L`O S S E RVATOR E ROMANO

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L’OSSERVATORE ROMANO
EDITION HEBDOMADAIRE
Unicuique suum
e
EN LANGUE FRANÇAISE
Non praevalebunt
Cité du Vatican
LXVI année, numéro 53 (3.411)
jeudi 31 décembre 2015
Dans son message de Noël François souligne que la paix est un don à invoquer et à construire
La miséricorde source d’espérance
«Seule la miséricorde de Dieu
peut libérer l’humanité de tant de
formes de mal, parfois monstrueuses, que l’égoïsme engendre». En
ce Noël de l’année sainte consacrée à la miséricorde, adressant le
traditionnel message urbi et orbi à
la ville et au monde, le Pape François a réaffirmé l’importance de la
grâce divine, l’unique qui «peut
convertir les cœurs et ouvrir des
issues aux situations humainement
insolubles».
En se présentant à midi à la
loggia des Bénédictions de la basilique vaticane, le 25 décembre, le
Pape a rappelé que «là où Dieu
naît; naît l’espérance». Et de la
même manière «là où Dieu naît,
naît la paix». Malgré cela, toutefois, les situations de conflit que
François a voulu citer ne manquent pas, en allant par la pensée
aux situations les plus douloureuses dont l’humanité fait l’expérience dans diverses régions de la planète. A commencer par le lieu «où
le Fils de Dieu est venu au monde», cette Terre Sainte où «se
poursuivent les tensions et les violences. Puissent les Israéliens et les
Palestiniens reprendre un dialogue
direct et parvenir à une entente
qui permette aux deux peuples de
cohabiter dans l’harmonie, en surmontant un conflit qui a de graves
répercussions sur la région tout
entière». Une invocation au Seigneur a suivi, afin que «l’entente
atteinte au sein des Nations unies
parvienne au plus tôt à faire taire
le fracas des armes en Syrie et à
porter remède à la très grave situation humanitaire de la population
épuisée». De même qu’il est «tout
aussi urgent que l’accord sur la
Libye obtienne le soutien de
tous». Il a ensuite appelé l’attention de la communauté internationale afin que cessent les atrocités
en Irak, au Yémen et en Afrique
subsaharienne. Après avoir réévoqué «les récents attentats qui
ont eu lieu sous les cieux d’Egypte, à Beyrouth, Paris, Bamako et
Tunis», François a souhaité un
avenir de concorde pour la République démocratique du Congo, le
Burundi, le Sud-Soudan, mais
aussi pour l’Ukraine et la Colombie. Il a ensuite exprimé sa
«proximité envers les plus démunis, en particulier les enfants-soldats, les femmes qui subissent des
violences, les victimes de la traite
des personnes et du trafic de drogue», ainsi que «ceux qui fuient la
misère ou la guerre» et les détenus. La nuit du 24, lors de la Veillée, le Pape avait invité à vivre
Noël dans la sobriété et dans la
simplicité, comme un retour à l’essentiel.
PAGES 2
ET
3
DANS CE NUMÉRO
Page 2: Dans la chaude étreinte d’une peau de brebis,
par Lucetta Scaraffia. Pages 4 et 5: Angelus des 20, 26
et 27 décembre. Page 6: Le Pape ouvre la porte sainte
de la Caritas à la gare Termini. Un manuel sur la pauvreté extrême. A un mois de la visite en Afrique. Page 7:
Audience aux employés du Vatican. Créances des ambassadeurs du Pérou et de Hongrie. Page 8: Rencontre
avec les enfants de l’Action catholique italienne. Audience pour le don de l’arbre et de la crèche. Page 9:
Audience générale du 30 décembre. Appels du Pape.
Pages 10 à 12: Audience à la Curie romaine à l’occasion
des vœux de Noël. Salut du doyen du Collège cardinalice. Le devoir de l’exemplarité, par Giovanni Maria
Vian. Page 13: Créances des ambassadeurs de Guinée,
Lettonie, Inde et Bahrein. Page 14: Messes à SainteMarthe. Page 15: Rencontre avec l’AGESC. Page 16: Entretien du Pape avec la revue «Credere». Page 17: Message de Noël du patriarche latin de Jérusalem. Pages 18
et 19: Informations. Promulgation de décrets. Page 20:
Messe pour le jubilé des familles.
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L’OSSERVATORE ROMANO
jeudi 31 décembre 2015, numéro 53
Messe de la nuit de Noël
Retour à l’essentiel
Vivre ces journées dans la sobriété et dans la simplicité pour être capables de
«saisir et de vivre l’essentiel»: c’est ce qu’a recommandé le Pape François en
célébrant, dans la soirée du jeudi 24 décembre, la Messe de la nuit de Noël dans
la basilique vaticane.
En cette nuit, resplendit une
«grande lumière» (Is 9, 1); sur nous
tous brille la lumière de la naissance
de Jésus. Comme les paroles du prophète Isaïe que nous avons écoutées sont vraies et actuelles: «Tu as
prodigué la joie, tu as fait grandir
l’allégresse» (9, 2)! Notre cœur était
déjà rempli de joie par l’attente de
ce moment, mais maintenant, ce sen-
timent est multiplié et surabonde,
parce que la promesse s’est accomplie, finalement elle s’est réalisée.
Joie et allégresse nous assurent que
le message contenu dans le mystère
de cette nuit vient vraiment de Dieu.
Il n’y a pas de place pour le doute;
laissons-le aux sceptiques qui, pour
interroger seulement la raison, ne
trouvent jamais la vérité. Il n’y a pas
de place pour l’indifférence qui domine dans le cœur de celui qui ne
réussit pas à aimer parce qu’il a peur
de perdre quelque chose. Toute tristesse est bannie, parce que l’Enfant
Jésus est le véritable consolateur du
cœur.
Aujourd’hui, le Fils de Dieu est
né: tout change. Le Sauveur du
monde vient pour se faire participant de notre nature humaine; nous
ne sommes plus seuls ni abandonnés. La Vierge nous offre son Fils
comme principe d’une vie nouvelle.
La lumière vient éclairer notre existence, souvent enfermée dans l’ombre du péché. Aujourd’hui découvrons d’une façon nouvelle qui nous
sommes! En cette nuit, nous est rendu manifeste le chemin à parcourir
pour rejoindre le but. Maintenant,
toute peur et toute frayeur doivent
cesser, parce que la lumière nous indique la route vers Bethléem. Nous
ne pouvons demeurer inertes. Il ne
nous est pas permis de rester arrêtés.
Nous devons aller voir notre Sauveur déposé dans une mangeoire.
Voilà le motif de la joie et de l’allégresse: cet Enfant est «né pour
nous», il nous est «donné à nous»,
comme l’annonce Isaïe (cf. 9, 5). À
un peuple qui depuis deux mille ans
parcourt toutes les routes du monde
pour rendre chaque homme participant de cette joie, est confiée la mission de faire connaître le «Prince de
la paix» et devenir son instrument
efficace au milieu des nations.
Et donc, quand nous entendons
parler de la naissance du Christ, restons en silence et laissons parler cet
Enfant; imprimons dans notre cœur
ses paroles sans détourner notre regard de son visage. Si nous le prenons dans nos bras et si nous nous
laissons embrasser par lui, il nous
apportera la paix du cœur qui n’aura jamais de fin. Cet Enfant nous
enseigne quelle est la chose vraiment
essentielle dans notre vie. Il naît
dans la pauvreté du monde, parce
qu’il n’y a pas de place à l’hôtellerie
pour lui et sa famille. Il trouve abri
et soutien dans une étable, et il est
déposé dans une mangeoire pour
animaux. Pourtant, de ce rien, émerge la lumière de la gloire de Dieu. A
partir de là, pour les hommes au
cœur simple, commence le chemin
de la libération véritable et du rachat éternel. De cet Enfant, qui porte imprimés sur son visage les traits
de la bonté, de la miséricorde et de
l’amour de Dieu le Père, jaillit pour
nous tous, ses disciples, comme
l’enseigne l’apôtre Paul, l’engagement à «renoncer à l’impiété» et à la
richesse du monde, pour vivre «de
manière raisonnable, avec justice et
piété» (Tt 2, 12).
Dans une société souvent éprise
de consommation et de plaisir,
d’abondance et de luxe, d’apparence
et de narcissisme, Lui nous appelle à
un comportement sobre, c’est-à-dire
simple, équilibré, cohérent, capable
de saisir et de vivre l’essentiel. Dans
un monde qui est trop souvent dur
avec le pécheur et mou avec le péché, il faut cultiver un sens fort de la
justice, de la recherche et de la mise
en pratique de la volonté de Dieu.
Dans une culture de l’indifférence
qui finit souvent par être impitoyable, que notre style de vie soit au
contraire plein de piété, d’empathie,
de compassion, de miséricorde, puisées chaque jour au puits de la prière.
Comme pour les bergers de
Bethléem, que nos yeux puissent
aussi être pleins d’étonnement et
d’émerveillement, contemplant dans
l’Enfant-Jésus le Fils de Dieu. Et,
devant Lui, que jaillisse de nos
cœurs l’invocation: «Montre-nous,
Seigneur, ta miséricorde, et donnenous ton salut» (Ps 85, 8).
Dans la chaude
étreinte
d’une peau
de brebis
LUCETTA SCARAFFIA
Que s’est-il vraiment passé dans
la nuit où Dieu se faisait homme
dans une étable? Qu’ont pu percevoir ses contemporains dans
l'air, surtout les plus proches géographiquement de la grotte, tels
que les bergers? Il devait certainement y avoir un courant spécial
dans l’air, quelque chose de fortement perturbant, pour qu’encore
aujourd'hui, la nuit de Noël soit
considérée comme une charge de
magie dans les récits populaires.
Ce sont des questions auxquelles les traditions populaires ont
répondu de manières différentes,
et une grande écrivaine suédoise,
Selma Lagerlöf — première femme
récompensée du prix Nobel de
littérature pour «sa vive imagination et sa perception spirituelle»
— les a retranscrites admirablement, en ajoutant souvent la touche mystérieuse du paysage nordeuropéen: le silence ouaté de la
neige, les animaux des forêts, la
très longue nuit (Le livre de
Noël, Actes Sud, 2007, 112 pages,
6,60€).
Une chose paraît certaine: les
animaux, les plantes, les étoiles et
les pierres s’en aperçurent avant
les êtres humains. Et un berger
hargneux également, qui se demanda: «Mais quel est ce genre
de nuit, où les chiens ne mordent
pas, les brebis n’ont pas peur, le
bâton ne tue pas et le feu ne brûle pas? (…) Quelle est cette nuit
et comment peut-il arriver que
toute chose te manifeste de la
compassion?».
Ainsi, lui aussi s’est dirigé vers
le point indiqué par une étoile, il
vit une femme et un enfant dans
une grotte froide, il pensa que ce
pauvre enfant innocent pouvait
mourir de froid, et, tout homme
dur qu’il était, s’émut et eut envie
de l'aider. Il offrit une peau de
brebis douce et immaculée afin
d'y faire dormir l'enfant.
numéro 53, jeudi 31 décembre 2015
L’OSSERVATORE ROMANO
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Message de Noël à la ville et au monde
Là où renaît l’espérance
Une lecture des pages les plus
dramatiques de l’année 2015 a été
présentée par le Pape François dans le
traditionnel message de Noël «urbi et
orbi» adressé à la ville et au monde, le
25 décembre à midi, de la Loggia des
bénédictions de la basilique vaticane.
Chers frères et sœurs, joyeux Noël!
Christ est né pour nous, exultons en
ce jour de notre salut!
Ouvrons nos cœurs pour recevoir
la grâce de ce jour, qu’il est lui-même: Jésus est le «jour» lumineux qui
est apparu à l’horizon de l’humanité.
Jour de miséricorde, dans lequel
Dieu le Père a révélé à l’humanité
son immense tendresse. Jour de lumière qui dissipe les ténèbres de la
peur et de l’angoisse. Jour de paix,
où il devient possible de se rencontrer, de dialoguer, et surtout de se
réconcilier. Jour de joie: une «grande joie» pour les petits et les humbles, et pour tout le peuple (cf. Lc
2, 10).
En ce jour, de la Vierge Marie, est
né Jésus, le Sauveur. La crèche nous
fait voir le «signe» que Dieu nous a
donné: «un nouveau-né emmailloté
et couché dans une mangeoire» (Lc
2, 12). Comme les bergers de Bethléem, nous aussi allons voir ce signe,
cet événement qui se renouvelle dans
l’Eglise chaque année. Noël est un
événement qui se renouvelle dans
chaque famille, dans chaque paroisse, dans chaque communauté qui accueille l’amour de Dieu incarné en
Jésus Christ. Comme Marie, l’Eglise
montre à tous le «signe» de Dieu:
l’Enfant qu’elle a porté dans son
sein et a enfanté, mais qui est le Fils
du Très-Haut, parce qu’«il vient de
l’Esprit Saint» (Mt 1, 20). C’est
pourquoi il est le Sauveur, parce
qu’il est l’Agneau de Dieu qui prend
sur lui le péché du monde (cf. Jn 1,
29). Avec les bergers, prosternonsnous devant l’Agneau, adorons la
Bonté de Dieu faite chair, et laissons
des larmes de repentir remplir nos
yeux et laver notre cœur. Nous en
avons tous besoin.
Lui seul, Lui seul peut nous sauver. Seule la miséricorde de Dieu
peut libérer l’humanité de nombreuses formes de mal, parfois monstrueux, que l’égoïsme engendre en
elle. La grâce de Dieu peut convertir
les cœurs et ouvrir des voies de sortie de situations humainement insolubles.
Là où naît Dieu, naît l’espérance:
Il apporte l’espérance. Là où naît
Dieu, naît la paix. Et là où naît la
paix, il n’y a plus de place pour la
haine et pour la guerre. Pourtant,
même là où est venu au monde le
Fils de Dieu fait chair, des tensions
et des violences continuent et la paix
reste un don à invoquer et à construire. Qu’Israéliens et Palestiniens
puissent reprendre un dialogue direct et arriver à une entente qui permette aux deux peuples de vivre en
harmonie, dépassant un conflit qui
les a longuement opposés, avec de
graves répercussions sur toute la région.
Au Seigneur, nous demandons
que l’entente intervenue au sein des
Nations unies parvienne le plus tôt
possible à faire taire le vacarme des
armes en Syrie et à remédier à la très
grave situation humanitaire de la population épuisée. Il est aussi urgent
que l’accord sur la Libye obtienne le
soutien de tous, afin que soient dépassées les graves divisions et les
violences qui affligent le pays. Que
l’attention de la Communauté internationale soit unanimement dirigée à
faire cesser les atrocités qui, aussi
bien dans ces pays qu’en Irak, au
Yémen et dans l’Afrique subsaharienne, fauchent encore de nombreuses victimes, causent d’effroyables
souffrances et n’épargnent pas non
plus le patrimoine historique et culturel de peuples entiers. Ma pensée
va aussi à tous ceux qui ont été touchés par d’atroces actions terroristes,
particulièrement par les récents attentats survenus sous les cieux
d’Egypte, à Beyrouth, Paris, Bamako
et Tunis.
A nos frères, persécutés dans de
nombreuses parties du monde à cause de leur foi, que l’Enfant-Jésus
donne consolation et force. Ce sont
nos martyrs d’aujourd’hui.
Nous demandons paix et concorde pour les chères populations de la
République démocratique du Congo, du Burundi et du Sud Soudan
afin que, par le dialogue, se renforce
l’engagement commun pour l’édification de sociétés civiles animées
d’un esprit sincère de réconciliation
et de compréhension réciproque.
Que Noël apporte aussi une paix
véritable à l’Ukraine, offre soulagement à ceux qui subissent les conséquences du conflit et inspire la volonté de porter à leur achèvement
les accords pris, pour rétablir la concorde dans le pays tout entier.
Que la joie de ce jour illumine les
efforts du peuple colombien pour
que, animé par l’espérance, il continue avec ardeur à poursuivre la paix
désirée.
Là où naît Dieu, naît l’espérance;
et là où naît l’espérance, les personnes retrouvent la dignité. Pourtant,
encore aujourd’hui de nombreux
hommes et femmes sont privés de
leur dignité humaine et, comme
l’Enfant-Jésus, souffrent du froid, de
la pauvreté et du refus des hommes.
Que notre proximité rejoigne aujourd’hui ceux qui sont le plus sans
défense, surtout les enfants-soldats,
les femmes qui subissent des violences, les victimes de la traite des personnes et du narcotrafic.
Que notre réconfort ne manque
pas à tous ceux qui fuient la misère
ou la guerre, voyageant dans des
conditions trop souvent inhumaines
et risquant souvent leur vie. Que
soient récompensés avec d’abondantes bénédictions tous ceux qui, simples personnes et Etats, s’emploient
avec générosité à secourir et à accueillir les nombreux migrants et réfugiés, les aidant à construire un
avenir digne pour eux et pour leurs
proches et à s’intégrer à l’intérieur
des sociétés qui les reçoivent.
En ce jour de fête, que le Seigneur redonne espérance à tous ceux
qui n’ont pas de travail — et ils sont
nombreux —, et soutienne l’engagement de tous ceux qui ont des responsabilités publiques dans le domaine politique et économique pour
qu’ils mettent tout en œuvre afin de
poursuivre le bien commun et protéger la dignité de toute vie humaine.
Là où naît Dieu, fleurit la miséricorde. Elle est le don le plus précieux que Dieu nous fait, particulièrement en cette année jubilaire, durant laquelle nous sommes appelés à
découvrir la tendresse que Notre Père céleste a envers chacun de nous.
Que le Seigneur donne particulièrement aux détenus de faire l’expérience de son amour miséricordieux
qui soigne les blessures et vainc le
mal.
Et ainsi aujourd’hui ensemble,
exultons dans le jour de notre salut.
En contemplant la crèche, fixons notre regard sur les bras ouverts de Jésus qui nous montrent l’étreinte miséricordieuse de Dieu, tandis que
nous écoutons les vagissements de
l’Enfant qui nous murmure: «A cause de mes frères et de mes proches,
je dirai: “Paix sur toi!”» (Ps 121
[122], 8).
A l’issue du message de Noël, le Pape
a adressé les vœux suivants aux fidèles
du monde entier:
A vous, frères et sœurs, venus de
toutes les parties du monde sur cette
place, et à toutes les personnes de
divers pays qui êtes reliées par la radio, la télévision et les autres
moyens de communication, j’adresse
mes vœux les plus cordiaux.
C’est le Noël de l’année sainte de
la miséricorde, aussi je vous souhaite
à tous de pouvoir accueillir dans votre vie la miséricorde de Dieu, que
Jésus Christ nous a donnée, pour
être miséricordieux avec nos frères.
Ainsi nous ferons grandir la paix!
Joyeux Noël!
L’OSSERVATORE ROMANO
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jeudi 31 décembre 2015, numéro 53
Angelus du 20 décembre
Trois émerveillements
Chers frères et sœurs, bonjour!
L’Evangile de ce dimanche d’Avent
met en évidence la figure de Marie.
Nous la voyons quand, immédiatement après avoir conçu dans la foi le
Fils de Dieu, elle affronte le long
voyage de Nazareth en Galilée jusqu’aux monts de Judée pour aller
rendre visite à Elisabeth et l’aider.
L’ange Gabriel lui avait révélé que
sa parente âgée, qui n’avait pas d’enfants, était au sixième mois de grossesse (cf. Lc 1, 26.36). C’est pourquoi la Vierge, qui porte en elle un
don et un mystère encore plus
grand, va rendre visite à Elisabeth et
reste chez elle pendant trois mois.
Lors de la rencontre entre les deux
femmes — imaginez: l’une est âgée et
l’autre jeune, c’est la jeune, Marie,
qui la salue la première. L’Evangile
dit ceci: «Elle entra chez Zacharie et
salua Elisabeth» (Lc 1, 40). Et, après
ce salut, Elisabeth se sent enveloppée d’un grand émerveillement —
n’oubliez pas ce mot: émerveillement. L’émerveillement. Elisabeth se
sent enveloppée d’un grand émerveillement qui retentit dans ses paroles:
«Et comment m’est-il donné que
vienne à moi la mère de mon Seigneur?» (v. 43). Et ces deux femmes
s’étreignent, s’embrassent, joyeuses:
celle qui est âgée et la jeune, toutes
les deux enceintes.
Pour célébrer Noël de manière féconde, nous sommes appelés à nous
arrêter sur les «lieux» de l’émerveillement. Et quels sont ces lieux de
l’émerveillement dans la vie quotidienne? Il y en a trois. Le premier
lieu est l’autre, en qui reconnaître un
frère, car depuis que le Noël de Jésus a eu lieu, il porte à chaque fois
imprimé en lui l’apparence du Fils
de Dieu. En particulier quand il
s’agit du visage du pauvre, car c’est
pauvre que Dieu est entré dans le
monde et c’est tout d’abord par les
pauvres qu’il s’est laissé approcher.
Un autre lieu de l’émerveillement
— le deuxième — où, si nous regardons avec foi, nous éprouvons précisément de l’émerveillement, est l’histoire. Très souvent, nous croyons la
voir du bon côté et, en revanche,
nous risquons de la lire à l’envers.
Cela arrive, par exemple, quand celle-ci nous semble déterminée par
l’économie de marché, réglementée
par la finance et par les affaires, dominée par les puissants en place. Le
Dieu de Noël est en revanche un
Dieu qui «brouille les cartes»: Il aime le faire! Comme le chante Marie
dans le Magnificat, c’est le Seigneur
qui renverse les puissants de leurs
trônes et qui élève les humbles, qui
comble de bien les affamés et qui
renvoie les riches les mains vides (cf.
Lc 1, 52-53). Cela est le deuxième
émerveillement, l’émerveillement de
l’histoire.
Un troisième lieu d’émerveillement est l’Eglise: la regarder avec
l’émerveillement de la foi signifie ne
pas se limiter à la considérer uniquement comme une institution religieuse, même si elle l’est; mais la
sentir comme une Mère qui, malgré
les taches et les rides — nous en
avons tant! — laisse transparaître les
traits de l’Epouse aimée et purifiée
par le Christ Seigneur. Une Eglise
qui sait reconnaître les nombreux signes d’amour fidèle que Dieu lui envoie sans cesse. Une Eglise pour laquelle le Seigneur Jésus ne sera jamais une possession à défendre jalousement, ceux qui font cela com-
mettent une erreur;
mais sera toujours
Celui qui vient à sa
rencontre et qu’elle
sait attendre avec
confiance et joie, en
donnant voix à l’espérance du monde.
