Rayonnage automatisé SSI Schaefer DOSSIER Stockage/Rayonnage ©B ITO STSTÈMES Bac Bito Systèmes Un marché sous tension Cette rentrée 2014 est l’occasion pour Supply Chain Magazine de faire le point sur le marché du stockage/ rayonnage. Dans une économie toujours en berne, peut-on encore trouver des gisements de croissance ? Faut-il s’associer, élargir sa gamme, exporter ? Doit-on attendre des jours meilleurs ou reste-t-il encore des niches à exploiter ? Réponse des offreurs français. 84 N°87 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - SEPTEMBRE 2014 ©SSI SCHAEFER STOCKAGE/RAYONNAGE F lat », ou plat en français, c’est ainsi que les offreurs de solutions de stockage/rayonnage qualifient le marché hexagonal. 2014 est peut-être l’année de la reprise dans certains pays comme l’Espagne, le RoyaumeUni ou les Etats-Unis, mais chez nous, point de salut. Encore que. « 2013 a été une excellente année pour nous avec de grands projets signés. Depuis, il est vrai que c’est un peu creux. 2014 est globalement une année de stagnation. Il y a du potentiel mais peu de décisions », évoque Ingrid Coiffet, Responsable Communication de Storax. Le stockage rayonnage est un marché à faible valeur ajoutée et dans ce contexte, il devient difficile de maintenir ses marges. « Le marché est en mode survie. Il y a une forte tension sur les prix, les marges s’érodent », estime Philippe Szlingier, Directeur Général de Prodex. « Par rapport à 2008, les taux de marge ont été divisés par deux », atteste Vincent Goepp, Directeur Général de SSI Schaefer France. Seul Renaud Buronfosse, Délégué Général du Cisma se veut optimiste : il estime que ce marché de 150 M€ (en « Une logistique relativement active « Le monde de la logistique, qui fait de la prestation et du transport de colis et de palettes, reste actif, déclare Philippe Szlingier (Prodex). Que la production soit en France ou ailleurs, les marchandises doivent être stockées et dispatchées. Ce monde est toujours en croissance car une fois réalisés les gains sur la production, on se rend compte qu’il en reste à faire en logistique, notamment en stockage et préparation de commande. Quand un acteur bouge, les autres doivent suivre », reprend-il. Pour autant, le marché de la logistique est qualifié de très tendu par l’ensemble des intervenants. Les logisticiens étant habi- tués à fonctionner avec des marges très réduites, ils en demandent autant à leurs fournisseurs. Même tendance côté grande distribution. « La grande distribution ainsi que la distribution spécialisée sont des vecteurs de croissance », observe Yves Boiteux, Directeur des Ventes France pour Feralco. En effet, la grande distribution est souvent citée comme un secteur dynamique, et si l’avènement du drive est une des explications (voir encadré p.91), elle n’est pas la seule. La naissance de nombreux entrepôts dits XXL en France a également apporté une bouffée d’air au marché. « Le drive a contribué à notre métier de manière conséquente, mais il arrive à maturité. Les grands entrepôts de la GMS sont un segment qui tire l’activité », avance Yves Boiteux. ©FAEACLCO production, environ 200 M€ en comptant l’export) devrait croître de 3 à 4 % cette année. Les offreurs ne l’entendent pas de cette oreille. « Le marché est mature, nous voyons des surfaces à louer un peu partout, les prix ont baissé, notamment sous l’influence de l’occasion. Le gâteau ne grossit pas donc les parts s’arrachent, parfois à des prix surprenants », rétorque Franck Cardock, Directeur Commercial de Duwic. Yves Boiteux, Directeur des Ventes France, Feralco Une industrie pas au mieux de sa forme ? Le bilan du côté de l’industrie est assez contrasté, mais tout n’est pas noir. « Nous sommes fabricant d’équipements en métal et de bacs en plastique. Nous sommes assez présents dans l’industrie. Certains secteurs se portent mieux que d’autres. L’agroalimentaire ainsi que les métiers SEPTEMBRE 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°87 85 Daniel Joly, ©SSI SCHAEFER Directeur Général, Mecalux France Vincent Goepp, ©B ITO SYSTÈMES Directeur Général, SSI Schaefer France Bernard Mourlon, ©PROVOST Directeur Général, Bito Systèmes Jérôme Pouyadou, Directeur Marketing et Communication, Provost France 86 de la santé vont plutôt bien. Par exemple, le médicament est un