DOSSIER Stockage/Rayonnage. Un marché sous tension

Rayonnage automatisé SSI Schaefer
DOSSIER
Stockage/Rayonnage
©B ITO STSTÈMES
Bac Bito Systèmes
Un marché
sous tension
Cette rentrée 2014 est l’occasion pour Supply Chain
Magazine de faire le point sur le marché du stockage/
rayonnage. Dans une économie toujours en berne,
peut-on encore trouver des gisements de croissance ? Faut-il s’associer, élargir sa gamme, exporter ? Doit-on attendre des jours meilleurs ou reste-t-il
encore des niches à exploiter ? Réponse des offreurs
français.
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N°87 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - SEPTEMBRE 2014
©SSI SCHAEFER
STOCKAGE/RAYONNAGE
F
lat », ou plat en français, c’est ainsi
que les offreurs de solutions de
stockage/rayonnage qualifient le
marché hexagonal. 2014 est peut-être
l’année de la reprise dans certains
pays comme l’Espagne, le RoyaumeUni ou les Etats-Unis, mais chez nous,
point de salut. Encore que. « 2013 a été une excellente année pour nous avec de grands projets
signés. Depuis, il est vrai que c’est un peu creux.
2014 est globalement une année de stagnation. Il
y a du potentiel mais peu de décisions », évoque
Ingrid Coiffet, Responsable Communication de
Storax. Le stockage rayonnage est un marché à
faible valeur ajoutée et dans ce contexte, il
devient difficile de maintenir ses marges. « Le
marché est en mode survie. Il y a une forte tension
sur les prix, les marges s’érodent », estime Philippe Szlingier, Directeur Général de Prodex. « Par
rapport à 2008, les taux de marge ont été divisés
par deux », atteste Vincent Goepp, Directeur
Général de SSI Schaefer France. Seul Renaud
Buronfosse, Délégué Général du Cisma se veut
optimiste : il estime que ce marché de 150 M€ (en
«
Une logistique relativement active
« Le monde de la logistique, qui fait de la prestation et du transport de colis et de palettes, reste
actif, déclare Philippe Szlingier (Prodex). Que la
production soit en France ou ailleurs, les marchandises doivent être stockées et dispatchées.
Ce monde est toujours en croissance car une fois
réalisés les gains sur la production, on se rend
compte qu’il en reste à faire en logistique, notamment en stockage et préparation de commande.
Quand un acteur bouge, les autres doivent suivre », reprend-il. Pour autant, le marché de la
logistique est qualifié de très tendu par l’ensemble des intervenants. Les logisticiens étant habi-
tués à fonctionner avec des marges très réduites,
ils en demandent autant à leurs fournisseurs.
Même tendance côté grande distribution. « La
grande distribution ainsi que la distribution spécialisée sont des vecteurs de croissance », observe
Yves Boiteux, Directeur des Ventes France pour
Feralco. En effet, la grande distribution est souvent citée comme un secteur dynamique, et si
l’avènement du drive est une des explications
(voir encadré p.91), elle n’est pas la seule. La naissance de nombreux entrepôts dits XXL en France
a également apporté une bouffée d’air au marché.
« Le drive a contribué à notre métier de manière
conséquente, mais il arrive à maturité. Les grands
entrepôts de la GMS sont un segment qui tire l’activité », avance Yves Boiteux.
©FAEACLCO
production, environ 200 M€ en comptant l’export)
devrait croître de 3 à 4 % cette année. Les offreurs
ne l’entendent pas de cette oreille. « Le marché est
mature, nous voyons des surfaces à louer un peu
partout, les prix ont baissé, notamment sous l’influence de l’occasion. Le gâteau ne grossit pas
donc les parts s’arrachent, parfois à des prix surprenants », rétorque Franck Cardock, Directeur
Commercial de Duwic.
Yves Boiteux,
Directeur
des Ventes
France, Feralco
Une industrie pas au mieux de sa forme ?
