マルセル・プルーストの書簡 La Correspondance de Marcel Proust, du quotidien à l’autobiographie : une question de genre 日常性から自伝へ:ジャンルの問題 ❶ Alain de Botton, romancier contemporain de langue anglaise, avait donné dans son livre au titre (et au contenu) pince-sans-rire, Comment Proust peut changer votre vie, cette définition on ne peut plus sérieuse : « On peut, entre autres, considérer À la recherche du temps perdu comme une lettre plus longue que la moyenne et non envoyée » 1). ❷ C’est en effet une sorte de lettre, certainement bien plus longue que la moyenne, qui a été publiée à défaut d’avoir été envoyée au seul destinataire pour lequel elle avait été écrite — sa mère, selon la formulation de Michel Schneider, l’auteur de Maman 2) réinterprétation psychanalytique de Proust, dans sa vie et dans sa démarche créatrice. Observant l’origine de l’œuvre, Schneider rappelle, comme ceux qui ont étudié sa genèse, « la conversation avec Maman », écrite après la mort de celle-ci, dialogue d’outre-tombe qui est une introduction à la « Méthode de Sainte-Beuve » et audelà à la Recherche du temps perdu. Ce roman-lettre sauve ainsi une vie de l’échec et un monde de l’oubli. ❶ 英語圏の現代作家アラン・ド・ボトンは,『プルーストによ る人生改善法』という,なに食わぬ顔で皮肉ったような題名 (そして内容)の著作のなかで,次のような大まじめな定義を 示していた──「とりわけ『失われた時を求めて』は,平均的 な手紙よりも長文で,かつ未送付の書簡と見なせよう」1) 。 ❷たしかに,それは平均よりもはるかに長い手紙のようなもの であり,ただひとりの受取人に送られることなく出版されたの である。その受信者とは,ミシェル・シュネデール(人生と創 作におけるプルーストの精神分析的再解釈の書『ママン』2) の 著者)が明言したところでは,作家の母親にほかならない。作 品の起源を注視するシュネデールは,作品の生成過程を研究し た先行研究者たちと同様に,母親の死後に書かれた「母親との 会話」を,墓の彼方からの対話と呼んでいる。この対話は「サ ント=ブーヴの方法」の序論であり,さらに先では『失われた 時を求めて』となる。このように書簡=小説は,挫折の人生と 忘却の世界を救済するのである。 書簡,自伝,「私的な」日記,ジャンルの問題と編集の問題 Lettres, autobiographie, journal « intime », questions de genre et questions éditoriales ❸ La lettre, en tant que genre littéraire, est généralement rattachée à l’autobiographie, bien qu’elle puisse s’inscrire dans tous les autres genres, du récit romanesque aux dialogues de théâtre, à la poésie, et surtout au journal dit « intime ». Cependant, à la différence du journal, l’autobiographie, tout comme les mémoires, s’écrit a posteriori. On peut prendre pour exemple Simone de Beauvoir, donnant un titre ironique (puisqu’il reprend celui de l’humoriste Tristan Bernard 3)) au premier volume de son autobiographie : Mémoires d’une jeune fille rangée, publié en 1958, alors que, née en 1908, elle avait donc alors cinquante ans). ❹ Les traits génériques de la lettre sont aisément reconnaissables en raison de ses marqueurs habituels que sont les indications de lieu et de temps, la présence de formules propres aux conventions épistolaires ou au contraire s’en écartant. Parce qu’il veut avant tout être lu, le scripteur, ou destinateur, doit mettre en œuvre une ou plusieurs stratégies de communication, annoncer l’organisation du contenu de son message, le justifier. Son introduction contient les salutations rituelles et vise à désamorcer les réactions négatives que peut susciter l’intrusion dans la sphère privée du destinataire, et au contraire à provoquer la sympathie ou au moins la lecture attentive. S’agissant d’un destinataire habituel, le scripteur renvoie aux lettres précédentes, soulignant ainsi la continuité, et la légitimité de cette communication. ❺ Moins marqué par l’oralité que les formules d’ouverture et de conclusion, le corps de la lettre est divisé par convention en paragraphes, selon le mode dissertatif. Si le scripteur n’a pas toujours ménagé des retraits pour les indiquer visuellement (ce qui est, on le sait, souvent le cas de Proust, lequel emploie néanmoins pour signaler ceux-ci, comme dans ses manuscrits, des tirets et autres signes qui lui sont propres), il est fréquent que l’éditeur de la correspondance, et il s’agit là d’une des premières décisions qu’il doit prendre dans sa tâche (avec la correction de l’orthographe et de la ponctuation si nécessaire), unifie ces divers usages en adoptant selon des modèles typographiques préexistants la même mise en page, la même typographie d’une lettre à l’autre, tout en complétant les indications temporelles parfois lacunaires, ❸書簡はロマネスクな物語に始まり,演劇の対話や詩作品,わ けても「私的」と称される日記にいたる,およそすべてのジャ ンルに含まれうるが,文学ジャンルとしての書簡は概して自伝 に結びつけられている。とはいえ自伝は日記と異なり,回想録 と同様,人生をあらかた経験した後で書かれる。シモーヌ・ ド・ボーヴォワールを例にとれば,彼女は自叙伝の第1巻に皮 肉を交えたタイトルをつけている(というのも,それはユーモ ア作家トリスタン・ベルナールの書名の借用だから3))。すなわ ち『ある生真面目な娘の回想』である。同書は 1958 年に出版 されたが,1908 年生まれの彼女は当時 50 歳だった。 ❹書簡というものの特徴は,習慣化した指標のおかげで容易に 識別できる。つまり場所や時間の表示,手紙の慣例に適った定 型表現,あるは反対に外れた表現などである。何よりもまず手 紙を読んでもらいたいため,書き手あるいは送り手はコミュニ ケーションの戦略をひとつないしは複数用い,メッセージの内 容がどう構成されているかを予告し,正当化しなくてはならな い。手紙の書き出しは儀礼的な挨拶を含み,その目的は受取手 のプライベートな世界に突然立ち入る行為が引き起こす拒否反 応を未然に防ぎ,反対に共感を呼び覚ますか,少なくとも手紙 を熱心に読ませることにある。普段の文通相手に対しては,手 紙の書き手は相手に以前送った手紙を思い出させ,文通の内容 が正当であり,かつ継続していることを強調するのである。 ❺前文と末文の定型表現ほどには口語的な特徴がない手紙の本 文は,論述的な方法に従って慣例により段落に区切られてい る。書き手が段落を視覚的に示すための字下げをきちんと行わ ない場合(これは周知のようにプルーストによくあることで, 彼は草稿中でするように,独自のダッシュや他の記号を使って 段落を示している),書簡の編者はこうした用法を統一するこ とがよくあるのだが,それはまさに彼の仕事において(綴りと 句読点の不可欠な訂正に加え)最初に決定すべき作業のひとつ である。その際に編纂者は,印刷上の先例に従い,一通一通, 同一のレイアウトにて,同じ仕方で活字を組み,さらには往々 書かれることのない日付,プルーストにあっては大抵欠落して いる日付を補うのだ。 ❻惜別の言葉は,新たなやりとりを約束しつつ手紙の文章を締 めくくる。別れの挨拶は多くが誇張法に属すが,まさにプルー ストはこのレトリックを手紙のなかで常套的に用いている。