un gratuit qui se lit N°79 du 19/11/14 au 17/12/14 Politique culturelle Entretien avec Marie-Hélène Féraud ..................................... 5 Les écoles d’art .............................................................6, 7 Festival de Pâques .........................................................8, 9 L’art est-il bourgeois ? ................................................ 10, 11 Droit de réponse du Merlan ............................................... 12 Villeneuve en Scène, Nouveau Théâtre d’Aix ...................................................... 13 Événements Depardon au MuCEM .................................................... 14, 15 Les Rencontres d’Averroès ................................................. 16 Prix Lux Eden Théâtre, Chants de Noël ................................................................ 18 Critiques Danse ..................................................................... 20, 21 Théâtre .................................................................. 22 à 25 Musique ..................................................................26 à 29 Au programme Musique .................................................................. 30 à 35 Théâtre ................................................................... 36 à 50 Danse ..................................................................... 51 à 55 Jeune public ............................................................ 56 à 61 Cirque/rue ................................................................ 62, 63 Cinéma .................................................................... 64 à 66 Littérature Fête du livre d’Aix : Vargas Llosa ........................................ 68 Le phénomène des séries ............................................. 70, 71 La Semaine de la pop philosophie, Risc ............................... 71 Arts visuels ........................................................72 à 78 Où sont les politiques publiques de la culture ? Au sommaire de notre journal, le Festival de Pâques financé par la Banque CIC ; un nouveau théâtre aixois privé ; une élue qui pour défendre l’art contemporain se sent obligée de démontrer son utilité économique. On ne peut que se réjouir du mécénat éclairé qui offre au public des manifestations de qualité. Mais que peut-on attendre lorsque les financeurs de la culture ne sont pas comptables de ses missions de service public ? L’exemple parisien défraie la chronique : la Fondation Vuitton investit dans l’art contemporain. Au Jardin d’acclimatation tout proche de Neuilly, dans l’arrondissement le plus riche de Paris, Bernard Arnault, première fortune française, construit un bâtiment tape-à-l’œil et vide. Pour qui ? Pour faire la promotion de quel luxe ? Il est logique qu’un investisseur privé attende que son argent lui rapporte : les mécènes ne sont plus des aristocrates bienfaiteurs qui s’achètent une conscience esthétique, mais des industriels qui attendent un retour sur investissement. D’ailleurs cet abandon de la culture à des arguments de rentabilisation touristique, d’investissements spéculatifs ou de plus-value d’image sont possibles parce que l’État se désengage. Au ministère, mais surtout en asséchant les dotations des collectivités territoriales, qui ne peuvent que revoir à la baisse ce qui ne relève pas de leurs compétences obligatoires. Or la culture n’en fait pas partie, et le dogme de l’austérité s’applique aveuglément même lorsque les économies opérées sont négligeables, et les destructions conséquentes... Le délitement à l’œuvre impose aujourd’hui la question : où allons-nous en matière de politique publique ? Le ministère de la Culture se réjouit de ne pas subir de réelle baisse en 2015, mais des années de disette et de Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Édité à 32 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008 Directrice de publication Rédactrice en chef Agnès Freschel [email protected] 06 09 08 30 34 Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.) destruction interdisent aujourd’hui d’entamer les indispensables chantiers culturels. En particulier de soutenir l’émergence, et d’en finir avec le centralisme culturel qui a établi une inégalité inacceptable entre la Capitale et la «Province». De doter suffisamment le spectacle vivant pour que le régime de l’intermittence ne soit plus l’unique recours des artistes. De travailler à une démocratisation des écoles d’art et du spectacle. De travailler à une démocratisation des pratiques culturelles. De travailler à protéger notre patrimoine, matériel et immatériel, qui a souffert physiquement des restrictions budgétaires. D’accompagner intelligemment les mutations des modes de lecture, avant que ne meure toute entreprise indépendante de presse1 et d’édition. De soutenir les circuits de diffusion du cinéma d’auteur, de la musique qui cherche, des formes nouvelles... Construire une politique publique, ce n’est pas colmater à la va-vite les brèches d’un bâtiment qui prend l’eau. C’est lui donner un cap, et les moyens de le maintenir. Il nous faut ouvrir des voies vivifiantes et insoupçonnées, et c’est en cela que l’investissement culturel est rentable ! Les mécènes le savent bien... mais quelles que soient leurs intentions, ils ne rempliront pas les missions de service public qui font toute la force de la culture française. Pas celle qui s’exporte avec prestige, mais celle qui nous construit chaque jour. AGNÈS FRESCHEL La Marseillaise est mise en redressement judiciaire. La Provence a perdu près du tiers de ses journalistes et de ses éditions, mais Bernard Tapie entre presque majoritairement dans le capital de Nice Matin, et rachète LCM. Une des missions du ministère de la Culture est de protéger la pluralité de la presse... 1 RetrouveZ Zibeline et vos invitations sur notre site www.journalzibeline.fr Rédactrice en chef adjointe Dominique Marçon [email protected] 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Delphine Michelangeli [email protected] 06 65 79 81 10 Musique et disques Jacques Freschel [email protected] 06 20 42 40 57 Cinéma Annie Gava [email protected] 06 86 94 70 44 Maryvonne Colombani [email protected] 06 62 10 15 75 Gaëlle Cloarec [email protected] Marie-Jo Dhô [email protected] Arts Visuels Claude Lorin [email protected] 06 25 54 42 22 Élise Padovani [email protected] Marie Godfrin-Guidicelli [email protected] 06 64 97 51 56 Livres Fred Robert [email protected] 06 82 84 88 94 Polyvolants Chris Bourgue [email protected] 06 03 58 65 96 Alice Lay [email protected] 06 26 26 38 86 Jan Cyril Salemi [email protected] Maquettiste Philippe Perotti [email protected] 06 19 62 03 61 Directrice Commerciale Véronique Linais [email protected] 06 63 70 64 18 La régie Jean-Michel Florant [email protected] 06 22 17 07 56 Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Dan Warzy, Frédéric Isoletta, Christine Montixi, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Anne-Claire Veluire, Maurice Padovani, Thomas Dalicante, André Gilles 5 «Ça rentre dans l’économie» L’art contemporain à Marseille, pour la première fois, fait l’objet d’une délégation municipale. Cette mission a été confiée à MarieHélène Féraud avec un budget annoncé comme «contraint». Mais pourquoi avoir séparé des missions qui semblent complémentaires ? D’un côté, les musées (dont le MAC), l’École des beaux arts sont sous la responsabilité d’Anne-Marie d’Estienne d’Orves (lire Zib 74), de l’autre, l’art contemporain se retrouve avec l’Opéra et l’Odéon, maisons municipales à gros budget... Z ibeline : Votre délégation comprend l’Opéra, l’Odéon et l’art contemporain, rapprochements surprenants. Pourriez-vous nous préciser votre mission ? Marie-Hélène Féraud : Pour l’Opéra et l’Odéon, on entame une refonte des deux structures sous une même entité administrative. Ça devrait se faire d’ici la fin de l’année. Pour l’art contemporain la délégation n’existait pas, mais le succès de 2013 a montré qu’on pouvait fédérer des énergies diverses pour un même objectif. Je pense qu’au-delà de l’aspect culture, l’attractivité de ce qui se passe autour suscite la venue de touristes sur le territoire. Donc ça rentre dans l’économie d’une ville. Il faut que le public, qu’il soit régional, national ou international, revienne avec plaisir à Marseille parce qu’il sait qu’il va trouver une belle exposition dans un beau lieu. Avez-vous fait une analyse de la situation ? Pensez-vous développer une politique d’ateliers et d’aide aux artistes ? Il y a une concentration d’acteurs des arts plastiques qui est spécifique à Marseille. Pour l’instant on a mis en place un comité d’étude pour cibler les besoins des ateliers d’artistes. Et les rendre visibles ? Oui, il faut qu’il y ait un accompagnement médiatique. On peut créer un prix à l’issue des résidences, qu’il reste une trace dans le Fonds Communal d’Art Contemporain. Et trouver un lieu emblématique. Et montrer d’une jolie façon tout ce qui existe dans les collections du Frac, du Mac qui ne sont pas suffisamment montrées. Qu’en est-il du projet de transplantation du MAC ? Je ne veux pas empiéter sur la délégation de ma collègue qui a en charge les musées. Il avait été envisagé la Vieille Charité. Une étude devrait rendre ses conclusions en fin d’année, on prendra les dispositions qui s’imposent. A mon sens, ça n’est pas le lieu idéal pour la monstration de l’art contemporain, à cause des contraintes architecturales du monument historique. La Friche rénovée et agrandie avait été aussi avancée... Oui, les espaces ont montré qu’on pouvait faire de belles expos, à la Tour Panorama. Certaines formes d’art contemporain sont atypiques, comme Les Pas perdus. Cela fait partie de votre responsabilité ? Je n’ai pas encore fait le tour de toutes les structures. Je me suis donné une petite année pour pouvoir orchestrer tout cela en bonne intelligence. Il y a les événements récurrents qu’il faut aider et encourager, le Printemps de l’art contemporain, Artorama, maintenant Paréidolie. Les Portes Ouvertes Consolat aussi... Ce sont des événements qui attirent des collectionneurs. La première édition Paréidolie a été un très joli succès. Nous avons évoqué essentiellement le domaine associatif, institutionnel et subventionné. Qu’en sera-t-il du privé, du mécénat ? C’est un axe qu’il faut absolument développer, car la conjoncture fait que pour tout ce qui est subventionné ça va être de plus en plus difficile. Pour l’art contemporain et les structures qu’on a évoquées, toutes ces aides au fonctionnement, on tourne autour d’un million d’euros par an, ce qui n’est pas énorme. Certaines structures ont d’ailleurs disparu. Est-il envisagé d’y remédier ? En effet c’est une perte. Mais les institutions ne peuvent pas remédier à tout. On peut envisager à l’avenir des regroupements comme Marseille Expo. C’est bénéfique à toutes les structures, elles gagnent en visibilité. Donc mutualiser. À moyens constants ? On va tout faire pour que ça ne diminue pas et pérenniser. On veut mettre en lumière les structures phares dont on a parlé et ce qui se fait à la Friche avec Triangle, Sextant et plus, Astérides. Les chantiers sont nombreux... L’ancienne poste Colbert ? C’était idéalement placé mais la Poste récupère son lieu. Vous ne leur avez pas proposé une alternative ? Là, cela devient très politique et ça m’échappe un peu ! En tout cas pas de projet d’un établissement neuf ? La ville de Marseille a beaucoup contribué sur beaucoup de rénovations pour 2013. Maintenant la proposition muséale est plus qu’honorable. Sauf le MAC qui n’a pas bénéficié de ce mouvement... La collection est très belle, il faut trouver un espace adapté sans partir dans des budgets conséquents... Entretien réalisé par CLAUDE LORIN Marie Hélène Féraud avec son conjoint Marc Féraud sont collectionneurs d’art contemporain. Ils ont créé en 2009 un espace d’exposition au sein de leur entreprise, Le Box, installé à L’Estaque, appuyé sur un fonds de dotation, le Fonds M-ARCO. Marc Féraud est le Président Directeur Général de la Compagnie Financière de Management (Conseil financier), gérant des Docks de la Delorme (Immobilier), dirigeant de la société TCSI (Container portuaire), de la société Féraud (Holding), de la SCI Féraud (Immobilier). Les époux Féraud sont aussi cofondateurs de Mécènes du Sud. 6 Les Écoles d’art mettent en orbite leur Réseau Le 29 novembre à la Villa Méditerranée à Marseille, pour la première fois, les 7 écoles supérieures d’art de la région Provence-AlpesCôte d’Azur et de Monaco se réuniront à l’occasion d’une journée «portes ouvertes» destinée aux étudiants, aux professionnels, aux entreprises et au public D ébats, tables rondes, échanges avec les présidents et les directeurs… les écoles supérieures d’art font une démonstration de force. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur ces établissements publics d’enseignement et de recherche sera débattu : missions, programmes de recherche diplômant, rapports avec les autres établissements publics d’enseignement, contextualisation à l’échelle locale, nationale et internationale, genèse du Réseau des Écoles supérieures d’art de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de Monaco, actions futures et enjeux. À cette photographie panoramique succèderont des focus qui permettront à chaque école de mettre en avant atouts et spécificités, comme l’unité de recherche Bricologie à Nice, le parcours de formation innovante Écriture et image à Arles ou encore Agora, préfiguration de la dimension internationale de la plateforme numérique et du Fablab Load à Marseille. Le tout agrémenté d’un forum Découverte des programmes pédagogiques, des conditions d’admission et des débouchés professionnels, destiné aux futurs étudiants. Atelier peinture © Villa Arson Une prise de conscience collective Les écoles d’art ont donc décidé de réagir face à la baisse de leurs subventions et à leur manque de visibilité dans le Sud où elles sont implantées ! D’abord en s’unissant, en juin dernier, au sein du Réseau des Écoles supérieures d’art de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et de Monaco ; ensuite en signant une convention annuelle avec le Pôle Industries Culturelles et Patrimoines d’Arles1 chargé de fédérer, conseiller et accompagner leurs projets. Car si toutes sont membres du réseau national ANdÉA2, difficile cependant de rayonner sur le territoire et en France… Ainsi est né ce regroupement piloté par Magdaléna Lataillade, responsable du Réseau au sein du Pôle Industries Culturelles et Patrimoines : «L’idée fondatrice est économique car les écoles ont eu conscience des modifications à venir de la Région suite au désengagement progressif de l’État. Il leur faut dès aujourd’hui trouver des solutions pour continuer à exister : mutualiser certains moyens, structurer le réseau du point de vue juridique, trouver des partenariats privés, se doter d’outils prospectifs comme la création d’un observatoire de l’insertion professionnelle, harmoniser les dates de concours et les offres de formations continues par exemple. Ou encore mettre en place un bureau des affaires internationales pour tisser des liens avec d’autres structures. Cela peut se concrétiser par des bourses, des résidences, des projets communs». Depuis près d’un an, chaque école a appris à connaître l’autre, à croiser différences et atouts communs : «chacune a dû faire le point sur son propre fonctionnement avant de pouvoir jouer collectif sans être en concurrence». Un processus de concertation qui aboutit à la journée L’École de l’art, prélude à d’autres actions communes, à condition de trouver les financements… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI Association créée en février 2007, labellisée PRIDES par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur de 2007 à 2013. 1 Association nationale des directeurs d’écoles supérieures d’art créée en 1995, devenue en 2012 l’ANdÉA, Association nationale des écoles supérieures d’art publiques. Elle fédère la totalité des 46 écoles supérieures d’art publiques en France. 2 Programme détaillé sur www.industriesculturelles-patrimoines.fr 7 Une histoire d’hommes Rémy Fenzy, directeur de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles : «L’école est sur un redéploiement architectural et pédagogique. C’est précisément dans ce cadre qu’il nous paraît fondamental de pouvoir nous organiser avec nos semblables, d’où cette envie de collaborer, de créer des ateliers particuliers et spécifiques selon chaque stratégie d’établissement en région. Par exemple, la scénographie à Monaco, ou plutôt les scénographies car elles touchent les expositions comme le théâtre ; à Toulon, c’est le design et le design d’espace en particulier ; s’agissant d’Aix, il s’agit de la robotique, et à Marseille du design et des pratiques artistiques multiples. À Arles, nous avons un projet, la photographie. C’est à la fois très simple et très compliqué car nous sommes les seuls en France ! En fait, pour nous enrichir du savoir faire des autres, il faut absolument engager des collaborations dans le cadre du Réseau. Par le passé il existait L’Age d’or aux objectifs et à la finalité moins clairs qu’aujourd’hui : si on crée un dispositif comme celui-ci, c’est au bénéfice des étudiants. Il faut que ceux qui sortent de Arles puissent goûter à d’autres pratiques artistiques qui supposeraient une application photographique et, inversement, que des étudiants sortant d’autres établissements puissent goûter à la photographie. À notre échelle, ce type d’engagement est fondamental, d’autant que la région Paca est celle qui imbrique le plus d’écoles d’art. Arles part pour être la cheville ouvrière, car c’est précisément parce qu’il y a ce sentiment de solitude que l’on a besoin, vitalement, de partenaires engagés dans l’enseignement de l’art. Et les partenaires les plus proches sont nos complices, nos amis. C’est une histoire d’hommes. On veut faire connaître à tous les acteurs, privés et entreprises compris, combien les écoles d’art sont précieuses pour le territoire». S’unir pour résister Jean Mangion, directeur de l’École supérieure d’art et de design Marseille-Méditerranée : «Le Réseau n’est qu’un début. J’ai déjà lancé la Conférence des structures d’enseignement artistique et culturel de la région Paca. Ces deux réseaux se sont montés parallèlement, mais le premier est limité aux écoles d’art alors que la réalité du paysage, au regard de nos partenaires financiers que sont l’État, la Région, éventuellement le Département, prend en compte l’ensemble des structures qui font de l’enseignement artistique et culturel. C’est l’École nationale de danse, Rosella Hightower, l’ERAC, etc. J’ai pris la présidence de la Conférence régionale et j’espère que le Réseau s’y associera car la force de nos structures c’est de se regrouper ! Je vois mal comment il ne peut pas évoluer vers une entité plus vaste, comme il en 1 réseau, 7 écoles y Villa Arson - École nationale supérieure d’art de Nice / ENSAN (seul établissement intégré à un centre d’art) nationale y École supérieure de la photographie d’Arles / ENSP y École supérieure d’art et de design MarseilleMéditerranée / ESADMM y École supérieure d’art d’Aixexiste dans plusieurs grandes régions françaises. Mon souhait est de nous unir pour peser face à nos interlocuteurs régionaux, départementaux et même locaux, identiques pour les structures d’enseignement en arts visuels, en théâtre, en danse ou en musique. Nous avons tous les mêmes problématiques et les mêmes sources financières. Face à l’État et à nos partenaires financiers, il faut que ces deux réseaux se jumellent, autrement nous serons faibles. C’est mon espoir et mon sentiment : cela ne peut pas s’arrêter là, il en va de notre avenir. Comme dans toute guerre, si vous êtes dispersés vous êtes moins forts que lorsque vous êtes unis. Il faut que nous allions plus loin». La nouvelle publication de l’ESADMM, Muet, premier cahier de dessins d’une collection, sera présentée le 21 novembre au FRAC en-Provence / (ESA Aix) supérieure d’art et y École de design Toulon Provence Méditerranée / ESADTPM supérieure d’art y École d’Avignon / ESA Avignon y Pavillon Bosio, Art et scénographie, École supérieure d’arts plastiques de la Ville de Monaco /ESAP 8 Le Festival de Pâques est né d’une rencontre entre un grand musicien, le Président d’une grande banque, le Directeur d’un grand consortium théâtral... Trois têtes, la recette d’une réussite ? D ès 2012, les bases du «projet écrit et chiffré» étaient posées : Renaud Capuçon assure la direction artistique, le Président du Crédit MutuelCIC Michel Lucas fournit les fonds nécessaires et le Directeur du jeu de paume et du GTP, Dominique Bluzet, gère l’exécution des projets. Un an plus tard à peine, la première édition du Festival de Pâques est un succès, amplifié l’année suivante : en 2014 on compte 15 663 entrées et un taux de remplissage de 83,5% pour aller écouter ce qui se fait de mieux au Walhalla de la musique classique. Zibeline : Quels sont les buts que vous poursuivez avec le Festival de Pâques ? Dominique Bluzet : Les buts ne sont pas les mêmes pour chacun des partenaires. Renaud Capuçon par exemple peut réunir ses amis et jouer avec les plus grands musiciens du monde. Le CIC poursuit son partenariat traditionnel avec la musique classique. Mais ce festival part d’une idée formidable, car une telle proposition de programmes de très haut niveau n’existait pas en France à cette période : elle complète l’offre aixoise, forte de son Festival lyrique et de ses outils que sont ses théâtres, le nouveau conservatoire, sa cathédrale... Aix-en-Provence devient «la» référence, la grande ville musicale en France. Quel est l’intérêt du partenariat avec le groupe CM-CIC ? Ce n’est pas une simple relation de mécénat. Le partenariat va au-delà de l’argent. C’est une relation de complicité, de confiance «affectueuse (Michel Lucas détesterait ce mot-là !) et surtout il nous ouvre un réseau, ses clients, des supports de presse comme Les Échos ou Radio Classique, TGV ou Air France magazines... Est-ce la volonté d’un homme ou d’un groupe bancaire ? Ce que je peux dire c’est que sans Michel Lucas ce ne serait pas possible ! Cependant au CIC on affirme : «la musique classique c’est notre truc !». Vous avez vu dans notre vidéo de promotion combien un «banquier» peut avoir de l’humour ! À combien s’élève le financement du festival ? On ne communique pas là-dessus, car tout chiffre en France est disséqué et cela peut avoir des conséquences négatives*. On évite tout ce qui peut faire polémique. Combien de projets sont tombés à l’eau à cause d’attaques, de revendications remettant en cause les sommes destinées à la culture ! Depuis la génération Mitterrand, la culture est sortie du champ des valeurs des politiques qui n’ont plus, pour la plupart, de rapport à la littérature. Faire comprendre aujourd’hui combien la dépense culturelle est légitime, que c’est un outil central de développement, même économique, est difficile. Autrefois le «fait du prince» était glorieux ; aujourd’hui on est dans la remise en cause de toute forme de pouvoir ! Nous sommes le seul festival en France à ne pas vivre de financement public. C’est un choix et une volonté de CM-CIC. Il est hors de question de demander des subventions ! Seule la ville d’Aix se mobilise en termes de communication : c’est une chance pour elle. Et qu’en est-il de Marseille, si proche d’Aix et dont les habitants composent une bonne part du public du festival ? Aix et Marseille ne font pas qu’un : c’est identitaire ! Et la relation d’Aix avec la musique classique est une évidence. En matière de développement extérieur nous envisageons plutôt la communauté du Pays d’Aix. Y a-t-il une politique tarifaire, car on associe l’événement à un certain «élitisme» et donc à des prix élevés. Les prix sont les mêmes que durant la saison du GTP. Ils s’échelonnent de 8 euros pour les enfants à 66 euros pour le tarif plein. Il y a des tarifs sociaux et des places «dernières minutes» à 10 euros, de nouvelles formules d’abonnements : «Week-end de Pâques», «3 jours à Aix»... Un festival de ce niveau est-il un outil en matière d’éducation pour un territoire ? Oui, les master-classes, par exemple, ouvertes au public réunissant parfois 300 ou 400 personnes sont très appréciées. C’est instructif de voir un artiste au travail ! Sait-on le pourcentage de public venant de l’étranger ou hors-région ? Nous œuvrons dans ce domaine. 15 à 20% du public provient d’en dehors de la région. Notre objectif est d’atteindre un pourcentage de l’ordre de 50% d’ici 5 à 6 ans (25 à 30% d’étrangers et 25 à 30% hors-région). Nous ciblons des pays comme la Suisse, l’Allemagne (avec Arte), l’Angleterre, des villes telles que Lyon et Paris, mais aussi Montpellier, Grenoble ou Nice. On vous surnomme le «grand manitou» : quel est donc votre rôle ? Je m’occupe de la réalisation concrète. Je suis «celui qui fait», c’est devenu une seconde nature. On a acquis à Aix un savoir-faire avec l’équipe qui alterne entre une «course de fond» pour la programmation de la saison et un «sprint» à Pâques. Cependant c’est une course de tous les instants comme le prouvent nos conversations téléphoniques quotidiennes avec Renaud (voir la vidéo sur www.journalzibeline.fr). * dans un entretien aux Échos, Dominique Bluzet évoquait un budget voisinant 3 millions d’euros : 80% fourni par CM-CIC & 20% par la billetterie (NDLR) 9 Renaud Capuçon, Dominique Bluzet, Michel Lucas © Caroline Doutre A u groupe Crédit Mutuel-CIC, la communication est protégée. Ainsi pour interviewer son Président nous devons passer par un «filtre». Impossible de savoir, par exemple, à combien s’élève l’enveloppe financière (la valise : voir la vidéo sur www.journalzibeline.fr) allouée au Festival de Pâques. Pour mémoire, le groupe est la deuxième banque de détail en France avec plus de 13 millions de clients (près de 30 millions dans le monde) et affiche un PNB de près de 15 milliards d’euros, soit de l’ordre de pays comme le Cameroun ou la Bosnie-Herzégovine. Quel votre rôle spécifique dans l’équipe Capuçon-Bluzet-Lucas ? CM-CIC : Le groupe CM-CIC, fondateur du festival, en est l’unique partenaire financier. Quels sont les buts et objectifs du festival ? Le but est que le festival de Pâques devienne une référence musicale en Europe. C’est aussi faire découvrir ou mieux connaître la ville et la région et participer ainsi à son développement culturel et économique, dans le droit fil des valeurs de la banque. Quelles sont les évolutions envisagées en matière de pérennité du festival ? Le groupe s’est, dès le départ, engagé pour 5 ans. Le festival doit offrir une programmation de haute qualité, s’ouvrir à de nouveaux publics avec une tarification très accessible, et investir de nouveaux lieux. Un commentaire sur le film promotionnel où l’on voit Michel Lucas ouvrant une valise de billets qui est acheminée vers le Grand Théâtre de Provence ? Il s’agit d’une valise de billets de spectacles et non de banque ! Un ordre de grandeur de la «valise» ? Nous respectons un principe : nous ne communiquons jamais sur nos budgets de partenariat. A u fil de l’année, Renaud Capuçon pose parfois son précieux «Guarnieri» pour établir le programme musical du Festival de Pâques, choisir les artistes, les œuvres jouées... Au sein du trio, il est le Directeur Artistique. Quels sont les objectifs du Festival de Pâques ? Faire partager à tous notre passion pour la musique, faire découvrir des musiciens pas forcément connus du Pays d’Aix, aussi bien des stars que de jeunes artistes, profiter du cadre magique de la ville d’Aix. Que retenir de la programmation 2015 ? Nous aurons la chance d’accueillir des pianistes de légende : Martha Argerich, Menahem Presler, Krystian Zimermann, Maria João Pires. Une Messe en si de Bach avec John Eliot Gardiner, la 2e symphonie de Mahler avec l’Orchestre Gustav Mahler et 200 musiciens sur scène. La création française du Concerto de Wolfgang Rihm que je jouerai, un Carnaval des animaux festif, les textes lus par Guillaume Gallienne… Quel avenir ? Nous voyons l’avenir sur de nombreuses années. Nous sommes encore un jeune festival, nous avons encore plein de choses à inventer, imaginer... Et votre place d’artiste ? Je suis clairement violoniste, mais pour ces quinze jours de l’année, j’incarne vraiment le Directeur Artistique du Festival en accueillant les artistes et en faisant en sorte qu’ils se sentent chez eux à Aix. Entretiens réalisés par JACQUES FRESCHEL 10 L’Art est-il bourgeois ? . .ou par qui et pour qui est fait le spectacle vivant P eu rentables, les arts vivants échappent généralement à la spéculation à l’œuvre dans les arts plastiques. Mais par qui sont-ils conçus ? Enfants de cadres et d’intellos Si de nombreuses études sur le public existent, celle sur la provenance sociale des artistes et des programmateurs sont rares. Mais il est probable que l’origine sociale des artistes recoupe en partie celle des étudiants en art, telle qu’elle apparaît dans une enquête de 2013 menée par l’Education Nationale. On constate que les écoles supérieures d’art accentuent la ségrégation sociale à l’œuvre pour l’ensemble des étudiants français. Les enfants d’ouvriers et d’employés qui font des études sont très peu nombreux, et ils font des choix d’études spécifiques (social, commerce et paramédical), qui ne comprennent pas les études artistiques. ne sont pas issus de l’immigration, mais Africains. En revanche l’absence des femmes dans le spectacle vivant est aisée à constater. Le dernier recensement est celui opéré par la SACD (voir Zib 78), qui prend pour panel la totalité des établissements nationaux pour la saison en cours, et le résultat est accablant : 78% de metteurs en scène, 74% de chorégraphes hommes, 83% de solistes instrumentaux, 96% de chefs d’orchestres, 99% des compositeurs, 81 % des auteurs sont des hommes ! Des «bourgeois» prolétarisés Le rapport parlementaire de Jean-Patrick Gilles en 2008 (www.assemblee-nationale.fr/14/rap-info/ i0941.asp) mettait en lumière la précarité des professions artistiques. Nécessitant de longues études, elles débouchent sur des professions nettement sous-payées, et une précarité d’emploi qui caractérise le secteur. Les artistes, étant donné la faiblesse globale de leurs rémunérations, exercent un autre métier (enseignant), ou peuvent s’appuyer sur une famille, qui les loge, leur laisse des biens. Ils sont donc pour la plupart pauvres, mais issus de milieux aisés. Il est à noter aussi que les écarts de salaires sont stupéfiants, et que certains artistes du spectacle vivant sont très riches. Par ailleurs, la réussite d’un artiste dépend aussi de la richesse de son réseau et de la notoriété de son nom : on ne peut que constater aujourd’hui le nombre important de fils et filles d’artistes sur les