Avril 2014 - Numéro 33 Directrice de la rédaction N. Mikou [email protected] Directrice Adjoint R. Chami [email protected] Comité de rédaction M. Fehri A. Abid B. Benhammou J. Hachim M. Oumlil F. Souhail A. Aboussad M. Hida A.A. Bousfiha A. Habzi S. Chafai L. Hessissen Z. Jouhadi M. Aboumaarouf N. Benmansour K. Bendarqawi A. Barkat L. Karboubi A. Gaouzi W. Gueddari M. Lehlimi M. Malouli Siège Faculté de Médecine et de Pharmacie Univérsité Hassan II - Aïn Chock 19 Rue Tarik Ibn Ziad, Casablanca E-mail : [email protected] Site web : www.rmme.ma Membres fondateurs : A. Abid, N. Mikou, R. Chami, M. Oumlil, F. Souhail, M. Fehri, S. Benomar Comité scientifique : M.I. Alaoui, M.T. Alaoui, A. Balafrej, M. Barahioui, A. Baroudi, M. Bartal, S. Benchekroun, H. Benchikhi, F.Z. Benmaazouz, C. Bennani-Smires, F. Dehbi, M. El Andaloussi, A. El Malki Tazi, F. Ettaybi, H. Hadj Khalifa, M. Harif, M. Khattab, M. Ksiyer, T. Lahrech, N. Lamdouar Bouazzaoui, N. L’Mdaghri, F. Mesefer Alaoui, N. Mouane, J. Najib, M. Ouazzani Touhami, O. Outarahout, O.R. Tahiri, A. Sbihi Comité de lecture : M. Abdallaoui, A. Abkari, H. Afilal, M. Al Zemmouri, M. Achouri, H. Ait Ouamar, R. Bekkali, A. Belfil, A. Bellamine, N. Benhmamouch, A. Bentahila, R. Bezzad, K. Bouayed, A. Bouharrou, K. Bouhmouch, M. Bouskraoui, B. Chkirat, A. Chlilek, S. Chraibi, R. Dafiri, T. El Medhi, N. Erreimi, M. El Khorassani, A. El Hassani, H. Ghourinda, S. Halhal, S. Hamdani, S. Hamdouch, M. Itri, F. Jennane, M. Kabiri, K. Khadir, S. Lahbabi, M. Laraki, Z. Laraki Nourallah, F. Lasry, F. Lazrak, A. Lyaghfouri, C. Mahraoui, A. Masrour, M.F. Merini, A. Miri, N. Nejjari, L. Ouzidane, B. Ramdani, A. Refass, A. Saad, A. Sadraoui,M. Sbihi, H. Sibai, B. Slaoui, N. Samouh, M. Squalli Housseini, S. Zamiati,A. Zineddine, L. Zniber Principaux Partenaires scientifiques : Fédération Marocaine de Pédiatrie Société Marocaine de Pédiatrie Autre partenariat scientifique : Association Marocaine de Pneumologie et d’Allergologie Pédiatrique, Société Marocaine de Néonatologie, Société Marocaine de Gastro-Entérologie Pédiatrique, Société Marocaine de Chirurgie Pédiatrique, Société Marocaine d’Urgence et de Réanimation Néo-natales et Pédiatriques, Société Marocaine d’Hématologie et d’Oncologie Pédiatrique, Association des Pédiatres de la Région de Tensift, Amicale des Pédiatres de Fès, Amicale des Pédiatres de Meknes, Amicale des Pédiatres de Tanger, Association des Pédiatres de Libre Pratique de Rabat, Société Marocaine des Sciences Médicales Editeur : GSM - RMME - E-mail : [email protected] - Tél : (212) 661 31 27 33 Conception et mise en page : M. Malouli, A. Abid, R. Chami, N. Mikou Revue indexée dans l’Index Médicus Dépôt légal N° 2003/0147 (ISSN en cours) Organe officiel du Groupe Scientifique Marocain pour la Recherche, l’Information et la Formation Médicales sur la Santé et les Maladies de l’Enfant Président : A. Abid ; Vice Président : S. Benomar Secrétaire Général : R. Chami ; S. Général Adjoint : F. Souhail Trésorière : N. Mikou ; Trésorière Adjoint : M. Oumlil Conseillers : M. Fehri, B. Slaoui, A.A.Bousfiha Recommandations aux auteurs La revue Marocaine des Maladies de l’Enfant publie, en langue française, des éditoriaux, des mises au point, des articles originaux, des faits cliniques, biologiques ou radiologiques, des lettres à la rédaction, des cas radio-cliniques, une revue de presse, des analyses d’ouvrage et des informations médicales d’ordre général. Les manuscrits soumis pour publication ne doivent avoir fait l’objet d’aucune publication antérieure. Ils doivent être accompagnés d’une lettre de soumission qui doit préciser l’objectif du travail et la rubrique pour laquelle il est soumis. Toute la correspondance doit être adressée au secrétariat de rédaction de la Revue Marocaine des Maladies de l’Enfant à l’adresse « Hôpital d’Enfants de Casablanca. Service de Pédiatrie 5. Rue El Faidouzi. Casablanca 20100 », par e-mail à l’adresse suivante : [email protected]. Les manuscrits, dactylographiés avec une police de caractère Times New Roman taille 14, en double interligne avec des marges de 2,5 cm à droite et 2,5 cm à gauche sur une feuille de format A4, doivent être adressés en triple exemplaire au secrétariat de rédaction, accompagnés d’une copie sur CDRom PC. Les manuscrits adressés par e-mail doivent répondre aux mêmes conditions. Les pages doivent être numérotées. La longueur des manuscrits (y compris les résumés, la bibliographie, les tableaux et figures) ne doit pas excéder : 3 pages pour les éditoriaux, 12 pages pour les mises au point, 10 pages pour les articles originaux, 4 pages pour les faits cliniques, 2 pages pour les lettres à l’éditeur. Le texte comporte dans l’ordre : la page de titre ; le résumé en français ; le titre et le résumé en anglais et en arabe ; le texte proprement dit ; les références bibliographiques classées par ordre d’apparition dans le texte ; les tableaux avec titres et légendes ; les figures avec titres et légendes. La page de titre comporte : Le titre, sans abréviation, qui indique de manière précise le sujet du travail. La rédaction se réserve le droit de le modifier dans le sens de la concision. Le titre doit comporter sa traduction en arabe et en anglais. Le nom des auteurs précédé de l’initiale du prénom, ainsi que leur traduction en arabe. La rédaction se réserve le droit de vérifier et/ou de modifier la liste des auteurs. Le nom et l’adresse complète du ou des services ou laboratoires d’origine des auteurs. Le numéro de téléphone, l’adresse professionnelle et l’adresse e-mail de l’auteur avec qui devra être échangée la correspondance. Aucun article sans adresse e-mail valide ne sera accepté. Les résumés : Les articles originaux et les faits cliniques devront comporter un résumé en français, ainsi que les mots clés par ordre alphabétique (au maximum cinq), et un résumé en anglais (summary) ainsi que les mots clés en anglais. Pour les articles originaux, le résumé doit être structuré de la façon suivante : objectifs (aim), patients et méthodes (patients and methods), résultats (results), conclusions (conclusions). Le texte : Le texte doit être rédigé dans un style clair, concis et précis, et doit être facilement compréhensible. L’emploi de la première personne et les retours à la ligne trop fréquents sont à éviter. Les événements passés sont rapportés à l’imparfait ou au passé composé (patients et méthodes, résultats, expérience rapportée par d’autres auteurs). Les articles originaux doivent être conformes à la disposition suivante : introduction et but du travail, patients et méthodes, résultats, discussion et conclusions. Les faits cliniques doivent rapporter une ou plusieurs observations suivies d’un commentaire mettant l’accent sur les particularités des observations. La mise au point est destinée à actualiser les connaissances sur un sujet précis. Elle ne doit pas être assimilée à un cours et doit surtout discuter de la problématique du sujet. La littérature analysée doit être récente, des cinq dernières années. La lettre à la rédaction permet à l’auteur d’attirer l’attention sur un fait précis, de donner un commentaire sur un article déjà publié ou une expérience personnelle à son propos. La lettre à la rédaction parait sous la seule responsabilité de l’auteur après acceptation de la rédaction, sans être soumise au comité de lecture. Elle ne doit pas dépasser 5 références. L’éditorial peut être sollicité par le comité de rédaction ou proposé spontanément par les auteurs, pour exprimer une opinion sur un sujet précis et d’actualité, même controversé. Il ne doit pas dépasser 5 références. La rédaction se réserve le droit de changer la rubrique pour laquelle le travail est soumis et se réserve le droit d’apporter toute modification de fond ou de forme nécessaire pour la publication de l’article. Les abréviations ne peuvent être utilisées dans le titre et doivent toujours être précédées, lors de leur première apparition dans le texte, du terme en entier, sauf pour les unités de mesure internationales. Les références : Elles doivent être limitées aux travaux cités dans le texte et citées par ordre d’apparition. Les numéros appelés dans le texte figurent entre crochets, séparés par des virgules. Jusqu’à quatre auteurs, ceux-ci doivent être nommément indiqués. Au-delà de quatre, les noms sont suivis de la mention « et coll. » pour le français, « and al. » pour l’anglais. La présentation des références doit se faire selon les normes suivantes : - Pour les articles et revues : nom des auteurs suivi des initiales des prénoms ; titre de l’article dans sa langue originale ; nom de la revue en abrégé (norme internationale) ou nom complet si l’abréviation n’est pas connue ; année de parution; volume (numéro) ; pages. - Pour les ouvrages : nom des auteurs suivi des initiales des prénoms ; titre de l’ouvrage dans sa langue originale ; numéro de l’édition ; nom de la maison d’édition ; année de publication ; ville où l’ouvrage a été édité ; pages. Les tableaux sont présentés sur une page à part et numérotés en chiffres romains. Ils comportent en haut le numéro d’appel et le titre, et en bas les notes explicatives éventuelles (abréviations, sigles). Les figures et les photos sont également présentées à part et numérotées en chiffres arabes. Le numéro d’appel, le titre et les légendes sont reportés en bas de la figure. En cas de reproduction d’une figure déjà publiée, l’auteur doit fournir l’autorisation écrite de l’auteur du document. La décision d’acceptation d’un manuscrit avec ou sans modification sera notifiée dans un délai de trois mois. Dès l’acceptation définitive, l’auteur devra envoyer la version finale de son manuscrit accompagnée d’une copie sur CDRom PC. Les documents ne seront pas restitués aux auteurs. Aucun manuscrit ne sera soumis au comité de lecture s’il ne répond pas précisément aux recommandations aux auteurs. Sommaire Éditorial : la Revue Marocaine des Maladies de l’Enfant au service de la pédiatrie maghrébine. N. Mikou Mot du président. H. Afilal Les accidents domestiques. J. Le Gal Accidents domestiques chez l’enfant : étude épidémiologique. Z. Zeroual et Groupe de travail sur les accidents domestiques Inhalation de corps étrangers chez l’enfant : expérience algérienne à propos de 2.865 cas. A. Boufersaoui, et coll Ingestion de produit caustique chez l’enfant : à propos de 13 cas. N. Erreimi, H. Berrani, T. Meskini, S. Ettair, N. Mouane Profil épidémiologique et législatif des intoxications médicamenteuses chez l’enfant Tunisien. R.Ben Rabeh, et coll Les accidents domestiques : point de vue du chirurgien. H. Oubejja, H. Zerhouni, M. Erraji, F. Ettaybi Les accidents domestiques. Législation et prévention : expérience Européenne. J. Le Gal Les aspects législatifs et réglementaires pour la prévention des accidents domestiques chez les enfants. H. Benyaich Les accidents domestiques infanto-juvéniles : stratégies et mesures préventives. F. Dehbi Quels référentiels pour les études médicales postdoctorales en pédiatrie ? F. Dehbi Traumatismes graves de l’enfant : accueil aux urgences pédiatriques. A. Chemaou, A. Zineddine Le syndrome d’activation lymphohistiocytaire chez l’enfant. M. Bejaoui Conduite à tenir devant un purpura fulminans. M. Laraki La prise en charge des maladies rares en Algérie : état des lieux et perspectives. R. Boukari Reconnaitre, évaluer, prévenir et traiter la douleur en néonatologie. A. Weddih Conduite à tenir devant un micropénis. T. Hachicha Mongia-Kamoun La neuroprotection et l’épilepsie : concepts actuels et perspectives. A. Lebied Prise en charge des complications aigues dans le diabète de type 1. K. Berkouk, C. Kaddache Diagnostic des déficits immunitaires primitifs. F. Ailal, A.A. Bousfiha Les infections urinaires de l’enfant. A. Maoudj, A. Laraba Nutrition des 1000 premiers jours de la vie pour une bonne santé future. M. Bouchenak, J.P. Grangaud Les pneumonies de l’enfant. M. Bouskraoui Prise en charge des pneumonies compliquées chez l’enfant : pratiques à l’Hôpital des Enfants de Genève. A. Mornand Les convulsions fébriles : recommandations. A. El Madani, Y. Kriouile, R. Sekkat, M. Itri Les allergies alimentaires de l’enfant. H. Piloquet Bronchiolites aigues du nourrisson : quelles propositions thérapeutiques ? A. Abid, N. El Hafidi, N. Dini Prise en charge de la bronchiolite aigue du nourrisson : pratiques à l’Hôpital des Enfants de Genève. A. Mornand Recommandations en santé mentale de l’enfant et de l’adolescent. G. Benjelloun Signes précoces d›autisme, états des lieux en 2014. M.C. Laznik Communications orales. Communications affichées. 1 2 3 4 7 8 11 14 17 18 20 26 30 34 36 38 41 43 45 47 49 52 53 55 58 61 63 65 71 74 75 76 95 Contents Editorial: Moroccan Journal of Child Diseases serving Maghreb pediatrics. N. Mikou President welcoming. H. Afilal Home accidents: an overview. J. Le Gal Child home accidents: epidemiologic study. Z. Zeroual and Work team on home accidents Foreign body aspiration in children: Algerian experience on 2,865 cases. A. Boufersaoui, and al. Ingestion of caustic in children: a 13 case-report. N. Erreimi, H. Berrani, T. Meskini, S. Ettair, N. Mouane Epidemiological and legislative profile of drug intoxication in Tunisian child. R.Ben Rabeh, and al. Home accidents: surgical point of view. H. Oubejja, H. Zerhouni, M. Erraji, F. Ettaybi Home accidents. Legislation and prevention: European experience. J. Le Gal Legislative and regulatory aspects for the prevention of home accidents in children. H. Benyaich Infant and juvenile home accidents: preventive plan and actions. F. Dehbi Repositories for postgraduate medical studies in pediatrics. F. Dehbi Child severe trauma: reception in pediatric emergencies. A. Chemaou, A. Zineddine Hemophagocytic lymphohistiocytic syndrome. M. Bejaoui Management of purpura fulminans. M. Laraki Management of rare diseases in Algeria: inventory and prospect. R. Boukari Recognize, evaluate, prevent and treat pain in neonates. A. Weddih Management of micropénis. T. Hachicha Mongia-Kamoun Neuroprotection and epilepsia: current concepts and prospect. A. Lebied Management of acute complications of type 1 diabetes mellitus. K. Berkouk, C. Kaddache Diagnosis of primary immune deficiencies. F. Ailal, A.A. Bousfiha Urinary tract infections in child. A. Maoudj, A. Laraba Nutrition of first 1,000 days of life for a future good health. M. Bouchnak, J.P. Grangaud Child pneumonia. M. Bouskraoui Management of complicated pneumonia in children: practices in Children Hospital of Geneva. A. Mornand Febrile convulsions: recommendations. A. El Madani, Y. Kriouile, R. Sekkat, M. Itri Food allergies in children. H. Piloquet Infant acute viral bronchiolitis: therapeutic proposals. A. Abid, N. El Hafidi, N. Dini Management of infant acute bronchiolitis: practices in Children Hospital of Geneva. A. Mornand Recommendations for mental health in child and teenager. G. Benjelloun Early signs of autism: inventory in 2014. M.C. Laznik Free oral presentation. Posters. 1 2 3 4 7 8 11 14 17 18 20 26 30 34 36 38 41 43 45 47 49 52 53 55 58 61 63 65 71 74 75 76 95 1 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 1 Editorial La Revue Marocaine des Maladies de l’Enfant au service de la pédiatrie maghrébine N. Mikou Professeur de pédiatrie, Rédactrice en chef de la RMME Le comité de rédaction de la Revue Marocaine des Maladies de l’Enfant est honoré de publier les travaux scientifiques de ce 35ème congrès maghrébin de pédiatrie qui se tient à Rabat du 16 au 18 mai 2014. Ce 33ème numéro de la revue est spécial car il marque le début d’une collaboration, que nous espérons continue, entre la Société Marocaine de Pédiatrie, les Sociétés Maghrébines de pédiatrie et la RMME. Ceci permettra à notre revue une ouverture sur les pays maghrébins, et pourquoi pas, africains. Cette année, la Faculté de Médecine de Casablanca a choisi la RMME comme principale publication à mettre en ligne sur son site internet officiel. Cette diffusion online va, d’une part, améliorer la communication entre les personnes qui s’occupent de la santé de l’enfant, et permettre, d’autre part, une meilleure ouverture de notre revue sur les autres pays maghrébins, certains pays d’Afrique subsaharienne, ainsi que d’autres pays francophones et anglophones. La distribution de ce numéro lors du congrès maghrébin 2014 permettra de contribuer au renforcement de la formation médicale continue dans notre région. Cette formation médicale continue devient de ce fait une plateforme où le médecin pourra s’exprimer dans le cadre de la rigueur scientifique, et mettre à la disposition des malades les moyens diagnostiques et thérapeutiques les plus récents et les plus efficaces. Le comité de rédaction tient à remercier vivement toutes les personnes qui ont œuvré pour la réalisation de ce numéro et félicite la Société Marocaine de Pédiatrie pour son dynamisme, son soutien moral et matériel, son esprit de collaboration et son partenariat scientifique. 2 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 2 Mot du président Mot du président H. Afilal Président de la Société Marocaine de Pédiatrie Le 35ème congrès maghrébin de pédiatrie est organisé cette année par la Société Marocaine de Pédiatrie à Rabat. C’est l’occasion pour nous de rencontrer nos collègues pédiatres tunisiens, algériens et mauritaniens pour un échange de nos connaissances et de nos expériences en pédiatrie dans une ambiance conviviale et fraternelle. Cette année revêt un aspect particulier du fait du partenariat étroit avec l’Observatoire National des Droits de l’Enfant, présidé par son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryem, que nous remercions vivement pour tous les efforts et les actions en faveur des enfants au Maroc. Ainsi, nous avons choisi des thèmes autour de pathologies de la vie courante et de la santé mentale : les accidents domestiques qui sont évitables, mais responsables d’une grande morbidité voire de mortalité ; les accidents de la voie publique, également évitables, mais véritable fléau dans notre pays où l’enfant est toujours une victime ; et la santé mentale de l’enfant. Nous espérons sortir avec des recommandations maghrébines afin d’assurer à l’enfant une vie heureuse dans un environnement sécurisant. Nous aborderons également la problématique de l’enseignement de la pédiatrie dans le Maghreb afin d’essayer d’ouvrir nos enseignements respectifs à d’autres horizons et de profiter des différentes expériences de chacun pour essayer d’unifier nos objectifs d’enseignement. La discussion et la réflexion autour de ces questions importantes, ainsi que l’émission de recommandations sur les pathologies courantes, souligne l’intérêt de la Société Marocaine de Pédiatrie et son implication dans l’amélioration de la santé de l’enfant au Maroc et dans le Maghreb. L’association à cet événement de la fédération marocaine de pédiatrie, des pédiatres de libre pratique de la Willaya de Rabat, ainsi que des différentes sociétés marocaines de sur-spécialité, s’inscrit dans un nouvel esprit d’unité et de collaboration au sein de la pédiatrie marocaine. Au nom du bureau de notre Société, je remercie toutes les personnes qui ont travaillé sans relâche pour que ce congrès maghrébin continue à exister malgré toutes les difficultés et les restrictions auxquelles nous devons faire face chaque année. Et, bien entendu, je souhaite la bienvenue au Maroc à tous nos collègues maghrébins, en espérant que leur séjour marocain répondra à leurs attentes. 3 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 3 Table ronde. Accidents domestiques Les accidents domestiques J. Le Gal Chef de Clinique, Service des Urgences Pédiatriques, Hôpital Robert Debré, Paris, France Les accidents de la vie courante (AcVC) correspondent à des traumatismes non intentionnels. Ils sont répartis selon le lieu ou l’activité au moment de l’accident. La classification différencie 4 situations : - Les accidents domestiques qui se produisent au domicile ou dans ses abords immédiats (jardin, cour, garage…). - Les accidents scolaires qui incluent les accidents survenant lors du trajet, durant les heures d’éducation physique et dans les locaux scolaires, de la crèche à l’enseignement supérieur. - Les accidents de sport ou de vacances, et les accidents de loisirs. - Les accidents survenant à l’extérieur. Les accidents de la circulation, les accidents causés par des éléments naturels, les suicides et les agressions sont exclus de cette entité. En France, plusieurs réseaux de surveillance des accidents de la vie courante existent et permettent un recueil continu de données. L’Institut de Veille Sanitaire (InVS) a mis en place une enquête permanente sur les accidents de la vie courante (EPAC), qui publie un rapport annuel. En 2012, le recueil était réalisé à partir de 12 centres hospitaliers français, répartis sur le territoire. La prévalence des accidents domestiques est plus importante chez le garçon (sexe ratio selon les études jusqu’à 1,8), quel que soit l’âge. Les enfants ont souvent une mauvaise perception du danger, sont curieux, impulsifs et sont peu sensibles aux messages de prévention des parents. Toutes ces conditions favorisent la survenue des accidents domestiques. La prévalence des AcVC est élevée. Selon les dernières estimations de 2012, 56.168 enfants de moins de 15 ans étaient victimes d’un AcVC. Chez les nourrissons de moins de 1 an, 80% de ces événements se passent au domicile. Les accidents par suffocation ou noyade sont les plus fréquents. Les AcVC représentent la première cause de mortalité par accident, avant les accidents de la circulation. En 2008, en France métropolitaine, 254 enfants de moins de 15 ans sont décédés d’un AcVC, soit un taux de mortalité de 2,2 pour 100.000 habitants. Ce taux est le plus élevé chez les moins d’un an (5,2 pour 100.000 habitants). De nombreuses campagnes de sensibilisation et de prévention des AcVC sont mises en place et ont permis une évolution favorable depuis l’année 2000, avec une baisse du taux de mortalité de 5,7% par an, chez les enfants de moins de 15 ans. Mais ces chiffres restent insuffisants. La loi de santé publique de 2004 fixe pour objectif une réduction de 50% de la mortalité des enfants de moins de 14 ans. Références 1.Thélot B. Les accidents de la vie courante : un problème majeur de santé publique. Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire. n°19-20, p 73-75. 2004. 2. Barry Y, Lasbeur L, Thelot B. Mortalité par accident de la vie courante en France métropolitaine, 2000-2008. Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire, n°29-30, p. 328-332. 2011. 3. Institut de Veille sanitaire. Enquête permanente sur les accidents de la vie courante: résultats 2012. 4 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 4-6 Table ronde. Accidents domestiques Accidents domestiques chez l’enfant : étude épidémiologique Groupe de travail sur les accidents domestiques Coordinateur : Professeur Z. Zéroual, CHU Beni Messous, Alger, Algérie Groupe de travail : Docteur R. Aboura, Service de pédiatrie, CHU Bab El Oued, Alger. Professeur A. Baba Ahmed, Service de chirurgie pédiatrique, CHU Tlemcen. Docteur M. Bennaceur, Pédiatre libéral, Alger. Docteur K. Chikhi, Service de pédiatrie B, CHU Béni Messous, Alger. Professeur D. Dahlouk, Hôpital central de l’armée, Alger. Docteur A. Dehimi, Service de pédiatrie, CHU Sétif. Docteur F. Ghuerrak, Hôpital Thenia, Boumerdès. Docteur C. El Mezouar, Service de pédiatrie, CHU Tlemcen. Professeur Y. Laadjadj, Service de chirurgie pédiatrique, CHU Mustapha, Alger. Professeur H. Maouche, Service de pédiatrie B, CHU Béni Messous, Alger. Docteur H. Mesbaiah, Service de pédiatrie, CHU Blida. Professeur M. Ouannani, Service de chirurgie pédiatrique, CHU Tizi Ouzou. Docteur S. Oucif Samira, Service de pédiatrie B, CHU Nafissa Hamoud, Alger. Professeur A. Salem, Service de chirurgie pédiatrique, CHU Nafissa Hamoud, Alger. Docteur L. Sekfali, Service de pédiatrie, CHU Mustapha, Alger. Professeur Z. Soualili, Service de chirurgie pédiatrique, CHU Sétif. Docteur A. Tariket, Service de pédiatrie, CHU Tizi Ouzou. Docteur A. Yagoubi, Service de pédiatrie, EPH de Bologhine, Alger. Professeur O. Zemirli, Service ORL, CHU Béni-Messous, Alger. Docteur M. Zenia, Service de chirurgie pédiatrique, CHU Béni-Messous, Alger. Introduction Les accidents domestiques (AD) constituent un problème majeur de santé publique dans le monde. Ils sont définis comme des traumatismes non intentionnels de la vie courante, survenant dans la maison ou ses abords immédiats [1]. Au Maghreb comme dans le monde, cette pathologie accidentelle existe et pose un réel problème de santé publique [2-4]. Le but de cette étude est d’analyser les aspects épidémiologiques des AD, et les comparer à ceux des pays voisins du Maghreb. Méthodologie Nous avons réalisé une étude prospective transversale multicentrique descriptive, portant sur les AD, menée du 16 mars au 6 avril 2014. Elle a eu lieu dans les unités de consultation et d’urgence des services de pédiatrie, de chirurgie pédiatrique et d’ORL. Ont été inclus dans cette étude tous les enfants âgés de moins de 16 ans ayant consulté pour accident involontaire (non intentionnel) survenu au domicile ou ses abords immédiats. Ont été exclus les accidents de la voie publique, les victimes de sévices et les tentatives de suicide. Les données ont été recueillies à partir d’un questionnaire standardisé utilisé pour le même type d’enquête en 2001. Parmi les paramètres analysés : l’âge, le nombre de personnes vivant sous le même toit, la profession des parents, leur niveau d’instruction, le type de logement, la nature, le lieu, le type et les circonstances de survenue de l’accident. L’analyse a été effectuée avec le logiciel EPI INFO version 6, le seuil de significativité retenu était de 0,05. Résultats Durant la période d’étude, 30.486 consultations étaient enregistrées dont 359 cas d’accidents domestiques soit une prévalence de 1,12%. Ils se répartissaient avec une différence significative (p<0.005) en 208 garçons (58%) et 151 filles (42%). L’âge moyen était de 5,05 ans. Les enfants de moins de 4 ans sont les plus exposés au risque d’AD. 71,5% des mères étaient sans Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 4-6 activité professionnelle et la majorité des enfants (77%) viennent d’une zone urbaine. L›accident survient dans 39% des cas dans les immeubles, et dans près de 25% dans les maisons individuelles. Il a lieu le plus souvent dans la chambre (43%), suivie de la cuisine (17,5%) et, dans 12% des cas, dans la cour et le jardin (p <10-6). Les chutes sont les accidents les plus fréquents dans 42% des cas, suivies de l’ingestion de toxique et des lésions traumatiques superficielles dans 15,3% des cas. L›accident survient dans 83,4% des cas pendant la journée (8h et 16h) et dans 16,4% des cas entre 20h et 22h (p=10-6). Un traitement d’urgence a été instauré dans 70% des cas. Les vomissements provoqués ont été pratiqués à domicile chez 38,2% des enfants victimes d’ingestion de caustiques. Aucun décès n’a été enregistré dans notre série. Discussion L’OMS rapporte que le nombre d’accidents en chiffre absolu est aussi important dans les pays en développement que dans les pays industrialisés. Néanmoins il est fort probable que la mortalité et l’handicap résultant de ces accidents soient plus importants dans les pays en développement. Les AD occupent une place prépondérante au niveau de la morbidité : deux cinquièmes des accidents mortels des enfants de 1 à 4 ans surviennent à domicile, et pour tous les 500 à 1000 accidents domestiques il y a un décès et 5 à 10 handicaps à vie. Dans le Maghreb comme partout dans le monde, les AD sont une source importante de mortalité et de morbidité [1-5]. Cependant, l’incidence dans le Maghreb n’est pas bien connue du fait de l’absence de statistiques nationales. Néanmoins, les différentes études réalisées dans les différents pays soulignent l’importance qu’occupe cette pathologie. En effet, au Maroc, entre janvier 1992 et décembre 1993 Lahbabi [6] rapporte 59 cas de brûlures étendues, et entre octobre 1999 et juillet 2000, Louahabi [7] retrouve 87 cas d’AD mortels, les enfants de moins de six ans étant l’une des catégories les plus touchées (32%). 77 cas d’AD sont répertoriés par Ennaim [3] au service de pédiatrie A du CHU Mohammed VI de Marrakech. 5 Entre 1980 et 2011, 6.336 déclarations d’intoxications par les produits d’entretien sont enregistrées au centre antipoison au Maroc, 96,9% étant survenues à domicile [8]. En 2013, 238cas sont colligés à Fès, 251cas à Rabat et 930 AU centre antipoison Rabat. En Tunisie, de 1985 à 1992, Benjaballah retrouve 57 cas d’intoxications aux salicylés chez les enfants d’âge moyen de 22 mois [9]. En 1989, Rekik constate que sur 2.108 cas d’accidents chez l’enfant âgés entre 1 et 14 ans, 85% ont eu lieu à domicile [10]. Entre 2000 et 2001, Gheribi [11] a recensé 324 cas d’accidents dont 72% des cas sont des AD chez des enfants âgés de moins de 14 ans. En 2011, Benhamida [4] rapporte une incidence annuelle des AD de 14,7% chez l’enfant de moins de 3 ans dans une zone urbaine. En Algérie, un groupe de travail à été mis en place en juin 1997 à la direction de la prévention du Ministère de la santé et de la population, pour élaborer un programme de prévention visant les enfants. Les études réalisées par Klouche en 1987 et Atek en 1988 sur le sujet, à partir d’un échantillon représentatif situent l’incidence entre 40 et 50‰ et prédominent chez l’enfant préscolaire. L’enquête EDG 2000 révèle que sur 14.543 enfants, 433 ont été victimes d’un traumatisme dont 381 (86%) étaient victimes d’un traumatisme accidentel, et parmi eux, 59,6% sont des AD [5]. En 2012, le centre antipoison d’Alger a enregistré 8.079 intoxications dont 94,2% ont eu lieu à domicile [15]. Les chiffres fournis par la direction de la prévention du ministère de la santé et l’institut national de santé publique reposent sur les cas répertoriés dans les structures de santé de tout le territoire national. L’estimation exhaustive des AD de l’enfant est difficile à obtenir car bon nombre de cas n’arrivent pas dans ces structures. Ont été déclarés 29.942 en 2007, 54.103 en 2008, 115.476 en 2009, 336.834 en 2010, 356.309 en 2011 et 330.460 en 2012 [12]. Ces données confirment l’ampleur de ces AD en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Dans notre étude, nos résultats ne peuvent être extrapolés à l’échelle nationale, cependant ils ont permis de souligner une prédominance masculine ainsi qu’une fréquence plus importante chez les enfants de moins de 5ans. Ces données sont semblables à de nombreuses études dans le Maghreb et dans le monde [4,5,13]. Ainsi, aussi bien le jeune âge que le sexe masculin, peuvent être considérés comme facteurs favorisants. Pour ce qui 6 est du lieu de l’accident, la chambre représente l’endroit de prédilection aussi bien pour nous que pour d’autres auteurs [5]. La plupart des enfants arrivent d’une zone urbaine comme l’a démontré l’étude de Ennaim à Marrakech et de nombreuses autres études. Notre enquête et celle de 2000 [5] révèle que la majorité de ces AD se produit pendant la journée. Les chutes, retrouvées dans 42% des cas, représentent le principal type d’AD et viennent en première position aussi bien dans le monde [13,14] que dans le Maghreb. En effet, ce constat est attesté par l’étude de 2000 en Algérie [5], de Ghribi [4] en Tunisie, et celles de Rabat [6], Casablanca [7], et Marrakech [8] où les chutes représentent respectivement 44,9%, 38%, 41,9%, 57,6% et 53% des AD. Par ailleurs, contrairement à tous ces auteurs pour qui les brûlures sont classées en seconde position avec des proportions de 19% [8] et 18,5% [9], nous ne les avons observées que dans 3,2% des cas. Ce faible pourcentage est certainement dû à un biais de recrutement car un grand nombre de ces patients arrive directement au niveau de l’établissement hospitalier spécialisé dans les brûlés. Soulignons que, durant cette même période d’enquête, 240 cas de brûlés sont colligés dans cette structure, dont 38 (15,8%) ont été hospitalisés et 3 sont décédés. Concernant la prise en charge par les parents à domicile, les vomissements provoqués étaient le premier geste pratiqué en cas d’ingestion de toxiques ou de caustiques, fait signalé par Jalal Ghyslaine ]12) du centre antipoison au Maroc. Cette conduite aberrante témoigne de la nécessité d’une information et d’une éducation de la population sur les risques d’accidents domestiques chez l’enfant et sur les conditions de stockage des produits industriels à domicile, afin de réduire la morbidité et la mortalité. Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 4-6 Conclusion Les accidents domestiques sont un véritable problème dans le Maghreb. Leur prévention nécessite une étude épidémiologique fine qui permettra sans doute d’identifier les différents facteurs de risques et d’entreprendre ainsi les actions préventives nécessaires. Références 1.Rapport trimestriel des statistiques sanitaires mondiales 1986. OMS. 2. Peden M. World report on child injury prevention calls for evidencebased interventions. Int J Inj Contr Saf Promot. 2009, 16 : 57-8. 3. Ennaim N. Les accidents domestiques chez l’enfant. Etude rétrospective du service de pédiatrie A du CHU Mohammed VI de Marrakech. bouskraoui.22web.org/index.php/ 4. Benhamida E. Epidémiologie des accidents domestiques du jeune enfant à Tunis. Tunis Med. 2011, 89:766-8. 5. Institut National de Santé Publique. Les accidents domestiques chez l’enfant. Résultats de l’enquête 2000. www.santemaghreb.com 6. Lahbabi MS. Formes graves des brûlures de l’enfant : Ann Pédiatr. 1997, 44 : 485-91. 7. Louahabi T. Accidents domestiques mortels : étude rétrospective à propos de 87 cas. Thèse de doctorat en Médecine. Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca. 2002. 8. Ghyslane J. Intoxications par les produits caustiques et irritants : données du centre anti-poison du Maroc (1980-2011). Revue de toxicologie Maroc. 2013, 18 (3ème trimestre). Publication officielle du Centre Anti-Poison du Maroc, Ministère de la santé. 9.Benjaballah N. Intoxications aiguës accidentelles chez l’enfant: à propos de 281 observations. Rev Maghr Pédiatr. 1994, 4 : 87-91. 10 Rekik A. Profil épidémiologique des accidents chez l’enfant. Rev Pédiatr. 1989, 44 : 721-4. 11. Ghribi F. Les accidents de l’enfant en milieu rural : étude de 324 cas. Tunis Med. 2003, 81: 86-93. 12. Institut national de santé publique. Les accidents domestiques : bilan national annuel. 13. Ruiz-Casares M. Unintentional childhood injuries in sub-Saharan Africa: an overview of risk and protective factors. J Health Care Poor Underserved. 2009; 20: 51-67. 14. Zia N. Understanding unintentional childhood home injuries: pilot surveillance data from Karachi, Pakistan. BMC Research Notes. 2012, 37: 1-6. 15. Alamir B, Abtroun R. Rapport annuel 2012 du Centre Antipoison d’Alger, CHU Bab El Oued. 7 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 7 Table ronde. Accidents domestiques Inhalation de corps étrangers chez l’enfant : expérience algérienne à propos de 2.865 cas A. Boufersaoui1, L. Smati1, K.N. Benhalla1, R. Boukari1, S. Smail1, KW. Djidel1, K. Anik2, R. Aouameur2, H. Chaouche3, M. Baghriche1 Service de pédiatrie, EPH Bologhine Ibn Ziri, Alger, Algérie. 2Service de réanimation, EPH Bologhine Ibn Ziri, Alger. 3Service de chirurgie thoracique, CHU Mustapha, Alger. 1 Objectifs Les objectifs de cette étude sont d’analyser les caractéristiques épidémiologiques, cliniques, radiologiques et endoscopiques des corps étrangers trachéo-bronchiques chez l’enfant. Méthodes C’est une étude rétrospective sur dossiers d’enfants admis dans notre service pour extraction de corps étrangers trachéo-bronchiques entre le 1er janvier 1989 et le 31 décembre 2013. Résultats Le nombre de cas est de 2865 (avec 61,32% de garçons et 38,68 % de filles).68,76% des patients sont âgés entre 1 et 3 ans avec des extrêmes de 4 mois et 18 ans. Le syndrome de pénétration est retrouvé chez 65% de nos patients. Le délai entre l’inhalation et l’extraction est entre 2 et 8 jours dans 66 ,02% et moins de 24 h dans 10,78%. Sur le plan clinique, la majorité des enfants présentent une toux, une détresse respiratoire, des sibilants localisés ou une diminution unilatérale du murmure vésiculaire. L’examen clinique est normal dans 13 % des cas. Le signe radiologique le plus fréquemment retrouvé est l’emphysème obstructif (40,03%). Les corps étrangers inhalés sont dans 66,07% de nature organique. Les non organiques sont dominés, ces dernières années, par les épingles à foulard. L’extraction par voie endoscopique, utilisant toujours un bronchoscope rigide, est réussie dans 97% des cas. Les autres cas (3%), tous de nature non organique, ont nécessité une intervention chirurgicale. Les complications liées à l’endoscopie sont de 0,29% avec une mortalité de 0,26%. Conclusion L’inhalation de corps étrangers est un réel problème de santé publique en Algérie. La meilleure manière de le prendre en charge est de faire un diagnostic précoce et l’extraction par bronchoscopie rigide sous anesthésie générale par une équipe expérimentée. La prévention de cet accident domestique doit tenir compte du mode de vie et des habitudes culturelles de la population. Références 1. Albirmawy OA, Elsheikh MN. Foreign body aspiration, a continuously growing challenge: Tanta University experience in Egypt. Auris Nasus Larynx. 2011; 38 : 88-94. 2. Mnejja M, Chakroun Am, Bougacha L, Smaoui L, Ben Salah M, Chakroun A, Hammani B, Charfeddine I, Ghorbel A. Bronchoscopie pour inhalation de corps étrangers chez l’enfant : à propos de 223 cas. Arch Pediatr. 2012; 19: 670-4. 3. El Koraichi A, Mokhtari M, El Haddoury M, El Kettani SE. Bronchoscopie rigide pour extraction d’épingle chez l’enfant à l’hôpital d’enfants de Rabat, Maroc. Rev Pneumol Clin. 2011, 67: 309-13. 4. Boufersaoui A, Smati L, Benhalla KN and al. Foreign body aspiration: Experience from 2.624 patients. Int J Pediatr Otorhinolaryngol. 2013, 77: 1683-8. 5. Tang LF, Xu YC, Wang YS, Wang CF, Zhu GH, Bao XE, Lu MP, Chen LX, Chen ZM. Airway foreign body removal by flexible bronchoscopy: experience with 1027 children during 2000-2008. World J Pediatr. 2009, 5(3): 191-5. 6. Fidkowski CW, Zheng H, Firth PG. The anesthesic considerations of tracheobronchial foreign bodies in children: a literature review of 12,979 cases. Anesthanalg. 2010, 111: 1016-25. 7. Hebbazi A, Afif H, El Khattabi W, Aichane A, Bouayad Z. L’épingle à foulard : un nouveau corps étranger intrabronchique. Rev Mal Respir. 2010, 27: 724-8. 8 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 8-10 Table ronde. Accidents domestiques Ingestion de produit caustique chez l’enfant : à propos de 13 cas N. Erreimi, H. Berrani, T. Meskini, S. Ettair, N. Mouane Unité d’explorations digestives pédiatriques, Hôpital d’Enfants, Rabat, Maroc Introduction L’ingestion de caustiques est un accident fréquent chez l’enfant, souvent accidentelle. Elle réalise une urgence diagnostique et thérapeutique. L’atteinte digestive conditionne le pronostic à long terme et la sténose en constitue le risque majeur. L’endoscopie est l’examen clé pour évaluer la gravité des lésions caustiques du tractus digestif supérieur et de guider la prise en charge thérapeutique appropriée. Le produit caustique est une substance chimique provoquant immédiatement ou progressivement une nécrose cellulaire ou tissulaire irréversible par contact direct. « Corrosif » (de corrodere, qui corrode) ronge, détruit, il peut s’agir soit d’un acide ou d’une base forte. Les critères de gravité dépendent de la nature du produit, sa concentration, sa présentation (liquide, solide, paillettes), la quantité ingérée, le temps de contact (décontamination précoce et prolongée), le terrain et les circonstances de l’accident (accidentelle, volontaire). D’autres éléments doivent être pris en compte tels que les signes de péritonite ou de perforation d’un organe creux, l’état de choc, l’hypoxie, l’acidose et les troubles psychiques (confusion, agitation), ainsi que les critères endoscopiques de gravité qui restent les critères majeurs. L`objectif de cette étude est de mettre le point sur l’épidémiologie des accidents caustiques graves chez l’enfant, étudier les caractéristiques épidémiologiques, cliniques, endoscopiques et évaluer les modalités de prise en charge. Patients et méthode Il s’agit d’une étude rétrospective, menée entre janvier 2013 et décembre 2013, incluant tous les cas d’ingestion de produit caustique hospitalisés dans le service ou explorés en endoscopie ou ayant consulté en ambulatoire. Nous avons recensé 35 cas d’ingestion de produits caustiques chez l’enfant. Résultats Parmi 972 examens endoscopiques effectués pendant la période d’étude, 14 sont indiqués pour ingestion de caustique, soit une prévalence de 3,6 %. Il s’agit de 22 garçons et 13 filles (sex-ratio 1,69), âgés de 3 mois à 15 ans (âge moyen = 4 ans). Les produits en causes sont dominés par les produits ménagers en l’occurrence l’eau de javel vendue en vrac (10 cas), la soude (6 cas), la potasse (4 cas), les produits acides (3 cas), d’autres produits (4 cas), diluant dans 2 cas, formol dans 1 cas et, dans 5 cas, le caustique est indéterminé. La fibroscopie digestive a montré des lésions œsogastriques dans 65,3% des cas : œsophagite sévère (49,9%), lésions gastriques associées (23%). 19,2% des cas d’œsophagite sévère ont nécessité une hospitalisation en service de chirurgie pédiatrique pour prise en charge chirurgicale. Les manifestations cliniques sont variées : vomissements (41%), douleurs abdominales (20%), toux (20%), hématémèse (8%), dysphagie (15,6%), hypersialorrhée (4%). Des lésions oro-pharyngées sont notées dans 19,2% des cas. 1 seul cas est asymptomatique. Une fibroscopie oeso-gastro-duodénale est pratiquée dans les 24 heures chez 16 patients et après 5 jours chez 3 patients à cause d’un retard à la consultation. La FOGD est normale dans 6 cas ; elle a identifié une oesophagite caustique stade I dans 3 cas, une oesophagite stade IIa dans 6 cas, une oesophagite stade IIIa dans 14 cas, une Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 8-10 oesophagite stade IIIb dans 6 cas, une atteinte gastrique associée dans 12 cas. La fibroscopie tardive a objectivé une sténose oesophagienne dans 18 cas et une sténose duodénale dans un cas. Un décès est déploré dans le cadre d’une ingestion massive de soude intrafamiliale. Tous les patients sont mis sous antibiothérapie, corticothérapie, IPP et arrêt de toute alimentation orale pendant la phase aigue. Les cas de sténoses ont nécessité des séances de dilatation par les bougies de Savary-Guillard. Discussion Chez l’enfant, l’ingestion de produits caustiques est accidentelle dans plus de 90% des cas; de ce fait, les quantités ingérées sont souvent minimes et mettent exceptionnellement le pronostic vital en jeu. Le risque majeur est la sténose œsophagienne dont la prévention est difficile et dont le traitement (dilatation ou œsophagoplastie) est lourd. La fréquence est difficile à établir avec précision; elle est plus élevée dans les pays en développement, surtout dans les milieux défavorisés, touchant l’enfant autour de 2 ans. Les produits ne répondant pas aux normes de sécurité semblent être la cause principale du nombre élevé de cas d’ingestion accidentelle de caustiques chez l’enfant maghrébin. Les mécanismes d’action diffèrent selon la nature du caustique ingéré : - Les acides entrainent une coagulation des protéines qui limite leur pénétration profonde. Ils sont peu agressifs pour l’œsophage mais les lésions gastriques sont plus sévères. - Par contre, les alcalins, qui agissent par dissolution des lipoprotéines et du collagène, entraînent rapidement une nécrose liquéfiante et une inflammation intense. L’atteinte œsophagienne en profondeur est plus importante. - Les oxydants provoquent une dénaturation protéique. La sévérité des lésions dépend du type de caustique (acide, base, oxydant), de sa nature (liquide, cristaux) de la quantité ingérée (difficile à évaluer) et de son pH (lésions d’autant plus sévères que le pH est inférieur à 2 ou supérieur à 12). L’eau de javel vendue en vrac est considérée comme corrosive. Il faut rechercher des stigmates de poly-intoxication (médicamenteuse ou alcoolique) et la cause de l’ingestion (accidentelle, suici- 9 daire). Lors d’une ingestion de caustique, on peut observer des lésions buccales, cutanées, une hyper-salivation, des signes laryngés. Les signes de perforation tels une contracture abdominale ou un emphysème sous-cutané doivent être systématiquement recherchés. Cependant, souvent l’examen est normal et l’absence de signes cliniques n’élimine aucunement une atteinte caustique. Devant une ingestion de caustique, l’enfant doit être placé au calme. Les lésions cutanées ou oculaires doivent être lavées à grande eau. Certains gestes doivent être évités : en particulier, ne pas donner à boire de l’eau, du lait ou de l’huile, ne pas faire vomir, ne pas faire de lavage gastrique (sauf permanganate de potassium) ni administrer un pansement gastrique. La plupart des auteurs ne recommandent la fibroscopie que chez les enfants symptomatiques (douleurs abdominales, pleurs, hyper-salivation, brûlures thoraciques, dysphagie...), mais il n’y a pas de parallélisme entre lésions oro-pharyngés et lésions œsogastriques, ni entre symptômes et gravité des lésions. La fibroscopie est recommandée pour les caustiques mais pas pour l’eau de javel ≤ 12° chlorométrique, entre la 3ème et la 6ème heure mais peut aller jusqu’à 24 heures (eau de javel concentrée et formol, les lésions tardives : 24 heures). L’examen endoscopique détermine la sévérité de l’atteinte et conditionne la prise en charge ultérieure. Il doit être réalisé entre la 12ème et la 48ème heure (avec beaucoup de prudence, il peut être effectué jusqu’au 5ème jour). Il existe plusieurs classifications, et celle de Di Costanzo est la plus utilisée : - Stade I: Œdème, érythème, érosions - Stade IIa: Ulcérations superficielles ou peu étendues - Stade IIb: Ulcérations étendues ou circonférentielles - Stade IIIa: Plages de nécrose - Stade IIIb: Nécrose étendue Dans le stade I, l’évolution est favorable et l’abstention thérapeutique est de règle. Le stade IIa guérit généralement sans séquelles. Il nécessite une alimentation orale lisse, une antibiothérapie anti-anaérobie et un IPP en prévention du reflux gastro-oesophagien (RGO). Plus de 90% des œsophagites caustiques sévères (grade IIb et III) évoluent vers la sténose. Les sténoses caustiques touchent habituellement l’œsophage supérieur ; elles sont souvent étagées et longues. Devant des brûlures caustiques sévères de l’œso- 10 phage, la mise au repos du tube digestif est préconisée pour permettre la cicatrisation. Cependant des études comparant la mise au repos du tube digestif à une alimentation liquide n’ont pas trouvé de différence notable dans l’évolution vers la sténose. L’arrêt de l’alimentation orale nécessite une nutrition parentérale ou une stomie d’alimentation (gastrostomie ou jéjunostomie), associé à la prévention de l’infection et du RGO. Certains traitements visant à prévenir la constitution d’une sténose œsophagienne ont été proposés mais avec des résultats peu probants. Le calibrage par sonde nasogastrique n’empêche pas la sténose. La corticothérapie à doses usuelles n’a pas démontré son efficacité, avec une réduction du risque de sténose de 40%. Les corticoïdes à doses massives, en bolus à 1000 mg/1,73m²/j (protocole GFGHNP), avec maintien de l’alimentation orale, ont une action anti-inflammatoire et une action inhibitrice de la synthèse du collagène. Les séries publiées montrent des résultats encourageants (18% de sténose sous forte dose de corticoïde versus 87%). Récemment, des applications locales de mitomycine C semblent donner des résultats encourageants dans les sténoses œsophagiennes courtes. Les dilatations œsophagiennes, aux bougies de Savary ou aux ballonnets, sont la méthode la plus utilisée. Elles sont débutées dès la cicatrisation (après un mois d’évolution). Les séances sont rapprochées au début, puis le rythme est fonction de l’évolution et adapté à chaque cas. Le risque de perforation œsophagienne est faible. Habituellement, plusieurs séances (8 à 10) sont nécessaires pour obtenir une alimentation sans accrochage. La chirurgie est réservée aux échecs des dilatations et aux sténoses très serrées, longues ou complexes inaccessibles aux dilatations. Une œsophagoplastie colique ou gastrique peut être proposée, habituellement après 6 mois d’évolution, avec ou sans œsophagectomie. Les résultats sont habituellement bons mais l’apparition d’une sténose anastomotique, accessible aux dilatations, est assez fréquente. Les sténoses caustiques de l’œsophage restent très fréquentes dans les pays en développement. Leur prise en charge est lourde. Des mesures de prévention plus rigoureuses doivent être mises en œuvre pour diminuer la morbidité de cette pathologie, dont les risques de cancérisation après Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 8-10 plusieurs décennies ne sont pas exclus. Seule prévention efficace des accidents est une législation qui intervient à plusieurs niveaux, mais vise surtout les fabricants afin de conformer leurs produits avant leur commercialisation aux normes de fabrication (choix des substances les moins dangereuses pour un effet de qualité équivalent) et aux normes de sécurité (conditionnement et emballage résistants, étiquetage avec informations fiables et précises sur les substances constitutives du produit, flaconnage avec bouchons de sécurité non manœuvrables par l’enfant). Par ailleurs, il est nécessaire de veiller à l’éducation sanitaire de la population, par des campagnes médiatiques, avec l’éducation scolaire, l’information sociale et la sensibilisation des parents, la sensibilisation et la formation des médecins à la prise en charge. Conclusion La prévention des ingestions caustiques reste indispensable. Les complications de ces accidents sont très lourdes concernant le pronostic œsophagien à moyen et à long terme. Le risque évolutif vers la sténose incite à développer de nouveaux protocoles de prise en charge et à insister davantage sur les mesures préventives de l’ingestion caustiques. Références 1.Bautista A, Tojo R, Varela R, Estevez E, Villanueva A, Cadranel S. Effects of prednisolone and dexamethasone on alkali burns of the esophagus in rabbit. J Ped Gastr Nutr. 1996; 22: 275-83. 2. Anderson KD, Rouse TM, Randolph JG. A controlled trial of corticosteroids in children with corrosive injury of the oesophagus. NEJM 1990; 323: 637-40 3. 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Hachicha11, A. Mahfoudh11, M. Guéddiche12, T. Sfar13, S. Barsaoui14, K. Boussetta2, A. Gharbi Sammoud1 Service de pédiatrie C, Hôpital d’enfants Béchir Hamza, Tunis, Tunisie. 2Service de pédiatrie B, Hôpital d’enfants Béchir Hamza, Tunis. 3Service de pédiatrie, Hôpital Ibn Jazzar, Kairouan. 4Service de pédiatrie, Hôpital Med Tlatli, Nabeul. 5Service de pédiatrie, Hôpital Mongi Slim, la Marsa, Tunis. 6Service de pédiatrie, Hôpital militaire principal, Tunis. 7Service de pédiatrie, Hôpital Habib Bougatfa, Bizerte. 8Service de pédiatrie, Hôpital Sahloul, Sousse. 9Service de pédiatrie, Hôpital Farhat Hached, Sousse. 10Service de Pédiatrie Urgence et Consultations (PUC), Hôpital d’enfants Béchir Hamza, Tunis. 11Service de Pédiatrie Urgence et Réanimation pédiatriques et service de pédiatrie CHU Hédi Chaker, Sfax. 12Service de pédiatrie, Hôpital Fattouma Bourguiba, Monastir. 13Service de pédiatrie, Hôpital Tahar Sfar, Mahdia. 14Service de pédiatrie A, Hôpital d’enfants Béchir Hamza, Tunis. 