今 日,電子メールがいくぶん単純化しつつその数を増やしている 2 et même le plus souvent absentes chez Proust. ❻ Les formules de congé concluent le discours épistolaire tout en prenant date pour un nouvel échange. Elles relèvent fréquemment de l’hyperbole, dont Proust, justement, est coutumier dans ses lettres. Dans l’usage général de l’écriture épistolaire qu’aujourd’hui le courrier électronique multiplie en le simplifiant quelque peu, les formules dites « de politesse », qu’on lit à peine tant elles sont conventionnelles (mais qu’on remarque bien sûr lorsqu’elles sont fautives ou incongrues), affirment que les sentiments exprimés sont toujours « les meilleurs » ou « les plus respectueux », les salutations « les plus sincères » ou « les plus cordiales ». Quand on s’en écarte, on n’en accumule pas moins les superlatifs qui annoncent la clôture en soulignant qu’elle est toute temporaire (« À très bientôt ! » ou « À très vite ! »). En ce sens, l’ouverture et la clôture de la Recherche du temps perdu l’encadrent en effet, à la manière d’une lettre de trois mille pages. ❼ À la différence d’une majorité de romanciers du vingtième siècle, Proust n’a pas tenu de journal, semble-t-il. Chez lui, l’autofiction et la correspondance en tiennent lieu. Le journal a en commun avec la lettre l’indication spatio-temporelle liminaire, l’écriture à la première personne, l’identité de l’auteur et de ce « je » narratif, et la continuité dans la fragmentation. ❽ La création d’un lieu d’échange, avec soi-même le plus souvent dans le journal mais pas seulement, et avec autrui dans la complicité d’une relation épistolaire, est une autre instance commune avec ses différences. Les abréviations, les expressions codées, les surnoms pour désigner des tiers sont communs également, comme le retour des mêmes thèmes, des mêmes préoccupations, leur mise en scène. ❾ Pour les lettres, cette continuité se révèle en prenant en compte chacune des correspondances croisées impliquant un même destinateur face à un destinataire particulier et poursuivies dans la durée. Il en est de même si l’on considère une ou plusieurs de celles-ci, ou bien la totalité d’une correspondance, dite « générale » ou « complète », appellations éditoriales ne reflétant qu’un impossible désir d’exhaustivité 4) — autant de nouvelles questions qui s’imposent encore à l’éditeur de correspondances. En effet, l’addition d’un ou plusieurs index ordonnant un corpus qui par définition n’est pas ordonné puisque à la différence ici plus notable du journal les correspondances évoluent d’une manière imprévisible. C’est a posteriori qu’on les qualifiera de « correspondance amoureuse » ou « intellectuelle », etc. Tandis que l’orientation du journal peut avoir été décidée a priori par le diariste, même si son écriture la remet en cause par la suite 5). ❿ L’éditeur crée en effet un objet à partir d’un corpus aux contours non définis — sauf dans les cas où l’auteur a publié sa correspondance de son vivant. Mais comme pour les publications de journaux (celui qu’André Gide a publié de son vivant, en 1939 et 1949, en est un exemple souvent cité) les choix de l’auteur peuvent être remis en cause dans des éditions ultérieures, soit dans le domaine de la vie personnelle soit dans celui de la « vie extérieure », pour reprendre un autre titre d’Annie Ernaux 6), ou par exemple des voyages 7). Tout publier ou non, privilégier la relation avec tel ou tel correspondant ou au contraire s’en tenir à la seule chronologie, dont l’établissement est souvent sujet à caution, comme dans le cas des lettres de Proust rarement datées, comme on le sait, tels sont les choix qui se présentent à l’éditeur. Ses réponses orienteront la lecture des lettres proposées. Les possibilités qu’offre le numérique aujourd’hui peuvent permettre au 手紙文の一般的な書き方のなかには,慣習的なだけにほとんど 読まれることのない(しかし表現が間違っているか,無作法で あればもちろん気がつくような),いわゆる「儀礼的な」定型 表現の数々があるが,それらは次のことを明らかにしている。 表明される感情は常に「最良の」あるいは「極めて敬意に満ち た」ものであり,挨拶は「極めて真摯」であるか,「極めて親 愛に満ちて」いる。人々が儀礼的な表現から離れるにしても, だからといって大げさな表現を減らすわけではない。「また近 いうちに!」とか「すぐにまた!」といったその種の誇張は, 終わりがごく一時的であることを強調しながら手紙の終了を告 げる。この意味ではたしかに『失われた時を求めて』の冒頭と 掉尾は,3千頁の書簡のごとく作品を縁取っているのである。 ❼20 世紀の大半の小説家とは異なり,プルーストは日記をつけ ていなかったようだ。彼にあっては,自伝的フィクションと書 簡がその代りをしていた。日記と手紙は,冒頭の時間・空間の 指標,1人称の叙述,書き手と語り手の「私」との一致,断片 化における統一性といった共通点を持っている。 ❽日記では(日記だけとは限らないが)自分自身を相手に行わ れ,文通関係においては他者を相手に行われる話題の案出は,相 違はあるものの,両者に共通するもうひとつの言語行為であ る。略語,暗号化された表現,第3者を指すためのあだ名もま た,繰り返される同一テーマや関心事とそれらの演出と同じ く,日記と手紙に共通している。 ❾手紙についてこうした恒常的特徴が明らかになるのは,ある 差出人が特定の受取人と続ける文通のそれぞれを視野に入れる ことによってである。もしそれらの手紙の一通もしくは何通か を,あるいは総書簡集と呼ばれる手紙全体(発行者のつけるこ うした呼称は網羅性への不可能な願望と 4) ,書簡の編纂者にさ らに課される多くの新たな問題しか反映していない)を検討し てみれば,同じことが言えよう。書簡は,日記とは際立って異 なり,予測不可能な仕方で発展していくため,当然のことなが コ ー パ ス ら未整理のままの資料体を秩序づける目的で一個ないし複数の インデックスが加えられていく。書簡集が「恋愛の書簡」ある いは「知的な書簡」等と形容されるのは事後のことである。他 方,日記の方向性は,後になって書き進め方が再検討されると しても,書き始める前に日記作家が決めることができる 5)。 ❿たしかに編者は,作家が存命中に書簡を出版した場合を除 き,輪郭の定まらないコーパスをもとにして編集の対象をつく りだすことになる。しかし日記の出版に関しても同様であるが (アンドレ・ジッドが生前,1939 年と 1949 年に出版した日記 がよく引き合いに出される好例である),私生活においてであ れ,(アニー・エルノーの別の書名を借りて言えば)「外部の生 活」6),または旅行においてであれ 7) ,〔いつ,誰に,何を書く のか,といった〕作家がその時々にする様々な選択は,後の編 集作業において再検討の対象となりうるのだ。すべてを出版す るか否か,ある手紙の相手との関係を優先させるのか,反対に 執筆年代順だけを守るのか(周知のように日付が打たれるのが 希なプルーストの手紙の場合のように,執筆時期の同定はあま りあてにならない),これらが編纂者が直面する選択である。そ れに対する答こそが,提示される書簡集の読まれ方を方向付け るのだ。読者は今日,デジタル化が可能にした技術のおかげ で,電子出版書簡集を用いながら,ときには文通相手で,とき には執筆年代順で選ぶといった具合に,これらの選択のいくつ かを自分自身でできるようになろう。 ❶手紙は日記と同じくらい脆いもので,受取人によってたやす く損なわれたり,破棄されたりしてしまう。プルーストの文通 相手はほとんどが手紙を保管していた。彼らは自らのコメント を加え,自分たちの手紙とともにプルーストの書簡を作家の死 後ただちに出版した。このような特別な文通相手のおかげで,あ 3 lecteur de faire certains de ces choix par lui-même dans le cas hypothétique d’une édition numérisée, en passant de l’option d’une lecture par correspondant à celle d’une lecture chronologique. ❶ La lettre est tout aussi fragile que le journal et elle peut être aisément mutilée ou détruite par le destinataire. Ceux de Proust, pour la plupart, les ont gardées. Ils les ont publiées, avec les leurs, assorties de leurs propres commentaires, dès sa mort. Grâce à ces correspondances particulières et grâce aux vingt et un volumes de l’édition (en principe chronologique, mais très partiellement dans sa réalisation puisque de nouvelles lettres, jusque-là inédites, ont été incluses dans des volumes postérieurs, au fil de leur parution) des lettres de Proust, édition établie, préfacée et annotée par Philip Kolb, nous avons, comme il le répétait sur les quatrièmes de couverture, « l’autobiographie de Proust » (mais sans préciser ce genre spécifique ni le distinguer du