Croissance, Brexit: lesnouveaux défisdelaBourse

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Assurance-vie
Les 3 menaces
qui guettent
nos contrats
// DOSSIER PATRIMOINE PP. 41 À 43
L’ESSENTIEL
PACTE DE RESPONSABILITÉ :
LES PME GAGNANTES
Le Medef regrette le manque de
concertation et le changement
des règles en cours de route. La
CGPME et l’UPA saluent la baisse
de l’IS pour les PME. // P. 3 ET
L’ÉDITORIAL DE JEAN-FRANCIS
PÉCRESSE PAGE 12
HÔPITAL : LA RÉFORME
QUI AVANCE SANS BRUIT
La réforme des groupements hospitaliers de territoire entre en
vigueur. Les 850 établissements
forment 130 GHT pour être plus
efficaces. // P. 4
ENTREPRISES
& MARCHÉS
LE QUOTIDIEN DE L'ÉCONOMIE // VENDREDI 1ER, SAMEDI 2 JUILLET 2016 // LESECHOS.FR
Croissance,
Brexit:
lesnouveaux
défisdelaBourse
VOTRE MAGAZINE
TOUS LES VENDREDIS
l La Bourse de Paris a subi son pire 1er semestre
NUCLÉAIRE : ENGIE SORT
DE L’ENRICHISSEMENT
depuis 2008 et le second s’annonce aussi agité.
l Le calendrier politique pourrait encore
perturber les investisseurs en 2016 et même en 2017.
UN TOUR DE FRANCE 2016
SOUS HAUTE SURVEILLANCE
L
L’énergéticien est en négociation
avancée pour céder à Areva sa
participation dans l’usine d’enrichissement d’uranium du Tricastin (Drôme). // P. 22
Le Tour, qui débute ce samedi,
donne lieu à une sécurité renforcée, pour cause de menace terroriste. La lutte contre la fraude
technologique est lancée. // P. 23
ENNUIS JUDICIAIRES EN
SÉRIE POUR APPLE EN CHINE
Les péripéties judiciaires s’accum u l e n t p o u r l ’a m é r i c a i n e n
Chine : la commission des médias
l’accuse d’avoir enfreint ses droits
de diffusion sur Internet. // P. 27
JEAN-PIERRE MUSTIER
PREND LA TÊTE D’UNICREDIT
L’ancien patron de la banque de
financement de Société Générale
prendra le 12 juillet la tête de la
première banque italienne par les
actifs. // P. 34 ET « CRIBLE » P. 44
CARNET // P. 40
Hamilton/RÉA
LesEchos
WEEK-END
Frédéric Oudéa
«Les banques ont
passé le test du Brexit»
a Bourse de Paris a perdu près d’un dixième
desavaleurdepuisledébutdel’année,malgré
un rebond de 6,20 % au cours des trois derniersjours.Lavolatilitéafaitsongrandretoursurles
marchés, notamment après le référendum sur le
Brexit au Royaume-Uni, dont le résultat a pris les
investisseurs complètement par surprise. Cette tension ne devrait pas disparaître au second semestre.
Carlesdéfisquiattendentlesmarchéss’accumulent.
LaquestionduBrexitestd’abordloind’êtreréglée
entre Européens et Britanniques. Ensuite, le calendrier politique devrait occuper les esprits de la fin
2016 (Italie, Etats-Unis) jusqu’en 2017 (France, Alle-
magne...). Mais ce ne sont pas les seuls obstacles qui
se présentent sur les places boursières. Le Brexit a
relancé les inquiétudes sur le secteur bancaire, fragilisé par les taux négatifs, mais aussi les interrogations sur la vitalité de la croissance économique
mondiale. Dans ce contexte incertain, les initiatives
desbanquescentrales,devenuesdesphareslorsdes
tempêtes boursières, seront plus que jamais disséqués par les marchés financiers. « Les Echos » ont
sondé les grands acteurs de la gestion d’actifs en
France sur leurs attentes et pronostics pour le
CAC 40 au second semestre.
// PAGE 35 ET « CRIBLE » PAGE 44
Lagrandedéprimedes
Français auRoyaume-Uni
BREXIT Colère, inquiétude et sentiment d’insécurité prédominent
dans la communauté française. Nouveau coup de théâtre :
Boris Johnson renonce à briguer la succession de David Cameron.
Les 300.000 Français qui vivent au Royaume-Uni,
expatriésoulocaux,sedisentencoresouslechocdu
résultat du référendum. Les liens forts, soudainement rompus, plongent la communauté française
dans un sentiment d’insécurité. Des problèmes
vont se poser concernant les visas, l’accès aux soins,
à l’éducation, mais le flou est général tant que l’article 50 du traité de Lisbonne n’est pas activé. Au
niveau professionnel, tout le monde est conscient
du risque d’un arrêt des investissements, qui a
Jimmy Wales,
cofondateur de Wikipedia :
« Les communautés en ligne vont
représenter une force incroyable »
// GRAND ANGLE PAGE 16
Start-up
Un air de Silicon Valley flotte sur
la Porte de Versailles à Paris. // PAGES 28 À 30
démarré bien avant le Brexit, et qui aura des répercussions sur l’économie et le marché du travail. Le
gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mark Carney, a d’ailleurs prévenu jeudi que celle-ci prendrait
de nouvelles mesures cet été. Cinq conservateurs se
sont par ailleurs portés candidats pour succéder à
David Cameron. Boris Johnson ayant jeté l’éponge,
laministredel'Intérieur,TheresaMay,etleministre
de la Justice, Michael Gove, sont les deux favoris. //
PAGES 6 ET 7
// P. 33
DOMINIQUE SEUX
DANS « LE DÉBAT ÉCO »
À 7H45
LE VENDREDI
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SUR
Lapressionmontesur
l’automobiledanslesvilles
108eANNÉE
44 PAGES
Antilles-Réunion 3,20 €. Guyane-St Martin
4,20 €. Belgique 5,10 €. Espagne 3,50 €.
Grande-Bretagne 5£30. Grèce 3,20 €. Italie
3,50 € Luxembourg 3,00 €. Maroc 25 DH.
Suisse 9,30 FS. Tunisie 3,40 TND. Zone CFA
2.500 CFA.
La chronique de
Philippe Aghion
RÉGLEMENTATION Apartirdecevendredi,lesvoituresindividuelles
immatriculées avant 1997 ne pourront plus circuler dans Paris en
semaine. Dans nombre de villes, les conditions de circulation se durcissent. Services de mobilité, électrique, voiture autonome : pour ne
pas perdre le contact, les constructeurs réagissent. // PAGES 20-21
Dans le cadre des Rencontres
économiques d’Aix-en-Provence, organisées par le Cercle
des économistes, du 1er au
3 juillet, Philippe Aghion s’exprime sur ce qui fonde aujourd’hui la puissance d’un pays.
Un thème qui sera au cœur des
rencontres. Comme le rappelle
Jean-Hervé Lorenzi, président
du Cercle, nous entrons peutêtre dans une forme de « renationalisation de la politique ».
ET L’ÉDITORIAL DE JEAN-MARC VITTORI PAGE 12
// PAGES 13 À 15
Les constructeurs tentent de s’adapter
aux limitations de la circulation.
ISSN0153.4831
NUMÉRO 22225
L’innovation,
vraimoteur
dela puissance
LES PLUS BELLES
INNOVATIONS SONT
EN PAGE CENTRALE.
02 //
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
FRANCE
Hollande-LePen,
brasde feràl’anglaise
Le Brexit est-il en France une chance pour Marine
Le Pen, comme elle le soutient, ou au contraire
un piège, comme souhaite le voir François Hollande ?
LE FAIT
DU JOUR
POLITIQUE
Cécile
Cornudet
Dessins Fabien Clairefond pour « Les Echos »
D
epuis le Brexit, rien ne
se passe décidément
comme d’ordinaire. Un
pays étranger, en l’occurrence
le Royaume-Uni, fait non
seulement irruption dans le
débat national français, mais
devient une arme brandie dans
ce même débat par ses acteurs
politiques. Marine Le Pen
sort depuis une semaine le
champagne et les grands mots,
persuadée qu’elle peut se servir
du Brexit pour gagner en
légitimité à dix mois de
la présidentielle. « Oui, il est
possible de sortir de l’UE »,
clame-t-elle. François
Hollande se sert du même
événement pour, au contraire,
décrédibiliser cette adversaire
qui menace de lui ravir sa place
de second tour. Le bras de fer
entre les deux a pris un tour
nouveau.
La présidente du Front
national se répand, dès qu’un
micro se tend, sur le peu de
considération que lui a inspiré
le président lors de leur
entrevue de samedi à l’Elysée.
CQFD : ces dirigeants
proeuropéens sont
décidément incapables !
Le chef de l’Etat insiste avec
la même constance sur
les difficultés que traversent
les Britanniques. CQFD : la
sortie de l’UE plonge dans le
chaos ! « La Grande-Bretagne
traverse de fortes turbulences
politiques, avec des risques
de divisions », a-t-il déclaré ce
jeudi en Conseil des ministres.
Tandis que Michel Sapin, le
ministre des Finances, insistait
sur la situation économique
« catastrophique » de notre
voisin (sur Radio Classique).
François Hollande et Marine
Le Pen sont persuadés
que « la question européenne
sera au cœur de la campagne
présidentielle ». Les deux
risquent, ce faisant, d’être
amenés à forcer leur trait.
Soucieux d’en faire un « contreexemple » (« Les Echos »),
François Hollande refuse de
faire le moindre cadeau aux
Anglais, presse au règlement
rapide du « divorce » et
s’attache à ravir à la City
son rang de première place
financière. S’il surligne les
difficultés anglaises, Marine
Le Pen, elle, les minimise.
Les turbulences financières
ne dureront pas, soutient-elle.
« Le soleil continue à se lever
tous les matins sur les Anglais »,
dit-elle dans « Paris Match ».
Des propos récoltés avant
que Boris Johnson ne renonce
à succéder à David Cameron.
L’artisan du Brexit craint-il
lui-même les conséquences
de ce qu’il a provoqué ?
En France, le soleil de ce jeudi
s’était soudain terni dans le ciel
de Marine Le Pen.
Sarkozysurtousles fronts
pourcapitaliser sursonrebond
santsLR,avec65 %(+17points)contre 52 % (-14). « C’est plutôt un retour
àlanormale,tempèreundeseslieutenants, mais c’est le signe que le lien
avec ceux qui sont proches de sa
famille politique est intact. »
POLITIQUE
A l’offensive sur le
Brexit ou la situation
sociale, il regagne
du terrain à droite.
Problème de crédibilité
Isabelle Ficek
@IsabelleFicek
Ce jeudi matin, il a feint de s’étrangler mais n’a pas oublié de lâcher
ses coups. Comme monté sur le
ring. François Hollande a pointé
dans « Les Echos » l’état dans lequel
il a trouvé le pays en 2012. « Il ne
manque pas d’aplomb. […] Je voudrais lui rappeler le taux de croissance de la dernière année de mon
quinquennat », a répliqué sur RTL
Nicolas Sarkozy, en duplex depuis
Londres, où il avait décidé, après le
Brexit, de rencontrer la communauté française. Et le président des
Républicains d’attaquer François
Hollande et son « matraquage fiscal ». « On n’attend pas d’un présidentqu’ildisesonémotion,maisqu’il
prenne des initiatives », a-t-il fustigé,
lui qui n’a de cesse, depuis le Brexit,
de clamer « la nécessité d’un leadership », d’une « énergie », de « propositions ». Lui qui veut, avec cette
séquence internationale intense,
doublée, en France, des blocages
autour du projet de loi El Khomri,
réactiver son image de président à
l’initiative face à la crise de 2008, de
capitaine dans la tempête.
« La chienlit le sert », veut croire
l’un de ses proches, qui estime que
le vent a commencé à tourner lorsque l’ex-chef de l’Etat est intervenu
sur le thème de l’autorité après les
violences en marge des manifestations. « La faiblesse actuelle de l’Etat
ne fait que renvoyer le miroir de
l’autorité qu’il incarne », avance
Brice Hortefeux, fidèle d’entre les
fidèles de Nicolas Sarkozy, jouant
de la comparaison avec un François
Hollande au plus bas dans les son-
Le dernier baromètre TNS Sofres voit le capital de confiance
de Nicolas Sarkozy détrôner celui d’Alain Juppé auprès
des sympathisants LR, avec 65 % contre 52 %. Photo François Guillot/AFP
dages mais en campagne, lui aussi.
Au risque de réactiver les souvenirs
de 2012 et d’un quinquennat qui a
déçu ? « Nicolas Sarkozy doit être
très présent. On lui demande pourquoi vous n’avez pas fait ceci ou cela ?
Il doit répondre, s’expliquer. A force
d’explications, cela marche », assure
Brice Hortefeux. « L’hostilité est en
train de passer à l’interrogation. Il
faut que la primaire permette de passer de l’interrogation à l’adhésion »,
analyse un autre proche.
Dans les sondages, justement,
Nicolas Sarkozy, regagne du terrain
à droite. Le dernier baromètre TNSSofres voit le capital de confiance de
Nicolas Sarkozy détrôner celui
d’Alain Juppé auprès des sympathi-
« Moi, je ne me
résoudrai jamais
à ce que la France
devienne
en quelque sorte,
M. Hollande,
un pays normal. »
NICOLAS SARKOZY
Président des Républicains
C’est en tout cas un Nicolas Sarkozy
gonfléàblocqui organise ce samedi
un Conseil national du parti, au
terme d’une séquence intense
durant laquelle il n’a pas hésité à
reproposer, malgré l’hostilité de
l’opinion, de revenir sur le non-cumul des mandats. Malgré les protestations de ses rivaux, il est aussi
bien décidé à tirer avantage jusqu’aubout,c’est-à-direfinaoût,dela
position de chef du parti, en réagissant à l’actualité ou en faisant le
tour, en juillet, des fédérations.
« Cela énerve ses concurrents, la
caravane passe », s’amuse Brice
Hortefeux. Manière de rendre insignifiantes les protestations. Même
si Nicolas Sarkozy a dû reculer sur
l’investiture aux législatives de
Patrick Balkany. Question d’image.
Samedi, il doit faire valider par le
« parlement » du parti le projet des
Républicains pour 2017, fruit des
conventions du parti. Et surtout
tirer le bilan de son action. « Il va
montrer que la feuille de route à
laquelle il s’était engagé, rétablir
l’ordredansleparti,ledoterd’unprojet, il l’a respectée », souligne un
conseiller. Mais la crédibilité et le
respect de la parole donnée demeurent « l’une des interrogations à son
sujet », reconnaît un soutien. Cela
n’a pas échappé à ces concurrents.
« Son style, son énergie en font un
bon candidat en période de crise. Son
discours caricatural comme lorsqu’il
veut faire rendre gorge aux syndicats,
séduit, reconnaît un juppéiste. Nous
nous attacherons à montrer qu’il est
une machine à gagner les élections
mais à planter un quinquennat. » Le
top départ officiel de la primaire
n’est pas encore donné. Mais la
course est déjà bien avancée. n
@ccornudet
en bref
Les deux tiers des Français
ne travaillent pas où ils habitent
ÉTUDE — Près de deux actifs sur trois (64 %) exercent leur
métier hors de leur commune de résidence, soit 6 points de plus
qu’en 1999, selon une étude de l’Insee publiée jeudi. Le poids des
« navetteurs » s’est accru dans toutes les régions, mais d’abord
et avant tout dans les moins densément peuplées, Bretagne en
tête. Les « travailleurs sédentaires » ne sont plus majoritaires
qu’en Corse et, hormis La Réunion, dans les régions d’outremer. Les distances s’allongent . En 2013, la moitié des navetteurs
résident à plus de 15 km de leur lieu de travail, soit 2 km de plus
qu’en 1999. Retrouvez l’article complet sur lesechos.fr
Christian Estrosi et Xavier Bertrand
refusent la nouvelle taxe régionale
COLLECTIVITÉS LOCALES — Les présidents LR des régions
Hauts-de-France et Paca, Xavier Bertrand et Christian Estrosi, se
sont prononcés jeudi contre la taxe spéciale d’équipement régional. Annoncée lundi à l’issue d’une rencontre entre Manuel
Valls et les présidents de région, cette nouvelle taxe foncière des
entreprises et des ménages doit dégager 600 millions d’euros en
2017 pour financer l’aide aux entreprises. La recette a pourtant
été négociée par l’Association des régions de France, présidée
par Philippe Richert (LR) et dont la majorité est à droite.
LaCourde cassationvalide l’annulation
del’arbitrage Tapiepour fraude
JUSTICE
Le pourvoi de Bernard
Tapie a été rejeté
ce jeudi par la plus
haute juridiction.
Ses juges se saisissent
ce vendredi du recours
de Christine Lagarde.
Joël Cossardeaux
@JolCossardeaux
Bernard Tapie n’est pas près de
retrouver le contrôle des 404 millions d’euros que la justice l’a
condamné à rembourser en
décembre dernier. L’annulation de
l'arbitrage par lequel l’homme
d’affaires s’était vu octroyer cette
somme il y a huit ans pour solder
son long contentieux avec le Crédit
Lyonnais sur la cession du groupe
Adidas, est bel et bien fondée. Ainsi
en a jugé jeudi la Cour de cassation
en rejetant les pourvois formés par
l’ancien ministre de la Ville et son
épouse contre l’arrêt de la Cour
d’appel de Paris. En février 2015,
cette dernière avait invalidé le jugement prononcé le 7 juillet 2008 par
un tribunal arbitral en faveur de
l’ex-patron de l’Olympique de Marseille. Aucun des arguments brandis par le couple Tapie pour lui
redonner un début de légitimité
n’ont fait mouche. Ses défenseurs
plaidaient le fait que la Cour d’appel
n’était pas habilitée à se prononcer
Bernard Tapie est aussi mis en examen pour escroquerie en bande organisée. Photo Romain Beurrier/RÉA
dans cette affaire, eu égard, selon
eux, à la dimension internationale
de cet arbitrage. Les magistrats de
la Cour de cassation ne l’ont pas
entendu ainsi. Les litiges « ne portaient plus que sur des opérations qui
se dénouaient économiquement en
France », fait observer le communiqué de la plus haute juridiction.
« Concert frauduleux »
La Cour de cassation n’a pas davantage suivi les requérants qui contestaient à la cour d’appel de Paris le
droit de s’appuyer sur une enquête
pénale en cours. Celle qui vaut
actuellement à six personnalités,
dont Bernard Tapie, d’être mises en
examen pour escroquerie en bande
organisée. Selon « une jurisprudence constante », le secret de l’instruction brandi par les avocats de
l’ancien ministre de la Ville ne
s’impose nullement, estime la Cour
de cassation. Celle-ci assène un
véritable coup de grâce à sa démarche, en déclarant avoir « approuvé
la cour d’appel d’avoir retenu que la
décision du tribunal arbitral avait été
surprise par le concert frauduleux
ayant existé entre l’un des arbitres,
M. Estoup, et M. Tapie ». C’est cette
même cour d’appel qui, le 17 février
2015, avait pointé des « l i e n s
anciens, étroits et répétés », entre
Pierre Estoup, l'homme d’affaires et
404
MILLIONS D’EUROS
La somme octroyée en 2008
par un tribunal arbitral
à Bernard Tapie et que la cour
d’appel de Paris a condamné
à rembourser en janvier 2015.
son avocat Maurice Lantourne. Le
couple Tapie s’était élevé contre
cette argumentation, la jugeant
« tirée par les cheveux » et dictée par
« une volonté purement politique ».
De fait, la vente du groupe Adidas
à Robert Louis-Dreyfus, au début
des années 1990, a rapidement
débouché sur un véritable feuilleton politico-judiciaire. Celui-ci est
loind’êtreclos.LaCourdecassation
se saisit ce vendredi d’un autre
recours, formé cette fois par ChristineLagarde,ancienneministredes
Finances sous le quinquennat de
Nicolas Sarkozy. L’actuelle directrice générale du FMI conteste sa
mise en examen pour « négligence
dans la gestion de fonds publics ».
Celle-ci lui vaudrait, si elle n’est pas
infirmée, de comparaître devant la
Cour de justice de la République. La
Cour de cassation doit rendre sa
décision en juillet. n
FRANCE // 03
Les Echos Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
Pactederesponsabilitéretouché :
lesréactions contrastées du patronat
SOCIAL
l Le Medef regrette le manque
de concertation et les changements
de règles en cours de route.
l La CGPME et l’UPA saluent
les gestes pour les PME.
ENTREPRISES
Claire Bauchart
[email protected]
Ingrid Feuerstein
@In_Feuerstein
On aurait pu penser que les modifications apportées au pacte de responsabilité annoncées par François Hollande allaient susciter une
levée de boucliers de la part des
grandes entreprises. Les réactions
du patronat ont finalement été plutôt mesurées. Tout en reconnaissant l’effort de l’exécutif pour préserver les 5 milliards d’euros d’aides
aux entreprises prévues lors de la
troisième étape du pacte, le Medef a
regretté le manque de concertation
et critiqué le changement des règles
en cours de route.
« Les entrepreneurs ont besoin de
stabilité et de confiance, a rappelé
Thibault Lanxade, le vice-président
de l’organisation patronale. Sur le
taux de l’impôt sur les sociétés, nous
aurions souhaité une convergence
avec l’Allemagne et le reste de la zone
euro.Nousensommesloin. »Ausein
du patronat, on craint qu’une baisse
de l’impôt sur les sociétés ciblées
sur les seules PME éloigne encore
plus la perspective d’une baisse du
taux de 34 % pour tous. Enfin,
l'accroissement du crédit d’impôt
compétitivité emploi (CICE) ne
répond pas pleinement à l’une des
grandes revendications des fédérations patronales qui plaident pour
une transformation du Cice en
baisse directe de charges sociales.
Pour autant, leur position est
ambiguë, dans la mesure où cette
réorientationfaitdesgagnantsetdes
perdants parmi leurs adhérents,
entre ceux qui perçoivent un montant élevé de CICE et ceux qui
auraientgagnéàuneextinctiondela
C3S, finalement abandonnée. Sans
le dire clairement, certains au sein
du patronat considèrent aussi que
cet arbitrage, consistant à centrer
l’effort sur le CICE, a plus de chances
de passer l’écueil du Parlement lors
du vote du Budget 2017 à l’automne.
En maintenant la baisse du taux d’IS
et la suppression de la C3S, François
Hollande s’exposait à un veto de sa
majorité. Ce qui n’aurait pas fait le
jeu des entreprises.
Six nouveaux critères
de pénibilité
Grandes gagnantes, les PME ont
salué ces annonces, en particulier
concernant la prolongation de la
prime à l’embauche et la baisse de
l’IS pour les PME. Les artisans
auront parailleurs droitàunallégement de charges (lire ci-dessous).
« On avait beaucoup reproché au
CICE de ne pas concerner les chefs
La commission
des Affaires sociales
a voté les amendements annoncés par
le gouvernement.
La mobilisation
contre le texte
s’annonce symbolique la semaine
prochaine.
En maintenant la baisse du taux d’IS et la suppression de la C3S, François Hollande
s’exposait à un veto de sa majorité. Photo Alain Jocard/AFP
d’entreprise n’ayant pas de statut de
salarié », rappelle Pierre Burban, le
secrétaire général de l’UPA. Celui-ci
n’en reste pas moins prudent : « Si
cela se concrétise, nous irons dans le
bon sens. Mais nous sommes comme
Saint-Thomas : nous croyons ce que
nous voyons. » Même contentement en demi-teinte du côté de la
CGPME. « Concernant la baisse de
l’IS, cela fait des années qu’on la
réclame pour les PME, mais on ne
nous dit pas quelle est la hauteur de
la baisse », réagit son président,
François Asselin. Si les déclarations
du chef de l’Etat vont dans le sens
Baissed’impôt sur les sociétés pour
lesPME :lestrois scénariosà l’étude
Outre le relèvement
du CICE, l’IS va baisser
pour certaines PME et les
artisans auront 150 millions
de charges en moins.
FrançoisHollandeafaitlesderniers
grands arbitrages économiques de
son quinquennat. La dernière étape
du pacte de responsabilité prendra
la forme d’une augmentation du
crédit d’impôt compétitivité emploi
(CICE), d’une baisse de l’impôt sur
les sociétés pour les PME et d’une
réduction de charges pour les artisans, a-t-il annoncé jeudi dans « Les
Echos ». Un choix qui répond à des
impératifs budgétaires, puisque les
coûts liés au CICE seront imputés
en 2018, mais aussi à la volonté
d’attribuer ces aides aux PME. Le
projet initial, consistant en une
baisse du taux normal d’IS et une
extinction de la C3S, aurait davantage bénéficié aux grandes entreprises et aux grosses PME et ETI.
Ces mesures seront précisées
dans le projet de loi de finances à
l’automne. Ce qui est prévu à ce
stade, c’est que le taux du CICE soit
portéde6à7 %delamassesalariale
correspondant aux salaires inférieurs à 2,5 SMIC, ce qui représenterait un coût d’environ 4 milliards.
Cette décision va reporter dans le
tempslatransformationduCICEen
baissedecharges,mêmes’ilnerend
pas nécessairement cette bascule
plus difficile techniquement. « En
renforçant le CICE, le président choisit de ne pas engager la bascule.
Commel’économierepart,ilmisesur
cet outil dans sa forme actuelle »,
indique une source gouvernementale. L’augmentation du CICE
devrait porter son montant à
25 milliards environ en rythme de
croisière. Comme l’impôt sur les
sociétés rapportait entre 40 et
« Jamais un
gouvernement n’a
fait autant pour les
entreprises. Pas
pour le patronat,
pour les
entreprises. »
MANUEL VALLS
Premier ministre
La principale surprise vient surtout de la baisse de l’impôt
sur les sociétés pour les PME. Photo Stephane Audras/RÉA
Baisses de charges
pour les artisans
Les baisses de charges annoncées
pour les artisans répondent à la
même logique. Comme ils ne bénéficient pas du CICE, il est prévu de
leur faire bénéficier d’allégements
d’environ 150 millions d’euros,
comme cela avait déjà été le cas lors
du vote du CICE en 2012, où une
enveloppe de 1 milliard d’euros leur
avait été attribuée.
La principale surprise dans ces
annonces vient surtout de la baisse
de l’impôt sur les sociétés pour les
PME. Depuis 1996, les petites entreprises indépendantes (de moins de
7,6 millions d’euros de chiffre
d’affaires) peuvent bénéficier d’un
taux réduit à 15 % sur leurs bénéfices inférieurs à 38.000 euros. Il est
question soit d’abaisser ce taux de
15 %, soit d’introduire un nouveau
taux intermédiaire, soit d’élargir le
nombre de bénéficiaires en relevant les seuils d’éligibilité. Mais
cette dernière option est très coûteuse car beaucoup d’entreprises
sont proches de ce niveau de chiffre
d’affaires. Lors des Assises de la fiscalité en 2014, le groupe de travail
sur la fiscalité des bénéfices s’était
prononcé contre une augmentation des écarts de taux d’IS entre
PME et grandes entreprises. « Les
taux différenciés sont sources d’effets
de seuil, qui entravent la croissance
des entreprises, mais aussi d’effets
d’aubaine », avait conclu le groupe
de travail. — In. F.
des PME, b eaucoup de chefs
d’entreprise restent en outre obnubilés par le compte pénibilité. Six
nouveaux critères entrent en
vigueur vendredi (lire ci-dessous),
lesquels « sont une catastrophe pour
nos entreprises », martèle Pierre
Burban, qui dénonce une « politiquedeGribouille ».FrançoisAsselin
ne décolère pas non plus : « D’un
côté, on a des annonces plutôt sympathiques du président de la République et de l’autre la mise en place du
compte pénibilité qui risque de
coûter beaucoup. La fiscalité est un
tout. » n
Comptepénibilité :
cequi changepour
les salariésau1er juillet
Six nouveaux critères
de pénibilité entrent en
application, qui s’ajoutent
aux quatre autres existants
depuis janvier 2015.
50 milliards d’euros par an à l’Etat
avant le CICE, ce crédit d’impôt correspond finalement, dans son montant, à une baisse massive du taux
d’IS, semblable à celle que la Grande-Bretagne est en train d’engager.
A une différence près : la France a,
elle, ciblé les allégements sur le bas
de l’échelle des salaires.
Laloitravail
aupas
dechargeà
l’Assemblée
Exposition au bruit, aux postures
pénibles, aux charges lourdes, à des
agents chimiques dangereux, aux
températures extrêmes ou aux
vibrations : ces nouveaux critères
du compte pénibilité entrent en
application ce vendredi, au grand
dam des organisations patronales,
qui les jugent « techniquement inapplicables ». Ces dernières, qui ont
réclamé en vain un moratoire, font
notamment valoir que les référentiels de branche devant aider les
entreprises à intégrer les nouveaux
critères sont loin d’être terminés.
Sans ces accords, il reviendra à chaquesociétéd’estimerl’expositionde
ses salariés. Quelque 26.000 entreprises ont toutefois déjà rempli des
f i c h e s d ’e x p o s i t i o n p o u r
500.000 salariés au titre de l’année
2015. Concrètement, les critères
permettront aux salariés travaillant dans des conditions pénibles d’engranger un certain nombre de points, dans la limite de 100,
afin de partir en retraite plus tôt,
d’opter pour un temps partiel en fin
decarrière(sanspertedesalaire)ou
de se former. Dix facteurs ont ainsi
26.000
ENTREPRISES
Le nombre de sociétés
ayant déjà rempli des fiches
d’exposition au titre
de l’année 2015.
été arrêtés dans la dernière réforme
des retraites. Outre ceux entrant en
vigueur cette semaine, quatre
autres sont pris en compte depuis
janvier 2015 : le travail de nuit, répétitif, en équipes alternées, et en
milieu hyperbare (sous-marin).
« Pas de délai
supplémentaire. »
Pour les organisations patronales,
si les quatre premiers critères reposent sur des conditions objectives,
tel n’est pas le cas pour les six derniers. « Un viticulteur conduisant
son tracteur sur un terrain humide
n’est pas exposé aux vibrations, mais
il l’est dès qu’il roule sur terrain sec.
Comment dès lors déterminer s’il est
exposé au risque de vibrations ? »,
s’agace François Asselin, le président de la CGPME.
Même son de cloche du côté de
Pierre Burban, secrétaire général
de l’UPA : « Pour un maçon, il faudraitmesurercombiendetempsilest
conduit à porter des sacs, combien de
fois par jour, pour quel poids, etc.
C’est très compliqué. » Son organisation, représentative des artisans, a
réclamé en début de semaine de
« reporter l’application des six nouveaux critères » d’au moins un an.
Pierre Gattaz a, lui, déclaré ce mercredi qu’il n’appliquerait pas ces
nouveaux critères, provoquant l’ire
de François Hollande et de Manuel
Valls.LePremierMinistrerappelait
encore ce jeudi qu’il n’y aurait « pas
de délai supplémentaire. » Le ministère du Travail temporise en rappelant que « les premières déclarations
se feront en janvier 2017 ». — C. Ba.
(
Lire l’éditorial
de Jean-Francis
Pécresse Page 12
Changement de climat, jeudi,
pour le démarrage de la procédure de seconde lecture du projet de réforme du Code du travail à l’Assemblée. Pour la
première fois, les anti-loi El
Khomri n’ont pas décidé d’une
nouvelle journée de grèves et de
manifestations. L’intersyndicale a certes appelé à « poursuivre la mobilisation » mais « sur
des formes à déterminer localement, durant le débat parlementaire, notamment le 5 juillet ». Le
président du Medef, Pierre Gattaz, lui, a continué à pilonner le
projet de loi. A l’issue de son
entretien avec Manuel Valls, à
Matignon, il s’est dit « très
déçu » et « très pessimiste », estimant que le texte ne servirait
« strictement à rien » en termes
d’emplois.
L’article 2 du projet
de loi a été rétabli
par la commission
des Affaires sociales
Les députés de la commission des Affaires sociales ont,
eux, avancé au pas de course.
En fin d’après-midi, ils avaient
déjà passé les deux articles les
plus polémiques du projet de
loi, qui revient dans l’hémicycle
mardi prochain. Ils ont d’entrée
de jeu adopté le renforcement
de l’intervention des partenaires sociaux dans la future
remise à plat du Code du travail
– objet du premier article de la
réforme – via le Haut Conseil du
dialogue social. Ils ont aussi
rétabli le désormais fameux
article 2 qui donne les clefs de
l’organisation du temps de travail à la négociation d’entreprise. Il « sera maintenu dans
sa rédaction actuelle », avait dit
le chef de l’Etat dans « Les
Echos ».
Affirmation du rôle
des branches
Comme annoncé par le gouvernement, la commission des
Affaires sociales a également
voté l’affirmation du rôle des
branches sur six sujets : la prévention de la pénibilité et l’égalité professionnelle femmeshommes vont s’ajouter aux
minima salariaux, classifications, garanties collectives
complémentaires, mutualisation des fonds de la formation
professionnelle. A aussi été
introduit un amendement qui
demande au patronat et aux
syndicats des branches de préciser par accord « la définition
de l’ordre public conventionnel
applicable » sur le secteur professionnel d’ici à la fin de 2017.
Le chef de file des députés
socialistes, Bruno Le Roux, a
estimé jeudi que le projet de loi
travail avait atteint « l’équilibre
parfait » avec les amendements
gouvernementaux dévoilés la
veille, mais il a prévenu qu’il
n’écartait pas un nouveau
recours à l’article 49-3 de la
Constitution, qui p e rmet
d’adopter un texte sans vote.
Une menace agitée, dans nos
colonnes, par François
Hollande. — L. de C.
04 // FRANCE
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
Tous les hôpitauxsont
désormais regroupés
l Les établissements publics se réunissent en 130 groupements ce vendredi.
l Seule une vingtaine d’entre eux sont autorisés à déroger à cette obligation.
SANTÉ
Solveig Godeluck
@Solwii
C’est peut être le début d'une transformation majeure de l’hôpital. Ce
vendredi, les autorités régionales de
santé vont dévoiler la composition
des nouveaux « groupements hospitaliers de territoire » de leur ressort.
Les 850 établissements publics du
paysvontainsifairepartied’unGHT,
comme les y oblige la loi santé votée
en novembre. Ils ont l’obligation de
travailler ensemble, et de mettre
leurs moyens en commun (achats,
système d’information, formation et
recherche à minima). Cela leur permettradefairedeséconomies,indispensables vu le rétrécissement des
marges de manœuvre financière.
Mais l’objectif du regroupement est
aussi de mieux organiser l’offre de
soins sur chaque territoire, en partant des spécificités de chaque bassin de vie. Les équipes ont dû travailler sur un projet médical de
territoire tenant compte de la prévalence des pathologies et des ressources mobilisables sur le terrain. Ces
feuillesderoutenementionnentque
les grandes orientations mais
devront être précisées pour le
1er juillet 2017.
Etonnamment, cette restructuration en profondeur de l’organisation
hospitalière se déroule sans cris ni
pleurs–alorsquelapopulationetles
personnels, très attachés à leurs
hôpitaux,sontd’ordinairepromptsà
s’émouvoir dès que l’on touche à cet
édificecompliqué.Lapeurdeperdre
les hôpitaux de proximité n’est
jamais bien loin. Cependant, certai-
nes expériences ont montré que la
coopération pouvait au contraire
sauverdesétablissementstroppetits
pour survivre. Quant aux centres
hospitaliers universitaires (CHU),
qui s’inquiétaient de perdre leur spécificité, ils ont été rassurés. Chaque
GHT doit d’ailleurs s’appuyer sur un
CHUréférent.Etquandilsfontpartie
endirectdugroupement,lesCHUen
sont l’établissement « support ».
Dimensions variables
La grande force de cette réforme
consiste sans doute à avoir laissé les
établissements choisir eux-mêmes
leurs partenaires. D’où une grande
diversité. Dans la région Centre-Val
deLoire,celledeMarisolTouraine,il
existait déjà de nombreuses coopérations à l’échelle des départements
depuis la fin des années 1990. « Les
GHT se sont glissés dans ces organisa-
tions comme dans des pantoufles »,
s’est félicitée la ministre de la Santé
jeudi. Ailleurs, les groupements se
sontorganisésdefaçonpluslarge,ou
au contraire plus resserrée. En
moyenne,unGHTcompte6ou7établissements. Le plus petit en réunit
deux ; le plus grand, dans les Bouches-du-Rhône, une vingtaine ; et le
nombre d’habitants servis oscille
entre 50.000 et 2 millions...
Les établissements privés à but
lucratif ne sont pas admis dans les
GHT, mais on y trouve des établissements publics variés, du médico-social à la santé mentale. Une dizaine
de centres psychiatriques ont
d’ailleurs négocié une dérogation,
en raison de leur spécificité. Quant
aux généralistes, ils sont moins
d'une dizaine à ne pas entrer dans
un GHT, par exemple les QuinzeVingt à Paris. n
Les 850 établissements hospitaliers publics du pays ont l’obligation de travailler ensemble, et de mettre leurs moyens en commun). Photo Lydie Lecarpentier/RÉA
L’expérimentation réussie del’« unionhospitalière »de Cornouaille
L’union hospitalière a
permis à cinq établissements publics et privés à
but non lucratif de résister
à la concurrence du privé.
Ilsontunelongueurd’avancesurles
850autreshôpitauxdeFrance.Cinq
établissements publics ou privés à
but non lucratif ont créé en novembre2011l’UnionHospitalièredeCornouaille, qui préfigure les groupements hospitaliers de territoire
(GHT).Cetteinitiativebretonneavu
le jour grâce à la loi Bachelot de
2009, qui ouvrait la possibilité de
créer des « communautés hospitalières » sur chaque territoire. Mais
elle a été un cran plus loin en ne se
contentant pas d’instaurer des instancesdedialogueoudemutualiser
les ressources. Les innovateurs se
sont attelés dès le départ à la définition d’un projet médical commun.
« Il nous fallait préserver et consolider la chirurgie publique du territoire, face au privé, qui était très prégnant », explique Jean-Roger
Pautonnier, le directeur de l’hôpital
de Quimper-Concarneau, l’« établissement support » de cette union
– qui devient ce vendredi un GHT.
Cela passe par la création de 5 groupements de coopération sanitaire
(GCS) dotés de la personnalité
morale, dans lesquels l’hôpital support a transféré la moitié de son
budget.
Ainsi, Quimper-Concarneau a
investi dans un important plateau
technique pour la chirurgie, reprenant des compétences qui étaient
éparpillées ailleurs. Il s’est équipé
d ’u n e d e u x i è m e I R M e t d u
deuxième tomographe de France
pour la radiothérapie. Les blocs
opératoires sont sur place, ainsi que
la biologie, l’imagerie, la pharmacie
à usage interne, la stérilisation.
Mais le pré et postopératoire se
déroulent dans les établissements
« Il nous fallait
consolider la
chirurgie publique
du territoire, face au
privé, qui était très
prégnant. »
JEAN-ROGER PAUTONNIER
Directeur de l’hôpital de
Quimper-Concarneau
de proximité. Cette chirurgie centrale permet d’atteindre la taille critique, gage de sécurité et de viabilité
financière. « Nous avons dû assurer
la reprise de l’obstétrique des cliniques privées, ainsi que des personnels
en charge de cette activité, ce qui porte
notre activité à près de 3.000 naissances par an », souligne Jean-Roger Pautonnier.
L’Etablissement public de santé
mentale Etienne Gourmelen a
déplacé son service d’urgence à
Quimper, qui lui verse en échange
250.000 euros par an pour ce surcroît d’activité. L’hôtel-Dieu de
Pont-l’Abbé, qui était en quasifaillite en 2009, s’est redressé en
transférant son pôle d’excellence en
chirurgie-anesthésie dans l’hôpital
support, avec une contrepartie
financière de 1,7 million d’euros jus-
qu’en 2017. Le petit établissement à
butnonlucratifaainsipuêtresauvé
et réinvestir dans les soins ambulatoires. Quant à Quimper-Concarneau, il a cédé plusieurs activités à
ses partenaires, en particulier les
soins de suite et de réadaptation
(neurologie, soins locomoteurs,
personnes âgées) et l’hospitalisation à domicile.
La coopération fonctionne, car
elle permet de redresser les comptes sans heurts sociaux : le principe
du maintien de l’emploi sur le bassin de vie est inscrit dans la charte
des valeurs des GCS, en bonne place
à côté du service public et de l’aménagement du territoire. Enfin,
l’Union Hospitalière de Cornouaille
s’est rapprochée du centre hospitalier régional universitaire de Brest,
afin d’accéder à la recherche et aux
molécules innovantes : « Nous
avons maintenant 90 internes, contre une soixantaine auparavant », se
félicite Jean-Roger Pautonnier, fier
d’avoir développé l’enseignement
sur place.
Le prochain défi consistera à
franchir un pas de plus dans la convergence des systèmes d’information, d’ores et déjà interopérables,
afin de les ouvrir sur l’extérieur.
« Nousvoudrionstraiterlesmaladies
chroniques, faire de la prévention et
de l’éducation du patient, notamment via des outils de communication, souligne le directeur d’établissement. Nous voulons aller plus loin
que le GHT et créer des groupements
de santé associant autant que possible la médecine de ville et en
s’appuyant sur le CHU à Brest. »
— S. G.
Les pistes d’économies de l’Assurance-maladie pour2017
SANTÉ
Les propositions de la
CNAM permettraient
de réduire la dépense
de 1,4 milliard d’euros
l’année prochaine.
Leplantriennald’économiessurles
dépenses d’assurance-maladie
(2015-2017) devrait se traduire
l’année prochaine par un effort de
plus de 3 milliards d’euros, comme
en 2016. Pour apporter sa contribution, la Caisse nationale d’assurance-maladie expose sa méthode,
dans son « rapport annuel charges
et produit », examiné jeudi par son
conseil.Elle fait des propositions
qui permettrait de réduire la
dépense de 1,4 milliard d’euros. Le
gouvernement et les autorités
régionales de santé devront faire le
reste du chemin, notamment en
négociant des prix plus bas sur les
médicaments ou en restructurant
l’hôpital.
Cette année, la CNAM a tenté de
faire de la pédagogie, en « détourant » le montant total des économies envisagées pour 2017. Auparavant, à court terme, elle ne chiffrait
que la « maîtrise médicalisée »,
autrement dit la réduction des volumes de soins prescrits. L’objectif de
700 millions d’euros de maîtrise
médicalisée en 2015 et en 2016 est
reconduit pour 2017 : 430 millions
d’euros devront être trouvés sur les
produits de santé, 100 millions sur
15millionsdepatients
ontdroitautierspayant
lesindemnitésjournalièresenplein
boom depuis 2014, 75 millions sur
les transports médicaux, eux aussi
très dynamiques…
Des économies qui passent par
des incitations à la « pertinence » et
au « bon usage » des soins, par
exemple en poussant les médecins
à ne pas prescrire systématiquement les médicaments les plus
récents et coûteux pour le traitement du diabète (gliptines ou agonistes du GLP1).
La dispense d'avance de
frais est étendue à partir de
ce vendredi aux malades en
affection de longue durée et
aux femmes enceintes.