produit sensible et à forte valeur ajoutée. Aussi, nous avons développé un bac thermique qui aide à préserver la température de son contenu. Le secteur pharmaceutique consomme d’autre part du rayonnage léger, du rayonnage dynamique, des convoyeurs et des systèmes de préparation de commandes. Ce qui nous positionne idéalement sur ce marché », indique Bernard Mourlon, Directeur Général de Bito Systèmes. Le paysage industriel serait-il, à l’image de la santé qui répond chaque jour à une multitude de petites commandes, en train de changer pour devenir plus agile ? C’est ce que pense Jérôme Pouyadou, Directeur Marketing et Communication de Provost France. « Le lean manufacturing a un impact sur l’organisation des usines comme de la logistique. En entrepôt XXL, nous devons développer des réponses de bord de ligne, comme des chariots spécifiques par exemple. Les stocks sont déportés sur les fournisseurs de l’industrie, ils stockent en plus petites quantités, produisent en flux tendu, en production poussée. Cela a un effet aussi bien sur la logistique entre les sites qu’en intralogistique. L’outil de stockage doit être adaptable aisément et simplement, les contenants deviennent plus stratégiques. C’est la même chose avec l’e-commerce où l’on a besoin de plus de bacs. C’est l’objet de toute notre réflexion », songe-t-il. L’e-commerce, source de renouveau « Le petit colis tire la demande à l’heure actuelle, témoigne Daniel Joly, Directeur Général de Mecalux, nous travaillons sur un projet très important avec le leader mondial du e-commerce. Il est question de stockage à très haute cadence, de commande prête à expédier en moins de 3h, ainsi que de systèmes automatisés et de systèmes d’informations très performants .» Ses concurrents abondent dans ce sens. « Nous avons quelques clients en e-commerce qui sont en pleine expansion, clame Lionel Didion, Directeur Général de Polypal, ils utilisent un peu de racks, des mezzanines allant jusqu’à 9 m de haut sur deux, voire trois niveaux, des casiers grande hauteur pour le picking et du rayonnage léger », renchérit-il. « Tout ce qui a trait au e-commerce marche bien, c’est une vraie tendance, observe Franck Cardock (Duwic). Cela se traduit par plusieurs types d’équipements, notamment du rayonnage palette et beaucoup de mezzanines comme plates-formes de stockage. L’e-commerce oblige à avoir beaucoup de références avec peu de volume. Cela prend de la place donc toute solution à étage est très appréciée. On y retrouve du rayonnage léger de picking, du stockage par gravité (dynamique), le gros volume étant stocké en dynamique (palettes) N°87 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - SEPTEMBRE 2014 Mezzanine Provost et le reste, une fois la palette déconditionnée, en rayonnage léger », détaille ce dernier. La navette, indispensable ? En lien direct avec la monté en puissance du e-commerce, et appréciée pour faire face à l’accélération des cadences, la navette, ou shuttle, fait des émules. Elle est à présent au catalogue de la majorité des fabricants de stockage rayonnage. Explications : « Le radio shuttle existe depuis 20 ans mais prend vraiment sur le marché depuis trois ans, analyse Daniel Joly, Il se place en face du rack de stockage par accumulation (drive-in) et du dynamique rouleau. Il rencontre un grand suc- ©B ITO SYSTÈMES ©C.POLGE DOSSIER Stockage/Rayonnage ©PROVOST la première. C’est un grand gain de temps », estime-t-il. Et Olivier Castede, Coordinateur de Projets chez Jungheinrich de lui emboîter le pas. « Au lieu d’une référence par allée, on en compte une par canal (ou tunnel) avec le shuttle. C’est très significatif en termes de performance. D’autre part, les caristes ne sont plus obligés de rentrer dans le rayonnage, ce qui est un plus pour la sécurité du cariste et pour le rack », évalue-til. Si, comme l’évoque Yves Boiteux, la navette ne crée pas de ventes additionnelles, le périmètre restant selon lui égal, au moins l’accessoirisassion du rack crée-t-elle de la valeur. cès. La plupart des fabricants offrent ce type de solutions. Elle est idéale dans le pet food, l’alimentaire et la boisson parce que les cadences sont fortes et le nombre de références faible. La navette effectue le mouvement pour aller chercher la deuxième palette tandis que le cariste manipule