Boîtes de vitesses par René HULIN Ingénieur de l’École Nationale Supérieure des Arts et Métiers Responsable des Études de boîtes de vitesses à la Direction Technique de Peugeot SA 1. 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 Notions théoriques .................................................................................. Travail, puissance ........................................................................................ Espace d’utilisation...................................................................................... Couple........................................................................................................... Énergie disponible. Accélération................................................................ Formulaire .................................................................................................... 1.5.1 Puissance consommée....................................................................... 1.5.2 Pente franchissable. Accélération ..................................................... 1.5.3 Représentations graphiques.............................................................. 1.5.4 Détermination des rapports de boîte ................................................ 2. 2.1 2.2 2.3 Boîtes de vitesses à commande manuelle ........................................ Généralités ................................................................................................... Boîtes à engrenages non en prise constante, dites « à baladeurs » ....... Boîtes à engrenages en prise constante.................................................... 2.3.1 Critères de choix ................................................................................. 2.3.2 Boîtes à deux arbres........................................................................... 2.3.3 Boîtes à trois arbres, dites « à prise directe » .................................. 2.3.4 Dispositions constructives les plus généralement rencontrées ..... Composants. Considérations constructives .............................................. 2.4.1 Engrenages ......................................................................................... 2.4.2 Arbres .................................................................................................. 2.4.3 Synchroniseurs ................................................................................... 2.4.4 Paliers .................................................................................................. 2.4.5 Commande du passage des vitesses................................................ 2.4.6 Carter ................................................................................................... 2.4.7 Lubrifiant ............................................................................................. 2.4 B 5 660 - 3 — 3 — 3 — 4 — 4 — 5 — 5 — 6 — 6 — 6 — — — — — — — — — — — — — — — — 9 9 9 10 10 10 11 13 14 14 15 16 22 24 26 28 ’Homme, doté d’un potentiel d’imagination incomparable, a depuis toujours cherché à construire des outils pour pallier ses propres carences et soulager sa peine. Ainsi, avec obstination, il a tenté d’utiliser, avec le maximum d’efficacité, ce que la Nature a mis à sa disposition pour réaliser des opérations que ses seules possibilités physiques ne pouvaient lui permettre. Par exemple, pour déplacer une grosse pierre, il a inventé le levier, puis les rouleaux, le cabestan, etc., donc des transformateurs mécaniques qui mettent sous une forme utile la force primaire à sa disposition : celle de ses bras ou d’animaux domestiqués, etc. On découvrit par la suite la force du vent, d’une chute d’eau ; cela conduisit tout naturellement à l’invention d’un système d’engrenages, primitif certes, mais nécessaire pour adapter la vitesse de rotation des ailes ou de la roue du moulin à celle de la meule. B 5 660 8 - 1989 L Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique B 5 660 − 1 BOÎTES DE VITESSES ___________________________________________________________________________________________________________________ Au cours des deux derniers siècles, c’est l’explosion avec la naissance du moteur : machine à vapeur, moteur électrique, moteur à combustion interne, turbine à gaz, etc., toujours plus puissants, plus compacts et plus endurants. Mais cette puissance ne serait rien si elle n’était mise au service du récepteur : l’instrument utile. Et, en ce domaine, on ne voit pas de limite à l’imagination créatrice, l’Homme se voyant proposer des produits toujours plus performants dans tous les domaines : agriculture, machines-outils, levage, transport, servomécanisme, etc. Ainsi, dans la quasi-totalité des cas, le moteur délivre sa puissance sur un arbre, donc sous forme rotative, que l’on peut écrire par la relation : P (puissance) = C (couple) × ω (vitesse de rotation) En ce qui concerne le récepteur, il est très rare qu’il puisse utiliser cette puissance dans sa forme primaire, d’où la création d’un organe de liaison, d’un transformateur d’énergie qui fera que le moteur sera bien adapté au récepteur dans tout son domaine d’utilisation. Il en est donc ainsi de cette trilogie moteur-transformateur-récepteur depuis que l’Homme a commencé à faire des travaux mécaniques, partant du levier qui a eu besoin d’une pierre comme point d’appui, en passant par les premiers réducteurs primitifs en bois des moulins à vent, pour arriver actuellement aux boîtes de vitesses sophistiquées des tracteurs, camions ou automobiles, à commande manuelle ou automatique, en attendant pour demain l’avènement, à grande échelle, de la transformation continue du couple et donc l’accord idéal des conditions de fonctionnement du moteur avec celles du récepteur qu’il doit entraîner. Nous avons ainsi situé très globalement la place de ce transformateur, plus communément appelé suivant les applications : réducteur, multiplicateur ou boîtier relais, à un seul rapport, rencontrés dans des installations fixes, ou boîte de vitesses utilisée dans le cas où le récepteur a des conditions fonctionnelles variées, conditions rencontrées dans le transport ou les machines-outils. Fonction secondaire à ne pas négliger, la boîte de vitesses, outre la liaison cinématique, assure aussi fréquemment la liaison physique par son carter entre le moteur et le récepteur, dont la position relative dans l’ensemble du produit peut être dictée par diverses conditions d’architecture. Nous verrons donc que ce carter est essentiel dans la transformation puisqu’il véhicule le couple de réaction, qu’il est en somme le point d’appui. En effet, le transformateur ou convertisseur de couple ne crée aucune énergie et, au premier ordre (η = 1), il obéit donc aux lois fondamentales de l’équilibre algébrique des couples : Σ C = 0 soit Centrée + Csortie + Créaction = 0 On voit donc qu’il y a impossibilité de transformation si la réaction n’existe pas (C réaction = 0 ) , le couple de sortie restant égal au couple d’entrée. « Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai le Monde » pourrait constituer une excellente devise pour les transmissionnistes. L’objet de cet article sera l’étude des boîtes de vitesses, le cas le plus général, et compte tenu de la complexité, nous prendrons les exemples dans l’automobile. Les réducteurs, multiplicateurs ou boîtiers relais seront traités dans l’article Réducteurs de vitesse à engrenages [B 5 640] de ce traité. B 5 660 − 2 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ___________________________________________________________________________________________________________________ BOÎTES DE VITESSES 1. Notions théoriques 1.1 Travail, puissance Travail, puissance, couple et vitesse sont les grandeurs de base liées entre elles. Schématisons une voiture : moteur-boîte de vitesses-roues-carrosserie. Cette voiture est le siège de plusieurs forces (figure 1) : — des forces de propulsion au contact pneumatique-route ; — des forces résistantes : aérodynamique, de frottement au contact des pneumatiques, dues à la pente de la route (forces explicitées au paragraphe 1.5.1). Ces forces intervenant dans un mouvement d’ensemble de la voiture – déplacement pendant un temps donné –, on peut donc exprimer chaque situation dynamique de la voiture par une puissance : F × L ( travail ) P ( puissance ) = -------------------------------------- = F ( force ) × V ( vitesse ) t ( temps ) En supposant une liaison directe entre le vilebrequin et la roue, donc une vitesse de rotation commune, nous obtenons la courbe B (figure 3). Portons sur le même graphique la courbe de puissance d’un moteur à combustion interne (courbe A). Nous créons ainsi deux surfaces que l’on appellera espaces : — zone I : espace du besoin du récepteur ; — zone II : espace du moteur. Les deux surfaces n’ayant aucun point commun, il est évident que le système ne peut fonctionner. Nous avons ainsi la démonstration de la nécessité d’introduire une boîte de vitesses (qui – dans son expression la plus simple – ne sera qu’un réducteur). Elle se traduit, N arbre de sortie dans les formules, par un coefficient k = ------------------------------------qui, dans N arbre d′entrée le cas présent, augmente la vitesse de l’arbre d’entrée de la boîte pour la rendre compatible avec celle du moteur et inversement diminue le couple à délivrer par le moteur (courbe C) : Zone III : espace commun entre le récepteur et le moteur, appelé espace d’utilisation. Ainsi un véhicule est-il caractérisé par un réseau de courbes appelées courbes de puissance consommée (figure 2). On voit donc que, pour un objectif donné de performance – qui est un choix de marketing –, on peut en déduire la puissance minimale du moteur qu’il faudra installer dans la voiture en tenant compte, bien entendu, du rendement de la liaison cinématique. 1.2 Espace d’utilisation Transposons maintenant ces courbes de puissance consommée pour examiner ce qui se passe au niveau de la liaison de vilebrequin et de l’arbre d’entrée de boîte. En premier, il est nécessaire de tenir compte du rendement de la transmission et, pour plus de commodité, d’exprimer la vitesse en vitesse angulaire, en nombre de tours par minute, en prenant la longueur de circonférence du pneumatique r l t (donnée par le fabricant) pour base : V ( km / h ) 1 000 N ( tr/min ) = ---------------------------- × ---------------- r lt ( m ) 60 Figure 1 – Schéma simplifié des forces auxquelles est soumise une voiture Figure 2 – Courbes de puissance consommée Figure 3 – Détermination d’un espace d’utilisation Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique B 5 660 − 3 BOÎTES DE VITESSES ___________________________________________________________________________________________________________________ Si on applique ce principe à un véhicule automobile, on remarque que le besoin du récepteur ne peut pas être couvert par un seul rapport. L’espace d’utilisation du véhicule est donc couvert : — par l’embrayage pour la phase transitoire du démarrage (articles Embrayages. Étude théorique et constitution générale [B 5 850] et Embrayages. Étude technologique [B 5 851] dans ce traité) ; — par plusieurs rapports de réduction suivant la qualité de la couverture recherchée (figure 4a ) ou, mieux, par un variateur (figure 4b ). 1.3 Couple Le même raisonnement peut être fait en couple (figure 5). On voit ainsi que l’on peut, suivant la valeur du coefficient k , générer un couple ou une vitesse suivant les besoins. Il y a donc adaptation du couple. La boîte de vitesses est donc en tout premier lieu un adaptateur de couple, assimilable à ce qu’est un transformateur pour la tension en électricité. 