journal). Ces lettres forment, dans leur succession, de 1879 (avec la première qui nous soit parvenue, alors que Proust n’a pas encore huit ans, et n’a pas encore appris l’orthographe) à 1922 (l’année de sa mort), comme autant d’entrées d’un journal partagé. ❷ Divers choix de lettres ont été proposés au fil des années pour rendre plus maniable ce vaste ensemble. Mais le choix des éditeurs est toujours un sujet de débat : là aussi, il peut être contesté. En outre, c’est un choix à partir d’un corpus qui reste très incomplet, comme la découverte de nouvelles lettres ne cesse de le prouver. Et parmi celles-ci, chacune complète le journal, retouche l’autobiographie. ❸ Les milliers de lettres que Proust a écrites n’ont cependant pas fait de lui un des épistoliers reconnus dans l’histoire littéraire. Car, en les opposant à son œuvre, on les a dédaignées, Samuel Beckett le premier, qui n’a pas voulu en tenir compte dans l’essai de jeunesse qu’il lui a consacré, en 1930 : des lettres dignes d’une « vieille douairière », selon lui. Il n’a pas été le seul à les juger médiocrement écrites ou franchement ridicules, en raison des circonlocutions, des flagorneries auxquelles Proust se livrait pour intéresser, séduire des interlocuteurs qui ne le valaient pas. Seuls ceux qui voulaient préciser la biographie de leur auteur (mais Proust est le plus souvent allusif quand il parle de lui, au moins dans les correspondances qui nous sont parvenues) ou reconstituer toutes les étapes de l’écriture d’À la recherche du temps perdu (dont il ne parle qu’en terme généraux ou euphémistiques) en justifiaient la lecture pour tenter d’y vérifier la datation d’un manuscrit, d’une addition sur épreuves ou d’une réorganisation des volumes en préparation. ❹ Il s’agit là d’un consensus qui n’engage que ceux qui le répètent à l’envi. Il y a comme cela des opinions toutes faites sur les figures de la littérature, française ou mondiale. Par exemple, ne dit-on pas l’inverse pour Flaubert, dont certains jugent les lettres supérieures à son écriture romanesque ? Ainsi, entend-on cette déclaration (d’une « dame forte en littérature ») que Proust souligne ironiquement dans une conversation mondaine du Côté de Guermantes II : « “Avez-vous remarqué que souvent les lettres d’un écrivain sont supérieures au reste de son œuvre? Comment s’appelle donc cet auteur qui a écrit Salammbô ?” » 8) ❺ On retrouve cette affirmation dans la réponse que Proust avait signée dans La Nouvelle Revue française (en réponse à l’article du 1er novembre 1919 du critique Albert Thibaudet) dans le numéro du 1er janvier 1920, « À propos du “style” de Flaubert » 9). Il s’y るいはまたフィリップ・コルブにより校訂・序文・註釈がなさ れた全 21 巻からなるプルーストの書簡集(原則的には執筆順 だが,実際には部分的にしかそうなっていない。というのも新 たに見つかった手紙は,それまで未刊行だった場合,出版の流 れに従って後の巻に含まれたためだ)のおかげで,我々はコル ブが各巻の裏表紙に記したとおり,「プルーストの自伝」(だが この特殊なジャンルを明確にすることも日記と区別することも なく)を読むことができるのだ。これらの手紙は,1879 年 (今日伝わる最初の手紙。だがプルーストは当時8歳にもなっ ておらず,綴りもまだ学んでいなかった)から 1922 年(作家 の没年)までその連続性において,読み手のいる場合の日記に 相当する日々の記述となっているのである。 ❷時代の変遷に伴い手紙の様々な選び方が提示されたので,広 大なる書簡全体はより扱いやすくなった。だが相変わらず編者 たちによる選択は論争の的となっている。つまり,そこでもな お選択は反駁されうるのだ。しかもそれは,新たな手紙が発見 されるたびに証明されるとおり,非常に不完全なままの資料体 にもとづく選択である。かかる新書簡の一通一通が日記を補完 し,自伝を修正するのである。 ❸しかしながらプルーストが書いた無数の手紙が彼をして文学 史上隠れ無い書簡作家にしたわけではない。というのは,彼の 書簡は作品とは比べものにならぬと軽視されたからだ。サミュ エル・ベケットはその立場をとった最初の人物で,1930 年に プルーストに捧げた若書きのエセーでは,手紙,すなわち彼に よれば「カンブルメール老侯爵婦人」にこそ似つかわしい書簡 など一顧だにしようとしなかった。プルーストが取るに足らぬ 文通相手の関心を引いたり歓心を買おうとやっきになって,婉 曲に書いたり,お追従を述べたりしているという理由から,そ の書簡を凡庸だ,実にくだらぬ,などと判断したのはベケット ただひとりではなかった。作者の伝記を精確なものにしたいと 考えた人々か(もっともプルーストは自らについて語るとき,少 なくとも我々の知る書簡のなかでは,総じて暗示的である),あ るいは『失われた時を求めて』執筆の全過程(彼はそれについ て一般的な用語か婉曲語法でしか語らないのだが)を再構成し たいと考えた者たちだけが,一葉の草稿,校正刷りへの加筆,準 備中の巻の再編成などに付された日付を手紙に拠って確かめよ うとして,書簡を読む行為を正当化したのだった。 ❹問題は,このことを我がちに言い続ける人々だけが引き入れ られているコンセンサスである。かくのごとく,フランス文学 や世界文学の主要人物に対する先入観が存在しているのだ。た とえばフローベールについて正反対のことが言われてはいまい か。ある人々は彼の手紙のほうが小説に勝ると判断している。 プルーストが『ゲルマントの方へ II』の社交的な会話のなかで 皮肉をこめて強調する,(「文学に通じた貴婦人」の)表明はそ う理解されよう──「作家の手紙のほうが彼の他の作品よりも 優れていることがよくあるのにお気づきになりませんか。とこ ろで『サランボー』を書いたあの作家の名は何といいましたっ け」8)。 ❺こうした確言が再び見いだされるのは,(批評家アルベー ル・チボーデによる 1919 年 11 月 1 日の論文に反駁するため に)プルーストが『新フランス評論』誌に署名入りで発表した 反論,すなわち 1920 年 1 月 1 日号収載の「フローベールの文 体について」9) においてである。そのなかで彼は,他の上流夫人 たちを馬鹿にしながら感嘆の声をあげている──「なんと多く の女たちが友人の作家の作品を嘆いてこう言っていることだろ う。〈あの方が心の赴くままに筆を走らせるとき何てうっとり させる手紙をお書きになるか,あなたがご存知だったらねぇ! 彼のお手紙はご本よりもずっとずっと優れていますわ〉 」10)。こ れはプルーストの意見ではない。彼は記事の続きで自らの考え 4 exclame en se moquant d’autres mondaines : « Que de femmes, déplorant les œuvres d’un écrivain de leurs amis, ajoutent : “Et si vous saviez quels ravissants billets il écrit quand il se laisse aller ! Ses lettres sont infiniment supérieures à ses livres.” »10). Ce n’est pas l’opinion de Proust, s’exprimant ici directement dans la suite de son article. Il juge pour sa part qu’il est impossible de reconnaître les « idées d’un cerveau de premier ordre » (la formule est de Thibaudet, qui n’est d’ailleurs pas plus admiratif des lettres de Flaubert que du « style » de ses romans) dans la correspondance de Flaubert. ❻ Si dans un billet de quelques lignes seulement le romancier et pamphlétaire Louis-Ferdinand Céline, fait sans conteste « du Céline », quel que soit le sujet de ce billet, Proust dans ses lettres ne ferait, au dire de leurs détracteurs que rarement ou partiellement « du Proust », sauf si l’on prend cette expression dans le sens le plus négatif : préciosité, affèterie, comédie des apparences. ❼ On peut cependant prendre un parti opposé et on ne manquera pas alors de réviser à la lecture ces jugements à l’emportepièce 11), et tout particulièrement quand on se trouve soi-même confronté à l’édition de lettres de Proust. On constatera alors, et en dehors des choix éditoriaux déjà mentionnés, qu’on peut lire ces lettres pour elles-mêmes, sans oublier que l’homme privé se distingue de l’auteur de la Recherche du temps