L’exportation du made in France Puisque le PIB ne décolle pas en France, contrairement à nombre de ses voisins européens, il est toujours possible d’aller chercher la croissance en dehors des frontières. Et s’il est vrai que le rayonnage, produit pondéreux, se transporte mal, cela n’empêche pas les constructeurs de vendre à l’étranger. Selon les témoignages, il apparaît d’ailleurs que l’export représente en moyenne entre 10 et 25 % du CA de nos fabricants nationaux. En Europe occidentale, l’Allemagne et le RoyaumeUni sont souvent cités comme des moteurs de Philippe Szlingier, Directeur Général, Prodex Renaud Buronfosse, Délégué Général du Cisma SEPTEMBRE 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°87 87 croissance, notamment par SSI Schaeffer et Interroll pour qui notre voisin d’outre-Rhin constitue le premier partenaire économique après la France. L’Espagne et l’Italie, qui sortent doucement d’une période très difficile, seraient à nouveau un débouché commercial intéressant. Hervé Merieau, Global product manager chez Interroll, annonce en effet y réaliser de belles ventes. L’Europe du Nord et de l’Est semble toutefois plus dynamique, la Pologne est même considérée par Daniel Joly (Mecalux) et Olivier Castede (Jungheinrich) comme étant en fort développement. Turquie, Tchéquie, Hongrie, voire Roumanie, Bulgarie et plus au Nord, la Russie et la Norvège ont également été évoqués, mais de façon moins unanime. Au contraire de l’Afrique du Nord et du Maghreb où les Français seraient plutôt bien représentés, ne serait-ce que par l’intermédiaire de distributeurs locaux. « L’Afrique connaît des taux de croissance assez importants, révèle Jérôme Pouyadou (Provost). Ce continent a cru en moyenne de 7 % par an ces trois dernières années. Nous avons réalisé de belles affaires au Togo, au Bénin, en Côte d’Ivoire, en Algérie, au Maroc et en Tunisie », avoue-t-il. Le Maghreb est également le terrain de chasse de Polypal, notamment via les clients de l’automobile et de l’agroalimentaire, un secteur en développement dont bénéficient aussi les affaires de Storax. Plus difficile, car plus éloignée, l’Amérique est un terrain fertile mais réservé aux grands qui jouissent d’une production locale. C’est le cas de Mecalux qui, racines ibériques oblige, possède huit usines en Amérique latine (Argentine, Brésil, Mexique) mais aussi du Nord (Illinois, Michigan). Et Vincent ©J UNGHEINRICH DOSSIER Stockage/Rayonnage Goepp (SSI Schaefer) d’enfoncer le clou : « Le groupe est en insuffisance de capacité en Amérique du Sud, de même qu’en Chine et en Russie ». Si quasiment tous les partenaires commerciaux de la France, à commencer par les pays limitrophes, sont à nouveau en situation de croissance, ne peut-on pas espérer voir le bout du tunnel à brève échéance ? ■ PIERRE MONCEAUX François Bontemps, Directeur Général, Provost 88 François Bontemps, Directeur Général de Provost, ne peut pas s’empêcher de sourire quand il annonce : « Cet été, l’usine tourne à plein régime. Heureusement que nous avons annualisé le temps de travail ». Les raisons de ce succès ? « Nous nous positionnons comme un aménageur d’espace. Partis du stockage, nous avons élargi l’offre sur une logique d’aménagement. Nous avons commencé à produire des plates-formes, puis des cloisons, des bacs… Nous aménageons les espaces professionnels dans une stricte logique. Les bacs et les chariots, il y en a partout », résume-t-il. Provost a également rapidement misé sur l’export. « Notre internationalisation date des années 1980. Nous sommes à vol d’oiseau à 2 km de la frontière belge, donc ça c’est fait naturellement. Puis il y a eu Provost Polska (Pologne) par la suite, mais ce que nous vendons en France reste une production pratiquement 100 % française. Il y a peu, nous avons acheté une autre société, allemande, et qui n’a pas changé de nom (Saarlagertechnik). Ils avaient un savoir-faire d’ingénierie et de production que nous n’avions pas et cela a permis de Zone expéditions s’implanter en Allemagne. Bien qu’ancré localement, notre chez Provost terrain de jeu devient l’Europe ».