scènes ou les écrans. Ces ségrégations ont des effets, sur le public et sur les œuvres. Composition du public Des hommes, «blancs» Parler de diversité dans le spectacle vivant se heurte à un obstacle : rien ne recense notre origine «ethnique» ou nationale. Si on peut constater qu’il y a peu d’Arabes sur les scènes de France, il est illégal de les comptabiliser. Une disposition protectrice, mais qui rend difficile le dénombrement. Pourtant l’enquête Trajectoire et origine qui s’est penchée sur la «diversité» des français (www.ined.fr/fichier/s_ rubrique/19558/dt168_teo.fr.pdf) établit que les enfants d’immigrés et de natifs de DOM sont très majoritairement enfants d’ouvriers ou d’employés, donc peu probablement artistes. D’ailleurs, on peut noter que les Noirs présents par exemple durant cette saison aux Salins (Martigues) ou Pavillon Noir (Aix) Les études sur la typologie du public du spectacle vivant ne manquent pas : on sait que le «non public» est majoritaire (51% ne sont pas allés au spectacle durant les 12 derniers mois), que le «public occasionnel» (qui est sorti au spectacle vivant 1 à 2 fois dans l’année) représente un tiers de la population, et que parmi ceux-ci la moitié vont voir des spectacles d’amateurs parce qu’ils connaissent quelqu’un qui joue. (source MCC.DEPS année 2008) On sait aussi que le public populaire, en dehors des représentations scolaires, est très rare. L’enquête de 2008 du ministère de la Culture dresse un tableau détaillé des publics et répond à la question «Êtes vous allés au cours des douze derniers mois à un spectacle de...» pour 100 personnes interrogées dans chaque catégorie 11 Source : Enquête Pratiques culturelles des Français, 2008 - DEPS ministère de la Culture et de la Communication On voit que la fréquentation des spectacles et concerts dépend très fortement du niveau de diplômes, et de la catégorie socioprofessionnelle. Les études sur les origines «ethniques» des spectateurs en revanche n’existent pas pour la raison légale évoquée, mais les Arabes et les Noirs sont visiblement très rares dans les salles de spectacles. Les causes du rejet Quelles en sont les raisons ? Le prix des places y a une part : chômeurs, employés, ouvriers assistent plus volontiers à des spectacles gratuits, et les arts de la rue sont moins clivants que les autres domaines du spectacle vivant. Mais les arguments avancées par les classes populaires pour ne pas aller au théâtre ne sont pas celles-ci, mais un «ce n’est pas pour moi». Peur de ne pas comprendre ? L’absence de représentation des classes populaires sur les scènes, pourrait expliquer que le public ne soit pas intéressé, ne s’y sentant pas représenté. La réponse est cependant à nuancer : le hip hop, le rap rassemblent des publics plus divers mais les festivals de Théâtre arabe intéressent peu les publics issus de l’immigration. Une metteur en scène Franco Ivoirienne comme Eva Doumbia, lorsqu’elle fait jouer des femmes noires sur la condition Afropéenne à la Criée, rassemble un public un peu plus mixte, mais majoritairement blanc. Mais lorsqu’une chorale amateur de femmes comoriennes intervient dans un spectacle sur l’histoire des Comores (Kara, une épopée comorienne, de Salim Hatubou, joué à la Friche), de nombreuses familles comoriennes sont dans la salle. Les œuvres populaires «Tout ce qu’ils nous donnent, c’est des idées pour nous endormir.» Il s’agit d’examiner cette phrase prononcée par un Parisien de 28 ans lors des émeutes de 2007 à Villiers-le-Bel. Les spectacles vivants que «nous» présentons sur nos scènes sont-ils faits pour «les» endormir ? Si la réponse est certainement négative pour le spectacle vivant public, l’affirmation que la culture vient d’un «ils» (les artistes ? Les écrivains?) vers un «nous» (le peuple ? les pauvres ?) est claire tout autant que son rejet est grand. Face à cet art vivant fait par une élite intellectuelle masculine issue de catégories socioprofessionnelles supérieures, faire un constat d’échec de la démocratisation culturelle est facile, mais inexact. D’une part parce que l’élargissement sociologique progressif du public est une réalité, d’autre part parce que le public du spectacle vivant est de plus en plus nombreux. Une des réponses fréquentes à ce constat d’un art clivant sociologiquement est de proposer des œuvres que l’on juge «populaires». Mais le sens de ce mot est très variable : il se confond parfois avec des propositions bénéficiant d’une notoriété médiatique. La question d’un art populaire au sens de fait par des artistes issus de la «diversité» est rarement posée, à l’exception de la musique (musiques du monde, rap, slam, rock) ou de la danse hip hop. Par ailleurs l’intégration dans les spectacles professionnels de groupes amateur, en particulier de chorales, prouve que ces questions préoccupent les artistes. De même que les spectacles participatifs, qui sont co-écrits et/ ou co-interprétés par des volontaires amateurs non constitués en groupes. Ouvrir les portes Reste ouverte, et la perspective est passionnante, l’idée d’un spectacle vivant qui, fabriqué par tous, représenterait d’autres problématiques. Sans tomber dans l’essentialisme, il est à parier que des artistes femmes, des artistes différents par leur origine sociale ou par leur culture métissée, parleraient autrement, et inventeraient les nouvelles formes qui découlent de nouveaux propos. Et pas seulement dans les marges du hip hop ou du rap. Il s’agit de fabriquer un art populaire qui ne soit pas mineur, ni pauvre par ses formes, qui ne soit pas non plus désintégré par son intégration dans la Haute Culture... AGNÈS FRESCHEL 12 La scène nationale du Merlan a souhaité réagir à un article paru dans notre édition précédente. Nous lui ouvrons donc nos colonnes, et répondons par quelques précisions Droit de réponse A près lecture de votre article paru dans le n°78 de Zibeline intitulé «Les problèmes du Merlan» et sans remettre en cause votre liberté d’opinion et d’expression, l’équipe du Merlan souhaite pouvoir rectifier dans vos pages des inexactitudes concernant sa programmation en cours et le public qu’elle est censée concerner. Vous vous demandez si le Merlan, en attente de sa nouvelle direction, a bien une saison», mentionnant «quelques dates et une création de François Cervantes». Outre, en effet, cette Épopée du grand Nord sur laquelle cet artiste travaille depuis plusieurs mois, la saison 2014/2015 du Merlan (programmée par Nathalie Marteau et Jean-Marc Diebold avant leur départ) compte 10 autres créations, dont trois 1ères. Ce soutien à la création, axe essentiel de l’action du Merlan, se concrétise surtout dès la genèse des projets des artistes : accompagnement en coproduction (12 en 2014/2015), accueils en résidence de répétition ou de recherche. Nous pouvons également nous réjouir d’accueillir, entre autres, Vader de Peeping Tom ou encore The roots de Kader Attou – Cie Accrorap. Citons aussi des partenariats importants et surtout pérennes avec les festivals Actoral, Dansem, Parallèle, Groove 13 et la nouvelle Biennale Internationale des Arts du Cirque. En tout Le Merlan propose 48 représentations. S’y ajoute une trentaine d’autres rendez-vous faisant partie des actions artistiques gratuites et ouvertes au public : ateliers, stages, projets participatifs et éducatifs, répétitions générales, restitutions de travail de compagnies en résidence (Camille Boitel, Carole Errante, Gustavo Giacosa, Edith Amselem...). Vous écrivez que les formes que nous proposons «n’intéressent à peu près Précisions de la rédaction plutôt ceux qui sont satisfaits, et ous remercions à notre tour que les professionnels présents s’en l’équipe du Merlan pour N abstiennent : si 316 spectateurs ont l’attention qu’elle porte à Zibeline et à ses articles, et pour la reconnaissance qu’elle a de notre travail. Nous tenons cependant à préciser plusieurs choses. L’enquête «public» qui est citée a été réalisée dans les conditions d’un stage. C’est un travail précis et aux conclusions bien tirées, mais qui porte sur le dépouillement de 316 questionnaires, recueillis lors de 4 spectacles seulement. En tirer des conclusions sur la composition générale du public du Merlan est peu prudent : ainsi les 0,3% d’ouvriers représentent par exemple 1 seul spectateur. On sait par ailleurs que dans les enquêtes de satisfaction, seuls certains «profils» de spectateurs répondent, en général répondu parmi les 2143 personnes présentes lors des 10 représentations retenues, ils ne sont sans doute pas représentatifs du public d’une saison du Merlan, et un sondage diligenté par une scène nationale devrait reposer, après cette enquête rapide, sur un échantillon plus large, avec des outils de pondération sérieux. Par ailleurs, nous n’avons jamais remis en cause l’équipe du Merlan : travailler pour cette scène nationale située au cœur d’arrondissements pauvres et délaissés est particulièrement difficile. Les actions artistiques auxquelles il est fait référence, l’attention particulière portée à la création, la capacité de construire des partenariats au long cours avec que le public professionnel». Nous invitons à consulter nos dernières statistiques de fréquentation (www. merlan.org/lannexe/detail/etudepublic/). Nous nous prévalons d’un public fidèle, et sûrement l’un des plus jeunes des scènes nationales : 40% de notre public a moins de 35 ans, et 20% provient des 4 arrondissements du nord de Marseille. Nous ne considérons pas ces pourcentages comme suffisants, mais ils ne méritent pas, pourtant, de ne pas être mentionnés. Merci, enfin, à vous, et à votre équipe pour ce droit de réponse et le travail que vous menez courageusement pour diffuser la culture et les cultures sur Marseille et son territoire. JEANNE-VALÉRIE HELD, directrice du pole public et communication le Merlan, scène nationale à Marseille les manifestations accueillies en ses murs, sont effectivement un des traits caractéristiques de la programmation, précieuse, de la scène nationale. Et c’est parce que nous considérons le Merlan comme indispensable et précieux, que nous avons déploré le petit nombre de spectacles programmés en 2014 : une vingtaine de représentations entre janvier et juin dans la salle, puis cinq soirées proposées entre octobre et décembre, dont deux par Actoral et une par Dansem... Si à partir de janvier la programmation redémarre effectivement, la pauvreté de l’année qui s’achève est indéniable, et la presse est en droit, voire en devoir, de le constater. AGNÈS FRESCHEL, Zibeline 13 Nomination en rétropédalage Le recrutement «à trous d’air» du directeur artistique de Villeneuve en Scène crée la polémique A près moult rebondissements, on sait qui remplacera Frédéric Poty, directeur artistique du festival des théâtres en itinérance depuis 2004, candidat malheureux à sa propre succession, pourtant seul à passer le 2nd tour parmi les 5 en lice. Si le nom de Catherine Dan, directrice de la Chartreuse -bien que non candidate et membre du jury de sélection- a émergé fin octobre, l’intéressée a finalement décliné. C’est donc Brice Albernhe, qui a monté les Nomade(s) de la Scène de Cavaillon puis fut responsable du spectacle vivant au CG 74, qui donnera «le nouvel élan» désiré par la ville et sa régie autonome (interne depuis juillet). «Je me veux continuateur du festival dont le cadre forain restera la base», rassurait-il le 6 nov lors de sa nomination surprise, souhaitant élargir aux Arts de la rue et à la danse, re-questionner l’accueil des compagnies (qui jouent à la recette), développer les synergies avec le In, le Off, et la Chartreuse. Si ses compétences sont indéniables, on peut néanmoins s’interroger sur le repêchage d’un candidat resté à la porte du 1er tour, alors que Frédéric Poty était prêt à rempiler. «Sur la polémique de recrutement, on peut imaginer qu’il y a eu des trous d’air, mais je ne suis pas là par hasard, se défendait le nouveau directeur, je connais mon travail !» Mais pour F. Poty, si «le divorce est consommé», «la procédure démocratique de l’appel d’offres» reste indigeste. Il a lancé une pétition en ligne (sur mesopinions.com) «pour des procédures de nomination transparentes». «Et pour dénoncer le comportement de la régie. On m’a poussé dehors !» clame-t-il, outré, autant que les tutelles qui risquent de «retirer leurs billes», selon lui. Lorsque Jean-Marc Roubaud, maire de Villeneuve-lez-Avignon, lui annonçait en juin qu’un recrutement s’engageait suite à de «nombreuses demandes», F. Poty a joué le jeu «pour formaliser [son] poste». Mais pour le maire «ses exigences ont fait qu’on n’a pas pu continuer à fonctionner avec lui». Ce que conteste l’intermittent éconduit : «J’ai juste posé la question de la rémunération sans en faire une clause finale.» Une éviction due aux prétentions salariales, à une esthétique trop resserrée centrée sur des équipes artistiques peu renouvelées, à une difficulté à collaborer avec les festivals voisins ? La nomination reste opaque, même si J-.M. Roubaud l’a ainsi clarifiée : «Je ne voulais pas nommer un directeur dans le secret de mon bureau, d’où l’idée d’organiser un jury consultatif pour la désignation. Mais c’était une aide à la décision, pas un appel d’offres. La page est tournée.» Pour F. Poty aussi, qui alerte cependant : «Il n’y a plus d’archives, pas de programmation, pas d’équipe, pas de passation, pas de subventions demandées. Ils repartent à zéro. C’est ubuesque !». Avec le risque de voir ce festival international redevenir une manifestation municipale. DELPHINE MICHELANGELI www.villeneuve-en-scene.com Un nouveau théâtre à Aix A ouvert ses portes le 14 novembre un nouveau théâtre, le Théâtre d’Aix. On ne peut que se réjouir en des temps moroses pour le spectacle vivant, de l’apparition d’un nouveau lieu, porté par l’expérience du Piccolo théâtre et le dynamisme militant de Denis d’Antoni. Ce théâtre de trois cent quatre-vingt places offre une programmation éclectique de qualité, musique, cirque, danse, théâtre, du plus classique à la création contemporaine. À cela ajoutez une école d’acteurs de théâtre et de cinéma qui en quatre ans prépare les artistes à la vie professionnelle, leur offrant le théâtre comme première scène. La programmation ne projette pas moins d’un spectacle par semaine, multipliant les registres. Fort de l’expérience de ses maîtres, Ariane Mnouchkine et Jean Périmony, accompagné pour la programmation musicale par l’expert qu’est Hubert Woringer, dont on connaît le talent (Duo KW) et la bienveillante clairvoyance (Festival autour des Claviers), Denis d’Antoni dirige ce lieu magique tout en conservant le Piccolo théâtre. On aura le bonheur d’entendre Julien Brocal (Zibeline 31) et son piano inspiré, interpréter Chopin et Beethoven ; On applaudira un petit bijou, J’ai tué Maurice Thorez, interprété par Gilles Ascaride et Gérard Andréani : un homme d’une soixantaine d’années demande à être jugé pour le meurtre de Maurice Thorez. Impossible direz-vous, il s’est éteint de sa «belle mort». Mythomanie ou vérité ??? Problématique artistique s’il en est. On s’attache aux classiques contemporains avec Les règles du savoir-vivre dans la société moderne de Jean Luc Lagarce dans une mise en scène de François Thomas, puis on passe au quasi-mime avec le cruel, burlesque et poétique Monsieur et Madame O de La Volga et la Cie MMO. On peut se demander comment le Théâtre d’Aix -initiative privée qui ne compte pas demander de subsides publics, mais vivre de ses recettes et de l’investissement de la banque Martin Maurel-, pourra trouver un équilibre et remplir sa salle, dans un pays d’Aix qui ne manque pas de scènes et de propositions, musicales comme théâtrales. Le Théâtre d’Aix va-t-il devenir incontournable ? c’est ce que nous pouvons lui souhaiter ! MARYVONNE COLOMBANI À venir J’ai tué Maurice Thorez les 22 et 23 nov Les règles de savoir-vivre dans la société moderne les 29 et 30 nov Monsieur et Madame O les 5 et 6 déc Récital de piano Julien Brocal le 12 déc Le Théâtre d’Aix 04 42 33 04 18 www.letheatredaix.fr 14 À Marseille Raymond Depardon hisse les couleurs au MuCEM, et révèle son regard humaniste de photographe, et de cinéaste Penser en couleurs Un moment si doux consacre l’œuvre photographique en couleur P résentée à Paris au Grand Palais en 2013, l’exposition fait escale au MuCEM enrichie de 40 clichés dont 23 réalisés cette année à Marseille. En deux volets et 137 photographies, le parcours sélectif et ouvert à la fois s’ouvre avec Les années déclic mêlant reportages et sujets plus personnels, des débuts à l’âge de seize ans (l’autoportrait au scooter), aux J.O. d’Albertville, la campagne présidentielle de Nixon de 1968, les réfugiés touaregs, le Chili un an avant Pinochet, Beyrouth (1978/1981), la série commandée par Stern sur Glasgow (1980) qui n’avait jamais été publiée, la plus sombre aussi. Rouge «Je chargeais mon appareil photo avec un film couleur, mais je ne pensais pas en couleurs.» Ce sera grâce à une commande de la DATAR sur le paysage en France dans les années quatre-vingt, que la couleur, présente pourtant dès ses débuts, devient évidente pour Raymond Depardon. Elle s’impose comme un médium à même de rendre compte de la vérité du moment. Exit le noir&blanc. Le photoreporter a désormais cédé la place à l’observateur bienveillant, poursuivant la longue lignée des photographes humanistes. Le second volet, Un moment si doux, emprunte son titre à un lot d’archives en couleurs ressorties récemment et à l’origine de l’exposition parisienne. De très beaux et grands formats, des carrés élégants constituent un ensemble plus récent et composite. Les images racontent des bribes d’histoires captées en différents pays, dont certaines scènes semblent se répondre d’une rive à l’autre à travers une attitude, une ombre, la lumière, et, à bien y regarder, la couleur rouge comme un fil involontaire dont l’origine remonterait au tracteur familial pour ressurgir ailleurs, dans un instantané en Ethiopie, à Nice ou Marseille. Un beau livre (éditions Xavier Barral) évoque les rivages et les habitants du pourtour méditerranéen, mêlant cette fois clichés noir et blanc et couleur, pour rapprocher Alger, Naples ou Alexandrie et Marseille, ville «monde» de laquelle Raymond Depardon appareilla pour son premier reportage. Marseille, qui apparaît captée en quelques jours loin des clichés touristiques mais aussi des photographies tragiques de ses misères : la pauvreté est là, le cosmopolitisme, mais transcendés par un sourire, une mère qui offre une glace à la fraise, une jeune femme qui retouche son maquillage dans le reflet d’un tabac, une autre portant voile avec son compagnon, face à la mer. CLAUDE LORIN Raymond Depardon, Un moment si doux jusqu’au 2 mars MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org Harar, Éthiopie, 2013 © Raymond Depardon - Magnum Photos 15 Depardon cinéaste «R aymond est autant cinéaste que photographe. Dès qu’il a un moment, il roule du nord au sud pour photographier la France. Moi, le camping-car, c’est pas mon truc» nous dit Claudine Nougaret, collaboratrice et épouse de Raymond Depardon. Sauf que ce n’est pas seulement leur pays que le couple montre dans le documentaire pourtant appelé Journal de France. On y retrouve des situations politiques instables en Afrique, continent qui tient à cœur à Depardon. La France est elle-même filmée dans sa violence sociale... puis elle disparaît, on retrouve de simples prises de vues de villes, de paysages, d’interactions au tribunal... Raymond Depardon s’adresse directement au spectateur, expliquant sa manière de filmer et de photographier particulièrement méticuleuse ; et Claudine Nougaret analyse son style en voix off, contextualise sa filmographie. Car Journal de France est une tentative de dévoilement d’un travail que le public connait mal. On y retrouve également des bribes de films censurés du temps de Giscard, et des images plus fantasques lorsque Claudine Nougaret est elle-même filmée : ce premier film cosigné du couple Depardon-Nougaret est touchant et simple... Douleur quotidienne Nelson Mandela qui se recueille. L’Ethiopie et sa civilisation, loin des clichés d’un pays effrayant... Depardon est resté en Afrique de juillet 1993 à février 1996 pour réaliser Afriques : comment ça va avec la douleur ? juste après le génocide Rwandais, dans la région des Grands Lacs, au Burundi. La séquence qu’il consacre aux réfugiés est révélatrice de sa démarche, si pudique envers la détresse des victimes, qu’il veut montrer pourtant, sans la mettre en scène. Dans ce documentaire, Depardon nous montre également le village où il a tourné La captive du désert, film qui s’inspire de l’histoire de l’archéologue Françoise Claustre prise en otage au Tchad. Il reconstitue à travers une fiction la prise d’otage qu’il avait suivie en tant que reporter. La traversée du désert est aussi difficile que la vie quotidienne dans le village du tournage. Lorsque Depardon parle du tournage et de Sandrine Bonnaire qui interprète le rôle principal aux côtés des villageois, le malaise est palpable chez les habitants. Car Sandrine Bonnaire, dans La captive du désert, est prisonnière d’un monde auquel elle voudrait échapper malgré la présence de la tribu nomade accompagnant le groupe armé qui tente de sympathiser avec elle. Documentaire et fiction sont liés et les paysages dévoilent peu à peu leurs dangers et leurs histoires... Ces films ont été projetés au MuCEM, Marseille du 7 au 9 novembre Écoutez aussi l’entretien avec Alain Paire sur WRZ. Approcher la folie Ancien monastère converti en hôpital psychiatrique, San Clemente est filmé par Depardon qui se déplace avec Sophie Ristelhueber, suit les allées et venues des patients qui déambulent, fait des détours brusques au gré des micro-événements qui surviennent, un avion qui passe, un écran de télé... Une microsociété apparaît, à laquelle l’équipe de tournage prend par : on leur offre une cigarette, on fait la bise à la preneuse de son, on les chasse avec un balai… Si certains pensionnaires ont un discours et un comportement incohérents, d’autres agissent de manière simplement décalée : un patient explique qu’il est là pour alcoolisme et qu’il s’y sent bien. Certains sont violents, les autres bricolent. Mais cette vie est sans but, comme le montrent les diverses déambulations des uns et des autres dans la vaste salle des pas perdus... Urgences illustre aussi cette absence de but. Mais là où San Clemente se veut Beckettien, Urgences montre un visage de la folie plus brutal. Dans les urgences psychiatriques de l’Hôtel-Dieu à Paris, Depardon a su se rendre invisible afin de mieux rendre compte de la relation patient / psychiatre. Pour preuve, les docteurs étaient d’abord réticents à le laisser entrer dans les lieux : schizophrènes, paranoïaques, dépressifs, alcooliques, suicidaires, mythomanes n’allaient pas se laisser filmer facilement. Pourtant, ceux qui se livrent emploient des mots qu’on connaît tous : solitude, surmenage, angoisse. De l’alcoolique en pleine crise au vieil homme ayant tenté de se suicider, en passant par la mère séparée de son enfant et révoltée de son sort, chacune des personnes souffre. Les professionnels de l’urgence psychiatrique sont confrontés en permanence à des malades oubliant le monde autour d’eux. Il s’agit pour le personnel d’accueil de dédramatiser la situation de crise pour faire retomber cette tension qui peut conduire au pire. Un film profondément humain. ALICE LAY Crise grecque ? Q uestionner la notion de crise ? Il est temps, puisqu’elle dure depuis 40 ans... Pourquoi nommer ainsi l’effondrement que vivent les pays du sud de l’Europe, et la Grèce en particulier ? Stefanos Tsivopoulos est un artiste passionnant, par son propos, la force de ses images et de son dispositif. Son exposition History Zero conçue pour la biennale de Venise 2013 a bouleversé le public, introduisant une critique de la valeur capitaliste dans un monde souvent consensuel... Elle est conçue en trois films qui se complètent, autour d’un dispositif documentaire sur la valeur de l’argent. Autour de cette exposition une programmation de rencontres, projections et spectacles : ce temps fort se demandera d’où la crise grecque a surgi, en particulier en projetant un documentaire sur Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde ; mais aussi si on peut sortir du capitalisme financier, et comment… Par la frugalité, par un nouveau système économique ou politique, par une revendication égalitaire, et la dénonciation de la ploutocratie ? Par un travail de mémoire sur les cicatrices des guerres civiles et dictatures ? Panagiotis Grigoriou, Takis Theodoropoulos, Petros Linardos... seront présents, et cela promet d’être passionnant ! A.F. History Zero jusqu’au 21 avril 2015 Après la crise du 19 au 23 nov www.mucem.org Écoutez aussi l’entretien de WRZ avec Stefanos Tsivopoulos par Marc Voiry 16 Rencontres des Méditerranées C’ est un homme de radio qui prend la relève de Thierry Fabre à la tête des Rencontres d’Averroès, organisées par Espaceculture Marseille. Emmanuel Laurentin, animateur de La fabrique de l’histoire sur France Culture depuis 1999, et du cycle Le temps des archives au MuCEM depuis 2013, ouvre cette année les débats aux «autres Méditerranées». Comment ? La mare nostrum n’est-elle pas unique en son genre ? Pour Olivier Poivre d’Arvor, directeur de France Culture qui coproduit désormais les Rencontres, il est «d’autres bassins de culture, de conflits et de métissages», d’autres «carrefours de commerce et d’idées», «d’autres endroits où se sont inventées des relations de voisinage inédites entre populations différentes». Ainsi la mer de Chine méridionale ou les Caraïbes... autant d’espaces tumultueux à explorer lors de cette édition 2014, la 21e. Tables rondes On ne dira jamais assez l’importance des cartes en matière de compréhension du monde : la conférence inaugurale qui se tiendra au parc Chanot le 28 novembre sera prononcée par Jean-Christophe Victor, du Laboratoire d’Études Prospectives et Cartographiques. Elle portera sur «D’autres Méditerranées ? Une approche comparative et cartographique». Le lendemain auront lieu les traditionnelles tables rondes, à 10h, 15h et 17h. La première réunira Pierre-Yves Manguin (historien et ethnologue, spécialiste des réseaux marchands en Asie du SudEst), Philippe Pelletier (géographe, dont les travaux sur le Japon font autorité), et Danielle Tan (enseignante en science politique/études asiatiques à Lyon) autour du thème «Une Méditerranée en mer de Chine». Ils s’attacheront à révéler la cohérence de cet espace, entre Taïwan, Hong Kong, les Philippines ou la Malaisie... malgré les tensions inhérentes à la cohabitation de populations aux parcours contrastés. La seconde traitera de «L’exemple caraïbe», un univers si proche du continent américain, et pourtant si différent. Daniel Maximin (romancier guadeloupéen), l’historienne de Cuba Romy Sanchez, Maboula Soumahoro (spécialiste des diasporas afro-américaines), et enfin le géographe haïtien Jean Marie Théodat plongeront dans son histoire mouvementée, depuis le génocide perpétré par les colons européens sur ses habitants pré-colombiens, en passant par l’esclavage, jusqu’aux espoirs des populations métissées d’aujourd’hui. La dernière table ronde se demandera s’il est possible de «Comparer l’incomparable ?», avec le grand Emmanuel Laurentin © Radio France - Christophe Abramowitz médiéviste Patrick Boucheron, Khalil Joreige ou Joanna Hadjithomas (réalisateurs et plasticiens libanais), et Mostafa Hassani-Idrissi qui enseigne la didactique de l’histoire à l’université de Rabat. Un retour en Méditerranée, indispensable après ce cheminement exotique, parce qu’il faut bien l’admettre avec Emmanuel Laurentin : elle «nous semble différente et, pourquoi pas, inimitable.» NB : la librairie L’odeur du temps tiendra un stand bien achalandé dans l’auditorium principal des Rencontres, avec les ouvrages des auteurs invités et une bibliographie des sujets abordés. Sous le signe d’Averroès Comme nous vous l’annoncions dans le n°78, un programme culturel très étoffé précède et accompagne les Rencontres. Sous le signe d’Averroès décline dans toute la région bon nombre de rendez-vous artistiques : théâtre, cinéma, mais également conférences et lectures. Ainsi le 21 novembre à Miramas, aura lieu une rencontre-débat avec Jihane Sfeir et Salam Kawakibi, suivie d’une lecture de La maison, un texte d’Arzé Khodr déjà interprété avec talent par les élèves de l’ERAC lors de l’édition 2013. Le 23 au cinéma Utopia d’Avignon, la projection de Rue Cases-Nègres, film d’Euzhan Palcy sorti en 1983, sera précédée d’une proposition d’Eva Doumbia, Petites et autres histoires des filles de mer (également à Aix, le 24). Les 28 et 29 novembre à Marseille, autour des conférences, entre le petit et le grand auditorium du parc Chanot, documentaires et films courts jeune public seront diffusés. Le public des Rencontres bénéficiera également, comme l’an passé, de «virgules musicales» pour se délasser entre les sessions. Enfin, le concert de clôture sera assuré par le virtuose de la vielle chinoise erhu, Guo Gan, accompagné de Gildas Boclé en quartet. GAËLLE CLOAREC 21e Rencontres d’Averroès : «D’autres Méditerranées ?» les 28 et 29 nov Sous le signe d’Averroès du 7 au 30 nov 04 96 11 04 61 rencontresaverroes.net 18 LUX à l’Eden C haque année, depuis 2007, le Parlement européen attribue le LUX Film Prize (Prix LUX) qui a pour but de soutenir la diffusion des films en Europe, tout en stimulant la réflexion et le débat à l’échelle européenne. Les trois films finalistes ont été sous-titrés dans les 24 langues de l’Union européenne, et sont projetés dans plus de 40 villes et 18 festivals européens afin qu’un grand nombre de spectateurs puisse les découvrir. C’est à l’Eden Théâtre de La Ciotat que ces trois films qui traitent de diverses problématiques sociales, et tout particulièrement de la jeunesse, sont proposés gratuitement les 10, 11 et 12 décembre grâce à un partenariat avec le bureau d’information du Parlement européen de Marseille. Après les projections, les spectateurs pourront dialoguer avec des parlementaires européens et des professionnels du cinéma. C’est par un film polonais, Ida de Pawel Pawlikowski, que sovražnik (L’Ennemi de classe), inspiré d’un fait réel, qui aborde la relation difficile entre un professeur remplaçant et une classe de lycéens qui ne supporte pas ses méthodes pédagogiques. Lequel de ces trois films obtiendra le prix LUX, choisi par les députés européens, à Strasbourg, sera adapté pour les personnes malentendantes et malvoyantes et promu au moment de sa sortie internationale ? On le saura le 17 décembre. En attendant, profitons de cette chance de les découvrir ou les revoir. ANNIE GAVA © Lilies Films/Trigon-Film/Memento Films commenceront les LUX film days de la région : un retour sur le passé de l’Europe et le portrait d’une jeune orpheline polonaise au début des années 1960 face à ses problèmes d’identité. Suivra Bande de filles, le troisième long métrage de Céline Sciamma (voir nos critiques sur www.journalzibeline.fr). Et pour terminer, le premier film du Slovène Rok Biček, Razredni Chants de Noël du CG13 D epuis plus de 20 ans le Conseil général des Bouches-du-Rhône propose des Chants de Noël, gratuits, dans tout le département. Ces instants de partage, liés à la Nativité, souffrent parfois de leur succès tant il est parfois difficile de trouver une place assise dans les églises où les concerts ont lieu... si l’on ne s’y présente pas très en avance ! Durant près d’un mois précédant le 25 décembre 2014, 55 concerts sont affichés et sont interprétés par des artistes confirmés. Leur qualité est remarquable et ils permettent de faire belles découvertes dans la large palette qu’offrent les répertoires sacrés et traditionnels du domaine. l’Île de Beauté), mais aussi un répertoire de chants polyphoniques bulgares et d’airs des Tziganes de Hongrie et Roumanie par l’ensemble Nova Zora (Noël du Danube), une création de Simon Bolzinger autour de prières hispaniques, tambours d’Afrique, maracas et autres instruments amérindiens (Noël du Venezuela), les voix d’enfants de la Chorale Anguélos avec la soprano Lucille Pessey ou le ténor Julien Dran (Noëls et Airs classiques), la Maîtrise des Bouchesdu-Rhône avec un programme consacré à Bach (Noël baroque) et des spirituals traditionnels ou modernes afro-américains avec Gospel for you family (Noël Gospel). JACQUES FRESCHEL Six Noëls ! Une demi-douzaine de programmes, pour tous les goûts, tournent à Marseille et alentour. C’est souvent juste à côté de chez soi ! On retrouve les belles voix a cappella d’A Filetta et ses polyphonies corses (Noël de Du 3 au 23 déc Programmes complets et lieux à télécharger sur www.cg13.fr Prix LUX 2014 le 10, 11 et 12 déc Eden Théâtre, La Ciotat 04 42 83 89 05 http://www.edentheatre.org/ http://www.europarl.fr/fr/ ue_et_vous/prix_pe/prix_lux.html Avignon est sur la place ! D u 29 nov au 31 déc, spécialités provençales, décorations, santons, gourmandises et animations qui composent le traditionnel Marché de Noël situé Place de l’horloge, s’étendront aux places des Corps Saints, des Carmes, Crillon et Pie (patinoire). Les chalets qui composent cet habituel petit village hivernal, avec sa centaine d’artisans et producteurs, sont ainsi répartis dans tout le centre ville selon leurs spécialités, avec un plan de piétonisation agrandi mis en place par la municipalité pour une circulation plus aisée. Autre nouveauté, la crèche habituellement située dans le Péristyle de l’hôtel de ville est déplacée à l’église des Célestins. De quoi rendre l’intra muros attractif. Passés les murs des remparts, les illuminations continueront-elles de briller ? DE.M. www.avignon.fr 20 Éclats du Klap Les Questions de danse avaient commencé fort avec La Barbe bleue et Tutu... et se sont poursuivies dans le même élan C onvivialité, dialogue, échanges réels avec le public, la recette fait mouche, d’autant que sur scène les propositions les plus diverses se succèdent, toujours généreuses, souvent passionnantes. Et que dans l’entrée les photos d’Agnès Mellon, prises au vif, défilent, butin précieux remémorant les soirées précédentes revisitées par son regard... Michel Kelemenis présentait Zef !, un travail qu’il a conçu en extérieur, pour le toit du Corbusier. Dans l’espace de son studio il fallait imaginer l’horizon mais le vent était là, passant parmi les jeunes danseurs comme emportés par un souffle, joliment. Explorant comment bouge un individu dans un groupe, accrochant de malicieux sourires aux visages, diffusant la musique directement sur les corps par un dispositif de haut-parleurs portatifs, Zef construit un mouvement commun sans unisson... et plein d’élan ! Autrement plus sombre était Outremer, la pièce de Sébastien Ly déjà remarqué l’an dernier : surgissent de l’obscurité des bouts de corps mouvants, éclairés par bribes, sculpturaux comme de la glaise, mais animés de reptations fluides et constantes. Puis la pièce s’anime et s’éclaire, à peine, et nos regards restent accrochés aux détails... Fascinant ! Peut on grimper sans sommet ? Sans doute ! Tout commence avec le souffle, celui d’Antoine Le Ménestrel qui entre le premier en scène. Puis celui de ses trois compagnons s’amplifie avant d’être accompagné d’un autre, en registré, qui lui donne une dimension symphonique. Explorateurs d’un nouveau monde, vertical, accessible à eux seuls, les corps s’élèvent dans la lenteur, avec une agilité déconcertante, naturelle et fluide... Le mouvement s’alanguit, Je suis fait du bruit des autres, Collectif 2 Temps 3 Mouvements © Agnès Mellon la main caresse la poutre de métal ou le mur, le corps semble en apesanteur dans les cintres. Suspendus, les danseurs se dévêtent, chemise et pantalon glissent, entraînés par le mouvement. La lumière latérale dessine la musculature parfaite de leurs corps presque nus, créant des images époustouflantes de beauté. Spécialisé dans la danse urbaine de façade, Antoine Le Ménestrel s’oriente désormais vers des endroits clos pour leur donner une dimension nouvelle, poétique. On suit en palpitant ces conquérants d’un autre monde qui s’approprient un espace inaccessible aux mortels qui restent, eux, irrémédiablement au sol. L’édition 2014 se clôturait par une pièce participative, conçue par le collectif 2 temps 3 mouvements avec un groupe d’amateurs recruté à Marseille. Le pari était relevé avec un beau sens du partage, sans concession : car la pièce commençait par une vraie performance, virtuose, des danseurs professionnels, très athlétiques. Une confrontation avec un corps mou qui s’effondre, s’aplatit, rebondit comme un sac élastique, puis peu à peu entre en dialogue avec un autre qui lui donne un peu de tenue, le rigidifie. Les danseurs sont sans visages et encapuchonnés et quand les autres arrivent sur scène on ne sait plus les distinguer, ils font groupe, corps, répondant à la lettre au titre : Je suis fait du bruit des autres interdit aux amateurs de se donner en spectacle singulier, et leur donne une vraie cohésion de groupe, anonyme. Un beau pari, très réussi. AGNÈS FRESCHEL et CHRIS BOURGUE Les Questions de danse se sont déroulées du 1er au 24 octobre à Klap, Marseille Les anges dansent À peine les Questions posées, le Klap repart à l’aventure ! C e sera la 1re édition de FestivAnges, un nouveau temps de danse qui sonne comme un manifeste de l’esprit du lieu : des spectacles, souvent pour enfants, des ateliers autour, un Bal des princesses emmené par Philippe Lafeuille pour finir (venez déguisé !)... Et un lien constant avec les nombreuses actions éducatives entreprises à Klap, depuis la maternelle jusqu’à la formation professionnelle. Les spectacles sont à peine payants, les répétitions commentées sont gratuites, et on pourra y revoir un duo époustouflant de Fana Tshabalala, la restitution d’un workshop mené par Emanuel Gat, Thomas Lebrun qui s’essaye au jeune public, Christian Ubl qui continue de questionner l’identité européenne (pour public adulte), et la danse de Kelemenis, avec Siwa qui s’explique, La Barbe bleue qui se construit, Henriette et Matisse qui s’offre aux jeunes yeux (voir p56). Pour que tout le monde danse (et les femmes ?) A.F. FestivAnges du 20 nov au 19 déc Klap, Marseille 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr 21 Deux Martini E in Torino est limpide, concis, qui explore la relation de l’artiste au public par sa présence et son acte artistique. Dans une profusion de gestes-signes et de ruptures, Andrea Costanzo Martini redouble d’expressivité. Tout est trop long, trop grand, trop petit, trop plié, démesuré, comme s’il voulait s’extirper de son corps. Relation… ou confrontation ? Andrea Martini © Jean-Claude Carbonne n ouverture du 17e festival Dansem, Andrea Costanzo Martini a offert au public du Pavillon Noir la primeur de son duo avec Matan Eltan Daskal, At the End of Words créé en résidence à Aix. Dans un espace dévoré par l’impact des images de l’écran vidéo, saturé par les sons et les voix, ils dansent, par deux, comme les œufs au plat qui grésillent dans la poêle, filmés en plan serré. Circonvolutions facétieuses, désarticulations grotesques, corps fébriles : ils sont agités comme une nuit sans sommeil. Les images défilent par séquence, toutes inattendues : une princesse annonce l’obscurité totale du monde dans trois jours, le tambour d’une machine à laver essore sans discontinuer à grand renfort de roulement… Seulement une semaine de répétition et déjà la forme est très aboutie même si, de l’aveu même du danseur-chorégraphe formé MARIE GODFRIN-GUIDICELLI à la technique «Gaga» par Ohad Naharin, il n’est pas toujours aisé de se repérer : «Les personnages, les situations, les mouvements, les histoires et les sons se présentent les uns aux autres inlassablement, sans former de message clair.» À contrario son solo What Happened Tropical (At the End of Words et What Happened in Torino, 1er Prix en danse et en chorégraphie à la 17e Compétition Internationale des solos de danse 2013 à Stuttgart) a été joué les 6 et 7 novembre au Pavillon Noir à Aix dans le cadre de Dansem (voir aussi p.51) 22 Dans le lard du dialogisme R watt ont défoncé nos oreilles, Sarkozy et Hollande ont débattu mesquinement sur un écran entre deux sublimes discours politiques noyés dans la frénésie de la danse et la dérision. Comme Mychkine au terme des désillusions il nous faut vivre, espérer, être généreux encore quand tout a déserté, que les aristocrates sont décadents, que les prolétaires abandonnent leurs enfants dans le froid, que la jeunesse confond amour et commerce de soi, que la modernité impose sa vitesse inhumaine, ses assourdissements. Et comme dans le roman qu’il coupe, adapte, farcit d’extraits hétérogènes Vincent Macaigne ne propose pas de réponse, mais la force vitale du questionnement, de la révolte, de la jeunesse. Et d’une scénographie qui ne cesse de s’écrouler, de se traverser, s’encombrer de décombres piétinés par des acteurs tous incroyables. Qui parviennent à nuancer d’émotions subtiles la saturation sonore en hurlant à pleine voix. Tout éclate, y compris la joie. Et l’idée que quelque chose existe qui naîtra du chaos. L’Idiot © X-D.R évolution ! Révélation ! Événement de la rentrée théâtrale, lit-on ici, provocation à courte vue, voit-on ailleurs. Vincent Macaigne a repris et transformé son Idiot créé en 2009, rapidement arrêté pour cause de santé. Et il y va fort : accueillant les spectateurs par des hurlements au mégaphone, transformant les théâtres en boîtes enfumées, hurlant le texte durant trois heures sous des avalanches de boue et de peinture rouge... On comprend que les réactions soient exacerbées ! Mais alors, courte vue ou éblouissement ? Prenons-le par un autre bout. Dostoïevski est un auteur fascinant, et difficile. Ses romans foisonnent de longues tirades contradictoires justement, exposant des points de vue politiques sur le monde, la vie, l’amour, la foi et l’espérance, tout ça mêlé sans que jamais une opinion ne soit donnée comme juste, et aucune autre comme infondée. L’Idiot ne déroge pas à cette poétique à partir de laquelle Bakhtine a théorisé le dialogisme (c’est-à-dire l’interaction entre les paroles des personnages, qui lorsque l’auteur/ narrateur ne prend pas parti, laisse le lecteur libre de penser). Vincent Macaigne par son actualisation de L’Idiot emprunte le même chemin. Aujourd’hui. Il invente une forme théâtrale faite de bribes exacerbées, jamais réalistes, évoquant tout en même temps la situation AGNÈS FRESCHEL politique de la Russie Tsariste en pleine révolution industrielle, celle de notre présent français, de la lutte entre capitalisme et libéralisme, de l’échec des socialismes. Le Prince, l’Idiot, Mychkine, lorsqu’il parle enfin, fait éclater son inadaptation au monde, qui est aussi la nôtre, spectateurs de cette salle de théâtre qui écoutons cette parole complexe dispensée dans le chaos. La bière a coulé puis le sang, les L’Idiot, Parce que nous aurions dû nous aimer, a été joué à La Friche, Marseille, dans le cadre de la saison de la Criée hors les murs, du 17 au 19 octobre Témoigner jusqu’à la mort L e courage d’Anna Politkovskaïa force l’admiration. La journaliste russe qui s’est élevée contre la guerre et ses exactions en Tchétchénie a tout subi : elle a assisté à tous les massacres, a témoigné des tortures, des viols, a interrogé les militaires, a été empoisonnée, arrêtée, incriminée, intimidée, a échappé à la mort, puis a été exécutée. Le texte de Stefano Massini, Femme non rééducable, est composé à partir de ses articles, de son journal, mais écrit comme une tragédie, avec son avancée inéluctable. Il a été porté sur scène plusieurs fois ces dernières années, par Mireille Perrier, par Anne Alvaro. Aujourd’hui il évoque forcément aussi ce qui se passe en Ukraine, même si l’on sait qu’envers les musulmans Tchétchènes, les «culs noirs», les Russes ont été plus inhumains encore. Vincent Franchi a pris le parti de théâtraliser le témoignage, de le rendre présent, introduisant des gros plans de visages, des images subjectives. Soignant les lumières aussi, et faisant jouer les dialogues entre la journaliste et les soldats incarnés par Amine Adjina, il contourne autant qu’il est possible la distance narrative des articles pour faire ressentir le présent de l’attentat, de l’empoisonnement, de la torture. Maud Narboni s’empare du personnage à fleur d’émotion, hallucinée autant qu’elle par la violence de ce qu’elle relate, criant l’impossibilité de choisir son camp, entre les attentats des Tchétchènes et les crimes de guerre des Russes, portant le combat dans ce devoir de journaliste qu’elle s’est fixé, témoignant, témoignant encore, enquêtant sans trêve, et relatant sans juger, mais sans rien camoufler. Elle apparaît dans son humanité, à la fois fragile et obstinée, héroïne qui va jusqu’au bout d’un combat juste et perdu d’avance, parce qu’il est insoluble, et parce qu’on ne s’oppose pas à Poutine. Une très belle proposition, qui prouve une fois de plus le talent d’un jeune metteur en scène, et d’une comédienne, de la région. A.F. Femme non rééducable s’est joué jusqu’au 26 octobre au théâtre de Lenche, Marseille À venir les 28 et 29 nov Espace Comedia, Toulon 04 94 42 71 01 www.espacecomedia.com 23 Les pieds dans l’eau ! ais quels clowns ! Et quels musiciens ! Mais aussi jongleurs, acrobates, cascadeurs, poètes… que ce duo offert par la Cie Barolosolo. Tel Laurel et Hardy, le tandem composé par Mathieu Levavasseur et William Valet ne va pas l’un sans l’autre, enchaînant les situations gaguesques et sans paroles avec un sens de la poésie qui semble inné. À l’intérieur d’une structure-kiosque surplombant un bassin d’eau, deux chaises attendent les bonhommes qui déboulent avec leurs instruments. Un concert est visiblement prévu… mais pour cela il va bien falloir mouiller la chemise. Chacun abordera ou déjouera l’imprévu à sa manière, grimpant sur des mâts de cocagne improvisés, ou plongeant à plein «plouf» dans la grande bleue. Mêlant intimement musique et cirque -on ne sait plus vraiment quelle est la discipline de prédilection de ces deux artistes-, ce spectacle de «cirque enmusicané» comme ils le nomment, met face à face deux protagonistes, l’un plutôt poltron, l’autre sacrément polisson, qui cumulent les initiatives pittoresques faites de petits riens, et relèvent les défis acrobatiques pour se sortir de la situation. Un ballet aquatique qui met à l’honneur le son, du mât chinois qui devient flûte au violoncelle à demi immergé et son acoustique © Pidz M hors pair, pour ériger un monde clownesque où l’acrobatie (et le travail !) révèle le sens de l’amitié et la prise de risque nécessaire. De la grâce à tous les étages, calibrée au millimètre près, drôle, féérique, et une chute onirique et délicieusement visuelle. Les enfants gloussent allègrement, les parents sont aux anges ! O temps d’O a été joué le 30 octobre à l’Alpilium de Saint-Rémy-de-Provence et le 1er novembre à l’Auditorium Jean Moulin, au Thor, accueilli dans le cadre de la manifestation vauclusienne Cirques Divers DELPHINE MICHELANGELI Thérapie collective I ls mordent ces chiens (de Navarre), attaquent à tout-va, cruels et révélateurs d’une société qui part à vau-l’eau, mais tente par tous les moyens de maintenir un équilibre qui ferait de chacun de nous des citoyens exemplaires. Y -a-t’il quelque démagogie dans cette démonstration aussi expansive qu’exutoire ? Des «groupes de parole», mettons-le entre guillemets pour permettre à chacun de cheminer tranquillement dans ses souvenirs, même imaginés, réunissent quelques paumés en quête de recettes miracles, autour de thématiques que l’inconscient collectif connaît –Mieux-vivre ensemble, réunions de Pôle Emploi, crise de couple en voiture et autres joyeusetés- pour mieux les dézinguer sans se soucier des suites psychologiques que cela pourraient entraîner. Le traitement n’est pas en option, ou alors cathartique, à voir ; car le rire libère, collectif, quand bien même on se retrouverait singulièrement épinglé par ces fous furieux, qui se moquent avant tout d’eux-mêmes. Là est le secret d’un spectacle-miroir qui apprivoise le public pour l’amener sur les terres mouvantes d’une introspection qui se cache toujours derrière un jeu débridé et la pulvérisation des codes de représentation. C’est drôle et cruel, acide et caustique, et très sérieusement léger ! DOMINIQUE MARÇON Quand je pense qu’on va vieillir ensemble a été joué aux Salins, Martigues, le 13 novembre 24 L’art de la chute Q DELPHINE MICHELANGELI Bounce ! a été joué à La Garance, scène nationale de Cavaillon le 4 novembre © Atelier de Paris uand un grain de sable vient enrayer le système et rend le but à atteindre inaccessible, qu’oser faire pour rebondir ? Comment braver l’imprévu ? En lâchant prise ou à force de volonté ? C’est autour de cette interrogation que la cie Arcosm, associée à La Garance pour les trois ans à venir, a composé un pas de quatre théâtro-musico-dansé, étonnant de positivité ! À la tête de la compagnie lyonnaise, un chorégraphe, Thomas Guerry, et un compositeur, Camille Rocailleux, qui ont l’art de marier leurs disciplines spectaculairement -et de tourner dans le monde entier-, transformant leurs interprètes en poètes vivants dans des pièces visuelles à la croisée des langages, mais sans paroles, accessibles à tous les publics. À partir d’un exercice familier (une structure-totem en milieu de scène fait obstacle aux interprètes), deux danseurs et deux musiciens à corde, au départ clairement référencés, devront s’emmêler les pinceaux et forcer l’imaginaire pour gravir la cime. Comme le bois de la structure, les liens se nouent, les corps se font écho, les voix s’emmêlent, pour transformer l’échec initial en attitude de dépassement. Une pièce franchement optimiste, même si la difficulté n’est pas niée à travers des tensions relationnelles exaltées par le son, qui engage à exploiter ses propres faiblesses et à croire en l’autre pour atteindre des sommets. Et au milieu de ces quatre roseaux dressés, coule sans doute une rivière… Manifeste féministe L e Dynamo Théâtre poursuit dans cette création son travail sur la figure féminine –après Va jusqu’où tu pourras, Vivre ! comédie féminine…-, ainsi que son compagnonnage avec l’écrivain Michel Bellier, auteur associé à la compagnie. Et c’est heureux ! Car cette pièce, Les Filles aux mains jaunes, est une merveille de théâtre ! Tout est juste dans cette évocation de la condition féminine d’une époque pour le moins bouleversée, celle de la Grande Guerre, durant laquelle les femmes, filles, sœurs de soldats devinrent les «obusettes», les «munitionnettes», les «cartouchettes» de l’armée, images magnifiques d’une dévotion sans bornes, héroïnes dévouées à l’effort de guerre… au mépris de leur santé, et de leurs droits. L’histoire est connue, bien sûr, mais elle ici relatée à la périphérie, et se concentre sur quatre de ces femmes dont on va connaître le quotidien, qui vont se raconter dans les détails de leur vie. 3 d’entre elles sont droites devant leurs machines, leur appliquant des magnifiques comédiennes (Valérie Bauchau, Céline Delbecq, Anne Sylvain et Blanche Van Hyfte) qu’accompagne le violoncelliste Jean-Philippe Feiss ; la scénographie, simple et graphique, dans une esthétique qui rappelle le cinéma expressionniste des années 20, évoque à la fois l’usine, les tranchées (subtil !), et la rue de laquelle part la clameur, la prise de parole qui enflammera durablement la société française. Il est maintenant à espérer que ce spectacle soit visible sur des scènes proches de chez nous… DOMINIQUE MARÇON © Isabelle Gachet gestes mille fois répétés, ne vivant que dans l’espoir d’un retour du front de leurs hommes. Mais voilà qu’une 4e arrive, jeune suffragette qui va petit à petit leur apporter un souffle de liberté et leur faire trouver une place qu’elles n’avaient pas encore. «Notre force s’arrête où commence notre peur !» Pour ces femmes qui n’envisagent la vie que par les hommes, le choc est rude ; mais salvateur. Car c’est bien au début d’une émancipation féminine qu’on assiste, aux prémices d’une révolution sociale, du droit de vote à l’égalité des salaires… La mise en scène de Joëlle Cattino fait la part belle à l’écriture ciselée, sans pathos, de Michel Bellier et au jeu incroyable des quatre Les Filles aux mains jaunes a été créé au Sémaphore, Port-de-Bouc, le 17 octobre À venir le 7 mars Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr 25 Grand duo poétique I L’exposition qui accompagne le spectacle est elle aussi inventive et virtuose : vidéos, installations numériques, décors jouent d’effets d’optique et de projections illusionnistes, mais racontent aussi bien un dédoublement cauchemardesque que la traversée, avec des ados, d’un espace scolaire. Ils jouent de tout, y compris de la relation aux autres, à la rue, au seuil, au lit, au flottement. On pourra les revoir : c’est le dispositif Tridanse, qui regroupe le 3bisF (Aix), le Citron Jaune (PortSt-Louis), le Vélo Théâtre (Apt) et La Passerelle (Gap) qui a soutenu ce projet si pertinent... © Les Choses de rien ls ont un côté surdoué, Boris Gibé et Florent Hamon. Leur spectacle a tout du duo burlesque et emprunte au cinéma muet, mais à 100 000 lieux de toute nostalgie : dans la matière, l’effet majeur, la technologie hyper maîtrisée, et la force d’une jeunesse qui ancre son propos dans son temps. L’acrobatie et la danse se mettent au service de l’envol, du trébuchement, de la lutte ou de l’étreinte, et ces deux corps incroyablement virtuoses composent un couple qui affronte les éléments, la pesanteur, et ses propres défaillances. Et puis aussi quand le décor s’apaise -car le décor est peuplé d’éléments hostiles qui les attaquent régulièrement- ils jouent l’un contre l’autre, se charrient, se déséquilibrent, s’obstruent, se trimballent, s’appuient, s’imbriquent.... Il est rare de voir un spectacle aussi réussi visuellement : en général les danseurs acrobates ne sont pas de bons fabriquants d’images, ou vice-versa... Ces deux-là ont un côté James Thierrée, d’autant qu’ils ont comme lui de l’oreille, et que leur bande-son est d’une rare pertinence. Mais contrairement à beaucoup de circassiens, leur univers n’a rien de passéiste ou décadent. S’ils citent Brazil ou La Mort aux trousses, leurs clins d’œil restent discrets : comme Buster Keaton ils vivent dans un monde hostile et y naviguent en funambules, mais celui-ci a l’éclat du présent. Et ainsi tout commençA… «J e ne suis pas née pour haïr mais pour aimer», affirmait Antigone dans la pièce de Sophocle. Ce n’est pas à cette réplique célèbre que s’est arrêté Jean-Charles Raymond, qui a traduit et adapté le texte du dramaturge grec, mais à la réponse de Créon : «Moi vivant ce n’est pas une femme qui fera la loi», rattachant la révolte de l’héroïne thébaine aux luttes d’aujourd’hui. Nous avons ainsi un Créon qui refuse de parler à une femme sans voile. La révolte n’est plus celle qui mettait en avant les valeurs de la piété filiale, mais d’une manière plus générale les droits de tout individu face au despotisme, celui de disposer de son corps, de sa sexualité, d’enfreindre des lois sans fondement, de décider de sa propre liberté, avec les échos de la place Tahir, les mots de Federico Garcia Lorca, et une esthétique à la Almodovar, pour évoquer le coryphée du chœur antique. Une arène ronde, des acteurs assis en bord de scène qui deviennent personnages en pénétrant dans l’espace circulaire de l’orchestra, une petite table et une chaise pour Tirésias en robe rouge et strass… L’Espagne est là, dans ces dialogues violents, duels tauromachiques où la légende tissée au présent dessine l’exigence de l’absolu, AGNÈS FRESCHEL Mouvinsitu a été créé à la Passerelle, Gap, le 7 novembre de la révolte, présente jusque dans la finale attribuée au prénom de la jeune femme, Antigona, un a sonore, ouvert, comme un cri jeté à la face du monde. La fougue des comédiens de la Cie La Naïve conquiert le public, dont celui -difficile- des collégiens. MARYVONNE COLOMBANI Antigona a été joué le 7 novembre à l’Espace NoVa, Velaux 26 Moïse à l’opéra... de Paolo Arrivabeni, tenant d’une baguette sûre tout ce beau monde. Une des belles (re) découvertes belcantistes initiées par Maurice Xiberras, après Roberto Devereux (2011), Poliuto (2012) et La Straniera (2013) ! ... Mosè baroque ! Moïse et Pharaon © Christian Dresse C ’est un mur de musiciens qui donne un opéra de Rossini jamais joué à Marseille depuis 1827. Moïse et Pharaon est chanté en français et s’apparente à un oratorio biblique, genre qui se joue sans représentation scénique, avec une place prépondérante allouée aux chœurs. On y suit l’histoire de la libération des Hébreux, mâtinée à la sauce romantique, et l’on imagine le passage de la Mer Rouge ou les plaies d’Égypte. On goûte aussi au «beau chant», au plateau vocal très homogène. Ildar Abdrazarov (Moïse) et Jean-François Lapointe (Pharaon) dialoguent en miroir dans des registres graves et ont, pour luxueux partenaire, l’excellente basse française Nicolas Courjal (voir ci dessous). Coté féminin, c’est Annick Massis qui tutoie les hauteurs et contraste avec la vigueur héroïque de Sonia Ganassi. On loue le travail réalisé par le Choeur de l’Opéra et son chef Pierre Iodice, comme la direction admirable JACQUES FRESCHEL et YVES BERGÉ Moïse et Pharaon a été donné du 8 au 16 novembre à l’Opéra de Marseille Mosè a été joué le 13 novembre à l’église Saint-Michel, Marseille Chant intime... our le premier concert de la saison, la salle Musicatreize est bien remplie, preuve que désormais, l’espace dédié à la diffusion des musiques contemporaines (mais pas que... voir ci-dessous) a ses habitués. C’est l’ensemble vocal dirigé par Roland Hayrabedian qu’on entend dans une pièce de Tôn Thât Tiet dont la texture sonore se meut avec subtilité et de fines nuances. La palette vocale tisse un ruban de bribes de mots autour de tenues fondamentales desquelles semble s’évaporer, par bouffées cycliques, quelque enluminure de soprano.... Le son s’y fait couleur. Après que le ténor Xavier de Lignerolles ait une nouvelle fois impressionné par sa présence dans le fabuleux solo Chant Intime de Zad Moultaka, c’est une œuvre créée l’été dernier qu’on (re)découvre. À l’orgue, un virtuose ! Mathias Lecomte accompagne l’ensemble Musicatreize avec une formidable maîtrise. Les textes anglais extraits du De Profondis d’Oscar Wilde s’articulent autour de la structure d’une messe profane dont le compositeur António Chagas Rosa aurait conservé la quintessence poétique. A Wilde Mass renouvelle le répertoire et, ce n’est pas le moindre de ses intérêts, c’est beau à entendre ! …point d’équilibre ! Une quinzaine plus tard, le projet Still Point croise le langage du pianiste Ray Lema avec l’univers classique de l’ensemble Des Equilibres (violons : Agnès Pyka, Anne-Céline Paloyan, alto : Blandine Leydier, violoncelle : Dimitri Maslennikov). Le quatuor se plait à discourir avec le sage africain à la recherche de ce qu’il nomme le «point d’immobilité de nos maîtres anciens». Mopti évoque le bruissement de cette ville du Mali appelée «la Venise du désert». Matongé (quartier violent de Kinshasa) est une immense fresque énergique, mais pleine d’espoir. Ray Lema inviterait-il la science occidentale de nos traités théoriques à s’interroger sur l’humilité de nos racines musicales ? J.F. et Y.B. Ces concerts ont été donné à la Salle Musicatreize, Marseille, le 14 et le 31 octobre Ray Lema © Jean-Michel Sabatier P Jean-Marc Aymes et son ensemble Concerto Soave présentent, en prolongement pertinent, un magnifique oratorio : Mosè de Giovanni Paolo Colonna. Aymes dirige, depuis l’orgue ou le clavecin, avec sa science et son sens de l’espace, un bel ensemble de cordes et un quintette vocal. Maarten Engeltjes (Moïse) est un haute-contre solide, inflexible. Raphaële Kennedy (Aaron) possède des aigus planants superbement maîtrisés. Etienne Bazola étonne par sa longueur de voix et son aisance technique. Léonie Renaud apporte sa fougue aérienne de soprano. Nicolas Courjal enfinest un Pharaon impressionnant : timbre d’une rare beauté, tessiture homogène, un sommet de ligne, de style, de projection ! On bisse pour un public ravi de découvrir ce chefd’œuvre. L’église pleine pour une entrée libre. 