Politique gouvernementale
du « virage ambulatoire »
Outrecesefforts,l’Assurance-maladie compte parvenir à 200 millions
d’euros d’économies en promouvant les génériques, et 30 millions
avec les biosimilaires, et ce hors
baisse du prix de ces traitements.
Elle continuera également à appliquer la politique gouvernementale
du « virage ambulatoire » : moins de
nuitées à l’hôpital, plus de suivi en
ville, pour économiser 390 millions
en 2017. Enfin, l’Assurance-maladie
propose 100 millions d’euros de
réductions de coûts sur la gestion
de la liste en sus, ce répertoire des
médicaments innovants accessibles aux hôpitaux. Ce qui permettrait d’atteindre le 1,4 milliard promis.
Toutefois, comme les années
précédentes, le régulateur des soins
de ville propose par ailleurs des
améliorations de plus long terme,
difficiles à quantifier. « L’objectif de
ces actions n’est pas de “faire des économies” : il est de soigner mieux, à un
coût supportable par la collectivité »,
explique la CNAM. Elle souhaite
notamment mettre en place une
expérimentation de paiement au
forfait pour les établissements
volontaires qui souhaitent développer la « réhabilitation améliorée
après chirurgie » (RAAC). Il s’agit de
protocoles de soins qui permettent
de réduire la durée des séjours hospitaliers.
L’expérience concernerait uniquementlachirurgiedugenouetde
la hanche au début. Les établisse-
ments seraient obligés de contractualiser avec d’autres professionnels de santé, hors hôpital, et
pourraient offrir une forme de
garantie sur les complications
médicales. Grande nouveauté, le
forfait pourrait être modulé en
fonction de critères de performance : taux de ré-hospitalisation
ou d’infections, lutte contre la douleur, satisfaction des patients… La
proposition devrait figurer à
l’automne dans le projet de budget
de la Sécurité sociale. — S. G.
Depuis ce vendredi, une dizaine de
millions de patients supplémentaires n’ont plus rien à débourser lorsqu’ils se rendent chez leur médecin.
La généralisation du tiers payant,
votéeàl’automnedanslecadredela
loi santé – et très critiquée par les
professionnels – vient de franchir
une nouvelle étape. Les patients
atteints d’affections de longue
durée (cancer, diabète, maladie
neurodégénérative...) peuvent à
présent bénéficier de la dispense
d’avance de frais, ainsi que les femmes enceintes.
Sachant qu’un diabétique avance
1.100 euros par an pour se soigner
en ville et une femme enceinte
640euros,celadevraitallégerlefardeau de certains. « Je suis convaincue que nous assisterons progressivement à une augmentation des prises
en charge en tiers payant », a expliqué la ministre de la Santé, Marisol
Touraine, annonçant l’ouverture
d’une plate-forme téléphonique
d’accompagnement des professionnels dès le 4 juillet. Cette nouvelleétapeneconcernepaslescomplémentaires santé, puisque ces
soinssontprisenchargeà100 %par
l’assurance-maladie obligatoire.
Au total, le nombre de bénéficiaires potentiels du tiers payant s’élève
donc à 15 millions. A l’origine, seuls
les assurés les plus pauvres dotés de
la couverture maladie universelle
pouvaient exiger le tiers payant de
leur médecin. Il y a un an, les bénéficiairesdel’aideàlacomplémentaire
santé, eux aussi très modestes, ont
été inclus dans le dispositif. Il a fallu
pour cela voter la suppression de la
franchise de 1 euro par consultation
pourcepublicspécifique :unvéritable casse-tête dans le cadre du tiers
payant. Depuis septembre 2015, la
proportion d’actes en tiers payant
est passée de 50 % à 72 % chez les
médecins généralistes, et de 30 % à
50 % chez les dentistes.
Avec les affections de longue
durée, les franchises ne disparaissent pas. Jusqu'à présent, pour les
récupérer de façon fluide, la Sécuritésocialeminoraitlesremboursements ultérieurs sur des consultations sans tiers payant. Comme cela
n’est désormais plus possible, elle
va facturer directement les
patients. Ils pourront soit régler
leur dû via Internet, soit lui donner
une autorisation de prélèvement.
S’ils ne règlent pas leur ardoise, ils
perdront leur droit au tiers payant.
— S. G.
FRANCE // 05
Les Echos Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
MalgréleBrexit, l’exécutif se
veut confiant sur lareprise
CONJONCTURE
Le président de la
République vise une
croissance de 1,7 %
l’an prochain.
Un tel rythme
ne sera atteint que
si les conséquences
du Brexit restent
contenues.
Guillaume de Calignon
@gcalignon
Moinsd’unesemaineaprèsleBrexit,
FrançoisHollandeaaffichésonoptimismedansl’interviewqu’ilaaccordée aux « Echos ». « Notre croissance
sera supérieure à 1,6 % cette année »,
a-t-il assuré. Pour ensuite laisser
espérer une progression du PIB de
1,7 % en 2017. Or, jusqu’à présent, le
gouvernementtablaitofficiellement
sur une croissance de 1,5 % cette
annéeetl’anprochain.Certes,l’Insee
s’attend,depuislami-juin,àcequela
croissance atteigne 1,6 % en 2016.
Mais depuis, les Britanniques ont
décidé de quitter l’Union européenne et le résultat du référendum
risque fort d’entraîner un ralentissement économique outre-Manche,
qui devrait se propager, en partie
seulement, à la zone euro, avec
laquelle le Royaume-Uni commerce
beaucoup.
« Il était difficile d’imaginer que la
reprise accélérerait en 2017 et cela l’est
encore plus aujourd’hui après le
Brexit », estime Denis Ferrand,
directeur général de Coe-Rexecode.
« Avant le référendum britannique,
l’activité manquait d’accélérateurs,
l’essentiel de la dépréciation de l’euro
étant passée, et l’on n’attend plus de
nouvelle baisse du prix du pétrole »,
ajoute l’économiste : « On peut penserqueleBrexitauraunimpactsurla
reprise, notamment parce que des
décisions d’investissement s’en trouveront gelées ». D’autant que la consommation des ménages a reculé de
0,7 % en mai en France, par contrecoup d’un bon premier trimestre et
suite aux grèves contre la loi travail,
etquelemoraldesménagesalégèrement flanché en juin. Exane BNPParibas et le Crédit Agricole tablent
ainsi sur une croissance de 1,5 %
cette année et 1,4 % l’an prochain.
Le pire n’est jamais sûr
L’exécutifnedevraitpaschangerformellement ses objectifs de croissancelorsdudébatd’orientationdes
finances publiques, la semaine prochaine, même si les espoirs affichés
par François Hollande de faire
mieux seront intégrés. Les faire évoluer à la rentrée lors de la présentation du projet de loi de finances 2017
fait partie du champ des possibles
mais fait encore débat à Bercy. En
effet, là encore, tout va dépendre de
l’ampleur et de la vitesse à laquelle le
ralentissement de l’économie britannique va toucher l’Europe continentale. Les conjoncturistes disposeront alors des premières
indications. Mais quoi qu’il en soit,
les prévisions de Bercy resteront
sous surveillance. Le Haut Conseil
des finances publiques et la Commission européenne donneront
leur avis cet automne sur les prévisions macroéconomiques du gouvernement. En cas de dégradation
del’activité,ilseraalorsdifficilepour
l’exécutifdejustifierunerévisionàla
hausse des anticipations.
Toutefois, le pire n’est jamais sûr.
Apriori,leBrexitnedevraitpasavoir
d’impact sur la consommation des
Français,quireste,malgrélecoupde
mou du mois de mai, le principal
moteur de l’économie. Seules les
exportations et les investissements
devraient être affectés. « Le Brexit
sera probablement négatif pour l’économie française mais à dix-huit mois,
pense Eric Heyer, économiste à
l’OFCE. Cette année, un taux de croissance de 1,6 % paraît encore tout à fait
à portée. Et, si le gouvernement conti-
nueen2017àmenerunepolitiqueéconomique en faveur des entreprises
sans trop d’austérité, si le chômage
continue à baisser et si les conséquences du Brexit sur la zone euro restent
contenues, alors une croissance de
1,7 % n’est pas inconcevable l’an prochain. » n
Ecologisteset droite
accusentla mairiede
vouloirbétonner Paris
La modification
du plan local d’urbanisme au Conseil
de Paris sécurise
le futur logement
social.
Les écologistes
veulent préserver
les espaces verts.
Mathieu Quiret
[email protected]
Des bouts de stades sportifs
transformés en HLM, la surélévationdesimmeubles,l’artificialisation des bois et espaces verts.
La chasse au foncier disponible
lancée par la mairie dans le nouveau plan local d’urbanisme
(PLU) qui sera adoptée la
semaine prochaine en Conseil
de Paris horripile le groupe écologiste mais aussi le groupe LR.
« Nous négocions pied à pied plusieurs points durs avec l’Hôtel-deVilled’iciàlundi »,expliquel’écologiste Galla Bridier, élue du
18e arrondissement. Elle rappelle que la ville concentre déjà
25.000 habitants par km2, l’une
des plus fortes densités au
monde.
Les écologistes se sont particulièrement battus contre la
volontédelamairiedegraverun
objectif chiffré de construction
de logements sur chaque parcelle, en particulier sur les deux
grosses zones d’aménagement
de Paris-Nord-Est (18e arrondissement) et Bercy-Charenton
(12e). « Nous souhaitons conserver la possibilité d’implanter des
équipements municipaux ou des
espaces verts », indique Galla Bridier. Aux constructions neuves,
lesécologistespréfèrent latransformation de bureaux en habitats.« Ilya1milliondemètrescarrés de bureaux vides à Paris »,
plaide-t-elle.
Autre casus belli sur lequel la
mairie est revenue, la valorisation du foncier sportif. L’élue
dénonce la volonté de l'exécutif
de rendre constructible des petites emprises sur les stades sportifs municipaux. Les Verts se
sontparticulièrementmobilisés
contre un projet de 60 logementssurlestadeChampionnet
(18e). « Nous nous opposons à
l’idée de la mairie de relocaliser
certains terrains de sport sur des
toitures d’immeubles, cela risque
d’altérer leur fonction sociale »,
prévient Galla Bridier. Dans la
même veine, elle se bat contre
l’arasement prévu du petit bois
Dormoy,portedelaChapelle.Le
groupe des Verts a cru aussi lire
dans le PLU des tentatives de la
mairie d’aménager les bois de
Boulogne et de Vincennes.
Du côté de la mairie, on juge
que les écologistes « sont dans
leur rôle ». Les négociations ont
permis d’aboutir à plusieurs
accords. Le PLU imposera par
exemple la végétalisation des
toituresdeplusde100m2 desurface alors que le projet initial
prévoyait un plancher double.
Les Verts ont réussi à obtenir
l’obligation pour tout bâtiment
neuf de respecter les normes de
consommation d’énergie de la
RT 2012 moins 20 %, soit
48 kwh/m2 par an. « Nous nous
sommes inspirés de Grenoble qui
impose déjà cette performance »,
indique Galla Bridier.
A l’autre bout du spectre politique municipal, le groupe LR
est sur la même longueur
d’onde. Pour la présidente,
Nathalie Kosciusko-Morizet,
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URBANISME
Les écologistes se
sont battus contre
la volonté de graver
un objectif chiffré
de construction de
logements sur
chaque parcelle.
ancienne ministre de l’Environnement, « le PLU s’affiche très
vert, mais c’est faux, on est dans
une logique de densification, on
crée de nombreux emplacements
à bétonner. On aurait au contraire dû protéger de très nombreuses parcelles contre la construction. »
L’adjoint à l’urbanisme, JeanLouisMissika,revendiqueluiun
PLUplusvertquejamais,offrant
10 % de surface végétalisée ou
d’agriculture urbaine en plus.
« Tous les retours de la population que nous avons dans les budgets participatifs montrent une
demande massive de verdissement de la ville. » Un long weekend de négociation l’attend
encore, lui et ses adjoints, soupire-t-il. n
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06 //
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
MONDE
en
chiffres
L’INFLATION TOUJOURS
QUASI NULLE EN ZONE EURO
4
NET RECUL
DE LA PRODUCTION
INDUSTRIELLE DU JAPON
Les prix à la consommation
dans la zone euro sont
repartis à la hausse en juin
sur un an (+0,1 %), après une
baisse de 0,1 % en mai, selon
une première estimation
publiée jeudi par l’office
européen de statistiques
Eurostat. Ce chiffre est
supérieur aux attentes
des analystes, qui tablaient
sur une inflation nulle.
La production industrielle du
Japon s’est contractée en mai à
son rythme le plus rapide en
trois mois en raison de la baisse
de ses exportations, pour
tomber à son plus bas niveau
depuis juin 2013, a annoncé
jeudi le ministère de
l’Economie. Cette diminution
de 2,3 % est plus forte que ce à
quoi s’attendaient les analystes.
ZÉROS RETIRÉS
À LA MONNAIE
DE LA BIÉLORUSSIE
La Biélorussie a décidé
d’enlever quatre zéros
à sa monnaie, le rouble
biélorusse, a annoncé jeudi
la banque centrale de ce pays
en proie à une grave crise
économique.
BREXIT
3
Succession deDavid Cameron :
lerenoncement surprisede BorisJohnson
l L’ex-maire de Londres a renoncé à se présenter après la candidature surprise du ministre de la Justice, Michael Gove.
l La ministre de l’Intérieur, Theresa May, restée discrète pendant la campagne du référendum, se lance elle aussi.
Vincent Collen
@VincentCollen
— Correspondant à Londres
De coup de couteau en coup de
théâtre, la course à la succession de
David Cameron a pris un tour shakespearien jeudi. Moins d’une
semaine après la démission du Premier ministre, le paysage politique
britannique, chamboulé par la victoire du Brexit, se recompose d’une
façon totalement imprévue. Boris
Johnson, l’ancien maire de Londres qui a mené la campagne pour
la sortie de l’Union, était considéré
comme l’un des plus crédibles pour
le poste de leader du Parti conservateur, qui deviendra automatiquement Premier ministre. A la
surprise générale, le flamboyant
député à la tignasse blonde a finalement jeté l’éponge.
« Après avoir consulté mes collègues et considérant les circonstances
au Parlement, j’en ai conclu que cette
personne ne pouvait pas être moi »,
a-t-il expliqué dans une brève intervention, avant de se retirer sans
répondre aux questions des journalistes. Boris Johnson a-t-il jugé
qu’il n’était pas le mieux placé pour
l’emporter ? Il avait en tout cas jeté
le trouble dans son camp en exposant, ces derniers jours, une vision
de plus en plus floue de la façon
dont il envisageait le Brexit. « Il n’a
probablement pas autant de capital
politique qu’il le croyait », avance
Victoria Honeyman, de l’université
de Leeds.
« Après avoir
consulté mes
collègues et
considérant les
circonstances au
Parlement, j’en ai
conclu que cette
personne ne pouvait
pas être moi. »
BORIS JOHNSON
Ex-maire de Londres
Profil bas
Nul doute que la décision de
Michael Gove, annoncée quelques
heures plus tôt, est pour beaucoup
dans ce renoncement. Le ministre
delaJusticeadécidédeprésentersa
candidature, alors qu’il avait juré
qu’il ne briguerait pas le poste de
TheresaMay, rigoureuse
maissanscharisme
T
heresa May mise sur sa réputation de rigueur et de compétence pour l’emporter. Dans
sa déclaration de candidature, jeudi, la
ministre de l’Intérieur a mis en valeur son profil
traditionnel, vêtue d’un tailleur-pantalon sombre.
Cette image, à même de rassurer une partie des
électeurs conservateurs, la distingue singulièrement de Boris Johnson, qu’elle a indirectement
attaqué en raillant les hommes politiques « tapageurs ». Parfois cassante, peu friande de plaisanteries – ce qui est rare dans la classe politique outreManche –, elle a rappelé qu’elle était fille de pasteur
et petite-fille de militaire. Son bilan au ministère de
l’Intérieur, qu’elle occupe depuis 2010, est respecté,
en particulier parce que la délinquance a reculé.
Elle s’est montrée ferme vis-à-vis de Washington et
de Bruxelles sur des dossiers d’extradition de prisonniers. « Elle se présente comme quelqu’un qui s’est
battu pour défendre les intérêts de la Grande-Bretagne
à l’étranger, un point fort face à Michael Gove »,
décrypte Victoria Honeyman, de l’université de
Leeds. Sa principale faiblesse, c’est le dossier de
l’immigration, qui relève de son ministère et qui a
dominé le débat pendant la campagne du référendum. Le gouvernement n’est pas parvenu à réduire
les flux migratoires vers le Royaume-Uni, comme il
s’y était engagé. Ses opposants doutent de sa capacité à mobiliser les foules. « Elle a le charisme d’un
actuaire en assurance-vie », persifle Patrick Dunleavy, politologue à la London School of Economics.
Comme Michael Gove et Boris Johnson, Theresa
May, cinquante-neuf ans, est députée de l’ouest aisé
de l’agglomération
londonienne. — V.C.
Leon Neal/AFP
Frantzesco Kangaris/AFP
Deuxdescinqprétendants
Michael Gove,l’étoile
montante qui atrahi
l
l est l’étoile montante du Parti conservateur
mais peut-il décrocher le poste de Premier
ministre ? Michael Gove, ministre de la Justice,
était largement inconnu du grand public jusqu’au
début de l’année. La campagne en faveur du Brexit,
dont il était l’un des chefs de file, l’a mis sous le feu
des projecteurs. Posé et affable, il est apparu à l’aise
au cours des débats télévisés et surtout comme
un eurosceptique convaincu, contrairement à son
acolyte Boris Johnson, auquel beaucoup reprochent sa versatilité. Michael Gove était un proche
de David Cameron – il était le parrain du fils aîné
du Premier ministre, décédé à l’âge de six ans – et
leurs épouses étaient elles aussi amies. Le ministre
de la Justice assure qu’il a longuement hésité à se
prononcer en faveur du Brexit, de peur de mettre
en péril cette amitié. Si l’on en croit les médias
britanniques, celle-ci a volé en éclats dès les premiers jours de la campagne, David Cameron et sa
femme Samantha ayant vécu cet épisode comme
une trahison. Populaire parmi les militants conservateurs, Michael Gove « aura probablement du
mal à s’adresser à un électorat plus large », estime
Victoria Honeyman, de l’université de Leeds.
Lorsqu’il était ministre de l’Education, ses réformes controversées ont suscité une violente opposition des syndicats d’enseignants et du Labour. A
quarante-huit ans, Michael Gove a décidé de saisir
sa chance, brûlant la politesse à Boris Johnson,
qu’il avait auparavant l’intention de soutenir. Cette
image de traître – Boris Johnson a cité un passage
du « Jules César » de Shakespeare jeudi – pourrait
lui nuire pour remporter le leadership du Parti.
— V. C.
P r e m ie r m i n i s t r e ! L e s d e u x
hommes étaient les meneurs de la
campagne en faveur du Brexit. « A
contrecœur, je suis arrivé à la
conclusion que Boris ne pouvait pas
faire preuve du leadership ni bâtir
une équipe pour la tâche qui se présente à nous », a dit Michael Gove
dans un communiqué.
La ministre de l’Intérieur, Theresa May, a elle aussi confirmé sa
candidature. Plutôt eurosceptique,
elle était finalement restée fidèle à
David Cameron et avait fait campagne pour le maintien dans l’Union.
Mais elle a fait profil bas, conservant son capital de sympathie dans
un parti majoritairement hostile à
l’Europe.Elleapromisjeudidemettre en œuvre le Brexit une fois au
pouvoir. « Le pays a parlé, la GrandeBretagne quittera l’UE », a-t-elle dit
et il n’y aura « pas de second référendum ». Theresa May s’est engagée à
négocier avec Bruxelles en respectantlavolontédesBritanniques,qui
demandent une restriction de
l’immigration, selon elle.
Theresa May et Michael Gove
sont les favoris, mais ils ne sont pas
les seuls. Trois autres députés ont
confirmé leur candidature, dont
Stephen Crabb, ministre du Travail,
qui faisait campagne pour le maintien dans l’UE. Les autres étaient
partisans du Brexit : Andrea Leadsom, secrétaire d’Etat à l’Energie, et
Liam Fox, ancien ministre de la
Défense. Ces trois candidats ont a
priori moins de chances que Gove
et May, mais l’histoire du Parti conservateur montre que les outsiders
peuvent surprendre. « Margaret
Thatcher, John Major, David Cameron : aucun des trois derniers Premier ministres tories ne partaient
favoris », rappelait récemment
l’ancien ministre Kenneth Clarke,
vétéran du parti.
Choisir leur leader
Les 331 députés conservateurs vont
maintenant sélectionner deux
candidats parmi les cinq qui se
présentent. Ce sera ensuite aux
125.000 adhérents du parti de les
départager, début septembre, choisissant leur leader, qui deviendra
automatiquement Premier ministre. Le futur chef du gouvernement
voudra-t-il convoquer des législatives anticipées pour asseoir son
autorité ? Michael Gove ne s’est pas
encore exprimé sur ce sujet, mais
Theresa May l’a exclu catégoriquement : la Chambre des communes
resterainchangéejusqu’àlafindela
législatureen2020,a-t-elle ditjeudi.
Les candidats devront annoncer la façon dont ils entendent
négocier le Brexit, mais aussi présenter un programme de gouvernement plus large. Theresa May
s’est engagée à « faire de la Grande-Bretagne un pays qui marche
pour tout le monde », s’adressant
aux classes populaires, qui ont
massivement voté en faveur du
Brexit. Michael Gove présentera
son programme « au cours des
prochains jours », promettant
« unité et changement ». n
A la surprise générale, Boris Johnson a finalement jeté l’éponge.
Photo Léon Neal/AFP
Angela Eagle devrait briguer
la tête du Parti travailliste
Pendant que les conservateurs déposaient, jeudi,
les dossiers des candidats pour succéder à David
Cameron, le Labour, qui traverse une crise profonde
avec le maintien obstiné de Jeremy Corbyn à sa tête,
tentait lui aussi de se remettre en ordre de marche.
Sauf revirement de dernière minute, la députée travailliste Angela Eagle doit annoncer dans les prochains jours sa
candidature à la tête du parti. Cette femme fait partie d’un
groupe d’une vingtaine de membres de l’équipe de direction du Parti travailliste qui ont démissionné ces derniers
jours, reprochant précisément au leader de ne pas avoir
fait suffisamment campagne en faveur du « maintien »
du Royaume-Uni dans l’Union européenne avant
le référendum du 23 juin. Angela Eagle était, dans cette
équipe, chargée des entreprises et de l’innovation.
La semaine a été particulièrement rude pour les
travaillistes. Mardi, ils ont voté une motion de défiance
contre Jeremy Corbyn. Le lendemain, dans un communiqué conjoint, les dirigeants des dix grands syndicats ont
déclaré que la crise au sein du Parti travailliste était « profondément regrettable et inutile » tout en estimant que le
poste de Jeremy Corbyn ne devait pas être contesté, sinon
par des procédures démocratiques conformes aux statuts
du parti. — M. G. (à Londres)
MONDE // 07
Les Echos Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
3 BREXIT
LaBanque
d’Angleterre
vabaisser les
tauxd'intérêt
Le gouverneur envisage
une baisse cet été pour
faire face à des perspectives « détériorées »
après le résultat
du référendum.
La période d’incertitude économique ouverte par le référendum sur l’Europe oblige la Banque d’Angleterre à réagir plus
vite que prévu. Le gouverneur,
Mark Carney, a pris la parole
jeudi pour donner une direction aux marchés financiers et
surtout aux acteurs économiques, déboussolés depuis le
vote en faveur du Brexit vendredi dernier. « Les perspectives
économiques se sont détériorées,
et un certain assouplissement
monétairedevraitêtrenécessaire
cet été », a-t-il dit, sans préjuger
des décisions du comité de politique monétaire de la Banque
qui se réunira en juillet et en
août. Autrement dit, la banque
centrale va très probablement
La livre a chuté
après le discours
de Mark Carney.
baisser ses taux directeurs, qui
sont déjà, à 0,50 %, au niveau le
plusbasdeleurhistoire,oubien
acheter de la dette sur le marché. Samuel Tombs, chez Pantheon Macroecomics, prévoit
des taux réduits à 0,25 % en
août. Cet économiste estime
quelaBanquenelesréduirapas
immédiatement à zéro parce
qu’elle devra tenir, compte tenu
de perspectives d’inflation
revues à la hausse, la chute de la
livre sterling provoquée par le
référendum renchérissant le
coût des importations. « Beaucoup dépendra » de l’évolution
des conditions de marché au
cours des prochaines semaines, estime-t-il.
Des effets négatifs
La perspective d’une baisse des
taux a fait chuter la livre à son
niveau le plus bas face à l’euro
depuis mars 2014, jeudi aprèsmidi, peu après le discours de
Mark Carney. Le tableau de
l’économie britannique dépeint
par ce dernier est inquiétant,
même s’il n’est pas encore très
clair, faute d’indicateurs fiables
quelques jours seulement après
le choc du référendum. L’incertitude devrait régner « pour
quelque temps » et l’impact sur
l’activité économique serait
« plus durable » que ce que la
Banque avait anticipé sans les
scénarios élaborés avant le référendum. Les ménages pourraient se serrer la ceinture,
pesant sur la consommation, et
les entreprises freiner leurs
investissements, provoquant
une hausse du chômage. Mark
Carney juge aussi que la perspective du Brexit aura des effets
négatifssurles« principauxpartenaires commerciaux de la
Grande-Bretagne », générant un
impact en retour sur le commerce extérieur britannique.
Le gouverneur s’est en revanche voulu rassurant sur la solidité du système bancaire du
Royaume-Uni. Recapitalisées
après la crise financière, les
grandes banques ont passé
sans encombre les tests de
résistance l’an dernier, a-t-il
rappelé. La Banque d’Angleterre va néanmoins prolonger
jusqu’en septembre, par précaution, ses opérations spécialesdeprêtsdeliquiditésauxétablissements financiers pour
éviter une crise du crédit.
— V. C.
Le Brexit plonge les Français du Royaume-Uni dans l’incertitude
La sortie du Royaume-Uni
de l’Union européenne
inquiète et attriste les
Français qui y vivent.
Beaucoup songent à
prendre un passeport
britannique... ou irlandais.
Michel De Grandi
[email protected]
— Envoyé spécial à Londres
De la colère et des inquiétudes.
Moins d’une semaine après le résultat du vote en faveur du Brexit, les
300.000 Français vivant au Royaume-Uni, expatriés ou locaux, se
disent encore sous le choc du résultat du référendum. « Comment
a-t-on pu établir des liens depuis si
longtemps et faire en sorte que tout à
coup, tout s’écroule », s’interroge une
Françaiseinstallée àLondresdepuis
près de dix ans et qui peine encore à
prendre conscience de la réalité.
Le plus difficile, explique-t-elle,
c’est de se sentir ainsi « projeté dans
une grande insécurité ». Cette émotion se double de colère contre les
dirigeants politiques. Tout en déplorant l’absence totale, aujourd’hui, de
leadershippolitique,chacunreporte
ses interrogations sur le futur
Premier ministre. Osera-t-il actionner l’article 50 et engager la séparation ouvrant ainsi une période de
transitiondedeuxans?Faceàceflou
général, personne ne peut pour
l’instant apporter de réponse concrète y compris pour les problèmes
au quotidien (lire ci-dessous).
Beaucoup rêvent d’un
deuxième référendum
et voudraient que tout
redevienne comme
avant le 23 juin.
« Je mets la tête dans le sable et
j’attends », peut-on entendre. « Ma
vie est à Londres. Mais il y a le jour
d’après », explique Christophe Bellynck, directeur dans le secteur de la
gestion des déchets urbains et vingt
ans de Royaume-Uni derrière lui. Il
ressent une double cassure. D’un
point de vue professionnel, tout est
mis entre parenthèses depuis le
résultat du vote : « Les contrats sont
signés, mais on retient les crayons; on
attend », dit-il. Les banques ne veulent plus, pour l’instant, s’engager
dans le financement de projets
d’infrastructures.
Les 300.000 Français vivant au Royaume-Uni, expatriés ou locaux, se disent encore sous le choc du résultat du référendum.
Photo Odd Andersen/AFP
Le plus surprenant est pourtant
ailleurs. Il se situe à l’échelle du
pays. « Le Nord et le Sud sont profondément divisés », poursuit l’homme
d’affaires. Le référendum a créé un
climat inattendu en déchaînant les
passions. Des familles sont à couteaux tirés parce que les plus âgés
ont voté « Leave » pendant que les
plus jeunes ont affiché leur souhait
de rester dans l’Union européenne.
« Il y a actuellement un climat assez
délétère avec des plaisanteries aux
limites de la xénophobie », relève cet
homme d’affaires.
Magali Mcintyre, qui vit à Londres depuis treize ans, fait le
même constat. La campagne
pour ou contre le Brexit a libéré la
parole de certains Anglais.
« A Londres, depuis peu, on ne se
sent plus aussi bienvenu qu’aupara va n t » , c o n s t a t e - t- e l l e .
La communauté polonaise le ressent plus durement encore. Son
centre culturel a été vandalisé
juste après le référendum, tandis
que les ressortissants se posent la
question de savoir s’ils plient
bagage ou pas. « Qui va construire
les immeubles si nous partons ? »,
interroge l’un d’eux. Hongrois et
Polonais ont même manifesté
dans les grandes villes p our
dénoncer notamment la xénophobie dont ils faisaient l’objet.
Un manque de préparation
Le manque de préparation qui
entoure ce « post-Brexit » est à lui
seul générateur de tensions et
d’incertitudes. Face à la peur du lendemain, beaucoup parmi les Français interrogés se demandent s’il
faut ou non prendre un passeport
britannique. La question est clairement sur la table.
« Si j’opte pour cette option, c’est
principalement pour ne pas avoir à
demander de visa quand je me
déplace », explique Julie Drackley,
établie de longue date dans la capitale. « Avec un passeport britannique,
j’aurai les mêmes capacités que mes
clients à me déplacer et aussi, à titre
privé, je bénéficierai de l’assistance
médicale de la NHS », explique cette
Française qui met en contact des
start-upavecdes investisseurs. Ellea
entrepris les démarches depuis plusieurs mois déjà, dès qu’elle a senti le
vent tourner. Pour les mêmes raisons, son mari qui est britannique a
déposéunedemandepourunpasseportirlandais.L’intérêt decesésame
est « sa dimension européenne ».
Entre la résidence permanente
qui peut être obtenue après cinq
ans passés sur place, la nationalité
et une forme de précarité pour
ceux qui ne sont là que depuis peu
de temps, beaucoup ont du mal à
s’y retrouver. Et, hormis un message sur le site de l’ambassade
recommandant aux ressortissants
français de s’inscrire sur les listes
consulaires, beaucoup regrettent
de ne pas obtenir de réponse
auprès des services français.
Une aubaine dont se saisissent les
conseils. « Les questions qui nous
sont posées concernent la vie de tous
lesjours », expliqueWiliamHealing,
associé et spécialiste du droit français et anglais au cabinet d’avocats
Kingsley Napley. Le Brexit pose par
exemple des questions bien réelles
en termes de droit du travail. Les
entreprises vont-elles délocaliser
leurs effectifs vers d’autres capitales
européennes ? Qu’en sera-t-il alors
pour les employés locaux ? » A long
terme, les nuages vont se dissiper. Les
raisons fondamentales de choisir
Londres pour y vivre ne changeront
pas », explique l’avocat. Pour tenter
deleverles interrogations,le cabinet
organise ce samedi, en présence
d’Olivier Cadic, le sénateur repré-
sentant les Français établis hors de
France,uneréuniond’informationà
Londres. L’avant-veille, le même
exercice s’est déroulé à Edinburgh.
« Beaucoup de personnes souhaitent
assisteràlaréunion »,sefélicitel’avocat, qui reste persuadé que, si changement de réglementation il doit y
avoir, les règles régissant la transition ne seront pas dures.
Personne n’est en
mesure d’apporter
des réponses aux
questions concrètes
qui se posent.
Mais, entre craintes réelles et
angoisses amplifiées par cette séparation à venir, il est certaines fois difficile de faire la part des choses. Pour
les experts, tout va dépendre de la
façon dont l’Union européenne va,
ou non, pousser le Royaume-Uni
dehors. En attendant d’y voir plus
clair, beaucoup dans la communauté française espèrent une
deuxième chance, un autre référendum.Etquetoutredeviennecomme
avant le 23 juin. n
Changements derègles sociales :legrandflou
Les 300.000 Français vivant
au Royaume-Uni vont voir
leurs droits évoluer,
mais tout dépendra des
négociations post-Brexit.
Pour les 300.000 Français vivant au
Royaume-Uni et les 171.000 Britanniques en France, le vote du Brexit a
ouvert un océan d’interrogations
auxquelles il est difficile aujourd’hui
de répondre, le processus de séparation n’étant pas enclenché. Beaucoup se demandent s’ils pourront
encore travailler librement ou
encore bénéficier d’une sécurité
sociale. En l’état actuel des choses,
les règles communautaires seront
maintenues jusqu’à la signature de
nouveaux accords bilatéraux ou la
réactivation de l’ancienne convention franco-britannique de 1956 ou
encore l’adhésion du Royaume-Uni
à l’Espace économique européen
(EEE) – comme l’Islande, le Liechtenstein et la Norvège –, une hypothèse qui garantirait le statu quo.
D’une manière générale, les discussions à venir prendront des années
et personne ne peut dire si les nouveaux accords maintiendront le
même niveau de protection sociale.
1 RÉSIDENCE
ET CIRCULATION
Tant que le Royaume-Uni n’a pas
quitté l’Union européenne, il reste
un Etat membre et, à ce titre, tout
citoyen européen a le droit
d’entrer, de vivre et de travailler sur
le territoire britannique dans le
respect de ces règles, rappelle le
cabinet Irwin Mitchell Private
Wealth. Au moment de la séparation, les règles communautaires
cesseront de s’appliquer et rien ne
permet de dire ce qui sortira des
futurs accords. Malgré cette incertitude, les résidents européens au
Royaume-Uni peuvent prendre
diverses dispositions pour garantir leur statut.
S’ils séjournent sur le territoire
depuis plus de cinq ans sans discontinuer, ils peuvent demander
une carte de résident permanent.
Selon le cabinet d’experts, il est peu
probable que ce statut soit remis
en cause ultérieurement.
S’ils séjournent depuis moins de
cinq ans, ils peuvent s’enregistrer
et obtenir un certificat montrant
qu’ils bénéficient de droits européens au Royaume-Uni. Un tel
document peut s’avérer utile plus
tard pour obtenir la carte de résident. Enfin, si le citoyen européen
est déjà titulaire d’une carte de résident, il peut demander la naturalisation, étape ultime, inaliénable.
2
TRAVAIL
Les contrats de travail ne devraient
pas être touchés car ils ont déjà été
Les chiffres clefs
3
FOIS PLUS
d’Européens au Royaume-Uni
que l’inverse.
3,3
MILLIONS
d’Européens
non britanniques
(Polonais, Irlandais,
Allemands, Roumains
et Italiens) vivent
au Royaume-Uni.
adaptés aux « conditions propres en
matière de droit du travail », selon
Déborah David, avocat, spécialiste
du droit du travail, citée par l’AFP.
En revanche, si l’Union européenne venait à adopter une position ferme en imposant aux ressortissants britanniques un visa et un
permis de travail, la réciproque
pourrait être décidée. Le Brexit
pourrait avoir des conséquences
sociales en cas de licenciement
économique.
3
CHÔMAGE
Les règles de l’Union européenne
permettent actuellement à tout
chômeur déménageant dans un
autre Etat européen de continuer à
percevoir ses allocations pendant
trois mois. Elles garantissent aussi
à un Français qui retravaille en
France juste après avoir été licencié
au Royaume-Uni de bénéficier des
mêmes droits que s’il avait cotisé en
France.
Sans accord ni adhésion du
Royaume-Uni à l’EEE, les règles
d’indemnisation qui s’appliqueront
àcettepersonneaprèssonretouren
France seront celles accordées aux
chômeurs ayant travaillé dans un
pays non européen, affiliés à titre
facultatif avec une condition à respecter : avoir travaillé au minimum
18 mois au cours des 24 derniers
mois. Les Français détachés par
leur employeur ne sont pas concernés, l’affiliation au régime français
du chômage étant obligatoire. Ils
sont et resteront couverts s’ils perdent leur emploi.
4
SANTÉ
Un expatrié de l’Union européenne
est assujetti au régime du pays où il
réside et où il cotise. Un travailleur
détachéfrançaiscontinuededépendre de la Sécurité sociale française.
Passé un séjour de 24 mois, il doit
fournir une autorisation particu-
lière, selon le Centre des liaisons
européennes et internationales de
sécurité sociale (CLEISS).
5
RETRAITE
Actuellement, un Français qui a
cotisé plusieurs années au Royaume-Uni bénéficie de tous ses trimestres, chaque régime lui versant
sa quote-part de pension. Avec le
Brexit, le maintien du principe de
totalisation des trimestres est remis
en question et dép endra des
accords à venir. Un expatrié français ayant travaillé au RoyaumeUni et dans un autre Etat pourrait
eneffetperdrelestrimestrescotisés
dans le 3 e pays si le cumul des
conventions bilatérales n’est pas
autorisé.Enrevanche,riennechangerait si Londres adhérait à l’EEE.
6
PRESTATIONS FAMILIALES
« Le pays prioritairement compétent
pour verser les prestations familiales
est celui dans lequel est exercée l’activité professionnelle », selon le
CLEISS. Cette garantie-là dépendra
des scénarios futurs. Le RoyaumeUni avait durci le ton, obtenant de
l’Union européenne la possibilité
deconditionnerleversementd’allocations familiales aux seuls
migrants européens disposant d’un
droit de séjour, réservé aux actifs.
Mais c’était avant le Brexit...
— M. G.
08 // MONDE
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
FMI : l’Allemagne, « championne »
pour prescrire,maispas pour réformer
l Le FMI critique le double langage de l’Allemagne, qui exige des réformes de ses voisins mais réforme désormais peu.
l Les dépenses sociales du pays auraient bondi de 4,5 % et franchi un nouveau record en 2015.
Temps detravail :leduel
franco-allemandbiaisé
EUROPE
Thibaut Madelin
@ThibautMadelin
— Correspondant à Berlin
Une étude de l’Insee et
de l’institut de statistiques
allemand analyse les zones
d’ombre des comparaisons
du temps de travail.
Quand le FMI publie un rapport sur
unpays,quiplusestsurl’Allemagne,
le ton est avant tout diplomatique.
Le FMI s’efforce de reconnaître le
travail accompli tout en formulant
des recommandations, certes claires mais de la façon la plus neutre
possible. Pas cette fois-ci. « L’Allemagne, championne des prescriptionsderéformesstructurellesausein
de l’Union européenne a aussi besoin
d’une bonne dose des remèdes »
qu’elle n’hésite pourtant pas à
recommander à ses voisins, ont jugé
mercredi soir les experts de l’institution internationale.
Travail des femmes
Malgré l’arrivée de migrants, et un
rebond des naissances – avec une
hausse de 3,2 %, soit 738.000 bébés
nés outre-Rhin en 2015, selon des
chiffres publiés jeudi – le pays est
confronté au déclin de sa population active et à un mur de dépenses sociales à moyen terme. Pour
y faire face, l’Allemagne doit permettre à davantage de femmes de
travailler, en développant les
modes de garde, augmenter l’âge
de la retraite, qui est actuellement de 62,7 ans, former les réfugiés pour mieux les intégrer, ou
investir dans ses infrastructures,
selon le FMI. Ces recommandations ne sont pas nouvelles et sont
globalement acceptées par le gouvernement. En théorie. Dans la
pratique, Angela Merkel a surtout
évité les réformes douloureuses
depuis dix ans qu’elle est au pouvoir. Depuis l’introduction (très)
progressive de l’âge de la retraite à
67 ans, décidée en 2007, la chancelière a multiplié les mesures sociales. Celles-ci incluent un régime
d’exception à cet âge de départ en
retraite, l’introduction du salaire
minimum ou encore une hausse
du niveau des retraites de 4% à 6%,
effective ce vendredi.
« Nous prêchons l’eau et buvons du
vin », peste-t-on régulièrement dans
les rangs du patronat ou de la CDU.
Et ce n’est pas fini : selon le quotidien
« Bild », les dépenses sociales
auraient dépassé l’an dernier
888 milliards d’euros, ce qui représente une hausse de 4,5 % par rapport à 2014. Du jamais-vu dans l’histoire du pays. Le FMI, qui pourrait
revoir sa prévision de croissance
pour l’Allemagne (actuellement de
1,7 % pour 2016) suite à la décision
des Britanniques de quitter l’UE,
n’étrille pas seulement le manque de
courageàréformerdesongouvernement, il pointe également les failles
du système bancaire allemand. Les
liens de la Deutsche Bank avec les
plus grandes banques mondiales en
font le principal facteur de risque
pour le système financier dans son
ensemble, a-t-il jugé dans un rapport
distinct.Laveille,lafilialeaméricaine
du leader bancaire allemand avait
échoué aux tests de résistance de la
Réserve fédérale, la banque centrale
américaine. n
Et si les Allemands ne travaillaient
pas autant qu’on le croit ? L’Insee et
son équivalent allemand, Destatis,
se sont penchés sur les zones
d’ombre de la comparaison du
temps de travail entre la France et
l’Allemagne. Ils arrivent à la conclusion que les différences, parfois flagrantes, peuvent être dues à des
biais dans les enquêtes emploi qui
servent de référence à Eurostat.
Les deux auteurs, Loup Wolff
(Insee) et Thomas Körner (Destatis), partent d’un constat : les chiffres divergent. Selon les enquêtes
Emploi,baséessurdesquestionnaires auprès d’échantillons de population, la durée effective moyenne
du travail des salariés allemands est
de 1.570 heures par an, soit 2,6 % de
plus qu’en France. Dans la comptabilité nationale, en revanche, cette
durée s’élève à 1.282 heures, soit
8,2 % de moins qu’en France.
« Compte tenu des débats récurrents sur la question, on s’est dit qu’il
serait intéressant de mettre notre nez
là-dedans », explique Loup Wolff.
Avec son collègue, il s’est interrogé
En pleinetempête,laSlovaquieprend
laprésidence del’Union européenne
Après La Haye, c’est au
tour de Bratislava de
prendre les rênes du
Conseil pour six mois.
Le petit pays espère
des résultats tangibles,
notamment sur
l’immigration.
Gabriel Grésillon
@GGresillon
— Bureau de Bruxelles
Il y a des responsabilités dont on
préférerait parfois se passer. En prenant, ce vendredi et pour six mois, la
présidence tournante de l’Union
européenne (UE), la Slovaquie se
retrouve à affronter, avec ses
moyens de pays de 5,4 millions
d’habitants, l’une des crises les plus
aiguës qu’ait eu à affronter l’Union.
