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Vendredi 17 janvier 2014 // No 175
Armée
Serre-vice
obligatoire P. 4
CHF 3.– // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch
Val d’Anniviers Tête de truc
Epiney boit la taxe
Stanislas
P. 5
de cœur P. 16
Exclusif
Nos photos
du scooter P. 17
JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA
2
C ’ E S T P AS P O UR DIR E !
L’enfumeur
au scooter
Sebastian Dieguez
U
n président normal, une actrice de seconde
zone, une femme trahie, un appartement
suspect, une hospitalisation soudaine, un
magazine people et une conférence de presse : si
t’arrives pas à nous faire un édito avec ça…
Ben oui, mais tout a déjà été dit, non ? Hollande est un
salaud, Closer, c’est des pourris, Valérie l’a bien cherché,
Julie profite de l’affaire, Ségolène ricane, l’opposition
hésite... Ça intéresse vraiment les gens, ces trucs-là ?
Non, s’il faut absolument s’exprimer sur une simple
histoire de tromperie, autant mettre le paquet. Alors voilà :
tout cela est un complot. Vous voulez des preuves ? Pas de
problème.
Premièrement, cette Julie Gayet n’a jamais existé. Vous
aviez entendu parler d’elle avant ces « révélations », vous ?
Ah, vous voyez bien. Deuxièmement, François Hollande
est en guerre en Centrafrique ; et il va bientôt rencontrer le
pape, comme par hasard… Troisièmement, chacun l’aura
remarqué, cette affaire intervient au moment précis où
s’achève le feuilleton Dieudonné. Coïncidence ? A d’autres !
Quatrièmement, posez-vous cette excellente question :
à qui tout cela profite-t-il ? Bingo, vous avez compris.
Cinquièmement, dans son allocution à la presse, Hollande
a utilisé le mot « je » 40 fois, le mot « France » 24 fois,
« Europe » 15 fois et « Allemagne » 5 fois. Vous pouvez
vérifier, c’est rigoureusement exact. Edifiant, non ?
Vous pouvez évidemment ricaner et nier l’évidence, mais
pour qui n’est pas esclave du système et de la pensée
unique, ces preuves conduisent inéluctablement à une seule
conclusion : c’est un complot !
Oui, c’est une très lourde accusation. Mais Vigousse ne
craint pas ces forces obscures qui machinent pour nous
rendre complices de leur projet diabolique. Et si nos cinq
preuves irréfutables ne vous convainquent pas, quelqu’un
se chargera bien d’en trouver d’autres. Après tout, une
nouvelle qui ne suscite pas immédiatement une théorie du
complot est-elle encore une nouvelle ?
Vigousse vendredi 17 janvier 2014
Q U E LL E S E MAIN E !
3
Ç A , C ' E S T FAI T !
Fou juridique
En matières de troubles psychiques, l’Office d’assurance invalidité de
Lucerne se méfie des expertises médicales usuelles : il a donc lancé des
tests « scientifiques » afin de traquer les abus et de mesurer les degrés de
handicap. Résultat : dans 60 % des cas, les expertises classiques exagéraient
la gravité des troubles, dans 40 % des cas elles la minimisaient. Elles
étaient donc justes dans 0 % des cas. Une personne sensée en conclurait
logiquement que c’est le test qui est foireux ; mais dans l’administration
lucernoise, tout le monde semble assez gravement atteint…
LE CHIFFRE
45 000 francs
C’est le coût estimé du voyage
de Didier Burkhalter en
Nouvelle-Zélande, en Australie
et au Vanuatu en octobre
2013. Quatre personnes
volaient à bord du Falcon
900EX du Conseil fédéral. Avec
un vol de ligne, le même trajet
serait revenu à 79 000 francs,
prétend le Département des
affaires étrangères. Autrement
dit, 20 000 par personne ?
A se demander si on ne nous
mène pas en bateau.
En carafe
Roland Vergères,
directeur général de
Provins Valais depuis
treize ans, prend
la porte avec effet
immédiat, et ce d’un
« commun accord »
selon le communiqué
de la coopérative,
premier producteur
de vin en Suisse.
Ledit communiqué
n’indique pas qui va
lui succéder. Pourquoi
pas un homme comme
Dominique Giroud, qui
a de la bouteille ?
Linge sale Marchand
Des tests effectués sous la
houlette de Greenpeace
ont détecté des substances
chimiques nocives dans des
vêtements pour enfants des
marques Adidas, Nike, C&A,
Disney, GAP et autres. Le
tiers de ces fringues étant
fabriqué en Chine, les
autorités de Pékin ont aussi­
tôt appelé l’industrie chinoise
du textile à bannir l’usage
des produits incriminés. Une
réaction ferme et vertueuse
qui pourrait bien servir à
noyer le poison, soit dit sans
vouloir chinoiser.
de Saab
En vue de la votation
populaire pour ou
contre le financement
de l’achat de 22
Gripen, leur fabricant
suédois Saab est
prêt à soutenir, de
façon sonnante
et trébuchante, la
campagne de ceux qui
tiennent mordicus à
claquer des milliards
pour ces engins. Reste
à savoir si les Suisses
se laisseront taper
suédois.
Vigousse vendredi 17 janvier 2014
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FAI T S DI V E RS E T V ARIÉS
FAI T S DI V E RS E T V ARIÉS
Gris-vert de rage Un soldat demande à avancer la date de son ultime
cours de répétition. Pas question, répond un apprenti de commerce.
Incorporé dans les troupes sanitaires, Eric* est un bon soldat. A
28 ans, il ne lui reste que 14 jours de
service à effectuer sur les 260 obligatoires, après quoi il aura achevé
sa mission pour la patrie. En décembre 2013, il reçoit un ordre de
marche pour septembre 2014. Zut,
ça tombe très mal : à la fin de l’été, il
doit se rendre à l’étranger pour une
formation de longue durée.
Par courrier recommandé à l’administration militaire idoine, Eric
explique sa situation et demande
d’avancer les dates de son cours de
répétition avant fin mars. Du reste,
tous ses cours étaient jusqu’alors
intervenus en début d’année.
La réponse, signée par un « ap-
prentie » (sic) à la brigade logistique 1, vaut son pesant de graisse
Conso & consorts
Dernier tri
Déchet encombrant Dans la
vaste famille des détritus, il y a
une véritable ordure.
A l’heure où se généralisent les sacspoubelle taxés, bien des usagers font
le même constat : s’ils trient et « valorisent » le papier, le carton, le verre,
le PET et les métaux en les apportant
à la déchetterie locale, si par ailleurs
ils disposent d’un compost pour
leurs restes de cuisine, que reste-il
donc à jeter dans les sacs-poubelle
blancs ? Pour l’essentiel, du plastique. D’où la question : pourquoi
diantre ce foutu matériau n’est-il pas
collecté et recyclé comme les autres ?
à souliers : on le somme de remplir
un formulaire ad hoc en annexant
« des documents de voyage, réservation d’hôtel » et autres preuves
irréfutables de son voyage à l’étranger prévu neuf mois plus tard…
Patient, Eric envoie une seconde
lettre recommandée datée du
11 décembre, où il explique gentiment qu’il voyagera en voiture
privée et qu’il créchera chez une
connaissance. Il se déclare prêt à
fournir la marque du véhicule et le
nom de sa logeuse si nécessaire.
Sur quoi le zélé fonctionnaire militaire, fils spirituel de Kafka et de
Courteline réunis, ressort l’ordonnance fédérale sur les obligations
militaires, laquelle stipule que
l’intérêt public l’emporte sur l’intérêt privé des militaires astreints. Et
ce même lorsqu’il s’agit d’anticiper
l’accomplissement des obligations
de service. « L’infirmerie de Fribourg compte sur votre présence »,
prétend encore l’apprenti de la brigade logistique 1.
Précisons qu’Eric n’est pas affecté à
un régiment, mais qu’il passe d’infirmerie en infirmerie au gré des
ordres de marche. S’il a fréquenté
bien des casernes de Suisse, il n’a
jamais effectué le moindre jour de
service à Fribourg. Doutant dès
A base de pétrole, les polyéthylènes entrepreneurs se sont bien lancés
ou le polystyrène des sacs, embal- dans l’aventure avant de fermer boulages, bouteilles de shampoing, tique faute de rentabilité. C’est le cas
gobelets de yogourt et autres vieux notamment de Swisspolymera SA à
machins en plastoc représentent, Payerne (VD).
selon l’Office fédéral de l’environnement, 15 % de l’ensemble des déchets Quelques usines retraitent tout de
domestiques. Et ils sont largement même ces matières en Helvétie, par
recyclables. Pourtant, seul un quart exemple à Cressier (NE). Mais on
n’y recycle qu’un
des communes
petit 40 % des
suisses procède
Suremballés
plastiques neuchâà leur collecte.
pas si emballants telois. Le reste est
Le reste rejoint
souvent envoyé,
les
ordures
ménagères en vrac et finit incinéré, au prix de transports assez peu écologiques, à des entreprises étrangères
rejets polluants à la clé.
