Le magazine de la Communauté de Communes de l’Île d’Oléron DOSSIER : 4 P. Littoral : Le point sur le PPRL P. 14 Une île à énergie positive Culture : Exposition Klaus Pinter 16 P. Découverte : le dolmen d’Ors Numéro 41 Janvier 2016 Édito La Communauté de communes prépare son budget 2016. En ces temps de fortes contraintes budgétaires, il est nécessaire de recentrer l’action de la collectivité sur ses compétences afin d’éviter d’alourdir la fiscalité qui pèse déjà sur les ménages. Chacune des commissions aura des arbitrages à faire pour dégager des économies avec des conséquences inévitables sur les fonds de concours et les subventions. Malgré les difficultés financières (dues au désengagement de l’Etat, moins un million d’euros, faut-il le rappeler), nous poursuivrons notre engagement vers l’excellence du territoire en maintenant le cap de l’Agenda 21. Bonne nouvelle : après le Territoire à énergie positive pour la croissance verte (TEPCV et TEPOS), c’est maintenant au tour du programme Oléron Zéro Déchet d’obtenir la reconnaissance du Ministère de l’écologie et du développement durable. Fin novembre, en effet, nous avons appris que la Communauté de communes de l’Île d’Oléron avait obtenu le label d’Etat “Territoire zéro gaspillage zéro déchet”. Une belle reconnaissance du travail mené par la Régie Oléron Déchets et l’ensemble de ses partenaires, mais aussi une aide financière importante (100 000 €/an pendant 3 ans), qui devrait nous permettre de donner un coup d’accélérateur à nos actions. Et puisqu’il est question de réduction des déchets, on ne peut que se réjouir de l’autorisation officielle qui vient d’être donnée au lancement des travaux de l’incinérateur d’Echillais. Pour le nôtre, qui date de 1975, arrivant au terme de ses capacités, il était temps que la relève s’annonce ! L’arrêté préfectoral du 26 décembre 1995 marquait la naissance de la Communauté de communes,faisant suite au Syndicat Intercommunal à Vocation Multiple (SIVOM). En 2016, nous fêterons ses 20 ans d’action au service des Oléronais. Tous les habitants seront conviés à une série d’événements programmés tout le long de l’année : découverte du réseau de pistes cyclables, promotion des aménagements Oléron Qualité Littoral, journée portes ouvertes sur les sites du réseau Oléron, Nature & Culture, journée de l’accessibilité, visite de l’Ecopôle et bien d’autres manifestations. Le tout dans un esprit que nous voulons convivial et festif. Dans le lourd climat national actuel, la tradition des vœux est plus que jamais bien venue. Je nous souhaite, à nous tous, d’éviter les amalgames, de rester unis, de nous concentrer sur l’essentiel. Tout au long de l’année qui commence, réfléchissons au sens profond de notre devise “Liberté, Egalité, Fraternité”. Tâchons d’être heureux malgré tout. Bonne année 2016. Pascal Massicot Président de la Communauté de Communes Sommaire p.3 Économie LITTORAL p.4 et 5 Littoral p.6 à 9 Dossier p.10 Environnement / Déchets p.11 Enfance / Jeunesse p.12 Solidarité / Culture p.13 Cause Commune p.14 Tourisme p.15 Portraits p.16 Découverte Bruits de saison La CdC fête ses 20 ans ! L’année 2016 sera jalonnée d’événements retraçant l’action de la Communauté de communes depuis 1996. Premier temps fort : une vidéo réalisée par MO-TV1 sera projetée lors de la cérémonie des vœux à l’Escale de Saint-Denis. On y verra notamment les interviews des trois présidents de la CdC, ainsi que les témoignages d’acteurs du territoire et d’habitants. Pour nous écrire Parmi les autres dates à retenir dès à présent : les week-ends des 16 et 17 avril (visites des aménagements Oléron Qualité Littoral, avec les Anes d’Oléron et la Surfrider Fondation) et les 4 et 5 juin (“ tour cyclable de l’île” avec points-dégustation de saveurs locales et piquenique musical dans le parc de Bonnemie). (1) La télévision participative de Marennes-Oléron Journal Vent Portant Communauté de Communes de l’île d’Oléron 17310 Saint-Pierre d’Oléron Fax : 05 46 47 12 88 - Tél. : 05 46 47 24 68 [email protected] Vent Portant est une publication de la Communauté de Communes de l’île d’Oléron. Directeur de la publication : Pascal Massicot - Comité de rédaction : Catherine Bazin, Chantal Blanchard, Grégory Gendre, Pascal Massicot, Patrice Robillard, Marie-Claude Sellier Marlin - Rédacteur en chef : Charles Vincent - Conception, réalisation : Symaps Atlantique - Crédits photos : Xavier Léoty p3/8/9/11/12 - Richard Thierry p1/2/4/5 - CdC p10/13/16 Impression : Imprimerie IRO - Vent Portant intègre dans sa fabrication une réflexion environnementale et fait appel à un imprimeur certifié PEFC 10-31-1371 - Imprimé sur papier certifié PEFC 100 %, issu de la gestion durable des forêts et de sources contrôlées. Économie > Vent en poupe Aide aux entreprises locales Le coup de pouce de la CdC En s’associant au “ Coup de pouce TPE ” régional, la communauté de communes favorise le développement des entreprises oléronaises. C’est bon pour l’emploi. Le “ Coup de Pouce TPE ” aux “ très petites entreprises ” (moins de dix salariés et moins de 900 000 € HT de chiffre d’affaires) est un dispositif destiné à soutenir les entreprises artisanales, commerciales et de services dans leurs projets (développement, modernisation ou aménagement de locaux, investissement en matériel…). Mis en œuvre au printemps 2014 par la Région Poitou-Charentes qui le finançait à 100 %, il est désormais accompagné à hauteur de 50 % par les Communautés de communes de l’Ile d’Oléron et du Bassin de Marennes. Il est particulièrement adapté à l’économie de notre territoire, où 98 % des entreprises sont des TPE. Au nombre des enseignes qui se sont vu accorder une aide financière figure la boulangerie Vallois à Saint-Denis. “ Le coup de pouce de la Communauté de communes, témoignent Corinne et Nicolas Vallois, nous a permis de remplacer notre ancien four, qui avait 40 ans, par un matériel 100 % made in France [de marque Fringant], à cuisson traditionnelle sur sole de pierre. Une aide essentielle pour la pérénnité de notre entreprise ! ” Même son de cloche chez Oléron Fun Sports, à l’entrée de la zone piétonne de Dolus. “ En tant que portail commercial du centrebourg, déclare la gérante Sabine Fournier, notre magasin avait besoin d’un ravalement de façade, d’un coup de jeune à l’intérieur