Une semaine avant le référendum
britannique, le secrétaire d’Etat slovaque aux Affaires européennes,
Ivan Korcok, le reconnaissait : il
espérait que son pays n’aurait pas à
BUDGET — Le déficit public de l’Italie s’est établi à 4,7 % du PIB
au premier trimestre, en recul de 0,5 point par rapport à la
même période de 2015, selon des chiffres publiés jeudi par l’Institut national des statistiques. Le pays a dégagé un déficit primaire (hors paiement des intérêts de la dette) de 4,65 milliards
d’euros, soit –1,2 % du PIB, contre –1,5 % au premier trimestre
2015. Pour 2016, l’Italie a adopté un budget basé sur un déficit à
2,3 % du PIB, alors qu’elle table sur une croissance de 1,2 %. Le
Fonds monétaire international (FMI) est plus pessimiste, puisqu’il prévoit une hausse du PIB de 1 %. Le déficit public s’était établi en 2015 à 2,6 % du PIB, contre 3 % en 2014. Pour 2017, Rome
table sur un déficit de 1,8 % et un budget à l’équilibre en 2018.
Deux priorités
Croissance meilleure que prévu
au Danemark au premier trimestre
VITALITÉ — La croissance au Danemark a été plus élevée au
premier trimestre qu’annoncé précédemment, ressortant à
0,7 % (au lieu de 0,5 %), selon des chiffres révisés publiés jeudi
par l’institut statistique national, preuve de la vitalité retrouvée
de l’économie du pays. L’activité a été vigoureuse grâce aux
exportations et à la consommation des ménages, en hausse toutes les deux de 0,7 %. « La consommation privée n’a jamais été
aussi forte que lors du premier trimestre cette année », a souligné
sur Twitter l’économiste en chef de l’organisation patronale
Dansk Erhverv, Steen Bocian.
De gauche à droite, les Premiers ministres slovaque, tchèque,
slovène et britannique : Robert Fico, Bohuslav Sobotka,
Miro Cerar et David Cameron. Wiktor Dabkowski/Picture-Alliance/AFP
unique dans le numérique, mais
aussi dans l’énergie. Mais c’est sur le
thème de l’immigration que Bratislava souhaite, surtout, faire avancer
les choses. Pas facile pour un pays
qui,avecd’autresàl’estducontinent,
s’est illustré par une posture dissidente au sujet de l’accueil des réfugiés syriens. « Nous avons conscience
LaTurquieouvre un16e chapitredenégociationsavecl’Europe
Embarrassant télescopage de l’actualité : alors
que de nombreux dirigeants européens ont
souhaité en début de semaine, au Conseil
européen, un coup d’arrêt à l’élargissement
de l’Union européenne, en réponse au verdict
du référendum britannique, Bruxelles a ouvert
jeudi un nouveau chapitre, le 16e sur 35, des
négociations d’adhésion avec la Turquie. Le
processus avait été considérablement ralenti
avec le gel de quatre chapitres, dont celui sur
la politique économique et monétaire en 2007,
Dans le détail, les interviews réalisées auprès de salariés français
aboutissent à une moyenne de
6,7 semaines de congés (33 jours),
contre 3,7 semaines (18 jours) en
Allemagne. Pour la France, le résultat ne surprend pas, mais pour
l’Allemagne, l’estimation « apparaît
anormalement basse, au regard
notamment d’autres travaux concluant à une moyenne de 6 semaines ». C’est le cas de l’Observatoire
européen des relations industrielles (OERI) ou de l’Institut de recherche sur l’emploi (IAB) allemand.
Selon les auteurs, les raisons de
cette sous-estimation peuvent être
multiples. Le questionnaire allemand est-il moins détaillé ? La date
de l’autodéclaration permet-elle
moins aux répondants de se remémorer ? Un biais culturel rend-il
plus facile de déclarer des vacances
en France qu’en Allemagne ? Ces
questions sont traitées par un
groupe de travail européen.
— T. M.
Le déficit public italien en baisse sur
un an au 1er trimestre, à 4,7 % du PIB
« se focaliser essentiellement sur les
suites du référendum britannique ».
Raté : le sommet informel du 16 septembre prochain, à Bratislava,
s’annonce déjà comme l’un des
temps forts de ce deuxième semestre. Les 27 pays qui continueront
l’Union sans le Royaume-Uni
devront notamment y esquisser les
contours d’une Europe post-Brexit.
Pour autant, la République slovaque s’était déjà préparée à naviguer
sur une mer agitée. Entre les forces
centrifuges qui animent le continent, la crise migratoire et les difficultés économiques, Ivan Korcok
estime que la période constitue « la
plus difficile de toute l’histoire de
l’UE ». Mais il est déterminé à défendre le projet européen. « Malgré les
douze années de crise presque continue qu’a connues l’UE depuis notre
adhésion,nouscroyonsenceprojet »,
assure-t-il. Et il a conçu un agenda
en conséquence, fondé sur deux
priorités : « dépasser, voire stopper le
processusdefragmentationetapporter des résultats tangibles ».
Ce dernier point concerne l’économie, où la Slovaquie espère faire
progresser le projet de marché
Sous-estimation
en bref
et le refus des Turcs de négocier sur l’Etat de
droit et le système judiciaire. L’ouverture du
chapitre 33, qui porte sur les questions budgétaires et financières, a été promise à Ankara
dans le cadre de l’accord sur les réfugiés
confiant à la Turquie le soin de garder les migrants sur son sol. L’accord bloque toujours sur
les visas, le gouvernement refusant de modifier
ses lois antiterroristes jugées non démocratiques par Bruxelles mais plus que jamais utiles
pour Ankara, aux prises avec le terrorisme.
d’être l’objet d’une attention particulière », reconnaît le diplomate. Mais
il invite à dépasser les caricatures.
« Nous n’avons jamais dit que l’immigration était un problème en soi, mais
simplement que l’année dernière, elle
a commencé à devenir intenable à
long terme », se justifie-t-il.
Dèslors,l’objectifqui,selonlui,est
à même de fédérer les esprits européens est celui de « retrouver le contrôle ».Avec,sipossible,desrésultats
concrets, notamment dans la gestion commune des frontières extérieures de l’espace Schengen. A ses
yeux, les Européens ont manqué de
réalisme, jusqu’à présent, en particulier avec le fameux mécanisme
qui prévoit de répartir les réfugiés
dans les divers pays de l’UE. « Comment voulez-vous qu’un tel système
fonctionne si les gens qu’on accueille
en Slovaquie vont s’installer dans un
autre pays dans les jours qui suivent ? » interroge-t-il. n
L’Iran dit ne pas être tenu d’acheter
des A380 d’Airbus
COMMERCE — L’Iran a dit
AFP
EUROPE
sur les absences déclarées dans
l’enquête emploi. S’ils ont constaté
un impact très comparable des
congés maladie entre les deux pays,
ils ont identifié de forts contrastes
sur les congés ordinaires.
jeudi ne pas être tenu d’acheter des très gros porteurs
A380 d’Airbus, alors qu’il
l'avait évoqué à l’occasion de
la conclusion de l’accord de
janvier 2016 avec l’avionneur européen.« Nous avons
la liberté de choisir. [...] Nous
n’avons pas d’obligation ni
d’engagement à acheter des
A380 », a déclaré le ministre
iranien des Routes et du
Développement urbain,
Abbas Akhoundi (photo),
selon l’agence Irna.
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12 //
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
idées&débats
LES ÉDITORIAUX
DES « ÉCHOS »
Une surditétrès pénible
« Circulez,iln’yarienà(re)voir ! »C’estavec
l’autoritédel’agentdepolice,peuenclin
às’interrogersurlebien-fondédelaloi,
quelePremierministre,ManuelValls,
aprèsavoirreçuleprésidentduMedef,
PierreGattaz,aenjointhierleschefs
d’entrepriseàappliquersansdélai
Par Jean-Francis l’inapplicable :lamesuredelapénibilité
Pécresse
destâchesaccompliesparleurssalariés,
lorsqueceux-cisontsusceptiblesdeprendre
desposturesfatigantes,detravaillerpar
Avec la
destempératuresextrêmes,d’êtreexposés
pénibilité,
àdespolluantschimiques...Celaafin
la CFDT
deleurpermettredepartiràlaretraite
plustôt.S’ajoutantauxquatredéjàenvigueur,
et le PS ont
lessixnouveauxcritèresdepénibilitésont
accouché
l’aberrationdetropdanscemondekafkaïen
d’un
qu’estdevenuelagestiond’uneentreprise
monstre.
enFrance.Carautantlesprécédentscritères
avaientétécirconscrits(ceuxrelatifsaux
pressionsetauxtâchesrépétitives)oufaciles
àcibler(letravaildenuit),autantlesnouveauxsontdénués
deréalisme.Soitlesseuilssontbienplussévèresqueceuxdéfinis
auniveaueuropéen,commec’estlecaspourlessalariésexposés
àlapoussière,soitilsontétépenséspourdespostesetnonpour
devraissalariés,exerçantdanslavraievieplusieursactivités
lamêmejournée.Unechoseestdedéfinirlatempératureendeçà
ouau-delàdelaquelleilestpénibledetravailler,uneautre
estdesavoircombiendetempsungarçonboucherpasse
danslachambrefroideoudevantlarôtissoireàpoulets...
Laloiestlaloi,s’énerveManuelValls ?Commes’iln’arrivaitjamais
quelaloisoitmalfaite...C’estmêmedeplusenplussouventlarègle,
sil’onpeutdire.Chargéesd’établirdesréférentielsdepénibilité
parmétier,lesbranchesprofessionnellesontfiniparjeter
l’éponge.C’estdirecombienPierreGattazestfondéàdire
quelesentreprisesnesaventjustepascommentmettreenpratique
cesréglementationsabsurdes.L’aveuglementsyndicalinhabituel
delaCFDTetl’idéologiesocialecoutumièreduPSontaccouché
d’unmonstreconceptuel.Unsystèmeuniqueaumondedanslequel
l’onpréjugequ’exercerunmétierprésumépénibleréduit,quoiqu'il
arriveparailleurs,votreespérancedevieetvousdonnedroitàune
retraiteanticipée.Cettereconnaissanced’undroitgénéralàarrêter
detravaillerplustôtestunesourceprofonded’inégalité,carelle
conduitàattribuerdespointsderetraiteanticipéesansprendre
encomptelesréalitésindividuelles.Puisqu’ilsembledésormais
impossiblederevenirsuruneconquêtedelaCFDT,ildevraitau
moinsêtreenvisageabledel’adapterauréel.Ilseraitplusréalisteet
plusjustedeconstateraposterioriquelasantéd’unsalariéaété
affectéeparsontravailetdeluipermettrealorsd’arrêterdetravailler
prématurément,plutôtquededonneraprioriundroitàdesmétiers
entiers.Encorefaudrait-il,pouravancer,nepasêtresourdpar
principeàtouteobservationprovenantdupatronat...
(
Lire nos informations
Page 3
Circuler autrement
Par Jean-Marc Vittori
Le mouvement est irrépressible. L’automobile trouvera
de moins en moins sa place dans la ville. En particulier dans la ville
européenne, dont la trame a le plus souvent été tissée au Moyen
Age. Le mouvement est irrépressible pour trois raisons,
n’en déplaise aux fanas du tout-voiture. La première est que l’auto
avait littéralement envahi les villes au détriment du plaisir
d’y vivre. Personne ne réclame le retour des parkings place
Stanislas à Nancy, dans la cour du Palais-Royal à Paris,
sur les quais du Vieux-Port à Marseille ou de la Garonne
à Bordeaux. La deuxième raison est que la pollution engendrée
par les moteurs à combustion fait trop de dégâts. Elle tue des êtres
humains, ronge la couche d’ozone, noircit les façades. La troisième
raison est que l’essor du numérique accélère le changement
du consommateur, qui aspire à se déplacer plus qu’à posséder.
Le Vélib’, Uber, la voiture autonome n’en sont que quelques
exemples parmi bien d’autres.
Mais il va falloir trouver un nouvel équilibre. Il y aura encore
des voitures en ville – peut-être plus petites, sûrement moins
polluantes. Et il faudra encore circuler dans la ville. C’est là qu’il faut
pousser plus avant dans la réflexion – et dans l’action. Boucher
des veines dans un corps humain sans prévoir de nouveaux canaux
serait suicidaire. Il en va de même dans la cité : il faut circuler
autrement. Et donc développer des transports alternatifs
à la voiture, individuels et collectifs. Il y a certes une multitude
d’initiatives. Mais il manque encore trop souvent une gouvernance
capable de relever les formidables défis de la ville du XXIe siècle.
A l’évidence, l’échelon municipal est trop petit pour organiser
les modes de transport d’une agglomération tout entière.
Même quand il s’agit d’une grande ville comme Paris.
(
Lire nos informations
Pages 20-21
Hervé Pinel pour « Les Echos »
Comment MatteoRenzi veut
tirer profitdu Brexit
Par Olivier Tosseri
— Correspondant à Rome
Un mal pour un bien. Le choc du
Brexit métabolisé, Matteo Renzi
entend transformer le départ du
Royaume-Uni de l’UE en opportunités pour son pays. Il l’a constaté
dès lundi dernier lors du sommet
convoqué à Berlin une fois connus
les résultats du référendum britannique. La chancelière a fait pour la
première fois une place à l’Italie au
sein du traditionnel couple francoallemand. Même si les membres de
ce triumvirat ne sont pas égaux, il
s’agit d’une victoire symbolique
pour le président du Conseil italien,
qui,ilyaencorequelquesmois,estimait que ce serait « merveilleux si
Angela Merkel et François Hollande
étaient capables de résoudre tous les
problèmes. Mais la plupart du
temps, ce n’est pas ce qui se passe ».
Concernant la longue liste des
problèmes de l’UE, Matteo Renzi
assure fièrement que son pays n’en
fait plus partie et qu’il peut au
contraire apporter des solutions
pour faireprendreàlaconstruction
européenneunenouvelledirection.
Il n’a pas attendu le 23 juin. En avril
dernier, la proposition italienne de
« migration compact » pour limiter
les flux migratoires en investissant
dans les pays tiers était la plus
concrètesurcedossier.Enfévrier,le
ministre de l’Economie, Pier Carlo
Padoan, envoyait à Bruxelles et aux
chancelleries européennes un
document de travail intitulé « Une
stratégie commune pour la croissance, le travail et la stabilité ».
L’approfondissement de l’intégration économique, bancaire et fiscale qu’il prônait ne craindra désormais plus le veto britannique.
Mais le Brexit semble avant tout
donner raison à Matteo Renzi, qui
répètedepuisdesmois :« Notrefutur
n’est pas fait de paramètres, virgules,
petites règles mais de valeurs et
d’idéaux sans quoi la construction
européenneestenpéril. »Audébutde
l’année, la tension était montée avec
Jean-Claude Juncker sur la fiscalité,
la gestion de la crise migratoire ou
encore le sauvetage des banques. On
L’ANALYSE
DE LA
RÉDACTION
Avec le départ
programmé
du Royaume-Uni
de l’UE, l’Italie espère
gagner en influence
auprès du couple
franco-allemand.
Et tirer les bénéfices
économiques
du Brexit en attirant
sur son sol les entreprises ou capitaux
qui pourraient fuir
Londres. Une condition à cela : poursuivre
les réformes.
D
Les points à retenir
Le président du Conseil
•italien
veut peser pour faire
prendre une nouvelle
direction à la construction
européenne.
Il estime qu’avec le départ
du Royaume-Uni le camp
des chantres de l’austérité
se trouve affaibli.
Sur le plan financier,
il étudie la mise en place
de zones franches pour
attirer les investissements
ou entreprises qui
voudraient quitter la City.
•
•
l’accusait, après ses critiques des
« eurocrates bruxellois » trop pointilleux sur l’application rigoureuse
du Pacte de stabilité, de faire le jeu
des fossoyeurs de l’UE. Il est entré
aujourd’hui dans le directoire
chargé de la sauver. A un an d’électionslégislativesquis’annoncentdifficiles pour Angela Merkel et François Hollande, avec une GrandeBretagne plongée dans le chaos
politiqueetuneEspagnedontlegouvernement quel qu’il soit sera précaire, l’exécutif italien est un exceptionnel et rare gage de stabilité.
Matteo Renzi estime donc qu’il
est en mesure de faire entendre sa
voix. Selon lui, une fois le choc du
Brexit digéré, cela pourrait « s’avérer paradoxalement un fait positif si
l’Europe retrouve ses valeurs et son
âme sans regarder seulement son
portefeuille ». Ce qui ne l’empêche
pas de rester très attentif à celui de
l’Italie. Il soutiendra les initiatives
voulues par le couple franco-allemand auxquelles il n’est pas en
mesure de s’opposer, mais entend
se voir accorder en échange par la
Commissionplusdeflexibilitébudgétaire. Rome est également déjà
en discussion avec Bruxelles pour
une suspension temporaire des
normes concernant le « bail-in »,
qui pénalisent avant tout ses banques. Avec le départ du RoyaumeUni, le camp des chantres de l’austérité et de la rigueur se trouve
affaibli. Si Angela Merkel reste
pour l’instant inflexible, elle n’a pas
intérêt à souffler sur les braises
eurosceptiques tisonnées par les
mouvements populistes en pleine
expansion en Italie. Le Mouvement
cinq étoiles, allié à l’Ukip de Nigel
Farage à Strasbourg, a le vent en
poupe. Un référendum sur la sortie
de l’euro serait l’une de ses premières mesures s’il prenait le pouvoir.
Sur le plan économique, Matteo
Renzi espère également tirer les
marrons du feu. L’Italie est moins
exposée que ses partenaires du
nord de l’Europe. Ses exportations
vers la Grande-Bretagne ne représentent que 1,6 % de son PIB. Si, en
2017, le Brexit leur fera enregistrer
des pertes d’environ 2 milliards
d’euros, elle pourrait tirer avantage
de la renégociation, ces deux prochaines années, des 54 accords
commerciaux et du rétablissement de barrières douanières.
Rome espère que l’attention de
l’Europe se reportera vers l’Est et la
Russie. Des pays avec lesquels l’Italie a des liens déjà étroits et qui sont
particulièrement sensibles aux
produits made in Italy. Sur le plan
financier, enfin, le gouvernement
italien étudie la possibilité de créer
des zones franches à Milan et à
Bagnoli, près de Naples, pour attirer les investissements et les sièges
de multinationales qui désireraient fuir la City. Une centaine
d’entrepreneurs, de travailleurs
indépendants, d’intellectuels ont
lancé un appel à Matteo Renzi
pour qu’il ne gâche pas l’occasion
que pourrait représenter le Brexit
pour l’Italie. Celle d’accélérer les
réformes pour capter les capitaux,
faire rentrer les « cerveaux » expatriés, les entreprises délocalisées,
rendre le pays plus attractif avec
des politiques fiscales plus avantageuses et des infrastructures plus
modernes. La péninsule pourrait
leur paraître plus sûre à long terme
que la France ou les Pays-Bas, qui
ne sont pas à l’abri d’éventuels
« Frexit » ou « Nexit ».
Il faudra pour cela conjurer la
menace du « Renxit » en octobre
prochain. Matteo Renzi convoquera un référendum confirmatif
sur sa réforme constitutionnelle et
apromisdequitterlepouvoirencas
d’échec. Jean-Claude Juncker a promis qu’il « ferait tout son possible,
tout ce qui est en son pouvoir » pour
satisfaire les demandes des institutions italiennes, notamment concernant le volet bancaire, pour ne
pas nourrir le mécontentement
grandissant des Italiens. Le président du Conseil a promis quant à lui
que l’Italie jouera tout son rôle pour
relancer l’Europe, « notre maison
qui a besoin d’être rénovée, rafraîchie ». Les fondations ont été jetées
à Rome il y a bientôt soixante ans et
c’est bien plus qu’un simple ravalement de façade dont elle a
aujourd’hui besoin. n
IDEES & DEBATS // 13
Les Echos Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
16e ÉDITION
LES RENCONTRES ÉCONOMIQUES
D’AIX-EN-PROVENCE
1er, 2 & 3 JUILLET 2016
D
Les temps forts des Rencontres
1 JUILLET « Qu’est-ce qu’un pays dans
•le VENDREDI
monde d’aujourd’hui ? », « Peut-on encore
ER
parler de souveraineté économique nationale ? »,
« Peut-on se passer de la croissance ? », seront les
thèmes principaux de la première journée.
SAMEDI 2 JUILLET « Quels modèles de
•réformes
? », « Quel contrat social pour refonder
nos sociétés ? », « Pourquoi il est nécessaire de
réduire les inégalités ? », sont les thèmes qui
formeront l’ossature de la deuxième journée.
DIMANCHE 3 JUILLET Cette troisième et
•dernière
journée sera notamment dominée
par les questions de puissance, de défense
et de nouvelles technologies avec un accent
particulier mis sur la place de la France
dans le monde.
INTERVIEW // PHILIPPE AGHION
Economiste, professeur à Harvard et au Collège de France
« Lacapacité d’innovation
est lenouveaumaître mot
de lapuissance »
Propos recueillis par
Daniel Fortin
[email protected]
JEAN-HERVÉ LORENZI
Qu’attend-ond’un
paysdansunmonde
deturbulences ?
L
orsque nous avons choisi le thème des 16es Rencontres économiques d’Aixen-Provence, il y a quelques mois, rien ne laissait présager que nous serions
aussi proches de l’actualité. Le Brexit, les élections espagnoles… Tout cela
nous rappelle à quel point les pays jouent encore un rôle majeur dans les décisions
politiques prises un peu partout dans le monde. Et, même si ce retour de l’idée de
pays peut parfois prendre une forme très excessive et peut-être dangereuse, il
n’empêche que le phénomène de renationalisation, et non pas de nationalisme, est
au cœur des évolutions actuelles. Reprenons tout cela. Depuis toujours et sous des
formes bien différentes, les sociétés ont évolué dans un phénomène de flux et de
reflux entre l’internationalisation et le retour aux frontières, avec une sorte de régularité dans laquelle la mondialisation, totale ou partielle, est toujours interrompue
par une crise ou par une guerre. Notre position n’est en aucun cas de penser que le
phénomène de mondialisation va s’interrompre. Nous pensons simplement qu’il
prendra une trajectoire très différente de celle qui a prévalu pendant les vingt
annéesquiontprécédélacrisede2008.Eneffet,toutaulongdecesannées,ils’estagi
essentiellement de transférer une large partie de la valeur ajoutée des pays développés vers les pays émergents. Puis, il y a eu cette phase de transition rapide où sont
nées deux utopies ; celle d’une gouvernance à l’échelle mondiale, traduite par la
création d’un G20, et celle du contrôle rigoureux de la finance mondiale.
Aujourd’hui, ces deux visions naïves se sont évanouies. Nous sommes confrontés à
des incertitudes majeures : l’impact du choc technologique, du vieillissement de la
population ou encore des inégalités. Il nous faut donc bâtir un monde plus coopératif, respectueux de l’humanité et de la nature. Un monde moins soumis à ces tensions violentes que nous voyons se développer jour après jour. Voilà ce dont nous
parlerons durant ces deux jours et demi de travail, qui s’inscrivent tout particulièrement dans le calendrier politique mondial, celui de l’élection politique américaine,
celui de l’élection allemande l’année prochaine et, surtout, celui de l’élection présidentielle française.
Notre ambition, à travers ce programme, est d’appréhender dès vendredi les défis
auxquels sont désormais confrontés des pays se définissant par l’envie de vivre
ensemble, alors qu’ils sont plongés dans ce que nous avons appelé ce « monde de
turbulences ».
Les débats, samedi, je l’espère, permettront à la réflexion de franchir une étape
décisive : ils seront articulés autour de cinq parcours, dont l’objet est de définir
non pas une société idéale, non pas un pays parfait, mais simplement un lieu où
les individus pourront s’épanouir à l’avenir. Un lieu dans lequel ils n’auront qu’à se
soucier de leur intégration dans les différentes activités, et notamment dans le
monde du travail.
Le dimanche, il s’agira de voir comment les diverses formes de coopération entre
paysougroupesdepayspeuventleurpermettredeserapprocherdecetidéal.Sielles
sont nombreuses sur le plan monétaire, il y a vraiment urgence d’un travail commun entre banquiers centraux à la fois sur le plan de la maîtrise de la finance et sur
le plan politique, au sein de l’Europe ou au sein de la gouvernance mondiale. On ne
peut néanmoins s’empêcher de souhaiter que la nouvelle forme de gouvernance
associant société civile et politique, que l’on a vue émerger lors de la COP21, se généralise et nous conduise à définir ce que pourrait être la démocratie au XXIe siècle.
Enfin, le dernier débat sera consacré à la France et au rôle qu’elle jouera dans un
monde fondamentalement reconstruit. Le Cercle des économistes conclura ses travaux par une déclaration de ses 30 membres. Au-delà des décisions qui nous paraissent souhaitables, nous adresserons nos idées et propositions aux candidats à l’élection présidentielle de l’année prochaine.
Nous sommes convaincus que cela pourra leur être très utile.
Jean-Hervé Lorenzi est président du Cercle des économistes.
Voilà quelques jours, le RoyaumeUni a choisi de se désolidariser
de l’Union européenne pour faire
à nouveau cavalier seul.
De nos jours, la puissance
peut-elle encore s’incarner
dans un seul pays ?
Les facteurs de puissance d’un pays
sont multiples : la capacité d’innovation, le pouvoir monétaire, la force militaire, l’accès aux ressources naturelles.
Et il est vrai que, à une époque, un pays
comme le Royaume-Unia puprétendre
être le seul pays au monde à posséder
tous ces attributs : la domination de la
livre sterling, la révolution industrielle,
qui est née de l’autre côté de la Manche,
et les ressources naturelles, auxquelles
l’Angleterre avait accès grâce à son
empirecolonial.Mais,depuis,lemonde
a bien changé. Avec d’abord les EtatsUnis, qui ont supplanté le RoyaumeUni comme puissance monétaire, technologique et militaire dominante. Puis
la mondialisation a permis l’émergence
de nouvelles puissances économiques,
à commencer par la Chine. Le Royaume-Uni post-Brexit n’est pas dénué
d’atouts : Londres comme place financière, le statut d’allié militaire privilégié
des Etats-Unis, le siège permanent au
Conseil de sécurité des Nations unies.
Mais je crois néanmoins qu’en quittant
l’Union européenne la Grande-Bretagne a fortement amputé sa capacité à
peser sur les affaires du monde.
Quels sont, selon vous,
les attributs modernes
de la puissance pour une nation ?
Je mettrais en premier la capacité
d’innovation et le fait d’être ou non un
pays situé à la frontière technologique,
c’est-à-dire un pays qui diffuse ses
découvertes vers le reste du monde. Il y
a ensuite la puissance monétaire : des
travaux récents d’Emmanuel Farhi
(Harvard) analysent les facteurs qui
permettent à la monnaie d’un pays de
devenir une monnaie de réserve, ce qui
permet à ce pays de se financer à peu de
frais (on parlait de « privilège exorbitant » du dollar). L’accès aux ressources naturelles peut être un facteur de
puissance, mais il finit souvent par
entraver le développement en retardant la mise en œuvre d’investissements et de réformes nécessaires à la
croissance. Aujourd’hui encore, malgré le sentiment de déclin dans lequel
les électeurs semblent aborder la campagne présidentielle américaine, les
Etats-Unis sont la puissance dominante. Non seulement ils ont conservé
leur puissance militaire (et gagné la
guerre froide), mais, surtout, ce sont
eux qui génèrent la plupart des innovations majeures, et des marques
comme Google, Apple, Amazon ou
Facebook dominent le monde.
Croyez-vous à l’idée selon laquelle
aucune prospérité ne sera
possible pour un pays s’il ne s’ins-
Pour relancer le projet européen, « il faut rétablir la confiance entre la France
et l’Allemagne », explique Philippe Aghion. Photo Patrick Imbert / Collège de France
crit pas dans une alliance
ou un empire ?
L’allianceestsansdoutenécessairemais
elle ne suffit pas. Il faut y insuffler une
dynamique. Regardez l’Europe. Elle a
créé l’euro, et on disait à l’époque de la
monnaie unique que celle-ci favoriseraitunedynamiquedecroissanceenstimulantlaconcurrenceentrelespays.Ce
n’est pas ce qui s’est passé. Bien sûr,
l’euro a apporté la stabilité des prix, le
confort pour ses usagers qui voyagent
en Europe et il s’est imposé sur les marchés mondiaux. Mais l’euro n’a pas été
facteurdecroissance,iln’apaspermisla
convergence des pays du sud de
l’Europe vers les niveaux de productivité de leurs partenaires du nord de
l’Europe. Au contraire, le passage a
l’euro a conduit des pays comme l’Espagne ou le Portugal à surinvestir dans les
secteurs à faible contenu technologique
(construction, tourisme…). L’euro est
même devenu un anesthésiant : je crois,
« C’est aussi grâce
à des marques comme
Google, Apple,
Amazon ou Facebook
que les Etats-Unis,
dominent le monde. »
en effet, que la France aurait sans doute
réformé bien plus et bien plus vite si sa
monnaie avait été chahutée comme lors
du tournant de la rigueur de 1982-1983.
Aujourd’hui, elle vit à l’abri de l’euro.
Comment relancer le projet
européen ?
Tout d’abord il faut rétablir la confiance
entre la France et l’Allemagne et, pour
cela, il faut que nous nous rendions crédibles vis-à-vis de nos partenaires allemands en procédant à de véritables
réformes structurelles : réforme du
marché du travail, réforme de l’Etat,
réforme fiscale… Cette confiance
retrouvéepermettraàsontourd’activer
deux leviers complémentaires de croissance : la flexibilité macroéconomique
et la politique industrielle au niveau
européen. Il faut également établir de
nouveauxstandardsderéciprocitéetde
solidarité européens : par exemple, je
partage tout à fait l’avis de ce ministre
allemand qui proposait de réduire les
subventions en faveur des pays européens qui ne sont pas coopératifs sur
des questions aussi importantes que le
climat ou les réfugiés.
La France va-t-elle rester
une grande puissance ?
Une France qui se réforme et se
modernise, et contribue ainsi à un
renouveau du projet européen, pèsera
certainement sur l’avenir de l’économie mondiale. n
14 // IDEES & DEBATS
Shutterstock
Andrey Rudakov/Bloomberg
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
« Les fondssouverains n’ontpas
vocationà moraliser l’économie »
« Les contratsde travailtraditionnels
vontrester majoritaires »
Les contrats traditionnels à temps plein sontils appelés à disparaître ?
La relation de travail traditionnelle est certainement
soumise à des tensions, aux Etats-Unis et dans le reste
du monde, mais elle ne va pas disparaître. Aux EtatsUnis, le travail que je dirais alternatif – free-lance,
sous-traitance, travail temporaire, travail journalier
ou encore plus ponctuel – concerne maintenant 16 %
de la population active, contre 11 % il y a dix ans. De
plus en plus d’entreprises sous-traitent une partie de
leurs activités à d’autres sociétés ou à des agents indépendants, mais les employeurs auront toujours intérêtàavoirdesemployésréguliersqu’ilspeuventdirectement encadrer et motiver. La part des contrats
traditionnels va continuer à s’éroder, mais elle va rester majoritaire dans le futur prévisible.
Le revenu universel peut-il être une façon
pour les travailleurs « alternatifs » de trouver
un équilibre financier ?
Lespropositionsquej’aivuesjusqu’icipourunrevenu
universel me semblent poser un certain nombre de
problèmes. En résumé, un effet négatif sur l’offre de
travail,unmauvaisciblageetdescoûtsexcessifs.Pour
remédier à la pauvreté, je pense plus utile de combiner plusieurs politiques : des transferts financiers
pour les plus modestes, un salaire minimum bien
mesuré, des crédits d’impôt, de l’aide alimentaire et
des allocations logement. Je travaille en ce moment à
un projet de recherche sur les effets du revenu universel dans un pays en développement, peut-être cela vat-il changer ma perception.
Qu’est-ce que l’école doit apprendre aux jeunes
d’aujourd’hui ?
INTERVIEW
ALAN B.
KRUEGER
Professeur
d’économie
à Princeton
Les fonds souverains peuvent-ils servir à
moraliser l’économie mondiale en n’investissant pas dans des secteurs qui nuisent par
exemple à l’environnement ?
Un certain nombre de fonds souverains ont effectivement renoncé, par principe, aux investissements
dans les compagnies pétrolières ou de charbon, en
évoquant des raisons tant morales que financières.
Cela dit, l’idée selon laquelle les investisseurs institutionnels pourraient faire disparaître une industrie
nuisible en n’y investissant pas ne tient pas. Imaginons que vous cessiez d’investir dans un tel secteur.
Il leur faut des savoirs à la fois généraux et ciblés. Il
faut maîtriser suffisamment les maths de base et le
langage pour pouvoir exceller dans quoi que ce soit. Il
faut, en outre, des savoirs ciblés en science, en technologie, en informatique, et une formation professionnelle adaptée aux choix de carrière. Cela dit, le plus
important, c’est la volonté et la capacité de continuer à
apprendre pour acquérir de nouvelles compétences.
En quoi l’informatique a-t-elle bouleversé le
monde du travail ?
Les ordinateurs ont complètement modifié la façon de
travailler et la nature des profils recherchés par les
employeurs.Maislemarchédutravailaaussichangéà
cause de la globalisation, de la modification de la protection sociale, de la baisse de la syndicalisation, et
parce que les entreprises sous-traitent du travail et
affaiblissentainsilesmodalitésdefixationdessalaires.
La vague de robotisation annoncée va-t-elle
être compensée par de nouveaux emplois
pour les humains ?
Jesuisoptimiste,unecombinaisondepolitiquespubliques intelligentes, d’ingéniosité humaine et d’ambition produira de nombreuses opportunités de travail
pour les générations futures. Voilà plus d’un siècle
qu’on prédit que les machines vont remplacer les travailleurs, et ça ne s’est toujours pas produit. Bien sûr, il
faudra s’adapter à des équipements plus sophistiqués,
des algorithmes puissants, mais je pense que nous
allonsversdessemainesdetravailpluscourtes,plusde
temps de loisir, en clair plus de partage du travail. n
INTERVIEW
ISABEL
MATEOS Y
LAGO
Directrice
au BlackRock
Investment
Institute
DR
Le plein-emploi est-il encore un concept pertinent ?
L’économie américaine se rapproche de la définition
macroéconomique classique du plein-emploi en cela
que le taux de chômage est suffisamment bas pour
qu’il y ait augmentation des salaires nominaux et
réels, et l’inflation augmente. Mais le plein-emploi
peut correspondre à plusieurs équilibres possibles, et
jenepensepasquelasituationactuelleauxEtats-Unis
soit optimale. Nous pouvons arriver à une situation
où les salaires augmentent régulièrement pour tous
les segments de la population active, avec un meilleur
équilibre entre le travail et la vie privée.
Les fonds souverains ne cessent de croître, le
fonds norvégien pesant à lui seul près de
900 milliards de dollars. Ces acteurs financiers peuvent-ils devenir des armes dans la
compétition économique mondiale ?
En théorie, tout est possible. Rappelez-vous, avant la
crise de 2008, il y avait beaucoup de débats sur les
grands déséquilibres mondiaux, et notamment le fait
que la Chine, si elle décidait de vendre en masse ses
milliards de dollars de bons du Trésor américains,
pourraitprovoquerunecrisemajeure auxEtats-Unis.
Danslesfaits,cescénariones’estpasréalisécarlegouvernement aurait alors dû expliquer à ses citoyens
pourquoi il avait dilapidé la richesse publique accumulée au fil des ans. De même, pour les fonds souverains des producteurs de pétrole, il ne faut pas oublier
qu’ils ont été montés pour assurer une égalité intergénérationnelle, transmettre une richesse engrangée
aujourd’hui grâce à l’extraction de ressources qui
seront épuisées demain.
Princeton
Propos recueillis par
Karl De Meyer
[email protected]
Les fabricants vont-ils mettre la clef sous porte ? Non,
car si leur valeur en Bourse devient inférieure à la
valeur des actifs, on retirera l’entreprise de la cote et
lesinvestisseursquiresterontaucapitalrécupéreront
tous les bénéfices. En revanche, ce qui est vrai, c’est
que les entreprises reconnues pour leurs bonnes pratiques dans l’utilisation des ressources, comme l’eau
ou l’énergie, ou dans le caractère équitable de leur
politique d’approvisionnement tendent à être mieux
gérées de manière générale. Elles sont donc, en général, de bons investissements.
Les gestionnaires d’actifs comme BlackRock
peuvent-ils se substituer aux Etats endettés
pour assurer le financement des retraites ?
Tout d’abord, soyons clairs, BlackRock n’est pas « un
fonds ». C’est une entreprise qui gère les fonds qui lui
sont confiés par des clients institutionnels ou particuliers, conformément à un mandat précis, notamment
faire fructifier leur épargne en vue d’assurer un revenu
pourleurretraite.LasubstitutionauxEtatsestdoncun
phénomène qui a commencé. La France est l’un des
rares pays avancés où les retraites sont encore essentiellement financées par l’Etat. Les particuliers et les
entreprises devraient être incités à cotiser davantage à
des compléments de retraite. La difficulté de la transition de la répartition vers la capitalisation, c’est qu’elle
met en péril la justice intergénérationnelle, puisqu’une
générationpaiedeuxfois,àlafoispourlaprécédenteet
pour elle-même.
Le problème de la capitalisation, c’est aussi
qu’elle expose les épargnants aux aléas de
crises financières, qui semblent chaque fois
plus sévères. La finance est-elle plus sûre
aujourd’hui qu’en 2007 ?
Desleçonstrèsimportantesontététiréesdelacrisede
2008, et le système financier est plus stable
aujourd’hui.Maisonaaussicréédenouveauxproblèmes. Pour éviter de faire porter le coût du sauvetage
des banques par le contribuable, on a mis à contribution les porteurs d’obligations subordonnées. Dans ce
système, les épargnants peuvent être soumis à des
pertes de capital potentiellement très importantes,
avec un impact dévastateur sur les petits épargnants.
Mais le système bancaire est-il plus solide ?
On n’est jamais à l’abri de risques nouveaux et imprévus, mais, globalement, la supervision des banques
estplusstricte,etellesontdesniveauxdecapitalbeaucoup plus élevés qu’avant la crise, ce qui permet
d’amortir beaucoup de turbulences. Il faut maintenir
ces hauts standards.
Propos recueillis par K. De M.
IDEES & DEBATS // 15
Les Echos Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
« Il faut expérimenter
uneapproche plus humaine
du capitalisme »
Propos recueillis par
Richard Hiault
[email protected]
Le capitalisme du XXe siècle est-il dépassé ?
Le capitalisme évolue. Par exemple, nous, à Heirs Holdings, sommes partisans
d’une philosophie économique appelée « africapitalisme », laquelle soutient que le
secteur privé africain a le pouvoir de transformer le continent grâce à des investissements à long terme, la création de la prospérité économique, mais aussi la richesse
sociale. Les capitalistes croient que la société ne peut exister sans le secteur privé.
Nous pensons que le capitalisme ne peut pas prospérer sans aborder les besoins de
la société dans son ensemble.
Existe-t-il deux formes de capitalisme dominant, entre un capitalisme
d’Etat tel qu’en Chine et un capitalisme libéral tel qu’aux Etats-Unis ?
Oui,onpeutdirequ’ilyadeuxgrandstypesdecapitalisme.L’unestunsystèmeentièrement contrôlé par le marché, l’autre un système qui implique une intervention et un
contrôle importants du gouvernement. Le capitalisme existe sous différentes formes
en fonction de la différence des économies, de sorte que ce qui fonctionne en Chine,
par exemple, peut ne pas nécessairement marcher aux Etats-Unis, et vice versa.
Existe-t-il une troisième voie, et que peut apporter le monde
des affaires africain dans ce domaine ?
En Afrique, nous avons en quelque sorte adopté un mix des deux. Alors que de plus
en plus de gouvernements africains réforment et renforcent leur cadre juridique et
réglementaire pour créer un environnement favorable au secteur privé, nous verrons une plus grande réduction de la pauvreté et une amélioration des indicateurs
économiques – de la santé à la sécurité – à travers le continent. Cela donnera naissance à une approche plus humaine au capitalisme. C’est ce que j’appelle l’« africapitalisme ». Pour lui, lesecteurprivépeut êtrele catalyseur économique pour transformer l’Afrique – mais surtout, il doit apporter plus de richesse sociale. Il est basé sur
desprincipeslargementuniverselssurlecontinentafricain,dontlespaysontdesculturessimilairesetpartagentunpassépolitiquesemblable.L’africapitalismen’estpas
leseulmoyenpourl’Afriquedesedévelopper.Maisentantqu’investisseursurlecontinent, je crois qu’il est le meilleur, le plus utile, et qu’il a le plus d’impact pour nous
permettred’atteindrenotreplusgrandpotentiel.Lacroissancegénéréeparlesentrepreneurs est l’avenir du développement de l’Afrique. Les Africains doivent assumer
la responsabilité de leur développement et se détourner de la seule aide étrangère
pour créer un environnement propice à l’innovation et à l’esprit d’entreprise. Le
modèle africain typique a été l’exportation de ressources naturelles. Ce qui peut
accroître la croissance économique, mais ajoute peu ou pas de valeur à l’économie
locale.L’AfricapitalismesoutientlacroissanceetlacréationdevaleurenAfrique,par
les Africains. Par exemple, le développement dans le secteur minier ne devrait pas
seulement consister à extraire les ressources minérales brutes. Il doit aller plus loin
pour les traiter. Cela permettra non seulement de générer des rendements sur investissement, mais créera de la richesse, de l’emploi, de l’innovation et de la valeur ajoutée à l’économie locale. Les Africains peuvent et doivent investir dans les activités
minières et d’autres secteurs pour résoudre leurs propres problèmes.
L’économie numérique et l’ubérisation de l’économie sont-elles
de nature à modifier profondément le capitalisme d’aujourd’hui ?
Lanumérisationalibérélecapitalismeenouvrantdenouvellespossibilités.Dansles
sociétés d’aujourd’hui, une nouvelle génération d’entrepreneurs surfe sur la vague
de l’affranchissement des frontières et profite des possibilités que la technologie leur
offre pour poursuivre leurs activités et contribuer au développement de l’économie.
Quelle place doit-on accorder au monde financier dans le capitalisme
d’aujourd’hui ?
Lacommunautéfinancièrecontinueraàjouerunrôlevitalentantquefacilitateurau
sein du marché. Est-ce que ce rôle évolue ? Oui, surtout maintenant que nous vivons
dans un monde digitalisé, le modèle de la fintech se répand et change la façon dont la
communautéfinancièrefaitdesaffaires.L’inclusionfinancièreestessentielleenAfrique. Elle est une base de création de richesses. Cette nouvelle façon de s’engager a
ouvertlavoieàlapropagationducapitalismequin’estplusrestreintnigéographiquement lié. Fondamentalement, c’est un capitalisme qui reconnaît ses responsabilités
envers la société et qui vise activement, avec ferveur, à créer une meilleure société. n
Bruegel
Heirs Holdings
INTERVIEW
TONY ELUMELU
Fondateur
et chairman
de Heirs Holdings
INTERVIEW // GUNTRAM WOLFF
Directeur du centre de recherche Bruegel
« Sitout lemonde imite
l’Allemagne, ce sera
ladéflation pourtous ! »
Propos recueillis par
Gabriel Grésillon
@Ggresillon
La reprise en Europe permet-elle
de tourner la page de la relance
keynésienne ?