Ce vaste gâchis obéit à de mesquines où l’opération revient moins cher.
raisons économiques. Le recyclage Dans ce grand foutoir, que peuvent
des saletés en question coûte en effet faire les consommateurs ? S’ils n’ont
cher en nos contrées, où aucune pas la chance d’habiter une des
politique n’encourage une reva- rares communes dont la déchetterie
lorisation efficace. De courageux recueille les plastiques, ils peuvent
Camions à neige
Taxe du mal
Tirs d’obtus
lors que sa présence personnelle y
soit si ardemment désirée en septembre, il répond par courrier le
2 janvier 2014 en faisant valoir qu’il
y a « toujours besoin de quelqu’un
quelque part ». Et pour démontrer
que ses projets de voyage sont bien
réels, il joint sa lettre de démission
professionnelle et la résiliation de
son bail à loyer. Parallèllement, un
brin écœuré par une bureaucratie militaire qui fait si peu
de cas de sa bonne volonté, il
envoie, de guerre lasse, copie de
son courrier à Ueli Maurer. Lequel
n’a pas encore eu le temps de lui
répondre.
En attendant, les troupes de l’ar-
mée suisse ont enfin trouvé un
ennemi à leur mesure : les apprentis de commerce bornés. Jean-Luc
Wenger
* nom connu de la base logistique de l’armée
toujours essayer d’en limiter la
quantité en faisant leurs courses :
il suffit d’éviter les produits absurdement suremballés de polymères
inutiles, de renoncer aux sacs en
plastique à usage unique, de privilégier autant que possible les matériaux mieux recyclables. A la longue,
qui sait, ça peut inciter les fabricants
et les grands distributeurs à en faire
autant. Par ailleurs, les citoyens
peuvent toujours encourager leurs
élus à prendre des mesures concrètes
en faveur du recyclage en attendant
que la Confédération veuille bien
élaborer un plan précis dans ce domaine.
D’ici là, on peut rêver qu’un beau
jour le seul objet en plastique dans
le sac-poubelle taxé, ce soit le sacpoubelle ! Noémie Matos
Traces de poudre Pour les
championnats suisses de ski de
fond, Leysin va chercher l’or blanc
chez les gris-vert.
Caisse à savons Avec leur projet de « taxe
incitative », les autorités anniviardes se sont fait
copieusement enguirlander par le canton.
Elles ne s’en vantent pas.
Résumé de l’épisode précédent
(Vigousse, 01.11.13) : la commune
d’Anniviers, présidée par l’illustre
politicien PDC Simon Epiney, avait
grand besoin d’argent frais. Il lui fallait notamment soutenir des remontées mécaniques où les autorités
venaient d’injecter une quinzaine de
millions. Pour remplir ses caisses,
elle faisait donc passer en juin
2013, en assemblée primaire, une
taxe « incitative » sur les résidences
secondaires, taxe qui s’ajoutait aux
ponctions fiscales et locatives existantes, déjà trois fois supérieures à
celles perçues en plaine.
Assez mécontents d’être traités
comme des vaches à lait, les proprios de résidences secondaires
avaient alors protesté vigoureusement en mutipliant les missives outrées. Entre autres récriminations,
ils y prêtaient à Simon Epiney une
« mentalité d’épicier âpre au gain ».
L’épisode s’achevait, début novembre 2013, sur un suspense insoutenable : le Conseil d’Etat allait-il
avaliser cette fameuse taxe ?
Reprenons donc le fil. Depuis juin,
tous les services cantonaux concernés ont passé la taxe incitative au
peigne fin juridique. Les observations sont tombées les unes après
les autres. Résultat des courses : la
commune d’Anniviers se prend un
méchant savon et se fait renvoyer à
sa copie. Inutile de demander à voir
ces rapports auprès des autorités
communales ou cantonales : elles
arguent que tout ça ne regarde pas
le simple citoyen… Mais il suffit
d’avoir les bons relais pour obtenir
les précieux documents ; en voici
donc un florilège.
Le Service cantonal des affaires
intérieures et communales relève
que la taxe, dès sa naissance, bafoue certains principes : « Ce règlement a été adopté par le Conseil
municipal et soumis directement à
l’assemblée primaire sans mise à
l’enquête publique préalable et sans
dépôt public ultérieur. » Bref, il faut
tout reprendre depuis le début !
D’ailleurs « le montant de la taxe,
son mode de calcul, son affectation
à des buts ne profitant pas forcément
ni uniquement aux contribuables
concernés, ainsi que les doutes sur
les bases légales invoquées, posent
problème ».
De son côté, le Service administratif et juridique émet de sérieuses
critiques sur l’attribution financière de la taxe et son calcul par
le conseil municipal : « pas admissible ». Et il se pose lui aussi la
question d’une « base légale pour
cette taxe ». Autre grief : l’amende
prévue pour les contrevenants,
d’un maximum de 50 000 francs :
5
ce montant « est à notre sens trop
élevé. Par ailleurs, les voies de droit
prévues à l’alinéa 2 ne sont pas correctes. »
Enfin, le Service du développement économique dénonce
comme « difficilement admissible »
l’affectation de la taxe aux remontées mécaniques ou aux hôtels.
Une observation partagée au demeurant par le Service du développement territorial qui trouve le
procédé « douteux ».
Sincères félicitations à Simon
Epiney, président de la commune
d’Anniviers, qui exerce une autre
profession en plaine : avocat-notaire.
Contactées, les autorités anniviardes sentent qu'elles devront repartir à la case départ en fonction
des remarques émises depuis...
juin 2013 ! Les taxes sont d'éternels recommencements, pas dit
que la population apprécie... Joël
Cerutti/Agence PJ Investigations
Les championnats suisses de ski de
fond se déroulent à Leysin ce samedi
18 et ce dimanche 19 janvier. Avec
la présence du champion du monde
Dario Cologna, la manifestation
devrait drainer une foule compacte
et enthousiaste. Mais la compétition a déjà généré passablement de
trafic la semaine dernière : pour pallier le manque de neige, l’organisateur, le Ski-Club de Bex, a en effet
affrété une flotte de camions. Selon
un observateur, sept poids lourds
ont fait l’aller-retour entre l’Hongrin et Leysin, soit une vingtaine de
kilomètres, chargés du précieux or
blanc. Quatre-vingts navettes ont
ainsi déchargé 1000 mètres cubes de
neige provenant de la place d’armes
de l’Hongrin. Un autre témoin se
demande s’il n’aurait pas été plus
sage de déplacer les épreuves au col
des Mosses, où l’enneigement est
assuré et où les infrastructures, avec
un centre nordique flambant neuf,
« pouvaient largement absorber l’ampleur de cette manifestation ». Mais
Les Mosses accueille déjà une autre
compétition ces jours-là.
La station vaudoise de Leysin, dont
le slogan est « l’oxygène des Alpes »,
respire : les courses se dérouleront
sur son territoire. Certes, les sanatoriums ne sont plus ses seuls atouts
depuis longtemps, mais il n’est pas
sûr que les émanations des bahuts
transporteurs de neige favorisent le
bien-être des poumons. L’air de rien,
à l’heure de mettre sous presse, on
ne savait toujours pas si la neige
allait descendre sur Leysin. Celle qui
tombe du ciel, pas du camion. Une
seule chose est sûre, selon l’organisateur : l’impact écologique des poids
lourds est moindre que celui des
canons à neige. Sans compter qu’un
flot de camions, c’est déjà un flot
con. J.-L. W.
PUB
Françoise Neuhaus
079 213 82 64
Petit-Flon 35b,
1052 Le Mont-sur-Lausanne
Tél. 021 648 52 70
Fax 021 648 52 71
Vigousse vendredi 17 janvier 2014
Vigousse vendredi 17 janvier 2014
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FAI T S DI V E RS E T V ARIÉS
Monnaie virtuelle, ruine réelle
Ronds dans l’eau Bien des internautes voient dans le bitcoin un moyen facile
de faire fortune. Mais ces rapaces risquent bien d’être transformés en pigeons.
Créé en 2009 par un mystérieux
développeur informatique nippon
dont on ignore l’identité, le bitcoin
avait pour objectif de devenir une
monnaie universelle, anonyme et
indépendante des banques. S’il
valait alors moins d’un dollar, il
a rapidement pris de la valeur :
son cours dépasse aujourd’hui les
1000 dollars. Ainsi les ados qui
avaient investi quelques centaines
de francs en bitcoins pour jouer à
des conneries sur internet sont-ils
devenus quasi millionnaires.