1.4 Énergie disponible. Accélération Reprenons, figure 4a, l’espace utilisable pour un coefficient k n donné (courbe D). Pour N1 donné, nous avons les valeurs particulières de puissance consommée Pc1 et de puissance moteur (celui-ci étant à pleine charge) P M1 . Il est évident que si l’on veut se contenter de déplacer le véhicule à N1 il suffit d’afficher au moteur une puissance Pc1 . La différence (P M1 – Pc1 ) correspond au potentiel d’accélération possible. Soit m la masse du véhicule ; J l’inertie des masses en rotation ; avec J r inerties liées à la roue, J bv inerties liées à la boîte de vitesses et ramenées à la roue ; le déplacement linéaire pour la voiture et la roue ; θ le déplacement angulaire, Figure 4 – Espaces d’utilisation d’un véhicule avec θ r pour la roue tel que : θ r = ---------- . r r lt Figure 5 – Accélération disponible sur sol plat, pour un véhicule donné, en fonction de la vitesse du véhicule B 5 660 − 4 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ___________________________________________________________________________________________________________________ BOÎTES DE VITESSES Pour obtenir une accélération de la voiture et des masses en rotation, il faut un couple à la roue tel que : Cr J r + J bv d 2 --------- = m + --------------------- ----------2 r r lt dt 2 r r lt D’une manière générale, les inerties sont faibles par rapport à la masse de la voiture. On pourra donc, en première approximation, écrire : Cr d2 --------- = m ----------r r lt dt 2 et, en se rapportant au potentiel d’accélération disponible, écrire : P M1 – P c1 P M1 – P c1 d2 d2 V d ′ où ----------= --------------------------= m ----------mV 1 dt 2 1 dt 2 On déduit donc une courbe d’accélération possible sur sol plat, pour un rapport de boîte donné, en fonction de la vitesse du véhicule (figure 5). 1.5.1 Puissance consommée Considérant que le déplacement se fait en air calme, la résistance s’écrit : 1 R a = ----- ρ ( SC x ) v 2 2 v (m/s) ρ (kg/m3) Quand un véhicule gravit une pente, la composante du poids agit comme un effort résistant ; inversement, elle devient motrice si le véhicule descend (figure 6). La pente i (en général exprimée en %), donne la hauteur dont on monte pour un déplacement horizontal unitaire : D2 i % = -------- × 100 = tan α × 100 D1 i R i = mg sin α = mg tan α = mg -----------100 1.5.1.1 Résistance aérodynamique SC x 1.5.1.3 Résistance due au profil de la route mais, comme α est en général faible, on peut accepter tan α ≈ sin α, d’où la résistance due à la pente de la route : 1.5 Formulaire avec — par des informations fournies par les fabricants de pneumatiques, qui, pour un calcul plus précis, sont en mesure de donner, pour toutes les conditions d’utilisation, la valeur de la résistance au roulement des pneumatiques qu’ils produisent ; — par une mesure directe sur banc spécial à rouleaux de grand diamètre, dit « de performance » ; malheureusement, cette méthode, précise, outre la mise en œuvre de moyens lourds, nécessite que le véhicule soit déjà dans un état avancé de sa mise au point et elle est donc, de ce fait, totalement exclue en phase d’avant-projet. surface de traînée déterminée expérimentalement en soufflerie, à partir de laquelle on peut obtenir le coefficient de forme C x , S étant la projection de la surface frontale du véhicule sur un plan perpendiculaire à la direction de déplacement (pour les voitures : 0,6 < SC x < 0,8 m2), vitesse du véhicule, masse volumique de l’air (1,225 kg/m3 dans les conditions standards). 1.5.1.2 Résistance au roulement Cette force est la conséquence des divers frottements qui apparaissent pendant le mouvement en divers points du système : paliers, freins, roues au contact avec le sol, ou géométrie des suspensions ; elle est donc une fonction d’un nombre considérable de paramètres dont l’influence n’est pas du même ordre. Aussi, on ne retiendra, en première approximation, que l’influence prépondérante des pneumatiques. La résistance au roulement d’un pneumatique est une fonction quasi linéaire de la charge supportée mais très dépendante de paramètres propres au pneumatique (type, dimensions, pressions de gonflage, etc.) ou liés aux conditions routières (état de surface, température, humidité, etc.). On supposera toujours, dans un calcul, de bonnes conditions de roulage : température de 20 oC et bonne route sèche. En ordre de grandeur, cette résistance sera de l’ordre de 15 % de la puissance consommée totale. On l’évalue par trois moyens : — par le calcul (formules simplifiées) : • de 0 à 110 km/h, il y a peu d’influence de la vitesse : V R r = mg × 10 – 4 120 + ----8 1.5.1.4 Résistance due à l’inertie L’inertie a une influence active lors des accélérations. Les forces qui en résultent sont de deux types : — une force retardatrice due à la masse du véhicule en déplacement : γ R m = mg ---g avec γ accélération du véhicule ; — un couple opposé au couple moteur pour toutes les pièces en rotation. Habituellement, en première approximation, on néglige l’influence de l’inertie des pièces en rotation car elle ne représente que quelques pour-cent de l’inertie totale. On devra, toutefois, vérifier par un calcul rapide le pourcentage d’erreur dans le cas de transmissions fortement démultipliées : cas des premiers rapports sur un tracteur, par exemple. • de 110 à 200 km/h : R r = mg × 10–4 [140 + 0,625 (V – 120)] avec Figure 6 – Résistance due au profil de la route mg (N) poids du véhicule, V (km/h) vitesse du véhicule ; Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique B 5 660 − 5 BOÎTES DE VITESSES ___________________________________________________________________________________________________________________ 1.5.1.5 Puissance Pour faire avancer le véhicule, le moteur devra donc vaincre la somme des résistances, soit : ∑ R = Ra + Rr + Ri + Rm Cet effort peut être exprimé en puissance : P = 1 ∑ R · v = ----2- Rr γ i ρ ( SC x ) v 3 + mg ---------- + ----------- + ----- v mg 100 g La puissance consommée est la puissance qu’il faudra que le moteur fournisse pour que le véhicule, à une vitesse donnée v et dans une pente donnée i, accélère de γ. On l’obtiendra en divisant par le rendement de la transmission η la somme des résistances, soit : 1 P c = ----η Mais, pour reporter cette puissance du moteur sur le même graphique que celui de la puissance consommée, il convient de l’exprimer en fonction de la vitesse du véhicule, ce que l’on fait en utilisant un coefficient d’adaptation de la transmission K n , plus communément appelé km/h pour 1 000 tr/min moteur (figure 7b ). Ce coefficient K n intègre le rapport global de transmission composé des coefficients k bv exprimant la réduction de vitesse sur chacun des rapports de la boîte et k pont celle de la réduction finale, et la dimension (circonférence) des pneumatiques rlt : K n = k bv k pont r lt × 60 À titre d’exemple, le tableau 1 donne, en ordre de grandeur, quelques valeurs du coefficient K n (valeurs extrêmes). On trouvera aussi, dans la littérature, la valeur inverse 1/K n qui exprime la transformation en couple. (0) Rr γ 1 i ----- ρ ( SC x ) v 3 + mg ---------- + ----------- + ----- v 2 mg 100 g Tableau 1 – Valeurs du coefficient K n Remarquons que la puissance consommée sur sol plat, sans accélération, s’exprime par : 1 P cp = ----η 1 ----- ρ ( SC x ) v 3 + R r v 2 Type de véhicule k bv r lt Kn À tout moment, la puissance du moteur est égale à la puissance consommée, hors de la phase d’embrayage, donc P M = P c . La formule générale précédente peut alors être écrite sous deux formes particulières en fonction de ce qui est recherché : — pente franchissable à vitesse constante : η i ------------ = ---------------- [ P M – P cp ] mg v 100 — accélération sur sol plat : gη γ = ---------------- [ P M – P cp ] mg v i On remarquera que : γ = g × ------------ . 100 Poids lourd min. max. rapport de 1re 0,25 rapport supérieur (1) 1,20 1,50 1 1,15 0,20 0,30 0,15 0,2 3,30 k pont 1.5.2 Pente franchissable. Accélération Voiture min. max. 0,35 0,07 0,09 m de circonférence 1,7 2,1 3,30 rapport de 1re 5,1 13,2 2,1 3,5 24,5 56,7 29,7 45,5 rapport supérieur (1) (1) Le rapport supérieur est la 5 e pour une voiture et la 16 e pour un poids lourd. 1.5.3.3 Notion de puissance disponible Pour une vitesse V donnée, on peut faire la différence entre la puissance du moteur et la puissance consommée. On obtient ainsi la courbe de puissance disponible (figure 7a ) qui est, en quelque sorte, le potentiel d’accélération pour chaque rapport. La figure 7b constitue alors l’image globale des possibilités d’utilisation d’un véhicule. On remarquera la courbe enveloppe (courbe I, en traits discontinus), courbe obtenue avec un variateur, k étant infiniment variable. 1.5.4 Détermination des rapports de boîte 1.5.3 Représentations graphiques Suivant la notion que l’on cherche à mettre en valeur, plusieurs représentations graphiques sont possibles. 1.5.3.1 Courbes de puissance consommée Nous avons utilisé ce type de courbe au paragraphe 1.1 (figure 2). Les coordonnées sont, en abscisse, la vitesse du véhicule, qui sera, pour la facilité de lecture, en km/h et, en ordonnée, la puissance en kW. Plusieurs courbes sont tracées en fonction de la pente. 1.5.3.2 Courbe moteur - Coefficient d’adaptation de la transmission Mesurée sur un banc dynamométrique, la courbe de puissance d’un moteur P M est une fonction de sa vitesse de rotation N et de l’ouverture du papillon β du carburateur ou de la pompe à injection, soit : P M = f (N, β ). En général, on ne raisonne que sur la puissance maximale, ce qui permet d’établir les limites d’utilisation du véhicule, soit : P M = f (N ). B 5 660 − 6 1.5.4.1 Notion de sous-ou surmultiplication. Choix du rapport supérieur Sur un graphique Pc = f (V ) (figure 8), la courbe de puissance consommée coupe l’horizontale de la puissance du moteur maximale en V2 ; on peut donc calculer un coefficient d’adaptation de la transmission K 2 . En ce point V2 , la puissance disponible est nulle. Soit K1 et K 3 des valeurs inférieure et supérieure de ce coefficient d’adaptation, pour lesquelles on calcule la puissance disponible. On voit qu’elle s’annule pour des valeurs de V inférieures à V2 d’où l’on déduit que K 2 est le coefficient d’adaptation optimal. On dira qu’une voiture est sous-multipliée pour K1 lorsque la vitesse maximale est obtenue à un régime moteur supérieur à celui de la puissance maximale ; le potentiel d’accélération est important. C’est, en général, le cas des véhicules à vocation sportive. Inversement, la voiture sera surmultipliée pour K3 . C’est le cas des rapports de cinquième dits « autoroute » ou encore appelés « overdrive » (traduction presque littérale de surmultipliée) : le moteur tourne alors moins vite, permettant ainsi, pour une même vitesse de croisière, une économie de carburant. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ___________________________________________________________________________________________________________________ BOÎTES DE VITESSES Figure 7 – Courbes de puissance disponible 1.5.4.2 Choix du rapport inférieur communément appelé « première » Le choix de ce rapport est, en général, un compromis entre : — une volonté de démarrage dans une pente donnée à charge maximale ; ne pas oublier les cas d’utilisation exceptionnels : traction de remorque, par exemple ; il faut alors rester dans des limites raisonnables en dégagement d’énergie au niveau de l’embrayage (articles Embrayages. Étude théorique et constitution générale [B 5 850] et Embrayages. Étude technologique [B 5 851] dans ce traité) ; — des conditions de conduite « agréables » : suffisamment court pour que les manœuvres du véhicule puissent se faire aisément en toutes circonstances (charge, côte, obstacle, etc.) mais pas trop pour que le conducteur ne soit pas tenté de démarrer systématiquement en seconde s’il est seul à bord, ce qui serait préjudiciable à la longévité de l’embrayage ; — le souhait de rester dans des limites raisonnables de patinage des roues motrices quand le véhicule est vide et que l’on applique la pleine puissance du moteur. Figure 8 – Choix du rapport supérieur 1.5.4.3 Choix des rapports intermédiaires Le moteur n’est réellement utilisable qu’entre des limites de vitesse de rotation bien définies. Plusieurs méthodes permettent de choisir les rapports intermédiaires. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique B 5 660 − 7 BOÎTES DE VITESSES ___________________________________________________________________________________________________________________ ■ Méthode graphique (figure 9) Traçons sur le graphique les vitesses de rotation du moteur en utilisation continue et au couple maximal, la zone du minimum utilisable, et les rapports inférieur et supérieur déterminés aux paragraphes précédents. On voit ainsi que, si après avoir exploité son rapport inférieur au maximum, on passe directement au rapport supérieur, on retombe alors au point A dans la zone difficilement exploitable, d’où la nécessité de plusieurs rapports de boîte. Faisons passer une droite par le point B, le moteur se trouvant alors à son couple maximal ; on trace ainsi un premier rapport de seconde, et ainsi de suite C pour une troisième, D pour une quatrième, et E, qui n’est pas forcément sur la ligne de couple maximal, pour le rapport supérieur, en l’occurrence une cinquième. Ce premier tracé (trait double, figure 9) va servir, par approches successives et en s’appuyant sur l’expérience, à trouver une solution acceptable (trait épais, figure 9 ) en regard des traditions du constructeur et de l’objectif de performance recherché (brio). Par exemple, si l’on choisit un nombre de rapports faible, on devra statuer sur la position et la forme de la ligne B - C - D - E des vitesses minimales, par rapport à la vitesse de couple maximal, qui peut s’en trouver trop éloignée et ainsi créer des manques de continuité dans l’accélération, communément appelés « trous ». ■ Calcul théorique : — pour un poids lourd, on utilisera en général une progression géométrique ; — pour les voitures, on corrigera la progression géométrique en rapprochant les rapports supérieurs, ce qui correspond à un accroissement de la vitesse minimale d’utilisation du moteur dans les rapports supérieurs. En pratique et en première approche, on peut envisager de faire la moyenne entre les progressions arithmétiques et géométriques (tableau 2) ; — pour un véhicule de compétition, le nombre et la position des rapports auront pour objectif de conserver le maximum de puissance au niveau du moteur en tenant compte du profil du circuit, de façon à disposer d’un rapport optimal pour avoir la meilleure accélération possible en sortie de virage. Figure 9 – Choix des rapports intermédiaires : méthode graphique (0) Tableau 2 – Calcul « pratique » d’un étagement de boîte de vitesses automobile : exemple effectué pour une Peugeot 405 MI 16 Rapport n Progression Raison r Progression arithmétique Pa Progression géométrique Pg Moyenne des progressions 1 (1) 2 3 4 5 (1) k bv1 k bv1 + ra k bv1 + 2 ra k bv1 + 3 ra k bv1 + 4 ra = k bv5 0,342 0,586 5 0,831 1,075 5 1,32 k bv1 k bv1 · rg k bv1 · r g k bv1 · r g k bv1 ⋅ r g = k bv5 = 1,401 6 0,342 0,479 3 0,671 8 0,941 7 1,32 Pa + Pg -------------------2 0,342 0,532 9 0,751 4 1,008 6 1,32 0,342 0,54 0,781 1,032 1,32 k bv5 – k bv1 r a = ----------------------------4 = 0,244 5 rg = 4 k bv5 ------------k bv1 Choix final ......................................................... 2 3 (1) Les coefficients k bv5 et k bv1 sont issus des coefficients d’adaptation K 5 et K 1 déterminés aux paragraphes 1.5.4.1 et 1.5.4.2. B 5 660 − 8 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique 4 ___________________________________________________________________________________________________________________ BOÎTES DE VITESSES 2. Boîtes de vitesses à commande manuelle 2.1 Généralités La nécessaire adaptation du moteur au récepteur, dont nous avons fait la démonstration théorique au paragraphe 1, a donné naissance à une industrie de la boîte de vitesses extrêmement féconde. Presque tous les secteurs d’activités sont concernés : l’électroménager, l’outillage fixe ou portatif, les industries de toutes sortes avec des systèmes très précis et complexes, notamment dans l’industrie papetière, le transport, etc. Des systèmes de toutes tailles ont été développés, depuis quelques milliwatts pour l’industrie horlogère ou pour des petits systèmes d’asservissement de satellites jusqu’à des réducteurs de plusieurs milliers de kilowatts pour les grands complexes de l’industrie lourde : concasseurs de mines, excavatrices, plates-formes pétrolières, laminoirs, etc. Dans la majorité des cas, il s’agit de réducteurs ou multiplicateurs à un seul rapport, les limites de fonctionnement étant bien établies. Mais, dès que l’on doit faire face à des conditions de travail variées imposant une plage d’utilisation étendue, on a intérêt, pour un bon rendement de l’installation, à recourir à plusieurs rapports de vitesses, voire à la variation continue. Tout l’Art de l’Ingénieur est donc de définir les systèmes mécaniques, hydrauliques, électroniques, etc. les mieux appropriés pour l’exécution de l’adaptation du moteur au récepteur : la voiture. Ses choix, qui donnent les grandes options techniques de ces systèmes – les boîtes de vitesses –, ont des conséquences économiques importantes, car ils doivent conduire aux investissements les plus judicieux pour que les coûts d’exploitation en permettent un bon amortissement. Par exemple, pour une machine-outil, on a besoin d’un grand nombre de vitesses pour respecter des conditions de coupes précises ; par contre, on peut se permettre d’arrêter la machine, voire de changer un train d’engrenages si les changements de types de fabrication sont peu fréquents. Pour une voiture, on pense nombre de rapport, facilité de commande par la synchronisation et, pour l’équipement d’un camion grand routier où la gestion d’un grand nombre de rapports doit être encore plus fine, « changement totalement automatique » géré par un calculateur qui prend en compte tous les paramètres route-véhicule-moteur. Il est assez difficile d’établir une classification ; toutefois, deux grands groupes peuvent être distingués : — boîtes à engrenages non en prise constante, dites « à baladeurs » ; — boîtes à engrenages en prise constante. 2.2 Boîtes à engrenages non en prise constante, dites « à baladeurs » Ces boîtes, d’un dessin rustique, pour être économiques et endurantes, sont de construction solide. Quelques exemples de réalisation de ces boîtes très simples sont donnés à la figure 10. Ces boîtes sont constituées par la juxtaposition de couples d’engrenages avec un espace axial permettant leur déplacement ; il est difficile de dépasser 4 rapports à cause des flexions d’arbre. Si l’on désire disposer d’un nombre de rapports plus important, il est nécessaire de placer en série plusieurs systèmes primaires : par exemple, pour 12 rapports, on place en série une boîte à 3 rapports et une boîte à 4 rapports. Figure 10 – Boîtes de vitesses à baladeurs (systèmes primaires) On devra prendre garde, si l’on choisit ce type de boîtes rustiques, aux conditions du cahier des charges, car il présente entre autres deux particularités bien marquées : — le baladeur ne peut accepter d’effort axial. On ne pourra par conséquent utiliser que des dentures droites qui, sauf conditions de réalisation toutes particulières donc onéreuses, se révèlent souvent bruyantes ; — le changement de rapport ne peut se faire qu’à l’arrêt complet, à moins d’équiper l’installation d’un asservissement placé sur le système de commande du moteur pour que la vitesse de l’arbre primaire soit amenée à la valeur qu’elle aura après l’engagement des dentures. C’est alors un système complexe, nécessitant de coordonner plusieurs opérations en toute sécurité, donc difficile à réaliser et souvent très onéreux. Les baladeurs sont déplacés et maintenus en position par des fourchettes mues de l’extérieur du carter au moyen de leviers (§ 2.4.5). Ces leviers peuvent être manuels ou motorisés (commande électrique ou pneumatique). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique B 5 660 − 9 BOÎTES DE VITESSES ___________________________________________________________________________________________________________________ 2.3 Boîtes à engrenages en prise constante 2.3.1 Critères de choix Insistons tout d’abord sur le fait qu’il est nécessaire de définir, par une étude très approfondie, les caractéristiques fonctionnelles qui doivent être satisfaites par le produit. En d’autres termes, on fixe avec précision le cahier des charges, base de départ de l’étude proprement dite. être déplacée latéralement pour permettre l’engagement des crabots Cr et C m du pignon récepteur et du manchon. L’engagement des crabots impose l’égalité des vitesses du pignon récepteur et du manchon ; il doit donc se faire à l’arrêt ou par mise à niveau du régime moteur par le conducteur. Des dispositifs complémentaires dits synchroniseurs ont été développés pour que cette opération soit facilitée en toute circonstance (§ 2.4.3). ■ Critères fonctionnels : — caractéristiques du moteur (plage d’utilisation, puissance, etc.) ; — plage de vitesses souhaitée au niveau du véhicule ou de l’organe entraîné ; — rendement de la boîte ; — masse de la boîte ; si la boîte est dans une installation fixe, on choisit la fonte pour le carter alors que, pour un véhicule, on peut envisager l’aluminium ou le magnésium. ■ Critères d’utilisation : par exemple, le type de changement de rapport (manuel, asservi, automatisé, etc.). ■ Critères d’endurance, de fiabilité, de sécurité : par exemple, pour une automobile : 100 000 km, alors que l’on fixe 500 000 km pour un camion, avec des conditions d’essai bien précises. Nota : on ne fixe pas le même niveau de fiabilité pour une automobile que pour un hélicoptère. ■ Critères d’environnement : bruit, atmosphère agressive, etc. ■ Critères d’entretien et de maintenance : — périodicité en facilité des opérations d’entretien ; — rapidité de réparation : on pourra prendre un risque sur l’endurance si l’on peut réparer rapidement ; on peut aussi prévoir des opérations de maintenance préventive. ■ Critères de fabrication : par exemple, la souplesse d’adaptation. En construction automobile, on pourrait faire une boîte spécifique pour un véhicule précis mais cette solution est aujourd’hui de moins en moins retenue au profit d’organes standardisés au niveau des fonctions de base (arbres, commande, carter principal, etc.), qui sont adaptés à chaque situation par des carters de liaison des leviers spécifiques. Notons que, chaque fois que l’on peut augmenter les quantités produites, il y a une économie mais aussi un gain en qualité par l’introduction de moyens de production plus performants, voire automatisés, une meilleure stabilisation des processus, et la possibilité de méthodes de contrôle efficaces. ■ Critères de coût : — investissement de fabrication ; — coût en exploitation direct sur la boîte ou indirect par une utilisation éventuellement non optimisée du moteur. Une fois tous ces critères étudiés, de nombreuses solutions sont possibles mais deux d’entre elles sont beaucoup plus souvent rencontrées que les autres en production automobile de grande série : ce sont les boîtes à 2 ou 3 arbres. 