1 Introduction Les intoxications médicamenteuses (INTOXMED) en milieu pédiatrique constituent un vrai problème de santé publique, de par leur fréquence et leur gravité potentielle. Elles occupent le deuxième rang dans les intoxications aigues de l’enfant après les produits ménagers en Tunisie, alors qu’elles occupent la première place dans les séries occidentales. Le but de ce travail est d’étudier les aspects épidémiologiques des intoxications médicamenteuses accidentelles et volontaires chez l’enfant, d’identifier les facteurs de risque des intoxications volontaires et de proposer des recommandations pour lutter contre ce fléau. Méthode Il s’agit d’une étude rétrospective descriptive et analytique menée sur une période de 12 mois, du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2013. Elle a concerné tous les enfants, admis pour intoxications médicamenteuses dans les services de pédiatrie des hôpitaux universitaires de Tunis (hôpital d’enfants de Tunis, la Marsa, Nabeul et Bizerte), du centre (Kairouan, Sousse, Monastir et Mahdia) et du sud (Sfax). Nous avons considéré comme intoxication médicamenteuse aigue toute ingestion accidentelle ou volontaire d’un médicament. Les données ont été recueillies à partir du dossier médical de chaque patient inclus. Les variables étudiées étaient les caractéristiques sociodémographiques, la nature du médicament, sa classe thérapeutique, le délai de consultation par rapport à l’ingestion, la sévérité, les modalités de prise en charge et l’évolution immédiate. Ces données ont été saisies et analysées par le logiciel SPSS. Résultats et commentaires Nous avons colligé 502 cas d’INTOXMED (257 garçons: 51.2% et 245 filles: 48.8%) durant la période de l’étude. Pendant la même période 41.432 patients ont été hospitalisés dans les différents services inclus dans l’étude. L’incidence hospitalière des INTOXMED était de 1,21%. L’âge moyen était de 4.50±3.54 ans (3 jours -17 ans). La répartition des patients par tranches d’âge a montré une prédominance des INTOXMED chez les enfants d’âge < 4 ans (299 cas: 59.6%) avec un pic de fréquence entre 2 et 3 ans (134 cas 26.7%). Dans notre série, 36.3% des INTOXMED (182 cas) sont survenues 12 en été. Les INTOXMED étaient accidentelles dans 404 cas (80,5%), volontaires dans 84 cas (16,7%) et par erreur de délivrance dans 14 cas (2,8%). La majorité des enfants étaient issus d’un milieu urbain (453 cas: 90,2%). Les conditions socio-économiques étaient médiocres dans 55 cas (11%), moyennes dans 411 cas (81,8%) et bonnes dans 36 cas (7,2%). Les parents étaient unis sans conflit familial dans 400 cas (79,7%) et séparés dans 78 cas (15,5%). Le père était décédé dans 22 cas (4,4%) et la mère était célibataire dans deux cas. La mère était au foyer, sans profession dans 335 cas (66,7%). Les antécédents psychiatriques familiaux ou personnels ont été notés dans 66 cas (13,1%) : troubles anxieux dans12 cas, états dépressifs dans 20 cas, et psychoses dans 34 cas. La majorité des INTOXMED sont survenues à domicile (486 cas: 96,8%), ce fait a été relevé dans plusieurs séries publiées. Les intoxications sont survenues entre 7H et 13H dans 224 cas (44,6%), entre 14H et 16H dans 86 cas (17,2%), entre 17H et 19H dans 84 cas (16,7%) et au-delà de 19H dans 108 cas (21,5%). Cette prévalence matinale a été rapportée dans la littérature, et s’expliquerait par le fait que durant la matinée les parents travaillent et l’enfant est gardé avec les grands-parents ou une nourrice et si la mère ne travaille pas, elle est occupée le matin par ses activités ménagères. Le délai moyen écoulé entre l’ingestion du médicament et la consultation aux urgences était de 3,47±5,48H (1-48H). L’intoxication était polymédicamenteuse dans 19 cas (3,8%). Les principales classes thérapeutiques impliquées dans les INTOXMED (472 cas: 94%) étaient les psychotropes (193 cas 38,4%), les antipyrétiques (172 cas 34,3%), les médicaments cardiovasculaires (45 cas 9%), les bêta2-mimétiques (23 cas 4,5%), la lévothyroxine (9 cas 1,8%), les contraceptifs oraux (10 cas 2%), les antidiabétiques oraux (6 cas 1,2%), les antiparkinsoniens anticholinergiques (7 cas 1,4%) et les antihistaminiques (7 cas 1,4%). Les signes neuropsychiques ont été notés à l’admission dans 134 cas (26,7%). Ils étaient à type de somnolence (113 cas 22,5%), ataxie (37 cas 7,4%), tremblements (14 cas 2,8%), agitation (19 cas 3,8%), marche instable ébrieuse (84 cas 16,7%), syndrome extrapyramidal (14 cas 2,8%), troubles du comportement (58 cas 11,5%), myosis (12 cas 2,4%), mydriase Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 11-13 (7 cas 1,4%) et coma (2 cas 0,4%). Nous avons noté 7 cas de dyspnée (1,4%), 7 cas d’hypotension (1,4%), 11 cas de bradycardie (2,2%), 15 cas de tachycardie (3%) et 9 cas d’hypoglycémie (1.8%). L’INTOXMED a été évaluée comme sévère dans 30 cas (6%) lorsqu’elle a mis en jeu le pronostic vital de l’enfant et a nécessité un traitement actif et urgent ou une prise en charge en réanimation. L’INTOXMED a été évaluée comme modérée dans 300 cas (59,7%) lorsqu’elle a nécessité un traitement simple de routine : le lavage gastrique a été pratiqué dans 174 cas (34,6%), le charbon activé a été prescrit dans 149 cas (29,7%). Un antidote a été prescrit dans 117 cas (23,3%) : N-acétylcystéine dans 95 cas d’intoxication au paracétamol (18.9%), Flumazénil dans 20 cas d’intoxication aux benzodiazépines, Naloxone dans 2 cas d’intoxication aux morphiniques. L’INTOXMED a été évaluée comme mineure dans 172 cas (34,3%) lorsque seule une surveillance médicale était nécessaire. Le transfert en unité de soins intensifs a été fait dans 10 cas (2%) : intoxication au Liorésal® (baclofène), à l’halopéridol (2 cas), à l’amiodarone, à l’amitriptyline, au bromazépam, au prazépam, à la méthylergométrine, à la morphine et à l’association Hypoten®+Adalate®. La durée moyenne du séjour en réanimation était de 1,8 ± 0,78 jours (1 à 3 jours) et la durée moyenne de l’hospitalisation était de 1,53 ± 0.83 jours (1 à 5 jours). Les intoxications volontaires représentaient 16,7% des INTOXMED. L’âge moyen était de 11,54±2.26 ans (7 à 17 ans) avec un pic entre 12 et 14 ans (40 cas 47,6%). Nous avons noté une nette prédominance féminine (59 cas 70,2%). La majorité des enfants étaient issus d’un milieu urbain (76 cas 90,5%). L’échec scolaire a été noté dans 25 cas (29,8%). Les antécédents psychiatriques ont été notés dans 22 cas (26,2%). Une récidive de l’intoxication volontaire a été notée dans trois cas. Les principales classes thérapeutiques étaient les psychotropes dans 51 cas (60,7%) et les médicaments cardiovasculaires dans 12 cas (14,3%). L’intoxication était sévère dans 10 cas (11,9%), modérée dans 46 cas (54,8%) et mineure dans 28 cas (33,3%). Un entretien avec un psychologue a eu lieu dans 18 cas (21.4%), qui a conclu à un état dépressif dans 3 cas, une personnalité pathologique dans 3 cas, une crise d’adolescence dans 4 cas, un trouble du comportement dans 2 cas, un conflit familial dans 5 cas et une schizophrénie probable dans 1 cas qui a été transféré en pédopsychiatrie. Nous avons identifié des facteurs de risque des intoxi- Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 11-13 cations médicamenteuses volontaires qui étaient le sexe féminin (p<0.001 ; ORaj=3 IC à 95% [1,7-5,3]), l’échec scolaire (p<0.001 ; ORaj=22,9 [9,1-57,5]) et les antécédents psychiatrique personnels ou familiaux (p=0.002 ; ORaj=2,89 [1,5-5,6]). Les facteurs de risque des intoxications accidentelles étaient l’âge < 5 ans (p<0.001; ORaj=38,9 [20,5-73,6]) et le travail de la mère (p=0.05; ORaj=1,8 [1-3,4]). Conclusion La prévention reste la démarche idéale. Même si 13 l’issue de ce type d’accident domestique est presque toujours favorable et à moindre frais, il faut garder à l’esprit que cette morbidité et cette mortalité infantiles sont évitables. C’est pourquoi toutes les démarches et les initiatives préventives dans ce domaine doivent être encouragées. Elles reposent sur l’information et l’éducation du public et l’application des mesures législatives du code de protection de l’enfance (CPE). Les intoxications médicamenteuses reflètent selon le CPE la négligence des parents et l’incapacité de leur prise charge et constituent une menace à la santé de l’enfant qu’il faut signaler au délégué de la protection de l’enfance pour contribuer à limiter ce fléau. 14 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 14-16 Table ronde. Accidents domestiques Les accidents domestiques : point de vue du chirurgien H. Oubejja, H. Zerhouni, M. Erraji, F. Ettaybi Urgences Chirurgicales Pédiatriques, Hôpital d’Enfants, Rabat, Maroc Introduction Les accidents domestiques sont définis comme des traumatismes non intentionnels qui surviennent à domicile ou ses alentours, intéressant des enfants en bas âge. Ils sont causés par des tiers ou des enfants explorant leur environnement sans aucune conscience du risque encouru. Leur gravité est variable, passant des traumatismes dits bénins aux grandes urgences vitales responsables d’une mortalité et d’une morbidité non négligeable. De nos jours, on constate une augmentation progressive des accidents domestiques qui posent à toutes les tranches d’âge un véritable problème de santé publique. En effet, ils sont très fréquents (un enfant sur 10 accidenté chaque année) et entraînent près de 900 décès annuels et 5.000 enfants portent des séquelles et des handicaps plus ou moins invalidants [1]. Les étiologies les plus fréquemment retrouvées sont les chutes, chutes d’objets et les brulures. D’autres étiologies sont moins fréquentes. Nous rapportons notre expérience des accidents de la vie courante à travers notre pratique quotidienne. Au cours de 3 premiers mois de l’année 2014, nous avons recensé 6.600 consultations, dont 510 hospitalisations, toutes pathologies confondues. Les accidents domestiques représentent 49% des hospitalisations dans notre service (250 cas). Le but de cette présentation est d’insister sur la gravité que peuvent prendre ces lésions et sur la nécessité des mesures de prévention. Matériel d’étude Nous rapportons une étude descriptive, rétrospective des accidents survenant chez des enfants admis aux urgences pédiatriques chirurgicales à l’hôpital d’enfants de Rabat, durant les trois premiers mois de l’année 2014. Devant l’augmentation croissante des accidents chez l’enfant, il nous a paru nécessaire de faire une étude épidémiologique pour en déterminer la fréquence, les aspects étiologiques et évolutifs, ainsi que les facteurs étiologiques, et ceci afin de sensibiliser le public et les autorités compétentes sur la gravité de la situation. Les accidents de la route étant exclus de cette étude. Résultats Au cours des 3 premiers mois d’année 2014, 6.600 enfants ont été admis à l’hôpital d’enfants de Rabat pour consultation de chirurgie pédiatrique, toutes pathologies confondues. 510 patients ont été hospitalisés durant cette période, dont 250 pour accident domestique, ce qui représente 49%. L’âge de nos patients varie entre 20 jours et 15 ans avec une moyenne de 2 ans. Les accidents enregistrés sont dominés par les fractures (192 cas), tout siège confondu. Les traumatismes crâniens (77 cas) viennent en 2ème position, secondaires à des chutes de hauteurs variables (lit, défénestration, terrasse et balcon), ou des chutes d’objets (meubles, télévision, muret). Les doigts de porte (30 patients), les plaies (5 cas) dont 2 cas de broiement de mains dans des appareils à viande hachée et à épices, et les brûlures (15 cas). D’autres lésions ont été retrouvées, notamment 2 cas de pendaisons accidentelles et 3 cas d’électrisation par courant domestique. L’évolution était majoritairement favorable. Discussion Les traumatismes de l’enfant constituent de nos jours un vrai problème de santé publique. Selon l’OMS, 950.000 enfants de moins de 18 ans décèdent chaque 15 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 14-16 année dans le monde dans les suites d’un traumatisme [2,3]. En France, les accidents de la vie courante représentent la première cause de décès chez les enfants de moins de 15 ans [1]. Les accidents survenant au domicile ou dans ses abords immédiats sont les plus nombreux. Ils frappent plus particulièrement le petit enfant en raison de certains facteurs favorisant : les caractéristiques propres à chaque enfant ; son développement psychomoteur, ses capacités et sa croissance ; l’environnement dans lequel il vit ; l’entourage humain et social qui le protège, le surveille et l’éduque. L’accident représente la première cause de mortalité, d’handicap et d’hospitalisation chez l’enfant dans de nombreux pays. Nous n’avons pas de statistiques nationales concernant la mortalité des enfants par accidents domestiques. Leur gravité est due surtout aux chutes de grande hauteur et la fréquence des traumatismes crâniens. Dans notre série, la majeure partie des accidents observés est en rapport avec des chutes. En France, le traumatisme crânien de l’enfant est l’une des principales causes de handicap et de décès à cette période de la vie. Il représente un tiers des décès pédiatriques et il est la première cause de mortalité chez les moins de 15 ans [4,5]. Les traumatismes crâniens constituent un motif d’hospitalisation fréquent dans notre série et posent le problème de leur prise en charge immédiate et à long terme. Contrairement aux idées reçues, il est difficile de prévoir les séquelles à long terme après un traumatisme crânien survenu dans l’enfance, d’autant plus que l’enfant est jeune et qu’il a de faibles acquis. L’atteinte peut passer inaperçue tant que les fonctions ne sont pas censées être acquises. Par conséquent, une des particularités du traumatisme crânien chez l’enfant est que les troubles cognitifs et comportementaux liés à la lésion peuvent n’apparaître ou ne devenir pleinement évidents qu’après un long délai, lorsque la charge cognitive et les attentes de l’environnement augmentent [6]. Dans notre contexte cependant, la prise en charge de nos patients est majoritairement ambulatoire. Par ordre décroissant, les lésions recensées sont les fractures, les traumatismes crâniens, les plaies, les brûlures, et les doigts de porte. Le risque est partout, dans la maison, dans ses abords immédiats, dans la rue. Les pièces les plus dangereuses sont, dans l’ordre, la cuisine, la salle de bain, la chambre des parents, et aussi la fenêtre et l’escalier [7]. La cuisine reste un endroit potentiellement dangereux vu la fréquence des brûlures. Les accidents sont plus fréquents chez les garçons, « plus audacieux, plus brutaux, moins réfléchis ». Certaines heures favorisant un relâchement de la surveillance : « coup de feu » de la préparation des repas, fêtes et jours fériés, surtout lorsque manquent les aires de jeux pour les enfants. Le type d’accident varie dans sa fréquence selon l’âge. Les extrêmes d’âge dans notre série varient entre 1 mois et 15 ans avec une moyenne de 2 ans. En effet, de 3 à 6 mois, l’enfant commence à rouler sur le côté et peut tomber de sa table à langer ; à partir de 6 mois, il peut se rapprocher en rampant de tout ce qui l’attire et, à partir de 9 mois, il porte à la bouche tout ce qui lui tombe sous la main. Il peut aussi toucher aux prises de courant, attraper ce qui traîne dans le placard et sous l’évier. L’âge du plus grand risque se situe entre 2 ans et 7 ans, âge au cours du quel l’enfant acquiert une autonomie, grimpe, saute, n’est pas conscient du danger. Par contre l’adolescent est très peu impliqué dans les accidents domestiques du fait de la maturité qu’il aurait acquis. On ne note pas de spécificité par rapport aux données de la littérature sauf pour les accidents de suffocation qui ne sont pas rapportés dans notre contexte alors qu’ils représentent plus de 80% des accidents mortels avant un an dans les séries étrangères. L’habitude culturelle chez nous dans les milieux suburbains et ruraux est que le nourrisson est porté sur le dos de sa mère quand elle vaque à ses occupations ce qui limite probablement ce type d’accidents à cet âge de la vie. Conclusion Les accidents domestiques sont fréquents et occupent une place non négligeable dans les motifs d’admission dans notre service. Une étude plus étendue dans les autres structures de santé de référence appréciera mieux l’importance des accidents domestiques dans notre contexte. Les circonstances de l’accident (lieu de survenue, activité pratiquée…) sont peu renseignées alors qu’elles constitueraient des informations très utiles pour la mise en place d’une prévention adaptée et permettra de réduire la mortalité liée aux accidents domestiques dans notre pays. L’information de la population et des professionnels en contact permanent avec les enfants victimes d’accidents domestiques doit être instaurée, grâce à tous les supports de communication actuellement disponibles. 16 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 14-16 Références 1.Thélot B, Ricard C, Ermanel C. Enquête permanente sur les accidents de la vie courante : épidémiologie descriptive 1999-2001. Bull Epidémiol Hebd. 2004, 78-80. 2. Hu M, Hu GQ, Sun ZQ, He X. Epidemiological survey of the prevalence of non-fatal injury among children aged 5-14 years in China. Biomed Environ Sci. 2012, 25(4): 407-12. 3. Peden M, Oyegbite K, Ozanne-Smith J et al. World report on child injury prevention. Geneva: World Health Organization. 2008. 4. Claudet I, Gurrera E, Honorat R, Rekhroukh H, Casasoprana A, Grouteau E. Accidents domestiques par chute avant l’âge de la marche. Arch Pédiatr. 2013, 20: 484-91. 5. Lasbeur L, Thélot B. Mortalité par accident de la vie courante chez les enfants de moins de 15 ans, MAC-15. Étude de faisabilité dans trois régions en France en 2009. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire. 2012. 38p. 6.Lecrubier A. Le devenir des enfants traumatisés crâniens à long terme. Medscape. 30 avr 2012. 7. Suprano I, Ughetto F, Paut O. Accidents domestiques chez l’enfant. Conférences d’actualisation. 2003. p705-24. 17 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 17 Table ronde. Accidents domestiques Les accidents domestiques. Législation et prévention : expérience Européenne J. Le Gal Chef de Clinique, Service des Urgences Pédiatriques, Hôpital Robert Debré, Paris, France Depuis les années 1980, les pays Européens ont pris conscience de l’importance des accidents de la vie courante, qui représente la première cause de mortalité par accident. Il était donc indispensable de réagir et de mettre en place de mesures de prévention. Dans ce but, de nombreuses directives Européennes ont été mises en place. Nous citerons par exemple, la directive 88/378/ CEE du Conseil du 3 mai 1988 concernant le rapprochement des législations des États membres relatives à la sécurité des jouets. La directive 2009/48/CE du Parlement Européen et du Conseil du 18 juin 2009 est également relative à la sécurité des jouets. La décision de la Commission du 7 janvier 2010 concerne les exigences de sécurité que doivent comporter les dispositifs de blocage des fenêtres et des portes de balcon (en application de la directive 2001/95/CE du Parlement européen). A l’échelle française, la loi n°2003-9 du 3 janvier 2003 oblige les propriétaires de piscine privée à installer un dispositif de protection (barrière de protection, alarme, couverture ou abris), le non respect pouvant être puni d’une amende de 45.000 euros. La prévention est indispensable et se répartit en prévention primaire et secondaire. 1. La prévention primaire a pour objectif d’empêcher l’accident. Les moyens disponibles sont l’information et la sensibilisation de la population. L’Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé (INPES) a contribué à la réalisation d’un site internet (www.prevention-maison.fr) qui explique les dangers potentiels dans chaque pièce de la maison. Le portail « stop aux accidents quotidiens » permet d’informer et de proposer des conseils sur la prévention des accidents de la vie courante. Dans ce but, il référence l’ensemble des contenus disponibles sur les sites internet des partenaires, sur un risque donné. Il propose, entre autres, des outils pédagogiques permettant d’organiser des animations pour acquérir les bonnes pratiques. La Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) est également un des acteurs de la prévention primaire. Elle assure la sécurité des consommateurs afin de préserver leur sécurité physique et leur santé. Elle intervient sur tous les produits, alimentaires et industriels, et à tous les niveaux (production, importation, distribution). La Commission de Sécurité des Consommateurs (CSC) est une autorité administrative indépendante créée par la Loi du 21 juillet 1983. Elle a pour missions d’émettre des avis sur tous types de produits et de services présentant des risques, d’informer le public, et de recenser les accidents et les risques de la vie courante. 2. La prévention secondaire vise à diminuer les conséquences de l’accident. Il s’agit tout d’abord de connaître et de maitriser les gestes d’urgence, pour porter secours à la victime et sécuriser la situation. Il faut également connaître les numéros d’appel d’urgence pour demander de l’aide et une prise en charge par des professionnels de santé. L’INPES a publié une brochure qui explique la conduite à tenir en cas d’accident. (www. inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/pdf/978.pdf) La Loi n° 2004-806 de santé publique du 9 août 2004 fixait comme objectif de réduire de 50% la mortalité par accidents de la vie courante chez les enfants de moins de 14 ans. Le délai initialement fixé était 2008, date à laquelle la baisse n’était finalement que de 11%. Ces premiers résultats sont tout de même encourageants mais il est indispensable de poursuivre les efforts, à l’échelle individuelle et collective. La prévention des accidents domestiques est la responsabilité de tous ! Références 1.www.legifrance.gouv.fr 2. Petridou E. Childhood injuries in the European Union : can epidemiology contribute to their control? Acta Paediatr. 2000. 3.www.prevention-maison.fr 4.www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/pdf/978.pdf 5.www.stopauxaccidentsquotidiens.fr 18 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 18-19 Table ronde. Accidents domestiques Les aspects législatifs et réglementaires pour la prévention des accidents domestiques chez les enfants H. Benyaich Professeur agrégé de médecine légale, Service de Médecine Légale, CHU Ibn Rochd, Casablanca Les accidents domestiques chez les enfants ont été négligés pendant de nombreuses années et sont largement ignorés par les initiatives en faveur de la survie de l’enfant qui figurent dans les programmes d’action actuellement envisagés dans le monde. Et pourtant, la convention sur les droits de l’enfant que le Maroc a ratifié en 1993 stipule que tout enfant a droit à la meilleure santé possible et à un environnement sûr. Les mesures législatives et réglementaires constituent justement l’exemple type d’actions spécifiques permettant d’agir sur l’environnement dans lequel évolue l’enfant, en plus de leur caractère responsabilisant à l’égard des personnes en charge du bien-être des enfants. L’édiction de ces mesures est ainsi vue comme un critère de l’engagement en faveur de la sécurité de l’enfant. Leur caractère obligatoire et normatif, et donc leur portée générale, devraient contribuer à diminuer la charge des accidents domestiques qui pèse d’une manière inéquitable sur les familles démunies. Mais, l’application des lois souffre, dans nos pays, de l’insuffisance des structures de contrôle et de veille et le manque des ressources nécessaires. Une normalisation et une réglementation de plus en plus croissante : Le processus législatif et réglementaire concernant la sécurité des produits, des biens et des services est bien enclenché dans notre pays. L’homologation des normes marocaines a déjà démarré avec le dahir du 30/07/1970 relatif à la normalisation industrielle. Cette activité d’homologation a connu un essor considérable après promulgation, en 2010, de la loi 12-06 relative à la normalisation, à la certification et à l’accréditation grâce à la création de l’Institut Marocain de Normalisation (IMANOR). C’est ainsi que plusieurs produits ou services pouvant affecter la sécurité des enfants ont vu l’établissement de normes ou d’une réglementation technique spécifique portant sur leur processus de fabrication et parfois de leur distribution. Rappelons que la mention explicite d’application des normes marocaines – lorsqu’elles existent – est obligatoire dans les clauses des marchés passés par l’état et les entreprises publiques. De même, l’autorité gouvernementale compétente peut rendre obligatoire une norme marocaine homologuée. Dans ce cas, le produit ou le service doit, avant d’être mis à disposition sur le marché, subir des procédures d’évaluation de la conformité, lui permettant, le cas échéant, de se voir attribuer un marquage de conformité. Parmi les produits et biens assortis de normes d’application obligatoire et pouvant être en cause dans des accidents domestiques, on cite : les substances et les préparations chimiques dangereuses concernant leur emballage et leur étiquetage, les prises de courant pour usages domestiques, les briquets de sécurité enfants, les chaises hautes pour enfants, la sécurité des jouets concernant leurs propriétés mécaniques et physiques, leur inflammabilité, la migration de certains de leurs éléments, les symboles graphiques d’avertissement sur l’âge, les exigences de sécurité des crayons feutres pour enfants, de certains articles de puériculture comme les couffins et les supports, les parcs... D’autres normes marocaines ont été édictées, mais ne sont pas d’application obligatoire. Elles concernent par exemple les caractéristiques dimensionnelles de sécurité des garde-corps, les casques pour cyclistes, des articles de puériculture comme les sucettes pour nourrissons et leurs attaches, les barrières de sécurité, les porte-enfants, les équipements d’aires de jeux comme les toboggans, balançoires, revêtements de surface... D’autres produits obéissent à une 19 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 18-19 réglementation technique particulière comme les produits pesticides à usage agricole qui sont régis par la loi 42-95 et les médicaments régis par la loi 17-04. Dans tous les cas, le producteur ou l’importateur d’un produit est tenu de ne mettre à disposition sur le marché qu’un produit ou un service sûr selon les dispositions de la loi 24-09 relative à la sécurité des produits et des services, en tenant compte du fait que, dans l’évaluation du caractère sûr d’un produit, il est pris en considération non seulement les caractéristiques de ce produit, mais aussi sa présentation, son étiquetage, les avertissements et les instructions éventuels concernant son utilisation et les catégories des utilisateurs qui se trouvent dans des conditions de risque au regard de son utilisation. Aussi, le devoir d’information qui incombe aux producteurs ou importateurs a été souligné par la loi sus-visée et par la loi 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur. Une normalisation insuffisante avec des instruments de contrôle non efficients et une répression rarement mise en œuvre : Outre le fait que de nombreuses normes n’ont pas été rendues d’application obligatoire, on déplore le fait que certaines normes et prescriptions techniques ne prennent pas en considération les risques d’accidents encourus par les enfants. Un exemple typique de cette carence sont les médicaments destinés à la voie orale et présentés en flacons sans bouchon de sécurité. Par ailleurs, si les deux lois sus-citées (31-08 et 24-09), en plus de la loi 13-83 relative à la répression des fraudes sur les marchandises, ont mis en place des procédures pour la recherche et la constatation des infractions, notamment celles portant à la sécurité des produits en vente, l’imbrication des attributions des agents contrôleurs et verbalisateurs appartenant à des administrations différentes, le manque de ressources humaines qualifiées et de logistiques adaptées empêche la réalisation effective des actions de contrôle, de prélèvements et de saisies des marchandises dont la sécurité est douteuse. D’autre part, notre pays ne dispose pas encore d’une autorité administrative indépendante qui pourra exercer une veille sur le marché et recenser les risques inhérents à l’utilisation de produits ou de services, et d’émettre des propositions pour améliorer les aspects de sécurité. Les sanctions édictées par les lois sus-citées et par le code pénal général dépendent essentiellement de la gravité des dommages corporels en rapport avec l’utilisation d’un produit défectueux ou par l’inobservation d’une obligation de sécurité. Mais, même en dehors de tout dommage, le seul fait d’exposer directement autrui à un risque de mort ou de blessures de nature à entraîner un handicap ou une incapacité dépassant 21 jours, ou une infirmité permanente, ou un préjudice matériel, par la violation manifestement délibérée de l’obligation de sécurité liée à la mise à disposition d’un produit sur le marché, est passible d’une peine d’emprisonnement de 6 mois à 5 ans. Le code pénal prévoit de son côté des sanctions pouvant aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement en cas de décès résultant d’une imprudence, d’une négligence ou d’une inobservation de règlements. Mais ces dispositions sont rarement appliquées sur les personnes qui avaient la charge de l’enfant victime d’un accident domestique. Conclusion : Si la législation et la réglementation sont appelées à jouer un rôle important dans la prévention des accidents domestiques en édictant des mesures de sécurité à caractère obligatoire pour les produits et les services et en réprimant les atteintes à ces règles de sécurité, le législateur ne saurait créer à lui seul un environnement sûr pour l’enfant et ce d’autant plus que d’autres facteurs, comme la précarité des ménages, l’importance du secteur informel et de la contrefaçon, compliquent la mise en œuvre des mesures législatives et réglementaires existantes. Par conséquent, les autres volets de la prévention visant l’information et l’éducation aussi bien des enfants, lorsque leur âge le permet, que les personnes de leur entourage restent primordiales pour agir sur le facteur humain et parfois environnemental à l’origine d’accidents évitables. Références 1. Rapport mondial sur la prévention des traumatismes chez l’enfant. OMS 2008. 2. Groupe de travail de la revue Prescrire. Conditionnement des médicaments pour les enfants : les améliorations proposées par Prescrire. Rev Prescrire. 2012, 32 (344) : 454-61. 3. Dahir n° 1-11-03 du 18 février 2011 portant promulgation de la loi n° 31-08 édictant des mesures de protection du consommateur. BO n° 5932 du 07 avril 2011. 4. Dahir n° 1-11-140 du 17 août 2011 portant promulgation de la loi n° 24-09 relative à la sécurité des produits et des services .... BO n° 2166 du 06 octobre 2011. 5. Dahir n° 1-83-108 du 5 octobre 1984 portant promulgation de la loi n° 13-83 relative à la répression des fraudes sur les marchandises. BO n° 3777 du 20 mars 1985. 6. Dahir n° 1-10-15 du 11 février 2010 portant promulgation de la loi n° 12-06 relative à la normalisation, à la certification et à l’accréditation. BO n° 5822 du 18 mars 2010. 20 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 20-24 Table ronde. Accidents domestiques Les accidents domestiques infanto-juvéniles : stratégies et mesures préventives F. Dehbi Professeur de Pédiatrie MPHE, Santé publique et Promotion de la santé Service de Pédiatrie 2, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca Introduction L’accident domestique (AD) est un événement complexe et multifactoriel qui fait appel à des stratégies alliant prévention passive (réglementation) et active (information, éducation à la santé). Plus holistique, le concept de promotion de la santé suggère une globalisation de cette prévention dans une démarche d’amélioration de la santé et de la sécurité de l’enfant dans son environnement, selon une approche participative et multisectorielle. Le choix des stratégies de prévention ne peut s’exonérer des aspects politiques, économiques et éthiques dans un souci de pérennité, d’efficience et d’équité. Nous traitons dans la première partie de ce document le cadre conceptuel et dans la deuxième partie une ébauche de stratégie préventive à améliorer pour le contexte marocain selon le milieu de vie urbain ou rural. Définition et typologie Les AD désignent l’ensemble des accidents qui surviennent à domicile et dans l’environnement immédiat. Ils font partie au niveau typologique des accidents de la vie courante et des traumatismes non intentionnels. Ces derniers constituent 90% des traumatismes infanto-juvéniles. Les AD sont responsables d’une mortalité et d’une morbidité non négligeables. Selon les estimations de l’enquête permanente sur les AD en France, durant l’année 2009, 42,5% des accidents déclarés touchent les enfants âgés de moins de 14 ans et 81% des accidents chez les moins de quatre ans surviennent à domicile. Méthodologie La méthodologie retenue est construite sur la base de données factuelles de stratégies. Une recherche documentaire et du terrain a servi à faire une ébauche d’analyse SWOTT pour le contexte marocain. L’approche est évolutive pour compléter le diagnostic dans un cadre partenarial. La proposition de stratégie de prévention des AD nécessite au préalable des données fiables sur la mortalité et la charge de morbidité des AD. Or, nous ne disposons pas d’un système de veille sanitaire permanent. Les données émanent de l’enquête ENPS tous les dix ans, ou bien des déclarations des structures de soins qui restent très insuffisantes. Nous ne disposons pas encore d’un système fiable de notification des décès ni de déclaration des maladies selon la classification internationale des maladies (CIM) pour l’ensemble du territoire marocain. Cela sous-estime la place qu’occupent les AD parmi les problèmes prioritaires de santé de l’enfant et par conséquent la place que lui accordent les décideurs politiques dans les stratégies et initiatives de santé de l’enfant. Analyse des facteurs de risque et déterminants La survenue des AD et leur gravité sont influencées par des facteurs de risque humains et environnementaux, dont la connaissance et la prise en compte permettent d’améliorer les décisions et les stratégies préventives. Parmi les facteurs humains, nous distinguons ceux liés à l’enfant (capacités à reconnaitre les situations à risque, à gérer les risques grâce à l’apprentissage et 21 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 20-24 l’utilisation du matériel de protection), et ceux liés aux parents (capacité à évaluer une situation à risque, à anticiper les conséquences et à combiner éducation et prévention). Les facteurs de l’environnement physique (local, produit..) et social (conditions de surveillance des enfants, climat familiale,..) sont aussi à prendre en considération. Ils sont étroitement liés aux conditions socioéconomiques : la pauvreté, la promiscuité, l’exiguïté, la sur-occupation de l’espace, le niveau d’étude, l’inaccessibilité aux soins (culturelle, économique et géographique). Les taux de décès par traumatisme chez les enfants sont 3,4 fois plus élevés dans les pays à bas ou moyen revenu que dans les pays à haut revenu. Ce taux varie beaucoup, selon la nature de l’accident. Les taux de décès causés par le feu et flammes, noyade, empoisonnement et chutes sont respectivement plus élevés de 11, 6, 4, et 6 fois dans les pays à faible revenu comparativement aux pays à revenu élevé. Les variations selon l’âge sont similaires entre pays pauvres et riches. Concernant le sexe, on observe une dominance masculine à l’exception pour les brulures par le feu. Sachant que près de 40% de la population marocaine vie dans la pauvreté et la ruralité (rapport du conseil économique et social) le problème des AD au Maroc est encore plus lourd que nous le pensons. Le système de santé est aussi un déterminant d’un ensemble de facteurs de risque reliés à la qualité des soins, au mode d’organisation de la filière de soins. Les approches stratégiques Les accidents domestiques ne sont pas inévitables, ils peuvent être prévenus ou tout au moins maitrisés. Pour cela, leurs stratégies de prévention doivent être au cœur de toutes les initiatives visant à réduire la mortalité et la morbidité infanto-juvéniles, ainsi qu’à améliorer le bienêtre général de l’enfant. Divers modes de prévention peuvent être proposés. 1. Le modèle classique Il comprend les trois types de prévention. La prévention primaire pour prévenir les nouveaux AD, la prévention secondaire pour réduire la gravité des AD et la prévention tertiaire pour réduire la fréquence et la gravité des handicaps consécutifs aux AD. 2. Modèle et matrice de Haddon Initiée par Wiliams Haddon (1960) essayant d’appliquer les principes de santé publique au problème de sécurité routière, cette matrice avait servi depuis à élaborer des méthodes de prévention. La matrice se compose de 12 cellules, celles-ci réparties sur un tableau comportant quatre colonnes et trois lignes. Les colonnes indiquent l’hôte, l’agent, l’environnement physique et l’environnement social. Les lignes correspondant aux périodes avant, pendant et après l’évènement accidentel, soit respectivement à la prévention primaire, secondaire et tertiaire. Pour être efficaces, les mesures de prévention doivent agir de manière complémentaire sur les comportements individuels et l’environnement de vie et intervenir avant, pendant et après l’évènement accidentel. Selon ce modèle, on distingue deux types de mesures préventives. Les mesures passives visent l’environnement et le milieu de vie et les mesures actives visent le renforcement des compétences et la diffusion des informations. Selon les données factuelles Les mesures passives semblent être plus efficaces que les mesures actives. Elles sont aussi plus égalitaires mais nécessitent toutefois de veiller à assurer l’équité dans leur conception et leur application concrète par tous. Dans cette approche, l’éducation active reste utile pour accompagner les mesures de l’éducation passive. 3. Approche de promotion de la santé C’est une approche holistique des déterminants des problèmes de santé. Elle est bio-médico-psychosociale et non seulement biomédicale. Une approche qui s’intéressera aussi bien aux soins curatifs, comme aux soins préventifs et de réadaptation, ainsi qu’à la promotion de la santé et de la sécurité de l’enfant dans son environnement. L’approche est décrite dans la charte d’Ottawa (1986) révisée à Bangkok (2004). Elle repose sur trois concepts clés qui sont l’approche participative, le partenariat et “l’empowerment“ (renforcement des capacités des personnes). La stratégie est bâtie après un diagnostic fondé selon l’approche des déterminants et dont la déclinaison des orientations stratégiques se fait en cinq axes : Elaborer une politique publique saine, Créer des milieux favorables, Réorienter des services de santé, Acquérir des aptitudes individuelles et Renforcer l’action communautaire. 22 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 20-24 Forces Faiblesse Disponibilité des données hospitalières Engagement politique Approches décentralisées, La réforme hospitalière (rénovation et équipement des services) L’AMO et le RAMED Démarrage du système de notification des décès infanto juvéniles Intégration dans le PANE Absence d’un système de veille permanent Règlementation de la sécurité en milieu de vie très timide et non équitable Intégration dans la PANE non appliquée Absence d’implication communautaire Insuffisance en qualité des soins de proximité et du niveau secondaire Insuffisance plateau technique pour soins du niveau tertiaire au niveau des régions Insuffisance en ressource humaines et compétentes pour évaluer le risque d’accident domestique, l’anticiper et le gérer Opportunités Menaces Nouvelle constitution Discours royales sur la santé et l’éducation Implication de la SMP Implication de L’ONDE L’Initiative INDH La réforme des études médicales 2014 intégration de la formation en SSP en milieu universitaire Le plan d’action national pour l’Enfance Stratégies sectorielles Initiatives pertinentes de prévention des AD Crises budgétaires Certaines pratiques culturelles Pénurie de personnel Attention du public et des responsables politiques accordée aux questions de soins curatifs plutôt que préventifs Ignorance du public des besoins en matière de prévention des accidents domestiques et de promotion de la sécurité 4. Proposition de projet de stratégie de prévention des AD Analyse SWOT FFOM / volet « santé » Forces Faiblesses Opportunités et Menaces L’analyse SWOTT suivante illustre les forces, faiblesses, opportunités et menaces à prendre en considération pour l’élaboration des grandes orientations stratégiques et les mesures préventives. C’est juste un “draft“ relatif au contexte marocain, qui nécessite d’être amélioré dans un cadre multidisciplinaire et multisectoriel. Les partenaires La prévention des AD est une stratégie à plusieurs partenaires. C’est le fruit d’une collaboration entre plusieurs organismes publics et de la société civile dont les principaux sont : Ministère de la santé, Ministère de l’Education Nationale, Ministère de la Jeunesse et des Sports, Ministère de l’Intérieur, Ministère du Logement, Ministère de l’économie (Direction générale sur la consommation et de la répression des fraudes), Commission de la Sécurité des Consommateurs, Société civile / Communautés, Sociétés savantes. Cadre stratégique Le défi au Maroc d’aujourd’hui est d’assurer le bien-être physique, mental et social du citoyen, garantir un monde digne des enfants, préserver ces derniers de toute cause et forme d’accidents et blessures. Cette stratégie bénéficiera d’un environnement national et international propices, caractérisés essentiellement par l’adoption des conventions internationales relatives aux droits de l’enfant et aux OMD, l’Initiative Nationale de Développement Humain lancé par Sa Majesté le Roi Mohamed VI et qui constitue un cadre de travail d’envergure nationale visant la lutte contre la précarité, la pauvreté et l’exclusion sociale, la nouvelle constitution, la deuxième conférence de la santé, la réforme du système de santé, l’AMO et le RAMED, la régionalisation et la déconcentration et dernièrement la réforme des études médicales avec une orientation de responsabilité sociale et de médecine de famille. 23 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 20-24 1. Les valeurs Cette stratégie s’intègre dans la politique-cadre de la responsabilité sociale qui se fonde sur les valeurs essentielles humanistiques d’équité, pertinence, efficiente et qualité et sur des principes systémiques qui reposent sur l’interdépendance (partenariat) dans l’action avec engagement communautaire. 2. La vision Un Maroc recourant à la promotion de la santé et la sécurité en milieu de vie courant réussissant à éliminer chez l’enfant les accidents et blessures domestiques. 3. Le but Réduire de façon appréciable la charge de morbidité due aux accidents et blessures en milieu domestique, en prenant des mesures intégrées de prévention, de protection (promotion de sécurité en milieu de vie courant précisément domestique) et de promotion de la santé. 4. Les objectifs Prendre des mesures intégrées contre les facteurs de risque et leurs déterminants fondamentaux dans les différents secteurs. Mettre l’accent sur des programmes de promotion de la santé et de promotion de la sécurité en milieu de vie notamment le domicile, et des programmes de prévention des maladies et incapacités liées aux accidents domestiques chez l’enfant. Traiter et soigner efficacement une proportion maximale d’enfants tout en intégrant systématiquement la politique et l’action en vue de réduire les inégalités de santé et d’assurer l’équité. Grandes orientations stratégiques Dans chacun des axes stratégiques nous proposons un ensemble de mesures préventives réussies selon les données factuelles en vue de les adapter à notre contexte. 1. Elaborer une politique publique saine Cet axe consiste à élaborer et appliquer une politique de prévention des AD chez l’enfant et d’intégrer la lutte contre les AD chez l’enfant dans une approche globale de santé et du développement juvéno-infantile. Il concerne la législation et sa mise en œuvre. Celle-ci doit être basée sur le code de la consommation et sur les normes de sécurité. La législation est un puissant moyen de prévenir les AD à l’image de son efficacité dans la prévention des accidents de la circulation. Parmi les mesures législatives réussies pour prévenir les AD, la disponibilité des détecteurs de fumée à domicile, les lois sur la température de l’eau chaude, les conditionnements résistants aux enfants, le clôturage des puits et des piscines. Outre l’adoption de nouvelles lois, ce qui importe c’est la régularité de leur application et la rigueur de leur mise en œuvre. L’intégration de la prévention des AD aux initiatives et stratégies de prise en charge de la santé maternelle néonatale et infantile nécessite également l’engagement des décideurs dans ce sens. 2. Créer des milieux favorables Il s’agit de modification de l’environnement. En effet, l’adaptation de l’environnement aux caractéristiques des enfants figure parmi les stratégies les plus efficaces pour la prévention des accidents de la circulation. Séparer les espaces de cuisine des espaces de séjour, garde-corps aux fenêtres, rambardes sur les toits, rampes impossible à escalader, entreposage sécurisé des produits potentiellement nocifs, barrières de protection, panneaux de protection autour des puits… En modifiant la conception et la fabrication des produits on peut réduire le risque de traumatisme et sa gravité. C’est le cas de la construction des rampes d’escalier dont les barreaux sont très peu espacés pour qu’un enfant puisse y passer la tête, l’utilisation des fermetures résistantes aux enfants dans les conditionnements de médicaments et de bouteilles de détergents. 3. Renforcer l’action communautaire La visite à domicile par le personnel de santé ou des personnes relais comme approche de proximité pour soutenir les ménages s’est révélé une expérience réussie dans la prévention de la maltraitance à enfants. Elle mérite d’être aussi essayée dans la prévention des accidents domestiques. La visite à domicile permet d’avoir un diagnostic plus précis des réalités socioculturelles de la famille. Le personnel peut étudier les facteurs de risque liés à l’environnement et surtout les perceptions et les représentations que se font les femmes du risque 24 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 20-24 des AD. Il peut contribuer à l’amélioration de l’environnement domestique en apportant des modifications simples aux logements, en donnant des informations sur les risques domestiques et aussi en leur enseignant les méthodes de prévention. - Développer un plan de communication qui touche à un large éventail de partenaire en usant de tous les canaux de communication. - Développer un plan de coordination entre les différents partenaires. 4. Renforcer les aptitudes individuelles Il comporte la formation du personnel de santé, et le renforcement des aptitudes des mères et des enfants ; l’intégration de la formation aux AD dans le cursus de base de formation des médecins et des infirmiers ; renforcer la formation continue sur les accidents et traumatismes de l’enfant ; développer des activités IEC de proximité sur les AD via des personnes relais communautaires et via le système d’éducation nationale 5. Réorienter des services de santé Renforcer le système de santé pour le rendre à même de s’attaquer au problème des AD avant, pendant et après l’accident. Améliorer la qualité des soins aux enfants victimes d’AD en les intégrant dans les soins de santé primaires dans les ESSB et en optimisant le fonctionnement de la filière de soins. Assurer l’équité en matière de prestations de soins du niveau tertiaire. Saisir l’opportunité de la politique de régionalisation et de déconcentration pour doter les structures régionales de plateaux techniques de réanimation pédiatrique immédiate, de centre antipoison, de centre pour brulés, et de structures de soins pédiatriques aigus appropriés. A côté de ces grandes orientations stratégiques suscitées (processus-réalisation) cette stratégie doit être accompagnée de mesures d’accompagnement déclinées en trois axes (processus-support): - Développer la recherche sur les accidents domestiques de l’enfant en vue d’une meilleure compréhension des problèmes d’AD. En conclusion Véritable problème de santé, les accidents domestiques de l’enfant constituent une priorité souvent méconnue des autorités politiques, des décideurs économiques et de la population elle-même. Les engagements solennels à réduire la charge que représentent les maladies juvéno-infantiles ne peuvent être satisfaits sans la prise en compte de ces accidents. Il est grand temps que les gouvernements honorent leurs engagements et créent un monde où les enfants puissent apprendre, jouer, grandir, et en un mot vivre sans risquer d’être tués ou blessés. Références 1. Plan d’action national pour l’enfance 2006-2015 « Maroc digne de ses enfants »Royaume du Maroc décembre 2005 2. Charte d’Ottawa, Organisation mondiale de la santé, 21 novembre 1968 3. Charte de Bangkok, Organisation mondiale de la santé, 2005 4. Parenting interventions for the prevention of unintentional injuries in childhood Editorial Group: Cochrane Injuries Group The Cochrane library Published Online: 28 MAR 2013 5. Parenting interventions and the prevention of unintentional injuries in childhood: systematic review and meta‐analysis D. Kendrick, Child: Care, Health and Development Sep 2008 34, Issue 5 Pages 549–700 6. Preventing childhood unintentional injuries what works? A literature review T Dowswell, EML Towner, G Simpson, SN JarvisInjury Prevention 1996; 2: 140-149 7. Providing a safe environment for our children and young people Finland’s national action plan for injury prevention among young children and youth JouanaMakulaEkkraOoni, National Institute for Health and Welfare Helsinki Finland 2010 8. Rapport mondial sur la prévention des traumatismes chez l’enfant, OMS 2008 26 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 26-29 Table ronde. Formation des résidants Quels référentiels pour les études médicales postdoctorales en pédiatrie ? F. Dehbi Professeur de pédiatrie MHPE, Chef du pôle pédiatrie, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, Faculté de Médecine et de Pharmacie, Casablanca, Maroc Introduction Le programme des études de spécialité en pédiatrie obéit aux normes qui régulent l’élaboration des curricula des études post-doctorales en médecine et en médecine dentaire. Certaines sont nationales et d’autres internationales. La charte nationale de l’éducation et la loi 01.00 constituent le fondement au niveau national. Parmi les référentiels internationaux, celui de la World Fédération for Médical Education (WFME), du Comité de Liaison des Etudes Médicales en Amérique du Nord (CLEM), de la Conférence Internationale des Doyens et des Ecoles de Médecine Francophones (CIDMEF), le projet Tuning, et dernièrement, le Consensus Mondial de Responsabilité Sociale des Facultés de Médecine, tous, définissent clairement les exigences à satisfaire au niveau du contenu et des stratégies éducationnelles dans l’élaboration d’un curriculum des études médicales pré et post-doctorales dans notre contexte « les études de spécialité en pédiatrie ». Le contexte géopolitique national est aussi à prendre en considération. La deuxième conférence de la santé, les discours de sa majesté le roi Mohamed VI à différentes occasions, le rapport du conseil économique et social décembre 2013, sur les soins de santé primaires, la santé de la mère, du nouveau-né et de l’enfant, la place qu’occupe la pauvreté et la ruralité dans notre pays, tout appelle à mettre en place et à développer des curricula de formation médicale avec des contenus pertinents qui répondent aux besoins de la société et des stratégies éducationnelles professionnalisantes. A l’occasion de la nouvelle réforme des études médicales, nos facultés intègreront le système LMD dès l’année universitaire 2014-2015. Cette réforme propose également la médecine de famille en tant que spécialité. Cette nouvelle donnée est aussi à prendre en considération vu le rapprochement de cette dernière avec la spécialité de pédiatrie, notamment, dans le volet communautaire et celui des soins de santé primaires. Le système LMD appelle à une harmonisation des curricula entre les facultés de médecine à l’échelle du pays et aussi de la région notamment le Maghreb. Nous devons saisir l’opportunité que certains des facultés maghrébines font partie du Tuning Africa avec un projet en cours d’harmonisation des curricula des études pré-doctorales pour l’étendre aux études post-doctorales. Le principe étant de basculer d’un paradigme de formation par objectifs vers un paradigme de formation selon l’approche par compétence. L’objectif est aussi de développer un ensemble de compétences génériques transférables et de décliner par la suite les compétences spécifiques. Un cadre qu’offre les tuning depuis le processus de Boulogne pour aider les pays d’une région à harmoniser leur curricula avec la finalité de permettre la mobilité des étudiants, chercheurs et enseignants au sein de la région, de capitaliser les enseignements apprentissage et aussi de satisfaire les normes de base internationales qui deviendront une obligation dès 2023. L’objectif de ce papier est de donner un aperçu sur un ensemble de référentiels et de système de gestion des curricula à prendre en considération pour toute tentative de structuration et d’harmonisation des curricula de formation. Les références et coordonnées pour accéder à beaucoup plus d’informations sont données à la fin du document. La description concerne le référentiel de la WFME et du consensus mondial de responsabilité sociale, les deux s’inscrivant dans un système de valeur, Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 26-29 premier référentiel à prendre en considération durant la mise en place de tout le dispositif pédagogique des Etudes de Spécialité de Pédiatrie. Nous parlerons aussi brièvement d’approches et systèmes de gestion des curricula. Les référentiels 1. Le système de valeur Le système de valeur est fondé sur un ensemble de principes humanistique et systémiques. Parmi les principes humanistiques, nous retenons essentiellement : la pertinence, l’équité, l’efficience et la qualité. Parmi les principes systémiques nous retenons le partenariat et l’interdépendance dans les activités d’enseignement apprentissage. Il en découle un contenu qui doit répondre aux besoins de la société et des stratégies éducationnelles intégratives et professionalisantes que l’approche par compétence permet de développer. 