Les politiques dites « keynésiennes »
sont, par définition, faites d’alternances.Pendantlacrise,nousavonsbienvu
que les politiques budgétaires accommodantes étaient indispensables pour
stabiliser nos économies et éviter une
explosion du chômage. La grande question, désormais, est de savoir à quel
moment il faut cesser cette politique
contracyclique. Si on regarde la zone
euro dans son ensemble, nous restons
dansunepériodedetrèsfaibleinflation,
ce qui témoigne généralement d’un
manque de demande. Pour autant,
est-ce que nous avons besoin de politiques keynésiennes pour résoudre ce
problème ? Peut-être en partie, mais
dans certains pays ce n’est pas du tout
l’enjeu. Je crois plutôt, notamment, à la
nécessité de réformes bancaires là où
cela n’a pas été fait. Il faut une intervention publique forte, mais ceux qui ont
eu le courage d’obliger leurs banques à
nettoyer leur bilan, comme l’Espagne et
l’Irlande, ont aujourd’hui des croissances vigoureuses. Songez que l’Espagne
a créé 500.000 emplois en un an ! A
l’inverse, l’Italie n’a pas résolu ce problème, ses banques ne se sont pas
débarrassées de leurs créances douteuses, et sa croissance reste anémique.
La dépense publique n’est donc
pas le sujet ?
Pour un pays comme l’Italie, certainement pas. Pour la France, il peut partiellement y avoir des éléments d’investissement public, mais c’est surtout pour
l’Allemagne que le besoin est le plus évident en la matière. Il faut absolument
avoirentêtecequiconstituepourmoila
questionclefpourl’économiedelazone
euro : la divergence entre les coûts unitairesdutravaildestroisgrandspaysdu
bloc – l’Allemagne, la France et l’Italie.
Depuis le lancement de l’euro, ceux de
l’Allemagnesesontdépréciésdeprèsde
15 %, avant de remonter légèrement.
Pendant ce temps, la France se renchérissait d’environ de 3 à 5 %… et l’Italie de
15 %. La corrélation avec le chômage est
flagrante : dans la même période, l’Allemagne a divisé le sien par deux, tandis
que la France et l’Italie ne parvenaient
pas à améliorer leur situation. Dans ce
contexte, l’enjeu fondamental est de
refaireconvergerlestrajectoires.Même
si un début d’ajustement est en cours, il
est beaucoup trop lent. C’est pourquoi il
faut utiliser des instruments budgétaires pour accélérer les choses. Mais, évidemment, c’est à l’Allemagne de le faire.
Cela peut concerner les réfugiés, les
infrastructures, l’investissement en
général. Pour résumer, il serait bon que
la France et l’Italie suivent l’exemple de
l’Allemagne, et que l’Allemagne fasse
l’inverse ! Si tout le monde emprunte la
voie allemande, en revanche, nous
aurons la déflation pour tous…
Politiquement, l’Allemagne
est-elle prête à s’engager
sur cette voie ?
C’estvraiquelesujetesttrèsdélicatàBerlin. Mais il me semble que ces trois pays
doivent impérativement se mettre
d’accord, pour que l’Union monétaire
« Il faut utiliser des
instruments
budgétaires pour
accélérer les choses.
Cela peut concerner
les réfugiés, les
infrastructures,
l’investissement en
général. Il serait bon
que la France et l’Italie
suivent l’exemple de
l’Allemagne, et que
l’Allemagne fasse
l’inverse ! »
dontilssontlespiliersfonctionnecorrectement. Sur le fond, à long terme, une
politique de soutien à la demande et
d’augmentation des salaires est dans
l’intérêt des Allemands. Mais l’Allemagnenepeuts’engagersurcettevoiequesi
elle a la certitude que Paris et Rome font
aussileurpartdutravaildeconvergence.
Au bout du compte, l’enjeu fondamental
est celui de la confiance. Entre les trois
pays, elle est objectivement très faible
aujourd’hui. Si ces trois pays assumaient
leurs responsabilités, cela créerait une
dynamique positive dans la zone euro.
Le Pacte de stabilité et de croissance, qui encadre les politiques
budgétaires de l’Union
européenne, est-il un instrument
pertinent ?
D’abord, je crois qu’il n’est pas pris au
sérieux politiquement. Ni par les Etats
ni par la Commission elle-même, qui s’y
intéresse bien moins qu’avant. C’est un
phénomène très récent. Sur un plan
plus technique, le Pacte repose sur une
notion, celle de déficit structurel, qui ne
fonctionne pas du tout. On ne peut pas
mesurer en temps réel le déficit structurel. Et donc les recommandations du
Pacte sont basées sur une notion qui
n’est pas mesurable… Mais, à nouveau,
c’est un sujet politique : en établissant
cette règle on a espéré faire quelque
chose de si intelligent qu’on n’aurait
plus besoin de politique. La réalité, c’est
qu’aucune règle, aussi subtile soit-elle,
ne remplacera jamais la politique. On
bute donc sur un problème institutionnel : nous n’avons aucune instance
européenne qui dispose de la légitimité
politique lui permettant d’exercer une
surveillance budgétaire suffisante. A
mon sens, nous devrions réfléchir à la
création d’un « eurosystème » de politique budgétaire, qui serait composé des
ministres des Finances de la zone euro,
mais avec un noyau dur en son centre,
qui comprendrait notamment un
ministre des Finances de la zone, et qui
serait capable de peser sur les décisions
collectives. Dans les périodes exceptionnelles, les recommandations de ce
groupe seraient contraignantes. n
16 //
Vendredi 1er et samedi 2 juillet 2016 Les Echos
D
grand angle
Son parcours
Pionnier de l’Internet, Jimmy Wales,
•quarante-neuf
ans, est le cofondateur de
l’encyclopédie libre et gratuite du Web
Wikipedia.
Il fait ses premiers pas sur Internet en
créant, en 1996, Bomis.com, un moteur
de recherche érotique.
Il démarre Wikipedia le 15 janvier 2001
avec son associé Larry Sanger. On estime
à 500 millions le nombre de visiteurs
mensuels pour un site traduit désormais
en 280 langues.
•
•
payante. Le secteur m’intéresse, c’est pourquoi je me réjouis d’avoir rejoint le board du
« Guardian » récemment.
Le « Guardian » sera-t-il sauvé ?
Oui, je pense, avec plusieurs petites choses,
il n’y a pas de réponses simples. La publicité
numérique est en tendance longue une
source de revenus de plus en plus importante. L’argent va surtout à Facebook ou
Google, mais ça va changer. Il ne sera pas
forcément nécessaire d’introduire un
« paywall ». En tant que lecteur, je ne veux
pas de « paywall » pour ce journal, je veux
que le contenu soit partagé et continue à
changer le monde, il n’a pas le même usage
qu’un titre comme le « Wall Street Journal ». Je suis plus inquiet pour les journaux
régionaux.
Pour les employés ou les chefs
d’entreprise, les disruptions
sont plus dures à vivre…
Oui, mais on ne peut bloquer le progrès. Il
faut donc réfléchir aux conséquences. Nous
devons en particulier améliorer nos systèmes éducatifs. Il faut se concentrer sur
l’adaptabilité et la propension à apprendre.
Il faut aussi penser à la formation permanente. Sans quoi, la situation politique
deviendraitdifficileàgérer.L’establishment
doit y penser sérieusement.
JIMMY WALES
Fondateur de Wikipedia
VIVA TECHNOLOGY
Propos recueillis par
Nicolas Madelaine
@NLMadelaine
— Envoyé spécial à Londres
balisées, mais pas seulement… cela fonctionnera également dans des villes comme
Londres. Cette technologie permettra de
sauver des vies. Elle aura un impact sur le
secteur des transporteurs, des taxis, mais
changera aussi nos conceptions au sens
large : laisserez-vous vos enfants traverser
la ville pour aller voir leurs grands-parents
dans une voiture de ce type ? Même chose
pour l’énergie solaire : certaines études
montrent qu’on est à vingt ans du moment
où elle sera moins chère que les hydrocarbures. Le jour où cela arrivera, cela ira très
vite. Les mouvements géopolitiques seront
énormes et soudains.
Le secteur de la high-tech attire
aujourd’hui une vague d’entrepreneurs et d’innovations à l’ampleur
inédite. Comment jugez-vous
ce phénomène ?
Nous vivons un moment formidable. Et il
est encore possible d’aller plus loin, de créer
plein de choses. Les nouvelles technologies
sont un secteur encore jeune. Les fondations d’une accélération de l’innovation
sont désormais posées. Les possibilités de
collaborer se multiplient : prenez l’exemple
de la recherche scientifique. On peut voir
des centres d’excellence émerger partout
grâce aux outils de travail partagé.
Quelles innovations vous impressionnent-elles le plus aujourd’hui ?
Je citerai les nouvelles applis de messagerie
comme Telegram ou WhatsApp. Elles sont
notamment très ambitieuses en matière de
sécurité avec des systèmes de cryptage permettant d’évoluer dans des environnements sous contrôle et protégeant la vie privée. Le problème du vol d’identité pourrait
prendre de telles proportions qu’il menace
de saper la confiance des gens dans tout
l’environnement des nouvelles technologies. Ces systèmes de messagerie pourraient être une partie importante de la résolution de ce problème.
Le rythme de maturation
des innovations a-t-il, lui aussi,
accéléré par rapport à vos débuts ?
Je ne sais pas répondre précisément à cette
question, mais les innovations peuvent, en
effet, émerger très rapidement. Prenez les
véhicules sans chauffeur, je pense qu’ils
vont rouler sur nos routes plus vite que les
gens ne l’imaginent, c’est-à-dire dans moins
de dix ans. Ce sera aussi le cas pour les
camions faisant du transport longue distance auxEtats-Unis,oùlesroutessontbien
A ce sujet, pensez-vous qu’il faille
que le Web cesse d’être anonyme
pour être plus sûr ?
Pas nécessairement. L’anonymat pose des
problèmes,maisilpermetaussideprotéger
certaines personnes qui ont des choses à
dire et qui seraient mises en danger si elles
étaient identifiées. Il faut trouver le bon
équilibre. A Wikipedia, on trouve que le
« pseudonyme », avec des gens disposant
d’un identifiant sur la durée, sur lequel ils se
construisent une réputation, permet d’évi-
Le rendez-vous mondial
des start-up, est
organisé par Les Echos
et Publicis à Paris Expo
(Porte de Versailles),
jeudi 30 juin, vendredi
1er et samedi 2 juillet
(journée grand public).
ter beaucoup de dérives. On voit aussi qu’il
suffit parfois de faire basculer les commentaires de contenus Web sur Facebook pour
que les gens veillent à leur réputation et
deviennent bien plus sympathiques.
Quelles autres technologies vous
intéressent-elles particulièrement
aujourd’hui ?
Il y en a beaucoup. Je suis sceptique au sujet
des drones, je ne suis pas sûr qu’ils livreront
vos colis Amazon en centre-ville, mais je me
suisdéjàtrompé.Plusprometteur,engénétique, me semble être le travail sur les CRISPR
[familles de séquences répétées dans l’ADN,
NDLR], qui m’enthousiasme tout particulièrement. On réussit à aller dans les cellules et
à éditer l’ADN d’une personne. Pour certaines maladies, il n’est pas nécessaire de corriger toutes les cellules et, si on en modifie
assez–parexemple20 %–,celapeutsuffireà
changer le destin du malade. Il y a déjà des
applications concrètes. C’est fascinant !
Vous intéressez-vous
à la « blockchain » ?
Cela m’a pris du temps car c’est complexe.
Mais je m’y suis sérieusement penché et
maintenant je comprends. Je pense que
c’est l’une des idées les plus géniales qui circulent. Il y aura des usages. En même
temps, il y a trop de « hype » autour de cette
technologie, notamment le bitcoin. Mes
parents ne pourraient pas l’utiliser, jamais
de la vie. Ils sont modernes, mais pas geeks.
Idem pour les « smart contracts » (contrats
intelligents) de la « blockchain » Ethereum.
Automatiser des tâches est si compliqué
qu’on ne voit pas toujours ce que cela signifie. Je me demande si la « blockchain » n’est
pas une solution à un problème qu’on n’a
pas. J’ai confiance dans les tiers comme les
banques, au moins pour l’exécution de mes
transactions !
David Rose/Shutterstock/Sipa
« Les communautés
en lignevontreprésenter
uneforce incroyable »
Investissez-vous vous-même ?
Wikipedia est une association à but non
lucratif, je n’ai pas d’argent. Si j’investis, c’est
comme un citoyen ordinaire.
Ce qui se passe sur le Web est-il
ce que l’on anticipait à son origine ?
On est dans la continuité de certaines tendances, bonnes ou mauvaises. Mais les choses ont changé. Notamment dans la façon
dont les gens découvrent les contenus en
ligne. Avant, le point d’entrée était la petite
boîte « recherche » dans Google ;
aujourd’hui, on partage les contenus beaucoup plus avec Facebook, Twitter, etc. Cela a
fait émerger le contenu viral. Et les utilisateurs commencent à développer des résistances contre les articles attirants mais stupides.Facebookcommenceaussiàregarder
combiendetempsvousrestezsurdescontenus pour vous en recommander d’autres.
Cela peut aider à monter en qualité.
La disruption crée par l’Internet
en valait-elle la peine ?
Je dirais qu’on a créé de la valeur dans la
quasi-totalité des cas. Je suis un optimiste.
Regardez Wikipedia, les gens sont mieux
informés. Ils vont se renseigner. Uber rend
la vie plus facile, c’est très simple à utiliser.
Nous vivons aussi un âge d’or de la télévision, et ce n’est possible que grâce aux nouveaux moyens de consommation de ses
contenus comme le permet Netflix. Pendant ce temps, le secteur de l’hôtellerie n’est
pas en train de faire faillite. J’utilise des
hôtels ou Airbnb, cela dépend de ce dont j’ai
besoin. Pour la presse, je pense que nous
vivons une époque intéressante. Le modèle
App Store et la possibilité qu’il offre de faire
des transactions très vite m’ont incité à
m’abonner à 5 ou 6 magazines sur Kindle.
Jusqu’à il y a cinq ans, c’était difficile. On
revient aux achats impulsifs pour la partie
Les grosses sociétés se sont-elles
bien adaptées aux ruptures ?
Elles essaient, mais c’est pour elles intrinsèquement difficile. Je pense que les entrepreneurs agiles garderont un énorme avantage. Si on prend l’exemple de Wikipedia, au
début nous pouvions tolérer des erreurs,
nous pouvions éditer nos pages nous-mêmes. Personne ne s’en souciait, nous étions
troppetits.SivousêtesEncyclopediaBritannica, vous ne pouvez pas prendre ce risque.
Quel est l’avenir de l’économie
collaborative ?
Les communautés en ligne sont une force
incroyable et la marge de progrès est
énorme. Je suis un grand observateur de
Reddit. Il y a là un groupe qui s’occupe de
finances personnelles. Des gens évoquent
leurs problèmes ou viennent d’hériter de
100.000 dollars et ne savent pas comment
faire. Ils peuvent trouver sur cette plateforme des conseils de haute valeur offerts
par d’autres citoyens. Les communautés en
ligne peuvent être horribles, c’est vrai, mais
aussi très sympathiques. On peut mieux
promouvoir ce genre d’attitude et créer des
espaces pour cela.
Quelles sont les prochaines étapes
pour Wikipedia ?
Croître dans les pays en voie de développement et dans les langues de ces derniers. Un
milliard de nouveaux internautes seront en
ligne d’ici à dix ans, ils se connecteront par
téléphoneportable.IlsconstruisentleWikipedia dans leur propre langue, je trouve ça
formidable et je passe beaucoup de temps à
les aider.
Un cadre de Facebook a récemment
prévu la fin de l’écrit au profit
de la vidéo. Allez-vous vous y mettre
à Wikipedia ?
Je ne crois pas que l’écrit va disparaître. La
vidéo va continuer à croître. Quand on a
commencé, il n’y avait pas la bande passante pour la vidéo. Mais les gens continueront à lire, c’est une expérience différente,
c’est plus rapide pour communiquer des
informations.
Avez-vous toujours des difficultés
à recruter des auditeurs bénévoles
qui mettent le site à jour ?
La situation s’est stabilisée depuis plusieurs
années.Iln’yapasdecrise.Onveilleàceque
la communautés des éditeurs continue à
bien en accueillir de nouveaux de tous les
horizons. Avant c’était facile de contribuer
car il n’y avait presque rien sur Wikipedia.
Maintenant, c’est plus difficile. On a besoin
de moins de gens et plus pointus. n
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
Les Echos
,
Budget de l’Etat 2015 : 372,6 milliards d’euros // PIB 2014 : 2.132,4 milliards d’euros (à prix courants)
// Plafond Sécurité sociale : 3.218 euros/mois à partir du 01-01-2016 // SMIC horaire : 9,67 euros à
partir du 01-01-2016 // Capitalisation boursière de Paris : 1.196,9 milliards d’euros (au 06-01-2016)
// Indice des prix (base 100 en 1998) : 127,95 en décembre 2015 // Taux de base bancaire : 6,60 %
à partir du 15-10-2001 // Taux de chômage (BIT) : 10,2 % au 3e trimestre 2015 // Dette publique :
2.103,2 milliards d’euros (fin du 3e trimestre 2015)
Les chiffres
de l’économie
EN FRANCE
À L’ÉTRANGER
TERRORISME UN COMPLICE
D’ABDESLAM TRANSFÉRÉ EN
FRANCE ET MIS EN EXAMEN
TURQUIE TREIZE SUSPECTS
ARRÊTÉS APRÈS L’ATTENTAT
D’ISTANBUL
Hamza Attou, qui avait exfiltré Salah
Abdeslam après les tueries du
13 novembre, a été transféré ce mercredi en France, où il a été mis en examen pour « recel de malfaiteur en relation avec une entreprise terroriste » et
écroué. Il avait été arrêté le 14 novembre
à Molenbeek et inculpé en Belgique.
Après s’être opposé à son transfert en
France, la justice belge a donné début
juin son feu vert, à la condition qu’il
purge sa peine éventuelle en Belgique.
La police turque a arrêté 13 suspects,
dont trois étrangers, au surlendemain des attentats suicides à l’aéroport d’Istanbul qui ont fait 43 morts,
dont 19 étrangers. Les trois kamikazes, très probablement liés selon
Ankara au groupe Etat islamique,
venaient de Russie, d’Ouzbékistan et
du Kirghizstan. Au moins l’un d’entre
eux serait entré dans le pays en provenance de Syrie, selon la presse turque.
A partir du 1er février 2017, le CSA évaluera le temps de présence des candidats à la présidentielle à la radio et la
télévision selon une nouvelle méthode
qui intégrera tout sujet, chronique, éditorial, analyse, revue de presse ou commentaire sur le candidat, « sauf si la
séquenceluiestclairementdéfavorable »,
a expliqué l’organisme de contrôle.
VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE
CONTRÔLE RENFORCÉ POUR
LES ÉCOLES HORS CONTRAT
L’Assemblée nationale a voté ce jeudi
des mesures visant à contrôler les écoles hors contrat pour s’assurer notamment qu’elles « ne portent pas atteinte
aux valeurs de la République ». Une
ordonnance pourra ainsi prévoir un
régime d’autorisation pour ces établissements, au lieu du régime actuel de
déclaration. Un contrôle accru de l’instruction à domicile sera également
mis en place.
PÉDOPHILIE BARBARIN
SANCTIONNE QUATRE PRÊTRES
Quatre prêtres ont été relevés de leur
ministère par le cardinal Philippe Barbarin pour des faits d’abus sexuels. « Il
s’agit de prêtres mis en cause ou non
dans la presse, déjà condamnés ou
non. » Lors d’une réunion du diocèse le
25 avril, Mgr Barbarin s’était engagé à
publier d’ici jeudi les conclusions d’un
collège d’experts chargés « d’étudier et
d’analyser le cas de certains prêtres dont
la situation est problématique […] dans
le domaine affectif et sexuel ».
Des coquelicotspour lecentenaire de la batailledela Somme
Le président du gouvernement sortant, le conservateur Mariano Rajoy,
a initié jeudi des pourparlers avec les
dirigeants d’autres partis, à la recherche d’appuis pour tenter de former un
nouveau gouvernement. Quatre jours
après les législatives qu’il a remportées sans majorité, avec 33 % des suffrages, M. Rajoy s’est entretenu avec le
président de la région autonome des
Canaries et dirigeant du parti Coalition canarienne, Fernando Clavijo.
PHILIPPINES RODRIGO DUTERTE
ACCÈDE À LA PRÉSIDENCE
Près de l’abbaye de Westminster, à Londres, chacun de ces coquelicots symbolise l’un des 1,2 million de morts, blessés
et disparus de la bataille de la Somme, une offensive lancée le 1er juillet 1916 par les soldats français et britanniques.
Le président François Hollande assistera vendredi à Thiepval au centenaire de la plus meurtrière des batailles du XXe siècle.
Photo : Shaw Baker/NurPhoto/AFP
AFP
AFP
PRÉSIDENTIELLE LE CSA MODIFIE
LE COMPTAGE DU TEMPS
D’ANTENNE DES CANDIDATS
LA PHOTO DU JOUR
ESPAGNE MARIANO RAJOY
NÉGOCIE POUR UNE COALITION
SONDAGES DE L’ELYSÉE MISES
EN EXAMEN CONFIRMÉES POUR
BUISSON ET GIACOMETTI
La cour d’appel de Paris a validé ce
jeudi l’enquête sur les sondages et conseils en communication à l’Elysée et
confirmé les mises en examen des
anciens conseillers de Nicolas Sarkozy,
Pierre Giacometti et Patrick Buisson.
La chambre de l’instruction a rejeté les
requêtes en nullité des mises en examen des deux hommes. L’ex-directrice
de cabinet Emmanuelle Mignon et
l’ancien secrétaire général de l’Elysée,
Claude Guéant sont aussi mis en examen dans cette affaire.
// 17
Rodrigo Duterte, connu pour ses
déclarations controversées et ses
insultes, a accédé officiellement jeudi
à la présidence des Philippines et a
prévenu dans un premier discours
que son mandat serait un « voyage
mouvementé ». Agé de 71 ans, il succède à Benigno Aquino après avoir
remporté une nette victoire le 9 mai, à
l’issue d’une campagne où il avait promis de tuer des dizaines de milliers de
criminels et de rétablir la peine de
mort abolie en 2006.
ARMÉNIE ACCORD DE DÉFENSE
ANTIMISSILE AVEC LA RUSSIE
Le Parlement arménien a ratifié jeudi
la création d’un système de défense
antimissile avec la Russie, que Moscou souhaite mettre en place avec
plusieurs ex-républiques soviétiques
pour faire face au bouclier antimissile américain en Europe. L’Arménie,
qui se dispute avec l’Azerbaïdjan voisin la région séparatiste du NagornyKarabakh, pourra notamment utiliser « des aéronefs et des avions de
chasse » russes pour se défendre,
selon le gouvernement.
ÉTATS-UNIS 26 PAYS SUR LISTE
NOIRE POUR TRAFIC D’ÊTRES
HUMAINS
La Birmanie et sept autres pays ont
été ajoutés à une liste noire de jusqu’ici 19 pays qui ne font pas assez
d’efforts pour combattre le trafic
d’être humains, indique le département d’Etat américain. Outre la jeune
démocratie birmane, Djibouti, Haïti,
la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le
Soudan, le Surinam, le Turkménistan
et l’Ouzbékistan y figurent désormais.
ON EN PARLE À OULAN BATOR
Raz demaréedel’oppositionen Mongolie
Le parti au pouvoir laminé sur fond de crise économique et sociale.
Yves Bourdillon
@yvesbourdillon
ges en jeu au Parlement national, le Grand Khoural. Les
autres partis n’ont pas pu obtenir de députés car le scrutin
proportionnel a été remplacé il
y a deux mois par le scrutin
majoritaire de circonscription.
Le parti au pouvoir a été
sanctionné par la crise économique dans laquelle se débat le
pays en raison de la chute des
cours des matières premières.
La Mongolie dispose en effet de
ressources prometteuses en or,
fer, uranium, charbon et, surtout, cuivre, qui lui ont permis
d’enregistrer une croissance
vertigineuse. Avec un record à
17 % de hausse du PIB en 2011.
Revers de la médaille, les revenus de la population ont
plongé, après ces années
C
’est une débâcle quasiment sans précédent
pour un parti au pouvoir que les électeurs mongols
viennent de faire subir à leur
Parti démocrate (PD). Dans
cette ex-république soviétique
grande comme trois fois la
France mais vingt fois moins
peuplée, ils n’ont pas lésiné en
matière d’alternance, un quart
de siècle après les premières
élections libres dans l’histoire
du pays. A l’issue des législatives de mercredi, ils n’ont laissé
que… 9 sièges sur 76 au PD. La
principale formation d’opposition, le Parti du peuple mongol
(PPM),aremporté65des76siè-
AUJOURD’HUI
20
19
18
Brest
Caen
Rouen
20
Rennes
21
Tours
24
Poitiers
Paris
22
Orleans
22
Nantes
21
Limoges
25
Bordeaux
23
Bayonne
25
Brive
avec
21
Reims
25
Dijon
24
ClermontFerrand
24
26
Perpignan
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TV - MOBILES - INTERNET
SAMEDI
15/19
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Belfort
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Lyon
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Marseille
26
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Nice
28
Montpellier
16/19
12/18
26
Strasbourg
31
Avignon
27
Toulouse
13/17
22
Metz
24
22 Nancy
Troyes
24
Bourges
à l’inverse celui qui a initié la
transition du pays vers l’« oasis
de démocratie » qu’il représente dans une région du
monde où les alternances politiques comme celles, nombreuses, effectuées depuis 1991 en
Mongolie sont de la science.
Pourtant, beaucoup de Mongols
restentcirconspectsfaceàl’alternance et ne voient guère de différences entre les deux mouvements, qui ont mené des
campagnes quasi identiques.
L’alternance est « relativement
positive » pour les groupes
miniers étrangers, car le PPM
devrait poursuivre la récente
politique d’ouverture aux investissements internationaux,
estime Greg Kwan, du cabinet
Economist Intelligence Unist. n
LA MÉTÉO
20
Lille
21
Amiens
23
d’euphorie, quand les cours de
ces matières premières ont
chuté sous l’effet notamment
du ralentissement chinois. Le
taux de pauvreté a monté en flèche, ainsi que la rancœur des
Mongols devant l’affairisme et
la corruption des proches du
Parti démocrate. Une corruption qui, couplée à un certain
nationalisme économique,
explique le gel de certains
mégaprojets.
Triomphant, le président du
PPM, Miyeegombyn Enkhbold,
s’est engagé à remettre le pays
surpiedàdesélecteursquinese
sont pas laissés gagner par
l’apathie, comme le montre une
participation de 71 %. Si le PPM
était le parti au pouvoir durant
l’époque communiste, le PD est
17/29
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Bastia
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Ajaccio
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SYDNEY
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TOKYO
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TORONTO
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ZURICH
Vendredi 1er, samedi 2 juillet
2016
www.lesechos.fr
INDUSTRIE & SERVICES
DÉFI URBAIN
Les biscuits LU espèrent avaler
les chocolats Hershey
// PP. 20-21 ET L’ÉDITORIAL
DE JEAN-MARC VITTORI P. 12
ENGIE
L’énergéticien sort
de l’enrichissement d’uranium.
// P. 22
LGV
Patrick Hertzog/AFP
SPORT
Le Tour de France au défi
de la sécurité et de la lutte
contre les tricheurs. // P. 23
WOW AIR
Le groupe repousse les limites
du low cost sur Paris-New York.
// P. 24
ALIMENTATION
Café Royal double Carte Noire
sur le marché de la dosette.
// P. 25
HIGH-TECH & MÉDIAS
APPLE
Confronté à des problèmes de gouvernance, Hershey ne cesse de chuter en Bourse depuis deux ans, ce qui le rend d’autant
plus vulnérable aux offres de reprise. Photo Timothy Fadek/Bloomberg
Ennuis judiciaires à répétition
pour Apple en Chine. // P. 27
Une fusion entre Mondelez
et Hershey ferait naître
un nouveau numéro un
de la confiserie, devant
le groupe Mars.
START-UP
VIVA TECH
Un air de Silicone Valley
flotte porte de Versailles à Paris.
// PP. 28-29
PME & RÉGIONS
PARCS D’ATTRACTIONS
Lucie Robequain
@robequain
— Bureau de New York
Hans-Joerg Haas
Frédéric Oudéa, directeur général
de Société Générale. // P. 33
BOURSE
La Bourse de Paris a réalisé
son pire premier semestre
depuis 2008. // P. 35
ET « CRIBLE » P. 44
DOSSIER PATRIMOINE
ÉPARGNE
Les 3 menaces qui pèsent sur votre
contrat d’assurance-vie. // P. 41
LES ÉCHOS BUSINESS
CARNET // P. 40
SUR
DANS
« LA CHRONIQUE
BOURSE »
À 12H ET 17H30
DU LUNDI AU VENDREDI
Intel va
supprimer
750emplois
enFrance
Laurent Marcaillou
— Correspondant à Toulouse
La LGV Paris-Strasbourg
sur les rails. // P. 22
FINANCE & MARCHÉS
INTERVIEW
// P.27
DERNIÈRE HEURE
L’automobile cherche sa place
dans la ville de demain.
Réalité augmentée,
tour de chute rotative :
les parcs 2.0 sont lancés. // P. 31
Le pôle TV
jeunesse de
Lagardère lance de
nouvelles activités
et s’ouvre un peu
plus à l’étranger.
Le groupe américain Mondelez, fabricant
des biscuits LU et Oréo, vient de déposer
une offre pour acquérir les chocolats
Hershey. Révélée par le « Wall Street Journal », l’information a fait bondir le cours de
bourse de Hershey de plus de 20 % en quelques heures, gonflant sa capitalisation de 21
à plus de 25 milliards de dollars.
Mondelezaproposé107dollarsparaction
la semaine dernière. Mais compte tenu du
cours auquel s’échangeaient les actions Hersey jeudi après l’annonce des pourparlers
(112 dollars), il y a fort à parier qu’il devra
améliorersonoffre.Lafusionreste,quoiqu’il
en soit, très incertaine : le groupe Hersey est
en effet contrôlé par un « trust » fondé il y a
plus de cent ans par le fondateur Milton
Hershey, qui accapare encore plus de 80 %
des droits de vote aujourd’hui. Ce trust a toujours été très attaché à l’indépendance du
groupe. Il y a une quinzaine d’années, il avait
notamment rejeté à la dernière minute une
offre de Wrigley, qui lui proposait 12,5 milliards de dollars. Hershey est toutefois plus
fragile qu’il ne l'était au début des années
2000 : confronté à des problèmes de gouvernance, il ne cesse de chuter en bourse depuis
deux ans, ce qui le rend d’autant plus vulnérable aux offres de reprise.
Concessions
La puissance de Mondelez est écrasante.
Valorisé 69 milliards de dollars, il représente le deuxième acteur agroalimentaire
mondial (hors boisson) après Nestlé. Il
constitue surtout l’un des poids lourds du
« snack ». Anciennement Kraft Foods, il
réunit des produits phares du chocolat
(Milka, Terry’s, Poulain, Suchard), du biscuit (LU) et de la confiserie (Malabar, Hollywood). Mondelez a proposé plusieurs
concessions pour amadouer sa proie. Il
promet de préser ver les emplois et
d’implanter son siège social « chocolat » à
Hershey (Pennsylvanie), le fief du groupe
du même nom.
Plus encore, il s’engage à ce que la nouvelle entité conserve le nom de Hershey
–unesurprisecomptetenudufaitqueMondelez pèse trois fois plus.
Cette fusion, si elle se confirme, ferait naître un nouveau numéro un mondial de la
confiserie. Les numéro deux et cinq du secteur raviraient ainsi la première place au
groupe Mars, qui accapare 13 % des parts de
marché aujourd’hui. Il n’est toutefois pas
certain que les autorités de la concurrence
valident l’opération.
Les concentrations ont été particulièrement nombreuses ces dernières années,
avec le risque de voir les prix monter pour
les consommateurs. Le Suisse Lindt avait
déjà créé la surprise, il y a deux ans, en
rachetant les boîtes de chocolats Russell
Stover.L’offensivedeMondelezétonnetout
autant : jusqu’à jeudi, les investisseurs le
considéraient plus comme une proie
potentielle qu’un acquéreur. Les rumeurs
allaient ainsi bon train, quant à un éventuel
rapprochement avec le groupe Kraft
Heinz, désormais placé sous le contrôle du
milliardaire brésilien Jorge Lemann
(fonds 3G). S’il rachète Hershey, Mondelez
deviendra quasi-impossible à digérer par
un autre groupe. n
Europe 1auraitchoisi Alessandra Sublet
pourremplacerCyril Hanouna
Nicolas Madelaine
et Alexandre Counis
Europe 1 aurait résolu le dilemme à haut
risque du remplacement de Cyril Hanouna
sur sa tranche de 16 à 18 heures. Selon nos
sources, il semble se confirmer qu’Alessandra Sublet, qui présente « Action ou
Vérité » sur TF1, devrait lui succèder. Son
nom, qui faisait partie d’une short-list de
quatre personnes, avait circulé il y a quelques semaines. La question de savoir si elle
interviendra exactement sur la même tranche n’est pas encore réglée.
Le choix d’Alessandra Sublet serait envisagé pour sa fraîcheur, son énergie et sa
proximité avec le public. Europe 1 voulait
quelqu’un de drôle mais apportant un peu
plus de « valeur ajoutée », moins désassorti
à l’image de la station, et moins clivant que
Cyril Hanouna. La radio voulait aussi quelqu’un pouvant faire preuve de plus d’abnégation, c’est-à-dire sachant s’effacer devant
ses chroniqueurs.
Reconquérir du terrain
Avec Alessandra Sublet, Europe 1 espère
reconquérir du terrain sur cette tranche qui
est la deuxième plus génératrice de chiffre
d’affairespublicitaireenradioenraisond’un
public assez proche de celui du matin : plus
CSP+, plus masculin, plus jeune et plus actif
qu’en moyenne, et donc attirant les annonceurs. Europe 1 espère aussi que l’impact des
mauvaisscoresdeCyrilHanounasurlereste
de la grille et en particulier la matinale – le
prime time du média avec 60 % du total des
revenus – ne sera bientôt plus qu’un lointain
souvenir. Cet impact est désormais clairement analysé. L’animateur a fait perdre
550.000 auditeurs nets – leur nombre est
tombé de 1,5 million à 964.000 – à la station
pendantsatranchehoraireetce,bienqu’ilait
apporté 200.000 auditeurs nouveaux. En
gros, Europe 1 n’a plus pesé à cette heure que
45 % des audiences de RTL, au lieu de 78 % il
y a deux ans. La contagion à la Matinale est
estimée à 260.000 auditeurs en moins, Thomas Sotto ayant réussi à compenser avec
169.000 nouveaux auditeurs, calcule la station.Elleestimequ’elleaurait« tangenté »les
10 % d’audience cumulée au global si elle
avait maintenu le rythme de Ruquier en fin
d’après-midi. n
Le couperet est tombé. Intel, le premier
fabricant mondial de microprocesseurs, a annoncé, mardi, en comité
d’entreprise extraordinaire la fermeture d’ici à la mi-2017 de cinq centres de
R&D en France et la suppression de
750 emplois sur un millier de salariés
dans l’Hexagone. Les centres de Sophia
Antipolis (400 salariés, 500 emplois
avec les sous-traitants), Toulouse
(273 salariés), Aix-en-Provence (35),
Montpellier (40) et Nantes seront fermés d’ici un an. Il ne restera que le siège
de Meudon, un laboratoire de certification de 20 personnes à Sophia Antipolis
et une joint-venture avec le CEA.
Cette décision intervient dans le
cadre du plan de suppression de
12.000 emplois dans le monde prévu
d’ici à la mi-2017, soit 11 % des
107.000 salariés du groupe. Annoncé le
19 avril par le président exécutif Brian
Krzanich, il doit permettre d’économiser 1,4 milliard de dollars par an. Mis en
difficulté par la baisse des ventes de PC,
son marché phare, qui a essentiellement profité aux puces moins gourmandes en énergie de son concurrent,
Qualcomm. Désormais, l’américain
mise sur les composants pour les objets
connectés et le Cloud.
Intel a raté le virage
du smartphone
et des tablettes.
Cinq centres de R&D
doivent fermer d’ici
à la mi-2017.
Le groupe a pourtant beaucoup
investi dans la R&D en France depuis
cinqans,notammentdanslesmobileset
les modems. Il a créé plusieurs centres
de recherche, reprenant des activités
laissées par d’autres électroniciens. Le
site de Sophia Antipolis, racheté à Infineon en 2011, est passé de 150 à 400 salariés.AToulouse,Intelarepris53salariés
de la R&D de téléphonie mobile de
Freescale en 2009 et porté l’effectif à
273 personnes en six ans. Le groupe a
même annoncé en avril le transfert du
personnel de Montpellier à Toulouse.
Mais ses difficultés ont complètement
remis en cause cette stratégie.
« LesprojetsdeR&Dserontenvoyésaux
Etats-Unis ou en Chine et les brevets de
recherche seront concentrés sur le hub
européen de Munich, déplore Mostapha
Aqachmar, délégué syndical CFE-CGC.
Ladécisiondetoutfermeresttrèsdommageable. Les modems 3G et 4G ont été développésàSophiaAntipolis.Onvaperdredes
compétences rares qui partiront ailleurs,
alors qu’avec les subventions et le crédit
impôt-recherche, nos ingénieurs sont les
moins chers d’Europe. » Les discussions
sur le plan de sauvegarde de l’emploi
débuteront le 12 juillet. La CFE-CGC a
indiquéqu’ellen’accepterapaslePSEprésenté « s’il n’est pas amendé pour être au
niveau des sacrifices, et au niveau de la
valeur intellectuelle et du savoir-faire qui a
été transféré à l’étranger ». Elle demande
au gouvernement d’intervenir « pour
empêcher ce désastre dans une société qui
distribue plusieurs milliards de dollars de
dividendes ». Au premier trimestre, Intel
a enregistré un bénéfice net de 2 milliards de dollars, en hausse de 3 %. n
Lagardère Active
Diversification au menu
du pôle TV jeunesse Lagardère
20 //
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
INDUSTRIE
&SERVICES
LES CONSTRUCTEURS FACE AU DÉFI DES MÉGALOPOLES
L’automobile cherche
l Au-delà de l’exemple parisien, la pression monte sur l’usage de la voiture individuelle
l Electrique, distribution digitale, services de mobilité, voiture autonome : les construc
à suivre
Shutterstock
Maxime Amiot
@Maxamiot
et Julien Dupont-Calbo
@jdupontcalbo
L’Union européenne interdit la pêche
en eaux profondes
PÊCHE — L’Union européenne interdit après des années de dis-
cussions la pêche en eaux profondes. L’accord entre Etats membres, Commission et Parlement européen bannit le chalutage
de fond à plus de 800 mètres dans les eaux européennes. Cette
profondeur est ramenée à 400 mètres dans les zones dites
« d’environnement marin vulnérable ». Dans les eaux autorisées,
la pêche en profondeur ne pourra être pratiquée que si la zone a
déjà été exploitée entre 2009 et 2011. Les contrôles seront renforcés, tout comme les sanctions en cas d’infraction.
Vivarte : projet de cession de Kookaï,
Chevignon et Pataugas
HABILLEMENT — Le groupe Vivarte (La Halle, La Halle aux
chaussures, André, Caroll, Minelli, San Marina...) a annoncé la
mise en vente de ses enseignes Kookaï, Chevignon et Pataugas,
qui comptent au total plus de 900 salariés, a-t-on appris jeudi de
sources concordantes. « Nous avons simplement été informés
par téléphone, sans aucun détail », du projet de vente de ces trois
enseignes, a indiqué à l’AFP le secrétaire CGT du comité de
groupe. Vivarte est dirigé depuis le printemps par Stéphane
Maquaire, ancien patron de Monoprix.
Servier va rassembler sa R&D à Saclay
PHARMACIE — Le laboratoire Servier va regrouper à l’horizon
Les jours de la « bagnole » en ville
sont-ils comptés – et ceux des constructeurs avec ? A Paris, l’interdiction, à compter de vendredi, des voitures immatriculées avant 1997
remet le sujet au beau milieu de la
table. « La pression monte au niveau
mondial. Il y a un consensus quasi
unanime », note Bernard Jullien, du
Gerpisa.
Que ce soit en France (lire ci-contre), à Londres (péage urbain depuis
2003, voies spécifiques pour vélo…),
Copenhague (497 km de pistes
cyclables !), Bruxelles (quelque
50 hectares de zones piétonnes),
Rome (lire ci-contre)… Sans compter la Chine, où une dizaine d’agglomérations ont purement et simplement stoppé l’immatriculation de
voitures neuves thermiques. « Le
courant est là, on n’y échappera pas »,
juge Vincent Hancart, le directeur
général d’Autoscout24, un site de
vente « d’occases ».
En clair, entre les restrictions de
circulation,larareté(etlacherté)des
parkings – plus de 20.000 places
individuelles ont été supprimées à
Paris en dix ans –, l’essor des nouvelles formes de mobilité (covoiturage,
autopartage, vélo à la demande,
location entre particuliers), la voiture individuelle semble se rapprocher inexorablement de l’impasse,
au moins dans les grandes villes.
Depuis 2005, le taux d’équipement
pour 1.000 habitants a plongé de 9 %
•
QUELLES VOITURES
NE POURRONT PLUS CIRCULER
DANS PARIS ?
Toutes les voitures particulières
mises en circulation avant janvier 1997. Mais aussi les utilitaires
légers immatriculés avant octobre 1997. Selon AutoScout24, quelque 600.000 véhicules seraient
visés en région parisienne. Sont
aussi concernés les deux-roues mis
sur route avant juin 1999, et les
poids lourds et les bus datant d’au
moins octobre 2001, mais pas les
fourgons, les déménageurs, les
D U 2 2 J UI N A U 2 AOÛT 20 16
SOLDES
Polluante, encombrante, bruyante...
La voiture particulière cristallise les
critiques. Certains – écologistes ou
citadins – voient dans les efforts des
villes des décisions courageuses et
salutaires. D’autres, comme certaines associations d’automobilistes,
dénoncent des mesures à la fois
injustes (quid de la perte de valeur
pour les détenteurs de vieilles voitures ?), pas toujours efficaces (la ban-
Le transport routier
constitue la première
source de pollution
dans Paris intramuros,
la faute notamment à
la vieillesse du parc.
proposer, de nouveaux modes d’utilisation de la voiture à trouver. Le véhicule reste un actif important, mais on
doit augmenter son taux d’utilisation », ajoute Christian Sere Annichini, le responsable Autopartage
chez PSA
Pour les industriels, le risque
d’être marginalisé dans le paysage
urbain est bien réel. Au fil des ans, le
« business »généréenmilieuurbain
a sensiblement fondu : les ventes de
voitures neuves tournent autour de
50.000 unités à Paris, contre 65.000
en 2005. Les effectifs de la branche
réparation y ont plongé de 24,5 %
entre2007et2013,etlesconcessions
y deviennent de plus en plus rares...
