War Requiem, de Benjamin BRITTEN (1913

Histoire des arts
War Requiem, de Benjamin BRITTEN (1913-1976)
Le War requiem est une œuvre musicale de grande dimension (1h30), achevée en 1961
par le plus célèbre compositeur anglais de l'époque (âgé alors de 49 ans), et créée en
1962 à l'occasion de la consécration de la cathédrale St Michael à Coventry en
Angleterre.
L’œuvre s'appuie sur :
• le texte du Requiem (ou Messe des morts), en latin.
• des passages de poèmes d'un grand poète britannique, Wilfred Owen, mort en 1918,
dans les derniers jours de la 1ère Guerre Mondiale. Ces poèmes sont une
dénonciation de la guerre, qui décrivent les horreurs vécues par les soldats, quel
que soit leur bord. Il n'y a aucun patriotisme dans ces textes, ni de sentiment
religieux, mais l'affirmation d'une mort qui réconcilie les ennemis.
A cause de ce mélange, ce ne peut donc pas une œuvre destinée à un usage religieux,
mais une œuvre de concert.
Formation : deux orchestres, deux chœurs et trois voix solistes.
Relation entre instruments et voix :
Cette formation instrumentale avec cette
formation vocale :
Un grand orchestre symphonique
Un petit orchestre (de chambre)
Un petit orgue
La soprano soliste
Le chœur adulte
Le ténor et le baryton solistes
Le chœur de garçons
Partie étudiée : le « Dies irae »
C'est la deuxième partie du War requiem. Un texte de Wilfred Owen va faire écho à ce
« Dies irae ».
Définitions
Un Requiem
Le Requiem est une forme liturgique et musicale apparue au Moyen-âge ; c'est une
messe (culte chrétien catholique) pour aider au repos des âmes de personnalités
remarquables (surtout les plus fortunés, ou les plus notables...). Son nom provient de
ses premières paroles : « Requiem aeternam dona eis, Domine » (Seigneur, donne-leur
le repos éternel).
« Dies irae »
A l'origine : au Moyen-Âge, le « Dies irae » était une des parties ajoutées à la messe
pour qu'elle devienne un Requiem. Il puise son inspiration dans l'Apocalypse, comme de
nombreux textes du Moyen-Âge.
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Sa forme est appelée « séquence », en particulier du fait de sa longueur particulière.
Historiquement, il s'agit de la première forme poétique vraiment rimée.
Dans le Requiem, le « Dies irae » s'impose souvent comme le moment le plus funèbre
et le plus grinçant, ce qui en a fait son succès au 19e siècle. Certains compositeurs,
souhaitant écrire une œuvre plus paisible, ont choisit de ne pas l'inclure.
Dans le War Requiem, c'est la deuxième partie, la plus longue.
Textes du Dies irae étudiés en classe :
(Séquence traditionnelle)
Dies iræ, dies illa,
Solvet sæclum in favilla :
Teste David cum Sibylla.
Jour de colère, ce jour
qui réduira le monde en cendres.
David l’annonce, et la sibylle.
Quantus tremor est futurus,
Quando Judex est venturus,
Cuncta stricte discussurus !
Quel effroi s’apprête
lorsque le Juge paraîtra
pour rendre un strict arrêt !
Tuba mirum spargens sonum
Per sepulchra regionum
Coget omnes ante thronum.
La trompette au son prodigieux
sur tous les sépulcres de la terre
rassemble tout devant le trône.
Mors stupebit et natura,
Cum resurget creatura,
Judicanti responsura.
Mort et nature sont frappées de stupeur,
quand toute la création reprend vie
pour répondre à son Juge.
Analyse de la section 1 :
Formation sonore utilisée : le chœur mixte, accompagné par l' orchestre symphonique
Structure :
• quatre sections, correspondant aux strophes du « Dies irae ».
• Progression (en soufflets) de la dynamique générale : < > pour chaque section, et
idem, < >, pour l'ensemble de la section.
La progression musicale ne semble pas s'appuyer sur une progression du texte, mais
cherche à atteindre un sommet d'expression à la 3ème strophe, autour des mots 'Tuba
mirum... » (le son prodigieux de la trompette se répand...)
Enchaînement commun à toutes les sections :
a)appels des cuivres (fin : descente conjointe), sur un arpège d'accord parfait, puis 2
autres types de motif.
b)mise en place d'un rythme à 7/4, sur la pulsation, pédale de tonique
c) chœur : thème chanté (fin : descente conjointe)
d)le thème égrène, dans une gamme montante puis descendante, un mode curieux,
consonant/dissonant.
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Quelques passages remarquables :
Section 3 : « Tuba mirum » : apogée. Les appels des cuivres se mélangent au chœur.
Section 4 : « Mors stupebit » : cuivres bouchés avec une sourdine.
Formation utilisée : le chœur mixte, accompagné par l’orchestre symphonique
Structure :
• quatre sections, correspondant aux strophes du « Dies irae ».
• Progression (en soufflets) de la dynamique générale : pour chaque section, et idem,
pour l'ensemble de la section.