2.3.2 Boîtes à deux arbres 2.3.2.1 Schéma général Il y a un couple d’engrenages – ou engrenage – toujours en prise par rapport de démultiplication. Le mouvement entre sur l’arbre d’entrée, appelé arbre primaire (figure 11). L’arbre primaire porte tous les pignons moteurs qui entraînent en continu l’ensemble des pignons récepteurs, lesquels tournent librement sur l’arbre de sortie, appelé arbre récepteur. La liaison positive entre le pignon récepteur et l’arbre récepteur se fait par l’intermédiaire d’un manchon de crabotage M, pièce liée en rotation à l’arbre récepteur, mais pouvant B 5 660 − 10 Figure 11 – Boîtes de vitesses à 2 arbres (5 vitesses) : cinématique Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ___________________________________________________________________________________________________________________ BOÎTES DE VITESSES 2.3.2.2 Caractéristiques de la boîte ■ Rapports de démultiplication kn : N mn ′ D mn k n = --------------- = ------------N ′r n Dr n avec D diamètre primitif des pignons, N ′ nombre de dents des pignons, les indices m symbolisant le pignon moteur, r le pignon récepteur, et n l’indice du rapport (repéré de 1 à ... n). ■ Entraxe (distance entre les deux axes des arbres) Au cours du temps, un certain nombre de formules très simplistes sont apparues. Elles constituent une première base de calcul : ∆ = λ3 C ( en mm ) avec C (N · m) couple d’entrée, λ coefficient fonction du type d’utilisation : 11,5 pour une voiture de tourisme, 18,5 pour un poids lourd et 23 pour un tracteur. On remarquera que λ est d’autant plus grand que le rapport puissance sur masse est faible. En automobile, suivant les couples, on utilisera en général des entraxes compris entre 60 et 90 mm. Une formule de l’entraxe plus précise peut être obtenue si l’on tient compte des conditions constructives de la marche arrière et de la première. D’une manière quasi générale, la marche arrière est installée au voisinage de la première sur le manchon du synchroniseur, selon le schéma de la figure 12. Les rayons primitifs de première R m1 et de marche arrière R mAR sont choisis de manière à résister au couple moteur ; remarquons qu’un couple de première ou de marche arrière doit résister, en priorité, aux chocs – démarrages brutaux – dans le cas d’une automobile. R m1 et R mAR étant ainsi fixés et le rapport de première choisi selon les critères du paragraphe 1.5.4.2, on en déduit aisément l’entraxe, qui est la somme des rayons primitifs du pignon moteur R m1 et du pignon récepteur R r1 = k 1 · R m1 , soit : ∆1 = R m1 (k 1 + 1) On peut faire le même calcul pour la marche arrière mais il faut alors tenir compte du fait que les dentures motrices et réceptrices, bien qu’en face l’une de l’autre, n’engrènent pas entre elles ; on doit donc ajouter deux saillies de dents qu’a priori on prend égales au module et un jeu (article Engrenages. Définition, dessin et calcul [B 636] dans ce traité) : ∆AR = R mAR (k AR + 1) + 2 modules + jeu On retient l’entraxe le plus grand ou, si ∆1 est fixé, on augmente k AR . ■ Ouverture de la boîte o : on définit l’ouverture de la boîte par le rapport des démultiplications extrêmes. Si la boîte a n rapports, on a : kn o = ------k1 Ce rapport, exprimé en diamètre primitif de fonctionnement de dentures, donne : D mn D r1 o = ------------- ⋅ ------------D r n D m1 Nous avons vu précédemment que, pour un couple et un rapport de démultiplication donnés, il y a un dimensionnement minimal du pignon et un entraxe minimal nécessaire (cela concerne D m1 et D r n ) : 2 ∆ – D rn 2 ∆ – D m1 o = ------------------------ ⋅ --------------------------D rn D m1 ce qui montre l’interaction absolue entre les trois éléments couple-ouverture-entraxe. 2.3.3 Boîtes à trois arbres, dites « à prise directe » 2.3.3.1 Schéma général Le mouvement entre dans la boîte par l’arbre d’entrée et il ressort par l’arbre récepteur ou arbre de sortie qui lui est coaxial (figure 13). Une simple fonction de crabotage peut donc réaliser la liaison directe entre l’entrée et la sortie. C’est ce qu’on appelle le rapport de « prise directe ». Il n’y a aucune transformation du mouvement sur ce rapport. Les autres rapports sont obtenus par une dérivation. À partir de l’arbre d’entrée, le mouvement est envoyé sur un arbre intermédiaire qui porte les engrenages moteurs des divers rapports, dont les récepteurs sont portés par l’arbre récepteur qui lui-même porte les moyens de synchronisation et de crabotage. 2.3.3.2 Caractéristiques de la boîte ■ Rapport de démultiplication k n : Nm ′ e N ′mn D me D m n k n = --------------- ⋅ ---------------- = ------------- ⋅ -------------N r′ e N r′ n Dr e Dr n avec D diamètre primitif des pignons, N ′ nombre de dents des pignons, les indices m symbolisant le pignon moteur, r le pignon récepteur et e l’engrenage d’entrée, sauf, bien entendu, celui qui est en prise directe, qui vaut 1 (k 4 = 1). Figure 12 – Place de la marche arrière sur une boîte à 2 arbres Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique B 5 660 − 11 BOÎTES DE VITESSES ___________________________________________________________________________________________________________________ Figure 13 – Boîte de vitesses à 3 arbres (5 vitesses) : cinématique B 5 660 − 12 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ___________________________________________________________________________________________________________________ BOÎTES DE VITESSES ■ Entraxe : la formule simplifiée est strictement identique à ce qui est indiqué pour la boîte à deux arbres (§ 2.3.2.2). En effet, après l’engrenage d’entrée, nous nous trouvons dans la situation d’une boîte à deux arbres, si ce n’est qu’il convient de considérer le couple moteur apparent : N ′r e 1 C m ------- = C m ---------------ke Nm ′ e 2.3.4 Dispositions constructives les plus généralement rencontrées L’architecture de la boîte suit de très près celle de la voiture. Les réalisations sont très variées mais, de fait, on peut les classer en trois grandes catégories : suivant la position du moteur en avant ou en arrière de l’essieu moteur et suivant sa direction par rapport à l’axe de la voiture. pour le calcul des dentures et roulements. L’influence des engrenages de première et de marche arrière sur l’entraxe est de même nature que pour la boîte à deux arbres compte tenu du fait que deux situations sont en général envisagées pour placer la denture de marche arrière : — sur le manchon de crabotage, comme pour la boîte à deux arbres (figure 12) ; — en un groupe d’engrenages autonomes (figure 14). ■ Ouverture de la boîte o : comme pour la boîte à deux arbres, on définit une ouverture, mais il y a alors deux cas à considérer. ● Le rapport de prise directe est le rapport supérieur ; dans ce cas, l’ouverture est égale à l’inverse du rapport de première : 1 o = ------k1 C’est souvent le cas des boîtes à 3 ou 4 rapports. ● Le rapport de prise directe est un rapport quelconque ; l’engrenage d’entrée n’intervient pas, d’où : Dm n Dr 1 o = -------------- ⋅ -------------Dr n Dm 1 Cette ouverture aura une limite supérieure dans un entraxe donné, comme pour la boîte à deux arbres, dépendant du couple moteur, des possibilités de réalisation des pignons moteurs des couples d’entrée de première et de marche arrière, et du pignon récepteur de cinquième. 2.3.4.1 Moteur avant, roues arrière motrices, axe du moteur dans l’axe de la voiture Le mouvement créé à l’avant de la voiture est, en sortie de boîte, transmis au pont arrière par l’arbre de transmission longitudinal (figure 15a ). Le pont arrière a deux fonctions : renvoi d’angle différentiel et réduction finale k pont . Le mouvement va du pont aux roues par l’intermédiaire des arbres de roues : arbres simples dans le cas d’un ensemble d’essieu arrière rigide (véhicules utilitaires) ou arbres brisés à joints homocinétiques (tripodes à galets ou joints à billes) dans le cas d’un pont suspendu (voitures de tourisme actuelles). La boîte est universellement une boîte à 3 arbres. Actuellement, on ne trouve plus cette architecture que pour les voitures haut de gamme très fortement motorisées. 2.3.4.2 Moteur, boîte et pont formant un groupe motopropulseur homogène ■ L’axe du moteur est dans l’axe de la voiture : plusieurs figures sont possibles suivant que le moteur est devant ou derrière l’axe de l’essieu moteur qui peut lui-même être l’essieu avant ou l’essieu arrière ; mais, en réalité, ces figures ne diffèrent d’un schéma type que par quelques détails (figure 15b ). La boîte est du type 2 arbres ; la liaison par arbre longitudinal a disparu ; l’arbre secondaire porte le pignon moteur du pont qui est alors intégré au carter de la boîte, tout en conservant les fonctions de réduction de renvoi d’angle et de différentiel. La liaison avec les roues se fait toujours par des arbres brisés. Cette architecture conserve des adeptes, notamment pour l’utilisation de moteurs en ligne de plus de 4 cylindres, difficiles à placer transversalement. Figure 14 – Plan d’engrenages de marche arrière spécifique pour une boîte à 3 arbres (permettant des dentures hélicoïdales) Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique B 5 660 − 13 BOÎTES DE VITESSES ___________________________________________________________________________________________________________________ ■ L’axe du moteur est perpendiculaire à l’axe de la voiture : la boîte peut être placée sous le moteur (figure 15c ) et faire aussi office de bac à huile. Cette disposition donne le groupe motopropulseur le plus compact mais le fait de devoir interposer entre le vilebrequin et la boîte une descente de mouvement par engrenage ou chaîne est un handicap principalement acoustique quasi insurmontable en grande série. 2.4 Composants. Considérations constructives ■ Aussi, d’une manière désormais quasi universelle, la boîte est placée en bout du moteur (figure 15d ). Elle est du type 2 arbres et le renvoi conique a laissé sa place à une réduction finale à engrenages cylindriques. Cette architecture conduit à un dessin de boîte très facile à fabriquer. Le seul handicap est une limitation de longueur d’autant plus drastique qu’on monte en puissance. Nota : le lecteur se reportera utilement à l’article Engrenages. Définition, dessin et calcul [B 636], dans ce traité, pour ce qui est des formules mathématiques. À titre d’exemple, la figure 16 présente une boîte 2 arbres de type Peugeot-Citroën BE3. 2.4.1 Engrenages 2.4.1.1 Conception et calculs On remarquera, cependant, que l’industrie automobile occupe une place bien particulière dans l’industrie de l’engrenage par les énormes quantités produites, ce qui permet une définition de forme spécifique à chaque denture suivant ses conditions d’utilisation. L’ingénieur recherche le meilleur compromis entre des formes géométriques propices au silence et des formes garantissant une bonne tenue mécaniques. Figure 15 – Dispositions constructives les plus souvent rencontrées Figure 16 – Vue en écorché d’une boîte en bout 2 arbres : Peugeot-Citroën BE 3 B 5 660 − 14 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ___________________________________________________________________________________________________________________ BOÎTES DE VITESSES Le silence de fonctionnement impose en premier une construction globale de boîte (carters et arbres) aussi rigide que possible, de façon que les portées (zones fonctionnelles de contact des dentures) ne soient que peu affectées par les variations de puissance transmise. On utilise toujours des engrenages hélicoïdaux qui, par leur forme, donnent un rapport de conduite total (somme des rapports de conduite par le profil – 1,8 à 2 – et par l’hélice) aussi important que possible et un équilibre des glissements spécifiques que l’on maintient à une valeur inférieure à 5. Cette règle est principalement appliquée aux couples constants (couple d’entrée dans une boîte à trois rapports, démultiplication finale) et aux rapports supérieurs, notamment la cinquième très sollicitée sur autoroute. En ce qui concerne la tenue mécanique, il faut différencier la résistance à la rupture et la résistance des surfaces à la pression de contact. Les dentures d’une boîte de vitesses ne sont pas sollicitées de façon homogène. ■ En première et en marche arrière, la durée globale d’utilisation est en général faible sur une voiture mais la denture peut avoir à faire face à des surcharges importantes, lors de démarrages brutaux par exemple, notamment en 4 roues motrices. Les dents sont alors trapues. On limite la contrainte de traction en pied de dent à environ 1 000 MPa, la pression de Hertz pouvant atteindre 3 000 MPa. ■ Sur les rapports supérieurs, et particulièrement la cinquième, les durées de fonctionnement sont alors très importantes et le critère de fatigue (avec celui de silence) devient prépondérant. Les modules diminuent et les angles d’hélice augmentent. On limite la pression de Hertz à 2 000 MPa et la contrainte en pied de dent à 600 MPa. 2.4.1.2 Conditions de fabrication Pour avoir une bonne denture, il faut un bon dessin et