Afrique du Milieu: Impact de la Faiblesse des Recettes

Middle Africa Briefing Note | Economie
1er avril 2015
Afrique du Milieu: Impact de la Faiblesse des
Recettes Pétrolières – Trois Scenarios
Points clés

Entre juin 2014 et janvier 2015, les prix du pétrole ont chuté de 54% en raison principalement de la hausse
rapide de l’approvisionnement en pétrole et de la faiblesse de la demande.

Bien que les prix aient connu depuis une légère remontée, à la fin du mois de mars ils avaient baissé
d’environ 10USD par rapport au début du mois, mettant en évidence les pressions opposées pesant sur les prix
du pétrole.

Dans ce contexte, on s’attend à ce que les prix du pétrole demeurent volatiles sur le reste de l’année 2015 et
que le prix du baril de Brent se situe en moyenne autour de 56.5USD cette année.

La baisse des prix du pétrole affecte négativement les pays exportateurs d’Afrique sub-saharienne, (pour
certains très) dépendants des recettes pétrolières.

La baisse des prix du pétrole réduit leurs recettes pétrolières, et a un effet négatif sur les dépenses
gouvernementales, la position de leurs balances courantes, la stabilité de leurs taux de change, et leurs
réserves budgétaires et extérieurs.

Cependant, la faiblesse des prix du pétrole pourrait avoir un impact positif sur les perspectives de croissance à
long terme, à condition que les réformes indispensables au renforcement des politiques économiques et de la
compétitivité soient mises en place.
La chute des prix du pétrole…



Après avoir atteint 110USD le baril en juin 2014, les prix du Brent ont chuté de 54% pour atteindre 51USD le
baril à la mi-janvier. Une offre de pétrole vigoureuse (marquée par la décision de l’OPEP en novembre 2014
de ne pas abaisser sa production et par la hausse de la production d’huile de schiste aux Etats-Unis)
accompagnée par une demande de pétrole faible a eu un impact négatif sur l’équilibre du marché pétrolier.
Par ailleurs, la baisse des prix du pétrole a été renforcée par la hausse du dollar (qui accroit le coût des
importations de pétrole, qui en retour réduit la demande).
Bien que les prix aient connu une légère remontée depuis à 54USD le baril, à la fin du mois de mars le prix
du baril de Brent avaient baissé d’environ 10USD par rapport au début du mois, en raison d’un excédent de
l’offre de pétrole (qui s’établit actuellement à environ 1.0mb/j), et ce malgré la réduction des activités de
forage et des investissements en capital. En effet, actuellement les producteurs de pétrole cherchent à
accroitre leurs revenus pétroliers en augmentant leurs parts de marché, d’où un niveau de production élevé.
Dans ce contexte, nous estimons que le prix du baril de Brent demeurera volatile sur le reste de l’année
2015 et qu’il atteindra en moyenne 56.5USD le baril cette année (voir notre note sur les Perspectives
pétrolières trimestrielles publiée le 25 mars 2015 : http://www.ecobank.com/rc_energy.aspx, désolé mais
en langue anglaise uniquement).
… A pour effet de réduire les recettes pétrolières