Événements musicaux
Appel des cuivres
Détails
Arpèges, notes
répétées...
Presque non pulsé,
disséminé
Mesure irrégulière à 7
temps
Thème choral
Effets produits sur
l'auditeur
Évocation de la guerre
par l'instrument militaire
aspect bizarre,
inquiétant de la note
répétée
Sensation de désert,
d'absent d'être vivant
Quelque chose de
boiteux
Maléfique, sinistre
Staccato
Renforce l'inquiétude :
se rapproche, s'éloigne.
Enchaînement commun à toutes les sections :
a)appels des cuivres (fin : descente conjointe), sur un arpège d'accord parfait, puis 2
autres types de motif.
a)mise en place d'un rythme à 7/4, sur la pulsation, pédale de tonique
b)chœur : thème chanté (fin : descente conjointe)
a)le thème égrène, dans une gamme montante puis descendante, un mode curieux,
consonant/dissonant.
Quelques passages remarquables :
Section 3 : « Tuba mirum » : apogée. Les appels des cuivres se mélangent au chœur.
Section 4 : « Mors stupebit » : cuivres bouchés avec une sourdine.
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VOCABULAIRE
La dynamique : c'est le mouvement général des nuances.
Une nuance : c'est l'intensité (plus ou moins forte) qu'un musicien donne à un son.
Le temps non pulsé : ou « temps lisse ». Le repère de la pulsation a disparu, la musique s'organise
autour d'autres repères.
Le temps pulsé : ou « temps strié ». La musique s'organise autour de la pulsation, qu'elle soit
frappée ou non.
Un autre requiem célèbre :
Requiem de Wolfgang Amadeus Mozart, 1er mouvement (« Requiem »)
Année de composition : 1791
C'est le requiem le plus célèbre, celui qui marquera et influencera les compositeurs du 19ème
siècle et les suivants, par son expression tragique et quasi romantique à certains moments, et la
richesse de ses idées musicales.
Époque : style classique, ou classicisme
ANALYSE DE LA SECTION OUT HERE
Formation sonore : petit orchestre (orchestre de chambre)
Voix : Duo Baryton et Tenor
Texte : poème de Wilfired Owen
Out there, we've walked quite friendly up to Death
Sat down and eaten with him, cool and bland
elle
Pardonned his spilling messtins in our hands
We've sniffed the green thick odour of his breath
Our eyes wept, but our courage didn't writhe
He's spat at us with bullets and he's coughed shrapnel
Shrapnel
We chorused when he sang aloft;
We whistled while he saved us with his scythe
[haut]
Oh Death was never ennemy of ours!
We laughed at him, we leagued with him, old chum
copine
No soldier's paid to kick against his powers
Là bas, de bonnes amitié nous allâmes à la mort
Nous nous attablâmes, calmes et froids, avec
sans lui en vouloir de renverser nos gamelles
De son haleine, nous reniflâmes le vert relent
dense
Nos yeux pleurèrent mais non notre courage
Elle cracha sur nous ses balles, toussa son
Nous chantâmes en choeur quand elle chantait là
Nous sifflâmes quand elle siffla de sa faux
Ah, la mort ne fut jamais notre ennemie!
Elle fut notre rire, notre alliée, notre vieille
Aucune solde n'est touchée pour regimber contre
elle
We laughed, knowing that better men would come
And greater wars when each proud fighter brags
chaque
He wars on Death for life, not men for flags
non
Nous rîmes sachant que viendraient des hommes
meilleurs et de lpus grandes guerres, quand
brave se vante, il combat la mort pour la vie,
des hommes pour un drapeau.
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Cet extrait s'ouvre sur la caisse claire qui évoque immédiatement le côté militaire, et la marche
des deux soldats qui vont à la guerre...”nous allâmes à la mort”
Le tempo est de ce fait assez rapide (Allegro), l'esprit est dansant, rythmé, à contre-pied du
sujet textuel.
Nos deux soldats se donnent du courage car ils scandent et répètent ce mot 4 fois “our courage”
Britten evoque le rire musicalement lorsque le texte propose le vers “We laughed at him, we
leagued with him, old chum” : les interprète semblent rire (jaune) en chantant
Le texte est très souvent syllabique, ajoutant un côté martial : “Oh Death was never ennemy of
ours!”
Le Tenor et le Baryton utilisent ainsi 2 modes de jeux différents : legato (lié), staccato (notes
marquées)
les Nuances employées dans ce passage sont contrastées, de forte, à pianissimo.
Ces changement peuvent évoquer le passage des deux soldats qui finalement s'éloignent et
filent vers la Mort, personnifiée dans ce texte.
La Mort trouve sa place musicalement dans le texte lorsque Owen évoque sa faux “Nous
sifflâmes quand elle siffla de sa faux” > les violons dans l'extrême aigu jouent des doubles
croches (notes rapides) qui pourraient évoquer la faucille, la peur, le sifflement du passage de
la faux
Owen parle de la Mort, non pas comme un ennemi mais une actrice omniprésente de la guerre,
Elle cracha sur nous ses balles
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