■ PM N°87 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - SEPTEMBRE 2014 ©P.MONCEAUX ©PROVOST La méthode Provost Le dynamique, un marché… dynamique ! Selon nos interlocuteurs, le marché du rack dynamique serait plutôt en forme. L’avènement du e-commerce et plus récemment, des drives de la grande distribution, lui aurait été bénéfique : « L’e-commerce représente désormais une part non négligeable du stockage et sa monté en puissance a davantage contribué au dynamique qu’au statique pur », estime Renaud Buronfosse (CISMA). Omniprésent en préparation de commande, le dynamique est une solution que l’on retrouve également dans les drives : « Nous proposons le Versi Flow, un produit très versatile et qui répond idéalement aux problématiques des drives. Nous avons réalisé de belles installations en 2013, indique Hervé Merieau (Interroll). L’agroalimentaire et la grande distribution tirent les ventes, le dynamique convient bien aux produits de consommation courante, à volume important à forte rotation. La boisson par exemple est la cible parfaite pour le dynamique », soutient-il. Ces nouvelles utilisations semblent d’ailleurs impacter la technicité des produits : « Les contrats sont de plus en plus complexes, témoigne Philippe Szlingier (Prodex). Et d’ajouter : Nous avons de nombreuses contraintes. Nous devons faire des plans pour des produits spécifiques, nous assurer que la partie technique soit bien comprise et acceptée par l’utilisateur tout en serrant les prix au maximum. Comme dans le rayonnage classique, nous définissons précisément l’écartement des allées pour assurer la facilité du prélèvement et la meilleure productivité possible. Nous devons trouver l’équilibre entre le degré de technicité nécessaire et le coût du produit, afin d’éviter de faire du « low cost » technologique qui au premier abord permet d’économiser de l’argent mais à terme, coûte plus cher. Trouver cet équilibre est notre responsabilité. Nous développons pour cela des racks spécifiques, dérivés du standard, pour satisfaire la demande du client. L’e-commerce est un facteur positif pour le dynamique. C’est un Rack marché porteur, les e-commerçants les plus performants deviennent inévi- dynamique Prodex tablement des consommateurs de solutions logistiques ». ■ PM SEPTEMBRE 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°87 ©PRODEX Parfaitement adapté à la préparation de commande, le rack dynamique, ou gravitaire, a le vent en poupe. 89 DOSSIER Stockage/Rayonnage Stockage rayonnage : vers des solutions complètes ? Dans un souci de gain de temps et de simplicité, le client préfère échanger avec un interlocuteur unique. Cet état de fait s’appliquant aussi au monde du rayonnage, peut-il encore subsister seul ? A la question « sentez-vous poindre à l’horizon une restructuration du marché du stockage rayonnage afin de proposer des solutions complètes ? », les intervenants de ce dossier ont essentiellement répondu par la négative. Pourtant les éléments semblent être réunis : forte pression sur les prix, produit à faible valeur ajoutée et souvent intégré à un système automatisé, besoin d’aller chercher la croissance sur de nouveaux marchés, volonté affichée de certains grands groupes de proposer un éventail complet de solutions, souhait des clients de disposer d’un interlocuteur unique, la tendance paraît claire. « Les acteurs travaillent de moins en moins chacun dans leur coin, ils s’associent de manière pérenne ou ponctuelle pour une meilleure intégration des systèmes », confirme Renaud Buronfosse (Cisma). ©J UNGHEINRICH Compléter son offre par des achats Cela peut aller plus loin et déboucher sur des rachats : ceux de Tixit (2009) et Stow (2013) par le groupe Averys, Portec par Interroll (2013) et enfin Interlake (2009) et la division automatisation du groupe Thyssen (2005) par Mecalux sont autant de témoins de cette tendance. Jungheinrich propose aujourd’hui un vaste catalogue comprenant chariots, rayonnage (à tablette, à palette, pour allées étroites, à accumulation, dyna- 90 Transstockeur Jungheinrich N°87 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - SEPTEMBRE 2014 mique FIFO/ LIFO, mobile) et systèmes automatisés (transstockeurs, grande hauteur, shuttle, préparation de commande) et même cantilever, plates-formes de préparation de commandes et WMS. Un vaste catalogue « Depuis huit ans maintenant, nous faisons fabriquer par un partenaire notre propre rayonnage avec nos brevets et spécificités. Notre principal cheval de bataille est le rayonnage