Le bilan du côté de l’industrie est assez contrasté,
mais tout n’est pas noir. « Nous sommes fabricant
d’équipements en métal et de bacs en plastique. Nous sommes assez présents dans l’industrie. Certains secteurs se portent mieux que
d’autres. L’agroalimentaire ainsi que les métiers
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Daniel Joly,
©SSI SCHAEFER
Directeur
Général,
Mecalux France
Vincent
Goepp,
©B ITO SYSTÈMES
Directeur
Général,
SSI Schaefer
France
Bernard
Mourlon,
©PROVOST
Directeur
Général,
Bito Systèmes
Jérôme
Pouyadou,
Directeur
Marketing et
Communication,
Provost France
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de la santé vont plutôt bien. Par exemple, le médicament est un produit sensible et à forte valeur
ajoutée. Aussi, nous avons développé un bac
thermique qui aide à préserver la température de
son contenu. Le secteur pharmaceutique consomme d’autre part du rayonnage léger, du rayonnage dynamique, des convoyeurs et des systèmes
de préparation de commandes. Ce qui nous positionne idéalement sur ce marché », indique
Bernard Mourlon, Directeur Général de Bito Systèmes. Le paysage industriel serait-il, à l’image
de la santé qui répond chaque jour à une multitude de petites commandes, en train de changer
pour devenir plus agile ? C’est ce que pense
Jérôme Pouyadou, Directeur Marketing et Communication de Provost France. « Le lean manufacturing a un impact sur l’organisation des
usines comme de la logistique. En entrepôt XXL,
nous devons développer des réponses de bord de
ligne, comme des chariots spécifiques par exemple. Les stocks sont déportés sur les fournisseurs
de l’industrie, ils stockent en plus petites quantités, produisent en flux tendu, en production
poussée. Cela a un effet aussi bien sur la logistique entre les sites qu’en intralogistique. L’outil
de stockage doit être adaptable aisément et simplement, les contenants deviennent plus stratégiques. C’est la même chose avec l’e-commerce
où l’on a besoin de plus de bacs. C’est l’objet de
toute notre réflexion », songe-t-il.
L’e-commerce, source de renouveau
« Le petit colis tire la demande à l’heure actuelle,
témoigne Daniel Joly, Directeur Général de Mecalux, nous travaillons sur un projet très important
avec le leader mondial du e-commerce. Il est question de stockage à très haute cadence, de commande prête à expédier en moins de 3h, ainsi que
de systèmes automatisés et de systèmes d’informations très performants .» Ses concurrents abondent dans ce sens. « Nous avons quelques clients
en e-commerce qui sont en pleine expansion,
clame Lionel Didion, Directeur Général de Polypal, ils utilisent un peu de racks, des mezzanines
allant jusqu’à 9 m de haut sur deux, voire trois
niveaux, des casiers grande hauteur pour le
picking et du rayonnage léger », renchérit-il.
« Tout ce qui a trait au e-commerce marche bien,
c’est une vraie tendance, observe Franck Cardock
(Duwic). Cela se traduit par plusieurs types
d’équipements, notamment du rayonnage palette
et beaucoup de mezzanines comme plates-formes
de stockage. L’e-commerce oblige à avoir beaucoup de références avec peu de volume. Cela prend
de la place donc toute solution à étage est très
appréciée. On y retrouve du rayonnage léger de
picking, du stockage par gravité (dynamique), le
gros volume étant stocké en dynamique (palettes)
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Mezzanine Provost
et le reste, une fois la palette déconditionnée, en
rayonnage léger », détaille ce dernier.
La navette, indispensable ?
En lien direct avec la monté en puissance du
e-commerce, et appréciée pour faire face à l’accélération des cadences, la navette, ou shuttle, fait
des émules. Elle est à présent au catalogue de la
majorité des fabricants de stockage rayonnage.
Explications : « Le radio shuttle existe depuis 20
ans mais prend vraiment sur le marché depuis
trois ans, analyse Daniel Joly, Il se place en face
du rack de stockage par accumulation (drive-in) et
du dynamique rouleau. Il rencontre un grand suc-
©B ITO SYSTÈMES
©C.POLGE
DOSSIER
Stockage/Rayonnage
©PROVOST
la première. C’est un grand gain de temps »,
estime-t-il. Et Olivier Castede, Coordinateur de
Projets chez Jungheinrich de lui emboîter le
pas. « Au lieu d’une référence par allée, on en
compte une par canal (ou tunnel) avec le shuttle.
C’est très significatif en termes de performance.