28 Symbioses du monde Un Temps fort Jazz ! voilà une heureuse surprise ! Six concerts pour ouvrir la saison des Théâtres ! N ous retrouvons Andy Emler avec son inséparable contrebassiste Claude Tchamitchian. Les compères étaient la veille à Marseille à l’U-percut, un bar musical sympa, mais le batteur Eric Échampard complète le duo pour cette soirée exceptionnelle. Après une première pièce qui pose le climat, inspiré par son disque magnifique Sad and Beautiful, Andy Emler déclare qu’il défend les musiques instrumentales, et que ça n’est pas facile ! L’archet glisse sur les cordes, le piano effectue des motifs en arpèges, la batterie effleure, frotte, fait crier les cymbales dans Journey through hope ou Elegances, les improvisations passent du tendre à l’orage et de l’accalmie à de nouveaux paroxysmes. Tea time illustre le talent de ce faiseur de mélodies complexes, au groove puissant. La complicité des musiciens les relie comme un fil et leur musique, telle une trame qui se construit dans l’instant, ne le lâche pas une seconde. Claude Tchamitchian improvise avec sagacité, c’est-àdire intuition, finesse et vivacité d’esprit. Le trio idéal pour un concert profond ! Youn Sun Nah clôturait le Temps Forts Jazz au GTP. Le guitariste Ulf Wakenius qui l’accompagne n’est plus seul : Simon Tailleu à la contrebasse et l’accordéoniste Vincent Peirani contribuent à un autre équilibre dans le couple voix-guitare (voir Zib’46). Hurt est la première chanson du concert composée par Nine Inch Nails. La guitare d’Ulf Wakenius est à l’écoute Youn Sun Nah © Dan Warzy et au service entier de la voix, que ce soit pour des compositions telles Lament ou Empty Dream avec Vincent Peirani qui les enrichit de contrechants, ou lors de reprises savamment arrangées. Momento Magico, construit comme Breakfast in Baghdad, laisse la part belle à l’improvisation où excellent l’accordéon et la guitare, tandis que Youn Sun Nah contribue au groove en plongeant dans ses graves... Youn Sun Nah demande si des Coréens sont dans la salle pour introduire son blues traditionnel Arirang. Puis Ghost Riders in the Sky lui permet d’utiliser une palette élargie : tréfonds grave, puissance éraillée puis grande douceur... Elle revient après un ultime rappel : ce sera My Favorite Things de Coltrane. Elle déclare être citoyenne du monde, coréenne, jouant sur un kalimba africain une composition d’un musicien américain. Et cela se passe à Aix, en France ! DAN WARZY Ces concerts ont été donnés au Jeu de Paume et au GTP, à Aix, les 16 et 23 octobre Re-création P our sa 10e édition, le FIMÉ s’est ouvert à une exploration tous azimuts en matière d’habillage sonore mais aussi de choix cinématographiques. Lors d’une deuxième soirée au Théâtre Denis, à Hyères, consacrée au cultissime 1er long-métrage de David Lynch, Eraserhead, c’est le tandem de musique électro Cercueil qui officiait au pied de l’écran devant ces images surréalistes, dans une relecture poético-bruitiste aux accents de pop planante qui creusait le tombeau du cauchemar de la bande originale et transformait le film en une sorte de récit onirique en apesanteur. Pour sa 4e soirée, c’était au tour d’Alfred Hitchcock de se faire habiller musicalement au cinéma Le Royal dans Blackmail. Cette production, commande de la Cinémathèque Française à Chloé, figure emblématique de la scène électronique, était réjouissante car on y retrouvait avec plaisir les éléments qui ont fait la réputation du cinéaste et notamment son souci permanent du détail dans les décors : la DJ a su se saisir du suspense inhérent aux images du film pour nous livrer une musique cinétique, hypnotique et haletante avec une belle forme en arche remplie de boucles aux accents parfois minimalistes. Une réussite totale à mettre au crédit d’un superbe travail sur la qualité du son mais aussi d’une prise de conscience aiguë de la dynamique de l’histoire. Dans une veine plus expérimentale, Rodolphe Burger investissait les hauteurs Hyéroises dans la Villa Noailles, deux soirées plus tard, pour un set musical explorant avec bonheur le mélange entre la musique ethnique et l’électro, accompagné de sa guitare électrique sur un docu-fiction rescapé de l’oubli signé du photographe et ethnologue américain E.S. Curtis, spécialiste des civilisations amérindiennes : In The Land of The Head Hunters. Ce curieux objet filmique qui mettait en scène une guerre entre tribus, à mi-chemin entre la parodie et la reconstitution fidèle, était idéalement accompagné par un bel Objet Musical Non Identifié. Il n’y avait sans doute pas de meilleure illustration du thème annuel du festival : «Aujourd’hui, tout est permis !» EMILIEN MOREAU La 10e édition du FIMÉ, Festival international des musiques d’écran, a eu lieu du 7 au 15 novembre dans le Var Le chant des voix... La voix était à l’honneur pour le premier concert gratuit programmé dans le beau salon de Villa Magalone. Celle en particulier d’une chanteuse tutoyant les aigus avec aisance, généreuse dans l’émission vocale, et dont la verve énergique a vite conquis l’auditoire : la soprano colorature Monique Borrelli. Impressionnante et drôle en Cunégonde titubante et pompette (Candide de Bernstein), magnifique dans les périlleux contre-fa de la Reine de la Nuit (air inhumain qu’elle bisse sans ciller !), l’artiste mérite d’avoir une carrière à la mesure de son talent. À ses côtés, Didier Huot (cor) dialogue volontiers avec elle dans des duos de West Side Story. Son cuivre joue au suave ténor, alias Tony épousant la ligne de chant Maria. Un quatuor à cordes composé d’Alexandre Almedro et Marian Jurkovic (violons), Xavier Franck (alto) et Odile Baron (cello) complète le brillant tableau sonore avec d’émouvantes adaptations de pièces de Schumann ou Brahms. … Dromos, la route Maria Simoglu est une artiste à la force tranquille. Son chant orné, chaleureux et suave, glisse finement au fil des mélodies présentées à l’auditorium de la Cité de la Musique. C’est le Rébétiko de Smyrne qu’elle nous livre : chants d’exil de Grecs fuyant l’oppression turque au début du XXe siècle. Une mélancolie colore ces musiques populaires, mais on y chante souvent l’amour et les plaisirs de la vie ! L’hellène diva est secondée par un trio de musiciens virtuoses. Harris Lambrakis virevolte aux flûtes (ney), Stephanos Dorbarakis fait habilement valser ses doigts au kanun (cithare) et Stratis Pasaradellis émeut aux vibrations de la lyra (vièle), aux luths qui font voyager dès les premières notes. Le quatuor remplit d’aise le public nombreux dont les jambes fourmillent d’envie de danser sur le plateau. «Ευχαριστώ» (merci) semble-t-on murmurer à l’issue du concert ! JACQUES FRESCHEL Le Chant des Voix à été donné à la Cité de la Musique, Marseille, le 7 novembre Dromos, la route a eu lieu à la Cité de la Musique, Marseille, le 14 novembre Le Chant des voix © X-D.R 30 Octuor à la Magalone Soirée de Gala Laurent Korcia, Saténik Khourdoian, Évelina Pitti et Bernard d’Ascoli jouent en compagnie des lauréats du Conservatoire P. Barbizet. Huit musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Marseille unissent leurs talents pour interpréter des extraits, adaptés à leur formation instrumentale, de Carmen de Bizet, des Ouvertures d’opéras de Rossini, du poème symphonique Till Eulenspiegel de Richard Strauss et le très bel Octuor de Franz Schubert. MARSEILLE. Le 22 nov à 19h. Auditorium du Pharo Marseille Concerts www. MARSEILLE. Le 27 nov à 20h. Abbaye de Saint-Victor 04 91 05 84 48 saintvictor.chez.com En collaboration avec La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com Requiem de Fauré Week-end Quatuor Le Chœur Régional PACA, l’Ensemble Giocoso, la soprano Aude Fabre-Sardier, le baryton Bernard Imbert, dirigés par Michel Piquemal, interprètent le Requiem, le Cantique de Jean Racine de Fauré et Quatre chants pour chœur de femmes de Brahms. Quatuor Ardeo © Steff Ungerer-new opera-hero SALON. Le 22 nov à 20h45. Théâtre Armand 04 90 56 00 82 www.salondeprovence.fr Mikhail Rudy Le pianiste russe imagine un programme intitulé Marc Chagall, La couleurs des sons, conçu à partir d’esquisses inédites du plafond de l’Opéra de Paris réalisé par Chagall. «De Glück à Ravel» : récital sur un film d’animation, montage vidéo et effets spéciaux (Mathilde Germi). Le Quatuor Girard (le 21 nov à 20h30), le Quatuor Diotima (le 23 nov à 11h) et le Quatuor Ardeo (le 23 nov à 15h) jouent de beaux quatuors à cordes de Beethoven, Schoenberg ou René Koering. Trio à cordes et hautbois Que ceux qui n’ont pas pu aller écouter aux ABD Gaston Defferre les formidables musiciens que sont Da-Min Kim (violon), Magali Demesse (alto), Xavier Chatillon (violoncelle) et Armel Descotte, éminents membres de l’Orchestre Philharmonique de Marseille, ne manquent pas l’occasion de se rendre dans le somptueux salon de la Villa Magalone pour les entendre dans le Trio à cordes inachevé de Schubert, la Sérénade pour cordes de Dohnanyi, l’Adagio pour cor anglais et trio à cordes K.580 de Mozart et Phantasy Quartet op.2 de Britten. MARSEILLE. Le 28 nov à 20h30. La Magalone (Entrée libre sur réservation) 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille Mireille AIX. Le 24 nov à 20h30. Jeu de Paume 08 2013 2013 www.lestheatres.net ARLES les 21 et 23 nov. Méjan 04 90 49 56 78 www.lemejan.com Les fameuses cordes tchèques, fidèles à la Société de Musique de Chambre de Marseille, interprètent le Quatuor n°1 «Sonate à Kreutzer» de Janácek, un compatriote méconnu Jakub Jan Riba, ainsi que le 3e Quatuor de Brahms. © Guy Vivien MARSEILLE. Le 25 nov à 20h. Auditorium Faculté de Médecine Espace Culture 04 96 11 04 60 www.musiquedechambremarseille.org Nathalie Manfrino © Fabien Bardelli Quatuor Pražák Milhaud au Silo MARSEILLE. Le 22 nov à 20h. Silo 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr Dernier concert du Festival de SaintVictor : Clément Saunier (trompette) et Pascal Marsault (orgue) jouent un programme qui court de Buxtehude à Franck en passant par Mozart, Bach... Tout un panorama de l’histoire musicale ! marseilleconcerts.com MARSEILLE. Le 21 nov à 20h30. La Magalone (Entrée libre sur réservation) 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille Dans le cadre du 40e anniversaire de la disparition de Darius Milhaud, le jeune Da-Min Kim surdoué «Violon Super Soliste» de l’Orchestre Philharmonique de Marseille joue le Concerto pour violon n°2 du musicien provençal, en compagnie des ses collègues dirigés par la chef Karen Kamensek. Le clarinettiste solo de la phalange phocéenne Alain Geng interprète, quant à lui, le Concerto moderne du compositeur autrichien Herbert Willi. On entend également le Quatuor pour piano et cordes n°1 de Brahms orchestré par Arnold Schoenberg. Trompette et orgue Dans le cadre du 150e anniversaire de la création du chef-d’œuvre de Gounod, la Cité de Papes représente Mireille, dans la mise en scène de Robert Fortune, avec Nathalie Manfrino et Florian Laconi qui avaient obtenu un vif succès en 2010 aux Chorégies d’Orange. AVIGNON. Les 30 nov à 14h30 et 2 déc à 20h30. Opéra 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr 31 Capuçon & Buniatishvili Petits bois à l’opéra Katia Buniatishvili © Caroline Doutre Le violoniste Renaud Capuçon et la pianiste Kathia Buniatishvili forment un épatant duo de musique de chambre : ils jouent Quatre pièces romantiques de Dvorak, la 3e sonate de Grieg et la Sonate en la majeur de César Franck. Un quintette à vents issu de l’Orchestre de l’Opéra de Marseille joue un programme jeune public avec Pierre et le loup de Prokofiev et Opus number zoo de Luciano Berio. Une occasion de découvrir le hautbois, la flûte, la clarinette, le basson et le cor ! MARSEILLE. Le 3 déc à 10h. Auditorium Cité de la Musique (entrée libre). 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille Café Zimmermann L’ensemble instrumental baroque emmené par Céline Frisch (clavecin) et PabloValetti (violon) interprète des Concertos de Vivaldi, Bach, Zelenka ou Heinichen. AIX. Le 2 déc à 20h30. GTP 08 2013 2013 www.lestheatres.net AIX. Le 4 déc à 20h30. GTP 08 2013 2013 www.lestheatres.net De Rerum Mechanica Le programme de C Barré (12 musiciens et électronique dirigés par Sébastien Boin) est axé sur la «mécanique» et l’imaginaire qu’elle véhicule : de la monstruosité industrielle au mouvement obstiné et son déréglage... On découvre Chaînes d’Alexandros Markeas, Estompe de Zad Moultaka et Mind Breaths de Frédéric Pattar. Un bric à brac musical où le vintage bricolo côtoie l’électro ! Kniazev au cello Le violoncelliste russe joue le Concerto n°1 de Chostakovitch avec l’Orchestre Philharmonique de Marseille (dir. Yaron Traub) qui interprète également la 7e symphonie de Beethoven, son fameux mouvement lent, et les Danses de Galanta de Zoltan Kodály. MARSEILLE. Le 29 nov à 20h. Salle Musicatreize 04 91 00 91 31 www.musicatreize.org MARSEILLE. Le 5 déc à 20h. Auditorium du Pharo 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr Le Philtre En prélude et en échos à L’élixir d’amour de Donizetti qui sera représenté à l’Opéra de Marseille du 23 décembre 2014 au 4 janvier 2015, on découvre un opéra composé sur le même sujet par Daniel-FrançoisEsprit Aubert (livret d’Eugène Scribe). Le Philtre est interprété par les solistes de l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Marseille, accompagné au piano par Brigitte Grosse et mis en espace par Yves Coudray. MARSEILLE. Les 4 et 5 déc à 17h. Foyer de l’Opéra 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr De Cordoue à Venise Catherine Padaut et Lucile Pessey mixent leur voix de soprano dans des Cantigas et Romances séfarades, des Chansons espagnoles des XVIe et XVIIe siècles ou des Madrigaux et airs d’opéras de Caccini, Cesti, Zanetti et Monteverdi. Elles sont soigneusement accompagnées au luth ou à la guitare par Jean-Michel Robert, les percussions de Mathias Autexier et dirigées du clavecin par Brigitte Tramier. Un beau brassage culturel du bassin méditerranéen signé par l’Ensemble Parnassie du Marais ! MARSEILLE. Le 5 déc à 20h30. La Magalone (entrée libre sur réservation) Cité de la Musique 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille HOP!trio MARSEILLE. Le 2 déc à 19h30. PIC 04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com L’Enfance du Christ Alexandre Kniazev © Andrei Mustafayev Les trois percussionnistes de l’ECO (European Contemporary Orchestra) Christian Bini, André Groen et Pierre Quiriny se font complices pour un concert d’œuvres originales au sortir de leur «résidence» au PIC (Pole Instrumental Contemporain) : «du classique au contemporain en passant par le jazz et les musiques traditionnelles». Un grand oratorio signé Hector Berlioz avec Marie Gautrot (Marie), Romain Dayez (Joseph) ou Nicolas Courjal (Hérode), l’Orchestre Régional et le Chœur Symphonique AvignonProvence dirigés par Samuel Jean. AVIGNON. Le 5 déc à 20h30. Opéra 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr 32 Baudo & Tharaud Quatuor Girard Andreas Staier Un beau programme de musique de chambre avec le 5e quatuor de Haydn, le 3e quatuor de Schumann et le Quatuor à cordes n°2 de Sauguet ! Dutilleux &Campo Paula Sumane & Gérard Mortier (violons), Magali Demesse (alto), Xavier Chatillon (violoncelle), Jean-Marc Boissière (flûte) et Olivier Lechardeur (piano) interprètent des pièces d’Henri Dutilleux, dont son fameux Quatuor «Ainsi la nuit» et du compositeur marseillais Régis Campo avec une création mondiale : Sounding pour violoncelle et piano. À découvrir ! MARSEILLE. Le 6 déc à 17h. Foyer Opéra 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr King Kong C’est un ciné-concert imaginé par Raoul Lay, compositeur et directeur de l’ensemble Télémaque. Sa partition (commande de l’Alhambra Pôle régional d’éducation culturelle) illustre les images du film mythique King Kong (1933). Il conjugue, au fil des plans, les instruments traditionnels à l’électronique et la voix. MARSEILLE. Le 7 déc à 11h et le 8 déc à 9h30 (scolaire). Alhambra cinémarseille 04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com 04 91 03 84 66 www.alhambracine.com AIX. Le 9 déc à 20h30. Jeu de Paume 08 2013 2013 www.lestheatres.net Le claveciniste concocte un programme intitulé «Bach et la France» dans le cadre de Musique Baroque en Avignon. AVIGNON. Le 14 déc à 17h. Église Saint-Pierre 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr Bach en famille Concert de Noël L’Orchestre Philharmonique de Marseille dirigé par Roberto Rizzi Brignoli est à la fête avec Mendelssohn (Symphonie de jeunesse), Janácek (Suite pour cordes) et Tchaïkovski (Souvenir de Florence). L’Orchestre Régional Avignon-Provence (dir. Régis Pasquier – violon) interprète des pièces des quatre fils Carl Philipp, Johann Christian, Wilhelm Friedemann, Johann Christian et du paternel Johann Sebastian. ARLES. Le 14 déc à 11h. Méjan 04 90 49 56 78 www.lemejan.com MARSEILLE. Le 11 déc à 20h30. Église St-Michel 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr Yanowski The Electric Voice Pour un «Matin sonnant» fruit de la collaboration de l’Opéra de Marseille et du GMEM – Centre National de Création Musicale de Marseille, autour de la création et du répertoire lyrique. Nicholas Isherwood marie sa voix de divo moderne à l’électronique pour des opus de Jean-Claude Risset (Otro), Stockhausen (Capricorn), Lissa Meridan (Shaft of shadow) et des créations de Miguel Azguine et David Felder (Black fire/White Fire). MARSEILLE. Le 14 déc à 11h. Foyer Opéra 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr www.gmem.org © Stephane Laniray TOULON. Le 5 déc à 20h30. Opéra 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr Le ténor et son compère au piano Michael Gees puisent dans le mythe du «Wanderer» schubertien deux douzaines de Lieder pour former un cycle original éminemment romantique. M. Gees et C. Pregardien © Marco Borggreve Alexandre Tharaud © Marco Borggreve Serge Baudo dirige l’Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon dans Pulcinella de Stravinski ou How slow the wind de Takemitsu et se joint au pianiste Alexandre Tharaud pour le Concerto n°5 de Beethoven. Christophe Prégardien Andreas Staier © Molina Visuals AVIGNON. Le 9 déc à 20h30. Opéra 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr Le chanteur, poète, compositeur, performer, interprète ses propres chansons accompagné au violon par Cyril Garac et au piano par Samuel Parent. MARSEILLE. Le 16 déc à 20h30. Théâtre du Gymnase 08 2013 2013 www.lestheatres.net 34 Vega Project © Goetz Benjamin Le festival concocté par Leda Atomica poursuit son défi de porter au sommet l’improvisation sous toutes ses formes. Innovantes… pas forcément vendables, mais qu’importe, le plaisir est lui toujours au rendez-vous et se distillera durant plus de 15 jours pour cette 8e édition. L’occasion de découvrir, dès le 29 nov (et 4 déc), L’appel du large dans Les sœurs d’André : une «soupe vocale, jazzy et marécageuse». Vega Project distillera sa new wave électro pop (5 déc), et Danielle Stéfan et MarieAnge Jannuccilo exploreront les Brèves de Rebotier et Dubelsky (6 déc), suivis d’Impaires avec David Rueff et Nadine Esteve. Le 7 déc, pour les plus jeunes, deux ciné-concerts autour de Mélies. Pierre Guéry donnera sa lecture performance Alien Ation (12 déc), suivi par le quartet rock Wara. Carte blanche à Alain Aubin le 13 déc, avec Magali Rublo, Phil Spectrum et La ligue d’impro marseillaise Les Improsteurs. Festival les Inovendables jusqu’au 13 déc 04 96 12 09 80 http://ledatomica.mus.free.fr © X-D.R Guo Gan & Gildas Boclé Nuit brûlante le 29 nov à 19h Grand auditorium du Parc Chanot, Marseille 04 96 11 04 61 www.rencontresaverroes.net www.espaceculture.net le 19 déc Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix. © X-D.R Les invités du concert qui clôturera le temps fort des Rencontres d’Averroès, dont le thème «D’autres Méditerranées ?» aura été exploré lors de cette 21e édition (voir p16), sont les artistes Guo Gan et Gildas Boclé. Le premier a popularisé dans le monde l’erhu, vièle à deux cordes (appelée violon traditionnel chinois). Le second, contrebassiste, est un musicien éclectique qui multiplie les collaborations et cumule, tout comme Guo Gan, les récompenses. Une expérience musicale métissée au sommet donc, accompagnée par le batteur Nicolas Viccaro et Guillaume Naud aux claviers. En partenariat avec le Cri du Port, entrée libre. Né sous l’impulsion de Martin Béziers, le collectif des Brûlants, apporte sa fougue créatrice : théâtre, rock, production vidéo, bande son… La première soirée Brûlante, 360° à l’ombre des géants, dans le cadre des cartes blanches musiques actuelles 2014 de la CPA, proposera, en une seule soirée, trois concerts et des impromptus. Scène ronde autour de laquelle le public circule, géants (vidéo) qui accompagnent ou annoncent les groupes… Et quels groupes ! Poum Tchack, swing-rock manouche, Hugo Kant, nu-jazz/trip-hop, Fantasticus, rock-psyché, Oxyput Compagnie, trio de danse urbaine. Vivement décembre ! L’histoire du soldat © Quentin Amalou Inovendables ! Voilà une rencontre artistique et musicale inédite, proposée à l’Auditorium du Thor. Sept musiciens de l’Orchestre Régional Avignon Provence, dirigés par le chef d’orchestre Samuel Jean, s’emparent du ballet-opéra de chambre de Stravinsky pour un dialogue ludique entre le diable et un soldat pauvre. Se rajoutent au conte d’inspiration faustienne l’artiste Dizzylez (sacré meilleur slameur européen à Berlin) et Mourad Bouhlali, comédien et percussionniste corporel, échappé du duo Onstap. Une œuvre qui va «claquer, swinguer et rebondir». le 13 déc Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr Ottilie [B] Avec Histoires d’O deux, son second opus, la chanteuse Ottilie [B] continue de se frayer un chemin parsemé d’éloges en distillant son verbe décapant et son univers anticonformiste, agrémenté de poésie sonore et visuelle. Sous la houlette de Nicolas Repac, elle est aujourd’hui accompagnée des musiciens Didier Simione et Pascal Collomb. À La Garance de Cavaillon, une autre artiste à la voix singulière et envoûtante prendra le relais : Camélia Jordana, qui présentera elle aussi un deuxième album, Dans la peau. le 28 nov Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu le 6 déc La Garance, scène nationale de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.lagarance.com le 20 mars Théâtre Durance, ChâteauArnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr Canzoniere et Haug Le Forum de Berre reçoit deux concerts et de belles découvertes en cette fin d’année. Canzoniere Grecanino Salentino, le plus ancien groupe de musique des Pouilles dédié à la danse très rapide Pizzica, sera sur scène le 21 novembre. L’occasion de découvrir un septuor qui perpétue la ferveur des tarentelles entre ballades amoureuses et chants populaires. Le 12 décembre, ce sera le bluesman franco-allemand Mathis Haug qui présentera son nouveau CD Distance. Il sera accompagné du batteur Stefan Notari et de la pianiste Perrine Mansuy. le 21 nov et le 12 dec Forum des Jeunes, Berre-l’Étang 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com Tigran Hamasyan R D. X- le 21 nov Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com AP Live #1 Installé à l’Espace NoVa de Velaux, le plateau TV LCM inaugurera cette première soirée AP Live qui, à la façon d’un Taratata, verra se rencontrer en live têtes d’affiche et artistes en devenir. Une émission de télé, enregistrée en public, où les artistes exposent également leurs projets dans un show case. Pour ce premier rendez-vous du 28 novembre, retrouvez le groupe The Dukes (issu d’une rencontre entre le chanteur guitariste de No One is Innocent et le batteur de Superbus) et la musique folk’n’rock de The H.O.S.T, et partez à la découverte de Subz, Just et Strawberry. La suite : le 14 fév avec Astonvilla, et le 30 avril avec Manu Lanvin & The Devil Blues. Et vous pouvez assister à l’enregistrement ! le 28 nov Espace NoVa, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com © Le jeune pianiste de jazz arménien, bardé de prix internationaux, reconnu aujourd’hui comme un compositeur incontournable, est accueilli au Sémaphore accompagné par son quintet. Tigran Hamasyan présentera Shadow Theater, son cinquième album, dans lequel il explore de nouvelles pistes, électroniques et soniques, où les inspirations visuelles puisent dans un monde onirique et imaginaire. Un ébouriffant songwriter à découvrir sans tarder. 36 Dans la peau… © Victor Tonnelli Dans la peau d’un noir… le 21 nov Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org Le président d’une «République démocratique populaire» d’Afrique noire reçoit un homme d’affaires français intéressé par les gisements d’or du pays. Rien ne va se passer comme prévu. Quelques artistes, invités pour faire bonne figure, chantent l’épopée d’une jeunesse misérable condamnée à l’exil. Jean Louis Martinelli a travaillé pendant plusieurs années avec des acteurs africains au Burkina Faso, y menant des ateliers. Le spectacle dénonce le pillage infligé par les grandes puissances autant que la corruption des dirigeants africains. Et cela sans pathos. Mur Mademoiselle Duschesne, ancienne institutrice à la retraite, est la voisine de l’antipathique Colonel Chaudron qui cherche à écrire ses mémoires et réclame du silence. Ne supportant plus cette condition, la dame va se mettre à jouer du piano sans relâche. Les deux protagonistes échangent alors des courriers acerbes et cyniques, jusqu’à une mise en demeure par le tribunal. Mais le Colonel n’est pas vraiment indifférent à la musique de l’apprentie pianiste… Anne Bourgeois met en scène le texte d’Amanda Sthers comme une comédie qui se base sur l’écoute plutôt que les coups. Une nuit à la présidence du 20 au 22 nov 08 2013 2013 Le Gymnase, Marseille www.lestheatres.net/fr le 25 nov Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org The Valley of Astonishment du 10 au 14 déc 08 2013 2013 Le Gymnase, Marseille www.lestheatres.net/fr © Céline Nieszawer The Valley… Le titre vient du grand poème persan La Conférence des Oiseaux de Farid Al-Din Attar. Il s’agit ici de créer un univers poétique à l’inquiétante étrangeté. Peter Brook le dit lui-même, «Nous voyagerons dans des territoires inconnus. Dans la vie secrète de personnes qui vivent des expériences si intenses qu’elles les cachent aux autres». Assisté de Marie-Hélène Estienne, le metteur en scène explore les circonvolutions du cerveau humain avec des acteurs et musiciens préparés à déverser de folles images avec intensité. En adaptant le formidable roman de John Howard Griffin, Black like me paru en 1961, Clémentine Célarié se métamorphose en homme noir dans une mise en scène de son fils Abraham Diallo. Les choses ontelles changé depuis cet écrit terrible qui fit la lumière sur le racisme et les préjugés qui prévalaient dans l’Amérique des années 60 ? Seul sur scène, la comédienne joue une multitude de personnages, expérimente la peur, la honte, la fraternité… et lance par là-même un cri d’alarme universel ainsi qu’un appel au respect de l’autre et à sa différence. Mobilis-action © Maurizio Beretta Une nuit… Créé en 1995, le Théâtre de la Compagnie Actores Alidos a été menacé de fermeture après la suppression de subventions due à la crise économique. Pour éviter la catastrophe, Gianfranco Angei a écrit un spectacle mêlant toutes les formes artistiques possibles, prônant la résistance du public et des artistes face à la précarité de l’époque. En nous contant l’histoire de son théâtre, le metteur en scène chercherait-il à nous faire comprendre l’importance de l’existence des lieux artistiques dans un monde qui est réticent à les voir ? le 5 déc Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org La tempête Sur une île est exilé Prospéro aux pouvoirs enchanteurs. Avec lui, sa fille Miranca qui n’a plus de souvenirs du monde humain. À leur service Caliban et Ariel. Un jour Prospéro déchaîne une tempête amenant à lui son frère traître, Antonio, le Roi de Naples et son fils Ferdinand. Comment tout ceci finirat-il? Christophe Lidon met en scène Shakespeare, avec Claude Rich dans le rôle-titre, et en faisant du théâtre des navires qui fendent les rêves, rendant hommage à la célèbre citation «Le monde est théâtre» du même auteur. les 28 et 29 nov Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org 37 Made in Friche En partenariat avec les Bernardines, le théâtre Joliette-Minoterie programme la dernière création de l’auteur et metteur en scène Lazare, avec sa compagnie Vita Nova, présents pour la première fois à Marseille. Les illisibles et Quelqu’un est Marie sont deux courtes histoires imprégnées d’étrangeté : l’obscurité est propice aux troubles amoureux, comme aux égarements ! Une plongée dans ces histoires courtes à l’intérieur desquelles sont observés à la loupe des événements se produisant en l’individu. «Frontal par la vue et périphérique par le son», Utopia est un spectacle pour cinq comédiennes, doté d’un dispositif polyphonique original. Marie Lelardoux a travaillé sa mise en scène de telle sorte que les artistes se déploient parmi les spectateurs, tandis que leurs voix sont un matériau sonore amplifié et répercuté par un ingénieur du son. Le texte reprend les paroles de primoarrivants accueillis en France, confrontés à l’apprentissage d’une nouvelle langue. les 5 et 6 déc Les Bernardines, Marseille 04 91 24 30 40 www.theatre-bernardines.org le 16 déc Théâtre Vitez, Aix 04 13 55 35 76 www.theatre-vitez.com Résistance Le projet artistique… Pour ponctuer les propositions du festival Image de ville, le collectif Pensons le matin tentera de cerner la notion de projet artistique fondateur comme moteur de politiques culturelles qui auraient un réel impact sur la société. Cette rencontre réunira entre autres intervenants le sociologue Christophe Apprill et Philippe Foulquié, ancien directeur de la Friche. Le même jour, Pensons le matin participera à une table ronde sur la culture dans la ville à la Villa Méditerranée. Le projet artistique : fondateur ou illusion ? le 22 nov à 9h30 La Friche, Marseille www.pensonslematin.fr Petits contes d’amour et d’obscurité du 27 au 29 nov Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 www.theatrejoliette.fr L’association Résister Aujourd’hui organise une conférence débat autour du thème «On démantèle le programme du Conseil National de la Résistance». Interviendront Christiane Hessel, Gilles Vanderpooten, coauteur de Engagez-vous avec Stéphane Hessel, Rose Celavi, Catherine Lecocq, et Gérard Filoche, dont on ne présente plus les travaux sur les questions sociales, le code du travail, les retraites, la sécurité sociale, entre autres... Cet évènement est soutenu par la LDH, le MRAP, l’UJFP, ATTAC, Aix-Solidarité, ARAC, la Cimade, les Repaires. Richard Martin en hôte bienveillant interprètera Madame la Misère. le 26 nov Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org © Hélène Bozzi À la belle étoile les 12 et 13 déc Liliom du 18 au 21 déc Bêtes de foire du 19 au 21 déc Made in Friche du 19 au 21 déc La Friche, Marseille 04 95 04 95 95 www.lafriche.org Utopia, tous des barbares Petits contes... © X-D.R C’est la fête... Foraine ! À la Friche, on prépare les festivités de Noël lors d’un week-end bien rempli, avec bals, manège et autos tamponneuses, un grand marché d’hiver, et des performances en veux-tu en voilà. Y aura-t-il un montreur d’ours ? En tous cas, il est question d’un mystérieux camion dragon, et tant qu’on peut danser autour d’un feu de joie... À cette occasion, les trois expositions de la tour panorama seront en accès libre (Ce que raconte la solitude, In camera et Mangaro). On verra aussi en famille, au Massalia, le spectacle tendre et magique de Laurent Cabrol et Elsa De Witte, Bêtes de foire, un petit monde réel et fictif où les personnages sont manipulés à vue, composé de matériaux de récupération, de chiffons et de moteurs. La Criée, accueillie à La Friche, livrera Liliom, un «conte de banlieue féérique» en sept tableaux, sans morale et sans message, mis en scène par Jean Bellorini. Et si l’on est trop impatient pour attendre les vacances, elle offrira aux