L’Eglise qui appelle
le Seigneur: «Viens,
Seigneur
Jésus!».
L’Eglise mère qui
garde toujours les
portes et les bras ouverts pour accueillir
tout le monde. Plus
encore, l’Eglise mère
qui sort de ses propres
portes
pour
chercher avec un sourire de mère tous
ceux qui sont éloignés et les conduire à la miséricorde de Dieu. Cela est
l’émerveillement de Noël!
A Noël, Dieu se donne entièrement à nous en donnant son Fils,
l’Unique, qui est toute sa joie. Et ce
n’est qu’avec le cœur de Marie,
l’humble et pauvre fille de Sion, devenue Mère du Fils du Très-Haut
qu’il est possible d’exulter et de se
réjouir pour le grand don de Dieu et
pour son imprévisible surprise.
Qu’Elle nous aide à percevoir
l’émerveillement — ces trois émerveillements, l’autre, l’histoire et l’Eglise
— pour la naissance de Jésus, le don
des dons, le cadeau immérité qui
nous apporte le salut. La rencontre
avec Jésus nous fera sentir à nous
aussi ce grand émerveillement. Mais
nous ne pouvons pas avoir cet émerveillement, nous ne pouvons pas
rencontrer Jésus si nous ne le ren-
Angelus du 26 décembre, fête de la Saint-Etienne
La force du pardon
Chers frères et sœurs, bonjour!
Nous célébrons aujourd’hui la fête
de la Saint-Etienne. Le souvenir du
premier martyr suit immédiatement
la solennité de Noël. Hier, nous
avons contemplé l’amour miséricordieux de Dieu, qui s’est fait chair
pour nous; aujourd’hui nous
voyons la réponse cohérente du disciple de Jésus, qui donne la vie.
Hier le Sauveur est né sur la terre;
aujourd’hui son témoin fidèle naît
au ciel. Hier comme aujourd’hui
apparaissent les ténèbres du refus
de la vie, mais les lumières de
l’amour, qui vainc la haine et inaugure un monde nouveau brillent
encore plus fort .
Il existe un aspect particulier,
dans le récit d’aujourd’hui des Actes des Apôtres, qui rapproche saint
Etienne du Seigneur. C’est son pardon avant de mourir lapidé. Cloué
sur la croix, Jésus avait dit: «Père,
pardonne-leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font» (Lc 23, 34);
de la même manière, Etienne «fléchit les genoux et dit, dans un
grand cri: “Seigneur, ne leur impute
pas ce péché”» (Ac 7, 60). Etienne
est donc un martyr, ce qui signifie témoin, parce qu’il fait comme Jésus;
c’est en effet un témoin véritable
qui se comporte comme Lui: qui
prie, qui aime, qui donne, mais surtout qui pardonne, car le pardon,
comme le dit le mot lui-même, est
l’expression la plus élevée du don.
Mais — pourrions-nous nous demander — à quoi cela sert-il de pardonner? Est-ce seulement une bonSUITE À LA PAGE 5
controns pas chez les autres, dans
l’histoire et dans l’Eglise.
A l’issue de l’Angelus, le Pape a ajouté
les paroles suivantes:
Chers frères et sœurs,
Aujourd’hui aussi, j’ai à cœur
d’adresser une pensée à la Syrie
bien-aimée, en exprimant ma vive
satisfaction pour l’entente qui vient
d’être trouvée par la communauté
internationale. J’encourage tout le
monde à poursuivre avec un élan généreux le chemin vers la fin des violences et une solution négociée qui
conduise à la paix. De même, je
pense à la proche Libye, où le récent
engagement pris entre les parties
pour un gouvernement d’unité nationale invite à l’espérance pour
l’avenir.
Je désire également soutenir l’engagement de collaboration auquel
sont appelés le Costa Rica et le Nicaragua. Je souhaite qu’un esprit renouvelé de fraternité renforce davantage le dialogue et la coopération réciproque, ainsi qu’entre tous les pays
de la région.
Ma pensée va en ce moment vers
les chères populations d’Inde, récemment frappées par une grave
inondation. Prions pour ces frères et
sœurs, qui souffrent à cause de cette
catastrophe, et confions les âmes des
défunts à la miséricorde de Dieu.
Récitons pour tous nos frères d’Inde
un «Je vous salue Marie» à la
Vierge.
Je vous salue tous avec affection,
chers pèlerins provenant de divers
pays pour participer à cette rencontre de prière. Aujourd’hui, le premier
salut est réservé aux enfants de Rome. Mais ces enfants savent faire du
bruit! Ils sont venus pour la traditionnelle bénédiction des «Petits Jésus», organisée par le centre des aumôneries romaines. Chers enfants,
écoutez bien: quand vous prierez devant votre crèche, rappelez-vous aussi de moi, comme moi je me rappelle de vous. Je vous remercie et
joyeux Noël!
Je vous souhaite à tous un bon dimanche et un Noël d’espérance et
plein d’émerveillement, de l’émerveillement que nous donne Jésus,
plein d’amour et de paix. N’oubliez
pas de prier pour moi. Bon déjeuner
et au revoir!
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 53, jeudi 31 décembre 2015
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Angelus du 27 décembre
La famille
levain de la société
Chers frères et sœurs, bonjour!
Comme ces enfants chantent bien.
Bravo! [ndlr: Un chœur d’enfants de
tous âges chante sur la place].
Dans l’atmosphère de joie qui est
propre à Noël, nous célébrons en ce
dimanche la fête de la Sainte Famille. Je repense à la grande rencontre
de Philadelphie, en septembre dernier; aux nombreuses familles rencontrées pendant les voyages apostoliques; et à celles du monde entier.
Je voudrais les saluer toutes avec affection et reconnaissance; en particulier à notre époque, où la famille est
sujette à des incompréhensions et
des difficultés de divers genres qui
l’affaiblissent.
L’Evangile d’aujourd’hui invite les
familles à saisir la lumière d’espérance provenant de la maison de Nazareth, dans laquelle s’est déroulée
dans la joie l’enfance de Jésus, qui —
dit saint Luc — «croissait en sagesse,
en taille et en grâce devant Dieu et
devant les hommes» (2, 52). Le
noyau familial de Jésus, Marie et
Joseph est pour chaque croyant, et
en particulier pour les familles, une
authentique école d’Evangile. Là,
nous admirons l’accomplissement du
dessein divin de faire de la famille
une communauté spéciale de vie et
d’amour. Là, nous apprenons que
chaque noyau familial chrétien est
appelé à être une «église domestique», pour faire resplendir les vertus évangéliques et devenir un ferment de bien dans la société. Les caractéristiques typiques de la Sainte
Famille sont: recueillement en prière,
compréhension et respect réciproques, esprit de sacrifice, travail et solidarité.
De l’exemple et du témoignage de
la Sainte Famille, chaque famille
peut tirer des indications précieuses
pour son style et son choix de vie, et
elle peut y puiser la force et la sagesse pour le chemin de chaque
jour. La Vierge et saint Joseph enseignent à accueillir les enfants comme
un don de Dieu, à les engendrer et
les éduquer en coopérant de manière
merveilleuse à l’œuvre du Créateur
et en donnant au monde, en chaque
enfant, un nouveau sourire. C’est
dans une famille unie que les enfants portent à maturation leur existence, en vivant l’expérience significative et concrète de l’amour gratuit,
de la tendresse, du respect réciproque, de la compréhension mutuelle, du pardon et de la joie.
Je voudrais surtout m’arrêter sur
la joie. La joie véritable dont on fait
l’expérience dans la famille n’est pas
une chose due à un hasard ou fortuite. C’est une joie fruit de l’harmonie profonde entre les personnes, qui
fait goûter la beauté d’être ensemble,
Prière mariale du 26 décembre
SUITE DE LA PAGE 4
ne action ou cela apporte-t-il des
résultats? Nous trouvons une réponse précisément dans le martyre
d’Etienne. Parmi ceux pour qui il
implora le pardon se trouvait un
jeune du nom de Saul; celui-ci persécutait l’Eglise et cherchait à la détruire (cf. Ac 8, 3). Peu après Saul
devint Paul, le grand saint, l’apôtre
des nations. Il avait reçu le pardon
d’Etienne. Nous pouvons dire que
Paul naît de la grâce de Dieu et du
pardon d’Etienne.
Nous aussi, nous naissons du pardon de Dieu. Pas seulement dans le
baptême, mais chaque fois que
nous sommes pardonnés notre
cœur renaît, il est régénéré. Chaque
pas en avant dans la vie de foi porte imprimé au début le signe de la
miséricorde divine. Car ce n’est que
quand nous sommes aimés que
nous pouvons aimer à notre tour.
Rappelons-le, cela nous fera du
bien: si nous voulons avancer dans
la foi, il faut avant tout recevoir le
pardon de Dieu; rencontrer le Père,
qui est prêt à toujours pardonner
pour tout, et qui précisément en
pardonnant guérit le cœur et ravive
l’amour. Nous ne devons jamais
nous lasser de demander le pardon
divin, car ce n’est que quand nous
sommes pardonnés, quand nous
nous sentons pardonnés, que nous
apprenons à pardonner.
Mais pardonner n’est pas une
chose facile, c’est toujours très difficile. Comment pouvons-nous imiter
Jésus? Par où commencer pour excuser les petits ou les grands torts
que nous subissons chaque jour?
Avant tout par la prière, comme l’a
fait Etienne. Il faut commencer précisément par le cœur: nous pouvons affronter par la prière le ressentiment que nous éprouvons, en
confiant celui qui nous a fait du mal
à la miséricorde de Dieu: «Seigneur,
je te demande pour lui, je te demande pour elle». On découvre
ensuite que cette lutte intérieure
pour pardonner purifie du mal et
que la prière et l’amour nous libèrent des chaînes intérieures de la
rancœur. Il est tellement laid de vivre dans la rancœur! Nous avons
chaque jour l’occasion de nous entraîner à pardonner, pour vivre ce
geste si élevé qui rapproche l’homme de Dieu. Comme notre Père céleste, devenons nous aussi miséricordieux, car à travers le pardon,
nous vainquons le mal par le bien,
nous transformons la haine en
amour et nous rendons ainsi le
monde plus propre.
Que la Vierge Marie, à laquelle
nous confions ceux qui — et ils sont
malheureusement très nombreux —
comme saint Etienne subissent des
persécutions au nom de leur foi,
nos
nombreux
martyrs
d’aujourd’hui, oriente notre prière pour
recevoir et donner le pardon. Recevoir et donner le pardon.
A l’issue de l’Angelus, le Saint-Père a
ajouté les paroles suivantes:
Chers frères et sœurs,
Je vous salue tous, pèlerins provenant d’Italie et de divers pays. Je
renouvelle à vous tous le souhait
que la contemplation de l’Enfant
Jésus, entouré de Marie et de Joseph, puisse susciter une attitude de
miséricorde et d’amour réciproque
dans les familles, dans les communautés paroissiales et religieuses,
dans les mouvements et dans les associations, chez tous les fidèles et
les personnes de bonne volonté.
Ces dernières semaines, j’ai reçu
de nombreux messages de vœux de
Rome et d’autres lieux. Il ne m’est
pas possible de répondre à chacun.
C’est pourquoi je vous exprime aujourd’hui, et à tous, mes vifs remerciements, en particulier pour le don
de la prière.
Bonne fête de la Saint-Etienne et
s’il vous plaît, n’oubliez pas de
prier pour moi. Bon déjeuner et au
revoir!
de se soutenir mutuellement sur le
chemin de la vie. Mais à la base de
la joie, il y a toujours la présence de
Dieu, son amour accueillant, miséricordieux et patient envers tous. Si
l’on n’ouvre pas la porte de la famille à la présence de Dieu et à son
amour, la famille perd son harmonie,
les individualismes prévalent, et la
joie s’éteint. En revanche, la famille
qui vit la joie, la joie de la vie, la
joie de la foi, la communique spontanément, elle est le sel de la terre et
la lumière du monde, elle est levain
pour toute la société.
Que Jésus, Marie et Joseph bénissent et protègent toutes les familles
du monde, pour qu’en elles règnent
la sérénité et la joie, la justice et la
paix, que le Christ en naissant a apporté comme don à l’humanité.
A l’issue de l’Angelus, le Saint-Père a
prononcé les paroles suivantes:
Chers frères et sœurs,
Ma pensée va en ce moment aux
nombreux migrants cubains qui se
trouvent en difficulté en Amérique
centrale, dont un grand nombre sont
victimes du trafic d’êtres humains.
J’invite les pays de la région à renouveler avec générosité tous les efforts nécessaires pour trouver une
solution rapide à ce drame humanitaire.
Mon salut chaleureux s’adresse
aujourd’hui aux familles présentes
sur la place, à vous tous! Merci de
votre témoignage. Que le Seigneur
vous accompagne de sa grâce et
vous soutienne sur votre chemin
quotidien.
Je vous salue tous, pèlerins venus
de toutes les parties du monde. En
particulier les enfants du diocèse de
Bergame, qui ont reçu la confirmation. Et je remercie également tous
les jeunes et les enfants qui ont si
bien chanté et qui continueront à le
faire... Un chant de Noël en l’honneur des familles.
Je souhaite à tous un bon dimanche. Je vous remercie encore de vos
vœux et de vos prières: et s’il vous
plaît continuez à prier pour moi.
Bon déjeuner et au revoir!
page 6
L’OSSERVATORE ROMANO
jeudi 31 décembre 2015, numéro 53
sont le plus dans le besoin, car c’est
sur ce rapprochement que nous serons tous jugés. Que le Seigneur aujourd’hui, en ouvrant cette porte,
donne cette grâce à tout Rome, à
chaque habitant de Rome, pour
pouvoir avancer dans cette étreinte
de la miséricorde, où le père prend
son fils blessé, mais c’est le père qui
est blessé: Dieu est blessé d’amour,
et c’est pour cela qu’il est capable de
tous nous sauver. Que le Seigneur
nous donne cette grâce.
Le Pape ouvre la porte sainte de la Caritas à la gare Termini
Ceux qui ont la clé
«Les plus pauvres, les malades, les détenus, les plus grands pécheurs, s’ils se
repentent, nous précèderont au Ciel. Ils possèdent la clé». C’est ce qu’a rappelé le
Pape François lors de l’homélie de la Messe célébrée dans la cantine de la maison
d’accueil de la Caritas de Rome, à la gare Termini où il s’est rendu dans
l’après-midi du vendredi 18 décembre, pour ouvrir la porte sainte de la charité.
Dieu vient nous sauver, et ne trouve
pas de meilleure façon pour le faire
que de marcher avec nous, de mener
la vie que nous menons. Et au moment de choisir la façon de conduire
sa vie, Il ne choisit pas une grande
ville d’un grand empire, il ne choisit
pas une princesse, une comtesse
pour mère, une personne importante, il ne choisit pas un palais
luxueux. Il semble que tout soit fait
presque de façon cachée, intentionnellement. Marie était une jeune fille
de 16 ou 17 ans, pas plus, dans un
village perdu des périphéries de
l’empire romain; et très certainement
personne ne connaissait ce village.
Joseph était un jeune homme qui
l’aimait et voulait l’épouser, un charpentier qui gagnait son pain quotidien. Dans une totale simplicité,
dans le secret. Et aussi la répudiation... — car ils étaient fiancés, et
dans un village si petit, vous savez
comment sont les bavardages, ils circulent —; et Joseph s’est aperçu
qu’elle était enceinte, mais il était
juste. Tout dans le secret, malgré la
calomnie et les bavardages. Et l’Ange explique le mystère à Joseph:
«Cet enfant que ta fiancée porte en
elle est l’œuvre de Dieu, c’est
l’œuvre de l’Esprit Saint». «Une fois
réveillé, Joseph fit comme l’Ange du
Seigneur lui avait prescrit», et il prit
chez lui sa femme (cf. Mt 1, 18-25).
Mais dans le secret, avec la plus
grande humilité. Les grandes villes
du monde ne savaient rien. Et c’est
ainsi que Dieu est parmi nous. Si tu
veux trouver Dieu, cherche-le dans
l’humilité, cherche-le dans la pauvreté, cherche-le là où il est caché: parmi les nécessiteux, parmi les plus indigents, parmi les malades, ceux qui
ont faim, les détenus.
Et Jésus, lorsqu’il nous prêche la
vie, nous dit comment sera notre jugement. Il ne dira pas: toi, viens
avec moi car tu as fait tant de
grands dons à l’Eglise, tu es un
bienfaiteur de l’Eglise, viens, viens
au Ciel. Non. L’entrée au Ciel ne se
paye pas avec de l’argent. Il ne dira
pas: tu es très important, tu as beaucoup étudié et as obtenu de nombreuses distinctions honorifiques,
viens au Ciel. Non. Les distinctions
honorifiques n’ouvrent pas la porte
du Ciel. Que nous dira Jésus pour
nous ouvrir la porte du Ciel? «J’ai
eu faim et vous m’avez donné à
manger, j’étais un étranger et vous
m’avez accueilli, malade et vous
m’avez visité, prisonnier et vous êtes
venus me voir» (cf. Mt 25, 35-36).
Jésus est dans l’humilité.
L’amour de Jésus est grand. Aujourd’hui, en ouvrant cette porte
sainte, je voudrais que l’Esprit Saint
ouvre le cœur de tous les romains, et
leur montre la voie du salut! Ce
n’est pas le luxe, ce n’est pas le chemin des grandes richesses, ce n’est
pas le chemin du pouvoir. C’est le
chemin de l’humilité. Et les plus
pauvres, les malades, les prisonniers
— Jésus dit encore plus — les plus
grands pécheurs, s’ils se repentent,
nous précéderont au Ciel. Ils possèdent la clé. Celui qui fait la charité
est celui qui se laisse embrasser par
la miséricorde du Seigneur.
Nous ouvrons aujourd’hui cette
porte et nous demandons deux choses. Tout d’abord, que le Seigneur
ouvre la porte de notre cœur, à tous.
Nous en avons tous besoin, nous
sommes tous pécheurs, nous avons
tous besoin d’entendre la Parole du
Seigneur et que la Parole du Seigneur vienne à nous. Deuxièmement, que le Seigneur nous fasse
comprendre que le chemin de la présomption, le chemin des richesses, le
chemin de la vanité, le chemin de
l’orgueil, ne sont pas des chemins de
salut. Que le Seigneur nous fasse
comprendre que sa caresse de Père,
sa miséricorde, son pardon, est
quand nous nous approchons de
ceux qui souffrent, des exclus de la
société: c’est là qu’est Jésus. Que
cette porte, qui est la porte de la
charité, la porte où sont assistés de
très nombreux exclus, nous fasse
comprendre qu’il serait bon que chacun d’entre nous, chaque romain,
tous les romains, se sentent mis au
rebut, et ressentent le besoin de l’aide de Dieu. Aujourd’hui, nous
prions pour Rome, pour tous les habitants de Rome, pour tous, à commencer par moi, afin que le Seigneur nous donne la grâce de nous
A l’issue de la Messe, le Saint-Père a
prononcé les paroles suivantes:
sentir exclus; afin que nous n’ayons
aucun mérite: il n’y a que Lui qui
nous donne la miséricorde et la grâce. Et pour nous approcher de cette
grâce, nous devons nous approcher
des exclus, des pauvres, de ceux qui
A un mois de la visite du Pape en Afrique
Messager de paix
«Cela a été une véritable bénédiction pour les Kenyans, non seulement pour les catholiques, mais
aussi pour les personnes de toutes
les religions». C’est ce qu’écrit le
cardinal John Njue, archevêque de
Nairobi, rappelant le voyage du Pape François en Afrique à un mois
de distance. «Dans le sillage de la
visite papale — dit-il — l’Eglise au
Kenya est déterminée à faire en sorte que la flamme d’amour, d’espérance, de sollicitude pour les pauvres et l’environnement porte des
fruits. De fait, la prochaine fois que
le Pape reviendra nous voir — et
nous prions pour que cela arrive au
plus tôt — il trouvera un pays plus
Présentation d’un manuel sur la pauvreté extrême
Un devoir moral
une obligation juridique
La pauvreté n’est pas une fatalité.
Comment trouver les voies pour
sortir de la spirale d’injustice, de
résignation, de complicité et
d’égoïsme qui alimentent la pauvreté? Nous pouvons trouver plusieurs indications dans le manuel
Making human rights work for people living in extreme poverty. A
handbook for implementing the UN
guiding principles on extreme Poverty
and human rights («Faire des
droits humains une réalité pour les
personnes qui vivent dans la pauvreté extrême. Manuel pour l’application des principes directeurs
des Nations unies sur la pauvreté
extrême et les droits de l’homme»), réalisé par le mouvement
Noël est proche, le Seigneur est proche. Et le Seigneur, quand il est né,
était là dans cette mangeoire, personne ne se rendait compte que
c’était Dieu. En ce Noël, je voudrais
que le Seigneur naisse dans le cœur
de chacun de nous, caché... De sorte
que personne ne s’en rende compte,
mais que le Seigneur soit là. Je vous
souhaite cela, ce bonheur de la
proximité du Seigneur. Priez pour
moi et je prierai pour vous. Merci.
international Agir tous pour la dignité ATD quart monde et Franciscans international, avec la collaboration de Caritas Internationalis.
L’ouvrage a été présenté à la salle de presse du Saint-Siège dans la
matinée du jeudi 17 décembre. Sont
intervenus Mgr Bernardo Johannes
Bahlmann, évêque d’Óbidos dans
le nord-est du Brésil, Michel Roy,
secrétaire général de Caritas internationalis, le père Michael A. Perry, ministre général de l’ordre des
frères mineurs; Francesca Restifo,
international advocacy director de
la Franciscans international, et Jean
Tonglet, délégué pour l’Italie et
pour les relations avec le Saint-Siège d’ATD quart monde.
vert, plus vibrant et plus attentif
par rapport à celui qu’il a laissé».
En Ouganda, «comment et combien de temps durera “l’effet François”?» se demande Mgr Giuseppe
Franzelli, évêque de Lira. «Il est
naïf de tenter de répondre», écrit
le prélat. «Ce qui est certain c’est
qu’aujourd’hui encore des milliers
d’Ougandais conservent dans leur
cœur ses paroles et ses gestes. Des
paroles et des gestes qui ont jailli
du cœur, de l’écoute des situations
et des personnes».