2. Les normes de la WFME La WFME a élaboré des normes pour les trois cycles de formation : la formation médicale pré-doctorale, la formation médicale post-doctorale (études de spécialité) et la formation médicale continue (le développement professionnel continue dit DPC). Les normes internationales sur l’enseignement des études de spécialité se répartissent en neuf grands secteurs subdivisés en 38 sous-secteurs. Les secteurs correspondent aux principaux éléments de l’enseignement/apprentissage de la spécialité et du processus pédagogique et couvrent les aspects suivants : 1. Mission et objectifs 2. Programme d’enseignement/apprentissage 3. Évaluation des étudiants 4. Sélection et encadrement des étudiants 5. Corps enseignant 6. Ressources pédagogiques 7. Suivi, évaluation et révision du programme d’enseignement /apprentissage 8. Gestion et administration 9. Processus d’adaptation continue Les sous-secteurs renvoient aux aspects spécifiques du domaine considéré et correspondent à des indicateurs de performance. Les normes relatives à chaque 27 sous-secteur sont présentées en deux parties : les normes de base sont celles auxquelles chaque faculté de médecine doit impérativement satisfaire ; les normes de qualité sont conformes au consensus international sur les pratiques optimales relatives au fonctionnement des facultés de médecine et à l’enseignement de la spécialité. A titre d’illustration, une traduction personnelle des normes des sous-secteurs 3 et 6 du secteur 2 du référentiel de la WFME relatif au programme d’enseignement/ apprentissage de la spécialité : Contenu du programme Norme de base : Le processus de formation doit inclure le travail clinique pratique et la théorie pertinente en sciences biomédicales, cliniques, comportementales et sociales de base, prise de décision cliniques, compétences de communication, le code déontologique, la politique de santé publique, la jurisprudence médicale et les disciplines managériales exigées pour la pratique (Le cabinet professionnelle de la spécialité). Norme de démarche qualité : Le processus de formation devrait assurer le développement de connaissances, des compétences, des attitudes et des attributs personnels dans les rôles comme l’expert médical, le promoteur de la santé, le communicateur, le collaborateur, le travailler en équipe, l’érudit, l’administrateur et le manager. Gestion de formation Norme de base : La responsabilité et l’autorité pour l’organisation, la coordination, la gestion et l’évaluation de l’efficacité de la formation (évaluation des étudiants) et du processus de formation doivent être clairement identifiés. Norme de démarche qualité : La coordination entre différents sites de formation doit être assurée en vue de gagner en exposition clinique et en gestion de la spécialité. On devrait fournir l’autorité responsable du programme avec des ressources pour planifier et mettre en œuvre des méthodes de formation, l’évaluation des étudiants et les innovations pédagogiques. Cette autorité doit comprendre des membres parmi le staff académique, les étudiants et les partenaires indispensables dans la planification de la formation. Parmi ces partenaires, les professionnels de santé et les autorités de santé. 28 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 26-29 Le consensus mondial de responsabilité sociale L’excellence d’une faculté ne se mesure pas seulement par ses découvertes biologiques ou ses innovations cliniques, mais surtout par le degré de son impact social. Permettre aux médecins en cours de formation de spécialité de devenir des médecins spécialistes non seulement compétents, performants et professionnels, mais aussi des médecins engagés et acteurs du changement se trouve au cœur des préoccupations des réformes des études médicales du 21ème siècle et du consensus mondial de responsabilité sociale des facultés de médecine. Créer un environnement d’apprentissage transformatif et d’interdépendance pour assurer l’équité en santé est un préalable indispensable à cela. On parle alors du nouveau paradigme de responsabilité sociale et des évolutions au niveau institutionnel et éducationnel pour y aboutir. Définition OMS de la responsabilité sociale des Facultés de Médecine (1995) : «Obligation d’orienter la formation qu’elles donnent, les recherches qu’elles poursuivent et les services qu’elles dispensent, vers les principaux problèmes de santé de la communauté, région et/ou nation qu’elles ont mandat de desservir». Les principaux problèmes de santé seront identifiés conjointement par les gouvernements, les organismes et les professionnels de la santé et le public. Le consensus global c’est 10 directions stratégiques pour : mieux répondre aux besoins et défis actuels et futurs de la société ; prioriser en conséquence l’orientation en matière d’éducation, recherche et services ; renforcer la gouvernance et le partenariat avec d’autres acteurs de santé ; évaluer et accréditer en vue de mesurer et d’améliorer la performance et l’impact. Il en découle la nécessité de basculer : du paradigme de la formation par objectifs modèle traditionnel disciplinaire vers la formation par compétences ; de l’approche centrée sur la maladie vers l’approche holistique de la santé ; de l’approche centrée sur les personnes vers l’approche centrée sur les populations (Stratégie mondiale de la santé, déclaration d’Alma Ata sur les soins de santé de base, charte d’Ottawa, santé pour tous en l’an 2000, Objectifs du millénaire pour le développement). Les dix axes stratégiques pour une faculté socialement responsable sont les suivants : 1. Anticipation des besoins de la société. 2. Création de partenariats avec les acteurs du système de santé. 3.Adaptation aux rôles nouveaux des médecins. 4. Éducation basée sur des résultats escomptés. 5. Installation d’une gouvernance réactive et responsable. 6. Redéfinition de normes pour l’éducation, la recherche et les soins. 7. Amélioration continue de la qualité. 8.Institutionnalisation de mécanismes d’accréditation. 9. Adhésion aux principes universels et adaptation au contexte local. 10. Prise en compte du rôle de la société. La responsabilité sociale d’une école de médecine passe par la pertinence de son programme éducationnel. Celui-ci dépend d’un ensemble de critères rassemblés en cadres ou systèmes de gestion des curricula : le système PUIGEP, le système CSE et le système à dix critères. Le système PUIGEP est un système à 5 critères (5 points par critère) et comprend la Prévalence, l’Urgence, l’Investissement, la Gravité, l’Exemplarité, la Prévention. Le système à dix indicateurs applique une grille de priorisation au contenu dont le focus est fait sur la charge épidémiologique, l’efficience dans les interventions et la valeur académique. Ce système comprend comme critères la prévalence, la prévention, la curabilité de la maladie, l’évolutivité la maladie, le degré d’handicap, le risque d’épidémie, la répercussion socio-économique, l’existence d’un programme national, l’exemplarité pédagogique et l’interdisciplinarité. Un système de scoring est mis en place pour prioriser les thèmes de compétences selon une approche participative et les besoins en formations. L’approche “Tuning“ consiste en une méthodologie visant à concevoir, développer, mettre en œuvre et évaluer les programmes d’études. Elle sert aussi de plateforme au développement des points de référence au niveau des disciplines entre différents départements et différentes institutions mis en réseau Tuning. Ceux-ci sont pertinents pour la transparence, la comparabilité et la compatibilité des programmes d’études. L’approche “Tuning“ engendre la confiance car elle se concentre sur la transparence des programmes d’études, les résultats d’apprentissage visés et les compétences acquises. La confiance mutuelle, la compréhension, la mise en réseau des universités et de leurs départements fournissent une Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 26-29 base efficace pour encourager et soutenir durablement la mobilité étudiante. Conclusion Nous retenons le besoin, pour tout projet de structuration ou d’harmonisation de nos études de spécialité de pédiatrie, de garder le souci constant d’orienter nos programmes de formation, de recherche et de prestations de services vers les besoins de société, de migrer de l’approche biomédicale pure dans la conception de nos curricula vers une approche biomédicale et psychosociale en vue d’assurer un équilibre entre les aspects disciplinaires curatifs avec ceux préventifs et de promotion de la santé, et de réduire le fossé qui existe entre nos programmes de formation et les besoins de la pratique professionnelle sur le terrain. Références 1.Normes internationales de la WFME sur l’amélioration de la qualité de l’enseignement de base de la médecine. 2007. 29 2. Post graduate medical education WFME global standard for quality improvement. Denmark. 2003. 3. Pré graduate medical education WFME global standard for quality improvement. Denmark. Revision 2012. 4. Boelen C, Grand’Maison P, Ladner J, Pestiaux D. Social accountability and accreditation. A new frontier for educational institutions. Pédagogie Médicale. 2008; 9 (4): 235-44. 5.www.healthsocialaccountability.org 6. Gonzalez J, Isaacs K, Wagenaar R. Applying the Tuning approach to the third cycle studies. Tuning educational studies in Europe, Universities contribution to the Boulogne Process. In: http:// tuning. 7. Boelen C. Social accountability: medical education’s boldest challenge. MEDICC Review. 2008, Vol 10, No 4. 8. Woollard RF. Caring for a common future: medical schools’ social accountability. Medical Education. 2006; 40: 301-3. 9. Murray RB, Larkins S, and al. Medical schools as agents of change: socially accountable medical education out of the ivory tower and into the community. MJA. 2012, 196(10):1-5. 10. Frenk J, Chen L, Bhutta ZA, and al. Health professionals for a new century: transforming education to strengthen health systems in an interdependent world. The Lancet. 2010, 6736(10): 61854-5. 11. Hennen B. Demonstrating social accountability in medical education. Med Assoc J. 1997, 156 (3). 12. Chapagain ML and al. Quest for Social Accountability: Experiences of a New Health Sciences University in Nepal. Education for Health. 2000, 13: 227-30. 30 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 30-33 Table ronde. Accidents de la voie publique Traumatismes graves de l’enfant : accueil aux urgences pédiatriques A. Chemaou, A. Zineddine Service d’accueil des urgences pédiatriques, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc Introduction Un enfant est dit polytraumatisé s’il « présente au moins deux lésions dont une au moins menace le pronostic vital » [1]. A cette définition, on préfère celle du traumatisé grave, qui définit « un patient qui a subi un traumatisme dont le mécanisme et la violence laissent supposer qu’il a des lésions graves menaçant le pronostic vital » [2]. Cette deuxième définition a plus d’intérêt dans l’urgence, car elle prend en considération le mécanisme, et permet la mise en place d’une stratégie diagnostique et thérapeutique immédiate, sans attendre les résultats du bilan lésionnel. Epidémiologie Le traumatisme grave (TG) de l’enfant est responsable de plus de 950.000 décès/an, dont 91% surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire [3]. Dans les pays industrialisés, le TG de l’enfant représente également la première cause de mortalité chez l’enfant de plus d’un an. Toutefois, la mortalité n’est qu’un aspect du problème, car pour chaque décès, quatre survivants sont invalides. La principale cause du TG est représentée par les accidents de la voie publique. Le TG est rapporté surtout chez les enfants âgés de 10 à 17 ans, avec une prédominance masculine. Ceci est probablement dû à une plus grande exposition aux risques. Les enfants diffèrent des adultes en ce qui concerne les lésions et les mécanismes des accidents. Ainsi, les traumatismes fermés sont prédominants (80%), le traumatisme crânien est présent chez plus de 80% à 90% des patients [4]. Par ailleurs, la stabilisation des constantes vitales est plus souvent nécessaire qu’une chirurgie d’hémostase. Au Maroc, en 2011, les accidents de la voie publique ont été responsables de 4.222 morts (enfants et adultes compris), avec 12.482 blessés graves 15.000 handicapés à vie. Evaluation et prise en charge de l’enfant victime d’un traumatisme grave La prise en charge de l’enfant traumatisé grave aux urgences suit une stratégie globale qui débute par la prise en charge pré-hospitalière au niveau du site de l’accident, et se continue par l’accueil aux urgences. Cette dernière étape est essentielle, elle permet la stabilisation des patients, ainsi que la hiérarchisation des lésions selon leur gravité et l’orientation de la prise en charge spécialisée (chirurgie, radiologie interventionnelle, réanimation...). Chez l’enfant traumatisé grave, les conséquences des lésions ne s’additionnent pas mais se multiplient, et l’oubli de certaines lésions ou la sousestimation de leur gravité peut avoir des conséquences sur le pronostic fonctionnel ou vital. La gestion du temps est aussi une notion importante à respecter, car le temps perdu ne se rattrape pas. Il a été rapporté également que les centres qui ont une expérience spécifique du traumatisme pédiatrique, ont de meilleurs résultats concernant la mortalité et la morbidité. 1. Evaluation de la gravité L’évaluation sur le lieu d’accident des données cliniques, du mécanisme lésionnel, et des circonstances de l’accident permet de reconnaître les patients à haut Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 30-33 risque d’avoir un TG, et d’orienter les moyens thérapeutiques à engager. Ainsi un TG est un traumatisé qui répond aux conditions suivantes [5]: - Mécanisme lésionnel : piéton renversé par un véhicule léger à plus de 40 km/h, chute de plus de 3 mètres, traumatisme pénétrant ou écrasement. - Circonstances associées : extraction difficile du lieu de l’accident, le patient ou un autre passager éjecté loin de la voiture, un autre patient gravement blessé au cours du même accident, présence d’une explosion ou d’un feu. - Lésions prédominantes : traumatisme crânien avec coma, polytraumatisme, traumatisme médullaire avec déficit neurologique. L’estimation de la gravité est basée également sur l’évaluation des fonctions vitales (circulatoire, respiratoire et neurologique), ainsi que sur des scores de gravité. Les scores les plus utilisés chez l’enfant sont le score de Glasgow (GCS) et le Pediatric Trauma Score (PTS) [6]. 2. Prise en charge de la détresse vitale La réanimation initiale pédiatrique a pour but de maintenir les voies aériennes perméables, assurer une perfusion tissulaire adéquate et éviter les lésions secondaires. Détresse circulatoire : Chez l’enfant, l’hypovolémie est d’installation rapide, et plus grave que chez l’adulte. Les mécanismes vasoconstricteurs de l’enfant lui permettent de maintenir sa pression artérielle (PA) stable jusqu’à une perte de 30 à 40% du volume sanguin [7], puis la PA chute de façon brutale aboutissant rapidement à l’arrêt cardiaque. Pour surveiller et contrôler l’hémodynamique, il est indispensable de connaitre les chiffres normaux de la fréquence cardiaque (FC) et de la PA chez l’enfant, ainsi que les signes d’une hypovolémie: tachycardie, peau froide et marbrée, TRC > 2 sec, irritabilité, détresse respiratoire sans obstruction des voies aériennes ni traumatisme thoracique. La principale cause des détresses circulatoires est l’hémorragie. L’origine non hémorragique peut être due à une section médullaire haute, un pneumothorax suffocant, une tamponnade, ou une contusion myocardique, il faut y penser si l’état de choc hémodynamique persiste malgré le remplissage. Une fois l’hypovolémie diagnostiquée, le traitement immédiat est de contrôler tout saignement 31 extériorisé (en particulier les plaies du cuir chevelu) et procéder à un remplissage vasculaire rapide. Le remplissage se fait par des cristalloïdes ou colloïdes à raison de 10 à 20 ml/kg, à répéter si l’enfant est instable. Parfois, il faut associer des vasopresseurs. Il est toujours plus facile de prendre la voie veineuse dans un stade précoce de la gestion. La perfusion intra-osseuse est recommandée en cas d’urgence vitale, elle permet la perfusion de solutions cristalloïdes, de produits sanguins et même de médicaments d’urgence. La transfusion du culot globulaire est indiquée si le remplissage est > 40 ml/kg, ou les pertes de la masse sanguine > 20%. La transfusion des plaquettes est indiquée si la thrombopénie est < 50.000, ou la perte > 1 masse sanguine. Pour le plasma frais congelé, la perfusion se fait avec un rapport PFC/ CGR 1/1 ou 1/2. La surveillance d’un enfant traumatisé grave associe un monitorage des paramètres cliniques usuels: scope, ECG, FC, SaO2, température, glycémie, hémoglobine. Parfois un monitorage invasif notamment de la pression artérielle ou par échographie cardiaque est nécessaire. La coagulopathie est un facteur indépendant de mortalité, retrouvé chez 30 à 40% des traumatisés graves. Elle peut être due à l’hypothermie, l’acidose, l’hémodilution, la perte ou la consommation de facteurs, ou l’hypocalcémie. La correction de l’hémorragie, de la coagulopathie et de l’hypothermie constitue la notion du « damage control » [8]. Détresse respiratoire : L’enfant se distingue de l’adulte par un développement incomplet du thorax, une faiblesse des muscles respiratoires, et du diamètre des voies aériennes; ceci diminue ses capacités d’adaptation à une augmentation des besoins respiratoires. Par ailleurs, la langue volumineuse, le larynx étroit et haut situé, l’hyperréactivité laryngée et trachéo-bronchique caractérisant l’enfant expliquent l’obstruction rapide des voies aériennes. La détresse respiratoire (DR), si elle n’est pas reconnue et traitée correctement, peut conduire à la mort. La DR peut également être majorée par la dilatation gastrique qu’il faut exsuffler. La première réaction devant une DR est de libérer les voies aériennes et d’administrer l’oxygène à haut débit. Une DR persistante avec un tympanisme, doit faire évoquer un pneumothorax compressif. L’intubation orotrachéale reste le moyen le plus fiable de maintenir la perméabilité des voies aériennes, et doit être effectuée le plus tôt possible. Ses indications sont larges et comprennent l’inconscience avec une Score de Glasgow ≤ 8, un polytraumatisme avec le développement d’un choc hypovo- 32 lémique ou d’une détresse respiratoire. Chez l’enfant, le thorax élastique et la paroi compliante, font que les fractures costales sont rares, et les contusions pulmonaires fréquentes [9] ; il faut évoquer ces dernières chaque fois qu’il y a persistance d’une DR alors que l’obstruction des voies aériennes est traitée. Le pneumothorax sous tension est moins fréquent, mais peut être facilement sous-estimé. L’hémothorax est souvent asymptomatique et peut passer inaperçu s’il est peu important, mais tout retard de son diagnostic aboutit à la coagulation de l’épanchement qui sera plus difficile à drainer. Enfin, la DR peut être liée à une lésion médullaire haute, à un choc hémorragique, ou une hémorragie abdominale limitant la mobilité diaphragmatique. L’exploration du traumatisme thoracique repose sur la radiographie du thorax de face en première intention. Le scanner, avec produit de contraste, est un examen de deuxième intention qui sera réalisé en fonction de la clinique et du cliché simple. Il est plus sensible et plus spécifique que le cliché standard, et permet de détecter 40 à 67 % de lésions supplémentaires. Détresse neurologique : L’impact crânien existe chez plus de 80% des enfants qui ont un TG. Il conditionne le pronostic vital et fonctionnel. La tête de l’enfant est plus lourde, son cou moins musclé, sa boite crânienne élastique et compliante, son cerveau moins myélinisé, plus riche en eau, la réponse se fait donc par l’hyperhémie et l’œdème. L’œdème cérébral est la lésion la plus fréquente, présente chez plus de 50% des enfants ayant un coma [10]. Les autres lésions comme l’HED, l’HSD, ou les hémorragies intra-parenchymateuses sont plus rares. En plus de ces lésions primaires, des lésions secondaires de nature anoxo-ischémiques peuvent survenir suite à des facteurs d’agression cérébrale d’origine systémique (ACSOS). Ces facteurs sont l’hypo/ hypertension artérielle, l’hypoxie, la fièvre, l’hypo/ hypercapnie, l’hypo/hyperglycémie, la dysnatrémie, la dyskaliémie, la douleur et l’anémie. Leur prévention repose sur une réanimation initiale bien conduite. L’évaluation neurologique en urgence est faite par le score de Glasgow, la taille des pupilles, le reflexe photomoteur et les reflexes du tronc. Mais aussi par la PAM, FC, FR. L’intubation et la ventilation assistée sont indiquées si GCS ≤ 8. La prévention et le traitement de l’hypotension artérielle sont essentiels. Le remplissage se fait par du SSI. Les solutés hypotoniques (Ringer lactate, sérum glucosé) sont contre-indiqués. La lutte contre l’hypertension intracrânienne se fait par surélévation de la tête Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 30-33 à 30° dans l’axe, la perfusion du mannitol ou du SSI, ainsi que le traitement de la fièvre, des convulsions et de l’agitation. L’exploration d’un traumatisme crânien se fait par scanner crânio-cervical. Les lésions du rachis sont rares chez l’enfant, mais vu leur gravité, tout patient comateux ou traumatisé crânien doit être considéré comme porteur d’une lésion rachidienne d’où le port systématique du collier cervical et la réalisation systématique d’une radio du rachis cervical de profil. Des signes neurologiques sans lésions radiologiques doivent évoquer le syndrome de SCIWORA. Traumatismes abdomino-pelviens : Le traumatisme abdominal est une cause fréquente de retard diagnostique. Chez l’enfant, les organes pleins sont regroupés et exposés, la paroi musculaire fine, la graisse peu épaisse, le thorax non ossifié et flexible, le pelvis petit et immature, la vessie intra-abdominale, et le rein lobulé. Les organes les plus souvent touchés sont la rate et le foie (40-50%). Leur atteinte survient surtout lors d’un traumatisme fermé. Les lésions du tractus digestif et de la racine du mésentère sont plus rares (1%) et surviennent à l’occasion d’un traumatisme pénétrant. Le syndrome de la ceinture de sécurité chez l’enfant peut causer une déchirure du mésentère, une fracture lombaire (Chance), une atteinte de la moelle épinière, une perforation intestinale, et doit être évoqué devant une ecchymose de la paroi abdominale, une paraplégie, une douleur abdominale ou lombaire, des signes d’hémorragie interne ou du péritonite. Les fractures du bassin sont rares chez l’enfant, vu la plasticité de la ceinture pelvienne. Devant un traumatisme abdominal, l’échographie est l’examen de choix (bonne spécificité et sensibilité), les lésions isoéchogènes du foie et de la rate vues en urgence doivent être contrôlées après 24 à 48h. L’ASP a des indications limitées (traumatisme pénétrant, pneumopéritoine, corps étranger). La tomodensitométrie (TDM) est très performante dans le diagnostic des lésions des organes pleins et révèle souvent des lésions plus étendues que celles suspectées par l’échographie, mais son impact thérapeutique est limité car chez l’enfant, le traitement est quasi-exclusivement conservateur. La TDM se justifie si le mécanisme est violent, un remplissage vasculaire est nécessaire, l’examen abdominal est non fiable, ou le GCS <13, s’il y a une hématurie macroscopique, une suspicion de lésion duodéno-pancréatique ou de l’appareil urinaire. La laparotomie est indiquée devant une instabilité hémodynamique, un hémopéritoine ou pneumopéritoine, une hernie diaphragmatique trauma- 33 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 30-33 tique, une haute suspicion de perforation intestinale, ou lacération complète du canal pancréatique. Les lésions aortiques sont rares. Dans le traumatisme abdominal de l’enfant le traitement est le plus souvent conservateur non-opératoire, avec surveillance en milieu chirurgical et réévaluation fréquente [11]. Lésions osseuses : Chez l’enfant, les os longs sont souvent le siège de fractures. Celles-ci n’engagent pas le pronostic vital mais peuvent compromettre le pronostic fonctionnel (période de croissance). Les enfants diffèrent nettement des adultes dans leur réponse à un traumatisme. Ils subissent des blessures prévisibles de mécanismes typiques en fonction de leur âge et du profil de l’activité. Devant toute fracture des membres les pouls doivent être palpés, la motricité et la sensibilité du membre évaluées à la recherche de lésions vasculonerveuses. Les membres fracturés doivent être immobilisés sur attelles et les fractures avec grand déplacement réduites par traction douce pour réduire l’angulation et améliorer la vascularisation. Les fractures ouvertes sont désinfectées et recouvertes de pansements stériles avec antibioprophylaxie en attendant le traitement chirurgical. Dans la prise en charge des lésions osseuses, le chirurgien doit toujours prendre en considération le facteur croissance et de développement chez l’enfant [12]. Traitements complémentaires : D’autre soins doivent être administrés à l’enfant traumatisé grave, notamment l’antibioprophylaxie préconisée devant une fracture ouverte, des plaies des parties molles, une péritonite par perforation d’organes creux, un traumatisme thoracique, ou une fracture de la base du crane avec écoulement de LCR ; la sérovaccination antitétanique ; la prévention de l’ulcère de stress ; l’analgésie en cas de douleur, ainsi que la prévention de l’hypothermie [13]. Evolution et pronostic Les enfants qui ont subi un traumatisme crânien ont un pronostic moins bon que les autres, de même que ceux qui sont restés en coma plusieurs jours. Ces enfants peuvent présenter des séquelles cognitives et psychologiques La mortalité après un traumatisme est un paramètre précis et utile, mais il ne reflète pas la réalité des séquelles que gardent ceux qui survivent. Evaluer le résultat d’un traumatisme chez une population pédiatrique nécessite un outil de mesure qui prendra en considération les différences anatomo-physiologiques qui existent entre les enfants et les adultes et qui prend en compte la croissance et le développement normal, ainsi que les différents rôles sociaux familiaux, scolaires et communautaires que ces enfants devront jouer dans leur avenir. Toutefois le traumatisme reste la principale cause évitable de l’handicap à long terme chez les enfants, moyennant une bonne prise en charge initiale et secondaire. Références 1.De Billy B, Trigui M, Christian P. Prise en charge d’un enfant polytraumatisé. e-mémoires de l’Académie Nationale de Chirurgie, 2003, 2 (1): 14-23. 2. Girard A, Mâcon CH. Procédure de prise en charge des patients traumatises graves : du lieu de l’accident à l’hôpital. Collège de Médecine d’Urgence de Bourgogne. Procédure 034. Février 2011. 3. Mukesh S, Lahoti BK, Khandelwal G, Mathur RK, and al. Epidemiological trends of pediatric trauma: a single center study of 791 patients. Pediatr Surg. 2011 Jul-Sep; 16(3): 88–92. 4. Orliaguet G, Meyer P, Carli P. Prise en charge de l’enfant polytraumatisé. Médecine thérapeutique / Pédiatrie. Volume 3, Numéro 3, 186-92, Mai - Juin 2000, Thérapeutique. 5. Orliaguet G, Pradeau C. Traumatismes graves en pédiatrie. Actualités en médecine d’urgence. Urgences Vitales Traumatiques. Journées Scientifiques de la Société Francaise de Medecine d’Urgence : SFEM éditions ; 2010. P103-36. 6. Meyer P, Cuttaree H. Severe trauma in children. Baillière’s Clinical Anaesthesiology. Vol 10, No. 4, December 1996. 7. Orliaguet G, Martinon C. Enfant polytraumatisé. Congrès national d’anesthésie et de réanimation 2008. Conférences d’actualisation, p. 163-175. 8. Cotton BA, Gunter OL, Isbell J, et al. Damage control hematology: the impact of a trauma exsanguination protocol on survival and blood product utilization. J Trauma, 2008 May; 64(5): 117782. 9. Paut O, Jouglet T, Camboulives J. Les traumatismes sévères de l’enfants. Arch Pédiatr. 1997, 4(5): 443-59. 10 Bahloul M, Ben Hamida C, Chelly H. Severe head injury among children: prognostic factors and outcome. Injury Int J Care Injured. 2009, 40: 535-40. 11. Browning J, Wilkinson G. Imaging paediatric blunt abdominal trauma in the emergency department: ultrasound versus computed tomography. Emerg Med J. 2008, 25: 645-8. 12. Wang MY, Kim KA, Griffith PM, et al. Injuries from falls in the pediatric population: an analysis of 729 cases. J Pediatr Surg. 2001, 36:1528-34. 13. Riou RB, Vivien B, Langeron O. Quelles priorités dans la prise en charge initiale du polytraumatisé? Conférences d’actualisation. 2006, p. 217-27. 34 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 34-35 Conférences Maghrébines Le syndrome d’activation lymphohistiocytaire chez l’enfant M. Bejaoui Professeur d’hématologie, Centre national de greffe de moelle osseuse, Tunis, Tunisie Le syndrome d’activation lymphohistiocytaire (SALH) ou macrophagique, anciennement appelé « phase accélérée », est une entité clinique, biologique et histologique souvent méconnue par le pédiatre. Il est caractérisé par une intense activation du système immunitaire associée à une prolifération des lymphocytes T et des macrophages et une hypercytokinémie majeure [1)]. Chez un enfant immunocompétent, il est souvent secondaire à une infection, dont le traitement permet la résolution de cette activation. Cependant le SALH peut compliquer une infection grave, une maladie inflammatoire chronique, un processus néoplasique et engager à court terme le pronostic vital. En l’absence d’une cause évidente, et chez le nourrisson et le jeune enfant, notamment en cas de cas familiaux similaires, il faut rechercher un déficit immunitaire primitif (DIP) justifiant des thérapeutiques immunosuppressives agressives. Diagnostic Le tableau clinique et biologique est de gravité variable et dépend de l’étiologie du SALH. Dans les SALH secondaires, les symptômes peuvent être difficilement dissociables de ceux de la maladie causale. A l’inverse, dans les DIP, le tableau clinique est souvent impressionnant et l’évolution est souvent fatale en l’absence d’une prise en charge spécifique. La fièvre est constante, souvent élevée et persistante malgré la prescription d’antipyrétiques et d’anti-infectieux (en dehors des SALH post-infectieux), ce qui devrait attirer l’attention du médecin. Rapidement, d’autres signes vont s’y associer : une altération de l’état général, une éruption cutanée, une hépato-splénomégalie, un syndrome hémorragique, des œdèmes et des troubles de la conscience, notamment dans les formes sévères. Le tableau biologique est peu spécifique mais car- actéristique, et devrait permettre d’évoquer rapidement le diagnostic de SALH : bi ou pancytopénie, cytolyse hépatique, hypertriglycéridémie, fibrinopénie, hyperferritinémie majeure, élévation des LDH et hémodilution. Le myélogramme, fait devant les cytopénies, est caractéristique montrant une moelle riche infiltrée par des macrophages activés avec des signes d’hémophagocytose. En cas de prélèvement d’autres organes (biopsie, autopsie), on constate leur envahissement par des lymphocytes et des macrophages activés [2]. Selon les recommandations de la « Histiocyte Society », au moins 5 sur les 8 critères diagnostiques suivants doivent être réunis pour retenir le diagnostic de SALH : fièvre, splénomégalie, cytopénie (au moins bicytopénie), hypertriglycéridémie (≥3mmol/l) et/ ou hypofibrinogénémie (≤1,5g/l), hémophagocytose (moelle, prélèvement histologique), hyperferritinémie (≥500µg/l), fonction NK diminuée ou absente, CD25 soluble ≥2400U/ml [3]. Etiologies Sur le plan étiologique, on distingue les SALH secondaires et les SALH primitifs ou liés à un défaut génétique du contrôle de l’activation T. Le SALH peut être secondaire à une infection virale (CMV, EBV, Adénovirus, HIV), bactérienne (salmonelles, entérobactéries, rickettsies), parasitaire (leishmania) ou fongique (candida albicans, aspergillus). Il peut s’agir d’une hémopathie maligne (leucémie, lymphome) ou d’une maladie inflammatoire (maladie de Still, LED). Les émulsions lipidiques (nutrition parentérale) et certains médicaments sont incriminés dans la survenue d’un SALH. 35 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 34-35 Deux groupes de maladies génétiques prédisposent au SALH. Il s’agit avant tout de 4 types de DIP : la lymphohistiocytose familiale (LHF), le syndrome de Chediack-Higashi (SCH), la maladie de Griscelli (MG) et le syndrome de Purtilo (SP). L’infection à EBV joue un rôle prépondérant dans le déclenchement du SALH dans ces DIP. Le tableau clinique est généralement au complet et l’évolution est généralement fatale en l’absence d’une prise en charge spécialisée. Enfin quelques maladies métaboliques peuvent se compliquer d’un SALH à plus ou moins long terme. Le SALH est souvent atténué, cependant le tableau peut être sévère rappelant celui observé dans les DIP, notamment dans l’intolérance aux protéines dibasiques et, plus rarement, dans l’acidémie méthylmalonique. Les avancées spectaculaires dans la compréhension du mécanisme de la cytotoxicité cellulaire ont permis d’élucider la physio-pathogénie des principaux DIP associés à un défaut de la cytotoxicité lymphocytaire (LHF, SCH, MG et SP). Ce défaut entraine une prolifération incontrôlée de lymphocytes T CD8+ activés, d’histiocytes et de macrophages secrétant un excès de cytokines inflammatoires (interféron gamma, IL6, IL18, TNFα), infiltrant les organes (rate, foie, ganglions, moelle osseuse, cerveau) et phagocytant les cellules sanguines. Ceci explique l’atteinte multi-systémique que l’on observe dans le SALH et la gravité du tableau clinique [4]. Le mécanisme du SALH dans les autres étiologies reste hypothétique. Traitement La prise en charge du SALH survenant au cours des DIP est relativement bien codifiée. Ce n’est pas le cas des SALH secondaires. Dans tous les cas, le traitement symptomatique (restriction hydrique, transfusion, correction des anomalies de l’hémostase) garde une place de choix. Il en est de même du traitement étiologique lorsqu’une cause est mise en évidence : traitement d’une leishmaniose viscérale, d’une infection virale (HSV, VZV, EBV, CMV), bactérienne ou fongique, ou chimiothérapie. De façon spécifique on peut utiliser les immunoglobulines intraveineuses dans le SALH post-infectieux, la corticothérapie associée éventuellement à la ciclosporine A dans les maladies auto-immunes, les anti-TNFα (Etanercept, Infliximab) dans la maladie de Still, l’Etoposide (± corticoides) dans les cancers. Dans les DIP (LHF, SCH, MG et SP), seule la greffe de cellules souches hématopoïétiques permet de guérir ces affections. Cependant la mise en rémission du SALH est indispensable avant d’envisager la greffe. Le protocole « HLH-94 » a été remplacé par le protocole « HLH-2004 ». L’utilisation du SAL (sérum anti-lymphocytaire), en remplacement de l’Etoposide, visant à détruire les lymphocytes T activés à permis un meilleur taux de rémission complète (82%) et de survie globale [5]. L’approche actuelle consiste à utiliser l’anticorps monoclonal anti-CD52 (alemtuzumab ou MabCampathR). La molécule CD52 étant présente à la surface des lymphocytes T matures et des cellules dendritiques. Ce traitement serait mieux toléré que le SAL [6]. Références 1. de Saint Basile G et al. Inherited defects causing hemophagocytic lymphohistiocytic syndrome. Annals of the New York Academy of Sciences. 2011, 1246(1): 64-76. 2.Henter JI et al. Diagnostic guidelines for hemophagocytic lymphohistiocytosis. The FHL group of the Histiocyte Society. Seminars in Oncology. 1991, 18(1): 29-33. 3. Trottestam H et al. Chemoimmunotherapy for hemophagocytic lymphohistiocytosis: long term results of the HLH-94 treatment protocol. Blood. 2011, 118(17): 4577-84. 4. de Saint Basile G et al. Molecular mecanisms of biogenesis and exocytosys of cytotoxic granules. Nature reviews. Immunology 2010, 10(8): 568-79. 5. Mahlaoui N et al. Immunotherapy of familial hemophagocytic lymphohistiocytosis with antithymocyte globulins: a singlecenter retrospective report of 38 patients. Pediatrics. 2007, 120(3): e622-8. 6. Marsh RA et al. Salvage therapy of refractory hemophagocytic lymphohistiocytosis with alemtuzumab. Pediatric Blood & Cancer. 2013, 60(1): 101-9. 36 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 36-37 Conférences Maghrébines Conduite à tenir devant un purpura fulminans M. Laraki Professeur d’anesthésie et réanimation, Clinique des enfants Atfal, Bd Abderrahim Bouabid, Casablanca, Maroc Le purpura fulminans (PF) est l’une des grandes urgences médicales. C’est une septicémie d’évolution rapide, essentiellement d’origine méningococcique, dominée par le choc endotoxinique, aboutissant rapidement à une défaillance hémodynamique et polyviscérale. Il est foncièrement différent de la méningite à méningocoque dont la physiopathologie semble bien différente. Son pronostic dépend de la rapidité et l’agressivité de la prise en charge initiale. D’où l’intérêt d’une prise en charge urgente et pré-hospitalière. Le PF atteint principalement les petits enfants (53 % des enfants ont moins de 4 ans) et adolescents avec une mortalité de 20 à 30%, et 5 à 20% des enfants survivants développent des complications à type de nécroses cutanées pouvant nécessiter des greffes de peau, des ischémies des membres pouvant nécessiter des amputations, et des séquelles neurologiques secondaires au bas débit cérébral. Son incidence au Maroc est de 3 pour 100.000 habitants. Le sérogroupe dominant du méningocoque est le B avec une moyenne de 49% pour la période de 20002009. Conduite à tenir en milieu extrahospitalier Dès l’appel téléphonique, le diagnostic doit être évoqué, grâce à quelques questions ciblées. Et dès qu’un médecin fait le diagnostic, il lui appartient de tout faire pour enrayer aussitôt l’infection causale par une injection intramusculaire de ceftriaxone à une dose supérieure à 50 mg/kg, ce qui ne gênera en rien le diagnostic bactériologique. Il est souhaitable, dans tous les cas, que l’enfant arrive très vite à une structure médicale. Grandes lignes de la prise en charge hospitalière L’enfant doit être admis immédiatement en réanima- tion, sa prise en charge comporte plusieurs éléments : - Prise de plusieurs voies veineuses périphériques et une voie veineuse centrale. En cas d’abord vasculaire difficile chez l’enfant, la voie intra-osseuse doit être utilisée afin de ne pas retarder le traitement. - Expansion volémique systématique d’au moins 20 ml/kg (voire 30 ml/kg) en 5 à 10 minutes a répéter si nécessaire. Après chaque bolus, l’effet sur l’hémodynamique, et notamment sur la réduction de la tachycardie et l’amélioration de l’état de conscience et de la perfusion périphérique, doit être évalué, et les signes de surcharge (gros foie, bruit de galop, râles crépitants et augmentation des besoins en oxygène) doivent être recherchés. Il faut souvent jusqu’à 60 ml/kg de remplissage durant la première heure, 120 ml/kg durant les 4 à 6 heures suivantes, et parfois 200 ml/kg durant les 24 premières heures. Dans tous les cas le but du traitement du choc a pour but de restaurer la perfusion et l’oxygénation tissulaire : ses objectifs sont résumés dans le tableau II. - Antibiothérapie. Le choix empirique est univoque et repose sur l’injection de C3G : ceftriaxone 50 mg/kg en dose de charge (inférieure à 1g) puis 50 mg/kg/24h une fois par 24 heures (100 mg/kg/j en cas de méningite), ou céfotaxime 50 mg/kg en dose de charge (inférieure à 1g) puis 100 mg/kg/24h en 3 ou 4 fois (200 mg/ kg/j en cas de méningite). L’intérêt de l’association à un aminoglycoside n’est pas démontré. - Adaptation du support inotrope et vasopresseur. Devant un choc froid, il faut traiter par la dopamine par voie centrale ou l’adrénaline par voie centrale en cas de résiatnec. Devant un choc chaud, il faut administrer la noradrénaline. 37 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 36-37 - Corticothérapie par hémisuccinate d’hydrocortisone intraveineux (100 mg/m2/j) en 4 injections. - Oxygénothérapie, voire intubation et ventilation artificielle en cas de troubles de conscience ou insuffisance respiratoire. - Correction des déséquilibres humoraux (hypokaliémie, hypocalcémie, hypoglycémie). - Sédation en cas d’agitation ou convulsions. Il est nécessaire de surveiller la pression artérielle moyenne (PAM), reflet de la pression de perfusion, plus intéressante à surveiller que la pression artérielle systolique. La pression artérielle diastolique renseigne sur les résistances vasculaires systémiques. La surveillance de la pression artérielle invasive, recommandée par certains, paraît dangereuse pour d’autres en raison du risque d’ischémie distale. La surveillance des lactates est utile. La diurèse (la mise en place d’une sonde vésicale est nécessaire) est le témoin d’une bonne perfusion rénale. Enfin, l’index cardio-thoracique (ICT), mesuré sur le cliché thoracique de face, oriente de façon simple vers une hypovolémie (ICT < 0,4) ou une incompétence myocardique ( ICT > 0,55). La mesure des paramètres hémodynamiques par échocardiographie-doppler permet de mieux préciser les indications des catécholamines et de suivre l’évolution du profil hémodynamique. L’examen échocardiographique renseigne sur l’état volémique (précharge), sur la fraction myocardique par la mesure de la fraction de raccourcissement du ventricule gauche, et indirectement sur le niveau des résistances vasculaires systémiques (postcharge). L’écho-doppler permet la mesure du débit cardiaque. Traitements non conventionnels Il s’agit de traitements coûteux dont l’efficacité est souvent suggérée sur des arguments physiopathologiques et non sur des études scientifiquement recevables. Pour combattre la cascade inflammatoire, aucun traitement n’est efficace. L’hémofiltration à haut débit (> 35 ml/kg/h) : sa place, en dehors de l’insuffisance rénale secondaire à l’état de choc et la surcharge hydrosodée, n’est pas connue. Pour traiter les anomalies de l’hémostase : administration d’antithrombine (100 U/kg, 150 U/kg/j) et de protéine C activée (100 U/Kg, 100 U/kg/6h), qui repose sur la diminution des taux plasmatiques de ces protéines au cours des CIVD septiques. Leur indication est l’ischémie distale en discutant l’activateur tissulaire du plasminogène rTPA (0,5 mg/kg, 0,25 mg/kg/h pendant 4 heures). Il semble que le risque d’amputation est moindre avec la PCA, sans diminution du risque de décès à J28. Pour induire une vasodilatation : le produit le plus utilisé est la prostacycline (ou un analogue, l’iloprost) qui ne peut être administré qu’après restauration d’une hémodynamique satisfaisante, et envisager le bloc sympathique en cas d’ischémie distale persistante. 38 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 38-40 Conférences Maghrébines La prise en charge des maladies rares en Algérie : état des lieux et perspectives R. Boukari Professeur de pédiatrie, Présidente de la Société Algérienne de Pédiatrie Service de Pédiatrie, CHU Blida, Algérie Introduction Il s’agit le plus souvent de maladies chroniques pouvant mettre en jeu le pronostic vital ou entrainer un handicap majeur et s’accompagner d’une importante dégradation de la qualité de vie. On parle de maladie rare lorsque l’incidence est inférieure à 1/2000. Ampleur du problème A l’heure actuelle, on dénombre près de 8000 maladies rares différentes qui ont une grande diversité d’expression. Grâce aux nouvelles méthodes d’analyses génétiques, de tests biochimiques et diagnostiques, leur nombre croît continuellement. Ces maladies souffrent d’un déficit de connaissances médicales et scientifiques. Certaines peuvent s’exprimer dès la naissance ou tôt dans l’enfance (75% avant l’âge de 2 ans). Le pédiatre et le médecin généraliste sont donc en première ligne du circuit de diagnostic et doivent devenir des cibles privilégiées pour la sensibilisation et la formation. Orphanet (serveur européen d’information sur les maladies rares et les médicaments orphelins www.orpha. net) fournit une liste des maladies rares et des informations médicales sur les différentes maladies. D’autres sites d’informations existent : www.rarediseases.org ainsi que de nombreux sites spécifiques par maladie rare. Dans le monde [1,2], on estime que 6 à 8% de la population mondiale est atteinte par les 8000 types de maladies. Les maladies sont rares mais les patients sont nombreux. Aux Etats-Unis, on dénombre 27 millions de patients atteints. En Europe, les pathologies rares identifiées touchent une population estimée à 29 millions de personnes et elles constituent depuis plusieurs années une priorité dans les programmes de santé et de recherche. Depuis 2009, il a été fait obligation à tous les pays de l’Union Européenne de mettre en place un plan national pour les maladies rares avant 2013. Ce plan d’action comporte les actions prioritaires suivantes : mieux connaitre l’épidémiologie de ces maladies ; reconnaitre leur spécificité ; développer l’information et la formation ; organiser le dépistage et l’accès aux tests diagnostiques ; améliorer l’accès aux soins et la qualité de la prise en charge ; faciliter l’accès aux médicaments orphelins ; répondre aux besoins spécifiques des patients ; promouvoir la recherche ; développer des partenariats nationaux et internationaux. En Algérie et dans les pays du Maghreb, les maladies rares ont longtemps été ignorées car méconnues par les médecins et délaissées par les autorités de santé. Il n’y a pas de registre national par groupe de maladie rare et à ce jour, nous ne disposons pas de données épidémiologiques. On estime que le nombre de patients atteints de maladies rares pourrait atteindre deux millions d’algériens à cause de la fréquence élevée des mariages consanguins qui atteint 25% dans notre pays [3]. Environ 200 maladies rares sont recensées en Algérie, 80% d’entre elles sont génétiques. Très peu d’entre elles bénéficient d’une reconnaissance par les autorités de santé. Les problèmes posés par les maladies rares en Algérie : constat actuel Les problèmes posés par les maladies rares sont partout les mêmes mais s’exprimeront avec plus d’acuité dans les pays à faibles revenus. Ils se résument en insuffisance des connaissances médicales, manque d’outils diagnostiques, absence de centres spécialisés dans la 39 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 38-40 prise en charge de ces maladies, accès très limité aux médicaments orphelins. Toutes ces insuffisances expliquent l’importante morbidité, le handicap, la mortalité élevée chez les enfants atteints de ces maladies et la souffrance des patients et de leurs parents. Le délai de diagnostic est souvent très long du fait d’une errance diagnostique : ce retard diagnostique s’explique par la méconnaissance de ces maladies par les médecins, par les difficultés pour identifier des spécialistes et par l’absence de centres d’expertise. L’accès au diagnostic biologique est très limité dans la majorité des maladies rares car peu de laboratoires sont équipés et disposent des réactifs de façon régulière et continue pour apporter la confirmation du diagnostic. Les données génotypiques sont rarement disponibles. Lorsque ces difficultés sont surmontées et qu’un diagnostic est enfin posé, l’accès au médicament orphelin souvent très couteux et une prise en charge optimale sont encore du domaine de l’inaccessible pour la majorité des patients atteints de maladies rares. Lorsque le médicament orphelin est enfin disponible, les arrêts de traitement sont fréquents en raison de ruptures dans l’approvisionnement, ce qui remet en question totalement l’efficacité attendue du traitement. Les compétences médicales pour la prise en charge des patients existent mais elles sont isolées et leurs efforts sont dispersés. L’absence de recommandations thérapeutiques (indications thérapeutiques, protocoles standardisés) et l’absence d’évaluation des résultats pour juger de la pertinence des traitements aggravent cette situation, ainsi que l’absence de filière de soins organisée et l’absence de coordination entre les différents intervenants : médecins généralistes, spécialistes, biologistes, personnel soignant. Pour répondre à la demande de soins pour ces maladies et pour changer cette situation, le Ministère de la Santé de la Population et de la Réforme Hospitalière (MSPRH) a mis en place une cellule de recensement des maladies rares et des besoins en médicaments orphelins à travers tout le territoire national. En 2011, 10.144 patients ont été recensés et 63 maladies rares ont bénéficié d’une reconnaissance officielle. Un arrêté ministériel du 6 février 2013 a fixé une liste des maladies rares, des pathologies à pronostic vital et la liste des produits pharmaceutiques destinés à leur traitement. De 2006, au début de la sensibilisation au problème des maladies rares, à 2011, le nombre de maladies rares recensées est passé de 14 à 63 et le nombre de patients de 3.000 à 10.000. Il faut souligner que ce recensement est très en-deçà de la réalité car de nombreux patients n’arrivent pas à atteindre un centre médical permettant un diagnostic précis et de nombreux services hospitaliers ne notifient pas les cas de maladies rares diagnostiquées. Le sous-diagnostic de ces pathologies est encore prédominant. Parmi les maladies rares recensées figurent les maladies métaboliques, les maladies neuromusculaires, les anomalies constitutionnelles de l’hémostase, les maladies hématologiques, les maladies neurologiques. Mais d’autres maladies rares, comme la mucoviscidose et les déficits immunitaires primitifs entre autres, ne sont pas répertoriées. Malgré ces insuffisances, cette reconnaissance des maladies rares a fait que le budget alloué à la prise en charge des patients a progressé de 2007 à 2011, mais il reste encore largement en-deçà des besoins estimés en 2012 à 18 milliards de DA (18 millions d’euros). Quels sont les défis et quelles sont les actions à mener ? L’objectif prioritaire est d’améliorer le diagnostic et la prise en charge des patients tout en optimisant les ressources. Quelles que soient celles-ci, il y a un devoir éthique à prendre en charge ces patients et à leur assurer autant que possible l’équité pour l’accès au diagnostic, au traitement et à la prise en charge. Mais les moyens limités dont nous disposons rendent nécessaire de définir une stratégie nationale et de mettre en place un plan national maladies rares, comme cela a été fait dans les autres pays. Les retombées attendues sont : - Augmenter le taux de diagnostic des maladies rares. - Améliorer la qualité de la prise en charge et la Qualité de Vie des patients. - Améliorer les connaissances sur les maladies rares. - Améliorer l’organisation des soins et le soutien aux patients et aux familles. - Faciliter l’accès aux médicaments orphelins. - Optimiser les ressources. Les actions à entreprendre sont les suivantes : 1. Améliorer le diagnostic : quand y penser ? La première action concerne la sensibilisation et la formation des MG, des pédiatres et autres spécialistes: formation complémentaire des personnels soignants pour améliorer le diagnostic. Il faut intégrer l’enseignement des maladies rares les 40 plus fréquentes dans le cursus des études médicales. 2. Supprimer l’inégalité d’accès à un diagnostic biologique de certitude : développer le diagnostic biologique et le diagnostic génétique est certainement le facteur limitant et l’obstacle prédominant. Cette étape passe par l’identification des laboratoires capables de faire un diagnostique biologique et leur dotation de tous les moyens nécessaires. Actuellement, le diagnostic biologique de la plupart des maladies rares est effectué par un seul laboratoire situé à Alger. Il est donc impératif de développer au moins un laboratoire par région sanitaire (Centre, Est, Ouest) en tenant compte des spécificités des maladies rares les plus fréquentes. 3. Enregistrer les patients : mettre en place un REGISTRE par groupe de maladies rares ou par maladie pour notifier tous les patients et identifier les besoins en soins spécifiques et en médicaments. L’utilisation de la CIM 11 donnera plus de visibilité aux maladies rares. 4. Identifier les centres de référence par maladies rares ou groupe de maladies rares : ils doivent être capables de faire le diagnostic, la prise en charge, d’établir et de diffuser les protocoles de traitement, de définir les décisions de mise sous traitement, d’assurer la formation des personnels de santé. L’absence de centre de référence constitue actuellement un obstacle réel à la prise en charge optimale de ces patients. 5. Identifier les centres de compétence à un niveau régional capables d’assurer le diagnostic et la prise en charge des patients en coordination avec les centres de référence. 6. Faciliter l’accès à une prise en charge et l’accès au médicament orphelin tout en veillant à la continuité des soins. L’accord des professionnels sur les indications de traitement, les critères d’évaluation de la réponse au traitement, les décisions d’arrêt des traitements en cas d’absence de bénéfice est indispensable car le coût élevé des traitements impose une gestion rigoureuse et des indications parfaitement ciblées. 