D’autre part, les caristes ne sont plus obligés de
rentrer dans le rayonnage, ce qui est un plus pour
la sécurité du cariste et pour le rack », évalue-til. Si, comme l’évoque Yves Boiteux, la navette ne
crée pas de ventes additionnelles, le périmètre restant selon lui égal, au moins l’accessoirisassion
du rack crée-t-elle de la valeur.
cès. La plupart des fabricants offrent ce type de
solutions. Elle est idéale dans le pet food, l’alimentaire et la boisson parce que les cadences sont
fortes et le nombre de références faible. La navette
effectue le mouvement pour aller chercher la
deuxième palette tandis que le cariste manipule
L’exportation du made in France
Puisque le PIB ne décolle pas en France, contrairement à nombre de ses voisins européens, il est
toujours possible d’aller chercher la croissance en
dehors des frontières. Et s’il est vrai que le rayonnage, produit pondéreux, se transporte mal, cela
n’empêche pas les constructeurs de vendre à
l’étranger. Selon les témoignages, il apparaît d’ailleurs que l’export représente en moyenne entre 10
et 25 % du CA de nos fabricants nationaux. En
Europe occidentale, l’Allemagne et le RoyaumeUni sont souvent cités comme des moteurs de
Philippe
Szlingier,
Directeur
Général,
Prodex
Renaud
Buronfosse,
Délégué
Général du
Cisma
SEPTEMBRE 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°87
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croissance, notamment par SSI Schaeffer et Interroll pour qui notre voisin d’outre-Rhin constitue
le premier partenaire économique après la France.
L’Espagne et l’Italie, qui sortent doucement d’une
période très difficile, seraient à nouveau un
débouché commercial intéressant. Hervé Merieau,
Global product manager chez Interroll, annonce
en effet y réaliser de belles ventes. L’Europe du
Nord et de l’Est semble toutefois plus dynamique,
la Pologne est même considérée par Daniel Joly
(Mecalux) et Olivier Castede (Jungheinrich)
comme étant en fort développement. Turquie,
Tchéquie, Hongrie, voire Roumanie, Bulgarie et
plus au Nord, la Russie et la Norvège ont également été évoqués, mais de façon moins unanime.
Au contraire de l’Afrique du Nord et du Maghreb
où les Français seraient plutôt bien représentés,
ne serait-ce que par l’intermédiaire de distributeurs locaux. « L’Afrique connaît des taux de
croissance assez importants, révèle Jérôme
Pouyadou (Provost). Ce continent a cru en
moyenne de 7 % par an ces trois dernières
années. Nous avons réalisé de belles affaires au
Togo, au Bénin, en Côte d’Ivoire, en Algérie, au
Maroc et en Tunisie », avoue-t-il. Le Maghreb est
également le terrain de chasse de Polypal, notamment via les clients de l’automobile et de l’agroalimentaire, un secteur en développement dont
bénéficient aussi les affaires de Storax. Plus difficile, car plus éloignée, l’Amérique est un terrain
fertile mais réservé aux grands qui jouissent
d’une production locale. C’est le cas de Mecalux
qui, racines ibériques oblige, possède huit usines
en Amérique latine (Argentine, Brésil, Mexique)
mais aussi du Nord (Illinois, Michigan). Et Vincent
©J UNGHEINRICH
DOSSIER
Stockage/Rayonnage
Goepp (SSI Schaefer) d’enfoncer le clou : « Le
groupe est en insuffisance de capacité en Amérique
du Sud, de même qu’en Chine et en Russie ». Si
quasiment tous les partenaires commerciaux de la
France, à commencer par les pays limitrophes, sont
à nouveau en situation de croissance, ne peut-on
pas espérer voir le bout du tunnel à brève
échéance ? ■ PIERRE MONCEAUX
François
Bontemps,
Directeur
Général,
Provost
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François Bontemps, Directeur Général de Provost, ne peut pas s’empêcher de sourire quand il
annonce : « Cet été, l’usine tourne à plein régime. Heureusement que nous avons annualisé le temps
de travail ». Les raisons de ce succès ? « Nous nous positionnons comme un aménageur d’espace. Partis du stockage, nous avons élargi l’offre sur une logique
d’aménagement. Nous avons commencé à produire des
plates-formes, puis des cloisons, des bacs… Nous aménageons les espaces professionnels dans une stricte logique. Les
bacs et les chariots, il y en a partout », résume-t-il. Provost a
également rapidement misé sur l’export. « Notre internationalisation date des années 1980. Nous sommes à vol d’oiseau à 2 km de la frontière belge, donc ça c’est fait
naturellement. Puis il y a eu Provost Polska (Pologne) par la
suite, mais ce que nous vendons en France reste une production pratiquement 100 % française. Il y a peu, nous avons
acheté une autre société, allemande, et qui n’a pas changé de
nom (Saarlagertechnik). Ils avaient un savoir-faire d’ingénierie et de production que nous n’avions pas et cela a permis de
Zone expéditions
s’implanter en Allemagne. Bien qu’ancré localement, notre
chez Provost
terrain de jeu devient l’Europe ».■ PM
N°87 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - SEPTEMBRE 2014
©P.MONCEAUX
©PROVOST
La méthode Provost
Le dynamique, un marché… dynamique !
