Actualités Togo Helicobacter pylori et cirrhose doi: 10.1684/mst.2015.0531 L’ ulcère duodénal est l’une des principales complications observées chez les cirrhotiques, et l’infection par Helicobacter pylori est très fréquente chez les populations de faible niveau socio-économique. La prévalence d’H. pylori chez les patients cirrhotiques est variable selon les auteurs. Aussi était-il intéressant d’étudier les principales lésions œsogastroduodénales constatées en endoscopie digestive chez les patients cirrhotiques. Une étude a été réalisée dans le service d’hépato-gastro-entérologie du CHU de Lomé, concernant la pathologie inflammatoire, l’ulcère gastroduodénal et la gastropathie d’hypertension portale, en rapport avec l’infection par H. pylori. Cette étude a été effectuée pendant douze mois sur 103 patients âgés de plus de 15 ans (soixante-six hommes et trente-sept femmes, avec un sex-ratio H/F de 1,78), hospitalisés pour une cirrhose confirmée par le bilan clinique, biologique, échographique et endoscopique avec biopsie. L’âge moyen des patients était de 50,1 ans (allant de 29 à 79 ans), la tranche d’âge de 45 à 54 ans étant la plus représentée. L’étiologie des cirrhoses était une hépatite B (59 %), une hépatite C (15 %) ou une intoxication éthylique (25 %). Ces patients avaient reçu un traitement traditionnel (74 %) ou des anti-inflammatoires non stéroı̈diens (56 %), tout en consommant régulièrement de l’alcool. L’indication de la fibroscopie était motivée par des épigastralgies (37 %), une hypertension portale (35 %) ou des hémorragies digestives hautes (28 %). Le motif de consultation a été une augmentation de volume de l’abdomen (70 %), des œdèmes des membres inférieurs (60 %) ou une hémorragie digestive haute. La fibroscopie a révélé la présence de varices œsophagiennes (43 %), une gastrite hypertensive (34 %), une gastropathie fundique (12 %), un ulcère de l’antre (10 %), un ulcère de la face postérieure du bulbe (9 %) ou de la pointe du bulbe (7 %). Une biopsie a été effectuée chez vingt-deux patients ; seize se sont révélées positives (onze patients avaient un ulcère gastroduodénal et cinq avaient une gastropathie antrale) (Lawson-Ananissoh LM et al., Med Afr Noire 2015; 62: 159-64). Ainsi, H. pylori a été identifié chez 73 % des patients ayant effectué une biopsie. Divers auteurs ont rapporté une fréquence d’H. pylori plus basse chez des patients ayant une hypertension portale que chez ceux n’en ayant pas. Par ailleurs, la prévalence de l’ulcère gastroduodénal étant plus élevée chez les cirrhotiques que dans la population générale, l’hypertension portale serait responsable de lésions de la muqueuse digestive (hypoperfusion et hypooxygénation), ce qui favorise la formation d’un ulcère. Certains auteurs ont remarqué que la prévalence de l’infection à H. pylori était faible chez le patient cirrhotique sévère, alors que celle de l’ulcère est élevée. Les traitements traditionnels, à base d’écorce et de feuilles de plantes mélangées à de l’alcool, seraient un facteur favorisant des altérations gastroduodénales. Les différents travaux effectués dans ce domaine précisent que l’ulcère gastroduodénal est fréquent chez le patient cirrhotique, alors que l’infection à H. pylori y est relativement faible ; l’hypertension portale serait un facteur favorisant de l’ulcère plus marqué qu’H. pylori. Cette étude montre la fréquence des pathologies inflammatoires et ulcéreuses chez les patients cirrhotiques, associées aux traitements traditionnels et à l’infection par H. pylori . & P. Bourée Australie Péritonite à Pasteurella multocida doi: 10.1684/mst.2016.0560 P asteurella multocida est un germe à Gram-négatif, agent responsable d’une zoonose, transmise par les chiens et les chats. C’est un coccobacille qui fait partie de la flore normale de l’oropharynx de 55 % des chiens et de 90 % des chats. L’infection humaine survient habituellement après une morsure, une griffure ou encore un léchage par un de ces animaux familiers, mais parfois aussi