et surtout d’une réfection de la rampe d’accessibilité qui n’était pas aux normes. Un grand merci à la commune de Dolus qui m’a autorisée à empiéter sur l’espace public pour permettre aux personnes en fauteuil d’accéder au magasin. Merci également à la Communauté de communes pour son soutien financier, sans lequel je n’aurais pu réaliser ces travaux, ainsi que pour les conseils avisés de son service développement économique. ” En 2015, la Communauté de communes a consacré 20 000 € au dispositif et 9 dossiers ont été instruits. Le coup de pouce en pratique Le service Développement économique de la Communauté de communes accompagne les entreprises dans le montage de leur dossier de demande d’aide. La réception de ce dossier doit être notifiée par le Pays Marennes Oléron avant tout commencement de travaux. Sous réserve d’éligibilité des entreprises postulantes et de leurs projets, le taux d’intervention du dispositif “ coup de pouce ” est passé de 20 à 40 % du montant de l’investissement HT, plafonné à 10 000 €. Les entrepreneurs intéressés peuvent contacter Martine Chauvin à la CdC (05 46 47 24 68). Une aide essentielle pour la pérennité de notre entreprise. 3 LITTORAL Contre vents et marées PLAN DE PREVENTION DES INONDATIONS Méconnaissance du risque La “connaissance du risque” est une composante essentielle du PAPI oléronais, lequel repose sur le programme d’une équipe de scientif iques. Elément clé du dispositif, la thèse d’un étudiant rochelais livre des conclusions pour le moins inattendues… Le PAPI 1 de l’île d’Oléron comporte un axe essentiel : “l’ Amélioration de la connaissance du risque”. Lequel s’appuie sur le programme universitaire “RISKS : Evaluation et réduction de la vulnérabilité de l’Ile d’Oléron aux risques liés à la mer” porté par l’Université de La Rochelle. Parmi la foule de scientifiques et de partenaires institutionnels qui se penchent sur le devenir du littoral oléronais (UMR LIENS 2, Environnement, CNRS 3, CD17 4, CDCIO 5, Etat), l’étudiant David Chionne prépare une thèse de doctorat6 : “les savoirs et pratiques vernaculaires7 vis à vis des aléas liés à la mer”. Dans son travail de recherche, David Chionne s’intéresse “plus particulièrement aux relations que les habitants et les principaux acteurs oléronnais entretiennent aux aléas marins. Je cherche non seulement à rendre compte de la diversité des rapports qui existent entre les individus et leur milieu naturel, mais aussi à comprendre comment ces manières de voir et d’agir se créent et se transmettent. En d’autres termes, le principal objectif est de rendre opérationnel le concept de “culture du risque” afin de favoriser une meilleure adaptation des sociétés aux variations de leur environnement.” 4 Afin de répondre à ce questionnement, David Chionne a réalisé une enquête auprès de 450 habitants et vacanciers. Parallèlement, il s’est entretenu avec des maires et des membres d’associations. Les conclusions de son enquête sont déconcertantes. “En me basant sur un échantillon de 268 personnes interrogées, il apparaît que moins du quart d’entre elles (61) connaissent de nom les PPR 8. De plus, seulement la moitié de ce groupe (39) a véritablement lu ces documents.” “D’un point de vue statistique, poursuit-il, le fait d’avoir vécu des événements extrêmes (des tempêtes par exemple) ne semble conduire ni à des changements d’attitude, ni à des comportements particuliers.” Au chapitre des solutions à adopter pour réduire les risques de submersion, “la population interrogée présente une préférence très tranchée pour le maintien du trait de côte, quels que soient les moyens employés. L’idée d’adaptation est beaucoup moins partagée.” SUB MERSION (1) PAPI : Programme d’Action de Prévention des Inondations. (2) Unité Mixte de Recherche LIttoral ENvironnement et Sociétés, à l’université de La Rochelle. (3) Centre National de la Recherche Scientifique. (4) Conseil départemental de Charente-Maritime. (5) Communauté de communes de l’île d’Oléron. (6) Thèse dirigée par Lydie Goeldner-Gianella, du CNRS, Université Paris 1, laboratoire Prodig, Fondation de France). (7) Propre à une région, à ses habitants (ici, l’île d’Oléron). (8) Plans de Prévention des Risques. XR ISQ TE II U E S D ’I N O N ET TIO CA “Ces premiers résultats, conclut David Chionne, qui devront être vérifiés à nouveau par un échantillon plus important, laissent entrevoir une adaptation difficile de la population oléronnaise face aux variations environnementales, surtout sur le long terme, où l’on risque d’être confrontés à des phénomènes naturels plus fréquents, voire plus intenses. Autrement dit, jusqu’à présent la confrontation aux variations environnementales ne semble pas avoir conduit les individus à une prise de conscience, voire à un changement de leurs comportements. De ce fait, il sera très important de comprendre les façons dont les individus se saisissent de ces variations, notamment des facteurs qui conduisent les individus à voir et à agir d’une certaine manière face aux aléas, car c’est de ceux-ci que dépendent les comportements et peut-être les clés d’une meilleure adaptation.” AU AC N S EDU N TIO DA Quid du PPRN (ou PPRL) de l’île d’Oléron ? Par courrier du 11 juillet 2012, la préfecture de Charente-Maritime a engagé la procédure de révision générale du PPRN (Plan de Prévention des Risques Naturels) de l’île d’Oléron approuvé en 2004. Cette révision s’appuie d’une part sur la submersion et les dégâts constatés lors de l’évènement Xynthia, d’autre part sur certaines évolutions comme le changement climatique et l’évolution du “massif forestier” oléronais. Elle porte donc sur les risques littoraux (érosion côtière et submersion marine) et le risque “feux de forêt”, modifiant le PPRN en PPRL (Plan de Prévention des Risques Littoraux). La mission de révision a été confiée au bureau d’études BRL Ingénierie, sous maîtrise d’ouvrage des services de la DDTM1 de Charente-Maritime, la Communauté de communes étant associée à la procédure. Dès que les nouvelles “cartes de zonage” de l’île auront été reçues des services de l’Etat (la CdC les attend pour le premier trimestre 2016), elles seront publiées dans Vent Portant et portées à la connaissance des habitants lors de réunions publiques. (1) Direction Départementale des Territoires