oreilles curieuses À la belle étoile, une séance de lecture pour des auditeurs allongés sur des lits de camp proposée par Bérangère Jannelle, dès la mi-décembre. Escales en librairie Les Escales, initiées par l’association Libraires à Marseille, poursuivent leur voyage dans les librairies du département. Une fois n’est pas coutume, c’est un éditeur qui est l’invité des deux dernières dates de novembre : Dominique Bordes, qui dirige les éditions Monsieur Toussaint Louverture, sera reçu le 20 nov à 19h à la librairie Histoire de l’œil, à Marseille (rencontre animée par Nadia Champesne et Emmanuel Picaud, avec des lectures de François Sabourin), et le 21 nov à 18h30 à la librairie Le Grenier d’Abondance à Salonde-Provence (avec des lectures de Raphaël France-Kullmann). Début décembre, lors de deux rencontres animées par Marc Voiry, l’auteure Lise Benincà viendra raconter ce qu’elle a vécu au sein d’Emmaüs Défi à Paris, qui lui a donné envie de donner voix à tous ces objets singuliers : le 4 déc à 18h30 à la librairie Saint-Paul à Marseille et le 5 déc à la librairie Lettres Vives à Tarascon. Libraires à Marseille www.librairie-paca.com 38 Rencontre-débat Richard Martin © Robert Terzian À la suite de la lecture du Chant I de l’Énéide de Virgile par la Compagnie du Singulier (les 26 et 27 nov au théâtre Vitez), une rencontre-débat sur le thème «Épopées, art et politique» unira, autour de l’œuvre du poète latin et du poème vietnamien du début du XIXe siècle le Kim Van Kiêu, littéraires, sociologues et artistes : Alain Guillemin, TON THAT Thanh Vân, Henriette Nhung Pertus, Marcelle Basso, Marie Vayssière, Miloud Khétib, Dominique Buisset. Passionnant, n’oubliez pas de réserver ! Les méfaits du tabac © Pascal Victor, ArtComArt La méthode Rencontre-débat : Épopées, art et politique le 11 déc Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 www.theatre-vitez.com Les textes de Léo Ferré, et ceux de nombreux poètes anarchistes de XXe siècle, inspirent Richard Martin depuis longtemps. Accompagné des musiciens de Leda Atomica, il les interprétera avec sa fougue habituelle sur la scène du Théâtre Nono, dans le cadre d’un partenariat avec le Toursky destiné à «abolir quelques lignes de démarcation entre le sud et le nord de Marseille». En retour, au mois de février, il accueillera chez lui En attendant Godot, création 2013 du Nono. La Fabrique de l’éphémère Quatre autour des textes d’Hervé Guibert, Claire Ingrid Cottanceau, Micheline Welter, Jean-Baptiste Sastre, Alain Simon, quatre artistes, comédiens, metteurs en scène, pour une courte résidence au Bois de l’Aune et une représentation unique où ils uniront leurs voix pour une lecture et une mise en espace de courts extraits, choisis parmi les plus tendres de l’auteur. Le style simple et dépouillé permettra à ces artistes qui n’ont jamais travaillé ensemble d’inventer un mode nouveau d’interprétation. Soirée exceptionnelle en vue ! le 28 nov Théâtre Nono, Marseille 04 91 75 64 59 www.theatre-nono.com Je suis les 2 et 3 déc Théâtre Vitez, Aix-en-Provence en partenariat avec les ATP d’Aix 04 13 55 35 76 www.theatre-vitez.com © Hiam Abbass Deux équipes, l’une française, l’autre russe, avec un travail sur la langue, sur la mémoire, l’oubli… le Théâtre KnAM et En Compagnie d’Eux, sous la direction de Tatiana Frolova, jouent les mots du Livre de l’oubli de Bernard Noël et ceux des mères de Léna et Sophie (Gindt), toutes deux atteintes de la maladie d’Alzheimer. Par le biais de l’émotion, il s’agit de prendre conscience du travail essentiel de la mémoire, aujourd’hui trop souvent abandonnée aux liens Internet et aux fichiers informatiques. le 21 nov Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix.fr Denis Podalydès met en scène ce «concert en un acte» de Tchekhov sur des musiques de Bach, Tchaïkovski, Berio, pour Michel Robin et trois musiciennes. L’argument est simple : un conférencier doit nous énumérer les méfaits du tabac, mais profitant de son absence il se plaint à nous du caractère de sa femme qui le tyrannise depuis trente-trois ans. Légèreté mélancolique de ce monologue qui converse avec la musique, douceur, regrets, évocation de l’impossible harmonie… un temps suspendu où le rêve cherche à fuir la réalité… du 26 au 29 nov Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net Frou-Frou les Bains Imaginez une station thermale le jour de son ouverture, sans eau ! C’est le début de l’argument de la comédie musicale légère et drolatique Frou-Frou les Bains. Le texte de Patrick Haudecoeur s’amuse des quiproquos, des personnages déjantés, des situations loufoques. La mise scène jubilatoire de Jean-François Pomerole soutient le rythme effréné de ce ballet savoureux où les mots dansent. Un exercice soutenu pour les zygomatiques ! le 21 nov Espace NoVa, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com La Festa & Bar La Festa les 28 et 29 nov Bar le 27 et le 29 nov Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix.fr © X-D.R Ces deux courtes pièces permettent de retrouver sur scène la compagnie Scimone Sframeli dont on a applaudi sans réserve Nunzio il y a deux ans. Les deux œuvres sont de Spiro Scimone qui les interprète avec son complice et ami Francesco Sframeli, en duo pour Bar et en trio pour La Festa avec Gianluca Cesale. On entend avec bonheur la petite musique des textes de Spiro Scimone, ciselés, sachant laisser la place aux silences, aux non-dits. Original et dense, un régal ! Le mensonge du 16 au 21 déc Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net Le texte autobiographique du philosophe Michel Onfray est interprété et mis en scène par Bernard Saint Omer, dans un monologue qui tente à donner une nouvelle épaisseur aux mots. L’enfance auprès d’un père ouvrier agricole peu loquace et courageux retrouve son parfum, par la grâce du comédien, tour à tour narrateur, père, fils. L’évocation est à la fois tendre, pudique, lyrique. Les odeurs, les sons deviennent sensibles. Renaît l’atmosphère du bocage normand. Un spectacle d’une intense poésie. le 21 nov Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr © X-D.R Le corps de mon père © Emmanue l Mu rat La pièce du brillant et jeune auteur Florian Zeller reprend les personnages de La vérité (2011) Alice, Laurence, Paul, Michel, dans... Le mensonge. Il est question d’un repas qui doit réunir les deux couples, mais Alice (Evelyne Bouix) a vu le meilleur ami de son mari (Pierre Arditi) embrasser une autre femme que la sienne. Elle veut annuler le repas, ne supportant pas le mensonge. Son mari en fait l’éloge. Le repas aura lieu… Le masque des conventions sociales est mis en lumière avec la finesse du marivaudage. 42 Le Bourgeon Goma Gom La peau dure le 25 nov Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net © X-D.R © Cie Fraction © Jérémie Rone Parce que Maurice est sujet à des malaises, sa mère la Comtesse fait venir un docteur qui diagnostique… «le bourgeon qui crève de sève jusqu’à éclater […]». Impossible pour la Comtesse d’imaginer son fils se pervertir avec une femme, elle qui l’a élevé dans la pureté et la chasteté ! Dans cette comédie de mœurs pratiquement inexplorée par le théâtre français, Georges Feydeau fait s’entrechoquer les postures sociales et démontre combien elles imposent aux individus des attentes de rôles selon leur milieu social. Dans une scénographie minimaliste, Nathalie Grauwin met en scène une formidable troupe de onze comédiens. Si vous ne savez pas faire grand-chose avec des chambres à air, les Chapertons, eux, inventent un monde inouï et sans limites ! Lors d’une traversée en mer vont se succéder, au gré des aventures de ces trois joyeux lurons espagnols, un tendre couple de pingouins délurés, un dompteur de cirque et ses phoques, trois hiboux musicaux, une fleur et un bourdon qui vont vivre une belle histoire d’amour… Imagination, simplicité et originalité sont au service de ce spectacle d’humour visuel tout public ! le 13 déc Le Théâtre, Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr Sonate d’automne L’époustouflant seul-en-scène de Sophie Vaude, adapté des Trois sœurs de Raymond Guérin, est repris au Sémaphore (en appartement) 10 ans après sa création. Le metteur en scène Jean-François Matignon invite, sur la musique de Gorecki, à écouter ces femmes habituées à se taire, dans une fresque du malheur quotidien durant la Seconde guerre. Dans l’intimité, après avoir encaissé les coups, les sœurs Coustu prennent chacune la parole et composent, dans une troublante déambulation, un chant de compassion et d’amour. du 26 au 28 nov Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com La Ronde de nuit © Cie Fraction © Pascal Gely Adaptée par Marie Deshaires et mise en scène par Marie Louise Bischofberger, la pièce est tirée du film d’Ingmar Bergman. Deux femmes, une mère -célèbre concertiste qui a toute sa vie privilégié sa carrière en délaissant ses filles-, et l’une de ses filles se retrouvent après sept ans de séparation. Le temps d’une nuit elles vont s’affronter, et confronter leur quête inassouvie d’identité et leur immense besoin d’amour. Avec Françoise Fabian et Rachida Brakni dans les rôles titres. le 25 nov La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 www.scenesetcines.fr Jean-François Matignon adapte et met en scène le roman éponyme de Patrick Modiano, l’histoire d’«un salaud ordinaire», joué par Thomas Rousselot, qui accepte de travailler pour la Gestapo française, et se retrouve, au hasard de ses «missions de confiance», membre d’un réseau de Résistance. Ni traître ni héros, il se retrouve bâtard de tout, pris entre deux mondes qui vont le pousser à jouer un double-jeu ambigu qui va prendre la forme d’une quête d’identité. le 5 déc Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com les 13 et 14 déc Les Carmes, Avignon 04 90 82 20 47 www.theatredescarmes.com Racine par la racine le 21 nov Espace Gérard Philippe, Port-St-Louis-du-Rhône 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr © X-D.R Avec un bel esprit humoristique et inventif, la compagnie Alcandre s’empare du concentré de onze des tragédies de Racine ! La mise en scène de Serge Bourhis décoiffe, faisant appel au cinéma, aux séries télé et aux dessins animés, avec musique de péplum, airs d’ouverture d’opéras… Un spectacle en forme d’hommage, comme le souligne son metteur en scène, qui «pourrait se définir comme une modeste entreprise de réhabilitation iconoclaste du corpus racinien». Tentative de jalousie Un grand moment… Un grand moment de solitude le 9 déc L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr le 28 janv Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com © Isard Paris Match Scoop Josiane Balasko fait son retour au théâtre avec cette pièce dont elle est l’auteure, la metteure en scène et l’interprète principale. Une comédie bien alambiquée dont elle a le secret, qui réunit un psychothérapeute agoraphobe, la psy qui vient le traiter à domicile qui est accumulatrice compulsive, une jeune fille SDF en galère, et un célèbre hacker lanceur d’alerte recherché par les polices du monde entier… Rau le 28 nov Espace Gérard Philippe, Port-St-Louis-du-Rhône 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr © André Marina Tsvetaeva fut l’une des plus grandes voix de la poésie russe du XXe siècle. Exilée en 1922 pour rejoindre son époux engagé dans les armées blanches, elle décida de rentrer en URSS en 1939, ne pouvant ignorer ce qui l’y attendait en pleine terreur stalinienne. Soixante douze ans après son suicide, Carole Bouquet fait entendre des textes de Marina Tsvetaeva, pour qui l’écriture fut une question de vie ou de mort, dans une mise en scène de l’auteure d’origine iranienne Nahal Tajadod. 44 L’Annonce faite à Marie Le contraire de Un © Jean Louis Fernandez Emma B., Charles B. et leur fille forment, en apparence, une famille des plus ordinaires qui semble respirer le bonheur. En apparence seulement, car sous le vernis qui se craquèle apparaît une Emma désœuvrée qui se consume de l’intérieur, et pour tromper l’ennui accumule les liaisons avec d’autres hommes en même temps que les dettes. S’inspirant librement de Flaubert, sur un texte de Mariette Navarro issu d’improvisations avec les acteurs, Caroline Guiela Nguyen appuie sa mise en scène sur une scénographie qui reconstitue scrupuleusement l’intérieur hyperréaliste de la maison, et l’ancre dans un réel palpable. les 2 et 3 déc Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 06 66 36 65 10 www.theatredenimes.com Une mère et sa fille discutent, se souviennent, et mettent à jour une relation depuis longtemps douloureuse. Des années de silence les ont séparées, depuis le temps lointain où un des fils de cette mère, persuadé d’être une petite fille enfermée dans un corps de garçon, a décidé de devenir une femme, affirmant ainsi son identité. Des années plus tard, la voilà confrontée à sa mère dont la mémoire se délite au fur et à mesure que la maladie d’Alzheimer progresse. Seule en scène, la comédienne Belge Vanessa Van Durme, auteure du texte, interprète les deux identités bouleversées, mise en scène par Richard Brunel. le 9 déc Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com Le Temps © X-D.R Avant que j’oublie Le magnifique recueil de nouvelles d’Erri de Luca, paru en 2003, dans lequel s’entrecroisent ses expériences de solitude éprouvées au sommet de monts transalpins et ses récits de luttes ouvrières dans l’Italie des années 60, est le sujet d’une lecture musicale et poétique, nouvel «ovni artistique inclassable» composé par Inouï Productions. En compagnie de Guigou Chenevier, Cyril Darmedru, Nicolas Gény et Emmanuel Gilot, une vivifiante occasion de rester en alerte face aux dangers de l’individualisme et du repli sur soi. les 12 et 13 déc Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 www.theatredeshalles.com © Guy Delahaye les 25 et 26 nov Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com le 2 déc Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com Yves Beaunesne signe une version lyrique de la première pièce de Claudel, suivant l’auteur dans son intuition d’un «opéra sans paroles». Le chant apporte une profondeur supplémentaire à ce drame mystique qui se tisse autour de la rivalité de deux sœurs, Violaine et Mara. Violaine, jeune femme aimante, contracte la lèpre en offrant un baiser par compassion. Jalousée par sa sœur cadette, reniée par les siens, elle se retire dans une caverne, seule avec sa foi. Les comédiens, Judith Chemla en tête, portent magnifiquement ce drame. © Piero Coiffard Elle brûle Pour la 7e année, le théâtre des Halles accueille les Rencontres euroméditerranéennes de l’association Volubilis. Conférences, débats, arts visuels et vivants agrémenteront ces quatre jours dédiés à une réflexion commune sur le paysage, la ville et ses aménagements. Autour du Temps, thématique de cette 11e édition, sociologues, philosophes, historiens, scientifiques, urbanistes, économistes, élus, professionnels, artistes… confronteront leurs points de vue pour «un retour à une vision plus humaniste du paysage». du 26 au 29 nov Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 www.theatredeshalles.com www.volubilis.org 45 La voix du piano © Gérard Vantaggioli À partir du texte du psycho-anthropologue et romancier Hubert Auque sur le mythe de Médée, Gérard Vantaggioli offre dans sa nouvelle création un rôle à la hauteur de la tragédienne Aïni Iften. Ni condamnation ni acquittement dans la revisitation de ce récit d’infanticide qui a traversé les siècles, mais l’envie de comprendre le sens du geste meurtrier de la prêtresse du soleil en Colchide, à partir de sa culture et de sa place de descendante du Soleil qui perpétua les offrandes de son ancêtre… Au bout de la mythique rue des Teinturiers, ce sont souvent des histoires de rencontres qui bercent le théâtre du Chien qui Fume. C’est le cas pour cette soirée issue d’une rencontre coup de cœur entre Clémentine Célarié et le pianiste Gilles de la Buharaye, tous deux régulièrement à l’affiche du théâtre. Ils se rejoindront pour une lecture musicale, plongeant les spectateurs dans une douce pénombre pour mieux apprécier la force des émotions, et «pour que toute la lumière des notes et du texte nous envahissent totalement». les 12 et 13 déc Le Chien qui Fume, Avignon 04 90 85 25 87 www.chienquifume.com La conférence… Noces Dialogue sensible et charnel entre la comédienne Annick Gambotti et le pianiste Jean-Louis Deconflin pour sublimer la beauté et la profondeur des mots d’Albert Camus, dans un spectacle bâti autour de Noces et Retour à Tipasa. Deux courts essais autobiographiques en forme de célébration de la nature, de l’Algérie, de l’histoire, de la connaissance de soi, écrits à 15 ans d’intervalle, où la recherche du bonheur et l’intensité lumineuse de l’écrivain se trouvent ici reliées pour faire entendre «la richesse de la musique d’un homme libre». le 21 nov Le Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org Produit par l’Union nationale des associations des apiculteurs italiens, ce spectacle a été créé en Italie en 2012. La solitudine dell’ape est un conte en chansons qui mêle, avec humour, réflexions et poésie autour de la lutte contre l’ennemi moderne, et mortel, que sont les pesticides de nouvelle génération qui éliminent peu à peu les insectes pollinisateurs. En première partie, organisé avec l’association Follavoine, aura lieu sur le sujet un débat avec François Veillerette, porte parole de Générations futures. La solitude de l’abeille le 5 déc Le Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org © Francis Grosjean Médée de retour en Colchide du 21 au 23 nov Le Chien qui Fume, Avignon 04 90 85 25 87 www.chienquifume.com La solitude… © Andrea Pierdicca Médée de retour… Acte e(s)t parole Avant de partir en tournée, La conférence des oiseaux de la Cie Serge Barbuscia est reprise en ses murs, au Théâtre du Balcon. À partir du récit poétique de Jean-Claude Carrière, Serge Barbuscia a adapté le conte persan de Farid Al Din Attar, l’un des plus célèbres contes soufis. Un voyage initiatique dans lequel 33 oiseaux pèlerins partent à la recherche de leur roi, le Simorgh… Textes, voix, chants, musiques se conjuguent à merveille et en toute poésie, dans une quête universelle entre Orient et Occident. La conférence des oiseaux les 29 et 30 nov Le Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org En collaboration avec l’Association Beaumarchais SACD, deux soirées pour fêter l’écriture théâtrale. Le principe : la lecture d’un texte inédit d’un auteur d’aujourd’hui par deux comédiens (Camille Carraz, Olivier Ranger), une artiste peintre (Paule Tavera-Soria), une musicienne (Joëlle Faye) et quelques impromptus. Cette première soirée mettra à l’honneur Pompiers de Jean Benoit Patricot, mise en voix par Serge Barbuscia. La seconde aura lieu le 14 fév autour d’un texte de Gilles Treton, accompagné musicalement par Nathalie Waller. le 12 déc Le Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 www.theatredubalcon.org 46 Elf la pompe Afrique Nicolas Lambert a suivi le procès Elf, et le restitue avec une terrible vérité. Le système de nettoyage d’argent de la Françafrique apparaît dans ses détails et ses méandres, scandaleux, affligeant. D’utilité publique pour comprendre comment politique et finance s’allient sur le dos des Africains, et au nom de la France. Nicolas Lambert est drôle et sidérant dans chacun des personnages de ce micmac honteux... le 6 déc La Chartreuse, Villeneuve-lez-Avignon 04 90 15 24 24 www.chartreuse.org © X-D.R Dans une langue inimitable et un humour ravageur, la figure du théâtre-récit Ascanio Celestini signe un spectacle magistral sur les aberrations de nos sociétés modernes. Sur un texte écrit pour David Murgia, il donne la parole aux puissants, évoquant une nouvelle fois la relation entre classes dominante et dominée. Le comédien, époustouflant, donne vie à ces politiciens ou ces patrons qui laissent échapper un discours grotesque et effrayant. Féroce ! Conférence sous le Chêne du journaliste et écrivain Olivier Barrot, autour de la vie du «patron» incontesté du théâtre. Il s’appuiera sur des images d’archives et des écrits de Jean Vilar pour retracer son parcours et son œuvre bâtie en faveur d’un théâtre populaire de qualité accessible à tous. Celui qui a fondé le Festival d’Avignon en 1947 avec le poète René Char, puis le Théâtre National Populaire qu’il dirigea de 1951 à 1963, reste à Avignon comme ailleurs un modèle de chef de troupe charismatique et exemplaire. Le Théâtre Mobile présente un laboratoire après une résidence de travail autour de l’œuvre complexe de l’écrivain norvégien Arne Lygre. C’est pour le metteur en scène et dramaturge Christian Giriat, «le tout début d’un voyage», qu’il lui sera donné d’expérimenter avec son équipe sur le plateau de la Chartreuse. «Le théâtre n’est utile que s’il contient un explosif insondable nous dit Régy. Et l’œuvre de Lygre contient ce type d’explosif. Ce que raconte Homme sans but, seul le plateau peut le révéler…». À 14h, en entrée libre. le 27 nov La Chartreuse, Villeneuve-lez-Avignon 04 90 15 24 24 www.chartreuse.org La Maison Avec sa Cie Sic.12, le chorégraphe Gustavo Giacosa mène depuis 2013 des ateliers dans des lieux où les personnes vivent une expérience particulière de la maison, pour récolter des matériaux de création. La maison, thème de sa recherche actuelle, lieu de sédentarisation et de retour qui permet d’interpréter notre présence au monde… L’équipe multidisciplinaire (théâtre, cinéma, musique, danse) en résidence d’écriture du 8 au 20 décembre, ouvre une répétition publique le 18 déc à 20h. Entrée libre. La Maison (titre provisoire) le 18 déc La Chartreuse, Villeneuve-lez-Avignon 04 90 15 24 24 www.chartreuse.org © Gustavo Giacosa Homme sans but le 12 déc Théâtre Durance, ChâteauArnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr le 16 déc Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr © Erwan Temple le 27 nov Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 www.chenenoir.fr Discours à la nation © Antonio Gomez Garcia Jean Vilar l’exigence 47 Le Nouveau ciné-club Danbé Que reste-t-il d’un film vu dans nos mémoires ? Le collectif ildi! eldi s’appuie sur la relation physique, psychique et émotionnelle qui s’instaure entre un film et son spectateur pour imaginer 3 spectacles autour des films cultes que sont Les Parapluies de Cherbourg, Alien la trilogie et Les Oiseaux. Avec l’écrivaine Olivia Rosenthal, Sophie Cattani et Antoine Oppenheim interrogent les perturbations que provoquent en nous chacun de ces 3 extraits -respectivement les pleurs, la conception de l’enfant et sa perte, la peur-, en croisant théâtre et cinéma. Depuis 2010, la Cie des Petits Champs est installée dans la Ferme Neuve, une étable dont l’histoire riche sert de toile de fond à cette pièce, sur le texte de Clément Hervieu-Léger mis en scène par Daniel San Pedro. Dans les années 50, une famille d’éleveurs uruguayens se rend en France pour y acheter des bêtes et enrichir son troupeau. Ils achèteront trois taureaux et deux vaches, avant de s’embarquer pour une longue traversée de retour entre l’Europe et l’Amérique du sud, presqu’aussi épique que l’Odyssée d’Ulysse ou le voyage de Magellan. Pierre Badaroux et Laurent Sellier font de l’histoire vraie d’Aya Cissoko -une jeune femme née de parents maliens, touchée par de nombreux malheurs et qui parvint à se reconstruire à travers la boxe avant d’entamer des études à Sciences Po-, relaté dans un livre coécrit avec Marie Desplechin, un spectacle mêlant texte, concert jazz / électroacoustique et archives sonores. Un concert-conte qui se niche dans les oreilles, au plus près du son, de la voix et de l’intime… Sur le sentier d’Antigone le 5 déc Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu Cocktails les 11 et 12 déc Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr Cabaret… Avant Tournée, le film de Mathieu Amalric, on ne connaissait pas en France ces drôles de strip-teaseuses burlesques. Dans leur show, le sexe, ou plutôt la chair, est débordante, étrange, pas très jeune, sexy pourtant. Les numéros se succèdent, portés par leur humour finalement bon enfant, et les vidéos amusées de Pierrick Sorin. Cabaret new burlesque le 13 déc Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr © Hichem Dahes © Julien Oppenheim Antigone est une rebelle, une révolutionnaire, une résistante ; figure emblématique de l’insoumission que l’Agence de Voyages Imaginaires fait clown. Car Séraphin, le clown innocent et malicieux de Valérie Bournet est de retour, toujours accompagné des ses deux anges gardiens musiciens-comédiens qui auront fort à faire, tantôt Antigone, Créon… et Séraphin ! La mise en scène de Philippe Car joue là sur les tempos, les modes de narration qui permettent des respirations poétiques et gaguesques. Le Voyage en Uruguay du 26 au 28 nov CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com © E. Rioufol les 25 et 26 nov La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu Sur le sentier… Le Voyage… C’est une véritable constellation débridée de courtes pièces qui constitue ce cocktail subversif et détonnant. Après To the ones I love et Clear Tears / Troubled Waters, Thierry Smits concocte un spectacle plus intimiste qui s’inspire des actualités qui ont marqué la mémoire collective des dernières années, où l’enjeu est celui du fantasme et du fantasque. Les tableaux se succèdent, empruntant largement au répertoire musical et à l’imagerie pop, pour recréer l’ambiance du cabaret berlinois de l’entre-deux-guerres, ironie comprise ! du 9 au 12 déc CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com 48 Jean François Sivadier reprend La Vie de Galilée avec Nicolas Bouchaud. Un très grand acteur, emmené par un très grand metteur en scène, dans un très grand texte... Le discours de Brecht, sur la vérité, la raison, le pouvoir, l’argent, décoiffe, révèle, épate, convainc. L’engagement de l’homme de science, ses petits arrangements avec le réel qui lui permettent de continuer à penser et à travailler, rejoignent les luttes de Brecht contre le capitalisme, affirmant que les systèmes (économiques) communément admis peuvent être des erreurs, et qu’il faut chercher la vérité, même seul contre tous... les 16 et 17 déc CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com King Lear fragments Ah ! Le grand homme Le grand homme en question n’est autre que Jean Vilar, à qui un hommage veut être rendu par un metteur en scène légèrement fumeux, un sous-directeur complètement dépassé et des comédiens connus ou moins connus. Mais les fantômes du lieu, et du Théâtre en général, vont s’en mêler… Les frères Pradinas, Pierre et Simon, dessinent des personnages déraisonnables, excessifs, maladroits et touchants, portés sur scène, entre autres, par Christophe Alévêque, Yvan Le Bolloch’, Jacques Vanier… © Gabriel Fabre La vie de Galilée le 21 nov Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com le 22 nov Le Théâtre, Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr Deux comédiens du collectif Mains d’œuvre, Jérôme Kocaocglu et Frédéric Fialon, interprètent à eux-seuls, tout en pirouettes et en ruptures, la horde de personnages du Roi Lear de Shakespeare. Ou plutôt réinventent, dans un rapport au public jubilatoire et une réécriture pertinente, la tragédie fragmentée du roi déchu et des frasques de son fou. Clownesques et fantasques, ils changent de rôles comme d’épées, dans un aller-retour tonique entre fiction et réalité pour mieux surprendre l’absurdité de la condition humaine. © Alain Dugas © Xavier Cantat le 9 déc Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr Contractions Album de famille Ça joue, ça chante, c’est du théâtre en chansons ou des chansons théâtralisées… pour raconter l’histoire d’une famille, de la naissance des enfants jusqu’à leur départ de la maison, jusqu’à la création de leur propre famille. Banal ? Certes non, car pour en parler la Cie Le Sans soucis à choisi la chanson comme unique moyen d’expression. L’album se feuillette alors à travers une vingtaine de chansons françaises que quatre comédiens-chanteurs revisitent avec humour, émotion, et un brin de folie. le 5 déc Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr La nouvelle création de la Compagnie varoise de l’Écho interroge sans concession notre société, et particulièrement le pouvoir et les dérives qui régissent le monde du travail. Quels sont les mécanismes qui peuvent priver un être humain de sa liberté de penser, d’agir, pour le mettre au service d’un intérêt économique ? Xavier Hérédia met en scène cette fable terrifiante en quatorze tableaux qui annoncent l’inéluctable descente aux enfers d’une jeune employée de bureau. Joué dans le cadre du 1er festival d’automne du Conservatoire national à rayonnement régional de Toulon Provence Méditerranée. le 13 déc Théâtre Marélios, La Valette 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr La Légende noire… Le sous-titre très évocateur de cette pièce, qu’André Newton a écrit et met en scène fait référence à une histoire peu connue de la Première guerre mondiale : celle de l’affaire du XVe corps d’armée, entièrement constitué de soldats provençaux injustement accusés de lâcheté devant l’ennemi, boucs émissaires d’une stratégie désastreuse de l’armée française sur le front de l’Alsace et de la Lorraine. Le soldat Auguste Odde, de Six-Fours, fut la victime expiatoire de cette cruelle histoire. La Légende noire du soldat O ou les «midis» du XVe corps le 9 déc Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com Elles Écrit d’après un collectage d’une quarantaine de récits de femmes, Elles est une pièce qui révèle une infinité de vies minuscules et majuscules, drôles ou bouleversantes, qui confortent le sentiment qu’aucune femme n’est réductible aux panoplies que la société cherche à lui faire endosser. Comédiennes, danseuses, chanteuses, Alicia Ducout, Jenny Mutela et Marianne Vigues incarnent ces mots livrés dans le secret de l’intimité, à la fois personnels et universels, formant un camaïeu de paroles multiples. © Mairie des ULIS le 21 nov Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com Le Conte d’hiver Patrick Pineau offre une version facétieuse, résolument enlevée et franchement drôle du Conte d’hiver de Shakespeare, entouré d’une de sa talentueuse bande de comédiens. De ce drame de la jalousie terrible, maladive et sans objets d’un roi qui soupçonne son épouse, sur le point d’accoucher de leur deuxième enfant, d’avoir un amant, il fait naître le rire et la fantaisie, en y mêlant le romanesque et le merveilleux, pour faire de ce conte une comédie foraine et foutraque. le 29 nov Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com le 2 déc L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr © Philippe Delacroix 14-18 : dans l’enfer des tranchées le 12 déc Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com © X-D.R Les lettres et carnets de poilus ne cessent d’alimenter l’histoire de la Première guerre que l’on découvre toujours plus et mieux, aidés en cela par les mots de tous les soldats partis sur le front pour défendre la France dans un grand élan national. La création de la Cie Artefact, associée au Carré, est une lecture mise en scène de ces écrits qui disent l’enfer vécu par ces hommes, mais aussi par les familles en attente de retours, à l’aide de vidéo et d’un théâtre d’objets qui rendent plus poignantes encore ces vies bouleversées. 