Mais si le bitcoin a connu un tel
essor, c’est qu’il est devenu l’instrument privilégié des trafiquants
de drogue. Comme il était totalement intraçable, il a en effet favo-
PLUS VRAI QUE
VECU
risé la création de sites de vente
de cocaïne en ligne, sites qui ont
vite atteint des chiffres d’affaires
considérables. Sur quoi les médias
se sont emparés du phénomène
en présentant régulièrement cette
nouvelle monnaie comme un
moyen idéal de faire fortune.
De fait, le truc s’est révélé inté-
ressant jusqu’ici, mais rien ne garantit que ça dure. Au contraire :
monsieur et madame Tout-lemonde, tout excités qu’ils sont
par ce qu’ils ont lu, risquent bien,
en claquant leurs économies dans
quelques bitcoins, d’être chocolat.
Ladite monnaie n’ayant rien de
concret, son cours peut en effet
Vigousse vendredi 17 janvier 2014
fluctuer du tout au
tout en fonction de
l’offre et la demande.
Par conséquent, dès que
la presse cessera d’en parler,
que les investisseurs
truands ou geeks de
la première heure
vendront leurs piè­
ces virtuelles pour
encaisser des espèces
sonnantes et trébuchantes, il ne restera
plus sur le marché que
les naïfs qui achètent
en ce moment. Leur
mise aura servi à financer la criminalité internationale tandis que
le bitcoin ne vaudra plus un ko-
peck. Il y a sûrement des moyens
plus agréables de claquer ses sous.
Jonas Schneiter
« Il m’a envoyé des photos de son sexe… »
c’est sans parler des lettres, des mails et des appels
téléphoniques où il décrivait la couleur de vos habits,
suggérant ainsi qu’il vous observait.
– Plusieurs fois je l’ai vu rôder autour de ma voiture,
au manège où je fais du cheval. Puis il a débarqué
chez moi à 3 heures du matin la nuit de mon
anniversaire : il a sonné, crié, téléphoné, lancé des
objets contre ma fenêtre et il m’a envoyé des photos
de son sexe. J’ai eu peur, j’ai fui.
– Et vous avez déposé plainte ?
– Non, je suis allée expliquer la situation à ma
hiérarchie. Ils ont essayé d’arranger les choses en
le mutant dans un autre service. Mais ça n’a rien
changé, les deux jours suivants il m’a envoyé plus de
100 messages. Alors j’ai porté plainte.
– Monsieur, en tant que policier, vous n’avez pas
réalisé que vous dérapiez ? demande la juge.
– Je reconnais tous les faits. Mais personne ne m’a
aidé dans cette histoire ! Je n’ai jamais été apprécié
par la police, ils n’ont fait qu’aggraver les choses.
– Et comment ?
– Quand ils m’ont muté, ils m’ont INTERDIT de
prendre contact avec elle ! rugit l’accusé.
– Mais c’était pour vous aider… fait la magistrate.
– Non, c’est de la contrainte ! A cause de ça, alors
que notre rupture remonte à trois ans, c’est la
première fois aujourd’hui que je parle avec elle. Vous
trouvez ça normal ?
– Elle a essayé de vous parler, réplique la juge, mais
vous n’écoutiez pas. Et elle est devenue la victime de
vos actes de persécution de nature obsessionnelle.
Prêche à la ligne
Chauffe, harcèle ! Un petit boulot de
racolage téléphonique pour une compagnie
d’assurance ? A force de passer des coups de fil,
on pète un câble, c’est assuré.
Audience en correctionnelle dans un tribunal d’arrondissement. Noms fictifs mais personnages réels
et dialogues authentiques.
Monsieur Moreno est accusé d’injures, d’utilisation
abusive d’une installation de télécommunication et de
contrainte.
– En 2011, l’accusé et madame Dupont, tous deux
policiers, ont entretenu une brève relation jusqu’à
ce que Madame y mette un terme. Tout le monde est
d’accord ? demande la magistrate.
Les deux parties acquiescent.
– A partir de là, ça se gâte. Pour madame, cette
liaison est terminée, même si elle admet ne pas avoir
été assez claire en rompant. Monsieur, en revanche,
veut poursuivre et insiste par lettres, mails et SMS
jusqu’à ce que la plaignante porte plainte pénale
pour stalking (harcèlement).
– Au début je n’ai rien dit, explique-t-elle. Je pensais
qu’il lui fallait du temps pour digérer. Mais il est
devenu si menaçant…
– Dans le dossier d’instruction figurent les messages
et les « whatsapp » qu’il vous a envoyés. Il n’y en
a pas des milliers, mais des dizaines de milliers
allant de 2011 à 2013 ! Des SMS tels que : « Tu m’as
planté comme un con, plus rien ne me retient, tu
m’as détruit, alors je te détruis, je vais te détruire
devant tout le monde, je te souhaite bonne chance
pour assumer la suite de mon programme, merci
d’être fidèle à toi-même ! Cela me réconforte sur mes
décisions de comment je vais te détruire ! Prépare
tes valises, chérie, tu pars seule dans ton monde
de princesse. En tout cas ton jeu de destruction me
plaît beaucoup, car plus on avance dans le temps,
plus tu me laisses d’opportunités de te détruire. » Et
7
te s t à c l a q u e s
– Je regrette ce qui s’est passé, je l’ai déjà dit et j’en
ai marre de me répéter. Je ne suis pas le bourreau
pour lequel on essaie de me faire passer, j’ai aussi
perdu beaucoup dans cette affaire.
– Vous parlez de votre travail dans la police ?
– Ils m’ont viré parce que j’ai repris contact avec
elle. Mais je voulais juste qu’elle m’aide à porter
plainte contre mes supérieurs !
– Parmi tous vos collègues, vous avez demandé
l’aide de la seule personne que vous ne pouviez pas
contacter ?
– Quoi que je fasse, tout le monde est contre
moi. Cette histoire va plus loin qu’il y paraît, des
politiques sont impliqués, la justice, même la francmaçonnerie !
– Euh… on va peut-être en rester au pénal, là…
Quelque chose à ajouter ?
L’avocate de la plaignante se lève :
– Alors que cet homme était policier, et même
brigadier, il a harcelé une de ses jeunes collègues.
Il l’a salie sur Facebook, auprès de ses collègues, il
l’a suivie, épiée, insultée, intimidée, effrayée… C’est
quand même inquiétant que la police accepte de tels
personnages !
Reconnu coupable, monsieur Moreno est condamné à
720 heures de travail d’intérêt général avec un sursis
de deux ans, ainsi qu’à une amende de 600 francs.
Il doit aussi verser 13 531,10 francs à la plaignante
pour tort moral. Et les frais de l’audience, 2125 francs,
sont à sa charge. Son pistolet, qui jusque-là était sous
séquestre, lui est restitué. Lily
« Recherche téléphoniste pour
assurance basée à proximité de
Lausanne. Pour plus de renseignements, appelez au… » Considérant qu’il n’y a pas de sot métier,
composons le numéro. Chic, on
décroche d’emblée un rendezvous.
A l’entrevue, le boss affiche sa
considération pour le poste à
pourvoir : « Vous n’avez rien trouvé d’autre ? » C’est encourageant.
« Si vous signez, poursuit-il,
c’est pas pour faire trois mois et
basta. Depuis le début de l’année,
on a eu un vrai bal des téléphonistes. Pour elles les semaines
finissaient le jeudi et au bout de
quelques mois on les voyait plus.
Bon, je vais vous montrer un peu.
Vous avez trois types de fichiers :
les renouvellements, les nouveaux
clients, les assurances vie. » Les
deux derniers réservent à la future téléphoniste les plaisirs de la
prospection « à froid », laquelle
consiste à appeler des inconnus
qui n’ont rien demandé.
Heureusement, l’entreprise ménage les méninges de ses employés : « On a fait des boutons très
gros et tout est expliqué au fur et
à mesure. » Une activité ludique
pour les 3-6 ans, en somme. « Les
horaires, c’est de 17 h 30 à 20 h 30
du lundi au vendredi. Pour ce qui
l'assurance
de se faire
incendier
est du salaire, c’est 1200 francs
par mois. » Ce qui fait 20 francs
de l’heure, brut. « Mais y a les
bonus. » Ah ! voilà qui rassure.
Après les recommandations
d’usage (sourire, amabilité et
politesse quoi qu’il advienne),
il n’y a plus qu’à empoigner le
téléphone et commencer gaillardement le travail. Commençons par les renouvellements : il
s’agit d’appeler les affiliés, moins
pour reconduire stupidement un
contrat tel quel que pour en proposer la « mise à jour », prétexte
bien sûr à fourguer des produits
supplémentaires. Il s’avère que
les Suisses, méfiants, sont très
réfractaires à la démarche. Les
étrangers, peut-être un peu moins
Tactique et toc !