des méthodes de fabrication particulièrement soignées. En général, l’élaboration comprend une ébauche forgée, un taillage à la fraise mère ou à l’outil pignon et une finition par shaving, avant traitement thermique. Les exigences se faisant de plus en plus pressantes, on voit apparaître en grande série des méthodes de finition après traitement thermique : rectification ou « shaving en noir ». La technique du roulage peut être envisagée pour des petits modules. — la denture est monobloc ; c’est la meilleure solution pour un bon rapport qualité/prix ; la denture participe à la raideur de l’arbre et le processus de fabrication est un gage de qualité. On prend simplement soin, au dessin, de prévoir les dégagements utiles pour le passage des outils de taillage et de finition ; — lorsque la solution monobloc est impossible, la denture est rapportée ; on veille, dans la liaison, à respecter la qualité de rotation de la denture par rapport à l’axe général de la pièce. De façon classique, on utilise : — si le pignon doit être démonté ; • une portée rectifiée, un passage du couple par clavette ou cannelures de grosse section, • une liaison directe portée et un couple par cannelures roulées ou taillées. La tenue axiale est assurée par un écrou ou un circlips. On veille, dans un tel assemblage, à réduire et si possible à supprimer le jeu angulaire qui, par battement entre tirage et retenue, donc chocs, est préjudiciable à la longévité ; — si le pignon ne doit pas être démonté ; • une liaison par frettage avec ou sans collage, • une soudure par faisceau d’électrons. Les dentures libres tourillonnent sur une portée ou sur un palier prévu à cet effet sur l’arbre. Le palier ainsi défini est techniquement très élaboré car il convient de conserver une bonne précision de rotation qui implique des jeux réduits et une complète sécurité vis-à-vis du grippage. Notons à cette occasion, une boîte de vitesses d’automobile est un organe de sécurité et un blocage de boîte peut avoir des conséquences graves pour l’organe lui-même mais aussi sur le comportement du véhicule. Heureusement, un grippage est rarement instantané et tout ralentissement inexplicable doit faire l’objet d’un examen attentif du véhicule. Communément, pour réaliser ce palier, on trouve les solutions suivantes (figure 18) : — le contact direct métal-métal (nécessitant une amenée d’huile par le centre de l’arbre) ; — un élément de frottement interposé : une bague bi-métal (alvéolée ou non) ou une cage à aiguilles. 2.4.1.3 Aciers et leur traitement thermique Pour un niveau de contraintes normal, il est couramment utilisé des aciers au carbone, faiblement alliés, du type 27 CD4 ou 27 MC5, qui subiront un traitement de durcissement superficiel par carbonitruration et une trempe à l’huile ou au bain de sel. Pour les engrenages ayant à faire face à des niveaux de contrainte supérieurs, on peut augmenter la profondeur de la couche superficielle en choisissant une cémentation sur un acier du type 16 NCD. Un traitement mécanique de shot-peening accroîtra encore notablement les performances. 2.4.2 Arbres Les arbres ont pour mission, entre deux paliers, de véhiculer le couple, de supporter les dentures, les moyens de synchronisation et de crabotage. On recherche la flèche minimale , paramètre fondamental pour la tenue mécanique et le bruit des dentures. Cela étant, et malgré toutes les précautions prises, un arbre fléchit, ce qui est dans la nature des choses ; on peut donc être amené à corriger la forme d’une denture pour optimiser les conditions du contact avec sa denture conjuguée. On dessine donc des arbres massifs, avec un diamètre maximal entre des paliers aussi rapprochés que possible. Dans une boîte et pour un couple donné, il y a toujours une denture fixe par rapport à son arbre porteur (arbre primaire ou intermédiaire), alors que le pignon récepteur qui porte la denture conjuguée est libre par rapport au sien (arbre secondaire ou récepteur) et ne lui sera lié – en couple – qu’après crabotage. Figure 17 – Arbre primaire monobloc ou avec denture rapportée Les dentures fixes (figure 17) le sont de deux manières : Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique B 5 660 − 15 BOÎTES DE VITESSES ___________________________________________________________________________________________________________________ Figure 18 – Montage de pignons récepteurs En général, le graissage ambiant de la boîte de vitesses (gouttelettes projetées, brouillard d’huile) suffit. L’huile pénètre par les flasques latéraux dans lesquels on a pratiqué des gorges. En cas d’utilisation sévère, on a intérêt à prévoir une amenée d’huile par le centre de l’arbre. En complément, il faut envisager une limitation du mouvement axial, notamment du fait des dentures hélicoïdales. On y parvient par des épaulements sur arbres, des moyeux de synchroniseurs, une bague de roulement, des rondelles, une demi-lune ou des rondelles blocables par demi-pas de cannelure (figure 19). Le jeu latéral est compris entre 0,08 et 0,15 mm. Les arbres sont en acier carbonitruré ou cémenté de même nuance que celui des dentures. S’il se trouve un arbre sans denture (cas d’un arbre récepteur de boîte à 3 arbres), on peut tenter d’utiliser un acier à carbone plus élevé XC48 traité pour 120 kg/mm2 à cœur et l’on renforce la dureté des tourillons des pignons libres par trempe à induction moyenne fréquence. En général, l’ébauche est forgée pour permettre un gain de matière mais également pour obtenir un meilleur fibrage, bien que les opérations ultérieures d’usinage et de traitement thermique en réduisent très sensiblement l’avantage. 2.4.3 Synchroniseurs Dans les boîtes de vitesses des automobiles actuelles, les engrenages des rapports de marche avant sont constamment en prise. La liaison cinématique se fait au moyen de crabots qui se présentent, si la liaison est radiale, comme un ensemble de deux dentures conjuguées, une extérieure liée au pignon et l’autre intérieure à un manchon coulissant sur un moyeu lié à l’arbre secondaire ou, si la liaison est axiale, sous forme de pavés conjugués (figure 20). La marche arrière reste encore à pignon intermédiaire baladeur. Son engagement ne peut donc se faire qu’à l’arrêt quasi complet de la rotation de l’arbre primaire, ce qui peut demander un temps assez long pour les grosses boîtes pour lesquelles les inerties du disque d’embrayage et de la pignonnerie sont assez importantes (figures 12 et 14 ). Pour faciliter cet engagement et le rendre sensiblement équivalent à celui d’un rapport avant synchronisé, on équipe les boîtes modernes d’un dispositif de freinage de l’arbre primaire – voire d’une fonction synchronisation complète (figure 21). Figure 19 – Tenue latérale des pignons B 5 660 − 16 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ___________________________________________________________________________________________________________________ BOÎTES DE VITESSES Remarque : le changement de rapport doit se faire sans couple dans la boîte. La commande du moteur est alors en position ralenti et on débraye car, si l’on maintenait le couple, les systèmes de retenue, appelés anti-lâchers (§ 2.4.3.4), s’opposeraient au dégagement du rapport que l’on souhaite quitter. Par ailleurs, entre deux rapports, il y a passage par un « point mort » – interruption complète de toute liaison cinématique dans la boîte – pendant lequel le moteur, s’il était toujours sous charge, n’ayant plus de liaison avec un « consommateur », s’emballerait et rendrait totalement impossible tout engagement de rapport. Pour obtenir ce synchronisme, il y a donc deux méthodes. La première méthode consiste, après dégagement du rapport A et réembrayage, à amener le moteur au régime adéquat (chute verticale de N jusqu’en c) et à craboter avant de remettre la puissance. Ce procédé semble facile à mettre en œuvre avec un asservissement électronique de puissance du moteur. Il restera toutefois, et pendant encore longtemps, un processus lent et que l’on ne peut envisager que pour des installations de très grande puissance avec des changements de rapports peu fréquents ; il est donc totalement inadapté à l’automobile courante. ● ■ Pourquoi un système de synchronisation ? Reprenons le graphique N = f (V ) de la figure 22. Tous les pignons récepteurs, donc les crabots « moteur » qui leur sont liés, ont une vitesse de rotation directement fonction de celle du moteur, soit N, alors que les manchons qui portent les crabots « récepteur », liés à l’arbre de sortie, ont une vitesse de rotation fonction de V. Ainsi, lors d’une augmentation de vitesse du véhicule V, on décrit la droite caractéristique du rapport A jusqu’à un point a à partir duquel on a décidé de passer au rapport supérieur B. Pendant toute la séquence de passage, on peut supposer que la vitesse du véhicule ne changera pas du fait de son inertie. On voit que le synchronisme, donc un engagement possible, ne pourra se faire qu’au point c par réduction de la vitesse de l’arbre primaire N. Figure 21 – Dispositif de synchronisation de marche arrière Figure 20 – Deux types de crabots Figure 22 – Nécessité de la synchronisation Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique B 5 660 − 17 BOÎTES DE VITESSES ___________________________________________________________________________________________________________________ Paradoxalement, c’est la méthode adoptée sur une voiture de haute compétition, l’absence de choc au niveau des crabots dépendant en totalité de l’adresse des pilotes. ● La seconde méthode consiste à utiliser un système mécanique appelé « synchroniseur » qui a pour mission, après le dégagement du rapport A, d’égaliser les vitesses du récepteur et du manchon pour permettre l’engagement du rapport B. Physiquement, ce sont de petits embrayages, en général à cône, agissant entre les deux éléments à solidariser dans la première partie de la course de passage et qui se libèrent automatiquement dès que la vitesse relative est suffisamment réduite pour permettre un engagement sans choc, donc sans bruit, des crabots. 2.4.3.1 Description d’un synchroniseur La figure 23 montre les différentes pièces constituant un synchroniseur (dans le cas présent, selon le principe New-Process ). Le principe de fonctionnement est le suivant. Le départ du mouvement se fait à partir de la position au point mort. ■ Course d’approche. Armement. Essorage (figure 24 a ) : le manchon pousse les bâtonnets par l’intermédiaire du ressort d’armement ; les cônes de frottement sont alors mis en contact. Sous l’effort axial appliqué, limité par la tare du ressort d’armement et l’angle d’appui de la rainure sur le bâtonnet, il y a « essorage », c’est-à-dire évacuation de l’huile entre les deux cônes par un réseau de petites rainures axiales ou radiales suivant les exécutions. Puis, les conditions de lubrification deviennent limites et un frottement apparaît, d’où l’apparition d’un couple qui met les rampes des bâtonnets et du manchon en contact. ■ Ve r r o u i l l a g e - p h a s e d e s y n c h r o n i s a t i o n d e s v i t e s s e s (figure 24b ) : l’angle β r des rampes est déterminé de telle façon (§ 2.4.3.3) que, tant qu’il y a vitesse relative des cônes, d’où couple, il ne soit pas possible de déplacer le manchon du synchroniseur (synchroniseur positif ). ■ Crabotage : au moment où le couple de frottement cesse, il y a annulation de l’effort au niveau des rampes et libération du manchon. Les crabots peuvent alors s’engager l’un dans l’autre. D’une manière générale, quel que soit le type de synchroniseurs, ils possèdent les mêmes fonctions que celles décrites précédemment. Figure 23 – Synchroniseur New-Process B 5 660 − 18 2.4.3.2 Différents types de synchroniseurs Différents systèmes de synchronisation mécanique existent. ■ Synchroniseur New-Process (figure 23, cinématique complète en figure 13) : le fonctionnement a été décrit au paragraphe précédent. Par son diamètre de surface de frottement maximal, ce synchroniseur privilégie l’efficacité