50 Hôtel paradiso Le collectif berlinois Familie Flöz a renouvelé le théâtre de masques avec des créations combinant comédie, mime, musique, clown et acrobatie. Et sans paroles ! Ici, ce sont les masques rigides animés par les sentiments qui parlent, rient, chantent pour une expérience de théâtre totalement fascinante. Des choses étranges se passent à l’Hôtel Paradiso, situé dans les Alpes, tenu par une vieille dame et ses enfants. S’ensuit une danse de malentendus et de gaffes, pleine d’humour. © Bruno Mixer la poésie de Charles Baudelaire et de Brigitte Fontaine, un mariage improbable relevé par Françoise Courvoisier dans ce spectacle musical, véritable cocktail de volupté, entre vertige, beauté et spiritualité. Joués par Robert Bouvier, Cédric Cerbara et Aurélie Trivillin, trois personnages partagent une journée à la campagne et égrènent, de pique-nique bucolique en confidences au clair de lune, leurs plus belles fleurs du mal. Un voyage sensible et torturé dans les mots flamboyants, humains et tendres, du poète maudit. le 25 nov Théâtre Le Forum, Fréjus 04 94 95 55 55 www.aggloscenes.com les 26 et 27 nov Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com Ouvert la nuit Dominique Pinon © X-D.R Les fleurs du mal Le Théâtre clôture son projet «Terre, Eau, Territoire - De 1914 à 2014, histoire d’un siècle» avec un marathon de lectures portées par une quarantaine de lecteurs amateurs -ayant participé aux ateliers proposés par le Dynamo Théâtre- et professionnels, dont Marie-Christine Barrault, Dominique Pinon et Philippe Torreton. Au Théâtre de Grasse, et dans des lieux insolites de la ville, douze heures de lectures dresseront les espoirs des luttes, changements et progrès espérés et opérés sur le siècle écoulé, dans le but de mettre en perspective les cent ans à venir. Vol au dessus… le 3 déc Palais des Congrès, Saint-Raphaël 04 94 19 84 11 www.saint-raphael-congres.fr le 29 nov de 12h à 24h Théâtre de Grasse 04 93 40 53 03 www.theatredegrasse.com © BM Palazon Narcisse… La courte pièce en un acte et en prose de Jean-Jacques Rousseau, œuvre de jeunesse légère et enlevée, traite de la question de l’identité, de l’imposture et de la mascarade sociale et morale. Mise en scène par Jean-Luc Revol dans le cadre du tricentenaire de la naissance de Rousseau, qui en offre une version jubilatoire. Un chassé-croisé amoureux, partagé par sept comédiens exaltés, où les quiproquos se succèdent autour de ce Valère/Narcisse moderne, fou amoureux de son propre portrait. Narcisse ou l’amant de lui même le 12 déc Palais des Congrès, Saint-Raphaël 04 94 19 84 11 www.saint-raphael-congres.fr L’histoire adaptée du roman de Ken Kesey par Dale Wasserman au cinéma, est celle d’un combat entre des individus et le système psychiatrique qui cherche à les normaliser, pour dénoncer la censure de la liberté d’expression. Tout le monde se souvient du film de Milos Forman, l’adaptation théâtrale par le metteur en scène Stéphane Daurat réussit à prouver que le propos reste actuel. Un message de solidarité dans une société individualiste joué par une myriade d’acteurs, tous très justes, de la Cie Caravane. Vol au dessus d’un nid de coucou le 9 déc Théâtre Le Forum, Fréjus 04 94 95 55 55 www.aggloscenes.com Cabaret Gainsbourg Serge Gainsbourg, né Lucien, passa son enfance à écouter son père, musicien professionnel, jouer sur son piano des œuvres de Scarletti, Bach, Gershwin… Imprégné de cet univers musical, et après avoir obtenu un poste de pianiste de bar, il commença à écrire des chansons pour Juliette Gréco, Brigitte Bardot, Jane Birkin, Catherine Deneuve etc..., non sans interpréter lui-même ses propres chansons. Les comédiens de l’ensemble 22 de l’ERAC feront résonner dans leur propre sensibilité et musicalité les textes et musiques du compositeur. le 28 nov Théâtre de La Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com 51 Dansem sur tous les plateaux pièces d’Alessandro Sciarroni (I will be there when you die, ou le jonglage dansé, les 2 et 3 déc au Pavillon Noir et Joseph, version pour Kids, au Massalia les 3 et 5 déc), une création de Jean Jacques Sanchez (le 4 déc à La Friche), une autre de Montaine Chevalier (le 12 déc à La Joliette), une de Michele di Stefano (le 12 déc à La Friche)... pour finir le 16 déc à La Joliette par un quatuor masculin de Raddouane el Meddeb, sur le cinéma égyptien des années 60, Au temps où les Arabes dansaient... Voir aussi p.21 Y a-t-il une danse méditerranéenne ? Lorsqu’on lui pose la question, Cristiano Carpanini, directeur de Dansem depuis 18 ans, répond qu’en tous les cas elle n’a pas d’unité, ni d’esthétiques spécifiques, mais que des artistes s’y posent des questions, souvent politiques, et toujours autour de la place sociale du corps. La 17e édition de Dansem a commencé (voir critique sur le site), et bat son plein. Après Andrea Costanzo Martini et Olivier Dubois, on peut y voir Georges Appaix pour la reprise de Univers light oblique (les 18 et 19 nov au Pavillon Noir) et la création de Vers un protocole de conversation (les 11 et 12 déc à La Joliette). On attend aussi avec impatience Catherine Diverres et Francesca Foscarini les 28 et 29 nov au Théâtre de Lenche, Tordre de Rachid Ouramdane au Merlan (le 9 déc), deux Festival Dansem jusqu’au 16 déc Arles, Aix, Marseille 04 91 55 68 06 www.officina.fr Danse contemporaine Dance groove 13 le 16 déc Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org Siwa © Pierre Thepenier © Agnes Mellon Divadlo Studio Tanca © Cossimo Mirco Magglioca La Compagnie du Divadlo Studio Tanca est l’invitée prestigieuse du Toursky pour cette soirée de découverte et d’excellence. Tomas Danielis convie le spectateur à une expérience unique et intime d’une rencontre avec soi-même avec Les Mémoires du corps ; pour Les Duos, trois regards se posent sur l’existence et la danse, ceux de Katarina Zagorski, de Milan Kozanek et de Peter Mika ; enfin, dans Gel d’images, Peter Mika et Olga Cobos offrent une fantaisie pour six danseurs sur les relations humaines et ses rapports de domination. Cantando Sulle Ossa © Paolo Porto Pour sa 2e édition, le Dance groove 13, initiative conjointe du Merlan et de Heart Color Music, poursuit sa mission de repérage, présentation et accompagnement des compagnies de danse hip hop de la région. À l’issue de cette soirée, et après avoir concouru devant un jury professionnel, l’une d’entre elles bénéficiera d’une résidence artistique de travail et d’une programmation à venir au Merlan. le 22 nov Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org Une oasis, Siwa, et ses miroitements. Michel Kelemenis a écrit un quatuor pour quatre danseurs hommes, sur le quatuor n°2 de Debussy, interprété en direct par le Quatuor Tana. La musique commence, les danseurs entrent doucement dans ses espaces, ses harmonies, ses douceurs, ses envolées. La musique d’Yves Chauris vient par moments imposer ses respirations. L’eau est là, précieuse, dans le sable évoqué, les lumières allumées. La danse se fait matière, entre son et corps qui se réfléchissent ensemble... le 27 nov Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org le 7 fév CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com 52 Pavement Lacher prise © Patrick Lefebvre Jeune prodige new-yorkais et phénomène de la danse, Kyle Abraham interroge par la danse l’identité afro-américaine ainsi que sa place dans le monde. Avec cette pièce il plonge au cœur des tensions raciales des quartiers chauds de Pittsburgh pour révéler les discriminations et la pauvreté dont les Noirs sont victimes aux États-Unis, mais aussi, paradoxalement, leur apport à la culture et aux arts. La musique hip hop et jazz côtoie les airs d’opéra et les extraits d’archives radiophoniques pour construire une danse métisse, à la croisée de la danse contemporaine et des danses de rue. le 6 déc La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 www.scenesetcines.fr Le Transformateur, lieu de résidence et d’accueil du Ballet d’Europe, programme deux créations : Lâcher prise de JeanCharles Gil, comme son titre l’indique, découle de la nécessité d’accepter ses limites et de vouloir tout contrôler pour mettre en œuvre sa propre liberté. Sur une musique de Miguel Cobo, avec les danseurs Emma Gustafsson et Samir El Yamni ; ce dernier signe l’autre création, Journal des Corps / Révolution des corps, second volet d’un diptyque qui fait suite aux Carnets de route dans lequel il s’attache à la mutation et révolution du corps dans sa temporalité. Constelaciones La Cie Aracaladanza révèle la fantaisie, l’imagination et la magie de Joan Miró dans cette pièce chorégraphique d’Enrique Cabrera qui mêle danse et vidéo. Au rythme des tableaux colorés et élégants, le chorégraphe fait appel à une recherche subtile des lumières ainsi qu’à l’originalité des costumes pour révéler des formes conceptuelles suggestives. Jusqu’au final qui dessine une toile surréaliste dans une explosion de couleurs et de danse. le 13 déc Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net Rocio Molina, icône du flamenco moderne, s’est inspirée, dans cette toute dernière création, du théâtre japonais et des poétesses de l’âge d’or espagnol. Elle transforme le plateau en forêt chimérique au cœur de laquelle elle se bat avec les forces irrationnelles de la nature. Précision rythmique et inventivité instinctive sont toujours les maîtres-mots de cette talentueuse et élégante jeune andalouse. le 29 nov L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr les 24 et 25 janv Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com © Carrie Schneider les 26 et 27 nov Le Transformateur, Allauch 04 96 13 01 12 www.balletdeurope.org Bosque Ardora © X-D.R Soirées créations Dans les pas… En rendant hommage à Rudolf Noureev qui l’avait nommé danseur étoile à l’Opéra de Paris, Kader Belarbi, directeur du Ballet du Capitole, permet aux danseurs du Ballet de se confronter à cinq chefsd’œuvre du répertoire du chorégraphe russe : la Scène des Ombres de La Bayadère, des extraits de La Belle au Bois Dormant, la Scène d’amour de Roméo et Juliette, un Pas de trois du Lac des Cygnes, et le dernier acte de Don Quichotte. Dans les pas de Noureev le 3 déc Le Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr Stéréoscopia Le nouveau projet de Vincent Dupont, comme un hommage rendu au peintre Jacopo Chimenti, cherche l’écart entre deux images presque semblables pour créer une perception nouvelle. Comme dans les dessins du peintre, qui représentent le même sujet vu par chacun des deux yeux, les corps des danseuses Ariane Guitton et Aline Landreau explorent un monde fait de doubles, s’attirent et se repoussent, entre désir et peur de la chute. En contrepoint, des objets et des sons viennent révéler des émotions, et créer un décalage entre ce que l’on voit et ce que l’on entend. les 16 et 17 déc Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com 53 Samedi détente les 27 et 28 nov Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com les 9 et 10 déc Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net Dorothée Munyaneza © Klara Puski Dorothée Munyaneza, survivante du génocide rwandais, livre son histoire, et celle de son pays, 20 ans après. Le titre fait référence à une émission de radio où l’on écoutait des musiques venues d’ailleurs, qui faisaient danser, chanter. C’est par le prisme de l’enfance, et d’une danse badine et joyeuse, qu’elle témoigne de la paix d’avant la guerre, de la vie avant la mort, du rire avant les larmes. Mani Asumani Mungaï, danseur, et Alain Mahé, compositeur et improvisateur l’accompagnent. Rites le 11 déc L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 www.mairie-saintremydeprovence.fr © Christian Ganet Conférence dansée pour un inventaire à la Denis Plassard, chorégraphe qui se mue en anthropologue-sociologue pour dérouler ses rituels contemporains. Analysés, décortiqués, loufoques, imaginaires ou totalement crédibles, la collection de rites dansés qu’offrent les formidables interprètes de la Compagnie Propos, est d’une inventivité sans limite. Derrière le comique de situation, se joue une qualité d’écriture précise et jubilatoire qui réinvente avec une totale liberté le concept de danse traditionnelle. Jean-Sébastien Lourdais le 15 déc CDC Les Hivernales, Avignon 04 90 82 33 12 www.hivernales-avignon.com Jean-Sébastien Lourdais © X-D.R Dans le cadre des Lundis au soleil, rendezvous mensuels conviviaux de découverte en entrée libre, organisés par le CDC Les Hivernales, le chorégraphe québécois Jean-Sébastien Lourdais présente ses pistes de travail pour le spectacle en deux parties qu’il créera pour le Festival Les Hivernales 2015. Une réflexion sur le déracinement que ce danseur atypique, au corps fascinant en constante tension, trace de pièces en pièces, créant une trajectoire à part dans le paysage chorégraphique. 54 Annonciation… © Book of Taboo-Aviator © Image by Maleonn Nouvelle création de Christian et François Ben Aïm autour de la force motrice du désir. Accompagnés par trois violoncellistes et un chanteur au plateau, quatre danseurs délivrent les sensations provoquées par ce souffle vital, observant ce qui se cache, parfois inconsciemment derrière cette énergie sans limite. «La légèreté des tempêtes c’est le calme dans la tornade, l’agitation dissimulée derrière l’apparence paisible de nos vies quotidiennes, l’expression révélée de notre vibration intérieure». Charles Eric Petit a réussi avec sa compagnie L’Individu à proposer une lecture de Shakespeare à la fois tout à fait fidèle, et tout à fait décalée. Parlant de la vie de troupe, du couple surtout, de ses déchirements, de ses accords imparfaits, il fabrique un décor avec trois bricoles, et un propos avec beaucoup d’a-propos. Les comédiens sont justes, entrant dans la peau des personnages shakespeariens petit à petit, et ne quittant jamais tout à fait la leur... Le songe d’une nuit d’été le 9 déc La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu © Laurence Garel The word’s room le 5 déc Théâtre Golovine, Avignon 04 90 86 01 27 www.theatre-golovine.com Annonciation & Royaume Uni le 21 nov La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu Le songe… La légèreté des tempêtes le 9 déc La Garance, Scène nationale de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.lagarance.com Prisonnière de sa mémoire et de ses souvenirs épars, une femme, interprétée par Ioulia Plotnikova qui signe également la chorégraphie pour sa Cie TanZoya, est enfermée dans une pièce où le papier et les mots calligraphiés ont remplacé le mobilier, l’écriture reflétant ses obsessions. Un solo en flux tendu dans lequel la danseuse, interprète chez Blanca Li ou James Thierrée, engage tout son corps, et l’espace est organisé autour de cette quête pour dompter les mots par les projections vidéo de traces manuscrites de Johann Fournier. Deux pièces courtes d’Angelin Preljocaj, aux esthétiques fortes et singulières. La première, Annonciation, est une œuvre de jeunesse (1995) charnelle et bouleversante, dans laquelle le chorégraphe façonne un duo loin de l’iconographie classique autour de l’Ange Gabriel et la vierge Marie. Plus récente, Royaume Uni (2012) rassemble quatre hip-hopeuses qui composent une communauté où s’unissent les genres et les individualités, et offre de superbes images épurées dans un «sur-mesure chorégraphique». Nous sommes pareils… © Manon Valentin La légèreté… Nous sommes pareils à ces crapauds qui dans l’austère nuit des marais s’appellent et ne se voient pas, ployant à leur cri d’amour toute la fatalité de l’univers : en voilà un titre, forcément acrobatique, inspiré d’un poème de René Char pour cette première pièce époustouflante, suivie par Ali, créée en 2008. En associant leurs talents, les frères belgo-tunisiens Ali et Hedi Thabet et le circassien-poète français Mathurin Bolze interrogent la notion de prouesse et de métamorphose. les 4 et 5 déc Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr le 7 déc La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr Pixel Mourad Merzouki poursuit sa quête du mouvement en mêlant, pour la première fois, danse hip hop et arts numériques. Adrien Mondot et Claire Bardainne l’accompagnent dans ce nouveau projet, projetant un monde d’illusions grâce à leurs vidéos interactives sur le corps des danseurs. Une conversation ludique en trois dimensions et en trompe l’œil, où se succèdent prouesses technologiques et physiques. le 6 déc Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com le 13 déc Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr le 16 déc Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com 55 Coup fatal Solo sur l’exil, tous les exils, celui de soimême aussi, plus dramatique encore que celui d’un pays, la chorégraphie de Christian Rizzo explore en une série de tableaux l’univers fragmenté d’une vie nomade, s’attachant aux objets que l’on emporte, points d’ancrage d’une reconstruction. Cette pièce composée pour Kerem Gelebek, danseur turc installé en France, dessine un univers en épure d’une intense poésie. (Nota bene : tarif spécial pour les deux soirées Christian Rizzo). Imaginez une création scénographique de Freddy Tsimba, connu à Kinshasa pour ses impressionnantes sculptures faites de douilles de munition glanées sur les zones de combat, en écrin au chant du contreténor Serge Kakudji et treize musiciens congolais, où jazz, musique traditionnelle, populaire, rock se mêle aux arias baroques. Ajoutez à cela la forme théâtrale et dansée créée par Alain Platel et le danseur Romain Guion… vous obtiendrez Coup fatal, baroque, exubérant, élégant, dandy à souhait. Une belle idée pour KVS et les Ballets C de la B. Sakinan göze çöp Batar le 21 nov CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com les 5 et 6 déc CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com © Marc Domage Alonzo King… Pour une fois, ce n’est pas le nom de l’œuvre interprétée qui est posé en titre, mais celui de la compagnie, Alonzo King Lines Ballet. Cette troupe prestigieuse de San Francisco est dirigée par l’un des «rares véritables Ballet Master de notre temps» d’après William Forsythe : Alonzo King. On applaudira le sublime pas de deux de Migration, le lyrique Writing ground inspiré des poèmes de Colum McCann, et le Concerto for two violins. Inspiration multiculturelle, fusion entre les mouvements des danseurs et l’idée à servir, pour un art à la fois exigeant et accessible à tous. Alonzo King Lines Ballet le 2 déc Théâtre le Forum, Fréjus 04 94 95 55 55 www.aggloscenes.com C’est à partir de l’émotion ressentie en voyant l’exécution impromptue d’une danse folklorique turque que Christian Rizzo compose la chorégraphie Une histoire vraie. Pour comprendre ce qu’il a éprouvé alors, il s’entoure de huit danseurs masculins et de deux batteurs. La danse folklorique mêle alors ses pas à ceux de la danse contemporaine. Se dessine une danse fiévreuse, exaltée, emplie d’un bonheur rythmé par les percussions. Un spectacle jubilatoire ! D’après une histoire vraie le 28 nov CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com © Margo Moritz D’après une... Bit © Grappe Sakinan göze... La nouvelle création de Maguy Marin joue sur les variations de rythme de pulsations, les élans, les repos, les tempi, les densités, les timbres, construisant le chemin de la vie humaine, en un poème symphonique qui se déploie entre naissance et mort. La chorégraphe imagine la vie humaine comme une forme en constante mutation, entre les possibles et les devenirs, entre mémoire et attente de ce qui sera. Vivre, c’est vivre le temps. Ses orchestrations multiples dessinent la respiration de la danse. le 16 déc Grimaldi Forum, Monte Carlo +377 99 99 30 00 www.monaco-spectacle.com Genesis Musiques d’origines africaines, indiennes, chinoises et polonaises, masques chirurgicaux, cages de verre à l’instar d’éprouvettes géantes, la création de Sidi Larbi Cherkaoui interroge sur l’origine de toutes choses, la vie, la mort, indissociables, rencontre entre l’Orient et l’Occident, poésie virtuose des gestes… Le chorégraphe transpose ses pensées philosophiques en une chorégraphie superbe avec la danseuse chinoise Yabin Wang (Le secret des poignards volants). les 13 et 14 déc Opéra de Monte Carlo, salle Garnier +377 98 06 28 28 www.monaco-spectacle.com 56 Henriette et Matisse Ogre es-tu ? Est-ce qu’on naît ogresse, ou est-ce qu’on le devient ? Puiser dans la riche matière des contes classiques, faire resurgir l’imposante figure de l’ogre, et surtout son pendant féminin moins souvent représenté, telle est l’ambition de Béatrice Courcoul et Rachel Ceysson dans ce nouveau spectacle. Ogres es-tu est créé dans le cadre du délicieux temps fort jeune public du Théâtre de Lenche, Minots, Marmaille & Cie, à l’issue d’une résidence de la Compagnie d’Ici et de La Paloma. Un «voyage en ogritude» à voir dès 7 ans. © Agnes Mellon Au cœur de FestivAnges, nouveau festival très particulier lancé par Michel Kelemenis à son arrivée au Klap (voir p. 20), le chorégraphe propose plusieurs représentations d’Henriette et Matisse, une pièce ludique et plastique autour du peintre et de son modèle. Il y met en perspective le mouvement suggéré dans la peinture, et la pause sculpturale des corps. C’est gai, plaisant, à portée colorée de tous les enfants ! Hadi Boudechiche, seul en scène, parvient à faire vivre une classe de CM2 entière, de la rentrée à la kermesse de fin d’année. Neuf mois pendant lesquels le ventre de la maîtresse, Mademoiselle Annick, s’arrondit, ce qui déclenche un certain nombre d’interrogations chez ses 25 élèves... Une proposition de Christian Carrignon pour le Théâtre de Cuisine, qui plonge avec bonheur dans l’univers acidulé de l’enfance, et retrace dans une épopée sensible une année scolaire en accéléré, avec ses petits et grands secrets. du 4 au 6 déc Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 www.theatrejoliette.fr du 10 au 13 déc Le Lenche, Marseille 05 91 91 52 22 www.theatredelenche.info Venue d’Arles, la compagnie Qui bout ! a pris pour base de travail un humble matériau, le carton. Modeste point de départ, et pourtant, que d’usages méconnus on peut lui trouver, quels trésors d’imagination on peut déployer autour de ce simple objet du quotidien ! Tour à tour cabane ou rempart dérisoire, le carton peut s’avérer un matériau de construction étonnamment solide... Et permet en tous cas d’interroger subtilement notre monde, où l’emballage est parfois plus significatif que le contenu. Dès 3 ans. du 17 au 20 déc Le Lenche, Marseille 05 91 91 52 22 www.theatredelenche.info Guests © X-D.R Alban Richard, Hofesh Shechter, Rui Horta ou encore Wayne McGregor, nombreux sont les chorégraphes talentueux qui ont inspiré Josette Baïz. Elle a demandé à ses danseurs de travailler certaines de leurs œuvres, en tout sept pièces ou extraits de pièces puisées dans un répertoire international. Guests est le fruit de ce projet, qui a permis à une vingtaine d’enfants et adolescents du Groupe Grenade de relever le défi de se «glisser dans l’univers particulier» de chacun de ces artistes. © B.Pelletier Ça cartonne du 10 au 16 déc Klap Maison pour la Danse, Marseille 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr les 20 et 22 nov Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net ... Ce ventre-là... Écris-moi un mouton La guerre d’Algérie est un cri qui se décline au présent, passé, futur... Émilie Flacher et Sébastien Joanniez sont partis en quête de son écho entre France et Maghreb, pour lui consacrer une trilogie théâtrale intense. Successivement, le Massalia présentera On dirait rien longtemps (puis tout à coup tout), On vivrait tous ensemble (mais séparément), et On en croirait pas ses yeux (au début). La soirée «intégrale» permettant d’assister aux trois volets, avec repas, aura lieu le 29. Tout public à partir de 10 ans. du 24 au 30 nov Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 www.theatremassalia.com 57 Théâtre documentaire… Le Magicien d’Oz 4M4A… THEMAA (Association Nationale des Théâtres de Marionnettes et des Arts Associés) et le Théâtre Massalia organisent une journée de rencontre autour du théâtre documentaire ayant les marionnettes pour mode d’expression. Les débats, au MuCEM, auront pour axe central le rôle des spectacles de marionnettes dans l’appropriation populaire des faits historiques. Dans quelle mesure le recours à ces créatures permet-il une transmission efficace de la mémoire ? Universitaires et artistes tenteront d’apporter quelques réponses. 4M4A, quatre mythes quatre auteurs le 20 nov Théâtre de la Colonne, Miramas 04 90 50 05 26 www.scenesetcines.fr © X-D.R Danse hip hop et slam, la compagnie Ainsi de suite repeint dans les tons actuels le célèbre Magicien d’Oz. L’œuvre de Frank Baum fut publiée il y a déjà plus d’un siècle, en 1900. Adaptée au cinéma par Victor Fleming en 1939, elle fut maintes fois revisitée par Hollywood et d’autres. La troupe aixoise en livre sa version, et se plonge dans une Amérique bourrée de clichés et de préjugés. La mise en scène de Claude Pelopidas s’amuse à les tourner en dérision, dans un spectacle musical plein de rythme et de fantaisie. L’homme qui plantait… Elzeard Bouffier était un berger. Des années durant, il passa son temps à trier des graines et à les planter. De son œuvre patiente jaillit une forêt. La compagnie Arketal adapte à la scène le texte de Jean Giono, L’homme qui plantait des arbres. Pour cette troupe cannoise, la marionnette est un «moyen d’expression, comme d’autres utilisent le pinceau, la glaise ou le stylo». Pierre Blain au jeu et Erika Faria de Oliveira à la manipulation, présentent un spectacle où le plus petit des gestes devient précieux et porteur d’espoir. Fragile le 5 déc Espace Nova, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com L’homme qui plantait des arbres le 28 nov Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr Clinc ! © Brigitte Pougeoise Les bulles de savon en tant que moyen d’expression. C’est de ce postulat plutôt inattendu que naissent les spectacles de la compagnie de Peb Bou. Ce mime catalan a créé depuis déjà plus de trente ans le théâtre de bulles de savon. Dans Clinc !, il met en scène deux jeunes talents de sa troupe, Isaias Antolin et Eduardo Telletxea. En plus de la dimension visuelle et poétique, ce spectacle explore un tout nouvel univers dans les créations de la compagnie : le rire. À découvrir absolument. du 15 au 19 déc Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com © Le clan des songes Théâtre documentaire, marionnette et société le 29 nov MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org La compagnie Flash Marionnettes travaille depuis une trentaine d’années sur les formes d’expressions liées au théâtre de marionnettes. Pour ce spectacle 4M4A, la troupe alsacienne puise dans la mythologie grecque et explore quatre mythes antiques, revisités par quatre auteurs contemporains. Philippe Dorin, Thor Hungwald, Lise Martin et Karin Serres se sont prêtés au jeu de l’écriture. Ils livrent leurs versions d’Orphée, Narcisse, ou l’Odyssée, qu’Ismaël Safwan met en scène avec les marionnettes créées par Michel Klein. Le travail de la compagnie le Clan des Songes s’adresse en particulier aux jeunes publics. Fragile est le deuxième volet d’une trilogie destinée aux enfants dès trois ans, qui découvrent la représentation théâtrale. Dans ce spectacle, l’univers est souvent proche du dessin animé. Marina Montefusco a puisé son inspiration dans La Linea, ce bonhomme dessiné, créé à partir d’une ligne blanche. Son personnage, petite marionnette solitaire, avec son sac pour seul compagnon, avance au gré des péripéties qui l’attendent. du 27 au 29 nov Théâtre de la Colonne, Miramas 04 90 50 05 26 www.scenesetcines.fr 58 Toi du monde © Jean Henry Marionnettes et théâtre d’objets sont les ingrédients utilisés par la compagnie Bouffou Théâtre. Polar porc est un des anciens spectacles de la troupe, que Serge Boulier a décidé de reprendre «pour le plaisir de partager cette jubilatoire récréation». Dans cette énigme «comicocharcutière», Serge Boulier joue les multicartes, auteur, comédien, manipulateur et metteur en scène. Le détective Mac Goret mène l’enquête comme dans les séries policières, avec un style digne de Dard ou Audiard. Un One Manipulation Show à ne pas manquer. Moooooonstres Tout se joue autour d’un lit. Laurent Fraunié, du collectif Label Brut, a conçu le spectacle, (il alterne à l’interprétation avec Philippe Richard), et a placé cet objet au cœur de ce Moooooonstres. C’est le lieu de nos nuits, de nos rêves et de tous les possibles. Théâtre d’objets pour tout public dès 3 ans, le spectacle s’interroge : «Qui du monstre ou de la peur est arrivé en premier ?» le 3 déc Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 www.auditoriumjeanmoulin.com le 10 déc Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr le 13 déc Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com les 25 et 26 nov Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr De passage © Heloise Faure, Jeremy Martin, Les Ephemeres le 29 nov Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr Ploum plouf Il suffit parfois de voir les choses d’un autre œil pour changer d’humeur. Regarder en haut, par exemple, cela peut aider à retrouver la joie de vivre. C’est le conseil que donne ce ramoneur à cette jeune fille triste. Avoir la tête en l’air pour atteindre les sommets. Dans un décor de ville miniature, Serge Boulier (compagnie Bouffou Théâtre) manipule ses petits personnages au fil des aventures. Il les fait grandir, leur fait gravir ce toi(t) du monde et les accompagne dans leur parcours sur les reliefs de la vie. © X-D.R Polar porc Création commune des compagnies L’Elephant Vert et Piment Rouge, Ploum plouf s’adresse aux plus jeunes enfants, de 3 à 6 ans. Dans un décor de salle de bains, le spectacle met en scène une danseuse, Fabienne Cohen, et une comédienne, Claire Madelénat, dirigées par Pierre Delosme. Invitant constamment au mouvement et à la mobilité, le spectacle offre une réflexion sur la place de chacun. Passant d’actrices à spectatrices, les deux interprètes se baladent d’un espace à l’autre, entre le public, les