de la Mer. 5 DOSSIER Plein phare ! Une île à énergie positive Par délibération du conseil communautaire, le 24 février 2015, la Communauté de communes s’est résolument engagée sur la voie de la transition énergétique. Un engagement récompensé en juin par le label d’Etat “Territoire à énergie positive pour la croissance verte”. Le cercle vertueux oléronais tourne autour de trois orientations majeures : la mobilité, avec la promotion et l’animation d’offres alternatives à la voiture individuelle ; le développement de l’énergie solaire thermique et photovoltaïque ; l’accompagnement aux entreprises qui s’engagent, elles aussi, dans les énergies renouvelables. L’île de la croissance verte Équilibrer production locale et consommation d’énergie à l’horizon 2050 Pour mener à bien sa transition énergétique, l’île d’Oléron est soutenue par l’Etat au titre de TEPCV 1, et par la Région et l’Ademe 2 au titre de TEPOS 3. Deux labels pour une même cause : la croissance verte. L’île d’Oléron se positionne déjà comme territoire modèle en matière d’agriculture durable. En témoignent nombre de mesures prises par la Communauté de communes : installation de sauniers et de maraîchers sur des friches réhabilitées, aide aux agriculteurs pour l’installation ou la conversion en “bio”, aides aux communes et aux producteurs pour approvisionner les cantines en produits locaux, lancement d’actions de maîtrise de l’énergie auprès des professionnels de la filière agricole… A l’horizon 2030, l’île d’Oléron ambitionne en plus de couvrir la moitié de ses besoins énergétiques (chaleur et électricité) en combinant plusieurs sources d’énergies renouvelables : les agro-carburants, le bois-énergie, le solaire thermique, la géothermie, l’aérothermie, l’éolien, le photovoltaïque et la valorisation des déchets. Au niveau des collectivités locales, des actions concrètes sont programmées. Une “Aide à la Maîtrise de l’Energie dans les Communes”4 (AMEC), avec mise en oeuvre des extinctions nocturnes de l’éclairage public dans toutes les communes ; une étude sur les consommations énergétiques des bâtiments publics, avant la programmation pluriannuelle des rénovations ; Réduction des consommations énergétiques Développement des énergies renouvelables 2015 2050 une généralisation du partenariat avec les bailleurs sociaux pour la sensibilisation aux économies d’énergie et la mise en place d’énergies renouvelables ; la métamorphose de la Maison Paysanne en centre d’interprétation sur l’éco-construction d’hier et d’aujourd’hui ; ou encore la construction d’une gendarmerie “éco-quartier à énergie positive”… Sur l’île, même les gendarmes sont écolo. (1) TEPCV : Territoire à Energie Positive pour la Croissance Verte. (2) ADEME : Agence pour la Défense de l’Environnement et la Maîtrise de l’Energie. (3) TEPOS : Territoire à Energie POSitive. (4) En partenariat avec le CRER (Centre Régional des Energies Renouvelables) 7 Plein phare ! RIT E XE AC II IÈ R MPLA IRE EN MAT MIE TE NO ER OI RE CO UN T S D'ÉN GIE ER Dossier 'É ED Réduction des consommations énergétiques Production d’énergie renouvelable L’île des transports alternatifs L’île du photovoltaïque Objectif TEPOS : réduire de 2,5 % d’ici 2019 les consommations de carburant. Les transports représentent à eux seuls 47 % de l’énergie consommée sur l’île. Objectif TEPOS : l’énergie produite sur l’île sera à 20 % renouvelable en 2019 et à 100 % en 2050. Notamment grâce à la multiplication des panneaux solaires. Grâce à son Plan global de déplacements, la Communauté de communes propose déjà plusieurs alternatives à la voiture individuelle, comme les pistes cyclables, la liaison maritime Boyardville-La Rochelle ou la navette des plages. Dans le cadre du TEPOS, la panoplie d’offres va s’étoffer. A noter, parmi les actions programmées : la liaison maritime pérennisée d’avril à fin septembre et durant les vacances de la Toussaint ; la poursuite de la construction de pistes cyclables, notamment les liaisons utilitaires domicile-travail ; la promotion la mobilité électrique par l’installation de bornes de recharge de véhicules ; l’accès à des outils de co-voiturage et d’auto-stop participatif ; le développement d’un outil GPS Vélo en partenariat avec l’office de tourisme ; l’accompagnement de la mise en place de Pédibus-Vélobus dans les écoles souhaitant s’engager dans cette démarche ; le test d’un service de véhicules en autopartage… Sur les routes de l’île, le changement est en route. Le potentiel solaire de l’île est peu exploité : en 2014, la production photovoltaïque locale équivalait à 1 % de la consommation d’électricité oléronaise (1,8 GWh), alors que le potentiel de production de photovoltaïque est estimé à 30,5 GWh. Forte de ce constat, la Communauté de communes s’est fixé des objectifs ambitieux d’ici à fin 2018 : la réalisation d’un “cadastre solaire” afin de généraliser les panneaux photovoltaïques sur le bâti public et les promouvoir sur le bâti privé ; l’accompagnement des entreprises du secteur touristique pour l’installation de solaire thermique ; la mise en œuvre d’une centrale photovoltaïque avec investissement participatif citoyen. Autres actions concrètes : poursuite de la collecte et de la valorisation en bio-carburant des huiles usagées avec l’association Roule ma frite 17 ; fin de l’étude sur la fabrication de pellets à partir des déchets verts ; harmonisation des PLU 1 pour favoriser les énergies renouvelables ; contractualisation avec un fournisseur d’électricité renouvelable pour les bâtiments de la CdC… Sur l’île, on ne manque pas d’idées lumineuses. (1) Plans Locaux d’Urbanisme 8 Dossier Plein phare ! ÎLE À ÉNERGIE POSITIVE EXTINCTION DE L’ÉCLAIRAGE PUBLIC OLÉRON S’ENGAGE Aide à la transition énergétique L’île des entreprises modèles Objectif TEPOS : sensibiliser à la transition énergétique 100 % des entreprises actives à l’année sur l’île. Et engager 100 entreprises de l’île à signer une charte. A l’échelle de l’île, les secteurs tertiaires et industriels représentent 13,5 % des consommations énergétiques. Or, comme le démontre l’installation de panneaux solaires dans les campings, des entreprises oléronaises contribuent déjà au développement des énergies renouvelables. La finalisation du scénario TEPOS passe donc par la mobilisation des acteurs économiques. Entre 2016 et 2019, la Communauté de communes entend se positionner comme animatrice d’un réseau d’entreprises engagées sur la voie de la transition. Objectifs à fin 2018 : diagnostic pilote « économie circulaire » sur la zone Actipôle de La Jarrie, programme d’accompagnement en maîtrise de l’énergie et énergies renouvelables, suivi d’une mission d’accompagnement des entreprises pour une construction durable dans les zones artisanales, création des labels RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) et EEPO (Entreprise à Énergie Positive pour Oléron). Sur l’île, les entrepreneurs ont de l’énergie à revendre. 