En République centrafricaine,
l’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga écrit dans son
message de Noël: «Le Pape François, comme les prophètes, est venu
pour nous aider à préparer la venue du Messie, dont nous célébrons la naissance à Noël. Il est venu comme le “messager de paix”.
Si nous ouvrons notre cœur à la
miséricorde, la paix arrivera ici aussi». Depuis l’arrivée du Pape, en
effet, on n’enregistre pas d’affrontements à Bangui entre les milices
des factions opposées, le climat général a considérablement changé,
l’accès à tous les quartiers est libre
et le traditionnel marché du
«Km5» a également repris vie. En
comparant son pays à la Terre
Sainte au temps de Jésus, l’archevêque explique que malgré tout
«c’est dans ce pays pauvre que le
Saint-Père, comme l’ange aux pasteurs, a choisi d’apporter la bonne
nouvelle de la gloire et de la miséricorde de Dieu. La visite avait été
présentée — ajoute-t-il — comme un
“voyage à haut risque”, avec des
dangers qui auraient pu lui coûter
la vie. Mais, se remettant au Seigneur et assuré de son amour protecteur, le messager de paix, surmontant la peur et le doute, est venu parmi nous».
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 53, jeudi 31 décembre 2015
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Audience aux employés du Vatican
Prenez soin de votre mariage
et de vos enfants
Dans la matinée du lundi 14
décembre, le Pape François a reçu en
audience dans la salle Paul VI les
employés du Vatican et leur famille. A
cette occasion, il leur a adressé le
discours suivant:
Chers frères et sœurs, bienvenue!
Noël, qui est désormais proche, nous
offre la belle opportunité de nous
retrouver et d’échanger nos vœux.
Avant tout chose, je désire vous remercier pour votre travail, pour la peine que vous vous donnez afin de
bien faire les choses, toujours, même
quand il n’y a aucune reconnaissance en retour: bien souvent, l’on fait
bien une chose et cela n’est pas reconnu... Je voudrais remercier de façon particulière ceux d’entre vous
qui, depuis tant d’années, font le
même type de travail, un travail souvent caché, et qui essayent de faire
les choses comme il le faut. Nous savons que cela est normal, cela revient à faire son devoir; mais nous
savons également que pour nous,
êtres humains, ce n’est pas facile,
nous ne sommes pas des machines —
grâce à Dieu! — et parfois, nous
avons besoin d’un encouragement,
ou de changer un peu... Je me félicite que vous ressentiez une juste fierté de faire au mieux les choses normales de chaque jour. Merci! Avançons, dans les différents domaines
professionnels,
en
collaborant
ensemble, avec patience, en essayant
de nous aider mutuellement.
Et en vous remerciant, je veux
aussi vous demander pardon pour les
scandales qu’il y a eu au Vatican.
Mais je voudrais que mon attitude et
la vôtre, particulièrement en ces
jours, soit surtout celle de prier,
prier pour que les personnes impliquées dans ces scandales, pour que
ceux qui ont commis des erreurs se
repentent et puissent retrouver la
bonne voie.
Je veux vous dire une autre chose,
sans doute la plus importante: je
vous encourage à prendre soin de votre mariage et de vos enfants. Prendre
soin, ne pas négliger: jouer avec les
enfants, ses enfants. Le mariage est
comme une plante. Ce n’est pas
comme une armoire, que l’on place
là, dans la chambre, et qu’il suffit de
dépoussiérer de temps à autre. Une
plante est vivante, elle doit être soignée chaque jour: il faut voir comment elle va, l’arroser, et ainsi de
suite. Le mariage est une réalité vivante: la vie de couple ne doit jamais être prise pour une chose acquise, dans aucune des phases du
parcours d’une famille. Rappelons-
Lettres de Créance
de l’ambassadeure du Pérou
Dans la matinée du lundi 7 décembre, le Pape François a reçu en audience S.E. Mme María Elvira Velásquez Rivas-Plata, ambassadeure
du Pérou à l’occasion de la présentation de ses Lettres de Créance.
Née le 5 mai 1956 à Lima, elle est
célibataire. Elle est diplômée en relations internationales (Académie
diplomatique du Pérou, 1982) et a
obtenu un master en sciences
(London School of Economics,
1993). Elle a en outre obtenu le
certificat d’études diplomatiques
d’Oxford University — Foreign
Service Programme (1987).
Entrée dans le service diplomatique en 1985, elle a occupé les
fonctions suivantes: troisième secrétaire au ministère des affaires étrangères (MAE) (1985); troisième, puis
deuxième secrétaire d’ambassade
en Grande-Bretagne et représentant
permanent en alternance auprès de
l’Organisation maritime internationale (1989-1997); conseiller d’am-
bassade et successivement ministre
conseiller aux Etats-Unis (19972002); ministre conseiller en Autriche et représentant permanent auprès des organisations internationales à Vienne (2006-2009); consul
général à Loja, Equateur (20092012). Durant son service au MAE,
elle a également été directrice des
affaire maritimes, antartique et directeur général des Traités. Depuis
2013, elle prête service au MAE avec
le rang d’ambassadeure.
nous que le don le plus précieux
pour les enfants ne sont pas les objets, mais l’amour des parents. Et je
n’entends pas seulement l’amour des
parents envers leurs enfants, mais
précisément l’amour des parents entre eux, à savoir la relation conjugale.
Cela vous fait tant de bien à vous,
mais aussi à vos enfants! Ne négligez pas la famille!
Ainsi, avant toute chose, cultiver
la «plante» du mariage, que vous
êtes vous, les époux, et dans le même temps soigner la relation avec
vos enfants, là aussi, en misant davantage sur la relation humaine que
sur les objets. Parler avec les enfants,
les écouter, leur demander ce qu’ils
pensent. Ce dialogue entre les parents et les enfants fait tant de bien!
Il fait grandir les enfants en maturité. Orientons-nous vers la miséricorde, dans les relations quotidiennes,
entre mari et femme, entre parents et
enfants, entre frères et sœurs; et prenons soin des grands-parents: les
grands-parents sont si importants au
sein de la famille. Les grandsparents détiennent la mémoire, ils
ont la sagesse. Ne pas laisser les
grands-parents à l’écart! Ils sont très
importants. Une jeune femme me
disait qu’elle a un enfant de 7 ans, et
sa grand-mère de quatre-vingt-dix
ans vit avec elle: cette dernière ne va
pas très bien et on lui a conseillé de
la placer dans une maison de retraite. Et cette femme sage, qui n’a pas
étudié à l’université, a répondu à
ceux qui lui conseillait de placer sa
grand-mère en maison de retraite:
«Non! Je veux que mon fils grandisse à côté de sa grand-mère!». Elle
savait le bien que les grands-parents
font à leurs petits-enfants. Préserver
la paix dans la famille: l’on se dispute dans la famille, nous le savons
tous. Mais lorsque dans un mariage
on ne se dispute pas, cela semble
anormal. L’important est que l’on ne
termine pas la journée sans faire la
paix. Des frères qui ne se disputent
pas? Mais, toujours! Mais il faut faire la paix. Et vous, parents, quand
vos enfants se sont disputés, avant
d’aller se coucher, dites-leur: «Faites
la paix, donnez-vous la main, embrassez-vous». Il faut apprendre cette sagesse de faire la paix. Avez-vous
fait la guerre durant la journée? Cette guerre est-elle encore chaude? Ne
la laissez pas devenir froide: car la
«guerre froide» du jour d’après est
plus dangereuse que la «guerre
chaude». Avez-vous compris? Faire
la paix le soir, toujours!
Le jubilé doit être vécu aussi dans
l’église domestique, pas uniquement
dans les grands événements! Au contraire, le Seigneur aime ceux qui
pratiquent la miséricorde dans les
circonstances ordinaires. C’est cela
que je veux vous souhaiter: de faire
l’expérience de la joie de la miséricorde, en commençant par votre famille.
Merci de votre travail, pardon
pour les scandales et continuez.
Continuez dans cette communauté
et transmettez mes salutations et mes
vœux à vos proches, aux personnes
âgées et aux malades. Et continuez,
s’il vous plaît, à prier pour moi.
Merci encore et bon Noël!
Lettres de Créance
de l’ambassadeur
de Hongrie
Dans la matinée du lundi 7 décembre, le Pape François a reçu
en audience S.E. M. Eduard
Habsburg-Lothringen, ambassadeur de Hongrie, à l’occasion de
la présentation de ses Lettres de
Créance.
Né à Munich, en Allemagne, le
12 janvier 1967, il est marié et a six
enfants. Il est titulaire d’une maîtrise de philosophie (université catholique d’Eichstätt, 1988-1995). Il
a successivement obtenu un master et un doctorat dans la même
matière (université St Thomas and
Albert the Great). Il a occupé, entre autres, les fonctions suivantes:
producteur de dessins animés
(Trickompany
Hamburg/Köln,
1996-2001), scénariste pour la télévision ZDF/ORF (2002); porte-parole de Mgr Klaus Küng, évêque
de Sankt Pölten (2009-2014); acteur/écrivain Wo Grafen schlafen
(Servus TV, Autriche, 2012-2014);
responsable des communications
pour la famille Habsburg (2014);
acteur/écrivain (2012-2014).
L’OSSERVATORE ROMANO
page 8
Rencontre avec les jeunes de l’Action catholique italienne
Deux amis
et un bonbon
L’invitation à «partager le nécessaire
avec les autres enfants qui en sont
privés» a été adressée par le Pape
François aux enfants de l’Action
catholique italienne qui ont participé à
la traditionnelle audience pour
l’échange des vœux de Noël, qui s’est
déroulée dans la matinée du jeudi 17
décembre, jour du 79e anniversaire du
Saint-Père, dans la salle du
Consistoire.
Chers enfants,
Il est toujours beau pour moi de
vous rencontrer à l’approche de
Noël pour échanger nos vœux. Merci pour le gâteau! Je vous souhaite
affectueusement la bienvenue et, à
travers vous, je désire adresser mes
salutations et mes vœux de Noël et
de Nouvel An à tous ceux qui font
partie de l’Action catholique des enfants ou, comme vous préférez l’appeler, l’ACR (Azione cattolica ragazzi).
Il y a beaucoup d’enfants et de
jeunes qui, grâce à votre association,
ont la possibilité de connaître Jésus
de plus près et sont aidés à vivre
l’Evangile en famille, à l’école, à la
paroisse, au sport… En participant à
l’ACR, ils se sentent plus impliqués
dans l’Eglise, ils sentent que Jésus
n’est pas loin, mais qu’il est proche,
au milieu de nous, et cela procure
beaucoup de joie! Et ainsi, vous participez mieux au catéchisme et à la
Messe, vous apprenez à lire et à suivre l’Evangile et, petit à petit, vous
devenez vous aussi missionnaires,
c’est-à-dire capables d’amener Jésus
aux autres.
Je sais que cette année la devise
de votre chemin de formation est:
«En voyageant vers toi». C’est très
beau! C’est vrai: nous sommes tous
en voyage vers le Seigneur, mais
beaucoup n’y pensent pas! En revanche, vous voulez vivre pleinement ce «voyage». Mais que signifie
«voyager vers le Seigneur»? Cela signifie emprunter le chemin du bien,
et non celui du mal; le chemin du
pardon, et non celui de la vengeance; le chemin de la paix, et non celui
de la guerre; le chemin de la solidarité, et non celui de l’égoïsme.
A ce propos, l’initiative de charité
que vous accomplirez en faveur des
migrants, avec l’aide de Dieu, dans
le diocèse d’Agrigente, est très bonne. Que le Seigneur bénisse ce projet, qui aidera cette communauté engagée de manière exemplaire dans
l’accueil de tous ces frères et sœurs
qui arrivent, chargés d’espérance
mais aussi de tant de blessures et de
tant de besoins, en quête de paix et
de pain. Hier lors de l’Audience, des
parents m’ont présenté un enfant de
couleur, un enfant qui devait avoir
cinq mois, et ils m’ont dit: «Il est né
sur un bateau au large de la Sicile…». Beaucoup, beaucoup… Beaucoup d’enfants réussissent à arriver,
d’autres non. Et tout ce que vous ferez pour ces personnes est bon, merci de le faire. Vous pouvez apporter
une contribution spéciale à cette initiative, avec votre enthousiasme et
votre prière, que je vous conseille
jeudi 31 décembre 2015, numéro 53
d’accompagner de quelques renoncements, pour
partager le nécessaire
avec d’autres enfants qui
en sont privés. A propos
de renoncement, je voudrais vous poser une
question, mais répondez,
vous les enfants, pas les
grands. Si vous avez
deux bonbons et que tu
as à côté de toi ton
ami(e) qui n’en a pas,
que fais-tu? Que faitesvous? [Un enfant répond: «Je lui en donne
un] Vous lui en donner
un. Et si vous avez un
bonbon et lui rien, que
faites-vous? [Un enfant
répond: «moitié-moitié»]
La moitié! Très bien!
Avance de cette façon!
Je vois que vous êtes
accompagnés par les responsables,
les «grands» de l’Action catholique
italienne. Je les salue cordialement et
je les remercie pour l’engagement
avec lequel ils se consacrent à votre
éducation chrétienne.
Je vous souhaite à tous, de tout
cœur, un joyeux et saint Noël.
J’étends ces vœux à vos familles et à
toute l’Action catholique, dans tous
les diocèses d’Italie. Que le Seigneur
vous bénisse et que la Vierge Marie
vous protège. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Maintenant, tous ensemble, prions la Vierge
Marie. [Je vous salue Marie…]
Paroles aux fidèles allemands et de Trente pour le don de l’arbre et de la crèche
Simplicité, pauvreté, humilité
Devant la crèche, on peut contempler «la tendresse de Dieu» et «la miséricorde
divine qui s’est faite chair humaine». C’est ce qu’a dit le Pape François en
s’adressant, dans la matinée du vendredi 18 décembre, aux délégations venues de
Bavière et de Trente pour les dons de l’arbre de Noël et de la crèche, qui ont été
inaugurés sur la place Saint-Pierre dans l’après-midi du même jour.
Chers frères et sœurs, bonjour!
Je vous souhaite une cordiale bienvenue et je vous remercie pour les
dons que vous avez préparés. Ils
sont très beaux; et il est réjouissant
de penser que vous ne le présentez
pas seulement au Pape et aux pèlerins qui pourront les admirer, mais
surtout au Seigneur Jésus: car c’est
Lui qui est fêté!
Je remercie pour leurs aimables
intentions, pour leur aide et pour
leurs projets, Mgr Voderholzer et
Mgr Bressan, Mme Merk, M. Falk
et M. Thun. Et je vous salue tous:
les autorités des communes bavaroises de Hirschau, Schnaittenbach et
Freudenberg, qui ont donné l’arbre
de Noël; les représentants de la province de Trente, qui avec l’archidiocèse ont installé la crèche. Je voudrais également remercier les petits
«artistes» qui ont décoré l’arbre et
les féliciter: vous êtes encore très
jeunes, mais vous exposez déjà vos
œuvres sur la place Sainte-Pierre! Et
cela est beau. Courage, allez de
l’avant! Michel-Ange a commencé
ainsi!
Les décorations que, grâce à
l’œuvre de la «Fondazione Lene
Thun» vous avez installées, représentent vos rêves. Ces désirs que
vous portez dans votre cœur sont à
présent à l’endroit le plus adapté,
car ils sont proches de l’Enfant de
Bethléem: ils sont confiés à Lui, qui
est venu pour «habiter parmi nous»
(Jn 1, 14). En effet, Jésus n’est pas
simplement apparu sur terre, il ne
nous a pas consacré un peu de son
temps, mais il est venu partager notre vie, accueillir nos désirs. Car il a
voulu, et veut toujours, vivre ici,
avec nous et pour nous. Notre monde, qui a Noël est devenu son monde, lui tient à cœur. La crèche nous
rappelle cela: Dieu, avec sa grande
miséricorde, est descendu vers nous
pour demeurer de manière stable
avec nous.
La crèche nous dit en outre qu’Il
ne s’impose jamais par la force. Rappelez-vous bien cela, vous les enfants et les jeunes: le Seigneur ne
s’impose jamais par la force. Pour
nous sauver, il n’a pas changé l’histoire en accomplissant un miracle
grandiose. Il est en revanche venu
en toute simplicité, humilité, douceur. Dieu n’aime pas les imposantes
révolutions des puissants de l’histoire, et il n’utilise pas une baguette
magique pour changer les situations.
Il se fait en revanche petit, il se fait
enfant, pour nous attirer avec
amour, pour toucher nos cœurs de
son humble bonté; pour ébranler,
par sa pauvreté, ceux qui s’acharnent
à accumuler les faux trésors de ce
monde.
Ces intentions étaient également
celles de saint François, quand il in-
venta la crèche. Il désirait — nous
disent les Sources franciscaines — «faire mémoire de cet enfant qui est né
à Bethléem», pour pouvoir «d’une
certaine manière entrevoir avec les
yeux du corps les difficultés face
auxquelles il s’est trouvé, en raison
du manque des choses nécessaires à
un nouveau-né». Dans cette scène,
en effet, «on honore la simplicité, on
exalte la pauvreté, on loue l’humilité» (468-469). Je vous invite donc à
vous arrêter devant la crèche, car là
la tendresse de Dieu nous parle. Là,
on contemple la miséricorde divine,
qui s’est faite chair humaine et qui
peut attendrir nos regards.
Mais, surtout, elle désire émouvoir
nos cœurs. Il est beau que soit présente dans cette crèche une figure
qui saisit immédiatement le mystère
de Noël. C’est ce personnage qui accomplit une œuvre de bien, en s’inclinant pour venir en aide à une personne âgée. Non seulement il regarde Dieu, mais il l’imite aussi, car,
comme Dieu, il se penche avec miséricorde sur celui qui en a besoin.
Que vos dons, qui ce soir seront illuminés, puissent attirer de nombreux regards et en particulier raviver dans la vie la véritable lumière
de Noël. Je vous remercie! Et, s’il
vous plaît, n’oubliez pas de prier
pour moi. Merci.
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 53, jeudi 31 décembre 2015
page 9
Audience générale du 30 décembre
Sauvés par un enfant
Frères et sœurs, bonjour!
En ces jours de Noël, l’Enfant-Jésus
est placé devant nous. Je suis certain
que dans nos maisons, encore de
nombreuses familles ont fait la crèche, en suivant cette belle tradition
qui remonte à saint François d’Assise et qui garde vivant dans nos
cœurs le mystère de Dieu qui se fait
homme.
La dévotion à l’Enfant-Jésus est
très répandue. De nombreux saints
et saintes l’ont cultivée dans leur
prière quotidienne, et ont désiré modeler leur vie sur celle de l’EnfantJésus. Je pense en particulier à
Sainte-Thérèse de Lisieux, qui en
tant que moniale carmélite a porté le
nom de Thérèse de l’Enfant-Jésus et
de la Sainte-Face. Elle — qui est également docteur de l’Eglise — a su vivre et témoigner cette «enfance spirituelle» que l’on assimile précisément en méditant, à l’école de la
Vierge Marie, l’humilité de Dieu qui
s’est fait petit pour nous. Et cela est
un grand mystère, Dieu est humble!
Nous qui sommes orgueilleux, pleins
de vanité et croyons être une grande
chose, nous ne sommes rien! Lui, le
grand, est humble et se fait enfant.
Cela est un véritable mystère! Dieu
est humble. Cela est beau!
Il y a eu un temps où, dans la
Personne divino-humaine du Christ,
Dieu a été un enfant, et cela doit
avoir une signification particulière
pour notre foi. Il est vrai que sa
mort sur la croix et sa résurrection
sont la plus haute expression de son
amour rédempteur, mais n’oublions
pas que toute sa vie terrestre est révélation et enseignement. Pendant la
période de Noël nous rappelons son
enfance. Pour grandir dans la foi,
nous aurions besoin de contempler
plus souvent Jésus enfant. Il est vrai
que nous ne connaissons rien de cet-
te période. Les rares indications que
nous possédons font référence à
l’imposition du nom huit jours après
sa naissance et à la présentation au
Temple (cf. Lc 2, 21-28); et en outre
à la visite des Mages et à la fuite en
Egypte qui suivit (cf. Mt 2, 1-23).
On fait ensuite un grand saut jusqu’à ses douze ans, quand avec Marie et Joseph il se rend en pèlerinage
à Jérusalem pour la Pâque, et au
lieu de revenir avec ses parents il
s’arrête dans le Temple pour parler
avec les docteurs de la loi.
Comme on le voit, nous connaissons peu de choses à propos de Jésus enfant, mais nous pouvons beaucoup apprendre de Lui si nous regardons la vie des enfants. C’est une
belle habitude que les parents, que
les grands-parents ont, celle de regarder les enfants, ce qu’ils font.
Nous découvrons tout d’abord
que les enfants veulent notre attention. Ils doivent être au centre de
l’attention, pourquoi? Parce qu’ils
sont orgueilleux? Non! Parce qu’ils
ont besoin de se sentir protégés. Il
est également nécessaire pour nous
de placer Jésus au centre de notre
vie et de savoir, même si cela peut
sembler paradoxal, que nous avons
la responsabilité de le protéger. Il
veut être dans nos bras, il désire que
l’on s’occupe de lui et pouvoir fixer
son regard dans le nôtre. Et plus encore, faire sourire Jésus enfant pour
lui démontrer notre amour et notre
joie, parce qu’Il est parmi nous. Son
sourire est signe de l’amour qui nous
donne la certitude d’être aimés.
Ensuite, les enfants aiment jouer.
Mais faire jouer un enfant signifie
abandonner notre logique pour entrer dans la sienne. Si nous voulons
qu’il s’amuse, il est nécessaire de
comprendre ce qui lui plaît, de ne
pas être égoïstes et ne pas lui faire
Massacre de chrétiens
aux Philippines
Des miliciens jihadistes issus des
Combattants pour la liberté Bangsamoro — groupe considéré proche
du pseudo Etat islamique (EI) —
ont attaqué et tué dix personnes
entre la veille et le jour de Noël.
D’après les éléments fournis par les
autorités locales, un groupe de 200
miliciens a lancé huit attaques contre des objectifs chrétiens. La réaction des militaires, en alerte pour
les festivités de Noël, a été immédiate, et cinq terroristes ont été
tués dans les combats.
Le Pape François a exprimé sa
profonde douleur pour les victimes
de violences si atroces dans un télégramme signé par son secrétaire
d’Etat, le cardinal Pietro Parolin,
envoyé à Mgr Giuseppe Pinto,
nonce apostolique aux Philippines.