coulisses ou la scène. le 10 déc Espace Pièle, Cornillon-Confoux 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr «Il n’y a que trois jours importants dans la vie d’un homme : hier, aujourd’hui, et demain», annonce Stéphane Jaubertie. L’auteur de la pièce De passage propose un voyage à travers ses mots. Un fils et sa mère pour personnages, le temps d’une année dans leur vie à partager. Johanny Bert met en scène ce texte et évoque avec subtilité les peurs intimes que ressentent parfois les enfants. Le spectacle emprunte aux marionnettes, au théâtre d’ombre, et le public reçoit un casque audio, pour entendre au plus près la parole du conteur. le 21 nov Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr Corbeau l’indien Spectacle complet, mêlant conte, musique, théâtre d’ombre, de marionnettes et film d’animation, Corbeau l’indien puise son inspiration dans les légendes amérindiennes. Julien La Bouche (récit et musique) et Cami di Franceso (texte et marionnettes), donnent corps à ce grand corbeau noir qui parcourt les plaines américaines, de tribus en tribus. Au fil de leurs collaborations, les deux artistes ont formé la compagnie L’Œil Magique, et proposent, à travers ce spectacle, une découverte des rouages et secrets du cinéma animé. le 28 nov Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr 59 le 26 nov Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 06 66 36 65 10 www.theatredenimes.com La Grenouille… Accompagnée par un ensemble de flûtes (traversière, alto, piccolo), une danseuse ose sortir de son nid douillet pour goûter à l’émancipation grâce au souffle du vent. Destinée aux tout-petits, la pièce de la compagnie Piccola Velocità éveille en douceur la curiosité des jeunes spectateurs au monde sensible. D’un état de besoin à celui du désir, malgré la peur de la séparation, l’envol est nécessaire pour grandir et l’espace créé par les interprètes, tout en plumes et cerfsvolants, propice à toutes les audaces. le 30 nov L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 www.mairie-saintremydeprovence.fr Nouvelle création pour le jeune public du Théâtre du Kronope, qui adapte pour l’occasion les aventures du célèbre pantin imaginé par Carlo Collodi. Une touche déjantée et exubérante, toujours dans l’esprit baroque de la commedia dell’arte qui fait la marque du Kronope, et une mise en scène de Guy Simon. On suivra le périple et la découverte du monde de la petite marionnette qui parle du menuisier italien Geppetto, sa rencontre avec de nombreux personnages et son désir de devenir un vrai petit garçon… À partir de 7 ans. le 10 déc La Fabrik’Théâtre, Avignon 04 90 86 47 81 www.fabriktheatre.fr Si Monsieur Brin d’Avoine collectionnait les maisons, il en possédait 400… mais aucune ne lui donnait satisfaction. Ce que cet énigmatique personnage recherchait, sans le savoir, c’était sa toute première maison, celle de son enfance, l’endroit fondateur des premiers souvenirs… Par le biais d’un magnifique cabinet de curiosité, Charlot Lemoine et Tania Castaing, fondateurs du Vélo Théâtre, provoquent des émotions et rêveries enfouies. © Michel Ferchaud Flûtt Pinocchio Ulysse… Mêlant le texte d’Homère et celui de Philippe Arnoux (Iraka), cette réécriture de l’Odyssée offre des airs de road-movie contemporain, tentant à travers une adaptation percussive et une langue proche du slam, de la rendre plus accessible. Les Milles Tours Compagnie ont en effet plus d’un tour dans leur sac pour mener le héros dans son épopée mythologique, partant à l’aventure rencontrer Circée, le Cyclope au son de Sirènes très actuelles et à bord d’une voiture qui a elle aussi bien roulé sa bosse. La Grenouille au fond du puits croit que le ciel est rond du 2 au 4 déc La Garance, scène nationale de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.lagarance.com du 10 au 12 déc Théâtre de Grasse 04 93 40 53 03 www.theatredegrasse.com Ulysse, l’Odyssée d’un retour le 28 nov La Fabrik’Théâtre, Avignon 04 90 86 47 81 www.fabriktheatre.fr La jeune fille… Olivier Py a adapté pour la scène plusieurs contes des frères Grimm. Celui-ci, avec ses mains coupées, un père effrayant de couardise, un diable séduisant, une jeune fille pure et un prince idéal, parle de la foi dans l’amour et dans le destin. Accompagné de musique, trimballant ses espaces factices de tréteaux, il joue de pacotilles charmantes, dans une belle langue pleine d’élans mystiques... La jeune fille le diable et le moulin le 21 nov La FabricA, Avignon 04 90 27 66 50 www.festival-avignon.com © Benoit Carrot Loin de l’imagerie de Walt Disney, Christian Duchange renouvelle le regard porté sur l’œuvre de James Matthew Barrie grâce une scénographie circulaire qui fait d’une chambre d’enfant une île, le refuge des pirates, le rocher des gamins abandonnés. L’inconscient du public est convoqué, pour devenir Peter Pan «comme on entre en résistance» et laisser «s’exprimer cette puissance enfantine qui nous habite tous, dès le plus jeune âge». Quatre comédiens, accompagnés d’un musicien, partent ainsi à la conquête de ce personnage mythique. © Vélo Théâtre Peter Pan 60 À la renverse © Xavier Cantat © J-L Alessandra Accueillie avec le soutien de l’ISTS, cette pièce de la Cie Débrid’arts s’inspire des Histoires Pressées de Bernard Friot. Autant de petites saynètes aux univers insolites, où les relations entre enfants et adultes s’expriment. Mises en scène par Jeanne Béziers, Judith Arsenault et Magali Jacquot plongent au cœur de l’enfance, incarnant tour à tour une drôle d’institutrice qui finit dans un bocal à poisson, le petit Benjamin qui «fond la nuit», lançant à la volée des chapelets de «Je t’aime»… Pascale Daniel Lacombe et l’auteure Karin Serres signent, avec cette tendre histoire sur les prémices de l’amour, une œuvre d’une maîtrise remarquable. L’histoire renversante de deux jeunes gens qui se retrouvent chaque année depuis l’enfance dans le Finistère, et vont jouer leur destin, face à la mer. Deux rockers au grand cœur confrontés à l’appel du large. Toujours à la renverse mais jamais séparés… le 25 nov Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com le 28 nov Théâtre Le Forum, Fréjus 04 94 95 55 55 www.aggloscenes.com le 2 déc Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.fr les 30 nov et 3 déc Eveil artistique, Avignon (à la Chapelle des Pénitents Blancs) 04 90 85 59 55 www.eveilartistique.com le 9 déc Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.fr Une pièce onirique et musicale de la compagnie vauclusienne Okkio pour une comédienne et une violoncelliste, visible dès 5 ans. Adaptée du conte d’Andersen, elle évoque à travers le personnage de Gerda et de son ami Kay, mystérieusement disparu, le passage de l’enfance à l’adolescence, entre l’imaginaire et la réalité, la peur et la témérité. Présentée dans le cadre des rendez-vous jeunes publics Mercredi des Bambini, avec un traditionnel goûter en clôture et l’occasion de rencontrer les artistes en chair et en os après le spectacle. le 17 déc Théâtre Golovine, Avignon 04 90 86 01 27 www.theatre-golovine.com Sur les traces du ITFO © Romain Etienne L’histoire de Clara Un concert narratif sous casque de la Cie (Mic)Zzaj, pour une expérience intime et collective de l’Histoire. Le spectateur est immergé dans le son des voix qui lui chuchotent à l’oreille, accompagné par la création musicale de Pierre Bardaroux et Laurent Sellier, pour écouter L’histoire de Clara de Vincent Cuvellier. Un bébé juif abandonné en 42 pour échapper à la Gestapo, qui survivra grâce à dix personnages qui nous racontent et transmettent ce pan de mémoire par les «voix» d’Olivia Kryger. Intense et singulier. Neiges © Patricia Boucharlat Tu m’écoutes L’histoire tragico-humoristique d’un orchestre fantôme contée par Michel Laubu et ses complices de la compagnie de théâtre d’objets Turak Théâtre. Sur les traces du ITFO (comprenez Import’nawaouk Turakian Folklorik Orske’stars), nous mène, avec ses marionnettes grandeur nature et ses délicieuses trouvailles visuelles, sur un étonnant jeu de piste et un joyeux capharnaüm, créés par un improbable orchestre en pleine crise économique. Un conte social, joyeux et drôle, et de la poésie à revendre ! le 16 déc La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu 61 Pinocchio le 19 nov Théâtre Le Forum, Fréjus 04 94 95 55 55 www.aggloscenes.com Les aventures de Pinocchio le 26 nov Palais des Congrès, Saint-Raphaël 04 94 19 84 11 www.saint-raphael-congres.fr le 29 nov 3bisF, Aix-en-Provence (dans le cadre de Momaix) 04 42 16 17 75 www.3bisf.com le 2 déc Théâtre La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 www.scenesetcines.fr © X- © X-D.R Voyage magique et surprenant dans la vie secrète de la Grande Bleue par la compagnie TPO, qui associe danse et arts numériques dans de véritables performances visuelles. Plongés en plein cœur d’un décor interactif, jeunes spectateurs et danseurs interagissent en direct avec les images et les sons pour explorer un univers poétique original et ludique. Ce premier volet d’une trilogie consacrée par la compagnie italienne à la mer Méditerranée, berceau de la civilisation et des mythes, compose un conte visuel et sensoriel majestueux. Dès 4 ans. Frédéric Garbe adapte le mythe de Pinocchio, conte initiatique de Carlo Collodi appartenant à l’imaginaire collectif, avec L’Autre Compagnie. S’attachant à la dimension épique et poétique des mésaventures du pantin, quatre comédiens jouent les personnages de la fable, manipulent objets et éléments scénographiques dans une forme inspirée de la bande dessinée. Dès 8 ans. R D. Bleu 62 Le cirque invisible Huître © Mario Sabatini Qu’est-ce qu’un couple ? Une femme et un homme, généralement, mais aussi la part masculine de l’une et la part féminine de l’autre. Le couple à quatre serait alors une entité à part(s) entière(s). Dans cette nouvelle création de la compagnie 1 Watt, une Eve et un Adam racontent leur fascination pour ce mollusque hermaphrodite. Changer de sexe plusieurs fois par vie, est-ce là le secret d’une relation amoureuse équilibrée ? La solution pour enfin ne faire qu’un ? Sophie Borthwick et Pierre Pilatte, duo de clowns, s’y essayent. En 2006, la compagnie Les 7 doigts de la main crée Traces. Depuis, le spectacle ne cesse de tourner dans le monde entier, bientôt vu par un million de spectateurs. La troupe de cirque québecoise y exprime sa plus totale inventivité. Prisonniers d’une catastrophe annoncée, les artistes n’ont plus qu’une échappatoire : créer. Pour tenter encore d’exister, même après le chaos. Acrobaties, voltige, musique, chant ou dessin, qu’importe le moyen d’expression, l’essentiel pour chacun est de laisser une trace. du 25 au 29 nov Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net les 21 et 22 nov Daki Ling, Marseille 04 91 33 45 14 www.dakiling.com Couple à la ville comme à la scène, Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée sont deux artistes hors du commun. Avec leur Cirque invisible, la fille de Charlie Chaplin et son compagnon offrent un spectacle rempli d’émotion et de poésie. D’un côté, le clown illusionniste déballe de sa malle un monde magique et merveilleux. De l’autre, la danseuse acrobate, équilibriste gracieuse, habile à tout transformer. Leur rencontre crée un univers féerique, où la métamorphose, des choses et des êtres, devient l’art de fabriquer du rêve. Entre équilibres sur objets et déséquilibres sonores, Sébastien Le Guen et Jérôme Hoffmann se relaient dans la performance. Les deux artistes, réunis dans la compagnie Lonely Circus, proposent un jeu croisé de leurs disciplines. Dans Fall fell fallen, le musicien et le circassien se confrontent, s’interpellent, se répondent. L’un, dressé sur des planches ou des tasseaux de bois. L’autre, entouré d’instruments improbables, véritables «agrès sonores». Autour du duo se crée un univers suspendu déconcertant. du 11 au 14 déc Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 www.theatremassalia.com Cuisine et confessions Emmène-moi Depuis sa naissance, il y a une trentaine d’années, la compagnie Pagnozoo évolue aux côtés des chevaux. Après plusieurs spectacles où hommes et animaux se domptent mutuellement, en 1998, le cirque équestre devient définitivement le mode d’expression de la troupe. Avec Emmènemoi, créé en 2009, la relation entre les chevaux et les artistes atteint des sommets. La tempête est source d’inspiration de ce spectacle. Le public, tout proche de la piste, se laisse emporter par la virtuosité des acrobates et la fougue de leurs montures. © Nicolas Heredia Une dose de toucher, un brin d’odorat et surtout beaucoup de goût. Voici la recette de Cuisine et confessions, créé par la compagnie Les 7 doigts de la main. Le collectif de circassiens québecois élargit sa palette et s’adresse à tous nos sens. La vue et l’ouïe seront rassasiées par un spectacle qui place la cuisine au cœur de la rencontre des cultures. Shana Carroll et Sébastien Soldevila, en chefs de brigade, puisent dans la mémoire inconsciente où sont enfouis les souvenirs des saveurs et des odeurs. À déguster sans modération. © Larry Rosenberg Fall fell fallen du 11 au 13 déc Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org du 2 au 6 déc Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net Traces du 17 au 20 déc Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr 63 Mercredis du Port Cabaret magique le 17 déc Quai de la Libération, Port-Saint-Louis 04 42 48 40 04 www.lecitronjaune.com La compagnie 14:20 propose dans la salle Guy Obino, inaugurée en début d’année, une soirée de magie nouvelle composée de divers numéros, poétiques ou loufoques : Philippe Beau joue d’ombres chinoises, Aragorn Boulanger de déséquilibres et de chutes, Arthur Chavaudret fait du close up, Raymond Raymondson rate ses tours... tandis que Mathieu Saglio les accompagne au violoncelle. À partir de 7 ans, et à tarif doux ! Alice in China La troupe de l’Académie des Arts du Cirque de Tianjin présente une libre adaptation d’Alice au pays des Merveilles. De l’autre côté de la muraille, l’héroïne de Lewis Caroll s’embarque au cœur d’un pays fascinant. Sur un texte et une dramaturgie signés Fabrice Melquiot, Alice in China part à la rencontre d’artistes virtuoses, pour un spectacle virevoltant et envoûtant. le 13 déc Salle Guy Obino, Vitrolles 04 42 02 46 50 www.vitrolles13.fr/programmation-culturelle les 10 et 11 déc Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com les 20 et 21 déc Théâtre Le Forum, Fréjus 04 94 95 55 55 www.aggloscenes.com le 23 janv Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com Dans les bois & Un Deux spectacles en équilibre, à l’affiche du Théâtre La Passerelle. Avec Dans les bois, la compagnie Lonely Circus revisite l’histoire du Petit Chaperon rouge. Sébastien Le Guen, comédien funambule, s’amuse avec le personnage de Perrault. Les bois, c’est la forêt, où le guette un loup slameur, mais aussi tous les tasseaux sur lesquels joue l’équilibriste. Le bois reste présent dans Un. Ezec Le Floc’h, jongleur étonnant, n’a qu’un objet en mains pour réaliser ses prouesses : un bilboquet. les 28 et 29 nov La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu © Céement Debailleul Vous connaissiez les Mercredis du Port en juillet, le Citron Jaune et la ville de PortSaint-Louis-du-Rhône vous proposent un arrière goût d’été avec ce nouveau rendezvous aux senteurs de marrons, de vin ou de chocolat chauds avec écharpes et bonnets ! C’est la Cie Karnavires qui va orchestrer la soirée sur le quai de la Libération, avec Ben ça alors !, un spectacle pyrotechnique qui use d’explosion de gags, d’émotions, et des rêveries d’une joyeuse bande de douxdingues, les Picabias, du nom de la région proche du pôle nord, le Picaland, où ils vivent. Liaison carbone Le jonglage est-il une matière scientifique ? C’est un peu la question que pose ce spectacle entièrement jonglé, créé par la compagnie Les Objets Volants. Présentée comme «une physique des particules à l’échelle humaine», cette performance de cinq jongleurs porte une réflexion sur la suspension fragile. Chaque objet jonglé est la composante d’un ensemble qui s’anime. Comme une multitude d’atomes constitue la matière, balles, massues ou cerceaux sont les éléments essentiels d’un art qui défie la gravité. © X-D.R le 2 déc Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr L’insomnante Quand ne pas dormir devient source d’inspiration. Plutôt que de subir ses insomnies, Claire Ruffin en a fait un spectacle. La danseuse et comédienne l’a conçu et l’interprète, sous le regard de Camille Boitel et accompagnée de Catherine Exbrayat au violoncelle et au chant. L’insomnante, c’est l’histoire de cette jeune femme, prisonnière de son lit, sans sommeil, mais pas sans rêves. Rêves ou cauchemars, c’est selon. De sa lutte avec Morphée surgissent toutes sortes d’images et de sons qui viendront peut-être la bercer. du 11 au 13 déc La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu Night Circus Dans une ambiance de cabaret berlinois, un souffle de poésie flotte sur des numéros époustouflants. La vingtaine d’artistes de la compagnie Recirquel sont les maîtres du cirque contemporain hongrois. De leur rencontre avec le metteur en scène Vági Bence naîtra Night Circus, une plongée dans une atmosphère enfumée et vaporeuse, où clowns et acrobates enchaînent leurs prouesses au son des notes de jazz. Dans la lignée des grands cirques d’Europe centrale, ce spectacle est une invitation au rêve. les 13 et 14 déc Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com 64 John John John John de Brillante Mendoza © Ad Vitam Baltimore, where you at de Tim Moreau © Les films du chat brillant Art et Essai Lumière, La Ciotat www.artetessailumiere.fr Dans le cadre du mois du film documentaire et du Tour du Pays d’Aix, les 25 et 26 nov, au Théâtre Bellegarde, Aix’Qui ? et Les Films du Gabian présentent deux premiers films documentaires en lien avec la musique. Mutante, rageuse, cathartique, tisseuse de liens, dans une Baltimore ravagée par la crise, que Tim Moreau parcourt avec Baltimore, where you at ? Fil conducteur pour Water Music du Collectif One Take, où on suit entre doc et fiction, les tribulations de 5 potes en tournée, de la côte Atlantique à la Mer Noire, au mois d’août 2011. La première fois, festival du premier film documentaire Pays d’Aix Les Films du Gabian 06 48 08 52 87 www.festival-lapremierefois.org La Grande guerre Institut de l’Image, Aix-en-Provence 04 42 26 81 82 www.institut-image.org Du côté de l’Alhambra En cette fin d’année, l’Alhambra multiplie les événements ciné. Le 20 nov à 20h, L’oranais en présence du réalisateur, Lyes Salem : amitié et trahison dans l’Algérie décolonisée. Journée René Allio le 24 nov. À ne pas rater, le 27 nov à 20h, en avantpremière, le documentaire Trois sœurs en présence de Julie Aguttes, l’histoire de trois religieuses ivoiriennes en mission dans les quartiers Nord. Et le 3 déc à 19h30, le rendez-vous avec Laurent Bécue-Renard et ses douze hommes en colère, brisés par la guerre dans Of men and war. Le 21 nov à 19h30, séance-débat autour du film Brasil adentro, Paroles d’un autre Brésil en présence de la réalisatrice Claudia Neubern et d’Antoine Héberlé, co-scénariste et directeur de la photo. Un voyage du Sud au Nord du Brésil, de l’élection de Lula à l’aube des présidentielles, trois ans plus tard. Débat animé par l’écrivain Jean-Paul Delfino. Le 26 nov à 19h30, en partenariat avec le Goethe Institut, Baal de Volker Schlöndorff, inspiré de la pièce de théâtre en diverses versions de Bertolt Brecht avec Rainer Werner Fassbinder dans le rôle-titre ; Baal fut frappé d’anathème directement après le passage à l’antenne en 1970 et sort 40 ans plus tard. Puis le 9 déc à 19h30, en collaboration avec AFLAM, le documentaire Route 60, «un périple poétique dans la vie quotidienne des Palestiniens, en Cisjordanie» en présence du réalisateur Alaa Ashkar. Cinéma Les Variétés, Marseille 0892 68 05 97 www.cinemetroart.com Docus à l’Eden Cinéma Alhambra, Marseille 04 91 03 84 66 www.alhambracine.com L’Oranais de Lyes Salem © Jean-Claude Lother Centenaire oblige, du 5 au 25 nov, l’Institut de l’Image met 14-18 à l’écran croisant les regards de cinéastes américains, français, allemands, italien, de 1918 à 1973. 10 classiques indispensables dont Wings de William Wellman, une des productions les plus gigantesques du muet, À l’ouest rien de nouveau, adaptation du célèbre roman de Remarque par Raymond Bernard, La grande illusion de Jean Renoir, African Queen de John Huston, Les hommes contre de Francesco Rossi et le terrible pamphlet de Dalton Trumbo contre toutes les guerres, Johnny Got His Gun. RDV aux Variétés Dans le cadre des Rencontres d’Averroès, le 21 nov à 20h30 à l’Eden Cinéma de La Ciotat, Art et Essai Lumière propose John John de Brillante Mendoza. Dans un quartier pauvre de Manille, Thelma est chargée par un service social local d’élever des enfants abandonnés avant leur adoption officielle. Aujourd’hui, John John, le dernier enfant gardé par Thelma, doit être remis à ses parents adoptifs américains... Les Glaneurs et la glaneuse d’Agnès Varda © Cinetamaris La première fois... Dans le cadre du mois du documentaire, Les Lumières de l’Eden propose deux documentaires de grands cinéastes : le 22 nov à 18h30, Les Glaneurs et la glaneuse d’Agnès Varda qui en référence au tableau de Millet, s’intéresse aux glaneurs d’aujourd’hui, ceux qui récupèrent de la nourriture dans tous les lieux possibles de consommation. Et le 28 à 20h30, Buena Vista Social Club de Wim Wenders, un filmdétonateur dans le monde musical qui vit renaitre de vieux musiciens comme Compay Segundo, Ibrahim Ferrer, Ruben Gonzalez… Les Lumières de L’Eden, La Ciotat 04 42 83 89 05 www.edentheatre.org 65 Cabrières sur courts Au pays du court Du 20 au 23 novembre, l’association Cinambule propose la 21e édition de Court c’est court ! : 88 film répartis en 37 séances, des films pour tous les goûts, dont un focus sur les courts métrages polonais, présenté par Marta Świątek de la Fondation du cinéma de Cracovie et pour la première fois, des clips musicaux. Invité d’honneur, Paul Vecchiali présentera en avant-première son dernier long métrage Nuits blanches sur la jetée, adapté d’une nouvelle de Dostoïevski, ainsi qu’une Carte Blanche. Une vingtaine d’invités professionnels du cinéma seront présents : réalisateurs, comédiens, techniciens dont Sébastien Fau, réalisateur en animation pour le cinéma et la télévision, artiste plasticien bricoleur, récupérateur qui redonne vie aux objets oubliés. Cette année le public pourra voter et sa tâche ne sera pas facile : 29 films sont en compétition parmi lesquels les excellents 37°4 S d’Adriano Valerio, Meu Amigo Nietzsche de Fáuston da Silva, T’étais où quand Michael Jackson est mort ? de Jean-Baptiste Pouilloux ou Nashhorn im galopp d’Erik Schmitt. Courts en Méditerranée permettra de voir Dinola de Mariam Khatchvani et Peau de colle de Kaouther Ben Hania, primés récemment à FFM. Et Ça court en région PACA propose entre autres Beauduc, en présence du réalisateur Laurent Teyssier, et Ouvre l’œil de Rémy Galvain. Les enfants ne sont pas oubliés : Cinémômes leur propose 4 films d’animation dont La petite casserole d’Alexandre d’Éric Monchaud. Bref ! Aux rencontres du film court, il est prudent de réserver ! Sto katofli (Au seuil) d’Anastasia Kratidi © Anastasia Kratidi Du 1er au 6 décembre se tiendra le 32e Festival Tous Courts : plus de 200 films, fictions, documentaires, cinéma d’animation ou expérimental. 52 en compétition internationale répartis en 10 programmes concourront pour 8 prix dont un nouveau, celui du meilleur scénario. Des courts métrages venus de 21 pays. Cette année, on fera un voyage spécial en Grèce avec 3 programmes. Deux cartes blanches, l’une à Paola Starakis : Tous les désespoirs sont permis ; l’autre au Festival International du Film d’Athènes, et six films courts de Georgis Grigorakis dont N’Me for Myself qui a remporté le Prix du meilleur court aux Oscars du film grec en 2009. On pourra rester en région : Avec Lou d’Isabelle Schapira, Quand les branches se querellent... les racines s’embrassent de Marthe Sébille, Jardin d’hiver de Camille Genaud et Oripeaux de Sonia Gerbeaud et Mathias de Panafieu. La soirée ARTE permettra de voir Les Enfants de Jean-Sébastien Chauvin et Loups solitaires en mode passif de Joanna Grudzinska. Cavalier Express proposera une nouvelle lecture de huit courts métrages d’Alain Cavalier. Pour les optimistes, les Coups de cœur dont les réjouissants Welkom de Pablo Munoz Gomez et Democratia de Borja Cobeaga. Les noctambules passeront une nuit «à haut risque, garantie en peurs, frissons, cris, effarements» avec 27 films répartis en quatre programmes dans la Nuit des monstres. Tous courts, ce sont aussi des rencontres avec les réalisateurs, des ateliers, et surtout la possibilité en une seule séance, de voyager à travers le monde. Alors, bon voyage au pays du court ! ANNIE GAVA Festival Tous Courts Aix-en-Provence du 1er au 6 déc www.festivaltouscourts.com Semaine asymétrique poème vidéo de la série commencée par Florence Pazzottu en 2013 ou Les Branleurs de la Havane de Cécile Patingre, un dialogue inédit avec les cubains où se croisent questions de sexualité et de politique. Et ce n’est pas uniquement pour le besoin de montrer son film que chacun pourra participer mais «pour l’envie de partager une semaine avec d’autres cinéastes, partager le chemin, les doutes, les bonheurs, les questions... à travers les films... Et en public !» A.G. La Semaine asymétrique du 1er au 7 déc Polygone Étoilé, Marseille 09 67 50 58 23 www.polygone-etoile.com A.G. Court c’est court du 20 au 23 nov Cinambule, Cabrières d’Avignon 04 90 74 08 84 www.cinambule.org Nashhorn im galopp d’Erik Schmitt © X-D.R La Semaine asymétrique n’est pas un festival de films ; aucune sélection, pas d’invités, pas de catalogue. «Chacun est le bienvenu s’il en a envie.» Du 1er au 7 décembre, les auteurs viennent avec le film de leur choix sous le bras au Polygone Étoilé. Le 5e opus de la collection cinéma hors capital(e) se fera l’écho des interventions, des débats, des expériences et des notes sur les films ou les auteurs... Des films sont déjà annoncés comme Mes 7 lieux de Boris Lehman, un essai sur le temps qui passe, Les Apatrides volontaires d’Aaron Nikolaus Sievers, «une remontée qui passe, du grand père au père, du fils vers la mère, un cheminement dans les méandres de ce qui est tu.» Le Triangle mérite son sommet, sixième 66 Méditerranée en images et en sons Du 8 au 13 décembre à Marseille, le 18e PriMed (Prix International du Documentaire et du Reportage Méditerranéen) propose une semaine de projections, de débats et de rencontres autour des productions de la Méditerranée. 