9 E PP ELO DÉV OR ISA TIO N DE S DÉCHETS Environnement / Déchets > Vert océan II TE AC ME AL NT EV DE SD SOLU E L A TIONS LOC Opération “Roule ma poule !” Vous avez un jardin ? Adoptez deux poules ! Nid de poule Dans le cadre de son programme “Oléron zéro déchet”, la CdC propose à 50 foyers oléronais d’adopter 2 poules. A la clé, moins de déchets et des oeufs frais ! L’opération “Roule ma poule !”, qui vient renforcer et diversifier les actions déjà en place (compostage individuel ou broyage de déchets verts) a rencontré un vif succès auprès des Oléronais. Ainsi, ce ne sont pas 50 mais 76 foyers répondant aux différents critères d’attribution qui ont pu adopter deux poules en novembre à l’Ecopôle. En contrepartie de l’adoption, les familles d’accueil ont pris deux engagements. Le premier : nourrir les volailles (en plus du grain) avec les déchets de cuisine : épluchures, restes de repas, fruits et légumes trop mûrs… Le second : les choyer comme n’importe quel animal de compagnie (interdit de les mettre à la casserole). L’avantage de l’opération est loin d’être négligeable : chaque poule qui ingère 100 kg de déchets alimentaires par an, c’est autant de kilos qui allègeront les poubelles, et près de 20 tonnes de déchets qui pourront être évitées chaque année. Pour prolonger l’opération, la CdC a mis sur son site internet un guide pratique pour accompagner celles et ceux qui seraient tentés par l’adoption de gallinacés. Vous y lirez notamment qu’afin d’assurer le bien-être des poules, il est nécessaire de disposer d’un terrain de plus de 50 m², de s’équiper d’un poulailler avec mangeoire et abreuvoir, de compléter l’alimentation des poules au besoin par des graines, ou encore de pratiquer le compostage pour éliminer les fientes. La collectivité propose aux primo-adoptants l’acquisition d’un poulailler contre une participation financière de 50 € (kit à monter soi-même, emprise au sol : 3,20 m x 0,80 m). Un premier sac de grain sera également fourni lors de l’adoption. Contact : Ecopôle de l’île d’Oléron (05 46 47 21 84). La ZAE de La Jarrie teste l’Ecologie Industrielle et Territoriale Dans le cadre du programme Oléron Zéro Déchet, la Communauté de communes se lance dans l’Ecologie Industrielle et Territoriale (EIT). Une démarche qui s’apparente à l’économie circulaire et à ses trois «R» : réduire, réutiliser, recycler. L’EIT se concrétise par la mise en commun volontaire de ressources par des acteurs économiques d’un territoire, 10 Accueillir une poule dans son jardin, c’est l’assurance d’avoir non seulement des œufs frais toute l’année mais aussi quantité de déchets en moins dans la poubelle car la cocotte est omnivorace ! De plus, c’est une auxiliaire de jardinage infatigable : elle ne cesse de picorer insectes, limaces et escargots, et ses pattes griffues jouent sans relâche les scarificateurs de pelouse ! Ces avantages impliquent des responsabilités : un poulailler abrité des prédateurs, avec perchoir et bien entretenu (de l’eau à volonté, de la litière sèche sur le plancher et de la paille pour le pondoir), ainsi qu’un espace de promenade ouvert sur l’ensemble du jardin. Une poule, ce n’est pas du luxe, mais tout de même. en vue de les économiser ou d’en améliorer la productivité : partage d’infrastructures, d’équipements (réseaux de chaleur, outils ou espaces de production…), de services (gestion collective des déchets et des déplacements), de matériaux (le rebut de production de l’un peut être utilisé comme matière secondaire par l’autre…). Les résultats de l’opération testée sur la zone d’activités de La Jarrie, et menée en partenariat avec l’université de la Rochelle et l’association des commerçants de Dolus, devraient être présentés au début de cette année. Enfance / Jeunesse > Moussaillons Cut-Back : et les lauréats sont… Crèches intercommunales Repas gratuits pour les tout petits C’est une obligation de la CAF1 : depuis le 1er avril 2014, les crèches doivent fournir les couches et les repas, sans augmentation de tarifs pour les parents. Une révolution. Pour continuer à bénéficier des aides de la CAF, les crèches oléronaises ont dû s’adapter. Outre les placards qu’il a fallu aménager pour stocker les couches, elles ont dû engager des travaux d’agrandissement et de mise aux normes, notamment en cuisine. Et leurs équipes de professionnelles de la petite enfance ont dû développer de nouvelles compétences. Si les crèches de Saint-Georges et de Saint-Pierre ont choisi de se faire livrer les repas par l’APO 2, celles de Dolus, du Château et de Saint-Trojan ont décidé de les préparer sur place. C’est ce que confirme Mariannick Garnier, directrice depuis 15 ans de la crèche haltegarderie parentale Boule de gomme à SaintTrojan : “Nous avons fait le choix de cuisiner nous-mêmes et de travailler le plus possible avec les commerçants et producteurs locaux. Et autant que faire se peut, nous sélectionnons des produits bio… Notre cuisinière, Laure, prépare les mêmes menus pour tous les enfants, mixés pour les plus petits, en morceaux pour les plus grands.” Même son de hochet chez Marie-Claire Bochet, directrice de la crèche Nos p’tits drôles à Dolus (une structure gérée par la Communauté de communes, comme celle de Saint-Georges) : “Nous faisons nos courses en privilégiant le bio, le poisson frais, les fruits et légumes de saison. Nous faisons nousmêmes les compotes et nous composons les menus selon les normes PNNS 3. Des normes qui nous obligent à afficher les repas un mois à l’avance ! Pas toujours facile de trouver les produits frais annoncés en quantité suffisante le jour J… Cela dit, Laetitia, notre cuisinière (CAP petite enfance), est très gourmande et elle innove : sa compote pomme-betterave a beaucoup de succès ! ” Belle responsabilité que celle de former les jeunes papilles à la diversité des goûts et aux bonnes habitudes alimentaires. (1) Caisse d’Allocations Familiales. (2) Atelier Protégé d’Oléron, un traiteur associatif. (3) Plan National de Nutrition et de Santé. La fresque de Dolus C’est dans le cadre des “chantiers loisirs” d’été, proposés par la Communauté de communes aux jeunes de 12 à 16 ans, qu’a été réalisée, du 20 au 24 juillet, la fresque qui embellit le mur du terrain de rugby à Dolus. Objectif du projet : permettre un travail en commun entre Les 9 et 10 octobre derniers s’est déroulée la 4ème édition du festival Cut-Back organisé par MO-TV et le service Enfance-Jeunesse de la Communauté de communes. 