La baisse des prix du pétrole a déjà eu un impact négatif sur les principaux pays exportateurs de pétrole
d’Afrique sub-saharienne, (très) dépendants des recettes pétrolières (et gazières). Le Gabon et la
République du Congo ont également eu à souffrir de pressions telles que :
o
Baisse des dépenses gouvernementales pour l’année 2015.
o
Dégradation de la balance courante (les importations demeurant solides par ailleurs).
o
Boucliers budgétaires et extérieurs amoindris.
Afin d’évaluer l’impact de la baisse des prix du pétrole sur les pays exportateurs de pétrole en 2015, nous
avons développé trois scenarios. Ces derniers nous permettent d’estimer les effets probables de la baisse des
recettes pétrolières :
1. Pire scénario : prix faible du baril de Brent, à 45USD en moyenne (avec une probabilité de l’ordre
de 25%).
2. Scénario médian : prix du baril de Brent à 56.50USD en moyenne (avec une probabilité de l’ordre
de 50%).
3. Meilleur scénario : prix élevé du baril de Brent à 80USD en moyenne (également avec une
probabilité de l’ordre de 25%).
Ecobank Research | [email protected] | Twitter: @EcobankResearch
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1er avril 2015
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2014e 2015e (1) 2015e (2) 2015e (3)
Congo, République du
Production pétrolière annuelle (mn bpj)
0.3
0.3
0.3
Prix moyen du baril de Brent (USD)
Recettes d’exportations pétrolières (Mds USD)
Recettes pétrolières (Mds USD)
97.8
45
56.5
80
8.9
4.1
5.2
7.3
5.0
Variation des recettes pétrolières (Mds USD: comparé à 2014)
0.3
1.8
2.3
3.3
-3.2
-2.7
-1.7
G a bon
Production pétrolière annuelle (mn bpj)
0.2
0.2
0.2
0.2
Prix moyen du baril de Brent (USD)
97.8
45.0
56.5
80.0
Recettes d’exportations pétrolières (Mds USD)
8.2
3.8
4.7
6.7
Recettes pétrolières (Mds USD)
2.7
Variation des recettes pétrolières (Mds USD: comparé à 2014)
1.1
1.4
1.9
-1.6
-1.3
-0.7
Source: FMI et Ecobank Research
(1) Pire scénario (2) Scénario médian (3) Meilleur scénario
Recettes d’exportations pétrolières = recettes générées à partir des exportations de pétrole
Recettes pétrolières = part des recettes d’exportations pétrolières destinée au gouvernement
E = estimation Ecobank


Le scénario le plus probable est le scénario médian 2 (avec une probabilité de l’ordre de 50%):
o
Etant donné la diversité des forces s’exerçant sur l’offre et la demande de pétrole, le marché
mondial du pétrole parait être un système trop complexe pour que l’on puisse faire des prévisions
sur les prix très précises. Toutefois, nous estimons que le prix du baril de Brent devrait atteindre
56.50USD en moyenne en 2015 (contre un prix moyen de 97.80USD en 2014). En retenant cette
hypothèse, nous estimons que les deux producteurs de pétrole que sont le Gabon et la République
du Congo enregistreront des pertes de recettes pétrolières non négligeables en 2015 (par rapport à
l’année 2014).
o
Du côté de la demande, nous continuons d’anticiper une croissance mondiale faible qui modèrera
la demande de pétrole en 2015. Ainsi, le ralentissement de la production manufacturière en Chine,
le second plus grand consommateur de pétrole au monde, exercera des pressions à la baisse sur les
prix pétroliers. De plus, le début des opérations de maintenance dans les raffineries au début du
printemps devrait réduire la demande de pétrole brut.
o
Du côté de l’offre, la production est amenée à rester élevée au premier semestre 2015. Des prix du
pétrole faibles ont eu pour effet de rendre non rentables les huiles de schistes états-uniennes et les
sables bitumineux canadiens. Alors que le prix d’équilibre pour ces sources varie largement, la
production des puits très coûteux a déjà diminuée. Cependant, comme le capital, destiné à
accroitre la production, a déjà été emprunté, la production totale aux Etats-Unis est amenée à
demeurer autour de 9mb/j au premier semestre 2015 (d’après l’Agence d’Information sur l’Energie
américaine, la production des EU atteignait 9.37mb/j au début du mois de mars).
Afin de refléter la baisse des prix du pétrole brut, en décembre 2014 la République du Congo a révisé son
budget pour l’année 2015 (présenté à l’origine en octobre). Ce dernier, construit sur une hypothèse de prix
du baril de pétrole brut à 70USD, prévoit un budget à l’équilibre à 3069,8 Mds de FCFA (au lieu de 3639,8 Mds
FCFA) et des recettes pétrolières d’un montant de 1460 Mds de FCFA soit 48.7% du budget total. Les autorités
gabonaises indiquaient en janvier, quant à elles, travailler au réajustement du budget 2015 afin de tenir
compte de la baisse des prix du pétrole. Le projet de Loi de finances initial, arrêté en octobre 2014, prévoit un
budget de 3188,7 Mds de FCFA (contre 2954,6 Mds FCFA en 2014).
Prix du pétrole faibles = impact économique négatif sur les principaux pays
exportateurs de pétrole

