysée, l’exposition des nominés » avec le soutien de Parmigiani Fleurier. a g e n d a expos itions en s uis s e Fondation Suisse pour la Photographie, winterthur Meinrad Schade - La guerre sans la guerre Voilà plus de dix ans que Meinrad Schade (né en 1968) travaille à son projet « Avant, après et en marge de la guerre ». Il a visité des régions dans l’actuelle Russie et dans des Etats de l’ancienne Union soviétique, comme la Tchétchénie, l’Ingouchie, le Haut-Karabagh, le Kazakhstan et l’Ukraine, pour documenter dans des reportages détaillés des conflits passés, qui couvent encore et qui pourraient éclater à nouveau. Faisant preuve d’empathie, d’impartialité et de rigueur, le photographe montre les traces laissées par la guerre dans les villes, les villages et la nature, mais aussi les blessures physiques et psychiques infligées aux habitants ; il montre également ceux qui en sont sortis indemnes et qui s’enorgueillissent de leurs exploits. Meinrad Schade donne à voir un tableau inquiétant d’un contexte de vie oscillant entre catastrophe et normalité, entre guerre et paix. Mais il ne s’agit pas pour lui seulement de l’ex-Union soviétique. Le photographe cherche plutôt à explorer les relations de cause à effet de la guerre et son impact sur des destins individuels, qui sont partout les mêmes, que ce soit en Europe de l’Est ou encore en Israël et en Palestine où Meinrad Schade poursuit actuellement son projet. . Du 7 mars au 17 mai 2015 75 Sleptsowskaya, Ingouchie, Fédération de Russie, 2003 © Meinrad Schade Jusqu’au 3 novembre. Vis-à-vis / Visarte. Jusqu’au 31 mai. Lens / Crans Fondation Pierre Arnaud : Réalisme. La Symphonie des contraires. Jusqu’au 19 avril. l artistiques et historique, 18142014. Jusqu’au 22 mars. Sierre Caves de Courten : Ice - horizons l arctiques, photos de Robert Bolognesi. Jusqu’au 8 mars. Martigny Vevey Fondation Pierre Gianadda : Alimentarium (quai Perdonnet) l Anker, Hodler, Vallotton... Coll. Bruno Stefanini. Jusqu’au 14 juin l Le Manoir de la Ville : «Zigzag». Céline Peruzzo, Gaël Epiney, Cécile Giovannini, Dexter Maurer. Jusqu’au 24 mai. l Musée des sciences de la terre : Le verre dans tous ses états et dans tous ses éclats. Jusqu’au 29 mars. l Detox. Jusqu’au 30 avril. l Musée Jenisch : Fred Eux - Le For intérieur. Jusqu’au 24 mai. Yverdon Maison d’Ailleurs (Pl. Pestalozzi 14) l Alphabrick. Jusqu’au 31 mai OUTRE SARINE Aarau Neuchâtel Aargauer Kunsthaus : Miriam Laténium (Hauterive) Aux origines l l des pharaons noirs - 10’000 ans d’archéologie nubienne. Jusqu’au 18 mai l Musée d'art et d'histoire (espl. Léopold-Robert 1) Renzo Ferrari (1958-2014) Visions nomades. Jusqu’au 20 avril. l Musée d'ethnographie (St Nicolas 4 ) Imagine Japan. Jusqu’au 19 avril. Pregny Musée des Suisses dans le l monde - Château de Penthes : La Suisse par les Russes. Regards a g Cahn. Jusqu’au 12 avril Bâle Cartoon Museum (St. Albanl Vorstadt 28) Peter Gut. Du 7 mars au 21 juin. l Fondation Beyeler (Riehen) Peter Doig. Jusqu’au 22 mars. Alexander Calder Gallery III. Jusqu’au 6 sept. Paul Gauguin. Jusqu’au 28 juin. l Kunsthalle : Vincent Meessen / Thela Tendu. Jusqu’au 24 mai. Mark Leckey. Du 6 mars au 31 mai e n Musée des Cultures (Münsterpl. 20) Du Patchwork à l'illumination la robe des moines bouddhistes. Jusqu’au 22 mars. l Museum für Gegenwartskunst (St. Alban-Rheinweg 60) One Million Years - système et symptôme. Jusqu’au 5 avril. De Cézanne à Richter. Jusqu’au 14 février 2016. l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Belle Haleine – L'odeur de l'art. Jusqu’au 17 mai. l Weil / Rhein Vitra Design Museum : Alvar l Aalto(1898-1976), architecte et designer. Jusqu’au 1er mars. Afrikanische Moderne. Jusqu’au 22 mai. Making Africa. A Continent of Contemporary Design. Du 14 mars au 13 sept. Winterthur Fotomuseum (Grüzenstr. 44) l Fruchtland 3) Henry Moore. Jusqu’au 25 mai. Klee à Berne. Jusqu’au 17 janvier 2016 l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr. 8-12) Nakis Panayotid voir l’invsibles. Jusqu’au 15 mars. Coll. Kunst Heute. Jusqu’au 26 avril. Paul Strand. Du 7 mars au 17 mai l Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) Meinrad Schade – La guerre sans la guerre. Du 7 mars au 17 mai l Museum Oskar Reinhart (Stadthausstr. 6) Oranje ! Chefsd’œuvre de la peinture hollandaise. Jusqu’au 5 avril. The English Face - Portraits miniatures. Jusqu’au 15 juillet. l l Berne Centre Paul Klee (Monument im l Bienne Zurich PhotoforumPasqu’Art : Sebastien Kunsthaus (Heimpl.1) Atadler. Jusqu’au 5 avril. Saint-Gall Kunstmuseum : Isabelle Lartault l Michel Verjux. Jusqu’au 26 juillet. Soleure Kunstmuseum : Turo Pedretti, l une rétrospective. Du 7 mars au 25 mai. Peter Stoffel. Du 7 mars au 14 juin. d a Hodler/ Schnyder. Jusqu’au 26 avril. l Museum Bellerive (Augustinergasse 9) Say it with Flowers. Jusqu’au 29 mars. l Museum für Gestaltung (Austellungsstr. 60) Px. Jusqu’au l Museum Rietberg (Gablerstr. 15) À cordes et à corps - Instruments de musique de l'Inde. Jusqu’au 9 août. a i l l e u r s opéra de lyon Les Jardins engloutis Du 13 au 29 mars, le festival annuel thématique de l'Opéra de Lyon suit le fil rouge des Jardins mystérieux et rassemble trois opéras dont le trait commun pourrait être l'échappée du réel et le rêve, qu'il s'agisse du passage d'Orphée au royaume des morts pour y retrouver Eurydice, d'un voyage intérieur dans le monde de l'art et de la beauté ou d'un jardin englouti en 3D. L'occasion de découvrir deux curiosités et un grand classique sous la houlette de créateurs de la jeune scène théâtrale européenne qui poursuivent leur parcours avec l'Opéra de Lyon. 76 Après Simon Boccanegra l'an dernier qui marque ses débuts lyriques en France à l'Opéra de Lyon, David Boesch, un des metteurs en scène émergents de la scène allemande, aborde les Stigmatisés, de Franz Schreker, considéré comme le grand héritier de Wagner, et mis sur la liste noire des “décadents“ à cause de l'érotisme de ses livrets d'opéra. Créée triomphalement à Francfort en 1918, une œuvre de ce compositeur autrichien rarement joué en France à redécouvrir. Pour traduire cette “fresque monumentale aussi novatrice par sa polytonalité et sa complexité musicale“, David Boesch s'inspire au niveau images et couleurs d'univers aussi différents que La Route de Cormac McCarthy ou Moulin Rouge de Baz Luhrmann. A la baguette le jeune chef argentin, issu du domaine contemporain, Alejo Perez. Chef-d’œuvre Puis c'est un classique, Orphée et Eurydice de Gluck, que l'Opéra confie au metteur en scène berlinois David Marton, pour la deuxième fois à Lyon après avoir signé Capriccio de Richard Strauss en 2013. Saluée comme l'œuvre symbole du point de départ de la réforme de l'opéra qu'entreprit Gluck au XVIIIème siècle, ce trentième opéra et le plus célèbre du compositeur, créé à Vienne en italien en 1762, connut a de nombreuses versions dont la synthèse sera réalisée par Hector Berlioz en 1859, dans une Nouvel opus Puis place à un inédit lyrique, un filmopéra qui invite les spectateurs à chausser des lunettes 3 D : Le Jardin englouti, nouvel opus du compositeur néerlandais Michel van der Aa, que les spectateurs de l'Opéra de Lyon ont pu voir en mars 2010 avec After Life. Créée en 2013 à Londres avec grand succès, cette nouvelle commande Sunken Garden est le quatrième opéra de ce compositeur, metteur en scène et vidéaste. En compagnie du romancier britannique David Mitchell pour le livret, il a travaillé «Le Jardin englouti» © Mike Hoban adaptation qui est celle proposée à Lyon. Musicien de formation, pianiste et homme de théâtre, compagnon de route de Frank Castorf et Christoph Marthaler, David Marton s'empare de ce chef-d’œuvre du siècle des Lumières sous un angle résolument contemporain et entend pointer la modernité du mythe d’Orphée et Eurydice dans une lecture sur l'adieu et la séparation. On retrouve au pupitre le spécialiste du baroque Enrico Onofri, jeune chef et violoniste qui a fait ses armes auprès de Jordi Savall, Gustav Leonhardt et Nikolaus Harnoncourt. c t u a à un opéra d'aujourd'hui, utilisant l'électronique, le numérique et les images, notamment virtuelles. Dans ce monde des nouvelles technologies, des chanteurs entrent dans le film, un orchestre classique dialogue avec des musiques électroniques… Fusion totale du cinéma, du théâtre et de l'opéra garantis ! Christine Ramel Les Jardins mystérieux Du 13 au 29 mars à l'Opéra de Lyon + 33 4 69 85 54 54 / www.opera-lyon.com l i t é a i l l e u r s chronique lyonnaise Chapeau ! À qui en douterait, Lyon est une plaque tournante du théâtre en France : en ce début de 2015, se sont arrêtées, à Lyon, quatre productions issues de grandes institutions françaises. Soient, respectivement : le Théâtre de l’Odéon, le Théâtre des Amandiers, le Théâtre de Gennevilliers et le Théâtre de Lille. Théâtre National Populaire À la mi-janvier, la production des Nègres, de Jean Genet, dans la mise en scène de Robert Wilson s’est arrêtée au TNP. Le premier mérite de cette production est d’élucider la texture touffue et les significations, pour le moins complexes, de la pièce, tant, entre construction gigogne, dispositif théâtral propre à un procès judiciaire, masques, jeux de rôle, terreau colonialiste et tension entre réalité et fiction, elle ne se donne pas d’emblée, et au point que tout instant de cette pièce repose sur du sable mouvant. Cette représentation muée en célébration suscite, chez le spectateur, un rare vertige. Un virtuose travail de lumières élargit perpétuellement le plateau et en exalte les multiples gradations de profondeur. L’écriture scénique entrelace comédie et parade, miroirs et dédoublements. Et une distribution, uniquement constituée de noirs, éblouit par sa flamboyance liberté de ton. À signaler, Robert Wilson a ajouté un prélude : terrorisés des bruits de coups de feu, des Africains – maghrébins et noirs – se figent, les mains en l’air. C’était le vendredi 9 janvier, après les trois jours de violence terroriste à Paris. Quand des artistes saisissent le réel, avant même qu’il n’ait lieu… tous publiés par la Copat. Au-delà de l’intrigue – un président africain et son épouse accueillent un investisseur étranger (louche, est-il besoin de le préciser) et de jeunes musiciens, avant que la situation ne dérape –, cette production porte un filigrane où s’entrelacent le théâtre brechtien et le cabaret politique. Une riche texture dramaturgique et le magnétisme du jeu théâtral laissent le spectateur dans un rare état de suspense. Par cette production, Jean-Louis Martinelli a clos sa puissante direction au théâtre Les Amandiers, à Nanterre. Chapeau bas ! Théâtre des Célestins Après sa création au Théâtre de Gennevilliers, centre dramatique national engagé dans les écritures contemporaines, La répétition, la plus récente pièce de Pascal Rambert, tourne en France et fait halte à Caluire-et-Cuire (aux portes de Lyon), dans un co-accueil par Le Radiant et le Théâtre des Célestins. En bien des points, La répétition reprend et élargit sa devancière : Clôture de l’amour (2011) qui a connu une diffusion mondiale. Reprend : des monologues successifs, qu’expulsent les protagonistes d’un couple désormais brisé. Et élargit : outre l’amour, un second terreau de “clôture“ : une compagnie théâtrale éclate. Ainsi sont-ce flots verbaux. Soient deux rôles de comédienne : l’une (Audrey Bonnet) construit son métier avec radicalité, alors que l’autre (Emmanuelle Béart) vit sa profession comme un engagement passionné. Puis un dramaturge (Denis Podalydès) et un metteur en scène (Stanislas Nordey) : l’un établit les rôles avec cynisme, tandis que l’autre les distribue avec impudeur. Dans ces deux pièces, une pratique – des monologues longs d’une demi-heure qu’expulsent les acteurs (ils épuisent le rôle, l’acteur et l’attention du spectateur) – qui tournerait au procédé si l’écriture ne muait l’intime ainsi déballé en un séisme pathétique et universel. Au sommet de cette équipe de comédiens, Audrey Bonnet et Emmanuelle Béart, bouleversantes. «Répétition» © Marc Domage «Les Nègres» © Lucie Jansch Puis, au tournant de février, une autre production, de laquelle l’Afrique noire est partie prenante : Une nuit à la présidence, que Jean-Louis Martinelli a écrit à partir d’improvisations que les comédiens ont proposées. Parmi eux, trois grandes figures : Moussa Sanou, auteur, acteur et metteur en scène ; Odile Sankara (la jeune sœur de Thomas Sankara) ; et le musicien Ray Lema. Au préalable, il faut rappeler la passion que, depuis longtemps, Jean-Louis Martinelli éprouve pour le théâtre africain et dont certains dvd témoignent (J’aurais voulu être égyptien d’El Aswany, Médée de Rouquette, Les coloniaux de Chouaki et Mitterrand et Sankara de Jouet), a c t u a l Et