perdu. ❽ Outre la mise en scène de sa propre vie, les stratégies de séduction vis-à-vis de ses destinataires, qu’ils soient ses proches, ses éditeurs ou son banquier, on y trouve bien des éléments de son système littéraire. Car certaines lettres, à ses relations personnelles et mondaines — Mme Straus, Marie Scheikévitch, Louis de Robert —, contiennent des formules qu’on retrouve dans le roman (ainsi la maladie, justifiée comme une « collaboratrice inspirée », dans une lettre à Louis de Robert). D’autres sont des fragments d’essais de critique littéraire qui n’ont pas été repris dans des articles ou des monographies que Proust avait envisagés ou annoncés, mais qu’en définitive il n’a pas écrits. ❾ D’une manière générale, les lecteurs de journaux ou de correspondances les interprètent en fonction d’un principe de cohérence qui cherche un fil conducteur producteur de sens dans des moments discontinus, des épisodes récurrents, symétriques ou contradictoires. Chez Proust aussi, le lecteur, confronté à une correspondance multiforme, rapprochera, comparera, voire lira en filigrane pour tenter de reconstituer une vie et retracer l’évolution d’une œuvre à la fois totale et en devenir. Si autobiographie il y a, le lecteur en est partie prenante puisqu’il récrit à sa manière, au fil des lettres, une biographie de l’auteur à partir des éléments que celui-ci lui fournit. Certes, et Philip Kolb en était lui-même convaincu, les quelque cinq mille lettres publiées ne représentent pas plus du tiers des lettres écrites par Proust, peut-être moins : celles à son chauffeur et secrétaire, Alfred Agostinelli, qui a occupé une place si importante dans sa vie, ou à son ami, le diplomate Bertrand de Fénelon, tué à la guerre, ont été détruites, semble-t-il, d’autres, adressées à ses amis les plus proches, tels Reynaldo Hahn et Lucien Daudet, sont encore partiellement indisponibles. ❿ Il faut donc surmonter les préjugés selon lesquels Proust dans ses lettres n’écrirait à peu près jamais comme l’auteur de la Recherche du temps perdu. Pourtant il arrive qu’il y pratique aussi bien le sérieux des démonstrations, philosophiques ou esthétiques, que l’humour des descriptions de situations quotidiennes, d’épisodes cocasses. Une lecture complète s’impose néanmoins. Dans une を直接表明している。彼はフローベールの書簡に「一流の知性 がもつ考え」(この表現はチボーデのもので,そもそもチボー デはフローベールの小説の文体よりも手紙のほうを賞賛してい たわけではない)を識別することは不可能だと断じている。 ❻小説家にして諷刺文書の書き手でもあったルイ=フェルディ ナン・セリーヌは僅か数行の手紙のなかで,主題が何であれ, 「セリーヌ的なもの」を異論の余地無く刻印しているが,プ ルーストはといえば,彼の書簡の誹謗者たちによれば,手紙の なかで「プルースト的なもの」をごく希に,かつ部分的にしか 表していないという。もっとも「プルースト的なもの」という この表現を最も否定的な意味──つまり凝りすぎた文体や,気 取り,うわべだけの芝居──にとるのでなければだが。 ❼とはいえ反対の立場をとることも可能である。とりわけコル ブによるプルースト書簡集と相対するとき,手紙を読み進める につれ,こうした辛辣な判断を必ず見直すことになる 11) 。そう なれば,前述した編集上の選択とかかわりなく,次のことが確 認できよう。すなわち,一個人としてのプルーストが『失われ た時を求めて』の作者と区別されるのを失念しなければ,これ らの手紙はそれ自体のために読むことができるということを。 ❽そこには,プルースト自身の人生の演出や書簡の名宛人(近 親者,編集者,銀行家など相手の素性を問わず)に対する誘惑 の戦術ばかりか,彼の文学システムの少なからぬ要素を見出す ことができる。なぜなら個人的・社交的な交際相手──スト ロース夫人,マリ・シェイケヴィッチ,ルイ・ド・ロベール等 ──に宛てた数通の手紙は,小説にも見られる表現を含んでい るからだ(たとえばルイ・ド・ロベール宛書簡では病気が「イ ンスピレーション豊かな協力者」として正当化されている)。ま た他の手紙のいくつかは,雑誌の記事や論考に採用されなかっ た文芸批評の断片的な試作である。当初プルーストはそれらの 記事や論文の執筆を予定し,あるいは予告したものの,結局そ れらを書かなかった。 ❾一般的に日記や書簡集の読者は,ある一貫した原則に従って それらを解釈する。それは数々の不連続な瞬間や繰り返された り,対称をなしたり,あるいは対立したりする挿話群のなかに 意味を生みだす導きの糸を探し求める原則である。プルースト にあっても,多様な文通に直面した読者は,手紙同士を関連づ け,比較し,行間を読むことで作家の人生を再構成し,総体を なすと同時に生成する作品の進展を思い描こうとする。自伝が あれば,読者はその受取人である。なぜなら読者は作家が提供 する要素にもとづきながら,手紙のやりとりに沿って,自分の やり方で作家の伝記を書き直すからである。フィリップ・コル ブ自身認めていることだが,たしかに,出版されたほぼ5千通 の手紙をもってしてもプルーストの書いた全書簡の3分の1を 超えてはおらず,あるいはもっと少ないかもしれない。彼の人 生においてきわめて重要な位置を占めた運転手兼秘書アルフ レッド・アゴスティネリ宛の手紙,あるいは戦争で命を奪われ た友人ベルトラン・ド・フェヌロン外交官に宛てた手紙などは 棄てられてしまったようである。他にもレーナルド・アーンと リュシアン・ドーデといった親友たちに送られた書簡の一部は まだ利用することができない。 ❿したがってプルーストが手紙においては『失われた時を求め て』の作者のように書くことがほとんどなかったという偏見は 乗り越えなくてはならない。〔たしかに〕手紙のなかでプルー ストが哲学や美学を真剣に論じるのと同じくらい,日々の状況 や珍妙な逸話をユーモラスに描くことは少なくない。それでも やはり徹底した読みが不可欠なのである。どの作家のものであ れ,書簡集のなかでは個々の手紙は残り全部の手紙に反映され る。その読解を今度は各々の読者が実践し,連綿と続く人生の なかに,たとえ作家が執筆していないときでさえも,創作に取 5 lecture, chacun peut la faire à son tour et retrouver dans la continuité d’une vie l’écrivain au travail, même quand celui-ci correspondance, chaque lettre se reflète dans les autres. Cette n’écrit pas. La correspondance de Proust fait ainsi de lui l’un ou l’autre des personnages de sa Recherche du temps perdu, au moins celui de l’« Auteur » à qui il arrive de prendre la parole en son nom propre (et plus fréquemment au fur et à mesure de l’avancement de son roman) pour nous dire que tout est vrai, comme dans la vie la plus rêvée. ❶ On peut ainsi reconnaître a posteriori dans les étapes successives de l’évolution d’une personnalité, au fil du temps, les marqueurs d’un genre dont Philippe Lejeune a donné cette définition en introduction de son essai, Le Pacte autobiographique 12) : « récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité. » り組むその姿を発見するのだ。プルーストの書簡集はそのよう にして彼を『失われた時を求めて』の作中人物のいずれかにす る。少なくとも「作者」,つまり我々読者に向かって,最も理 想的な人生におけるがごとくすべては真実であると告げるため に,(小説が進展するにつていっそう頻繁に)本名で発言する ことがある,あの「作者」という作中人物に。 ❶こうして最後には,一個の自我が変わりゆく過程のなかに, あるジャンルを示す特徴が見分けられるようになる。それは フィリップ・ルジュンヌが彼の試論『自伝契約』12) の導入部で 次ように定義づけたジャンルである──「実在の人物が自らの 人生からつくりだす散文の回顧的な物語。そのさい必ず彼独自 の人生,とりわけその自我の歴史が際立たされる」。 作者の位置:伝記 ❷手紙の畢竟自伝的な書法にもとづくこの読解は,『失われた 時を求めて』の伝記的な読解よりも理のあるものなのか。小説 刊行後すぐに人々はモデルを特定しようとしてきた。