7. Améliorer les relations entre médecins aux différents niveaux de la prise en charge : organisation de la filière de soins c’est-à-dire relation entre centres de diagnostic et traitement et hôpitaux périphériques Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 38-40 8. Etre les interlocuteurs des autorités de santé qui doivent en urgence mettre en place une politique cohérente dans le domaine des maladies rares. 9. Encourager la création, soutenir et être les interlocuteurs des associations de malades. 10. Développer le diagnostic génétique anténatal et le dépistage néonatal. La Société Algérienne de Pédiatrie s’est engagée dans la sensibilisation et la formation des pédiatres pour améliorer le taux de maladies rares diagnostiquées : un séminaire de deux jours consacré aux maladies héréditaires du métabolisme réunissant 250 pédiatres a été organisé en octobre 2013. En Décembre 2013, au cours du congrès national de pédiatrie, une table ronde consacrée aux maladies rares les plus fréquentes a été organisée ainsi que des workshops sur les déficits immunitaires primitifs et sur les maladies lysosomales. Différents groupes de travail ont été mis en place : Maladies métaboliques, Mucoviscidose, Déficits immunitaires primitifs. Des rencontres réunissant praticiens, personnel soignant, et associations de patients se sont tenues à l’occasion de la journée mondiale des maladies rares le 28 février 2014. Ces rencontres sont l’occasion de soutenir l’action des associations de patients. Des partenariats nationaux, maghrébins et internationaux sont développés dans différentes maladies rares: c’est le cas pour l’hémophilie, la mucoviscidose [4], les déficits immunitaires primitifs, les maladies neuromusculaires et d’autres. Ces actions doivent s’amplifier et se poursuivre. Tous les acteurs impliqués dans le réseau de soins ou dans le réseau associatif doivent participer à cet effort pour faire sortir les maladies rares et les patients de l’isolement dans lequel ils se trouvent. L’organisation de la filière de soins et la prise en charge coordonnée et codifiée des maladies rares aura un coût bien moins élevé que le «laisser-faire». Références 1.Guillevin L. Le plan national Maladies rares – Bientôt 10 ans. Revue neurologique. 2013, 169(S1) : S9-S11. 2. Aymé S, Rodwell C. Report on the state of art of rare disease activities in Europe. www.eucerd.eu. 2013. 3. Benallègue A, Kedji F. La consanguinité en Algérie. Arch Fr Pediatr. 1984. 4.Boukari R. Maladies rares : débat pourtour méditerranéen. Quels sont les partenariats existants ? Quels sont les manques ? Médecine/sciences. 2014, 30 (hors série n°1). 41 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 41-42 Conférences Maghrébines Reconnaitre, évaluer, prévenir et traiter la douleur en néonatologie A. Weddih Professeur de pédiatrie, Chef Service Pédiatrie, CHN Nouakchott, Mauritanie Reconnaitre la douleur La douleur, définie par l’association internationale pour l’étude de la douleur comme étant «une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à un dommage tissulaire réel ou virtuel ou décrit en terme d’un tel dommage» était peu reconnue et traitée en période néonatale jusqu’à il y a une vingtaine d’année. Cette époque de la négation a été illustrée de façon éloquente par le docteur Daniel Alagille, patron de pédiatrie, qui écrivait en 1992 : « Les bébés ne souffrent pas. Lorsqu’ils crient, c’est de colère, de faim, de soif, ou bien encore pour rien. De toute façon, c’est bon pour eux, comme leur premier cri à la naissance, cela défrise leurs alvéoles et améliore la capacité respiratoire ». Pourtant 5 ans auparavant, le docteur Kanwaljeet Anand a été le premier à démontrer que les structures anatomiques, neurophysiologiques et hormonales nécessaires pour la perception de la douleur étaient présentes chez le fœtus dès la 24ème semaine d’âge gestationnel [1]. Par la suite, de nombreux travaux scientifiques publiés dans de prestigieuses revues internationales se sont succédés confirmant la nécessité de prévenir et de traiter cette douleur, pour diminuer la mortalité néonatale et pour réduire le risque de complications à court, moyen et long terme. Ces complications peuvent être des hémorragies intraventriculaires, des leucomalacies péri-ventriculaires ou d’autres anomalies neuro-anatomiques et comportementales [2,3]. Elles peuvent être redoutables chez le prématuré soumis à des interventions invasives et répétées dans un environnement qui ne prend pas en considération sa sensorialité. En effet les systèmes auditifs, olfactifs et visuels sont particulièrement sollicités par les stimuli issus de l’environnement physique du nouveau-né. Les études expérimentales animales et d’observation chez l’homme ont démontré que la douleur néonatale pourrait contribuer à d’importantes modifications à long terme dans les systèmes de réaction au stress avec des anomalies neuro-anatomiques et comportementales permanentes. Une étude de cohorte en France en 2008 avait révélé des troubles cognitifs chez près de 40% des grands prématurés à l’âge de 5 ans. Dans leur genèse, des facteurs environnementaux incluant des stimulations sensorielles inadaptées sont maintenant incriminés en plus des facteurs médicaux habituellement identifiés. Evaluer la douleur Les sourcils foncés, les paupières serrées, le sillon naso-labial accentué et la bouche grande ouverte sont autant de signes évidents de douleur chez le nouveauné. Pour l’hétéro-évaluation de la douleur aigue, il existe plusieurs scores validés. L’échelle la plus facile et la plus utilisée dans notre contexte reste celle de DAN (douleur aigue du nouveau-né) publiée en 1997 et qui évalue l’expression faciale, les mouvements des membres et l’expression vocale de la douleur. Le seuil au-delà duquel on évoque la présence de douleur est de 3/10. D’autres scores incluent en plus de ces paramètres la fréquence cardiaque, respiratoire et la saturation en oxygène. Pour les nouveau-nés dont l’expression faciale n’est pas accessible, le score de FANS (Faceless Acute Neonatal Pain Scale) peut être une bonne alternative. Ce score explore les variations de la fréquence cardiaque, la survenue d’un malaise aigu (bradycardie ou désaturation), les mouvements des membres et l’expression vocale. L’évaluation de la douleur chronique ou l’inconfort du nouveau-né fait appel surtout à l’échelle d’EDIN (échelle de la douleur et de l’inconfort nouveauné) qui explore l’aspect du visage, la motilité du corps, 42 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 41-42 le sommeil, le contact avec le personnel de santé et la consolabilité. Le seuil retenu est de 5/10. L’échelle Comfort est utilisée chez les malades ventilés et sédatés en réanimation. Prévenir et traiter la douleur La gestion de la douleur pose un réel défi en milieu hospitalier car il y a, d’une part, des impératifs de sécurité et de soins incontournables mais source de douleur et de stress et, d’autre part, une nécessité d’adapter l’environnement aux capacités sensorielles des nouveau-nés pour préserver leur homéostasie. Cette situation demeure un problème d’actualité dans les unités de soins intensifs néonatals. C’est ainsi qu’une enquête canadienne publiée en 2011 révélait que « sur une semaine, 580 nouveau-nés avait reçu plus de 17.500 gestes douloureux dont la moitié environ n’était pas traitée ». La prise en charge de la douleur repose sur l’analgésie pour diminuer la sensibilité aux stimuli douloureux et la sédation pour lutter contre l’anxiété, l’agitation et la mémorisation. L’utilisation de moyens non médicamenteux tels que la lutte contre les stimuli nosocomiaux (bruits, lumière, odeurs), le regroupement des soins, le respect du rythme circadien, les soins kangourou, la succion non nutritive, l’allaitement maternel avec le peau-à-peau et l’utilisation du saccharose représentent aujourd’hui des stratégies essentielles dans la prévention et la prise en charge de la douleur légère à modérée dans les unités de néonatologie. La revue systématique Cochrane 2013 (57 études) avait conclu que le saccharose avait une efficacité réelle pour réduire la douleur lors des ponctions répétées du talon, du sondage vésical, de la ponction veineuse, de la circoncision, de l’examen ophtalmologique, de la mise en place d’une sonde naso-gastrique et lors d’in- jections sous-cutanées chez les nouveau-nés hospitalisés. Le saccharose, à une concentration de 24%, réduit la douleur des gestes avec peu ou pas d’effets secondaires. La dose recommandée n’est pas consensuelle. Elle est de 0,5 à 1 ml en fonction de l’âge gestationnel et doit être administrée 2 minutes environ avant le geste. L’action analgésique serait secondaire à une libération d’endomorphines. Ces mesures non pharmacologiques sont plus efficaces quand elles sont associées entre elles [3,5]. Par exemple, le saccharose avec l’allaitement maternel ou la succion non nutritive. Pour des situations plus douloureuses, la combinaison avec des analgésiques est souvent indispensable. Le palier de ces antalgiques, allant du paracétamol au morphiniques, doit être adapté à chaque situation. L’utilisation d’une anesthésie locale peut être indiquée également. La prise en charge de la douleur est un processus qui doit être continuellement évalué pour pouvoir le réadapter à la réponse du malade. Elle doit faire appel à des protocoles écrits et bien assimilés par le personnel de soins dans les unités de néonatologie. Références 1. 2. Anand KJS, Hichey RR. Pain and its effects in the human neonate and foetus. N Engl J Med. 1987; 317: 1321-9. Taddio A, Goldbach M, Ipp M et al. Effect of neonatal circumcision on pain responses during vaccination in boys. Lancet, 1995, 345: 291-2. 3.American academy of pediatrics. Prevention and management of pain in the neonate: an update. Pediatrics. 2006, 118(5). 4. Kuhn P, Zores C, Astruc D, Dufour A, Casper Ch. Sensory system development and the physical environment of infants born very preterm. Arch Pédiatr. 2011,18: S92-S102. 5. Stevens B, Yamada J, Lee GY, Ohlsson A. Sucrose for analgesia in newborn infants undergoing painful procedures. Cochrane Database Syst Rev. 2013 Jan 31; 1:CD001069. 43 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 43-44 Conférences Maghrébines Conduite à tenir devant un micropénis T. Hachicha Mongia-Kamoun Professeur de pédiatrie, Service Pédiatrie, CHU Hédi Chaker, Sfax, Tunisie Introduction Le micropénis est un motif fréquent de consultation, et se définit comme une insuffisance de développement de la verge avec une configuration anatomique normale. Son incidence est variable, estimée à 1/10.000 enfants [1]. Il relève d’étiologies multiples et doit conduire à une enquête étiologique rigoureuse comportant un interrogatoire minutieux, un examen clinique complet et des investigations orientées selon le contexte clinique. La prise en charge est améliorée grâce aux outils diagnostiques permettant d’instaurer un traitement efficace précoce avant la puberté, et qui sera adapté selon l’étiologie. Diagnostic positif Le diagnostic positif est clinique grâce à la mesure de la longueur du pénis dont la méthode classique est d’utiliser une règle rigide tenue contre le pubis à un angle droit chez un enfant en position couchée. La longueur de la verge est mesurée sur sa face dorsale, depuis la racine jusqu’à l’extrémité du gland, en déprimant la graisse sus pubienne et en exerçant une très légère traction sur le gland. Le micropénis est défini par une longueur inférieure à 2,5 cm à la naissance, et < -2,5 DS par rapport à l’âge selon les courbes de référence de Schonfeld [2]. Il est généralement facile d’éliminer les faux micropénis à savoir : verge enfouie dans la graisse sus-pubienne mais de taille normale, verge enlisée en raison de l’implantation très antérieure de la peau du scrotum, verge incurvée ou coudée, torsion de la verge, agénésie de la verge, et les troubles de la perception de la longueur de la verge. Diagnostic étiologique Il repose sur l’interrogatoire qui doit rechercher les antécédents personnels (hypoglycémie néonatale, anos- mie ou hypoanosmie) et familaux (stérilité, retard pubertaire et les anomalies des organes génitaux externes). L’examen clinique doit préciser la taille, le poids et l’indice de masse corporelle et doit rechercher un syndrome malformatif avec ou sans retard mental qui peut orienter vers une cause génétique. L’examen des organes génitaux externes doit être complet : dimension et forme de la verge, forme du scrotum, position, dimension et consistance des testicules, et palpation des corps caverneux. Le bilan hormonal de base comporte le dosage de la testostérone et des gonadotrophines hypophysaires (LH, FSH) chez les enfants âgés de 0 à 6 mois et de plus de 14 ans. L’étude de la fonction testiculaire par le test de stimulation par les gonadotrophines chorioniques (HCG) est utile si le micropénis est associé à une cryptorchidie ou si les testicules sont dysgénésiques. Ce test consiste à donner 6 injections de HCG en IM (1500U par injection) à 48H d’intervalle avec dosage de la testostérone et de la DHT avant la 1ère injection et 24 heures après la dernière injection. L’évaluation de la sécrétion des gonadotrophines de base et après stimulation par la LH-RH est souvent utile, chez le nouveau-né comme chez l’adolescent, pour identifier un éventuel hypogonadisme hypogonadotrope. Le caryotype avec étude du SRY est de plus en plus indiqué pour préciser le sexe et éliminer d’autres syndromes. Un bilan plus élargi peut être effectué en fonction des signes cliniques d’appel (dosage de GH, AMH, Inhibine B, 17OHP, delta-4-androsténédione...). L’imagerie est indiquée en fonction des données de l’examen clinique et comporte l’échographie abdominopelvienne et testiculaire et l’IRM de la région hypothalamo-hypophysaire [4]. Etiologies Les étiologies du micropénis sont nombreuses [3] et 44 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 43-44 sont classées en : 1. Insuffisance de sécrétion de la testostérone : hypogonadisme hypogonadotrope (syndrome de Kallman, Prader Willi, Laurence Moon, Bardet Biedl, déficit isolé en gonadotrophines ou associé à d’autres déficits hypophysaires) ou hypogonadisme hypergonadotrope (Klinefelter, anorchidie, dysgénésies gonadiques (forme partielle)... 2. Défaut d’action de la testostérone : déficit en 5 α réductase, insensibilité partielle aux androgènes, déficit en GH, déficit en IGF1. 3. Micropénis et malformations congénitales. 4. Idiopathique : dans certains cas l’étiologie du micropénis isolé reste méconnue. Pour ces micropénis considérés comme « idiopathiques », il est hautement probable que les perturbateurs endocriniens environnementaux jouent un rôle prépondérant. Prise en charge thérapeutique Le traitement a pour objectifs d’améliorer la longueur de la verge, d’éviter les problèmes psychologiques et de mener une vie sexuelle satisfaisante. Il est essentiellement médical, basé essentiellement sur la testostérone retard administrée sous différents protocoles à la dose de 25 mg en IM toutes les 3-4 semaines (4 injections) chez le nourrisson, 50 mg en IM toutes les 3-4 semaines (4 injections) chez l’enfant et à la dose de 100 mg/m2 tous les 15 jours pendant 2 mois [1]. L’androgénothérapie locale a été utilisée mais son efficacité n’a été prouvée que dans les déficits en 5-α-réductase [4]. Les effets secondaires d’un traitement de courte durée (virilisation, accélération de la croissance et de la maturation osseuse) sont minimes et transitoires. L’administration de l’hormone de croissance peut induire la croissance de la verge en cas dé déficit en GH sans déficit gonadotrope associé. Le traitement néonatal par les gonadotrophines (FSH-LH recombinant) en cas de déficit gonadotrope congénital permet d’améliorer les fonctions sexuelles et la reproduction à l’âge adulte. Les indications d’un traitement chirurgical sont rares, du fait que l’androgénothérapie est souvent suffisante. L’élargissement du pénis sans chirurgie avec l’AndroPenis ® peut être utilisé. Les résultats du traitement dépendent de l’âge et de l’étiologie du micropénis. Les meilleurs résultats sont obtenus quand le traitement est institué avant l’âge de 1 an [5]. Si le traitement est institué plus tardivement, les résultats sont généralement moins bons. Il est inefficace, quelle que soit la dose, après la puberté. Le pronostic est généralement bon en cas de déficit en testostérone ou en gonadotrophine et il est réservé en cas d’insensibilité aux androgènes. Conclusion Les causes du micropénis sont multiples, le bilan est axé sur l’exploration de l’axe hypothalamo-hypophysogonadique. Le traitement est essentiellement médical. Nous insistons ainsi sur un diagnostic précoce notamment par un examen systématique des organes génitaux externes à la naissance afin d’assurer une prise en charge précoce. Références 1. Hatipoglu N, Kurtoglu S. Micropénis : etiology, diagnosis and treatment approches. J Clin Res Pediatr Endocrinol. 2013, 5(4): 217-23. 2.Schonfeld WA, Beebe GW. Normal growth and variation in the male genetelia from birth to maturity. J Urol. 1942, 48 : 759-77. 3. Wiygul J, Palmer LS. Micropenis. Scientific World Journal. 2011, 11: 1462-9. 4. Arisaka O, Hoshi M, Kanazawa S and al. Systemic effects of transdermal testosterone for the treatment of microphallus in children. Pediatr Int. 2001, 43:134-6. 5. Husmann DA, Cain MP. Microphallus : eventuel phallic size is dependent on the time of androgen administration. J Urol. 1994, 152 : 734-9. Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 45-46 45 Conférences Maghrébines La neuroprotection et l’épilepsie : concepts actuels et perspectives A. Lebied Professeur de pédiatrie, Alger, Algérie Le concept de neuroprotection se définit comme un ensemble de stratégies efficaces de prévention, de sauvetage, de récupération ou de régénération après une lésion ou une perte neuronale. Si les convulsions d’une durée inférieure à quelques minutes ne peuvent pas causer des effets nocifs sur le cerveau, des convulsions prolongées ou état de mal épileptique (EMC) sont associés à des lésions neuronales qui semblent être spécifiques à l’âge. La mort cellulaire apoptotique est relativement propre, « en altérant les antigènes de surface et évitant la rupture du corps de la cellule, les neurones apoptotiques peuvent être phagocytés par les macrophages ou les cellules gliales et donc aboutir à une réduction drastique de l’inflammation ». Ce n’est pas le cas avec la mort cellulaire nécrotique, qui est considérée comme étant « chaotique ». Les changements compensatoires qui vont lui succéder seront soit d’ordre fonctionnel, soit structurel (neurogenèse, réorganisation synaptique) et peuvent être préjudiciables au cerveau. Ainsi, des stratégies doivent être développées non seulement pour limiter la perte neuronale, mais aussi pour modifier les autres changements compensatoires qui ont des effets délétères certains. Actuellement, la plupart des études se concentrent sur les lésions neuronales. Avant que les mécanismes des lésions ne soient décrits, il a bien été établi que l’hypoxie/ ischémie qui dure plusieurs minutes peut provoquer des lésions cérébrales irréversibles. D’autres recherches ont indiqué que la reperfusion induit la production de radicaux libres de l’oxygène. Ces radiaux libres vont entrainer une réaction en chaîne avec rupture de la membrane cellulaire neuronale provoquant la mort cellulaire nécrotique. Le cerveau utilise le glucose comme source d’énergie primaire. L’acide glutamique, ou le glutamate, est issu du métabolisme du glucose (cycle de Krebs). C’est un métabolite qui est répandu dans le cerveau et dans le liquide céphalorachidien (LCR). Le glutamate est impliqué dans plusieurs processus métaboliques dans le cerveau. C’est un élément important dans la synthèse des protéines et des peptides, et joue un rôle en tant que précurseur, du gamma-amino-butyrique (GABA) qui est un neurotransmetteur inhibiteur. Par conséquent, l’observation selon laquelle un niveau élevé de glutamate dans le LCR a été associé à une activité accrue du cerveau, pourrait lui faire attribuer un rôle de neurotransmetteur excitateur. En outre, l’excito-toxicité induite par le glutamate est un mécanisme important par lequel la perte neuronale peut se produire. L’augmentation de la perméabilité de la membrane cellulaire aux cations sodium (Na+) et de calcium touchant les canaux Ca++ et le canal Na+ est la conséquence de l’activation des récepteurs ionotropiques du glutamate. De même il y aura interaction avec d’autres neuro-transmetteurs : AMPA (alpha-amino-3-hydroxy5-méthyl-isoxazeleproprionate), acide kaînique (kainate), ou NMDA (N-méthyl-D-aspartate). Ces interactions aboutissent à un accroissement du flux du calcium et conduire à la mort cellulaire, et selon la disponibilité de l’énergie ce sera de la nécrose ou de l’apoptose, ou les 2 à la fois. Dans la plupart des modèles expérimentaux, les lésions neuronales se produisent dans l’hippocampe, donnant un aspect histologique observé chez les patients opérés pour une épilepsie temporale, pharmaco-résistante. Un des buts de la neuroprotection est d’empêcher l’apparition d’une condition épileptogène aboutissant à une épilepsie. Les médicaments qui empêcheront l’accumulation intracellulaire de Ca ++ peuvent avoir un tel rôle. Un autre groupe de médicaments peut prévenir les processus qui déclenchent la nécrose ou l’apoptose suite à l’accumulation persistante de Ca++. Enfin, les médicaments peuvent aussi empêcher les changements compensatoires, tels que la gliose, la réorganisation synaptique, ou néo-neurogénèse. 46 Dans notre discussion, nous nous concentrons sur les aspects de dommages neuronaux qui sont liés à l’épilepsie et peuvent être similaires mais non identiques à ceux observés dans l’ischémie. Les antiépileptiques actuellement disponibles constituent un groupe hétérogène de produits chimiques ayant un large éventail d’effets biologiques. Les mécanismes par lesquels ils agissent sont : limitation de la durée des décharges (blocage des canaux Na +) ; amélioration de l’inhibition médiée par le GABA ; atténuation de l’activité de canaux Ca + «voltage sensibles » ; diminution de l’excitation par le glutamate. La complexité de l’épilepsie ne peut être résolue par les modèles animaux et les recherches cliniques doivent être soutenues pour trouver les réponses pour une neuroprotection efficace. Par ailleurs, il faudra approfondir nos connaissances pour identifier les effets spécifiques liés à l’âge de l’EMC ou des crises survenant tôt dans la vie pour l’identification d’une autre série de conséquences que celles observées dans le cerveau mature. Par conséquent, les stratégies neuroprotectrices par âge doivent être développées. L’utilisation d’antiépileptiques (AE) (anciens et nouveau AE) se heurte à un résultat mitigé qui reste en-deçà des espoirs des soignants et de leurs malades, surtout concernant les épilepsies réfractaires. La rationalisation des prescriptions par une meilleure approche des mécanismes de neuroprotection cités ci-dessus devrait aboutir à de meilleurs résultats. Par ailleurs l’avenir semble s’orienter vers la mise au point de nouvelles thérapeutiques innovantes utilisant tour à tour les techniques de greffes cellulaires (comme pour la maladie de Parkinson) ou l’utilisation de la thérapie génique passant soit par l’intermédiaire de vecteurs vitaux, soit par des protéines sensibles à la lumière (optogénétique). Ces stratégies de traitement novatrices pour l’épilepsie sont actuellement à l’étude. Elles ont des avantages et des inconvénients. Toutefois la mise au point de gènes à base d’AAV pour les régulateurs de l’excitabilité endogène, tel que le NPY, semble avoir fait des progrès considérables vers l’application clinique. Il est possible Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 45-46 que le chemin pour y arriver reste plus ou moins long, mais cette note d’espoir pour tout le monde méritait d’être soulignée. Références 1. Motamedi GK, Gonzalez-Sulser A, Dzakpasu R, Vicini S. Cellular mechanisms of desynchronizing effects of hypothermia in an in vitro epilepsy model. Neurotherapeutics. 2012; 9(1) : 199–209. 2. Jernigan TL, Trauner DA, Hesselink JR, Tallal PA. Maturation of human cerebrum observed in vivo during adolescence. Brain 1991 ; 114( Pt 5) : 2037–49. 3. Jørgensen OS, Dwyer B, Wasterlain CG. Synaptic proteins after electroconvulsive seizures in immature rats. J Neurochem 1980;35(5):1235–7. 4.Metz-Lutz MN, Kleitz C, de Saint Martin A, Massa R, Hirsch E, Marescaux C. Cognitive development in benign focal epilepsies of childhood. Dev Neurosci 1999;21(3–5):182–90. 5. Fuerst D, Shah J, Shah A, Watson C. Hippocampal sclerosis is a progressive disorder : a longitudinal volumetric MRI study. Ann Neurol 2003;53(3):413–6. 6.Hamed SA. The aspects and mechanisms of cognitive alterations in epilepsy: the role of antiepileptic medications. CNS Neurosci Ther 2009;15(2):134–56. 7. Klein B, Levin BE, Duchowny MS, Llabre MM. Cognitive outcome of children with epilepsy and malformations of cortical development. Neurology 2000;55(2):230–5. 8. Rabinowicz AL, Correale J, Boutros RB, Couldwell WT, Henderson CW, DeGiorgio CM. Neuron-specific enolase is increased after single seizures during inpatient video/EEG monitoring. Epilepsia 1996; 37(2): 122–5. 9. Sloviter RS. Status epilepticus-induced neuronal injury and network reorganization. Epilepsia 1999;40 Suppl 1:S34–9. 10. Bengzon J, Kokaia Z, Elmér E, Nanobashvili A, Kokaia M, Lindvall O. Apoptosis and proliferation of dentate gyrus neurons after single and intermittent limbic seizures. Proc Natl Acad Sci U S A 1997;94(19):10432–7. 11. Cavazos JE, Das I, Sutula TP. Neuronal loss induced in limbic pathways by kindling: evidence for induction of hippocampal sclerosis by repeated brief seizures. J Neurosci 1994; 14(5 Pt 2):3106–21. 12. Kotloski R, Lynch M, Lauersdorf S, Sutula T. Repeated brief seizures induce progressive hippocampal neuron loss and memory deficits. Prog Brain Res 2002; 135:95-110 13. Reid IC, Stewart CA. Seizures, memory and synaptic plasticity. Seizure 1997; 6(5): 351-9. 14. Zhang G, Raol YH, Hsu FC, Coulter DA, Brooks-Kayal AR. Effects of status epilepticus on hippocampal GABAA receptors are age-dependent. Neuroscience 2004; 125(2): 299-303. 47 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 47-48 Ateliers Prise en charge des complications aigues dans le diabète de type 1 K. Berkouk1, C. Kaddache2 1 2 Professeur de pédiatrie, Service de pédiatrie, CHU Bab El Oued, Alger, Algérie Professeur de pédiatrie, Service de pédiatrie, CHU Blida, Algérie L’objectif de la prise en charge dans le diabète de type 1 (DT1) est d’éviter les complications micro- et macrovasculaires à long terme, tout en évitant les séquelles neurologiques de l’hypoglycémie aiguë et de l’hyperglycémie qui peut évoluer vers acidocétose en l’absence de détection et de prise en charge précoce. Nous nous proposons, à travers un atelier pratique et la présentation de cas cliniques interactifs, de faire le point sur la prise en charge de ces 2 complications aigues. Nous en rapportons ici les points essentiels. 1. Prise en charge du coma acido-cétosique L’augmentation de l’incidence du DT1 de l’enfant fait craindre un accroissement de la morbidité et de la mortalité liées aux complications de l’acidocétose diabétique (ACD) encore trop souvent révélatrice du DT1. Définition de l’acido cétose-diabétique Les critères biochimiques pour le diagnostic d’acidocétose sont : l’hyperglycémie (glycémie > 11 mmol/l [~ 2,00 g/l)]), le pH veineux < 7,3 ou bicarbonates < 15 mmol/l, la cétonémie et cétonurie. La sévérité est classée en : Légère: pH < 7.30 et bicarbonates <15 mmol/L Moyenne: pH < 7.20 et bicarbonates <10 mmol/L Sévère: pH < 7.10 et bicarbonates < 5 mmol/L Au cours des dernières années, l›utilisation de lignes directrices écrites standardisées pour le traitement a abouti à un taux de mortalité de moins de 1% dans les pays les plus développés. Correction de l’hyperglycémie - La voie veineuse est conseillée en raison d›une réduction possible de résorption de l›insuline par voie intramusculaire ou sous-cutanée chez ces malades déshydratés. - Il ne faut pas faire un bolus IV au début du traitement car il peut augmenter le risque d’œdème cérébral. - Il faut commencer la perfusion d’insuline 1-2 heures après le début de la réhydratation. - Le débit au pousse-seringue est de 0,1 UI/kg/h (0,05 UI/kg/h chez l›enfant de moins de 3 ans). Ce débit doit être maintenu jusqu›à résolution de l›acidocétose. En l›absence de pousse-seringue, nous continuons à utiliser l›insuline rapide administrée à raison de 22 UI/L dans tous les flacons utilisés lors de la réhydratation. Il est important de respecter le débit afin d›éviter une hypoglycémie. - La glycémie doit diminuer à un rythme de 0,5-0,7g/ l/heure. Correction de l’acidose Aucune étude ne montre à ce jour l›intérêt d›une alcalinisation à la phase initiale du traitement de l›ACD. Correction de la déshydratation Il n’y a pas de preuve convaincante d’une association entre le débit de perfusion d’eau et de sodium utilisé dans le traitement de l’acidocétose et le développement de l’œdème cérébral. Il est cependant recommandé ce qui suit : - La déshydratation est de 5-7% dans l’acidocétose modérée et de 7-10% dans l’acidocétose sévère. Elle est souvent mal estimée par conséquent, le débit ne doit pas dépasser 1,5-2 fois le besoin quotidien d’entretien adapté à l’âge, au poids ou à la surface corporelle. Le débit de liquide (IV et oral) devrait être calculé pour répartir la réhydratation sur 48 heures. 48 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 47-48 - Le volume et le débit de perfusion dépendent de l’état circulatoire. Le volume administré est de 10 ml/kg/h pendant 1-2 heures (8cc/kg /h si natrémie <138meq/I) sous la forme de SSI et peut être répété si nécessaire - Le soluté utilisé par la suite est du sérum glucosé 5% avec des électrolytes et notamment du potassium qui peut être administré dès le début de la perfusion et avant l’insuline en cas d’hypokaliémie. 2. Prise en charge de l’hypoglycémie C’est la complication aigue la plus fréquente. C’est une urgence thérapeutique. L’American Diabetes Association (ADA) définit l’hypoglycémie pour une valeur inférieure à 3,9 mmol/l (0,70 g/l) dans tous les groupes d’âge. L’hypoglycémie est dite mineure si le patient se traite seul, et sévère si la prise en charge nécessite une intervention extérieure pour sa correction. Les facteurs prédictifs d’hypoglycémie sévère sont l’âge (petite enfance et adolescence), l’augmentation de la durée du diabète, une hémoglobine A1c (HbA1c) plus basse, des doses d’insuline plus importantes. d›insuline en réduisant la dose de rapide et prendre son repas. Hypoglycémie sévère: l›entourage de l›enfant doit injecter du glucagon en sous cutanée (rôle des séances d›éducation thérapeutiques). Posologie : pour un poids <25 kg, 0,5 mg de glucagon soit une demi-ampoule, pour un poids > 25 kg : 1mg de glucagon soit une ampoule. Si le glucagon n›est pas disponible ou la reprise de la conscience insuffisante: injecter par voie intraveineuse 0.5 g/kg du sérum glucosé 30% (ampoule de 20 cc = 6 g). Si l›hypoglycémie récidive: perfusion de sérum glucosé de 10% à raison de 2 à 5 mg/kg/mn (1,5-3mg/kg/h) puis réduction progressive jusqu›au retour de la conscience. La surveillance de la glycémie doit se faire toutes les 15 mn tant qu›elle n›est pas normale. L›enfant ou son entourage doivent noter sur son carnet l›accident, son horaire, ses manifestations cliniques, son alimentation le jour de l›accident et son traitement, et rechercher la cause qui peut être un apport alimentaire insuffisant (omission d›un repas ou collation), un exercice physique inhabituel, des doses d›insuline excessives, l’existence de lipodystrophies, l’injection dans une zone de lipodystrophie. Prise en charge thérapeutique Hypoglycémie mineure : dès la confirmation (bandelettes) l’enfant doit prendre du sucre 1 morceau de 5 gr pour 20 kg de poids puis des sucres lents (pain). La glycémie doit se normaliser en 10 mn. Si la glycémie ne se normalise pas il faut reprendre du sucre à la même dose. Si cet accident survient au moment de l›injection d›insuline, l›enfant doit corriger son hypoglycémie, puis une fois celle-ci normalisée, faire son injection Références 1. 2. 3. 4. ISPAD clinical practice consensus guidelines. Pediatr Diabetes. 2009, 10Suppl 12. Barski L, Kezerle L, Zeller L and al. New approaches to the use of insulin in patients with diabetic ketoacidosis. European Journal of InternalMedicine. 2013; 24: 213-216. Blanc N, Lucidarme N, Tubiana-Rufi N. Facteurs associés à l’acidocétose révélatrice du diabète de l’enfant et à sa sévérité. Archives de pédiatrie. 2003; 10: 320–5. ADA. Standards of Medical Care in Diabetes. Diabetes Care. 2013. 36: S11-S66. 49 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 49-51 Ateliers Diagnostic des déficits immunitaires primitifs F. Ailal, A.A. Bousfiha Unité d’Immunologie Clinique, Service des Maladies Infectieuses Pédiatriques, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca. Moroccan Society For Immunodeficiencies Les déficits immunitaires primitifs (DIP) constituent actuellement une approche innovante de l’infectiologie chez l’homme. En effet, d’une dizaine de maladies il y a 30 ans, les DIP regroupent actuellement environ 250 maladies que nous pouvons répartir en 2 groupes : le premier prédispose à un large éventail de germes (bactéries, virus, champignons, etc…) et est constitué par les anciens DIP comme les agammaglobulinémies, les neutropénies et les déficits immunitaires combinés sévères (SCID) ; le 2e grand groupe est essentiellement représenté par de nouvelles maladies qui prédisposent à un groupe de germes ou à un seul germe comme la Mendelian Susceptibility to Mycobacteria Diseases (MSMD), la prédisposition aux Pneumocoques, à l’Herpès ou au Candida,… Les DIP se trouvent donc impliqués ainsi dans des maladies constituant un problème de Santé Publique, comme la tuberculose, les méningites… Ainsi, ce qui était considéré comme rare il y a encore quelques années, se révèle être plus fréquent qu’on le pensait. Les études les plus récentes tendent à prouver que plus de six millions de patients vivraient avec un DIP dans le monde. Le mécanisme ou la pathogénie des DIP correspond essentiellement à des blocages de maturation des cellules du système immunitaire, aboutissant à l’absence de cellules matures, ou présence de cellules non fonctionnelles. Sur la base de cette pathogénie, 9 groupes de DIP ont été identifiés par le comité des experts des DIP de l’International Union of Immunological Societies (IUIS) : I. Combined immunodeficiencies II. Well-Defined syndromes with immunodeficiency III. Predominantly Antibody deficiencies IV. Diseases of immune dysregulation V. Congenital defects of Phagocyte number, function, or both VI. Deficiencies of Innate Immunity VII.Auto-inflammatory disorders VIII.Complement deficiencies IX. Phenocopies of PID Les manifestations cliniques de ces DIP sont très variées, allant d’un tableau très évocateur car associé à une atteinte d’autres organes que le système immunitaire (syndrome de DiGeorge, Ataxie Télangiectasie…) ou bien une présentation inhabituelle d’infections, du fait de leur répétition (2 pneumonies documentées en 1 année évoquent une agammaglobulinémie) ou des germes opportunistes impliqués. Mais la symptomatologie peut être assez habituelle ou frustre, comme les méningites sur déficit en complément ou les infections respiratoires au cours d’un déficit immunitaire commun variable (DICV). Ici, nous vous proposons une classification simplifiée de ces patients en 4 groupes (Tableau 1). L’exploration des DIP est orientée par la clinique et les résultats de l’hémogramme, ainsi que celui de la microbiologie. La Société Marocaine des Déficits Immunitaires a développé des recommandations pour l’exploration de ces pathologies : 1. Quand un DIP est suspecté, exclure d’abord une infection au VIH. 2. Deux pneumonies en un an : penser aux Déficits Humoraux et évaluer les taux d’IgG, IgA et IgM 3. En cas d’Hypogammaglobulinémie : penser à la maladie de Bruton si les lymphocytes B (CD19+) <2% ; et penser au DICV si CD19+ >2%. Pour le Déficit isolé en IgA (à ne discuter qu’après l’âge de 2 ans) : doser les sous-classes des IgG + Anticorps anti-pneumocoques. 4. Si infections opportunistes (ex : pneumonie interstitielle, diarrhée persistante et/ou muguet buccal résistant au traitement) : penser aux Déficits Combinés Sévères SCID si les lymphocytes totaux sont inférieurs à 3000/ mm3 avant l’âge de 2 ans (lymphopénie CD3). Et s’ils 50 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 49-51 Tab.I. Classification clinico-microbiologique des DIP en 4 groupes. Le DIP DIH DIC DINS DIC complexe Age du début 6 mois – 2ème décade - ˃ 2 pneumonies/an - > 4 otites/an - DDB - Diarrhées répétées, Pyodermite 3-6 mois Néonatal Plus de 2 ans - Pneumopathie interstitielle - Diarrhée Chronique - Muguet buccal rebelle - Septicémie - Abcès hépatique, cutané, pulmonaire - Stomatites - Retard de la chute du cordon ombilical. - Méningites répétées Staphylocoque, Aspergillus, Mycobactéries atypiques Méningocoques NFS, NBT, interleukines, CH50 - Ataxie télangiectasie - Purpura + eczéma - Cheveux gris - Hypocalcémie + malformation cardiaque. Germes intra et extracellulaires Clinique Microbiologie Germes extracellulaires : Pneumocoque, Haemophilus influenza, Giardia Bilan - EPP - Dosage IgA, G, M - Numération des L B Traitement Immunoglobulines Intraveineuses Antibiotiques Exemples Germes opportunistes intracellulaires : Pneumocystis, CMV, Candida, Salmonella, . -lymphopénie -Numération des SPL -marqueurs spécifiques - Greffe de moelle osseuse -Cotrimoxazole ? -Ig IV ou SC . Cotrimoxazole Itraconazole - G-CSF - Maladie Bruton, DICV - DICS - Neutropénies congénitales - HIGM, Déficit en IgA - Défaut d’expression HLAII - GSC, LAD, Déficit en complément - Prédisposition aux Mycobactéries sont supérieurs à 3000 (pas de lymphopénie), penser au diagnostic de Déficit Immunitaire Combiné (CID). Dans ces 2 cas, demander la numération des sous-populations lymphocytaires SPL (CD3/4/8/19/16/HLA-DR). Le déficit en CMH de classe II (lymphopénie CD4 + HLADR=0) est le CID le plus fréquent en Afrique du Nord. 5. Devant un début néonatal, notamment par des abcès hépatiques ou un retard de chute du cordon (> 3 semaines), ou plus tard, une adénite non spécifique chronique ou une Aspergillose : penser au déficits qualitatifs et/ou quantitatifs congénitaux des phagocytes, et demander une NFS (neutropénie ?), un test NBT (Granulomatose septique chronique) et une numération des CD18+ (Déficit en molécules d’adhésion leucocytaire). 6. Il existe des syndromes cliniquement très évocateurs : Ataxie + Infections respiratoires + Télangiectasies = Ataxie Télangiectasie ; Purpura + Eczéma + Infections respiratoires = syndrome de Wiskott Aldrich; Cheveux gris + Lymphohistiocytose hémophagocytaire - Thrombopénies - augmentation αFP - IgA ,IgG,IgG2 -Greffe de moelle osseuse - Ig IV ou SC. Cotrimoxazole - Syndrome Ataxie télangiectasie - Wiscott Aldrich, Griscelli, Di George = syndrome de Griscelli, Hypocalcémie + malformations cardiaques = syndrome de DiGeorge 7. Si infections par des mycobactéries atypiques (dont le BCG) et/ou infection invasive par salmonelles mineures : penser au Mendelian Susceptibility to Mycobacterial Diseases MSMD ou aux CID et demander une numération des sous-populations lymphocytaires puis explorer l’axe IL-12-IFNγ. 8. Si le dosage pondéral des IgG, IgA et IgM, les SPL et le test NBT sont normaux, explorer les déficits en complément (CH50), les syndromes Hyper-IgE (Dosage des IgE), les défauts de l’immunité innée (prédisposition aux encéphalites hérpétiques, Candidose Cutanéo-muqueuse Chronique, Prédisposition aux Pneumocoques, …) et les syndromes auto-inflammatoires (FMF, MVK, Marshall, TRAPS, …). 9. SVP, toujours comparer les résultats de la NFS, des taux d’Ig et des sous-populations avec les normes en fonction de l’âge. 51 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 49-51 10. Le diagnostic des DIP se fait cliniquement. Donc, si toutes les explorations sont normales, nous ne pouvons pas éliminer un DIP. Dans ces cas, il est utile de discuter avec un expert. Les DIP, qui sont certainement plus fréquents qu’on ne le pense, doivent désormais être évoqués actuellement dans plusieurs situations infectieuses, de maladies fréquentes, mais aussi devant des maladies auto-inflammatoires, des néoplasies et des phénomènes allergiques, d’autant plus si l’on a une notion de consanguinité ou de cas similaires dans la famille 2. 3. 4. Références 1. Al-Herz W, Bousfiha A, Casanova JL, Chapel H, Conley ME, Cunningham-Rundles C, Etzioni A, Fischer A, Franco JL, Geha RS, Hammarström L, Nonoyama S, Notarangelo LD, Ochs HD, Puck JM, Roifman CM, Seger R, Tang ML. Primary immunodeficiency diseases: an update on the classification from the inter- 5. national union of immunological societies expert committee for primary immunodeficiency. Front Immunol. 2011 Nov 8; 2:54. Bousfiha AA, Jeddane L, Ailal F, Benhsaien I, Mahlaoui N, Casanova JL, Abel L. Primary immunodeficiency diseases worldwide: more common than generally thought. J Clin Immunol. 2013 Jan;33(1):1-7 Bousfiha AA, Jeddane L, Ailal F, Al Herz W, Conley ME, Cunningham-Rundles C, Etzioni A, Fischer A, Franco JL, Geha RS, Hammarström L, Nonoyama S, Ochs HD, Roifman CM, Seger R, Tang ML, Puck JM, Chapel H, Notarangelo LD, Casanova JL. A phenotypic approach for IUIS PID classification and diagnosis: guidelines for clinicians at the bedside. J Clin Immunol. 2013 Aug;33(6):1078-87. Bousfiha AA, Jeddane L, El Hafidi N, Benajiba N, Rada N, El Bakkouri J, Kili A, Benmiloud S, Benhsaien I, Faiz I, Maataoui O, Aadam Z, Aglaguel A, Baba LA, Jouhadi Z, Abilkassem R, Bouskraoui M, Hida M, Najib J, Alj HS, Ailal F; For the Moroccan Society for Primary Immunodeficiencies (MSPID). First Report on the Moroccan Registry of Primary Immunodeficiencies: 15 Years of Experience (1998-2012). J Clin Immunol. 2014 Admou B, et al. Déficits immunitaires primitifs : approche diagnostique pour les pays émergents. Immunol Biol Spec (2010), doi:10.1016/j.immbio.2010.09.003 52 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 52 Ateliers Les infections urinaires de l’enfant A. Maoudj, A. Laraba Professeurs de pédiatrie, Service de pédiatrie, CHU Bab El Oued, Alger, Algérie L’infection urinaire est un problème de pratique courante. Sa fréquence en fait un véritable problème de santé publique. Son diagnostic est rendu difficile par la présentation clinique non spécifique et la difficulté de réaliser un bon prélèvement bactériologique en particulier chez le nourrisson. Ces dernières années, son traitement a été simplifié. La tendance vers une désescalade thérapeutique est la règle. Les modalités de la prise en charge ont été réévaluées. Le traitement de la pyélonéphrite se fait de plus en plus en ambulatoire. En 2011, l’Académie Américaine de Pédiatrie a revu sa stratégie d’exploration de l’infection urinaire. Actuellement, elle est simplifiée et plus sélective. La pratique systématique de la cysto-urétérographie mictionnelle au décours d’un premier épisode d’infection urinaire n’est plus recommandée. L’antibioprophylaxie dans le reflux primitif est remise en question. Plusieurs études randomisées notent l’absence de son efficacité. C’est autour de ces avancées que l’atelier sur l’infection urinaire se propose de plancher, discuter et proposer des attitudes de prise en charge communes dans les pays du Maghreb. Présentation des cas 1. Premier cas : il s’agit de Younes âgé de 9 mois présente un premier épisode de pyélonéphrite aiguë. L’intérêt de la bandelette urinaire dans le diagnostic de l’infection urinaire est discuté et ses performances diagnostiques sont comparées par rapport à l’examen direct des urines. Afin de confirmer la localisation haute de l’infection, les critères diagnostiques sont discutés et comparés entre eux. Une fièvre et une CRP positive seraient les meilleurs paramètres prédictifs. Les modalités de la prise en charge de cette pyélonéphrite sont discutées. La possibilité du traitement par voie orale initiale, ou d’un traitement parentéral, le choix de l’antibiotique ainsi que sa durée seront analysés. Les critères phar- macologiques et pharmacocinétiques ainsi que les données bactériologiques seront décisives dans le choix de l’antibiothérapie probabiliste. La recherche d’une malformation urinaire sous-jacente est posée. La stratégie de l’exploration est revisitée. L’intérêt de réaliser une cysto-urétérographie mictionnelle lors d’un premier épisode de pyélonéphrite sera discuté. A la lumière des données récentes de la littérature, nous ferons une proposition sur la stratégie à adopter en cas d’infection urinaire. 2. Deuxième cas : Najet âgée de 11 mois présente un reflux vésico-uréteral (RVU) grade III découvert à la suite de 2 épisodes de pyélonéphrites. La recherche d’une néphropathie de reflux associée à ce RVU étant systématique par l’examen de référence qui est la scintigraphie au DMSA. Cependant ses indications sont discutées en fonction du grade du RVU ainsi que les anomalies observées à l’échographie rénale. Concernant la prise en charge de ce RVU, nous allons faire des propositions en se basant sur les dernières recommandations de l’Association Américaine d’Urologie (2010) ainsi que les directives de l’Association Européenne d’Urologie (2012). Le suivi de ce RVU a été revu ces dernières années. Nous allons voir les paramètres et le rythme en insistant surtout sur la néphro-protection et le devenir de la néphropathie de reflux. Références 1. 2. 3. 4. 5. Tekgul S, Riedmiller H, Hoebeke P, Kocvara R. EAU guidelines on vesicouretral reflux in children. European Urology. 2012, 62 : 534-42. Nagler EVT, Williams G, Hodson EM, Graig JC. Intervention for primary vesicouretral reflux. The Cochrane collaboration. 2011. Issue 6. Gaig A, Peters Steven J, Skoog Billy S, Arant Jr. Summary of the AUA guideline on management of primary vesicouretral reflux in children. J Urol. 2010, 184: 1134-44. Weinberg AE, Hsieh MH. Current management of vesicouretral reflux in pediatric patients : a review. Pediatric Health, Medecine and Therapeutics. 2013, 3 :1-12. 53 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 53-54 Ateliers Nutrition des 1000 premiers jours de la vie pour une bonne santé future M. Bouchenak, J.P. Grangaud Laboratoire de Nutrition Clinique et Métabolique, Université d’Oran, BP 1524 El M’Naouer, 31000 Oran, Algérie Il est évident actuellement que le rythme et la voie de croissance précoce est un facteur de risque majeur pour le développement de maladies coronariennes et du diabète de type 2, prédisposant ainsi aux maladies cardio-vasculaires [1]. Compte tenu de l’impact économique énorme sur les sociétés, d’importants travaux de recherche sont justifiés pour explorer les mécanismes et les effets de la programmation nutritionnelle précoce sur la santé à long terme. En Europe, de nombreux groupes de recherche travaillent en collaboration dans le pôle de recherche international soutenu par l’Union européenne EARNEST [2]. Le taux de gain de poids dans les 2 premières années de vie est influencé par les facteurs génétiques de l’individu et de sa mère, le grand poids de naissance, les influences métaboliques durant la grossesse, les facteurs de santé et de pathologies, tels que la survenue d’infections, et non pas seulement l’alimentation et la supplémentation en nutriments. Bien que la sous-nutrition chez les femmes et les enfants soit fréquente dans les pays en développement, la coexistence de la surnutrition dans les mêmes populations, en particulier chez les adultes, est également bien connue (OMS, 2010). Ce « double fardeau» de la sousnutrition et de l’obésité est de plus en plus reconnu dans les pays en développement et l’incidence la plus élevée a été observée chez les familles les plus pauvres [3]. En effet, dans certains pays développés et émergents, plus de 50% des jeunes femmes sont en surpoids (IMC > 25-30) ou obèses (IMC > 30). Leurs enfants ont un risque plus élevé de devenir obèses plus tard dans la vie. D’autre part, plus de 10% de la population féminine mondiale, en âge de procréer, est sous-alimentée (IMC < 18,5), ce qui est un facteur de risque pour la génération suivante. La malnutrition maternelle peut entraîner une programmation (épigénétique) défavorable des gènes du fœtus, ayant ainsi des conséquences à long terme. L’obésité et la sous-nutrition infantile ont souvent leurs origines dans la période fœtale, d’où la nécessité d’intervenir idéalement avant ou pendant la grossesse. En effet, des programmes de réduction de poids chez les femmes en surpoids /obèses peuvent avoir comme résultats une prise de poids faible pendant la grossesse, une prévalence réduite du diabète gestationnel et une diminution de grands poids de naissance. Par ailleurs, la supplémentation en micronutriments dans l’insuffisance pondérale des jeunes femmes réduit le pourcentage de nouveau-nés de faible poids de naissance de 11%. La supplémentation concomitante en micronutriments et en protéines/calories est encore plus efficace avec une réduction du risque de faible poids de naissance de 34% [4]. Jusqu’à présent, la plupart des études sur la relation entre la nutrition maternelle et la taille du fœtus ont principalement porté sur différents nutriments. Dans l’étude ‘Generation R Study’, la faible adhérence, au début de la grossesse, au régime proche du type Méditerranéen (apports plus élevés de fruits, légumes, huile végétale, poisson, pâtes et riz, combinés à des apports plus faibles de viande, pommes de terre et sauces grasses) semble être associé à une masse placentaire réduite et un faible poids de naissance [5]. En ce qui concerne la nutrition infantile, dans certains pays développés, le surpoids /obésité pendant l’enfance et l’adolescence affecte désormais plus de 25% des populations respectives. Les nourrissons ayant un gain de poids rapide après la naissance ont un risque accru de 54 devenir obèses plus tard dans la vie. Si les mères sont en surpoids/obèses, leurs nourrissons allaités prennent du poids plus rapidement au cours des 6 premiers mois, comparé aux standards de l’OMS. D’autre part, les nourrissons de mères obèses prennent moins de poids si l’allaitement se poursuit au-delà de six mois par rapport aux nourrissons nourris avec des formules telles que définies par le Codex Alimentarius. Des études récentes ont indiqué qu’une formule à faible teneur en protéines entre 3 et 12 mois pour les nourrissons de mères en surpoids/ obèses entraîne un gain de poids similaire à celui observé chez les nourrissons allaités au sein. Comparé à d’autres modèles d’alimentation, l’allaitement maternel exclusif jusqu’à 6 mois est associé à un poids significativement plus élevé, et une plus faible probabilité de retard de croissance et d’infections. Parmi les expériences alimentaires précoces, celles liées à l’alimentation lactée, que ce soit l’allaitement maternel ou l’allaitement artificiel, peuvent avoir d’importantes répercussions sur l’acceptation du goût, qui est l’un des principaux déterminants de la consommation alimentaire chez les enfants. Par rapport à la formule exposée, l’exposition au lait maternel peut donner des résultats de différence sensorielle en termes d’arôme et de goût. En ce qui concerne l’arôme, certains composés volatiles provenant des aliments ingérés par la mère sont susceptibles d’être transmis dans son lait. En effet, le lait maternel peut supporter un composant de saveur distincte qui est susceptible d’avoir un impact sur le comportement des enfants à l’âge de l’alimentation complémen- Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 53-54 taire, comme démontré dans plusieurs études. En ce qui concerne le goût, le lait maternel contient des composés qui portent un goût, tels que le lactose (goût sucré), le glutamate (goût acide), sodium (goût salé) et urée (goût amer). Leur concentration dans le lait maternel est différente de celle dans les préparations pour nourrissons : la concentration de glutamate peut être jusqu’à 14 fois plus élevée et celle de sodium est 2 à 4 fois plus faible [6]. En conclusion, des interventions concertées à grande échelle portant sur la ‘malnutrition sous toutes ses formes’ sont à prendre en considération, et devraient mettre l’accent sur les conditions de vie et une alimentation équilibrée et appropriée en particulier au cours des 1000 premiers jours de la vie. Références 1. 2. 3. 4. 5. 6. Barker DJ, Winter PD, Osmond C, Margetts B, Simmonds SJ Weight in infancy and death from ischaemic heart disease. Lancet. 1989 Sep 9; 2(8663): 577-80. www.metabolic-programming.org Armstrong J, Dorosty AR, Reilly JJ, Emmett PM; Child Health Information Team Coexistence of social inequalities in undernutrition and obesity in preschool children: population based cross sectional study. Arch Dis. 2003, 88(8): 671-5. Haschke. Symposium Power of Programming Conference. Munich, Germany. 2014. Timmermans S, Steegers-Theunissen RP, Vujkovic M an al. The Mediterranean diet and fetal size parameters: the Generation R Study. Br J Nutr. 2012, 108(8): 1399-409. Schwartz C, Chabanet C, Laval C, Issanchou S, Nicklaus S. Breast-feeding duration: influence on taste acceptance over the first year of life. Br J Nutr. 2013, 109(6): 1154-61. Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 55-57 55 Recommandations Les pneumonies de l’enfant M. Bouskraoui Professeur de pédiatrie, Président de la Société Marocaine d’Infectiologie Pédiatrique et de Vaccinologie (SOMIPEV www.somipev.com), CHU Mohamed VI, Marrakech Groupe de travail : Professeur A. Abid (Casablanca), Professeur A. Bouharrou (Fès), M. Bouskraoui (Marrakech), Professeur N. Dini (Rabat), Professeur N. Elhafidi (Rabat), Professeur C. Mahraoui (Rabat), Professeur J. Najib (Casablanca), Professeur A. Zineddine (Casablanca). 1. Les infections respiratoires basses sont parmi les plus fréquentes des infections de l’enfant. Les pneumonies, si elles peuvent être virales, font redouter avant tout une infection bactérienne. 2. Le pneumocoque est responsable de 25% des pneumonies de l’enfant dans les pays industrialisés et de 20% des décès des enfants moins de 5 ans dans les pays en voie de développement. 3. L’évaluation de l’efficacité des vaccins anti-pneumococciques conjugués dans les pneumonies de l’enfant est moins simple que dans les infections invasives, dans la mesure où le diagnostic étiologique d’une pneumonie est difficile. Les résultats des études permettent d’espérer une diminution de 25 à 35% des pneumonies à pneumocoque de l’enfant de moins de 2 ans (pneumonies confirmées radiologiquement). En plus de la diminution du rôle du pneumocoque dans la pneumonie, le vaccin anti-pneumococcique conjugué devrait permettre une diminution de la résistance aux antibiotiques, y compris aux macrolides, ce qui pourrait simplifier l’antibiothérapie probabiliste des pneumopathies de l’enfant. 4. L’examen clinique seul est insuffisant pour faire le diagnostic de pneumonie : aucun signe clinique ne permet à lui seul d’écarter ou d’affirmer le diagnostic de pneumonie. Le diagnostic de pneumonie nécessite une radiographie de thorax. L’examen physique n’identifie le site exact de la pathologie que dans 60% des cas. Une fièvre élevée et la tachypnée sont les deux signes majeurs de la pneumonie de l’enfant. La tachypnée est un signe majeur dans toutes les études. Présente, elle augmente la probabilité de pneumonie. L’absence de tachypnée a une bonne valeur prédictive négative pour éliminer une pneumonie. Les autres signes cliniques revêtent une importance variable d’une étude à l’autre, qu’il s’agisse de signes de rétraction, des râles crépitants en foyer ou de geignements. L’association de plusieurs signes a également été étudiée. La présence simultanée de signes de lutte, de geignements, de tachypnée et de râles, notamment en foyer, est en faveur d’une pneumonie, et ceci particulièrement chez l’enfant de plus de 2 ans. Il faut rappeler les formes pseudo-méningées (céphalées, raideur de nuque) et pseudo-chirurgicales (notamment pseudo-appendiculaire) de la pneumonie franche lobaire aiguë, tableau pouvant se rencontrer à tout âge, ainsi que la fréquence de troubles digestifs (diarrhée) parfois prédominants chez le nourrisson. 5. Affirmer le diagnostic de pneumonie à pneumocoque est difficile : Si l’âge, le tableau clinique et le contexte dans lequel il se situe permettent de s’orienter, aucun tableau n’est spécifique. L’association fièvre élevée d’apparition brutale, altération de l’état général, douleur thoracique est évocatrice et, d’une façon générale, les pneumonies à pneumocoque donnent une impression clinique de gravité plus nette, conduisant plus souvent à l’hospitalisation. 6. La radiographie de thorax doit être faite chaque fois qu’on suspecte une pneumonie chez l’enfant mais ce n’est pas l’examen de référence pour établir le diagnostic étiologique de la pneumonie. Pour identifier un processus viral ou bactérien, la radiographie thoracique a une sensibilité qui varie de 40 à 80% selon les auteurs 56 et une spécificité de 42 à 100%. Le caractère systématisé d’un syndrome alvéolaire radiologique typique, même s’il évoque en priorité, dans un contexte clinique, la pneumonie à pneumocoque, n’est pas spécifique et peut être liée à une infection virale ou à Mycoplasmapneumoniae. Par ailleurs, un aspect d’infiltrat diffus bilatéral, plus souvent rencontré dans les pneumonies d’origine virale ou dues à une bactérie atypique, n’exclut pas une atteinte bactérienne pneumococcique. 7. Les examens biologiques usuels : numération formule sanguine et CRP, pris isolément, ne peuvent à eux seuls différencier avec certitude une pneumonie virale d’une pneumonie bactérienne. L’ensemble des études montre les limites de ces examens à différencier les infections virales des infections bactériennes. Sont évocatrices d’une infection bactérienne pneumococcique, l’existence d’une hyperleucocytose à prédominance de polynucléaires (taux de polynucléaires neutrophiles supérieurs à 10.000/mm3) ou une CRP élevée, supérieure à 60 mg/l. La procalcitonine paraît être un marqueur intéressant, les valeurs initiales apparaissant plus hautes que dans les autres causes : des taux supérieurs à 2 ng/ml sont très en faveur de l’origine pneumococcique d’une pneumonie chez des malades n’ayant reçu aucun traitement antibiotique. Parmi les examens microbiologiques, seule l’hémoculture est l’examen de référence. Lors des études faites au cours de pneumonies confirmées radiologiquement, elle est positive au mieux dans 10% des cas. Des sérologies spécifiques ont été utilisées dans les études scandinaves. Elles n’apportent qu’un diagnostic rétrospectif et sont réservées aux laboratoires de recherche. Par ailleurs, une proportion importante de porteurs asymptomatiques de pneumocoque a des sérologies positives. Il en est de même pour les antigènes solubles urinaires. Enfin, un des meilleurs signes (indirect) de pneumonie à pneumocoque est la chute rapide de la température sous amoxicilline à doses suffisantes. 8. Affirmer le diagnostic de la pneumonie à pneumocoque est difficile : ni la clinique, ni la radiographie de thorax, ni la biologie ne sont spécifiques, et l’hémoculture n’est positive que dans moins de 10% des cas. Dans l’étude de Michelow, les meilleurs critères orientant vers une étiologie bactérienne étaient une température élevée (≥ 38,4°C) dans les 72 heures après l’hospitalisation, et la présence d’un épanchement pleural. Une procalcitonine supérieure à 0,75 ng/ml était plus fréquente en cas d’infection bactérienne. Radiologiquement, une conden- Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 55-57 sation parenchymateuse était en faveur d’une étiologie bactérienne typique versus virale ou bactérienne atypique (p = 0,01). 9. Les modalités de prescription doivent être évaluées selon le contexte clinique. En l’absence de signes de sévérité : - Avant l’âge de 3 ans, le traitement initial recommandé en première intention est l’amoxicilline (80 à 100 mg/kg jour en trois prises). - Au-delà de l’âge de 3 ans, l’amoxicilline (80 à 100 mg/kg par jour) reste, dans l’éventualité d’une suspicion d’une origine pneumococcique, l’antibiotique initial privilégié pendant une durée de dix jours. Ce n’est qu’en cas de suspicion de bactéries atypiques (M. pneumoniae), avec fièvre peu élevée, toux sèche, asthénie, images radiologiques pulmonaires à type d’infiltrat bilatéral, que les macrolides pourraient être prescrits en première intention. - En cas d’allergie à la pénicilline sans contre-indication aux céphalosporines, une C3G par voie injectable (IM, IV) peut être proposée. La pristinamycine peut également être prescrite à partir de l’âge de 6 ans, dans les formes sans facteurs de risque et en l’absence detroubles digestifs. En cas de signes de sévérité : L’hospitalisation est le plussouvent indiquée, et l’antibiothérapie probabiliste initiale repose, quel que soit l’âge, sur la prescription d’une céphalosporine de troisième génération injectable (céfotaxime : 100 mg/kg par jour) ou ceftriaxone (50 mg/kg par jour) chez un enfant sans facteur de risque. 10. Suivi et durée de traitement : La persistance de la fièvre (48 à 72 heures) après le début d’un traitement antibiotique adapté et bien conduit vis-à-vis d’une pneumonie supposée à pneumocoque doit laisser redouter la survenue d’un épanchement pleural et conduit à la prescription d’une nouvelle radiographie du thorax. L’identification de l’épanchement conduirait à la pratique d’une échographie susceptible de situer l’indication d’une ponction à visée diagnostique bactériologique précise. L’échec clinique (persistance de la fièvre) et radiolo- 57 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 55-57 gique (extension et modification des images parenchymateuses, épanchement pleural) d’une antibiothérapie initiale à visée anti-pneumococcique bien conduite doit laisser craindre : - En l’absence de signes de sévérité, l’éventualité d’une infection à mycoplasmes qui justifie au terme de 48 à 72 heures une substitution de l’amoxicilline par un macrolide. - En cas de persistance d’un processus infectieux et d’une évolutivité des images radiologiques sous traitement anti-pneumococcique initial bien conduit, l’éventualité d’infections bactériennes beaucoup plus rares mais sévères (S. aureus ou Streptococcus pyogenès) qui conduirait à une réévaluation de l’antibiothérapie avec association à une C3G injectable et selon le germe redouté. Références 1. 2. 3. 4. 5. British Thoracic Society. Guidelines for the management of community acquired pneumonia in children: update 2011. Thorax. 2011, 66: 1-23. Esposito U, Cohen R, Domingo JD, Pecurariu OF, Greenberg D, Heininger U and al. Antibiotic therapy for pediatric communityacquired pneumonia : do we know when, what and for how long to treat? Pediatr Infect Dis J. 2012, 31: e78-85. Nascimento-Carvalho CM, Madhi SA, O ́Brien KL. Review of guidelines for evidence-based management for childhood community-acquired pneumonia in under 5 years from developed and developing countries. Pediatr Infect Dis J. 2013, 32 : 1281-9. Marchac V. Différence de diagnostic des infections broncho-pulmonaires virales ou bactériennes chez l’enfant. Arch Pédiatr. 2007, 14 : 202-6. Muszynski JA, Knatz NL, Sargel CL, Fernandez SA, Marquardt DJ, Hall MW. Timing of correct parenteral antibiotic initiation and outcomes from severe bacterial community-acquired pneumonia in children. Pediatr Infect Dis J. 2011, 30: 295-301. 58 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 58-60 Recommandations Prise en charge des pneumonies compliquées chez l’enfant : pratiques à l’Hôpital des Enfants de Genève A. Mornand Unité de pneumologie pédiatrique, Hôpital des Enfants, Hôpitaux Universitaires de Genève, Suisse Seront abordés, sous le terme « pneumonies compliquées » les empyèmes, les épanchements para-pneumoniques et les pneumonies nécrosantes. Les principales recommandations concernant la prise en charge des épanchements d’origine infectieuse chez l’enfant proviennent des sociétés américaine et britannique, avec cependant des niveaux des preuves faibles. Leur prise en charge s’effectue donc plus par « probably » based medicine que par évidence-based-medicine et nécessite une collaboration étroite entre infectiologues, pneumologues et chirurgiens thoraciques. Epidémiologie Bien que le nombre d’infections invasives à pneumocoque diminue depuis l’introduction de la vaccination anti-pneumococcique, on constate une augmentation des cas d’empyème, avec une incidence estimée à 3,3/100.000 enfants. Une étude réalisée dans notre hôpital entre 2006 et 2011 a recensé 386 hospitalisations (382 patients) pour infection pulmonaire: 114 concernaient des pneumonies compliquées (63 cas d’empyème, 6 cas de pneumonies nécrosantes, 37 cas d’épanchements para-pneumoniques, et 8 cas d’abcès). Le pic d’incidence des enfants atteints est compris entre 1 et 4 ans. Microbiologie La microbiologie des empyèmes reste mal connue. Dans notre étude, le pneumocoque (35/63) reste l’agent pathogène principal, suivi, dans une moindre mesure, par le staphylocoque (5/63) et les streptocoques non pneumoniae (3/63), ce qui correspond aux données de la littérature. Pour une part importante, le pathogène reste encore non identifié (17/63). Diagnostic Toute pneumonie qui reste fébrile ou qui redevient fébrile après 48 heures d’antibiothérapie doit faire rechercher une complication. La clinique se fait sur l’association de signes cliniques et radiologiques. (douleur thoracique, frottement pleural, matité, diminution du murmure vésiculaire à l’auscultation, ligne bordante pleurale…). La prise en charge initiale nécessite une hospitalisation, la réalisation d’un bilan sanguin, ainsi que d’une échographie pleurale (US) et d’une ponction pleurale. L’US pleural permet de confirmer le diagnostic, d’estimer la taille de l’épanchement, ainsi que sa localisation et son aspect et de réaliser un repérage en vue de la ponction. La ponction pleurale doit être systématique, sauf en cas d’épanchement minime (<1cm) ou si l’épanchement est déjà très cloisonné, du fait du risque d’échec. La place et l’intérêt du CT thoracique restent mal définis en phase aigue, et restent réservés aux cas de suspicion de pathologie sous-jacente (nécrose, abcès) ou en préopératoire. L’analyse du liquide pleural permet ainsi de distinguer les différents types d’épanchements et de réaliser des recherches bactériologiques (examen direct, cultures, PCR). Prise en charge des épanchements para-pneumoniques Elle associe une antibiothérapie intraveineuse initiale, et un traitement antalgique efficace, puis un relais précoce par une antibiothérapie orale est possible le plus souvent, après 24 à 48 heures d’apyrexie. En cas d’épanchement para-pneumonique minime (<1cm) parfaitement toléré, une antibiothérapie par voie orale Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 58-60 d’emblée est possible, avec contrôle clinique et biologique à 24-48 heures. La durée d’antibiothérapie totale est comprise en 10 et 15 jours. Prise en charge des empyèmes et des pneumonies nécrosantes La prise en charge des empyèmes et des pneumonies nécrosantes nécessite une hospitalisation, avec antalgie efficace, antibiothérapie et réhydratation intraveineuses, et oxygénothérapie si nécessaire. Si besoin, un support nutritionnel (compléments, SNG) est instauré pour éviter la dénutrition. L’antibiothérapie initiale doit couvrir le pneumocoque, puis est dirigée si possible en fonction des examens microbiologiques. La durée de l’antibiothérapie n’est pas clairement établie : il est conseillé de maintenir 10 à 15 jours de traitement intraveineux (jusqu’à 24 heures après retrait des drains et/ou obtention de l’apyrexie), puis relais per os pour 2 à 4 semaines. L’amoxicilline est utilisée en première intention, à des posologies élevées (100 à 200 mg/kg/j). Il n’existe pas de consensus concernant l’indications au drainage de l’épanchement : certains préconisent un drainage systématique des empyèmes, alors que d’autres rapportent des résultats similaires, en terme de durée d’hospitalisation, durée de l’antibiothérapie (PO+IV), normalisation de la CRP, durée de l’état fébrile, avec un traitement médical seul. L’attitude adoptée à Genève est de privilégier dans un premier temps un traitement médical, et de discuter une prise en charge par drainage en cas de présentation initiale sévère (détresse respiratoire majeure, mauvaise tolérance) ou d’absence d’amélioration après 48 heures de traitement médical bien conduit. Différentes techniques de drainage sont possibles, en fonction des habitudes locales et du plateau technique disponible : petits drains posés au bloc ou aux soins intensifs, sous anesthésie générale ou locale, drains chirurgicaux posés sous AG au bloc opératoire, par thoracoscopie, par mini thoracotomie ou thoracotomie. La technique privilégiée à Genève est la pose sous AG par thoracoscopie, permettant ainsi une révision de la cavité pleurale, avec débridement de la fibrine, abattement des cloisons, évacuation du pus et lavage de la cavité pleurale, tout en étant la technique chirurgicale la moins invasive. 59 Une mobilisation précoce est recommandée, en respectant la douleur. La place des fibrinolytiques est elle aussi peu définie. Bien qu’ils semblent pouvoir améliorer l’efficacité du drain selon certaines études, ils ne sont pas employés en routine du fait du risque d’hémorragie. Le suivi est principalement clinique, avec contrôle de la radiographie du thorax et du bilan inflammatoire en fonction de l’évolution. L’apyrexie et la diminution du syndrome inflammatoire s’obtiennent entre 5 et 15 jours, alors que la normalisation du cliché radiologique peut prendre plusieurs semaines à plusieurs mois. Les critères de sortie sont l’apyrexie, l’absence de détresse respiratoire, la diminution franche du syndrome inflammatoire et le relais par antibiothérapie orale depuis 24 à 48 heures. Après la sortie, le suivi de l’enfant se fait en consultation spécialisée de pneumologie par le médecin traitant afin de s’assurer de la persistance de l’apyrexie, de l’amélioration progressive de l’auscultation et de la bonne prise des traitements. Ce suivi se fait jusqu’à normalisation des images radiologiques. Le premier contrôle clinique et radiologique est programmé à la fin de l’antibiothérapie orale (soit 2 à 4 semaines après la sortie), puis à 3 mois, 6 mois, et 1 an, voire au delà en fonction de l’évolution et du terrain sous jacent. La normalisation du cliché thoracique peut prendre entre quelques semaines à plus d’1 an : 60-80% à 3 mois, 90% à 6 mois et 100% à 18 mois. Il n’y a pas d’indication à la réalisation systématique d’un CT thoracique à distance : ceci est discuté en cas de suspicion d’anomalie sous-jacente ou de persistance d’une image radiologique anormale au delà des délais attendus. De même, il n’y a pas d’indication à la réalisation systématique d’un bilan immunitaire à la suite d’un premier épisode chez un enfant sain. Le contrôle comprend aussi un contrôle fonctionnel à 3 mois, 6 mois et 1 an, dès que l’âge de l’enfant le permet. L’évolution à long terme est excellente pour la plupart des cas, bien que la présentation initiale soit bruyante. La guérison est obtenue sans séquelles avec normalisation du cliché thoracique et récupération fonctionnelle complète. Si elles sont présentes, les séquelles fonctionnelles sont variables, à type de syndrome obstructif et/ ou restrictif. La mortalité reste faible mais non nulle, <0,5%, principalement chez les enfants les plus jeunes ou ceux présentant une pathologie préexistante. 60 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 58-60 Pneumonies nécrosantes Elles représentent une complication rare mais de plus en plus fréquente des infections pulmonaires, souvent associée aux empyèmes. Les données manquent encore à leur sujet. Une étude rétrospective réalisée dans notre service a comparé les caractéristiques, la prise en charge et l’évolution des empyèmes, avec et sans pneumonie nécrosante. Les deux groupes de patients étaient comparables : un âge médian respectivement à 3,7 et 4,1 ans ; symptômes de présentation cliniques idem ; l’identification d’un Streptococcus pneumoniae respectivement dans 95% et 65% des cas. La prise en charge médicale et chirurgicale était similaire entre les deux groupes. Nous n’avons pas mis en évidence de différence significative en terme de durée d’hospitalisation (la médiane est respectivement de 13 et 15 jours), ni en complications associées, ni dans la durée avant la normalisation du cliché radiologique. Sur la base de ces données, la prise en charge et le suivi des pneumonies nécrosantes est identique à celle des empyèmes dans notre unité. Références 1. 2. 3. 4. 5. 6. Balfour-Lynn IM et al. BTS guidelines for the management of pleural infection in children. Thorax. 2005 Feb;60 Suppl 1:i1-21. Walker W et al. Update on the causes, investigation and management of empyema in childhood. Arch Dis Child. 2011 May;96(5):482-8. Islam S et al. Update on the causes, investigation and management of empyema in childhood. Arch Dis Child. 2011 May;96(5):482-8. Thomson AH et al. Randomised trial of intrapleural urokinase in the treatment of childhood empyema. Thorax. 2002, 57:343. Epaud R et al. Conservative use of chest-tube insertion in children with pleural effusion. Pediatr Surg Int. 2006 Apr;22(4):35762. Shoseyov D et al. Short-term course and outcome of treatments of pleural empyema in pediatric patients: repeated ultrasoundguided needle thoraco-centesis vs chest tube drainage. Chest. 2002 Mar;121(3):836-40. 61 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 61-62 Recommandations Les convulsions fébriles : recommandations A. El Madani, Y. Kriouile, R. Sekkat, M. Itri Groupe de travail de l’Association Marocaine de Neurologie Pédiatrique La convulsion fébrile est une affection du nourrisson ou de l’enfant, qui survient entre 6 mois et 5 ans, associée à de la fièvre, sans affection du système nerveux central, la fièvre étant secondaire à un autre foyer infectieux (respiratoire, ORL, urinaire, virose…). Les convulsions fébriles constituent un motif fréquent de consultation en pédiatre. Elles touchent 2 à 5% des enfants en âge préscolaire. Il est utile de classer les convulsions fébriles en simples ou complexes. La convulsion fébrile simple est retenue lorsqu’elle est unique, brève (moins de 15 minutes), bilatérale et symétrique, tonicoclonique, sans déficit neurologique transitoire ou permanent. La convulsion fébrile complexe est définie par une crise focale, prolongée, ou récidivante plus d’une fois en 24 heures ou laissant en postcritique un déficit neurologique focal transitoire ou permanent. Diagnostic et explorations Le diagnostic de convulsion fébrile est purement clinique. Il se base sur une anamnèse minutieuse et un examen pédiatrique et neurologique rigoureux. Les explorations paracliniques dépendront de l’évaluation initiale de la crise fébrile. Il n’est pas recommandé de réaliser un bilan biologique (ionogramme, Ca, Po4, Mg, glycémie, FSC) de routine chez les enfants ayant fait une convulsion fébrile simple. Si l’état postcritique se prolonge plus de 30 minutes, la glycémie devrait être mesurée. D’autres examens biologiques et radiologiques (NFS, CRP, ECBU, Rx thorax…) sont éventuellement demandés lorsque la cause de la fièvre n’est pas cliniquement évidente. Il n’est pas recommandé de réaliser une hémoculture systématiquement après une convulsion fébrile simple. Son indication émane du jugement du médecin traitant en se basant sur certains critères cliniques (mauvais état général, statut vaccinal…). L’imagerie cérébrale ne devrait pas faire partie de l’évaluation de routine de l’enfant ayant présenté une première convul- sion fébrile atypique. Elle peut être envisagée chez les enfants ayant présenté une convulsion fébrile focale ou avec plusieurs caractéristiques atypiques, selon le jugement clinique. Le choix du type d’imagerie cérébrale (TDM ou IRM) et le délai pour la réaliser dépendra de l’évaluation clinique. Indications de la ponction lombaire Il n’est pas recommandé de procéder à une ponction lombaire de routine chez les enfants de 6 mois et plus avec convulsion fébrile typique, si l’enfant est adéquatement vacciné pour son âge, si l’état général est bon et si l’examen neurologique est normal. Une ponction lombaire devrait être effectuée chez tout enfant avec des signes d’irritation méningée. Une ponction lombaire devrait être envisagée chez un enfant de 6-12 mois dont le statut vaccinal est incomplet ou inconnu, et chez un enfant déjà sous antibiothérapie. La ponction lombaire ne devrait pas être effectuée de routine chez les enfants avec convulsion fébrile atypique si l’état général de l’enfant est bon et l’examen neurologique normal. Elle devrait être fortement envisagée dans les cas de déficit neurologique résiduel ou de convulsions prolongées. Dans notre contexte, l’indication de la ponction lombaire reste large devant toute convulsion fébrile survenant chez un enfant âgé de moins de 12 mois et au moindre doute entre l’âge de 12 et 18 mois, surtout si la crise est complexe, tout en sachant que le risque de diagnostiquer une méningite est très faible si l’examen neurologique de l’enfant est normal et s’il est correctement vacciné. L’indication dépend aussi de l’expérience et de l’ancienneté de l’examinateur (interne débutant de garde). L’électroencéphalogramme L’EEG n’est pas recommandé dans les cas de convul- 62 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 61-62 sion fébrile typique. L’EEG peut être envisagé chez les enfants ayant fait une convulsion fébrile atypique, en particulier dans les cas de statut fébrile. Cet EEG devrait idéalement être fait au moins 7 jours après la convulsion fébrile atypique. Une consultation en neurologie pourrait être suggérée, dans les cas d’une histoire familiale d’épilepsie ou d’antécédents d’au moins une convulsion fébrile, et en présence d’atypies ou de retard du développement. Traitement La plupart des convulsions fébriles sont brèves et ne demandent aucun traitement pharmacologique. Celuici doit être envisagé si la convulsion dure plus de 5 minutes. Le traitement de choix est une benzodiazépine éventuellement renouvelable après quelques minutes. Et si la crise ne cède pas, une perfusion lente de phénobarbital est indiquée (20 mg/kg). L’hospitalisation de l’en- fant est nécessaire s’il est âgé de moins de 18 mois, s’il présente des signes cliniques de méningite ou d’encéphalite ou si la crise convulsive est complexe. Dans les convulsions fébriles simples, la prophylaxie continue n’est pas recommandée mais la prophylaxie intermittente à base de benzodiazépine peut être efficace pour diminuer le risque de convulsion lors d’un épisode fébrile. Les antipyrétiques peuvent être utilisés comme mesure de confort mais ne préviennent pas les convulsions fébriles. L’acide valproïque (en première intention) et le phénobarbital sont indiqués dans la prévention des convulsions fébriles complexes (crise focale, prolongée, répétitive ou état de mal convulsif, déficit postcritique). La durée de la prophylaxie va de six mois à un an. 63 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 63-64 Recommandations Les allergies alimentaires de l’enfant H. Piloquet Pédiatre, CHU de Nantes, France L’allergie alimentaire est devenue un problème de santé publique dans nos sociétés. A titre d’exemple, l’allergie alimentaire touche 5 à 7% des enfants de moins de 3 ans. L’augmentation de la prévalence et de l’incidence des manifestations allergiques augmente les dépenses de santé relatives à ces symptômes et stimule les programmes de prévention. Les antécédents familiaux allergiques permettent de définir très précocement des bébés à risque d’allergie (définissant un risque atopique) et de proposer aux familles des programmes de prévention pour diminuer le risque d’allergie (prévention primaire). A ce titre, plusieurs mesures de prévention ont été validées par des sociétés savantes et des organismes de santé publique. L’allaitement maternel de plus de 4 mois et l’utilisation de formules infantiles à base de protéines de lait de vache partiellement hydrolysées (Formules HA) représentent les deux principales mesures proposées actuellement pour un bébé à risque d’allergie. Les allergènes les plus fréquents chez l’enfant sont au nombre de cinq : les protéines de lait de vache, l’œuf, l’arachide, le soja, le poisson. D’autres allergènes déclenchent des allergies alimentaires de façon moins fréquentes (blé, crustacés, mollusques, fruits à coque, moutarde, lupin, céleri, sésame et sulfites). Chaque allergène déclenche une histoire clinique particulière. L’allergie aux protéines du lait de vache est la plus fréquente, elle touche 2 à 3% des nourrissons. Elle se manifeste plus ou moins précocement en fonction de la période d’introduction d’une formule infantile à base de lait de vache. Cette allergie peut être de type Igné-médié (symptômes souvent de type anaphylactique) ou de type non-IgE médié (symptômes digestifs). Le traitement repose sur la reprise de l’allaitement maternel, si l’allergie survient précocement après la naissance, ou sur l’utilisation d’hydrolysats de protéines de lait de vache ou de mélanges d’acides aminés libres dans les formes sévères. L’évolution de l’APLV est souvent favorable après 6 à 12 mois d’éviction stricte, même si certains enfants (10 à 20%) peuvent garder une allergie aux protéines du lait de vache de façon plus prolongée. L’allergie à l’œuf, deuxième allergie alimentaire de l’enfant survient plus tardivement et évolue souvent sur plusieurs années. Les signes cliniques de type immédiat surviennent après ingestion d’œuf. Le diagnostic est confirmé par le bilan allergologique (Prick test, IgE spécifiques), le suivi est possible sur le monitorage du taux des IgE spécifiques. L’âge de réintroduction de l’œuf est guidé par l’évolution du taux d’IgE spécifiques sanguins. L’âge moyen de guérison de cette allergie est 3 ans. L’allergie à l’arachide, très fréquente dans le monde entier, a la particularité de persister fréquemment jusqu’à l’âge adulte. Elle est responsable de réactions sévères anaphylactiques justifiant une prévention adaptée (prescription de stylos injecteurs d’adrénaline avec une éducation de l’entourage (parents, enseignants)). Une suspicion d’allergie alimentaire chez un enfant correspond à une situation clinique pathologique faisant suspecter le diagnostic (symptômes évocateurs d’allergie alimentaire). Cette situation clinique déclenchera un bilan allergologique complet orienté par l’âge et le régime de l’enfant et comporte l’enquête alimentaire, les tests cutanés (Prick tests, Patch tests), les tests sanguins (IgE spécifiques) et les tests de provocation par voie orale (TPO). Le « gold standard » reste dans cette pathologie les épreuves d’éviction /réintroduction permettant de faire disparaître les symptômes avec l’éviction de l’allergène incriminé et la réapparition des symptômes au moment de la réintroduction. Le traitement de l’allergie alimentaire repose sur l’éviction des aliments contenant l’allergène. L’évo- 64 lution naturelle de l’allergie alimentaire est, dans de nombreux cas, l’acquisition d’une tolérance. La durée de l’acquisition de tolérance varie suivant les allergènes. Enfin, certains allergènes particuliers peuvent induire une allergie alimentaire de façon durable, outre l’arachide, les fruits à coque, le poisson et les crustacés. De façon récente, de nouvelles pathologies d’origine allergique sont apparues avec de nouvelles situations cliniques : L’oesophagite à éosinophiles est l’une de ces pathologies émergentes considérée comme une maladie de type allergique. Elle survient le plus souvent chez un enfant plus grand (8-10 ans) ayant des antécédents d’allergie alimentaire, voire de polyallergie. Les signes d’appel sont des manifestations de reflux gastrooesophagien (régurgitations, pyrosis) associées à des épisodes de blocage alimentaire. La fibroscopie montre des anomalies macroscopiques (granularité, anneaux circulaires, sillons longitudinaux, tâches blanchâtres, Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 63-64 rétrécissement) : les biopsies étagées retrouvent un infiltrat massif d’éosinophiles (>15 éosinophiles par champ x400) et confirment le diagnostic. Le traitement comporte une éviction des principaux allergènes (lait de vache, blé, œuf, soja, arachide, poisson) guidée éventuellement par le bilan allergologique et l’utilisation de corticoïdes déglutis (préparations topiques, corticoïdes inhalés). Références 1. 2. 3. Halken S, Hansen KS, Jacobsen HP and al. Comparison of a partially hydrolyzed infant formula with two extensively hydrolyzed formulas for allergy prevention: a prospective, randomized study. Pediatr Allergy Immunol. 2000, 11:149-161. Chan YH, Shek LP, Aw M, Quak HS, Lee BW. 2002. Use of hypoallergenic formula in the prevention of atopic disease among Asian children. J Paediatr Child Health. 2002, 38:84-88. De Boissieu D, Dupont C. Allergie alimentaire. In : « Alimentation de l’enfant en situations normale et pathologique ». 2012. Doin Editeur. 65 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 65-70 Recommandations Bronchiolites aigues du nourrisson : quelles propositions thérapeutiques ? A. Abid1, N. El Hafidi2, N. Dini3 55, Boulevard Zerktouni, Casablanca, Maroc Service de pédiatrie, Hôpital d’Enfants, CHU Ibn Sina, Rabat, Maroc 3 Service de pédiatrie, Hôpital Militaire d’Instruction Mohammed V, Rabat, Maroc 1 2 Avec la contribution des membres experts de la Société Marocaine de Pneumologie et d’Allergologie Pédiatriques et de la Société Marocaine de Pathologie Infectieuse Pédiatrique et de Vaccinologie. La bronchiolite aigue est une infection virale des petites voies aériennes inférieures spécifique au jeune nourrisson (BAN). La tranche d’âge la plus touchée est comprise entre 2 et 10 mois (80%) et le tiers des BAN peuvent survenir avant l’âge de 3 mois. Le virus respiratoire syncitial en est le principal virus en cause (50 à 70%), mais d’autres virus peuvent aussi se voir tels que rhinovirus, métapneumovirus, influenza, para-influenza et adénovirus. Dans la très grande majorité des cas, ce sont des formes cliniques légères à modérées, d’évolution rapidement et spontanément favorables. Le plus souvent, ces formes ne nécessitent qu’un traitement symptomatique à domicile. Cependant, dans moins de 5% des cas, ce sont des formes graves, qui doivent avoir en urgence une prise en charge en milieu hospitalier. Etant donné leur grande fréquence chez le nourrisson, en particulier durant la saison hivernale par des pics épidémiques, les BAN posent un vrai problème de santé publique en terme de nombre de consultations, d’hospitalisations et de prescriptions abusives en médicaments. Dans ce cadre, la BAN reste le prototype de la maladie pédiatrique de diagnostic clinique facile, mais dont la conduite thérapeutique reste parmi celles des plus controversées. Elle est remise en permanence en question. Pour parer à toutes les ambiguïtés et aux disparités thérapeutiques, les sociétés savantes pédiatriques essayent d’établir des consensus et des recommandations de prise en charge. Physiopathologie et diagnostic Le diagnostic des BAN reste un diagnostic purement clinique. La nécessité de pratiquer un examen paraclinique, en particulier une radiographie thoracique, ne peut être justifiée que dans deux situations : la première dans l’optique d’un diagnostic différentiel pour éliminer ou rechercher une autre pathologie sous-jacente à la BAN, la deuxième pour évaluer le degré de sévérité et rechercher une complication en cas d’une symptomatologie clinique évocatrice de gravité. La réplication virale débute d’abord au niveau des voies aériennes supérieures, puis se propage rapidement aux voies aériennes inférieures, et plus particulièrement aux bronchioles. Les bronchioles correspondent aux petites bronches qui partent de la 16ème division bronchique jusqu’aux alvéoles en passant par les bronchioles terminales et les bronchioles respiratoires. C’est à ce niveau que le virus va envahir l’épithélium cilié en entrainant de la nécrose des cellules ciliées, de l’œdème sous-muqueux, de l’inflammation avec infiltration des espaces péri-bronchiolaires par des lymphocytes et des macrophages, à l’origine de la stase des débris cellulaires et des sécrétions de mucus, puis la constitution de l’obstruction bronchiolaire et bronchique. Ainsi, l’expression clinique de la BAN et son degré de gravité seront déterminés en fonction de l’âge du nourrisson, de son immunité innée, du terrain sous-jacent, 66 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 65-70 du virus en cause, mais surtout de la sévérité lésionnelle des bronchioles et de la variabilité des zones atteintes. L’apparition des symptômes est bien stéréotypée : une atteinte rhinopharyngée initiale (rhinite séreuse et toux sèche), puis des difficultés respiratoires avec polypnée, sifflements bilatéraux et éventuellement des crépitants (extension aux alvéoles sous-jacentes). Il en résulte de la dyspnée obstructive avec freinage expiratoire, des signes d’encombrement trachéo-bronchique, de distension thoracique (piégeage d’air), de l’atélectasie segmentaire et/ ou lobaire [1,2]. La composante spastique du muscle lisse des bronches est relativement modeste (expliquant l’absence de réponse des bronchodilatateurs). La stase des sécrétions favorise aussi l’adhésion, la colonisation et l’invasion bactérienne à l’origine d’éventuelles pneumonies secondaires. Ce taux de surinfection bactérienne reste paradoxalement très faible dans la BAN, à peine de 1 à 3%. Questions thérapeutiques posées Les principales questions thérapeutiques que se sont posées toutes les sociétés savantes sur les BAN ont toujours été les mêmes. Elles concernent l’efficacité et le bénéfice thérapeutique de tous les médicaments et de tous les procédés de soins utilisés successivement dans les BAN, pour en faire ou non des propositions et des protocoles thérapeutiques, que ce soit en pédiatrie ambulatoire ou en milieu hospitalier. Cependant, il n’y a pas eu de grandes nouveautés thérapeutiques dans la BAN, depuis la conférence française de consensus en 2000 [3], puis la conférence américaine en 2006 [4]. Les deux consensus se rejoignent sur tous les points sauf en ce qui concerne l’utilisation de la kinésithérapie respiratoire. Par ailleurs, les réponses aux questions posées dans ces consensus ne concernent que le 1er épisode de BAN. Nous pensons que ces mêmes propositions peuvent aussi s’appliquer au 2ème épisode de BAN, puisqu’on ne peut évoquer une autre pathologie respiratoire comme celle de l’asthme du nourrisson qu’à partir du 3ème épisode de dyspnée avec sifflements. D’ailleurs, on sait que 50% des BAN peuvent récidiver durant la première année et que jusqu’à 20% des enfants peuvent en plus avoir un 3ème épisode. Parmi toutes les questions posées, nous avons retenu ce qui suit: 1. Quels sont les critères de gravité qui doivent conduire à une prise en charge immédiate de la BAN en milieu hospitalier ? 2. Quels sont les principaux facteurs liés au terrain de gravité de la BAN ? 3. Quels sont, en fonction du degré de gravité de la BAN, l’efficacité et le bénéfice thérapeutiques des traitements suivants ? - Les bronchodilatateurs oraux et inhalés, - La corticothérapie orale, inhalée et injectable, - Les nébulisations de salbutamol, d’épinéphrine, d’ipratropium bromide, - Les nébulisations de sérum salé hypertonique, - La kinésithérapie respiratoire. 4. Comment organiser et améliorer les activités de soins dans les structures hospitalières durant la période de poussée épidémique hivernale des BAN ? 5. Quel bilan clinique et paraclinique d’une dyspnée obstructive sifflante persistante et/ou à répétition chez un nourrisson ? Formes cliniques communes : traitement symptomatique à domicile Ce sont les formes simples et non compliquées de la BAN, sans aucun signe de gravité ni aucun terrain particulier sous-jacent. Elles sont de loin les plus fréquentes et constituent presque 95% des cas de nos consultations pédiatriques (1er et 2ème épisode). La guérison clinique est obtenue en 5 à 10 jours et la cicatrisation de l’épithélium cilié se fait en 3 à 6 semaines. Leur traitement est essentiellement symptomatique. Il doit se faire correctement à domicile après information et éducation des parents, encadré par un suivi rapproché du nourrisson. Il faut que les parents sachent ramener leur bébé en consultation en cas d’aggravation de l’état respiratoire, de grandes difficultés alimentaires avec prise de moins de 50% de la quantité habituelle et/ou de fièvre élevée à 39° et plus. 1. Les mesures générales comportent le couchage en proclive dorsale à 30°, tête surélevée du lit et en légère extension (la plus favorable en mécanique respiratoire), les gestes de désobstruction rhinopharyngée par instillation de sérum physiologique surtout avant les tétées, proposer régulièrement à boire, maintenir une bonne alimentation avec fractionnement des tétées en plusieurs fois et en petites quantités (éventuellement épaissies), 67 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 65-70 lutter contre la fièvre si elle est présente (T°>38°2), ne pas trop couvrir, bien aérer et ne pas trop chauffer la chambre (T° autour de 19°). 2. La kinésithérapie respiratoire pose et continue à poser de nombreuses polémiques et controverses quant à son efficacité thérapeutique entre l’utilisation des techniques françaises par rapport aux techniques anglosaxonnes. Il a été démontré que la technique d’accélération lente et prolongée du flux expiratoire associée à la toux provoquée, pratiquée par des kinésithérapeutes compétents et bien entrainés, reste la méthode la plus efficace et la plus adaptée aux jeunes nourrissons. C’est cette technique qui permet d’améliorer très nettement les nourrissons encombrés, surtout à la phase hypersécrétante de la BAN. Sa prescription ne doit pas être systématique, mais plutôt discutée et proposée au cas par cas en fonction de la présence ou non d’un encombrement et du degré de son importance. Une à deux séances de kinésithérapie par jour pendant une durée de 3 jours restent en général suffisantes. Chaque fois que la séance de kinésithérapie ne s’avère pas bénéfique, le kinésithérapeute doit savoir l’arrêter et en aviser le médecin traitant. La kinésithérapie respiratoire pour les jeunes nourrissons est disponible surtout dans les grandes villes à la fois dans le secteur libéral (cabinets de kinésithérapie et cliniques pédidiatriques privées) et dans le secteur public (en externe et en hôspitalisation dans les hôpitaux pédiatriques publiques). Encor faut-il que cette kinésithérapie soit disponible partout dans notre pays, à toute heure et à chaque jour de la semaine. En plus, il faut que les parents puissent l’accepter, car au début ils la trouvent souvent agressive et un peu barbare, chaque séance a un coût financier qui ne fait qu’alourdir la prise en charge. Selon notre expérience, la kinésithérapie chez les nourrissons encombrés atteints de BAN nous a presque toujours donné une grande satisfaction et les parents en sont souvent satisfaits. Nos kinésithérapeutes nous aident en plus à mieux surveiller les malades et à sensibiliser les parents. Enfin, en ce qui concerne les techniques de percussion et de vibrations pratiquées dans les pays anglo-saxons, elles n’ont jamais été efficaces et aucune société savante ne les a retenues. 3. La prescription d’une corticothérapie orale de courte durée (voire inhalée) et/ou des béta2agonistes oraux (salbutamol ou terbutaline), voire même du salbutamol en nébulisation en ambulatoire dans certains cabinets médicaux, cliniques et hôpitaux, n’amène aucun bénéfice clinique significatif et scientifiquement démontré, selon plusieurs métaanalyses. En effet, quel que soit l’âge du nourrisson, le virus en cause et la dose médicamenteuse administrée, ces produits n’empêchent pas le passage éventuel des nourrissons traités vers la forme sévère, n’ont aucun intérêt en ce qui concerne l’accélération de la guérison de l’épisode aigu, et enfin, ne préviennent pas d’éventuelles rechutes ultérieures ou encore de développer un asthme, voire d’autres séquelles respiratoires à moyen et à long terme [1,2]. Il semble que les bronchodilatateurs puissent amener une amélioration transitoire surtout dans les 1ers et 2èmes jours du traitement. 4. La prescription des antitussifs et des mucolytiques est actuellement interdite chez le nourrisson quelle que soit la pathologie respiratoire, ceci en raison des effets délétères qu’ils provoquent (aggravation paradoxale de l’encombrement), car à cet âge, il y a un plus grand nombre de glandes muqueuses, une clairance mucociliaire faible, des voies aériennes de petit calibre, une toux inefficace et, en cas de virose respiratoire, une altération de l’épithélium cilié. 5. Etant d’origine virale, la BAN ne doit jamais relever d’une antibiothérapie en première intention. La présence au tout début de la BAN d’une otite moyenne aigue et/ou d’une pneumonie est le plus souvent d’origine virale. Par conséquent, l’indication de l’antibiothérapie ne pourra se justifier que si l’otite ou si la pneumonie sont de survenue secondaire par rapport à la BAN, ou s’il y a réapparition de la fièvre avec des valeurs très significatives des marqueurs de l’inflammation. Critères de gravité et d’hospitalisation 1. La BAN grave se définit par la présence d’un ou plusieurs signes cliniques et/ou paracliniques de gravité. Ces critères restent classiques et ils sont bien connus par nos pédiatres, mais pas assez par nos médecins généralistes. Ils doivent conduire à une prise en charge immédiate en milieu hospitalier pédiatrique ; et selon le degré de la gravité, le nourrisson sera hospitalisé dans une unité de soins intensifs ou d’emblée dans 68 un véritable service de réanimation. La guérison est plus difficile et la cicatrisation épithéliale plus longue. Un suivi à moyen et à long terme serait nécessaire. Parmi ces critères de gravité, on peut retenir : - Une atteinte sévère de l’état général : aspect toxique, déshydratation aigue avec de grandes difficultés d’alimentation, léthargie… - L’intensité de la polypnée (fréquence respiratoire supérieure à 60 par minute) ; l’intensité des signes de lutte (tirage intercostal, geignement avec poussée expiratoire prolongée) ; l’irrégularité du rythme respiratoire avec pauses respiratoires et apnées (apnée par épuisement respiratoire ou d‘emblée une apnée inaugurale) ; respiration superficielle, silence auscultatoire, cyanose. - La mesure de la SaO2 par oxymétrie de pouls constitue la meilleure méthode pour évaluer la gravité d’un cas de BAN. Une SaO2 inférieure à 94% en air ambiant, au repos ou lors des tétées est considérée comme un indicateur de gravité. L’hypoxémie est encore plus significative si elle est inférieure à 92%. - La présence d’anomalies radiologiques : pneumonie, bronchopneumonie, atteinte interstitielle sévère, troubles importants de ventilation, pneumothorax et/ou pneumomédiastin. Certains scores cliniques d’évaluation ont été proposés, mais ils sont très peu utilisés, car pour la plupart d’entre eux, ils n’ont été que peu ou pas validés. 2. L’existence d’un terrain sous-jacent de gravité potentielle de la BAN doit aussi amener à faire l’évaluation et discuter la prise en charge en milieu hospitalier. Parmi les principaux facteurs, on retrouve : - L’âge de moins de 6 semaines est un grand pourvoyeur de complications et de formes graves, il doit conduire à une hospitalisation systématique. Ils en est de même pour les bébés ayant un poids de moins de 5 kg. Entre 6 semaines et 3 mois, l’hospitalisation se décidera sur les données de l’évaluation clinique. - La grande prématurité de moins de 34 semaines avec un âge civil de moins de 3 mois, surtout s’il y a en plus des antécédents de ventilation assistée néonatale et/ ou présence d’une dysplasie broncho-pulmonaire, doit Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 65-70 d’emblée conduire à hospitaliser. - L’existence d’une maladie chronique cardiaque et/ou respiratoire, à savoir une cardiopathie congénitale type shunt gauche-droit, une mucoviscidose, une dyskinésie ciliaire, une pathologie neuromusculaire… L’existence d’une telle pathologie sous-jacente doit faire craindre une décompensation cardio-respiratoire rapide. Enfin, en ce qui concerne la maladie sous-jacente, soit celle-ci est déjà connue par les parents, soit elle est juste découverte à l’occasion du diagnostic de la BAN. - Qu’il soit acquis ou congénital, le déficit immunitaire constitue aussi un grand facteur de gravité de la BAN avec la persistance d’élimination du virus pendant des semaines, voire des mois. Formes graves : prise en charge hospitalière Toutes les unités de soins hospitalières qui sont censés prendre en charge les BAN graves doivent disposer de certains moyens minimums de diagnostic, de soins intensifs et de surveillance continue, à savoir : une source d’oxygène et d’aspiration, un moniteur d’apnée et de mesure de la SaO2, la possibilité d’avoir une radiographie du thorax à l’admission et dans tous les cas de détérioration secondaire de l’état respiratoire ; un ionogramme sanguin pour dépister et corriger les anomalies hydro-électrolytiques ; un hémogramme et une CRP à la recherche d’une surinfection bactérienne, en sachant que dans la BAN, le seuil de sensibilité et de spécificité de ces deux examens n’est pas assez discriminant. Enfin, la place des examens virologiques contribue surtout à la collecte des données épidémiologiques locales, même si, parfois, ils peuvent aussi contribuer à mieux cerner le diagnostic étiologique. 1. Le maintien d’une bonne alimentation peut se faire comme pour les formes communes traitées en ambulatoire, sinon il faut utiliser soit une alimentation par sonde naso-gastrique (à la seringue ou en continu), soit par voie parentérale. La mise en place d’une perfusion intraveineuse sert à corriger la déshydratation aigue fréquente, due à un apport hydrique insuffisant, la tachypnée, la fièvre et les vomissements, d’autant plus que l’enfant n’arrive plus à s’alimenter. La réhydratation se fait avec surveillance du poids, de la diurèse et de l’ionogramme sanguin. 69 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 65-70 2. Les gestes de désobstruction, ou encore mieux, d’aspirations rhinopharyngés sont très bénéfiques et à pratiquer en permanence, chaque fois que cela est nécessaire, car la liberté des voies aériennes supérieures est essentielle. Les séances de kinésithérapie par accélération du flux expiratoire sont indiquées chez les nourrissons très encombrés, en particulier au niveau des voies aériennes inférieures. Elles doivent être pratiqués par des kinésithérapeutes entrainés aux techniques de l’enfant, les maintenir si celles-ci s’avèrent bénéfiques et immédiatement les arrêter si elles sont mal tolérées et si elles entrainent la désaturation du malade. dans les BAN modérées à sévères en milieu hospitalier. En luttant contre la déshydratation viro-induite de la surface des voies aériennes grâce à son pouvoir osmotique, le SSH attire l’eau des cellules épithéliales, diminue l’œdème sous-muqueux, et donc améliore la clairance muco-ciliaire. Les nébulisations répétées de SSH à 3% améliorent de 20% le score clinique de gravité à 48 heures et diminueraient la durée d’hospitalisation de 24 heures. Mais, si pour certains, la tolérance est excellente, pour d’autres il y a un risque d’induction de bronchospasme sévère et ils recommandent d’y associer un bronchodilatateur. 3. L’oxygénothérapie est indiquée à chaque fois que la SaO2 se trouve inférieure à 92%. Inversement, les besoins en oxygène que nécessitent les nourrissons à l’admission pour corriger leur SaO2 pourraient aussi prédire le score de sévérité et la durée d’hospitalisation. L’administration de l’oxygénothérapie peut se faire par des lunettes ou par sonde nasale. La ventilation assistée ne sera indiquée qu’en cas d’épuisement important des muscles respiratoires et/ou en cas de pauses et d’apnées à répétition. Dans ces cas, les mesures des gaz du sang seront utiles pour déterminer le degré d’hypoxie et d’hypercapnie, ainsi que le mode de ventilation à utiliser. Ces modes se sont diversifiés (mécanique, par haute fréquence, non invasive et CPAP), mais il faut privilégier les méthodes non invasives. Dans ces formes graves ventilées, l’héliox (mélange hélium-oxygène) pourrait avoir un intérêt et l’utilisation de la ribavirine a été abandonnée par de nombreuses équipes [2]. Dans notre contexte, certaines équipes marocaines ont essayé cette procédure thérapeutique, mais aucune n’en a fait un de ses protocoles favoris de traitement. Ainsi, plusieurs questions restent en suspens : quelle concentration optimale en sel ? quel nébuliseur recommandé et quel rythme idéal d’administration ? Faut-il adjoindre systématiquement une kinésithérapie respiratoire et/ou un bronchodilatateur ? [5] 4. Les nébulisations de salbutamol restent les premiers gestes thérapeutiques proposés par le pédiatre et le réanimateur en hospitalisation. Mais comme ces nébulisations se font automatiquement à partir d’une source d’oxygène, on obtient initialement toujours une amélioration relative mais qui n’est, encore une fois, que transitoire. Certaines équipes proposent de les maintenir si leur premier essai conduit à un succès thérapeutique. Or, de nombreuses métaanalyses ont prouvé que les beta2-agonistes n’amènent pas de bénéfices statistiquement significatifs. Il en de même pour l’utilisation de l’épinéphrine et de l’ipratropium bromide [1,2]. 5. Les nébulisations de sérum salé hypertonique à 3% (SSH) constitue une nouvelle possibilité thérapeutique séduisante, dont l’efficacité a été validée par de nombreuses études. Ce traitement peut être envisagé 6. Les corticoïdes oraux, inhalés ou intraveineux n’apportent, comme pour les formes communes, aucun bénéfice thérapeutique scientifiquement validé. Conclusion En conclusion, la bronchiolite aigue du nourrisson est une affection virale fréquente, habituellement bénigne et spontanément favorable. Son traitement doit être le plus simple possible et à l’heure actuelle, il n’est que symptomatique. Cependant, il arrive parfois que son expression soit potentiellement grave, ce qui conduit à sa prise en charge en milieu hospitalier. Devant la clarté et l’évidence de ces recommandations, notre comportement prescriptif vis-à-vis du traitement symptomatique, basé essentiellement sur des mesures générales, s’est nettement amélioré, mais pas encore suffisamment avec celui de la non prescription médicamenteuse. Dans le 1erépisode d’une BAN, on ne doit plus prescrire ni les médicaments inutiles, à savoir bronchodilatateurs, corticoïdes et antibiotiques, ni les médicaments délétères comme les fluidifiants et les antitussifs. Ces recommandations sur les BAN doivent être largement diffusées aux médecins, qu’il faut encore sensibiliser et convaincre de la non prescription médi- 70 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 65-70 camenteuse, pour qu’ils puissent à leur tour expliquer et convaincre les parents, tout en les accompagnant jusqu’à la guérison [6]. 