une déception. Du deuxième roman Les particules élémentaires (1998) de Michel Houellebecq, Julien Gosselin a réalisé une adaptation théâtrale. Alors que les passages crus en ont été ôtés, se dressent des obstacles majeurs : le composite (entre Céline et Deleuze) et les procédés propres à l’écriture houellebecquienne éclatent, tandis qu’une prévisible linéarité dramaturgique, une inégale équipe de comédiens et une musique médiocre (avec un niveau sonore près de rompre les tympans) peinent à tenir durant les quatre heures de la représentation. Se prétendant novateur, le jeune Julien Gosselin (28 ans) reprend de vieilles ficelles théâtrales, à la limite du dilettantisme. La vogue actuelle dont il jouit laisse coi. Frank Langlois i t é 77 p a r i comédie française Les Estivants La Comédie-Française s’attaque à une nouvelle production : les Estivants. D’après Gorki. Puisque pour son entrée au répertoire de la maison, le choix s’est porté sur l’adaptation réalisée par un théâtre berlinois en 1975, dans une version française bien évidemment. Une version condensée, ardemment fouillée et jouée, de cet aride huis clos en plein-air. s Dans la salle Richelieu, les acteurs de la troupe du Français sont plus vrais que nature. Chacun investi de son personnage, et tout autant quand il n’est pas mis en avant par les répliques. Criant de vérité ! La diction n’est pas en reste, où la palme revient à Bruno Raffaelli, vétéran sans faille dans l’art du dire et de la projection. La première partie de soirée se fait un peu lancinante, à l’image de l’ennui qui suinte de ces êtres sans but ni horizon, et à l’image du message désespéré de l’œuvre. Puis tout éclate en seconde partie, avec les conflits larvés désor- 78 «Les Estivants» © Cosimo Mirco Magliocca Gérard Desarthe réalise la mise en scène, au sein de costumes d’époque et d’un décor unique de clairière boisée, entre jour et nuit. Au sens figuré également. Puisque le spectateur est directement présenté et confronté aux treize personnages, campés immédiatement de façon saisissable, pour ensuite assister à leurs tourments. Les rapports se font, se défont, et finalement laissent éclater leurs différences et leurs antagonismes. De la pièce écrite par Maxime Gorki en 1904, l’adaptation de Peter Stein et Botho Strauss, venus du collectif de la Schaubühne am Halleschen Ufer (à Berlin), concentre l’action tout en respectant parfaitement l’esprit initial. La version française, due à Michel Dubois et Claude Yersin, respecte, on imagine, l’esprit de a la langue originale à défaut de sa lettre. C’est ainsi qu’un vocabulaire de nos jours ordinaires, qui n’hésite pas à la trivialité (« dégueulasse », « on s’en fout », etc.), tend à retranscrire la vérité des personnages et de leur action. Si action, il y a. Car il s’agit davantage de joutes verbales d’être reclus, le temps d’une villégiature, dans un même lieu. Lieu qui devient le creuset de leurs conflits, jusqu’alors estompés par le vernis des convenances. Des bourgeois, vaguement intellos, se confrontent et finissent par s’affronter. Les femmes ont la part belle, révoltées et tonitruantes, mais dans une trame teintée de misogynie. Nous sommes à la veille de la Révolution russe, n’oublions pas, avec ses changements sociaux inéluctables. Ce dont la pièce porte le dur reflet. c t u a mais à cœurs, propos et gestes ouverts. Le rideau final chute sur un sentiment de malaise. Puisque que nous avons vécu près de trois heures plongés dans un abime qui ressemble à notre temps et à ses angoisses. Pierre-René Serna Salle Richelieu (01.44.58.15.15) Les Estivants de Gorki - m.e.s. Gérard Desarthe - jusqu’au 25 mai l i t é p théâtre des champs-élysées a r i s palais des congrès Sub, Extremely Giselle close, Casi Casa Danseur étoile de l’Opéra de Paris, José Martinez a pris, après son départ en retraite, la direction de la Compagnie Nationale de Danse d’Espagne en 2011. Il prenait la suite du chorégraphe Nacho Duato qui, pendant vingt ans, avait façonné la compagnie et créé plus de quarante œuvres. José Martinez a souhaité, avec son arrivée, redonner à la compagnie un répertoire plus large allant des grands classiques à la danse contemporaine. Le programme des 27, 28 et 29 janvier était l’occasion de découvrir cette compagnie. La soirée commence avec Sub d’Itzik Galli. Très tonique, le ballet écrit pour six danseurs alterne solos et ensembles. Vêtus de robes en toile militaire, les interprètes traversent la scène tels des comètes ou se regroupent pour former un bataillon puissant et gracieux à la fois. Si Itzik Galli s’inscrit dans l‘esprit de la danse contemporaine israélienne, il ne cède pas à la décharge d’énergie vaine mais sait composer une danse certes viril mais raffinée. Extremely close s’ouvre comme une «Sub» d'Itzik Galli. Photo J Vallinas parenthèse de douceur dans ce monde de brutes. Sur la musique de Philip Glass, Alejandro Cerrudo nous entraîne dans un tourbillon de passions avec duvet blanc jonchant le sol, gestuelle néo-classique des corps qui s’enlacent et final où le héros referme sur sa bien-aimée le voile noir de la scène. La soirée se terminé avec Casi Casa de Mats Ek, variante resserrée d’Appartement créé pour le Ballet de l’Opéra de Paris. On retrouve les scènes de la vie quotidienne et ces détails sordides – le bébé cramé dans le four – ou terriblement ordinaires – l’adultère de voisinage, les corvées ménagères-. Alors que les deux premiers ballets savaient communiquer de l’énergie ou de l’émotion, le troisième renvoie la médiocrité quotidienne qui, même interprétée sans faille et croquée avec acuité, n’est guère inspirante. Ce programme donne une belle occasion de découvrir le travail de cette compagnie qu’on espère revoir bientôt. Stéphanie Nègre a c t u a l Le ballet de la Scala de Milan était de retour sur les scènes parisiennes avec Giselle du 31 janvier au 8 février. Depuis 2009, la vénérable compagnie, fondée en 1813, est dirigée par Makhar Vaziev, ancien danseur étoile de Mariinsky puis son directeur de 1995 à 2008. Giselle est présenté dans sa version classique de Jean Coralli et Jules Perrot avec les décors et costumes d’Alexandre Benois. Danseuse étoile invitée, Svetlana Zakharova illumine de sa présence la scène. Elle est tour à tour la paysanne amoureuse et fragile, bouleversante dans la scène de la folie, et le fantôme aérien du second acte. Friedemann Vogel, principal dancer du ballet de Stuttgart, lui donne avec S.Zakharova et F Vogel dans «Giselle» justesse la réplique en Albrecht. Les solistes de la Scala ne sont pas en reste. Les étoiles Mick Zenni et Nicoletta Manni sont impeccables, respectivement en Hilarion et Myrtha. Doté d’une belle présence, le danseur italien pourrait emporter le cœur de beaucoup de Giselle. Quant à Nicoletta Manni, elle offre de très beaux solos pleins de romantisme dans le second acte. Les ensembles des willis du second acte sont réglés au cordeau et créent un véritable enchantement avec les tutus scintillants dans la pénombre de la nuit. L’ensemble est à la hauteur des scènes parisiennes. Giselle fait partie des grands classiques qui perdent toute magie si l’interprétation n’est pas parfaite. Le Ballet de la Scala a remarquablement relevé le défi de ce monument. Stéphanie Nègre La danse en mars : Le mois de mars verra le retour du Lac des cygnes du 11 mars au 9 avril à l’Opéra Bastille. L’Afrique du Sud sera au programme du Théâtre de la Ville avec, du 17 au 21 mars, Exit / Exist de Gregory Maqoma et, du 25 au 29 mars, At the same time de Robyn Orlin. Le 3 mars, Roméo et Juliette de Julien Lestel sera présenté à l’Opéra de Massy. Le Saint Petersbourg Ballet Theatre sera de retour au Théâtre des Champs Elysées du 9 au 14 mars avec, en alternance, Le Lac des cygnes, La Bayadère et Roméo et Juliette. i t é 79 p a r i s opéra Festivités baroques Les Fêtes vénitiennes resplendissent à l’Opéra-Comique. Davantage comme spectacle, que pour la valeur intrinsèque de l’ouvrage lui-même, lequel recèle peu de splendeurs musicales ou dramatiques. 80 «Les Fêtes vénitiennes» © Vincent Pontet Il s’agit de l’œuvre la plus célèbre d’André Campra, compositeur qui fait le lien en France entre Lully et Rameau. Sans toutefois le caractère novateur du premier, ni le génie du second. En dehors de quelques pièces religieuses, son renom doit surtout au genre lyrique léger qu’il illustra, la « comédie-ballet ». C’est-à-dire une forme de divertissement, pourvu d’un luxe de décors et costumes, qui mêle ballet et chant sur une trame sans beaucoup d’importance. Une manière de revue, dans le style emplumé que perpétuera le Lido ou les Folies Bergères, adapté aux goûts du XVIIIe siècle. Les Fêtes vénitiennes furent étrennées en 1710, puis reprises de nombreuses fois, avec une multitude de variantes, jusqu’en 1722. Pour cette résurrection à l’Opéra-Comique, les maîtres d’œuvre William Christie et Robert Carsen ont dû ainsi faire des choix entre quatre possibles prologues et neuf entrées (ou actes). Le résultat présenté équivaut plus ou moins à la version originale, avec quelques différences (dont un épilogue inventé pour l’occasion). Donc, un prologue et trois entrées, que sont : « le Bal », « les Sérénades et les Joueurs », et enfin « l’Opéra ». Prétextes à danses, intrigues a superficielles, musiques de même consistance, le tout dans une Venise de convention. L’intérêt du spectacle ne réside donc pas tant dans l’œuvre, sinon dans sa restitution. Une fois encore, Carsen livre une puissante scénographie, esthétiquement comme conceptuellement. Dans une Venise plus vraie que nature : à travers de magnifiques décors (signés par Radu Boruzescu) en forme de façades grises de procuraties se retournant en murs pourpres de salon, sous de judicieux éclairages rasants ou intimistes ; des danses vivement animées (par le chorégraphe Ed Wubbe), sans verser dans le pastiche néobaroque ; des costumes évocateurs, de notre époque (ces touristes débraillés maniaques des photos – tout un portrait de la Venise crade actuelle !) ou Grand-Siècle avec son opulence raffinée ; et surtout, un réglage minutieux de chacun de ces ingrédients. Une fête des yeux ! Qui, de surcroît, s’inscrit exactement dans le propos de l’œuvre. À cet égard, la première partie avec ses scènes ébouriffées attire mieux l’œil, qu’une seconde tranche de soirée, concentrée sur une action qui n’en demande pas tant. Christie partage cette même conception, côté musical. Ses Arts Florissants sonnent c t u a impeccables, et le plateau vocal répond de même. Se détachent, entre les voix les plus sûres et fameuses du baroque français actuel : Emmanuelle de Negri, Reinoud van Mechelen, Cyril Auvity et Marc Mauillon. Avec un style éminemment approprié, pour des parties de chant qui ne les mettent pas trop en péril. Une fête ! disions-nous. Frais pasteur L’effet était annoncé, presque sans surprise : puisque préside à la conception scénique de Il Re pastore, avec l’aide d’Olivier Fredj pour la circonstance, Nicolas Buffe, celui même qui avait concocté le tout aussi rare Orlando paladino de Haydn en 2012 en ce même Châtelet. Nous retrouvons donc l’esprit et l’imagerie d’un jeu vidéo, avec station interplanétaire, robots et engins balistiques, humanoïdes et super-héros, tirés d’archétypes de bande dessinée manga ou heroic fantasy. Le tout projeté et animé en 3D sur grand écran. Car le plateau se résume à peu près à cela, les personnages de l’action voulue par l’opéra de Mozart plantés au-devant, dispensant des gestes stéréotypés entre un groupe d’acrobates-danseurs et de rares figurines manipulées par des marionnettistes tout de noir, dans des factures de même acabit. Mais cela suffit à donner à l’ensemble une vie de chaque instant. Qui a cependant ses limites et ses risques : dans un second acte (encore qu’il n’y en ait que deux !) qui tourne à vide avec les mêmes effets et ingrédients. Pour autant, cet apparat de fantastique et de merveilleux, revu par les gadgets chers aux adolescents, colle à son sujet. Car le livret de ce Mozart de jeunesse inscrit son (léger) conflit d’amour et de pouvoirs dans une mythologie de convention, comme tout opera seria, finalement intemporelle. Et d’autant, si l’on relève son beau message final de générosité magnanime (qui sera aussi celui de L’Enlèvement au sérail, La Flûte enchantée et La Clémence de Titus). Encore faut-il s’entendre sur « Mozart de jeunesse »… Oui, en ce sens que le compositeur avait seulement 19 ans, mais pas tout à fait en regard de sa carrière, puisque Il re pastore (1775) constitue tout de même son septième opéra. Il est donc signé d’un musicien déjà fait, averti, maître de ses moyens et connaisseur des ressorts lyriques. Si l’on ne peut parler d’un chef-d’œuvre à l’égal de ceux de