プルース La place de l’auteur : les biographies ❷Cette lecture à partir de l’écriture en fin de compte autobiographique des lettres est-elle plus légitime que la lecture biographique de la Recherche du temps perdu ? On a cherché, dès sa parution, à identifier ses clefs. Proust a démenti tout en confirmant jusqu’à l’absurde, ainsi dans une lettre-dédicace du 20 avril 1918 au romancier Jacques de Lacretelle, qui l’avait interrogé sur ses modèles : « Cher ami, il n’y a pas de clefs pour les personnages de ce livre ; ou bien il y en a huit ou dix pour un seul ; de même pour l’église de Combray ; ma mémoire m’a prêté comme “modèles” (a fait poser) beaucoup d’églises. »13) Une vérification attentive peut nous amener à nuancer cette affirmation, non à l’infirmer. ❸ L’année suivante, en mars 1919, dans la préface qu’il a écrite pour son ami, le peintre et critique d’art Jacques-Émile Blanche, Proust a repris la distinction des deux moi avancée une douzaine d’années plus tôt dans son essai Contre Sainte-Beuve, encore inédit alors puisqu’il ne devait être publié qu’en 1954 : « Le défaut de Jacques Blanche critique, comme de Sainte-Beuve, c’est de refaire l’inverse du trajet qu’accomplit l’artiste pour se réaliser, c’est d’expliquer […] celui que l’on ne trouve que dans [son] œuvre, à l’aide de l’homme périssable, pareil à ses contemporains, pétri de défauts, auquel une âme originale était enchaînée, et contre lequel elle protestait, dont elle essayait de se séparer, de se délivrer par le travail. C’est notre stupéfaction quand nous rencontrons dans le monde un grand homme que nous ne connaissons que par ses œuvres, d’avoir à superposer, à faire coïncider ceci et cela, à faire entrer l’œuvre immense (pour laquelle au besoin, quand nous pensions à son auteur, nous avions construit un corps imaginaire et approprié) dans la donnée irréductible d’un corps vivant tout différent. »14) ❹Nous pensons ne plus ignorer grand-chose de la vie de Proust. Cette vie si peu aventureuse et qui n’est devenue romanesque qu’en se transposant dans À la Recherche du temps perdu continue de susciter des vocations de biographe. Et cela malgré les objections que Proust a exprimées dans Contre Sainte-Beuve à propos de la « méthode » du grand critique du XIXe siècle qui prétendait expliquer l’œuvre par la vie de son auteur. La critique biographique n’a cessé, en dépit des arguments (quelque peu forcés et non dénués de mauvaise foi puisqu’il est aussi l’objet de son propre commentaire) que Proust invoque contre la méthode de Sainte-Beuve, de juxtaposer à l’œuvre la vie de l’auteur. Il est vrai que la correspondance publiée de Proust contient a contrario de トは,個々のモデルについて尋ねた小説家ジャック・ド・ラク ルテルに対し,1918 年 4 月 20 日付書簡=献辞のなかで,次の ように矛盾を恐れずに認め,かつ否定した──「親愛なる友よ, この本の登場人物にモデルはいません。あるいはひとりの登場 人物に8人か 10 人のモデルがいます。コンブレ-の教会につ いても同様です。私の記憶が私にモデルとして,たくさんの教 会を提供してくれました」13) 。注意深く確かめるならば,我々 はこの断言を否定せずに,含みをもたせることができよう。 ❸プルーストは翌年の 1919 年 3 月,画家にして美術批評家の 友人ジャック=エミール・ブランシュのために書いた序文のな かで,再び2つの自我の区別をとりあげ論じているが,この考 えは 12 年前に『サント=ブーヴに反論する』(1954 年まで出 版されず当時未刊行だった評論)のなかですでに示されていた ──「批評家ジャック・ブランシュの欠点は,サント=ブーヴ の場合と同じく,芸術家が自己実現のために成就した行程の逆 の道筋をまたもや進んでしまったことだ。つまり〔…〕作品の なかにしか見つからぬ人物を,同時代人たちと似た,欠陥でこ ねあげられた,滅ぶべき人間を援用して,説明しようとすると ころにその欠陥がある。独創的な魂は,さような人間につなが れてはいても,それに反抗し,仕事によってそれから離れ,解 放されようと努めていたというのに。社交界で作品を通してし か知らない偉人に出会う際に,あれやこれや重ね合わせ,符合 させ,広大な作品(これに対して,我々は作者に思いを馳せな がら,臨機応変に相応の想像上の肉体を構築したのだった) を,およそ似ても似つかないひとつの生体の,他に還元できな い与件のなかに,組み入れなければならぬとは,あきれてもの もいえない」14)。 ❹我々はプルーストの人生についてもう大抵のことは分かって いると考えている。このほとんど波乱のない人生,『失われた 時を求めて』に移し入れられてはじめて小説らしくなったその 人生は,伝記の執筆を志す人々の使命感をかき立ててやまな い。この現象には,作品を作家の人生によって説明するとした 19 世紀の大批評家の方法に対してプルーストが『サント=ブー ヴに反論する』のなかで投げかけた数々の反駁も効果がない。 伝記重視の批評家たちは,プルーストがサント=ブーヴの手法 に対して引き合いにだした論拠(多少こじつけがあり悪意がな いわけでない。なぜなら彼もまた自身の解釈の対象だからだ) にもかかわらず,作品を作者の人生と並べることをやめないの である。この反対の例証として,出版されたプルーストの書簡 集はたしかに,小説の登場人物,たとえばシャルル・スワンや 主人公の「語者」自身に彼が貸し与えた苦しみを,自ら表現し ている手紙を数多く含んでいる。レーナルド・アーン,リュシ 6 nombreuses lettres où il exprime les tourments qu’il a prêtés aux personnages de son roman, tels que Charles Swann ou le hérosnarrateur lui-même. Reynaldo Hahn, Lucien Daudet, Bertrand de Fénelon, Alfred Agostinelli en sont les protagonistes bien réels. Le rendez-vous manqué qui, dans Du côté de chez Swann, lance Swann dans les rues à la recherche d’Odette paraît ainsi avoir eu un antécédent, un soir d’avril 1895 où Marcel Proust n’a pu retrouver Reynaldo Hahn à qui il a écrit, le lendemain : « Attendre le petit, le perdre, le retrouver, l’aimer deux fois plus […], l’espérer […] voilà pour moi la véritable tragédie, palpitante et profonde, que j’écrirai peut-être un jour et qu’en attendant je vis. » (Lettre du 26 avril 1895). ❺ Toutes les épreuves endurées par Swann face aux mensonges d’Odette, ont été vécues par Proust non seulement avec Reynaldo Hahn, en 1896, mais avec chaque amour. La jalousie est une « fantaisie de malade », a-t-il écrit à Reynaldo Hahn (vers mijuillet début août 1896). Il l’a encore éprouvée avec Lucien Daudet quand celui-ci s’est éloigné de lui, comme avec Bertrand de Fénelon, resté distant. ❻ Tout éditeur de correspondance, comme tout biographe, reprend l’enquête à son compte et révèle ses choix. Cela est plus visible chez celui-ci que chez celui-là. En outre, les schémas préexistants, psychologiques ou psychanalytiques, qui prétendent rendre compte d’une personnalité singulière à travers des types répertoriés, s’imposent aussi à l’éditeur de correspondance. Le romancier André Maurois qui a été à la fois théoricien, par son essai Aspects de la biographie 15), et praticien de la biographie : Shelley, Byron, Georges Sand, Victor Hugo, et avec en particulier la première biographie complète de Marcel Proust 16), en a défini la problématique. ❼ Pour Maurois, le biographe doit restituer la vérité, comprendre sans juger. La biographie doit être une réussite artistique, marquée par un rythme né de la récurrence des thèmes au long de l’existence étudiée. Sa documentation établit la valeur scientifique de l’ouvrage, véritable essai biographique, puisqu’elle repose sur le dépouillement de tous documents originaux, des périodiques de l’époque, des correspondances et bien sûr des œuvres — une méthodologie qui s’impose aussi à l’éditeur de correspondances. ❽ Maurois récuse la méthode qui consiste à n’utiliser les œuvres que pour expliciter, dans une démarche régressive, la vie de