29 documentaires, reportages et web-documentaires, autant de regards sur le monde et la société, venus de 19 pays différents. Créé en 1994, le PriMed a pour objectif de récompenser des programmes privilégiant la créativité, il est parrainé cette année par Yasmina Khadra qui ouvrira la cérémonie de remise des Prix le 12 déc à 17h30 à la Villa Méditerranée et rencontrera le public à l’Alcazar le lendemain. Le 12 à 10h30, à la Villa Méditerranée, conférence sur le web-documentaire en Méditerranée et les nouveaux écrans de diffusion. Les œuvres concourent pour neuf prix dont «Enjeux méditerranéens» (The Renegade de Sofia Amara et Bruno Joucla ou Des murs et des hommes de Dalila Ennadre) ; «Art, patrimoine et cultures de la Méditerranée» (The Venice Syndrome d’Andreas Pichler ou Electro Chaabi d’Hind Meddeb...). Parmi les thèmes abordés, la jeunesse et l’éducation avec Enfants de l’ovale de Grégory Fontana et Rachid Oujdi, les écoliers palestiniens et israéliens de This is my land de Tamara Erde, la guerre avec L’attentat de Sarajevo de Nedim Loncarevic ou ses conséquences Quivir de Manu Trillo (Catégorie Première œuvre) © Manu Trillo avec Sarajevo, des enfants dans la guerre de Virginie Linhart ; les femmes avec La Femme à la caméra de Karima Zoubir (lire sur www.journalzibeline.fr) ou Droit au baiser de Camille Ponsin ; les luttes et révolutions avec Traqués de Paul Moreira ou Dell’arte della guerra de Silvia Luzi et Luca Bellino. Le public attribuera son prix ainsi que les lycéens en partenariat avec Averroès junior. Entrée libre. ANNIE GAVA PriMed du 8 au 13 déc CMCA, Marseille Centre Méditerranéen de la Communication Audiovisuelle 04 91 42 03 02 www.cmca-med.org http://primed.tv/ Chemins de vie 26e Festival d’automne, et un public passionné au rendez-vous pour une cinquantaine de films choisis avec discernement par Régine Juin, et des rencontres-débats, tel celui de Thomas Salvador pour Vincent n’a pas d’écailles (voir entretien sur www. journalzibeline.fr). Nicolas Gayraud a présenté Le temps de quelques jours, et répondu aux questions du public. Son film nous fait partager le quotidien et les pensées des sœurs du couvent de Bonneval en Aveyron, quête de spiritualité, remise en cause de la société et de son manque de profondeur. Une relecture fine et enjouée du monde, où rires espiègles et réflexion se conjuguent avec délicatesse. Le choix personnel de se retirer du monde s’effectue sans grandiloquence, ni prosélytisme. Portraits, paysages, montage d’une sobriété minimaliste, en épure, à l’image du choix de vie des protagonistes… Documentaire encore, le très beau Kumbh Mela, sur les rives du fleuve sacré de Pan Nalin, sur le plus grand pèlerinage du monde qui rassemble plus de cent millions d’hindous tous les douze ans. On est séduit par À la recherche de Vivian Maier de Charlie Siskel, et la qualité des photographies de cette nurse mystérieuse, qui a vraiment existé. Il y a tant d’œuvres à Marie Heurtin de Jean-Pierre Améris © Unifrance religieuse sauvera de l’enfermement. On gardera le remarquable prix du public, Iranien de Mehran Tamadon, qui réussit le tour de force de discuter avec des religieux extrémistes sur le vivre ensemble. Au cartésien s’oppose un discours huilé, empli de syllogismes. Comment trouver un terrain commun avec des personnes qui refusent jusqu’au chant de femme ! Vous le saviez déjà, le Festival de Gardanne reste la démonstration éclatante que le cinéma n’est pas un simple divertissement. MARYVONNE COLOMBANI citer, à aimer : le bouleversant Siddarth de Ritchie Mehta, le superbe Whiplash de Damien Chazelle, chemin de croix du batteur pour atteindre la perfection jazzique, le rythme endiablé de Pride de Matthew Warchus et sa belle histoire de solidarité, sans compter le bouleversant film de clôture, Marie Heurtin de Jean-Pierre Améris sur l’histoire vraie d’une jeune fille née sourde et aveugle que le dévouement d’une Le Festival cinématographique d’automne de Gardanne s’est déroulé du 17 au 28 octobre 68 Romantisme contemporain Invité une seconde fois par les Écritures croisées, Mario Vargas Llosa revient à Aix auréolé du Nobel. Les divers entretiens et tables rondes cherchent à cerner cet écrivain si complexe «I Mario Var gas L losa © Ina Salazar évoque la création stylistique du Paradis - un peu plus loin, le monologue intérieur à deux voix. «C’est comme si on se parlait à soi-même, de plus, la 2e personne a l’avantage d’introduire dans le monologue une incertitude qui sous-tend la progression du roman et garde le lecteur en haleine». Et lorsqu’ on demande à Mario Vargas Llosa ce qui fait qu’un personnage est romanesque, il répond : «Ce sont des personnages qui osent aller à contre-courant, capables par conviction de se révolter, qui n’acceptent pas d’abdiquer». Cependant ces personnages ne sont pas des vecteurs de sa pensée, les essais ou les articles sont faits pour ça, souligne-t-il. Il rend aussi hommage à son traducteur, Albert Bensoussan, qui accomplit son travail de traduction avec un tel «amour qu’il fait ça comme un véritable créateur !». Et la poésie ? Exercice littéraire le plus noble, mais «qui ne souffre rien sinon l’excellence… c’est pourquoi je l’ai abandonnée, et en reste un fidèle lecteur !». Autre écrivain présent aux côtés de Vargas Llosa, Vassili Vassilikos évoque l’utopie : «Sans elle, souligne-t-il, la société ne peut pas aller en avant.» Il évoque les conditions de la création, «pas de parthénogenèse, pas d’inspiration venue du néant… J’ai publié cent livres, chacun est le fruit de la lecture d’un livre.» Avec humour, «l’homme au chapeau», célèbre dans toute la Grèce, raconte la schizophrénie grecque qui vient du double langage avec les doublets grec ancien/langue démotique. S’inscrivant contre les écoles qui apprendraient à devenir écrivain, il rappelle que l’on comprend la structure de la narration en écrivant. Les lectures d’Anne Le Ny, Anne Alvaro, Alain Simon complètent par leur force musicale ces portraits. Fio rell a B att ist ini l ne faut pas essayer de définir un homme dans une phrase, une seule idée… on est tellement de choses en même temps !» On laissera donc de côté l’homme politique pour se focaliser sur l’écrivain, moins contestable ! Présenté par Gérard Meudal avec pertinence, admirateur de Camus, «ce libertaire libéral», déclare qu’«on ne peut pas écarter la morale de la politique, les séparer mène à la brutalité, la corruption, au despotisme». L’écrivain revient d’abord sur son histoire : «C’est par la reconnaissance de l’Europe que les auteurs ont été appréciés en Amérique du Sud… quand je vivais au Pérou, je pensais que si je voulais être écrivain, il fallait vivre à Paris. J’avais l’impression que l’air que l’on respirait à Paris vous contaminait. On lisait Sartre, Camus, Merleau-Ponty…» Vargas Llosa rappelle sa fascination pour Alexandre Dumas, Victor Hugo. «Le premier livre acheté à Paris, Madame Bovary, m’a fait découvrir l’écrivain que je voulais être, réaliste (en ce sens d’une réalité vérifiable par l’expérience) avec une écriture précise, qui cherche la beauté à travers la langue, sans s’éloigner du réel. Une bonne histoire ne suffit pas. La vérité et le mensonge dans le roman ne dépendent pas de la confrontation entre la vérité et la fiction : si vous dites que la terre est ronde, mais si vous n’êtes pas persuasif, ce sera faux !» La prose doit donc être la plus apte possible à rendre l’histoire «persuasive». Mais il faut encore organiser l’histoire. «Je dois tout à la lecture de Faulkner. Ses histoires entrechoquent la structure temporelle. La structure devient créative, une histoire banale devient mystérieuse, profonde, symbole de la condition humaine». Lors de la table ronde animée par Daniel Lefort, l’écrivain revient sur ce problème de la structure de l’œuvre. La technique est fondamentale pour la réussite d’un roman, deux questions se posent : qui va raconter l’histoire et on peut inventer des dizaines de narrateurs, et quel sera le temps de la narration. La chronologie du récit n’est jamais celle dans laquelle nous sommes, vous avez la liberté d’inventer un système temporel dont le seul impératif est de rester cohérent. MARYVONNE COLOMBANI La Fête du Livre s’est déroulée du 17 au 19 octobre, à Aix-en-Provence 70 Penser les séries Soirée The Wire, Emmanuel Burdeau © Carole Filiu Mouhali une œuvre d’archivistes et d’auteurs. Ainsi chaque saison s’articule-t-elle autour d’une thématique, à la façon de la saga des Rougon-Macquart de Zola. La saison 2 par exemple a pour cadre principal le port et les docks ; plus largement, elle pose la question de la fin du travail et de la classe ouvrière. Un regard éminemment politique sur Baltimore aujourd’hui. C’est cette perspective, et son «réalisme spécial» que la professeure d’études urbaines Marie-Hélène Bacqué, auteur de The Wire, l’Amérique sur écoute, apprécie dans la série. Pour elle, «The Wire donne à voir de façon très intelligente les données de Baltimore étudiées par les sciences sociales.» La saison 2 s’inspire d’ailleurs de l’ouvrage d’un sociologue américain When work disappears. En filigrane, c’est l’échec du capitalisme et du néolibéralisme américains que David Simon laisse entrevoir. Les séries seraient donc, dans la lignée des romans réalistes du XIXe siècle, de fidèles «miroirs placés le long du chemin», des documents fiables sur un espace, un groupe social, une époque donnés. Le sémiologue François Jost, invité à la deuxième soirée pop philosophique, semble le penser lui aussi. S’intéressant aux «méchants» dans les séries, et plus particulièrement aux personnages principaux de Deadwood, Dexter et Breaking Bad, il voit dans l’émergence de ces héros bad guys le signe d’une perte de confiance dans le système américain actuel. Dexter, comme Walter dans Breaking Bad, sont obligés de sortir de la loi à cause des failles du système. En outre, tous deux ont un raisonnement très «conséquentialiste», à l’image de la plupart des téléspectateurs américains, nourris des théories de Bentham et de Stuart Mill. n’est pas nouveau. Depuis ses débuts, The Wire, Lelaphénomène télévision propose ces programmes adaptés au petit écran et destinés à fidéliser les spectateurs, comme Game of Thrones, le faisait naguère la presse avec les romans-feuilletons. Il semblerait toutefois qu’on assiste depuis une quinzaine à un «troisième âge d’or de la série télévisée». Dexter, d’années Formatage des esprits à des produits commerciaux nouvel impérialisme américain, ou émergence Six feet under, calibrés, d’une culture ? Le fait est que les séries mobilisent aujourd’hui sociologues, enseignants et philosophes. Breaking bad… Métaphysique en série les séries, Critique politique Cependant les séries ne se limitent pas à cet intérêt On en a eu la démonstration ces dernières semaines à sociologique. Pour Marianne Chaillan, invitée à paraméricaines Marseille durant la cinquième édition des Littorales puis ler des «fondements de la métaphysique des meurtres pendant la semaine de la Pop Philosophie. Le festival dans Game of Thrones», «le véritable monarque des sept marseillais portait le sous-titre d’Histoires en couronnes n’est autre que la philosophie». Et la pétulante souvent mais littéraire séries. Et dès la soirée d’ouverture à L’Alhambra, c’est professeure de philosophie de montrer, en cinquante séries TV qu’il a été question ; plus particulièrement minutes chrono et non sans humour, comment morale pas que, font dede The Wire (en français Sur écoute), dont on a pu suivre (avec le renfort de Kant et de Bentham) et politique trois épisodes de la saison 2. Regarder une série télé (avec Hobbes et Machiavel), s’invitent, entre autres décidément dans un cinéma peut sembler paradoxal, comme l’a questions philosophiques, dans la célèbre série. Autre souligné William Benedetto, le directeur de la salle. philosophe invité à parler des séries télé aux Littorales qualité de ladite série (la plus achetée aujourd’hui, et pendant la «soirée télé» proposée par la Semaine le buzz ! La devenue une référence pour les apprentis scénaristes) de la Pop Philosophie, Thibaut de Saint Maurice. ajoutée à la porosité de plus en plus évidente entre cinéma et télévision justifie pourtant l’utilisation du grand écran. The Wire, diffusée de 2002 en 2008 en cinq saisons, vise à dresser le portrait de Baltimore. Emmanuel Burdeau, critique de cinéma et auteur d’un ouvrage collectif consacré à la série, a rappelé l’ambition de ses deux créateurs David Simon, ancien journaliste au Baltimore Post, et Ed Burns, ancien policier : dépasser la simple création d’une fiction, proposer Chroniqueur radio et télé, il enseigne la philosophie et a écrit les deux tomes de Philosophie en séries. Pour lui, les séries TV constituent un «très bon matériau culturel pour créer une rencontre entre professeur et élèves». Pourquoi est-il devenu «cool» de s’intéresser aux séries télévisées en tant que philosophe ? À cette question, il répondra en un brillant exposé, en trois parties, s’appuyant sur des références on ne peut plus sérieuses. Partant de ce qu’il nomme «l’indignité des séries», il montre que 71 Mouvements de foule et pataphysique celles-ci ont longtemps souffert de trois reproches principaux : celui de «perversité industrielle» d’abord (voir Adorno) ; celui d’«impureté esthétique» ensuite (cf. Hannah Arendt et sa Crise de la culture) ; celui enfin de «légèreté divertissante» (depuis Pascal, on n’ignore rien du divertissement). Il réfute ces trois arguments en trois points. Aujourd’hui, les produits culturels sont requalifiés esthétiquement ; et de citer Nelson Goodman : «N’importe quel objet, à un moment donné de son existence, […] peut fonctionner comme une œuvre d’art.» Signalons, pour ceux qui veulent en savoir plus, que l’article est reproduit à la fin de Philosophie en séries 1. À cette requalification esthétique s’ajoute la requalification culturelle. On parle désormais de «sériephilie» comme on parle de «cinéphilie». Un nouveau nom pour une nouvelle (et authentique) culture. Enfin, pour en finir avec la connotation péjorative du terme «divertissement», et aussi parce qu’il milite activement pour casser toute hiérarchie culturelle, Thibaut de Saint Maurice insiste sur la notion de plaisir, qui suscite communication et partage. Ainsi les séries font-elles émerger des questionnements touchant à l’art, à la culture, à l’émotion esthétique. Et elles font plus encore. De par leur structure narrative élaborée, souvent chorale et très complexe, elles activent ce qu’Umberto Eco appelait «la compétence spectorielle», enrichissent notre expérience de spectateur. Leur rythme spécifique, fondé sur la succession des épisodes, redonne une continuité à nos existences fragmentées. Les séries réveillent ainsi en nous une capacité d’attention au réel, aux autres et à nous-mêmes. De la vertu du divertissement… L Thibaut de Saint Maurice © Chedly Zouiten De quoi les séries américaines sont-elles le symptôme ? François Jost CNRS éditions a Semaine de la pop philosophie a connu un intermède scientifique le 22 octobre, à la BMVR Alcazar. Si le public était déçu de ne pas pouvoir écouter Etienne Klein, retenu en Chine, il n’en est rien paru ; tant pis pour le rugby quantique annoncé ! Bertrand Maury (mathématicien), et Gérard Berry (informaticien, et tout récent médaillé d’or du CNRS pour l’ensemble de ses travaux) ont amplement étanché sa soif de sciences. Les recherches de Bertrand Maury au laboratoire d’Orsay portent sur les prédictions de comportement des foules. Utiles notamment pour anticiper les engorgements en cas d’urgence à évacuer rapidement un grand nombre d’individus dans un endroit donné, ses calculs prennent par exemple en compte le taux d’insatisfaction éprouvé par l’être humain lorsque ses congénères envahissent sa zone d’intimité, le nombre de personnes cherchant à rejoindre la sortie au même moment, et celui des issues possibles... Ces travaux rapprochent le champ de la sociologie et celui de la physique, en considérant les individus comme des particules. Rappelons que le même type de logiciels est utilisé par bien des états ou municipalités pour détecter les déplacements suspects dans une Philosophie en séries (2 tomes) Thibaut de Saint Maurice Ellipses Sciences en conscience Avec la volonté de «créer un dia- (seule séance payante du festival, le FRED ROBERT À lire, pour aller plus loin The Wire-Reconstitution collective Emmanuel Burdeau, Grégoire Chamayou, Philippe Mangeot, Mathieu Potte-Bonneville, Jean-Marie Samocki, Nicolas Vieillescazes Les Prairies ordinaires The Wire, l’Amérique sur écoute (ouvrage collectif) Marie-Hélène Bacqué La Découverte Et aussi Sériephilie, sociologie d’un attachement culturel Hervé Glevarec Ellipses logue entre le cinéma et l’univers des sciences, considérées comme un domaine de création», l’association Polly Maggoo livre la 8e édition de son festival RISC. 300 candidatures ont été reçues cette année pour concourir : un large choix de fictions, documentaires, films expérimentaux ou jeune public, pour constituer une programmation éclectique, mais solide, de courts et longs métrages. Parmi les multiples propositions, on retiendra particulièrement la projection d’un documentaire consacré à la découverte du Boson de Higgs, Particle Fever, de Mark Levinson foule, et par les dictatures pour optimiser la répression des mouvements insurrectionnels. Gérard Berry quant à lui a évoqué avec humour le temps à travers les âges, depuis les heures monacales variant en fonction des saisons au Moyen Âge (matines au milieu de la nuit, prime au lever du soleil, tierce en matinée, sexte à midi, none l’après-midi, vêpres au coucher du soleil, et complies à la tombée de la nuit), jusqu’aux horloges atomiques ultra précises qui régissent la planète aujourd’hui. Il a également livré une prestation de pataphysique ébouriffante, en proposant de fonder une start up pour commercialiser une pendule des plus cocasses. Dotée d’une seule aiguille, elle rythmerait approximativement le temps comme suit : «dès potron-minet», «telle heure et des poussières», «de midi à quatorze heures», «avec les poules» (pour le coucher, et ce de manière très rigoureuse, en installant une webcam dans un poulailler), «entre chien et loup», pour finir à «point d’heure». GAËLLE CLOAREC La Semaine de la pop philosophie a eu lieu du 20 au 25 oct, dans divers lieux à Marseille 23 au cinéma Le Prado). Et celle d’une série intitulée Les Braves, qu’Alain Cavalier consacre à «ceux qui refusent de se plier à l’injustice» (le 28 au Musée d’histoire de Marseille). Remise des prix le lendemain au cinéma Les Variétés. G.C. 8e Rencontres Internationales Sciences & Cinéma Divers lieux, Marseille du 20 au 29 nov 04 91 91 45 49 04 96 11 04 61 www.pollymaggoo.org 72 L’âme des marins L e festival de photographie contemporaine Maison Blanche se déroule sur plusieurs lieux cette année. Après l’accueil des lauréats 2014 (Léa Habourdin, Pauline Hisbacq, Vincent Ceraudo, Olivia Pierrugues et Laure Barbosa) dans les salons de la Mairie des 9e et 10e arr., et avant qu’ils ne reviennent à la galerie MAD, on peut en ce moment découvrir l’oeuvre mise à l’honneur de Stephen Shore à l’Espace Culture. Le grand maître de la photographie, célèbre pour ses prises de vue en couleur à une époque où le noir et blanc régnait sans partage, a réalisé un journal visuel de ses voyages à travers les États-Unis dans les années 70. Cette exposition est l’occasion de découvrir l’essence d’une époque à travers ses détails quotidiens : pancakes et verre de lait, nuages flottant sur les highways, stations automobiles, drive in... Les plus curieux iront directement en bibliothèque feuilleter le livre consacré à un pan de son œuvre récente, visible sur place uniquement en vitrine. From Galilee to the Negev est ouvert sur deux photographies splendides : un monastère ensablé des environs de Bethleem (2009), et les collines ourlées de vert de Jéricho (2010). Les plus gourmands iront jusqu’à Madrid pour voir la rétrospective Stephen Shore, actuellement à la Fundación MAPFRE, ou devront patienter jusqu’à l’été prochain, car elle fera escale aux Rencontres d’Arles. En attendant, pour compléter le parcours du festival, il ne faut pas manquer le travail de Marine Lanier, lauréate de l’édition précédente. Sa série Le Capitaine de vaisseau, inspirée de son histoire familiale, est un embarquement immédiat pour l’ère des explorateurs. On y croise toutes les superstitions maritimes, jusqu’à y discerner des fantômes de mouettes, qui selon la tradition abritent les âmes des marins perdus. L’exposition est adéquatement ponctuée d’une citation de Joseph Conrad : dans Au cœur des ténèbres, il évoque l’importance de ne pas voyager dans certains lieux dont on a rêvé enfant. L’imagination reste ainsi la plus forte. GAËLLE CLOAREC Stephen Shore jusqu’au 4 déc Espace Culture, Marseille 04 96 11 04 60 www.espaceculture.net Le Capitaine de vaisseau jusqu’au 13 déc La Traverse, Marseille 04 91 90 46 76 www.ateliers-image.fr Lauréats 2014 du 8 janv au 7 fév Galerie MAD, Marseille 04 91 82 83 46 www.esadmm.fr Tous les goûts sont dans la nourriture Au MuCEM, Food, une exposition consacrée aux questions liées à l’alimentation, peine à nourrir les esprits malgré le renfort de l’art et de trente sept artistes L ’art peut-il questionner la nourriture ? L’exposition itinérante conçue par ART for the World, ONG associée au département d’Information publique des Nations Unies, tente la gageure. Avec au menu une quarantaine d’artistes, le visiteur peut composer un parcours à la carte. On retrouve des œuvres historiques de Miralda/Selz, Broodthaers, Meret Oppenheim, Spoerri, Matta-Clark..., une imposante installation de Kounellis, des œuvres plus récentes et plusieurs créations à partir des collections du musée1. Barthélémy Toguo met en tension des machines agraires ; Stefano Boccalini détourne des marques à pain avec le vocabulaire économique ; dans des vitrines, John Armleder re-muséifie de la vaisselle et Miralda joue avec les objets de table comme les caganaires ; à partir d’archives, Angelo Plessas crée un jeu vidéo interactif à poursuivre sur Internet. Food offre beaucoup à voir. Mais sans repères suffisants malgré les cartels, le visiteur est abandonné à un abreuvement tous azimuts. Par endroits des œuvres confinées dans l’immense vitrine sont peu accessibles. Aussi passe-t-on à côté des messages insurgés de Cildo Meireles (Yankees go home) sur des bouteilles de Coca-Cola en écho au contexte socio-politique du Brésil des années 70. Le mural de Dan Perjovschi perd, dans l’enceinte muséale, la vigueur du Street art. D’autres mériteraient un espace particulier comme le travail tout en délicatesse d’Ymane Fakhir (à confronter avec la vidéo à l’oignon de Marina Abramović). La critique dégoulinante de l’hyper consommation avec Supermercado d’Eduardo Srur en prend un coup lorsqu’on sait qu’il est mécéné par une grande enseigne commerciale2. «Elle [l’exposition] interroge le public sur la consommation, les inégalités entre riches et pauvres, les disparités entre pays producteurs et pays consommateurs.» Pas sûr que le message soit perçu. Le doit-on en partie à une commande institutionnelle qui édulcore le sujet ? On trouvera dans le catalogue les prolongements nourrissant la réflexion entamée dans ce parcours. CLAUDE LORIN Food Produire, Manger, Consommer jusqu’au 23 fév MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org Écoutez l’entretien avec les conservateurs du MuCEM sur notre WebRadio Zibeline 2 Les Galeries Lafayette 1 73 Le manga sans foi ni loi l fallait une bonne dose de folie nippone à Pakito Bolino (Le Dernier cri, Marseille) et Hervé Di Rosa (MIAM, Sète) pour se lancer dans pareille aventure, à savoir dresser un panorama de l’édition japonaise depuis les années 1960 et la naissance de Garo, le magazine de référence ! Avec la complicité de Ayumi Nakayama (librairie Taco Ché à Tokyo), Pakito Bolino et Hervé Di Rosa racontent son histoire de manière jubilatoire, pour démontrer, si besoin était, combien cette écriture entrecroise l’art contemporain, l’art mural et la performance. Avec une liberté de ton saisissante ! Pas de tabou, pas d’interdit, les créateurs et les éditeurs n’ont pas froid aux yeux : récurrence de scènes porno, de dessins effrayants, de figures monstrueuses, de situations violentes, d’écorchés, de femmes attachées ou serviles ou dominantes… La littérature manga trash répand une imagerie de la femme très machiste. Heureusement que le genre ero-guro, traduire érotico-grotesque, a l’humour pour étendard et provoque plutôt le sourire et le rire que les récriminations de la gent féminine. À la Tour Panorama, la scénographie emprunte aux échoppes de cuisine de rue japonaises leur matière brute pour accrocher bouquins, affiches, photos, sculptures, sérigraphies dans un fourre-tout inextricable. Ici peu de noir et blanc, trop austère, sauf à être incisif dans la provocation politico-contestataire, mais une avalanche de couleurs plus criardes les unes que les autres. À moins d’être un expert en art manga et de maîtriser la culture nippone sur le bout des baguettes, difficile de se repérer dans ce dédale de formes, il y a tant et tant de mouvances, d’écoles, de chapelles, de styles. Tels le nuri comic (manga peint) fondé par Amakane Suzy, l’heta-huma («mauvais dessin» ou «maladroit génial») ou encore les De la nature à la table D eux expositions toulonnaises se font écho, par-delà les années et les techniques, autour de la nature. Des poires, des tulipes, des orchidées et des oignons magnifiés par le photographe Denis Brihat (voir Zib’67) à la Maison de la Photographie ; des natures mortes peintes entre la Seconde moitié du XIXe siècle et l’Entre-deux guerres au Musée d’art. Un temps fort sur l’art culinaire, ses rites et ses représentations qui se poursuivra Exposition Mangaro, Friche la Belle de Mai, 2014 © MGG / Zibeline I figures indisciplinées d’Ichiba Daîsuke qui accouple graphisme trash, comic-book, art contemporain et poésie. Du manga «classique» au manga alternatif, du cinétique No More War de Kaichi Tanaami au psychédélique Katsumata Hideyuki, l’art du manga semble se régénérer dans un bouillonnement perpétuel. Ce que souligne précisément l’exposition Mangaro à Marseille, plus attachée à «la matière imprimée» que le MIAM dédié à l’univers des artistes. «Par conviction et par choix», explique Hervé Di Rosa qui dirige «un lieu créé par un artiste pour les artistes et où il n’y a pas une seule de mes œuvres !». Un florilège d’artistes dont la carrière de mangaka a débuté dans Garo -exceptionnellement, Le Dernier cri présente toute la collection- ou à cause de Garo, comme Yoshikazu Ebisu qui évoque «la chance provoquée par le magazine». en novembre 2015 par une troisième exposition, Délices d’artistes, où l’aliment sera mis en questionnement dans ses enjeux sociétaux par Vincent Bioulès, Gérard Tranquandi, Saverio Lucariello, Marie Ducaté, Serge Plagnol, Claire Dantzer, Geneviève Martin… et Denis Brihat qui fait admirablement l’apologie des herbacées et autres plantes monocotylédones. Des «sujets humbles» portraitisés dans leur plus simple appareil et pourtant hissés au rang d’objets rares, quasi précieux. Une vision bien différente des peintres de l’École provençale qui ancraient leurs scènes dans la vie quotidienne : poissons pour la bouillabaisse, marchés dans l’arrière-pays, intérieurs de cuisines modestes et salles à manger bourgeoises, prétextes à valoriser l’art de vivre en Provence cher à Jean-Baptiste Reboul et son célébrissime La Cuisinière provençale toujours en librairie ! MARIE GODFRIN-GUIDICELLI Mangaro jusqu’au 2 fév Tour Panorama, La Friche la Belle de Mai, Marseille 3e 04 95 04 95 94 www.cartel-artcontemporain.fr Heta-Uma jusqu’au 1er mars MIAM, Sète 04 99 04 76 44 www.miam.org M.G.-G. Éclats d’infini, Photographies 1958/2011 jusqu’au 24 janv Maison de la photographie, Toulon 04 94 93 07 59 À table en Provence, 1850/1940 jusqu’au 1er mars Musée d’art, Toulon 04 94 36 81 01 www.toulon.fr 74 Images sans image… À l’invitation de Sally Bonn, Joan Ayrton, Cécile Beau, Faust Cardinali, Anne-Valérie Gasc, Agnès Geoffray, Dominique Ghesquière et Virginie Yassef proposent des expériences singulières de perception temporelle et spatiale en écho à sa nouvelle Le Peuple des bords (Éd. Le Mot et le reste). Au livre et à l’exposition s’ajouteront deux conférences performées. M.G.-G. Une sédimentation d’images sans image jusqu’au 15 janv Galerie des grands bains douches de la Plaine, Marseille 1er 04 91 47 87 92 http://art-cade.org © Virginie Yassef, Les enfants travaillent pour se réchauffer, photographie argentique, 2014, courtesy galerie G-P et N Vallois, Paris Pellizon, Dodet Patrick Bartoli clôt son année avec les créations récentes de deux artistes marseillais. Pierre Pellizon présente Homo Humus, sculptures en racine de pin, terre crue, terre cuite et résine. Le peintre Jean-Marc Dodet, Ecce Homo et Trace, Matière et Disparition, réalisées au goudron, cendre d’os, encre et papier marouflé. C.L. jusqu’au 12 déc Galerie Bartoli, Marseille 04 91 54 20 17 www.patrickbartoli.fr Andy Warhol Pierre Pellizon, série Homo Humus, H.40cm, 2014 © X-D.R Le [mac] propose la (re)découverte d’un aspect rarement montré de l’œuvre d’Andy Warhol : les Time Capsules, 612 cartons de déménagement remplis de documents et objets divers. 8 ont été sélectionnés et complétés par d’autres œuvres, films, chansons de Lou Reed et John Cale. C.L. Andy Warhol : Time Capsules du 6 déc au 12 avril [mac] Musée d’Art Contemporain, Marseille 04 91 25 01 07 www.marseille.fr Andy Warhol’s Time Capsule 526 and its contents, 1978-1982 mixed archival material, Overall (Box) 25.4 x 35.6 x 45.7 cm, The Andy Warhol Museum, Pittsburgh, Founding Collection, Contribution The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. © ADAGP Christmas Art Market Pourquoi ne pas offrir une œuvre d’art pour Noël ? Le Réseau Marseille Expos propose une liste d’œuvres originales dans laquelle on pourra choisir selon ses goûts, ses humeurs et son porte-monnaie. Il faudra débourser entre 80 et 3 200 euros environ pour acquérir dessins, photos, collages numériques ou encore acryliques signés Caroline Sury, Adrian Scheiss, Marine Douet, Delphine Wibaux, Philippe Turc… M.G.-G. du 22 nov au 20 déc Galerie du 5e, Marseille 1er 06 95 19 80 60 www.marseilleexpos.com © Philippe Turc, Grigri je vous ai apporté des bonbons parce que les fleurs c’est périssable, 2009 76 Sortir de la réserve, avant l’accrochage, Artothèque Antonin Artaud, 2014 © Gérard Fontès Intégrale Forte de ses 25 ans d’existence indéfectible au service de la diffusion et la compréhension de l’art contemporain, l’artothèque du lycée Antonin Artaud exposera pour la première fois la totalité de sa collection. Soit 550 œuvres de toutes techniques et formats, 172 artistes de Hatem Akrout à Jean-Michel Zazzi. Et tout est accessible sur son site tout neuf ! C.L. Sortir de la réserve jusqu’au 18 déc Artothèque du lycée Antonin Artaud, Marseille 06 08 99 85 27 www.artothequeantoninartaud.fr Enki Bilal Oxymore & More est à l’image de l’Autoportrait au sourire forcé d’Enki Bilal, à la fois grave et heureuse. À l’image de son enfance à Belgrade marquée par l’absence du père. On retrouve dans ses acryliques et pastels, ses planches, couvertures de magazine et illustrations, son alphabet complet, avec ses récurrences stylistiques et philosophiques. L’exposition est une vraie plongée dans son univers. M.G.-G. Oxymore & More jusqu’au 4 janv Hôtel des arts, Toulon 04 83 95 18 40 www.hdatoulon.fr Acrylique et pastel pour une illustration, Que Sais-je, Portrait de Montaigne, 2008, couverture du Magazine Littéraire © Enki Bilal Le temps des photographes Depuis quatre ans, les Comptoirs offrent un espace de visibilité aux jeunes créatrices photographes. Parrainées par Jean-Marc Ballée, Emmanuelle Duron-Morells, Marion Tampon-Lajarriette, Julie Pradier, Joane David et Marina Losada restituent leur expérience de la question du temps. Jusqu’à Noël. C.L. Temps Suspendu jusqu’au 27 déc Comptoirs arlésiens de la jeune photographie, Arles 06 07 78 94 71 www.comptoirsarlesiens.com Dans la forêt © Julie Pradier Martin Werthmann Chaque estampe du jeune artiste allemand Martin Werthmann demande un temps d’arrêt prolongé, tant les impressions multicouches et multicolores réservent des surprises : dans un mouvement de spirale infini, les éléments ornementaux, charnels ou architecturaux, et les motifs végétaux s’y télescopent comme pour mieux déstabiliser notre regard. M.G.-G. jusqu’au 11 janv Hôtel de Gallifet, Aix-en-Provence 09 53 84 37 61 © Martin Werthmann Above the Surface 78 Jérémy Laffon Il y a dans le travail de Jérémy Laffon un incessant croisement entre installation, peinture et architecture, plus saisissant encore dans ses nouvelles pièces réalisées au cours de ses résidences au Cairn. Ici, l’aléatoire n’est pas de mise sauf à considérer la pièce évolutive née de sa confrontation avec le territoire minéral, Circuit fermé, en pains de glace, dont le destin lui échappe… M.G.-G. Circuit fermé jusqu’au 21 déc Cairn centre d’art, Digne-les-Bains 04 92 31 45 29 www.jeremylaffon.com Installation Circuit fermé, CAIRN, Digne, 2014 © Jérémy Laffon La parole aux femmes Nées au Niger ou aux États-Unis, en France ou au Zimbabwe, les plasticiennes questionnent l’expérience du corps dans une exposition dont le titre s’inspire de l’ouvrage La Parole aux Négresses d’Awa Thiam, un des premiers écrits féministes africains paru en 1978. Leurs œuvres empruntent la voie de l’intime pour parler au monde. M.G.-G. Danielle Lorin, La tentation du double-je, technique mixte et photographie, 2012 © D. Lorin jusqu’au 7 mars Fondation Blachère, Apt 04 32 52 06 www.fondationblachere.org Vue d’exposition, premier plan Ifeoma Anyaeji, Open Door Policy (2014), second plan, Mavis Tauzeni, série sans titre (2014) © Fondation Blachère Noir au blanc Deuxième événement d’importance pour cet espace artistique éclectique, avec une préférence d’exposants internationaux et des artistes sous le label «gens d’ici» (Eriko Arima, Danielle Lorin). Sélection des œuvres concoctée par Yifat Gat, responsable du lieu et commissaire de l’exposition, pour un vernissage en musique le 22 nov à 18h. C.L. à partir du 22 nov Look&Listen, Espace d’art, Saint Chamas 06 26 45 39 50 www.lookelisten.com Isabelle Agnel Gouzy jusqu’au 23 janv Espace Pébéo, Gémenos 04 42 32 08 08 www.pebeo.com © Isabelle Agnel Gouzy C’est une rétrospective qui ne se dit pas mais qui propose un large panorama des œuvres d’Isabelle Agnel Gouzy, depuis ses premières huiles sur toile libre, dessins, collages, peintures-coutures, explorant différents supports et procédures -pli, couture, nœuds- avec la réintégration récente de la toile sur châssis. À (re)découvrir ! C.L.
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