« Or les villes regroupent des catégories CSP +, des clients, dont il serait
dommageable de se couper », constate Jean-Pierre Orfeuil, de l’Institut
pour la ville en mouvement.
Pour les constructeurs, l’heure est
donc à la résolution de ce casse-tête.
Leur tentative de reconquête de
l’espace urbain s’égaie à tous les
niveaux. Côté distribution, on voit
apparaître les premières concessions digitales. Mi-juin, Audi inaugurait à Paris son premier Audi City
en France. Avec ses espaces de réalité virtuelle et ses écrans géants, le
concept, déjà présent en Chine, à
Londres et Berlin, doit permettre
de présenter en virtuel l’étendue de
la gamme du constructeur sans
besoindel’espaced’expositiontraditionnel. Autre brique essentielle,
l’évolution de la gamme, avec l’arrivée de modèles moins gourmands,
et l’abandon en cours du diesel sur
les petites citadines (c’est déjà fini
pourRenaultTwingo,laPeugeot108
ou la Citroën C1…).
En parallèle, les modèles électriques et hybrides montent peu à peu
en puissance. Pour l’heure, le zéro
émission reste freiné par différents
obstacles – coûts, espaces limités
pour installer des bornes chez les
particuliers. La Zoé de Renault ne se
vend qu’à 15 % dans les villes... Et les
constructeurs s’avèrent toujours en
retardsurl’offredevéhiculesutilitaires, un sujet pourtant critique pour
les artisans et petits commerces. En
France, 17 % du parc d’utilitaires
répond à des normes antipollution
antérieures à 1997...
pompiers, les camions citerne ou
frigorifiques et les voitures de collection. L’interdiction est valable du
lundi au vendredi, de 8 heures à
20 heures (les poids-lourds sont,
eux, interdits 7 jours sur 7). La verbalisation n’interviendra qu’en
octobre. Montant de l’amende :
35 euros, voire 45 euros en cas de
défaut de vignette.
CES VIGNETTES
•SONT-ELLES
OBLIGATOIRES ?
Les pastillesCRIT’Air sont facultatives, mais obligatoires pour péné-
trer dans les zones à circulation
réduite. Elles seront payantes à partir de janvier (4,50 euros).
• QUELLES AIDES EXISTE-T-IL ?
La Ville de Paris va densifier d’ici à
quelques jours le soutien aux Parisiens remisant leur vieille voiture.
Selon le nouveau plan, il sera possible d’obtenir une subvention de
400 euros maximum (pour payer
une partie du passe Navigo, un
abonnement Velib’ ou son propre
vélo) en abandonnant un véhicule
essence immatriculé d’avant 2006
ou un véhicule diesel d’avant 2011.
Une aide spécifique pour les deuxroues d’avant 2010 va être créée et
les artisans pourront toucher jusqu’à 9.000 euros pour l’achat d’une
camionnette roulant à l’électrique
ou au gaz naturel.
• ET DEMAIN ?
D’ici à 2020, la Mairie entend sortir
deseschausséeslesvoituresdeplus
de neuf ans et n’autoriser que les
automobilistes dotés d’une pastille
verte à s’y déplacer – ce qui devrait
exclure les diesélistes. n
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70 % de citadins d’ici à 2050
lieue n’est que peu associée) et
incomplètes (la pression reste faible
surles deux-roues, et l’offre detransport en commun ne suit pas). « Il ne
faut pas interdire la circulation des
voitures les plus polluantes sans proposerd’alternative.Lessolutionsexistent, mais il faut qu’elles soient abordables », ajoute Joseph Beretta.
Quoi qu’il en soit, la réalité est là.
« D’icià2050,onestimeque70 %dela
population mondiale vivra dans les
villes. Les constructeurs doivent bouger »,prévientRémiCornubert,d’AT
Kearney. « Il y a d’autres services à
Interdiction àParis, moded’emploi
2020 ses 600 chercheurs dans un nouveau bâtiment à Saclay
(Essonne), dans lequel il investira 240 millions d’euros. Une
option a déjà été prise sur un terrain proche du futur métro.
Lors de la présentation de la stratégie du groupe à l’automne
dernier, le président de Servier avait évoqué la nécessité de
mieux insérer la R&D du groupe dans un environnement scientifique, ce qui n’est pas le cas des sites actuels de Croissy et de
Suresnes (Hauts-de-Seine).
fi nsbury- shoe s.com
àParis, de 8 %àLondres ou de16 % à
Munich, estime le cabinet Euromonitor. « Pour avoir des villes plus
agréables et améliorer la qualité de
l’air, il faut partager davantage les
véhicules et les rendre le plus propre
possible »,soutientJosephBeretta,le
président de l’Association nationale
pour le développement de la mobilité électrique.
Avecuntauxd’occupationmoyen
de 1,2 passager en France, l’automobile participe en outre à la congestion des villes, créant des embouteillages et prenant sa part de
l’espace urbain (routes, parking).
« En moyenne, un tiers des voitures
qui tournent dans les villes cherchent
une place de parking », relève-t-on du
côté d’Audi. Le transport routier
constitue par ailleurs la première
source de pollution dans Paris intramuros, la faute notamment à la
vieillesse du parc : dans les villes
françaises de plus de 100.000 habitants, l’âge moyen des véhicules
atteint 9 ans, et nombre de ces derniers ont été immatriculés à une
époque où les normes antipollution
étaient moins sévères.
st-on aujourd’hui has been si
on est l’unique et heureux
propriétaire de sa voiture ?
La question se pose pour une frange
de la population, celle qui vit dans
les grandes villes. Il existe tant de
nouvelles solutions de mobilité – et
mêmes des bus Macron ! – que les
ménages citadins se posent désormais mille et une questions quand
vient l’heure d’acheter ou de renouveler un véhicule. Logique, la possession d’une voiture s’avère coûteuse(enmoyenne,lebudgetannuel
dépasse les 5.400 euros par an,
achat compris) et les prix d’un
bolideneufgrimpentrégulièrement
– à l’instar de l’immobilier. Au final,
les voitures achetées à la sortie de
ANALYSE
M. At et J. D.-C.
l’usine constituent un luxe réservé à
une minorité de particuliers aisés.
Pour les autres, s’offrir un véhicule neuf ne semble pas toujours
très rationnel. « Au contraire d’un
appartement, une voiture se dévalorise dans le temps. Ce n’est pas un
investissement facile », juge Hubert
Hutin, d’EurotaxGlass’s. C’est
d’autantpluscompliquéquel’aspect
statutairedelapossessiond’unevoiture s’évapore chez les nouvelles
générations. En France, la moyenne
d’âge des acheteurs de voitures neu-
ves s’établit à 55,3 ans, un record.
Pour les jeunes, qui font de plus en
plus l’impasse sur le permis de conduire, faute de moyens ou d’envie, la
voiture à soi serait presque devenue
hors sujet… Même les propriétaires
sontdavantagetentésd’amortirleur
bien en le partageant, via le covoiturage ou la location entre particuliers. « On le voit avec Airbnb, chacun
cherche à amortir son bien. C’est la
même démarche dans l’auto », rappelle Dominique Allain, consultant
indépendant.Autremanièrederentabiliser l’achat : garder longtemps
le même véhicule, ce qui lisse
l’amortissement – mais dégrade le
plaisir de conduire.
Pour contenter leur porte-mon-
naie, les automobilistes se tournent
vers le financement par location
avec option d’achat (LOA). Dans ce
système,unacheteurpaiedesloyers
et peut acheter son véhicule au bout
de deux à cinq ans. Progressivité des
mensualités, entretien assuré, possibilité de changer de véhicule… Les
avantages de la formule pullulent.
Au premier trimestre, les financements de ce type ont bondi de
35,7 %. « Le phénomène est général »,
souffle-t-on chez un constructeur.
Dans les concessions Renault, les
« produits fidélisants », comme la
LOA ou la location longue durée
représentent 55,90 % des financements automobiles. En 2014, c’était
presque 2 fois moins. n
INDUSTRIE & SERVICES // 21
Les Echos Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
saplacedanslavillededemain
Des restrictionsàl’étude
dansune dizainedevilles
en milieu urbain.
teurs s’adaptent.
La « reconquista » passera aussi
par une approche radicalement
nouvelle. Fini la vente du seul produit, place à l’usage et aux services
afférents. Le mouvement a été franchement amorcé depuis le début
d’année. Rachat de Lyft par General
Motors, alliance entre Toyota et
Uber, investissement de Volkswagen dans Gett, entre autres. Les
constructeurs, qui présentent tous
des plans stratégiques tournés vers
la mobilité et les services, investissent dans les VTC, l’autopartage, la
location entre particuliers...
Prochaine étape : l’avènement de
la voiture autonome. Dans la banlieue de Boston, Audi expérimente
des parkings permettant de garer en
mode automatique des voitures qui
pourront être rappelées via smartphone par leurs propriétaires ou
même commandées par des tiers en
mode « car-sharing ». Assez pour
imaginer un jour des parkings hors
des centres-villes et des voitures
100 % à la demande. Le même genre
deréflexionsexistechezBMW,Mercedes, Volvo ou Jaguar, qui montent
des équipes spécialisées sur les villes. Les constructeurs n’entendent
pas lâcher la chaussée...
(
Les deux décrets nécessaires
aux interdictions
de circulation viennent
de paraître. De nombreuses
villes vont lancer des études.
Matthieu Quiret
@MQuiret
Les communes les plus engagées
danslalutteantipollutiondisposent
depuismercredidel’arsenalqu’elles
attendent depuis des mois. Avec
pour commencer le décret relatif
aux zones à circulation restreinte
(ZCR). Désormais, le maire ou le
président d’une intercommunalité
peut prendre un arrêté d’interdiction de circulation des véhicules
polluants dans tout ou partie de son
territoire. Seconde arme : l’arrêté
créant les 6 vignettes de couleur
classant les niveaux d’émission des
véhicules vient de paraître.
LeGroupementdesautoritésresponsables de transport (GART) a
émis des critiques sur leur application trop restrictive pour les transports publics, mais, dans l’ensemble, les élus locaux disposent
désormais d’un dispositif à leur
main. Les décrets leur laissent une
large autonomie de décision. C’était
la condition posée par les collectivités pour s’engager dans ces ZCR. Ils
devront simplement produire une
étude environnementale et
recueillir l’avis de quelques parties
prenantes (conseils municipaux
des communes limitrophes, chambres consulaires concernées, etc).
La ministre de l’Environnement,
Ségolène Royal, a confirmé au
« Parisien »mardiqu’unedizainede
villesétaientprêtesàfranchirlepas.
Grâce à la souplesse du dispositif,
lesmairesentendentl’appliquersur
mesure. Paris joue en première
ligne dès ce vendredi avec une interdiction de circuler pour les voitures
d’avant 1997 les jours de semaine.
Lire l’éditorial de
Jean-Marc Vittori page 12
Des bluecar
à Singapour
Le groupe Bolloré a annoncé jeudi avoir décroché
le contrat du futur système
d’autopartage de la ville
de Singapour. Une flotte
de 1.000 voitures électriques
et 2.000 bornes de recharge
seront progressivement
mises en place dès 2017. Par
ailleurs, le groupe installera
sur place un centre R & D.
En embuscade figure Versailles, qui
a adopté le même schéma.
La ville de Strasbourg envisage,
elle, d’appliquer les restrictions de
circulation uniquement pour les
poids lourds dans le centre-ville à
partir du 1er janvier 2018. La métropole de Grenoble était initialement
dans les starting-blocks, mais les
discussions patinent : dans un premier temps, les vignettes de couleur
serviront à réguler un nouveau
règlement de livraison non polluante en ville. Elles serviront aussi
pour la gestion des pics de pollution
en permettant un meilleur filtrage
des véhicules.
Aide de l’Etat
A plus long terme, de nombreuses
villes pourraient embrayer le pas de
Paris. Le ministère de l’Environnement avait sélectionné il y a un an
dans l’appel à projets « Villes respirables en cinq ans » 25 groupements de collectivités, représentant
735 communes et près de 15 millions d’habitants. L’Etat promet
d’aider les collectivités volontaires à
étudier leurs ZCR d’ici à cinq ans.
Par exemple, la vice-présidente de
Bordeaux Métropole chargée de la
transition énergétique, Anne Walryck, explique à « Sud-Ouest »
qu’une étude sera lancée « pour
identifier les endroits de l’agglomération où une ZCR est nécessaire ».
Cesprochainesannées,lescollectivités devront aussi résoudre les
questions encore en suspens.
Notamment la meilleure façon de
contrôler les véhicules interdits de
circulation, sachant que les vignettes ne sont pas encore obligatoires.
Des conflits politiques pourraient
émergerdecesdiscussions,sachant
qu’une intercommunalité peut
imposeruneZCRàl’unedesescommunes. Voilà pourquoi le passage
de la réflexion à l’action risque de
prendre plusieurs années. n
DÉCRYPTAGE // Les restrictions de circulation
pourraient accroître les difficultés du réseau.
Le plan deRome pourfreiner la circulation
Undéfipourl’offre
detransportsurbains
Les vieux véhicules
sont dans le viseur.
Mais la mairie peine
à relancer les transports
en commun.
R
estreindre la circulation
automobile dans les villes
pour limiter la pollution est
unobjectiflouable.Acondition,toutefois, que les réseaux de transports
en commun offrent aux habitants
une alternative viable pour leur
déplacement. Les associations
d’automobilistes utilisent souvent
ce raisonnement pour critiquer les
mesures prises par certaines municipalités. Et l’illustrent par la situation en Ile-de-France, où les lignes
de trains de banlieue et de RER,
essentielles pour entrer et sortir de
Paris, sont le plus souvent saturées.
Les détracteurs de la politique
d’AnneHidalgoontreçusurcepoint
un renfort inattendu en début
d’année :laCourdescomptes !L’institution a consacré un chapitre de
sonrapportannuelàlasituationdes
transports ferroviaires en Ile-deFrance. Avec un constat inquiétant
sur la vétusté du réseau de trains de
banlieue et de RER : malgré les
chantiers de rénovation, « l’état
général des infrastructures va continueràsedégraderjusqu’en2020,etce
n’est qu’en 2025 qu’on retrouvera le
niveau d’aujourd’hui, lequel est loin
d’être optimal. Un tel constat est évidemment inquiétant, car, outre les
risques qu’il comporte pour la sécurité, il signifie que les incidents techniques liés à la vétusté des installations
ne connaîtront pas une diminution
significativeavantaumoinsdixans ».
Dans ces conditions, juge la Cour
des comptes, « il est nécessaire de
veiller à ce que la politique d’encouragementàl’usagedestransportscollectifs n’ait pas pour effet d’accroître le
trafic sur les tronçons ferroviaires
déjà saturés, et de dégrader encore
une qualité de service déjà considérée
comme critique par les usagers, en
particulier par les habitants les plus
éloignés du cœur de l’agglomération ». En clair, encourager les Franciliens à délaisser leur voiture pour
emprunter le RER ne ferait, en l’état
actuel, que « thromboser » un peu
plus le système.
Le sujet est tout aussi problématique dans les grandes villes de province, où ce n’est pas tant la vétusté
ou la saturation du réseau qui pose
problème, mais son financement.
Lesopérateursnecessentdelerépéter, le modèle économique du secteur est en crise et les municipalités,
coincées entre la baisse des dotations de l’Etat et la difficulté à augmenter le prix des billets, peinent à
boucler leur budget transport. Elles
ont même commencé, dans certaines villes, à réduire l’offre, le soir ou
le week-end par exemple. n
Olivier Tosseri
— Correspondant à Rome
L’Italie est l’un des pays européens avec le plus grand nombre
de voitures par habitant (605
pour 1.000). Tout comme Rome,
où circulent 71 voitures pour
100 habitants et 700.000 deuxroues environ. En mouvement ou
à l’arrêt, ils occupent 20 % de sa
superficie. Pour s’attaquer aux
problèmes de pollution et
d’engorgement du centre-ville, la
dernière équipe municipale a
adopté un nouveau plan de trafic
urbain qui entrera en vigueur en
2017. Le but est d’y réduire l’utilisation de la voiture par les
Romains de 50 à 43,3 % par jour,
d’augmenterleurusagedestransports publics de 28,9 à 38,4 % et
d’inciter les déplacements à vélo
avec la construction de nouvelles
pistes cyclables et le lancement
du « bike-sharing ».
Un « bonus mobilité »
Lecœurdeceprogrammeestune
réglementation encore plus
stricte des Zones à trafic limité
(Z.T.L), déjà en place depuis quelques années. A l’intérieur de ces
zones, et à certains horaires, seuls
des véhicules autorisés avec un
permisspécialapposésurleparebrise, peuvent circuler. Une res-
Shutterstock
Lionel Steinmann
@lionelSteinmann
En mouvement ou à l’arrêt, les véhicules occupent 20 % de la superficie de la ville éternelle.
triction qui ne s’applique pas aux
deux-roues ni aux voitures entièrement électriques. Concernant
les normes européennes Euro
fixant les limites maximales de
rejets polluants, un tour de vis a
été donné dans la « zone verte » et
l’anneau ferroviaire entourant le
centre-ville. Les véhicules Euro 0
(avant 1993) y sont interdits
depuis novembre 2015. Suivra, en
novembre 2016, l’interdiction de
ceux Euro 1 essence et Euro 2 Diesel. En novembre 2017, enfin, arrivera celle des voitures Euro 2
essence et Euro 3 Diesel (depuis
2001).
Des mesures qui s’accompa-
gnent de « bonus mobilité » à partir du 1er janvier 2017, avec l’octroi
d’un paquet d’entrées dans ces
zones pour les usagers qui s’engagent à un nombre limité de déplacements avant de s’acquitter d’un
péage variable selon leur véhicule. Unsystème électroniquesur
le modèle de celui de Londres
sera mis en place. « Nous ne voulons pas gagner de l’argent avec
cela, mais faire changer les habitudes des Romains », a expliqué l’un
des auteurs de ce plan.
Pour les inciter à laisser leur
voiture au garage, des artères
importantes de la ville seront fermées à la circulation tandis qu’il
sera interdit de se garer sur
d’autres pour fluidifier la circulation. Trois sociétés se partagent
en outre le marché en pleine
expansion du « car-sharing ».
Quant à l’offre de transports en
commun, elle sera accrue, promet la mairie, avec de nouvelles
lignes de tramway et de bus. Un
vœu pieu pour certains. L’Atac,
la régie des transports de la capitale, a enregistré une perte de
150 millions d’euros en 2015.
Et 40 % de ses cars et bus ne peuvent pas circuler faute d’entretien
et de maintenance. Un dossier
phare pour la nouvelle maire,
Virginia Raggi. n
22 // INDUSTRIE & SERVICES
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
LaLGVParisStrasbourg
surles rails
Nucléaire : Engie sort de
l’enrichissement d’uranium
TRANSPORT
l L’énergéticien est en passe de céder à Areva sa participation dans l’usine GB II.
l Le groupe nucléaire attend « un retour sur investissement fort et rapide ».
Le dernier tronçon
est mis en service
dimanche.
ÉNERGIE
Véronique Le Billon
@VLeBillon
Retardée de trois mois du fait
du déraillement meurtrier, le
14 novembre dernier, d’une
rame d’essai à Eckwersheim, à
l’approche de Strasbourg, la
mise en service de la deuxième
phase de la ligne à grande
vitesse (LGV) du TVG Est, baptisé l’« Européenne », intervient
cedimanche3juillet.L’accident,
imputable à un excès de vitesse,
avait fait 11 morts et 42 blessés.
Le temps de réparer les
infrastructures endommagées,
les trains rouleront encore
27kilomètressuruneseulevoie,
à raison de 16 allers-retours par
jour. Il faudra donc attendre
quelques mois pour que le
temps de parcours entre les
deux capitales descende à
1 h 46 min, contre 2 h 20 min
depuislamiseenservicedupremiertronçondelaligneen2007.
C’est une illustration symbolique
du mouvement stratégique en
cours chez Engie : selon nos informations, l’énergéticien est en négociations avancées avec Areva pour
lui céder les 5 % qu’il détient dans
l’usine d’enrichissement d’uranium
située au Tricastin (Drôme), Georges Besse II (GB II). Alors qu’Engie
est engagé dans un plan de cession
de ses actifs non stratégiques, l’enrichissement d’uranium, une étape
clef de la fabrication de combustible pour les centrales nucléaires, ne
fait plus partie de son cœur de
métier, en dépit des sept réacteurs
qu’il exploite en Belgique.
L’attractivité
de l’Eurométropole
Strasbourg
sera renforcée.
Dès lors, l’attractivité de
l’Eurométropole Strasbourg
s’en trouvera une nouvelle fois
renforcée. En effet, depuis que
le TGV a remplacé le Corail,
ramenant le temps de trajet de
4 heures à 2 h 20 min, le trafic
voyageurs s’est beaucoup développé. Le marché de Noël de
Strasbourg, par exemple, fait
systématiquement exploser le
trafic, tandis que les hommes
d’affaires et les politiques ont
troqué le train contre l’avion. A
tel point que la fréquentation
des vols Air France vers Paris
s’est effondrée, contraignant la
compagnie nationale à réduire
son offre, puis à abandonner
les dessertes de Roissy en 2013
et d’Orly tout récemment.
En outre, depuis 2010, le
chantier des 106 kilomètres
de nouvelles infrastructures
aura soutenu l’activité des travaux publics en Alsace et en
Lorraine, mobilisant plusieurs
dizaines d’entreprises de génie
civil, notamment pour le percement du tunnel de Saverne, un
Patrick Hertzog/AFP
Christian Lienhardt
— Correspondant à Strasbourg
Depuis que le TGV a
remplacé le Corail dans
l’Est, le trafic voyageurs
s’est beaucoup développé.
ouvrage bitube long de 4 kilomètres. Au total, l’investissement pour cette deuxième
phase de la LGV européenne
aura très légèrement dépassé
les 2 milliards d’euros, dont
469 millions à la charge des
trois anciennes régions qui forment aujourd’hui le Grand Est.
Carrefour de l’Europe
Autant dire que les élus espèrent que cet effort financier sera
payéenretourparuneaccélération de la reprise économique
observée sur les bords du Rhin.
L’édification d’un vaste quartier
d’affaires à Strasbourg à côté du
Parlement et l’arrivée de sièges
sociaux comme celui d’Adidas
participent à cet élan. « Strasbourg doit redevenir le carrefour
de l’Europe », martèlent les décideurs politiques alsaciens. Car,
au-delà de la liaison TGV avec
Paris,l’Européenneestl’amorce
du projet Magistrale, futur axe
ferroviaire à grande vitesse
Paris-Bratislava. Dès le 3 juillet,
Francfort – avec trois allers-retours quotidiens – ne sera plus
qu’à 1 h 45 min de Strasbourg,
Stuttgart à 1 h 18 min et Mannheim à 1 h 5 min. La SNCF et la
Deutsche Bahn viennent
d’ailleurs d’annoncer un renforcement de leur coopération,
en proposant conjointement
la desserte Paris-StrasbourgAllemagne, assurée par des
rames ICE nouvelle génération
et des rames TGV Euroduplex,
avec à bord un personnel trilingue français, allemand, anglais.
a
Trente-cinq ans de TGV
sur lesechos.fr/diaporama
AVIS FINANCIERS
BNP PARIBAS A FUND
SICAV de droit luxembourgeois – Classe OPCVM
Siège social: 10, rue Edward Steichen, L – 2540 Luxembourg
Registre de commerce et des sociétés du Luxembourg n° B 145.536
AVIS DE CONVOCATION À L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE STATUTAIRE
L’Assemblée générale Statutaire se tiendra le vendredi 15 juillet 2016 à 14h00, dans les bureaux de BNP Paribas
Investment Partners Luxembourg, 10, rue de Edward Steichen, L-2540 Luxembourg, Grand-Duché de
Luxembourg, aux fins de statuer sur l’ordre du jour suivant :
1) Présentation et approbation des rapports du Conseil d’administration et du réviseur ;
2) Approbation des comptes annuels pour la période close au 31 mars 2016 et de l’affectation des résultats ;
3) Quitus aux administrateurs eu égard à l’exercice de leurs fonctions ;
4) Nominations obligatoires ;
« Dégager des synergies »
Areva, qui détient 88 % de la Société
d’Enrichissement du Tricastin
(SET) exploitant l’usine GB II (le
solde est dans les mains d’électriciens japonais et coréens), avait
indiquémi-juinauxanalystesfinanciers prévoir un rachat de parts
minoritaires au sein du groupe.
« Commeonestdansunesituationde
cash difficile, si on dépense de l’argent
pour racheter des minoritaires, c’est
parce qu’on en attend un retour sur
investissement fort et rapide. L’objectif est de dégager des synergies », avait
justifié Stéphane Lhopiteau, directeur financier du groupe en grande
difficulté financière. Selon deux
sources, le montant de la transaction serait situé entre 100 et 150 millionsd’euros.Aterme,Arevaprévoit
d’acheter les parts nécessaires « afin
seront adoptées à la majorité simple des actions présentes ou représentées, compte non tenu des abstentions.
Chaque action, quelle que soit sa valeur unitaire, donne droit à une voix. Les fractions d'actions ne conféreront
aucun droit de vote.
Les actionnaires souhaitant être présents doivent faire connaître leur intention de prendre part à l’Assemblée au
moins cinq (5) jours ouvrables avant la date de l’Assemblée. Ils seront admis à l’Assemblée sur justification de
leur identité et sur présentation d’un certificat de blocage d’action(s).
Les comptes annuels et les rapports du Réviseur d’entreprises et de la direction sont disponibles au siège social
de la Société. Les Actionnaires peuvent demander que ces documents leur soient envoyés. Ils doivent en faire
la demande par courrier à l’adresse suivante: BNP Paribas Investment Partners Luxembourg, 10, rue Edward
Steichen, L-2540 Luxembourg, ou par e-mail à [email protected].
Le conseil d'administration
chiffre d’affaires pour Areva l’an
dernier, avec encore un solide
excédent brut d’exploitation
(35,5 % du chiffre d’affaires).
Mais avec un cours de l’UTS divisé
par deux depuis l’accident de
Fukushima en 2011, le secteur fait
face à des surcapacités. Le numéro
deux mondial, Urenco (derrière le
russe Rosatom), qui affiche un taux
d’Ebitda de 63 % et un résultat net
représentant un quart de son chiffre d’affaires, a d’ailleurs décidé de
ne pas remplacer certaines centrifugeuses en fin de vie, a indiqué
Areva, qui ne vise une remontée
des cours au niveau de l’avantFukushima qu’à l’horizon 2030. n
« Areva sombre »
Areva « est en train
de sombrer », s’alarme
dans un communiqué
l’intersyndicale du groupe.
Elle demande à l’Etat de
présenter « de toute urgence
une révision de sa feuille de
route ». « Le scénario d’Areva
ne sera pas en mesure de
faire face aux échéances
financières de 2017 », estiment la CFDT, la CFE-CGC,
la CGT, FO et l’Unsa. Elles
jugent qu’Areva « n’est plus
maître de son destin ».
Sixansde retardet unetransition àgéreràComurhex
L’usine de conversion
Comurhex II d’Areva
entrera en service fin 2018.
Un an après la fermeture
de l’actuelle unité.
L’activité d’Areva dans les services
de conversion d’uranium naturel
en hexafluorure d’uranium (UF6),
qui permettent de produire du
combustible nucléaire, va connaître une transition délicate en 2018.
Les travaux de création de l’usine
Comurhex II sur les sites de Malvési
(Aude) et Pierrelatte (Drôme) ne
seront achevés que fin 2018, avec
six ans de retard sur le calendrier
initial, a précisé récemment Areva.
Or l’Autorité de sûreté nucléaire n’a
autorisé l’actuelle usine Comurhex I à produire que jusqu’à fin
2017. Pour assurer l’approvisionnement de ses clients, Areva « a pris
l’engagement qu’il n’y aurait pas de
rupture grâce aux stocks », indique
un porte-parole. Fin 2015, la partie
Malvési était construite à 99 % et
celle à Pierrelatte à « plus de 70 % ».
Ce projet aura été un gouffre
financier : alors que l’investissement était évalué à 610 millions
d’euros, le président du conseil
d’administration d’Areva, Philippe
Varin, l’évaluait l’an dernier à
1,2 milliard d’euros. Surtout, dans
un contexte de cours déprimés
depuis Fukushima et l’arrêt des
réacteurs japonais et allemands,
Arevaadépréciésoninvestissement
de 599 millions d’euros fin 2014. Fin
2011, il avait déjà passé une première
provision de 212 millions d’euros.
« Peu compétitive »
« Areva a précédé ses concurrents
dans la construction d’une usine
moderne, conforme aux normes,
mais peu compétitive par rapport
aux prix de marché actuels », notait
la Cour des comptes dans son prérapport sur Areva en 2014. Le projet
initial d’extension de Comurhex II
a d’ailleurs été rapidement gelé.
Dans sa transition vers Comurhex II, Areva n’a pas été aidé par
EDF, son premier client historique. Ainsi, Areva ne couvrait plus
que de 36 % à 38 % des besoins
d’EDF entre 2014 et 2018, l’électricien s’étant diversifié auprès du
canadienCamecoetdurusseTVEL.
Une trajectoire qu’EDF a été prié
de corriger, sous la pression des
difficultés d’Areva. — V. L. B.
Suez revoit sonorganisation
enprofondeur
ENVIRONNEMENT
Après avoir unifié
toutes ses filiales sous
un même nom, le
groupe va centraliser
les fonctions support.
5) Divers.
L’Assemblée pourra délibérer quel que soit le nombre d’actions présentes ou représentées et les résolutions
d’intégrer SET dans le périmètre fiscal du groupe », indique une source.
Engie était entré dans le projet GB II en 2008 pour sécuriser ses
approvisionnements en uranium
enrichi. A l’époque, le ticket d’entrée
de l’ex-GDF-Suez avait été évalué
entre 200 et 300 millions d’euros.
Dotée d’une technologie (la centrifugation gazeuse) moins énergivore que l’usine précédente,
GB II, qui a coûté 4 milliards
d’euros, est arrivée à pleine capacitécetteannée(7,5millionsd’UTS),
ce qui permet à Areva de revendiquer 15 % de part de marché.
L’enrichissement a représenté
près de 900 millions d’euros de
David Barroux
[email protected]
Jean-Louis Chaussade, le directeur
généraldeSuez,aréunijeudi30juin
le comité central français du groupe
qu’il dirige depuis 2007 pour faire
passer un message simple sur le
fond mais pas évident à mettre en
œuvre sur la forme : à l’heure de
l’accélération de la mondialisation
et de la révolution technologique,
Suezdevrarevoirenprofondeurson
organisation. L’objectif n’est pas de
procéder à un énième plan d’économies, mais d’apprendre à travailler
autrement pour être plus efficace.
« Nos métiers et les attentes de nos
clients changent rapidement. Notre
entreprise doit se transformer »,
explique Jean-Louis Chaussade.
Investir sur d’autres fronts
Suez, qui a changé de nom l’an dernier pour unifier toutes ses filiales
sousunemêmebannière,vaenparticulier tirer les conséquences de
cette nouvelle réalité. L’ex-branche
environnement du groupe Suez,
qui a pris son indép endance
en 2008 et qui regroupait historiquement une quarantaine d’entreprises aussi variées que la Lyonnaise des Eaux, United Waters,
Aguas de Barcelona, Degrémont ou
Sita, entend aller plus loin dans la
logique d’intégration. Les fonctions
supports, jusque-là en grande partie gérées au sein des filiales, vont
être regroupées au niveau central.
Tout le pari est que les économies qui seront ainsi réalisées pour
les fonctions RH, communication, finances, juridiques ou autres
permettront de dégager des
moyens supplémentaires pour
investir sur d’autres fronts. « C’est
une logique d’efficacité, de souplesse
et de simplicité. Cela doit nous permettre d’investir de façon prioritaire
dans le développement commercial
et l’innovation », explique le directeur général du groupe. Il espère
avoir trouvé un accord de méthode
et les grandes lignes d’un accord
avec les représentants du personnel d’ici à l’automne prochain afin
de pouvoir mettre totalement en
œuvre ce plan en 2017 et 2018.
La France, qui compte 35.000 des
82.000 salariés, sera la première
concernée, mais l’international sera
également impliqué. A l’étranger, la
réorganisation a déjà commencé
avec la nomination de patrons
pays qui chapeautent l’ensemble
des activités du groupe. En France,
où Suez a besoin de réagir pour
redynamiser un marché atone, il
mettra l’accent sur la formation, la
mobilité et l’innovation pour favoriser la création de jeunes pousses.
Même s’il n’avance pas de chiffrage, le groupe admet aussi que le
plan en discussion avec les syndicats comportera un volet « départs
volontaires ». « Mais il n’y aura
p a s d e p l a n d e s a u ve g a rd e d e
l’emploi », promet Jean-Louis
Chaussade. L’option du départ sera
proposée aux salariés qui ne souhaitent pas une mobilité. n
INDUSTRIE & SERVICES // 23
Les Echos Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
Le Tourde Franceau défi dela sécurité
et dela luttecontre les tricheurs
l La sécurité du Tour, qui débute demain, est renforcée
pour cause de menace terroriste.
l La chasse à la fraude technologique s’est imposée
alors que la question du dopage reste lancinante.
SPORT
Christophe Palierse
[email protected]
198 coureurs au départ ; plus de
3.500 kilomètres de course à ciel
ouvert ; sa caravane publicitaire
longue de 12 kilomètres ; une
dizaine de millions de personnes
attendues sur le bord de la route ;
une diffusion dans 190 pays : audelà de ces quelques chiffres clefs,
l’édition 2016 du Tour de France,
dont le coup d’envoi est donné ce
samedi, confirme que la Grande
Boucle demeure le plus grand événement sportif gratuit au monde,
l’un des plus médiatisés aussi,
et, bien entendu, la compétition
cycliste la plus dure qu’il soit.
Pour autant, ce Tour 2016, à l’instar des précédents d’ailleurs, aura
sa propre trace parce qu’il s’inscrit
dans un contexte sans précédent
avec une menace terroriste permanente, la lutte contre la fraude technologique et le recours au fameux
« vélo à moteur », et ce sans pour
autant baisser la garde en matière
de lutte contre le dopage.
Filtrage renforcé
pour les sites clefs
En matière de sécurité, la Grande
Boucle, qui mobilise bon an mal
quelque 23.000 gendarmes et policiers, a droit à une première avec
la mobilisation d’une équipe du
GIGN susceptible d’intervenir à
tout moment. Par ailleurs, l’organisateur, Amaury Sport Organisation
(ASO), a mis en place un nouveau
PC, au sein duquel les forces de
l’ordre et la sécurité civile sont
représentées. Les équipes du ministère seront coordonnées par les
préfets des départements traversés
par le Tour ainsi que par un souspréfet membre permanent de ce
PC, précise-t-on chez ASO. Il s’agit
des mesures officielles car, indiquet-on aussi du côté de l’organisateur,
ce dernier a pour consigne d’être
discret sur l’ensemble du dispositif. Pour sa part, ASO a renforcé
le filtrage – avec des fouilles – pour
l’accès à ses sites clefs : le village,
les paddocks des équipes et l’arrivée (zone technique, centre de
presse et espaces)
Par ailleurs, la découverte,
au début de l’année, d’un vélo
« bidouillé », doté d’un moteur
caché, lors du championnat du
monde espoir de cyclo-cross a
conduit à la mise en place d’un
dispositif inédit de contrôle (lire
ci-dessous). L’existence d’un
tel matériel au sein du peloton
faisait déjà l’objet de rumeurs
depuis quelques années, des coureurs très en vue ayant été soupçonnés de l’avoir utilisé.
Un nouveau sujet de préoccupation alors que la question lanci-
500.000
EUROS
Le montant de la dotation au
vainqueur du Tour de France, en
augmentation de 50.000 euros.
nante du dopage reste posée, en
dépit des actions menées à son
encontre. Une enquête du journal
« Le Monde » et de l’émission
« Cash investigation » de France
Télévisions a même semé le trouble ces derniers jours en mettant
en cause une vieille figure décriée,
Bernard Sainz. Surnommée « docteur Mabuse », cet homéopathe,
inscrit sur la liste noire de l’Union
cycliste internationale, serait
encore actif.
Un fort potentiel
Une bien mauvaise pub pour le
Tour, à l’heure où la jeune génération française confirme son fort
potentiel. Romain Bardet, le grimpeur/puncheur d’AG2R La Mondiale, et surtout Thibaut Pinot, le
leader de la FDJ et tout frais champion de France du contre-la-montre, sont très attendus. Ce dernier
vise ouvertement le Top 5 de cette
édition 2016 de la Grande Boucle
pour laquelle l’Espagnol Alberto
Contador, le Britannique Chris
Froome et le Colombien Nairo
Quintana font figure de favoris.
Thibaut Pinot, qui vient de
prolonger son engagement avec
la FDJ jusqu’en 2018 alors qu’il
est très courtisé par de grandes
équipes étrangères, pourra compter sur l’appui de la formation tricolore pour grimper plus haut.
Cette dernière devrait augmenter dans les années à venir son
budget de l’ordre de 12 millions
d’euros aujourd’hui, dont 10,5 millions apportés par le groupe public
de jeux d’argent. n
`
Commentlescaméras
thermiquesvont traquer
le dopagemécanique
SUR
LE WEB
Infographie : les chiffres du
•Tour
de France sur lesechos.fr/
lesechos-plus/index.php
Tour de France : l’édition
2016 sur lesechos.fr/dossier
L’histoire du Tour sur
lesechos.fr/diaporama
•
•
Des tests inopinés vont
être effectués pour détecter
la présence d’éventuels
minuscules moteurs
électriques sur les vélos.
LaManche apréemptéledébut delaGrandeBoucle
Nicolas Richaud
@NicoRichaud
Le Grand Départ et les deux
étapes suivantes : jamais
un département n’avait
bénéficié d’une telle
exposition au début
du Tour de France.
Au bord des routes du Tour, plus de
10 millions de personnes sont attendues. Mais cette fois, parmi la foule,
seglisserontdesingénieursduCommissariat à l’énergie atomique
(CEA), équipés de caméras thermiquesdestinéesàdétecterd’éventuels
cas de dopage dit mécanique. Cet
équipement inédit sur le Tour complétera celui de l’UCI. L’organisation
mondialeducyclismeutilise,depuis
quelques semaines, au départ et/ou
à l’arrivée des étapes, des tablettes
avec un système à résonance
magnétique pour ses contrôles.
Du jamais-vu ! Pour la première
fois dans l’histoire du Tour de
France, c’est tout un département
qui a été retenu comme « Grand
Départ ». Habituellement, seule
une ville accueille le départ de la
Grande Boucle. Pour cette 103e édition, c’est toute la Manche qui vit
au rythme de l’événement.
La Normandie connaîtra donc
deux étapes complètes cette fin de
semaine. Samedi, le Tour partira
du Mont-Saint-Michel pour rejoindre Sainte-Marie-du-Mont (Utah
Beach). Dimanche, les coureurs
iront de Saint-Lô à Cherbourg-enCotentin. Enfin, lundi, le peloton
s’élancera de Granville, quittera le
département et la région, en direction d’Angers (Maine-et-Loire).
Au total, les coureurs parcourront
435 kilomètres sur les routes du
département, couvrant 12,5 % du
parcours total. « Depuis les origines
du Tour de France, ce n’était jamais
arrivé », confirme Christian Prudhomme, le directeur de l’épreuve.
Aussitôt la nouvelle annoncée,
en décembre 2014, la Manche, déjà
visitée par 23 éditions du Tour dans
le passé, s’est mobilisée. Des centaines d’initiatives ont réuni associations, villages et bénévoles, pour
en faire « un incroyable accélérateur
de notoriété pour notre territoire »,
s’enthousiasme Philippe Bas, président du Conseil départemental de
la Manche. Les images vues du ciel
Jeff Pachoud/AFP
Philippe Legueltel
— Correspondant à Caen
Le Tour partira samedi du Mont-Saint-Michel pour rejoindre Sainte-Marie-du-Mont.
de la baie du Mont-Saint-Michel,
des plages du Débarquement, de la
rade de Cherbourg ou encore du
rocher du port de Granville enverront de belles cartes postales
aux millions de téléspectateurs
devant leur petit écran.
Un budget de 5,2 millions
d’euros
Pour emporter le Grand Départ et
ses deux étapes et demie, les collectivités locales ont versé à Amaury
Sport Organisation (ASO), l’organisateur du Tour, un ticket d’entrée de
2,4millionsd’euros.Autotal,lebudgets’élèveraà5,2millions.« Pourun
euro investi, il faut compter de 4 à
5eurosderetombéesdansl’économie
locale, soit 20 à 25 millions », calcule
Jean-François Le Grand, le prédécesseur de Philippe Bas et grand
artisan du succès de cette candidature. Président de l’association
Grand Départ du Tour de France,
spécialement créée pour l’occasion
et chargée de gérer l’événement
pour la collectivité, il attend aussi
plus de 1 million de spectateurs le
long des routes du département.
Avec 4.500 p ersonnes qui,
chaque jour, suivent le tour et
1.500 nuits réservées par ASO dans
chaque ville et ses environs, les professionnels de l’hébergement se
réjouissent du passage du Tour
et de sa caravane. Du 30 juin au
3 juillet, le taux d’occupation des
hôtels frôle les 90 %. Le spectacle
attendu grâce aux images des télévisions (190 pays diffuseurs) à travers les 137 communes traversées
devrait avoir aussi un impact sur les
réservations futures. « Cet événe-
ment doit nous apporter des retombées à plus long terme », espère
Patrice Laurent, président de la
Fédération de l’hôtellerie de plein
air de la Manche (FDHPA).
La présence et la visibilité du
Tour ont même donné des idées
aux responsables de l’association
Grand Départ. Pour la première
fois en France, ASO a autorisé la
structure à développer différents
partenariats locaux avec des PME.
Deux grandes entreprises, Brittany
Ferries et les Maîtres Laitiers du
Cotentin, ont répondu favorablement au statut de « supporter du
Grand Départ » (100.000 euros de
droit d’entrée). La coopérative laitière a même choisi d’intégrer pendant ces deux premiers jours la
caravane publicitaire. La magie
du Tour fonctionne toujours. n
L’imagerie thermique
permet de détecter
des moteurs électriques dissimulés.
Ici, ce ne sont pas des produits
comme l’EPO ou le clenbutérol qui
sont traqués, mais de minuscules
moteurs électriques dissimulés
dans le pédalier, le cadre ou la roue
arrière. Ce mécanisme, permettant
un gain de vitesse appréciable pour
une débauche d’énergie moindre,
est un nouveau danger pour la crédibilité et l’image du cyclisme en
général – et du Tour de France en
particulier. Au point de pousser les
autorités du sport, du cyclisme,
ainsi que les organisateurs à agir en
urgence. En début d’année, Thierry
Braillard, secrétaire d’Etat aux
Sports, se saisit du dossier. En quête
d’un procédé technologique, avec
Thierry Mandon, secrétaire d’Etat
chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ils finissent
par se tourner vers le CEA, qui prosose une solution : les caméras thermiques. Une technologie déjà au
point et que ses ingénieurs maîtrisent. Cela tombe bien. Préoccupés
parledopagemécanique,ASO(propriétaire du Tour de France) et la
Fédération française de cyclisme
sont partants pour embarquer le
dispositif sur leurs courses respectives. « On peut trouver des modèles
pour le grand public pour quelques
centaines d’euros, quand celles présentes dans un Rafale valent plusieurs centaines de milliers d’euros.