Se disant «profondément attristé»
en apprenant «le massacre insensé
de personnes innocentes sur l’île de
Mindanao», le Souverain Pontife
«adresse ses condoléances aux familles des victimes des attentats»,
peut-on lire dans le message. Le
Pape — poursuit le texte — «prie
afin que la protection et la sécurité
soient rétablies pour tous dans la
région», de façon à ce que «le dialogue, la tolérance et la paix fassent que chacun puisse vivre libéré
de la peur». François «demande à
tous les croyants de rejeter la violence au nom de Dieu qui est
amour» et invoque «l’abondance
de dons de réconfort, de miséricorde et de force pour ceux qui ont
été frappés par la tragédie» des attaques.
Appel suite aux catastrophes naturelles
A l’issue de l’Audience générale du 30 décembre, le Pape a lancé un appel suite
aux graves catastrophes qui ont lieu dans le monde:
J’invite à prier pour les victimes des catastrophes qui, ces jours derniers,
ont frappé les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Amérique du Sud, en
particulier le Paraguay, causant des victimes, de nombreuses personnes
déplacées et des dégâts importants. Que le Seigneur apporte son réconfort à ces populations, et que la solidarité fraternelle les secoure dans
leurs nécessités.
faire les choses qui nous plaisent.
C’est un enseignement pour nous.
Face à Jésus, nous sommes appelés à
abandonner notre prétention d’autonomie — et tel est le noyau du problème: notre prétention d’autonomie
—, pour accueillir en revanche la véritable forme de liberté, qui consiste
à connaître celui que nous avons devant nous et à le servir. Lui, enfant,
est le Fils de Dieu qui vient nous
sauver. Il est venu parmi nous pour
nous montrer le visage du Père riche
d’amour et de miséricorde. Serrons
donc entre nos bras l’Enfant-Jésus,
mettons-nous à son service: Il est
source d’amour et de sérénité. Et ce
sera une belle chose, aujourd’hui,
quand nous rentrerons à la maison,
d’aller près de la crèche et d’embrasser l’Enfant-Jésus et dire: «Jésus, je
veux être humble comme toi, humble comme Dieu», et lui demander
cette grâce.
Parmi les pèlerins qui assistaient à
l’Audience générale du 30 décembre, se
trouvaient les groupes francophones
suivants:
De France: Paroisse de Pacy-surEure; paroisse Sainte-Suzanne, de
l'Ile de la Réunion; paroisse NotreDame de l'Assomption, de Passy;
groupe Spes, de Méry-sur-Marne;
association Louis Carlesimo, de Paray-Vieil-le-Poste.
Du Liban: Paroisse Saint-JeanBaptiste, de Mijdlaya.
Frères et sœurs, en ce temps de
Noël, nous nous retrouvons devant
la crèche. La dévotion à l’Enfant-
Jésus est très répandue. Je pense en
particulier à sainte Thérèse de Lisieux qui a voulu porter le nom de
Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la
Sainte-Face. Elle a su vivre et témoigner de l’enfance spirituelle qui s’assimile en méditant, à l’école de la
Vierge Marie, l’humilité de Dieu
qui, pour nous, s’est fait petit. Que
Dieu se soit fait petit enfant doit
avoir un sens particulier pour notre
foi. Il est vrai que nous connaissons
peu de choses sur l’enfance de Jésus.
Mais nous pouvons apprendre beaucoup de Jésus enfant si nous regardons la vie des enfants. Nous découvrons d’abord que les enfants veulent notre attention. Ils doivent être
au centre parce qu’ils ont besoin de
se sentir protégés. Il est donc nécessaire de mettre Jésus au centre de
notre vie et de savoir, même si cela
peut sembler paradoxal, que nous
avons la responsabilité de le protéger. Il veut être entre nos bras et
pouvoir fixer son regard dans le nôtre. Prenons l’Enfant-Jésus entre nos
bras et mettons-nous à son service,
pour lui montrer notre amour et notre joie. Il est venu parmi nous pour
nous montrer le visage du Père riche
d’amour et de miséricorde.
Je suis heureux d’accueillir les
personnes de langue française, en
particulier les enfants malades et les
personnes qui leur sont proches
ainsi que les autres pèlerins venus de
France. Je souhaite qu’en ce temps
de Noël, chacun de vous puisse se
mettre au service des plus petits et
découvrir en eux le visage de Jésus,
source d’amour et de sérénité. Que
Dieu vous bénisse!
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 53, jeudi 31 décembre 2015
pages 10/11
Audience à la Curie romaine à l’occasion des vœux de Noël
Catalogue des vertus nécessaires
«Un catalogue des vertus nécessaires pour
qui prête service à la Curie et pour tous
ceux qui veulent rendre féconde leur
consécration ou leur service à l’Eglise»:
c’est ce qu’a proposé le Pape François en
rencontrant dans la salle Clémentine, dans
la matinée du lundi 21 décembre, les
membres de la Curie romaine à l’occasion
de la traditionnelle rencontre pour
l’échange des vœux de Noël.
Chers frères et sœurs,
Veuillez m’excuser de ne pas parler
debout, mais depuis quelques jours, je
suis grippé et je ne me sens pas très
fort. Avec votre permission, je vous
parlerai assis.
Je suis heureux de vous adresser mes
vœux les plus cordiaux de saint Noël et
d’heureuse nouvelle année, que j’étends
à tous les collaborateurs, aux représentants pontificaux et particulièrement à
ceux qui, au cours de l’année passée,
ont terminé leur service pour avoir atteint la limite d’âge. Nous nous souvenons aussi des personnes qui ont été
rappelées à Dieu. Ma pensée et ma
gratitude vont à vous tous et à vos proches.
Lors de ma première rencontre avec
vous, en 2013, j’ai voulu souligner deux
aspects importants et inséparables du
travail curial: le professionnalisme et le
service, indiquant la figure de saint Joseph comme modèle à imiter. Par contre, l’an passé, pour nous préparer au
sacrement de la réconciliation, nous
avons affronté quelques tentations et
«maladies» — le «catalogue des maladies curiales»; aujourd’hui je devrais au
contraire parler des «antibiotiques curiaux» — qui pourraient frapper chaque
chrétien, curie, communauté, congrégation, paroisse et mouvement ecclésial.
Maladies qui demandent prévention,
vigilance, soin et, malheureusement
dans certains cas, interventions douloureuses et prolongées.
Certaines de ces maladies se sont
manifestées au cours de cette année,
causant beaucoup de douleur à tout le
corps et blessant beaucoup d’âmes,
avec le scandale également.
Il semble juste d’affirmer que cela a
été — et le sera toujours — l’objet d’une
sincère réflexion et de mesures déterminantes. La réforme ira de l’avant avec
détermination, lucidité et résolution,
parce que Ecclesia semper reformanda.
Toutefois, les maladies et même les
scandales ne pourront pas cacher l’efficacité des services que la Curie romaine
avec effort, avec responsabilité, avec engagement et dévouement, rend au Pape
et à toute l’Eglise, et cela est une vraie
consolation. Saint Ignace enseignait
que «c’est le propre du mauvais esprit
de tourmenter, de causer de la tristesse,
d’élever des obstacles, de troubler par
de fausses raisons, afin d’empêcher de
progresser; au contraire, c’est le propre
du bon esprit de donner courage et forces, donner consolations et larmes, inspirations et sérénité, diminuant et écartant toute difficulté, afin d’avancer sur
le chemin du bien»1.
Ce serait une grande injustice de ne
pas exprimer une vive gratitude et un
juste encouragement à toutes les personnes saines et honnêtes qui travaillent avec dévouement, dévotion, fidélité
et professionnalisme, offrant à l’Eglise
et au Successeur de Pierre le réconfort
de leur solidarité et de leur obéissance
ainsi que de leurs prières généreuses.
Le devoir de l’exemplarité
GIOVANNI MARIA VIAN
Dans le discours de Noël du Pape François à la Curie ne
pouvait manquer le rappel au discours fondateur de
Paul VI en 1963. Adressé à ses collaborateurs le 21 septembre, exactement trois ans après l’élection et à la veille de la
reprise du Concile suspendu à la mort de Jean XXIII, le
texte très pondéré de Giovanni Montini sur le devoir de
l’exemplarité a certainement soutenu la réflexion de son
successeur qui, de toute évidence, a longuement médité
pour préparer son intervention complexe, reliée de façon
explicite à celles des années précédentes.
Et comme les discours précédents, ce catalogue de vertus
que chaque membre de la Curie doit se proposer d’avoir,
peut également être appliqué, comme l’a dit le Pape Bergoglio, à «chaque chrétien, curie, communauté, congrégation,
paroisse et mouvement ecclésial». Douze couples de vertus,
dont les initiales en italien forment le terme «misericordia»
et que le Pape a présentées comme «antibiotiques» pour
les maladies spirituelles: le caractère missionnaire et pastoral, l’aptitude et la sagacité, la spiritualité et l’humanité,
l’exemplarité et la fidélité, la rationalité et l’amabilité, l’innocuité et la détermination, la charité et la vérité, l’honnêteté et la maturité, la déférence et l’humilité, l’«abondancité» et l’attention, l’impavidité et la promptitude, la fiabilité
et la sobriété.
Des antidotes, donc, dont il y a un besoin évident, au
point que lors de la rencontre successive avec les employés
du Vatican, le Pape a demandé pardon pour les scandales
provoqués par les événements, véritablement pénibles, des
derniers temps. En assurant dans le même temps que ce
qui est arrivé a constitué et constituera «un objet de sincère
réflexion et de mesures décisives. La réforme ira de l’avant
avec détermination, lucidité et résolution, parce que Ecclesia
semper reformanda».
Ce n’est pas un hasard si, à l’heure du Concile, Paul VI
adressa aux membres de la Curie des paroles qu’il vaut la
peine de rappeler également aujourd’hui: «De tout côté on
regarde vers la Rome catholique, le pontificat romain, la
curie romaine. Le devoir d’être authentiquement chrétiens
est ici suprêmement exigeant. Nous ne vous rappellerions
pas ce devoir, si nous ne nous le rappelions pas à nous-mêmes chaque jour. A Rome, tout fait école: la lettre et l’esprit. La manière dont on pense, on étudie, on parle, on
sent, on agit, on souffre, on prie, on sert, on aime; chaque
moment, chaque aspect de notre vie possède autour de
nous un rayonnement, qui peut être bénéfique, s’il est fidèle à ce que le Christ veut de nous; maléfique s’il est infidèle».
C’est en effet sous cette même lumière que doit être lu le
discours du Pape: François a ainsi répété, avec son prédécesseur, la gratitude et l’appréciation pour «l’efficacité des
services que la Curie romaine, avec difficulté, avec responsabilité, avec engagement et dévouement, rend au Pape et à
toute l’Eglise», en ajoutant dans le sillage de la spiritualité
ignatienne que cela est un «véritable réconfort», qui soutient la volonté d’«aller de l’avant sur la voie du bien».
Avec la conscience chrétienne du caractère limité de chaque
effort personnel, que le Souverain Pontife a exprimé en citant une prière que répétait une grande figure du catholicisme américain, le cardinal John Francis Dearden.
De plus, les résistances, les fatigues
et les chutes des personnes et des ministres sont aussi des leçons et des occasions de croissance, et jamais de découragement. Ce sont des opportunités
pour revenir à l’essentiel qui consiste à
faire le point avec la conscience que
nous avons de nous-mêmes, de Dieu,
de notre prochain, du sensus Ecclesiae et
du sensus fidei.
C’est de ce retour à l’essentiel que je
voudrais vous parler aujourd’hui alors
que nous sommes au début du pèlerinage de l’année sainte de la miséricorde, ouverte par l’Eglise il y a peu de
temps, et qui représente pour elle et
pour nous tous un fort appel à la gratitude, à la conversion, au renouveau, à la
pénitence et à la réconciliation.
En réalité, Noël est la fête de la miséricorde infinie de Dieu. Saint Augustin d’Hippone a dit: «Quelle miséricorde saurait l’emporter pour des malheureux sur celle qui a fait descendre du
ciel le Créateur du ciel, qui a revêtu
d’un corps de terre le Fondateur de la
terre, égalé à nous dans notre nature
mortelle Celui qui demeure l’égal de
son Père dans son éternelle nature,
donné une nature d’esclave au Maître
du monde, condamné le Pain même à
avoir faim, la Plénitude à avoir soif, réduit la Puissance à la faiblesse, la Santé
à la souffrance, la Vie à la mort; et cela
pour apaiser en nous la faim, étancher
la soif, soulager nos souffrances, éteindre l’iniquité, enflammer la charité?»2.
Donc, dans le contexte de cette année de la miséricorde et de la préparation à Noël désormais à nos portes, je
voudrais vous présenter une aide pratique pour pouvoir vivre fructueusement ce temps de grâce. Il s’agit d’un
«catalogue des vertus nécessaires» nonexhaustif, pour qui prête service à la
Curie et pour tous ceux qui veulent
rendre féconde leur consécration ou
leur service à l’Eglise.
J’invite les chefs de dicastères et les
supérieurs à l’approfondir, à l’enrichir
et à le compléter. C’est une liste qui
part d’une analyse acrostiche (ndlr:
l’analyse acrostiche a été effectuée sur
le terme miséricorde en italien, mais ne
peut être appliquée au français) de la
parole «Miséricorde» — le père Ricci,
en Chine, faisait cela — afin qu’elle soit
notre guide et notre phare:
1. Le caractère missionnaire et pastoral. Le
caractère missionnaire est ce qui rend,
et montre la curie fructueuse et féconde; elle est la preuve de la vigueur, de
l’efficacité et de l’authenticité de notre
action. La foi est un don, mais la mesure de notre foi se prouve aussi par la
capacité que nous avons de la communiquer3. Chaque baptisé est missionnaire de la Bonne Nouvelle avant tout par
sa vie, par son travail et par son témoignage joyeux et convaincu. Le caractère
pastoral sain est une vertu indispensable spécialement pour chaque prêtre.
C’est l’engagement quotidien à suivre
le Bon Pasteur qui prend soin de ses
brebis et donne sa vie pour sauver la
vie des autres. C’est la mesure de notre
activité curiale et sacerdotale. Sans ces
deux ailes, nous ne pourrons jamais voler ni atteindre la béatitude du serviteur
fidèle (cf. Mt 25, 14-30).
2. Aptitude et sagacité. L’aptitude demande l’effort personnel d’acquérir les
qualités nécessaires et requises pour
exercer au mieux ses propres tâches et
activités, avec l’intelligence et l’intuition. Elle s’oppose aux recommandations et aux faveurs. La sagacité est la
rapidité d’esprit à comprendre et à affronter les situations avec sagesse et
créativité. Aptitude et sagacité représentent aussi la réponse humaine à la grâce divine, quand chacun de nous suit
ce célèbre dicton: «Tout faire comme si
Dieu n’existait pas et, ensuite, laisser
tout à Dieu comme si je n’existais
pas». C’est le comportement du disciple qui s’adresse au Seigneur tous les
jours avec ces paroles de la très belle
Prière universelle attribuée au Pape
Clément XI: «Guide-moi par ta sagesse,
soutiens-moi par ta justice, encouragemoi par ta bonté, protège-moi par ta
puissance. Je t’offre, ô Seigneur: mes
pensées, pour qu’elles soient dirigées
vers toi; mes paroles, pour qu’elles
soient de toi; mes actions, pour qu’elles
soient selon toi; mes tribulations, pour
qu’elles soient pour toi» 4.
3. Spiritualité et humanité. La spiritualité
est la colonne vertébrale de tout service
dans l’Eglise et dans la vie chrétienne.
Elle est ce qui nourrit toute notre conduite, la soutient et la protège de la fragilité humaine et des tentations quotidiennes. L’humanité est ce qui incarne
la véridicité de notre foi. Celui qui renonce à son humanité renonce à tout.
L’humanité est ce qui nous rend différents des machines et des robots qui
n’entendent pas et ne s’émeuvent pas.
Quand il nous est difficile de pleurer
sincèrement ou de rire passionnément
— ce sont deux signes — alors notre déclin a commencé ainsi que notre processus de transformation d’«hommes»
en autre chose. L’humanité, c’est savoir
montrer tendresse et familiarité, courtoisie envers tous (cf. Ph 4, 5). Spiritualité et humanité, tout en étant des
qualités innées, sont toutefois des potentialités à réaliser entièrement, à atteindre continuellement et à manifester
quotidiennement.
4. Exemplarité et fidélité. Le bienheureux
Paul VI a rappelé à la Curie — en 1963
— «sa vocation à l’exemplarité»5.
Exemplarité pour éviter les scandales
qui blessent les âmes et menacent la
crédibilité de notre témoignage. Fidélité à notre consécration, à notre voca-
tion, rappelant toujours les paroles du
Christ: «Qui est fidèle en très peu de
chose est fidèle aussi en beaucoup, et
qui est malhonnête en très peu est malhonnête aussi en beaucoup» (Lc 16,
10). Et «mais si quelqu’un doit scandaliser l’un de ces petits qui croient en
moi, il serait préférable pour lui de se
voir suspendre autour du cou une de
ces meules que tournent les ânes et
d’être englouti en pleine mer. Malheur
au monde à cause des scandales! Il est
fatal, certes, qu’il arrive des scandales,
mais malheur à l’homme par qui le
scandale arrive!» (Mt 18, 6-7).
5. Rationalité et amabilité. La rationalité
sert à éviter les excès émotifs et l’amabilité à éviter les excès de la bureaucratie et des programmations et planifications. Ce sont des talents nécessaires
pour l’équilibre de la personnalité:
«L’ennemi — je cite saint Ignace une
nouvelle fois, excusez-moi — considère
attentivement si une âme est grossière,
ou si elle est délicate. Si elle est grossière, il tâche de la rendre délicate à
l’extrême pour la jeter plus facilement
dans le trouble et l’abattre»6. Tout excès est l’indice de quelque déséquilibre,
un excès de rationalité ou un excès
d’amabilité.
6. Innocuité et détermination. L’innocuité
qui nous rend prudents dans notre jugement, capables de nous abstenir d’actions impulsives et précipitées. C’est la
capacité de faire émerger le meilleur de
nous-mêmes, des autres et des situations en agissant avec attention et compréhension. C’est faire aux autres ce
que tu voudrais qu’il te soit fait (cf. Mt
7, 12 et Lc 6, 31). La détermination,
c’est agir avec une volonté résolue, avec
une vision claire et dans l’obéissance à
Dieu, et seulement pour la loi suprême
SUITE À LA PAGE 12
Salut du doyen du Collège cardinalice
Corps et âme
au service de Pierre
Au début de l’audience, le cardinal-doyen Angelo Sodano a salué le Pape au nom des
cardinaux présents et de ceux qui n’ont pas pu participer pour des raisons de santé
liées à l’âge, mentionnant en particulier le vice-doyen, le cardinal Roger Etchegaray.
Saint-Père,
Noël est proche et nous ferons bientôt
nôtre le chant des anges: «Gloire à
Dieu au plus des cieux et paix sur terre aux hommes de bonne volonté!».
Dans cette circonstance, la famille
pontificale veut se rassembler autour
de vous, pour vous renouveler ses
sentiments de profonde communion
et vous souhaiter de joyeuses fêtes.
Ce sont les vœux qui vous parviennent tout d’abord des cardinaux présents à Rome. En tant qu’évêques et
successeurs des apôtres, ils se rassemblent autour du Successeur de Pierre,
renouvelant ces liens profonds de
communion qui liaient entre eux les
membres du collège apostolique.
Certains d’entre nous sont déjà très
âgés, mais notre engagement de service à la sainte Eglise, tant qu’il plaira
au Seigneur, est commun. Du reste,
telle est l’exhortation qui nous vient
de l’apôtre Pierre dans sa première
Lettre aux Romains: «Ce que chacun
de vous a reçu comme don de la grâce, mettez-le au service des autres,
comme de bons gérants de la grâce de
Dieu» (1 P 4, 10).
Saint-Père, avec les vœux des cardinaux présents, veuillez également accepter ceux des autres représentants
de la curie romaine et du gouvernorat
de l’Etat de la Cité du Vatican, qui se
sentent animés par le même esprit de
service, souvent humble et caché. Ils
pourraient répéter les paroles que Michel-Ange, désormais âgé de quatrevingt sept ans, écrivit au Pape Paul IV
qui lui demandait de mener plus rapidement à bien les travaux de la basilique Saint-Pierre: «Saint-Père, je me
consacre corps et âme pour saint
Pierre».
Avec l’engagement de nous mettre
nous aussi corps et âme au service du
Successeur de Pierre, nous nous rassemblons aujourd’hui avec affection
autour de vous, pour vous souhaiter
tout le bien possible. Dans le même
temps, nous désirons vous remercier
pour tout le travail apostolique que
vous avez accompli au cours de cette
année, avec l’ardeur de l’apôtre Paul
qui disait: «Omnia propter Evangelium», «Tout pour l’Evangile» (1 Co
9, 23).
Merci en particulier pour le don du
jubilé de la miséricorde! Nous collaborerons nous aussi pour que cette
année de grâce porte des fruits abondants pour l’Eglise et pour le monde
entier.
Saint-Père, felices fiestas de Navidad
y próspero Año Nuevo!
L’OSSERVATORE ROMANO
page 12
jeudi 31 décembre 2015, numéro 53
Discours à la Curie
SUITE DE LA PAGE 10
de la salus animarum (cf. CIC, can.
1725).
7. Charité et vérité. Deux vertus indissolubles de l’existence chrétienne:
«Faire la vérité dans la charité et vivre la charité dans la vérité» (cf. Ep
4, 15)7; au point que la charité sans
vérité devient idéologie d’un «bonnisme» destructeur et la vérité sans
charité devient justice aveugle.
8. Honnêteté et maturité. L’honnêteté
est la rectitude, la cohérence et le
fait d’agir avec sincérité absolue envers soi-même et envers Dieu. Celui
qui est honnête n’agit pas avec droiture seulement sous le regard du
surveillant ou du supérieur; celui qui
est honnête ne craint pas d’être surpris, parce qu’il ne trompe jamais celui qui lui fait confiance. Celui qui
est honnête ne se comporte jamais
en maître sur les personnes ou sur
les choses qui lui ont été confiées à
administrer, comme le «mauvais serviteur» (Mt 24, 48). L’honnêteté est
la base sur laquelle s’appuient toutes
les autres qualités. La maturité vise à
atteindre l’harmonie entre nos capacités physiques, psychiques et spirituelles. Elle est le but et l’aboutissement d’un processus de développement qui ne cesse jamais et qui ne
dépend pas de l’âge que nous avons.