la maturité (qui succède juste après, d’Idomenée à La Clémence), l’inspiration et le métier s’y font sentir. Notamment dans la construction, qui avance inexorablement, d’un premier acte d’ex- l i t é p «Il Re Pastore» © Marie-Noëlle Robert position avec arias da capo figés dans leur moule, à un second acte d’un vaste souffle dramatique et musical (qui trouve son acmé dans le magnifique air du héros, soprano castrat ou travesti comme il se doit, digne des plus grands de Mozart). Et c’est bien ce qu’illustre la restitution musicale au Châtelet. La battue de Christophe Spinosi et les timbres de son ensemble Matheus paraissent d’entrée un peu frustes, pour ensuite indiciblement et peu à peu verser dans la subtilité et la transmission intérieure. Spinosi à son meilleur ! La plateau vocal acquiert lui aussi de l’assurance au fil de la soirée. Les jeunes voix de Rainer Trost, Soraya Mafi et Raquel Camarinha, dominent leur sujet et son traitement, coloratures comprises, avec une projection aisée. Marie-Sophie Pollak et Krystian Adam, un peu rêches et d’émission dure, gagnent ensuite souplesse et délié. Les ponctuations de bruits synthétiques, « bing » et autre « zip » (réglés par Antoine Souchav’) inhérents à tout jeu électronique, se produisent ellesmêmes dans les moments qui s’y prêtent, sans gêne musicale aucune : pendant ou entre le récitatif secco, qui comme on sait se prêtait en son temps à toutes sortes de variations et improvisations. Au final, quelque chose de frais, comme le réclame cette pastorale héroïque, juvénile d’esprit et de conception mais assurée, à l’instar de ce spectacle tout public. monter l’ouvrage en version scénique devait tenir au cœur de Niquet. Chose faite désormais, avec cette production reprise à l’Opéra royal de Versailles (juste après sa création à l’Opéra de Metz). Mais ce n’était pas si simple. Puisque si la musique est parvenue jusqu’à nous, les dialogues parlés qui faisaient lien ont disparu. Il a fallu donc réinventer une trame, tout en gardant l’esprit de ce qui à l’époque (1747) constituait une forme de divertissement. À quoi se sont attelés, avec un réel bagout, Corinne et Gilles Benizio, plus connus dans le milieu du specta- Plaisant Quichotte cle et du cabaret sous les noms d’affiche de Shirley et Dino. Ce jeu, éminemment baroque, en valait-il le chandelier ? Oui, assurément, si l’on considère la qualité de la musique. Boismortier s’y révèle d’une hauteur d’inspiration qui annonce Rameau. Très supérieure, à cet égard, à celle de son prédécesseur français dans le genre lyrique C’était la toute première œuvre jouée par le Concert Spirituel que venait de fonder Hervé Niquet. C’était il y a 27 ans, Don Quichotte chez la duchesse… Un enregistrement devait suivre, le premier à rétablir la musique du « balletcomique » de Joseph Bodin de Boismortier (1689-1755). Nul doute, donc, que le projet de a c t u a r i s léger, Campra (comme on l’aura noté pour les Fêtes vénitiennes). À la tête de son Concert Spirituel, Niquet s’affirme tout aussi inspiré : avec des attaques sans faille, une rigoureuse précision d’ensemble et un souffle qui balaye tout. Le plateau vocal n’est pas en reste, avec la haute-contre idoine de François-Nicolas Geslot, le chant assuré (et le jeu scénique tout autant) de Marc Labonnette, et la présence forte (en dépit de quelques duretés) de Chantal Santon-Jeffery. Quant à la mise en scène ? Elle verse dans le joyeux délire, comme on pouvait s’y attendre. Les gags se multiplient, amusants souvent, lourds parfois. Mais dans un ensemble bien réglé. Niquet lui-même donne la répartie humoristique au couple Shirley et Dino, troquant son frac en deuxième partie pour un costume de torero, propice à un désopilant numéro olé-olé. Un plaisant spectacle. Armida à Massy Production de l’Arcal, Armida fait escale à l’Opéra de Massy, au sein d’une tournée dans différents théâtres de France. La réussite est indéniable, pour cet opéra de Haydn revisité par nos jours coutumiers. Mariame Clément a choisi avec justesse de camper l’action (celle du croisé Renaud envoûté par la sorcière Armide, «Don Quichotte chez la duchesse» © Opéra de Metz a l i t reprise dans de nombreux autres opéras baroques) parmi les conflits et personnages actuels – ce qui ne serait pas sans rappeler quelque chose par les temps qui courent... Reste un drame à nu, et fort. Et d’autant que la restitution musicale ne ménage sa force et ses efforts. Julien Chauvin, à la tête de son tout neuf Concert de la Loge olympique (scission du é 81 p a r i Cercle de l’Harmonie), allie emportement et précision. Chantal Santon-Jeffery, Juan Antonio Sanabria, Dorothée Lorthiois et Francisco Fernández-Rueda se partagent les rôles chantés avec justesse stylistique. Meilleure réparation ne pouvait être rendue à ce Haydn qui s’ébroue un peu, pour trouver enfin son ampleur musicale dans les dernières scènes. Bois somnolant 82 Au Théâtre de l’Athénée, l’Opéra Studio de l’Opéra du Rhin présente son dernier spectacle : la Belle au bois dormant. Cet opéra, d’après Perrault (bien sûr), a été composé dans les années 20 par Respighi pour un jeune public. Il est ici retranscrit en français, plus ou moins dans sa deuxième version musicale. On ne saurait dire que l’intérêt se soutient constamment, dans cette sorte de déclamation à la Pelléas piquée de fox trot et autres variétés du moment. La dizaine d’instrumentistes de l’ensemble le Balcon et la direction de Vincent Monteil ne sont pas en cause, parfaitement en place. Les voix sont un peu grêles, dans un français qui n’est pas toujours intelligible (pourquoi alors avoir traduit ?), mais Gaëlle Alix, Peter Kirk, David Oller et Rocío Pérez (et sa jolie colorature) tirent un bon parti. Quant à la mise en scène de Valentina Carrasco (venue de la Fura dels Baus), elle brille ! Toiles et tulles vaporeux font un jeu de merveilleux incessant, pour un onirique conte féérique. Haine de la musique ? L’idée était presque paradoxale, sinon incongrue, de parer de musique l’essai de Pascal s Quignard, la Haine de la musique. C’est à quoi s’est confronté le compositeur Daniel D’Adamo, avec un succès limité. Sa pièce éponyme prend la forme d’un mélodrame, texte déclamé mêlé de musique, que d’autres compositeurs du passé ont illustré. Mais le mélange prend mal, entre une musique translucide et séduisante de prime abord, mais qui tourne ensuite en rond, et un texte débité (emprunté à Quignard) qui prend vite la même tournure. Un peu vain. À la Maison de la musique Nanterre, l’Ensemble TM+ s’acquitte pourtant de sa tâche avec un professionnalisme à tout épreuve. Et Christian Gangneron concocte, avec des riens (un tulle, des costumes tout de blanc) une animation exquise (avec l’aide de l’excellent comédien Lionel Monier). Cinq-Mars en février Foule des grands jours, avec toute la presse spécialisée réunie, pour CinqMars, ressuscité de concert à l’Opéra royal de Versailles (sous la houlette du Palazzetto Bru Zane). L’Orchestre et le Chœur de la Radio bavaroise réagissent sans peur et sans reproche, aux ordres excités et tempétueux d’Ulf Schirmer. Et tout pareillement la distribution vocale, dont se signalent l’ardent Charles Castronovo, le puissant André Heyboer, et, surtout, l’irradiante Véronique Gens. À croire que rien n’y fait ! pour cet opéra (sur un livret poncif déjà éprouvant) d’un Gounod dont le métier ne saurait palier l’inspiration chiche, à travers des formules convenues et/ou attendues. Qui prennent toutefois mieux forme sur la fin. Mais pour Gens, soprano superlative que l’on aimerait entendre plus souvent, le voyage à Versailles est gratifié. Lyrisme du tombeau Philippe Hersant figure un compositeur phare de notre époque, dont les ouvrages régulièrement programmés bénéficient de constantes reprises. Cas exceptionnel pour la musique dite contemporaine. Ainsi du Tombeau de Virgile, créé en 2006, repris ensuite en Allemagne et cette fois dans le cadre de la saison de l’Orchestre Lamoureux. L’œuvre entend être une évocation de la tombe supposée de Virgile, lieu de sérénité et de recueillement au cœur de Naples ; dans un climat musical d’outre-tombe, avec cette couleur modale d’une poé- à la salle Gaveau : «Tombeau de Virgile» sie évanescente dont le compositeur a le secret. Et le public de ce concert, dans l’acoustique intensément présente de la Salle Gaveau, de réserver un accueil triomphal, avec rappels – des plus inhabituels pour un compositeur. Il faut dire que les interprètes méritent tout autant : d’Isabelle Moretti (la harpiste soliste, dédicataire de l’œuvre), avec une dextérité sensible audelà de toute virtuosité, à un Orchestre Lamoureux d’une précision emportée sous la battue fouillée de Marco Parisotto. Ces derniers, avec des vertus comparables, livrent en introduction de miroitants fragments symphoniques du Festin de l’Araignée de Roussel, et, en clôture de concert, une Symphonie de Franck acerbe comme rarement. Pierre-René Serna «La Belle au bois dormant» © Alain Kaiser a c t u a l i t é p chronique des concerts Inauguration en beauté La Philharmonie de Paris n'en finit pas de s'inaugurer… avec près de 45 000 visiteurs, elle sera même devenue le temps du premier week-end le lieu le plus couru de la capitale. Evidemment, la programmation est à la hauteur de l'engouement et si l'on fait abstraction des échafaudages et des équipes chargées de terminer le bâtiment, on peut dire que tout commence sous les meilleurs auspices pour ce nouveau lieu de culture à Paris. Première formation étrangère à se produire sous les suspensions de la grande salle, le WestEastern Divan Orchestra présente avec Daniel Barenboim un programme en forme de triptyque qui met en regard anciens et modernes de la musique française du XXe siècle : DebussyBoulez-Ravel. Du premier, Barenboim présente le célèbre Prélude à l'après-midi d'un faune sur papier glacé, l'acoustique très claire offrant une image sonore très précise, qui met en valeur une petite harmonie très homogène de timbres. Rupture totale avec Dérive 2 de Pierre Boulez, au rythme fugace et volatil. La deuxième partie met les voiles vers des rivages exclusivement ravéliens, à commencer par la très dansante Rapsodie espagnole et une Alborada del gracioso puissante et passionnée. La Pavane pour une infante défunte et le Boléro déploient à l'envi les rythmes et les couleurs. Inauguré quelques semaines avant la Philharmonie, l'auditorium de la Maison de la Radio accueille dans son bel écrin boisé un marathon Berg-Beethoven dirigé par un Daniel Harding assez inégal à la tête du philharmonique de radio-France. On retiendra de ces soirées la belle interprétation des Trois pièces opus a r i s étonnamment vifs, avec cette agogique de l'urgence et du rebond qui dessine fiévreusement lignes et contre-chants. Gatti pousse encore plus loin dans le Lebhaft initial de la Quatrième ces effarements et ces échappées de couleurs qui soulèvent la matière sonore sans jamais la massifier. Gatti sait mettre en valeur l'animation intérieure de la Seconde symphonie, avec cette façon unique de tresser les vents avec le reflux des cordes, tandis que la Troisième est éclatante de douceur et de puissance. Mention spéciale à Sarah Nemtanu et Nicolas dans la Symphonie concertante K.364 de Mozart. Gatti s'attache à 6 d'Alban Berg, les cuivres explosent dans le fracas spectaculaire du marteau, tandis que les lignes mélodiques courent d’un pupitre à l’autre dans une esthétique très pulsée et éclatante. Le Concerto pour violon est interprété par l'excellent Christian Tetzlaff qui fait admirer sa maîtrise des bariolages de quintes et des passages legato. Le concerto pour violon de Beethoven le révèlera moins inspiré et prisonnier d'une assez narcissique tendance à gonfler les phrases et jouer d'effets faciles. La soprano Barbara Hannigan interprète brillamment trois extraits de Wozzeck, éclipsant un Triple concerto de Beethoven assez approximatif. 