La corvée de téléphone réserve tout de même ses petites joies :
les parades savantes mais grotesques des gens rétifs à dire
non. Certains font mine de ne pas parler français. D’aucuns
simulent une voix d’enfant pour couiner : « Ma maman, elle est
pas là. » Moins crédibles encore, d’autres se font passer pour
leur femme de ménage : « La Madame elle a parti en Franche
jouchk’à joudi. » D’autres encore prétendent ne pas être sûrs
de rester en Suisse. Sans oublier ceux qui disent : « Oh oui, ça
m’intéresse, rappelez-moi demain » avant d’enregistrer l’appel
dans les numéros indésirables.
Ces grands lâches, disons-le, se bercent d’illusions : faute de
réponse satisfaisante, on les rappellera, encore et encore,
jusqu’à ce qu’ils osent enfin le formuler, ce foutu « non ».
au courant du système, acceptent
plus facilement un rendez-vous
avec un courtier. Des proies plus
faciles, quoi.
200 appels, le ras-le-bol vire à
la dépression sévère. Le courtier
pour qui travaille la malheureuse
avoue volontiers que lui-même
ne pourrait jamais passer ces
Passons au « fichier vert » : les coups de fil. Pire, ce grand lâche
numéros, achetés auprès de demande une fois d’appeler un
Swisscom, de gens ayant récem- client avec qui il avait rancart et
ment déménagé et qui ne sont qu’il a bêtement oublié. Mission :
pas (encore) clients. Appel : s’excuser platement à sa place et
« Bonsoir, madame / monsieur, je se faire hurler dessus par ledit
vous appelle au sujet de votre do- client. Pendant ce temps, soyons
micile. » A l’autre bout du fil, on juste, le chef adresse à la subalsent déjà poindre un léger aga- terne de petits sourires contrits.
cement. Enchaînement : « Avezvous déjà une assurance ménage Conscient de l’hostilité qu’il inset responsabilité civile ? » Le plus pire, l’assureur engage de la chair
souvent claque un « j’ai tout ce à canon qu’il envoie en terrain
qu’il faut » qui invite clairement miné. La brave téléphoniste y reà couper court. Sauf que c’est là cherche de rarissimes ouvertures
qu’on est censé renchérir : « Et grâce auxquelles son supérieur
connaissez-vous le système de ira, lui, signer de juteux contrats.
prévoyance qu’est le 3e pilier ? » Et encaisser, lui seul, les fameux
Au mieux, on récolte un refus bonus.
poli mais définitif d’en entendre Bilan : à moins d’éprouver un
davantage ; au pire, un chapelet plaisir morbide à vous faire
d’injures qu’il y a lieu d’accueil- aboyer dessus à longueur de soilir par un « je vous souhaite une rée pour 20 francs de l’heure,
très bonne soirée, excusez-moi de passez votre chemin. Le « bal des
vous avoir dérangé ». Tétanisée téléphonistes », cher patron, n’est
Sacha
et tremblante, on avance d’une pas près de s’arrêter.
fiche et on recommence. Après Durant
Vigousse vendredi 17 janvier 2014
8
FAI T S DI V E RS E T V ARIÉS
Devoirs de mémoire
Souvenirs Souvenirs Votre mémoire vous fait parfois défaut ?
Etonnant, ce ne sont pourtant pas les experts qui manquent
pour vous expliquer comment l’améliorer… depuis des temps
immémoriaux.
La mémoire, c’est comme la diététique : il y a autant d’opinions
que d’experts. Faut-il l’entretenir ?
L’exercer ? Régulièrement ? Est-ce
normal d’oublier les noms des gens,
de paumer ses clés, de se demander
si on a bien éteint les plaques en sortant ? Est-ce dangereux de trop regarder la télé, de s’en remettre tout le
temps à Google ? Pas de panique, les
experts sont là. Livres, magazines,
DVD, émissions spéciales, jeux
vidéo, partout ils nous expliquent
doctement ce qui est bon et pas bon
pour la mémoire, et évidemment ils
y vont tous de leur propre théorie et
méthode révolutionnaire. Pour sûr,
ils ont toujours la science de leur
côté : les études qui démontrent tout
et n’importe quoi, ce n’est pas ce qui
manque, et quand il n’y en a pas, il
suffit de bricoler quelque chose qui
y ressemble, un jeu d’enfant.
Non, la science a bon dos dans
le business de la mémoire. Pour
s’en convaincre, il suffit de faire un
peu d’histoire. C’est précisément
la tâche à laquelle s’est attelé Alan
Collins, historien de la psychologie à l’Université de Lancaster au
Royaume-Uni, qui a analysé en particulier l’ère victorienne. Si les textes
sur le thème « Améliorez votre mémoire ! » existent depuis l’Antiquité,
la publication de tels livres a explosé
en langue anglaise à la fin du XIXe
siècle. Quelques titres parus entre
1866 et 1905 : Comment se rappeler
et ne jamais oublier, La mnémotechnique, Sur la mémoire et les moyens
rationnels de l’améliorer, L’art de ne
jamais oublier, Comment obtenir une
mémoire parfaite, La mémoire : comment la rendre et la garder bonne ?…
Collins montre bien comment ces
« conseils » pour améliorer sa mémoire s’inscrivent en fait dans une
conception très moralisatrice de la
santé, de l’éducation, de l’hygiène,
du développement personnel et en
général de l’idée de progrès dès les
débuts du capitalisme. La mémoire
se fonde alors sur une double
analogie : d’une part une vision
économique, la mémoire permet
d’être compétitif et implique une
régulation et une distribution des
Vigousse vendredi 17 janvier 2014
ressources personnelles, on a de la
mémoire comme on gère ses stocks ;
d’autre part sur une approche corporelle, la mémoire s’entraîne,
s’entretient et se renforce comme
n’importe quel muscle.
L’idée qu’il faut exercer sa mémoire
pour éviter qu’elle ne décline avec
l’âge est également très présente
bien qu’elle date au moins de Sénèque. Ici, c’est la crainte qu’avec
le développement de la presse et
de l’édition les gens ne fassent plus
assez usage de leur mémoire, d’où
les conseils portant sur les exercices
réguliers et la répétition, consistant
à apprendre des listes et des poésies,
à récapituler les événements de la
journée, à tisser des associations
entre les idées…
A travers la mémoire, c’est donc
le contrôle sur son propre corps et
son esprit, la force de volonté et le
pouvoir de la concentration que l’on
veut promouvoir. En somme, avoir
une bonne mémoire devient un travail nécessaire pour « réaliser son
potentiel » et acquérir les « bonnes
habitudes ».
On le voit, ce bref parcours historique montre bien qu’il n’y a absolument rien de neuf sous le soleil avec
nos « Brain Gym » et mises en garde
contre l’internet. Notre mémoire a
toujours été la cible des « experts »
et de leur juteuse industrie, fondée
sur l’obsession culpabilisante de la
performance et la trouille de perdre
un jour la boule. Voilà au moins une
chose à ne pas oublier. Sebastian
Dieguez
Advice for improving memory : exercising,
strengthening and cultivating natural
memory, 1860-1910, A. F. Collins,
Journal of the History of the Behavioral
Sciences, vol. 50, pp. 37–57, 2014.
Q U E LL E S E MAIN E !
9
AFFAIR E S E N C O UR T
Délicate attention
Allez savoir pourquoi, l’Association
suisse des banquiers (qui préfère la
noble appellation SwissBanking) aime
à cultiver de très cordiales relations
avec les parlementaires fédéraux. Signe
de sa gentillesse désintéressée, elle
a donc adressé à tous les conseillers
nationaux ainsi qu’aux sénateurs une
très sympathique carte pour la nouvelle
année : au recto, la silhouette du Palais
fédéral et le titre « 2014 sera un véritable feu d’artifice ! », le tout sous un ciel
semé d’explosions étoilées légendées « Echange automatique d’informations »,
« Etats-Unis », « France », « Fiscalité des entreprises », « Votations importantes »… Au
verso, la signature des dirigeants sous cette saine injonction : « Ensemble, évitons
les dommages pour la Suisse. » On notera l’absence totale de bons vœux, mais peu
importe : l’essentiel est que les élus du peuple exaucent ceux des banquiers.
Cette aimable démarche serait toutefois mesquine sans un petit cadeau pour
entretenir l’amitié. C’est pourquoi SwissBanking a généreusement joint à sa carte un
ravissant petit boîtier métallique renfermant… des boules Quiès. Voilà un accessoire
à l’évidence fort utile pour les membres d’un Parlement, même si aucune notice
n’indique quand il faut se boucher les oreilles ni à quel genre de propos il s’agit de
rester sourd. L’an prochain, suggérons à SwissBanking d’envoyer aux députés une
carte accompagnée d’un bâillon : c’est là un complément indispensable pour une
démocratie vraiment parfaite. L. F.
Cochon de payeur !