3. 4. 5. Références 1. 2. Souhail F. Les bronchiolites du nourrisson. Rev Mar Mal Enf. 2008, 16:13-19. Marguet C. Bronchiolite aigue du nourrisson. In : Pneumologie pédiatrique. J.Blic et C. Delacourt. Médecine-Sciences, 6. Flammarion. 2009. ANAES. Prise en charge de la bronchiolite du nourrisson. Conférence de consensus. 2000. American Academy of Pediatrics. Diagnosis and management of bronchiolitis. Pediatrics. 2006, 118: 1774-93. Sauvaget E, David M, Bresson V et coll. Sérum salé hypertonique nébulisé et bronchiolite aigue du nourrisson: données actuelles. E. Arch Pédiatr. 2012, 19:635-641. David M, Luc-Vanuxem C, Loundou A et coll. Application de la Conférence de consensus sur la bronchiolite aigue du nourrisson en médecine générale : évolution entre 2003 et 2008. Arch. Pédiatr. 2010, 17: 125-31. Annexe 1. Moyens de prévention. − Un mode de garde excluant les crèches surtout en période d’épidémie. − Isolement des malades atteints, mais aussi des bébés sains, surtout ceux âgés de moins de 6 mois et en grande période épidémique. − Le lavage régulier et répété des mains à l’eau et au savon avant et après chaque contact avec un jeune nourrisson (ou appliquer une solution hydro-alcoolique) doit être la règle chez tous les parents et toute équipe soignante médicale pour éviter la transmission manuportée (minimal handing), qui est une source importante de contamination autant que la transmission aéroportée. Le virus survit jusqu’à 8 à 10 heures au niveau des mains et du matériel souillé. − Le tabagisme passif doit être totalement évité. − Report des hospitalisations programmées pendant l’épidémie (BAN nosocomiales). Annexe 2. Dyspnées obstructives sifflantes persistantes et/ou récidivantes du nourrisson. L’entité clinique des dyspnées sifflantes persistantes et/ou récidivantes est très fréquente chez le nourrisson. Durant les premiers contacts, surtout si elle est déclenchée par une virose respiratoire, cette entité risque de prêter confusion au praticien avec une BAN qui récidive et/ou qui persiste ; d’autant plus que les étiologies des dyspnées sifflantes sont nombreuses et que leurs diagnostics étiologiques sont parfois très difficiles. Les questions posées vont vérifier s’il y a une autre pathologie respiratoire sous-jacente ? S’il s’agit d’un asthme du nourrisson ? Ou si on peut évoquer une éventuelle évolution vers une bronchiolite oblitérante ? Ainsi, on doit éliminer : − Une obstruction des voies aériennes proximales, à savoir un corps étranger trachéo-bronchique (6 mois et plus), des adénopathies médiastinales compressives (tuberculose), une dyskinésie trachéo-bronchique, des anomalies des arcs aortiques, un kyste bronchogénique ou une sténose bronchique. − Une obstruction des petites voies aériennes, telle qu’une mucoviscidose, une dysplasie broncho-pulmonaire, une dyskinésie ciliaire primitive ou des séquelles de virose respiratoire grave. − Une pathologie d’inhalation, comme le reflux gastro-oesophagien, une fistule oeso-trachéale ou des troubles de la déglutition. − Une cardiopathie congénitale type shunt gauche-droite. 71 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 71-73 Recommandations Prise en charge de la bronchiolite aigue du nourrisson : pratiques à l’Hôpital des Enfants de Genève A. Mornand Unité de pneumologie pédiatrique, Hôpital des Enfants, Hôpitaux Universitaires de Genève, Suisse La définition courante en Suisse fait référence à un tableau d’infection des voies respiratoires inférieures, conduisant à une obstruction bronchique, durant la première année de vie. Le principal pathogène responsable est le VRS (Virus Respiratoire Syncitial), mais d’autres virus respiratoires peuvent également être responsable d’un tableau similaire. Le VRS est responsable des formes les plus sévères. Une revue récente des cas sur les saisons 2010-2012 pris en charge aux urgences de notre hôpital mettait en évidence une plus grande proportion d’infection à VRS parmi les enfants les plus jeunes, ainsi qu’une sévérité de la maladie accrue en cas d’infection à VRS (durée d’hospitalisation, d’oxygénothérapie et de support nutritionnel par SNG plus longue, valeurs de pCO2 plus élevées). Bien que la majorité des nourrissons soient traités en ambulatoire, la bronchiolite aigue reste l’une des causes d’hospitalisation les plus fréquentes en saison épidémique, soit d’octobre à mars en Suisse, avec un pic épidémique vers décembre-janvier. Epidémiologie Nous avons revu récemment l’épidémiologie des cas de bronchiolite aigue chez les nourrissons sans pathologie chronique, se présentant au service des urgences de notre hôpital, sur 2 saisons épidémiques (2010-2012) : 582 épisodes (479 enfants) ont été recensés. L’âge moyen à l’admission est de 4,4 ± 3.4 mois. 184 ont nécessité une hospitalisation dont 17 (9%) aux soins intensifs. La durée moyenne de séjour était de 4,8 ± 3.4 jours. La plupart des épisodes étaient liés à un virus non VRS (425 VRS-/582 épisodes) ; en revanche, la proportion d’enfants infectés par le VRS était supérieure en cas d’hospitalisation (131VRS+/184 patients hospitalisés). La prise en charge actuelle de cette pathologie en am- bulatoire et en milieu hospitalier repose sur les recommandations éditées en 2003 par le Groupe de travail de pneumologie pédiatriques suisse. Diagnostic Le diagnostic reste clinique, avec prodromes à type de rhinorrhée et toux sèche, puis tableau typique de râles crépitants, sibilances, hyperinflation, tachypnée et tirage. Une cyanose, des difficultés alimentaires ainsi que des apnées peuvent survenir. Le diagnostic rapide du VRS sur les sécrétions nasopharyngées est disponible aux urgences. Ce test est utile en cas d’hospitalisation, dans le but de cohorter les cas et d’éviter une propagation intra-hospitalière du virus, ainsi que pour les formes de présentation plus atypiques (malaise, apnées du nourrisson). Ce test n’est pas réalisé en routine, notamment si cela ne modifie pas la prise en charge (ex : enfant sans pathologie sous jacente ne nécessitant pas d’hospitalisation). Examens complémentaires Aucun bilan sanguin n’est effectué en pratique courante. La réalisation d’une formule sanguine et de la CRP se discute en cas de fièvre inexpliquée chez les nourrissons âgés de moins 3 mois, ainsi qu’en cas de suspicion de surinfection bactérienne, bien qu’elles soient rares lors des bronchiolites aigues et devraient pouvoir être suspectées sur des critères cliniques. La gazométrie capillaire se discute seulement pour les cas les plus sévères, afin de pouvoir apprécier les répercussions respiratoires ou métaboliques. La radiographie thoracique peutt révéler des anomalies 72 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 71-73 multiples, non spécifiques, sans lien démontré entre les anomalies radiologiques et la sévérité clinique. Elle est réservée en cas de suspicion de complications, de pathologie sous-jacente (cardiopathie, immunosuppression, pathologie pulmonaire chronique) et de doute diagnostique. Critères d’hospitalisation L’appréciation de la gravité se fait sur la base d’un score clinique prenant en compte la fréquence respiratoire, la saturation en oxygène, les signes de lutte et l’alimentation. Les formes modérées et sévères relèvent d’une prise en charge hospitalière. La mise en évidence d’apnée est aussi un critère d’hospitalisation. Les indications à une hospitalisation sont plus larges pour les nourrissons présentant une pathologie sous-jacente (mucoviscidose, dysplasie broncho-pulmonaire, cardiopathie…). Les critères d’hospitalisations comprennent donc : une saturation en O2 inférieure à 92% à l’éveil et à 90% pendant le sommeil, une incapacité à s’alimenter, des apnées, une insuffisance respiratoire progressive (tirage, tachypnée), une maladie sous jacente, une situation sociale difficile. Prise en charge en ambulatoire Les piliers de la prise en charge reposent sur l’abstention de mesures inutiles (minimal handling). L’instruction des parents permet une prise en charge adaptée à domicile (toilette nasale, alimentation et hydratation), ainsi que la reconnaissance des signes d’aggravation qui doivent faire reconsulter. Occasionnellement, l’emploi de gouttes nasales décongestionnantes à base de xylométazoline peut être utile. Il n’y a aucune indication en première intention à l’emploi de bronchodilatateurs ou de stéroïdes oraux ou inhalés, sur la base de métaanalyses qui apportent la preuve de l’absence de bénéfice de ces traitements sur le décours de la maladie, la durée d’hospitalisation ou le recours à l’oxygène. Leur utilisation n’est envisagée que chez les nourrissons avec hyper réactivité bronchique connue, et sous contrôle de leur efficacité. Prise en charge hospitalière Les nourrissons hospitalisés sont cohortés ou isolés. Des mesures d’hygiène sont mises en place pour les soignants et les visiteurs (port d’un masque, gants et blouses si approche < 1 m, désinfection du matériel et des surfaces). Ils bénéficient d’une surveillance rapprochée, par monitoring de la saturation et de la fréquence cardiaque (saturomètre), voire d’une surveillance plus étendue selon la sévérité. De la même façon qu’en ambulatoire, les soins sont limités au minimum. Une oxygénothérapie est mise en place en cas de saturation inférieure à 92% à l’éveil et à 90% pendant le sommeil, ou en cas de signes de détresse respiratoire importants avec fatigue. Un petit pourcentage de nourrisson nécessite un transfert aux soins intensifs pour support ventilatoire (ventilation non invasive et rarement intubation). La décision de ventiler un nourrisson se prend en priorité en fonction de son état clinique global, plus que sur les valeurs gazométriques. En cas de difficultés alimentaires, les prises sont dans un premier temps fractionnées. Un support de type sonde naso-gastrique peut être nécessaire en phase aigue, avec recours la voie intraveineuse pour les cas les plus sévères. Le poids est surveillé régulièrement ainsi que les électrolytes pour les cas perfusés. Les apports hydriques ne doivent pas être supérieurs aux besoins d’entretien normaux en phase aigue. Il n’y a aucune indication à la physiothérapie respiratoire, comme cela a été démontré par les métaanalyses systématiques. Une étude conduite dans le service a permis de démontrer l’absence de bénéfice de ce traitement sur l’évolution de la maladie, la fréquence respiratoire et la saturation. L’antibiothérapie n’a aucune place en première intention. Elle doit être discutée en cas de pathologie sousjacente avec gêne au drainage, cardiopathie, déficit de l’immunité ou formes sévères, avec couverture de l’Haemophilus influenzae et du pneumocoque. Des études récentes démontrent l’efficacité de nébulisation de sérum salé à 3% sur le score clinique et la durée d’hospitalisation pour les patients hospitalisés avec cependant absence de recommandations actuelles pour la pratique courante. Des études randomisées contrôlées sont en attente. Il peut être discuté l’intérêt d’une nébulisation d’adrénaline (1mg), selon des données récentes qui démontrent à court terme un effet positif sur le taux d’hospitalisation et l’amélioration du score clinique, sans pour autant d’effet rapporté sur la durée d’hospitalisation. Ce traitement est donc réservé actuellement à l’usage hospi- 73 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 71-73 talier, une seule fois, en cas de premier épisode modéré ou sévère, dans le but d’éviter une hospitalisation ou un transfert aux soins intensifs. Le retour à la maison se fait en fonction de l’état clinique, dès que la prise alimentaire est satisfaisante et qu’il est sevré en oxygène depuis 12 à 24 heures. Un contrôle est réalisé chez le pédiatre dans les 24-48 heures qui suivent la sortie. Références 1. Barben J. Traitement de la bronchiolite aigue du nourrisson. Pae- 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. diatrica. 2003, 14(6): 22-5. Wagner T. Bronchiolitis. Pediatrics in Review. 2009; 30:386-95. Da Dalt L. Treatment of bronchiolitis: state of the art. Early Hum Dev. 2013; 89:S31-6. Smyth RL. Bronchiolitis. Lancet. 2006(22); 368:312-22. Nagakumar P. Current therapy for bronchiolitis. Arch Dis Child. 2012, 97(9): 827-30. Wright M. Respiratory syncytial virus prevention and therapy: past, present and future. Pediatr Pulmonol. 2011, 46(8): 726-34. American Academy of Pediatrics.Diagnostic and management of bronchiolitis. Pediatrics. 2006; 118(4): 1774-93. Rochat I. Chest physiotherapy using passive expiratory techniques does not reduce bronchiolitis severity: a randomized controlled trial. Eur J Pediatr. 2012, 171: 457-62. 74 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 74 Table ronde. Santé mentale de l’enfant Recommandations en santé mentale de l’enfant et de l’adolescent G. Benjelloun Professeur de pédopsychiatrie, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc La santé mentale est un état de bien-être, un fonctionnement psychologique et cognitif optimal et un comportement social optimal. C’est aussi l’absence de maladie ou de déficience ou de trouble et l’absence de détresse psychologique réactionnelle La pédopsychiatrie joue un rôle fondamental dans toute politique de santé mentale de l’enfant et de l’adolescent. Elle est au cœur de ce qui fait la vie d’un enfant et d’un adolescent, au cœur de ce qui facilite leur développement, leur autonomie, leur épanouissement, leur équilibre et leur intégration dans la société. Elle permet de prévenir la souffrance psychologique, de la détecter au plus tôt et de la traiter. Son essor est urgent dans un pays comme le notre, dont la population en majorité jeune connait de profonds bouleversements sociaux et familiaux. Les 5 axes stratégiques pour la promotion de la santé mentale de l’enfant et de l’adolescent sont les suivants : Axe 1 : Connaissance de la situation de la santé mentale de l’enfant et de l’adolescent. La pratique clinique quotidienne révèle plusieurs points inquiétants : une intrication des facteurs de risque tels des facteurs organiques pré, péri ou postnataux, des carences affectives et éducatives, des violences et négligences au sein des familles ; une demande de soins de plus en plus forte ; des pathologies de plus en plus graves. Chez l’enfant, sont retrouvés particulièrement les troubles du développement, les troubles des apprentissages et les troubles anxieux. Chez l’adolescent, prédominent les troubles de l’humeur, les conduites addictives, les troubles psychotiques aigus, les comportements violents ou à risque. On constate un manque flagrant de professionnels spécialisés dans le secteur public (pédopsychiatres, psychologues, psychomotriciens, orthophonistes, infirmiers, éducateurs, enseignants spécialisés, travailleurs so- ciaux), et l’absence, dans le secteur public, de structures de soins spécifiques de ces enfants et adolescents en souffrance en dehors des CHU (Casablanca, Rabat, Marrakech, Fès). La pédopsychiatrie a été reconnue par les différentes instances officielles concernées (Ministère de la Santé, Ministère de l’Enseignement Supérieur, Ordre National des Médecins) comme une spécialité à part entière, distincte de la psychiatrie générale. Son enseignement et sa pratique sont organisés de façon intensive, répondant ainsi à des besoins essentiels. Mais malgré la création d’un service dédié aux enfants et adolescents à Casablanca, la demande reste très forte. Axe 2 : Mise à niveau et normalisation de l’existant en matière de prise en charge de la santé mentale de l’enfant et de l’adolescent. Reconnaissance des professionnels de l’enfance : psychologues, psychomotriciennes, orthophonistes, éducateurs spécialisés, infirmiers… Axe 3: Création de nouvelles unités, structures et programmes en matière de prise en charge de la santé mentale de l’enfant et de l’adolescent. La création de CMP (centres médico-psychologiques) dans toutes les villes permettrait de décentraliser les soins primaires. Axe 4 : Formation des acteurs en santé mentale de l’enfant et de l’adolescent. La formation des généralistes, pédiatres, psychiatres et pédopsychiatres au dépistage précoce d’un certain nombre de pathologies (autisme, dépression, troubles des apprentissages) et de faire de la prévention primaire et secondaire. La formation des professionnels de l’enfance psychologues, psychomotriciennes, orthophonistes, éducateurs spécialisés… Axe 5: Prévention / Promotion de la santé mentale de l’enfant et de l’adolescent par la sensibilisation, l’information, l’éducation / communication (changement de perception). 75 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 75 Table ronde. Santé mentale de l’enfant Signes précoces d’autisme, états des lieux en 2014 M.C. Laznik Psychanaliste, Association Lacanienne Internationale, Centre Alfred Binet, Paris, France S’il y a consensus de tous les spécialistes sur l’importance d’intervenir le plus tôt possible, l’idée que cela puisse se faire dans la première année de vie restait un vœux pieux ou bien une rêverie sans fondement, en tout cas dans la littérature scientifique. Le CHAT de Baron Cohen restait le seul test dont l’évaluation avait été faite sur une population significative (16.000 bébés). Mais il ne permettait d’évaluer qu’à 18 mois. Or les spécialistes s’entendent pour affirmer que 2 ans est l’âge limite pour améliorer sérieusement le tableau. Il s’agissait donc de trouver des signes dans les premiers mois de vie, ce à quoi la recherche PREAUT en France s’est attelée avec la collaboration de 600 médecins de PMI qui ont examiné plus de 14000 bébés. Le signe PREAUT n’a été validé par une publication scientifique avec facteur d’impact qu’en juillet 2013, et encore sur une population à haut risque, celle de bébés avec syndrome de West, pour bébés à 9 mois. Les données sur la population générale de la recherche PREAUT à 4 mois sont en cours de traitement. Mais jusqu’à récemment, la possibilité d’une évaluation dans les premiers mois rencontrait surtout du scepticisme. En octobre 2013 une bombe explose dans le monde de la recherche: la publication dans la revue Nature de la recherche de Ami Klin et l’équipe de Yale de la possibilité de diagnostiquer entre 2 et 4 mois par la méthode dite de «eye tracking». C’est ce que nous allons essayer de developer dans cet exposé. Référence Jones W, Klin A. Attention to eyes is present but in decline in 2-6-month-old infants later diagnosed with autism. Nature. 2013 Dec 19; 504(7480): 427-31. doi: 10.1038/nature12715. 76 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 76-86 Communications orales. Congrès Maghrébin 1. Etude des facteurs pronostiques précoces dans les myocardites virales aigües de l’enfant MM. Bekkar1, K. Belbachir1, B. Senouci1, M. Moussati2, K. Belhabiche2, S. Hiag1 Unité de cardiologie pédiatrique EHS Canastel, Algérie Service de réanimation pédiatrique, EHS Canastel, Algérie 1 2 La myocardite aigue est une pathologie grave. Il existe peu de critères pronostiques pour cette pathologie. Objectifs du travail: Etude rétrospective qui a pour but de rechercher des éléments pronostiques d’évolution clinique favorable dans les premiers jours d’hospitalisation et des éléments pronostiques de guérison. Matériel et Méthode : Etude sur dossiers du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2013 concernant les enfants admis dans le service avec un diagnostic retenu a postériori de myocardite aigüe virale ou idiopathique. Ont été étudiés les données cliniques biologiques et d’imagerie à l’admission du patient, à J1 et J3. Résultats : 23 dossiers ont été retenus. L’âge moyen au diagnostic a été de 17,3 mois et le poids moyen des enfants inclus a été de 9,3 kg. Le jour du diagnostic, 71% des patients ont présenté un tableau d’insuffisance cardiaque aigüe et 34% un choc cardiogénique, 19 patients ont eu un ECG modifié et 4 étaient sans particularités. Une cardiomégalie figurait dans 78% des cas. Les troponines ont toujours été positives. Une dysfonction ventriculaire a été retrouvée dans tous les cas de type hypokinésie avec diminution de la FR, de la FEVG et de l’ITVsAo. Les données collectées à J0 (admission), J1 et J3 ont été comparées entre les 2 groupes de patients : le groupe guérison et le groupe décès/récupération. Les facteurs pronostiques de guérison retrouvés à l’admission ont été : une proportion moins importante de troubles de repolarisation à l’ECG d’entrée, une acidose métabolique moins importante, des taux de NT-ProBNP plus importants. Les valeurs de la FEVG, FR, et ITVsAo ont été plus importantes pour les patients guéris. Le facteur pronostique de guérison retrouvé à J3 a été une évolution clinique favorable au troisième jour d’hospitalisation. Conclusion : Parmi les facteurs pronostiques significatifs de guérison à J1 et J3, on retrouve l’amélioration ou la stabilisation des constantes hémodynamiques à J1 et l’évolution clinique favorable à J3. Ces résultats semblent mettre en évidence l’importance de la rapidité de restauration d’une hémodynamique stable à l’aide d’un traitement médical. Les patients s’améliorant cliniquement à J3 ont présenté à l’admission un délai diagnostique plus prolongé, une acidose métabolique moins marquée et une FEVG plus élevée. 2. Les cardiomyopathies dilatées : étude de 22 observations A. Tej, Ch. Moulahi, S. Tilouche, R. Kebaili, N. Soyah, J.Bouguila, L.Boughamoura Service de Pédiatrie, CHU Farhat Hached, Sousse, Tunisie La cardiomyopathie dilatée (CMD) est définie par l’association d’une dilatation ventriculaire gauche (VG) et d’une insuf- fisance cardiaque. Les critères diagnostiques sont un diamètre du VG supérieur à 27mm et/ou une fraction d’éjection inférieure à 40-50%, ou de raccourcissement inférieure à 30%. A travers cette étude, nous allons décrire les aspects étiologiques, évolutifs et thérapeutiques de la cardiomyopathie dilatée chez l’enfant. Matériel et méthode : Etude rétrospective à propos de 22 observations colligées au service de pédiatrie Farhat Hached sur une période de 18 ans (1995-2013). Résultats : L’âge moyen du diagnostic est de 5,5 ans (2mois-14 ans) avec un sexe ratio de 1. Le tableau clinique était dominé par celui de l’insuffisance cardiaque aigue. Le diagnostic de CMD était suspecté devant les constatations cliniques et radiologiques et confirmé par les données de l’échographie cardiaque avec une FE moyenne de 34% (extrêmes de 15à 45%). Le bilan étiologique était pratiqué chez tous nos patients. Les étiologies de CMD, par ordre de fréquence, étaient d’origine indéterminée ou idiopathique (n=7), virale (n=4), auto-immune (association avec maladie cœliaque, rectocolite ulcéro-hémorragique et hémosidérose pulmonaire) (n=3), déficit en L-Carnitine (n=3), familiale (n=2), anomalie de naissance des coronaires gauches (n=1), toxicité par le Glucantime (n=1), et secondaire à une anémie profonde chez une patiente β-thalassémique (n=1). La prise en charge en période aigue a comporté le traitement de l’insuffisance cardiaque par les diurétiques, les IEC et la Digoxine, associés à un traitement antiagrégant plaquettaire si besoin. Le traitement substitutif par L-Carnitine a été prescrit dans deux cas et le troisième est décédé. L’évolution était marquée par la survenue de décès par défaillance cardiaque dans 36% des cas. Conclusion : La CMD est une pathologie ayant un mauvais pronostic. Ceci nous incite à pratiquer un bilan étiologique complet afin de retrouver une cause curable. Lorsque l’insuffisance cardiaque devient réfractaire au traitement, la seule solution thérapeutique est la transplantation cardiaque. 3. Intérêt d’une intervention éducative précoce et continue chez l’enfant diabétique type 1 D.Bekkat Berkani, N.Cherif, H.Maouche, L.Oukrif, F.Zemiri, K.Boukhil, K.Chikhi, W.Messadi, K.Hireche, A.Bensenouci Pédiatrie B, CHU Benimessous, Alger, Algérie Le diabète type 1 est une maladie chronique dont le contrôle glycémique est nécessaire pour la prévention des complications dégénératives. Le but de cette étude est d’évaluer l’effet d’une intervention éducative structurée et de soutien continu sur le contrôle glycémique chez les enfants et adolescents diabétiques. Méthode: Etude prospective intéressant 64 patients âgés de 6 à 17 ans, diabétiques type 1, suivis en consultation et répartis en trois groupes d’âge (6-9 ans,10-13 ans et 14-17 ans). Ils ont été inclus dans un programme d’éducation structuré sur le diabète. Ce dernier, d’une durée de 12 mois, dispensé par une équipe multidisciplinaire (pédiatre, infirmière et psychologue), a porté sur la physiopathologie de la maladie, 77 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 76-86 le traitement, l’adaptation des doses d’insuline, l’auto-surveillance glycémique, la diététique et les conduites à tenir en cas de situation d’urgence. Les scores de connaissances sur la maladie et son traitement, les comportements de soins (échelle TDK), et l’hémoglobine glyquée moyenne pour chaque groupe d’âge ont été évalués avant et après le programme. Résultats : Les enfants plus âgés (10-17 ans) avaient un meilleur score de connaissances que les plus jeunes alors que l’équilibre glycémique y était moins bon. Après éducation, il y a une augmentation des scores de connaissances dans les trois groupes d’âge mais de façon plus significative dans le groupe 6-9 ans en particulier lors des 6 premiers mois du programme. Dans le groupe d’âge 14-17 ans, une diminution significative de l’HbA1c moyenne a été observée (9,7± 2,1 vs 11,3 ± 2,2 ; p=0,016). Discussion : L’acquisition de connaissances et des comportements de soins est meilleure lorsque l’éducation est débutée précocement. Les reprises éducatives et le soutien psychologique en particulier à cet âge sont nécessaires. Une éducation thérapeutique structurée, précoce et continue permet des acquisitions de connaissances et des comportements de soins et leur maintien pour une meilleure gestion de la maladie chez l’enfant diabétique. 4. Diabète insulino-dépendant chez l’enfant : évaluation des connaissances et pratiques K. Nainia1, A. Benabdallah2, A. Aboussad1 CHU Mohamed VI, Marrakech, Maroc. 2CHP Mohamed 5, Safi, Maroc 1 Le diabète est une épidémie mondiale, et son incidence chez l’enfant est en constante augmentation. C’est une maladie lourde et coûteuse par son traitement, ses complications aigues, mais surtout par le risque de développer des complications chroniques. Son traitement est complexe et nécessite une gestion quotidienne de la part des enfants et leur parents, d’où la nécessité d’une éducation thérapeutique efficace et personnalisée. Pour ce faire, un diagnostic éducatif s’avère nécessaire. Matériel et méthode : le but de notre étude est de définir les besoins éducatifs des enfants diabétiques. Elle est réalisée en 2008 sur 31 enfants diabétiques suivis en consultation des diabétiques au service de pédiatrie à l’hôpital Mohammed V à Safi. Un questionnaire a été utilisé pour évaluer leur connaissance concernant : les connaissances générales, l’insulinothérapie, la diététique, l’exercice physique, la surveillance et les urgences. Résultats : sur les 31 enfants colligés, 64,5% appartenaient à la tranche d’âge 10-14 ans, 19,4% avaient abandonné leur scolarité, 58,1% appartenaient à des familles de revenus inférieurs à 1.500 DH, 67% des mères et 41% des pères étaient analphabètes. Concernant les connaissances : 17,2% des enfants et 13% des accompagnants pensaient que le diabète c’est d’avoir du sucre dans les urines, 55% des enfants et 21,7% des accompagnants ne savaient pas que c’est une maladie chronique. En ce qui concerne les organes atteints par les complications dégénératives du diabète, 16,2% des enfants et 8,6% des accompagnants n’avaient cité aucun organe et aucun enfant n’avait fait un lien direct entre l’équilibre glycémique et la prévention des complications dégénératives. En ce qui concerne la surveillance : 51,7% des enfants et 52,2% des accompagnants pensaient qu’il est normal d’avoir du sucre dans les urines alors que 72,4% et 90,9% des accompagnants pensaient que même avec une glycémie normale ou bien diminuée ils trouveront du sucre dans les urines, 20,7% des enfants et 8,7% des accompagnants pensaient que la présence de l’acétone est normale. Conclusion : la population étudiée présente plusieurs facteurs de risque : bas niveau économique, analphabétisme des parents, problèmes scolaires. Le besoin en terme d’éducation est expressif dans plusieurs domaines. Tout ces besoins doivent être prise en compte pour l’élaboration d’un programme éducatif adapté et efficace. 5. L’intérêt du biofeedback dans la prise en charge de la constipation et de l’encoprésie chez l’enfant : à propos de 93 cas I. Choukri, M. Idrissi Lakhdar, M. Hida Unité des explorations fonctionnelles de gastro-pédiatrie, Service de Pédiatrie, Département mère et enfant, CHU Hassan II, Fès, Maroc La rééducation par biofeedback est une technique d’apprentissage instrumentale visant à corriger l’asynchronisme des contractions anales lors des tentatives d’évacuation. Elle trouve aussi son intérêt dans les troubles de la sensibilité rectale. Le but de notre travail est de montrer l’intérêt du biofeedback dans le traitement de la constipation d’origine fonctionnelle et de l’encoprésie. Méthodologie : il s’agit d’une étude rétrospective portant sur tous les enfant traités par biofeedback faites au service de pédiatrie du CHU Hassan II de Fès entre Janvier 2009 et Décembre 2013. Résultats : nous avons colligé 93 cas, qui se répartissent en 67 garçons et 26 filles. L’âge de nos malades varie de 6 ans à 16 ans avec une moyenne de 8 ans et demi. Les patients ayant bénéficié du biofeedback présentaient soit une encoprésie (22 cas), soit une constipation (45 cas) ou les deux (26 cas). Tous les malades ont déjà bénéficié d’une manométrie ano-rectale qui était en faveur d’une dyskésie anorectale chez 56 malades, d’un trouble de la perception rectale chez 20 malades, et d’autres anomalies du fonctionnement recto-anal chez 17 malades. L’évaluation des résultats est basée sur le nombre de selles, l’aspect des selles et la diminution de l’encoprésie. L’évolution était favorable dans 70% des cas, après une moyenne de 10 séances. 11 malades sont toujours en cours de rééducation et 5 malades ont bénéficié d’un suivi psychiatrique devant l’absence de toute amélioration. Discussion: la rééducation du complexe recto-anal par la méthode de biofeedback vise à rétablir un mouvement physiologique de défécation sans effort de poussée et avec une parfaite relaxation des muscles du canal anal. C’est un traitement classique reconnu, peu invasif, à morbidité nulle et très peu couteux. Il est reconnu par son efficacité rapportée par la littérature dans 50-85% des cas. 6. Facteurs de risque d’oesophagites et de gastrites caustiques sévères dans une population pédiatrique : à propos de 1.059 cas R.Ben Rabeh, S.Yahiaoui, W.Ouali, S.Ben Messoud, O.Bouyahia, M.Assidi, S.Boukthir, S.Mazigh Mrad,A.Sammoud 78 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 76-86 Service de Médecine infantile C, Hôpital d’Enfants, Tunis, Tunisie L’ingestion de produits caustiques (IPC) en milieu pédiatrique constitue un vrai problème de santé publique, de par sa fréquence et la gravité des lésions qu’elle peut engendrer à court et à long terme. L’endoscopie digestive haute (EDH) permet d’établir le bilan lésionnel initial et le pronostic ultérieur. Le but de ce travail est d’identifier des facteurs de risque de lésions œsogastriques caustiques sévères. Méthode : Une étude rétrospective, concernant les EDH faites suite à l’IPC, a été réalisée à l’unité d’endoscopie digestive, au service de médecine infantile C de l’Hôpital d’Enfants de Tunis, de janvier 2005 à décembre 2012. Les LCS correspondent aux stades 2 et 3 de la classification de ZARGAR. Une analyse univariée et multivariée a été réalisée pour identifier les facteurs de risque de LCS. Résultats : L’étude a inclus 1.059 EDH (636 garçons/423 filles). L’âge moyen était de 41,35 ± 87 mois (5 jours-15 ans). Le produit était un oxydant dans 57,7% des cas, une base dans 37,5% des cas et un acide dans 4,8% des cas. La prévalence de l’IPC était de 40% en été. L’IPC a eu lieu durant les vacances dans 50,2% des cas. Le délai moyen entre l’ingestion du produit caustique et la première EDH était de 23,6 ± 27,2 heures (7 h-23 h). Des lésions caustiques ont été notées dans 20% des cas. Au niveau de l’œsophage, les lésions étaient sévères dans 11,5% des cas. Les facteurs de risque d’oesophagite caustique sévère étaient les signes fonctionnel à type d’hypersialorrhée, d’odynophagie, d’extinction de la voix et de cyanose (ORaj : 2,43 [1,09-5,41]), l’ingestion d’un produit non oxydant (ORaj :17,96[8,47-38,07]) et l’âge ≤ 6 ans (ORaj : 1,75[0,82-3,75]). Les facteurs de risque de gastrite caustique sévère étaient l’ingestion de produit caustique non oxydant (ORaj :4,43[2,2-8,89]), l’ingestion d’acide (ORaj : 3,07[1,14-8,3]) et l’hémorragie digestive (ORaj :1). L’évolution a été marquée par l’apparition de complications chez 36 enfants dans un délai moyen de 46,6 ± 49,3 jours (5-180 jours). Conclusion : L’IPC était domestique et survenait majoritairement pendant les vacances et la période estivale. Les facteurs de risque d’oesophagite caustique sévère étaient la présence de signes fonctionnel, le produit caustique non oxydant et l’âge ≤ 6 ans. Les acides et l’hémorragie digestive ont été identifiés comme des facteurs de risque de gastrite caustique sévère. lactique a été débuté après la 1ère ou 2ème hémarthrose chez tous les garçons nouvellement diagnostiqués. Nous avons évalué les antécédents de traitement substitutif par facteur anti-hémophilique, la date d’initiation de la prophylaxie, la date d’initiation du traitement à domicile. Le paramètre d’évaluation principal était l’état articulaire clinique et le nombre d’hémarthroses ou autres épisodes hémorragiques. Résultats: 10 garçons dont l’âge moyen est de 4 ans ± 1,1 (1,3 - 5 ans) atteints d’hémophilie A sévère sont inclus dans l’étude. L’âge moyen au moment du diagnostic était de 4 ± 3 (0 - 9) mois. La prophylaxie primaire a commencé à 2, 6 ± 1 (1,3 - 4) ans. Le nombre d’hémarthroses avant prophylaxie était ≤ 2. Le facteur VIII recombinant a été utilisé à 28 UI / kg une fois par semaine dès le début de l’étude. Les perfusions IV sont effectuées à l’hôpital puis à la maison dès que l’apprentissage des parents est bon. Tous les patients bénéficient d’un traitement à domicile après quelques semaines de formation. La dose de perfusion est augmentée à 40UI/Kg/ semaine chez 2 enfants et le nombre d’injections est de deux injections /semaine chez 1 enfant. La durée moyenne de la période de suivi est de 28 (1-36) mois. Pendant cette période, le nombre d’hémarthrose est en moyenne de 1 par an, le nombre de saignement musculaire est de 3 par an. 7 enfants sont circoncis. 2 enfants ont développé des inhibiteurs quelques mois après le début de la prophylaxie primaire: un avec un faible titre, l’autre avec le titre élevé de l’inhibiteur conduisant à l’interruption de la prophylaxie chez ce dernier. L’observance du traitement a été bonne et il n’y avait pas d’obstacle notable. Conclusion : l’efficacité du traitement prophylactique chez les patients atteints d’hémophilie sévère est bien établie mais son développement est limité en raison de son coût. 8. Traitement des thrombopénies immunologiques chroniques de l’enfant : problématique et résultats d’une étude bi-centrique L.Kedji, A.Ladjouze, A.Maoudj, K.Berkouk, R.Aboura, M.Bensmina, A.Laraba Pédiatrie, CHU Bab El Oued, Alger, Algérie N.Cherif, H.Maouche, D.Bekkat, L.Oukrif, F.Z.Zemmiri, A.Bensenouci Pédiatrie, CHU Béni-Messous B, Alger, Algérie 7. La prophylaxie primaire chez l’enfant d’hémophilie A sévère : faisabilité et résultats atteint K.Mammeri, S.Guemgar, F.Sadaoui, N.Touri, R.Mezghrani, C.Kaddache, R.Boukari Service de Pédiatrie de l’Université Saad Dahlab, Blida, Algérie Le traitement prophylactique de l’hémophilie sévère empêche les saignements et l’évolution vers l’arthropathie hémophilique. La prophylaxie primaire est recommandée chez l’enfant hémophile sévère. Le schéma optimal reste est à déterminer dans les pays à revenus faibles. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’efficacité et l’acceptabilité de la prophylaxie chez les enfants atteints d’hémophilie sévère. Méthode: Une étude observationnelle prospective réalisée dans le service de pédiatrie du CHU Blida de 2010 à 2013. Le traitement prophy- Problématique: la persistance de la thrombopénie chez les patients présentant une thrombopénie immunologique chronique (PTIC) expose au risque hémorragique, et pose un problème thérapeutique dans les formes sévères. Objectif: évaluer le traitement des PTIC. Méthode: étude d’observation bi-centrique (1997-2013) sur des enfants ayant une de thrombopénie immunologique (PTI). Nous avons inclus les PTI persistant au-delà de 12 mois, et exclu de l’analyse les PTI récurrents. Les paramètres étudiés sont la sévérité du saignement, les traitements de 1ère et de 2ème ligne utilisés, l’évolution et la rémission. Résultats : nous avons évalué 90 PTIC, 47 filles et 43 garçons. L’âge moyen au diagnostic est de 5,58 ± 3,6 ans (extrêmes : 0,5–15 ans). Au cours de l’évolution, on a noté l’absence de saignement n=38 (42,2%), un saignement Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 76-86 minime n=18 (20%) modéré n=25 (27%), et sévère n=8 (8%). Les plaquettes sont inférieures à 10.000/mm3 n=9 (10%), comprises entre 10.000 et 30.000 /mm3 n=53 (58,8%) et supérieures à 30.000/mm3 n=28 (31%). Au plan thérapeutique, 49 patients (54,4%) n’ont pas reçu de traitement, 37 (41%) ont reçu une corticothérapie, soit ponctuelle (n=25) soit prolongée (n=12). Les immunoglobulines intraveineuses ont été utilisées à la demande chez 12 patients (13%) et de façon régulière uniquement chez 2 patients. Un traitement de 2ème ligne a été utilisé chez 7 patients (7,7%) : 5 patients splénectomisés à un âge moyen de 6,6 ans et un délai moyen de 2 ans par rapport au début (résultats : 2 rémissions partielles, 2 complètes, 1 sans réponse), et 2 patients ont reçu du Rituximab (1 rémission partielle et 1 complète). L’évolution et l’exploration ont permis de révéler 14 PTIC secondaires : 4 LED probables dont 1 avec syndrome d’Evans (SE) et 10 déficits de l’immunité humorale dont 2 avec SE. Avec un recul médian de 60 mois (12-204 mois), la rémission complète concerne 34% des patients présentant un PTIC primaire. Aucun patient n’a présenté d’hémorragie intracérébrale. Commentaires: Les traitements de 2ème ligne ont des indications restreintes. Ils sont discutés au cas par cas dans les formes très symptomatiques. Dans la stratégie thérapeutique, la place du Rituximab par rapport à la splénectomie (qui est le traitement de référence) reste à déterminer. L’évolution vers la guérison des PTIC primaires chez l’enfant est possible même après plusieurs années. 9. Elaboration d’un score clinique prédictif de passage vers la chronicité du purpura thrombopénique immunologique nouvellement diagnostiqué de l’enfant H.Besbes1, S.Hammami1, I.Khefacha2, B.Mahjoub 3, K.Mahjoub3, MT.Sfar 3, L.Ghdira1, Ch.Ben Meriem1, S.Hadded1, MN.Guediche 1 Service de pédiatrie, CHU Fattouma Bourguiba, Monastir, Tunisie. 2 Laboratoire de Recherche, Statistique, Economie, Management et Finance Quantitative, FSEG Mahdia, IHEC Sousse. 3 Service de pédiatrie, CHU Taher Sfar, Mehdia. 1 Objectif : Elaborer un score pronostique prédictif de passage vers la chronicité du purpura thrombopénique immunologique (PTI) nouvellement diagnostiqué. Patients et méthode : Etude de deux cohortes rétrospectives de PTI colligés dans deux services de pédiatrie sur une période similaire de 25 ans (de Janvier 1988 à Décembre 2012), l’une menée au service de pédiatrie du CHU Fattouma Bourguiba Monastir et va servir d’étude de dérivation du score, et l’autre menée au CHU Taher SFAR Mehdia et va servir pour la validation externe du score. Dans les deux études, les critères d’inclusion étaient un âge entre 2 mois et 14 ans, un diagnostic de PTI formellement retenu après un recul minimum de 6 mois pour chaque malade. La définition adaptée pour le PTI chronique était une thrombopénie inférieure à 100.000/mm3 après 6 mois d’évolution. Les données ont été exploitées par un logiciel de statistique SPAD version 5.5. L’index prédictif était établi à partir d’une étude statistique poussée et par une procédure d’analyse discriminante. Résultats : 219 cas ont été colligés dans les deux études, répartis respectivement comme suit : 149 cas (âge moyen= 5,7 79 ans, sexe ratio H/F=1,48) dans la population de dérivation et 70 cas dans la population de validation (âge moyen= 5,4 ans, sexe ratio H/F=1,5). Le score établi comporte 6 paramètres. Des coefficients en fonction du poids statistique ont été attribués aux différentes modalités des paramètres utilisés. Le mode de début : avant 14 jours (0), entre 15 jours et 3 mois (14), plus que trois mois (31). L’échec du premier traitement : oui (8), non (0). La présence d’un facteur déclenchant : oui (0), non (11). L’âge : <1an (0), entre 1 et 5 ans (2), entre 6 et 8 ans (5) et >9 ans (14). Le taux de plaquette à 1 mois : <30.000/mm3 (14), entre 30.000 et 100.000/mm3 (5), >100.000/mm3 (0) et le taux de plaquette à 3 mois. La somme des différents coefficients pour chaque malade fournit un résultat convertible en probabilité de passage à la chronicité. La courbe ROC (Receiver operating characteristic) a montré une bonne spécificité (93%) et une bonne sensibilité de (90%) pour un seuil de 35. La probabilité de passage à la chronicité est de 70%. Un score entre 20 et 35 donne une probabilité intermédiaire. Un score inférieur à 22 est associé à une probabilité faible < 20%. L’étude de validation externe a montré une bonne spécificité de ce score (100%) et une bonne sensibilité (83,3%). Conclusion : Ce score clinique validé par une étude externe serait un outil de valeur pour orienter le pronostic du PTI. D’autres études prospectives sont nécessaires pour améliorer le niveau de validation et pour explorer l’utilité pratique de ce score. 10. Aspect épidémiologique et suivi du néphroblastome dans un service de pédiatrie générale H. Maouche, N. Chérif, D. Bekkat Berkani, L. Oukrif, F.Z. Zémiri, K.S. Boukhil, W. Messadi, K. Chikhi, K. Hirech, A. Bensenouci Service de Pédiatrie B, Hôpital Issaad Hassani, CHU Béni-Messous, Alger, Algérie Le néphroblastome est une tumeur embryonnaire maligne du rein. Il se rencontre le plus fréquemment entre 1 et 5 ans. Le traitement a bénéficié d’importants progrès donnant une guérison qui avoisine un taux moyen de 90 %. Objectif : Analyser le profil des malades atteints de néphroblastome pris en charge dans notre unité d’oncologie. Matériel et méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective sur une période de 10 ans. Critères d’inclusion : tous les dossiers de malades hospitalisés pour néphroblastome, dont le diagnostic est confirmé avec l’étude histo-pathologique. Critères d’exclusion : les dossiers dont le diagnostic n’est pas confirmé par l’étude histologique. Résultats : Nous avons colligé 33 dossiers d’enfants hospitalisés dans le service entre 2003 et 2013. Il s’agit de 14 garçons et 19 filles (sexe ratio : 0,7). Dix (30%) sont âgés de moins de 18 mois. Les signes d’appel sont la découverte d’une masse abdominale : 30 malades (91%), ou hématurie: 3 malades (9%). L’échographie montre une tumeur unilatérale chez tous les malades (19 à gauche, 14 à droite). Tous les malades ont reçu une chimiothérapie préopératoire suivie d’une chirurgie. La chirurgie avec exérèse tumorale complète a été réalisée chez tous les malades : 32 néphrectomies totales élargies et 1 néphrectomie partielle. Aucune rupture tumorale opératoire n’a été observée. Selon la classification de la SIOP nos 80 malades sont classés stade I : 2 cas (06%), stade II : 13 cas (39%) et stade III : 18 cas (55%). Tous les malades ont reçu une chimiothérapie postopératoire dont 15 une radiothérapie. Nous avons observé 25 guérisons (76%) et 8 perdus de vue (24%). Nous n’avons pas observé de décès. Discussion : 31 de nos malades (94%) sont âgés de moins de 5 ans. Le Groupe Franco-Africain d’Oncologie Pédiatrique (GFAOP) rapporte un sexe ratio de 0,9 (0,7 dans notre série). Le principal signe d’appel est la découverte d’une masse abdominale : 91% de nos malades, 58% dans une série tunisienne. On a observé une guérison dans 76% dans notre série, 70% pour le GFAOP, 80% pour Landolsi. Le Groupe francophone d’Oncologie Pédiatrique rapporte une mortalité de 13,7%, 17,1% dans une série tunisienne. Les résultats globaux de notre étude sont encourageants et nous pouvons mieux faire si toutes les conditions d’une prise en charge optimale sont réunies. 11. Neuroblastomes de l’enfant : à propos de 53 cas N. Khelafi, N. Baghdali, S.Chikhi, A.Hadji, S.Sokhal, R.Berkani Y.Ferhani, SA.Ladj, N.Aggoune, N.Benali-Khodja, R.Noumi, A.Mertani, M.Keddari Clinique Médicale Infantile, CHU Mustapha, Alger, Algérie Le neuroblatome (NB) est la tumeur solide maligne extracérébrale la plus fréquente. Objectif : Analyser les modalités diagnostiques et les résultats thérapeutiques. Matériel et méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective de 53 dossiers d’enfants suivis pour neuroblastome. Les patients ont bénéficié d’un examen clinique, des explorations radiologiques et biologiques. Résultats : La prédominance masculine est nette (78% vs 22%). L’âge moyen au diagnostic est de 35 mois (1,5 mois – 13 ans). La localisation abdominale est prédominante (83%). Les catécholamines urinaires sont élevées chez huit patients sur dix. La scintigraphie à la MIBG fixe la tumeur primitive dans 72% des cas et les métastases dans 24% des cas. Le myélogramme a été fait chez 50 patients. La PBO a été faite dans 28% des cas. Les stades IV prédominent (68%). Les sites métastatiques sont essentiellement l’os (30%), la moelle osseuse (28%), le foie (21%), les ganglions (13%). La chimiothérapie préopératoire type CADO/PE est prescrite chez 68% des patients. Un peu moins de la moitié des enfants (45%) ont été opérés. L’évolution est marquée par le décès de 17 enfants (32%). Parmi les enfants vivants, 53% ont été perdus de vue. Commentaires : Trois quarts des enfants de notre série ont plus de 1 an, ce qui constitue un premier facteur de mauvais pronostic. La prédominance du site abdominal de la tumeur primitive est rapportée dans la littérature. Les catécholamines urinaires constituent la clé diagnostique dans 82% des cas. La recherche de métastases au niveau ostéo-médullaire est insuffisante. Le standard universel (4 myélogrammes et 2 PBO) n’est pas respecté, ce qui explique le faible taux des localisations ostéomédullaires. Seul deux tiers des patients ont bénéficié d’un protocole de chimiothérapie préopératoire correct. La chirurgie n’a pas été possible dans tous les cas en raison des difficultés liées aux rapports étroits de la tumeur et les vaisseaux. Les formes métastatiques et immatures sont les plus fréquentes, ce Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 76-86 qui explique le taux de décès. Des efforts supplémentaires sont indispensables tant pour le plateau technique diagnostique, que thérapeutique pour améliorer nos résultats thérapeutiques. Nos résultats dépendent des moyens disponibles pour la prise en charge. Des progrès à tous les niveaux sont indispensables en particulier sur le plan thérapeutique. Ceci est à intégrer dans le cadre du développement de l’oncologie pédiatrique. 12. Evaluation de l’efficacité et de la tolérance des immunoglobulines dans les déficits immunitaires primitifs N.Douail, M.El Hachimi Alaoui, F.Ailal, A.A.Bousfiha, J.Najib Unité d’Immunologie Clinique, Pédiatrie 1, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc Les immunoglobulines polyvalentes humaines sont des protéines plasmatiques douées d’une activité anticorps. Leur utilisation au cours des déficits immunitaires primitifs remonte en 1952 par Bruton qui s’en est servi pour traiter un patient agammaglobulinémique. Cette première utilisation a été par voie intramusculaire mais devant les effets secondaires constatés et la nécessité de perfuser de grandes quantités, les voies intraveineuses et sous-cutanées ont vu le jour. A travers notre étude, nous évaluons l’efficacité et la tolérance des immunoglobulines dans les déficits immunitaire primitifs dans notre structure. Malades et méthode : c’est une étude de 225 perfusions chez 35 malades porteurs d’un déficit immunitaire durant 8 mois, de septembre 2012 à mai 2013. Les fréquences de perfusions variaient de 2 à 4 semaines, les doses perfusées oscillaient entre 200 et 800 mg/kg par séance par voie intraveineuse. L’efficacité du traitement a été évaluée sur les taux résiduels d’immunoglobulines G, la récurrence d’infections aigues, le nombre d’hospitalisations, l’évolution des bronchectasies et la pathologie digestive. Résultats : Les taux résiduels des immunoglobulines G étaient compris entre 1,34 et 17,28 g/l pour une moyenne de 5,62 g/l. La fréquence des épisodes infectieux et le nombre d’hospitalisations sont passés en moyenne de 1,62 à 0,65 épisodes infectieux par an et de 0,88 à 0,46 hospitalisation par an. Les épisodes d’exacerbations de dilatations de bronches ont diminué mais on a noté l’apparition de deux nouveaux cas chez des patients porteurs d’un déficit immunitaire combiné sévère. Quant à la pathologie digestive, dans certains cas, elle n’a pas pu être prévenue ou traitée grâce aux immunoglobulines, surtout dans le déficit immunitaire combiné sévère. Les réactions indésirables apparues au cours de notre suivi étaient globalement mineures à modérées, mais restent élevées comparées à celles de la littérature. Un cas de réaction d’hypersensibilité a été noté, chez qui la voie sous-cutanée a été de mise avec une bonne innocuité. Discussion : Quoique l’administration des immunoglobulines chez nos malades a prouvé son efficacité dans la diminution des épisodes infectieux et le nombre d’hospitalisations, elle reste insuffisante quant à l’évolution de la bronchectasie et la pathologie digestive, d’où l’intérêt d’un dépistage précoce. La voie sous-cutanée reconnait un regain d’intérêt dans le monde et peut être une excellente alternative à la voie intraveineuse quand celle-ci n’est pas possible. 81 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 76-86 13. Méningites à pneumocoque chez l’enfant : étude des facteurs pronostiques, à propos de 80 cas M.Khemiri1, A.Kefi1, F.Fedhila1, K.Kazdaghli1, F.Ben Mansour1, H.Smaoui2, A.Sammoud3, S.Ben Becher4, K.Boussetta5, N.Ben Jaballah6, A.Maherzi7, N.Tebib8, A.Kechrid2, S.Barsaoui1 Service Médecine Infantile A, Hôpital d’enfants Bechir Hamza, Tunis, Tunisie. 2 Service de Bactériologie, Hôpital d’enfants Bechir Hamza, Tunis. 3Service de Médecine Infantile C, Hôpital d’enfants Bechir Hamza, Tunis. 4Service de Pédiatrie Urgences Consultation, Hôpital d’enfants Bechir Hamza, Tunis. 5Service de Médecine Infantile B, Hôpital d’enfants Bechir Hamza, Tunis. 6Service de Réanimation Polyvalente, Hôpital d’enfants Bechir Hamza, Tunis. 7Service de Pédiatrie, Hôpital Mongi Slim, la Marsa, Tunis. 8Service de Pédiatrie, Hôpital Rabta, Tunis. 1 Malgré les progrès dans les domaines de l’antibiothérapie et des soins intensifs, le pronostic des méningites à pneumocoque (MPn) de l’enfant reste réservé. Objectifs : déterminer les facteurs pronostiques de mortalité et de séquelles neurologiques au cours des MPn. Patients et méthode : étude rétrospective multicentrique des cas de MPn colligés dans 6 services de pédiatrie du grand Tunis durant 11 ans (janvier 2000 à décembre 2010). Ont été inclus tous les enfants ayant un tableau clinique évocateur associé à une culture positive du LCR à Streptococcus pneumoniae. La mortalité par MPn a été définie par la survenue du décès au cours de l’hospitalisation et les séquelles par toute anomalie neurologique persistante au delà de 6 mois. Afin d’identifier les facteurs pronostiques, une analyse statistique uni et multi-variée a été réalisée en fonction de l’évolution (décès, survie avec et sans séquelles) en se basant sur le logiciel SPSS (version 15). La signification statistique retenue est p < 0,05. Résultats: 80 cas de MPn ont été répertoriés chez 77 enfants (42 garçons et 35 filles). L’âge médian était de 7 mois (1,3-172 mois), 67,5% avaient moins de 2 ans. 19 enfants (24.6%) avaient un facteur favorisant dont 7 cas de brèche méningée et 6 cas d’otite moyenne aigue. Le délai moyen d’hospitalisation était de 2,7 jours (1-8j). 