83 Daniele Gatti Marathon également pour Daniele Gatti à la tête de l'Orchestre National de France dans une intégrale des symphonies de Schumann. Dans la première symphonie, les tempi sont une rondeur du son, à la fois diffuse et généreuse pour obtenir un pastel assez tendre et une présence rassurante, qui jamais ne cherche à empiéter sur le dialogue amoureux des deux solistes placés de part et d'autre de son pupitre. Signalons également l'étonnant programme pour deux pianos, donné aux Bouffes du Nord par les pianistes Vanessa Wagner, Marie Vermeulin, Cédric Tiberghien, et Wilhem Latchoumia. Aux sublimes transcriptions des Nuages debussystes succède un Sacre du Printemps extraordinairement pulsé et sauvage. En seconde partie, la Valse de Ravel danse un peu sur ses pointes, tandis qu'Amériques d'Edgard Varèse éclate de mille feu sous les huit (!) mains des talentueux protagonistes. David Verdier Daniel Harding a c t u a l i t é p a r i s Théâtre de la Colline Théâtre du Vieux-Colombier La Bête dans la jungle 84 La Tête des autres C’est Marguerite Duras qui, en 1962, a adapté cette nouvelle énigmatique d’Henry James : Un homme et une femme font connaissance. Lui vit avec la conviction d’être promis à un sort mystérieux ; un événement extraordinaire, terrible peut-être, fondra sur lui un jour. Ils scellent un pacte étrange : elle sera la compagne de cette attente. Leur vie s’écoule, immobile, inquiète : la “bête” ne se montre pas. Mais – suggère James – n’aura-telle pas été, elle, cette femme, le destin qu’il n’a Valérie Dréville © Christophe Raynaud de Lage su saisir ? Célie Pauthe est à la mise en scène alors que le jeu est confié aux comédiens John Arnold, Valérie Dréville et Mélodie Richard. Cette pièce est suivie de «La Maladie de la mort» de Marguerite Duras. Avec cette pièce, Marcel Aymé dénonce la compromission entre la justice et le pouvoir; menacée d’interdiction, «La Tête des autres» est créée avec succès par André Barsacq. Toutefois, face à la polémique et aux pressions de la justice, Marcel Aymé change en 1956 le dernier acte de son audacieuse comédie grinçante. C’est Lilo Baur qui se charge de la mise en scène de cet acide réquisitoire contre la peine de mort, la corruption et l’ilLilo Baur lusoire équité de la justice, en choisissant toutefois le version initiale de la pièce, dont l’acte final lui paraît plus subversif que celui de la seconde version. . Du 6 au 29 mars 2015 . jusqu'au 22 mars 2015 Loccation : 01.44.39.87.00. Réservation : 01.44.62.52.52. Théâtre de l’Odéon, Berthier 17e Comédie Française Toujours la tempête Le Songe d’une nuit d’été «Toujours la tempete», photo de repetition © Michel Corbou «Le Songe d’une nuit d’été» © Christophe Raynaud de Lage Création aux Ateliers Berthier avec cette pièce de Peter Handke mise en scène par Alain Françon. Avant de s'épanouir en une chorale de présences dont Alain Françon a confié les voix à Pierre-Félix Gravière, Gilles Privat, Dominique Reymond, etc., le dernier texte de Peter Handke commence par un paysage, le plus indéfini qui soit. «Une lande, une steppe, une lande-steppe, ou n'importe où. Maintenant, au Moyen âge, ou n'importe quand». Le genre d'espace qui surgit quand on a fermé les yeux pour les ouvrir ailleurs, jusqu'au-delà des lointains du souvenir. Muriel Mayette-Holtz a choisi de mettre en scène les fantasmes secrets inspirés par l’amour. Ce songe, imaginé par Shakespeare, se joue dans le creux du lit des rêves, un lit où tous les jeux sont permis avant que le jour ne se lève. . jusqu'au 25 mai à la Salle Richelieu Location : 01.44.58.15.15 . Du 4 mars au 2 avril 2015 Location : 01.44.85.40.40 a c t u a l i t é p a r i s Azzaretti, Michael Spyres, Emiliano Gonzalez Toro, Eric Huchet, Christian Helmer, Olivier Déjean, Grégoire Fohet-Duminil, Thomas Roullon et JeanSur la scène de la Bastille du 2 au 28 mars, nouvelle mise en scène du Christophe Jacques, Chœur Accentus et Orchestre de la Fondation Faust de Gounod par Jean-Romain Vesperini, dirigée par Michel Plasson, Gulbenkian. Le 24, retour de la fidèle Anna Caterina Antonacci interprèavec Piotr Beczala dans le rôle-titre, Krassimira Stoyanova dans celui de te de Carmen en 2010, puis Le Secret de Suzanne et La Voix humaine en Marguerite, mais également Ildar Abdrazakov (Méphistophélès), Jean- 2013, qui poursuivra son exploration des répertoires vocaux français et itaFrançois Lapointe (Valentin), l'Orchestre et le Chœur de l’Opéra national de lien avec le pianiste Donald Sulzen et le Quatuor. Le 26, Sophie MarinParis. En parallèle à Garnier du 27 mars au 21 avril, une rareté avec Le Cid Degor, Jean-Sebastien Bou et François-René Duchâble interpréteront des de Massenet mis en scène par Charles Roubaud et crée en 2011 à Marseille, mélodies de Bordes, ainsi que des airs et des duos d’opéra-comique de avec Roberto Alagna (Rodrigue), Sonia Ganassi (Chimène), Annick Massis Chabrier, Massenet, Messager, Hahn, Bizet. (L'Infante) et Paul Gay (Le Roi), une partition dirigée par Michel Plasson La Philharmonie de Paris proposera les 4 et 5 mars, Jeanne d'Arc au avec les forces de l'Orchestre et du Choeur de l’Opéra national de Paris. bûcher de Honegger avec Marion Cotillard et Eric Génovèse mise en scène Sur la scène du TCE du 5 au 7 mars une création avec Solaris de Dai par Côme de Bellescize, placée sous la direction de Kazuki Yamada à la tête Fujikura, un opéra en quatre actes (2015) sur une livret de Saburo de l'Orchestre de Paris avec Anne-Catherine Gillet, Simone Osborne, Faith Teshigawara, d’après le roman éponyme de Stanislas Lem Matériel placé Sherman et Thomas Blondelle. Puis ce sera Roméo et Juliette de Berlioz par sous la direction de Erik Nielsen et réalisé par Saburo Teshigawara avec François-Xavier Roth avec Isabelle Druet, Jean-François Borras et Jérôme Sarah Tynan (Hari), Leigh Melrose (Kris Kelvin), Tom Randle (Snaut), Varnier, Les Siècles (16 mars). Le 24 l’Orchestre National d’Ile-de-France Callum Thorpe (Gibarian) et Marcus dirigé par Enrique Mazzola joueront Farnsworth (Kelvin) avec la participation Mozart et Duruflé (le Requiem avec du danseur étoile Nicolas Le Riche, et les Stéphanie d’Oustrac), le même jour ayant instrumentistes de l'Ensemble interconlieu Un jardin à l’italienne par Les Arts Flo temporain. Le16 mars, Messe en si de et William Christie. Carmina Burana sera Bach dirigée par Jean-Claude Malgoire et donné le 28 avec Rosa Feola, Alexander chantée par Olga Pasichnyck, Anne Kaimbacher et Rodion Pogossov placés Magouët, Christophe Dumaux, Paul sous la direction de Pierre Cao à la tête du Agnew et Alain Buet, La Grande Ecurie et Philharmonique du Luxembourg un concert la Chambre du Roy. Le 19, grand gala de intitulé « Héroïnes » étant prévu le 28 égacontre-ténors interprété par Max lement avec Inva Mula, Leonardo Caimi et Emanuel Cenčić, Valer Sabadus, Xavier Jacques-Greg Belobo dirigés par JeanSabata et Vince Yi accompagné par Claude Casadessus et le National de Lille l'Orchestre Armonia Atenea dirigé par (programme Bizet). Enfin la soprano George Petrou, programme Haendel, Karen Vourc’h accompagnée par Pascal Vivaldi, Hasse, Sachini et Gluck. La Rophé et le National des Pays de Loire soprano Juliane Banse sera en concert le interpréteront Debussy, Dusapin et 26 mars avec le Wiener Solisten-Sextet et Stravinsky le 29. pour jouer Strauss, Wagner, Zemlinsky et A l'Athénée du 19 au 22, KafkaSchoenberg. Fragmente de Kurtag, le 27 et 28 concert Julie Fuchs avec Le Balcon dirigé par Au Châtelet du 12 au 26 mars, un seul Maxime Pascal. Au Musée d'Orsay récital spectacle mais quel spectacle, Singin’ in Susan Graham le 19 mars accompagnée the rain de Brown, d’après le célèbre film par Malcom Martineau, suivi par celui de de Stanley Donen chorégraphié par Gene puis Véronique Gens le 26 avec Susan Susan Graham © Dario Acosta Kelly, mis en scène par Robert Carsen à Manoff. qui l’on doit sur ce plateau Candide de Bernstein (2006) et My Fair Lady (2010 et 2013). Au pupitre Gareth Valentine avec Don Lockwood (Dan Ailleurs en France : en mars, Bordeaux et Strasbourg osent Tristan et Burton), Kathy Selden (Clare Halse) et Cosmo Brown (Daniel Crossley), la Isolde. Le premier sera mis en scène par Giuseppe Frigerni avec Christian partie dansée étant assure par Stephen Mear. Voigt et Alilwyn Mellor, le second Anthony Mc Donald réunira Ian Storey A Versailles le 22 mars, place à Mozart avec un Gala autour de la trilo- et Melanie Diener. gie Da Ponte interprété par les artistes suivants : Clémence Tilquin, Anna Destraël, Ruth Rosique, Robert Getchell, Joan Martin Royo et Nicolas Vu et entendu : A la Philharmonie, concert Ravel par Salonen et Rivenq, La Grande écurie et la Chambre du Roy dirigée par Jean-Claude l'Orchestre de Paris, en majesté, le 4 février (Ma mère l'Oye et L'enfant et Malgoire. les Sortilèges). Sélection musicale de mars : François Lesueur Salle Favart, du 25 mars au 2 avril Le Pré aux clers d’Hérold reverra le jour grâce au chef Paul McCreesh et au metteur en scène Eric Ruf avec dans les rôles principaux Marie Lenormand, Marie-Eve Munger, Jaël a c t u a l i t é 85 p a r i s t Théâtre de la Ville Ma Mégère apprivoisée Que donne cette pièce humoristique de Shakespeare - avec ses multiples jeux de rôle, et ses allusions aux ambiguïtés de la condition féminine adaptée par la metteur en scène Mélanie Leray, qui se montre préoccupée par la situation des femmes? Mélanie Leray 86 Sur scène, on découvrira cette mégère transposée à la grande époque du Mouvement de libération des femmes (MLF), dans les années 1960. Une mégère qui aura appris de son homme le pouvoir manipulateur des mots, un pouvoir qu’elle maîtrise avec grâce et qui lui permet, en flattant les uns et les autres, de tranquillement les dominer ! . du 4 au 20 mars 2015 h é â t Meulen - du 26 mars au 10 mai ViEuX-COLOMBiER (01.44.39.87.00) u La tête des autres de Marcel Aymé m.e.s. Lilo Baur - du 6 au 29 mars ESSAïON (01 42 78 46 42) u Fin de Partie de Beckett - m.e.s. Jean-Claude Sachot - jusqu’au 4 avril u Conversation ou Le voyage d’Ulysse de Primo Levi et Ferdinando Camon - m.e.s. Dominique Lurcel du 2 mars au 26 mai HéBERTOT (01.43.87.23.23) u Des Gens bien de David LindsayAbaire - m.e.s. Anne Bourgeois - jusqu’au 30 mai - avec Miou Miou u Les lois de la gravité de Jean Teule - m.e.s. Anne Bourgeois - jusqu’au 31 mars MADELEiNE (01.42.65.07.09) u Le Souper de Jean-Claude Brisville - m.e.s. Daniel Benoin - jusqu’au 10 mai MATHuRiNS (01.42.65.90.00) u Le Chat du Rabbin d’après la BD de Joann Sfar - m.e.s. Sarah Marcuse - jusqu’au 15 mars r e NOuVEAuTéS (01.47.70.52.76) u Le Tombeur de Robert Lamoureux - m.e.s. Jean-Luc Moreau - avec Michel Leeb - jusqu’au 29 mars. ODéON EuROPE (01.44.85.40.40) u Das Weisse vom Ei (Une île flottante) de Labiche - m.e.s. Christoph Marthaler - du 11 au 29 mars ATELiERS BERTiER u Toujours la tempête de Peter Handke - m.e.s. Alain Françon - création - du 4 mars au 2 avril OEuVRE (01.44.53.88.88) u Les larmes amères de Petra von Kant de R. W. Fassbinder - m.e.s. Thierry De Peretti - jusqu’au 22 mars u Extinction de Thomas Bernhard m.e.s. Alain Françon, Blandine Masson - avec Serge Merlin - du 3 mars au 5 avril RiVE GAuCHE (01 43 35 32 31) u L’Elixir d’amour d’Eric-Emmanuel Schmitt - m.e.s. Steve Suissa - avec Marie-Claude Pietragalla, EricEmmanuel Schmitt - jusqu’u 15 mars Location : 01 42 74 22 77 ANTOiNE (01.42.08.77.71) u Pour en finir avec la question juive de Jean-Claude Grumberg - m.e.s. Charles Tordjman - jusqu’au 20 mars ARTiSTiC ATHéVAiNS (rés. 01.43.56.38.32) u Espèces d’espaces de Georges Perec - m.e.s. Anne-Marie Lazarini du 3 mars au 19 avril ATELiER (loc. 01.46.06.49.24) u Anna Christie de Eugène O’Neill m.e.s. Jean-Louis Martinelli - avec Mélanie Thierry, Féodor Atkine... jusqu’au 26 avril BOuFFES PARiSiENS (01.42.96.92.42) u A gauche, en sortant de l’ascenseur de Gérard Lauzier - m.e.s. Arthur Jugnot - jusqu’au 9 mai COLLiNE (rés. 01.44.62.52.52) u La Bête dans la jungle d'après Henry James, adapt. Marguerite Duras - m.e.s. Célie Pauthe - jusqu’au 22 mars u Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé (Le Mépris) librement inspiré de Alberto Moravia, Jean-Luc Godard, Homère, Dante - conception Nicolas Liautard - du 3 au 29 mars COMéDiE DES CHAMPS ELySéES (01.53.23.99.19) u Le Père de Florian Zeller - m.e.s. Ladislas Chollat - avec Robert Hirsch - jusqu’au 28 juin. COMéDiE FRANçAiSE SALLE RiCHELiEu (01.44.58.15.15) u Le Misanthrope de Molière m.e.s. Clément Hervieu-Léger - jusqu’au 23 mars. u Les Estivants de Gorki - m.e.s. Gérard Desarthe - jusqu’au 25 mai u Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare - m.e.s. Muriel MayetteHoltz - jusqu’au 25 mai u Innocence de Dea Loher - m.e.s. Denis Marleau - du 28 mars au 1er juillet STuDiO-THéâTRE (01.44.58.98.98) u La Dame aux jambes d’azur de Labiche - m.e.s. Jean-Pierre Vincent - jusqu’au 8 mars u Dancefloor Memories de Lucie Depauw - m.e.s. Hervé Van der a g Pépinière Théâtre Marie Tudor Douze acteurs sur scène : dix hommes, deux femmes. Deux femmes vêtues de deuil dans un tombeau, voilà l'amour tel qu'il est décrit par Hugo dans cette pièce. Dans cet univers profondément masculin, une Reine se débat, tente de rester debout, luttant pour avoir le droit d'aimer. «Marie Tudor» avec Chritiana Reali © Florian Fromentin Christiana Reali endosse les habits de Marie Tudor dans ce drame historique dû à la plume de Victor Hugo et mis en scène par Philippe Calvario. . jusqu'au 25 avril 2015 loc.01.42.61.44.16 e n d a p a r i s b e a u x - a r t s Musée Jacquemart-André De Giotto