Celles dont nous allons nous servir
pour le Tour ont des performances
intermédiaires », explique Vincent
Berger, directeur de la recherche au
CEA. La valeur du modèle en question est, au minimum, de l’ordre de
10.000 euros. Plusieurs seront utilisées lors de la Grande Boucle.
Concrètement, la structure des
matériauxchangelorsqu’unebatterie ou un moteur sont installés dans
un vélo, et l’imagerie thermique est
à même de les détecter en faisant
apparaître des sources de chaleur.
Utilisées pour la première fois lors
des championnats de France le
week-end dernier, ces caméras
n’ont rien révélé d’anormal.
Des capteurs magnétiques
Pour le Tour, le dispositif n’est pas
encore arrêté, mais des tests inopinés effectués depuis des motos et
voitures sont aussi envisagés, et la
piste d’un hélicoptère qui survolerait le peloton n’est pas exclue, bien
qu’elle risque d’être compliquée à
mettre en place pour cette édition.
Au niveau du financement, le flou
est entretenu. Seule certitude, rien
n’est à la charge de l’Etat ou du CEA.
Ce dernier a déjà une solution
plus poussée dans les cartons : des
capteurs magnétiques dynamiques
pourraient être imprimés sur les
dossards des coureurs et permettraient d’enregistrer des variations
magnétiques signant la présence
d’un moteur électrique. La lutte
contre le dopage mécanique,
comme celle contre le dopage médical, progresse. Reste à savoir si les
tricheursn’ontpastoujoursunelongueur d’avance. n
24 // INDUSTRIE & SERVICES
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
Wow Air repousse les limites
du low cost sur Paris-New York
AÉRIEN
La compagnie
islandaise a fait
de Reykjavik un minihub low cost entre
l’Europe et les EtatsUnis.
Elle lance un ParisNew York à partir
de 129 euros.
Il n’y a pas qu’au foot que les Islandais surprennent. Le transport
aérien, aussi, a son trublion islandais : une compagnie low cost du
nom de Wow Air, spécialisée dans
le dynamitage des tarifs aériens
entre l’Europe et les Etats-Unis. Son
dernier exploit, un Paris-New York
quotidien, à partir de 129 euros
l’aller simple, incluant 68 euros de
taxes et redevances ! A compter du
25 novembre prochain, elle assurera une desserte quotidienne de
New York-Newark au départ de
Paris-CDG, avec 1 h 30 d’escale à sa
base de Reykjavik, en Airbus A321
de 200 sièges.
Et si les tarifs affichés sur son site
se situent plus fréquemment entre
200 et 300 euros l’aller simple qu’à
129 euros, ils n’en restent pas moins,
dans l’ensemble, inférieurs de 30 %
à 50 % à ceux des compagnies traditionnelles. Dequoiinquiéterencore
un peu plus les acteurs traditionnels du marché transatlantique, au
premier rang desquels Air FranceKLM et son partenaire Delta, déjà
passablementdérangésparlamontée en puissance des compagnies
du Golfe sur le marché transatlantique et l’arrivée des premières low
costs long-courriers. Même Norwegian,lacompagnienorvégiennequi
Wow
Bruno Trévidic
[email protected]
Skuli Mogensen, PDG de Wow Air : « En moins de 24 heures, nos
A320 peuvent faire Reykjavik-Londres-Reykjavik-Boston-Reykjavik.
Ce qui nous permet de les faire voler 20 heures par jour. »
a fait le buzz avec son Paris-New
York à 179 euros, est battue !
Wow Air n’en est pas à son coup
d’essai. Créée en 2011 par Skuli
Mogensen – mélange de Richard
Branson et d’Elon Musk islandais,
dont la fortune a été faite dans la
high-tech après la revente de son
entreprisedemessagerieàNokiaen
2008 –, la compagnie dessert déjà
6 destinations en Amérique du
Nord, en correspondance à Reykjavik avec une vingtaine de destinations en Europe, dont les principales capitales européennes. Après
Washington et Boston, Wow Air
s’est lancé vers Montréal et Toronto
en mai dernier et ouvre San Francisco et Los Angeles ce mois-ci, toujours avec des prix d’appel frappant
l’imagination, à partir de 99 dollars
l’aller sur Reykjavik au départ des
Etats-Unisoude99livreslevoltransatlantique au départ de Londres.
Comme chez toutes les low cost,
si les prix d’appel sont attractifs, les
frais supplémentaires sont là pour
faire grimper la recette. Le prix de
base ne comprend en effet que le
transport, avec un bagage de cabine
de 5 kilos au maximum. Tout le
reste est payant : boissons et repas à
bord, enregistrement d’un bagage
(55 euros), choix du siège (de 6 à
40 euros selon sa situation), sans
oublierlesinévitablesfraisderéservation (10 euros).
136.000 passagers en 2015
Par ailleurs, même si l’écartement
des sièges est censé être légèrement
supérieur à celui des vols intraeuropéens (de 30 à 35 pouces,
contre 28 pouces sur les vols européens), les sept A320 et A321 de
Wow Air n’en restent pas moins des
monocouloirs au confort sommaire, habituellement réservésaux
vols de moins de 2 heures.
Cependant, si Wow Air se distingue de ses principaux concurrents
low cost, qui hésitent encore à se
lancer sur le transatlantique, c’est
justement grâce à l’utilisation quasi
Loyers encadrés
en banlieue
parisienne
exclusive de ces appareils moyencourriers (à l’exception d’un A330300 sur San Francisco et LA), qui lui
confèr e un avantage de coût
majeur, y compris sur les plus low
cost comme Norwegian, qui a dû
s’offrir des Boeing 787 deux fois
plus coûteux pour opérer les
mêmes destinations.
Or cet avantage n’est pas donné à
tout le monde. Si Wow Air peut desservir toute l’Europe et l’Amérique
du Nord en A320, c’est qu’elle a la
chance d’être basée à mi-chemin,
enIslande,contrairementauxcompagnies européennes continentales, qui doivent utiliser des grosporteurs long-courriers, plus
coûteux à l’achat et à exploiter et
aussi plus difficiles à remplir qu’un
A320 de 200 sièges. « En moins de
24 heures, nos A320 peuvent faire
Reykjavik-Londres-Reykjavik-Boston-Reykjavik,soulignesonPDG.Ce
qui nous permet de les faire voler
20 heures par jour. »
Ces avantages compétitifs difficiles à reproduire ailleurs, ajoutés à
l’idée originale d’organiser une plate-forme de correspondance low
cost à Reykjavik, expliquent le succès de la petite compagnie islandaise, qui a transporté plus de
136.000 passagers en 2015 (dont
85.500 en France), en dégageant
pour la première fois des bénéfices
(1,1 milliard de couronnes islandaises, soit 7,8 millions d’euros). Et ce
n’est qu’un début.
Avec ses nouvelles lignes, Wow
Air table sur 1,6 million de passagers, pour un chiffre d’affaires multiplié par deux, à 39 milliards de
couronnes (276 millions d’euros) en
2016,etsur6millionsdepassagersà
l’horizon 2020. Soit à peine 10 % du
trafic actuel entre l’Europe et l’Amérique. Sachant que la part de marché des compagnies low cost en
Europeestde35 %à40 %,lemodèle
a encore beaucoup de champ
devant lui sur le transatlantique. n
pris à contre-pied. « Cette
annonce est décourageante pour
notre secteur. L’encadrement des
loyers est une mauvaise solution
pour un vrai problème. Ce dispositif est une aberration qui ne vise
qu’à restreindre encore plus
l’offre locative. La crise du logement est déjà criante sur Paris, ce
n’estpasenorganisantlapénurie
avec un encadrement des loyers
que cela va s’améliorer. Les locataires ne trouvent pas de logement, et cela empire de jour en
jour », tempête Jean-François
Buet, président de la Fnaim.
IMMOBILIER
L’annonce
de la ministre
du Logement
pourrait donner
un coup d’arrêt
aux investissements.
Marie-Christine Sonkin
@mcsonkin
Dans deux ans, 412 communes
autour de Paris seront concernées par l’encadrement des
loyers. L’annonce d’Emmanuelle Cosse, ministre du Logement, tombe comme une douche froide à l’heure de la reprise
de l’immobilier.
« Sylvia Pinel et Manuel Valls
avaient détricoté en partie la loi
Alur et la profession avait
retrouvé un certain optimisme
sur cette question d’encadrement, souligne Yann Jehanno,
directeur exécutif du réseau
Laforêt. A l’avenir, les investisseursetlesbailleursvontdéserter
l’Ile-de-France comme ils l’ont
fait à Paris depuis l’annonce de
l’encadrement des loyers en 2012.
[…] C’est une très mauvaise nouvelle pour le logement. » Les professionnelsdel’immobiliersont
Conséquence sur les prix
L’effet repoussoir sur les investisseurs n’est pas sans conséquence sur les prix. Selon les
observations de MeilleursAgents, en deux ans les grandes
surfaces ont baissé à Paris de
2,3 % contre 4,6 % pour les petites surfaces. Par le passé, les studios et deux-pièces étaient les
plus demandés, mais,
aujourd’hui, c’est l’inverse.
Autre effet de l’encadrement,
« les propriétaires, découragés
par la faible rentabilité de leur
investissement, négligent l’entretiendeleurbien.Leparcrisquede
se dégrader », déplore Sébastien
de Lafond, président de
MeilleursAgents. n
Dans deux ans, 412 communes autour de Paris seront
concernées par l’encadrement des loyers. Photo Shutterstock
la cote hebdomadaire des opcvm
Nom du fonds
Vocation
Valeur Unitaire
hors frais au Variation Variation Variation
en %
29.06.2016
%
en %
ou dernier depuis le en
1 an
3 ans
cours connu 31/12/15
Date Net en euros
Dernier
revenu
distribué
CARMIGNAC GESTION
24, place Vendôme - 75001 Paris - Tél. : 01.42.86.53.35
Contacts Clientèle Privée : Alexandre COMBES & Joël GRESSE
Contact Clientèle Institutionnelle : Jacques GERBI
Contact Distribution Externe : Ariane TARDIEU
Carmignac Emerging Patrimoine A EUR Acc (LU0592698954)
C
109,13
+ 6,75
+ 1,27
+ 8,72
Performance
Depuis le
31/12/2015
Performance
1 an
Performance
3 ans
Federal Opportunité Equilibre (FR0010292920)
131,59
122,50
27/06/2016
- 6,91
- 0,71
9,36
Federal Croissance (FR0000987703)
64,57
61,28
27/06/2016
- 5,10
- 11,03
8,23
Federal APAL (FR0000987950)
279,36
276,68
24/06/2016
- 0,96
- 15,42
16,13
Federal Actions Ethiques (FR0000442949)
133,69
122,82
28/06/2016
- 8,13
- 5,66
37,98
FCP Actions Internationales
C
1098,18
- 2,61
- 12,33
+ 20,69
Carmignac Grande Europe A EUR Acc (LU0099161993)
SICAV Actions européennes (PEA)
C
159,13
- 6,91
- 16,65
+ 13,08
Carmignac Euro-Entrepreneurs A EUR Acc (FR0010149112)
FCP petites et moy. capital. europ.
C
269,05
- 8,55
- 17,23
+ 35,06
Carmignac Emergents A EUR Acc (FR0010149302)
FCP Actions pays émergents
C
787,14
- 0,19
- 6,58
+ 14,86
Carmignac Emerging Discovery A EUR Acc (LU0336083810)
SICAV P&M cap. pays émergents
C
1296,01
+ 3,46
- 4,31
+ 18,33
Carmignac Commodities A EUR Acc (LU0164455502)
SICAV Actions ressources naturelles
C
259,46
+ 7,92
- 11,31
+ 2,82
Carmignac Patrimoine A EUR Acc (FR0010135103)
FCP Mixte diversifié international
C
627,51
+ 0,41
- 4,90
+ 14,87
Carmignac Euro-Patrimoine A EUR Acc (FR0010149179)
FCP Mixte diversifié européen
C
292,32
+ 2,01
- 9,75
- 1,28
Carmignac Investissement Latitude A EUR Acc (FR0010147603) FCP Mixte diversifié international
C
244,73
- 2,83
- 16,53
+ 3,45
Carmignac Profil Réactif 100 A EUR Acc (FR0010149211)
Fonds de fonds dynamique
C
174,48
- 4,12
- 19,35
+ 0,89
Carmignac Profil Réactif 75 A EUR Acc (FR0010148999)
Fonds de fonds mixte dynamique
C
195,27
- 2,91
- 15,38
+ 0,21
22, boulevard Malesherbes - 75008 Paris
Tél. : 01.42.89.00.00 - Fax : 01.42.89.62.29 - www.kblrichelieu.com
Contact Clientèle Privée : Christian DE WITT
Contact Clientèle Professionnelle : Marie FERNANDES
Carmignac Profil Réactif 50 A EUR Acc (FR0010149203)
Fonds de fonds mixte équilibré
C
164,38
- 1,44
- 10,79
+ 0,27
Richelieu France (FR0007373469)
Carmignac Global Bond A EUR Acc (LU0336083497)
SICAV Obligations Internationales
C
1357,10
+ 6,08
+ 5,78
+ 23,00
Richelieu Spécial (FR0007045737)
Carmignac Sécurité A EUR Acc (FR0010149120)
FCP Obligations libellées en euros
C
1739,34
+ 1,41
+ 2,11
+ 6,59
Carmignac Capital Plus A EUR Acc (LU0336084032)
SICAV Monétaire dynamique
C
1145,87
- 0,84
- 2,17
+ 2,04
CAC 40 depuis le 31/12/2015 : - 9,53 %
Date VL
FEDERAL FINANCE GESTION
Carmignac Investissement A EUR Acc (FR0010148981)
MSCI AC WORLD INDEX FREE depuis le 31/12/2015 : - 2,18 %
Dernière VL
1 allée Louis Lichou - 29480 Le Relecq-Kerhuon
Service Relations Clientèle : N° Cristal 09.69.32.88.32 (appel non surtaxé)
[email protected]
www.federal-finance.fr
Cotations : 01.42.61.62.00
site Internet : www.carmignac.fr
SICAV Actions Internationales
VL au
31/12/2015
Nom du fonds
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Elles ne sont pas constantes dans le temps. Les documents d’Information Clé pour l’Investisseur et les
prospectus des FCP sont disponibles sur le site www.federal-finance.fr
Nom du fonds
Vocation
Dernier
revenu
distribué
Val. Unit.
Hors frais au
28/06/16 ou
dernier cours
connu en
euros
Variation Variation
en %
en %
depuis le 1 an
31/12/15* glissant
Date
Net
Actions françaises, PEA
-
C
415,77
-11,40
-10,23
Actions françaises, PEA
-
C
180,58
-10,99
-12,96
Richelieu Croissance PME (FR0010092197)
Actions françaises, PEA
-
C
176,88
-5,25
1,00
Richelieu Family Small Cap (FR0011689330 )
Actions européennes, PEA
-
C
106,93
-7,70
-3,55
KBL RICHELIEU GESTION
Richelieu Europe Quality (FR0000989410)
Actions européennes, PEA
-
C
146,76
-8,83
-7,76
Richelieu Flexible (FR0000029944)
Diversifié, PEA
-
C
512,89
-9,22
-13,00
Richelieu Harmonie 50 (FR0000986846)
Diversifié
-
C
154,74
-4,09
-3,95
Certains des fonds ci-dessus possèdent des parts de distribution et/ou des parts en autres devises.
Les fonds KBL Richelieu Gestion peuvent être directement achetés soit auprès de votre banquier habituel par simple instruction précisant le nombre de parts et le code ISIN, soit
La liste complète est disponible sur le site www.carmignac.fr
auprès du gérant ou du dépositaire.
INDUSTRIE & SERVICES // 25
Les Echos Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
mécénat
Café Royal double Carte Noire
sur le marché de la dosette
ALIMENTATION
La marque suisse
est devenue
le deuxième acteur
du marché français
de la dosette
compatible.
Marie-Josée Cougard
@CougardMarie
La guerre fait rage sur le marché des
dosettes compatibles avec les
machinesNespressoetDolceGusto.
Le nombre d’acteurs a dépassé la
quarantaine en France. Ouvert par
Nestlé sur Internet et dans son
réseau de boutiques pour une clientèle haut de gamme, le marché a littéralement explosé avec l’arrivée de
la concurrence, qui s’est concentrée
sur la vente en grande distribution.
Le commerce des dosettes dans les
enseignes a fait un bond de 25 % en
volume et de 21 % en valeur en 2015.
Ils’estvendu272,3millionsdedosettes compatibles dans les linéaires,
qui pratiquent des prix plus bas que
Nestlé. Soit 28 centimes la dosette
compatiblecontre35centimespour
la moins chère chez Nespresso.
Nespresso reste le grand leader
avec un chiffre d’affaires estimé à
600millionsd’euroshorsgrandedistribution, tandis que L’Or (JDE) vient
aupremierrangengrandessurfaces
avec une part du marché de 45 %.
Toutesmarquesconfondues,lemarché des dosettes compatible en GMS
s’élève à 200 millions d’euros.
La marque suisse Café Royal, qui
s’est lancée en France il y a seulement deux ans, a fait un bond de
183 % en 2015 et contrôle 11 % des
ventes, indique la société. Sur les six
premiers mois de l’année, « nous
avons vendu 100 millions de dosettes », affirme Alain Hohwiller, le
directeur général de Café Royal en
France. Ce faisant, la marque a doublé Carte Noire, qui vient d’être
rachetée 700 millions d’euros par
l’italien Lavazza. Il n’est pas douteux que celui-ci mette des bouchées doubles pour récupérer son
rang.LaFranceestunecibleprivilégiée pour Guiseppe Lavazza, qui ne
cache pas ses ambitions sur le marché national. « La nouvelle frontière
pour nous est la biodégradabilité.
Nous avons lancé une capsule compostable en 2015 », dit le vice-président du groupe de Turin.
Café Royal, qui vante les mérites
de ses capsules non biodégradables
mais hermétiques à toute oxydation, estime avoir « encore des marges de progrès ». « Sur les dix premières références de capsules
Le hors-piste de la
Fondation BNP Paribas
PRISE DE RISQUE
La danse contemporaine,
le cirque, le jazz… la banque
a choisi de sortir des sentiers
battus.
La marque se donne trois ou quatre ans pour finaliser
son installation sur le marché français. Photo Café Royal
Martine Robert
@martiRD
compatibles,ilyaquatreCaféRoyalet
sixL’Or »,seféliciteAlainHohwiller.
En matière de mécénat d’entreprise, de nombreux acteurs privilégientdesinstitutionsd’excellence telles que l’Opéra de Paris,
Le Louvre, Versailles, qui leur
garantissent des contreparties
d’exception (visites privées, privatisations de salles…). La FondationBNPParibas,elle,achoisi
de sortir des sentiers battus : du
hors-piste plus risqué, mais
dont elle a fait sa marque de
fabrique. La banque soutient
ainsi des chorégraphes contemporains, des artistes issus des
nouveaux arts du cirque, ou
encoredestalentsémergentsdu
jazz. En 2012, sa route croise
celle de la compagnie d’Emmanuel Gat et du Festival Montpellier Danse. Depuis, les uns et les
autres ne se sont plus quittés et
la Fondation soutient un programme de résidences qui a
déjà bénéficié à 60 compagnies.
Cap sur les cafés
et restaurants
Le groupe suisse affirme avoir pris
des clients à Nespresso, « très contents de trouver des dosettes de qualité comparables en grandes surfaces
pour moins cher ». De son côté
Richard Girardot, le patron de
Nestlé en France, reconnaît « une
forme de cannibalisation du marché
deladosette »parsesnouveauxconcurrents. Mais se dit « surtout attentif à JAB. Leur rachat du groupe de
café américain, Keurig Green Moun-
tain montre à quel point ce groupe se
veut offensif ». JAB, le holding de la
Reimann, est l’actionnaire de contrôle de Jacobs Douwe Egberts.
Café Royal se donne trois ou quatre ans pour finaliser son installation sur le marché français. Et deux
ans pour doubler son chiffre d’affaires à 50 millions d’euros. La marque
sera vendue par Promo Cash et
Métro à partir du mois de septembre.Ellevaégalements’attaqueraux
cafésetà la restauration(CHR). D’ici
à quelques semaines, de nouvelles
gammes de café moulu, de capsules
pour machines professionnelles et
de capsules bio seront lancées. n
IMMOBILIER
Le comité ad hoc
et le conseil
de surveillance
la jugent supérieure
à celle d’Eurosic.
Les grands actionnaires
ne sont pas de cet avis.
Antoine Boudet
@ABoudet
Le comité ad hoc constitué par la
société Foncière de Paris afin d’examiner les deux offres de rachat présentées d’abord par la foncière
Eurosic puis par Gecina a rendu sa
copie au conseil de surveillance,
réuni mercredi. « A l’issue de l’examen des offres en présence, le comité
ad hoc a considéré à l’unanimité que
l’offre de Gecina était dans l’intérêt de
la société, de ses actionnaires et de ses
salariés.Ilaégalementrelevéquecette
offre était financièrement supérieure
à l’offre d’Eurosic », a communiqué
Foncière de Paris dans la soirée.
Des conclusions approuvées à
l’unanimité des cinq membres
votants du conseil de surveillance
de cette société propriétaire d’un
portefeuille très convoité de prestigieux immeubles de bureaux au
cœur de Paris. Eurosic, GMF Vie
(Covéa) et les Assurances du Crédit
Mutuel (ACM), qui étaient en situation de conflits d’intérêts n’ont pas
pris part aux votes.
Sous réserve
Les deux assureurs ont en revanche
fait savoir « qu’en l’état », et « sous
réserve d’éventuelles évolutions des
conditionsdemarché »,aajoutéGMF
Vie, ils apporteront, comme ils
l’avaient déjà annoncé, leurs titres à
l’offreprésentéeparEurosic.Celle-ci
« répond mieux aux attentes et contraintespropresàACMVIEensaqualité d’entreprise d’assurance », justifie
la filiale du groupe Crédit Mutuel.
Comme pour Covéa, tant « d’un
point de vue financier et stratégique »
que « au regard des critères d’investissement propres », précise le groupe.
Deux stratégies actionnariales se
dessinent dans cette bataille boursière à près de 1,5 milliard d’euros
sur une pépite de l’immobilier de
bureaux dans la capitale : l’une privilégie l’offre en cash de Gecina,
l’autre l’offre en titres de Eurosic. Et
si le géant français de l’immobilier
de bureaux semble avoir bel et bien
marqué un point en obtenant l’aval
du comité ad hoc et du conseil de
surveillance, il se heurte toujours à
l’hostilité des grands actionnaires
de Foncière de Paris qui ont choisi
leur camp, tout comme d’ailleurs
son fondateur Luc Guinefort, qui a
fait part de son intention d’apporter
ses titres en partie à la branche
rémunérée en Osra de l’offre
d’Eurosic. Pour l’heure, la foncière
contrôlée par la famille Ruggieri
détient en direct 26,64 % du capital
de Foncière de Paris, et 46,93 % lui
sont promis. Mais, comme l’indique prudent un proche du dossier,
« tant que l’opération ne sera pas
bouclée, elle ne le sera pas ». n
La vente en pharmacie de prothèses
auditives low cost confirmée
SANTÉ
Le Conseil d’Etat
a débouté les audioprothésistes qui s’opposaient à la vente des
« assistants d’écoute ».
Catherine Ducruet
[email protected]
Fin de partie pour les audioprothésistes, au terme d’une guérilla judiciaire lancée fin 2010 contre la vente
en pharmacie des assistants
d’écoute, qui sont aux prothèses
auditives classiques ce que les lunettes-loupessontauxlunettesvendues
par les opticiens. Le Conseil d’Etat
vient de rejeter, pour excès de pouvoir, la requête de l’Union nationale
des syndicats d’audioprothésistes
français (Unsaf) à l’encontre de
l’arrêté du ministère de la Santé du
13 août 2014, qui avait autorisé la
vente en pharmacie de ces appareils
auditifs.Bienqu’ayantlecaractèrede
dispositifs médicaux, ces assistants
d’écoute préréglés, de faible puissance, « ne supposent pas d’adaptation individuelle ». Par conséquent,
selon le Conseil d’Etat, ils « ne peuvent être regardés comme des prothèses auditives » qui, elles, doivent être
exclusivement prescrites par des
audioprothésistes diplômés.
Pourl’Unsaf,cettedécisiontémoigne d’une « vraie méconnaissance »
du déficit auditif et de sa compensation. Pour la société Sonalto, filiale
du groupe Urgo, qui vend depuis
2011 ces appareils auprès de
5.000 pharmacies partenaires en
France, c’est un vrai soulagement.
« Nos produits conviennent à 80 %
des 5 millions de Français qui
auraient besoin d’être appareillés »,
argumente Maxence Petit, fondateur de Sonalto. « Nous avons lancé
notre produit en janvier 2011 après en
avoir testé l’accueil auprès d’une
dizaine de pharmacies fin 2010,
raconte-t-il. Or, un salarié d’Audika
fréquentait l’une d’elles, poursuit-il.
Le 24 décembre 2010, avant même le
lancement officiel, Sonalto était attaqué devant le tribunal de grande instance pour vente de prothèses auditives en dehors du monopole des
audioprothésistes. » En 2013, c’est
une plainte qui est déposée au pénal
contre une pharmacienne pour
« exercice illégal du métier d’audioprothésiste ».
« Sous-équipement »
De nombreux pharmaciens ayant
pris peur et renoncé à toute promotion, voire à toute vente, Sonalto a
pris contact avec l’Agence du médi-
1.500
EUROS
C’est le prix moyen d’une prothèse
auditive pour une oreille, alors que
les assistants d’écoute sont cinq
fois moins chers.
cament et la Direction générale de
la santé. Moyennant l’obtention
d’unmarquageCEdonnantlestatut
de dispositif médical, un arrêté
ministérielpubliéenaoût2014–qui
vient donc d’être validé – avait
confirmé le droit de vendre les
assistants d’écoute en pharmacie.
En février 2015, constatant « le souséquipement des Français en audioprothèses et les prix élevés des appar e i l l a g e s » , l ’A u t o r i t é d e l a
concurrence avait d’ailleurs ouvert
une enquête sur le secteur. n
Le changement
climatique aussi
La Fondation BNP Paribas est
également partenaire d’autres
institutionsquifontrayonnerla
création contemporaine
comme le Centre national de la
danse à Paris, la programmation danse du Festival d’Avignon, les focus internationaux
de Chaillot, la Maison de la
danse à Lyon et la vidéothèque
Numéridanse.tv. Côté cirque,
Montpellier Danse
Foncière de Paris : l’offre
de Gecina recommandée
tions d’affaires. Et d’apporter
peut-être un nouveau public à cet
événement emblématique de
notre ville » souligne-t-il.
Pour Mireille Jouvenel, qui
tient les cordons de la bourse en
tant qu’administratrice du festival, ce mécénat est précieux :
Montpellier Danse a un budget
bien modeste en regard de
poids lourds comme le Festival
de Radio France Montpellier :
3,3 millions d’euros et seulement 20 % de recettes propres
car le parti pris est d’offrir aux
25.000 spectateurs une billetterie accessible. Cette année, le
choix de privilégier la diversité,
avec 56 spectacles au lieu de 44
l’anpassé,maisdansdessallesà
jauge modeste, rend l’équilibre
économique encore plus
compliqué.
La compagnie d’Emmanuel Gat, le Festival Montpellier
Danse et la Fondation BNP Paribas ne se quittent plus :
« Sans la durée, pas d’accompagnement possible.
Et la création donne du sens à ce que fait l’entreprise. »
Cet été, le mécène a plusieurs
de ses protégés à l’affiche de ce
festival. « Le soutien de la fondation, le seul stable, est fondamental pour nous ; il a sauvé la compagnie à plusieurs reprises,
surtout au début », souligne
EmmanuelGat.« C’estunevraie
aventure, une vraie relation,
nous ne sommes pas seulement
des financeurs qui faisons un
chèque. Sans la durée, pas
d’accompagnement possible. Et
lacréationdonnedusensàceque
fait l’entreprise. Le dialogue est
fécond, il y a beaucoup à échanger avec les artistes en termes de
coworking, de prise de risque, de
solidarité », estime Jean-Jacques Goron, délégué général de
la Fondation BNP Paribas.
Quant au directeur régional
de la BNP Paribas, Françis
Lafon, qui relaie cet engagement auprès de ses clients, il
partage le même enthousiasme. « Cela nous permet de
nous inscrire dans la cité. Montpellier est l’une des métropoles
les plus ambitieuses sur le plan
culturel avec un budget dédié de
62 millions d’euros. Ce mécénat
nous permet de faire découvrir
unfestivald’envergureànosrela-
même schéma : la banque aide
lescompagniesdeJamesThierrée, Chloé Moglia, Yoann Bourgeois, Zimmermann & de Perrot, mais est également le
soutien principal de la Biennale
internationale des arts du cirque lancée à Marseille.
Alors que la BNP Paribas est
présente dans 75 pays avec plus
de 180.000 collaborateurs, sa
fondation encourage le développement du mécénat au sein
du groupe. Un mécénat pluridisciplinaire puisque sur un
budget de près de 7 millions
d’euros (hors programmes
exceptionnels comme celui
consacré aux migrants), 24,5 %
sont affectés à la culture, 19 % à
l’environnement, et 56,5 % à la
solidarité. Depuis 1984, ce sont
plus de 300 projets culturels,
40 programmes de recherche
sur le changement climatique,
et un millier d’initiatives sociales et éducatives qui ont été soutenusenFranceetàl’international. Avec les diverses initiatives
menées par des antennes BNP
Paribas dans une quarantaine
de pays, près de 40 millions ont
été affectés au mécénat de près
de 4.000 projets en 2014. n
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// 27
Les Echos Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
L’Arcep valide la fin
de l’itinérance entre
Orange et Free
Les studios américains Lionsgate,
producteurs de « Hunger Games »
et de « Mad Men », ont annoncé
le rachat du réseau de télévision
payant Starz, pour créer un géant
mondial de l’audiovisuel, avec
un chiffre d’affaires estimé
de 4 milliards de dollars.
Une transaction à 4,4 milliards
en numéraire et en actions.
Le régulateur français des
télécoms a validé jeudi les
modifications apportées par
Orange et Free à leur contrat
d’itinérance. Son extinction
progressive sera organisée à
partir de janvier 2017 . L’Arcep a
également approuvé le partage
d’infrastructures et l’itinérance
4G entre Bouygues et SFR.
DR
en
pixels
DR
HIGH-TECH
&MEDIAS
Lionsgate rachète
Starz 4,4 milliards
de dollars
5
CANDIDATS
POUR SAFRAN IDENTITY
Selon nos informations, Safran
a retenu cinq offres pour son
pôle sécurité, valorisé plus
de 2 milliards d’euros : celles
d’Oberthur, de Gemalto, de
KKR avec Jacques Veyrat, de
Xavier Niel et GBL, de Bain-Ardian-Predica et de CVC-Astorg.
Ennuisjudiciaires
à répétitionpour
Appleen Chine
INTERNET
La commission
des médias accuse
Apple d’avoir enfreint
ses droits de diffusion
sur Internet.
Les ennuis de la firme
à la pomme en Chine
ne tiennent certainement pas du hasard.
Alain Ruello
[email protected]
— Correspondant à Pékin
Nouveau front judiciaire pour
Apple en Chine. La SAPPRFT, la
toute-puissante commission chinoise de contrôle de la presse, de la
radio, du cinéma et de la télévision,
a porté plainte contre l’icône de la
high-tech américaine et Youku, le
« YouTube » national, filiale d’Alibaba, en réclamant au passage
70.158 yuans de dommages et intérêts. L’objet du délit ? Via l’Apple
Store, le magasin d’applications, les
internautes ont pu télécharger
Youku et visionner sur leurs iPhone
ou iPad le film « Xue Bo Di Xiao »,
dont les droits exclusifs de diffusion
sur Internet appartiennent à la
SAPPRFT, laquelle n’a pas donné
son accord.
La plainte, déposée auprès du tribunal du district de Haidian dans le
norddePékin,aétédévoiléecejeudi
par le site du magazine économique « Caixin ». Elle pose de nombreuses questions. D’abord, sur la
réalité de l’impact économique
dénoncé par le plaignant : le film en
question,quitraitedelaguerrecontre les Japonais, date de 1994. Pour-
quoi dénicher cette affaire maintenant ? Et pourquoi demander si
peu–unpeuplusde10.000dollars–
en compensation alors que la SAPPRFT évoque une perte économique « importante » ? Quoi qu’il en
soit, le film n’est plus disponible via
Youku.
Une série noire troublante
Surtout, la plainte de la SAPPRFT
allonge la liste, déjà bien chargée,
des ennuis d’Apple en Chine. La
firme à la pomme a dû récemment
fermer, six mois après les avoir
ouverts, ses services de vente en
lignesdefilms(iTunesMovies)etde
livres (iBooks) sur injonction des
autorités concernées, sans que l’on
sache vraiment pourquoi. Elle a
ensuite été condamnée par un
maroquinier local pour utilisation
abusive de la marque « iPhone ». La
dernière affaire a fait encore plus de
bruit : un tribunal de Pékin a
o r d o n n é l ’a r r ê t d e s v e n t e s
d’iPhone 6 et 6 Plus dans la capitale
pour viol d’un brevet déposé par
Baili, un obscur fabricant de mobiles de Shenzhen, dans le sud du
pays. L’appel a suspendu la décision
(« Les Echos » du 19 juin).
Tim Cook, le patron d’Apple,
pourrait finir par trouver cette série
d’autant plus troublante qu’en
Chinelehasardararementsaplace.
« Ilyatoujoursunmessagepourrappeler qu’on a oublié d’accepter de discuter avec tel ou tel de telle ou telle
question », décrypte un bon connaisseur des mœurs politiques
locales. Le message porte-t-il sur
l’accès à certains codes sources ?
Pékin en a fait la demande à plusieurs reprises ces deux dernières
années, a reconnu récemment le
responsable des affaires légales du
groupe.Lequelarefusédelesdévoi-
ler, tout comme il a tenu tête au FBI
américain dans l’affaire des attentats de San Bernardino.
La série judiciaire intervient, qui
plus est, alors qu’Apple fait face à
une situation difficile en Chine : les
ventes sur ce qui constitue son
deuxième marché derrière les
Etats-Unis ont baissé au premier
trimestre et la concurrence locale,
Huawei, Xiaomi ou encore Oppo, y
est de plus en plus féroce. n
TDF varacheterson concurrentItasdans la télédiffusion
INFRASTRUCTURES
Le groupe élimine
ainsi l’un des derniers
agitateurs du marché
des antennes TV.
Romain Gueugneau
@romaingueugneau
La consolidation est à son maximum sur le marché français de la
télédiffusion. TDF vient de signer
jeudi le rachat de son concurrent
Itas, opérateur d’antennes et d’équipements pour diffuser les chaînes
de TV. La réalisation de l’opération
est soumise à des conditions suspensives, mais elle devrait être finalisée avant la fin de l’année. Selon
nos informations, la transaction
pourrait, au total, dépasser les
100 millions d’euros. TDF a remportélemorceaufaceàCellnex,une
« tower company » espagnole, et
Infravia Capital, un fonds français
spécialisé dans les infrastructures.
L’opération se fait en deux temps.
TDF a d’abord trouvé un accord
avec Gilles Bastard, patron et
actionnaire majoritaire d’Itas, pour
aider ce dernier à refinancer
l’importante dette du groupe. En
2014, Itas avait en effet levé 250 millions d’euros auprès de la banque
australienne Macquarie et de la
société d’investissement française
Tikehau. Et les échéances de remboursement se rapprochaient dangereusement, selon une source. En
échange de ce refinancement, TDF
va entrer au capital du groupe.
Avant d’ici quelques mois d’en
prendre le contrôle total.
Itas a franchi une étape importante en rachetant, fin 2014, OneCast, une filiale de TF1 spécialisée
dans la diffusion pour les multiplex
de télévision numérique (TNT),
elle-même créée en 2001 pour concurrencer TDF... L’opération avait
permis à Itas de doubler son chiffre
d’affaires, à un peu plus de 30 millions d’euros. A l’époque Gilles Bastard n’excluait pas d'autres opéra-
Domination renforcée
dans la télédiffusion
Avec ce rachat, TDF se débarrasse
d’unconcurrentgênantetaffirmeun
peu plus sa domination dans le secteur. Itas faisait en effet figure de poil
àgratter.Crééen2008parl’entrepreneur Gilles Bastard, qui avait
démarrédans le business des antennes et des équipements télécoms à
la fin des années 1980, le groupe
avait pour mission de dynamiser le
marché en pratiquant des prix inférieurs de 30 % au moins à ceux de
l’opérateur historique, de quoi inciter plusieurs chaînes de télévision à
basculer sur ses antennes.
45
MILLIONS D’EUROS
Le chiffre d’affaires annuel
réalisé par Itas, qui emploie
280 personnes.
tions, lorgnant notamment sur
Towercast, la filiale de NRJ Group.
Celle-ci sera désormais l’unique
concurrent de TDF dans la télédiffusion–surlemarchédesantennes
télécoms, il se retrouve face à FPS.
Itas génère un chiffre d’affaires
d’environ 45 millions d’euros et
emploie 280 personnes.
La nouvelle de ce rapprochement ne va pas forcément ravir les
chaînes de télévision, qui vont se
retrouver face à un TDF monopolistique. Sauf si TF1 décide de récupérer son ancienne filiale. En effet,
selon nos informations, une clause
stipulait, lors du rachat de OneCast
par Itas, qu’en cas de nouvelle consolidation le groupe de télévision se
réservait le droit de reprendre son
bien. Reste à savoir ce qu’il en fera.
Pour TDF, racheté pour 3,6 milliards d’euros en 2015 par un consortium de fonds étrangers, cette
opération est une réponse à l’évolution du marché de la diffusion TV.
« La concurrence actuelle entre les
plates-formes de diffusion de télévision, avec la montée en puissance de
la fibre et de l’ADSL, et la réduction
du spectre alloué à la TNT après
l’octroi du deuxième dividende
numérique, en avril dernier, obligent les diffuseurs à innover et à
investir pour garantir la pérennité
de la TNT », commente un porteparole.
Le groupe compte bien profiter
du savoir-faire industriel d’Itas et
de ses recettes pour rester compétitif, sur un marché qui demeurera
sous pression. n
Diversificationaumenudu pôle TVjeunesse deLagardère
TÉLÉVISION
Le pôle TV jeunesse
de Lagardère lance
de nouvelles activités
et s’ouvre un peu plus
à l’étranger.
Le pôle télévision jeunesse du
groupe Lagardère (Gulli, Canal J,
Tiji) ne compte pas rester dans son
coin.Unevolontéd’ouverturequiva
se traduire, d’abord, par la fin des
contrats d’exclusivité avec CanalSat
et Numericable : Canal J (8-14 ans)
et Tiji (3-7 ans) sont depuis quelques mois sur Bouygues Telecom,
et seront à la mi-juillet sur Orange,
avant SFR dans l’été. Si, d’un point
Lagardère Active
Marina Alcaraz
@marina_alcaraz
« Chica Vampiro, mortel d’être un vampire », la telenovela
colombienne qui cartonne sur la chaîne jeunesse en clair.
de vue financier, ce changement ne
crée ni manque à gagner ni plus-value, selon le groupe, « cela va nous
permettre d’élargir notre audience et
ainsi notre bassin publicitaire »,
assureCarolineCochaux,directrice
déléguée. Une façon de réduire la
dépendance à ses distributeurs,
alors que l’essentiel des revenus de
ses deux chaînes premium vient
aujourd’hui de ces derniers. De son
côté, la chaîne en clair Gulli (17,6 %
de part d’audience en journée sur
les 4-10 ans en 2015, un record), elle,
est financée par la publicité.
Mais cela se fait aussi par le biais
d’une diversification accrue : le
groupe lance ainsi les premières
croisières Gulli à la Toussaint. La
marque était déjà présente à travers
des livres, des parcs de jeux, des
tournées d’été et réfléchit à d’autres
produits... Au total, les diversifica-
tions représentent environ 10 % des
revenus du pôle jeunesse. « L’idée
est de trouver des relais de croissance
et de continuer à être proche de notre
public », reprend-elle.
Ouverture tous azimuts
Parallèlement, le groupe se développe de plus en plus sur le numérique.L’entitéjeunessedeLagardèrea
ainsi financé une Web série (« Les
tactiques d’Emmae), en ligne dès
cette semaine, qui aura vocation à
êtrediffuséesurGullidansquelques
mois. « On a fait le chemin inverse de
ce qui se fait couramment. Là aussi,
c’est une volonté d’accompagner et de
fidéliser notre public digital native. »
Surlelinéaire,legroupevaaussilancer d’autres marques, comme elle
l’avait fait « Chica Vampiro », qui
marche très fort auprès des petites
filles. « Nous avons des chaînes com-
plémentaires, ce qui nous permet de
donner une exposition plus forte à
nos programmes et de rentabiliser
plus facilement nos investissements.
Nos trois chaînes sont rentables et
même très rentables », dit-elle. Le
pôleTVjeunesseainvesti8 %deson
chiffre d’affaires en achats et préachats d’animation l’an dernier (6 %
en 2014). Il vient de conclure un
accord avec le Syndicat des producteursdefilmsd’animationpouraugmenter son investissement dans ce
secteur (à 10 % du chiffre d’affaires)
e n é c h a ng e d e c h a n g e m e n t s
d’horaires de diffusion de ces programmes, notamment. L’accord
doit être validé par le CSA, afin de
modifier les conventions.
Dernier axe d’ouverture : l’international. Gulli, déjà présent en Afrique et en Russie, veut s’ouvrir à
d’autres pays à horizon 2018. n
28 //
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
y
START
LE RDV
En marge de Viva Technology, Publicis Drugstore expose plusieurs produits de start-up issues du Réseau
national des pépinières de France (Elan) jusqu’au 14 juillet : Liva, Ecoetlogic, Ticatag, Goaltime et Sericyne figurent parmi les sélectionnés
qui bénéficieront d’une visibilité importante
avec les 6.000 personnes qui passent chaque
jour devant l’établissement.
UP
11
MILLIONS D’EUROS
C’est le montant total que Blida, une
filiale de Metz Technopôle, va investir pour racheter un ancien dépôt de
bus à l’agglomération lorraine, le
rénover et lui permettre d’accueillir
des start-up.
Un air de Silicon Valley flotte
sur la porte de Versailles à Paris
l Le président de la République était présent jeudi, au salon VivaTechnology organisé par Publicis et Les Echos.
l Eric Schmidt, le président exécutif d’Alphabet, ou encore Allen Blue, le cofondateur de LinkedIn, s’y sont succédé.
INTERNET
Guillaume Bregeras
@gbregeras
Ce jeudi matin, la porte de Versailles a des airs de Silicon Valley.