palette, c’est une activité complémentaire à celle du chariot et nous le vendons essentiellement chez nos clients chariot. Nous répondons à des solutions logistiques globales et nos parts de marché augmentent » témoigne Olivier Castede, (Jungheinrich). Certains concurrents, comme Still et Toyota, ne sont pas en reste et travaillent eux aussi en étroite collaboration avec des acteurs du rayonnage. SSI Schaefer propose également une très large gamme incluant rayonnage, stockage automatisé et WMS. Polypal est devenu, il y a un an, partenaire du WMS Matrix et est régulièrement amené à fournir du matériel à des intégrateurs de renom comme Alstef et Dematic dans le cadre de solutions globales. Même stratégie pour Interroll qui, bien que très orienté OEM, vend de plus en plus de produits via des intégrateurs de systèmes, lesquels offrent une plus forte valeur ajoutée que le rayonnage seul. Chez Duwic, on préfère mêler intelligemment les ventes directes (pour les projets d’envergure) et indirectes. Pourtant, d’autres travaillent encore en direct et de manière indépendante. C’est le cas de Storax, spécialiste du palettier mobile, ce mode de stockage restant quelque peu « à part et traité séparément dans les appels d’offre », selon Ingrid Coiffet, sa Responsable Communication. Pour autant, s’il ne s’agissait pas d’un « partenariat à proprement parler », le constructeur a récemment travaillé avec BA Systems pour équiper au Havre une chambre froide en racks mobiles avec une hauteur de pose de 13 m. Vers des solutions intégrées ? Si certains grands offreurs français, comme Provost, vivent davantage d’un grand nombre de petites et moyennes commandes que de gros contrats, les grands projets semblent aujourd’hui destinés à ceux qui bénéficieront des bons partenaires. Philippe Szlingier, DG de Prodex, abonde dans ce sens : « L’avantage de faire partie d’un groupe (Legris Industries), est que nos produits peuvent être intégrés dans des solutions élargies : A-Sis fournit le WMS et Savoye l’automa- tisation ». En 2014 et dans une économie en berne, peut-on encore rester indépendant ? ■ PM To drive or not to drive? Facteur de croissance pour les constructeurs ces dernières années, le drive est-il encore un modèle d’avenir ? « Le drive a été une bouffée d’oxygène pour la profession. Il s’en est construit environ 1.000 en 2012, autant en 2013, à quoi s’ajouteront environ 500 autres cette année. Mais je pense que le mouvement va s’arrêter là », prévoit Renaud Buronfosse, (Cisma). « En 2013, nous avons réalisé quelques belles installations. Mais nous avons la sensation que le drive commence à s’essouffler », confirme Hervé Merieau (Interroll). Il ne s’agirait pas d’une question de saturation de l’espace mais de remise en cause du modèle économique. « Le drive a cannibalisé la grande surface. Il n’a pas permis de trouver de nouveaux clients, confirme Hervé Merieau, et le drive coûte plus cher. A même tarif, on perd de l’argent. » Pour quelles raisons le drive coûte-t-il plus cher à opérer ? « L’activité du drive est la quintessence de la logistique. C’est de loin le système logistique le plus complexe, analyse Stéphane Pietrowicz, Support & Solution Development de Savoye. Le nombre de références stockées est conséquent (15 à 20.000), les commandes peuvent faire 30 à 40 lignes, ou parfois deux. Quatre jours par semaine, l’activité tourne à 20 % de celle d’un vendredi ou d’un samedi (deux jours à 100 %) et, entre 10 et 20 jours, pendant les fêtes de fin d’année, elle tourne à 250 %. Le système doit être capable de s’adapter à ces fortes variations. Autre facteur, dans la majorité des cas, on ne connaît pas l’activité 6 h à l’avance. En entrepôt, le « temps réel » se traite en réalité un jour à l’avance, voire une demi-journée. Dans un drive, c’est 4 h au mieux. 