La chaîne de magasins britanniques Mark & Spencer
ne lésine pas sur le confort
religieux de ses employés. Une
caissière musulmane ayant
suscité la polémique pour avoir
refusé d’encaisser une épouvantable bouteille de champagne
contenant forcément, horreur, de
l’alcool prohibé par sa croyance,
la direction a décidé de prendre
des mesures : dorénavant, les
employés de religion islamique
auront officiellement le droit de
ne pas servir des clients achetant de l’alcool ou du porc. Une
politique Allah tête du client.
Politique
de l’enfant
inique
Promulguée à la fin des années
70 en Chine, la politique
de l’enfant unique va être
assouplie, voire abandonnée
dès cette année 2014. Les
causes de ce changement ? Un
vieillissement de la population
de plus en plus alarmant et,
surtout, une cruelle pénurie
de femmes liée à l’avortement
sélectif. Un mâle qui empire.
PUB
Rolle 021 825 15 06
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Vigousse vendredi 17 janvier 2014
l e f i n m ot d e l ' h i s to i r e
Mœurs d’artichaut
Feue la mère de François Hollande était une femme très séduisante, mais trop ambitieuse. Sans
scrupules, elle s’est livrée à toutes
les manœuvres et à toutes les bassesses pour que son unique rejeton accède au pouvoir. Remariée
après la mort du père de François,
elle a perdu son nouvel époux dans
des circonstances suspectes (elle
l’aurait supprimé, selon certaines
rumeurs). Deux fois veuve donc,
elle a ensuite convolé en noces
incestueuses avec son propre
oncle, ce qui n’a pas manqué de
scandaliser l’opinion. Après quoi
elle s’est arrangée pour que la fille
de son tonton et mari, Ségolène,
épouse son François.
Un peu plus tard, elle s’est retrouvée veuve une troisième fois. Et
cette fois-ci c’est très clair, elle
s’est débarrassée de son époux
par un usage avisé de produits
toxiques. Sur quoi François Hollande a pris la tête de l’Etat.
Sa chère mère ne s’est pas cal-
mée pour autant. Ce qu’en réalité voulait cette femme, c’était
exercer le pouvoir à travers François. On ignore si c’est elle ou sa
marionnette de fils qui a décidé
l’élimination physique du frère de
Ségolène, devenu un rival potentiel.
Mais voilà : avec une
telle influence maternelle, François Hollande
ne pouvait que sombrer
à son tour dans la turpitude. A peine était-il
marié qu’il multipliait
les écarts sexuels, avec
des femmes mais aussi
avec pas mal d’hommes,
dont certains intellectuels célèbres qu’il a couverts de prébendes. Pire :
jamais rassasié de stupre
et de violence, Hollande
sortait la nuit incognito,
accompagné de quelques
gardes du corps complices de
ses débauches, pour hanter les
quartiers chauds et s’adonner
aux pires dépravations dans les
bouges les plus sordides. C’est
là qu’il est tombé sous le charme
vénéneux d’une créature nommée
Valérie, avec qui il s’est affiché
sans honte et qu’il a fini par installer au palais.
Mais l’idylle ne pouvait durer.
Insatiable, François s’est ensuite
entiché d’une autre allumeuse, en
l’occurrence l’épouse d’un de ses
proches amis, lequel jouait auprès
de lui le rôle de conseiller (et de
sodomite quand l’envie venait à
François de varier les plaisirs). Il
faut dire que la femme de cet ami,
Fig. 1. Affaires d’Etat.
aussi belle qu’intelligente, avait
toutes les qualités. Sauf la vertu,
bien sûr. Il est des médisants pour
relater qu’elle, l’époux et l’amant
s’adonnaient au triolisme, pratiquant dans le même lit toutes les
combinaisons possibles.
Disons-le, la mère de François
n’a pas vraiment goûté l’émancipation de son fiston : absorbé par
sa libido et ses amours, ce petit
salaud la délaissait. Elle y perdait
en influence, d’autant que François préférait se vautrer dans le
vice plutôt que de diriger l’Etat.
Elle ne pouvait plus exercer de
réel pouvoir dans ces conditions.
Certains racontent qu’elle a cher-
ché à reprendre la main
en offrant ses fesses et
le reste de son anatomie
à son propre fils. C’est
bien possible. Reste que
toutes ces manigances
ont fini par agacer François Hollande qui, pour
avoir la paix, a commandité le meurtre de sa
mère. « Que ça ressemble
à un accident ! » a-t-il
ordonné au tueur.
Par la suite, sa maîtresse
étant tombée enceinte de
lui, Hollande a résolu de
l’épouser : il a éloigné le
mari légitime en lui confiant une
mission à l’étranger, au Portugal. Mais il devait aussi divorcer
d’avec Ségolène, qui restait son
épouse aux yeux de la loi. En
quête d’un prétexte honorable,
il fit arrêter et torturer horriblement des domestiques de Ségolène pour qu’ils témoignent de
prétendues infidélités conjugales
commises par leur patronne. En
fin de compte, il obtint le divorce
et put épouser son amante.
Voilà, en résumé, les agissements
de Hollande s’il avait été Néron.
Les dirigeants d’aujourd’hui ont
des mœurs désespérément fades.
Laurent Flutsch
C’est pourtant
simple !
Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.
Mais si, vous savez : les PARTITIONS
MUSICALES. J’en ai besoin pour
vérifier que la guitare n’est pas creuse.
Je vous demande si
vous avez reçu ma
circulaire sur le
langage codé à
utiliser au téléphone
pour tromper
l’espionnage.
Mais enfin,
faites un effort !
Vous n’avez pas
reçu ma circulaire
sur l’isolation de
l’orchestre ?
Je répète :
l’ISOLATION DE
L’ORCHESTRE.
Je répète :
les PARTITIONS
MUSICALES.
Hein ?
Pardon ?
J’y comprends
rien, chef…
Ah, ça ! Oui,
mais c’est trop
compliqué.
Pff…
Bon, au moins, si vous
n’avez rien compris,
sûrement que les
Américains non plus.
C’est déjà ça…
DU CHIEUR
Au maire Zuber
T’as pas 100 balles ?
Cher maire,
« Moutier n’est plus une ville
bernoise », affirmiez-vous au
soir du vote du 24 novembre
2013. Pourtant, le 9 décembre,
la Ville de Moutier démissionnait de l’Association Défense
du français. Et pourquoi ? Pour
économiser une cotisation de
cent francs. Et vous signiez,
vous, Maxime Zuber en personne,
cette perfide missive qui argue
de contraintes financières pesant sur le budget communal.
Cent balles, c’est cent balles.
Cœur du Jura selon son slogan, la cité prévôtoise doit
serrer les boulons, opération
familière au pays de la micromécanique. N’empêche : même en
restant provisoirement dans le
canton de Berne, la francophonie n’intéresserait-elle plus
Moutier ?
« Vu comme ça, c’est peut-être
un peu ridicule », admettezvous au bout du fil. Certes, les
mesures d’économie affectent
toute une liste d’engagements,
dont la participation communale à l’opération Nez rouge,
dites-vous. « Oui, nous sommes
serrés. »
Héraut de la Question jurassienne, vous êtes parmi les
rares personnalités du Jura
bernois à vous faire entendre
sur les ondes lémaniques. Dès
lors, même si ce courrier a
pour
vocation
la
mauvaise
foi assumée, je peine à vous
trouver des défauts. D’autant
que vous ajoutez brillamment :
« Vous savez, Moutier est très
francophone, ce serait plutôt
aux autres communes du Jura
bernois de cotiser à l’Association Défense du français. »
Brillant comme vous l’êtes,
cher Monsieur Zuber, je ne
doute pas que vous parviendrez à équilibrer le budget en
2014 et même à dégager la forte
somme de cent francs pour la
cause de la langue française.
Viel Glück !
Les infidélités du Président Junge Cette semaine : je fais preuve d’une discrétion
exemplaire malgré une vie privée mouvementée dans la jet-set.
5 janvier. Je fausse compagnie à
mes gardes du corps et
me rends discrètement en
scooter à l’appartement
dévolu à nos étreintes
secrètes. Je grimpe
les marches quatre à
quatre. J’ai très peu de
temps à disposition.
L’Actrice est déjà là.
« Bonjour, mon chou !
Tout va bien ? » me ditelle en me passant les
bras autour du cou. « Je
ne sais pas. Je crains que
ma régulière ne se doute de
quelque chose… » « La Journaliste ? Elle est aveugle et sourde.
Il n’y a rien à craindre. Quand est-ce
que tu la quittes pour qu’on puisse
vivre notre passion au grand jour ? »
Je tousse nerveusement. « Bientôt,
ma chérie. Bientôt. »
6 janvier. Déplacement en province
pour rencontrer le syndicat des
ostréiculteurs. Je profite d’un blanc
dans le planning pour aller retrouver
la Chanteuse à son hôtel. Sa tournée
s’arrête justement ici aujourd’hui.