leur auteur. Cette méthode a pourtant été employée par un de ses successeurs : l’historien anglais George Painter, auteur d’une sorte de biographie romanesque de Marcel Proust, où l’œuvre explique, complète, reconstitue la vie 17). Jean-Yves Tadié a pu remarquer que la vie de Marcel Proust peut s’y lire comme un récit romanesque qui est en fait la version résumée, commentée, expliquée de la Recherche du temps perdu. C’est une tentation que connaît aussi l’éditeur de correspondances, et à laquelle Philip Kolb, dans son édition, n’échappe pas toujours non plus. Contestée dès l’origine par la critique proustienne, plus souvent pour les inexactitudes factuelles qu’elle contenait que pour sa problématique, la biographie de George Painter n’en a pas moins connu le succès, pendant au moins deux décennies. ❾ Les biographies sont en effet de fréquents succès de librairie et, s’agissant de Proust, elles se sont renouvelées au fil du temps. Elles proposent des approches et des interprétations qui concernent aussi les éditeurs de correspondances qui ont en commun avec les biographes modernes notes d’érudition, index, bibliographies minutieuses, et tout l’appareil de la critique contemporaine. D’au- アン・ドーデ,ベルトラン・ド・フェヌロン,アルフレッド・ アゴスティネリはその実在の人物たちである。『スワン家の方 へ』でスワンがオデットを探しに町に飛び出すのは待ち合わせ を逃したからだが,これは過去の出来事がもとになっているよ うだ。1895 年 4 月の晩,プルーストはレーナルド・アーンに合 うことができず,彼に翌日,こう書き送っている──「君を待 ち,見失い,再会し,倍好きになり〔…〕,君の来訪を心待ち にする〔…〕。これこそ僕にとって,感動的で痛切な真の悲劇 だ。いつか小説に書くかもしれないが,今しばらくはそれをか みしめよう」(1895 年 4 月 26 日付書簡)。 ❺オデットの数々の嘘に直面したスワンが耐えた試練は,プ ルーストが 1896 年のレーナルド・アーン相手の場合だけでな く,どの恋でも経験した試練であった。プルーストはレーナル ド・アーンに嫉妬は「病人の空想」だと(1896 年 7 月中旬か 8 月初旬に)書いている。プルーストは,リュシアン・ドーデが 彼から離れていったとき,よそよそしくなったベルトラン・ ド・フェヌロンのときと同様,彼に嫉妬を覚えたのだった。 ❻あらゆる書簡集編者は,伝記作家と同じく,自身の責任で調 査に取りかかり己の選択を明かすが,この点かんしては後者よ りも前者の場合の方が顕著である。くわうるに書簡集の編者に は,類型リストに従い特異な人格を理解させるような心理的あ る い は 精 神 分 析 的 な モ デ ル も 必 要 と な る の だ 。『 伝 記 の 諸 相』15) という論考を物し,伝記の理論家だった小説家アンド レ・モーロワは,同時に伝記の実践者でもあった。彼はシェ リー,バイロン,ジョルジュ・サンド,ヴィクトル・ユゴー等 の伝記,とりわけプルーストの最初の完全な伝記を書いてお り 16) ,伝記に関する諸問題を明らかにしている。 ❼モーロワにとって伝記作家は,真実を再現し,裁くことなく 理解しなくてはならない。伝記とは,考察される生涯にわたっ て諸テーマの反復が生みだす律動を自らの特徴とする芸術的達 成でなければならない。その考証が,真の伝記的な論考たる著 述の科学的な価値を決める。というのも考証はすべて原資料, つまり当時の定期刊行物,書簡,そしてもちろん作品等の綿密 な調査に基づくからである──この方法は書簡集の編者にも必 要不可欠である。 ❽モーロワは,作者の人生を逆の手順で説明するためにしか作 品を援用しない方法論に異を唱えている。だが,この手法は彼 の後継者のひとり,イギリスの歴史家ジョージ・ペインターに よってもちいられた。彼が著したプルーストの一種の小説的伝 記のなかでは,作品が人生を説明し,補完し,再構成してい る 17) 。ジャン=イヴ・タディエの指摘したところでは,ペイン ターの伝記において,プルーストの人生はロマネスクな物語と して読むことでき,それはじつのところ『失われた時を求め て』の註釈・解説付きの要約バージョンとなっている。これは 書簡集の編者も駆られる誘惑であり,フィリップ・コルブも自 らのエディシオンではこの誘惑から必ずしも逃れられずにい る。ペインターの伝記はその方法論的な問題提起よりも事実関 係の不正確さゆえに出版当初からプルースト研究者らによって 疑問視されたが,巷間では少なくとも 20 年にわたり好評を博 したのである。 ❾実際,伝記はしばしば本屋でよく売れる。プルーストについ ていえば,時が経つにつれて,伝記は刷新されてきた。プルー ストの伝記は新たなアプローチや解釈を提供するが,それらは 書簡の編者と無関係ではない。彼は学識豊かな註,索引,綿密 な書誌,そして現代批評の道具立てすべてを伝記作家と共有し ているからである。伝記作家のなかには,それらなしで済ま せ,人物像だけに絞る者もいる。好例は『プルースト』の著者 ギスラン・ド・ディースバックであり 18) ,同書のなかで作家は 『失われた時を求めて』の作中人物のひとりとして紹介されてい 7 tres s’en passent et n’ont voulu voir que l’homme, tel Ghislain de Diesbach, auteur d’un Proust 18) où celui-ci est présenté comme un des personnages de la Recherche du temps perdu, un snob qui n’aurait pas réalisé ses ambitions mondaines et dont l’œuvre est « l’histoire réussie d’une vie ratée ». D’autres encore, tel Michel Erman 19), ont voulu, légitimement, « montrer l’écrivain au travail » et, de plus, « recréer le flux de l’existence ». Tous résument en effet la vie de l’écrivain, des antécédents familiaux au mot « Fin. », au bas de la dernière page manuscrite du Temps retrouvé. Chacun intègre des éléments neufs ou récemment découverts. Par exemple, les archives notariales qui permettent de faire le point sur les situations financières familiales, de nouvelles correspondances, les premiers écrits de Proust, plus récemment publiés, ont ainsi enrichi l’analyse de Roger Duchêne 20). D’autres enfin, tel Jean-Yves Tadié, proposent une synthèse de la vie et de l’œuvre de Marcel Proust en forme d’essai chronologique 21). ❿ En conclusion de son Avant-propos, Jean-Yves Tadié a ironisé sur l’« objection » qui consiste à évoquer, « lorsqu’on commence une biographie de Proust […] la critique violente qu’il a lui-même écrite de ce genre littéraire, dans Contre Sainte-Beuve, dans sa préface au livre de Jacques-Émile Blanche, De David à Degas, ou en composant le personnage de Mme de Villeparisis. Mais c’est toujours pour continuer : Proust n’arrête personne. » ❶ Personne n’ignore en effet les termes devenus célèbres que Proust a employés dans son Contre Sainte-Beuve pour rejeter la méthode du critique qui « consiste à ne pas séparer l’homme et l’œuvre » et qui, pour Proust, « méconnaît ce qu’une fréquentation un peu profonde avec nous apprend : qu’un livre est le produit d’un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices » 22). ❷ Cependant, lorsque l’auteur s’exprime à la première personne pour faire le récit d’une existence, d’une vocation, dans le cas de la Recherche du temps perdu, dont, dès l’époque de sa publication, on n’ignorait pas qu’elle coïncidait avec celle de sa propre vie, il ne peut que provoquer l’examen non seulement des ressemblances et des différences, mais des variations significatives qui se font jour dans cette proximité entre le moi de l’auteur et les diverses voix narratives de son roman. Pour cela, tous les documents peuvent être mis à contribution en effet, comme André Maurois le recommandait, à commencer par la correspondance et toutes les marges de l’œuvre, y compris son premier roman, Jean Santeuil, commencé en 1895 et resté inachevé, et jusqu’aux derniers ajouts portés en 1922 sur la dactylographie de La Prisonnière. Proust n’a cessé de revenir sur cette question des rapports de la vie de l’écrivain et de son œuvre. Dans Jean Santeuil, le narrateur qui s’exprime dans une « Préface », aussi fictive que le roman qu’elle annonce, se montre curieux de la vie de son auteur putatif, C., « l’écrivain vivant que quelques-uns de mes amis et moi nous placions alors avant tous les autres ». ❸ Jean Santeuil, à la différence de Contre Sainte-Beuve, ne développe pas explicitement cette opposition entre le moi créateur et la personne que lettres et témoignages de proches dépeignent. Mais par quelques traits peu flatteurs de la vie privée du romancier C., cette dichotomie se révèle déjà. Dans la Recherche du temps perdu le musicien Vinteuil et le peintre Elstir, eux aussi personnages de fiction, la démontrent. On apprend qu’il n’y a rien de commun entre la vie obscure et banale du premier, son« bourgeoisisme pudibond », et son génie musical, de même qu’entre « la prétentieuse vulgarité » du second à ses débuts, alors る。