Dans la foule, dense, qui passe les
contrôles de sécurité, la langue
anglaise est largement majoritaire.
Startuppers, investisseurs et représentants de grands groupes sont
tous réunis pour donner le coup
d’envoi de Viva Technology, le salon
co-organisé par Publicis et « Les
Echos », dont l’ambition est de placer Paris sur la carte mondiale de la
Tech, au même rang que Las Vegas
et son légendaire CES.
L’initiative ne manque pas
d’ambition et c’est peut-être ce qui a
réussi à convaincre autant de personnalités de cet écosystème. John
Chambers, Executive Chairman de
Cisco, et meilleur publicitaire de la
France dans le monde anglo-saxon,
réitère son message lors de l’une des
premières grandes keynotes de la
journée : « J’avais dit il y a un an que
la France deviendrait une start-up
nation… maintenant, les gens me
croient », assène-t-il tout sourire à
une assistance fournie et acquise à
sa cause. Dans les allées, même
enthousiasme. Les conversations se
multiplient et il faut parfois élever la
voix pour se faire entendre. Comme
dans une ruche, chacun semble
FranceDigitale
récompense
WayKonect
« J’avais dit il y a un
an que la France
deviendrait une
start-up nation. »
JOHN CHAMBERS
Executive Chairman de Cisco
L’association a remis son
prix de 1,5 million d’euros
à une jeune pépite lilloise
sur le Salon Viva Technology. Elle se positionne
sur le secteur porteur
des véhicules connectés.
savoir ce qu’il doit faire, mais se
laisse aussi parfois distraire. La file
d’attentepourtesterlerollercoaster
virtuel proposé par Partouche sur le
stand du PMU en atteste. On imaginequ’elleseral’unedesattractions
pharesdelajournéegrandpublicde
samedi. Si l’événement se revendique centré autour des affaires, le
plaisir n’est jamais loin. C’est l’esprit
tech qui infuse…
Des entrepreneurs qui
veulent changer le monde
D’autres conférences, plus intimes,
font le plein. Ils sont par exemple
venusennombreécouterAllenBlue.
Le cofondateur de LinkedIn vient de
céder son entreprise à Microsoft,
mais reste intarissable sur la
manièredontson« bébé »peutaider
à combattre le chômage dans le
monde : « Notre mission et notre
objectif restent de connecter les
3,5 milliards d’actifs dans le monde ! »
Un message auquel aurait pu être
sensibleFrançoisHollande,quiflâne
François Hollande et Axelle Lemaire, à droite, secrétaire d’Etat au Numérique, se font présenter
la Google Car par Eric Schmidt, le président exécutif d’Alphabet. Photo Bruno Levy pour « Les Echos »
pendant plus d’une heure entre les
stands, s’arrêtant sur certains d’entre
eux pour comprendre la motivation
de ces entrepreneurs qui veulent
changer le monde.
Le président de la République
prend aussi quelques minutes pour
se faire présenter la Google Car par
Eric Schmidt, le président exécutif
d’Alphabet, juste avant l’entrée en
scène de celui-ci pour son intervention. Un échange qui explique peut-
COMMUNIQUÉ
CARREFOUR ET GRANDSVINS-PRIVES.COM :
LA FOIRE AUX VINS TOUS LES JOURS !
Fondé à Bordeaux en 2013, GrandsVins-Prives.com
a été lancé par des négociants en vins. Le site sert aujourd’hui un peu plus de 33 000 clients en France. Il
propose en permanence des offres promotionnelles
ainsi qu’un riche catalogue de grands vins français et
pépites des plus grands terroirs du monde proposés
au meilleur prix. Le comité de dégustation de l’équipe
sélectionne les crus auprès de producteurs reconnus
ou d’œnologues indépendants et passionnés. La
plupart des vins proposés ne sont pas disponibles en
grande surface.
Depuis son acquisition par Carrefour en 2015, la jeune pousse propose une offre marchande élargie
dans un secteur en croissance, la
vente de vins en ligne représentant aujourd’hui 10 % du marché.
« Notre objectif est de s’affranchir
du « snobisme » de l’industrie du
vin et de pouvoir proposer des
crus de qualité au bon prix autant pour les connaisseurs que pour les amateurs », souligne l’équipe fondatrice.
GrandsVins-Prives.com s’appuie désormais sur une
puissance logistique déterminante pour son expansion en France et à l’étranger. Elle peut notamment
s’appuyer sur une base clients élargie dont les 14 millions de porteurs de carte de fidélité du leader de la
grande distribution.
A son tour, le Groupe Carrefour bénéficie du dynamisme d’une startup dont la force
réside dans la capacité à créer
des événements en continu, des
ventes éphémères qui ne sont pas
tributaires des saisons.
Avec Carrefour et Grandsvinsprives.com, c’est la foire aux vins
tous les jours !
DAVID SCHWARZ,
DIRECTEUR DÉVELOPPEMENT ET NOUVELLES ACTIVITÉS ECOMMERCE CARREFOUR FRANCE
« Carrefour et Grandsvins-prives.com, c’est d’abord une histoire et une passion commune,
le vin mais c’est également une nouvelle façon de vendre, plus éphémère, plus rapide. »
Retrouvez GrandsVins-Prives.com sur le Lab Carrefour à Viva Technology,
du 30 juin au 2 juillet à Paris Expo Porte de Versailles.
être le speech mêlant tech et politique de l’ancien PDG de Google. Un
peu plus tard, il assure que son
groupe veut investir davantage en
Fr a nce et qu' i l fau t « p lu s d e
start-up » dans notre pays. Il affirme
aussi qu’il regrette et ne comprend
pas le choix du Brexit. « Je suis toujours inquiet quand on parle de
davantage de barrières », fait-il valoir.
De son côté, la secrétaire d’Etat au
numérique, Axelle Lemaire, tou-
jours bienveillante vis-à-vis des jeunespoussesetdel’écosystèmequ’elle
a contribué à faire émerger, peut
tranquillement évaluer sa popularité. Quelques dirigeants accueillis
en star, Yuanqing Yang (Lenovo),
Jim Gianopulos (20th Century Fox),
Oliver Samwer (Rocket Internet)
bouclent cette première journée.
Toujours en anglais. Toujours
enthousiastes. Et prêts à prolonger
cette vague partie pour durer. n
EDFverse100.000 euros
àtroisstart-up
Pour leur troisième édition,
les prix Pulse ont récompensé Ecoisme, Biomodex
et Kara.
de leur utilisation pour favoriser
les économies d’énergie. Ce projet
est porté par un jeune entrepreneur ukrainien.
David Barroux
[email protected]
BIOMODEX (E-SANTÉ)
Pour la troisième année d’affilée,
EDF a remis jeudi soir ses prix
Pulse qui récomp ensent des
start-up européennes. Les internautes, via 150.000 votes, avaient
départagé les finalistes. Les trois
lauréats recevront à la fois un soutien financier de 100.000 euros
chacun et bénéficieront d’une
campagne de communication et
d’un accompagnement sur la
durée. Autant d’éléments qui doivent permettre d’accélérer la
croissance et de faire progresser la
notoriété de start-up qui, pour
concourir, devaient être en mesure
de lancer un produit d’ici à la fin
2016 ou d’engager des tests, pour
celles du monde de la santé. Les
trois vainqueurs sont :
ECOISME (SMART-HOME)
Ecoisme est un système d’optimisation de l’énergie qui détecte tous
les appareils branchés dans la
maison (grâce aux prises de courant), et préconise de les éteindre
ou de les débrancher, en fonction
La start-up française Biomodex a
mis au point des maquettes de
simulation qui reproduisent les
propriétés biomécaniques du
corps humain, et en particulier
des organes. Ces maquettes,
imprimées en 3D, imitent au plus
près l’anatomie du corps humain.
Elles permettent au chirurgien de
préparer son inter vention en
amont d’une op ération p our
réduire les risques et diminuer les
complications.
KARA (VILLE BAS CARBONE)
Kara est un système d’éclairage
public intelligent qui permet de
détecter une présence à 35
mètres, de déterminer sa masse
et sa trajectoire, et de moduler
l’éclairage en fonction. Le système est directement logé dans le
lampadaire qui adapte l’éclairage en fonction des usagers (piétons, automobilistes…). Cette
technologie intelligente, développée par une start-up française, permet de réaliser jusqu’à
70 % d’économies d’énergie pour
l’éclairage public. n
Midi trente, jour d’ouverture, sur le
Salon Viva Technology. Le résultat
des premiers concours tombent.
Parmi eux, celui organisé par
France Digitale est le mieux doté.
1,5 million d’euros (1 million en «
equity » et 500.000 sous la forme
d’un prêt accordé par bpifrance)
pour le vainqueur choisi par le jury
(trois fonds, Partech, Breega et
360 Capital, et un business angel,
Olivier Mathiot). Après avoir parcouru l’Hexagone durant plusieurs
mois, France Digitale a invité
dix start-up à pitcher. Et c’est Way
Konect, trois ans d’âge et déjà de
sérieuses métriques, qui l’emporte.
Plate-forme dédiée aux gestionnaires de flottes automobiles, cette
pépite incubée au sein d’Euratechnologie à Lille travaille déjà avec 17
clients à qui elle promet une baisse
de 650 euros par an sur le coût
d’entretien de chaque véhicule et
une réduction de 50 % du temps
passé à manager les flottes.
Une approche originale
C’est l’univers prometteur des véhicules connectés que Way Konect
vise et Yassin Korchi, son cofondateur, ne manque pas d’ambition :
« Ce marché représente 5 millions
d’unités en France et 30 à l’échelle
européenne. Avec ce prix, nous souhaitons continuer à grandir, et très
rapidement. » Dans les tuyaux des
24 prochains mois, le passage de 13
à 20 employés, l’attaque du continent européen et la préparation
d’unegrosselevéedefondsd’iciàun
an. Way Konect ne devrait pas avoir
trop de souci à convaincre de nouveau les investisseurs, comme
l’explique Paul Degueuse, associé
de 360 Capital Partners et membre
du jury : « Ce qui nous a convaincus
est l’approche à contre-courant qu’ils
proposent. Le secteur des véhicules
connectés est très porteur en ce
moment, mais il est aussi saturé. Ils
sont restés très pragmatiques en partant des besoins et en proposant une
solution simple avec un bon ROI. »
Histoire à suivre donc, avec de
sérieux concurrents déjà positionnés pour ceux qui voudront prendre le train en marche.
— G. B.
4
À NOTER
SuperJob, plate-forme BtoC de
mise en relation entre des étudiants et des professeurs, a remporté le coup de cœur du public.
// 29
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
Q
START
Le Medef et Up Afrique veulent aider
les start-up françaises qui ont vocation à travailler en Afrique. Pour cela,
ils ont créé l’index UP40 pour rassembler des
pépites qui interviennent sur plusieurs thématiques comme la ville durable, l’e-santé, le financement participatif et l’e-commerce. Pour entrer
dans ce classement, les jeunes pousses ne doivent pas excéder 10 millions d’euros de chiffre
d’affaires annuel et en réaliser au moins un tiers
sur le continent.
Z
L’APPLI
[
EN IMAGES
Alex Garden, un entrepreneur de la
Silicon Valley, veut révolutionner la
pizza. Son principe ? Dès que la commande est validée sur le site Zume Pizza, un robot
démarre sa préparation dans un atelier en respectant les « défauts » que peuvent créer de véritables
pizzaiolos. Ensuite, la pizza est cuite dans le
camion durant sa livraison. A découvrir en vidéo :
http://bloom.bg/28S6FVI
La communauté des cyclistes parisiens va pouvoir souffler. La jeune
pousse Ridy.fr va se déployer dans
la capitale afin de leur permettre de faire réparer leur vélo dans les plus brefs délais. Le principe ? En trois clics, l’utilisateur indique sa
position, la nature de sa réparation, puis la
paie. Un partenaire du réseau se déplace
ensuite pour assurer l’opération. La pépite
annonce vouloir également se développer à
Bordeaux, Lille, Nantes et Strasbourg.
Les principales
innovations
présentées
à VivaTech
DRONE JANUS 360. Au croisement de deux technologies
en plein essor – les drones et la réalité virtuelle –,
ce quadricoptère embarque pas moins de dix caméras
qui enregistrent en ultra haute résolution (4 K) pour
tourner des films à 360° sans que le corps de l’aéronef
ou les hélices n’apparaissent à l’image. Développé
par la jeune pousse française Drone Volt, il dispose
de quinze minutes d’autonomie en vol. Moteur !
SEA BUBBLE. Conçu par le navigateur Alain Thébault,
qui rêve de le voir voguer un jour sur la Seine, la Sea
Bubble est un bateau capable de voler au-dessus de
l’eau grâce à un système de propulsion électrique.
En forme de bulle, il peut accueillir quatre personnes. Ce mode de transport « zéro émission, zéro
bruit, zéro vague », à l’état de prototype, a déjà tapé
dans l’œil de la maire de Paris, Anne Hidalgo.
GOOGLE CAR. C’est la star du Salon. Présentée pour la première
fois en Europe, la voiture autonome de Google fait l’objet
de toutes les curiosités. Dépourvue de volant mais bourrée
de capteurs et de logiciels, elle est capable de rouler toute seule.
Actuellement en test, sa commercialisation pourrait démarrer
en 2017. Photo Eric Piermont/AFP
Photos réalisées par Georges Merillon pour « Les Echos »
L’ENCEINTE PHANTOM GOLD. Produit phare de Devialet,
la Phantom est vendue (1.700 euros) depuis septembre
2015. Elle est aussi commercialisée dans les magasins
Apple depuis décembre 2015 aux Etats-Unis et fin avril
2016 en Europe. Le nouveau modèle est la Phantom
extrême. « Un produit jubilatoire. 4.500 watts,
108 décibels », selon Quentin Sannié, le cofondateur.
Comptez 2.590 euros.
L’OCULUS RIFT.
Tous les géants de la
tech se précipitent
dans la réalité virtuelle (VR) et Facebook a un léger
temps d’avance avec
son Oculus Rift.
L’appareil est disponible en précommande depuis le
début de l’année et
les premières livraisons ont démarré fin
mars. La majorité
d’entre elles seront
livrées à bon port
au cours de l’été, a
prévenu Facebook.
La VR est un gros
pari pour le réseau
social qui a racheté
Oculus 2 milliards
de dollars en 2014.
ROLLER BLASTER. Sur le stand
PMU, les amateurs de sensations fortes ont pu découvrir
le Roller Blaster, développé
par Partouche Lab. Installés
dans un wagon, les passagers
sont embarqués dans un voyage
virtuel de montagnes russes,
pendant plus de trois minutes.
MY UV PATCH. Le soleil est en grève, mais voilà un patch qui mesure
le niveau d’exposition aux rayons. Elaboré par L'Oréal et vendu
sous la marque La Roche-Posay, ce capteur électronique change
de couleur en fonction de la dose d’UV reçue et est relié à une
application pour savoir quel type de protection appliquer.
LE PLAYSTATION VR. Dans la VR (réalité virtuelle), c’est la guerre et Sony en sera bien. La société japonaise va commercialiser son tout premier casque, le 13 octobre prochain. Vendu 399 euros, celui-ci
fonctionnera avec la PS4. Pour l’occasion, une cinquantaine de jeux, compatibles avec cet appareil,
sortiront. Parmi eux, Resident Evil 7 et Final Fantasy XV.
30 // STARTUP
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
-
LE PRODUIT
Charli présente sa nouvelle borne de recharge
sur le Salon Viva Technology. Outil autonome, elle équipe déjà
plusieurs lieux dans toute la France,
comme les Columbus Café, les salons
de coiffure Jean-Claude Biguine, les
restaurants Courtepaille et Campanile, certaines gares SNCF, les hôtels
Pullman, et les magasins Monop’.
=
3
MILLIONS D’EUROS
Jacques-Antoine Granjon, Xavier Niel
et CapHorn Invest viennent d’investir
dans la pépite Brand and Celebrities
qui propose une solution permettant
d’analyser et de contacter les personnalités les plus adaptées à ses projets
de communication.
y
LE RDV
EN DÉCALÉ
Le robot Pepper va aussi accompagner les parieurs de courses hippiques. Capgemini et le PMU se sont
associés pour construire le programme que les
amateurs équins auront face à eux avant, pendant, et après les courses. Pepper permet de
réaliser des paris virtuels récompensés de selfies, annonce les pronostics et oriente les
joueurs vers les bornes où ils peuvent enregistrer leurs mises. Reste à savoir comme le robot
gérera l’agacement des perdants…
Café Digital reçoit Park & Trip
« Nos clients économisent entre 25 et 40 %
de frais de parking en gare et aéroport. »
Avec Park & Trip, Julien Delplanque souhaite
« transformer le parking en service ». La start-up,
dont il est le cofondateur, permet de payer moins
cher le parking en gare TGV et aéroport, de faire
entretenir son véhicule et même de le proposer en
auto-partage. Le prochain objectif est de développer
le maillage territorial.
Retrouvez la vidéo sur bit.ly/252z9nC.
Les investisseursde la FrenchTech
font àleur tour leurrévolution
l Dans les pas des Niel et Simoncini, les fonds d’entrepreneurs et ceux connectés aux grands groupes s’imposent.
l Plus que les capitaux, c’est le réseau de liens avec l’écosystème de la tech qui prime.
européen ou israélien, la seule croissance domestique ne fait plus sens. »
A l’autre bout de la chaîne de
l’innovation,dit-elle,lesgrandsgroupes ne peuvent plus se contenter de
micro-investissements dans le digital, car s’ils veulent se transformer, il
leur faut accéder à de plus gros
acteurs de la tech. Cela suppose en
amont que les fonds de venture, qui
financent ces derniers, se concentrent sur des projets de start-up à la
fois solides et rentables. « Pour les
fonds, la question n’est plus combien
investirdanslestoursdetable,maisde
pouvoir valoriser les start-up sur de
vrais business plans. C’est la base de
leurplus-value,etd’uncerclevertueux
durable dans le capital-risque et de
l’écosystème de la French Tech », juge
un investisseur.
CAPITAL-RISQUE
Anne Drif
@anndrif
C’est au tour des financiers de la
French Tech de faire leur saut
« disruptif » ! Fini les gérants aux
poches pleines venant essaimer ici
ou là au fil des tours de financement des start-up dans des business technologiques prometteurs
mais incertains. Avec l’arrivée à
maturité de la tech française, une
nouvelle génération d’investisseurs émerge, plus entrepreneuriale, plus connectée avec les innovations et le tissu des startuppers,
tout en étant en interaction avec les
grands groupes français.
Le prochain défi :
grossir en taille
Stratégie opérationnelle
Autant d’initiatives qui prennent la
relève des pionniers Marc Simoncini, Xavier Niel ou Jacques-Antoine Granjon. Exemple : Marie
Ekeland, ex-partner du fonds Elaia
Capital, a lancé avec deux anciens
de France Digitale un fonds d’une
nouvelle génération, Daphni,
construit autour d’un écosystème
collaboratif d’investissement et
d’accompagnement. « Il y a beaucoup d’argent qui cherche à s’investir.
Les équipes de venture capital cherchent à se différencier et mettent au
travail du “smart money” », note
Michael Azencot, associé de la
Financière Cambon. Moins focalisés sur une approche financière,
« les venture capitalists sont au plus
près du terrain, avec une vraie stratégie opérationnelle », appuie un
investisseur dans des fonds.
Autre initiative marquante, Stéphanie Hospital, un ancien pilier
d’Orange et membre du conseil
d’administration de Dailymotion,
vient de lancer avec Jean-Marie
Messier une plate-forme européenne d’investissement d’un nouveau genre, One Ragtime. Sa particularité ? Associer une plate-forme
digitale de « crowdequity » auprès
d’un millier d’investisseurs qualifiés
de type business angels ou family
offices capables de mettre des tickets d’environ 100.000 euros, à un
fonds de « late stage » de 150 mil-
COMMUNIQUÉ
lions d’euros et une offre de conseil
auprès des grandes entreprises
pour des acquisitions significatives
dans le digital. « Le fonds n’est pas un
but en soi, dit Stéphanie Hospital.
C’est un catalyseur pour porter les
start-up à l’étranger. L’important
n’est pas combien une start-up lève,
maiscommentelleaccèdeaumeilleur
réseau pour attaquer tout de suite
l’international. C’est le modèle nord-
Elle a dit
« Le fonds n’est
pas un but en soi,
car l’important n’est
pas combien
une start-up lève
mais comment elle
accède au meilleur
réseau pour attaquer l’international. »
STÉPHANIE HOSPITAL
Fondatrice de One Ragtime
DR
Dans ce contexte, les plus petits
fonds traditionnels se voient
contraints de se rapprocher,
comme I-Source avec Sofimac, ou
XAnge avec Siparex, ou alors ils
peinent à relever des capitaux.
Signe de cette plus grande sélectivité des investisseurs sur les fonds,
seulement deux d’entre eux ont
bouclé leur levée depuis janvier
pour un total de 100 millions
d’euros, contre 8 fois plus pour dix
fonds sur la même période en 2015.
Depuis l’année dernière cependant, les fonds de venture français
ont franchi en 2015 un cap dans les
montants levés, à 1,3 milliard
d’euros. La prochaine étape ? Bâtir
desvéhiculesd’investissementcapables de rivaliser sur la durée avec les
anglo-saxons, comme le martèle
bpifrance. « Dans la tech, comme
dans les innovations sur les sciences
de la vie, il nous faudra à l’avenir une
puissancedefeudeuxfoisplusimportante pour accompagner au plus près
la croissance de nos start-up », estime
Isabelle de Cremoux, présidente du
directoire de Seventure Partners. n
Les secteursporteurs et ceuxauralenti
En marche vers l’autonomie totale qui relèguera le
pilote à la place du passager, la voiture intègre aujourd’hui de nouvelles fonctions intelligentes. Axe
central de la stratégie de croissance de Valeo, la
conduite intuitive croise l’ensemble des technologies et systèmes innovants destinés à rendre la voiture plus facile d’utilisation, plus connectée et plus
sécurisée.
Le Groupe a développé des applications mobiles innovantes qui permettent de dégivrer et nettoyer son
pare-brise, d’allumer le chauffage
ou de verrouiller les portes depuis
son smartphone. Plus interactive,
l’automobile incorpore également des capteurs d’assistance à
la conduite : rétroviseurs-caméras, phares pilotés par laser, dispositifs d’aide au stationnement…
Dernier-né des laboratoires de
Valeo, le volant Valeo Mobius™ 2 synthétise plusieurs
innovations du Groupe autour de la console de bord.
Celle-ci permet le passage d’un mode de conduite
manuel à un mode automatisé de manière fluide et
sécurisée tout en proposant de nouveaux services
au conducteur lors des phases automatiques (utiliser
tout le contenu de son smartphone : lire et écrire ses
e-mails, regarder des vidéos sur internet, sélectionner
ses morceaux de musique favoris, etc.). Lors du retour
à une conduite manuelle, les informations relatives à
la conduite réapparaissent au premier plan sur le tableau de bord.
Grâce à la multiplication des
fonctions automatiques mises en
place par Valeo, la voiture gagne
ainsi en autonomie sans bousculer les habitudes du conducteur.
GUILLAUME DEVAUCHELLE,
DIRECTEUR DE L’INNOVATION CHEZ VALEO
« Dans certaines conditions comme la circulation à basse vitesse, dans les embouteillages,
sur le périphérique ou sur l’autoroute, il est possible d’imaginer une conduite en totale
autonomie. L’idée est de créer des conditions de confort dans des situations où le plaisir de
conduite n’est pas évident.
»
Retrouvez le LAB Valeo à Viva Technology,
du 30 juin au 2 juillet à Paris Expo Porte de Versailles.
Shutterstock
Valeo, leader de l’équipement automobile, développe les équipements destinés
à rendre l’automobile d’aujourd’hui entièrement intuitive et de plus en plus autonome.
Les principaux enjeux ? Confort et sécurité.
Evan Sung/ « NYT »-Redux-RÉA
VALEO,
LE PILOTE DE LA CONDUITE INTUITIVE
Fintech,mobilité,les
« In » desfondsventure
L
es fonds de capital-risque ne financent plus
toutes les idées naissantes des startuppers.
Les deux critères qui ont la côte aujourd’hui
sont la valeur d’usage et l’attaque de territoires
vierges que les groupes de l’économie traditionnelle peuvent difficilement dupliquer. Dans les
« In » des fonds ressortent ainsi en tête les fintech,
ces start-up de la finance qui viennent bousculer le
monopole bancaire, du « crowdfunding », la
finance participative, à la technologie de la blockchain d’enregistrement des transactions sur un
mode ouvert. « Les banques ont pris une longueur
de retard dans leur capacité à innover, et n’ont pas
les ressources internes », juge un financier. Autres
secteurs privilégiés pour leur valeur d’usage, les
innovations liées à la mobilité, comme les services
collaboratifs de parking, et logistiques dans la
distribution telles que la livraison sur demande
pour les commerces, ou les solutions de réservation et de gestion de points de vente. n
E-commerceetrepas
livrésnefontplusrecette
L
es fonds de capital-risque ont trouvé une
recette simple pour sélectionner les
start-up : passer le concept au crible de
l’« Amazon test ». Si les jeunes pousses de l’agroalimentaire sont les dernières attaquées par le
géant américain, tout l’e-commerce en souffre
déjà et peine de ce fait à trouver des financiers
pour l’épauler, comme l’ont montré entre autres
les déboires de Pixmania. Dans un autre domaine,
les start-up de livraison de repas peinent aussi à
se faire une place au soleil chez les venture capitalists. « Si certains concepts sortent du lot, il n’est pas
certain que ce soit un secteur rentable à moyen
terme, compte tenu des frais fixes inhérents à l’activité. Ne résisteront probablement que ceux capables
de générer de gros volumes d’affaires », estime un
financier. Enfin, les jeux vidéo sur les réseaux
sociaux sont nettement passés de mode et la plus
grande sélectivité des investisseurs s’impose dans
les objets connectés. n
// 31
Les Echos Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
en
direct
Le pôle Medicen
partenaire de Biocat
HAUTS-DE-FRANCE —
ÎLE-DE-FRANCE — Stéphanie
Le président de la région Hautsde-France s’est déclaré favorable
à l’implantation d’une future
centrale nucléaire de type EPR
sur son territoire en cas de nouvelle construction en France.
Dans le même temps, il se dit
défavorable au développement
de l’éolien, dont il considère
qu’il fragilise le nucléaire.
Joël Saget/AFP
PME
&REGIONS
Bertrand candidat
à un nouvel EPR
Von Euw, vice-présidente
chargée des affaires européennes
de la région Ile-de-France,
a signé un protocole d’accord
entre le pôle de compétitivité
francilien Medicen et le pôle
catalan Biocat. « La signature d’un
protocole d’accord entre ces deux
pôles de compétitivité, dont l’expertise technologique dans le domaine
de la santé est reconnue, doit permettre de renforcer la coopération
entre nos deux régions », indiquet-on à la région Ile-de-France.
Les deux pôles souhaitent
coopérer dans les domaines
de l’oncologie, des diagnostics
in vitro et des soins connectés.
Ils comptent aussi créer
une dynamique commune pour
répondre conjointement aux
appels à projets des programmes
européens. La souhaite développer ce type de partenariats.
Ratatouille,
lastar
innovante
d’Eurodisney
Le parc de Marne-la-Vallée
a investi 150 millions
d’euros sur une animation
qui permet de voyager
dans l’univers du petit rat.
A Europa-Park, près de Colmar, le spectateur, doté d’un casque 3D, est plongé au cœur de l’animation. Photo Hans-Joerg Haas
Réalité augmentée, tour de chute
rotative : les parcs 2.0 sont lancés
l Après Astérix, les parcs de loisirs même les plus petits adoptent des attractions à grande vitesse.
l Les outils des jeux vidéo sont adaptés pour donner plus de sensations aux visiteurs
TOURISME
Guillaume Roussange
@RoussangeG
— Correspondant à Amiens
Plus vite, plus haut, plus fort. C’est le
leitmotiv des gestionnaires de parcs
de loisirs français. Le parc Astérix
avait déjà frappé fort en lançant des
montagnes russes où le visiteur est
emporté, de lifts en loopings, sur un
parcours de 1 kilomètre à 90 kilomètres/heure. Trois ans de travail et
20 millions d’euros d’investissements auront été nécessaires pour
créer cette attraction. Avec OzIris, le
sp écialiste suisse B olliger &
Mabillard, créateur du concept, a
réussi à supprimer ce que les spécialistes appellent la « prédescente »,
qui sert à réduire le tiraillement sur
la chaîne de traction et le moteur.
L’attraction est aussi le premier parcours de montagnes russes inversées à posséder un looping plongeant de 30 mètres de haut.
Cette course à l’innovation touche
aujourd’hui tous les parcs dits « à
sensations », y compris les plus
petits. Dans l’Aube, Nigloland vient
de s’offrir, pour la saison 2016, la plus
haute tour de chute rotative du
monde. Baptisé le « Donjon de
l’extrême », ce manège envoie les
amateurs d’adrénaline à 100 mètres
de hauteur, avant de les faire brusquement chuter. En trois secondes,
leur vitesse atteint 115 kilomètres/
heure. Les travaux de ce manège,
imaginé par le constructeur australien Funtime, ont été colossaux. Pour
ancrer les tours, 10 pieux de 8 mètres
ont été plantés puis couverts de
béton, l’ensemble pesant 600 tonnes.
De quoi assurer la sécurité lors de la
chute de la nacelle de 24 passagers.
Nigloland a investi 6 millions d’euros
pour se payer cette nouveauté. « En
moyenne,lesparcsréinvestissententre
18 et 25 % de leur chiffre d’affaires chaque année. Cela fait partie du modèle
économique », souligne Sophie
Huberson,déléguéegénéraleduSyndicat national des espaces de loisirs,
d’attractions et culturels (SNELAC).
4D « immersive »
au Futuroscope
Réalité virtuelle
à Europa-Park
Vitesse record
pour Ferrari Land
Projections de pluie, de lave,
de neige, plate-forme
à « effets sensoriels »,
sans oublier des images 3D
ultra réalistes… Avec son
animation L’Age de glace,
Le Temps des dinosaures,
l’expérience 4D,
le Futuroscope propose
une expérience inédite
pour les spectateurs.
Fruit d’une collaboration
entre les studios de la Fox
et le Futuroscope,
cette attraction a mobilisé
une équipe de 200 personnes.
Fin 2015, le park situé près
de Colmar a équipé un de ses
grand huit de la technologie
Alpenexpress Costiality.
Le spectateur doté
d’un casque 3D, est plongé
au cœur de l’animation qui
est synchronisée avec le
wagon grâce à des capteurs.
On sent la pénétration dans
l’air, la vitesse changer, la
force centrifuge. Ce système
– une première – a été conçu
par Europa-Park en
collaboration avec plusieurs
entreprises, dont Samsung.
Situé de l’autre côté de
la frontière espagnole,
sur la côte nord-est,
le parc Ferrari Land doit ouvrir
en 2017. De nouvelles
attractions, sont annoncées,
dont un accélérateur vertical
le plus haut d’Europe, un roller
coaster (« grand huit ») à
catapulte magnétique (LSM),
du constructeur suisse
Intamin AG, dont les trains
seront propulsés à une vitesse
de 180 kilomètres/heure
en 5 secondes, pour atteindre
112 mètres de hauteur.
Tribune orientable
L’innovationconcerneégalementles
spectacles.LePuyduFou,enVendée,
n’a pas de grand huit, mais des joutes
de chevaliers, des courses de chars et
des numéros de dressage, servis par
des effets spéciaux, pyrotechniques
notamment, dignes d’Hollywood.
Sonderniershow,« LeDernierPanache », consacré au chef royaliste
François Charrette de la Contrie, bat
tous les records : une scène de 7.500
mètres carrés, avec 20 mètres de
hauteur sous plafond, 2.400 places,
une tribune de 471 tonnes orientable
pour placer le spectateur au cœur de
l’action, des écrans d’une qualité
visuelle quatre fois supérieure à la
HD… Un investissement de 19 millions d’euros ! De quoi attirer les visiteurs français, mais aussi conquérir
de nouveaux publics, les étrangers
ne représentant que 14 % des touristes du parc. «Cet exemple illustre la
tendance des exploitants qui veulent
offrir une véritable expérience à un
public de plus en plus zappeur. En
moyenne, les visiteurs restent deux à
trois jours sur place », poursuit
Sophie Huberson. Côté hébergement, les parcs multiplient les concepts originaux pour se différencier.
Si Eurodisney a ouvert la voie, l’offre
s’est depuis diversifiée. Lodges au
milieu des animaux dans le parc du
Pal, dans l’Allier, chambres quatre
étoiles du camp du Drap d’Or au Puy
du Fou, nuitées en tipis dans le parc
OK Corral de Cuges-les-Pins… n
CL Corporation crée des fauteuils animés en 4D
Outre la sensation
de mouvement, les sièges de
la PME rennaise permettent
une vision à 360 degrés.
Stanislas du Guerny
— Correspondant à Rennes.
Cœur sensible s’abstenir. A l’occasion du dernier mini-parc d’attractions éphémère, S7 Life Changer
Park, organisé par Samsung France
à Paris mi-juin près de la BNF,
CL Corporation y a créé les différentes attractions, dont un tour en
montagnes russes. Equipés de
lunettes à 360 degrés de Samsung
(Gear VR), les visiteurs calés dans
leur siège animé en 4D ont eu droit
à des loopings et des accélérés
d’autant plus réalistes que l’air
fouettait leur visage. Au total,
42.000 personnes se sont assises
dans les fauteuils de la société rennaise CL Corporation.
Vulcania, l’Aquarium de SaintMalo, la Cité du Volcan sur l’île de
La Réunion et plusieurs autres
parcsd’attractions,maiségalement
des stands, comme ceux de la marque Nissan pour faire vivre aux visiteursdescoursesautomobiles,sont
équipés des systèmes immersifs et
interactifs de CL Corporation. Le
savoir-faire de cette entreprise
technologique, qui fait appel à la
réalité augmentée, s’exporte jusqu’en Asie. Elle vient de décrocher
un contrat de 2,9 millions d’euros
pour l’installation de 130 sièges
complétés par un dôme de
20 mètres de diamètre et une régie
technique dans un tout nouveau
parc d’attractions situé en Corée du
Sud sur l’île de Jeju.
« Les études sont en cours, les
fauteuils seront montés dans notre
atelier rennais à partir du mois de
septembre. Nous nous chargerons
ensuite de les installer sur site »,
indique Christophe Lucchini, qui
a fondé CL Corporation en 2000
avec son associé Laurent Mahy.
Ils ont décroché ce contrat sur
appel d’offres. Six ingénieurs et
deux années de R&D ont été
nécessaires pour développer ce
fauteuil, dont il existe un prototype présenté dans différents
Salons internationaux.
La tête dans les étoiles
L’attraction nommée « Head in the
Stars », créée avec la collaboration
du studio graphique Polymorph,
comprend des effets spéciaux intégrés dans un siège animé en 4D
dont le dossier s’allonge complètement pour que la personne ait vraiment « la tête dans les étoiles avec
une vision à 360 degrés et se sente
complètement dans l’air ». CL Cor-
poration, qui emploie 12 personnes, a réalisé un chiffre d’affaires
de 1,2 million d’euros l’an dernier et
table sur plus de 2,5 millions
d’euros en 2016. Les innovations de
la PME sont éclectiques. Elle a mis
au point un simulateur d’apprentissage du pilotage des péniches
pour la Compagnie Nationale du
Rhône et créé un ascenseur à sensations nommé « Abyssal Descender ». Il peut contenir 20 personnes ayant l’impression de
descendre à 6.000 mètres sous
l’eau ! D’après le dirigeant, les Chinois se montrent intéressés par
l’attraction qui peut provoquer...
des sueurs froides. n
Pour son attraction Ratouille, inspirée des aventures de Rémy, un
petit rat parisien, véritable chef
cuinisier, Eurodisney a mis les
petits plats dans les grands. Le parc
de Marne -la-Vallée a investi
150 millions d’euros dans ce projet,
15 millions de plus que le budget
global du film. Cinq ans de travail et
4.000 personnes ont été nécessaires pour créer cette attraction
révolutionnaire.
D’abord parce que – et c’est une
première – elle a été développée en
France sans être au préalable testée dans le berceau américain du
groupe. Surtout, celle-ci repose sur
une combinaison inédite d’effets
spéciaux et d’innovations technologiques. Dans le parcours imaginé par les concepteurs, le spectateur adopte le point de vue du petit
rat évoluant dans les cuisines du
désormais célèbre restaurant
Chez Gusteau.
A chaque fois différent
Pour ce voyage de quatre minutes
trente, le visiteur embarque à bord
de « rat-mobiles », basés sur la
technologie EMV (Enhanced
Motion Vehicule), elle-même développée par Disney dans les années
1990 à partir des simulateurs de vol
pour accroître les sensations des
passagers. Utilisé sur des attractions comme Indiana Jones ou
Installée il y a deux
ans, l’animation a été
développée en France.
Elle mélange décors
réels, effets sensoriels,
dans des véhicules
qui évoluent
de manière aléatoire.
Dinosaur, ce système a été complété avec la technologie LPS
(Local Positioning System), permettant de s’affranchir des traditionnels rails de guidage. Cette
technologie multiplie les possibilités de parcours, permettant de
recommencer l’attraction plusieurs fois de suite tout en vivant
une expérience différente.
Côté visuel, les équipes des studios Disney ont aussi réalisé des
prouesses. La résolution des nouvelles séquences conçues pour
l’attraction au format 4K, une définitionquatrefoisplusprécisequela
HD, ont demandé autant de temps
de calcul que l’ensemble du long
métrage d’animation ! Enfin, les
concepteurs ont aussi fait en sorte
que les écrans et les décors gigantesques ne fassent qu’un, et que les
projections 3D soient d’un même
niveau de qualité quel que soit
l’angle de vue. « Ratatouille est
l’exemple même d’une attraction où
l’innovation et le sens du détail sont
au service de l’histoire, qui reste le fer
de lance de tout nouveau projet dans
les parcs Disney. La technologie doit
être invisible », a expliqué le parc
lors du lancement de Ratatouille, il
y a deux ans. n
32 // PME & REGIONS
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
7
AUVERGNE-RHÔNE-ALPES —
Une troisième manufacture Hermès
pour le Pays de Montbéliard
développe mais également l’horlogerie –, qui accueille déjà une centaine d’artisans et en emploiera 280
à terme. « Nous souhaitons garder
cette taille humaine et un style artisanal », ajoute Emmanuel Pommier.
AHéricourt,lenouvelateliers’est
installé dans une ancienne usine
textile, Le Tissage du Pâquis. Le
groupe participe à la réindustrialisation du centre-ville et a choisi
cette proximité de la manufacture
de Seloncourt pour permettre la
transmission des savoir-faire.
FRANCHE-COMTÉ
Le groupe de luxe
lancera le chantier
d’un troisième atelier
de sellerie-maroquinerie à la fin de l’été.
A terme, au pays de
Peugeot Sochaux, elle
comptera 780 artisans.
Monique Clemens
@Mo_clemens
— Correspondante à Besançon
Le troisième atelier Hermès de
maroquinerie du Pays de Montbéliard devrait accueillir ses premiers
artisans à la fin 2017, à Allenjoie. La
construction de la manufacture de
l’Allan démarrera à la fin de l’été sur
le site de Technoland 2. « Pour cette
troisième implantation locale, nous
nousinscrivonsdansleprojetdedéveloppementd’unezoned’activité.Nous
seronssurunplateau,avecvuesurles
Vosges et nos artisans bénéficieront
d’une belle lumière naturelle », explique Emmanuel Pommier, directeur
général du pôle artisanal maroquinerie-sellerie d’Hermès.
Le sellier-maroquinier de luxe
l’avait annoncé en juillet 2013 : pour
Modèles signés
Le nouvel atelier d’Héricourt s’est intallé dans une ancienne usine
textile du centre-ville. Photo Benoît Teillet
faire face à la croissance de l’activité,
Hermès allait booster sa présence
dans le Pays de Montbéliard, où la
maison est implantée depuis vingt
ans. Attirée par la qualité de l’enseignement du lycée les Huisselets et
l’école Boudard, qui forme 90 % de
ses artisans, et avec laquelle elle a
renforcé son partenariat en passant
à 3 conventions, soit 36 personnes
formées par an, la griffe avait créé la
manufacturedeSeloncourten1996,
qui emploie aujourd’hui 250 artisans maroquiniers. Début avril, elle
a inauguré sa deuxième manufacture sur cette terre automobile
appréciée pour sa main-d’œuvre
appliquée – la maroquinerie s’y
A Allenjoie, le troisième atelier
emploiera, à terme, 250 selliersmaroquiniers, et il sera le seizième
de la maison dans l’Hexagone. Hermès compte 2.700 artisans du cuir
répartis dans ses 4 pôles : ParisPantin, Rhône-Alpes, Sud-Ouest et
Franche-Comté. Chacun d’entre
eux est habilité à signer le modèle
– le sac Kelly, Birkin… – qu’il a luimême réalisé, de la coupe du cuir
aux finitions.
L’activité sellerie-maroquinerie
affiche un chiffre d’affaires de
590,6 millions d’euros au premier
trimestre 2016, en hausse de 15 %
par rapport au premier trimestre
2015, sur un chiffre d’affaires global
de 1,19 milliard d’euros, en hausse,
lui, de 6 %. n
Un projet de nouvelle usine pour Céréco,
le spécialiste des petits déjeuners bio
BRETAGNE
L’entreprise investit
5 millions d’euros
dans ses trois sites
de production.
Elle souhaite construire
une quatrième usine.
Stanislas du Guerny
— Correspondant à Rennes
Il y a vingt-cinq ans, Gérard Le Goff,
le dirigeant et seul actionnaire du
groupe Céréco, était agriculteur
spécialisé dans le bio. Aujourd’hui,
il dirige une entreprise de 150 sala-
riés qui réalise un chiffre d’affaires
annuel de 22 millions d’euros. Sa
recette ? « La fabrication de petits
déjeuners uniquement à partir de
céréales bio. J’en étais le producteur
au début de l’aventure, je travaille
désormais avec des groupements
agricoles en France situés notamment dans le Sud et le Sud-Ouest »,
indique Gérard Le Goff. Compte
tenu d’une croissance annuelle de
ses ventes de l’ordre de 30 %,
Céréco, principalement installé à
Domagné, près de Rennes, investit
5 millions d’euros répartis entre ses
trois outils pour augmenter leurs
capacités. « Mais cela ne suffira pas
pour notre objectif, qui vise à tripler
nos volumes dans les trois prochaines années », continue le dirigeant.
Il va donc construire une quatrième usine à Domagné ou dans sa
proximité immédiate. « Le projet
est à l’étude et devrait être concrétisé
en fin d’année, moyennant plus
d’une dizaine de millions d’euros
d’investissements. »
Sans gluten
Gérard Le Goff veut aller vite pour
conserver son avance face aux
majors internationales du marché
du petit déjeuner, qui sont encore
peu présentes dans le bio, un créneau en croissance annuelle de près
de 20 %, quand le secteur conventionnelpeineàmaintenirsespartsde
marché. Les céréales sans gluten, les
corn flakes et autres galettes de riz
enrobées de chocolat de Céréco sont
venduspartoutdanslagrandedistribution sous sa marque Grillon d’Or.