Les pays d’Afrique du Milieu très exposés à la faiblesse des prix du pétrole devront envisager de baisser
davantage leurs dépenses afin d’empêcher la dégradation de leur position budgétaire en cas de survenue du
scenario 1 (25% de probabilité). Les pressions sur les dépenses affecteront de manière négative la capacité
des gouvernements à appliquer des réformes économiques, accroitre l’investissement public (notamment
dans les projets d’infrastructures) et donc leur capacité à stimuler la croissance. Les pays qui ne sont pas
capables de baisser leurs dépenses suffisamment enregistreront une dégradation de leurs déficits
budgétaires, ce qui constitue un risque sachant que les vulnérabilités fiscales peuvent réduire la confiance
des investisseurs et accroitre les coûts d’emprunt.
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

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Les principaux pays exportateurs de pétrole, du fait de la baisse de leurs recettes pétrolières, seront
également soumis à des pressions sur leurs taux de change, ce qui réduira le taux d’accumulation des
réserves de change.
o
Toutefois, ceci n’est pas valable pour le Gabon et la République du Congo. En effet, ces derniers
sont membres de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale. A ce titre, leur
système monétaire est géré par la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) et leur monnaie
est le franc CFA qui est fixe par rapport à l’euro à un taux de XAF655.96 = EUR1, d’où une plus
grande stabilité du système.
De plus, la faiblesse continue des prix du pétrole exerce des pressions sur les comptes budgétaires et
externes, entrainant l’épuisement des réserves budgétaires et externes (boucliers), ce qui de fait réduit la
capacité des autorités à intervenir pour répondre aux chocs économiques.
Enfin, la faiblesse persistante des prix du pétrole, en fonction des politiques économiques retenues pour
résoudre les problèmes qui en découlent, pourrait miner la confiance des investisseurs, ce qui pourrait avoir
un impact négatif sur la stabilité macroéconomique et financière de ces pays.
o
Comme un reflet du sentiment des investisseurs, en février 2015, Standard & Poor’s révisait à la
baisse les notes de crédit souverain à long terme du Gabon et de la République du Congo,
respectivement de BB- à B+ et de B+ à B, avec des perspectives stables. Ces dégradations de
notations s’expliquent par l’impact négatif que devrait avoir la chute des prix du pétrole sur les
perspectives budgétaires et les comptes extérieurs de ces deux pays.
Conclusion
Au prix actuel de 54USD, le prix du baril de Brent fait peser des risques significatifs sur les principaux pays
exportateurs de pétrole d’Afrique du Milieu. En réduisant les recettes pétrolières, la faiblesse des prix du
pétrole mine les comptes courants des pays exportateurs de pétrole, accroit la pression sur leurs taux de
change, et réduit leurs boucliers budgétaires et extérieurs. Ainsi, afin d’empêcher une dégradation accrue de
leur position budgétaire, les exportateurs de pétrole ont dû réduire les dépenses budgétaires pour l’année
2015, ce qui constitue une nouvelle manière de répondre à ce « nouvel environnement des prix ».
Bien que les pays d’Afrique du Milieu aient enregistré une forte croissance au cours des dix dernières années,
la plupart d’entre eux doivent encore faire face à d’importants problèmes en matière de développement et
améliorer leur environnement des affaires (notamment au travers de projets d’infrastructures). Par
conséquent, la faiblesse continue des prix du pétrole pourrait pousser les autorités à accroitre leurs efforts en
matière de réformes économiques, afin de stimuler notamment la confiance des investisseurs. La probabilité
de mise en place de ces reformes dépendra de la direction future des prix du pétrole : si les prix demeurent à
leurs niveaux actuels pour les deux prochaines années, les réformes deviennent réalistes. Cependant, si les prix
commencent à augmenter rapidement pour atteindre 80USD le baril ou plus, les perspectives de réformes
semblent minces.
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