Selon nos interlocuteurs, le marché du rack dynamique serait plutôt en forme. L’avènement du
e-commerce et plus récemment, des drives de la grande distribution, lui aurait été bénéfique :
« L’e-commerce représente désormais une part non négligeable du stockage et sa monté en puissance
a davantage contribué au dynamique qu’au statique pur », estime Renaud Buronfosse (CISMA). Omniprésent en préparation de commande, le dynamique est une solution que l’on retrouve également
dans les drives : « Nous proposons le Versi Flow, un produit très versatile et qui répond idéalement aux
problématiques des drives. Nous avons réalisé de belles installations en 2013, indique Hervé Merieau
(Interroll). L’agroalimentaire et la grande distribution tirent les ventes, le dynamique convient bien aux produits de consommation courante, à volume important à forte rotation. La boisson par exemple est la
cible parfaite pour le dynamique », soutient-il. Ces nouvelles utilisations semblent d’ailleurs impacter la
technicité des produits : « Les contrats sont de plus en plus complexes, témoigne Philippe Szlingier (Prodex). Et d’ajouter : Nous avons de nombreuses contraintes. Nous devons faire des plans pour des produits spécifiques, nous assurer que la partie technique soit bien comprise et
acceptée par l’utilisateur tout en serrant les prix au maximum. Comme dans
le rayonnage classique, nous définissons précisément l’écartement des allées
pour assurer la facilité du prélèvement et la meilleure productivité possible.
Nous devons trouver l’équilibre entre le degré de technicité nécessaire et le
coût du produit, afin d’éviter de faire du « low cost » technologique qui au
premier abord permet d’économiser de l’argent mais à terme, coûte plus
cher. Trouver cet équilibre est notre responsabilité. Nous développons pour
cela des racks spécifiques, dérivés du standard, pour satisfaire la demande
du client. L’e-commerce est un facteur positif pour le dynamique. C’est un Rack
marché porteur, les e-commerçants les plus performants deviennent inévi- dynamique
Prodex
tablement des consommateurs de solutions logistiques ». ■ PM
SEPTEMBRE 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°87
©PRODEX
Parfaitement adapté à la préparation de commande, le rack dynamique, ou
gravitaire, a le vent en poupe.
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DOSSIER
Stockage/Rayonnage
Stockage rayonnage : vers des solutions complètes ?
Dans un souci de gain de temps et de simplicité, le client préfère échanger avec un interlocuteur unique. Cet état de fait s’appliquant aussi au monde du rayonnage, peut-il encore
subsister seul ?
A la question « sentez-vous poindre à l’horizon une
restructuration du marché du stockage rayonnage afin
de proposer des solutions complètes ? », les intervenants de ce dossier ont essentiellement répondu par
la négative. Pourtant les éléments semblent être réunis : forte pression sur les prix, produit à faible valeur
ajoutée et souvent intégré à un système automatisé,
besoin d’aller chercher la croissance sur de nouveaux
marchés, volonté affichée de certains grands groupes
de proposer un éventail complet de solutions, souhait des clients de disposer d’un interlocuteur unique,
la tendance paraît claire. « Les acteurs travaillent de
moins en moins chacun dans leur coin, ils s’associent de
manière pérenne ou ponctuelle pour une meilleure
intégration des systèmes », confirme Renaud Buronfosse (Cisma).
©J UNGHEINRICH
Compléter son offre par des achats
Cela peut aller plus loin et déboucher sur des rachats :
ceux de Tixit (2009) et Stow (2013) par le groupe Averys, Portec par Interroll (2013) et enfin Interlake (2009)
et la division automatisation du groupe Thyssen
(2005) par Mecalux sont autant de témoins de cette
tendance. Jungheinrich propose aujourd’hui un vaste
catalogue comprenant chariots, rayonnage (à tablette,
à palette, pour allées étroites, à accumulation, dyna-
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Transstockeur
Jungheinrich
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mique FIFO/ LIFO, mobile) et systèmes automatisés
(transstockeurs, grande hauteur, shuttle, préparation
de commande) et même cantilever, plates-formes de
préparation de commandes et WMS.