30 % de l’activité est connue 2 h à 3 h à l’avance. Il faut être très réactif », reprend-il. Comment s’équiper pour gérer une telle variabilité ? « Dans un drive, il y a de tout, c’est un multi-panache, comme la palette du peintre, raconte Philippe Szlingier (Prodex). Il faut des étagères, du dynamique, c’est un condensé sur de petites surfaces, parfois de seulement 200 m². Comme dans le cas classique, on y installe 5 % à 10 % de rack dynamique et 90 % de palettier », poursuit-il. On y retrouve en effet un peu d’automatisation bien que cela rende le drive encore plus long à rentabiliser, de petits convoyeurs et des racks à palettes pour les charges volumétriques comme l’eau et les rouleaux d’essuie-tout. « Un élément surreprésenté dans les drives sont les bouteilles d’eau et autres produits lourds. La majorité des clients sont des femmes, elles apprécient particulièrement le fait de ne pas avoir à porter les packs d’eau », note Stéphane Pietrowicz. Cette source de revenu pour les offreurs de solution est-elle condamnée ? Peut-être pas : « Les drives commencent à se développer au RoyaumeUni, en Belgique et même en Allemagne et en Italie, affirme Bernard Mourlon, (Bito Systèmes). Et d’ajouter : Il existe aussi des tentatives en Pologne mais il faut reconnaître que ce sont les initiatives de distributeurs français, mise à part au UK. Notre expertise, développée au cours des 10 dernières années (depuis l’ouverture du premier drive en France –Chronodrive) et notre expérience (plus de 300 Drives Bito Systèmes) commencent à s’exporter ». Affaire à suivre.■ PM SEPTEMBRE 2014 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE ■ N°87 91 DOSSIER Stockage/Rayonnage Réglementation : prenez gare aux nouvelles normes ©FERALCO La réglementation européenne suppléant peu à peu ses équivalences nationales, les changements de normes sont aussi fréquents que méconnus. Certification des processus de soudure, recyclage, calcul du risque sismique, les champs d’applications ne manquent pas. « Beaucoup de choses sont en train d’évoluer, beaucoup de questions se posent, remarque Renaud Buronfosse (Cisma), qui ajoute : L’une des grandes questions à l’heure actuelle est : doit-on faire du marquage CE sur le rayonnage ? » La taxe sur les DEA (Déchets d’Eléments d’Ameublement, cf SC Mag N°75) est bel et bien passée (mai 2013) mais ne concerne que le rayonnage léger. « C’est une ineptie, nous payons une taxe de recyclage alors que des gens sont prêts à nous racheter le métal. Nous avons juste réussi à réduire la taxe », s’insurge Franck Cardock (Duwic). Parmi les principales normes à intégrer, retenez la EN 15572 et le décret N°2010-1254 du 22 octobre 2010. Ce dernier a redéfini la carte sismique de la France avec pour effet, conformément à la norme EN 15572 sur les règles de sécurité concernant les racks, d’obliger le propriétaire d’un bâtiment à calculer le coefficient (risque) sismique et donc à faire construire une structure capable d’y résister. Cela s’applique également aux racks, obligeant les constructeurs à intégrer cette problématique dans leurs calculs de résistance. « Globalement, il semble que toute la profession n’applique pas 92 cette règle et n’informe pas le client qu’il doit construire une installation antisismique », déplore Franck Cardock (Duwic). Cela a bien sûr une incidence sur les coûts de fabrication. Plus globalement, la norme EN 15572 « spécifie les exigences de calcul des structures, applicables à tous les types de systèmes de rayonnages à palettes réglables fabriqués à partir d’éléments en acier, destinés au stockage d’unités de charge et soumis à des charges essentiellement statiques » (source inforisque.info). Quant à la prévention des risques, il ne s’agit actuellement que de recommandations, comme l’ED771 de l’INRS. Il est cependant écrit dans la norme EN 15635 (art. 9.4.2.3) qu’il « convient de faire des contrôles réguliers tous les 12 mois maximum, avec remise d’un rapport écrit au responsable des systèmes de stockage », précise Yves Boiteux (Feralco). Ce concept entre d’ailleurs doucement dans les mœurs : « C’est générateur de revenus supplémentaires, peu d’acteurs savent le faire », se réjouit Daniel Joly (Mecalux). La preuve que les normes ne sont pas qu’une source de contraintes. « Au niveau de la réparation, nous n’avons pas autorité à intervenir sur les rayonnages des concurrents. Si le fabricant a disparu et s’il y a dommage sur une allée, nous remplaçons l’allée et récupérons les bons éléments pour réparer plus tard le reste de l’installation. Cela représente une contrainte financière. Tous ne le font pas ». Y aurait-il un marché à prendre ? ■ PM Palettier Feralco N°87 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - SEPTEMBRE 2014
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