« Bonjour, mon roudoudou. Personne
ne t’a vu arriver ? » dit-elle en m’accueillant dans sa suite. « T’inquiète,
j’ai pris l’entrée du personnel. Et j’ai
dit à mon chauffeur d’aller planquer
la limousine plus loin. » Elle soupire.
« Ce serait quand même plus simple si
tu officialisais notre relation. » Je me
racle la gorge. « C’est pas le bon mo-
ment… » Elle éclate : « Tu dis toujours
ça ! Tu vois encore l’Actrice, hein ? »
« Mais non, je te jure, mon minou. Il
faut juste que je trouve comment me
débarrasser de la Journaliste. »
7 janvier. Première du nouveau
ballet à l’opéra. Je m’éclipse pour
me rendre dans la loge de la Danseuse Etoile. « Oh ! C’est toi ! Entre
vite avant que mon mari, le Grand
Patron, ne revienne ! » Alors que
nous sommes sur le point de nous
embrasser, des pas résonnent dans
le corridor. « Vite ! Cache-toi làdedans ! » dit-elle en me poussant
dans un placard. Juste à temps. A
travers la cloison en bois, j’entends
la voix du Présentateur Télé qui lui
susurre des mots doux. J’aurais dû
me douter que la Danseuse voyait
encore ce salaud ! Tâtonnant dans
la pénombre, je sens
soudain que je ne
suis pas seul dans le
placard. « Qui est-là ? »
murmuré-je. « N’ayez pas
peur, Président, c’est moi,
le Philosophe Mondain. »
D’abord un peu gênés,
nous ne tardons pas à
pouffer devant le ridicule de la situation. « Ça
alors ! Je croyais que vous
sortiez avec la Miss Météo », m’exclamé-je. « Et
vous, vous n’êtes plus
avec l’Actrice ? » « Ce
serait trop long à expliquer. »
8 janvier. Je joue de malchance.
Alors que je rendais une visite
éclair à la Top Model, nous sommes
dérangés par le Comique, lui aussi
venu à l’improviste. Je me dissimule
derrière une tenture. Mais il y a déjà
du beau monde qui s’entasse là-derrière : le Styliste, la Chroniqueuse
People, le Publicitaire, la Prostituée
Mineure, l’Ecrivain et le Footballeur papotent pour passer le temps.
Chacun prend des nouvelles des
maîtresses et des amants des autres.
9 janvier. La liaison du Grand Patron avec la Top Model s’étale partout dans la presse à scandale. On
ne parle plus que de ça. Bien fait. Ça
leur apprendra à être plus discrets.
Président Junge, phare du vaudeville
contemporain
Le strip de Vincent
Jean-Luc Wenger
105
Je répète : la
GUITARE N’EST
PAS CREUSE.
Le journal du séducteur
LE COURRIER
Le 8e conseiller fédéral
Ueli, il faut
impérativement
que vous me fassiez parvenir
les partitions musicales.
11
B I E N P R O F O ND DANS L ' AC T U
Pitch
10
Vigousse vendredi 17 janvier 2014
Vigousse vendredi 17 janvier 2014
12
CUL T UR E
CUL T UR E
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t ra nsi s tor
gi r l
.t r e a di ng on f l a m e s .
Un bouquin
Des cédés
Peer bien !
Bal(l)ade en voiture
« Aint in l’ultim cumün esa funaral. I s’ha vis glieud vestida a nair,
rivada culla posta da mezdi, var
desch persunas, forsa paraints o
cuntschaints dal mort. » Ces premiers mots du fascinant roman
La chasa veglia, d’Oscar Peer,
ne sont hélas accessibles qu’à
la poignée de personnes, environ 50 000, qui comprennent
la quatrième langue nationale
suisse… Mais que ceux qui ont
admiré la pureté et la poésie
de Coupe sombre, paru dans la
langue de Molière aux Editions
Zoé en 1999, se rassurent : ce
« nouveau » roman de l’écrivain
grison est désormais disponible
Gare aux grilles par
égé
Solution de la semaine précédente
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V
« Transistor Girl est né une nuit
de novembre. Une nuit sombre,
glaçant les os, et une pluie acharnée tombaient sur Genève. » Ces
quelques mots, les premiers sur
leur site, résument parfaitement
le son de ce groupe suisse qui sort
son premier album, Treading on
Flames ; une guitare acoustique et
des percussions à peine perceptibles
accompagnent une voix grave et
tranquille. Des morceaux respirant
une certaine mélancolie, qui parlent
(forcément) d’amour, de regret,
en français ! Et le grand écrivain
romanche s’étant éteint le 22 décembre dernier à l’âge de 85 ans,
ce livre est à choyer tout particulièrement.
Traitant de la débâcle financière
et sociétaire de Chasper Fluri,
paysan esseulé dans un petit village d’Engadine, La vieille maison décrit avec âpreté et majesté
la vie dans cette région méconnue d’Helvétie. Gorgé d’amour,
de convoitise, de fureur, de
manipulations et de naïveté, ce
dernier opus d’Oscar Peer est
un vibrant hommage à son Engadine natale : une terre avide.
Alinda Dufey
La vieille maison, d’Oscar Peer,
traduit du romanche par Walter
Rosselli, Editions Plaisir de Lire,
176 pages, www.plaisirdelire.ch
mais aussi d’espoir. Un album parfait pour accompagner une virée en
voiture – sous la pluie, bien sûr !
Fanny Desarzens
Treading on Flames, de Transistor Girl,
sortie le 31 janvier, www.transistorgirl.
com. En concert le 25 mars (Henrici,
Zurich), le 30 avril (Ono, Berne) et le
3 mai (Folk Café, St-Gall).
Musique de chien
Drifting Animals, le nouvel album du groupe romand Dog
Almond, est difficile à écouter. Mantras aériens, ballades
presque mystiques, ce sont des
morceaux qui assomment et envoûtent à coup de saxophone, de
sons électroniques et d’une voix
comme préenregistrée, modifiée
– et ceci sans essayer de le cacher. C’est en tout cas
une musique recherchée et hypnotique,
qui peut soit donner
envie de sauter par la
fenêtre, soit – pour les
amateurs de musiques
très contemporaines –
peut simplement pro-
Un film
Le zèle du désir
Certains ont un petit vélo dans la
tête, d’autres mettent des ailes à
leurs rêves. Tous les inventeurs,
les créateurs, les enchanteurs sont
un peu fous, ont l’esprit dans les
nuages. Jiro Horikoshi, jeune garçon dans le vent, n’échappe pas à la
règle. Myope, il voit pourtant loin.
Et vise haut. A défaut de piloter ces
avions qui peuplent ses songes, il va,
ingénieux ingénieur, les construire.
Après plusieurs échecs, il créera le
fameux Zero, chasseur bombardier
embarqué léger Mitsubishi A6M1,
désigné dans la Marine impériale
japonaise sous le nom de chasseur
embarqué de type 0.
C’est sa trajectoire, qui est aussi
celle du Japon de 1912 à la Seconde
Guerre mondiale, que nous conte le
désormais retraité Hayao Miyazaki,
mythe de l’animation adulé par-
curer un sentiment de sérénité.
Bref, c’est une musique qui ne
plaît certainement pas à tout le
monde, mais qui est tout à fait
maîtrisée par les trois musiciens
de ce groupe, et le son électronique y est sublimé. F. D.
Drifting Animals, de Dog Almond,
à écouter sur www.dogalmond1.
bandcamp.com/album/
drifting-animals.com
En concert le 22 février
(Harambee Café, Gryon),
le 7 mars (Le Chat Noir,
Genève) et le 3 mai
(Hacienda Sonic, Sierre).
Vendredi 17 janvier (20 h 30)
Samedi 18 janvier (20 h 30)
Dimanche 19 janvier (17 h)
Abbi Patrix
Une épopée rythmée,
chantée, slamée.
Enfants dès 8 ans
L’Esprit frappeur
Villa Mégroz – 1095 Lutry (VD)
www.livestream.com/espritfrappeur
Vigousse vendredi 17 janvier 2014
BROUILLON
DE CULTURE
éCOUTER Co-plateau ce samedi
(18.01, 20 h 30) à la Grange de
Culliairy, à Sainte-Croix. Sur scène le
trio Tsarpenaï et Gingko duo. Apéritif
offert, chapeau à la sortie.
MATER Abdos saillants, nez aquilins,
épaules sculptées, muscles bandés,
fesses carrées et autres représentations
des corps d’athlètes de l’Antiquité.
Une expo qui fait mâle. Comment être
un homme ? Athlètes et compétitions
dans l’Antiquité, Antikenmuseum,
Skulpturhalle, Bâle, jusqu’au 30 mars,
www.skulpturhalle.ch
fin de la guerre d’Espagne. Un lieu :
une bicoque dans les alentours de
Valence. Pour le reste : une prestation
théâtrale unique et déroutante.