24 films cette année, projetés à la salle de l’Escale de Saint-Denis, au cinéma Eldorado à Saint-Pierre et au Lycée de la mer à Bourcefranc. Et les lauréats sont… Tom D u p e y ro n p o u r s o n f i l m “Désiderium” (Prix du Jury catégorie Fiction), Auguste Pougnaud pour “Le CEPMO” (Prix du Jury catégorie Docu-reportage), Jeanne Lécrivain pour “La saison des parents” (mention spécial du Jury). Les Prix du public ont été décernés à Jimmy Magardeau pour “30 Mots - Summertime”, le local jeunes de Sainte-Soulle pour “SSB TV” et Matthieu Grondin pour “Abby”. “L’ambiance est toujours aussi sympa”, témoigne Jimmy Magardeau, 1er prix du public, qui avait déjà participé en 2014 et qui a commencé un cursus musicologie à l’université. Son rêve : devenir compositeur de musique de film. Tous ces films sont à voir sur videos.mo-tv.fr (Desiderium, Le Cepmo, La saison des parents, 30 mots-Summertime) (SSB TV). huit jeunes oléronais et huit jeunes de Vouillé (86), afin de découvrir les techniques du graffiti à l’aérosol, encadrés par l’artiste Jokolor. A la Toussaint, les jeunes oléronais se sont à leur tour déplacés à Vouillé avec ce même artiste pour un travail de valorisation d’un skate park et de découverte du street art. 11 Solidarité > Dans le même bateau Accessibilité des espaces publics Sous les PAVE, la plage C’est une spécificité insulaire : sur Oléron, les PAVE (Plans communaux de mise en Accessibilité de la Voirie et des aménagements des Espaces publics) concernent aussi les plages. Le rapport annuel des espions de la CIA (Commission Intercommunale pour l’Accessibilité) a été présenté le 4 novembre 2015 au conseil communautaire. Il fait état de l’avancement des PAVE des huit communes de l’île. Autrement dit, il rend compte des travaux d’accessibilité menés en 2014 sur l’ensemble du territoire : centres-bourgs, voirie et espaces publics, services de transports collectifs, bâtiments publics et… plages. Exemples piochés parmi d’autres dans ce rapport : à Dolus, le taux d’accessibilité de la voirie et des espaces publics est à ce jour (fin 2014) de 53,48 % ; à Saint-Trojan, le boulevard de la Plage affiche un taux d’accessibilité de 42,38 % ; au Château, le parvis de l’église a été aménagé, avec rampe d’accès et place de stationnement ; à Saint-Pierre, des travaux lourds de restauration de voirie ont permis d’améliorer son accessibilité ; à Grand-Village, “le cheminement du centre-ville est achevé. Une personne à mobilité réduite peut désormais stationner sur les places réservées du parking de la salle polyvalente et se rendre chez les différents commerçants et lieux publics”. A noter qu’à Saint-Georges, un travail de sensibilisation autour de l’accessibilité a été réalisé en 2015 auprès des commerçants. Mention spéciale pour Saint-Denis, qui a reçu en juin 2015 le trophée ATH (tourisme et handicap) pour l’aménagement de la plage de La Boirie. Enfin, à La Brée, la mise aux normes de l’accessibilité du centre-bourg accompagnera en 2016 une rénovation complète de la voirie. La Communauté de communes propose désormais aux communes qui en ont besoin de les accompagner dans la mise à jour de leur outil de suivi des PAVE. Alice Lamandé se tient à la disposition des services techniques de chacune des communes de l’île d’Oléron (contact 05 46 47 24 68 ou [email protected]). Tourisme > Bon vent ! Liaison maritime & navette des plages On n’est pas déçu du voyage Si la liaison maritime Oléron-La Rochelle a le vent en poupe (renouvellement de la DSP), la navette des plages affiche des records de fréquentation… et de satisfaction ! La Communauté de communes vient de renouveler jusqu’en 2020 le contrat de Délégation de Service Public (DSP1) qui la liait depuis 2012 à la société Trans Pertuis (filiale de Croisières Inter-Iles). Objectif : maintenir la liaison maritime Boyardville-La Rochelle, du 1er avril au 30 septembre (plus vacances de la Toussaint). Un service assuré par le navire Port Olona accessible aux PMR 2 et aux vélos. En 2016, les tarifs augmentent de 2 %, soit 25,50 € l’aller-retour adulte, 17,50 € junior (4-14 ans), 4 € enfant (- 4 ans), 6,30 € vélo ou animal. Pour les utilisateurs réguliers, la carte d’abonnement Pass IO, valable 1 an, permet de bénéficier de -30 % sur les tarifs individuels. Cette même réduction est appliquée aux groupes 12 à partir de 20 personnes. Le titre Famille, à partir de 4 usagers, offre la gratuité pour un junior ou un enfant. Le titre Bato’vélo propose un combiné Liaison maritime / location d’un vélo à Boyardville à tarif réduit. A la fin de la saison, la fréquentation 2015 termine en hausse de 12 % par rapport à 2014, soit 35 549 passages. Quant à la navette des plages, elle a établi en 2015 un nouveau record de fréquentation : 62 316 voyages du 6 juillet au 31 août (+34 %). Un succès tel que la navette de renfort a effectué presque deux fois plus de doublages qu’en 2014 (+88 %) ! A noter que l’arrêt le plus fréquenté est l’aire de camping-cars du Château, et que l’enquête de satisfaction auprès des usagers affiche une écrasante majorité de “oui”, frôlant les 100 % ! (1) Délégation de Service Public (2) Personnes à Mobilité Réduite Cause commune > Force 8 Saint-Pierre d’Oléron L’eldorado : une “ferme” bien exploitée Par délibération du 24 novembre 2015, et après mise en concurrence préalable comme le veut la loi, la Communauté de communes a renouvelé pour cinq ans le choix de l’association Le Local en tant que délégataire du service public de gestion du cinéma Eldorado (dont la CdC est propriétaire). En jargon de droit public, ledit délégataire s’appelle un “fermier” 1. Il assure l’exploitation administrative, technique, financière et commerciale du cinéma, et s’engage à remplir sa mission dans le respect du classement “art & essai” et des trois labels “Recherche et découverte”, “Jeune Public”, “Patrimoine et répertoire”. Rappelons que Le Local, outre la gestion de deux cinémas (l’Eldorado depuis 1983 et l’Estran à Marennes depuis 2007), assure l’édition et la diffusion d’ouvrages relatifs au pays Marennes-Oléron. L’association, composée de salariés et de bénévoles (qui participent aux différentes animations proposées dans les deux cinémas), est présidée par Jean-François Staiquly. (1) L’affermage est un type de contrat dans lequel le propriétaire (bailleur) d’un bien en confie l’exploitation à un fermier. Celui-ci tire sa rémunération du produit de la ferme et verse au propriétaire un fermage (le montant du loyer) dont le montant est convenu à l’avance et indépendant des résultats d’exploitation (le loyer est ferme). Saint-Trojan-les-Bains Saint-Georges d’Oléron Consultations gratuites de juristes spécialisés La Maison de la Formation et des Services d’Oléron (MFSO), à Saint-Georges, relaye en visio-conférence les permanences du Relais d’accès au droit de Marennes. Un service de consultations gratuites et accessibles à tous : notaire, avocat, Adil (questions relatives au logement), CGT (au travail), CGT Indecosa (défense des consommateurs), GIDFF (droit de la famille)… La borne intéractive de la MFSO permet d’entrer en contact avec l’un de ces conseillers sans se déplacer. Un écran vous met en relation directe avec votre interlocuteur et une imprimante en réseau vous permet d’échanger des documents, comme si vous étiez au guichet du service public sollicité ! Pas de clavier, pas de souris, juste un écran tactile et un bouton pour vous connecter au service demandé. En cas de difficultés dans l’utilisation de la borne, le personnel d’accueil de la MFSO est là pour vous guider. Boule de gomme, une crèche aux couleurs Économies d’énergie : de Bonaventure la mairie montre l’exemple Pour prendre rendez-vous, un numéro : 05 79 86 01 50. Dolus d’Oléron Les nouveaux locaux joyeusement colorés de la crèche parentale Boule de gomme (travaux financés par la CAF Maritime, le département et la CdC) ont été inaugurés le 24 novembre par Pascal Massicot. L’occasion de rappeler que l’établissement puise ses racines dans une histoire singulière. La fin des années 1980 vit la naissance à Dolus de la première crèche halte-garderie oléronaise, L’île aux enfants, qui fonctionnait sur les principes de la pédagogie libertaire. Dans son prolongement fut fondée l’école Bonaventure qui accueillera de 1993 à 2001 des enfants de 3 à 10 ans. Un lieu d’apprentissage à la vie en communauté, à la liberté, à l’égalité, à l’autogestion et au forgement de la personnalité. La crèche parentale Boule de gomme est un surgeon de Bonaventure, créée en 1996 par un groupe de parents et toujours géré aujourd’hui par un bureau de parents, sous l’égide de l’association Enfance & Soleil présidée par Aurélie Merlino. Si l’extinction de l’éclairage nocturne dans toutes les communes de l’île (programme AMEC) est effectif depuis ce mois-ci (janvier 2016), Dolus avait déjà éteint la lumière en juillet 2015. Bien sûr, ce n’est pas la seule mesure d’économie d’énergie prise par la municipalité. Des travaux de rénovation énergétique ont été réalisés dans les locaux associatifs à côté de l’école élémentaire, et les autres bâtiments communaux vont suivre : mairie, salle des fêtes, école élémentaire, ludothèque, maison de retraite. Autres actions : un plan pluriannuel d’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits publics et la mise en place de bornes de recharge pour véhicules électriques devant la mairie. A noter également que deux véhicules du service technique roulent à l’huile de friture de Roule ma frite 17. 13 el o AC ppe TE II r le s a à la lternatives ei nd D év ivid uelle Culture > Nouvelle vague t ur voi Klaus Pinter en bref Exposition Klaus Pinter L’anatomie du désordre Du 13 février 2016 au 8 janvier 2017, le Musée de l’île d’Oléron présente : “Anatomie du désordre ”, une exposition du sculpteur Klaus Pinter. L’occasion de mettre en lumière l’un des géants de l’art contemporain. Une fierté pour l’île. C’est à Line Sourbier-Pinter 1 , son épouse, née à Saint-Trojan d’une famille de marins-pêcheurs -ostréiculteurs, que l’on doit la présence de l’artiste autrichien sur l’île depuis 36 ans. Quand ils se sont rencontrés pour la première fois, à New York, elle faisait partie de l’équipe qui préfigurait le Centre Pompidou, lui appartenait au collectif Haus-Rucker-Co qui remettait la vie en question en imaginant des architectures utopistes. “Quand il a quitté le groupe et les USA en 1977, dit-elle, il s’est entiché de Saint-Trojan…” Pour Klaus Pinter, cela revient à repartir à zéro dans un autre monde, et à envisager une nouvelle manière de travailler. En 1979, il s’approprie un rivage, y plante sa tente durant six mois, le temps d’observer l’océan, de capter la lumière et d’installer l’une de ces structures insolites dont il a le secret (Règle des douzièmes). “A par tir du moment où j’ai vécu à Saint-Trojan, révèle-t-il 2, la nature fut pour moi primordiale. Au début, j’ai commencé à observer avec mon ami Kurt Mayer, qui est photographe, divers endroits des rivages (que ce soit du côté Maumusson ou du côté continent) 14 et plus spécifiquement les modifications de l’environnement liées aux marées.” L’île d’Oléron agit sur l’artiste comme un révélateur. Dès lors, son travail sera influencé par la nature, comme ses célèbres sculptures “pneumatiques” qui évoquent de délicates créatures des abysses, à la transparence lumineuse : Le Cocon (2011), Chrysalide (2012) ou A la belle rocaille (2013)… Au beau milieu de l’atelier de Klaus Pinter, une bibliothèque déborde. En parcourant les tranches des livres, l’univers singulier du sculpteur se dessine : Future city, experiment and utopia, Biomorphic architecture, Schells & corals (coquillages et coraux), ou encore Kunstformen der natur (formes artistiques de la nature), du biologiste libre-penseur Ernst Haeckel… Scotché en évidence