9. Déférence et humilité. La déférence
est le talent des âmes nobles et délicates; des personnes qui cherchent
toujours à manifester un respect authentique envers les autres, de leur
propre rôle, envers les supérieurs, les
subordonnés, les dossiers, les papiers, le secret et la confidentialité;
les personnes qui savent écouter attentivement et parler poliment.
L’humilité, de son côté, est la vertu
des saints et des personnes remplies
de Dieu qui, plus elles acquièrent de
l’importance, plus grandit en elles la
conscience de n’être rien et de ne
rien pouvoir faire sans la grâce de
Dieu (cf. Jn 15, 8).
10. Abondancité — j’ai le vice des néologismes — et attention. Plus nous
avons confiance en Dieu et dans sa
providence plus nous sommes généreux d’âme et plus nous sommes ouverts à donner, sachant que plus on
donne plus on reçoit. En réalité il
est inutile d’ouvrir toutes les portes
saintes de toutes les basiliques du
monde si la porte de notre cœur est
fermée à l’amour, si nos mains sont
fermées au don, si nos maisons sont
fermées à l’hébergement, si nos églises sont fermées à l’accueil. L’attention, c’est soigner les détails et offrir
le meilleur de nous-mêmes, et ne jamais baisser la garde sur nos vices et
nos manques. Saint Vincent de Paul
priait ainsi: «Seigneur aide-moi à
m’apercevoir tout de suite: de ceux
qui sont à côté de moi, de ceux qui
sont inquiets et désorientés, de ceux
qui souffrent sans le montrer, de
ceux qui se sentent isolés sans le
vouloir».
11. Impavidité et promptitude. Etre impavide signifie ne pas se laisser effrayer face aux difficultés comme
Daniel dans la fosse aux lions, comme David face à Goliath; cela signifie agir avec audace et détermination
et sans tiédeur «comme un bon soldat» (2 Tm 2, 3-4); cela signifie savoir faire le premier pas sans tergiverser, comme Abraham et comme
Marie. De son côté, la promptitude
c’est savoir agir avec liberté et agilité
sans s’attacher aux choses matérielles
provisoires. Le Psaume dit: «Aux richesses quand elles s’accroissent
n’attachez pas votre cœur» (61, 11).
Etre prompt veut dire être toujours
en chemin, sans jamais s’alourdir en
accumulant des choses inutiles et en
se fermant sur ses propres projets et
sans se laisser dominer par l’ambition.
12. Et enfin, fiabilité et sobriété. Celui
qui est fiable est celui qui sait maintenir ses engagements avec sérieux et
crédibilité quand il est observé mais
surtout quand il se trouve seul; c’est
celui qui répand autour de lui un
climat de tranquillité parce qu’il ne
trahit jamais la confiance qui lui a
été accordée. La sobriété — dernière
vertu de cette liste, mais pas en importance — est la capacité de renoncer au superflu et de résister à la logique consumériste dominante. La
sobriété est prudence, simplicité,
concision, équilibre et tempérance.
La sobriété, c’est regarder le monde
avec les yeux de Dieu et avec le regard des pauvres et de la part des
pauvres. La sobriété est un style de
vie8, qui indique le primat de l’autre
comme principe hiérarchique et exprime l’existence comme empressement et service envers les autres. Celui qui est sobre est une personne
cohérente et essentielle en tout, parce qu’elle sait réduire, récupérer, recycler, réparer, et vivre avec le sens
de la mesure.
Chers frères,
La miséricorde n’est pas un sentiment passager, mais elle est la synthèse de la Bonne Nouvelle, elle est
le choix de celui qui veut avoir les
sentiments du «Cœur de Jésus»,9 de
celui qui veut suivre sérieusement le
Seigneur qui nous demande: «Soyez
miséricordieux comme votre Père»
(Lc 6, 36; cf. Mt 5, 48). Le père Ermes Ronchi affirme: «Miséricorde:
scandale pour la justice, folie pour
l’intelligence, consolation pour nous
qui avons une dette. La dette d’exister, la dette d’être aimés se paie seulement par la miséricorde».
Donc, que la miséricorde guide
nos pas, inspire nos réformes, éclaire
nos décisions. Qu’elle soit la colonne vertébrale de notre action. Qu’elle nous enseigne quand nous devons
avancer et quand nous devons faire
un pas en arrière. Qu’elle nous fasse
lire la petitesse de nos actions dans
le grand projet de salut de Dieu et
dans la majesté et le mystère de son
œuvre.
Pour nous aider à comprendre cela, laissons-nous fasciner par la
splendide prière communément attribuée au bienheureux Oscar Arnulfo
Romero, mais qui a été prononcée
pour la première fois par le cardinal
John Dearden:
Il est bon parfois de prendre du recul et de regarder derrière soi.
Le Royaume n’est pas seulement audelà de nos efforts, il est aussi audelà de notre regard.
Durant notre vie, nous n’arrivons à
accomplir qu’une petite partie de
cette entreprise magnifique qui est
l’œuvre de Dieu.
Rien de ce que nous faisons n’est
complet.
C’est dire que le Royaume se trouve
toujours au-delà de nous-mêmes.
Aucune affirmation ne dit tout ce
que l’on peut dire.
Aucune prière n’exprime complètement la foi.
Aucun credo n’apporte la perfection.
Aucune visite pastorale n’apporte
avec elle toutes les solutions.
Aucun programme n’accomplit pleinement la mission de l’Église.
Aucun but ni objectif n’atteint la
plénitude.
Voilà de quoi il s’agit:
Nous plantons des graines qui un
jour germeront
Nous arrosons les graines déjà plantées sachant que d’autres en prendront soin.
Nous posons les bases de ce qui se
développera.
Nous mettons le levain qui multipliera nos capacités.
Nous ne pouvons pas tout faire,
mais commencer nous apporte un
sentiment de libération.
Cela nous donne la force de faire
quelque chose, et de la faire bien.
Cela peut rester incomplet, mais
c’est un début, un pas sur un chemin.
Une opportunité pour que la grâce
de Dieu entre et fasse le reste.
Nous pouvons ne jamais voir son
achèvement, mais c’est la différence
entre le contremaître et l’ouvrier.
Nous sommes des ouvriers, non pas
des contremaîtres, des serviteurs,
non pas le Messie.
Nous sommes les prophètes d’un
avenir qui ne nous appartient pas.
Et avec ces pensées, avec ces sentiments, je vous souhaite un bon et
saint Noël, et vous demande de
prier pour moi. Merci.
1
Exercices spirituels, 315.
cf. Sermon 207, 1 PL 38, 1042.
3 «Le caractère missionnaire n’est
pas seulement une question de territoires géographiques mais de peuples, de cultures et de personnes,
parce que justement les “frontières”
de la foi ne traversent pas seulement
des lieux et des traditions humaines
mais le cœur de tout homme et de
toute femme. Le Concile Vatican II a
souligné de façon particulière la manière dont le devoir missionnaire, le
devoir d’élargir les frontières de la
foi, est le propre de tout baptisé et
de toutes les communautés chrétien2
nes» (Message pour la Journée mondiale des missions 2013, n. 2).
4 Missale Romanum de 2002.
5 Pape Paul VI, discours à la Curie
romaine, 21 septembre 1963, AAS 55
(1963), 793-800.
6 Exercices spirituels, 349.
7 «L’amour dans la vérité, dont
Jésus s’est fait le témoin dans sa vie
terrestre et surtout par sa mort et sa
résurrection, est la force dynamique
essentielle du vrai développement de
chaque personne et de l’humanité
tout entière [...] C’est une force qui
a son origine en Dieu, Amour éternel et Vérité absolue» (Benoît XVI,
Lett. enc. Caritas in veritate, 29 juin
2009, n. 1: AAS 101 [2009], 641),
C’est pourquoi il faut «conjuguer
l’amour avec la vérité non seulement
selon la direction indiquée par saint
Paul: celle de la “veritas in caritate”
(Ep 4, 15), mais aussi, dans celle inverse et complémentaire, de la “caritas in veritate”. La vérité doit être
cherchée, découverte et exprimée
dans l’“économie” de l’amour, mais
l’amour à son tour doit être compris,
vérifié et pratiqué à la lumière de la
vérité» (ibid. n. 2).
8 Un style de vie empreint de sobriété restitue à l’homme cette «attitude désintéressée, faite de gratuité
et de sens esthétique, suscitée par
l’émerveillement pour l’être et pour
la splendeur qui permet de percevoir
dans les choses visibles le message
de Dieu invisible qui les a créées»
(Centesimus annus n. 37); cf. AA.VV.
Nouveaux styles de vie au temps de
la globalisation, Fond. Apostolicam
actuositatem, Rome 2002.
9 Jean-Paul II, Angelus du 9 juillet
1989: «L’expression “Cœur de Jésus”
fait immédiatement venir à l’esprit
l’humanité du Christ et en souligne
la richesse des sentiments, la compassion envers les infirmes; la prédilection pour les pauvres; la miséricorde envers les pécheurs; la tendresse envers les enfants; la force
dans la dénonciation de l’hypocrisie,
de l’orgueil, de la violence; la
mansuétude devant les adversaires;
le zèle pour la gloire du Père et la
joie pour ses desseins de grâce, mystérieux et providentiels à elle rappelle ensuite la tristesse du Christ pour
la trahison de Judas, son désarroi
dans la solitude, l’angoisse devant la
mort, l’abandon filial et obéissant
entre les mains du Père. L’expression renferme surtout l’amour qui
jaillit sans cesse de ce cœur: l’amour
infini envers le Père et l’amour sans
limite envers l’homme».
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 53, jeudi 31 décembre 2015
page 13
Présentation de Lettres de Créance
La réponse
de la non violence
Il est important que dans les consciences mûrisse «une réaction non-violente, mais
spirituelle et morale» à la multiplication des conflits et du terrorisme dans le
monde. C’est ce qu’a souligné, dans la matinée du jeudi 17 décembre, le Pape en
recevant en audience, dans la salle Clémentine, les nouveaux ambassadeurs de
Guinée, Lettonie, Inde et Bahrein, à l’occasion de la présentation de leurs Lettres
de Créance.
Mesdames et Messieurs les
ambassadeurs,
Je vous accueille avec plaisir à l’occasion de la présentation des Lettres
qui vous accréditent comme ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays près le SaintSiège: la Guinée, la Lettonie, l’Inde,
le Bahrein. Je vous remercie pour les
salutations que nous m’avez transmises de la part de vos chefs d’Etat
respectifs, et en retour je désire leur
faire parvenir, par votre courtois in-
termédiaire, mes meilleurs vœux
pour leurs personnes et pour l’accomplissement de la haute charge
qui leur est confiée. Je prie Dieu
d’accorder à tous vos concitoyens de
vivre dans la paix et la prospérité.
Il y a deux jours a été publié le
Message pour la prochaine Journée
mondiale de la paix, pour laquelle
j’ai choisi le thème: «Gagne sur l’indifférence et remporte la paix!» Je
suis heureux de l’occasion qui m’est
donnée aujourd’hui de partager avec
vous l’attention à ce défi qui est si
important: collaborer ensemble pour
promouvoir dans le monde une culture de la solidarité qui puisse contrer celle de la globalisation de l’indifférence qui est malheureusement
une des tendances négatives de notre
époque. Les formes dans lesquelles
cette attitude d’indifférence se manifeste sont multiples, et les causes qui
contribuent à l’alimenter sont aussi
diverses, mais elles se ramènent essentiellement à un humanisme déséquilibré, où l’homme a pris la place
de Dieu et, donc, a été à son tour
victime de différentes formes d’idolâtrie. La très grave crise écologique
que nous traversons peut aussi conduire à ce déséquilibre anthropologique (cf. Enc. Laudato si’, nn. 115121).
L’indifférence envers Dieu, l’indifférence envers le prochain et l’indifférence envers l’environnement sont
liées entre elles et s’alimentent mutuellement; et par conséquent on ne
SUITE À LA PAGE 15
Les quatre ambassadeurs
Guinée, Lettonie, Inde, Bahrein sont les quatre pays d’origine des nouveaux
ambassadeurs qui, dans la matinée du jeudi 17 décembre, ont présenté au
Pape François les Lettres par lesquelles ils sont accrédités près le Saint-Siège. Il s’agit de trois femmes et d’un homme: Fatoumata Balde, Veronika
Erte, Smita Purushottam et Muhammad Abdul Ghaffar. Durant l’audience, qui s’est déroulée dans la salle Clémentine, le Souverain Pontife a reçu
les Lettres de Créance de chaque représentant diplomatique; ensuite, en
s’adressant à ces derniers, à leurs collaborateurs et à leurs familles, il a prononcé le discours ci-dessous. Au terme de l’audience, les ambassadeurs ont
également salué le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat, qui les a rencontrés individuellement, ainsi que Mgr José Avelino Bettencourt, chef du
protocole.
Guinée
S.E. Mme Fatoumata Balde, nouvelle ambassadeure de Guinée près
le Saint-Siège, est née le 20 octobre
1962. Elle est diplômée en littérature
(université Gamal Abdel Nasser, Conakry 1985) et a fréquenté un cours
de «Gestion de projets» (Atalanta
Management Institute, Etats-Unis
d’Amérique, 1991) et un cours de
leadership
and
management
(Washington International Management Institute, Washington D C,
Etats-Unis d’Amérique, 2001). Elle a
occupé, entre autres, les fonctions
suivantes: chef de la section de coordination pour les aides extérieures
au ministère de la coopération internationale (2000-2006); chef de la division
partenariat,
financements
pour l’innovation et coordinatrice
pour les aides au ministère de la
coopération (2006-2010); conseiller
du président de la République, responsable de la coopération internationale (2010-2014); ministre, conseiller du président de la République,
responsable de la Coopération internationale (2014). Depuis le 23 février
2015, elle est ambassadeure en Allemagne.
Lettonie
S.E. Mme Veronika Erte, nouvel
ambassadeure de Lettonie près le
Saint-Siège, est née le 19 juin 1957.
Elle est diplômée en langues étrangères (université de Lettonie, 1980).
Par la suite, elle a obtenu le «Magister philologiae» à la même université
(1996). Elle a occupé, entre autres,
les fonctions suivantes: fonctionnaire
au ministère des affaires étrangères
(1995); deuxième secrétaire d’ambassade à Bonn (1996-1999); premier secrétaire au ministère des affaires
étrangères, département pays d’Europe centrale (1999-2002); premier
secrétaire d’ambassade à Vienne
(2002-2005); directrice-adjointe du
département pour l’Union européenne au ministère des affaires étrangères (2005-2006); directrice du département pour l’Union européenne au
ministère des affaires étrangères
(2006-2008); ambassadeure en Hongrie (2008-2012); directrice du département pour l’Union européenne
du ministère des affaires étrangères
(2012-2013); chef du Protocole au
ministère des affaires étrangères
(2013).
Inde
S.E. Mme Smita Purushottam,
nouvelle ambassadeure de l’Inde
près le Saint-Siège, est née le 19 octobre 1957. Diplômée en histoire, elle
a occupé, entre autres, les fonctions
suivantes: troisième secrétaire puis
deuxième secrétaire d’ambassade à
Moscou (1982-1983); deuxième secrétaire d’ambassade à New York (19831985); secrétaire-adjoint d’ambassade
à New Delhi (1985-1991); premier secrétaire puis conseiller d’ambassade
à Bruxelles (1991-1994); conseiller
d’ambassade à Pékin, Chine (19941997); directrice à New Delhi (19972000); directrice de formation à
l’université d’Harvard, Etats-Unis
d’Amérique (2000-2001); secrétaireadjoint à New Delhi (2002); ministre d’ambassade à Londres (20032006); chef-adjoint de mission d’ambassade à Berlin (2007-2009); secrétaire-adjoint à New Delhi (2009);
professeure non titulaire à l’Institute
for Defence Studies and Analyses
(Idsa) de New Delhi (2010-2012);
ambassadeure à Caracas (2012-2015).
Bahreïn
S.E. M. Muhammad Abdul Ghaffar, nouvel ambassadeur du Royaume du Bahreïn près le Saint-Siège,
est né le 15 janvier 1949 à Manama.
Il est diplômé en sciences politiques
(université de Poona, Inde 1974) et a
obtenu un master en sciences politiques (New School for Social Research, New York 1981). Il a en outre
obtenu un doctorat dans la même
matière à la State University of New
York (Binghamton, 1991). Il a entrepris sa carrière diplomatique en 1975,
en occupant, entre autres, les fonctions suivantes: ministre d’ambassade en Jordanie (1977-1979); membre
de la délégation permanente aux
Nations unies (1979-1984); ambassadeur et représentant permanent aux
Nations unies à New York (19901994); ambassadeur aux Etats-Unis
(1994-2001); ministre des Affaires
étrangères
(2001-2006);
ministre
pour l’information (2005-2007); ambassadeur en Belgique (2008-2009);
conseiller du roi pour les affaires diplomatiques (2009-2014). Depuis
2015, il est ambassadeur à Paris, où
il réside.
L’OSSERVATORE ROMANO
page 14
Jeudi
10 décembre
Caresse de père
Un père ou une mère qui dit à son
enfant: «N’aies pas peur, je suis là»
et le câline en lui faisant une caresse.
Telle est la condition privilégiée de
l’homme: petit, faible, mais rassuré,
soutenu et pardonné par un Dieu
qui est plein d’amour pour lui. Au
début du chemin jubilaire, le Pape
François a trouvé dans la liturgie du
jour l’occasion pour parler à nouveau de la miséricorde du Père. La
méditation s’est inspirée du psaume
responsorial dans lequel a été répété:
«Le Seigneur est miséricordieux et
grand dans l’amour». C’est «une
confession de foi» dans laquelle le
chrétien reconnaît que Dieu «est miséricorde et qu’il est grand, mais
grand dans son amour». Une affirmation qui n’est simple qu’en apparence car «comprendre la miséricorde de Dieu est un mystère, c’est un
chemin que l’on doit accomplir pendant toute sa vie». Pour aider à
mieux pénétrer ce mystère, le Pape a
cité la lecture tirée du livre du prophète Isaïe (41, 13-20). «Nous connaissons tous les caresses des pères
et des mères, quand les enfants sont
inquiets en raison d’une frayeur».
Eux aussi disent: «N’aies pas peur,
je suis là». Le Seigneur rappelle tendrement à chacun de nous: «Je suis
amoureux de ta petitesse, de ton
néant» et il nous répète: «Ne crains
pas tes péchés, je t’aime beaucoup,
je suis ici pour te pardonner». Cela
est en synthèse «la miséricorde de
Dieu». En poursuivant sa méditation, François a ensuite rappelé un
exemple tiré d’une hagiographie
(«Je crois qu’il s’agissait de saint Jérôme, mais je n’en suis pas sûr» a-til confié) et il a rappelé qu’à propos
de ce saint, on disait que c’était un
grand pénitent pendant sa vie, qu’il
faisait des sacrifices, des prières et
que le Seigneur lui demandait toujours davantage. Le saint continuait
à demander: «Seigneur que puis-je
te donner?», jusqu’à ce qu’il dise:
«Mais Seigneur, je n’ai rien de plus
à te donner, je t’ai tout donné». Et
la réponse fut: «Non, il manque une
chose» — «Que te manque-t-il Seigneur?» — «Donne-moi tes péchés».
Avec cet épisode, le Pape a voulu
souligner que «le Seigneur a envie
de prendre sur lui nos faiblesses, nos
fatigues». Je te donnerai la force.
Donne-moi tout et je te pardonnerai,
je te donnerai la paix». Ce sont là
«les caresses de Dieu», les caresses
«de Notre Père, quand il s’exprime
avec sa miséricorde». Nous les hommes, «nous sommes très nerveux» et
«quand quelque chose ne va pas
bien, nous crions, nous sommes impatients». En revanche, Dieu nous
console: «Sois tranquille, tu as fait
une grosse bêtise, oui, mais sois
tranquille; ne crains rien, je te pardonne». Et ainsi, il nous accueille en
tout, également avec nos erreurs, nos
péchés. C’est précisément cela que
signifie ce que l’on répète dans le
psaume: «Le Seigneur est miséricordieux et grand dans l’amour». François a conclu en invitant tout le
monde à demander au Seigneur «de
jeudi 31 décembre 2015, numéro 53
Messes
à Sainte-Marthe
réveiller en chacun d’entre nous et
dans tout le peuple, la foi dans cette
paternité, dans cette miséricorde,
dans son cœur».
Lundi
14 décembre
La leçon d’une grand-mère
«Dieu pardonne tout, sinon le monde n’existerait pas»: les paroles
qu’une vieille dame adressa en 1992
à Jorge Mario Bergoglio sont une
véritable «leçon» au début de l’année sainte de la miséricorde. Elles
mettent en garde contre le danger de
tomber dans la «rigidité cléricale»,
en suggérant d’emprunter la voie de
l’espérance et de la miséricorde qui
nous rend «libres». Le Pape a invité
à avoir «un regard pénétrant», qui
sait aller au-delà pour voir et dire la
vérité. «Dans la première lecture,
nous avons écouté un passage du livre des Nombres» (24, 2-7,15-17) sur
«l’histoire de Balaam: c’était un prophète, mais c’était également un
homme qui avait des défauts, et même des péchés». «Balaam a été
“loué” par un certain Balaq, général
et roi, qui voulut détruire le peuple
de Dieu. Il l’envoya prophétiser contre le peuple de Dieu». Mais «sur le
chemin, Balaam rencontre l’ange du
Seigneur et s’opère une conversion
de son cœur, qui voit la vérité».
Mais «qu’est-il arrivé au cœur de
Balaam?». «Il a ouvert son cœur et
le Seigneur lui a donné la vertu de
l’espérance». Et «l’espérance est cette vertu chrétienne que nous avons
comme un grand don du Seigneur
et qui nous fait voir loin, au-delà des
problèmes, des douleurs, des difficultés, au-delà de nos péchés». Elle
nous fait «voir la beauté de Dieu».
«Espérance», donc, est la parole clé.