Une expérience conceptuelle. La
terquedad (l’entêtement), de Rafael
Spregelburd, mise en scène : Frédéric
Polier, Théâtre du Grütli, Genève,
jusqu’au 2 février, www.grutli.ch
S’EXTASIER A l’occasion de la
publication d’une monographie
consacrée à cet étonnant artistescientifique-vendeur de chaussures
jurassien, une exposition dévoile
toute une série de ses clichés. Le
cœur de la région. Dans l’objectif
d’Albert Perronne – Porrentruy et
l’Ajoie en photographies, 1920-1970,
Musée de l’hôtel Dieu, Porrentruy,
jusqu’au 1er juin.
ENTENDRE Une discussion entre
artistes suivie par les concerts
de Rootwords & DJ Toots, Fabian
Tharin, Edmée Fleury et Darkine.
Le chant est libre. Les Songwriters,
Le Chat Noir, Carouge, jeudi
23 janvier à 20 h, www.chatnoir.ch
CONTEMPLER Des corps
dévoilés par des mises en scène
théâtrales et des clichés léchés.
Nus et éprouvés. Extravaganza
– le corps mis à nu, exposition
collective de photographie, Galerie
du Crochetan, Monthey, jusqu’au
27 février, www.crochetan.ch
Woody
sans Lunettes
Des ratés à l’atterrissage L’accroche publicitaire du Vent se lève – « l’ultime chef-d’œuvre
de Hayao Miyazaki » – contient deux vérités. C’est bien un film d’animation du Japonais
et c’est son dernier…
PUB
EXPéRIMENTER Une époque : la
Des védés
fois jusqu’à l’aveuglement par des
fans à qui, après Mon voisin Totoro,
Princesse Mononoké ou Le voyage
de Chihiro, il lègue ce film-testament qui n’est pas son «ultime chefd’œuvre».
Alliant l’aérien et le terre-à-terre,
l’onirique et le technique, l’historique et le romantique, Le vent se
lève connaît quelques trous d’air.
Sans aller jusqu’au Zero pointé –
Miyazaki n’est pas un manche (à
balai) comme le prouvent certains
plans dignes de tableaux de
maîtres, la scène très impressionnante du tremblement
de terre de Kanto ou les
rêves colorés du concepteur d’aéronefs italien
Caproni –, le film, trop
long, n’arrive jamais à
faire décoller l’émotion.
En football, 1-0 est une
petite victoire, au cinéma, un Zero n’est pas
une grande histoire…
Bertrand Lesarmes
Le vent se lève, de Hayao
Miyazaki. Durée : 2 h 06.
Sortie le 22 janvier.
Woody Harrelson est un acteur très
nettement sous-estimé et, malgré des
rôles marquants dans des films chocs
tels Tueurs nés ou Larry Flynt, il ne sera
jamais une star. Il n’en reste que, dans
son coin, il constitue année après année
une galerie de personnages chaotiques
et écorchés vifs.
Rampart est le portrait d’un policier
poussé à bout par une affaire de raclée
infligée à un suspect, ainsi que par tout
ce qui touche à ses filles, ses ex-femmes
et ses nombreux démons personnels.
Si le personnage est clairement un antihéros, qu’on n’aimera pas forcément,
l’acteur en tire une grande humanité et
nous emmène dans les coins glauques
et scabreux de Los Angeles. C’est brut,
ça fait mal, mais on sent chez ce cher
Woody une intelligence et une volonté de
prise de risques qu’on pourra comparer
à celle de Jack Nicholson dans sa
grande période.
Et pour terminer, ce qui intéressera tout
amateur de polars noirs comme la nuit,
le scénario est coécrit par l’immense
James Ellroy. Rien de moins ! Michael
Frei, Karloff, films cultes,
rares et classiques,
Lausanne
Rampart, d’Oren
Moverman, 2011,
Metropolitan, Vf, DVD et
Blu-ray, 104 min.
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Un spectacle
Marionnettes en transe
Enivrement poétique. Rêve psychédélique. Délire vagabond. Une
représentation théâtrale unique,
étrange, magique, qu’il est difficile
de définir avec des mots. Durant
une heure, les marionnettes fantastiques de Basil Twist se meuvent sur
les sons ensorcelants de la virtuose
Yumiko Tanaka et au rythme des
changements de décors inspirés de la
technique japonaise du Dogugaeshi.
Un spectacle qui voit un renard à
neuf queues danser dans les airs et
des portes s’ouvrir à l’infini, le tout
scandé par les projections vidéo
virevoltantes de Peter Flaherty. Une
féerie scénique talentueusement
menée de mains de maîtres, qui entraîne le spectateur dans une divagation qui lui est propre. Des trips à la
japonaise. A. D.
Dogugaeshi, mise en scène : Basil Twist,
musique : Yumiko Tanaka, Théâtre de
Vidy-Lausanne, jusqu’au 2 février,
www.vidy.ch
Vigousse vendredi 17 janvier 2014
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z oo m a v a n t S u r l ' i n f o
Histoire sans fin
« La Suisse dans l’histoire aura
le dernier mot. »
Ainsi s’exprimait Victor Hugo
dans un passage de La légende des
siècles où il chantait les
louanges de l’Helvétie. En parcourant
les nouvelles du
monde depuis le début
de l’année, on se
pose la question :
quelle histoire ?
Parce que l’histoire
n’est pas identique
partout. Prenons la
France. Entre Dieudonné, que tout le monde connaît,
et Julie Gayet, que personne ne
connaissait, on ne s’y ennuie pas.
Ça chauffe ! Sans parler, parce que
les médias n’ont plus la place, des
conflits socio-économiques qui remuent le quotidien de nos voisins.
En Suisse ? Frédéric Recrosio n’est
pas interdit de spectacle et Didier
Burkhalter dort avec son épouse.
Oh, bien sûr, il y a d’autres nou-
velles nationales : les CFF ont été
moins ponctuels en 2013 et MétéoSuisse peut mieux faire. « La
Suisse trait sa vache et vit paisiblement », disait encore Hugo. De fait,
les événements d’ici sont assez
mornes. Dès lors, nos journalistes
importent des faits croustillants et
français. Brigitte Bardot veut que
les Suisses ne mangent plus de
cheval et Hélène Bruller, l’ex-parisienne de Zep, vient de sortir une
BD cochonne (rôôô) ; c’est normal,
elle dessine comme une cochonne.
En 1965, bien après Victor Hugo,
Denis de Rougemont faisait paraître La Suisse ou l’histoire d’un
peuple heureux. Dans ce petit
texte, l’écrivain helvète suggérait
aux Français d’abandonner la
nation au profit du fédéralisme,
source d’une forme de bonheur et
de liberté.
Le devoir de la Suisse est-il de
montrer le chemin aux Français ? Des Suisses, Hugo évoquait
l’« indigence éclairant l’univers » (il
ne fréquentait pas Blocher dont
Voiture de série
l’indigence est toute relative, sauf
celle de sa pensée) ; et de Rougemont ajoutait au vers d’Hugo sur
la Suisse qui aura le dernier mot :
« Encore faut-il qu’elle le dise. »
Avec les journalistes plan-plan de
la RTS, du Matin ou de 24 heures,
où on a puisé, cette semaine, les
informations (indigentes) qui
nourrissent ce papier, c’est pas
gagné.
« La Suisse dans l’histoire aura le
dernier mot. Métro, boulot, dodo et
Alain Morisod. » Stéphane Bovon
Des vues du Creux-du-Van
à couper le souffle et une
intrigue digne d’une montre à
complications : L’heure du secret,
c’est reparti depuis le samedi
11 janvier. Comme le disait le
producteur Jean-Louis Porchet
dans L’Impartial (10.01.14) : « La
série sera diffusée sur TV5, on
pourra la voir au Zimbabwe mais pas
à Zurich », la télévision alémanique
ayant refusé de la doubler.
Dommage, les lecteurs de Bilanz
qui pensent encore que Le Locle est
la pire commune de Suisse auraient
pu s’en faire une autre image.
On notera par ailleurs le discret
message d’avertissement qui,
précédant le générique, annonce
que le « placement de produit » est
assuré par Alfa Romeo. Du coup,
on comprend mieux pourquoi les
plans automobiles semblent si
longuets : c’est juste une affaire qui
roule. Jean-Luc Wenger
Voyage de fosse
Le Petit Futé, une maison d’édition de
guides de voyage, a ouvert la saison
2014 avec quelques nouveautés
et remises à jour, telles Costa Rica
2014, Guide des stations de ski,
Chine du Sud carnet de voyage, et
aussi… Guide de la fin de vie : un
bouquin consacré à une destination
paradisiaque.
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numérique entièrement en vrai papier.