sur une des étagères, un papier avec cette inscription : “ anatomie du désordre ”. C’est le titre de l’exposition que l’artiste prépare pour le Musée de l’île d’Oléron. A l’heure où nous écrivons ces lignes, à trois mois de l’inauguration, rien ou presque n’en est visible. Tout au plus sait-on Klaus Pinter, né en 1940 à Schärding am Inn, en Autriche, fut membre fondateur du groupe Haus-Rucker-Co (Vienne, Düsseldorf), puis de Haus-Rucker-Inc. (New York). A partir de 1967, il commence à utiliser des matériaux gonflables dans son œuvre sculpturale. Après avoir passé sept ans à New York, et plusieurs années à Belgrade, Bonn et Paris, il vit maintenant à Vienne et dans l’île d’Oléron. Ses principaux travaux sont conservés dans les collections du MOMA (Museum of modern art à New York), du Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou (centre Beaubourg à Paris) et au palais Albertina (Vienne). C’est encore Yves Kobry, critique d’art, qui résume le mieux son art : “La démarche artistique de Klaus Pinter est aussi singulière, insolite, extravagante que ses installations qui, depuis plus de quarante ans, flottent au-dessus des modes, à la fois portées par les courants esthétiques et échappant toujours à leur attraction, par la fluidité, la plasticité, la légèreté, et l’humour. […] Ce qui déroute mais aussi fascine chez Pinter et ce qui fonde son originalité, c’est cette exactitude propre à l’ingénieur et à l’architecte alliée à l’imaginaire du poète et à son goût de la dérision.” qu’on y verra des maquettes de ses installations les plus célèbres et qu’il utilise pour l’occasion, et pour la première fois, le métal. “ Vu la notoriété de Klaus Pinter, son envergure internationale, dit Sophie Lessard, la responsable du musée, je ne m’attendais pas à son total investissement dans cette exposition, somme toute modeste à l’échelle de sa carrière. Nous avons travaillé ensemble pendant des mois, et il nous a traités d’égal à égal avec les grands musées qu’il a coutume de côtoyer. Il est d’une étonnante simplicité, mais n’est-ce pas l’apanage des plus grands ? Et comme les plus grands, il est d’une exigence absolue. Lui et son épouse n’ont rien laissé au hasard, je vous assure ! ” (1) Après son travail sur Beaubourg, Line Sourbier dirige les établissements culturels français de Belgrade, Bonn et Innsbruck. Puis elle est chargée de mission de l’armée de terre, professeur associé au Centre de recherche des écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan, rédactrice en chef de la revue Inflexions. Elle publie Au-delà des armes, Le sens des traditions militaires (Imprimerie nationale, 2001) et Les Militaires (Le Cavalier Bleu, Idées reçues, 2003). (2) Extrait du catalogue de l’exposition « L’anatomie du désordre ». Portraits > Figures de proue Jean-Yves Boulanger L’archiviste-artificier D’île en archipel, de carrière militaire en vie civile, de musée en médiathèque, il n’a pas eu le temps d’assouvir sa soif d’organisation. Car il s’est éteint trop tôt, juste avant “sa” conférence sur la Nouvelle-Calédonie. Né en 1949 à La Tronche, près de Grenoble, aîné de cinq enfants, Jean-Yves ne va pas au bout de ses études. “C’était un garçon introverti qui ne trouvait pas sa voie, révèle Pierre, son père. Je lui ai conseillé de tenter le service militaire… ” Un conseil d’expert : Pierre était lieutenant-colonel dans le service du matériel colonial. Jean-Yves va donc faire sept ans d’armée avec, à la clé, un brevet d’artificier. De retour dans la vie civile, une entreprise de récupération de métaux et de munitions lui propose de prendre la tête de sa succursale en Nouvelle-Calédonie. Pendant plus de 20 ans, il fait commerce sous les cocotiers, passant son temps à remplir des bateaux à destination de l’Allemagne ou du Japon. Pierre parle d’une période heureuse pour son fils, sans doute la plus heureuse, malgré les événements violents d’Ouvéa (1988) qui lui valent d’être réquisitionné comme artificier. “ Il a adoré vivre là-bas, dans cet archipel champion de la mixité, où des chauffeurs blancs transportaient des Kanaks ! ” Jean-Yves regagne les rivages oléronais en 1999, pour mettre à profit son goût de l’ordre, de la minutie, de la précision. Passionné par le patrimoine local, il se consacre comme bénévole au musée Aliénor d’Aquitaine, puis intègre les services de la mairie de Saint-Pierre où il devient responsable des archives et administrateur du cimetière. “ Ces tâches lui plaisaient, dit Pierre, car il aimait organiser les choses. Il était extrêmement méthodique dans son travail, alors que ses papiers personnels… Une catastrophe ! ” Chez lui, Jean-Yves amassait des collections : porte-clés, pin’s, pâtes de verre… Son père a retrouvé dans ses affaires une cinquantaine de petits cadenas, tous différents ! En racontant cela, l’émotion l’étreint. Ce n’est pas dans l’ordre des choses de voir partir son fils avant soi… En 2014, JeanYves prend sa retraite mais reste dans la vie active : président des Amis du musée, trésorier du judo-club et de l’amicale des Grand coutas, et des projets de voyages plein la tête… Le magazine La Lanterne a écrit qu’il laissait “un grand vide à tous ses collègues de la médiathèque, qui l’appréciaient pour sa générosité et sa sincérité”. Le 20 novembre dernier, il y avait également une chaise vide à la conférence qu’il avait organisée au Château… Sur la Nouvelle-Calédonie. Pierre Thoumelin L’historien-gendarme Comment devenir lieutenant de gendarmerie à 27 ans avec une aisance confondante, tout en écrivant un livre singulier sur les soldats de la Wehrmacht morts pour la France ? Il suffit d’être un peu viking. Pierre naît en 1988 à Quettetot, dans le Nord-Cotentin. De ce territoire d’invasions viking, il hérite la blondeur, les yeux bleus… et la passion de l’Histoire. Guillaume le Conquérant, le Débarquement, l’Indochine… Porté par la flamme de ses études, il est bientôt Bac + 5, avec en poche un doctorat sur la décolonisation. Mais chez les Thoumelin, on est gendarme de père en fils. Le naturel des gènes revient au galop. Après une année militaire à Saint-Cyr, il entre à l’école de gendarmerie de Melun, d’où il sort dans le peloton de tête de sa promotion. Ce qui lui permet de choisir son affectation : Oléron. “Moi qui viens de Cherbourg, je suis attaché