18 enfants avaient reçu un antibiotique β-lactamine avant l’admission. Le sérotype de Pn a été identifié dans 49 cas (61,25%) dont les principaux sont le 14, le 19F (10%) et le 23F (5%). Le taux de PSDP était de 48,43% et la sensibilité intermédiaire aux C3G de 6,25%. Sept enfants sont décédés (9%), 24 ont survécu avec des séquelles (31,16%) et 48 sans séquelles (59,74%). Les principaux paramètres associés au décès sont l’importance de la protéinorrachie, les troubles hémodynamiques et la ventilation artificielle (p=0,008, p=0,021). Les principaux facteurs associés aux séquelles sont la prise préalable de β-lactamines (p=0,012 ,OR=3,64), la survenue de complications cliniques (p=0,032, OR=10), la CRP élevée (p=0,007), la proteinorrachie (p=0,029 ), le SIADH (p=0,031,OR=3,64), les complications radiologiques (p=0,03,OR=4,66) et la durée de séjour en réanimation (p=0,006, OR=5,62). Discussion : aucune association n’a été retrouvée avec le sexe, l’age, le délai diagnostique, l’existence de facteur favorisant, l’hypoglycorrachie ou le phénotype de Pn. L’analyse multivariée identifie l’importance de la réaction inflammatoire (variables CRP et protéinorrachie), la fréquence des complications cliniques et radiologiques ainsi que la durée de séjour en réanimation comme les facteurs les plus pourvoyeurs de séquelles. La mortalité augmente avec la protéinorrachie, le collapsus et la ventilation artificielle. 14. Sensibilité aux antibiotiques des germes responsables de l’infection urinaire de l’enfant C.Dhaibi, W.Mrabet, N.Amenzoui, Z.Jouhadi, A.A.Bousfiha, J.Najib F.Adnane, F.Ailal, Service de Pédiatrie 1, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, Casablanca, Maroc L’infection urinaire de l’enfant constitue une pathologie fréquente en pédiatrie pouvant mettre en jeu le pronostic rénal, ce qui nécessite un traitement urgent basé sur une antibiothérapie probabiliste en attente des données de l’antibiogramme, d’où l’intérêt d’une connaissance continue des principaux germes responsables, et leur sensibilité aux antibiotiques. Matériel et méthode : notre étude a reposé sur l’analyse rétrospective de 290 cas d’infections urinaires hospitalisés au service de pédiatrie 1 de l’Hôpital d’Enfants du CHU ibn Rochd à Casablanca, sur une période de 3 ans (2011-2013). Résultats : il s’agit de 173 garçons et 117 filles âgés de 30 jours à 14 ans avec un âge médian de 5 ans. L’étude de la répartition des germes montre une prédominance d’Escherichia coli (47%) suivi de Klebsiella pneumoniae (12%) et du streptocoque D (3%), alors que le pseudomonas est observé dans 7 cas. Les germes producteurs de blases sont observés chez 30 cas dont 80% sont porteurs d’uropathie malformative. L’Escherichia coli est prédominant chez la fille, en revanche le Klebsiella pneumoniae est prédominant chez le garçon. L’automédication à base d’amoxicilline est observée chez 36% des enfants. L’étude de la sensibilité de ces germes aux antibiotiques montre une résistance à 40% pour l’amoxicilline, 17% pour la céfalotine et 24% pour le cotrimoxazole. Les céphalosporines de troisième génération et les aminosides restent constamment actifs sur 96% des germes, avec seulement 12% de résistance pour céphalosporine 3ème génération et 9% pour la gentamycine. Conclusion : l’automédication et l’usage irrationnel de l’antibiothérapie par le clinicien a contribué à l’émergence de souches résistantes, compliquant encore plus la prise en charge de l’infection urinaire, d’où l’intérêt du respect des recommandations thérapeutiques basées sur les données bactériologiques et d’une coopération étroite entre les cliniciens et les microbiologistes pour une surveillance continue des souches résistantes. 15. L’ECBC dans un service de pneumo-allergologie et infectiologie pédiatrique : a t-il toujours sa place ? G.Zouiri, M.A.Radouani, F.Benbrahim, N.El Hafidi, A.Asermouh, S.Benchekroun,Ch.Mahraoui Service de Pneumo-Allergologie et Infectiologie Pédiatrique, Pédiatrie 1, Hôpital d’Enfants, Rabat, Maroc Objectif de l’étude : étudier les examens cytobactériologiques des crachats ECBC réalisés dans un service de pneumo-allergologie et infectiologie pédiatrique afin de déterminer la répartition des microorganismes isolés et leur sensibilité aux anti- 82 biotiques, et d’établir la contribution des ECBC dans la prise en charge thérapeutique des atteintes pulmonaires aigues et chroniques des patients. Matériel et méthode : c’est une étude rétrospective (Janvier 2012 à Novembre 2012) menée au service de pneumo-allergologie et infectiologie pédiatrique de l’hôpital d’Enfants de Rabat, intéressant tous les ECBC réalisés durant cette période. Résultats : nous avons recensé 94 ECBC réalisés chez 51 malades, dont 37% étaient positifs. 57% des ECBC positifs étaient réalisés chez des patients hospitalisés pour une pneumopathie aigue ou à répétition, 15,8% chez des patients porteurs d’une mucoviscidose, 15,8% chez des patients suivis pour une dilatation des bronches. Le microorganisme le plus retrouvé était le Staphylococcus aureus à raison de 34,3% suivi du Pseudomonas aeruginosa à raison de 25,7%, puis le Klebsiella pneumoniae et le Streptococcus pneumoniae à raison de 5,7%. Tous les staphylocoques aureus isolés étaient sécréteurs de β-lactamase. Leur sensibilité pour la gentamicine, la vancomyine et l’érythromycine était respectivement de 100%, 100% et de 75% ; 12,5% des Staphylococus aureus étaient méti-R. Pour le pseudomonas aeruginosa, la sensibilité aux C3G (ceftazidime) était de 100%, avec une résistance à la gentamicine, à l’imipénem et à la ciprofloxacine de l’ordre de 11% chacun. 2,1% du nombre total d’ECBC réalisés ont contribué à une modification thérapeutique. Conclusion : le recours aux ECBC devrait être plus fréquent, essentiellement chez les patients porteurs de pathologies pulmonaires chroniques, ce qui pourrait aider à un meilleur ajustement thérapeutique. 16. Devenir des prématurés de 1500 g et moins à la maternité de Kouba : à propos de 2871 cas (2006-2013) S. Alhallak, A. Elhassane, M. Derguini Hôpital de Kouba, Alger, Algérie La prématurité est un problème de santé publique par sa grande fréquence, ses nombreuses complications, sa lourde prise en charge, sa longue durée d’hospitalisation, le manque de structures adéquates d’accueil, principale pourvoyeuse du handicap neurosensoriel (vision, audition). Objectif du travail: analyser la part des prématurés de 1500 g et moins par rapport à la prématurité en général et aux naissances vivantes ; étudier les causes et les facteurs de risque ; étudier la morbidité et la mortalité de ces prématurés. Matériel et méthode : étude rétrospective sur dossiers des prématurés de 1500g et moins quel que soit l’âge gestationnel durant les années 2006-2013 à la maternité de l’hôpital. Résultats : durant 8 ans (2006-2013) on a enregistré 54.693 naissances vivantes dont 2.871 prématurés tout âge gestationnel confondu ce qui représente 5.3%, et 723 prématurés de 1500 g et moins, ce qui représente 1.3% de l’ensemble des naissances vivantes, et 25.18% de l’ensemble des prématurés. Quant aux facteurs de risque et aux étiologies, le sexe masculin est retrouvé dans 57% des cas, la primiparité et la pauci-parité représentent 79.3% des cas. Le syndrome vasculo-renal et la rupture prématurée des membranes constituent 71% des cas. Mais dans 32.8% des cas, aucun facteur n’est identifié. Les complications majeures restent la détresse respiratoire et l’ictère lié à l’immaturité hépatique (22.8% et 24.24% respectivement). Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 76-86 L’infection materno-fœtale, l’hypothermie et l’hypoglycémie restent fréquentes mais toujours dépistées et traitées à temps. La mortalité dans cette tranche de poids représente 38.8% de l’ensemble des prématurés, ce qui augmente considérablement la mortalité infantile. L’analyse des décès par tranche de poids et d’âge gestationnel trouve une plus grande corrélation avec l’âge gestationnel qu’avec le poids de naissance. Le taux de survie dépasse 60% et qui s’améliore d’année en année. Conclusion : l’amélioration des infrastructures, des équipement et des conditions d’accueil des nouveau-nés et des prématurés, l’utilisation de la corticothérapie en anténatal, l’utilisation d’assistance respiratoire non invasive à savoir la CPAP ont permis de diminuer la mortalité néonatale même chez les très grands prématurés. Mais le traitement le plus efficace reste le suivi des grossesses, le dépistage des grossesses à haut risque pour l’extraction à temps d’un fœtus de bonne qualité. 17. Evaluation de la ventilation par nCPAP en première intention dans la détresse respiratoire du nouveau-né T.Khemis, K.Ben Ameur, H.Ben Hmida, FZ.Chioukh, M.Bizid, K.Monastiri Service de réanimation et de médecine néonatale, Monastir, Tunisie La ventilation par pression positive continue par voie nasale (nCPAP) est une technique de ventilation non invasive fréquemment utilisée dans les unités de néonatologie du fait qu’elle est peu agressive et minimise les barotraumatismes ainsi que l’évolution vers la dysplasie broncho-pulmonaire. L’objectif de notre travail était d’étudier les caractéristiques épidémiologiques, cliniques et évolutives des nouveau-nés ventilés en première intention par nCPAP dans notre service durant l’année 2012. Matériel et méthode : Etude rétrospective analytiques menée dans le service de réanimation et médecine néonatale de Monastir du 1er janvier au 31 décembre 2012 incluant tous les nouveau-nés nécessitant une assistance respiratoire et qui ont été ventilés initialement par nCPAP. Les critères d’inclusions pour l’indication de cette stratégie d’assistance ventilatoire étaient les nouveau-nés présentant une détresse respiratoire modérée en rapport avec une maladie des membranes hyalines, une tachypnée transitoire ou une alvéolite infectieuse, et des apnées graves chez un prématuré quel que soit son âge. Les critères d’exclusion étaient les nouveau-nés en détresse vitale mais avec une contre indication de la nCPAP ou une indication d’emblée à une ventilation invasive. Résultats : Nous avons inclus 62 nouveau-nés. L’âge moyen à l’admission était de 2,9 heures (1 à 42h). Le délai moyen de mise sous nCPAP était de 0,7 heures (0,5-3h). 72% des grossesses étaient des grossesses uniques. La pathologie gravidique la plus fréquente était la toxémie gravidique dans 11 cas suivie du diabète gestationnel dans 5 cas. La maturation pulmonaire anténatale par corticoïdes était faite dans 46,8% des cas. Le terme moyen de naissance était de 33,3 SA (26-40 SA) avec un poids de naissance moyen de 2.050g (8303.650g). Le score de Silverman moyen à l’admission était de 3 avec une saturation en oxygène à l’air ambiant à 89%. Les indications de la mise en place de la ventilation par nCPAP étaient essentiellement la détresse respiratoire néonatale immédiate (58 83 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 76-86 cas) et des apnées graves (4 cas). La moyenne des paramètres initiaux de la nCPAP était une pression expiratoire positive à 4,5 cmH2O et une FiO2 à 30%. Le sevrage à l’air ambiant était réussi dans 72,6% des cas. Le recours à la ventilation invasive était indiqué dans 10 cas dont 8 ont nécessité des besoins élevés en oxygène. La durée de ventilation moyenne était de 33 heures. 21 nouveau-nés ont présenté des complications en rapport direct avec ce mode ventilatoire: 2 cas de pneumothorax nécessitant un drainage, 17 cas de lésions narinaires et 2 cas d’intolérance digestive simple. Un cas de dysplasie broncho-pulmonaire est noté. La durée moyenne d’hospitalisation était de 16 jours avec un recul moyen à la consultation externe de 145 jours. Discussion : Quand elle est indiquée, la ventilation initiale par nCPAP est le mode de choix chez le nouveau-né. Les complications étaient dominées dans notre étude par les lésions narinaires. Celles-ci nécessitent l’amélioration du nursing des ventilés. Les facteurs d’échec étaient surtout liés à une sur-morbidité qui est essentiellement l’infection nosocomiale. La ventilation initiale par nCPAP, quand elle n’est pas contre-indiquée, est une stratégie de ventilation attrayante. Toutefois elle nécessite un personnel habitué à son utilisation. 18. Facteurs prédictifs de l’insuffisance rénale au cours de la hyalinose segmentaire et focale K.Abidi1, M.Jellouli1, M.Ferjani1, Y.Hammi1, C.Zarrouk1, R.Goucha2, O.Naija1, T.Gargah1 Service de pédiatrie, Hôpital Charles Nicolle, Tunis, Tunisie. 2Service de Médecine Interne, Hôpital Charles Nicolle, Tunis 1 La hyalinose segmentaire et focale (HSF) est responsable de 20% des syndromes néphrotiques primitifs de l’enfant. Elle est caractérisée par sa diversité clinique, histologique et évolutive. L’objectif de notre travail est de déterminer les facteurs prédictifs d’évolution vers l’insuffisance rénale chronique (IRC) au cours de la HSF. Matériel et méthodes: étude rétrospective sur une période de 15 ans (1996-2010) menée dans le service de Pédiatrie de l’hôpital Charles Nicolle de Tunis. Résultats : il s’agissait de 30 enfants (16 garçons et 14 filles) d’âge moyen de 7,3 ± 4,6 ans. Les circonstances de découverte étaient dominées par le syndrome néphrotique dans 26 cas. Le type histologique le plus rencontré était la variante classique. Le traitement par la cyclosporine était indiqué chez 21 patients avec une rémission chez 81% des patients. Six patients ont reçu la cyclophosphamide avec une rémission observée chez 50% des patients. Douze patients ont évolué vers l’IRC et huit ont évolué vers le stade terminal. Trois patients étaient transplantés sans rechute. L’évolution vers l’IRC était associée de façon significative avec la réponse à la cyclosporine (p=0,02). Environ 2/3 des patients qui ont répondu à la cyclosporine n’ont pas évolué vers l’IRC. L’évolution vers l’IRC était également liée statistiquement à la consanguinité (p=0,04), et au type histologique de la HSF (p=0,05). Seulement 21% des patients ayant la variante classique de la HSF ont évolué vers l’IRC alors que tous les patients avec un « collapsing nephropathy » ont évolué vers l’IRC. Nous n’avons pas trouvé de corrélation avec les autres paramètres cliniques, biologiques et histologiques. Conclusion : la cyclos- porine parait être un traitement efficace de la HSF. Les facteurs prédictifs de l’IRC au cours de la HSF sont la consanguinité, le type collapsing nephropathy et la non réponse à la cyclosporine. 19. Approche diagnostique des leucodystrophies H.Bekkakcha, A.Mekki, K.Haddad, C.Boubidi, A.Lebied Clinique médicale des enfants, CHU Hussein Dey, Hôpital N. Hamoud, Alger, Algérie Les leucodystrophies sont des maladies génétiques primitives affectant la substance blanche du système nerveux central et parfois du SN périphérique. La symptomatologie est variable se manifestant souvent par une régression des acquisitions psychomotrices. Le diagnostic est difficile, nécessitant la connaissance des étapes de myélinisation du système nerveux central et leur application en IRM. Le diagnostic étiologique se fait par l’étude moléculaire et les analyses biochimiques. Objectif : Analyser les caractéristiques cliniques et radiologiques et proposer une approche étiologique des leucodystrophies avec des cas cliniques interactifs. Matériel et méthodes : Etude rétrospective de 10 dossiers d’enfants hospitalisés en pédiatrie A (de 2010 à 2013) pour exploration d’un retard psychomoteur. Résultats : 9 nourrissons d’âge moyen 14 mois et un enfant de 8 ans. 7 garçons et 3 filles. Consanguinité dans 7 cas. 3 histoires familiales. Régression des acquisitions psychomotrices : 8 cas. Mouvements anormaux des yeux et hypotonie : 2 cas. Signes moteurs: syndrome pyramidal. Convulsions d’apparition tardive : 3 cas. Tous les malades ont bénéficié d’une IRM cérébrale qui a mis en évidence des signes caractéristiques ayant contribué au diagnostic de 3 leucodystrophies métachromatiques , 2 cas de maladie de Krabbe, 2 cas de Pelizaeus-Merzbacher, un syndrome de Canavan, un CACH syndrome et un cas d’adrénoleucodystrophie. Discussion : Après l’orientation clinique et anamnestique, l’IRM cérébrale permet le diagnostic positif par l’application des étapes de myélinisation. L’aspect IRM peut nous orienter vers le diagnostic étiologique par l’analyse de l’atteinte de la substance blanche avec association ou non à une atteinte de la substance grise. Le diagnostic sera confirmé par l’étude moléculaire et les analyses biochimiques, en l’absence de dosage spécifique, le diagnostic se fait sur les arguments cliniques, radiologiques et neurophysiologiques. L’analyse clinique couplée à l’interprétation rationnelle de l’IRM cérébrale permet d’obtenir une gamme diagnostique ciblée et d’aider la démarche étiologique des leucodystrophies. 20. Le syndrome métabolique chez l’enfant et l’adolescent obèse N.Mekaoui, L.Touzani, A.Gaouzi Unité d’Endocrinologie Pédiatrique, Service de Pédiatrie 2, Hôpital d’Enfants, Rabat, Maroc Le syndrome métabolique est défini par l’association chez un même individu d’une obésité abdominale, d’une hypertension artérielle, d’une dyslipidémie et d’une intolérance au glucose avec insulino-résistance. Chez l’adulte, il est actuellement établi qu’il augmente fortement le risque de survenue d’un accident cardiovasculaire tandis que la quantification du 84 risque est à ce jour difficile chez l’enfant. L’augmentation de la prévalence de l’obésité au Maroc ainsi que la gravité des complications auxquelles est exposée cette population nous ont poussé à étudier la prévalence du syndrome métabolique chez une population d’enfants et d’adolescents obèses et à l’identification de ses différentes complications. Matériel et méthode : il s’agit d’une étude rétrospective descriptive et analytique portant sur un échantillon d’enfants et d’adolescents suivis à la consultation d’endocrinologie du service de Pédiatrie IIA à l’hôpital d’enfants de Rabat sur une durée de 6 ans et demi (Janvier 2002-Avril 2009). Ont été inclus les enfants âgés de 10 à 15 ans ayant consulté pour obésité pour lesquels nous avons recueilli et analysé les paramètres épidémiologiques, cliniques et paracliniques. Nous avons comparé ces caractéristiques chez les patients porteurs de syndrome métabolique et ceux sans syndrome métabolique. Résultats : 53 patients répondaient à nos critères d’inclusion. Il existait une nette prédominance masculine (SR : 1.9). L’âge moyen était de 12.4 ans (+/-1.6) avec une tranche d’âge prédominante de 10-11 ans. L’obésité était essentielle dans 86.9% des cas, et 58.9% avaient une obésité de grade II. 17% de nos patients présentaient un syndrome métabolique qui prédominait chez les garçons (77.8%), survenant préférentiellement dans la tranche d’âge 14-15 ans (38.5%), chez les patients ayant une obésité de degré 2 (77.8%), et chez les patients dont le tour de taille se situait entre 140 et 160% du tour de taille médian (1/3 des cas). La prévalence de l’hypertension artérielle chez les patients présentant un syndrome métabolique était de 55.6%, de l’hyperglycémie et de l’hypertriglycéridémie de 44.4%, de l’hypo-HDL-cholestérolémie de 66.7%, de l’hyperuricémie de 14.3%, tandis que l’élévation de l’ALAT sérique était retrouvée dans 28.6% des cas. 81% de nos patients avaient au moins un facteur de risque cardiovasculaire. La comparaison entre le groupe avec syndrome métabolique et sans syndrome métabolique a montré que le taux du cholestérol HDL est significativement plus bas chez le groupe avec syndrome métabolique, alors que les triglycérides et la valeur de la tension artérielle diastolique sont significativement plus élevées (respectivement p=0.002, p=0.007 et p=0.022). Conclusion : à la lumière de notre étude, ainsi que sur les données de la littérature, l’obésité est étroitement associée à la survenue d’un syndrome métabolique qui peut exposer à des complications cardiovasculaires graves. Nous proposons la recherche des différents éléments du syndrome métabolique chez tout enfant obèse ainsi que la recherche des complications et des anomalies associées chez les enfants porteurs d’un syndrome métabolique. Le traitement sera basé sur les règles hygiéno-diététiques, associé éventuellement à un traitement médicamenteux. 21. Surpoids et obésité chez les enfants d’âge préscolaire dans deux délégations du Cap-Bon K.Aissa, R.Mustapha, I.Chebbi, K.Missaaoui, A.Bouaziz Abed Service de pédiatrie, Hôpital Mohamed Tlatli, Nabeul, Tunisie En Tunisie, pays en transition épidémiologique, la prévalence du surpoids et de l’obésité semble augmenter. Les études épidé- Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 76-86 miologiques ont essentiellement intéressé les enfants d’âge scolaire. Objectif : analyser l’état nutritionnel des enfants d’âge préscolaire, déterminer les facteurs de risque de l’obésité à cet âge. Méthode : nous avons mené une étude transversale (10 mai - 14 juin 2013) concernant les enfants scolarisés dans l’ensemble des jardins d’enfants de la délégation de Dar Chaabene (n=10) et de Beni Khiar (n=10). Un questionnaire précisant les données personnelles, le régime alimentaire et les comportements de consommations a été donné aux parents. Nous avons inclus les enfants ayant un consentement écrit fourni par un parent ou un tuteur légal (mesures anthropométriques / prélèvement sanguin). Le poids et la taille ont été mesurés et l’indice de masse corporelle (IMC en kg/m2) calculé. L’évaluation de l’état nutritionnel s’est basée sur les valeurs de l’International Obesity Task Force. Résultats : l’étude a porté sur 880 enfants (442 filles et 438 garçons). L’âge moyen est de 57 mois ± 11 mois. Le pourcentage d’enfants ayant une insuffisance pondérale, un poids normal, un surpoids sans obésité et une obésité est respectivement de 21,9%, 62,5%, 12,7% et 2.9%. Le régime alimentaire était équilibré dans seulement 37,5% des cas, hyperglucidique dans 59% des cas, hyperlipidique dans 30% des cas et hypoprotidique dans 20,5% des cas. Le dosage du taux du cholestérol et des triglycérides sanguins chez les enfants obèses n’a pas montré d’anomalies. Seul l’absence d’allaitement maternel et le régime alimentaire déséquilibré (hyperglucidique et/ou hyperlipidique) étaient associés à la survenue de l’obésité chez l’enfant d’âge préscolaire. Aucune différence de l’évaluation de l’état nutritionnel n’a été objectivée en fonction du sexe, du niveau socio-économique, du niveau d’étude des parents, du travail de la mère, du rang de l’enfant dans la fratrie et du poids de naissance. Conclusion : l’obésité touche 2,9% des enfants d’âge préscolaire. Elle est significativement plus fréquente chez les enfants non allaités au sein et quand le régime alimentaire est déséquilibré. Une prise en charge diététique est donc nécessaire dès l’observation du surpoids. 22. La séroprévalence de l’infection à Mycoplasma pneumoniae dans les crises d’asthme : à propos de 55 cas R.Atlas1, H.Fettah1, I.Halim2, B.Slaoui1, H.Fellah2, F.Dehbi1 Service de Pédiatrie 2, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc. 2 Service d’Immunologie, Faculté de Médecine et de Pharmacie, Casablanca, Maroc 1 Les exacerbations d’asthme ont un retentissement considérable sur la qualité de vie de l’enfant asthmatique par le recours fréquent aux urgences, le nombre d’hospitalisation, et le coût élevé pour la communauté. Le Mycoplasme pneumoniae (MP) a été incriminé dans le déclenchement de ces exacerbations chez l’enfant en entretenant et aggravant l’inflammation bronchique, mais l’exacte contribution de cet agent infectieux reste encore débattue. L’objectif de notre travail est de déterminer la séroprévalence de l’infection à MP chez les enfants asthmatiques en exacerbation. Patients et méthode : c’est une étude prospective menée au service de pédiatrie 2 sur une durée de sept mois, du premier Octobre 2010 au 30 Avril 2011. Elle a porté sur 55 enfants âgés de 2 à 15 ans admis pour exacerbation 85 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 76-86 d’asthme connu (groupe 1) ou pour exacerbation inaugurale (groupe 2). Le bilan suivant a été fait chez tous les enfants : radiographie du thorax, numération formule sanguine, C réactive protéine, et sérologie ELISA (IgG, IgM) réalisée au laboratoire d’immunologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de Casablanca. Résultat : la séroprévalence du MP dans le groupe 1 est de 4 patients (7,3%), et aucune infection à MP n’a été retrouvée dans le groupe 2. L’âge moyen de nos patients était de 7,2 ans. La crise était sévère chez tous les patients infectés par le MP (4 cas). La fièvre était présente chez 2 enfants infectés. Un foyer pulmonaire a été retrouvé chez un seul enfant infecté par le MP. La CRP et les polynucléaires neutrophiles étaient élevés chez 3 patients présentant une infection à Mycoplasme pneumoniae. Discussion : dans notre série la séroprévalence du mycoplasme pneumoniae dans les exacerbations d’asthme reste inférieure à celle dans la littérature (20%). Ces résultats sont biaisés par la taille réduite de notre échantillon et par la faible fiabilité de la méthode diagnostique utilisée comparée à la PCR. Notre étude n’a pas pu déterminer la vraie prévalence de l’infection à mycoplasme pneumoniae chez nos enfants asthmatiques en exacerbation d’ou l’intérêt de réaliser une étude cas-témoins avec un échantillon plus grand et si possible utiliser une méthode plus performante (PCR). 23. Existe-il une relation entre la durée de l’allaitement maternel et l’antécédent de prématurité avec la sévérité d’une bronchiolite ? A.El Ouali1, Y.El Boussaadni1, N.Benajiba1, R.Amrani1, N.Abda2, M.Rkain1 Service de pédiatrie, CHU Mohamed VI, Hôpital Al Farabi, Oujda, Maroc. Laboratoire d’épidémiologie, Faculté de médecine et pharmacie, Oujda, Maroc 1 2 L’infection par le virus respiratoire syncytial (VRS) est la principale cause d’infection des voies respiratoires inférieures chez les jeunes enfants et, pour cette raison, la majorité des prématurés et des enfants présentant d’autres facteurs de risque doivent être hospitalisés chaque année au sein des hôpitaux avec une prise en charge lourde. L’objectif de notre étude est de déterminer la relation entre la prématurité et l’allaitement maternel et la sévérité de la bronchiolite. Matériel et méthode : il s’agit d’une étude prospective, étalée sur 3 mois allant du 1 décembre 2013 au 28 février 2014, ayant inclus 94 nourrissons admis au service pour un tableau de bronchiolite 1er épisode. L’étude des données a été réalisée par le logiciel SPSS et l’analyse multi-variée par le test de Chi2. Résultats : l’âge moyen de nos enfants est de 5 mois et demi (26 jours et 2 ans). On note une prédominance de la tranche d’âge entre 3 et 6 mois. Le sexe ratio F/M est de 1,93. L’interrogatoire retrouve la notion de prématurité dans 8,5% des cas. La notion de prise du sein pendant au moins 3 mois est retrouvée chez 42% de nos enfants. Sur le plan clinique, la bronchiolite est grave dans 84% des cas dont 10% ont une notion de grande prématurité et 58% ont pris le sein pendant moins de 3 mois. L’analyse multi-variée a montré qu’il n’y a pas de relation statiquement significative ni entre les antécédents de prématurité et la sévé- rité de la bronchiolite virale ni entre l’allaitement maternel et la sévérité du tableau clinique. Commentaires : la prématurité (moins de 36 semaines de grossesse) seule est un facteur de risque important d’hospitalisation liée au VRS, puisque de 2% à 9,8% des nourrissons nés entre 33 et 35 semaines de grossesse et 7% de ceux nés à moins de 33 semaines de grossesse sont hospitalisés pour un épisode de bronchiolite virale. Dans notre étude, on a constaté que le pourcentage des prématurés est plus important (10%) chez les nourrissons hospitalisés pour un épisode de bronchiolite d’emblée grave. Cependant on n’a pas pu démontrer une corrélation entre l’antécédent de la prématurité et la sévérité de l’épisode de la bronchiolite, ce qui peut être expliqué par la taille réduite de l’échantillon ou bien l’intervention d’autres facteurs notamment l’âge jeune. Par ailleurs, l’allaitement maternel est décrit comme facteur protecteur contre l’infection à VRS, mais ceci n’a pas pu être objectivé dans notre étude probablement à cause de notre petit échantillon, d’où l’intérêt de l’élargir sur une longue durée et dans des études multicentriques à l’échelle nationale. 24. Profil des urgences pédiatriques au Centre Hospitalier National de Nouakchott : à propos de 1143 cas H.Kory1, M.Sidatt1, N.Abd-el-Kader1, S.Med Lemine1, S.Ghoulam1, A.Lembarek Ahmed1, M.Diagana1, S.Sidaty2, A.Weddih 1 Service de Pédiatrie, Centre Hospitalier National (CHN), Nouakchott, Mauritanie. Département de Biostatistiques, Faculté de médecine, Nouakchott, Mauritanie. 1 2 La problématique des urgences pédiatriques reste d’actualité dans le monde. Dans notre hôpital environ 25.000 enfants consultent chaque année aux urgences pédiatriques. L’objectif principal de ce travail était d’étudier les profils épidémiologiques, cliniques et évolutifs des malades reçus aux urgences ainsi que l’évaluation de la qualité de leur prise en charge. Patients et méthode : il s’agit d’une étude prospective et analytique menée sur 12 mois (année 2013) aux urgences pédiatriques du CHN de Nouakchott (nouveau-nés exclus). Le recueil des données a été réalisé sur une fiche préétablie un jour par semaine (incluant à tour de rôle tous les jours de la semaine) et chez un malade sur trois. La saisie et l’analyse des données ont été faites sur le logiciel SPSS. Le seuil de signification retenu a été de 5%. Résultats : au cours de cette période nous avons colligé 1.143 cas, dont 56.4% sont des garçons. La tranche d’âge la plus représentée a été celle des nourrissons de moins de 2 ans (40.9%). Les motifs de consultation les plus fréquents ont été les troubles digestifs (31.5%), les troubles respiratoires (31.4%) et la fièvre (21.42%). La quasi-totalité des malades consultaient au CHN sans être référés (95.2%). Les malades habitaient dans un rayon de mois de 5 km et le pic de fréquentation des urgences a été noté au cours des heures de travail habituel (8h-16h) respectivement dans 49.3% et 44.2% des cas. Le délai d’attente était de moins de 15 minutes chez 97% des patients. Le niveau socio-économique a été considéré bas chez 48.8% des enfants. L’hospitalisation a été décidée pour 5.7% des malades et le début des symptômes remontait à moins de 24 heures dans 34.2% des cas avec une différence 86 significative par rapport à la distance séparant le lieu de résidence et l’hôpital. La qualité de l’accueil et la satisfaction ont été jugées bonnes respectivement dans 56.7% et 93% des cas. Les vraies urgences ont représenté 15.7% des cas. Commentaires : nous recommandons des campagnes de sensibilisation et d’éducation de la population pour diminuer les incidences des pathologies de santé publique et une réactivation des structures de santé périphériques pour prendre en charge les simples consultations afin de diminuer l’afflux des malades aux urgences pédiatriques du CHN. 25. Intoxication aigue chez l’enfant : expérience du service de réanimation pédiatrique de l’hôpital d’enfants de Tunis sur 10 ans A.Bouziri, A.Borgi, N.Ghali, W.Kallali, S.Belhadj, A.Khaldi, A.Hamdi, K.Menif, N.Ben Jaballah Service de réanimation pédiatrique, Hôpital d’enfants Béchir Hamza, Tunis, Tunisie L’objectif de cette étude rétrospective est de préciser l’épidémiologie ainsi que les particularités thérapeutiques des formes graves d’intoxication aigue nécessitant la prise en charge en réanimation pédiatrique sur une période de 10 ans entre 2002 et 2012. Patients et méthode : L’étude a concerné 115 enfants pris en charge en réanimation pédiatrique à l’hôpital d’enfants Béchir Hamza de Tunis pour intoxication aigue suspectée ou confirmée durant la période allant du 1 janvier 2002 au 31 décembre 2012. Résultats : Les enfants inclus avaient un âge moyen de 31,9 mois ± 3,1 (3 jours-13 ans). Plus que la moitié des patients (53,7%) étaient âgés de moins de 2 ans. Une prédominance masculine a été notée avec un sex-ratio de 1,4 (67 garçons et 48 filles). L’intoxication était accidentelle dans la quasi-totalité des cas (97,4%). Les substances toxiques incriminées étaient dominées par les médicaments chez 60 patients (52,2%) suivis par les organophosphorés (20 patients soit 17,4%) puis par les hydrocarbures (10 patients Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 76-86 soit 8,7%). Les intoxications médicamenteuses étaient dominées par l’intoxication salicylée (25 patients soit 41,6% des intoxications médicamenteuses), suivie par l’intoxication au Liorésal (7 patients soit 11,6% des intoxications médicamenteuses). Une modification des substances toxiques incriminées a été observée entre 2002 et 2012 avec une diminution significative de la proportion des intoxications salicylées qui est passée de 73,3% en 2002 à 9,1% en 2009. L’étude de la répartition annuelle des formes graves d’intoxication aigue trouve que la majorité des cas sont survenus au printemps et en été et que les intoxications graves sont moins fréquentes pendant la saison hivernale aves un pic de fréquence au mois d’avril. Les détresses vitales occasionnées par les toxiques incriminés étaient dominées par la détresse neurologique (74 patients soit 64,3% des cas) suivie par la détresse respiratoire (61 patients soit 53% des cas). L’état de choc était beaucoup plus rare, noté dans seulement 10 cas soit 8,7%. Parmi les 115 enfants inclus, 84 (73%) ont nécessité le recours à la ventilation mécanique. L’épuration digestive a été réalisée en réanimation chez 40 patients soit 34,8% (lavage gastrique seul: 14 cas; charbon activé seul : 2 cas, lavage gastrique associé au charbon activé: 24 cas). La diurèse alcaline a été indiquée chez 24 enfants (21%). Une dialyse péritonéale a été réalisée chez 7 patients qui présentaient une forme grave d’intoxication salicylée. Un antidote a été administré dans 32,2% des cas (37 patients). La durée moyenne d’hospitalisation en réanimation était de 2,4 jours ± 0,2 (1-15 jours). Huit patients sont décédés, soit un taux de mortalité de 7%. Les substances toxiques incriminées dans les intoxications mortelles étaient dominées par les salicylates (3 cas) et le chardon à glu (2 cas). Conclusions : Les formes graves d’intoxication aigue sont plus fréquentes chez les enfants jeunes de moins de 2 ans et chez les garçons. Les substances toxiques incriminées étaient largement dominées par les salicylates et les organophosphorés dans notre série. Les formes graves d’intoxication aigue sont à l’origine d’une morbidité et d’une mortalité élevées. 87 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 87-94 Communications libres. Congrès National 1. Signal généré dans la base de données du Centre National de Pharmacovigilance : cas de la vitamine D L.Alj, R.Benkirane, R.Soulaymani Bencheikh Centre Anti Poison et de Pharmacovigilance, Rabat, Maroc La vitamine D est un nutriment indispensable à la croissance osseuse. Elle permet la fixation du calcium et du phosphore dans les os et les dents. La carence en vitamine D chez l’enfant a pour conséquence le rachitisme. Le surdosage en vitamine D est à l’origine de conséquences graves sous forme de néphrocalcinose pouvant aboutir à une insuffisance rénale et des complications cardiaques. L’objectif de notre travail est de décrire le profil des surdosages liés à la vitamine D reçus au Centre Anti-Poison et de Pharmacovigilance du Maroc, les causes à l’origine de ces surdosages, ainsi que les mesures préventives et correctives mises en place pour éviter leur récurrence. Matériel et méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective des effets indésirables liés à un surdosage à la vitamine D survenus chez le nourrisson dans la base de données de la pharmacovigilance durant les années 2012 et 2013. Résultats : 17 cas de surdosage liés à la vitamine D ont été notifiés, dont 16 ont présenté une néphrocalcinose ayant nécessité leur hospitalisation. Le délai de survenue des signes cliniques de surdosage était tardif allant de 15 jours à 2 mois après la prise de la dose de vitamine D recommandée par le Programme National de Prévention du Rachitisme, soit 600.000 UI. L’évolution a été mortelle pour deux nourrissons suite à un arrêt cardio-circulatoire pour l’un et à une insuffisance rénale terminale pour l’autre. Discussion : A l’échelle internationale, les doses préconisées de vitamine D chez les nourrissons ne doivent pas dépasser 200.000 UI par prise, soit 3 fois moins que la dose recommandée par le Programme National de Prévention du Rachitisme. Le Centre Anti-Poison et de Pharmacovigilance du Maroc a informé la Direction de la Population qui a procédé à une révision du calendrier national de supplémentation en vitamine D. Le besoin sur le marché d’une présentation adaptée à l’enfant a été exprimé par la Direction de la Population et par le Centre Anti-Poison et de Pharmacovigilance du Maroc à la Direction du Médicament et de la Pharmacie qui a accordé une autorisation de mise sur le marché d’une spécialité contenant 200.000 UI de vitamine D2 (ergocalciférol). En attendant la commercialisation effective de la forme pédiatrique de la vitamine D, d’autres recommandations ont été émises par Centre Anti Poison et de Pharmacovigilance du Maroc. Conclusion : La déclaration des effets indésirables est indispensable à l’amélioration de notre système de soins. Les cas notifiés par les pédiatres concernant la vitamine D ont permis de modifier les doses recommandées de cette vitamine et d’éviter ainsi le préjudice à la population pédiatrique. 2. Prévalence de l’hépatite virale C chez les malades polytransfusés en unité d’hémato-oncologie pédiatrique au CHU de Casablanca B.Elam1, S.Bassit1, J.Hachim1, A.Maani1, M.Itri1, A.Bennani2, W.Baha2 Service de Pédiatrie 3, Hôpital d’enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc 2 Service de biologie moléculaire de l’Institut Pasteur, Casablanca, Maroc 1 L’hépatite virale C (HVC) pose un réel problème de santé publique par sa prévalence mondiale élevée et son grand risque d’évolution d’une manière insidieuse vers la chronicité, la cirrhose, et l’hépato-carcinome. Le dépistage de l’HVC en routine transfusionnelle repose sur des tests indirects, ce qui se traduit par un risque transfusionnel majeur pendant la fenêtre sérologique. Le but de cette étude est d’évaluer la prévalence de l’HVC chez les malades polytransfusés. Patients et méthode : c’est une enquête prospective réalisée chez les malades polytransfusés à haut risque de contamination entre janvier et mai 2013 dans l’unité d’hémato-oncologie pédiatrique de l’hôpital d’enfants de Casablanca, en collaboration avec l’Institut Pasteur du Maroc. Cette enquête porte sur 161 malades polytransfusés. Le dépistage a été réalisé par la mesure de la charge virale par RT-PCR en temps réel, complété par un génotypage par RT-PCR et hybridation moléculaire. Résultats : Les résultats de la PCR ont montré que l’HVC a été retrouvée chez 16 malades sur 161 ce qui représente une prévalence globale de 9,9% des patients polytransfusés. L’âge de nos malades est compris entre 3 et 19 ans avec un âge moyen de 8 ans et demi. Les patients atteints d’hémoglobinopathies (drépanocytose, thalassémie), d’hémophilie et d’hémopathies malignes payent un lourd tribut du au virus, avec respectivement 5,7%, 4,2% et 8,9% de prévalence même si l’échantillonnage est restreint. Les génotypes isolés sont 1b (62,5%), 1a (18,7%) et 1 non classé (18,7%). Discussion: La prévalence de l’HVC chez les polytransfusés est plus élevée (9,9%) que dans la population générale (1,58%), avec une prédominance du génotype 1(100%) dont le sous-type 1b est majoritaire (62,5%) contrairement aux porteurs chroniques marocains chez qui les sous-types 1b et 2a/2c sont co-dominants. Conclusion : Ceci met en question le dépistage du virus de l’hépatite C par des tests indirects, et conforte la nécessité d’assurer un dépistage systématique du virus de l’hépatite C par des techniques moléculaires directes qui sont plus fiables avant la transfusion sanguine, ceci afin de permettre une amélioration de l’espérance de vie des malades polytransfusés. 3. Apport de l’imagerie par résonnance magnétique dans l’évaluation de la surcharge hépatique post-transfusionnelle en fer chez les thalassémiques S.Benmiloud1, I.Bendriss1, S.Atmani1, M.Hida1 M.Boubbou², S.Chaouki1, Unité d’oncologie, Service de pédiatrie, CHU Hassan II, Fès, Maroc ²Service de radiologie pédiatrique, CHU Hassan II, Fès, Maroc 1 La surcharge en fer constitue le principal facteur pronostique au cours de la béta-thalassémie majeure. La mesure du T2* en imagerie par résonance magnétique (IRM) est devenue indispensable dans la prise en charge thérapeutique des ces patients. Notre objectif est d’étudier l’apport de l’IRM dans l’évaluation 88 de la surcharge hépatique en fer chez les thalassémiques et d’évaluer son impact sur la gestion du traitement chélateur. Patients et méthode: C’est une étude rétrospective portant sur tous les cas de thalassémie homozygote polytransfusés suivis au sein de l’unité d’oncologie du service de pédiatrie du CHU Hassan II de Fès, sur une période de 3 ans (janvier 2011-décembre 2013). Résultats: Nous avons colligé 13 cas de thalassémie homozygote, âgés entre 2 et 15 ans avec une moyenne d’âge de 8,7 ans. 6 patients sont soumis à un programme transfusionnel régulier toutes les 2 à 4 semaines, 5 patients à un programme transfusionnel intensif hebdomadaire, et 2 patients ne nécessitent pas de transfusion. La ferritinémie a varié entre 246 et 6.541 ng/ml. La mesure du T2* en IRM hépatique a objectivé une surcharge importante en fer chez tous les patients y compris ceux ayant une ferritinémie < 1000ng/ml. Tous les cas ont bénéficié d’un traitement chélateur à base de deferasirox avec une bonne tolérance, à part 1 cas de toxicité hépatique et 2 cas de toxicité rénale. L’évolution sous traitement chélateur a permis une réduction progressive de la surcharge en fer. Le contrôle par IRM hépatique a permis d’arrêter le traitement dans 1 cas. Discussion : Si la ferritinémie représente le moyen le plus simple et le moins couteux pour évaluer la surcharge en fer, elle a l’inconvénient de sous-estimer sa concentration intra-hépatique. L’imagerie par résonance magnétique est désormais la méthode non invasive la plus utilisée dans l’évaluation quantitative de la surcharge en fer tissulaire car elle permet d’adapter le traitement chélateur et donc améliorer la survie des patients. 4. Enquête sur l’automédication par les antipyrétiques chez l’enfant fébrile auprès de 940 parents B.Elgajoui, N.Erraboun, Z.Raiss, BS. Benjelloun Dakhama Service des urgences médicales pédiatriques, Hôpital d’Enfants, Rabat, Maroc La fièvre, symptôme extrêmement fréquent chez l’enfant, est le premier motif de consultation aux urgences pédiatriques. L’objectif de notre travail est de faire un état des lieux du niveau de connaissances des parents concernant l’utilisation des antipyrétiques et d’étudier les pratiques qui en résultent. Matériel et méthode : Il s’agit d’un travail fondé sur une enquête menée entre début janvier et fin mars 2014, auprès de 940 parents consultants au service des urgences médicales pédiatriques de l’hôpital des enfants de Rabat, à l’aide d’un questionnaire préétabli. Résultats : L’âge moyen des 940 parents interrogés était de 30 ans. Leur niveau socioéconomique était bas dans 51% des cas, moyen dans 40% des cas et élevé dans 9% des cas. 27% des parents étaient analphabètes, 66% avaient un niveau d’étude primaire ou secondaire et 7% avaient un niveau supérieur. 76% des parents habitaient en milieu urbain et 24% en milieu rural. 60% n’avaient pas de thermomètre à la maison. 52% des parents ayant un thermomètre prenaient la température au niveau axillaire et 48% au niveau rectal. L’âge moyen des enfants était de 3 ans, avec 52% de garçons. La durée entre le début de la fièvre et la consultation était de 2 jours en moyenne. Sur le plan thérapeutique, 30% des parents ont utilisé les moyens physiques, les moyens les plus utilisés étant le déshabillage, les serviettes mouillées et le bain. Le paracétamol était le traitement de réfé- Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 87-94 rence (70%) devant l’ibuprofène (27%), et l’usage de l’aspirine était moins courant (3%). Le paracétamol est utilisé surtout par voie rectale. L’association d’antipyrétiques est retrouvée dans 19% des cas. 43% des enfants étaient sous-dosés et 18% étaient sur-dosés. Seulement 11% des parents avaient déjà reçu des conseils sur la fièvre et sa prise en charge. Conclusion : Cette enquête nous permet de constater que les lacunes dans les connaissances élémentaires et les pratiques usuelles de lutte contre la fièvre de l’enfant sont toujours significativement accentuées parmi les populations aux conditions économiques défavorables. Nous proposons de mener des campagnes d’information et d’éducation en ciblant cette population. 5. Complications neurologiques dans la varicelle grave : quels facteurs de risque ? K.Aitidir, G.Benbrahim Ansari, N.Amenzoui, F.Adnane, F.Ailal, Z.Jouhadi, A.A.Bousfiha, J.Najib Service des maladies infectieuses, Pédiatrie 1, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc La varicelle est une maladie virale très contagieuse, due au virus varicelle-zona. Elle est souvent considérée comme bénigne chez l’enfant sain. Les complications cérébrales viennent au second rang après l’atteinte cutanée. Objectif : décrire les caractéristiques épidémiologiques et cliniques des enfants hospitalisés pour varicelle et identifier les complications neurologiques et les facteurs de risque. Patients et méthode : Etude rétrospective étalée sur 6 ans portant sur les enfants ayant une varicelle compliquée d’une atteinte neurologique et hospitalisés au service des maladies infectieuses pédiatriques de l’Hôpital d’Enfants de Casablanca. Résultats : l’étude a concerné 14 enfants. La médiane d’âge est de 28 mois avec une prédominance masculine (sexe ratio de 1,4). Les signes cliniques étaient dominés par les vomissements dans 9 cas, les convulsions fébriles 7 cas et l’ataxie 4 cas. La prise d’AINS a été retrouvée chez 14 cas. 5 enfants avaient un terrain à risque connu, et aucun enfant n’a été vacciné contre la varicelle. La PCR au virus varicelle-zona était positive dans 4 cas. Discussion : L’atteinte neurologique dans la varicelle peut résulter de deux mécanismes pathogéniques : soit une agression directe par le virus soit une atteinte autoimmune secondaire à la stimulation antigénique virale. L’analyse de notre étude en parallèle avec d’autres récentes, confirme la gravité potentielle de l’atteinte cérébrale dans la varicelle, et nous a permis de rappeler l’intérêt la vaccination même contre des maladies dites bénignes. D’autres études sont nécessaires pour comprendre les causes de ce phénomène et envisager les meilleures méthodes de prévention notamment la vaccination. 6. Infections à entérobactéries bêta-lactamases à spectre étendu au service des maladies infectieuses : quels facteurs de risque ? A.Salim1, K.Aitidar1, F.Ailal1, N.Amenzoui1, F.Adnane1, Z.Jouhadi1, AA.Bousfiha1, J.Najib1, L.Bahri2, K.Zerouali2, H.Belabbes2, N.Mdaghri2 Service des maladies infectieuses, Pédiatrie 1, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, Casablanca 1 89 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 87-94 2 Laboratoire de Microbiologie et d’Hygiène, CHU Ibn Rochd, Casablanca L’émergence des bactéries multi-résistantes (BMR) est un enjeu majeur de santé publique au Maroc et dans le monde. L’apparition de bêta-lactamases à spectre étendu (BLSE), la propagation vers la communauté et la nécessité d’une utilisation prudente des carbapénèmes exigent des connaissances à jour. L’objectif du travail est de déterminer les facteurs de risque de colonisation par des entérobactéries productrices de BLSE. Matériel et méthode : C’est une étude rétrospective, menée au sein de l’hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, à Casablanca. La population de l’étude correspond à l’ensemble des patients hospitalisés au service des maladies infectieuses (P1), porteurs de BMR de type BLSE, sur une période d’un an du 1er Janvier au 31 décembre 2013. Les données permettant d’inclure les patients dans l’étude ont été fournies par le laboratoire de microbiologie de l’hôpital sur tous les prélèvements microbiologiques réalisés durant toute l’année 2013. Les données concernant les patients ont été analysées de manière rétrospective, selon les dossiers médicaux. Résultats : 51 patients ont été inclus dans l’étude : 31 garçons et 20 filles. L’âge médian est de 2 ans et 4 mois (5 mois à 10 ans). Pour 45% des patients, aucun facteur de risque classique n’a été relevé. On note que 30% des patients provenant de la communauté et pour lesquels le portage de BLSE est diagnostiqué dans un délai de moins de 48 heures, n’ont aucun facteur de risque identifié parmi les facteurs de risque connus de portage de BLSE. Les types de prélèvement ayant mis en évidence la présence de BLSE sont : 70% des ECBU, 6 (11,7%) prélèvements de pus superficiel, 6 coprocultures, 4 (8%) hémocultures, 1 prélèvement d’origine respiratoire, et un autre d’origine LCR. Les germes isolés sont Echerichia coli (45%), Klebsiella pneumoniae (41%), Salmonella typhimurium (13%) et autres. Conclusion : Les réadmissions de patients porteurs de BMR, leurs transferts entre hôpitaux et leur circulation entre les services sont une cause importante de diffusion épidémique des BMR. 7. Infection à VIH chez l’enfant : expérience de l’Hôpital d’Enfants de Rabat S.Benchekroun1, B.ElGagoui1, F.Midaoui1, F.Benbrahim1, EL.Harti2, H.Oumzil2, A.Asemouh2, N.El Hafidi1, Ch.Mahraoui1 Service des Maladies Infectieuses, Hôpital d’Enfants, CHU Ibn Sina, Rabat, Maroc 2 Institut National d’Hygiène, Rabat, Maroc 1 L’infection à VIH chez l’enfant continue à être un mode de révélation de l’infection VIH au Maroc malgré les progrès de la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant. Le but de ce travail est de rapporter l’expérience du service des maladies infectieuses pédiatriques concernant la prise en charge des enfants vivant avec le VIH afin de dégager les profils épidémiologiques, cliniques et évolutifs de cette infection. Matériel et méthode: Ont été inclus les enfants de moins de 15 ans admis pour infection VIH diagnostiquée par test Western Blott chez l’enfant de plus de 18 mois et par PCR chez les moins de 18 mois. Une évaluation clinique, du statut immuno-virologique, et un bilan des coïnfections sont réalisés. Une trithérapie est instaurée selon les critères d’éligibilité de l’OMS en plus du traitement préventif et/ou curatif des infections opportunistes. Un suivi clinique et biologique tous les 6 mois est assuré. Résultats : de 1990 à décembre 2013, 123 enfants ont été colligés. Le sexe ratio est de un. 13 patients sont d’origine Subsaharienne, les autres sont des marocains. Le diagnostic de l’infection VIH a été porté devant une symptomatologie clinique dans 65% des cas, lors d’un dépistage (31%) et lors d’un suivi de nouveau-né de mère séropositive (3,2%). Une transmission verticale est retenue dans 98,3% des cas. L’infection à VIH de l’enfant était révélatrice du statut des parents dans 60% des cas. L’âge au moment du diagnostic était moins de 2 ans pour 56% des cas. 35% des enfants sont au stade clinique 4 de l’OMS et 45% sont au stade 4 immunologique. La coïnfection TB était retenue pour 35% des patients. 13 patients étaient porteurs d’une infection CMV, et 2 enfants de Pneumocystis jiroveci documenté. 4 patients étaient porteurs d’un cancer associé. La file active est de 71 enfants. La trithérapie a été instaurée pour 87 patients. 3 patients ont développé une résistance aux ARV. Discussion: L’infection à VIH chez l’enfant reste sous-diagnostiquée. Ce retard de diagnostic explique le stade évolué de la maladie et le nombre de décès. L’infection de l’enfant est révélatrice de l’infection des parents d’où la nécessité d’élargir le dépistage et de le conseiller en consultation prénatale en vue d’une prévention de la transmission VIH de la mère à l’enfant. 8. Perception de la diarrhée aigue par les mères dans la région de l’Oriental A.Ayyad, A.Es-seddiki, R.Amrani, N.Benajiba, M.Rkain Service de pédiatrie, Hôpital Al Farabi, Oujda, Maroc Les diarrhées aigües de l’enfant constituent un problème majeur de santé publique dans les pays en voie de développement, avec une mortalité et une morbidité élevées. Au Maroc, plusieurs programmes sont élaborés tant sur le plan de la prise en charge que sur le plan de la sensibilisation et la prévention, pour diminuer la morbi-mortalité liée à la diarrhée aigue. L’objectif de notre travail est d’évaluer la perception des mamans concernant la diarrhée dans la région de l’oriental du Maroc. Patients et méthode : Il s’agit d’une étude transversale ayant duré 7 mois, du 1 juin au 31 décembre 2013, menée au sein du service de pédiatrie de l’hôpital Al Farabi d’Oujda. Le recueil des données était fait par un questionnaire préétabli rempli par le même médecin (un résident) et l’analyse statistique était effectuée par le logiciel spss 20. Résultats : Le nombre total des mères ayant participé à cette étude est de 257. L’âge moyen était de 31 ans avec des extrémités de 18 et 63 ans, et la tranche d’âge comprise entre 25 et 34 ans représentait 45%. 