«Quand je suis avec une personne
qui possède cette vertu de l’espérance et qui se trouve à un moment difficile de sa vie — que ce soit à cause
de la maladie, de la préoccupation
pour un fils ou une fille ou quelqu’un de la famille, quelle que soit
la raison — mais qu’elle a cette vertu,
dans la douleur, elle a l’œil pénétrant, elle a la liberté de voir audelà, toujours au-delà». Et cela est
précisément «l’espérance, c’est la
prophétie que nous donne aujourd’hui l’Eglise: elle veut des hommes et des femmes d’espérance, même au milieu des problèmes». Parce
que «l’espérance ouvre des horizons,
l’espérance est libre, elle n’est pas esclave, elle trouve une place pour résoudre une situation». Dans le passage de l’Evangile de Matthieu (21,
23-27) proposé par la liturgie, «nous
voyons en revanche les hommes qui
n’ont pas cette liberté, ils n’ont pas
d’horizons, ce sont des hommes
fixés sur leurs calculs». Mais «les
calculs humains ferment le cœur, ferment la liberté». C’est «l’espérance»
qui «nous rend légers». «Cette hypocrisie des docteurs de la loi, qui
est dans l’Evangile et qui ferme le
cœur, nous rend esclaves: c’était des
esclaves». «Comme la liberté, la magnanimité, l’espérance d’un homme
et d’une femme d’Eglise sont belles». Et «au contraire, comme la rigidité d’une femme et d’un homme
d’Eglise est mauvaise et fait du mal:
la rigidité cléricale, qui n’a pas d’espérance». «En cette année de la miséricorde, deux voies se présentent».
D’une part, il y a «ceux qui placent
leur espérance dans la miséricorde
de Dieu et qui savent que Dieu est
le Père», que «Dieu pardonne toujours, et tout» et que «au-delà du
désert, il y a le baiser du Père, le
pardon». De l’autre côté, «il y a
également ceux qui se réfugient dans
leur esclavage, dans leur rigidité, et
qui ne savent rien de la miséricorde
de Dieu». Ceux dont parle l’Evangile de Matthieu «étaient des docteurs, avaient étudié, mais leur science ne les a pas sauvés». «Je voudrais
conclure par une anecdote qui m’est
arrivée, en 1992. L’image de la Vierge de Fatima était arrivée dans mon
diocèse. Lors d’une grande Messe
pour les malades, je suis allé confesser. J’ai confessé de midi à 18h00,
lorsque la Messe a fini. Il y avait
beaucoup de confesseurs». Quand je
me suis levé pour aller célébrer une
confirmation ailleurs, une vieille dame, âgée de 80 ans, s’est approchée
avec les yeux qui voyaient au-delà,
ces yeux pleins d’espérance. Et «je
lui ai dit: “Grand-mère, vous venez
vous confesser? Mais vous n’avez
pas péché!”». A la réponse de la
femme — «Père, nous en avons
tous!» — Jorge Mario Bergoglio a
relancé le dialogue: «Mais le Seigneur ne les pardonne-t-il pas?». Et
la dame, forte de son espérance, dit:
«Dieu pardonne tout, parce que si
Dieu ne pardonnait pas tout, le
monde n’existerait pas!».
Mardi
15 décembre
Trois traces
Quelles sont les caractéristiques du
peuple de Dieu? Comment l’Eglise
doit-elle être? Proposant l’extrait de
l’Evangile de Matthieu (21, 28-32)
dans lequel Jésus, en s’adressant aux
chefs des prêtres et aux membres
âgés du peuple, affirme: «En vérité
je vous le dis, les publicains et les
prostituées arrivent avant vous au
Royaume de Dieu», le Pape a souligné «l’énergie» avec laquelle il reproche à ceux qui étaient considérés
comme les maîtres leur «façon de
penser, de juger, de vivre». Jésus
«avait ce courage de dire la vérité».
Mais alors, face à certains reproches,
nous nous demandons: «Comment
l’Eglise doit-elle être?». Face à cela,
le prophète Sophonie communique
au peuple une promesse du Seigneur: «Je te pardonnerai». Et après
la promesse du pardon, il y a l’explication «de la façon dont l’Eglise
doit être: “Je ne laisserai subsister en
ton sein qu’un peuple humble et
modeste, et c’est dans le nom de
Yahvé qu’il cherchera refuge”». Le
peuple de Dieu fidèle doit ainsi
«avoir ces trois traces: humble, pauvre, confiant dans le Seigneur».
L’Eglise doit avant tout être «hum-
ble». En d’autres termes, une Eglise
«qui ne se glorifie pas de ses pouvoirs, de ses grandeurs». Mais attention: «l’humilité n’implique pas une
personne molle, faible», avec l’expression défaite, car «cela n’est pas
de l’humilité, c’est du théâtre! C’est
un simulacre d’humilité». La véritable humilité, au contraire, part
«d’un premier pas: je suis pécheur».
Si «tu n’es pas capable de te dire à
toi-même que tu es pécheur et que
les autres sont meilleurs que toi, tu
n’es pas humble». Par conséquent,
«le premier pas dans l’Eglise humble
est de se sentir pécheresse» et cela
vaut pour «nous tous». Si «certains
d’entre nous ont l’habitude de regarder les défauts des autres et de médire», ils ne sont pas humbles mais
«se croient les juges des autres».
«Nous devons demander cette grâce,
que l’Eglise soit humble, que je sois
humble, chacun de nous, humble».
La deuxième trace: le peuple de
Dieu «est pauvre». François a rappelé que la pauvreté est «la première
des béatitudes». Mais que veut dire
«pauvre d’esprit»? Cela signifie
«uniquement attaché aux richesses
de Dieu». «Une Eglise qui vit attachée à l’argent, qui pense à l’argent,
qui pense à des moyens de gagner
de l’argent...» ne l’est certainement
pas. Par exemple, il y a ceux qui,
«naïvement», disaient aux gens que
pour passer la porte sainte, «il fallait
faire un don»: cela «n’est pas l’Eglise de Jésus, c’est l’Eglise de ces
chefs des prêtres, attachée à l’argent». Pour mieux faire comprendre
sa pensée, François a également rappelé l’épisode du diacre Laurent —
«le trésorier du diocèse» — qui, lorsque l’empereur lui demanda «d’apporter les richesses du diocèse» pour
payer quelque chose et éviter d’être
tué, «se présenta avec les pauvres».
Les «richesses de l’Eglise» sont donc
précisément les pauvres. La «pauvreté est caractérisée précisément par
«cette distance» qui nous conduit à
«servir les gens dans le besoin». Et
le Pape a conclu par une question
adressée à chacun: «Suis-je ou non
pauvre?». Enfin, la troisième trace:
le peuple de Dieu «cherchera refuge
dans le nom de Yahvé». Il y a là
aussi une question très directe: «Où
est ma confiance? Dans le pouvoir,
les amis, l’argent? Dans le Seigneur!». C’est donc cet «héritage
que nous promet le Seigneur: “Je ne
laisserai subsister en ton sein qu’un
peuple humble et modeste, et c’est
dans le nom de Yahvé qu’il cherchera refuge”. Humble car il se sent pécheur; pauvre car son cœur est attaché aux richesses de Dieu et s’il en
a, c’est pour les administrer; confiant
dans le Seigneur car il sait que seul
le Seigneur peut garantir une chose
qui lui fasse du bien».
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 53, jeudi 31 décembre 2015
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Rencontre avec l’AGESC
Critères pour une véritable
école catholique
Dans la matinée du samedi 5
décembre, le Pape François a reçu en
audience dans la salle Clémentine les
membres de l’association des parents
des écoles catholiques (AGESC), à
l’occasion du quarantième anniversaire
de leur fondation. A cette occasion, le
Pape a prononcé le discours suivant:
Chers frères et sœurs,
C’est avec plaisir que je vous souhaite la bienvenue à tous, représentants
de l’Association des parents des écoles catholiques, à l’occasion du quarantième anniversaire de votre fondation. Vous êtes ici non seulement
pour être confirmés sur votre chemin
de foi, mais aussi pour exprimer la
vérité de l’engagement qui vous caractérise: celui, librement assumé,
d’être des éducateurs selon le cœur
de Dieu et de l’Eglise.
Récemment s’est tenu un important congrès mondial organisé par la
Congrégation pour l’éducation catholique. A cette occasion, j’ai souligné l’importance de promouvoir une
éducation à la plénitude de l’humanité,
parce que parler d’éducation catholique équivaut à parler d’humain,
d’humanisme. J’ai exhorté à une
éducation inclusive, une éducation
qui fasse une place à tous et qui ne
sélectionne pas de manière élitiste
les destinataires de son engagement.
C’est le même défi qui se présente
aujourd’hui à vous. Votre association
se place au service de l’école et de la
famille, en contribuant à la tâche délicate de jeter des ponts entre l’école et
le territoire, entre l’école et la famille,
entre l’école et les institutions civiles.
Restaurer le pacte éducatif, parce
que le pacte éducatif s’est écroulé,
parce que le pacte éducatif s’est
rompu! Et nous devons le restaurer.
Jeter des ponts: il n’y a pas de défi
plus noble! Construire l’union là où
progresse la division, engendrer
l’harmonie quand la logique de
l’exclusion et de la marginalisation
semble l’emporter.
En tant qu’association ecclésiale,
vous puisez au cœur même de
l’Eglise l’abondance de la miséricorde, qui fait de votre travail un service quotidien pour les autres. En tant
que parents, vous êtes dépositaires du
devoir et du droit fondamentaux et incontournables d’éduquer les enfants, en
aidant en ce sens de manière positive et constante la tâche de l’école.
C’est à vous que revient le droit de
demander une éducation convenable
pour vos enfants, une éducation intégrale et ouverte aux valeurs humaines
et chrétiennes les plus authentiques. Cependant, c’est également à vous de
faire en sorte que l’école soit à la
hauteur de la mission éducative qui
lui est confiée, en particulier quand
l’éducation qu’elle propose se dit
«catholique». Je prie le Seigneur
pour que l’école catholique ne considère jamais comme acquise la signification de cet adjectif! En fait, être
éducateurs catholiques fait la différence.
Nous devons alors nous demander: quels sont les critères pour
qu’une une école puisse se dire véritablement catholique? Ceci peut être
un bon travail à faire dans votre association. Vous l’avez certainement
fait et vous le faites; mais les résultats ne sont jamais acquis une fois
pour toutes. Par exemple: nous savons que l’école catholique doit
transmettre une culture intégrale, non
idéologique. Mais que signifie cela
concrètement? Ou encore, nous
sommes convaincus que l’école catholique est appelée à favoriser l’harmonie des diversités. Comment peuton réaliser cela concrètement? C’est
un défi qui n’a rien de facile. Grâce
à Dieu il y a, en Italie et dans le
monde, beaucoup d’expériences positives que l’on peut connaître et
partager.
Au cours de la rencontre qu’il eut
Discours aux ambassadeurs
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peut s’y opposer que par une
réponse qui les affronte toutes
ensemble, c’est-à-dire par un humanisme renouvelé, qui replace l’être
humain dans sa juste relation avec
le Créateur, avec les autres et avec
la création. Il s’agit, comme je le
disais, de promouvoir une culture
de solidarité et de partage, et cela
demande l’engagement de tous
ceux qui ont une responsabilité
dans le domaine politique, social,
culturel et éducatif. Un rôle décisif,
dans ce défi, revient aussi aux
mass-média, qui de nos jours influencent dans une mesure importante les attitudes personnelles et
sociales. Il est donc nécessaire de
viser à la qualification professionnelle et éthique des opérateurs de
ce secteur. En même temps, il est
indispensable de continuer à investir sur l’école, non pas conçue de
manière isolée mais en relation
constante avec les familles et avec
le contexte social, collaborant pour
renforcer une alliance éducative qui
s’est beaucoup affaiblie dans divers
pays.
Tout cela est nécessaire pour
vaincre l’indifférence et construire
la paix. L’année qui s’achève a été
marquée, malheureusement, par
une multiplication de conflits vio-
lents, aussi bien de guerres que de
terrorisme. D’autre part, cette situation provoque toujours plus une
réaction non pas violente, mais spirituelle et morale dans les consciences les plus mûres. C’est ce que
nous voulons et devons alimenter
avec les moyens à notre disposition
et selon nos responsabilités. L’Eglise catholique, selon sa mission propre, avec le jubilé de la miséricorde
commencé depuis peu, se propose
de diffuser dans le monde entier
l’esprit de pardon et de réconciliation, appelant les fidèles et les
hommes et les femmes de bonne
volonté à s’ouvrir au don de la grâce de Dieu et à pratiquer ce que
dans notre tradition nous appelons
les «œuvres de miséricorde spirituelles et corporelles».
«Les Etats sont aussi appelés à
des gestes concrets, et à des actes
de courage à l’égard des personnes
les plus fragiles de leurs sociétés,
comme les prisonniers, les migrants,
les chômeurs et les malades» (Message pour la Journée mondiale de la
paix 2016, n. 8). En outre, en cette
année jubilaire, je désire formuler
«un appel pressant aux responsables des Etats à accomplir des gestes concrets en faveur de nos frères
et sœurs qui souffrent à cause du
manque de travail, de terre et de
toit» (ibid.). Sur le plan internatio-
nal, je souhaite vivement que
chaque nation s’engage à renouveler ses relations avec les autres, coopérant efficacement à faire grandir
aussi la fraternité dans la grande famille des peuples (cf. ibid.).
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs, avant de conclure ces
réflexions, je voudrais adresser, par
votre intermédiaire, mon salut fraternel aux pasteurs et aux fidèles
des communautés catholiques présentes dans vos pays. Je les encourage cordialement à collaborer de
manière toujours plus loyale au
bien commun de la société tout entière. Et plus et mieux elles pourront le faire, plus leur sera reconnue effectivement la pleine liberté
religieuse. Le Saint-Siège, pour sa
part, s’honore de pouvoir instaurer
avec chacun de vous et avec les
pays que vous représentez un dialogue ouvert et respectueux et une
collaboration constructive. Dans
cette perspective, alors que commence officiellement votre nouvelle
mission, je vous adresse mes meilleurs vœux, vous assurant du soutien constant des divers bureaux de
la Curie romaine pour l’accomplissement de votre fonction. Sur chacun de vous, sur vos familles et
sur vos collaborateurs, j’invoque
l’abondance des Bénédictions divines.
avec vous en juin
1998, saint JeanPaul II répéta l’importance du «pont»
qui doit exister entre école et société.
N’oubliez
jamais
l’exigence de construire une communauté
éducative
dans laquelle, avec
les enseignants, les
divers interlocuteurs et les étudiants,
vous, parents, vous pouvez être protagonistes du processus éducatif.
Ne soyez pas en dehors du monde, mais vivants, comme le levain
dans la pâte. L’invitation que je
vous adresse est simple, mais audacieuse: sachez faire la différence à travers la qualité de la formation. Sachez
trouver des modes et des voies pour
ne pas passer inaperçus dans les
coulisses de la société et de la culture. Sans susciter de clameurs, sans
projets emplis de rhétorique. Sachez
vous distinguer par votre attention
constante à la personne, spécialement aux derniers, à ceux qui sont
écartés, rejetés, oubliés. Sachez vous
faire remarquer non pour la «façade», mais à travers une cohérence
éducative enracinée dans la vision
chrétienne de l’homme et de la société.
A un moment où la crise économique se fait sentir lourdement même sur les écoles publiques, dont un
grand nombre sont contraintes de
fermer, la tentation des «chiffres» se
fait plus insistante et, avec elle, celle
du découragement. Mais malgré
tout, je vous répète: la différence se
fait par la qualité de votre présence
et non par la quantité des ressources
que l’on est en mesure de mettre en
œuvre. La qualité de votre présence
là, pour faire des ponts. Cela m’a
plu qu’en parlant de l’école [le Pape
s’adresse au président], vous ayez
parlé des enfants, des parents et aussi des grands-parents. Parce que les
grands-parents ont beaucoup à faire!
Ne mettez pas au rebut les grandsparents qui sont la mémoire vivante
du peuple!
Ne dévalorisez jamais les valeurs
humaines et chrétiennes dont vous
êtes les témoins en famille, à l’école,
dans la société. Apportez généreusement votre contribution afin que
l’école catholique ne devienne jamais
un «repli», ou une alternative insignifiante parmi les diverses institutions de formation. Collaborez afin
que l’éducation catholique ait le visage de ce nouvel humanisme, qui est
apparu lors du Congrès ecclésial de
Florence. Engagez-vous afin que les
écoles catholiques soient véritablement ouvertes à tous. Que le Seigneur
Jésus, qui dans la Sainte Famille de
Nazareth a grandi en âge, en sagesse
et en grâce (cf. Lc 2,52), accompagne vos pas et bénisse votre engagement quotidien.
Merci pour cette rencontre, merci
pour votre travail et pour votre témoignage. Je vous assure de mon
souvenir dans la prière. Et vous, s’il
vous plaît, n’oubliez pas de prier
pour moi.
L’OSSERVATORE ROMANO
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jeudi 31 décembre 2015, numéro 53
Entretien du Pape avec l’hebdomadaire «Credere»
Un homme
pardonné
Nous publions l’entretien que le Pape François a accordée à l’hebdomadaire italien «Credere», lancé dès
l’annonce du jubilé de la miséricorde. Le texte a été publié sur le numéro 49 en date du 6 décembre.
Saint-Père, à présent que nous allons
entrer dans le vif du jubilé, pouveznous nous expliquer quel mouvement
du cœur vous a poussé à mettre en relief précisément le thème de la miséricorde? Quelle urgence percevez-vous à
cet égard dans la situation actuelle du
monde et de l’Eglise?
Le thème de la miséricorde s’est
accentué avec force dans la vie de
l’Eglise depuis Paul VI. C’est JeanPaul II qui l’a souligné avec insistance avec Dives in misericordia, la canonisation de sainte Faustine et l’institution de la fête de la Divine miséricorde en l’octave de Pâques. Dans
cette ligne, j’ai senti qu’il y avait
comme un désir du Seigneur de
montrer aux hommes sa miséricorde.
Ce n’est donc pas quelque chose qui
m’est venu à l’esprit, mais qui reprend une tradition relativement récente bien qu’elle ait toujours existé.
Et je me suis rendu compte qu’il fallait faire quelque chose pour continuer cette tradition. Mon premier
Angelus, en tant que Pape, fut sur la
miséricorde de Dieu et, à cette occasion, j’ai aussi parlé d’un livre sur la
miséricorde qui m’avait été offert par
le cardinal Walter Kasper pendant le
conclave; de même, dans ma première homélie en tant que Pape, dimanche 17 mars, dans la paroisse SainteAnne, j’ai parlé de la miséricorde.
Ce n’était pas une stratégie, cela
m’est venu de l’intérieur: l’Esprit
Saint veut quelque chose. Il est évident que le monde d’aujourd’hui a
besoin de miséricorde, a besoin de
compassion, c’est-à-dire de «pâtir
avec». Nous sommes habitués aux
mauvaises nouvelles, aux nouvelles
cruelles et aux pires atrocités qui offensent le nom et la vie de Dieu. Le
monde a besoin de découvrir que
Dieu est Père, que la miséricorde
existe, que la cruauté n’est pas la
bonne voie, que la condamnation
n’est pas la bonne voie, parce que
l’Eglise elle-même suit parfois une ligne dure, tombe dans la tentation
de suivre une ligne dure, dans la
tentation de souligner uniquement
les normes morales, mais il y a tellement de personnes qui restent
dehors. Il m’est venu à l’esprit cette
image de l’Eglise comme un hôpital
de campagne après la bataille; c’est
la vérité: que de personnes blessées
et détruites! Il faut soigner les blessés, les aider à guérir, ne pas les soumettre aux analyses pour le cholestérol. Je crois que le temps de la miséricorde est venu. Nous sommes tous
pécheurs, nous portons tous des fardeaux intérieurs. J’ai senti que Jésus
voulait ouvrir la porte de son cœur,
que le Père veut montrer ses entrailles de miséricorde et que, pour cette
raison, il nous envoie l’Esprit: pour
nous faire bouger et pour nous se-
couer. C’est l’année du pardon, l’année de la réconciliation. D’un côté,
nous voyons le trafic d’armes, la
production d’armes qui tuent, l’assassinat d’innocents sous les formes
les plus cruelles possibles, l’exploitation de personnes, de mineurs, d’enfants: nous assistons, permettez-moi
l’expression, à un sacrilège contre
l’humanité, parce que l’homme est
sacré, il est l’image du Dieu vivant.
Voilà, le Père dit: «Arrêtez-vous et
venez à moi». C’est ce que je vois
dans le monde.
Vous avez dit que, comme tous les
croyants, vous vous sentez comme un
pécheur, qui a besoin de la miséricorde
de Dieu. Quelle importance a revêtu la
miséricorde divine dans votre cheminement de prêtre et d’évêque? Vous rappelez-vous en particulier un moment où
vous avez senti de façon limpide le regard miséricordieux du Seigneur dans
votre vie?
Je suis pécheur, je me sens pécheur, je suis sûr de l’être; je suis un
pécheur que le Seigneur a regardé
avec miséricorde. Je suis, comme je
l’ai dit aux détenus en Bolivie, un
homme pardonné. Je suis un homme
pardonné, Dieu m’a regardé avec
miséricorde et il m’a pardonné. Aujourd’hui encore, je commets des erreurs et des péchés et je me confesse
tous les quinze ou vingt jours. Et si
je me confesse, c’est parce que j’ai
besoin de sentir que la miséricorde
de Dieu est encore sur moi. Je me
souviens — je l’ai déjà dit de nombreuses fois — quand le Seigneur
m’a regardé avec miséricorde. J’ai
toujours eu la sensation qu’il prenait
tout spécialement soin de moi, mais
le moment le plus important a eu
lieu le 21 septembre 1953, quand
j’avais 17 ans. C’était le jour de la fête du printemps et des étudiants en
Argentine, et je devais le passer avec
les autres étudiants; j’étais catholique pratiquant, j’allais à la Messe
le dimanche, mais sans plus... J’étais
dans l’Action catholique, mais je ne
faisais rien, j’étais uniquement un catholique pratiquant. Dans la rue qui
va à la gare ferroviaire de Flores, je
suis passé près de la paroisse que je
fréquentais, et je me suis senti poussé à entrer: je suis entré et j’ai vu venir un prêtre que je ne connaissais
pas. A ce moment-là, je ne sais pas
ce qui m’est arrivé, mais j’ai éprouvé
le besoin de me confesser, dans le
premier confessionnal à gauche —
beaucoup de gens allaient prier là.