à la mentalité des gens de mer.” C’est aussi le défi qui lui plaît : sur l’île, l’été, l’effectif de la brigade passe de 25 à 90 gendarmes, et c’est justement le 1er août 2015 qu’il en prend la tête ! Pour son premier commandement, à 27 ans, il est dans le vif du sujet. S’imposer, rassurer ses subordonnés. Ne pas vouloir tout chambouler, mais prouver ses capacités. Et conquérir la confiance de la population et des élus. A son arrivée, pas le temps de repérer le territoire : le 2 août, une mineure est portée disparue sur la plage. C’est le baptême du feu. Seul maître à bord, la carte déployée sur le capot de la voiture, il faut coordonner les moyens, les hélicos, les chiens, entre le portable qui sonne, la radio qui braille, et l’inquiétude des parents à gérer. “Heureusement, on a retrouvé la petite très vite…” souffle-t-il. L’étonnante assurance dont Pierre fait preuve, malgré son inexpérience, il la doit sans doute au sport. Il a pratiqué le rugby jusqu’en Fédérale 3, est moniteur de tir et d’auto-défense (un condensé de ju-jitsu et de krav-maga) et s’est mis au hand depuis son arrivée à Saint-Pierre. “Aurélie, mon épouse, explique-t-il, a fait sport-étude handball… ” Malgré son début de carrière chronophage, Pierre a trouvé le temps de publier un ouvrage, L’ennemi utile, (éd. Schneider Text), dans lequel il retrace le destin oublié des milliers de soldats allemands qui, après avoir été faits prisonniers en France, étaient devenus légionnaires, s’engageant au côté des képis blancs dans la guerre d’Indochine. Un livre aussi singulier que le parcours de son auteur. Mes respects, lieutenant ! 15 Découverte Nez au vent Fouilles préventives au dolmen d’Ors Le village du néolithique Effacez le pont, le pertuis, toute trace de notre civilisation. Imaginez un hameau de huttes en pierres sèches, autour d’un imposant monument funéraire dominé par un tumulus. Vous êtes à Ors, il y a 7 000 ans. Au temps où Oléron n’était pas encore une île. 12 octobre 2015. Le site du dolmen d’Ors (“ la piare”) est sécurisé, cerclé de grillage. Les archéologues sont au travail. Pas de temps à perdre, ils ont trois semaines avant que soient programmés les travaux de renforcement de la digue et d’aménagement d’une aire de covoiturage. Il s’agit d’une fouille préventive : il faut localiser les vestiges, en dresser un plan aussi précis que possible, afin de ne pas les endommager pendant les travaux. Jour après jour, une pelleteuse pilotée avec doigté opère un quadrillage de tranchées profondes de deux ou trois mètres… Assise en tailleur une planchette sur les cuisses, dans la position du scribe, une “ technicienne de fouille” en CDD dessine tout ce qu’elle a sous les yeux, le plus précisément possible : fragments de dallage épars, tessons de poterie, silex taillés… Il faut un œil d’initié pour distinguer les vestiges vieux de dix mille ans de ceux du Moyen-âge… Et une bonne dose d’imagination pour se figurer l’architecture du monument au néolithique 1 : la “ grosse pierre ” (2m20 x 1m40 x 0m80) aujourd’hui cassée en deux, était une dalle de couverture posée sur deux orthostates (ou piliers, encore debout il n’y a pas si longtemps), le tout recouvert de terre (ou de pierres) et formant cairn 2. “ Il s’agit d’un tumulus allongé à plusieurs chambres, écrivait en 2009 l’archéologue départemental Ludovic Soler 3. De la céramique peu-richardienne 4 et campaniforme 5 y fut retrouvée. Les travaux anciens du Docteur Pineau 6 ont permis de mettre au jour de nombreux ossements [appartenant] à plusieurs individus dont des adultes et des enfants. […] Un crâne dolichocéphale (aux proportions allongées) est mentionné, mais on ignore sa provenance précise.” Ce qui passionne aujourd’hui les archéologues, c’est qu’à l’occasion de cette fouille préventive ils ont mis au jour, outre le monument funéraire extrêmement bien conservé, une superposition d’habitats, de la préhistoire au Moyen-âge. Pour ce qui est de la couche correspondant au néolithique, des murs d’habitations, notamment, ont été révélés. “ On ne connaît qu’un autre habitat néolithique en France, celui de La Sauzaie. ” Vu l’enthousiasme de Ludovic Soler et d’Eric Normand, de la DRAC 7, il y a fort à parier que l’aventure n’est pas finie. Et si l’on reconstituait un village préhistorique autour du dolmen restauré et remis sur ses pieds, à côté de l’aire de covoiturage… ? (1) Période de la préhistoire (-9000 à -3000 environ). (2) Monticule de pierres ou de terre au-dessus d’une sépulture. (3) Extrait de « Les dépôts humains du littoral charentais », (site internet Academia. edu). (4) D’une civilisation du Néolithique final. Son nom est lié aux nombreux vestiges découverts au Peu Richard, lieu-dit de la commune de Thénac en Charente-Maritime. (5) Se dit d’une poterie en forme de cloche, caractéristique de la culture de la fin du néolithique. (6) Médecin au Châteaud’Oléron, Emmanuel Pineau (1854-1896) est le créateur du sanatorium de Saint-Trojan. Passionné de préhistoire, une science encore balbutiante au XIXe siècle, il a mené des fouilles savantes sur la « station d’Ors » et son dolmen. Sa collection parfaitement documentée est conservée au musée Fleuriau à La Rochelle. (7) Direction Départementale des Affaires Culturelles. Brève de Cambuse Extrait du compte-rendu du conseil municipal de Dolus, le 12 octobre 2015 : “Le conseil municipal décide à l’unanimité de missionner Monsieur Patrick Lemaître, adjoint au Maire, pour se rendre à la rencontre intitulée “Monnaies locales complémentaires et collectivités locales” organisée par le R.T.E.S. 1 qui se tiendra le jeudi 15 octobre 2015 à Nantes. ” Qu’est-ce à dire ? L’île d’Oléron va-t-elle bientôt frapper monnaie ? Diantre ! Le président de la communauté de communes se montre étrangement silencieux sur le sujet. C’est louche. Serait-il envieux de la beunèze de Saintonge ? De mauvaises langues disent que les nouveaux billets seraient à son effigie… Pascalis Massicum Imperator. S’il avait un sou de bon sens, il choisirait la goule piate 2 comme devise : sur les plages, y a qu’à se baisser pour en ramasser. Ou la troque 3 : y a pas mieux pour faire du troc. (1) Réseau des collectivités Territoriales pour une Economie Solidaire. (2) Espèce de bigorneau. (3) Mollusque à coquille cônique.
© Copyright 2024 Paperzz