31% étaient analphabètes ; 78,6% des femmes étaient au foyer ; 72,5% étaient de bas niveau socioéconomique ; 65% provenaient d’un milieu urbain ; 70% étaient des multipares. Près des trois quarts des participantes avaient des réponses exactes concernant la définition de la diarrhée, et ont jugé nécessaire la consultation d’un médecin ainsi que l’utilisation des SRO. L’analyse univariée a pu mettre en évidence qu’il y a une relation statistiquement significative entre les connaissances des mères concernant les 90 causes et la gravité de la diarrhée, et l’âge des mères ainsi que le nombre d’enfants (p<0.001). Conclusion: Au terme de cette étude, il apparait que les connaissances des mamans concernant les causes, les conséquences ainsi que la conduite à tenir devant un épisode diarrhéique restent insuffisantes dans la région de l’Oriental du Maroc. Ainsi, la sensibilisation des jeunes mères nécessite le renforcement des messages éclairés qui doivent tenir compte de l’attitude et des comportements identifiés. Ceci reste primordial et peut se faire par le biais du personnel médical et/ ou par les médias. 9. Profil épidémiologique, clinique et bactériologique des enfants admis pour purpura fébrile au service des urgences H.Sabri¹, B.El Am¹, M.El Hachimi¹, A.Zineddine¹, K.Zerouali², W.Gueddari¹ ¹Service d’Accueil des Urgences Pédiatriques, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc. ²Service de bactériologie, CHU Ibn Rochd, Casablanca Le purpura fébrile est un des motifs fréquents d’admission aux services des urgences pédiatriques. La gravité du purpura fulminans fait que la prise en charge initiale est souvent agressive devant tout purpura fébrile. Les objectifs de ce travail étaient de décrire le profil épidémiologique et bactériologique des enfants admis pour purpura fébrile, et d’estimer la prévalence des infections à méningocoque. Patients et méthode : étude rétrospective descriptive des enfants admis pour purpura fébrile et pris en charge au Service d’Accueil des Urgences Pédiatriques du 1 janvier 2011 au 31 décembre 2013. L’analyse statistique a été faite à l’aide du logiciel SPSS v.16. Résultats : 96 enfants ont été inclus. La moyenne d’âge était 53,3 mois (écart-type =40,49) et le sex-ratio =1. Les taches purpuriques étaient constatées par la famille dans 71,9% des cas. Elles étaient pétéchiales dans 53,8% des cas, et extensives à tout le corps chez 71,6% des enfants. Les troubles hémodynamiques étaient présents chez 56,3% des enfants et un syndrome méningé dans 29,2% des cas. La prévalence d’une infection à méningocoque était estimée à 36,8%. Une méningococcémie était diagnostiquée chez 22 enfants dont 4 avaient une méningite à méningocoque associée. Treize enfants avaient une méningite à méningocoque isolée. Le méningocoque isolé était de type B dans 99% des cas et de type C dans 1% des cas. Discussion et conclusion : Il semble qu’en cas de purpura fébrile le méningocoque ne serait en cause que dans 1/3 des cas. En l’absence de troubles hémodynamiques et de signes d’irritation méningée faut-il continuer à traiter systématiquement tout purpura fébrile par remplissage vasculaire et antibiothérapie en urgence ? 10. Les manifestations oculaires de la maladie de Behçet chez l’enfant S.Jaouhari, B.Chkirate, A.Bentahila Service de pédiatrie IV, Hôpital d’Enfants, Rabat, Maroc La maladie de Behçet est une vascularite systémique de diagnostic difficile chez l’enfant. L’atteinte oculaire prédominante chez l’enfant est la panuvéite avec vascularite rétinienne. L’objectif de notre travail est de préciser l’incidence et les caractéristiques Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 87-94 cliniques de l’atteinte oculaire de la maladie de Behçet de l’enfant. Matériel et méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective qui a porté sur 13 cas d’enfants ayant une maladie de Behçet avec atteinte oculaire colligés au service de pédiatrie IV et à la consultation de rhumatologie pédiatrique à l’hôpital d’enfants de Rabat sur 11 ans, du mois d’avril 2001 au mois de janvier 2012. Nous avons étudié l’âge de début des symptômes, la forme anatomo-clinique de l’atteinte oculaire, ses complications et les implications thérapeutiques. Résultats : Nos patients sont âgés de 4 à 15 ans (âge moyen 10,8 ans). L’atteinte oculaire a été retrouvée chez 13 patients parmi 19 suivis pour maladie de Behçet, soit 68,4% des cas. L’atteinte était bilatérale 11 fois (84%) et unilatérale dans 2 cas. Chez 2 enfants, la maladie de Behçet était inaugurale par l’atteinte oculaire (10,5%). Cette dernière était totale chez 3 patients ; 3 autres avaient une uvéite antérieure ; 2 patients avaient une uvéite intermédiaire ; et un cas présentait une uvéite sévère dont le type n’a pas été précisé. L’œdème papillaire était présent dans 2 cas. La vascularite rétinienne a été notée chez 3 enfants. Enfin, 4 patients avaient des complications oculaires, dont 2 cas d’atrophie optique unilatérale, un cas de cataracte et un cas d’œdème maculaire. Discussion : L’atteinte oculaire est retrouvée dans 10 à 52,5% des cas dans les séries pédiatriques. Elle est souvent bilatérale (84% des cas dans notre série). La panuvéite (15,7%) et l’uvéite antérieure (15,7%) sont les atteintes les plus fréquentes dans notre série suivies de l’uvéite intermédiaire (10,5%) ce qui concorde avec une série tunisienne. Les complications sont plus précoces chez l’enfant, ce qui en fait une pathologie grave. Le pronostic visuel est menacé par la survenue de cataracte, d’œdème maculaire et d’atrophie optique (20,9% chez nos patients). Conclusion : La maladie de Behçet chez l’enfant est rare, mais grave, aboutissant à la cécité du fait de ses complications. Elle doit être évoquée quel que soit le type de l’uvéite chez l’enfant et l’atteinte oculaire doit être recherchée systématiquement dès que la maladie est suspectée. 11. Epidémiologie et facteurs pronostiques des occlusions néonatales en milieu de réanimation N.Mekaoui, L.Karboubi, Z.Ghanimi, M.Kabiri, A.Barkat Centre national de référence en néonatologie et en nutrition, Hôpital d’Enfants, Rabat, Maroc Les occlusions néonatales (ONN) correspondent à une malformation du tube digestif correspondant à une interruption de la continuité intestinale. En fonction du niveau d’obstruction, on distingue les ONN hautes en amont de l’angle de Treitz et basses en aval. Le pronostic est étroitement lié à la précocité de la prise en charge, aux comorbidités et aux complications postopératoires. Matériel et méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective descriptive et analytique menée à l’unité de réanimation néonatale du centre national de référence en néonatologie de Rabat sur une période de 3 ans allant du 1er janvier 2010 au 31 décembre 2012. Ont été colligés tous les cas d’ONN pris en charge en réanimation néonatale et opérés au service des urgences chirurgicales pédiatriques pour lesquels les paramètres épidémiologiques, cliniques, paracliniques ainsi que les données 91 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 87-94 peropératoires et l’évolution ont été étudiés. Résultats : 61 cas d’ONN ont été recensés représentant 26,7% de l’ensemble des hospitalisations. La grossesse était suivie dans 56% des cas ayant permis un diagnostic anténatal dans 10% des cas. L’âge moyen à l’admission était de 5 jours, avec une nette prédominance masculine (sex ratio : 1,9). Les nouveau-nés étaient à terme dans 91% des cas, hypotrophes dans 30,2% des cas, avaient une souffrance néonatale dans 2,4% et une infection materno-foetale dans 56% des cas. Les principaux signes cliniques étaient les vomissements bilieux (86%), l’absence de retard du méconium (55,3%), le ballonnement abdominal (87,2%) et l’inflammation péri-ombilicale (20%). Le test à la sonde était positif dans 45,4% des cas. En plus du syndrome occlusif, 38,5% des nouveau-nés étaient déshydratés à l’admission, 26% étaient hypothermes, 11% avaient une fièvre associée et 19% avaient une ou plusieurs malformations associées. Le diagnostic a été évoqué par l’ASP (50%), l’échographie abdominale (16,4%) et par l’opacification digestive (34,8%). Les étiologies étaient représentées par la maladie de Hirshsprung (50,8%), l’atrésie du grêle (32,8%) l’atrésie duodénale (9,8%) et le volvulus mésentérique (6,5%) dont la prise en charge était en fonction du type d’ONN. L’évolution était favorable dans 10% des cas, avec comme principale complication l’infection nosocomiale (63,8%). Le décès est survenu dans 23% des cas. Les principaux facteurs pronostic étaient l’hypothermie à l’admission, le type de chirurgie et la survenue d’infection nosocomiale (p=0.034, 0.004 et 0.002). Conclusion : malgré les progrès diagnostiques, la mortalité par ONN dans notre contexte reste nettement plus élevée que dans les séries occidentales. Nous proposons une prise en charge précoce ainsi qu’un transfert in utéro des nouveau-nés suspects d’ONN ainsi que les diverses mesures préventives de l’infection nosocomiale. 12. Facteurs de risque et pronostic immédiat des nouveaunés de faible poids de naissance à la maternité Souissi Rabat C.Mammad1, S.Bensaoud1, M.T.Majdoub1, A.Barkat1, 2 1 1 S.Khabouz , A.Thimou , A.Mdaghri Alaoui Service de Néonatologie, Hôpital d’Enfants, Rabat, Maroc Service de Maternité 1, Maternité CHIS, Rabat 1 2 Les nouveau-nés de faible poids de naissance (PN < 2500 g) ont une morbidité et une mortalité élevées surtout dans les pays en développement. Objectifs : Identifier les facteurs de risque de survenue du faible poids de naissance et évaluer le pronostic immédiat à la salle de naissance. Méthodes : Nous avons réalisé durant la période de février et mars 2014, au niveau de la salle d’accouchement de la maternité Souissi CHIS Rabat, une étude prospective, descriptive de type cohorte relative aux nouveaunés de faible poids de naissance (FPN). Résultats : durant cette période, sur 2.875 naissances, 224 nouveau-nés (7,8%) sont de faible poids de naissance. Parmi eux, nous avons exploité 70 dossiers. Dans la population étudiée, les hypotrophes à terme représentent 58%, et les prématurés 42% avec respectivement 1%, 8%, 33% pour les termes inférieurs à 28 SA, 28-32SA, 32-36SA. Le poids de naissance varie entre 950g et 2.450g. Les facteurs de risque recensés étaient: l’âge de la mère inférieur à 25 ans, la primiparité, le nombre de consultations prénatales inférieur à quatre, les grossesses multiples, la notion de fumigation au cours du deuxième et troisième trimestre de grossesse, l’hypertension artérielle gravidique et l’anémie pendant la grossesse. Concernant le pronostic immédiat des bébés, 8% ont nécessité une réanimation à la naissance, 92% avaient un score d’Apgar de 10/10 à la première et à la cinquième minute. 29% de ces nouveau-nés ont été hospitalisés, dont 21% en service de néonatologie pour la prise en charge d’une grande prématurité et ou d’un retard de croissance intra-utérin sévère ; 10% étaient hospitalisés en service de pédiatrie générale pour un risque infectieux (notion de rupture des membranes de plus de 48h) dont 6% ont développé une détresse respiratoire à 15 min de vie améliorée sous lunette d’oxygène (1 litre de débit), et 61% ont été remis à leurs mère. Conclusions : L’amélioration de cette situation passe par l’éducation de la jeune fille en âge de procréer sur le suivi adéquat de la grossesse, et sensibiliser les parturientes sur la gravité de la fumigation par des produits néfastes. 13. Allaitement maternel : connaissances et pratiques des mères à l’Hôpital d’Enfants de Rabat H.Berrani, M.Banouar, A.Mdaghri Alaoui, A.Thimou Izgua Service de néonatologie, Hôpital d’Enfants, Rabat Le lait maternel est l’aliment physiologique et naturel le plus adapté à la nutrition. L’organisation mondiale de la santé (OMS) recommande un allaitement maternel (AM) exclusif d’au moins 6 mois. Au Maroc, la pratique de l’allaitement reste insuffisante et inférieure aux objectifs recommandés par l’OMS. L’objectif principal de cette étude est d’évaluer les connaissances et pratiques des mères en matière d’allaitement maternel et les facteurs associés à ces pratiques. Méthode : Il s’agissait d’une étude transversale prospective, menée auprès de 183 couples mère/nouveau-né ayant consulté au service de néonatologie à l’hôpital d’enfants de Rabat, du 1er octobre 2013 au 30 mars 2014. Le questionnaire conçu comprenait 9 thèmes et 30 questions. Résultats : Concernant les pratiques, la première tétée était administrée dans les premières trente minutes seulement par 19,1% des mères. L’allaitement maternel était exclusif dans 80,6% des nouveau-nés à la naissance. 20% des femmes avaient introduit le lait artificiel à la naissance, 17,1% à l’âge d’un mois et 28% à l’âge de 3 mois. La durée de l’allaitement maternel exclusif était de 6 mois chez 54,9% couples, de 4 mois chez 13,7% et de 3 mois chez 4,9%. Seules 32,6% des mères avait l’information que le lait maternel peut être conservé. Les facteurs associés à l’AM exclusif en analyse univariée selon le modèle de régression logistique étaient : l’âge p=0,043 OR=1,04 IC [1 ; 1,09], la parité p=0,042 OR=1,45 IC [1,01 ; 2,07], le terme d’accouchement p=0,033 OR=0,6 IC [0,38; 0,96], le mode d’accouchement p=0,001 OR=0,31 IC [0,15 ; 0,63], l’antécédent d’AM antérieur de la mère p=0,002 OR=2,65 IC [1,41; 4,98], la précocité de la première mise au sein p=0,002 OR=0,73 IC [0,61; 0,89] et le badigeonnage du mamelon à la fin de la tétée p=0,023 OR= 0,5 IC [0,2 ; 0,91]. En analyse multivariée, seuls l’antécédent d’AM antérieur de la mère et le badigeonnage du 92 mamelon à la fin de chaque tétée sont significatifs avec respectivement p=0,015 OR=2,9 IC [1,2 ; 6,9] et p=0,009 OR=0,39 IC [0,19 ; 0,78]. Concernant les connaissances des mères des avantages de l’AM, 90,7% des mères savaient que l’AM assure une croissance somatique normale, 84,1% des mères avaient l’information que l’AM prévient les infections. Seulement 34,1% des mères étaient conscientes du rôle de l’AM dans la prévention du risque allergique, uniquement 24,7% des mères du rôle dans la prévention de l’obésité et 20,4% des mères qu’il diminue le risque d’HTA. En ce qui concerne les avantages maternels de l’AM, 55% des mères avaient l’information que le LM est un moyen de contraception, 44,4% des mères que l’AM permet une perte de poids rapide après l’accouchement, 59,9% des mères que l’AM réduit le risque du cancer de sein et seulement 19,2% des femmes que l’AM réduit le risque d’ostéoporose. Conclusion : Les taux d’AM exclusif dans notre contexte restent inférieurs aux objectifs recommandés par l’OMS. Il y a des insuffisances au niveau des connaissances des mères sur les avantages de l’AM, la diversification alimentaire et les techniques d’AM. Le choix de la mère d’allaitement maternel exclusif à la naissance était influencé de façon positive par l’antécédent d’AM antérieur par la mère et le badigeonnage du mamelon à la fin de la tétée, ce qui nous incite à concentrer nos efforts de sensibilisation sur les primipares, afin qu’elles puissent réussir la première expérience d’AM et ainsi les suivantes tout en insistant sur les bonnes règles d’AM en matière de position correcte et d’hygiène pour réduire les complications mammaires pouvant être sources d’arrêt d’AM. 14. Evaluation de la concordance entre recommandations et pratiques transfusionnelles en néonatalogie I. Faiz, K.Elmesnaoui, M.Lehlimi, M.Chemsi, A.Habzi, S.Benomar Service de néonatologie, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, Casablanca, Maroc Objectif : Evaluer la concordance entre les prescriptions de produits sanguins labiles (PSL) et les recommandations de l’Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé (Afssaps) chez le nouveau-né. Patients et méthode : Etude rétrospective incluant tous les nouveau-nés transfusés dans le service de néonatologie. La concordance entre les prescriptions de PSL et les recommandations de l’Afssaps a été étudiée sur les plans quantitatif et qualitatif. Les éventuels surcoûts ont également été évalués. Résultats : En 2013, 164 PSL ont été administrés à 63 nouveau-nés. Les concentrés de globules rouges représentaient les PSL les plus fréquemment transfusés (n=74, 45 %). Le sepsis grave compliqué de CIVD constituait la cause la plus fréquente de transfusion (n=17, 27%). Le taux de concordance global entre les recommandations de l’Afssaps et les PSL transfusés était de 68,2%. Le surcoût était estimé à 33.210 dirhams par an. Discussion : L’étude des pratiques transfusionnelles au sein des unités de réanimation et de soins intensifs médicaux néonataux de notre institution révèle que les prescriptions de PSL n’étaient pas toujours conformes aux recommandations en vigueur. Le taux de concordance global, tous PSL confondus, Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 87-94 était de 68,2%. Cette non-conformité aux référentiels entraînait un surcoût important. Le taux de concordance globale entre les référentiels et les prescriptions de PSL est moyennement bon. Les transfusions excessives engendrent un surcoût total théorique conséquent. Des actions de sensibilisation auprès des équipes médicales sont nécessaires afin d’améliorer les pratiques transfusionnelles. 15. Biopsie rénale chez l’enfant FZ.Souilmi1, H.Alaoui2, S.Atmani1, S.Chaouki1, M.Arrayhani2, M.Harmouch3, T.Sqalli Houssaini2, M.Hida1 Service de pédiatrie, 2Service de Néphrologie, 3Service d’anatomie pathologique, CHU Hassan II, Fès, Maroc 1 La contribution de la biopsie rénale (PBR) est d’une importance majeure dans de nombreuses maladies rénales chez l’enfant. En pédiatrie, la PBR est rarement effectuée d’emblée, en première intention. En pratique, elle est souvent réservée aux syndromes néphrotiques cortico-résistants et aux néphropathies secondaires. Le but de notre travail est de rapporter les indications de la PBR, de décrire les aspects histologiques des néphropathies de l’enfant, et de mettre le point sur la fréquence et la multiplicité des étiologies. Malades et méthode : Notre étude est une étude rétrospective qui a inclus toutes les biopsies rénales réalisées au service de pédiatrie du CHU Hassan II de Fès entre juillet 2009 et décembre 2013. On a déterminé les indications de la PBR ainsi que le diagnostic histologique retenu. Les biopsies aglomérulaires ou pauci-glomérulaires (<5 glomérules) ou refaites chez le même patient ont été exclues de notre étude. Résultats : Durant cette période de 4 ans et demi, nous retenons donc 109 PBR chez les patients âgés de moins de 16 ans. L’âge moyen au moment de la PBR était de 9.8 ± 4.77 ans, avec une légère prédominance masculine (sex-ratio 1,15). L’indication de la PBR chez nos patients était un syndrome néphrotique impur (36%), un syndrome néphrotique pur avec un âge < 1 an ou > 12 ans ou associé à des signes extra-rénaux (21%), une IR (19%), un sédiment urinaire actif associé à des signes extra-rénaux (17%) ou un syndrome néphrotique cortico-résistant dans 7% des cas. Les néphropathies primitives représentaient 59% des cas, avec une prédominance de la LGM dans 40% de l’ensemble des PBR réalisées. Les néphropathies secondaires représentaient 27% des cas avec prédominance des néphropathies lupiques (13%), suivies des néphropathies du purpura rhumatoïde (5%), et des glomérulonéphrites aigues post-infectieuses (5%). On a noté un cas de GEM post hépatite virale B. Les glomérulonéphrites chroniques représentaient 14% des cas dans notre série. Conclusion : Les néphropathies glomérulaires primitives sont les plus fréquentes dans notre série, dominées par la LGM. Les néphropathies secondaires sont peu représentées et ce sont essentiellement des néphropathies lupiques. 16. La dialyse en urgence chez l’enfant A.Kendousse, FZ.Souilmi, S.Abourazzak, M.Idrissi, S.Atmani, S.Chaouki, M.Hida Service de pédiatrie, CHU Hassan II, Fès, Maroc La dialyse est un processus de filtration par lequel les déchets Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 87-94 sont séparés des substances indispensables au fonctionnement de l’organisme. Il existe 2 techniques de dialyse basées sur les échanges entre le sang et le dialysat. Elles sont d’efficacité comparable durant les premières années. Le choix de la technique, en l’absence de contre indication à l’une ou l’autre des méthodes, est fait par le patient aidé dans sa démarche par l’équipe soignante. Le passage d’une technique à l’autre est possible. Notre travail a pour objectifs : Déterminer les indications de dialyse en urgence. Préciser les caractéristiques des patients qui ont été mis sous dialyse. Evaluer le pronostic immédiat et l’évolution à long terme. Malades et méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 100 cas dialysés en urgence dont 14 cas ont bénéficié de dialyse péritonéale et 87 cas d’hémodialyse, colligés dans le service de pédiatrie du CHU Hassan II de Fès sur une période de 66 mois d’octobre 2008 à mars 2014. 13 cas hémodialysés ont été exclus de l’étude à cause du manque de certaines données. Résultats : La moyenne d’âge de nos patients varie entre 4 et 15 ans avec une prédominance masculine (sex-ratio 1,5). La dialyse en urgence a été entreprise pour l’hyperkaliémie chez 20,6% des malades, une hyperurémie dans 52% des cas, une oligo-anurie dans 31% des cas, une acidose sévère dans 8,6% et un œdème aigu pulmonaire dans 20,6% des cas. Le nombre des séances a été de 1 à 38 séances pour chaque malade. La voie d’abord vasculaire a été un cathéter fémoral chez 81% de nos patients, un cathéter jugulaire chez 5,17% et une FAV humérale chez 7% des malades. Une anticoagulation en perdialyse a été utilisée chez 84,5% de nos patients. Les étiologies sont les uropathies dans 8,5% des cas, le syndrome hémolytique et urémique dans 11,5% des cas, les glomérulonéphrites dans 10% des cas, vasculaire dans 8,5% des cas et reste indéterminé dans 36,5% des cas. La mortalité était de 19% liée souvent à un diagnostic tardif de la maladie. Par ailleurs, l’évolution s’est faite vers une insuffisance rénale chronique terminale dans 58,6% des cas et vers la récupération totale ou partielle d’une fonction rénale normale dans 20,6% des cas. Discussion : La dialyse est un procédé d’épuration extrarénale, utilisé chez les personnes atteintes d’insuffisance rénale terminale pour éliminer les déchets toxiques accumulés dans le sang. Il existe deux techniques différentes de dialyse : la dialyse péritonéale et l’hémodialyse. Le choix de la méthode est basée sur sa disponibilité, l’expertise de l’équipe et les connaissances des avantages et limites de chaque méthode. 17. Enquête sur la diversification alimentaire chez les enfants de 6 à 24 mois S.Erradi, B.S.Benjelloun Dakhama Urgences médicales pédiatriques, Hôpital d’Enfants, Rabat Les pratiques de la diversification sont différentes en fonction des cultures et des régions et évoluent au fil du temps. L’objectif de ce travail est de décrire les pratiques nutritionnelles des enfants et d’établir une corrélation avec leur état nutritionnel. Patients et méthode : Il s’agit d’une enquête transversale conduite dans le service des urgences de l’hôpital d’enfants de Rabat en janvier 2014. Un questionnaire a été rempli portant sur le mode d’alimentation à la naissance, le démarrage de la diversification et la 93 fréquence des repas journaliers. Toutes les mères venues avec leur enfant âgé de 6 à 24 mois, et ayant donné leur consentement éclairé verbal, ont été incluses dans l’étude. Les enfants amenés par une personne qui ne s’en occupait pas habituellement ont été exclus. Les enfants ont été pesés puis mesurés. Résultats : 99 nourrissons âgés de 6 à 24 mois ont été retenus dans notre étude, 51 garçons (51,5%) et 48 filles (48,5%), tous de milieu urbain. L’allaitement maternel apparaissait comme principal mode d’alimentation à la naissance (allaitement maternel exclusif jusqu’à 6 mois : 39,4%, allaitement maternel exclusif moins de 6 mois : 30,3% et allaitement mixte jusqu’à 6 mois : 30,3%). 88% des enfants avaient commencé la diversification entre 4 et 6 mois. Les premiers aliments introduits étaient les produits laitiers (80%) suivis des céréales (45%) puis des légumes (28%). La consommation d’aliments d’origine animale était effective chez 82% des enfants : 25% des nourrissons ont reçu ces aliments à l’âge de 6 mois, et plus de la moitié les ont reçu après 7 mois. Tous les nourrissons hypotrophes ont reçu les aliments de complément tardivement. 21% des nourrissons ont bénéficié d’une alimentation appropriée. 85% des enfants dont la mère est d’instruction primaire et plus ont été nourris de façon appropriée contre 15% des enfants dont les mères n’ont aucune instruction. Discussion : Il ressort de ce travail que l’allaitement maternel est le principal aliment de départ de notre population. L’introduction d’aliments de complément se fait pour plus des trois quarts des enfants entre 4 et 6 mois. Tous les nourrissons hypotrophes ont reçu une diversification tardive. Nous avons observé une association positive entre les bonnes pratiques de diversification et le niveau d’instruction des mamans. Ce travail permet de recommander une intensification des activités d’éducation des mères pour la diversification des nourrissons. 18. Inhalation accidentelle de corps étrangers trachéo-bronchiques chez l’enfant : à propos de 204 cas K.Aitidir, N.Ech-charii, N.Amenzoui, F.Ailal, Z.Jouhadi, AA.Bousfiha, F.Adnane, J.Najib Service des maladies infectieuses (Pédiatrie1), Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc L’inhalation de corps étranger chez l’enfant est un accident grave pouvant mettre en jeu le pronostic vital en immédiat ou être responsable de séquelles à long terme. En dehors d’un syndrome de pénétration évident, le diagnostic est souvent difficile faisant appel à la bronchoscopie à la fois diagnostique et thérapeutique. Objectifs: Evaluer l’importance de l’inhalation des corps étrangers dans la population pédiatrique et profiter de notre expérience pour améliorer la prévention et le diagnostic précoce. Patients et méthode : Étude rétrospective des enfants admis au service de pédiatrie 1 de l’hôpital d’enfant Abderrahim Harouchi, à Casablanca, pour suspicion d’inhalation de corps étranger trachéo-bronchique entre janvier 2011 au Mars 2014. Résultats : Nous avons colligé 204 cas. L’âge moyen est de 29 mois, avec une prédominance féminine (sex-ratio à 0,86). Le délai de consultation varie entre 4 heures et 6 mois. 36% des cas se sont présentés immédiatement après l’inhalation et 33% dans un contexte d’urgence vitale. Le motif de consultation était le 94 syndrome de pénétration dans 87% des cas, les infections respiratoires récidivantes (15,7% cas) et la dilatation de bronches dans 3% des cas. La symptomatologie est dominée par une toux chronique (37%), une détresse respiratoire (19,6%), des râles ronflants et des sibilants (12%). L’examen physique était normal dans 38% des cas. La radiographie thoracique a objectivé un corps étranger dans 38% cas, une pneumonie dans 9% cas, une atélectasie dans 12% des cas, alors qu’elle était normale chez 36% de nos malades. L’extraction du corps étranger est faite par fibroscopie rigide, et son émission a été spontanée lors d’un effort de toux dans un seul cas. Les corps étrangers extraits étaient alimentaires dans 59% des cas (cacahouètes, pépites, amandes, végétal) et métalliques dont 31% des cas (épingle, vice), plastiques et autre corps métalliques dans 10% des cas. Discussion : Le diagnostic d’un corps étranger trachéo-bronchique fait appel à un faisceau d’arguments. Il est suspecté sur l’interrogatoire qui doit rechercher un syndrome de pénétration et sur la présentation clinico-radiologique. Toute suspicion doit donc conduire à une endoscopie bronchique. La sensibilisation des médecins et surtout l’éducation parentale sont les meilleurs garants d’une diminution significative de la morbidité et de la mortalité de cette pathologie. 19. Pneumonie de l’enfant : à propos de 443 cas G.Hokoumi, G.Draiss, N.Rada, M.Bouskraoui Service de Pédiatrie A, Hôpital mère-enfant, CHU Mohammed VI, Marrakech Les pneumonies aigues communautaires représentent la première cause de mortalité et de morbidité chez les enfants de moins de 5 ans. Les représentations cliniques sont variées et non spécifiques. Le pneumocoque est l’agent le plus fréquemment responsable, surtout des formes les plus graves. Objectifs : définir le profil épidémiologique, clinique, thérapeutique et évolutif des pneumonies dans notre service. Méthode: Notre travail est une étude rétrospective descriptive. Elle se base sur les dossiers des patients hospitalisés pour pneumonie dans le service de pédiatrie A de CHU Mohammed VI de Marrakech entre 2009 et 2013. Résultats: sur 443 enfants colligés, l’âge moyen était de 30,6 mois, avec une prédominance masculine (61,8%). Chez 423 patients dont le profil vaccinal était connu, 80% étaient vaccinés contre le pneumocoque et l’hémophilus. Le germe a été identifié dans 6,5% des cas par hémoculture, et le germe était un pneumocoque dans 6 cas. L’hyperleucocytose était supérieure à 10.000/mm3 dans 62% des cas, la CRP était comprise entre 20 et 100 mg/l dans 32% des cas et supérieure à 100 mg/l dans 24% des cas. Les motifs de consultation étaient la fièvre chez 93,4% de nos patients, la toux dans 72% des cas, et la gêne respiratoire dans 69% des cas. La majorité des patients ont été traités par une antibiothérapie empirique initiale à base d’amoxicilline (36%) et d’amoxicilline-acide clavulanique (44,2%). Le traitement antibiotique était administré par voie intraveineuse sur une durée inférieure à 3 jours chez 69,7% des patients, avec un relais oral après une durée moyenne de 5,5 jours. L’évolution a été favorable chez 405 patients (91,4%). Des complications à Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 87-94 type de pleurésie ou d’aggravation clinique ont été notées chez 28 patients (6,3%) avec 1,35% de décès (6 patients). L’apyrexie au 3ème jour a été notée chez (88,9%) des patients, et la durée moyenne d’hospitalisation était de 5,7 jours. Discussion : Les résultats de notre travail confirment la fréquence et l’importance des pneumonies dans notre contexte. Une connaissance plus approfondie de son profil épidémiologique et sa réponse aux différents traitements est nécessaire pour faciliter sa prise en charge. Un recul plus important permettrait de mieux évaluer l’apport des nouveaux vaccins anti-pneumocoque et anti-hémophilus instaurés. 20. Facteurs de risques de la forme extensive de l’oligoarthrite : étude analytique sur 79 cas A.Dibi1, B.Chkirate1, R.Abouqal2, A.Bentahila1 Service de pédiatrie IV, Hôpital d’Enfants, CHU Ibn Sina, Rabat. 2Laboratoire de Biostatistiques, de recherche clinique et d’épidémiologie. Faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat. Université Mohamed V, Souissi, Rabat, Maroc 1 L’objectif de notre travail est de déterminer les facteurs de risque d’évolution vers l’extension polyarticulaire chez des enfants atteints d’oligoarthrite. Matériel et méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective de 86 enfants atteints d’une oligoarthrite et suivis en consultation de rhumatologie pédiatrique à l’hôpital d’Enfants de Rabat entre 2005 et 2012. Les critères d’inclusion ont répondu aux critères de l’ILAR. Tous les malades ont été soumis à un examen clinique complet y compris l’examen ophtalmologique. Les examens de laboratoire incluaient une numération formule sanguine complète, une VS à une heure, les anticorps anti-nucléaires. Le traitement était à base d’antiinflammatoires et de methotrexate. L’analyse statistique a été réalisée par le logiciel SPSS 10.0. Résultats : L’âge moyen des 79 malades était de 6,18 ± 3,45 ans. 60 malades étaient de sexe féminin (69,8%). Le délai médian de diagnostic était de 8 mois (3 à 13 mois). Soixante dix patients (81,4%) avaient une forme persistante et 16 patients (18,6%) une forme extensive. Il a été observé une différence significative en faveur de la forme extensive concernant la VS (24,5 vs 60, p=0,002), l’atteinte osseuse (12,9% vs 43,8%, p=0,009) et l’atteinte du poignet (11,4% vs 43,7, p=0,006). L’atteinte isolée des genoux était plus fréquente dans la forme localisée avec une différence significative (57,1% vs 20%, p=0,011). Sur le plan thérapeutique, il a été constaté une différence significative concernant la non réponse au traitement de première intention (7,1% vs 43,7%, p<0,001) et la mise sous méthotrexate, en faveur de la forme extensive. Les séquelles étaient plus importantes dans la forme étendue avec une différence significative : 62,5% vs 10% pour les séquelles (p<0,001), alors qu’il n’y avait pas de différence significative concernant les rechutes. Discussion: Notre étude rapporte comme facteur de risque d’extension de l’oligoarthrite la VS accélérée, l’atteinte du poignet, l’atteinte osseuse et la non réponse aux anti-inflammatoires non stéroïdiens. La détermination précoce des critères évolutifs vers l’extension permet une adaptation thérapeutique adéquate pour éviter l’évolution vers des séquelles définitives. 95 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 95-98 Communications affichées. Congrès Maghrébin et National Cardiologie 1. Douleur thoracique chez l’enfant : à propos de 106 cas. I.Bakali, FZ.Souilmi, A.Babakhouya, S.Benmiloud, S.Abourazzak, M.Lakhdar Idrissi, S.Chaouki, S.Atmani, M.Hida Unité médico-chirurgicale de cardiologie pédiatrique, Service de pédiatrie, CHU Hassan II, Fès, Maroc 2. Prise en charge des cardiopathies congénitales. Expérience du service de réanimation néonatale de l’hôpital militaire de Tunis : à propos de 94 cas. N.Kasdallah1, M.Jelassi1, H.Ayari1, H.Kbaier1, H.BenSalem1, S.Blibech1, M.Douagi1, H.Mahfoudhi2, W.Fehri2 Service de Néonatologie et de Réanimation Néonatale de l’Hôpital Militaire de Tunis, Tunisie. 2Service de Cardiologie de l’Hôpital Militaire de Tunis. 1 Endocrinologie 3. Intoxication à la vitamine D : à propos de 9 cas. Y.Lamrimed, T.Meskini, S.Ettair, N.Erreimi, N.Mouane Service de Pédiatrie III, Hôpital d’enfants, Rabat, Maroc 4. Déficit en vitamine D chez l’enfant sain : mythe ou réalité ? O.Drali1, M.Arab2, N.Lamdjadani3, O.Ibsaine1, M.Cherifi2, M.Moubri1, Z.Guechi2, Z.Arrada1, H.Berrah1 Service de Pédiatrie B, 2Unité de Biochimie, 3Service d’Épidémiologie, CHU Neffissa Hamoud, Hussein Dey, Alger, Algérie 1 5. Thyroïdites auto-immunes de l’enfant : expérience d’un service de pédiatrie. F.Bouferoua, Z.Zeroual, A.Atek, S.Tari, N.Bouterfas, H.Boucenna, A.Khati,A. Hezazi, A.Mohand Oussaid, M.Chaou, Z.Bouzerar , M.Haridi, ME.Khiari, H.Boukelal Service de pédiatrie « A », CHU Béni Messous, Alger, Algérie 6. Enquête sur l’éducation des jeunes diabétiques : intérêt de l’école du diabétique. A.Naili, F.Lacete, A.Lebied Clinique médicale des enfants, CHU Neffissa Hamoud, Hussein Dey, Alger, Algérie 7. Apport des analogues d’insuline dans le contrôle métabolique du diabète de type 1 de l’enfant. S.Halioui-Louhaichi1, Y.Dridi1, B.Saada-Cheour2, I.Fetni1, O.Azzabi1, N. Siala1, A.Maherzi1 Service de pédiatrie générale, Hôpital Mongi Slim de la Marsa, Tunisie. 2 Consultation d’endocrinologie, Hôpital Mongi Slim de la Marsa, Tunisie 1 7bis. Syndrome de Down et diabète I.Mezhoud, A.Mosbah, S.Bicha, N.Boumaza, Z.Bouderda CHU Benbadis Constantine. Hépato-Gastro-Entérologie et Nutrition 8. Entéropathie à éosinophiles : à propos d’une observation et revue de la littérature N.Mekaoui, S.Ettair, T.Meskini, N.Erraimi, N.Mouane Service de Pédiatrie III, Gastroentérologie et Nutrition, Hôpital d’Enfants, Rabat, Maroc 9. Les gastrites chez l’enfant : à propos de 87 cas I.Tayache, M.Idrissi, S.Abourazzak, S.Benmiloud, FZ.Souilmi, S.Chaouki, S.Atmani, A.Bouharrou, M.Hida Service de Pédiatrie, CHU Hassan II, Fès, Maroc 10. APRI : une méthode non invasive d’évaluation de la fibrose hépatique dans les hépatopathies chroniques de l’enfant. D.Dahlouk1, A.Kessira2, M.Bensaloua2, Y.Laid3, S.Bouchenafa4, S.Ysmail-Dahlouk4, G.Kacimi5, N.Fenni6, K.Boukhetala2, M.Berrah1, SE Laaloui1 Service de Pédiatrie HCA, 2Faculté de Mathématique Université de Bab Ezzouar, Institut National de la Santé Publique, 4Service d’anatomopathologie HCA, 5 Laboratoire de Biochimie HCA, 6Laboratoire d’hémobiologie HCA, Algérie 1 3 11. Problèmes diagnostiques et thérapeutiques de la maladie de Wilson chez l’enfant : à propos de 19 cas. D.Bekkat-Berkani, K-Boukhil, FZ.Zemiri, W.Messadi, K.Chikhi, L.Oukrif, H.Maouche, N.Cherif, K.Hireche, A.Bensenouci Service de Pédiatrie B, CHU Beni Messous, Alger, Algérie 12. Lésions ano-périnéales dans les maladies inflammatoires chroniques intestinales de l’enfant. Z.Zeroual, L.Hazzazi, M.Chaou, S.Tari, F.Bouferoua, N.Bouterfas, L.Atek, A.Khati, H.Boucenna, A.MohandOussaid, M.Haridi, ME.Khiari, H.Boukhellal Service de pédiatrie A, CHU Beni-Messous, Alger, Algérie 13. Epidémiologie et étiologies des cholestases à l’hôpital d’enfants de Tunis. O.Bouyahia, S.Ben Messaoud, I.Khelifi, K.Boussetta, S.Barsaoui, S.Ben Becher, A.Sammoud Hôpital d’Enfants, Tunis, Tunisie 14. Allergies alimentaires de l’enfant. Expérience d’un service de pédiatrie du sud Tunisien. S.Ben Ameur, S.Alibi, Y.Belfitouri, L.Sfaihi, I.Chabchoub, H.Aloulou, T.Kamoun, M.Hachicha Service de pédiatrie, CHU Hédi Chaker, Sfax, Tunisie 15. Profil épidémiologique de l’obésité chez l’enfant scolarisé dans l’algérois. A.Hadji, S.Sokhal, N.Baghdali, S.Chikhi CHU Mustapha, Alger, Algérie 16. Dyslipidémies héréditaires : savoir les dépister. K.Berkouk, A.Laraba Service de pédiatrie, CHU Bab El Oued, Alger, Algérie 17. Les pratiques de l’allaitement maternel à la maternité Al Farabi. A.ElOuali1, Y.El Boussaadni1, M.Rkain1, R.Amrani1, N.Benajiba1, N.Abda2 Service de pédiatrie, Hôpital Al Farabi, CHU d’Oujda. 2Laboratoire d’épidémiologie, CHU Mohammed VI, Faculté de médecine et pharmacie, Oujda, Maroc 1 18. Facteurs associés à l’allaitement maternel chez le prématuré hospitalisé. F.Azi1, S.Rezzoug2, O.Benrabah1, F.Belatreche2, M.Medjtoh1 Service de Néonatologie. 2Service d’Epidémiologie, CHU Parnet, Alger 1 96 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 95-98 Hémato-Oncologie Marrakech. CHU Hassan II, Fès, Maroc. 19. Histiocytose langerhansienne : à propos de 4 cas. S.Guemghar, K.Mammeri, M.Rahou, H.Mesbaih, R.Nemmar, S.Touri, A.Lamraoui, C.Kaddache, R.Boukari. 29. Ataxie-télangiectasie : profil clinique et moléculaire au Maroc. K.Aitidir, B.Abakka, L.Jeddane, F.Ailal, AA.Bousfiha Service de pédiatrie, CHU Blida, Algérie 20. L’histiocytose langerhansienne : étude de 11 cas. L.Sfaihi, Y.Belfitouri, S.Alibi, I.Maaloul, F.Kamoun, S.BenAmeur, T.Kamoun, M.Hachicha Service pédiatrie, CHU Hédi Chaker, Sfax, Tunisie 21. La maladie d’Hodgkin chez l’enfant : aspects cliniques, épidémiologiques, thérapeutiques et évolutifs. I.Bendriss, S.Benmiloud, FZ.Souilmi, S.Abourazzak, M.Idrissi, S.Chaouki, S.Atmani, M.Hida Unité d’oncologie, Service de pédiatrie, CHU Hassan II, Fès, Maroc 22. Evaluation de l’état des connaissances des pédiatres sur l’hémophilie. I.Bendriss, S.Benmiloud, W.Kojman, S.Chaouki, M.Hida Unité d’oncologie, Service de pédiatrie, CHU Hassan II, Fès, Maroc 23. Expérience du Centre d’Hémophilie de Casablanca dans l’auto-traitement des hémophiles. W.Mrabat, C.Dhaibi, J.Hachim, K.Maani, M.Itri Unité d’hématologie pédiatrique, Centre de référence de l’hémophilie, Pédiatrie 3, Hôpital Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc 24. Profil de l’arthropathie hémophilique dans la région de l’Oriental. A.El Ouali1, Y.El Boussaadni1, N.Benajiba1, K.Maani2, M.El Andaloussi3 Service de pédiatrie, Hôpital Al Farabi, Université Mohamed Premier, Oujda. Centre d’hémophilie, Hôpital d’enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca. 3Service de Traumato-Orthopédie Pédiatrique, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, Casablanca, Maroc 1 2 25. Rétinoblastome : à propos de 46 cas. S.Boudana, L.Hessissen, M.Kababri, A.Kili, M.El Khorassani, M.Khattab Service d’hématologie et d’oncologie pédiatrique, Hôpital d’enfants, Rabat, Maroc 26. Thromboses vasculaires chez l’enfant : à propos de 16 cas. R.Guedri, Z.Khlayfia, A.Kefi, L.Essaddam, Z.Fitouri, N.Matoussi, S.Ben Becher Service de Pédiatrie, Urgences et consultations externes, Hôpital d’Enfants Béchir Hamza, Tunis, Tunisie 27. Les infections à Cytomégalovirus chez les enfants allogreffés de moelle osseuse. M.Ouederni, R.Hassouna, M.Ben Khaled, N.Dhouib, S.Thraya, A.Haoua, F.Mellouli, M.Bejaoui Service d’Immuno-Hématologie pédiatrique, Centre National de Greffe de Moelle Osseuse, Tunis, Tunisie Immunologie 28. Registre Marocain des déficits immunitaires primitifs. F.Saadi, L.Jeddane, F.Ailal, O.Maataoui, N.El Hafidi, N.Benajiba, M.Hida, N.Rada, M.Bouskraoui, S.Benmiloud, J.El Bakkouri, I.Benhsaine, R.Boufi, B.Admou, A.Kili, J.Najib, H.Salih-Alj, A.A.Bousfiha Service de Pédiatrie 1, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc. Laboratoire d’Immuno-sérologie, CHU Ibn Rochd, Casablaca. Hôpital d’Enfants, Rabat. CHU Oujda. CHU Mohamed VI, Unité d’immunologie clinique, Service de Pédiatrie 1, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc 30. Déficit en sous-classes des immunoglobulines G : à propos de 11 cas. M.El Hachimi, A.Derdaki, F.Ailal, N.Amenzoui, A.A.Bousfiha, J.Najib Unité d’immunologie clinique, Pédiatrie 1, Hôpital d’enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc 31. Les bécégites chez l’enfant : à propos de huit cas. M.El Hachimi, M.Kourime, F.Ailal, AA.Bousfiha, J.Najib Service de Pédiatrie 1, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, Casablanca, Maroc Infectiologie 32. Ecthyma gangrenosum chez l’enfant : à propos de 7 cas. I.Choukri, I.Tadmori, S.Abourrazak, M.Idrissi, S.Chaouki, S.Atmani, A.Bouharrou, M.Hida Service de pédiatrie, CHU Hassan II, Fès, Maroc 33. Syndrome de Marshall FZ.Chafi, N.El Hafidi, F.Benbrahim,A.Assermouh, S.Benchekroun, Ch.Mahraoui Service d’infectiologie et pneumo-allergologie pédiatrique, Hôpital d’enfants, Rabat, Maroc 34. Tuberculose du nourrisson : expérience du service des Maladies Infectieuses de l’Hôpital d’Enfants de Rabat. S.Erradi, S.Benchekroun, F.Benbrahim, A.Assermouh, N.El Hafidi, Ch.Mahraoui Service des Maladies Infectieuses Pédiatriques, Hôpital d’Enfants, CHU Ibn Sina, Rabat, Maroc 35. Fièvre aigue isolée des nourrissons de 3 à 36 mois: quelles étiologies ? K.Aitidir, B.Abakka, N.Amenzoui, F.Adnane, F.Ailal, Z.Jouhadi, AA.Bousfiha, J.Najib Service des maladies infectieuses, Pédiatrie 1, Hôpital d’Enfant Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc 36. Épidémiologie de l’infection urinaire chez le nourrisson et l’enfant au CHU de Casablanca durant l’année 2013. S.Bassit, B.Elam, F.El Masbahi, Z.Jouhadi, F.Ailal, F.Adnane, N.Amenzoui, J.Najib, AA.Bousfiha, N.Mikou* Service des maladies infectieuses, *Service de Pédiatrie 5, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc 37. Profil épidémiologique de l’infection urinaire chez le nourrisson et l’enfant porteurs d’uropathies au CHU de Casablanca durant l’année 2013. F. El Masbahi, M.Jabir, S.Bassit, Z.Jouhadi, J.Najib, N.Mikou* Service des Maladies Infectieuses Pédiatrie 1, *Service de Pédiatrie 5, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc 38. Les infections ostéo-articulaires chez l’enfant au CHU de Tizi Ouzou : à propos de 49 cas. D.Arhab, N.Bensaadi, H.Ahmane, A.Benani, N.Cherifi Service de pédiatrie, CHU Tizi Ouzou, Algérie 39. Méningites bactériennes à pneumocoque. 97 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 95-98 H.Ahmane1, D.Arhab1, M.Reghal1, A.Benani1, N.Bensaadi1, D.Haouchine1, A.Azzam1, K.Rahal2 Service de pédiatrie, CHU Nedir Mohamed, Tizi-Ouzou, 2Institut Pasteur, Algérie 1 40. L’infection à virus West Nile chez l’enfant : une infection rare mais qui peut être grave. S.Hassayoun, H.Ajmi, S.Kacem*, N.Mama**, M.Tfifha, S.Mabrouk, N.Zouari, J.Chemli, H.Trabelsi*, K.Tlili K**, S.Abroug Service de Pédiatrie, *Laboratoire de virologie, **Service de Radiologie, CHU Sahloul, Sousse, Tunisie 41. Hépatite virale A : pas aussi anodine ! H.Barakizou, N.Mouelhi, Y.Ben Rjeb, S.Gannouni, F.Bayoudh S.Erradi, H.Ait Ouamar, N.Oulhiane, A.Bentahila Service de Pédiatrie IV, Hôpital d’enfants, Rabat, Maroc 49. Les syndromes néphrotiques congénitaux et infantiles : à propos de 16 cas. Y.Lamrimed , N.Oulahyane, H.Ait Ouamar, A.Bentahila Service de Pédiatrie IV, Hôpital d’Enfants, Rabat, Maroc Neurologie 50. Etude comparative des convulsions généralisées et partielles dans un contexte fébrile. J.Semlani, B.Benjelloun Dakhama Service de Pédiatrie, Hôpital Militaire de Tunis, Tunisie Service des urgences pédiatriques, Hôpital d’enfants, CHU Avicenne, Rabat, Maroc 42. Particularités de la leishmaniose viscérale dans le gouvernorat de Kairouan : à propos de 214 cas. Z.Habboul, T.Khémiss, N.Khattat, N.Balhoudi, C.Ben Zayed, H.Mejaouel, F.Khlif, R.Thabti, E.Sboui, Y.Chaabouni*, K.BenHelel 51. Les aspects en imagerie des méningo-encéphalites : 30 observations. F.Ouabdelmoumene, A.Asermouh, N.Elhafidi, F.Benbrahim, S.Benchekroun, Ch.Mahraoui Service de Pédiatrie, CHU Ibn El Jazzar, Kairouan. *Service de Biochimie, CHU Ibn El Jazzar, Kairouan, Tunisie 43. Le surcoût de l’infection nosocomiale dans l’unité de réanimation néonatale du CMNT : étude rétrospective à propos de 460 cas. Y.Hammi, S.Kacem, A.Mrabet, M.Ben Amara, M.Cheour, I.Ksibi Service de néonatologie du Centre de Maternité et de Néonatologie, Tunis, Tunisie 44. Résurgence de la coqueluche dans la région sanitaire de Tunis. A.Gzara Zargouni, R.Tej Dellagi, S.Mrad Bekri, S.Briki, C.Najlaoui, Z.Yahyaoui, MT. Rachdi Direction régionale de la santé de Tunis, Tunisie Néonatologie 45. Asphyxie néonatale au niveau du CHU Hussein Dey : étude rétrospective durant l’année 2013. F.Talbi, S.Rezzoug, K.LakhaL, F.Boudouaya, F.Azi, R.Dehmoun, N.Slimani, M.Mechai, K.Abba, S.Otmani Belouti, O.Benrabeh, M.Medjtoh Service de pédiatrie 1, Hôpital d’enfants, CHU Ibn Sina, Rabat, Maroc 52. La sclérose tubéreuse de Bourneville: pathogenèse, clinique et nouvelles options thérapeutiques, à propos de 9 cas et revue de la littérature. S.Tantani, BS.Benjloun Dakhama, FZ. Oudghiri Consultation de neurologie pédiatrique, Hôpital d’Enfants, CHU Avicenne, Rabat, Maroc 53. Syndrome de Lennox Gastaut : à propos de 30 cas. G.Zouiri, Y.Kriouile Unité de Neuro-Pédiatrie, Service de Pédiatrie IIa, Hôpital d’Enfants, Rabat, Maroc 54. Les AVC ischémiques de l’enfant: importance du bilan étiologique et difficultés de prise en charge. I.Bel Hadj, F.Khalsi, S.Hamouda, F.Tinsa, K.Boussetta Service de Médecine Infantile B, Hôpital d’Enfants Béchir Hamza de Tunis, Tunisie Ophtalmologie 55. Evaluation de la fonction visuelle chez les prématurés à l’âge préscolaire: étude comparative à propos de 68 cas. N.Hamida1, A.Ben Thabet1, D.Ammous2, L.Walha1, R.Rgaeig1, A.Trigui2, A.Bouraoui1, A.Gargouri1 Service de neonatologie et de reanimation néonatale, CHU Hedi Chaker, Sfax. Service d’Ophtalmologie, CHU Habib Bourguiba, Sfax, Tunisie. Service de gynéco-obstétrique, Unité de néonatologie, CHU Nafissa Hamoud, Alger, Algérie 1 46. Prématurité : facteurs de risque et de protection des lésions neurologiques. L.Soufi, M.Lahlimi, M.Chemsi, A.Habzi, S.Benomar 56. Les uvéites de l’enfant : à propos de 11 observations. M.Noumi, S.Ladj, S.Aggoune, R.Berkani, R.Terrak, L.Sekfali, S.Sokha-Boudella, S.Benlecheheb, N.Khelafi, A.Hadji, N.Baghdali, S.Chikhi Service de néonatologie et soins intensifs, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc 47. Connaissances, attitudes et pratiques des professionnels de la santé et des parturientes vis à vis du risque tératogène du Fenugrec. LM.Taloubi1, A.Belahcen1, N.Smires3, A.Thimou1,2, A.Mdaghri Alaoui1,2 Equipe de recherche en térato-vigilance, Faculté de Médecine et de Pharmacie, Université Mohammed V Souissi. 2Service de Néonatologie, Hôpital d’Enfants. 3 Unité de térato-vigilance du Centre National de Pharmacovigilance, Rabat, Maroc. 1 Néphrologie 48. Syndrome hémolytique et urémique a propos de 15 cas. 2 Clinique Médicale Infantile, CHU Mustapha, Alger, Algérie Pneumologie 57. Facteurs prédisposants de la bronchiolite sévère : expérience de l’hôpital régional de Oujda. Y.El Boussaadni1, A.El Ouali1, N.Benajiba1, R.Amrani1, N.Abda2, M.Rkain1 Service de pédiatrie, CHU Mohamed VI, Hôpital Al Farabi. 2Laboratoire d’épidémiologie, Faculté de médecine et de pharmacie, Oujda, Maroc 1 58. Bronchiolite oblitérante chez une fille de 4 ans immunocompétente. MA.Radouani, R.Abilkassem, M.Kmari, N.Dini, A.Agadr 98 Rev Mar Mal Enf 2014; 33 : 95-98 Service de pédiatrie, Hôpital Militaire Mohamed V, CHU Ibn Sina, Rabat, Maroc G.Ismaili, BS.Benjelloun Dakhama 59. Asthme du nourrisson : profil épidémiologique et clinique, étude de 270 cas. I.Khamassi, W.Barbaria, O.Hamami, H.Chiha, I.Chelly, AK.Salah, A.Mziou, N.Gandoura 67. Accidents domestiques chez l’enfant dans un service de pédiatrie : à propos de 276 cas. B.Abakka, K.Aitidir, S.Salimi, B.Slaoui, F.Jennane, F.Dehbi 60. Les dilatations des bronches chez l’enfant : étude de 36 cas. S.Erradi. A.Hassani. R.Razine*, H.Ourrai, M.Malih, A.Agadr 68. Accidents domestiques : évaluation des connaissances des parents sur les dangers et les moyens de prévention. S.Bennani, G.Ansari, A.Chemaou, A.Zineddine Service de pédiatrie de Bizerte, Tunisie Service de pédiatrie, Hôpital Militaire Mohamed V, Rabat. *Laboratoire de Biostatistiques et de Recherche Clinique et Epidémiologique, CHU Avicenne, Rabat, Maroc 61. Bronchoscopie pour inhalation de corps étrangers chez l’enfant : expérience du CHU de Fès. I.Bendriss, I.Bakali, S.Chaouki, S.Benmiloud, FZ.Souilmi, S.Abourazzak, M.Idrissi, S.Atmani, C.Benjelloun1, M.Harrandou2, M.Hida Service de pédiatrie, 1Service de pneumologie, 2Service de réanimation pédiatrique. CHU Hassan II, Fès, Maroc Psychiatrie 62. Les tentatives de suicide chez les adolescents. N.Talbi, K.Benallal, N.Hamdad, A.Bentaallah, K.Ould Said, N.Djeloul Daouedji, S.Benaissa Service de pédiatrie de Sidi Bel Abbes, Algérie Rhumatologie 63. La polyarthrite juvénile : à propos de 50 cas. R.Ide Bana, B.Chikrate, A.Bentahila Service des urgences médicales pédiatriques, Hôpital d’Enfants de Rabat Service de Pédiatrie 2, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, Casablanca, Maroc Service d’accueil des urgences pédiatriques, Hôpital d’Enfants, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc 69. Corps étranger particulier de la jeune adolescente : épingle à foulard. N. Ech-charii, K.Aitidir, N.Amenzoui, F.Adnane, J.Najib Service des maladies infectieuses (Pédiatrie 1), Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc 70. Fistule œso-trachéale secondaire à l’ingestion accidentelle d’une pile-bouton. F.Fitouri, Y.Houass, N.Sassi, A.Bouden, N.Sghairoun, M.Gasmi, F.Tinsa, M.Hamzaoui Service de pédiatrie, Hôpital d’Enfants de Tunis, Tunisie 71. Ingestion de produits caustiques : profil épidémiologique. K.Benallal, A.Mohamedi, O.Benyahia, N.Machou, A.El Ouali, N.Talbi, K.Ould Said, A.Bentaallah Service de Pédiatrie, CHU de Sidi Belabbes, Algérie 72. Intoxications médicamenteuses chez l’enfant : expérience du service de pédiatrie, à propos de 197 cas. O.Nachar, B.Abakka, FZ.Fadil, S.Salimi, F.Dehbi Service de pédiatrie IV, Hôpital d’Enfants, Rabat, Maroc Service de Pédiatrie 2, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc 64. Toxicité hépatique médicamenteuse en rhumatologie pédiatrique. Z.Fitouri, H.Ayari, L.Essaddam, R.Guedri, N.Matoussi, S.Ben Becher 73. Incidence et profil de l’intoxication aux plantes chez les enfants. Expérience du service des urgences médicales pédiatriques à l’Hôpital d’Enfants de Rabat. G.Zouiri, FZ.Oudghiri, BS.Benjelloun Service de Pédiatrie, Urgences et Consultations Externes, Hôpital d’Enfants de Tunis, Tunisie Service des Urgences Médicales Pédiatriques, Hôpital d’Enfants, Rabat, Maroc Urgences-Réanimation Service des Urgences Médicales Pédiatriques, Hôpital d’Enfants, Rabat, Maroc 65. Accueil des familles en réanimation pédiatrique. N.Khadre, H.Baghdadi, B.Hmamouchi, A.Chlilek Service de Réanimation Pédiatrique Polyvalente, Hôpital d’enfants Abderrahim Harouchi, Casablanca, Maroc 66. Accidents domestiques chez l’enfant. 74. Envenimation scorpionique chez l’enfant. I.Gada, FZ. Eloudghiri, BS.Dakhama Benjelloun 75. Epidémiologie des accidents de la voie publique chez les enfants hospitalisés au service des Urgences Pédiatriques de l’Hôpital d’Enfants de Casablanca. M.Khireddine, A.Chemaou, Z.Qechchar, A.Zineddine. Service des Urgences Pédiatriques, Hôpital d’Enfants Abderrahim Harouchi, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc T EN 2 Nom et Prénom : EM Fonction : Ville : N N O B A 4 1 0 Adresse professionnelle : Adresse de correspondance : Organe officiel du Groupe Scientifique Marocain pour la Recherche, l’Information et la Formation Médicales sur la Santé et les Maladies de l’Enfant Téléphone : E-mail : Siège Frais d'abonnement par an (4 numéros) : Maroc 300 DH ; Etranger 75 Euros (Frais à régler par chèque barré non endossable libellé au nom de RMME-GSM) Faculté de Médecine et de Pharmacie Hassan II -Aïn Chock 19 Rue Tarik Ibn Ziad Casablanca E-mail : [email protected] Adresse : RMME-GSM. 55, Boulvard Zerktouni, Casablanca T EN B A N N O EM 4 1 0 2 Nom et Prénom : Fonction : Ville : Adresse professionnelle : Adresse de correspondance : Organe officiel du Groupe Scientifique Marocain pour la Recherche, l’Information et la Formation Médicales sur la Santé et les Maladies de l’Enfant Siège Faculté de Médecine et de Pharmacie Hassan II -Aïn Chock 19 Rue Tarik Ibn Ziad Casablanca E-mail : [email protected] Téléphone : E-mail : Frais d'abonnement par an (4 numéros) : Maroc 300 DH ; Etranger 75 Euros (Frais à régler par chèque barré non endossable libellé au nom de RMME-GSM) Adresse : RMME-GSM. 55, Boulvard Zerktouni, Casablanca
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