et, en corollaire, la douceur de passage. On le retrouve donc dans maintes applications de boîtes fortement chargées. Par contre, les crabots placés sur un diamètre plus petit demandent un angle d’entrée faible. Il est donc un peu plus encombrant que les autres systèmes et sa construction est un peu plus complexe (liaison anneau-bâtonnets). ■ Synchroniseur Borg-Warner (figure 25, cinématique complète en figure 11) : c’est sans doute le synchroniseur le plus utilisé dans le monde car il est très facile à fabriquer et à assembler. Par rapport au New-Process, il est moins efficace car il a un diamètre de surface de frottement plus faible ; par contre, l’engagement des crabots est facilité. On rencontre plusieurs variantes : — au niveau des rampes : • les entrées de dent des crabots font aussi office de rampes (figure 25a) – le synchroniseur est dit intégral, • les rampes sont indépendantes des entrées de dent, ce qui donne plus de liberté dans la définition des angles des rampes de verrouillage du synchroniseur – le synchroniseur est dit à bosses (figure 25b) ; — au niveau de l’armement, suivant les réalisations, il existe des systèmes à billes et pavés (figure 26), ou encore à galets ou à jonc. À titre d’exemple, la figure 27 donne quelques étapes du fonctionnement d’un synchroniseur Borg-Warner à bosses. ■ Synchroniseur Porsche (figure 28) : c’est un synchroniseur particulier. Il n’est pas strictement positif car il ne possède pas de rampes. Le freinage est obtenu par un effet de « bande » d’un anneau fendu à l’intérieur du manchon ; tant qu’il y a mouvement relatif, il y a couple entre les deux pièces. Figure 24 – Principe de fonctionnement d’un synchroniseur Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ___________________________________________________________________________________________________________________ BOÎTES DE VITESSES Le principe est le suivant : l’embrayage est constitué par un anneau fendu serrant à la fois sur le manchon et sur le crabot. Cet anneau A est libre sur l’arbre B mais assuré contre la rotation par une clavette C. Le manchon de commande ou crabot M est poussé vers la gauche par-dessus l’anneau et comprime celui-ci. Le frottement résultant de la vitesse relative entre crabot et manchon est suffisant pour obtenir la synchronisation de ces pièces avant que les dents intérieures du crabot abordent la denture E de l’arbre. Ce synchroniseur est peu utilisé car sensible à l’état d’usure de l’anneau. ■ Système à deux cônes (figure 29) : son fonctionnement est identique à celui du Borg-Warner ; on double l’efficacité en utilisant deux cônes de frottement. 2.4.3.3 Calcul du synchroniseur Ce paragraphe a été rédigé en se plaçant dans le cas du synchroniseur New-Process, mais le calcul est directement transposable à tous les autres synchroniseurs. Figure 25 – Synchroniseur Borg-Warner Figure 26 – Exemple d’un système d’armement à billes et pavés Figure 27 – Différentes étapes du fonctionnement du synchroniseur Borg-Warner à bosses Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique B 5 660 − 19 BOÎTES DE VITESSES ___________________________________________________________________________________________________________________ Figure 28 – Synchroniseur Porsche Figure 30 – Chaîne cinématique (en amont du synchroniseur) Figure 29 – Système à deux cônes ■ Couple de synchronisation : considérons une chaîne cinématique en amont du synchroniseur, composée, à titre d’exemple, de plusieurs étages de démultiplication et d’une friction d’embrayage (figure 30). Les arbres sont repérés de 0 à 3 ; pour chacun, nous aurons une vitesse ω 0 , ω 1 , ω 2 , ω 3 et une inertie I0 , I1 , I2 , I3 (arbre + friction), et pour chaque engrenage, un rapport k 1 , k 2 , k 3 , avec : ω0 ω ω k 1 = --------- , k 2 = --------1- et k 3 = --------2ω1 ω2 ω3 Au moment de l’application de l’anneau sur le cône, l’écart de vitesse est maximal ; le couple à appliquer du cône synchroniseur pour accélérer un arbre est alors fonction de la variation de vitesse selon la formule : 1 C = I 0 + I 1 ------k1 B 5 660 − 20 2 1 + I 2 ------------k 1k 2 2 1 + I 3 -------------------k1 k2 k3 2 dω ------------0dt On voit donc que la valeur de l’inertie rapportée au cône du synchroniseur (exprimée entre parenthèses) est unique pour chaque vitesse. Pour une boîte à 5 vitesses, on écrira donc pour la première I r1 , pour la seconde Ir2 et ainsi de suite : Ir3 , Ir5 . Ce couple de synchronisation C est supposé constant en première approximation ; donc, par exemple, pour un passage de première en seconde, on a : C ∆t = Ir2 ∆ω 1-2 avec ∆t représentant l’intervalle de temps nécessaire pour effectuer l’opération de synchronisation. L’écart de vitesse, étant fonction du rapport de pont k pont et de la longueur circonférentielle des pneumatiques r lt , est : ∆ ω 1-2 = 2 π 10 1 - ---------------------- -------------------------- V 1 – ------60 k k k2 –3 pont 1 r lt on a un couple : k 1 C = -------- × 1,745 I r2 1 – -------2∆t k1 - V ------------------------k 1 pont Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique r lt ___________________________________________________________________________________________________________________ BOÎTES DE VITESSES ■ Couple délivré par le synchroniseur (figure 31a ) Soit β c le demi-angle au sommet du cône synchroniseur, Fa l’effort axial appliqué aux bâtonnets, f le coefficient de frottement supposé constant pendant toute la synchronisation, R mc le rayon d’action moyen de la surface de frottement. L’effort tangentiel étant : Fa F t = f -----------------sin β c le couple est égal à : C = F t R mc Fa = f ------------------ R mc sin β c En général, on choisit des angles β c entre 5 et 7 o ; les coefficients de frottement f sont voisins de 0,10 pour des surfaces de frottement métalliques et vont jusqu’à 0,13 pour des surfaces organométalliques frottant sur un contre-matériau métallique. ■ Angle des rampes de synchronisation (figure 31b ) Soit β r l’angle des rampes par rapport à l’axe du déplacement ; ϕ b l’angle du demi-cône de frottement des rampes sur le bâtonnet ; Fa l’effort axial appliqué au synchroniseur ; F t l’effort tangentiel issu du couple de frottement de l’anneau sur le cône ; Rmr le rayon moyen des rampes des bâtonnets. On recherche donc un angle β r tel que le vecteur résultant F soit situé à l’intérieur du cône de frottement (hachuré sur la figure), garantissant ainsi la stabilité tant que F t existe (F t et Fa strictement proportionnels) ; par conséquent, la condition de stabilité est : Fa β r – ϕ b arctan ------- β r + ϕ b Ft L’angle β r minimal, à la limite du glissement dans deux pièces, est obtenu pour : sin β c R mr tan ( β r + ϕ b ) = ------------------ × -----------f R mc Dans la pratique, on choisit un angle β r légèrement supérieur pour se prémunir contre les variations des coefficients de frottement et les tolérances de réalisation des pièces. 2.4.3.4 Crabots Leur mission, quand ils sont engagés, est de transmettre le couple. Leur forme, dans l’exécution radiale (figure 20a ), s’apparente à celle de grosses cannelures en développante, d’angle de pression faible (environ 20o). Le manchon est broché et coulisse sur un moyeu taillé ou désormais, plus communément, fritté. Les crabots sur le pignon libre sont d’une forme de base strictement équivalente à celle du moyeu. Au moment de l’engagement, les crabots ne sont pas en général en face l’un de l’autre. Il est donc nécessaire d’aménager leur extrémité – entrée de dent – pour rendre l’opération possible et surtout insensible pour le conducteur. On taille donc l’extrémité des dents en pointe tant sur le pignon que sur le manchon (figure 32a ). Noter que les angles γ cm et γ cp obéissent à des règles voisines de celles du synchroniseur (§ 2.4.3.1) et qu’il peut se produire un effet de blocage sur les entrées de dents s’ils sont trop élevés, toute boîte de vitesses étant le siège d’une traînée (embrayage, huile) qui peut être plus sensible sur le rapport de première et, du fait de la viscosité de l’huile, importante à froid. Une arête vive n’est pas forcément recherchée car elle s’émousse rapidement et, en pratique, il est démontré qu’un plat d’une longueur inférieure à 1 mm ne gêne en rien le fonctionnement. Lorsque le rapport est engagé , il ne doit pas s’échapper de lui-même en provoquant un « lâcher de vitesse », désagréable pour le conducteur et, à la limite, dangereux. On prévoit donc deux systèmes de retenue : — un billage au niveau de la fourchetterie (§ 2.4.5.2) ; — un anti-lâcher au niveau du crabot (figure 32b ) ; cette fonction est réalisée pour un détalonnage de la partie arrière du crabot sur le pignon et le manchon. Figure 31 – Calcul des angles et de la position des bâtonnets Figure 32 – Fonctionnement des crabots Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique B 5 660 − 21 BOÎTES DE VITESSES ___________________________________________________________________________________________________________________ ■ Cas particulier des crabots frontaux (ou axiaux) (figure 20b ). Dans de nombreuses boîtes pour automobiles de compétition, on ne conserve que la fonction crabotage pour obtenir un passage encore plus rapide. On utilise alors des crabots frontaux de forme particulière. Ils n’ont pratiquement pas d’entrée de dent, ont beaucoup de jeu angulaire, un angle d’anti-lâcher assez fort. Ce type de boîte impose au pilote une conduite très précise car il ne doit engager le rapport que lorsqu’il est au voisinage du synchronisme sous peine, en forçant, de détruire très rapidement ses crabots par des chocs importants répétés. 2.4.3.5 Matériaux On distingue deux catégories de matériaux : — les pièces de frottement, c’est-à-dire anneau du synchroniseur et cône (contre-matériau) ; — les pièces pour le passage du couple, c’est-à-dire manchon, moyeu et crabots. ■ Pièces de frottement : sont utilisés plusieurs couples de matériaux devant satisfaire certains paramètres : — avoir du « mordant » : dès le contact avec le matériau, le coefficient de frottement doit être voisin de son maximum juste après la phase « essorage » ; — posséder une compressibilité minimale car l’angle de frottement du cône est faible ; — dès synchronisme, le coefficient de frottement doit chuter pour permettre une libération totale du synchroniseur. ● Bronze-acier : ce couple est utilisé principalement en Borg-Warner intégral car il est nécessaire d’avoir de nombreuses rampes pour répartir l’effort de passage des vitesses ; il convient bien pour des applications peu chargées. ● Acier-molybdène : on dépose sur l’un des éléments (anneau ou cône), par projection plasma, une couche de molybdène qui sera ensuite rectifiée et on fait frotter sur l’autre élément, lui-même rectifié, qui doit être en acier ou en acier fritté s’il s’agit de l’anneau. Ce couple convient bien pour les applications en Borg-Warner fortement chargées à cause de sa très bonne résistance à l’usure. Il admettra un frottement prolongé. On devra toutefois veiller à éviter tout risque d’oxydation du molybdène, notamment par son contact avec l’eau qui pourrait se trouver en faible quantité dans l’huile, condamnant le synchroniseur à une destruction très rapide. ● Acier-aluminium : ce couple est très efficace et employé préférentiellement en New-Process. Mais, sensible à la température, il n’apprécie pas un frottement prolongé. ● Acier-matériau de frottement organique : il est possible de coller à la surface d’un des éléments (anneau ou cône) un matériau de frottement – dit « papier » – d’un même type que celui employé en boîte automatique. Le coefficient de frottement est alors supérieur mais la compressibilité du matériau peut imposer, au cours de la mise au point, une augmentation de l’angle du cône, faisant perdre une partie du gain espéré par le coefficient de frottement plus élevé. ● Acier-plastiques : dans le cas du New-Process, des résultats positifs ont été obtenus avec des matériaux de synthèse de type polyimide, par exemple Kinel de Rhône-Poulenc. ■ Pièces de passage du couple : en général, elles sont réalisées dans un matériau équivalent à celui des pignons, à savoir 27 CD4, 27 MC5 ou 38 C2 traité (carbonitruration et trempe) pour les manchons et crabots, et en acier fritté pour les moyeux qui n’ont pas à subir de chocs. B 5 660 − 22 2.4.4 Paliers 2.4.4.1 Critères de choix Un palier constitue la fonction de liaison nécessaire entre un arbre tournant et le carter fixe. Les paliers, nombreux dans une boîte de vitesses, doivent répondre aux critères suivants : — réaliser un parfait alignement des arbres, ce qui signifie que leur axe propre de rotation ne doit pas présenter de saut et doit être quasi insensible à la charge, voire aux flexions d’arbre inévitables à partir du moment où ils sont eux-mêmes sous charge ; — ne pas présenter de bruit propre, ou que celui-ci soit très faible, et se comporter comme un élément neutre, voire filtrant vis-à-vis des vibrations générées par l’erreur cinématique des dentures ; — être de dimensions aussi réduites que possible en diamètre extérieur, pour pouvoir prendre place dans l’entraxe : deux paliers sont généralement placés dans le même plan pour soutenir deux arbres parallèles et ne peuvent prétendre être la raison d’un entraxe plus grand que ce qui est strictement nécessaire pour les dentures ; — présenter un diamètre intérieur important pour ne pas affecter la section de l’arbre, donc sa résistance à la flexion ; — avoir un bon rendement ; — être faciles à assembler – si possible ne pas nécessiter de réglage au montage ou, s’il y en a un, qu’il soit très aisé – et tels que les moyens de fixation aux carters et arbres soient simples et n’exigent pas d’outillages particuliers ; — être compatibles avec les lubrifiants généralement utilisés en boîte de vitesses tant à l’état neuf qu’usagés, et peu sensibles aux impuretés, métalliques ou non, qui se trouvent nécessairement en suspension après un certain temps de fonctionnement ; — être d’un coût raisonnable. Pour résoudre son problème, l’ingénieur a à sa disposition diverses possibilités : — les paliers à éléments roulants : roulements à billes, cylindriques ou coniques ; — les paliers lisses ou coussinets. Les paliers à éléments roulants se contentent d’une lubrification par bain ou projection d’huile. Quelques petits aménagements dans les carters sont en général suffisants pour amener l’huile nécessaire à un bon fonctionnement. On trouve même de plus en plus d’exemples d’application de roulements « étanches » dont la durée de vie, en pratique, est nettement augmentée parce qu’ils ne sont pas soumis à des indentations dues à la présence d’impuretés métalliques dans l’huile. Par contre, il est nécessaire de prévoir une source d’huile sous pression dans le cas de paliers lisses fortement chargés. Certaines boîtes intégrées au moteur utilisent le même circuit de lubrification. Les préconisations de montages (tolérances et états de surfaces) sont bien développées dans les articles Butées et paliers hydrodynamiques [B 5 320], Butées et paliers hydrostatiques [B 5 325], Roulements et butées à billes et à rouleaux [B 5 370] et Roulements à aiguilles [B 5 380] sur les paliers dans ce traité. On veille simplement à limiter les jeux, sources de bruit (notamment aux changements du sens des efforts) et d’usure des carters ou des arbres si les bagues tournent dans leurs alésages ou leur portée. Pour ce qui est des fixations sur arbre et carter, citons quelques exemples couramment utilisés en construction automobile : bécassine, jonc prisonnier, ou circlips, et rondelle Belleville (figure 33). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ___________________________________________________________________________________________________________________ BOÎTES DE VITESSES 2.4.4.2 Calcul des paliers Pour une boîte de vitesses donnée, il est très facile, en appliquant les règles classiques de la statique, de déterminer pour chaque rapport les charges en amplitude et direction supportées par chaque palier. Ces paliers devront bien entendu être dimensionnés pour accepter ces charges (une première sélection pourra être faite à partir des catalogues pour les roulements, ou en calculant la pression spécifique pour les paliers lisses). Se superpose à cette notion de tenue à la charge statique celle d’endurance. Dans l’automobile, les charges sont infiniment variables et, pour permettre le calcul, on emploie des coefficients d’utilisation qui donnent une équivalence d’endommagement entre un niveau de charge et un temps d’utilisation donnés et ce qui est rencontré en utilisation courante. Ces chiffres sont issus, par analyse statistique, de mesures effectuées sur voiture, corrigées au fil des ans par l’expérience du constructeur en fonction du type de voiture, du mode de conduite de ses clients et des destructions réellement constatées. ■ Donnons, à titre d’exemple, le calcul du roulement à billes de l’arbre secondaire de la boîte BE3 (Peugeot SA) (en collaboration avec la Société SNR Roulements). ● Ce roulement est calculé pour une utilisation routière et les coefficients d’utilisation sont les suivants : (0) Rapport 1 2 3 4 5 Coefficient d’utilisation (%) 0,5 3,5 14 27 55 Le coefficient de charge est constant : 0,6. ● Charges R sur le palier (figure 34). (0) Figure 33 – Exemples de fixations des paliers sur arbre et carter Charges (N) Rapport axiales radiales Rx Ry Rz 2 Rr = 2 Ry+Rz 1 5 280 920 – 3 110 3 250 2 2 780 630 – 1 140 1 300 3 1 500 680 – 1 670 1 800 4 1 000 1 150 – 3 320 3 520 5 260 1 430 – 3 910 4 170 ● Durée de vie : le roulement retenu est un roulement SNR No 11 X 6306 AF 384 dont les caractéristiques sont les suivantes : — capacité dynamique : C = 37 200 N ; — capacité statique : C 0 = 17 600 N. Ce roulement étant soumis à une charge axiale, il faut calculer une charge équivalente par la formule : R eq = XRr + YRx , X et Y étant des coefficients fonction des rapports Rx /C 0 et Rx /Rr donnés par le constructeur de roulements. (0) Charges (N) Rapport R -------xC0 e R -------xRr X Y R eq 1 0,3 0,28 1,62 0,56 1,13 7 790 2 0,16 0,33 2,13 0,56 1,33 4 430 3 0,085 0,28 0,83 0,56 1,54 3 320 4 0,057 0,26 0,28 0,56 1,7 3 670 5 0,015 0,19 0,06 1 0 4 170 Figure 34 – Référentiel pour le calcul des efforts sur les paliers Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique B 5 660 − 23 BOÎTES DE VITESSES ___________________________________________________________________________________________________________________ Rx Pour la 5e, -------- < e , on a donc R eq = Rr . Rr La durée de vie est obtenue par la formule : L = R ---------C n × 10 6 eq avec n = 3 pour un roulement à billes. (0) Durée de vie Durée de vie corrigée (charge à 60 %) (km) Durée de vie L Nombre de tours effectué par le roulement Durée de vie Durée de vie (charge à 100 %) (× 106 tr) (tr/min) (1) (h) (km) 1 109,10 1 368 1 328 38 619 178 792 2 591,10 2 162 4 559 209 429 969 583 3 1 404,10 3 355 6 978 497 381 2 302 684 4 1 038,10 4 625 3 744 367 908 1 703 286 5 711,10 6 080 1 950 251 872 1 166 064 Rapport (1) Nombre de tours par minute pour une vitesse de 4 000 tr/min sur l’arbre primaire. On obtient la durée globale de ce roulement en appliquant les taux d’utilisation de chaque rapport : 0,5 3,5 14 27 55 100 ----------------------- + ----------------------- + ---------------------------- + ---------------------------- + ---------------------------- = ----------178 792 969 583 2 302 684 1 703 286 1 166 064 x d’où x = 1 324 413 km. Ce roulement est largement dimensionné puisque nous visons une durée de 100 000 km au minimum dans l’industrie automobile. 2.4.5 Commande du passage des vitesses C’est l’ensemble des systèmes mis en œuvre lors de l’engagement d’un rapport et de son maintien en position pendant tout le temps où il est utilisé. Ces systèmes mécaniques, aux cinématiques plus ou moins complexes, servent par l’intermédiaire de leviers à déplacer les manchons de synchroniseur. Actuellement, dans le monde automobile et d’une manière quasiuniverselle, ils sont à action manuelle. Mais il faut aussi prendre conscience que nous sommes à l’orée de l’automatisation de cette commande par l’addition d’un asservissement pneumatique, hydraulique ou électronique piloté par un microprocesseur qui sera capable de choisir le moment le plus opportun pour un changement de rapport en comparant les situations moteur/véhicule /volonté du conducteur aux stratégies qu’on lui aura mises en mémoire, l’action se déroulant avec le maximum de sécurité. Les constructeurs de véhicules routiers ou de chantiers semblent s’engager dans cette voie. L’historique de la boîte de vitesses nous montre deux exemples de réalisation pour voitures de tourisme : Citroën avec la boîte à commande hydraulique de la DS19 et, plus récemment, Isuzu avec sa boîte automatisée pour son véhicule Aska. Dans ce paragraphe, nous limiterons notre exposé aux réalisations les plus classiques au niveau de la boîte, allant du manchon du synchroniseur aux leviers extérieurs au carter : c’est la fourchetterie (figure 35). B 5 660 − 24 Figure 35 – Fourchetterie 2.4.5.1 Règles de fonctionnement Ce système doit répondre aux critères suivants : — à chaque position du levier extérieur (ou des leviers si, comme c’est souvent le cas lorsqu’une boîte a plusieurs rapports, il y a deux leviers : l’un pour la sélection et l’autre pour le passage) correspond un rapport ; — course du levier extérieur : on peut considérer au point d’action sur le levier extérieur 50 mm comme une valeur raisonnable, pour les manchons de synchroniseur une valeur de l’ordre de 10 mm, et pour un pignon baladeur 20 à 30 mm ; — l’effort axial sur le manchon du synchroniseur génère des efforts dans toute la commande ; on veille donc, dans le choix de la cinématique et du dessin des pièces, à limiter la flexion, source de course inutile donc préjudiciable au rendement global ; — sécurité : il ne peut y avoir engagement de deux rapports à la fois, que ce soit au cours de la manœuvre ou pendant la marche sur un rapport ; — constituer un ensemble ne générant pas de bruit propre et ne transmettant pas les bruits des engrenages ; — apporter son tribut à la qualité subjective du changement de vitesse ressenti par le conducteur, par la précision, le niveau d’effort, l’absence de vibration, etc. ; — endurance : la commande doit surtout supporter des efforts brefs. Le constructeur soumet donc les commandes à des essais sévères sous des charges pouvant être plusieurs fois les valeurs d’efforts rencontrées en utilisation courante. 2.4.5.2 Exemple de réalisation Les différents composants du système de commande sont les suivants. ■ La fourchette (figure 36 ) se présente sous deux formes possibles suivant qu’elle est animée d’un mouvement de translation ou de rotation. Elle comprend : — les becs ou patins, qui correspondent avec la gorge du manchon du synchroniseur. Leur surface n’est soumise à un frottement intense que pendant la période de synchronisation ; en dehors de cette phase, elle a une fonction de maintien du manchon en position point mort ou vitesse engagée, ce qui, dans une condition normale, est sans effort ; — les ailes : on leur donne une forme telle que leur déflexion, mesurée au niveau des becs, soit toujours égale – pour un déplacement parallèle du manchon du synchroniseur – condition nécessaire à un bon fonctionnement des rampes ; — le fût, qui sert de centrage sur l’axe. Il comporte un trou de goupille si l’axe est coulissant, une crosse si la fourchette est coulissante sur l’axe. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ___________________________________________________________________________________________________________________ BOÎTES DE VITESSES Ces pièces sont obtenues par fonderie : le métal utilisé est alors le bronze ou le laiton (becs non revêtus), la fonte ou l’acier (becs revêtus de molybdène ou d’un produit de synthèse, du genre Nylatron ou Delrin ), ou par assemblage d’ailes en tôle découpée fin et d’un fût décolleté. ■ Les axes de fourchette supportent la fourchette et assurent son guidage. Ils sont positionnés dans le carter et sont coulissants, tournants ou fixes. Le mouvement est donné par l’intermédiaire d’une crosse soudée ou goupillée et la position est fixée par le billage (figure 37). ■ Les doigts de passage et les crosses : dans une boîte, on trouve en général une fourchette pour chaque groupe de rapports 1-2 et 3-4, du fait de la construction symétrique du synchroniseur, une pour la cinquième et une pour la marche arrière. Chacune est mise en action par un « doigt de passage » unique à deux mouvements (figure 38a ) : — un mouvement de sélection pour mettre le doigt en face d’une « ligne » ; — un mouvement de passage pour l’engagement du rapport. Suivant l’achitecture de la boîte, on peut avoir différentes grilles (figure 38b ), mais il y a une constante : la position des vitesses avant se suivent dans l’ordre naturel d’engagement. La marche arrière est placée aux extrémités de la grille. Sur le plan constructif, on veille au dessin du doigt (arrondi) et des crosses (chanfrein), aux tolérances d’exécution de ces pièces, notamment de position des billages ou de jeu des becs de fourchettes dans les manchons ; ces tolérances se cumulent pour créer une grande dispersion de position des crosses pouvant se traduire par une gêne dans les mouvements de passage, « une difficulté à trouver la vitesse » toujours très mal ressentie par le conducteur, surtout s’il éprouve cette difficulté à un moment critique, rétrogradage en entrée de virage par exemple. En général, doigt et crosses sont réalisés en fonte ou en acier, avec un traitement de durcissement des faces en contact. Figure 36 – Différentes formes de fourchettes Figure 38 – Doigt de passage et crosse pour le passage des vitesses Figure 37 – Billage des axes de fourchette Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique B 5 660 − 25 BOÎTES DE VITESSES ___________________________________________________________________________________________________________________ ■ Le dispositif dit « interverrouillage » : il est évident qu’il ne faut pas engager deux rapports en même temps, ce qui se traduirait par un blocage complet de la transmission. Toutes les boîtes de vitesses sont donc équipées d’un dispositif placé sur la sélection maintenant au point mort toutes les lignes de passage qui ne sont pas utilisées. Plusieurs dispositifs de verrouillage sont donnés, à titre d’exemples, sur la figure 39 : verrouillage à plaquette, à billes, à ancre ou à disque. 2.4.6 Carter 2.4.6.1 Exigences de construction Le carter constitue l’enveloppe étanche à l’intérieur de laquelle sont placés les engrenages et les mécanismes de changement des rapports. Il est constitué d’une ou plusieurs pièces et devra globalement satisfaire les exigences suivantes. Figure 39 – Dispositifs de verrouillage B 5 660 − 26 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique ___________________________________________________________________________________________________________________ BOÎTES DE VITESSES ■ Rigidité : le carter constitue la liaison physique entre les parties actives de la boîte (paliers et fourchetterie), les liaisons avec le moteur et la structure du véhicule par l’intermédiaire de pièces de suspension auxquelles on donne des propriétés de filtration des vibrations. Le carter doit être quasi indéformable, ce qui veut dire que, sous la charge maximale, les déformations doivent rester d’un niveau tel que les conditions normales de fonctionnement des dentures ou d’alignement des paliers soient conservées. On est alors très loin de la limite élastique du matériau. difficile. On apprécie la rigidité d’une telle construction et sa précision : les alésages des paliers sont tous dans la même pièce. Par contre, l’assemblage est difficile et ne peut se faire que manuellement. ■ Étanchéité : le carter contient le lubrifiant nécessaire au fonctionnement de l’ensemble du mécanisme ; il doit donc être étanche vis-à-vis du milieu extérieur dans lequel fonctionne la boîte. On prévoit donc un traitement spécifique pour chaque point à étancher : plan de joint (produits pâteux ou matériaux compatibles avec la qualité des surfaces), arbres tournants, axes de commande [bagues ou joints en matériaux compatibles avec les conditions de fonctionnement (température, vitesse, etc.)]. On veille à choisir également de bonnes conditions de mise en œuvre en usine d’assemblage ou en intervention après-vente. On prévoit également des orifices de remplissage et de vidange et, éventuellement, une jauge pour contrôler le niveau de lubrifiant. En partie supérieure, un petit trou de communication avec l’extérieur, appelé « mise à l’air libre », est fait pour tenir compte des effets de dilatation de l’air à l’intérieur de la boîte sous l’influence de la chaleur. ■ Évacuation de la chaleur : la transformation de couple à l’intérieur de la boîte se fait avec une légère perte que l’on retrouve sous forme calorifique. Cela se traduit par une augmentation de la température et il est nécessaire, tant pour le lubrifiant lui-même que pour les matériaux, que cette température se stabilise à un niveau raisonnable : environ 60 à 100 oC en fonctionnement continu, et 150 à 160 oC à titre exceptionnel et pendant peu de temps. Ces valeurs sont données à titre d’exemple pour une huile minérale de bonne qualité et sont, bien entendu, à déterminer cas par cas en fonction de l’application et du lubrifiant retenu. Si la ventilation naturelle n’est pas suffisante, on est amené à équiper la boîte d’un dispositif spécifique de refroidissement par pompe et échangeur. Le maintien d’une température de fonctionnement à un niveau raisonnable est le gage d’une bonne longévité de la boîte de vitesses. ■ Silence : les conditions de réalisation des dentures ne peuvent être parfaites et se traduisent par une variation de vitesse instantanée appelée « erreur cinématique de l’engrènement ». Cela se traduit par des vibrations, qui excitent les arbres, paliers et carters dans le domaine audible. La propagation se fait par voie aérienne ou solide : arbres de transmission, suspension, carter moteur, le tout vers la carrosserie ; cela est, bien entendu, considéré comme un défaut. L’isolation phonique est souvent inefficace car il est pratiquement impossible « d’encoconner » tout le groupe motopropulseur et toute solution intermédiaire est souvent décevante. Différentes solutions existent, qui consistent donc à agir sur les éléments de définition : — le nombre de dents pour placer l’excitation du premier ordre en dehors d’une résonance d’une partie du carter que l’on nervurera en conséquence (actuellement par expérimentations, les méthodes de calcul par éléments finis n’étant pas encore totalement au point) ; — la forme propre des dentures ; — une bonne qualité de fabrication dans la réalisation des dentures (sélection des aciers, suivi du traitement thermique pour correction éventuelle au taillage, etc.). 2.4.6.2 Exemples de formes Décrivons quelques types de « découpage de carter » habituellement rencontrés dans l’industrie automobile. ■ Un carter unique avec un ou plusieurs couvercles (figure 40a ) : c’est une technique assez ancienne qui se prêtait bien à une réalisation en fonte, en coulée sable. L’adaptation aux techniques plus modernes de l’aluminium coulé sous pression est possible, bien que Figure 40 – Différentes formes d’assemblage de boîtes Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique B 5 660 − 27 BOÎTES DE VITESSES ___________________________________________________________________________________________________________________ ■ Deux demi-carters avec plans d’assemblage passant par les axes des arbres (figure 40b ), avec deux couvercles de fermeture pour les extrémités. C’est une construction moderne permettant un assemblage très rapide de la boîte. Elle a pour inconvénient la nécessité d’une étude très approfondie des formes de carter et des vis d’assemblage pour obtenir une bonne rigidité, d’usiner les paliers demi-carters assemblés, d’être sujette aux fuites du fait de l’importance des plans de joint. ■ Deux carters avec plan de coupe perpendiculaire aux axes des arbres (figure 40c ) : c’est un principe de construction très moderne se prêtant bien aux nécessités des usines d’assemblage automatisées. Le seul inconvénient est dû au fait qu’il était nécessaire, pour garantir une bonne précision d’entraxe, de réaliser les alésages des paliers « carters assemblés ». Désormais, cet inconvénient a disparu ; la finition de ces zones essentielles ainsi que le perçage pour les points de recentrage se font simultanément sur des machines qui prennent mieux en compte les paramètres d’usinage (tels que les températures de pièces, du liquide de coupe, etc.), s’autorèglent et s’autocontrôlent. 2.4.6.3 Matériaux La production mondiale dans le domaine automobile est très largement dominée par l’aluminium, matériau léger, facile à mettre en œuvre tant en fonderie qu’à l’usinage, et d’un coût raisonnable. On trouvera également : — la fonte pour des applications chargées telles que les véhicules utilitaires, les engins de chantier ou agricoles, l’écart de poids étant souvent négligeable vis-à-vis de la masse globale de l’engin et constituant même, dans certains cas, un avantage. La lourdeur du processus de fabrication est en grande partie occultée par un outillage bien adapté aux petites séries ; — le magnésium lorsque la recherche du poids minimal est prioritaire, comme pour la compétition. Il faut toutefois prendre garde avec ce matériau qui n’aime pas les charges concentrées et a tendance à fluer ; il demande aussi quelques précautions, actuellement tout à fait maîtrisables, lors de sa mise en œuvre, du fait de l’inflammabilité lorsqu’il est à l’état de copeaux, et nécessite des traitements soignés contre l’oxydation. B 5 660 − 28 La dilatation différentielle entre carter et arbre – nulle en ce qui concerne la fonte – est en général maîtrisable si on y prend garde au cours de l’étude. 2.4.7 Lubrifiant C’est un élément essentiel auquel on doit apporter autant de soin que pour toutes les autres parties de la boîte. Pour toute information sur le produit lui-même, on se reportera utilement à l’article Lubrifiants [B 5 344] dans ce traité. Insistons sur le fait que l’huile doit être – outre un bon « matelas » contre les contacts métal-métal au niveau des dentures, des éléments roulants des paliers, des diverses pièces de la commande pour un fonctionnement onctueux et durable – un bon agent caloporteur participant au même titre que la matière elle-même à l’évacuation des calories générées aux points contacts travaillant. On veille donc, en cours d’étude et de mise au point sur la circulation du lubrifiant à l’intérieur des carters, à en prévoir une quantité suffisante pour que les pertes de caractéristiques inévitables soient maintenues au-dessus du minimum requis pour le fonctionnement sans dommage du mécanisme ; sinon, on spécifiera le renouvellement à des intervalles de temps plus rapprochés. De plus, et ce point est capital pour la durée de la boîte , on s’assurera d’un très haut niveau de propreté en fabrication : ébavurage des pièces, lavage approfondi avant assemblage, suppression de toutes les impuretés (du genre copeaux d’usinage, sable de fonderie) qui lorsqu’elles passent dans les zones sous charges provoquent des microdestructions des surfaces en réduisant par là même la longévité. Si la propreté en usine n’a pas été assurée, on recommande donc : — la mise en place d’une pastille magnétique qui fixe les particules métalliques (les plus nocives) à l’intérieur du carter, ou mieux sur le bouchon de vidange (ce qui permet de la nettoyer à chaque vidange) ; — un rodage avec montée en puissance progressive et une vidange « de nettoyage » avant la mise en service à puissance nominale ; — l’installation d’un système de filtration en cas de circuit hydraulique indépendant. 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