Et je ne sais pas ce qui s’est passé,
j’en suis sorti différent, changé. Je
suis rentré chez moi avec la certitude
que je devais me consacrer au Seigneur et ce prêtre m’a accompagné
pendant presqu’un an. C’était un
prêtre de Corrientes, don Carlos Benito Duarte Ibarra, qui vivait à la
maison du clergé, à Flores. Il avait
une leucémie et il était soigné à l’hôpital. Il est mort l’année suivante.
Après son enterrement, j’ai beaucoup pleuré, je me sentais complètement perdu, comme rempli de la
crainte d’avoir été abandonné par
Le Pape François au cours de la visite à la prison de Palmasola en Bolivie (10 juillet 2015)
Dieu. C’est à ce moment que j’ai
rencontré la miséricorde de Dieu et
cela est très lié à ma devise épiscopale: le 21 septembre est le jour de
Saint-Matthieu, et Bède le Vénérable, en parlant de la conversion de
Matthieu, dit que Jésus regarda
Matthieu miserando atque eligendo.
C’est une expression qui n’est pas
traduisible, parce qu’en italien, un
des deux verbes n’a pas de gérondif,
et en espagnol non plus. La traduction littérale serait «en miséricordiant et en choisissant», presque
comme un travail artisanal. «Il le
miséricordia»: voilà la traduction littérale du texte. Lorsque, des années
plus tard, en récitant le bréviaire en
latin, j’ai découvert cette lecture, je
me suis aperçu que le Seigneur
m’avait modelé de façon artisanale
avec sa miséricorde. Chaque fois que
je venais à Rome, comme je logeais
via della Scrofa, j’allais dans l’église
SaintLouis-des-Français prier devant le
tableau du Caravage, justement La
vocation de saint Matthieu.
Selon la Bible, le lieu où demeure la
miséricorde de Dieu est le sein, les entrailles maternelles, de Dieu. Qui
s’émeuvent au point de pardonner le
péché. Le jubilé de la miséricorde peutil être une occasion de redécouvrir la
«maternité» de Dieu? Existe-t-il aussi
un aspect plus «féminin» de l’Eglise à
valoriser?
Oui, Dieu lui-même l’affirme
quand il dit dans Isaïe qu’une mère
oublierait-elle son enfant, et que même une mère peut oublier... «moi,
en revanche, je ne t’oublierai jamais». On voit ici la dimension maternelle de Dieu. Tous ne comprennent pas quand on parle de la «maternité» de Dieu, ce n’est pas un
langage populaire — dans le bon
sens du terme — cela semble un langage un peu électif; c’est pourquoi
je préfère parler de la tendresse, qui
est le propre d’une mère, la tendresse de Dieu, la tendresse naît des entrailles paternelles. Dieu est père et
mère.
La miséricorde, toujours si l’on se réfère
à la Bible, nous fait connaître un Dieu
plus «émotif» que celui que nous imaginons parfois. Découvrir un Dieu qui
se laisse émouvoir et attendrir par
l’homme peut changer aussi notre attitude envers nos frères?
Découvrir cela nous conduira à
avoir une attitude plus tolérante,
plus patiente, plus tendre. En 1994,
au cours du synode, lors d’une réu-
nion de groupes, j’ai dit qu’il fallait
instaurer la révolution de la tendresse et un père synodal — un homme
bon, que je respecte et que j’aime
bien — déjà très âgé, m’a dit qu’il ne
fallait pas employer ce langage et il
m’a donné des explications raisonnables, en homme intelligent, mais je
continue de dire qu’aujourd’hui, la
révolution est celle de la tendresse
parce que c’est de là que découle la
justice et tout le reste. Si un entrepreneur embauche un employé de
septembre à juillet, lui ai-je dit, ce
qu’il fait n’est pas juste parce qu’il le
congédie pour les vacances de juillet
pour le reprendre après avec un
nouveau contrat de septembre à juillet, et de cette façon, le travailleur
n’a pas droit aux indemnités, ni à la
retraite, ni à la sécurité sociale. Il n’a
droit à rien. L’entrepreneur ne fait
pas preuve de tendresse, mais il traite l’employé comme un objet — pour
donner un exemple de manque de
tendresse. Si on se met à la place de
cette personne, au lieu de penser à
ses propres poches pour avoir un
peu d’argent en plus, alors les choses changent. La révolution de la
tendresse est ce que nous devons
cultiver aujourd’hui comme fruit de
cette année de la miséricorde: la tendresse de Dieu envers chacun de
nous. Chacun de nous doit dire: «Je
suis un pauvre, mais Dieu m’aime
ainsi; alors moi aussi je dois aimer
les autres de la même façon».
Le «discours à la lune» du Pape
Jean XXIII, lorsqu’un soir il salua les
fidèles en disant: «Donnez une caresse
à vos enfants» est célèbre. Cette image
est devenue une icône de l’Eglise de la
tendresse. De quelle manière le thème
de la miséricorde pourra-t-il aider les
communautés chrétiennes à se convertir
et à se renouveler?
Quand je vois les malades, les
personnes âgées, ce qui me vient
spontanément à l’esprit, c’est la caresse. La caresse est un geste qui
peut être interprété de façon ambiguë, mais c’est le premier geste que
font la maman et le papa avec leur
enfant nouveau-né, le geste qui dit
«je t’aime beaucoup», «je t’aime»,
«je veux que tu ailles de l’avant».
Pouvez-vous nous révéler un geste que
vous avez l’intention d’accomplir pendant le jubilé pour témoigner de la miséricorde de Dieu?
Il y aura de nombreux gestes,
mais un vendredi par mois, je ferai
un geste différent.
L’OSSERVATORE ROMANO
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Message de Noël du patriarche latin de Jérusalem
Paix, miséricorde et action
Peu de pèlerins, des arbres et des lampadaires à moitié éteints: Noël en Terre Sainte s’est présenté également comme une occasion pour revenir à l'essentiel
d'une fête qui risque souvent d'être dénaturée par son
pur aspect extérieur.
C’est ce qu’avait suggéré le patriarche de Jérusalem des Latins, Mgr Fouad Twal, qui dans l'aprèsmidi de la veillée, après une étape au monastère de
Mar Elias, est arrivé en procession à Bethléem, où
avant la Messe de minuit, il a présidé le rite d'ouverture de la porte sainte de la basilique de la Nativité.
Le rite a ensuite été renouvelé à Nazareth le 27 déChers amis, chers peuples de Terre
Sainte,
A vous tous et à ceux qui vous
sont chers, je souhaite un Noël plein
de joie et de bénédictions!
Chers amis journalistes, merci de
votre présence; merci également pour
votre travail, si précieux. Qu’il s’exerce avec franchise, liberté, et sagesse,
et qu’il soit surtout toujours guidé
par un souci constant de vérité.
Dans quelques jours, nous fêterons la naissance du Christ; Noël,
mystère de l’Incarnation, mystère du
Verbe Eternel qui «s’est fait chair et
a demeuré parmi nous»; Noël, fête
de la lumière qui brille dans la nuit,
fête de la joie, de l’espérance et de
la paix. Les enfants du monde rêvent d’une fête merveilleuse, de cadeaux, de lumières, d’arbres décorés
et de crèches. Cependant, et je reprends les mots mêmes du Pape
François, «tout est faussé, car le
monde continue à faire la guerre»...
Cette fameuse «troisième guerre
mondiale par morceaux» dont il
nous parle si souvent, se déroule
sous nos yeux, en partie dans notre
région, sur notre terre.
Quelle douleur de voir, une fois
encore, notre bien-aimée Terre Sainte prise dans le cycle infernal et sanglant de la violence! Quelle douleur
de voir, une fois encore, la haine
prendre le pas sur la raison et le dialogue! La souffrance des peuples de
cette terre est la nôtre, nous ne pouvons l’ignorer. Cela suffit. Nous
sommes fatigués de ce conflit, et de
voir la Terre Sainte ensanglantée.
Aux dirigeants israéliens et palestiniens, nous disons qu’il est temps
de faire preuve de courage, et de travailler à l’établissement d’une paix
juste. Assez de procrastination, d’hésitations, de faux prétextes! Respectez les résolutions internationales,
écoutez la voix de vos peuples qui
aspirent à la paix, et agissez dans
leur intérêt. Chacun des deux peuples de la Terre Sainte, les Israéliens
et les Palestiniens, a droit à la dignité, à un Etat indépendant et à une
sécurité durable.
La situation que nous vivons en
Terre Sainte fait écho, hélas, à celle
du monde, confrontée à une menace
terroriste sans précédent. Une idéologie mortifère, fondée sur le fanatisme et l’intransigeance religieuse, répand la terreur et la barbarie au milieu d’innocents. Elle visait hier le
Liban, la France, la Russie, les
Etats-Unis, mais sévit depuis des années en Irak, et en Syrie. Le cas syrien est d’ailleurs au centre de cette
crise actuelle ; de la résolution de ce
conflit dépend le futur du MoyenO rient.
Ces terribles guerres sont alimentées par le commerce des armes, le-
cembre, dans la basilique de l'Annonciation. «La situation actuelle — a écrit Mgr Fouad Twal dans son
message de Noël — nous suggère de limiter les aspects
les plus visibles des célébrations en faveur d'un approfondissement de leur signification spirituelle».
Le sinistre climat de souffrance causé par le conflit
israélo-palestinien a également constitué un cadre inévitable à la visite que le patriarche Twal a effectuée le
dimanche 20 décembre dans la Bande de Gaza pour
l'ouverture de la porte sainte dans la paroisse consacrée à la Sainte-Famille. Là, la petite communauté
chrétienne locale — environ 1300 personnes — s’est
quel implique plusieurs puissances
internationales. Nous sommes face à
une absurdité et une duplicité totales: certains parlent, d’un côté, de
dialogue, de justice, de paix et promeuvent, de l’autre, la vente d’armes
aux belligérants! A ces trafiquants
d’armes sans scrupules et sans conscience, nous disons: convertissezvous. Votre responsabilité est grande
dans ces tragédies qui nous accablent et vous aurez à répondre devant Dieu du sang de vos frères.
La réponse militaire et la voie de
la force ne peuvent pas résoudre les
problèmes de l’humanité. Il faut
trouver quelles sont les causes et les
racines de ce fléau, et s’y attaquer. Il
faut lutter contre la pauvreté et l’injustice, qui peuvent constituer un
terreau favorable au terrorisme; de
même, il faut promouvoir l’éducation à la tolérance et l’acceptation de
l’autre.
L’Eglise et la communauté des
croyants ont également une réponse
à apporter à la situation actuelle.
Cette réponse est celle du jubilé de
la miséricorde, inauguré le 8 décembre par le Pape François. La miséricorde est le remède aux maux de
notre temps. C’est par elle que nous
rendrons visibles au monde la tendresse et la proximité de Dieu.
La miséricorde ne se limite pas
aux relations individuelles, mais devrait embrasser la vie publique dans
tous ses secteurs (politique, économique, culturel, social), à tous les niveaux (international, régional et local) et dans toutes les directions (entre Etats, peuples, ethnies, religions
et confessions). Quand la miséricorde deviendra une composante de
l’action publique, elle sera alors capable de transférer le monde de la
sphère des intérêts égoïstes à celle
des valeurs humaines.
La miséricorde est un acte politique par excellence, à condition de
définir la politique dans son sens le
plus noble, c’est-à-dire la prise en
charge de la famille humaine à partir
des valeurs éthiques, dont la miséricorde est une composante principale, qui s’opposent à la violence, l’oppression, l’injustice et l’esprit de domination.
A l’occasion de cette année de la
miséricorde, nous invitons les pèlerins à visiter la Terre Sainte. Selon
l’invitation du Saint-Père, nous
avons ouvert une porte sainte, une
porte de miséricorde, dans plusieurs
églises du diocèse, à Jérusalem (basilique de Gethsémani), Nazareth (basilique de l’Annonciation) et Bethléem (basilique de la Nativité).
Les pèlerins ne devraient pas avoir
peur de venir. Malgré la situation
tendue en cette Terre, leur itinéraire
est sans risque. De plus, ils sont res-
préparée aux festivités avec la nostalgie de temps pas
si lointains, durant lesquels il était permis de célébrer
Noël en public. «Il n'est pas facile d'être chrétiens à
Gaza», regrette un représentant de la communauté,
Zuheir Michael Jawadat, pour lequel «l'atmosphère
n'est pas agréable.
Le Hamas n'autorise plus les célébrations de Noël
dans les espaces publics». Nous publions ci-dessous le
message de Noël du patriarche latin de Jérusalem,
Sa Béatitude Mgr Fouad Twal, présenté lors de la
traditionnelle conférence de presse qui s’est tenue le 16
décembre au patriarcat latin.
pectés et appréciés par toutes les
composantes de la Terre Sainte.
Nous croyons en la valeur fondamentale de l’éducation. Et ici justement, comment ne pas rappeler
l’âpre lutte menée pour préserver
nos écoles chrétiennes en Israël?
Comment ne pas remercier ceux qui
y ont pris part, parents, enfants et
professeurs? Beaucoup de politiques,
parmi lesquels le président israélien
Reuven Rivlin et plusieurs membres
de la Knesset, ont œuvré à cette noble cause. Leur engagement nous a
montré un attachement certain à
l’éducation proposée par ces écoles,
ouvertes à tous les citoyens sans distinction, fondées sur des principes
de fraternité, de dialogue et de paix.
Cette perspective interreligieuse
m’amène à évoquer le 50e anniversaire de Nostra aetate, probablement le
texte le plus révolutionnaire du
Concile Vatican II. Cette déclaration
pose les bases du dialogue entre
l’Eglise et les religions non-chrétiennes. Ici, en Terre Sainte, ce dialogue
revêt une importance capitale; les
difficultés existent certes, mais il est
nécessaire de continuer d’espérer,
plus que jamais, à la viabilité d’un
dialogue judéo-islamo-chrétien.
Je tiens d’ailleurs à saluer notre
vicariat Saint-Jacques pour les catholiques de langue hébraïque, qui a
fêté cette année ses soixante ans
d’existence, qui ne cesse d’œuvrer
pour le dialogue judéo-chrétien, et
de se donner avec générosité au service des migrants.
La situation politique actuelle
nous suggère de modérer l’éclat des
célébrations, et d’en approfondir
plutôt le sens spirituel. Pour cette
raison, nous invitons chaque paroisse à éteindre pendant cinq minutes
les lumières de l’arbre de Noël, en
signe de solidarité avec toutes les
victimes de la violence et du terrorisme. De même, la Messe de Noël sera offerte pour les victimes et leurs
familles, afin que celles-ci reprennent
courage, et participent à la joie et à
la paix de Noël.
Je voudrais conclure ce message
en remerciant le Saint-Père, pour
plusieurs raisons: d’abord pour la
canonisation en mai dernier des
deux saintes palestiniennes, pour le
synode des évêques sur la famille,
auquel j’ai eu la joie de participer,
pour le motuproprio simplifiant la
procédure de nullité du mariage;
pour l’accord bilatéral historique entre l’Etat de Palestine et le Saint-Siège; enfin pour son encyclique Laudato si’, sur la sauvegarde de la création et de l’environnement, sujets
majeurs pour notre planète et pour
l’humanité.
«Un enfant nous est né, un fils
nous a été donné! Sur son épaule est
le signe du pouvoir; son nom est
proclamé:
Conseiller-merveilleux,
Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-dela-Paix» (Is 9, 5).
Chers amis, la naissance du Christ
est signe de la miséricorde du Père,
et promesse de joie pour nous tous.
Que ce message rayonne sur notre
monde blessé, console les affligés,
les opprimés, et convertisse les
cœurs des violents. Saint et joyeux
Noël à tous!
L’OSSERVATORE ROMANO
page 18
Congrégation pour les causes des saints
Promulgation de décrets
14 décembre
Le 14 décembre 2015, le Saint-Père
a reçu en audience privée S.Em. le
cardinal Angelo Amato, S.D.B.,
préfet de la Congrégation pour les
causes des saints. Au cours de
l’audience, le Saint-Père a autorisé
la Congrégation à promulguer les
décrets concernant:
— le miracle, attribué à l’intercession de la bienheureuse MARIE
ELISABETH HESSELBLAD, fondatrice de l’ordre du Très-Saint Sauveur de Sainte-Brigitte; née à Flågavik (Suède) le 4 juin 1870 et
morte à Rome le 24 avril 1957;
— le miracle, attribué à l’intercession du serviteur de Dieu LADISLAW BUKOWIŃSKI, prêtre diocésian; né à Berdyczów (Ukraine) le
22 décembre 1904 et mort à Karaganda (Kazakhstan) le 3 décembre
1974;
— le miracle, attribué à l’intercession de la vénérable servante de
Dieu MARIAE CELESTE CROSTAROSA (dans le siècle: Giulia), moniale fondatrice des sœurs du Très
Saint Rédempteur; née à Naples
(Italie) le 31 octobre 1696 et morte
à Foggia (Italie) le 14 septembre
1755;
— le miracle, attribué à l’intercession de la vénérable servante de
Dieu MARIE DE JÉSUS (dans le siècle: Carolina Santocanale), fondatrice de la Congrégation des sœurs
capucines de l’Immaculée de
Lourdes; née à Palerme le 2 octobre 1852 et morte à Cinisi (Italie)
le 27 janvier 1923;
— le miracle, attribué à l’intercession de la vénérable servante de
Dieu ITALA MELA, oblate bénédictine du monastère de San Paolo à
Rome; née à La Spezia (Italie) le
28 août 1904 et morte au même
endroit le 29 avril 1957;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu ANGELO RAMAZZOTTI, patriarche de Venise, fondateur
de l’Institut pour les missions
étrangères; né à Milan (Italie) le 3
août 1800 et mort à Crespano del
Grappa (Italie) le 24 septembre
1861;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu JOSEPH VITHAYATHIL, prêtre diocésain, fondateur
de la Congrégation des sœurs de
la Sainte-Famille; né à Puthenpally (Inde) le 23 juillet 1865 et mort
à Kuzhikkattussery (Inde) le 8
juin 1964;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu JOSÉ MARÍA ARIZMENDIARRIETA, prêtre diocésain;
né à Markina (Espagne) le 22 avril
1915 et mort à Mondragón le 29
novembre 1976 (Espagne);
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu GIOVANNI SCHIAVO,
prêtre profès de la Congrégation
de Saint-Joseph; né à Sant’Urbano (Italie) le 8 juillet 1903 et mort
à Caxias di Sul (Brésil) le 27 janvier 1967;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu VENANZIO MARIA
QUADRI (dans le siècle: Antonio),
religieux profès de l’ordre des Serviteurs de Marie; né à Vado de
Setta (Italie) le 9 décembre 1916 et
mort à Rome le 2 novembre 1937;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu WILLIAM GAGNON,
religieux profès de l’ordre hospitalier de Saint-Jean-de-Dieu; né à
Dover (Etats-Unis d’Amérique) le
16 mai 1905 et mort à Hô Chi
Minh City (anciennement Saïgon,
Vietnam) le 28 février 1972;
— les vertus héroïques de la servante de Dieu TERESA ROSA FERDINANDA DE SALDANHA OLIVEIRA
E SOUSA, du Tiers-Ordre de SaintDominique, fondatrice de la Congrégation du Portugal des sœurs
dominicaines de Sainte-Catherine
de Sienne; née le 4 septembre 1837
Curie romaine
Le Saint-Père a nommé:
19 décembre
Mgr PAUL TIGHE, jusqu’à présent secrétaire du Conseil pontifical pour les communications
sociales: secrétaire-adjoint du
Conseil pontifical de la culture,
l’élevant dans le même temps au
siège épiscopal de Drivasto.
Né à Dublin (Irlande) le 12 février 1958, il a fréquenté la De
La Salle Primary School à Navan, puis le Summerhill College
de Sligo. En 1979, il a obtenu
une maîtrise en droit civil à
l’University College de Dublin.
Après s’être préparé au sacerdoce
à l’Holy Cross College de Dublin et au Collège pontifical irlandais à Rome, le 10 juillet 1983,
il a été ordonné prêtre pour l’archidiocèse de Dublin. Sa première fonction a été celle d’aumônier
paroissial et d’enseignant à Ballyfermot. Il a ensuite été envoyé à
Rome pour étudier la théologie
morale à l’université pontificale
grégorienne. De retour à Dublin,
à partir de 1990, il a enseigné la
théologie morale au Mater Dei
Institute of Education et à l’Holy Cross College. En 2004, il a
été nommé directeur du Communications Office de l’archidiocèse
de Dublin et, en 2005, il a institué l’Office for Public Affairs,
pour promouvoir la collaboration
du diocèse avec les institutions
publiques et la société civile. En
novembre 2007, il a été nommé
secrétaire du Conseil pontifical
pour les communications sociales. En juin 2014, il a été nommé
secrétaire du Comité pour les
médias vaticans présidé par Lord
Christopher Patten et constitué
pour développer un projet de
restructuration des ressources
pour la communication du SaintSiège, qui a été présenté au Pape
en mars 2015.
à Lisbonne (Portugal) et morte au
même endroit le 8 janvier 1916;
— les vertus héroïques de la servante de Dieu MARÍA EMILIA RIQUELME ZAYAS, fondatrice de l’institut des missionnaires du TrèsSaint-Sacrement et de la bienheureuse Vierge Marie Immaculée;
née à Grenade (Espagne) le 15
août 1847 et morte au même endroit le 10 décembre 1940;
— les vertus héroïques de la servante de Dieu MARÍA ESPERANZA
DE LA CRUZ (dans le siècle: Salustiana Antonia Ayerbe Castillo),
co-fondatrice des missionnaires augustines récollectines; née à Monteagudo (Espagne) le 8 juin 1890
et morte au même endroit le 23
mai 1967;
— les vertus héroïques de la servante de Dieu EMANUELA MARIA
MAGDALENA KALB (dans le siècle:
Elena), sœur professe de la Congrégation des sœurs chanoinesses
du Saint-Esprit in Sassia; née à Jarosław (aujourd’hui Pologne) le 26
août 1899 et morte à Cracovie
(Pologne) le 18 janvier 1986;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu NIKLAUS WOLF, laïc
et père de famille; né à Neuenkirch (Suisse) le 1er mai 1756 et
mort à Sant’Urbano (Suisse) le 18
septembre 1832;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu TERESIO OLIVELLI,
laïc; né à Bellagio (Italie) le 7 janvier 1916 et mort dans le camp de
concentration de Hersbruck (Allemagne) le 17 janvier 1945.