Un vaste catalogue
« Depuis huit ans maintenant, nous faisons fabriquer par
un partenaire notre propre rayonnage avec nos brevets et spécificités. Notre principal cheval de bataille est
le rayonnage palette, c’est une activité complémentaire à celle du chariot et nous le vendons essentiellement chez nos clients chariot. Nous répondons à des
solutions logistiques globales et nos parts de marché
augmentent » témoigne Olivier Castede, (Jungheinrich). Certains concurrents, comme Still et Toyota, ne
sont pas en reste et travaillent eux aussi en étroite collaboration avec des acteurs du rayonnage. SSI Schaefer propose également une très large gamme
incluant rayonnage, stockage automatisé et WMS.
Polypal est devenu, il y a un an, partenaire du WMS
Matrix et est régulièrement amené à fournir du matériel à des intégrateurs de renom comme Alstef et
Dematic dans le cadre de solutions globales. Même
stratégie pour Interroll qui, bien que très orienté
OEM, vend de plus en plus de produits via des intégrateurs de systèmes, lesquels offrent une plus forte
valeur ajoutée que le rayonnage seul. Chez Duwic,
on préfère mêler intelligemment les ventes directes
(pour les projets d’envergure) et indirectes. Pourtant,
d’autres travaillent encore en direct et de manière
indépendante. C’est le cas de Storax, spécialiste
du palettier mobile, ce mode de stockage restant
quelque peu « à part et traité séparément dans les
appels d’offre », selon Ingrid Coiffet, sa Responsable
Communication. Pour autant, s’il ne s’agissait pas d’un
« partenariat à proprement parler », le constructeur a
récemment travaillé avec BA Systems pour équiper
au Havre une chambre froide en racks mobiles avec
une hauteur de pose de 13 m.
Vers des solutions intégrées ?
Si certains grands offreurs français, comme Provost,
vivent davantage d’un grand nombre de petites et
moyennes commandes que de gros contrats, les
grands projets semblent aujourd’hui destinés à ceux
qui bénéficieront des bons partenaires. Philippe Szlingier, DG de Prodex, abonde dans ce sens : « L’avantage de faire partie d’un groupe (Legris Industries), est
que nos produits peuvent être intégrés dans des solutions élargies : A-Sis fournit le WMS et Savoye l’automa- tisation ». En 2014 et dans une économie en
berne, peut-on encore rester indépendant ? ■ PM
To drive or not to drive?
Facteur de croissance pour les constructeurs ces dernières années, le drive est-il encore
un modèle d’avenir ?
« Le drive a été une bouffée d’oxygène pour la profession.
Il s’en est construit environ 1.000 en 2012, autant en 2013,
à quoi s’ajouteront environ 500 autres cette année. Mais
je pense que le mouvement va s’arrêter là », prévoit
Renaud Buronfosse, (Cisma). « En 2013, nous avons réalisé quelques belles installations. Mais nous avons la sensation que le drive commence à s’essouffler », confirme
Hervé Merieau (Interroll). Il ne s’agirait pas d’une question de saturation de l’espace mais de remise en cause du
modèle économique. « Le drive a cannibalisé la grande
surface. Il n’a pas permis de trouver de nouveaux clients,
confirme Hervé Merieau, et le drive coûte plus cher. A
même tarif, on perd de l’argent. » Pour quelles raisons le
drive coûte-t-il plus cher à opérer ? « L’activité du drive est
la quintessence de la logistique. C’est de loin le système
logistique le plus complexe, analyse Stéphane Pietrowicz,
Support & Solution Development de Savoye. Le nombre
de références stockées est conséquent (15 à 20.000), les
commandes peuvent faire 30 à 40 lignes, ou parfois deux.
Quatre jours par semaine, l’activité tourne à 20 % de celle
d’un vendredi ou d’un samedi (deux jours à 100 %) et,
entre 10 et 20 jours, pendant les fêtes de fin d’année, elle
tourne à 250 %. Le système doit être capable de s’adapter à ces fortes variations. Autre facteur, dans la majorité
des cas, on ne connaît pas l’activité 6 h à l’avance. En
entrepôt, le « temps réel » se traite en réalité un jour à
l’avance, voire une demi-journée. Dans un drive, c’est 4 h
au mieux. 30 % de l’activité est connue 2 h à 3 h à
l’avance. Il faut être très réactif », reprend-il. Comment
s’équiper pour gérer une telle variabilité ? « Dans un
drive, il y a de tout, c’est un multi-panache, comme la
palette du peintre, raconte Philippe Szlingier (Prodex). Il
faut des étagères, du dynamique, c’est un condensé sur de
petites surfaces, parfois de seulement 200 m². Comme
dans le cas classique, on y installe 5 % à 10 % de rack
dynamique et 90 % de palettier », poursuit-il. On y
retrouve en effet un peu d’automatisation bien que cela
rende le drive encore plus long à rentabiliser, de petits
convoyeurs et des racks à palettes pour les charges volumétriques comme l’eau et les rouleaux d’essuie-tout.