すなわち社交界での野心を実現できなかったスノッブで, その作品は「挫折した人生の見事な物語」であると。また別の 伝記作家たち,たとえばミシェル・エルマンなどは 19),正当に も「仕事に取り組む作家を見せよう」とし,そして「人生を流 れるままに再現しよう」と欲した。たしかに,家族の前歴に始 まり,草稿『見出された時』の最終ページ下に書かれた「終わ り」という語まで,すべてが作家の人生を要約する。伝記作家 たちはそれぞれ新しい要素や近年の発見をとりこんでいる。一 例を挙げれば,家族の経済状況を明らかにする公証人の記録文 書,新たに見つかった書簡,最近活字になったプルーストの初 期の書き物などが,ロジェ・デュシェーヌの分析を実り多いも のにした 20) 。また他には,ジャン=イヴ・タディエのように, 編年史的なエッセー形式でプルーストの人生と作品を統合して みせた者もいる 21) 。 ❿タディエはその序文の結びで,「人がプルーストの伝記に着 手すると,〔…〕この文学ジャンルについてプルーストが自ら 『サント=ブーヴに反論する』や,ジャック=エミール・ブラ ンシュの著書『ダヴィッドからドガへ』の緒言のなかで,ある いはまたヴィルパリジ夫人という登場人物を造型しながら書い た乱暴な批判」を,ただただ引き合いにだすだけの「反対意 見」を皮肉っている。「(彼の批判は自伝の執筆を)いつもやめ させないためで,プルーストは誰も止めてはいない。」 ❶実際プルーストが『サント=ブーヴに反論する』のなかで, 「人と作品を分かたない」批評方法を拒絶するために用い,有 名になった言葉を知らぬ者はいない。プルーストにとってこの 方法は「私たちが多少とも深く己自身とつきあってみれば,すぐ にも分かることを認めようとしない。つまり一冊の書物は,私た ちの普段の習慣,交際,さまざまな癖などに露呈させているの とは,はっきり違ったもうひとつの自我の所産なのだ 」22)。 ❷しかしながらプルーストが一個の生を,ひとつの天命を物語 るために1人称で自己を表現するとき,つまり出版当初から小 説の「私」と彼の実人生の「私」との完全な一致がかなり知ら れていた『失われた時を求めて』の場合,プルーストは諸々の 相似点・相違点についてだけでなく,作者の自我と小説の多様 な語りの声との対比において明らかになる意味深い変奏につい ても検証するようそそのかすのだ。そのためには,アンドレ・ モーロワが勧めるように,実際ありとあらゆる資料──書簡に 始まり 1895 年に着手され未刊に終わった最初の小説『ジャ ン・サントゥイユ』を含む全作品の余白という余白,さらには 『囚われの女』のタイプ原稿に 1922 年に施された最後の加筆に いたるまで──が活用されうる。プルーストは作家の人生とそ の作品の関係というこの問題に絶えず立ちかえっていた。 『ジャン・サントゥイユ』のなかで語り手は,後続する小説と 同様に虚構の「序言」において自らの考えを表明し,その想定 上の作者 C──「我が友人数名と私が当時,他のどの作家より も重視していた存命の作家」──の人生について好奇心をあら わにしている。 ❸『サント=ブーヴに反論する』と異なり『ジャン・サントゥ イユ』では,親しい人々の手紙や証言が描き出す人物と創造的 自我との齟齬がまだはっきりとは展開されていない。だが,小 説家Cの潤色の少ない私生活上の特徴によって,この二項対立 はすでに露呈している。『失われた時を求めて』では同じく架 空の作中人物である音楽家ヴァントゥイユと画家エルスチール が二項対立を表している。前者の陽の目を見ない平凡な人生や 彼の「お上品ぶった俗物性」と,その音楽的才能との間には何 の共通点もないのがわかる。同様に,後者がヴェルデュラン家 のサロンで「ティッシュ氏」にすぎなかった時代,駆け出しの 彼が衒った「わざとらしい凡俗さ」と,他方彼がもたらした芸 術的な革新,すなわちヴァントゥイユの場合と同じく,我々に 8 qu’il n’était que le « Monsieur Tiche » du salon des Verdurin, et la révolution artistique qu’il a apportée et qui nous permet, comme avec Vinteuil, de voir l’univers avec d’autres yeux. Quant à l’écrivain Bergotte, inspiré d’Anatole France, sa vie amoureuse, ses habitudes, comme l’usage des somnifères, sont mis en parallèle avec sa production romanesque quelque peu dévalorisée par ce rapprochement dans des additions de dernière minute à La Prisonnière. ❹ Peut-on pour autant saisir le moi créateur ? Proust en donne un contre exemple, justement à partir de la lecture des lettres, documents généralement considérés comme les plus authentiques (ce qui est d’ailleurs loin d’être incontestable et le journal encore moins) et lus pour la vérité qu’ils sont censés contenir : « Les lettres de Balzac, par exemple, ne sont-elles pas semées de tours vulgaires que Swann eût souffert mille morts d’employer ? Et cependant il est probable que Swann, si fin, si purgé de tout ridicule haïssable, eût été incapable d’écrire La Cousine Bette et Le Curé de Tours. » ❺ On aura remarqué que dans ce passage du Temps retrouvé Proust mêle pour sa démonstration la réalité (les lettres de Balzac et deux de ses romans) et un personnage de fiction (Swann). Le même doute sur la validité des recherches de rapports entre réel et imaginaire, entre les personnages et les lieux dans le roman et dans la vie était déjà exprimé dans la « Préface » de Jean Santeuil. ❻ Pour Proust comme pour bien des romanciers, la vie finit par être vécue selon les modalités de l’œuvre comme l’œuvre la vie. L’autofiction en est la pente naturelle. En tout cas, notre lecture des lettres de l’auteur supplée aux manques. Comme dans un puzzle, elle reconstitue l’unité à partir des fragments. Ceux-ci, d’ailleurs, ne manquent pas. L’auteur produit son œuvre sans se limiter aux circonstances de sa vie, aux contingences de ses rencontres, de ses amitiés ou de ses amours. Ce sont aussi les livres qu’il a lus, classiques ou non, et tout le discours des milieux qu’il a traversés, le bruit de fond de l’époque. L’œuvre et la vie renvoient toutes deux à l’infini d’un contexte, d’un hypertexte. 世界を別の目で見ることを可能にする芸術的な革新との間には 何ら共通するものがないことに気づかされる。アナトール・フ ランスから着想された作家ベルゴットはどうかといえば,その 恋愛生活や睡眠薬の服用のような生活習慣が小説の創作行為と 比較対照されている。もっとも『囚われの女』に土壇場で加筆 された文中では,この対比によってベルゴットの小説創作はい くぶん評価を下げられてはいるが。 ❹しかし創造的自我といったものを把握することができるのだ ろうか。プルーストはこの問題の反例を出しているが,まさに それは一般に最も真正な資料と見なされ(だがこれは確かとい うにはほど遠く,日記にいたってはいっそう不確かだ),その 蔵するとおぼしき真実ゆえに読まれる書簡の読解に基づいてい る──「たとえばバルザックの手紙には,スワンだったなら使 用に際して塗炭の苦しみを味わったにちがいない俗悪な表現が 散りばめられてはいないか。とはいえ,かくも繊細で,あらゆ る忌々しい滑稽さをその身から遠ざけたスワンには,おそらく 『従妹ベット』や『トゥールの司祭』は書けなかった」。 ❺この『見出された時』の一節で,プルーストが論証のため に,現実(バルザックの手紙と小説の2作)と架空の登場人物 (スワン)とを取り混ぜているのにお気づきになったであろ う。現実のものと想像上のものとの関係,小説中の人物や場所 と実際の人生におけるそれらとの関係を研究することがはたし て妥当なのかという,ここで我々が抱くのと同じ疑念は,じつ はすでに『ジャン・サントゥイユ』の「序文」において表明さ れているのだ。 ❻多くの小説家にとってと同様,プルーストにとって人生は, 作品が多様な人生に応じて味わわれるように,最後には作品様 式に応じて描かれるものとなる。自伝的フィクションはその自 然な流れである。いずれにせよ,作者の手紙を我々が読み解く ことが欠落を補うのだ。パズルの場合のように我々の読解が断 片から全体の統一性を復元する。もっとも断片は欠けていな い。作者は作品をつくるさい,自身の人生の状況,つまり出会 いや友情,恋愛をめぐる出来事だけに材源を限るわけではな い。古典やそれ以外で彼が読んだ本,自らが経験してきた様々 な社会環境で耳にした話,当時世間を騒がした噂なども小説の 材料なのである。