d’autres mammifères voire d’oiseaux. L’incubation est habituellement assez courte (quelques heures). Il apparaı̂t ensuite une douleur au niveau de la plaie qui devient érythémateuse et œdématiée, avec un écoulement sérosanglant (souvent sur la main). Une lymphangite survient rapidement, avec des adénopathies satellites. Sans traitement, des complications sont possibles, comme des arthrites, des phlegmons des gaines voire une bactériémie avec des foyers secondaires. Le diagnostic est suspecté sur les antécédents récents de morsure ou de griffure, l’incubation rapide et l’intensité de la douleur par rapport à une plaie relativement minime. Il est confirmé par la mise en évidence du germe au niveau de la plaie et dans les hémocultures. Le traitement est basé sur l’amoxicilline ou les céphalosporines. Le recours à la chirurgie est parfois indiqué en cas de phlegmon des gaines. Les auteurs, australiens, rapportent le cas d’une femme de 49 ans, hospitalisée pour des douleurs abdominales diffuses, une fièvre et des frissons persistant depuis une semaine. Il s’agit d’une cirrhotique connue, ayant ingéré une bouteille de whisky chaque jour pendant deux ans, mais ayant arrêté quelques mois auparavant. Environ trois semaines avant son admission, la patiente avait été griffée à la main gauche par son jeune chat. La griffure était minime et avait cicatrisé spontanément en quelques jours. À l’admission, elle était fébrile (38 ˚C) avec des frissons, une défense abdominale avec une splénomégalie débordant le rebord costal de 7 cm, une ascite et des œdèmes des jambes. Elle ne présentait aucun trouble neurologique localisé. Le bilan biologique révélait une protéine C-réactive à 133 mg/L, une hyperleucocytose à 23 000 GB/mm3, des tests hépatiques perturbés bilirubine : 186 mmol/L, gGT : 120 U/L, une hyperalbuminémie : 19 g/L, une hyponatrémie : 120 nmol/L. Les hémocultures étaient négatives, mais P. multocidaa était isolée dans le liquide d’ascite et identifiée par les galeries API. En fonction de l’antibiogramme, la patiente a été traitée par ampicilline et ceftriaxone. Malgré le traitement, l’état général s’est détérioré avec une encéphalopathie, une insuffisance rénale et des hémorragies intestinales ayant abouti au décès en six jours (Gunathilake R et al. Inf Dis Reports 2015; 7:423). P. multocida est responsable de lésions cutanées, de troubles respiratoires et d’atteintes ostéoarticulaires. Chez les sujets immunodéficients, cirrhotiques, diabétiques ou atteints d’une affection chronique pulmonaire ou rénale, l’infection peut se propager à l’abdomen, à l’endocarde ou aux méninges et évoluer vers une septicémie. Une péritonite avec ascite est rarement observée avec ce germe. Aussi, une infection généralisée par P. multocida est toujours à craindre en cas de contexte éthylique après une simple griffure d’animal, justifiant un prélèvement local et une mise sous antibiothérapie immédiate. & P. Bourée Inde Balantidium coli dans les urines L a balantidiose est une affection parasitaire très fréquente chez les porcs et due à un protozoaire cilié, Balantidium coli. Cette affection est cosmopolite, mais avec une prévalence plus élevée dans les zones chaudes et humides d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Asie et du Pacifique. Outre le porc, qui en est le principal réservoir, B. coli colonise le gros intestin d’un grand nombre de mammifères, dont les bovins, les moutons, les chevaux ou encore les singes. Les facteurs favorisants de l’infestation humaine sont le climat tropical, l’hygiène alimentaire défectueuse et un contact étroit avec les porcs. Dans les pays islamiques comme l’Iran, où l’élevage du porc est interdit, la parasitose se maintient par les sangliers qui contaminent le sol. B. coli se présente sous deux aspects : une forme 22 Médecine et Santé Tropicales, Vol. 26, N8 1 - janvier-février-mars 2016 Copyright © 2016 JLE. Téléchargé par un robot venant de 66.249.66.35 le 08/04/2016.
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