« Un élément surreprésenté dans les drives sont les bouteilles d’eau et autres produits lourds. La majorité des
clients sont des femmes, elles apprécient particulièrement
le fait de ne pas avoir à porter les packs d’eau », note Stéphane Pietrowicz. Cette source de revenu pour les
offreurs de solution est-elle condamnée ? Peut-être pas :
« Les drives commencent à se développer au RoyaumeUni, en Belgique et même en Allemagne et en Italie,
affirme Bernard Mourlon, (Bito Systèmes). Et d’ajouter :
Il existe aussi des tentatives en Pologne mais il faut reconnaître que ce sont les initiatives de distributeurs français,
mise à part au UK. Notre expertise, développée au cours
des 10 dernières années (depuis l’ouverture du premier
drive en France –Chronodrive) et notre expérience (plus
de 300 Drives Bito Systèmes) commencent à s’exporter ».
Affaire à suivre.■ PM
SEPTEMBRE 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°87
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DOSSIER
Stockage/Rayonnage
Réglementation : prenez gare aux nouvelles normes
©FERALCO
La réglementation européenne suppléant peu à
peu ses équivalences nationales, les changements de normes sont aussi fréquents que
méconnus. Certification des processus de soudure, recyclage, calcul du risque sismique, les
champs d’applications ne manquent pas. « Beaucoup de choses sont en train d’évoluer, beaucoup
de questions se posent, remarque Renaud
Buronfosse (Cisma), qui ajoute : L’une des
grandes questions à l’heure actuelle est : doit-on
faire du marquage CE sur le rayonnage ? » La
taxe sur les DEA (Déchets d’Eléments d’Ameublement, cf SC Mag N°75) est bel et bien passée (mai 2013) mais ne concerne que le
rayonnage léger. « C’est une ineptie, nous payons
une taxe de recyclage alors que des gens sont
prêts à nous racheter le métal. Nous avons
juste réussi à réduire la taxe », s’insurge Franck
Cardock (Duwic). Parmi les principales normes à
intégrer, retenez la EN 15572 et le décret
N°2010-1254 du 22 octobre 2010. Ce dernier a
redéfini la carte sismique de la France avec pour
effet, conformément à la norme EN 15572 sur
les règles de sécurité concernant les racks, d’obliger le propriétaire d’un bâtiment à calculer le
coefficient (risque) sismique et donc à faire
construire une structure capable d’y résister. Cela
s’applique également aux racks, obligeant les
constructeurs à intégrer cette problématique
dans leurs calculs de résistance. « Globalement,
il semble que toute la profession n’applique pas
92
cette règle et n’informe pas le client qu’il doit
construire une installation antisismique », déplore
Franck Cardock (Duwic). Cela a bien sûr une
incidence sur les coûts de fabrication. Plus globalement, la norme EN 15572 « spécifie les exigences de calcul des structures, applicables à tous
les types de systèmes de rayonnages à palettes
réglables fabriqués à partir d’éléments en acier,
destinés au stockage d’unités de charge et soumis
à des charges essentiellement statiques » (source
inforisque.info). Quant à la prévention des
risques, il ne s’agit actuellement que de recommandations, comme l’ED771 de l’INRS. Il est
cependant écrit dans la norme EN 15635 (art.
9.4.2.3) qu’il « convient de faire des contrôles
réguliers tous les 12 mois maximum, avec remise
d’un rapport écrit au responsable des systèmes de
stockage », précise Yves Boiteux (Feralco). Ce
concept entre d’ailleurs doucement dans les
mœurs : « C’est générateur de revenus supplémentaires, peu d’acteurs savent le faire », se
réjouit Daniel Joly (Mecalux). La preuve que les
normes ne sont pas qu’une source de contraintes. « Au niveau de la réparation, nous
n’avons pas autorité à intervenir sur les rayonnages des concurrents. Si le fabricant a disparu et
s’il y a dommage sur une allée, nous remplaçons
l’allée et récupérons les bons éléments pour réparer plus tard le reste de l’installation. Cela représente une contrainte financière. Tous ne le font
pas ». Y aurait-il un marché à prendre ? ■ PM
Palettier Feralco
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