作品と人生は両者ともに際限のないコンテク ❼ On voit qu’au lieu de nous détourner d’une lecture biogra- phique et singulièrement des correspondances d’écrivains, la distinction proustienne du moi créateur et du moi apparent sur lequel ont écrit et témoigné proches et relations et l’auteur luimême en renforce la nécessité pour juger en connaissance de cause. Lire la correspondance de l’écrivain n’est donc pas lire une collection d’anecdotes et de pensées intimes, qui ne pourraient renvoyer qu’à la surface d’une vie, mais au contraire atteindre l’œuvre par un autre versant. Proust a souligné que sa Recherche du temps perdu était un roman, non une autobiographie. Pourtant, dans À la recherche du temps perdu, tout est vrai, et d’autant plus vrai que tout y a été ou déplacé ou transposé, ce que l’on peut vérifier, même si l’œuvre prétend se suffire à elle-même puisqu’elle contient son interprétation et son mode d’emploi. ❽ Peut-on néanmoins en conclure qu’il n’est nul besoin d’avoir lu les biographies de Proust ou ses lettres, comme l’affirmait Samuel Beckett, pour entrer dans À la recherche du temps perdu ? On l’a vu, ses lecteurs les ont exigées, au point que personne aujourd’hui sans doute n’aborde son œuvre sans avoir au moins quelque connaissance de sa vie, et même de sa vie quotidienne la plus prosaïque, tant elle est de notoriété publique — phénomène culturel qui a bien peu d’équivalents. En outre, dès qu’un auteur dit « je », dès qu’une œuvre a une forme autobiographique, même スト,無限のハイパーテクストを我々に参照させるのだ。 ❼プルーストによる2つの自我の区別,すなわち創造的自我 と,近親者・知人・作者自身が書きかつ証言した見かけ上の自 我との区別は,我々を伝記的な読解,とりわけ作家たちの書簡 集から遠ざけるどころか,事実を踏まえて判断するためにもそ の必要性をいっそう高めていよう。したがって作家の書簡集を 読むという行為は,おびただしい逸話や内心の考えを読み漁る ことではない。それらは我々をただ人生の表面にしか触れさす まい。そうではなく,反対に書簡の読解とは,それまでとは まったく別の側面から作品に到達する方法なのである。プルー ストは彼の『失われた時を求めて』が小説であって,自伝では ないと力説した。しかしながら『失われた時を求めて』におい ては,すべてが真実である。しかもありとあらゆるものがこの 小説のなかに移行され,移し換えられているだけにいっそう真 実なのだ。このことは,たとえ作品がそれ自体で自足している と主張しようとも,作品が自らの解釈と自らの使用法を含んで いる以上,明らかなことなのである。 ❽それでも,サミュエル・ベケットが断言したように,『失わ れた時を求めて』を理解するために,プルーストの伝記や手紙 を読んでおく必要はまったくないと判断できるだろうか。すで に見たように,プルーストの読者たちが伝記や書簡集を求めた のである。その結果,おそらく今日では,彼の生活,最もあり 9 paradoxale, comme celle de Proust, son auteur intéresse doublement. On veut savoir comment l’œuvre a été écrite, quelle place elle occupe dans une existence ainsi devenue romanesque, en vérifier l’authenticité qui serait donc porteuse d’une valeur plus grande que la vérité romanesque. ❾ C’est à cet aller et retour que se livre le lecteur de correspondances d’écrivains. Leurs lettres apportent à ce lecteur le plaisir (outre celui, rarement revendiqué, de lire impunément la correspondance d’autrui) de reconnaître thèmes et manières de dire et la satisfaction de découvrir comment les textes ont cheminé et (comme le monde de Combray annoncé dans l’ouverture de la Recherche du temps perdu) ont pris « forme et solidité ». Elles sont une autre œuvre enfin où le mouvement de la création littéraire s’inscrit dans une existence qui peut être plus romanesque que les livres, ou bien moins, comme celle de Marcel Proust. ふれた日常の些事についてさえ,少なくとも何らかの知識を持 たずして彼の作品を読みはじめる者はいない。それほど彼の生 活は世に知れわたっているのだ──これはほとんど類例のない 文化現象である。さらに某かの作家が「私」と書くとすぐに,つ まりある作品が,逆説的な形にせよ,プルーストの作品と同様 に自伝的な形式をとるやいなや,その作家は二重に興味を引く のである。人々は作品がどのように書かれたのか,そのように 小説化された生において作品がいかなる位置を占めるのかを知 りたいと願い,ロマネスクな迫真性より重要な価値をもつ作品 の真正性・確実性を確かめたいと欲するのだ。 ❾作家たちの書簡集の読み手が専心するのは,まさにこうした 往復である。彼らの手紙が読者にもたらすものは,(めったに 求められないが,他者の手紙を咎められずに読む喜びの他に) テーマや表現法を知る喜びであり,テクストがどのように書か れてきて,いかにして(『失われた時を求めて』の冒頭でコン ブレ-の世界が予示されたように)「形式と安定」をもつにい たったのかを発見する満足感にほかならない。要するに編まれ た書簡とはもうひとつの作品であり,そのなかでは文学的創造 NOTES : 1) Traduction française aux Éditions Denoël, en 1997. 2) Gallimard, coll. « L’un et l’autre », 1999. 3) Mémoires d’un jeune homme rangé, Calmann-Lévy, 1899. 4) Telles la Correspondance de Marcel Proust, Philip Kolb éd., Plon, 1970-1993, 21 vol., ou, antérieurement, la Correspondance générale de Marcel Proust, Robert Proust, puis Suzy Mante Proust éd., Plon, 1930-1936, 6 vol. 5) On pensera par exemple à Paul Léautaud, divisant son entreprise entre « journal littéraire » et « journal particulier », et à Annie Ernaux aujourd’hui, séparant son Journal du dehors de son journal « intime » (Se perdre). 6) Annie Ernaux, La Vie extérieure, Gallimard, 2000. 7) La publication séparée de Voyage au Congo, retour du Tchad, ou de Retour de l’URSS donne un caractère différent à ces fragments du journal « général » de Gide. 8) À la recherche du temps perdu, éd. sous la dir. de Jean-Yves Tadié, « Bibliothèque de la Pléiade », Gallimard, 1987-1989, 4 vol. t. II, p. 779, et note correspondante. 9) Voir notre « Marcel Proust et “Les trois critiques”, selon Albert Thibaudet », Stella, n° 30, Université du Kyushu, 2011. 10) Marcel Proust, Essais et articles, in Contre-Sainte Beuve, édition Pierre Clarac et Yves Sandre, « Bibliothèque de la Pléiade », Gallimard, 1971 p. 592. 11) C’est, entre autres, l’opinion de Luc Fraisse, Proust au miroir de sa correspondance, SEDES, 1996. 12) Éditions du Seuil, 1975. 13) Marcel Proust, Essais et articles, in Contre Sainte-Beuve, éd. citée, p. 564. 14) Ibid., p. 577. Voir notre article « Deux préfaces amicales de Marcel Proust, à Propos de peintre, de J.-É. Blanche, et à Tendres Stocks, de Paul Morand », Stella, n° 31, Université du Kyushu, 2012. 15) Au Sans Pareil, 1928 ; réédité chez Grasset, 1930. 16) À la recherche de Marcel Proust, Hachette, 1949. 17) Marcel Proust, Londres, Chatto & Windus, 2 vol., 1959 et 1965 ; traduction française au Mercure de France, 1963 et 1966. 18) Librairie Perrin, 1991 ; voir aussi « Mémoires d’un snob », Marcel Proust, n° Hors-Série du Figaro, 2013. 19) Fayard, 1994. 20) L’Impossible Marcel Proust, Robert Laffont, 1994. 21) Gallimard, 1996. 22) Marcel Proust, Contre Sainte-Beuve, éd citée, « [La méthode de Sainte-Beuve] », p. 221. の進展が一個の生のなかに──小説よりもはるかにロマネスク な人生か,あるいはプルーストのそれのように波瀾のない人生 のなかに──刻み込まれているのである。
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