17 décembre
Le 17 décembre 2015, le Pape
François a reçu en audience privée
S.Em. le cardinal Angelo Amato,
S.D.B., préfet de la Congrégation
pour les causes des saints.
Au cours de l’audience, le
Saint-Père a autorisé la Congrégation à promulguer les décrets concernant:
— le miracle, attribué à l’intercession de la bienheureuse TERESA
DE CALCUTTA (dans le siècle:
Agnese Gonxha Bojaxhiu), fondatrice des Congrégations des Missionnaires de la charité; née le 26
août 1910 et morte le 5 septembre
1997;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu GIUSEPPE AMBROSOLI, prêtre profès des Missionnaires
comboniens du Cœur de Jésus; né
le 25 juillet 1923 et mort le 27 mars
1987;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu AD OLFO (dans le siècle: Leonardo Lanzuela Martínez),
religieux profès de l’Institut des
Frères des écoles chrétiennes; né le
8 novembre 1894 et mort le 14
mars 1976;
— les vertus héroïques du serviteur de Dieu ENRICO HAHN, laïc;
né le 29 août 1800 et mort le 11
mars 1882.
jeudi 31 décembre 2015, numéro 53
Nominations dans
la communication
vaticane
Deux laïcs ont été nommés le 21 décembre à des charges de responsabilité dans
l’information vaticane: le Pape a en effet
choisi le nouveau directeur du Centre
de télévision du Vatican (CTV) et le
Saint-Siège a annoncé qu’à compter
du 1er février 2016, la salle de presse aura un nouveau directeur-adjoint. Il
s’agit respectivement de STEFANO
D’AGOSTINI, cinquante-sept ans, jusqu’alors responsable technique du CTV,
et de GREG BURKE, cinquante-six ans,
actuellement «advisor» pour la communication de la secrétairerie d’Etat.
Stefano D’Agostini, qui travaille au
Centre de télévision du Vatican depuis
sa fondation, en 1983, succède donc à
Mgr Dario Edoardo Viganò — qui est
depuis le 27 juin dernier préfet du Secrétariat pour la communication. Ces
dernières années, il a suivi et effectué la
production et la réalisation de tous les
plus grands événements qui ont concerné la mission des Papes et la vie de
l’Eglise. L’histoire de M. D’Agostini est
quant à elle particulière. Il est né en effet le 28 octobre 1958, précisément dans
l’Etat de la Cité du Vatican, à 17h30, et
donc au moment de la fumée blanche
de l’élection de Jean XXIII. Si bien que
le Pape le compta tout de suite parmi
les enfants qu’il aimait appeler affectueusement «roncallini» et par le biais
de son secrétaire particulier, Loris Francesco Capovilla, aujourd’hui cardinal, il
lui fit parvenir une médaille-souvenir. Et
en ce 28 octobre 1958, précisément, son
père Franco qui était sediario pontificio,
était en service dans l’antichambre papale. Et Fausto, son grand-père, était lui
aussi employé de l’antichambre papale.
Sa mère, pour sa part, est la fille du
lieutenant de gendarmerie, Biagio Lassen. Marié avec Rossella, il a deux enfants.
Le nouveau directeur-adjoint de la
salle de presse du Saint-Siège est l’Américain au passeport italien Greg Burke.
Né le 8 novembre 1959 à Saint-Louis,
Missouri, dans un quartier germanoirlandais et dans une famille catholique
pratiquante, après avoir étudié dans un
lycée des jésuites de la ville, s’est diplômé en littérature comparée à la Columbia University (1983). Au cours de ces
années, il est entré dans l’Opus Dei,
dont il est ensuite devenu membre numéraire. Spécialisé en journalisme
(1984), il a effectué des stages dans la
rubrique des faits divers d’un petit quotidien de New York avant d’entrer à
l’agence United Press International au
siège de Chicago. Après des collaborations également avec l’agence Reuters et
avec l’hebdomadaire «Metropolitan», en
1988 il est arrivé à Rome en tant qu’envoyé spécial de l’hebdomadaire «National Catholic Register». Collaborateur
durant quatre ans, et à partir de 1994
correspondant permanent du «Time»,
après le journalisme d’agence et celui de
la presse papier, est arrivé, avec le 11
septembre 2001, le temps de la télévision chez Fox News. Pendant onze ans,
il a en effet suivi depuis Rome les événements qui concernaient l’Italie, le Vatican, le Proche et Moyen-Orient, l’Europe. Enfin, en juin 2012, il a été appelé
par le Saint-Siège à occuper une toute
nouvelle fonction d’«advisor» pour la
communication de la secrétairerie
d’Etat.
L’OSSERVATORE ROMANO
numéro 53, jeudi 31 décembre 2015
Audiences
pontificales
Le Saint-Père a reçu en audience:
Collège épiscopal
Nominations
Le Saint-Père a nommé:
14 décembre
S.E. M. MAITHRIPALA SIRISENA,
président de la République socialiste du Sri Lanka, avec sa suite.
S.Exc. Mgr CHRISTOPHE PIERRE,
archevêque titulaire de Gunela,
nonce apostolique au Mexique.
la Commission de direction de
l’«Asociación de Magistrados y
Funcionarios del Ministerio público de la Defensa de la República
Argentina».
Leurs Eminences MM. les cardinaux:
ANGELO AMATO, préfet de la
Congrégation pour les causes des
saints;
WALTER KASPER, président émérite du Conseil pontifical pour la
promotion de l’unité des chrétiens.
17 décembre
S.Em. le cardinal FERNAND O FILONI, préfet de la Congrégation
pour l’évangélisation des peuples;
Leurs Excellences NN.SS.:
ALESSANDRO D’ERRICO, archevêque titulaire de Carini, nonce
apostolique en Croatie;
ALD O CAVALLI, archevêque titulaire de Vibo Valentia, nonce
apostolique aux Pays-Bas.
M. CARL A. ANDERSON, chevalier
suprême des Chevaliers de Colomb, avec S.Exc. Mgr WILLIAM
EDWARD LORI, archevêque de Baltimore (Etats-Unis d’Amérique).
S.Em. le cardinal ANGELO AMATO,
préfet de la Congrégation pour les
causes des saints.
18 décembre
S.Exc. Mgr FABIO MARTÍNEZ CASTILLA, archevêque de Tuxtla Gutiérrez (Mexique), avec l’évêque
auxiliaire, S.Exc. Mgr JOSÉ LUIS
MEND OZA CORZO, évêque titulaire
de Lamiggiga, et avec S.Exc. Mgr
FELIPE
ARIZMENDI
ESQUIVEL,
évêque de San Cristóbal de Las
Casas.
19 décembre
S.Em. le cardinal MARC OUELLET,
préfet de la Congrégation pour les
évêques;
Leurs Excellences NN.SS.:
SALVATORE PENNACCHIO, archevêque titulaire de Montemarano,
nonce apostolique en Inde et au
Népal;
NIKOLA ETEROVIĆ, archevêque
titulaire de Cibale, nonce apostolique en République fédérale d’Allemagne.
L’OSSERVATORE ROMANO
EDITION HEBDOMADAIRE
Unicuique suum
EN LANGUE FRANÇAISE
Non praevalebunt
15 décembre
le père JAMES PATRICK POWERS, du
clergé du diocèse de Superior, jusqu’à présent administrateur diocésain de Superior et curé de la Saint
Joseph Parish à Rice Lake (EtatsUnis d’Amérique): évêque de Superior (Etats-Unis d’Amérique).
Né le 6 février 1953 à Baldwin
(Wisconsin, Etats-Unis d’Amérique),
il a fréquenté la Hammond Grade
School et la Saint Croix Central
High School. Il a été pendant plusieurs années propriétaire d’une compagnie d’assurance. Entré au séminaire, il a suivi ses études ecclésiastiques au Saint John Vianney et au
Saint Paul Seminary à Saint Paul
(Minnesota), et des études en droit
canonique (1996) à la Saint Paul’s
University à Ottawa (Canada). Il a
été ordonné prêtre pour le diocèse
de Superior le 20 mai 1990. Après
l’ordination, il a exercé les fonctions
suivantes: vicaire paroissial de la
Saint Joseph à Rice Lake (19901992); administrateur paroissial de
Saint John the Baptist à Webster,
des Sacred Hearts of Jesus and Mary
à Crescent Lake et de Our Lady of
Perpetual Help à Danbury (19931994); curé de Saint Bridget à River
Falls (1994-1998), de Saint Pius X à
Solon Springs, Saint Mary à Minong et Saint Anthony of Padua à
Gordon (1998-2003); vicaire judiciaire adjoint (1998-2010); administrateur paroissial de Saint Pius X à Solon Springs, Saint Anthony of Padua
à Gordon et Saint Mary à Minong
(2003-2014); vicaire général (20102014). Depuis 2003, il est curé de la
Saint Joseph Parish à Rice Lake et
administrateur paroissial de Our Lady of Lourdes à Dobie, Saint John
the Evangelist à Birchwood et Holy
Trinity à Haugen et, depuis 2014, il
est administrateur diocésain. Il a
également été père spirituel du groupe Teens Encounter Christ et membre du Priest Personnel Board.
(1982) de l’université de Dallas à Irving, Texas. Ordonné prêtre pour le
diocèse de Dallas le 15 mai 1982, il a
été vicaire paroissial de All Saints
(1982-1986); aumônier à la University of Dallas (1986-1996); curé de
Saint Gabriel à McKinney (19962008). Il a également été directeur
des vocations sacerdotales, doyen,
recteur ad interim du séminaire Holy
Trinity et membre du collège des
consulteurs, du conseil presbytéral
et du board of directors de l’université de Dallas. Depuis 2008, il était
vicaire pour le clergé.
Mgr JOHN GREGORY KELLY, du
clergé du diocèse de Dallas, jusqu’à
présent vicaire pour le clergé (EtatsUnis d’Amérique): évêque auxiliaire
de Dallas (Etats-Unis d’Amérique),
lui assignant le siège titulaire épiscopal de Jamestown.
Né le 15 février 1956 à LeMars,
Iowa, dans le diocèse de Sioux City
(Etats-Unis d’Amérique), il a fréquenté la Sacred Heart Elementary
School (1962-1970) et la Saint Mary
High School (1970-1974) à Colorado
Springs et la Colorado State University (1974-1976) à Fort Collins.
Entré au séminaire Holy Trinity, il a
obtenu le baccalauréat en philosophie (1978) et le master of divinity
Mgr LESZEK LESZKIEWICZ, jusqu’à
présent doyen et curé de la paroisse
Saint-Nicolas à Bochnia (Pologne):
évêque auxiliaire de Tarnów (Pologne), lui assignant le siège titulaire
de Bossa.
Né le 10 mai 1970 à Görlitz, dans
le diocèse de Tarnów (Pologne),
après son baccalauréat, en 1989 il a
été admis au grand séminaire. Le 25
mai 1996, il a reçu l’ordination sa-
16 décembre
GIOVANNI MARIA VIAN
directeur
Giuseppe Fiorentino
vice-directeur
rédacteur en chef de l’édition
Rédaction
cerdotale et a été vicaire paroissial à
Szczucin (1996-2000). Après des
cours au centre de formation missionnaire à Varsovie (2001), il a prêté service en Equateur, dans le diocèse de Babhoyo (jusqu’en 2006).
De 2006 à 2009, il a étudié à l’université pontificale, où il a obtenu
une licence en missiologie. Il a été
pendant un an vice-directeur du département pour les missions du diocèse de Tarnów. De 2010 à 2015, il a
été préfet de discipline au grand séminaire. Il était actuellement doyen,
curé de Saint-Nicolas et custode du
sanctuaire marial à Bochnia.
19 décembre
le père JOSEPH RAJA RAO THELEGATHOTI, S.M.M., provincial des Missionnaires montfortains à Bangalore
(Inde): évêque de Vijayawada (Inde).
Né le 8 mars 1952, à Peddautapally, dans le diocèse de Vijayawada
(Inde), après des études à l’Andhra
Loyola College, il a fréquenté le petit séminaire Saint Ambrose à Nuzvid. Il a ensuite étudié la philosophie au Saint Peter’s Papal Seminary de Bangalore, comme novice de
la compagnie de Marie (montfortains), et la théologie à l’université
pontificale grégorienne. Il a obtenu
une licence en théologie biblique au
Dharmaram Vidya Kshetram de
Bangalore et un doctorat en théologie spirituelle à la Grégorienne.
Après avoir émis sa profession solennelle le 31 janvier 1980, il a été ordonné prêtre montfortain le 7 juin
suivant. Jusqu’en 1984, il a été recteur du petit séminaire de sa congrégation à Mysore, puis recteur du
théologat de Bangalore et dans le
même temps conseiller provincial
(1984-1990). Devenu supérieur provincial (1990-1997), il a été dans le
même temps vice-président de la
conférence des religieux de l’Inde
(1993-1997). A Rome, de 1997 à
2004, il s’est occupé d’une nouvelle
fondation et a complété sa formation. De retour dans son pays, il a
dirigé un institut pour jeunes filles
pauvres à Anugraha (2004-2008),
puis le Monfortian Marian Centre à
Bangalore (2006-2011). Dans le même temps, il était conseiller provincial et recteur du théologat montfortain à Bangalore (2008-2011). De
2011 à 2015, il a été procureur général et postulateur de sa congrégation
à Rome et actuellement, il était provincial à Bangalore.
Jean-Michel Coulet
Cité du Vatican
[email protected]
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page 19
TIPO GRAFIA VATICANA EDITRICE
L’OSSERVATORE ROMANO
don Sergio Pellini S.D.B.
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Démission
Le Saint-Père a accepté la démission
de:
16 décembre
S.Exc. Mgr PAULO SÉRGIO MACHAD O, qui avait demandé à être relevé
de la charge pastorale du diocèse de
São Carlos (Brésil), conformément
au canon 401 § 2 du C. de D.C.
IOR
24 novembre
Le Saint-Père s’est rendu à l’institut pour les œuvres de religion,
et a nommé directeur général de
l’institut M. GIAN FRANCO MAMMÌ, jusqu’à présent vice-directeur.
Représentation
pontificale
Nomination
Le Saint-Père a nommé:
12 décembre
S.Exc. Mgr VITO RALLO, archevêque titulaire d’Alba: nonce
apostolique au Maroc.
Né à Mazara del Vallo (Italie)
le 30 mai 1953, il a été ordonné
prêtre le 1er avril 1979 dans sa ville
et a obtenu une maîtrise in
utroque iure. En 1988 il est entré
au service diplomatique du SaintSiège, accomplissant sa mission
dans les nonciatures de Corée,
Sénégal, Mexique, Canada, Liban, Espagne. En 2004, il a été
appelé à occuper la charge d’envoyé spécial et d’observateur permanent du Saint-Siège auprès du
Conseil de l’Europe à Strasbourg
jusqu’au 12 juin 2007, où il a été
nommé archevêque titulaire d’Alba et nonce apostolique au Burkina Faso et au Niger. Il a reçu
l’ordination épiscopale le 28 octobre suivant.
Abonnements: Italie, Vatican: 58,00 €; Europe: 100,00 € 148,00 $ U.S. 160,oo FS; Amérique latine, Afrique,
Asie: 110,00 € 160,00 $ U.S. 180,00 FS; Amérique du Nord, Océanie: 162,00 € 240,00 $ U.S. 260,00 FS. Renseignements:
téléphone + 39 06 698 99489; fax + 39 06 698 85164; courriel: [email protected]
Belgique: Editions Jésuites 7, rue Blondeau 5000 Namur (IBAN: BE97 0688 9989 0649 BIC: GKCCBEBB);
téléphone o81 22 15 51; fax 081 22 08 97; [email protected] France: Bayard-Ser 14, rue d’Assas,
75006 Paris; téléphone + 33 1 44 39 48 48; [email protected] - Editions de L’Homme Nouveau 10, rue de
Rosenwald 75015 Paris (C.C.P. Paris 55 58 06T); téléphone + 33 1 53 68 99 77 [email protected].
Suisse: Editions Saint - Augustin, casepostale 51, CH - 1890 Saint-Maurice, téléphone + 41 24 486 05 04,
fax + 41 24 486 05 23, [email protected] - Editions Parole et Silence, Le Muveran, 1880 Les Plans sur Bex
(C.C.P. 17-336720-5); téléphone + 41 24 498 23 01; [email protected] Canada et Amérique du Nord: Editions
de la CECC (Conférence des Evêques catholiques du Canada) 2500, promenade Don Reid, Ottawa (Ontario)
K1H 2J2; téléphone 1 800 769 1147; [email protected]
L’OSSERVATORE ROMANO
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jeudi 31 décembre 2015, numéro 53
Messe du 27 décembre
La famille
est nécessaire
Il est important pour les familles de marcher ensemble. C’est ce qu’a souligné le
Pape François lors de la Messe présidée à l’autel de la Confession de la basilique
vaticane, dans la matinée du dimanche 27 décembre, fête de la Sainte-Famille de
Jésus. A cette occasion, célébrant le jubilé des familles dans le cadre de l’année
sainte extraordinaire de la miséricorde, le Pape a prononcé l’homélie suivante:
Les lectures bibliques que nous
avons écoutées nous ont présenté
l’image de deux familles qui accomplissent leur pèlerinage vers la maison de Dieu. Elkana et Anne portent leur fils Samuel au temple de
Silo et le consacrent au Seigneur (cf.
1 S 1, 20-22.24-28). De la même manière, Joseph et Marie, pour la fête
de la Pâque, se font pèlerins à Jérusalem avec Jésus (cf. Lc 2, 41-52).
Nous avons souvent sous les yeux
les pèlerins qui se rendent dans les
sanctuaires et dans les lieux chers à
la piété populaire. En ces jours,
beaucoup se sont mis en chemin
pour rejoindre la porte sainte ouverte dans toutes les cathédrales du
monde et aussi dans de nombreux
sanctuaires. Mais la chose la plus
belle mise en relief aujourd’hui par
la Parole de Dieu est que toute la famille accomplit le pèlerinage. Papa,
maman et les enfants, ensemble, se
rendent à la maison du Seigneur
pour sanctifier la fête par la prière.
C’est un enseignement important
qui est offert aussi à nos familles.
Nous pouvons même dire que la vie
de la famille est un ensemble de petits et de grands pèlerinages.
Comme cela nous fait du bien par
exemple, de penser que Marie et Joseph ont enseigné à Jésus à réciter
les prières! Et cela est un pèlerinage,
le pèlerinage de l’éducation à la
prière. Et cela nous fait aussi du
bien de savoir que durant la journée
ils priaient ensemble; et qu’ensuite le
samedi, ils allaient ensemble à la synagogue pour écouter les Ecritures
de la Loi et des Prophètes et louer le
Seigneur avec tout le peuple. Et certainement durant le pèlerinage vers
Jérusalem, ils ont prié en chantant
avec les paroles du Psaume: «Quelle
joie quand on m’a dit: “Nous irons à
la maison du Seigneur!”. Maintenant notre marche prend fin devant
tes portes, Jérusalem!» (122, 1-2).
Comme il est important pour nos
familles de marcher ensemble et
d’avoir un même but à atteindre!
Nous savons que nous avons un parcours commun à accomplir; une route où nous rencontrons des difficultés mais aussi des moments de joie
et de réconfort. Dans ce pèlerinage
de la vie, nous partageons aussi le
moment de la prière. Qu’y-a-t-il de
plus beau pour un papa et une maman que de bénir leurs enfants au
début de la journée et à sa conclusion? Tracer sur leur front le signe
de la croix comme le jour du baptême. N’est-ce pas peut-être la prière
la plus simple des parents pour leurs
enfants? Les bénir, c’est-à-dire les
confier au Seigneur, comme l’ont
fait Elkana et Anne, Joseph et Marie, pour qu’il soit leur protection et
leur soutien dans les différents moments de la journée. Comme il est
important pour la famille de se retrouver aussi pour un bref temps de
prière avant de prendre ensemble les
repas, pour remercier le Seigneur de
ces dons, et pour apprendre à partager ce qui est reçu avec celui qui est
davantage dans le besoin. Ce sont
de tout-petits gestes qui expriment
cependant le rôle de formation que
possède la famille dans le pèlerinage
de tous les jours.
Au terme de ce pèlerinage, Jésus
retourne à Nazareth et il était soumis à ses parents (cf. Lc 2, 51). Cette
image contient aussi un bel ensei-
gnement pour nos familles. Le pèlerinage, en effet, ne finit pas quand
on arrive au but qu’est le sanctuaire,
mais quand on revient à la maison et
qu’on reprend la vie de tous les
jours, mettant en acte les fruits spirituels de l’expérience vécue. Nous savons ce que Jésus avait fait cette
fois. Au lieu de revenir à la maison
avec les siens, il s’était arrêté à Jérusalem dans le Temple, causant une
grande peine à Marie et à Joseph
qui ne le trouvaient plus. Pour cette
«escapade», Jésus a dû aussi probablement présenter des excuses à ses
parents. L’Evangile ne le dit pas,
mais je crois que nous pouvons le
supposer. La question de Marie,
d’ailleurs, manifeste une certaine réprobation, rendant évidente sa
préoccupation et son angoisse ainsi
que celle de Joseph. Revenant à la
maison, Jésus s’est certainement soumis à eux pour montrer toute son
affection et son obéissance. Ces moments qui, avec le Seigneur, se transforment en opportunité de croissance, en occasion de demander pardon
et de le recevoir, de montrer l’amour
et l’obéissance, font aussi partie du
pèlerinage de la famille.
Au cours de l’année de la miséricorde, que chaque famille chrétienne
puisse devenir un lieu privilégié de
ce pèlerinage où s’expérimente la
joie du pardon. Le pardon est l’essence de l’amour qui sait comprendre l’erreur et y porter remède. Pauvres de nous si Dieu ne nous pardonnait pas! C’est au sein de la famille qu’on s’éduque au pardon,
parce qu’on a la certitude d’être
compris et soutenus malgré les erreurs qui peuvent être commises.
Ne perdons pas confiance dans la
famille! Il est beau d’ouvrir toujours
le cœur les uns aux autres, sans rien
cacher. Là où il y a l’amour, là aussi
il y a compréhension et pardon. Je
confie à vous toutes, chères familles,
ce pèlerinage domestique de tous les
jours, cette mission si importante,
dont le monde et l’Eglise ont plus
que jamais besoin.
Des familles de pèlerins franchissent la porte
sainte de Saint-Pierre