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Vigousse vendredi 17 janvier 2014
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Reb u tS d e p r e s s e
Bonnet d’âme
L’initiative contre le
remboursement de
l’avortement suscite des
élans mystiques et lyriques
chez certains. Ainsi
Philippe Le Bé, dans le
« Point final » de L’Hebdo
(09.01.14), n’hésite pas à
se jeter dans une allégorie
cosmogonique façon Platon
en racontant l’épopée
d’une « âme » qui, tel un
bernard-l’hermite, aurait
choisi un nouvel habitat
dans un fœtus pour se faire
tragiquement surprendre
par la destruction précoce
dudit fœtus. C’est vrai,
ça, on ne parle pas assez
des esprits désincarnés
du « monde invisible » qui
quittent courageusement
leurs « amis », mus par
« une impérieuse nécessité
gravée dans les atomesgermes » de leur « être »,
afin de « revisiter la Terre »,
accompagnés de « guides au
regard flamboyant », pour
parfaire leur « évolution ».
Hélas, après avoir tissé
« une relation intime » avec,
mettons, telle « jeune femme
très active », l’avortement
suscite chez ces bestioles
immatérielles « une vive
douleur », que ressent
évidemment longtemps
« son hôte de passage »…
C’est bien, les allégories, ça
permet de dire n’importe
quoi sans rien dire, tout en
faisant mine d’être profond.
Enfin, M. Le Bé, sans doute
un homme « très actif », peut
toujours s’estimer heureux
que ces « âmes » n’aient
jamais été intéressées par les
milliards de spermatozoïdes
qu’il a produits toute sa vie.
S. D.
Emotions à la carte
Curieuse image parue dans la presse internationale et
amplement partagée sur les réseaux sociaux… Oui, c’est joli
et évocateur, mais personne ne semble savoir exactement de
quoi il s’agit. C’est normal, les auteurs de l’étude en question
sont eux-mêmes remarquablement ambigus… Alors, pour
commencer, non, ces images ne sont pas des enregistrements
thermographiques directs de corps humains. Elles ont été
obtenues en demandant à des gens d’indiquer sur deux
silhouettes humaines, dans une tâche informatisée, les régions
de leur corps dans lesquelles l’activité devenait « plus forte
ou plus rapide » et « plus faible ou plus lente », suite à la
présentation d’un mot, histoire, petit film ou visage pouvant
évoquer diverses émotions. On obtient ainsi, par moyennage,
des « cartes corporelles émotionnelles ». S’agit-il donc
d’authentiques états physiologiques ressentis par les sujets ou
simplement de l’idée qu’ils se font de telle ou telle émotion ?
Les auteurs défendent la première hypothèse, mais admettent
qu’ils ne peuvent tout à fait exclure la seconde. On se retrouve
donc avec de jolies images, certes intéressantes, mais dont
personne ne sait ce qu’elles représentent exactement. Et du
coup, à quoi peuvent-elles bien servir ? Sebastian Dieguez
LE CAHIER
DES SPORTS
MIEUX VAUT EN RIRE
Mikhaïl Kalachnikov n’était pas si
mauvais homme qu’on pourrait le
penser. En 2012, quelque temps avant
de passer l’arme à gauche, l’inventeur
du fusil le plus vendu dans le monde
avait écrit une lettre au chef de l’Eglise
orthodoxe, affirmant « souffrir de peine
spirituelle à cause des nombreuses
morts que j’ai provoquées », ajoutant que
ladite peine lui était « insoutenable ».
Repentir auquel le patriarche K(r)ill a
répondu que « l’Eglise a une position très
définie : quand une arme sert à protéger
une terre natale, l’Eglise soutient
celui qui l’a créée et les soldats qui
l’utilisent ». Mikhaïl Kalachnikov a été
libéré de ses tourments le 23 décembre
dernier, laissant derrière lui plus d’un
million de machines à tuer, et les
canonniers d’Arsenal n’ont même pas
pris la peine de tirer une dernière salve
d’honneur. C’est dommage !
***
Les Belges sont décidément de grands
enfants. Pour faire la promotion d’un
tournoi de futsal, le club du Royal
Antwerp a eu l’étincelante idée de filmer
quelques-uns de ses joueurs en train de
viser les fesses de jeunes pom-pom-girls
forcément en petite tenue. La vidéo a
fait le tour du web et, ce week-end-là, la
salle était copieusement remplie. Pas
d’bol, le Royal a perdu ses trois premiers
matches et a été très vite éliminé de son
propre tournoi. Comment dit-on se faire
botter le cul en flamand ?
***
Pressés, essorés
Impressum, l’organisation professionnelle des journalistes, a
déposé plainte contre Tamedia lundi 13 janvier à Zurich. Elle
dénonce, auprès de l’inspectorat du travail, une surcharge
de boulot à la rédaction du Tages-Anzeiger. La santé
des employés serait menacée. Par chance pour l’éditeur
zurichois, en Suisse romande, les journalistes sont soumis
à une convention collective qui, faute de leur assurer de
bonnes conditions de travail, les empêche de manifester.
Jamais en retard quand il s’agit de
se placer, Michel Platini a « regretté »
que le Ballon d’or n’ait pas été remis
à Franck Ribéry. Tout en précisant,
histoire de ne fâcher personne, que
Cristiano Ronaldo faisait « un très
beau vainqueur ». Président de l’Union
européenne des associations de football
(UEFA), Platoche n’a pas manqué de
relever que depuis qu’elle a mis la main
sur cette distinction, sa vieille ennemie,
la Fédération internationale de football
association (FIFA), avait modifié les
règles du jeu en faisant appel aux votes
de l’ensemble des sélectionneurs et
des capitaines de toutes les sélections
nationales. C’est vrai que ceux-ci ne
connaissent rien au foot.
Et ce sera tout pour cette semaine.
Roger Jaunin
Vigousse vendredi 17 janvier 2014
16
{
B é B E RT D E
PLONK & REPLONK
}
LA SUI T E AU P R O CHAIN NUMÉR O
Hourra ! Stan est né !
Longtemps, quand on lui demandait qui il était, Stanislas Wawrinka se contentait de répondre :
« Moi, je suis le Suisse qui perd. »
Pas faux ! Mais pas sûr non plus
que ça ne l’arrange pas. A Roger
Federer les feux de la rampe ; à
lui, adolescent timide et boutonneux, le confort de l’ombre.
Ce jour-là, dans la cour de la
ferme, à Saint-Bar’, vont et
viennent quelques déglingués
de la vie. Ici, on les appelle avec
respect « les résidents ». Stanislas Wawrinka vient de remporter
Roland-Garros juniors. Personne
n’avait jamais entendu parler de
lui ; le voici qui débarque, les tennis encore toutes rouges de la terre
battue sur laquelle, discrètement,
il a fait durant quelques années
ses gammes à l’étranger. Sa
terre à lui, pourtant, elle est
là, dans les champs avoisinants, qui lui colle aux godasses. Confession : « Regardez
tous ces gens, je les connais bien,
eux n’ont pas eu de chance. Moi,
Vigousse vendredi 17 janvier 2014
chaque matin, lorsque je me réveille, je me dis que je suis en bonne
santé et que moi, j’en ai beaucoup,
de la chance… » Tout est dit, et ni
le temps, encore moins les titres,
les médailles, les succès et l’argent
n’y changeront rien. Stanislas
Wawrinka est devenu « Stan the
Man », une sorte de héros national.
Alors d’aucuns le disent et
l’écrivent, « on savait bien qu’un
jour il y arriverait ». Qu’il fallait
juste lui laisser le temps de grandir, de se construire, pierre après
pierre, étage après étage. Et ils en
font des tonnes, à la télé, à la radio,
sur papier glacé comme sur papier
de chiottes. Foutaises ! Rares sont
ceux qui, aveuglés par la réussite
de Roger Federer, avaient pris la
peine de s’intéresser à ce Vaudois
un brin taiseux, au cul d’ours, à la
démarche de gros lourdaud et à la barbe mitée.
Lui, Stan Wawrinka, ne
disait rien. Il bossait. Comme
un dingue, sachant parfaitement qu’il n’avait d’autre choix
que celui de répéter un milliard
de fois le même geste, les mêmes
exercices, les mêmes efforts.
Stanislas Wawrinka Suisse de
l’année 2013, en voilà une belle
récompense. Enfin, disons plutôt une manière d’effacer dix ans
d’ignorance. Si ce n’est de mépris.
Roger Jaunin
C'EST ARRIVÉ
LA SEMAINE
PROCHAINE
(ou du moins ça se pourrait bien)
Paix dans l’eau
Genève 2 : Syrie 0
Tennis en chaleur
Melbourne : 40 à rien
Sharon –
Schumacher
Toujours pas d’égalisation
Vigousse Sàrl, rue du Simplon 34, CP 1499, CH-1001 Lausanne
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