à Caravage Les passions de Roberto Longhi (1889/1890-1970 sont à découvrir au musée JacquemartAndré dès la fin mars... En effet, l’exposition de printemps présente les grands noms de la peinture italienne, du XIVe au XVIIe siècle, redécouverts par l’une des personnalités majeures de l’histoire de l’art italien. Giotto, Masaccio, Masolino, Piero della Francesca, Ribera, Caravage... autant d’artistes de premier plan qui seront ainsi mis en lumière. Aux œuvres issues de la Fondation Roberto Longhi, présentées pour la première fois en France, répondront les œuvres prêtées par les plus grands musées français et italiens. Un dialogue inédit entre ce grand connaisseur et ses passions artistiques. Après une section consacrée aux œuvres de Caravage, un artiste qui a révolutionné la peinture italienne du XVIIe siècle en passant d’une peinture naturaliste à une peinture plus inspirée, marquér par le clair-obscur. Fidèle à la démarche de Roberto Longhi, l’exposition mettra en regard les œuvres de Caravage et de ses émules, en montrant l’influence des thèmes et du style de cet artiste sur ses contemporains, à Rome d’abord, puis dans toute l’Europe. Carlo Saraceni (vers 1579 – 1620) et Bartolomeo Manfredi (1582-1622) ont contribué à populariser les thèmes travaillés par Caravage – figures du Christ, scènes bibliques... – et à les diffuser. Deux générations reprendront ces thèmes à leur compte : Jusepe Ribera (1591-1652) à travers ses apôtres saisissants, Matthias Stomer (1600 – 1652) ou Mattia Preti (1613 – 1699). Au cours de ses recherches, Roberto Longhi s’est également intéressé aux primitifs, ces artistes rénovateurs du début du XIVe siècle (Giotto), et aussi aux artistes italiens du XVe siècle à l’origine de la peinture moderne (Masaccio, Masolino, Piero della Francesca). Quelques-uns de leurs chefs-d’œuvre ont été prêtés pour cette exposition par la Galerie des Offices et la Galleria Palatina à Florence, les Musées du Vatican et les Gallerie dell’Accademia à Venise. Masaccio, Tommaso di Giovanni Cassai dit, (1401 - 1428) «Vierge a l’Enfant». Vers 1426 - 1427. Tempera et or sur bois, 24 x 18 cm Florence, Istituti museali della Soprintendenza Speciale per il Polo Museale Fiorentino – Galleria degli Uffizi © Soprintendenza Speciale per il Patrimonio Storico Artistico ed Etnoantropologico e per il Polo Museale della Citta di Firenze – Gabinetto Fotografico Atelier Grognard l VLAMiNCK – jusqu’au 25 mai Bibliothèque-Palais Garnier l RAMEAu ET LA SCèNE – jusqu’au 8 mars Bibliothèque Nationale l FRANçOiS iER, POuVOiR ET iMAGE – du 24 mars au 21 juin Carreau du Temple l DRAWiNG NOW PARiS. Le Salon du dessin contemporain – du 25 au 29 mars Centre Pompidou l Qu’EST-CE QuE LA PHOTOGRAPHiE ? – du 4 mars au 1er juin l JEFF KOONS – jusqu’au 27 avril l RéTROSPECTiVE TéLéMAQuE – jusqu’au 18 mai Cité de l'Architecture et du Patrimoine l ViOLLET-LE-DuC - Les visions d'un architecte – jusqu’au 9 mars l REVOiR PARiS - François Schuiten & Benoît Peeters – jusqu’au 9 mars Cité de la Musique l DAViD BOWiE iS... – du 3 mars au 30 mai l PiERRE BOuLEz – du 17 mars au 28 juin a g . du 27 mars au 20 juillet 2015 Espace Dali l DALi FAiT LE MuR – Dali et le “street art“ - jusqu’au 15 mars Fondation Custodia l ENTRE GOLTziuS ET VAN GOGH – jusqu’au 11 mars Fondation Louis Vuitton l FRANK GEHRy - jusqu’au 16 mars Grand Palais l VELázQuEz – du 25 mars au 13 juillet l LuMièRE ! Le cinéma inventé – du 27 mars au 14 juin Halle St. Pierre l LES CAHiERS DESSiNéS – jusqu’au 14 août. Hôtel de Ville l PARiS MAGNuM – jusqu’au 28 mars Institut des Cultures d’Islam l CHERCHEz L’ERREuR – jusqu’au 19 avril Institut du Monde Arabe l LE MAROC CONTEMPORAiN – jusqu’au 15 mars Jeu de Paume l FLORENCE HENR & TARyN SiMON & VANDy RATTANA – jusqu’au 17 mai La Maison Rouge l MATHiEu BRiAND - ET iN LEBERTALiA e n EGOuN PROJET & JéRôME zONDER - jusqu’au 10 mai Maison de la Photographie l MARCEL BOViS – jusqu’au 26 avril Musée des arts décoratifs l LE BOuTON ET LA MODE – jusqu’au 13 avril Musée d’art moderne l GEORGES NOëL – jusqu’au 19 avril Musée Cognacq-Jay l LuMièRES : CARTE BLANCHE à CHRiSTiAN LACROiX – jusqu’au 19 avril. Musée Dapper l L’ART DE MANGER - Rites et traditions – jusqu’au 12 juillet Musée Jacquemart-André l DE GiOTTO à CARAVAGE - Les passions de Roberto Longhi – du 27 mars au 20 juillet Musée du Louvre l NEW FRONTiER iV : FASTES ET FRAGMENTS. AuX ORiGiNES DE LA NATuRE MORTE AMéRiCAiNE – jusqu’au 27 avril. l POuSSiN ET DiEu – jusqu’au Musée du Luxembourg l LES TuDORS – du 18 mars au 19 juillet Musée Maillol l LE BAiSER – du 25 mars au 26 d a juillet Musée Marmottan-Monet l LA TOiLETTE. Naissance de l’intime – jusqu’au 5 juillet Musée de Montmartre l L’ESPRiT DE MONTMARTRE ET L’ART MODERNE 1875-1910 – jusqu’au 25 septembre Musée d’Orsay l PiERRE BONNARD. Peindre l’Arcadie – du 17 mars au 19 juillet Musée Zadkine l DES(T/S)iNS DE GuERRE – jusqu’au 14 juin Palais Galliera l JEANNE LANViN – du 8 mars au 23 août Palais de Tokyo l LE BORD DES MONDES & TAKiS, champs magnétiques & BOuCHRA KHALiLi – jusqu’au 17 mai Petit Palais l LES BAS-FONDS Du BAROQuE. La Rome du vice et de la misère – jusqu’au 24 mai Pinacothèque l Au TEMPS DE KLiMT. La Sécession à Vienne – jusqu’au 21 juin 87 m é m e n t o Musicales de Compesières 88 Week-end musical dans la campagne genevoise pour fêter l’arrivée du printemps. VENDREDI 20 MARS à 20H30 : SÉLIM MAZARI, PIANO Le pianiste Sélim Mazari a été Lauréat des Jeudis du Piano 2013-2014 - Société des Arts. On l’entendra dans la Sonate en ré Majeur K 284 de Mozart, la Pavane pour une infante défunte de Ravel et les Variations Eroica op. 35 de Beethoven SAMEDI 21 MARS à 20H30 : LA CAMERATA DU LEMAN On est impatient d’entendre cette formation orchestrale accueillie pour trois ans en résidence par les Musicales de Compesières. Le programme, titré « L’Europe », est composé de la Capriol Suite de Warlock, du Concerto n° 1 op.11 de Chopin, de la Suite Holberg de Grieg et de la Danse Hongroise no.5 de Brahms DIMANCHE 22 MARS à 11H00 : CONCERT CHANT ET ORGUE SAVIKA CORNU ZOZOR, SOPRANO, MARCELO GIANNINI, ORGUE La voix émouvante de la soprano Savika Cornu Zozor dont on n’oublie pas le très beau récital du 30 novembre 2013 au Victoria Hall avec l’Orchestre des NationsUnies sera accompagnée par Marcelo Giannini, organiste titulaire du Temple de Carouge. Au programme des œuvres de G. Puccini, G. Verdi, W.A. Mozart, J. Haydn. Entrée libre DIMANCHE 22 MARS à 15H30 : CAUSERIE de Sarah Scholl, historienne. « Compesières au cœur d’une guerre de civilisation ? Sous le baptême à la baïonnette du 25 janvier 1875 ». Entrée libre – Salle des Chevaliers de Malte – Commanderie DIMANCHE 22 MARS à 17H00 : ENSEMBLE VOCAL & INSTRUMENTAL DE CAROUGE. Direction : Marie-Isabelle Pernoud Le programme « Pour le temps de Pâques » verra se succéder la Missa Dolorosa de A. Caldara, la Cantate BWV 4 de J.S. Bach et Misericordias Domini de Mozart. Abonnements : www.musicalesdecompesieres.ch Billets en vente sur place une heure avant le concert Navette gratuite depuis la Place Neuve - 1h avant les concerts Victoria Hall, Genève Benjamin Grosvenor Le pianiste britannique invité par Les Grands Interprètes fait partie des artistes les plus remarqués dans le monde, une reconnaissance qu’il doit à sa technique, que l’on dit exquise, ainsi qu’à sa maîtrise des complexités techniques les plus redoutables, des aptitudes qui rendent ses interprétations remarquables, et qui font de ses concerts des moments électrisants. Il est vrai que Benjamin Grosvenor s’est fait connaître en 2004 en rem- Benjamin Grosvenor portant la Finale Piano du concours de la BBC Young Musician à l’âge de onze ans.... . Mardi 24 mars 2015 à 20h00 Location : Service culturel Migros Genève, T +41 (0)22 319 61 11 Victoria Hall, Genève Victoria Hall, Genève Mare Nostrum Messa da Requiem Sous cet intitulé se cache un trio célèbre, qui sera en concert sur la scène du Victoria Hall. Paolo Fresu - Jan Lundgren - Richard Galliano Constitué de Richard Galliano à l’accordéon, de Paolo Fresu à la trompette et de Jan Lundgren au piano et à la percussion, ce trio de musiciens-poètes a déjà séduit un public nombreux, grâce à l’alliage entre la trompette de Paolo, baladin nocturne absolu, le piano limpide et tout d’élégance de Jan et l’accordéon irrésistible et torrentiel de Richard, le tout générant une alchimie de sons d’une rare richesse. En coproduction avec le Grand Théâtre de Genève, l'Orchestre de la Suisse Romande programme, au Victoria Hall, la « Messa da Requiem » de Verdi en version de concert. Semyon Bychkov ayant dû renoncer à diriger ce concert, il sera remplacé au pupitre par Edo de Waart. Sur scène également, les Chœurs du Grand Théâtre (sous la direction d’Alan Woodbridge). Quant à la distribution rassemblée pour l’ocVioletta Urmana © Christine Schneider casion, elle se révèle pretigieuse. Qu’on en juge : la soprano Csilla Boross, la mezzo-soprano Violetta Urmana, le ténor Riccardo Massi et la basse Roberto Scandiuzzi ! . 11 mars 2015 à 20h . Jeudi 26 mars 2015 à 20h30 Billetterie : 022 / 807.00.00 / [email protected] Billetterie : Fnac, TcketCorner a g e n d a m é m Beau-Site, La Chaux-de-Fonds e n t o En tournée Les Renards des surfaces 2h14 Avec cette création, la chorégraphe Perrine Valli veut porter son regard de femme sur les hommes, sur leur identité masculine : quel regard portent les hommes sur eux-mêmes, quel parcours pour un enfant mâle, du garçon à l’homme ? Perrine Valli tente de créer un espace commun entre le féminin et le masculin et invente un terrain de jeu où une dizaine d’hommes viennent s’interroger à travers leurs pratiques artistiques sur cette passionnante question du genre et de l’identité sexuelle. «2h14» © Mercedes Riedy «2h14» du Canadien David Paquet est la nouvelle création de la compagnie Marin. Elle a vu le jour au Pulloff Théâtres de Lausanne en février. Cette pièce nous invite à suivre six personnages dont les destins s’entrechoquent au hasard d’un drame qui les unit et les dépasse. Ceux-ci se croisent, se cherchent, se ratent souvent, grandissent. Tous n'ont qu'un seul désir : goûter au bonheur. Chacun y arrive comme il peut : avaler des vers, devenir aveugle, ouvrir des portes imaginaires… «Les Renards des surfaces» © Samuel Rubio . du 4 au 7 mars au Théâtre du Crochetan, Monthey Une proposition hybride - mêlant danse, musique et textes - dont le fil conducteur est le corps. . ve. 6 mars 2015, 20h15 . sa. 7 mars 2015, 18h15 . di. 8 mars 2015, 17h15 Billetterie 024 / 471.62.67 . les 12 et 13 mars au Théâtre Alambic, Martigny Billetterie 027 / 722.94.22 A Genève, Sion et yverdon A yverdon et Morges Huit femmes Quartier lointain La veille de Noël, le maître de maison a été assassiné d’un coup de couteau, et chacune des huit femmes présentes aurait pu avoir une raison de le tuer. Est-ce son épouse, ses filles, sa sœur, sa belle-mère, sa bellesoeur ou encore une des domestiques ? Des comédiennes de talent servent cette intrigue où se mêlent meurtre, jalousie, sexe, argent, mensonges et rancunes. Mais l’ambiance est festive ! L’une des 8 femmes : Paola Landolt © DR . 6 mars 2015 au théâtre de Valère, Sion Location : 027 / 323.45.61 . 12 mars 2015 au théâtre Benno Besson, Yverdon a «Quartier lointain» © Carole Parodi Qui n’a jamais rêvé de faire un retour dans le passé, afin d’en modifier le cours ? C’est ce qui arrive à Hiroshi Nakahara, lorsqu’il retourne sur les lieux de son enfance. Dorian Rossel adapte le roman graphique de Jirô Taniguchi de façon ludique et réussit ainsi le pari de traduire sur scène une odyssée fantastique, un spectacle d’une grande inventivité visuelle et à l’intensité physique de tous les instants. . 4 mars 2015 - Théâtre Benno Besson, Yverdon Location : 024 / 423.65.84 Location : 024 / 423.65.84 . Du 18 mars au 1er avril 2015 au théâtre Alchimic, Genève . 18 mars 2015 - Théâtre de Beausobre, Morges Réservation : 022 / 301.68.38 / Location : Service culturel Migros Location : 024 / 471.62.67 g e n d a 89 m é m GENEVE concerts 90 u 5.3. : Les Grands Interprètes. JEAN-GuiHEN QuEyRAS, violoncelle, ALExANDER MELNikOV, piano (Schumann, Beethoven, Webern, Rachmaninov). Conservatoire de Musique à 20h (loc. Service culturel Migros Genève, Stand info Balexert) u 7.3. : Prestige Artists. JAMES TAyLOR & BAND. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. Fnac) u 8.3. : L’iRASCiBLE. Laurent Bruttin, clarinette, Jean-Marc Daviet, trombone, Antoine Françoise, piano, Sébastien Cordier, Thierry Debons, percussion, Olivier Marron, violoncelle (Schmucki, Zhang, Holliger, Huber). Musée d’art et d’histoire de Genève à 11h (rés. sur : www.contrechamps.ch/reserver) u 8.3. : CONCERTS DE LA CATHéDRALE, dir. John Nelson, LAuRENCE GuiLLOD, soprano, ANDRé GASS, ténor, VALERiO CONTALDO, évangéliste, STEPHAN MACLEOD, Pilatus/Petrus, STEPHEN MORSCHECk, Jésus, LAuDATE DEuM, chœur de chambre (JS. Bach : Passion selon St.Jean). Cathédrale Saint-Pierre à 17h (loc. Service culturel Migros, 022 319 61 11 / www.culturel-migros-geneve.ch) u 13.3. : GECA au Musée n°2. ViVALDi - GRAND MARATHON DES CONCERTOS. Solistes du Geneva Camerata. Musée d’art et d’histoire à 19h (Billets sur place, une heure avant le concert) u 14.3. : MAMi HAGiWARA, piano (Mozart, Debussy, Chopin). victoria Hall à 20h (loc. Espace Ville de Genève, Centrale billetterie T 0800.418.418) u 15.3. : QuATuOR DE GENèVE, avec LORENZO SOuLèS, piano (Mendelssohn, Schumann). Musée d’art et d’histoire, salle des Armures, à 11h (Billets : sur place une heure avant le concert / Préloc. : Espace Ville de Genève, Maison des arts du Grütli, Cité Seniors et Genève) u 15.3. : GECA au Musée n°3. ViVALDi - GRAND MARATHON DES CONCERTOS. Solistes du Geneva Camerata. Musée d’art et d’histoire à 16h (Billets sur place, une heure avant le concert) u 17.3. : Concert de soirée No. 6. CARTE BLANCHE. L’OCG, dir. JEANJACQuES kANTOROW, ALExANDRE kANTOROW, piano (Sibelius, Liszt, Saint-Saëns). BFM à 20h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] e n t ou www.ticketportal.com) u 18.3. : Série Symphonie. OSR, dir. Neeme Järvi, NikOLAJ ZNAiDER, violon (Haydn, Nielsen, Sibelius). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 19.3. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ORCHESTRE PHiLARMONiQuE ROyAL DE STOCkHOLM, dir. Sakari Oramo, PATRiCiA kOPATCHiNSkAJA, violon (Honegger, Tchaïkovski, Sibelius). Victoria Hall à 20h (loc. SCM 022/319.61.11) u 19.3. : Les Grands Interprètes. JERuSALEM CHAMBER MuSiC FESTiVAL, Rainer Honeck, violon, Madeleine Carruzzo, violon, Amihai Grosz, alto, Frans Helmerson, violoncelle, Elena Bashkirova, piano (Schumann, Mozart). Conservatoire de Musique à 20h (loc. Service culturel Migros Genève, Stand info Balexert, Migros Nyon-La Combe) u 20.3. : Série répertoire. OSR, dir. Neeme Järvi, NikOLAJ ZNAiDER, violon (Haydn, Nielsen, Beethoven). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 21.3. : World Music. BuikA, flamenco. Victoria Hall à 20h30 (loc. Fnac / Ticketcorner) u 23.3. : Temps & Musique. TRiO WANDERER & CHRiSTOPHE GAuGué, alto (Mendelssohn, Bloch, Bernstein, Brahms). Conservatoire de Genève à 20h (billetterie : Service culturel Migros, Migros Nyon-La Combe) u 24.3. : Les Grands Interprètes. BENJAMiN GROSVENOR, piano (Rameau, Bach/Busoni, Franck, Chopin, Granados). Victoria Hall à 20h (loc. Service culturel Migros Genève, 022 319 61 11, Stand info Balexert, Migros Nyon-La Combe) u 25.3. : ENSEMBLE VOCAL ORPHéE & NOuVEL ORCHESTRE DE GENèVE, dir. Matthieu Schweyer. CHARLOTTE MüLLER PERRiER, soprano (Stravinsky, Poulenc). Victoria Hall à 20h30 (loc. o Espace Ville de Genève, Centrale billetterie T 0800.418.418) u 26.3. : Concert Prestige n°4. ViOLONCELLE ROCk ! Geneva Camerata, dir. David Greilsammer, JOHANNES MOSER, violoncelle et violoncelle électrique (Vivaldi, Bartók, keren, J.-C. Bach). BFM à 20h (billetterie : Fnac) u 26.3. : Jazz Classics. MARE NOSTRuM, avec Richard Galliano, accordéon, Paolo Fresu, trompette & Jan Lundgren / piano/percussion. Victoria Hall à 20h30 (loc. Fnac / Ticketcorner) u 26.3. : CONCERT NO. 3. Professeurs et étudiants de la HEM, site de Neuchâtel. Auditorium 1, Campus Arc, Neuchâtel, à 20h. Entrée libre u 29.3. : Archipel - Concert du dimanche de la ville de Genève. CONTES DE LA LuNE VAGuE APRèS LA PLuiE, de xavier Dayer d’après kenji Mizoguchi, dir. Jean-Philippe Wurtz, Ensemble Linea. Victoria Hall à 17h (Location Espace Ville de Genève Pont de la Machine, Grütli, Cité Seniors) u 31.3. : CARTE BLANCHE à JEANPiERRE DROuET, PERCuSSiONNiSTE ET MuLTi-iNSTRuMENTiSTE. étudiants de la classe de percussion de la HEM de Genève. L’Abri, pl. de la Madeleine, à 20h u 1.4. : Série Prélude. OSR, dir. Benjamin Levy, SARkiS OHANESSiAN, commentaires (Dvorak, Bernstein). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) FESTiVAL ARCHiPEL 2015 - ALTER éCHO 20 au 29.3. informations détaillées sur www.archipel.org Billetterie Archipel : www.archipel.org / vente sur place 45’ avant les concerts u 20.3. : LEMANiC MODERN ENSEMBLE & ENSEMBLE CONTEMPO- RAiN DE L'HEMu, dir. William Blank. Violoncelle : Martina Schucan (Öcal, Jarrell, Dufourt, Montovani). Maison communale de Plainpalais, à 20h u 21.3. : ERWAN kERAVEC. improvisations (2015) pour cornemuse en do u 22.3. à 14h30 & 16h30 : CAROL ROBiNSON, birbyne (Petraškevičs, Robinson). Maison communale de Plainpalais u 22.3. : ERWAN kERAVEC, cornemuse (Cavanna). Maison communale de Plainpalais, à 15h30 u 22.3. : QuATuOR DE CHAiR, avec l’ensemble Vortex. Théâtre Pitoëff à 17h u 26.3. : EuRyDiCE VERNAy, violon. ESTHER LEFEBVRE, violoncelle & JéRéMiE CRESTA, percussion (Nakamura, Alonso, Ascione). Théâtre Pitoëff à 20h u 27.3. : CONTRASTE SiMuLTANé ii, concert avec le Trio k/D/M & l’Ensemble Contrechamps, dir. Michael Wendeberg (Vitoria, Posadas, Jarrell, Gerhard). Maison communale de Plainpalais à 20h u 28.3. : (THiS iS NOT) A DREAM, spectacle de Louise Moaty (Cage, Satie). Avec Alexeï Lubimov au piano. Maison communale de Plainpalais à 21h u 29.3. : LE CRi Du CRiSTAL, concert par les Swiss Chamber Soloists (Mozart, Holliger, Mamlok, Bolens). Conservatoire à 11h opéra u 4.3. : Récital MiCHAEL VOLLE, baryton, HELMuT DEuTSCH, piano. Grand Théâtre à 19h30 (billetterie en ligne sur le site du Grand Théâtre) u 8, 10, 11 et 13.3. : Série répertoire. OSR, dir. Edo de Waart. CSiLLA BOROSS, soprano, ViOLETA uRMANA, mezzo-soprano, RiCCARDO MASSi, Conservatoire de Musique de Genève Jean-Guihen Queyras Le violoncelliste français s’associe au pianiste russe Alexander Melnikov pour présenter un programme d’œuvres de Schumann (Cinq pièces dans un style populaire en la mineur op. 102), Beethoven (Sonate pour violoncelle et piano n° 3 en la majeur op. 69), Webern (Trois petites pièces pour violoncelle et piano op. 11) et Rachmaninov (Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur op. 19) . Jeudi 5 mars 2015 à 20h00 Billetterie : Service culturel Migros Jean-Guihen Queyras a g e n d a m ténor, ROBERTO SCANDiuZZi, basse, Chœurs du Grand Théâtre (Verdi : Messa da Requiem). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) é m a g n t o Grand Théâtre de Genève Water Stains on the Wall La compagnie taiwanaise Cloud Gate Dance Theater, qui s’est donné pour tâche d’associer les techniques de danse occidentale à quelques-unes des nombreuses traditions chorégraphiques et spirituelles du continent asiatique, sera sur la scène du Grand Théâtre pour y présenter «Water Stains on the Wall (Tâches d’eau sur le mur)», un ballet inspiré de l’art de la calligraphie, sur des musiques de Toshio Hosokawa et une chorégraphie de Lin Hwai-min. théâtre u Jusqu’au 8.3. : TOuT iRA BiEN de et m.e.s. Jérôme Richer, création. Le Grütli, Petite Salle (2ème étage), à 20h, dim à 18h. Relâche lun (billetterie : [email protected] / 022/888.44.88) u Jusqu’au 8.3. : MACBETH ET LADy M, d’après Macbeth de Shakes-peare, m.e.s. Evelyne Castellino. Compagnie 100% Acrylique. Théâtre La Parfumerie (rés. 022/300.23.63) u Jusqu’au 14.3. : LE BEAu MONDE d'Alexandre Soukhovo-kobyline, par la Compagnie NVk. Théâtre du Loup, mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 17h (rés. 022/301.31.00) u Jusqu’au 15.3. : MADEMOiSELLE JuLiE d'August Strindberg, m.e.s. Gian Manuel Rau. Théâtre de Carouge, salle François-Simon, mar-mer-jeu et sam à 19h, ven à 20h, dim à 17 (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) u Jusqu’au 15.3. : JuSQu’à CE QuE LA MORT NOuS SéPARE de Rémi De Vos, m.e.s. Daniel Vouillamoz, création. Théâtre Alchimic, mar+ven à 20h30, mer-jeu-sam-dim à 19h (rés. 022/301.68.38 / www.alchimic.ch loc. Service culturel Migros) u Jusqu’au 22.3. : ASSOiFFéS de Wajdi Mouawad, m.e.s. Vincent Babel. Théâtre du Crève-Cœur, ch. de Ruth, Cologny, mar au sam à 20h00, dim à 18h00 (rés. 022/786.86.00) u Jusqu’au 22.3. : iL EST MiNuiT... Si ON CHANTAiT!, une création de la Cie Le Pavillon des singes, m.e.s. Frank Arnaudon. Théâtre des Amis, Carouge, mar-ven à 20h, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h (rens. 022/342.28.74) u Du 3 au 7.3. : uNE FEMME de Philippe Minyana, m.e.s. Marcial Di Fonzo Bo. La Comédie de Genève, à 19h, ven à 20h (loc. 022/320.50.01 / [email protected]) u Du 3 au 22.3. : LA PARANOïA de Rafael Spregelburd, m.e.s. Frédéric Polier, création. Le Grütli, Grande salle (sous-sol), mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 18h. Relâche lun ([email protected] / 022/888.44.88) u Du 5 au 8.3. : ROOMS, JuNk, AND OTHER FORCES de Jules Gimbrone, création. Théâtre de l’usine (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) e . 11, 12, 13 et 14 mars 2015 à 19h30 Billetterie : http://www.geneveopera.ch/ «Water Stains on the Wall» © Liu Chen-hsiang u Du 7 au 25.3. : LOuLOu d'après Grégoire Solotareff, m.e.s. Laureisabelle Blanchet, dès 4 ans. Théâtre des Marionnettes, sam à 17h, dim à 11h et 17h, mer à 15h (rés. 022/807.31.07) u Du 9 au 22.3. : EN ROuE LiBRE de Penelope Skinner, m.e.s. Claudia Stavisky. Le Poche-Genève, merjeu+sam à 19h, lun+ven à 20h30, dim à 17h (location +41 (0)22 310 37 59, [email protected]) u Du 10 au 21.3. : LE FANTASME DE L'éCHEC par Solange Dulac. Théâtre Saint-Gervais, L'Atelier, mar-jeu-sam à 20h30, mer-ven à 19h (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) u Du 10 au 29.3. : LE LABOuREuR DE BOHêME – DiALOGuE AVEC LA MORT de Johannes von Tepl, m.e.s. Simone Audemars. La Comédie de Genève, mar-mer-jeu-sam à 19h, ven à 20h, dim à 17, lun relâche (loc. 022/320.50.01 / [email protected]) u Du 17 au 20.3. : L'ExCuRSiON DES JEuNES FiLLES MORTES d'Anna Seghers, m.e.s. Hervé Loichemol. La Comédie de Genève à 19h (loc. 022/320.50.01 / [email protected]) u Du 18.3. au 1.4. : HuiT FEMMES de Robert Thomas, m.e.s. Jean-Gabriel Chobaz. Théâtre Alchimic, mar+ven à 20h30, mer-jeu-sam-dim à 19h (rés. 022/301.68.38 / www.alchimic.ch loc. Service culturel Migros) u Du 19 au 22.3. et du 26 au 28.3. : WALkiNG de Gregory Stauffer, création performance. Théâtre de l’usine (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) u 20, 21 et 22.3. : LE MANuSCRiT DES CHiENS iii de Jon Fosse, m.e.s. Guillaume Beguin, dès 10 ans. Théâtre Am Stram Gram, ven à 19h, sam+ dim à 17h (Loc. 022/735.79.24 e n et Service Culturel Migros) u Du 24 au 29.3. : TOuT CE Qui NOuS RESTE DE LA RéVOLuTiON, C'EST SiMON, par le Collectif L'avantage du doute. Théâtre Saint-Gervais, grande salle, mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h30, dim à 18h (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) u Du 25 au 28.3. : Festival Jeunes comédiens / jeunes compagnies. C’EST DéJà DEMAiN.5. Théâtre du Loup / 25 et 26 mars : Flash Dance, Rébecca Balestra & Hysteria, Julia Perazzini et Valério Scamuffa / 27 et 28 mars : Panik, Alice Bollier-Plüss, Martin Bieri, Orpheo Carcano, Thomas köppel, Nina Langensand / Follow us, Mira kandathil et Annina Machaz / 28 mars : Rencontres / Tables rondes (rés. 022/301.31.00) danse u 3, 7 et 8.3. : LA BELLE, chor. Bérangère Fournier et Samuel Faccioli, dès 8 ans. Théâtre Am Stram Gram, mar à 19h, sam+ dim à 17h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u 11, 12, 13, 14.3. : WATER STAiNS ON THE WALL de Toshio Hosokawa, chor. Lin Hwai-min, Cloud Gate Dance Theater de Taiwan. Grand Théâtre à 19h30 (billetterie en ligne sur le site du GrandThéâtre) u Du 11 au 15.3. : LE CRi – LES SENTiNELLES – LE TEMPS SCELLé de Nacera Belaza. Salle des EauxVives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand info Balexert, Migros Nyon La Combe) u Du 25 au 29.3. : MExiCAN CORNER de Frank Micheletti et Aladino Rivera Blanca. Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets : d a Service culturel Migros, Stand info Balexert, Migros Nyon La Combe) divers u Du 6 au 10.3. : LES NuiTS EL WARSHA, dir. Hassan El Geretly, cabaret urbain. Théâtre SaintGervais, grande salle, ven+lun à 20h30, sam+mar à 19h, dim à 18h (loc. 022/908.20.20 ou www.saintgervais.ch) u 10.3. : Laboratoire spontané. RENCONTRE AVEC ARiANE MNOuCHkiNE, dès 10 ans. Théâtre Am Stram Gram, à 19h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u 11.3. : LES ESCALiERS SONT EN PAPiER par le Théâtre Escarboucle, Jeune public. La Traverse à 14h30 (loc. Service culturel Migros, 022/319.61.11) u 21.3. : LA RuE kéTANOu. Salle des Fêtes de Thônex à 20h30 (Billets FNAC ou www.thonex.ch) u Du 24 au 29.3. : JE SuiS ViEux (PAS BEAuCOuP MAiS DéJà) de et par Frédéric Recrosio, m.e.s. Jean-Luc Barbezat. Le Grütli, Grande salle, mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 18h ([email protected] / 022/888.44.88) u 26.3. : Midi, théâtre ! - RÖSTiGRABEN d’Antoine Jaccoudet Guy krneta, Cie Théâtre des Osses. Le Grütli, Foyer du Théâtre à 12h ([email protected] ou 022 888 44 88) u 27.3. : Laboratoire spontané. CHiLDREN OF THE REVOLuTiON de et avec Luca Scarlini, dès 9 ans. Théâtre Am Stram Gram, à 19h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) 91 m é m LAUSANNE concerts 92 u 1.3. : Concert du dimanche. O.C.L., dir. Rafael Payare, Olivier Blache et Alexander Grytsayenko, violon (Schubert, Schnittke). Opéra de Lausanne à 11h15 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021 345 00 25) u 7.3. : HuMAiN TROP HuMAiN, concert par David Tixier. Théâtre 2.21, à 21h (billetterie sur : http://www.theatre221.ch/abos-billets/reservations) u 9 et 10.3. : O.C.L., dir. Ottavio Dantone, MAuRiCE STEGER, flûte à bec (Bach, Haydn, Vivaldi). Salle Métropole à 20h (Billetterie : 021/345.00.25) u 10.3. : Les Entractes du mardi. CuRZiO PETRAGLiO, clarinette, NiCOLAS PACHE, alto, GEORGES STAROBiNSki, piano (Schumann, Menozzi, Bruch). Salle Métropole à 12h30 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021/345.00.25) u 19.3. : OSR, dir. Neeme Järvi, NikOLAJ ZNAiDER, violon, TRuLS MøRk, violoncelle (Haydn, Nielsen, Sibelius). Théâtre de Beaulieu à 20h15 (Tél. 022/807.00.00 / [email protected] ou Passion Musique) u 21.3. : SCARLETT’S FALL. Théâtre Sévelin 36 à 23h. Entrée libre u 27.3. : PSyCHOPHARMAkA. Avec Rodolphe Burger & Olivier Cadiot, special guests Franz Treichler & Jeanne Balibar. Les Docks à 22h (Billetterie : Starticket, Fnac, Petzi) u 29.3. : Les Concerts J.S. Bach de Lutry. ENSEMBLE CORuND DE LuCERNE, dir. Stephen Smith (Palestrina et Lotti). Temple de Lutry à 17h (Billets : Hug Musique, Grand-Pont 4, ou à l'entrée du Temple dès 16h / rés. Point i, Quai G. Doret, 1095 Lutry, Tél. 021 791 47 65) u 1.4. : Concert Découvertes. LA SyMPHONiE iTALiENNE, OCL, dir. Andris Poga, Jean-François Zygel, conception, piano et commentaires, musique de Felix Mendelssohn Bartholdy. BCV Concert Hall à 17h (Billets sur place ou 021 345 00 25) opéra u 3.3. : Forum Opéra – TANCREDi. Conférence de Paul-André Demierre. Salon Alice Bailly de l’Opéra de Lausanne à 18h45 (Billets en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) u 18.3. : Conférence Université de Lausanne – TANCREDi. Conférence e n t de Damien Colas. Grange de Dorigy à 17h15. Entrée gratuite. u 20, 22 25, 27, 29.3. : TANCREDi de Rossini, dir. Ottavio Dantone, Orchestre de Chambre de Lausanne, m.e.s. Emilio Sagi. Opéra de Lausanne, les 20 et 27 à 20h, le 22 à 17h, le 25 à 19h, le 29 à 15h (Billetterie : 021/315.40.20, lunven de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) théâtre u Jusqu’au 7.3. : VERNiSSAGE de Vaclav Havel, par la Cnie Générale de Théâtre (CGT), m.e.s. Matthias urban. La Grange de Dorigny, ma-jesa 19h / me-ve 20h30 / di 17h (rés. 021/692.21.24 + en ligne sur la page de chaque spectacle) u Du 3 au 13.3. : AFFABuLATiON de Pier Paolo Pasolini, m.e.s. Stanislas Nordey. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, mar-mer-ven à 20h, ven à 20h30 (rés. 021/619.45.45 - www.billetterie-vidy.ch) / 5.3. : Rencontre autour d’Affabulation u Du 4 au 15.3. : MONSiEuR, BLANCHETTE ET LE LOuP d'après Alphonse Daudet, m.e.s. José Pliya, dès 7 ans. Le petithéâtre (réservation en ligne sur le site du théâtre) u jeu 5, ven 6, dim 8.3. : LyDiE, TiM, PAuL ET LES AuTRES, de Jean Naguel, Daniel Marguerat, m.e.s. Jean Chollet. Espace culturel des Terreaux, jeu à 19h, ven à 20h, dim à 17h (billetterie 021 320 00 46) u Du 5 au 15.3. : JANiNE RHAPSODiE d’après Molière, m.e.s. Julien Mages, création. Théâtre de L’Arsenic, ma, je, sa 19h / me, ve 20h30 / di 18h (rés. en ligne) u Du 10 au 22.3. : LE JOuR Où J’Ai Tué uN CHAT de et m.e.s. Laetitia Barras. Théâtre 2.21, ma, ve à 20h30, me, je, sa à 19h, di à 18h (billetterie sur : www.theatre221.ch/) u Du 10 au 29.3. : CONSTELLATiON CENDRiLLON. Par Cie de l’Oranger / Cie bernard-l’hermite, m.e.s. Laurent Gachoud. Pulloff Théâtre, industrie 10, me/ve à 20h, ma/je/sa à 19h et di à 18h (réservations en ligne sur : www.pulloff.ch, ou au 021 311 44 22) u Du 13 au 15.3. : LES CLOWNS de et m.e.s. François Cervantes, par la cie L’entreprise (Marseille). La Grange de Dorigny, je 19h / ve 20h30 / sa 19h (rés. 021/692.21.24 + en ligne sur la page de chaque spectacle) u Du 13 au 22.3. : NO WORLD/FPLL, par Winter Family. Vidy-Lausanne, Chapiteau, à 19h, ven 20 à 21h, sam a g o 21 et dim 22 à 20h (loc. 021/619.45.45) / 17.3. : Rencontre autour de No World/FPLL u Du 18 au 20.3. : SAGA de et m.e.s. Jonathan Capdevielle. Théâtre de L’Arsenic à 21h (rés. en ligne) / je 19.3. : rencontre public artistes après la représentation u Du 18 au 29.3. : GuLLiVER d'après Jonathan Swift, m.e.s. karim Bel kacem et Adrien kuenzy, création, dès 8 ans. Le petithéâtre (réservation en ligne sur le site du théâtre) u Du 19 au 21.3. : GiuLiO CESARE. PEZZi STACCATi - intervention dramatique sur William Shakespeare, m.e.s. Romeo Castellucci. ECAL Studio de cinéma, jeu-ven à 17h et 19h, sam à 14h et 16h (loc & rés. : 021 619 45 45 - www.billetterievidy.ch) / 18.3. à 18h : Conférence de Roméo Castellucci u Du 19 au 22.3. : LE CHAT Du RABBiN d'après Joann Sfar, par la Cie La Fourmilière, m.e.s. Sarah Marcuse. La Grange de Dorigny, je 19h / ve 20h30 / sa 19h / di 17h / Le 21 mars, représentation en audiodescription (rés. 021/692.21.24 + en ligne sur la page de chaque spectacle) u jeu 19, ven 20, dim 22.3. : PROCèS à SOCRATE, JéSuS ET ROuSSEAu. De et avec Marc Bonnant / Jeudi - SOCRATE / Vendredi - JéSuS / Dimanche ROuSSEAu. Espace culturel des Terreaux, jeu à 19h, ven à 20h, dim à 17h (billetterie 021 320 00 46) u Du 19 au 22.3. : PRiMERA CARTA DE SAN PABLO A LOS CORiNTiOS. CANTATA BWV 4, CHRiST LAG iN TODESBANDEN. OH, CHARLES!, m.e.s. Angélica Liddell. Création, en espagnol, surtitré en français et anglais. VidyLausanne, salle Charles Apothéloz, jeu à 21h, ven à 18h30, sam-dim à 17h30 (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch) u Du 26 au 28.3. : BERTHOLLET, d’après Charles Ferdinand Ramuz, par la Cie MuFuThe, m.e.s. Mathieu Bertholet. La Grange de Dorigny, je 19h / ve 20h30 / sa 19h (Rés. 021 692 21 24) / sam 28.3. : après-midi autour de l’œuvre de C. F. Ramuz, organisé en collaboration avec le CRLR (Centre de recherches sur les lettres romandes) et la Fondation Ramuz. Entrée libre u Du 26 au 29.3. : TANDy, m.e.s. Angélica Liddell. En espagnol, surtitré en français et anglais. VidyLausanne, salle Charles Apothéloz, jeu-ven à 20h30, sam à 21h, dim à 16h (rés. 021/619.45.45 www.billetterie-vidy.ch) u du 26 au 29.3. : iL EST MiNuiT... Si ON CHANTAiT ? par Le Pavillon des singes, m.e.s. Frank Arnaudon. Théâtre e n 2.21, je-sa à 21h, di à 17h (billetterie en ligne sur : http://www.theatre221.ch/abos-billets/reservations) u Du 27 au 29.3. : WHEN i DiE - A GHOST STORy WiTH MuSiC, m.e.s. Thom Luz. Vidy-Lausanne, salle René Gonzalez, à 18h (loc. 021/619.45.45) danse u 18.3. : GERRO, MiNOS AND HiM, par Simon Tanguy, Aloun Marchal, Roger Sala Reyner. Théâtre Sévelin 36 à 19h (loc. sur le site de Vidy-Lausanne) u 19 et 20.3. : LA TRAVERSéE DES LANGuES, par yasmine Hugonnet. Théâtre Sévelin 36 à 19h (loc. sur le site de Vidy-Lausanne) u Du 20 au 28.3. : iON, chor. & jeu Cindy Von Acker. Vidy-Lausanne, La Passerelle, ven 20 à 17h, sam 21-dim 22 à 16h, jeu 26 à 18h30, ven 27-sam 28 à 16h30 (loc. 021/619.45.45) u 21 et 22.3. : SO yOu CAN FEEL, par Pieter Ampe. Théâtre Sévelin 36, le 21 à 20h30, le 22 à 19h (loc. sur le site de Vidy-Lausanne) u Du 24 au 26.3. : ANTiGONE SR. TWENTy LOOkS OR PARiS iS BuRNiNG AT THE JuDSON CHuRCH, chor. Trahal Harrel. Théâtre de L’Arsenic, mar 24 à 19h / mer 25 à 20h30 / jeu 26 à 22h30 (rés. en ligne) u Du 26 au 29.3. : FROuFROu, conception et m.e.s. MarieCaroline Hominal. Théâtre de L’Arsenic, jeu 26 et ven 27 à 20h30 / sam 28 et dim 29 à 18h divers u 20 et 21.3. : CASTiNG par Lausanne impro. Théâtre 2.21, à 20h (billetterie sur : http://www.theatre221.ch/) u Du 20 au 22.3. : x MiNuTES - spectacle évolutif de et par Schick / Gremaud / Pavillon. Vidy-Lausanne, salle René Gonzalez, ven à 16h, sam à 15h et 16h30, dim à 15h et 16h30 (loc. 021/619.45.45) u 21 à 22h et 22.3. à 21h : SéRiE OPéRA - SALOMé m.e.s. Christian Garcia / Boom Cie. Théâtre de L’Arsenic (rés. en ligne) d a m AILLEURS annecy BONLiEu SCèNE NATiONALE aux Haras d’Annecy, sauf mention contraire (rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected]) u 3.3. : ENFANTS PRODiGES, Orchestre des Pays de Savoie, dir. Nicolas Chalvin (Tôn-Thât Tiêt, Mendelssohn, Mozart) u 4 et 5.3. : LES LiMBES par Etienne Saglio, création u 5.3. : LES NuiTS de El Warsha, par le Cabaret du Caire u 5.3., Cathédrale Saint-Pierre : LES HARPiES, Odile Edouard, violon, Freddy Eichelberger, orgue et cistre, Mickael Cozien, cornemuse u 7.3. : ExPéRiENCE BATTLE 2.0 par l’Association un autre angle de rue u Du 11 au 14.3. : LE CAPiTAL ET SON SiNGE d’après karl Marx, m.e.s. Sylvain Creuzevault u 12 à 19h et 13.3. à 20h30 : NOS SERMENTS, m.e.s. Julie Duclos u 17 et 18.3. : PixEL, chor. Mourad Merzouki u 17 et 18.3. : LE iSHOW par les petites cellules chaudes u 20.3., Musée-Château : ROGER MuRARO, piano u 21.3. : WOMANCHiLD par Cécile McLorin Salvant, jazz u Du 23 au 25.3. : LE MALADE iMAGiNAiRE de Molière, m.e.s. Michel Didym u 24 et 25.3. : P. P. P. par Phia Ménard u 27 et 28.3. : ExiT/ExiST, chor. Gregory Maqoma u 29.3. : TAP FACTORy, chor. Vincent Pausanias annemasse RELAiS CHâTEAu-ROuGE à 20h30 sauf mention contraire (loc. +33/450.43.24.24) u 3.3. : LA FACE CACHéE DE LA LuNE par la Compagnie inouïe u 10 et 11.3. : CHAPiTRES DE LA CHuTE de Stefano Massini, m.e.s. Arnaud Meunier u Du 11 au 14.3. : VENTROSOLEiL de Douna Loup, m.e.s. Joan Mompart u Du 17 au 19.3. : JE SuiS NOMBREuSE par la Compagnie La chair du monde, cirque u 18.3. : BOuNCE ! De Thomas Guerry et Camille Rocailleux, par la Compagnie Arcosm a g u 21.3. : ANNE QuEFFéLEC, piano & LE QuATuOR MANFRED u 25.3. : BACH FOREVER par L'Ensemble Baroque sur instruments anciens u 27.3. : TiTi ROBiN u 28.3. : LES STiGMATiSéS de Franz Schreker, m.e.s. David Boesch bienne Loc. : www.spectaclesfrancais.ch / guichet du TOBS, Théâtre municipal / Points de vente Ticketportal u 6.3. : BOB’ART, chor. Etienne Béchard. Théâtre Palace à 20h15 fribourg THéâTRE EQuiLiBRE à 20h (billetterie : Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected]) u 3.3. : LE MiSANTHROPE de Molière, m.e.s. Michel Fau u 8.3. : THE ROOTS, chor. kader Attou u Du 11 au 15.3. : JADiS par Les Débrouillarts, m.e.s. Hassane kassi kouyaté u 13 et 14.3. : ET iL N'EN RESTA PLuS AuCuN d'après Agatha Christie, m.e.s. Robert Sandoz u 17.3. : iT DANSA, chor. Jirí kylián, Jove Companyia u 24.3. : NiNA d'André Roussin, m.e.s. Bernard Murat u 26.3. : yOuN SuN NAH, jazz u 28.3. : LA CONTREBASSE de Patrick Süskind, m.e.s. Daniel Benoin givisiez THéâTRE DES OSSES, 20h, di à 17h (loc. 026/469.70.00) u Du 10 au 22.3. : VERNiSSAGE de Vaclav Havel, m.e.s. Matthias urban u Du 17 au 31.3. : RÖSTiGRABEN d’Antoine Jaccoud et Guy krneta, m.e.s. Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier la chaux-fds THéâTRE POPuLAiRE ROMAND / CENTRE NEuCHâTELOiS DES ARTS ViVANTS (loc. 032/967.60.50, www.tpr.ch) u 4.3. : DE A à ZOuC par Joseph Gorgoni. L’Heure bleue à 20h30 u Du 23 au 27.2., Cinéma ABC : LETTRE à MOMO de Hirojuki Okiura u Du 6 au 8.3. : LES RENARDS DES SuRFACES de Perrine Valli et Francine Jacob, m.e.s. Perrine Valli, création. Beau-Site, le 6 à 20h15, le 7 à 18h15, le 8 à 17h15 u 6.3. : Série parallèles. iVO HAAG ET ADRiENNE SOóS, pianos. Salle Faller e n é m e u 11 et 14.3. : MuSiQuES MiNuSCuLES de et avec Guigou Chenevier, dès 4 ans. Théâtre ABC , le 11 à 15h, le 14 à 17h30 u 18.3. : MADEMOiSELLE JuLiE de August Strindberg, m.e.s. Gian Manuel Rau. L’Heure bleue à 20h15 u 19.3. : Série parallèles. CAMERATA ALMA ViVA. Temple Allemand à 20h15 u Du 24 au 28.3. Théâtre du Passage : LE MOCHE, m.e.s. Nathalie Sandoz u 25 et 26.3. : JuLiA. D’après Mademoiselle Julie de August Strindberg, m.e.s. Christiane Jatahy. Spectacle en portugais surtitré en français. Beau-Site à 20h15 u 28.3. : ENSEMBLE CAFé ZiMMERMANN, SOPHiE kARTHäuSER, soprano, CHRiSTiAN iMMLER, basse (JS Bach), piano. L’Heure bleue à 20h15 (Billetterie Arc en scènes) u 31.3. : CARTA DE SAN PABLO A LOS CORiNTiOS. BEETHOVEN, SiNFONíA N°7 de Angélica Liddell. Beau-Site à 20h15 martigny FONDATiON GiANADDA, à 20h, dim à 17h sauf mention contraire (rés. +41 27 722 39 78) u 8.3. : EMERSON STRiNG QuARTET (Bach, Beethoven) u Du 12 au 14.3. : 2H14 de David Paquet, m.e.s. François Marin. Théâtre Alambic à 19h30, le 14 à 19h (rés. & loc. au 027/722.94.22 ou [email protected]) meyrin THéâTRE FORuM MEyRiN (loc. 022/989.34.34) u 3 et 4.3. : kiNG SiZE de et m.e.s. Christoph Marthaler u 4.3. : RENCONTRE AVEC GABRiELE SOFiA. Chanson populaire et neurosciences - Autour de «King Size» u 12.3. : A POSTO – EN PLACE, chor. Ambra Senatore u 19.3. : CARNAGES de François Cervantes, Compagnie L'Entreprise u 21.3. : SHANTALLA u 21.3. : C'EST LE PRiNTEMPS!, Banquet d'équinoxe u 25 et 26.3. : J'Ai COuRu COMME DANS uN RêVE par Les Sans Cou monthey THéâTRE Du CROCHETAN à 20h (loc. 024/471.62.67) u Du 4 au 7.3. : 2H14 de David Paquet, m.e.s. François Marin u 6.3. : JEAN-LOuiS MuRAT, chanson u Du 12 au 15.3. : LES HiSTOiRES D'A – ANDROMAQuE de Jean Racine, m.e.s. d a n t o Alexandre Doublet u 12.3. : LA FACE CACHéE DE LA LuNE par la Compagnie inouïe u 17.3. : ET iL N'EN RESTA PLuS AuCuN d'après Agatha Christie, m.e.s. Robert Sandoz u 20.3. : CiNQ JOuRS EN MARS de Toshiki Okada, m.e.s. yvan Rihs u Du 26 au 28.3. : WHAT ABOuT ORFEO, chor. et m.e.s. Rafaele Giovanola et Christian Duarte u 29.3. : TRiO NOTA BENE, musique (Chausson, Dvorak) u 31.3. et 1.4. : JOSEPH GORGONi DE A à ZOuC montreux Auditorium Stravinski, 20h15 sauf mention contraire (loc. 021/962.21.19) u 13.3. : LE MySTèRE BiZET avec EricEmmanuel Schmitt morges THéâTRE DE BEAuSOBRE à 20h (loc. 024/471.62.67) u Du 3 au 5.3. : CHRiSTELLE CHOLLET u 6.3. : PiERRiC, Magie u 10.3. : NOVECENTO de Alessandro Baricco, m.e.s. André Dussollier et Pierre-François Limbosch u 12.3. : L’ORiGiNE Du MONDE de Sébastien Thiéry u 18.3. : QuARTiER LOiNTAiN d’après Jirô Taniguchi, m.e.s. Dorian Rossel u 19.3. : MOZART GROuP, Humour u 26.3. : NiNA d’André Roussin, m.e.s. Bernard Murat, Théâtre u 28.3. à 19h : LES ENCOMBRANTS FONT LEuR CiRQuE de et m.e.s. Claire Dancoisne, Théâtre neuchâtel THéâTRE Du PASSAGE. A 20h, di à 17h (loc. 032/717.79.07) u 1.3. : CiNéMA APOLLO de Matthias Langhoff et Michel Deutsch u Du 5 au 7.3. : yANN LAMBiEL, m.e.s. Jean-Luc Barbezat, humour u Du 13 au 15.3. : LE PETiT CHAPERON CHiNOiS d'après Marie Sellier et Catherine Louis u 15.3. : iT DANSA, chor. Cat. Allard u 20.3. : AFRikA de et par Eric Bouvron, humour u 22.3. : PAOLO NANi - LA LETTRE u Du 24 au 28.3. : LE MOCHE de Marius von Mayenburg u 27 et 28.3. : GuiTOu de Fabrice Melquiot, m.e.s. Guy Pierre Couleau u 29.3. : CONTES à REBROuSSE-POiL de et par Ariane Racine, conte u 1.4. : EN ATTENDANT GODOT de Samuel Beckett 93 m é m e n t o d'après Agatha Christie, m.e.s. Robert Sandoz u 26.3. : FRèRES DE SANG de et m.e.s. André Curti et Artur Ribeiro u 27.3. : RÖSTiGRABEN d'Antoine Jaccoud, par le Théâtre des Osses u 28.3. : NiNA d'André Roussin, m.e.s. Bernard Murat Salle communale d'Onex Bratsch Les Spectacles onésiens accueillent en mars l’ensemble Bratsch qui, pendant 40 ans, a connu le succès en interprétant toutes les musiques du monde : juives, tziganes, arméniennes et bien d'autres, créant un nomad’s jazz land sans cesse réinventé qui prend toute sa dimension sur scène. ORiENTAL-VEVEy, rue d’italie 22 (rés. 021/925.35.90, www.orientalvevey.ch) u 4 au 15.3 : DERNièRE NOuVELLE DE JuiLLET, de yves Robert, par la Cie Théâtre du Monde, m.e.s. Doris Naclerio. Les musiciens de Bratsch ont hélas décidé de mettre fin à leur belle aventure. Ne manquez pas leurs adieux ! Ils seront à Onex pour leur tout dernier concert avant dissolution du groupe. . Vendredi 20 Mars 2015 nyon 94 uSiNE à GAZ sauf mention contraire (loc. 022/361.44.04) u 5 et 6.3. : RECyCLAGE ET AuTRES PETiTES PHiLOSOPHiES SuSPECTES par Zooscope, spectacle u 18.3. : ELLES FONT FONT QuOi? Par les Bamboches, jeune public u 21.3. : BARRiO OSCuRO, concert u 22.3. : Les Matinales. TRiO WANDERER, CHRiSTOPHE GAuGué, alto (Mendelssohn, Brahms). Grande salle de la Colombière à 11h15 (billetterie : Service culturel Migros, Migros Nyon-La Combe) u Du 24 au 28.3. : ARiANE DANS SON BAiN, Théâtre en flammes, spectacle onex SPECTACLES ONéSiENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99 ou [email protected]) u 3 et 4.3. : LES ROiS VAGABONDS, musique et humour, dès 8 ans u 10 et 11.3. : LE CERCLE DES iLLuSiONiSTES de et m.e.s. Alexis Michalik u 12.3. : ALDEBERT, chanson u 20.3. : BRATSCH u 22 et 25.3. : Récrés Spectacle. ELLES FONT FONT QuOi? Cie les Bamboches, marionnettes, dès 5 ans plan/ouates LA JuLiENNE (loc. 022/888.64.60) u 6.3. : TEOFiLO CHANTRE, Concert u 27.3. : A PORTéE DE CRACHAT de Taher Najib, m.e.s. Laurent Fréchuret, Théâtre pully L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention contraire (loc. 021/721.36.20) u Mardi 3.3. à 20h : Pour L’Art et le Lutrin. TRiO WANDERER. u 6.3. : DiALOGuE WiTH ROTHkO. Chor. et interprétation Carolyn Carlson u 7.3. à 18h : Amdathtra. NuiT Du RAGA. u 11.3. : NOVECENTO d’Alessandro Baricco. Avec André Dussollier u Mardi 24.3. à 20h : Pour L’Art et le Lutrin. QuATuOR MANDELRiNG. u 27 et 28.3. : VOix DES ViLLES. Théâtre musical avec l’ensemble choral «Voix de Lausanne» u 31.3. : COMMENT VOuS RACONTEZ LA PARTiE de et m.e.s. yasmina Reza. sierre THéâTRE LES HALLES (www.theatre-leshalles.ch / loc. 027/452.02.90) u Du 3 au 7.3. à 19h30 : LES HiSTOiRES D’A - ANDROMAQuE d’après Racine, Cie Alexandre Doublet u 11.3. : CARTE BLANCHE à ANTOiNE JACCOuD. Lecture. A l’accordéon : Christian Brantschen u 12.3. : LA FACE CACHéE DE LA LuNE, Cie inouïe. Opération Vadrouilleurs u 25.3. à 19h30 : LE LiON D’ABySSiNiE. Lecture de Luisa Campanile. sion THéâTRE DE VALèRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61) u 6.3. : HuiT FEMMES de Robert Thomas, par la Cie du Projecteur (CH), m.e.s. Jean-Gabriel Chobaz u 12.3. : RADiO TRENET de Jacques Pessis, par l’Atelier Théâtre Actuel (F), m.e.s. Philippe Ogouz u 18.3. : FABuLA BuFFA d'après Dario Fo, par le Teatro Picaro (F), m.e.s. Ciro Cesarano u 24.3. : FRèRES DE SANG de et m.e.s. André Curti et Artur Ribeiro, par la Cie Dos à dos (F-Br) a villars s/gl. Bratsch. Photo © François Junot Billetterie : en ligne g thonon-évian MAiSON DES ARTS, ESPACE MAuRiCE NOVARiNA à 20h30, sauf mention contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org) u 3.3. : SEuLS de et m.e.s. Wajdi Mouawad u 5.3. : SœuRS de et m.e.s. Wajdi Mouawad u 7.3. : LuZ CASAL, chanson u 17.3. : PAPA EST EN BAS de Christophe Roche, m.e.s. Alban Coulaud u 21.3., Evian : ANNE QuEFFéLEC / QuATuOR MANFRED (Busoni, Bach, Haendel, Beethoven) u 24.3. : PETER PAN de James Matthew Barrie, m.e.s. Christian Duchange u 27 et 28.3. : COMMENT VOuS RACONTEZ LA PARTiE ? de et m.e.s. yasmina Reza vevey LE REFLET - THéâTRE DE VEVEy, à 20h, sauf mention contraire (billetterie sur www.lereflet.ch) u 4.3. : LE MiSANTHROPE de Molière, m.e.s. Michel Fau u 6.3. : THE ROOTS, chor. kader Attou u 8.3. : M'ENVOLER de et m.e.s. JeanLuc Bosc u 10.3. : JOSEPH GORGONi - DE A à ZOuC, m.e.s. Pierre Naftule u 13.3. : iT DANSA, chor. Jiří kylián u 14.3. : MiNuS 16, chor. Ohad Naharin u 17.3. : CARNAGES de et m.e.s. François Cervantes u 19.3. : Arts & Lettres. LES FOLiES FRANçOiSES. CHRONiQuES D’uN MuSiCiEN (C.P.E. Bach). Salle del Castillo à 19h30 u 20.3. : ET iL N'EN RESTA PLuS AuCuN e n ESPACE NuiTHONiE, à 20h (loc. Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected], ou Nuithonie: 026 407 51 51) u Du 5 au 8.3. : AVE MARiA de Domenico Carli Acmoser Cie, m.e.s. Anne-Cécile Moser u Du 5 au 8.3. : LiDO ADRiATiCO de Domenico Carli Acmoser Cie, m.e.s. Anne-Cécile Moser u 15.3. : BAL LiTTéRAiRE u 21.3. : LA LETTRE de Paolo Nani et Nullo Facchini, m.e.s. Nullo Facchini u Du 25 au 29.3. : MADEMOiSELLE JuLiE d'August Strindberg, m.e.s. Gian Manuel Rau yverdon THéâTRE BENNO BESSON (loc. 024/423.65.84) u 4.3. : QuARTiER LOiNTAiN de Jirò Taniguchi, m.e.s. Dorian Rossel u 12.3. : HuiT FEMMES de Robert Thomas, m.e.s. Jean-Gabriel Chobaz u 19.3. : SOiRéE iRLANDAiSE par irish& Scottish Music & Dance et Ceòl u 24.3. : RÖSTiGRABEN par le Théâtre des Osses u 25.3. : LA LETTRE de et m.e.s. Paolo Nani u 28.3. : SiNFONiETTA DE LAuSANNE, dir. Alexandre Mayer (Bach, Mozart) u 31.3. et 1.4. : D'ACiER de Sylvia Avallone, m.e.s. Robert Sandoz THéâTRE DE L’ECHANDOLE (loc. 024/423.65.84 ou 024/423.65.89 une heure avant le spectacle u 14 et 15.3. : LES 3 PETiTS COCHONS de Noëlle Revaz u 18.3. : TAC.TAC., chor. youngSoon Cho Jaquet u 27.3. : iAROSS, chanson u Du 31.3. au 2.4.: JE SuiS uN SAuMON de Philippe Avron, m.e.s. Patrick Mohr d a Danse Cirque Musique Théâtre A posto Carnages Shantalla Ambra Senatore Cie L’Entreprise 21 mars à 18h 12 mars à 20h30 19 mars à 20h30 J’ai couru comme dans un rêve Les Sans Cou 25 et 26 mars à 20h forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin Billetterie + 41 22 989 34 34 du lu au ve de 14h à 18h J’ai couru comme dans un rêve © Anne Nordmann Service culturel Migros Genève / Stand Info Balexert / Migros Nyon-La Combe SAISON1415 NOUVELLE PRODUCTION Medea TRAGEDIA EN 3 ACTES LUIGI CHERUBINI DIRECTION MUSICALE MARKO LETONJA MISE EN SCÈNE CHRISTOF LOY CREONTE DANIEL OKULITCH GLAUCE G R A Z I A D O R O N Z I O GIASONE ANDREA CARÈ MEDEA JENNIFER LARMORE NERIS SARA MINGARDO U N C A P I TA I N E D E L A G A R D E R O YA L E A L E X A N D E R M I L E V P R E M I È R E S E R VA N T E M A G D A L E N A R I S B E R G D E U X I È M E S E R VA N T E A H L I M A M H A M D I CHŒUR DU GRAND THÉÂTRE DIRECTION ALAN WOODBRIDGE ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE 9>24.04.2015 WWW.GENEVEOPERA.CH +41(0)22 322 5050 Scènes magazine Case postale 48 CH - 1211 Genève 4 PP 1200 Genève 4 Thomas Dear (Claudio, le mari perfide). Tous, y compris pour la soprano tchèque précitée, avec une élocution exemplaire. Et sans laquelle cette œuvre, qui colle tant à l’ambitus restreint de la prosodie française, ne saurait être. en tournée et à neuchâtel Les Caprices de Marianne Le Centre Français de Promotion Lyrique concocte une nouvelle production destinée à voyager : les Caprices de Marianne. Le lancement solennel revient à l’Opéra de Reims, avant une tournée qui mènera l’opéra jusqu’en 2016 dans une quinzaine de maisons lyriques de France et même de Suisse (Avant-scène opéra, Neuchâtel ; date à déterminer). RESERVE Le choix de l’opéra d’Henri Sauguet (1901-1989) est significatif, qui permet de réunir neuf jeunes chanteurs dans toutes les tessitures. On ne peut aussi que louer l’élection d’un ouvrage rare, dû à un compositeur qui l’est autant. Créé en 1954 au Festival d’Aix, l’opéra n’a depuis lors été repris que de loin en loin. On serait tenté d’y voir une façon de prolongement de Pelléas, dans la déclamation linéaire et certaines couleurs orchestrales ; mais piqué de touches de fantaisie et d’élans de lyrisme, dans une complexité savante. Nul doute que pour beaucoup de mélomanes, les Caprices de Marianne constitueront, en sus d’une découverte, une révélation. Le livret, signé par JeanPierre Grédy, reprend la pièce éponyme de Musset, quelque peu allégée et réécrite pour les voix. Nous sommes donc dans une Naples de fabulation, qui voit se confronter le trio habituel : la femme, l’époux et l’amant. Mais dans une situation déviée, puisque l’amant n’est pas aimé de l’épouse, éprise pour sa part de l’ami, qui lui n’a d’yeux que pour l’amant éconduit. Un marivaudage, comme décalqué du Barbier de Séville, mais aux ressorts déglingués et achevé tragiquement. La mise en scène d’Oriol Tomas sait jouer de ces ambiguïtés, mais sans note forcée, au sein d’une direction d’acteurs précise évoluant dans un joli décor unique, perspective stylisée Le petit effectif de l’Orchestre de l’Opéra de Reims accomplit des miracles de ductilité rutilante, devant une partition qui le met à dure épreuve. Le chef Claude Schnitzler a ici réalisé un travail approfondi, pour servir au plus près un ouvrage qu’il aime, à n’en pas douter, et entend porter au mieux. Un quasi sans-faute, pour un pari qui n’était pas gagné d’avance, et qui augure bien du succès de la tournée prévue. (Prochaines représentations : Opéra de Massy, 5 et 7 décembre ; Opéra de Marseille, 29, 30, 31 janvier et 1er février.) de la Galerie Umberto Ier de Naples, serti de vigoureux et variés éclairages. Les interprètes peuvent alors donner libre cours à leurs talents. Pour la distribution de la soirée de création à Reims, il n’est que de relever une parfaite adéquation, et ce jusqu’au moindre des rôles. Retenons le quatuor principal : la science du legato de Cyrille Dubois (Cœlio, ou l’amant «Les Caprices de Marianne» malheureux), éclatant dans son splendide monologue final ; la colorature éblouissante, et pourtant exigeante, de Zuzana Markova (Marianne), en dépit d’une ligne à la justesse parfois incertaine ; la sûreté d’émission de Philippe-Nicolas Martin (Octave, l’ami de l’amant) ; et la projection sombre et crâne de Pierre-René Serna
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