Pourlesmagasinsbio,oùl’entreprise
est également très présente, les produitssontproposéssouscelledeTerres et Céréales. Elle fabrique égalementauxmarquesdesdistributeurs,
comme pour La Vie Claire.
De 350 à 400 références composent le panel des petits déjeuners de
Céréco, qui s’approvisionne en
matièrespremièresautantque possible dans l’Hexagone, mais aussi à
l’étranger, notamment en sarrasin,
la France n’en produisant pas assez.
La société est particulièrement
dépendante des pays extérieurs
pourlesfruitssecs,quientrentpour
près de 30 % dans la fabrication de
ses différentes recettes. n
HISTOIRES D’AVENIR, AVEC
Fondée en 2009 à Vallauris par Grégoire et Alexandre Thomas,
la société Flying Eye est le pionnier et le leader français de
la concepYon de drones civils homologués. Des appareils
dotés des technologies les plus pointues en maYère de
posiYonnement et de captaYon de données. La société
distribue également des modèles qu’elle met aux normes.
Par ailleurs, elle développe des briques technologiques et
des modules de formaYon spécifiques aux usages mulYples
des drones. Car les applicaYons sont nombreuses et touchent des secteurs aussi variés que l’industrie minière,
l’agriculture, les réseaux de transport, le BTP, l’énergie ou
l’audiovisuel. « Nous équipons 350 sociétés en France, des
opérateurs indépendants que nous formons et auxquels
nous confions des missions de travail aérien technique dans
le cadre d’appels d’offres naQonaux », explique Grégoire
Thomas, qui ajoute : « En mai dernier, Bpifrance nous a octroyé
un prêt de 700 000 euros pour assurer nos besoins en R&D
et notre essor internaQonal. Notre présence est forte en Italie,
nous comptons nous déployer en Espagne ceOe année, et à
moyen terme en Côte d’Ivoire. »
De grandes sociétés comme Engie et Socotec font appel aux
services de Flying Eye pour effectuer des missions de relevé
topographique, de cartographie, de photogrammétrie, de
surveillance de réseaux, de tournages vidéo, d’inspecYons
de lignes électriques et d’antennes GMS.
En conséquence, sa croissance devrait doubler entre 2016
et 2017 et la société de dix salariés qui a réalisé un chiffre
d’affaires de 1,8 million d’euros en 2015 envisage de lever
deux millions d’euros prochainement. « Le label Bpifrance
Excellence nous donne accès à des services privilégiés, à
un accompagnement sur mesure et nous ouvre des portes
auprès de fonds d’invesQssement privés. »
Entrepreneurs, Bpifrance vous soutient en prêt et capital, contactez Bpifrance de votre région : bpifrance.fr
© Flying Eye
FLYING EYE : 6 LE GÉNIE AÉRIEN 5
Grégoire Thomas,
co-fondateur de Flying Eye.
Allecra lève 22 millions
pour développer
son nouvel antibiotique
DR
Lyon va expérimenter à partir de
juillet un service de location de
scooters électriques en libre
accès, dans la foulée de Paris,
qui vient de déployer 150 de ces
deux-roues, a annoncé le gestionnaire de parkings Lyon Parc
Auto. Dans un premier temps,
dix scooters seront proposés
dans trois parcs de stationnement.
tisseur, le fonds américain
DelosCapital.Cesmoyenssubstantiels permettront à l’équipe
de R&D basée à Saint-Louis,
dans le Haut-Rhin, près de Bâle,
d’accélérer leurs travaux sur le
nouvel antibiotique AAI202
pour traiter efficacement les
infections bactériennes Gram
négatif, résistantes aux médicaments actuels.
2 millions de malades
LA LEVÉE DE FONDS
ALLECRA
THERAPEUTICS
Date de création : 2013
Président fondateur :
Nicholas Benedict
Montant : 22 millions d’euros
Effectif : 9 personnes
Secteur : biopharmacie
Christian Lienhardt
— Correspondant à Strasbourg
Développant une nouvelle
classed’antibiotiquespourcombattre les résistances actuelles,
la société franco-allemande
Allecra Therapeutics vient de
bouclersonsecondtourdetable
à 22 millions d’euros. Cette levée
de fonds a été souscrite par les
actionnaires historiques : Forbion Capital Partners, Edmond
de Rothschild Investment Partners, EMBL Ventures et Nicholas Benedict, son président fondateur, qui avaient déjà mobilisé
15 millions d’euros en 2013.
Ce second tour de table
accueille aussi un nouvel inves-
Il s’agit d’une combinaison
avec un puissant antibiotique
bêta-lactame à large spectre
thérapeutique dédié aux
patients hospitalisés à la suite
d’une infection bactérienne
grave. Rien qu’aux Etats-Unis,
on estime le nombre de
malades touchés à plus de
2 millions. « On est en face
d’une épidémie généralisée,
comparable au staphylocoque
(SARM) de ces dernières
années », explique Nicholas
Benedict, président fondateur
d’Allecra Therapeutics. « C’est
pourquoi la FDA américaine
nous a octroyé le statut spécifique de Qualified Infectious
Disease Product pour accélérer
le développement de notre programme antibiotique
AAI202 », ajoute-t-il.
D’ores et déjà, il s’est assuré
de l’exclusivité pour son futur
antibiotique sur le marché
américain. C’est d’ailleurs
outre-Atlantique, mais aussi
dans plusieurs pays européens,
que les premiers essais cliniques seront menés au premier
trimestre 2017. n
SeaBird met au point
un fil de pêche à la fois
biosourcé et résistant
d’une décennie pour qu’il soit
totalement éliminé dans la
mer », estime Morgan Deroiné,
ingénieur de recherche à l’université de Bretagne-Sud.
DR
L a z o n e d ’a m é n a g e m e n t
accueillera aussi des logements et
d’autres équipements. Une concertation avec les habitants du
quartier sera organisée d’ici à l’été
2017 et les travaux sur la parcelle
s’étaleront jusqu’en 2025.
Shutterstock
HECTARES
La Mairie va présenter au Conseil
de Paris la semaine prochaine la
création d’un nouveau grand parc
public de 7 hectares porte de la
Chapelle sur l’emprise de Chapelle Charbon, qui s’étend pour la
partie agençable sur 23 hectares.
innovateurs
Lyon se met aussi
à louer des scooters
L’INVENTION
SEABIRD
Date de création : 2011
Présidente : Marie Chauvel
Effectif : 3 personnes
Secteur : biomatériaux
Il faut, selon les scientifiques,
près de quatre cents ans pour
faire complètement disparaître
unfiletdepêcheenNylonabandonné au fond de l’eau. Spécialiste du bioplastique, le bureau
d ’é t u d e s S e a B i r d , b a s é à
Lorient, a prévu de commercialiser, d’ici à la fin 2016, le premier fil de pêche monofilament
biosourcé. « Conçu principalement à base d’extraits de végétaux, il a réclamé quatre ans de
travaux deR&D menés dans le
cadre du projet nommé “BioFiMa” »,préciseMarieChauvel,
la présidente de SeaBird.
L’université de BretagneSud y est asso ciée et s’est
notamment chargée « d’effectuer les tests concernant la biodégradation du fil conçu par
SeaBird. Il ne faudra pas plus
« Aussi solide
que le Nylon »
Un vrai pas en avant est donc
franchi mais, modère Marie
Chauvel, « ce fil est biosourcé à
62 %. Pour le reste de sa composition, compte tenu de l’état
actuel des recherches, on fait
toujours appel à des matières
issues du pétrole ». La fabrication du fil, dont le diamètre
peut osciller entre 0,22 et 3 millimètres, sera confiée à des
fabricants italiens ou espagnols, « cette filière ayant disparu en France ».
Un long travail scientifique a
dû être effectué sur la résistance du fil de pêche. « La formulation trouvée le rend aussi
solide que le Nylon », soutient la
présidente de SeaBird, qui vise
u n c h i f f r e d ’a f f a i r e s d e
150.000 euros en 2017. « Côté
prix, il est proche du double de
celui des produits conventionnels. » « Mais, s’empresse de
faire remarquer Marie Chauvel, demain, les pêcheurs et les
autres usagers de la mer devront
certainement supporter le coût
des déchets récupérés dans l’eau
et sur les plages. Les produits
biosourcés limiteront les coûts
de cette pollution. »
— S. G.
// 33
Les Echos Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
FINANCE
&MARCHES
LA BCE POURRAIT ASSOUPLIR
LES CONDITIONS DE SON « QE »
Pour éviter de se retrouver
à court de titres à acheter
dans le cadre de son programme
d’assouplissement quantitatif,
la BCE réfléchirait à en alléger
les règles. Elle pourrait
notamment modifier sa clef
de répartition qui fixe actuellement la limite de ses achats
de dette d’un pays en fonction du
poids de celui-ci dans l’économie
européenne.
les
indices
INTERVIEW // FRÉDÉRIC OUDÉA
Directeur général de la Société Générale
« Le Brexit est un “stress
test live” qui montre
la solidité des banques »
l Pour le patron de la Société Générale, le Brexit
est un avertissement pour l’Europe.
l Il souhaite que le gouvernement allège la taxe sur
les salaires pour rendre la place de Paris plus attractive.
Propos recueillis par
Véronique Chocron, Guillaume
Maujean et Sharon Wajsbrot
Une semaine après le référendum, commencez-vous à avoir
une idée des répercussions
que pourra avoir le Brexit ?
C’e s t u n ave r t i s s e m e n t p o u r
réveiller l’Europe. Dans un monde
en tension qui se fragmente, face à
la puissance des Etats-Unis et de la
Chine, la seule voie possible, pour
l’Européen convaincu que je suis,
est d’aller vers plus de coopération
et de convergence entre les Etats
européens. Pour que l’Europe ait
une influence dans le monde,
l’union vaudra toujours mieux que
la division. Je suis donc très triste
du vote exprimé par les Britanniques. Mais il ne suffit pas de raisonner en termes d’influence politique. Il faut que l’Europe montre
qu’elle n’est pas qu’une bureaucratie qui traite de sujets marginaux. Il
faut qu’elle montre qu’elle apporte
d e s av a n c é e s c o n c r è t e s a u x
citoyens. Sur les enjeux de sécurité
– les attentats récents l’ont tristement rappelé – la menace est commune et permanente. Sur les sujets
d’immigration, culturels, de
modèle social, il me semble que de
nombreuses valeurs unissent les
Européens. En matière d’économie
et d’emplois, l’Europe doit avoir des
réponses plus convaincantes et
plus alignées. Une reconstruction
politique est nécessaire pour montrer aux citoyens que le projet européen est ce qu’il y a de mieux pour
chacun d’eux.
« Il me paraît
inenvisageable
que l’Europe accorde
au Royaume-Uni
un statut particulier. »
Le vote anglais ne risque-t-il
pas de disloquer l’Europe ?
Compte tenu de ce que je viens de
dire, pour éviter le risque de précédent conduisant à une dislocation,
il me paraît inenvisageable que
l’Europe accorde au Royaume-Uni
un statut particulier. D’autres pays
pourraient être tentés à leur tour de
négocier des statuts spéciaux. Mais
il est sans doute temps de raisonner
à partir de cercles pour construire
l’Europe de demain. La zone euro
constitue le premier cercle, le
noyau dur, elle doit aller plus loin
dans la convergence des politiques
fiscales et sociales, donc vers une
intégration rendue nécessaire pour
une monnaie et une politique de
taux d’intérêt commune. D’autres
cercles peuvent coexister, en fonction des degrés de préparation et
d’intégration des différents pays.
Les négociations avec
le Royaume-Uni vont
commencer et peuvent durer
plusieurs mois. Il faut donc
faire preuve de fermeté ?
Il n’est pas question d’entrer dans
une logique punitive. Mais il faut
que les règles soient claires et cohérentes. Et il faut veiller à lever
rapidement cette période d’incertitude et d’attentisme, qui est le
principal risque pour l’économie.
Quelles seront les conséquences
du Brexit sur le plan
économique, selon vous ?
C’est d’abord un choc pour le
Royaume-Uni. Cela va probablement provoquer un coup de frein
sur les investissements, peut-être
sur la consommation, cela va toucher aussi le secteur immobilier à
Londres. Et la chute de la livre aura
des effets importants sur le moyen
terme. Après, tout dépendra du
calendrier de la sortie de l’UE, du
déclenchement de l’article 50 et
donc de la situation politique du
pays, qui est pour l’instant très
confuse. Pour le reste de l’Europe,
en particulier la zone euro, l’effet
devrait être moindre sur la croissance. La politique monétaire reste
très accommodante, le niveau de
l’euro par rapport aux autres monnaies donne de la compétitivité à
l’export, les taux de financement
sont toujours très attractifs et les
prix de l’énergie restent b on
marché. Cela devrait permettre
d’amortir le choc.
Le Brexit a fait chuter
les valeurs bancaires
en Bourse. Faut-il craindre
une nouvelle crise financière ?
La correction boursière a été très
violente,carlesmarchésontétépris
complètementàcontre-pied.Lavictoire du Brexit a créé un effet de surprise dont les conséquences sur les
marchés dépassent l’analyse rationnelle.Silesvaleursbancairesontété
particulièrement pénalisées, c’est
aussiparcequ’ellesserventd’instruments de couverture aux investisseurs sur d’autres classes d’actifs.
Mais le « business model » des banques a complètement changé
depuis la crise financière de 2008.
La bonne nouvelle, c’est que les
marchés ont fonctionné, avec de
gros volumes, et une bonne circulation de la liquidité interbancaire. Il
n’y a pas de crise de confiance dans
la robustesse des banques. Personne n’est venu chercher ses
dépôts au guichet. Ce « stress test »
de marché en « live » montre que la
réglementation mise en place
depuis la crise a fonctionné.
La réaction des marchés ne
traduit-elle pas une inquiétude
profonde sur la rentabilité
et la santé réelle des banques
européennes ?
Il est clair qu’au-delà des enjeux
de solvabilité, largement traités
dans les dernières années, le principal enjeu des banques est
aujourd’hui celui de la rentabilité,
et donc l’adaptation de leurs
modèles au nouvel environnement économique et réglementaire post-crise. Or les nouvelles
contraintes réglementaires que
veut mettre en place le comité de
Bâle ne feraient qu’accentuer la
problématique. Il n’y a aucune raison, y compris en observant comment les banques traversent la
crise actuelle, de renforcer encore
les exigences en capital. D’autant
plus que les établissements font
par ailleurs face à des défis très
« La victoire du Brexit
a créé un effet
de surprise, dont
les conséquences sur
les marchés dépassent
l’analyse rationnelle. »
lourds. Les taux négatifs en zone
euro et la courbe plate des taux
pèsent sur les marges et les revenus du secteur. Ils impliquent des
changements structurels pour
toute l’industrie financière.
L’impact des technologies numériques pousse également les banques à revoir profondément leurs
modèles.
On voit George Soros parier
à la baisse sur le titre Deutsche
Bank, Rome qui se dit
prêt à voler au secours
des banques italiennes ?
Où sont les principaux points
de fragilité du secteur ?
Selon les « business models » ou
les marchés, les défis pour les éta-
Frédéric Oudéa. Photo Hamilton/RÉA
blissements européens sont plus
ou moins compliqués. Le marché
italien de la banque de détail n’est
pas consolidé et il est aujourd’hui
difficile d’être une banque petite
ou moyenne, dans cet environnement de taux bas, et alors que
les établissements doivent investir dans le digital pour faire face à
la concurrence de nouveaux
entrants. C’est aussi plus compliqué dans les pays dont l’activité
économique peine à redémarrer
et avec des crédits douteux à
encore provisionner. En banque
de financement et d’investissement (BFI), lorsque vous avez des
activités, concentrées sur les
métiers de taux et de change et
une forte présence aux Etats-Unis,
c’est difficile de relever le défi de la
rentabilité.
La Société Générale va-t-elle
transférer des activités
de Londres à Paris suite au
référendum britannique ?
Du point de vue opérationnel, nous
serons une des banques les moins
impactées, car nous avons déjà
pour nos activités de BFI un pied à
Londres et un pied à Paris. Pour
nous, il n’y a aucune urgence à
modifier notre dispositif. En revan-
che, les banques présentes uniquement au Royaume-Uni vont
probablement réfléchir à créer une
plate-forme en zone euro, à Paris
ou à Francfort par exemple, pour
se couvrir, se préparer à toute éventualité. Nous allons vers un monde
financierplusmultipolaire.Maisla
City gardera une place éminente
dans le monde en préservant son
caractère international et en
jouant la carte de la compétitivité
pour attirer de nouveaux emplois.
Nous restons donc totalement
engagés au Royaume-Uni, par
exemple dans la banque privée, car
Londres continuera, à mon sens,
sur le long terme à attirer les grandes fortunes internationales.
Quelles sont les cartes à jouer
par la place de Paris pour tirer
profit du Brexit ? Quelles
sont les mesures qu’il faudrait
prendre en priorité ?
D’abord un message plus positif et
accueillant. Nos principaux handicaps pour attirer les groupes
financiers internationaux sont
probablement liés à notre droit du
travail et à la fiscalité. Ce serait un
geste bienvenu de revenir sur
l’alourdissement de la taxe sur les
salaires inter venue en 2012.
L’impact pour les finances publiques p ourrait d’ailleurs être
positif, car la venue en France de
nouveaux acteurs et la création
d’emplois qui seraient générés se
traduiront par de nouvelles recettes fiscales.
Vous l’avez dit, la politique
monétaire de la BCE reste très
accommodante, ce qui accroît
la pression sur les taux d’intérêt. Est-ce de nature à changer
la trajectoire de la Société
Générale ?
Non cela ne change pas la nature
des défis auxquels nous sommes
confrontés. La banque de détail
en Fr ance rest e u ne act i v i t é
solide : si nous gardons une
avance dans l’innovation, nous
pouvons assister à des déplacements de parts de marché en
notre faveur sur le long terme. A
l’international, la banque de
détail produit de la croissance et,
en Russie, la situation économique se stabilise. En banque de
financement et d’investissement,
nous continuons par ailleurs à
transformer notre modèle, nos
métiers étant adaptés aux besoins
de nos clients et au nouvel environnement réglementaire. n
« Il y a une inversion des valeurs invraisemblable
dans l’affaire Kerviel »
Ces derniers jours, l’affaire
Kerviel est revenue sur le
devant de la scène. Les réquisitions du procureur de la cour
d’appel de Versailles vous sont
défavorables. Craignez-vous de
perdre cette bataille judiciaire ?
Tous nos collaborateurs, notamment ceux qui ont vécu cette affaire
de près chez nous, sont extrêmement choqués. Jérôme Kerviel a été
condamné trois fois au pénal. Ce
qui est dit et écrit par certains pour
réécriture de l’histoire est indigne
et scandaleux. Il y a une inversion
des valeurs invraisemblable dans
cette affaire. Elle est liée à la stratégie de guérilla judiciaire et médiatique de ses défenseurs et de ses soutiens. Mais nous restons sereins sur
les décisions de justice à venir tant
sur l’appel aux prud’hommes que
sur le jugement de la cour d’appel
de Versailles.
Ce jugement peut-il impliquer
une nouvelle charge fiscale
pour la banque ?
La jurisprudence du Conseil d’Etat
est claire et constante dans ce
domaine. Elle a été confirmée
récemment et ne conduit pas à
remettre en cause la déductibilité
fiscale de la perte encourue du fait
des agissements de Jérôme Kerviel
dont il est établi définitivement
qu’ils ont été commis à l’insu de la
banque.
La Société Générale a été mise
en cause dans l’affaire
des « Panama papers ».
Qu’avez-vous changé depuis ?
Tout a été dit sur ce sujet. Nous
avons proactivement accompa-
gné les efforts des gouvernements depuis 2010 sur les questions de lutte contre la fraude et
l’évasion fiscale. Nous avons
vendu nos activités de banque
privée en Asie et nous nous sommes recentrés sur les marchés
qui participent à l’échange automatique d’informations. Le sujet
des sociétés offshore est marginal et ne pose de problème en soi
dans la mesure où la transparence fiscale est assurée.
Propos recueillis par
V. Ch., G. M. et S. W.
34 // FINANCE & MARCHES
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
Le Français Jean-Pierre Mustier
prend la tête d’UniCredit
D
BANQUE
Un spécialiste
des activités
de marché
Le conseil d’administration d’UniCredit a
surmonté ses divisions,
pressé par le ministre
de l’Economie.
Entré chez Société
•Générale
en 1987, Jean-Pierre
La banque a vu sa capitalisation boursière
fondre de 62% depuis
le début de l’année.
Olivier Tosseri
— Correspondant à Rome
Profondément divisé depuis plusieurs semaines sur la désignation
de son nouveau patron, le conseil
d’administration d’UniCredit a
retrouvé jeudi son unité pour nommer à l’unanimité Jean-Pierre Mustier au poste d’administrateur délégué. Il a ainsi mis fin à une période
de grande incertitude, après
l’annonce le 24 mai du départ de
Federico Ghizzoni. Un délai qui a
inquiété les marchés mais aussi le
ministre italien de l’Economie, Pier
Carl Padoan, qui avait appelé à ce
que le choix se fasse « le plus rapidement possible ».
Il connaît bien la maison
C’est donc un Français, âgé de cinquante-cinq ans, qui prendra le
12 juillet prochain la tête de la première banque d’Italie par l’actif. Un
établissement qui a suscité des
inquiétudes sur sa solidité et qui a vu
sacapitalisationboursièrefondrede
62%depuisledébutdel’année–dont
près d’un tiers à la suite du Brexit.
Un des atouts majeurs de JeanPierreMustierestqu’ilconnaîtbien
la maison. Il en a été le numéro
Le 12 juillet prochain, Jean-Pierre Mustier, âgé de cinquante-cinq ans, prendra la tête de la plus
grande banque d’Italie par l'actif, UniCredit. Photo Sipa
deux, en charge des activités de
banque de financement de 2011 à
2014, avant de rejoindre la société
de gestion Tikehau Capital. Mais
c’est au sein du groupe Société
Générale que ce polytechnicien,
sorti de l’école des Mines et spécialiste de la finance de marché, a
effectué l’essentiel de sa carrière. Il
y entre en 1987 et y passe une vingtaine d’années, prenant la direction
de sa banque de financement et
d’investissement jusqu’en 2008. Le
scandaledelaperte de4,9milliards
d’euros imputée aux prises de positions non autorisées de Jérôme
Kerviel l’éclabousse… et brise son
ascension au sein de la Société
Générale. Il quitte le groupe en
2009, après avoir organisé le rap-
prochement du pôle de gestion
d’actifs avec celui de Crédit Agricole pour créer Amundi.
« Un choix idéal »
Federico Ghizzoni l’appelle auprès
de lui deux ans plus tard en évoquant un « choix idéal pour UniCredit en raison de sa connaissance
approfondie du secteur, de son expérience internationale et son excellent
parcours ». De fait, le marché italien
n’est pas inconnu à Jean-Pierre
Mustier. En 2007, des projets de
fusion entre UniCredit et la Société
Générale ont été proches d’aboutir.
Un mariage qui aurait donné naissance, à l’époque, à la deuxième
banque européenne. UniCredit
préfèrera une solution italienne
avec Capitalia, mais des liens étroits
entre les équipes dirigeantes françaises et italiennes se sont tissés.
Ce profil international a joué en
faveur de la candidature de JeanPierre Mustier, soutenue par les
actionnaires étrangers du groupe et
par les fondations bancaires, dont
Cr Torino. Sa solide expérience des
marchés de capitaux a également
pesé, alors qu’UniCredit devra très
probablement se soumettre à une
recapitalisation de 5 à 10 milliards
d’euros après l’été. Une opération
qui pourrait être redimensionnée
par des cessions d’actifs, notamment la vente d’une partie de ses
participations dans sa filiale de
courtage en ligne FinecoBank, dans
la banque turque Yapi Kredit ou
Mustier y a fait la majeure
partie de sa carrière.
Il y a occupé de nombreuses
fonctions dans les activités
de marché avant de prendre
la direction de la banque
de financement et
d’investissement du groupe
en 2003.
l En 2008, suite à l’affaire
Kerviel, il change de fonctions
et quitte la Société Générale
en 2009.
l Il devient numéro deux
d’UniCredit deux ans plus tard
et rejoint la société
d’investissement Tikehau
début 2015.
dans le polonais Bank Pekao. Autre
dossier de poids à régler : les plus de
20 milliards d’euros de créances
douteuses, qui impactent le ratio de
fonds propres durs du groupe
(CET1). Cetindice dela solidité d’une
banque s’élevait fin mars à 10,85 %.
Lafragilitédelapremièrebanque
italienne est à l’image d’un secteur
fébrile. L’indice bancaire de la
Bourse de Milan est à son plus bas
niveau depuis 4 ans, miné par le
poidsdeplusde80milliardsd’euros
nets de créances douteuses dans les
bilans des différents instituts. JeanPierre Mustier doit désormais rassurer, mais surtout convaincre.
(
Lire « Crible »
Page 44
Bruxelles valide un soutien aux banques italiennes
La Commission a donné son
aval pour la constitution, en
Italie, d’un fonds de liquidité
de soutien aux banques.
Gabriel Grésillon
@GGresillon
— Bureau de Bruxelles
Tout, mais pas les banques italiennes. Une semaine après s’être
réveillée sous le choc du référendum britannique, l’Europe s’active
pour tenter d’éteindre l’incendie qui
menace de se propager aux institutions financières transalpines.
Jeudi, la Commission européenne a
confirmé avoir donné son aval pour
la constitution, en Italie, d’un fonds
de liquidité de soutien aux banques,
bénéficiant d’une garantie de l’Etat.
Selon certains médias, comme le
« Wall Street Journal » ou l’agence
Bloomberg, il pourrait mobiliser
jusqu’à 150 milliards d’euros. Un
chiffre que Bruxelles se refuse, toutefois,àconfirmer.Danstouslescas,
la Commission a jugé que le soutien
de l’Etat était suffisamment proportionné pour ne pas porter atteinte
aux règles de libre concurrence en
vigueur dans l’Union européenne.
Le mécanisme ainsi mis en place
n’est valable que pour le second
semestre 2016.
En confirmant l’existence de ce
projet, Bruxelles s’est empressé de
tenter de rassurer devant ce qui
apparaît comme la preuve d’une
situation d’urgence. Les liquidités
serontdestinéesàdesbanques« solvables » et « il n’y a pas de prévision
selon laquelle il y aurait besoin d’utiliser ce mécanisme » qui n’est, donc,
constitué qu’à titre de « précaution ».
Attaquées en Bourse
Cela suffira-t-il à rassurer ? A l’évidence, les banques italiennes apparaissent, aujourd’hui, comme le
maillon faible de l’édifice européen
au plan financier. Le système financier italien est très peu concentré
(on compte plus de 600 institutions)
et aurait accumulé 360 milliards
d’euros de créances douteuses, soit
le tiers de l’ensemble des créances
Les banques italiennes
apparaissent,
aujourd’hui, comme
le maillon faible
de l’édifice européen
au plan financier.
douteuses en zone euro. Depuis le
référendum britannique, les banques italiennes ont été violemment
attaquées en Bourse. Les cotations
d’UniCredit et Intesa Sanpaolo ont
été suspendues de cotation, jeudi.
Depuis le début de l’année, la valeur
moyenne des banques italiennes en
Bourse a été divisée par plus de 2
– contre une décote de moins d’un
tiers, en moyenne, pour les banques
européennes. Une situation qui
pousse Rome à envisager une recapitalisation de ces institutions.
Dès lors, l’Europe se retrouve, à
nouveau, à devoir gérer une situation d’une extrême complexité : si
elledoitmontrerqu’elleprendletaureauparlescornes,illuifautimpérativement empêcher que les mesures
qu’elle prend n’accentuent pas le
stress des marchés. Un point sur
lequel Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, a probablementfaitunfauxpas,mardisoir,lors
du conseil européen, en affirmant
que la Commission ferait « tout pour
éviter une ruée bancaire ». n
Inondations : 1,2 milliard d’euros pour les assureurs
Sharon Wajsbrot
@Sharonwaj
ASSURANCE
La CCR pour les
catastrophes naturelles anticipe un doublement des sinistres
assurés en 2050.
Prèsd’unmoisaprèslesinondations
qui ont submergé le Centre et l’Ilede-France, les assureurs commencent à percevoir plus précisément
l’étendue des dommages. Ce jeudi, le
réassureur public CCR (Caisse cen-
LES ECHOS
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les cabinets d’avocats, des magazines
et sites internet dédiés à leurs clients
professionnels
www.lesechos-publishing.fr
Un service proposé par Les Echos Solutions
trale de réassurance), a indiqué que
le coût des dommages pour le secteur serait très certainement proche
de 1,2 milliard d’euros, soit dans le
haut de la fourchette envisagée initialement, entre 900 millions et
1,4milliardd’euros.« Depuisle5juin,
les assureurs ont reçu 150.000 dossiers de sinistres, ce qui nous permet
d’avoir une vision plus précise des
dégâts. Sur cette catastrophe nous
avons par ailleurs une proportion
plus élevée d’entreprises et de professionnels touchés que lors de catastrophes précédentes », détaille Bertrand
Labilloy, directeur général de CCR.
Le réassureur devra prendre en
charge un peu plus de la moitié du
montantdessinistresassurésdufait
des contrats qui le lient à ses clients
assureurs.
A en croire les prévisions de CCR,
cette catastrophe n’est qu’un avantgoût par rapport à celles qui pourraient survenir d’ici à 2050. En se
basant sur le scénario médian du
« Depuis le 5 juin,
les assureurs
ont reçu
150.000 dossiers
de sinistres. »
BERTRAND LABILLOY
Directeur général de CCR
GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui prévoit une hausse de
20cmduniveaudelameràcethorizon, le réassureur envisage un doublement des sinistres assurés : « Ils
pourraient atteindre 2 milliards
d’euros en 2050, sous l’effet de l’inflation des biens assurés, de la concentration des habitants dans des zones
à risques et de l’augmentation des
catastrophes naturelles », précise
Bertrand Labilloy. Dans le détail, les
prévisions du réassureur laissent
apparaître une hausse de 20 % des
inondations, une stabilité des
sécheresses et une hausse de plus
de 60 % des submersions marines
en 2050.
Pour prévenir ces risques, CCR
met l’accent sur la prévention : elle
incite les communes à préparer des
plans de sauvegarde et des plans de
prévention des risques. « Nos études
montrent que les communes qui ont
mis en place un plan de prévention
des risques ont 40 % de sinistres en
moins que les autres », indique CCR.
Si ses ressources se révélaient
insuffisantes pour faire face aux
catastrophes naturelles, CCR
devrait jouer sur la cote part qui lui
est versée par les assureurs. Il n’en
est pas question aujourd’hui :
« Notre solvabilité est robuste.
Aujourd’hui nous sommes capables
de couvrir 3 à 4 autres sinistres de la
même ampleur que les inondations
du mois dernier, sans faire appel à
l’Etat », assure Bertrand Labilloy. n
M&A :
lepodium
bousculé
enFrance
FUSIONSACQUISITIONS
Le classement
Thomson a
beaucoup évolué
depuis janvier.
Rothschild revient
en tête, suivi de
Morgan Stanley et
de Crédit Agricole.
Anne Drif
@anndrif
Branle-bas de combat chez les
banques d’affaires en France ce
semestre. Les fusions-acquisitions sont en pleine reprise
dans l’Hexagone, en hausse de
38 % à 99 milliards de dollars
depuis janvier, après un début
d’année 2015 atone. Certaines
banques ont profité de ce vent
porteur pour pousser leur
avantage. Selon Thomson Reuters, Rothschild, treizième l’an
dernier, prend la tête des « leagues tables » ce semestre, avec
plus de 42 milliards de dollars
d’opérations conseillées. La
banque d’affaires a profité de sa
position sur la réorganisation
du capital du groupe Crédit
Agricole et du rapprochement
entre Technip et FMC.
Crédit Agricole CIB,
troisième sur le podium
Autre remontée remarquée :
celle de Crédit Agricole CIB justement, qui décroche la troisième position sur le podium
(33,5 milliards de dollars d’opérations conseillées), après avoir
gravité autour de la douzième
au premier semestre 2015. La
banque a de facto bénéficié de
son intervention auprès de sa
maison mère, mais également
de son conseil dans la cession
par Casino de sa filiale Big C en
Thaïlande notamment. Seul
Morgan Stanley affiche sa constance, conservant sa deuxième
place (40,6 milliards de dollars),
avec, contrairement aux deux
autresbanquesd’affaires,laparticularité de conseiller Sanofi
pourl’acquisitiondel’américain
Medivation. Malgré une année
très active (Casino, Medivation,
Novacap etc.), Goldman Sachs
premier l’an dernier, n’a pas pu
prétendre à la même position,
faute d’un mandat sur la transaction à plus de 20 milliards de
dollars du Crédit Agricole.
La très forte dynamique
d’acquisitions d’entreprises
françaises s’explique essentiellement par la nette reprise des
transactions entre vendeurs et
acquéreurs domestiques, en
hausse de 229 % sur un an, à
39,3 milliards de dollars. Le
solde représente les rachats
étrangers (38 % soit 24,2 milliards de dollars), dont les montants restent supérieurs au
volume des acquisitions françaises hors de nos frontières
(19,3 milliards de dollars). n
FINANCE & MARCHES // 35
Les Echos Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
LaBoursede Parisa réalisé son pire
premiersemestre depuis 2008
l Les actions françaises ont perdu près
du dixième de leur valeur en six mois.
l Un semestre marqué par une volatilité forte, liée à la montée des risques
et aux craintes sur la croissance.
BOURSE
Pierrick Fay
@pierrickfay
La chute de 8,04 % le 24 juin, à la
suite du vote en faveur du Brexit,
aura été le point d’orgue d’un semestre perturbé sur les marchés. Après
un début d’année exécrable (chute
de 16 % en six semaines, le pire
démarrage depuis 2000), après un
redressement porté par les espoirs
d’améliorationéconomiqueetparle
rebond du pétrole, le choc du vote
« leave » au Royaume-Uni aura fini
de noircir le tableau pour les marchés à mi-année. Avec une chute de
8,62 % en six mois à 4.237 points, la
Bourse de Paris a enregistré son pire
semestredepuis2011,etsonpirepremier semestre depuis 2008. Deux
exercices marqués par la crise de la
zone euro et par la faillite de Lehman Brothers.
Si le Brexit n’a pas la même « portée systémique que la faillite de la
banque américaine en 2009 », selon
Didier Duret chez ABN AMRO, il
est venu s’ajouter à la somme de
toutes les peurs qui ont perturbé ce
premier semestre : rechute du
pétrole (tombé à 28 dollars le baril
avant de rebondir à 50), crainte de
récession aux Etats-Unis, crainte
de « hard landing » en Chine,
explosion de la dette en dollars
dans les émergents…
Jouer la sécurité
Pour les investisseurs, il fallait donc
avoir le cœur bien accroché. La
volatilité a bondi en janvier, puis en
juin, pour se rapprocher, sans les
atteindre, des niveaux de 2011. Les
séances de forte hausse et de forte
baisse se sont accumulées, parfois
du jour au lendemain. En six mois,
l’indice CAC 40 a ainsi connu
13séancesdeprogressiondeplusde
2 % (dont 6 de plus de 3 %) et 15 de
repli de plus de 2 % (dont 5 de plus
de 3 %), soit une séance de forte
volatilité (à la hausse comme à la
baisse) tous les cinq jours. Le premier jour de l’année avait d’ailleurs
donné le ton, puisque le CAC 40
avait chuté de 2,47 %. Même si cela
n’augure pas toujours du bilan en
fin d’année. En 1997, il avait plongé
de 2,54 % le premier jour, mais
gagné 29,50 % sur l’année.
Danscecontexte,lesinvestisseurs
ontpréféréjouerlasécuritéetcelase
lit sur les performances des actions
françaises. Il n’y a que 7 valeurs en
haussesurleCAC40depuisledébut
de l’année, et parmi elles des valeurs
liées aux matières premières (ArcelorMittal, Total, Technip…) – dont le
rebond est considéré par les experts
interrogés par « Les Echos » comme
l’une des surprises de l’année –, mais
aussi des valeurs jugées défensives
(L’Oréal, Vinci, Sodexo, Essilor sur le
CAC, Nexity, Casino, SEB sur le
SBF120). « L’exposition aux secteurs
défensifs offrant de bons rendements
reste incontournable à court terme. A
pluslongterme,lethèmedela(vraie !)
croissance structurelle va gagner en
importance »,selonMathiasDesmarais chez Oddo Securities. On a
assisté d’ailleurs à une vraie divergence sectorielle sur le marché,
selonJean-Louis Mercadalchez OFI
AM : « En termes de valorisations, la
cote européenne s’est disloquée avec
des secteurs très faiblement valorisés
comme les banques et les cycliques »,
alors que « les valeurs de croissance
visibles ont logiquement bien mieux
résisté ». Le signe, selon Paras
Anand chez Fidelity International,
d’investisseurs « qui accordent beau-
coup plus d’importance à la préservation du capital qu’à la performance
potentielle à long terme », au risque
de « payer un prix élevé en contrepartie de la sécurité ».
« Un été pénible »
A l’heure des comptes, le premier
semestre est donc médiocre, mais le
second pourrait être un peu
meilleur, même si la volatilité
devrait rester au menu des semaines à venir. Aurel BGC craint
d’ailleurs « un été pénible parce que
l’attentisme va régner en maître. A
l’horizon fin août, la visibilité est
nulle ».Silesgérantsn’attendentpas
de miracle, la plupart voient le
CAC 40 évoluer en fin d’année entre
4.200 et 4.500 points, en deçà de son
cours du 1er janvier (4.637 points).
Sachant que les taux négatifs impulsés par les banques centrales constituent, selon OFI AM, « la seule force
de rappel en faveur des actions ».
(
Lire « Crible »
Page 44
Les six thèmes qui vont guider les marchés d’ici à la fin de l’année
Après un premier semestre
agité, la fin d’année
s’annonce aussi volatile.
Thème fort du premier semestre, la
volatilité ne devrait pas disparaître
dans les prochains mois alors que
les marchés vont faire face à une
série d’événements potentiellement risqués et à un environnement économique mitigé. Voici les
6 grands thèmes dont il faudra tenir
compte au second semestre.
1
LE FEUILLETON
DU BREXIT
Ce ne sera pas forcément le feuilleton star de l’été, mais sûrement celui
de la rentrée, alors que la nomination du nouveau Premier ministre
britannique pourrait ne pas être
entérinée avant le 9 septembre. Si le
Brexitnedevraitpasavoirunimpact
considérable sur la croissance, il
créetoutdemêmeunchocd’incertitude, notamment sur l’avenir de la
construction européenne. « Quelles
seront les conséquences à court terme
sur la liquidité, les valorisations ?
s’interroge Patrick Legland à la
Société Générale. Et, à moyen terme,
sur les résultats des entreprises européennes (impact sur les échanges
commerciaux, réglementation, etc.) ?
Que valorisent les marchés ? Reflètent-ils ces impacts directs ? Intègrent-ils des risques de contagion ? »
LeBrexitposeplusdequestionsqu’il
n’y a de réponses. D’autant que
« l’activation de l’article 50 (préalable
à la sortie de l’UE) n’est pas pour
demain, surtout si l’Europe refuse de
prénégocier. Or, plus le temps passe,
plus la légitimité du vote des électeurs
décroît », constate Aurel BGC. Au
point que le Brexit n’aura jamais
lieu ? Une simple hypothèse qui
pourrait donner lieu à beaucoup de
spéculation si le dossier s’éternise.
2 LE CALENDRIER
POLITIQUE
Vous avez aimé le Brexit ? Place
maintenant au référendum constitutionnel en Italie (le 16 octobre).
Matteo Renzi a mis son poste dans
labalance.S’ilperd,ilfaudradenouvelles élections, source d’incertitudes. Mais s’il gagne, selon Philippe
Uzan chez Edmond de Rothschild
AM, « la réforme constitutionnelle
donnera une prédominance de
l’Assemblée nationale sur le Sénat, ce
qui renforcera le pouvoir du Mouvement cinq étoiles. Dans tous les cas, la
question de la stabilité politique de
l’Italie n’est pas claire ».
Voici pour l’apéritif, avant le plat
de résistance en 2017 en Europe
avec des élections en Allemagne,
aux Pays-Bas et en France, durant
lesquelles les marchés surveilleront
la montée de l’euroscepticisme, qui
risque de mettre l’Europe (et les
marchés) à rude épreuve.
Mais l’élection la plus sensible
pourrait bien être celle de la présidentielle aux Etats-Unis le
8 novembre. Le pays n’est pas épargné non plus par la montée du
populisme, alors que le vote anti-establishment « se nourrit aussi du
fait que beaucoup de gens n’ont pas
profitédesfruits de la croissance etde
la bonne répartition de la richesse »,
constate Phil Poole, chez Deutsche
AM. Pour lui, « le message de Trump
surl’économieestcomparableàcelui
des partisans du Brexit, il est plein de
contradictions. Trump est très
imprévisible dans ses discours ». De
quoi provoquer des perturbations
sur les marchés.
3 LA CROISSANCE
MONDIALE
Au-delà de l’impact potentiel du
Brexit sur la reprise, fragile, en
Europe,lescraintessurlacroissance
mondiale se sont atténuées récemment. Notamment sur la Chine, soutenue par la politique budgétaire et
monétaire très agressive de Pékin.
En attendant la prochaine alerte…
L’essentiel des craintes pourrait
donc se diriger vers les Etats-Unis.
DeutscheAMalégèrementréviséen
baisse sa prévision de croissance de
1,8 % et 1,9 % pour 2016 et 2017, pas
assez pour parler encore d’une
récession globale qui pour l’instant
n’a touché qu’une partie de l’industrie aux Etats-Unis. Pour Philippe
Uzan,« lepétroleà50dollarsestidéal,
il est suffisamment bas pour soutenir
la consommation et suffisamment
haut pour éviter les faillites des producteurs américains ». La question
porte maintenant sur la résistance
des services aux Etats-Unis, notamment dans un contexte de hausse
dessalaires.Enfin,l’undesenjeuxde
l’élection américaine portera aussi
surlanécessitéd’unerelance budgétaire, en fonction du gagnant.
4 L’INFLATION
Ce pourrait être l’invité surprise de la fin d’année. On peut déjà
s’attendre à un choc d’inflation au
Royaume-Uni, en raison de la chute
spectaculaire de la livre. Mais la
question pourrait resurgir aux
Etats-Unis, si les prix de l’énergie ne
baissent plus. La hausse du coût du
travail, dans un pays où la productivitéstagne,pourraitfinirparsefaire
ressentir sur les prix, même si « la
force du dollar devrait limiter les
pressions inflationnistes extérieures »,selonPhilPoole.Lerisquen’est
pas neutre, car il pourrait exercer
une pression forte sur la politique
monétaire de la Fed, mais aussi sur
des marchés obligataires gonflés
par les taux négatifs. Enfin, la Chine
pourrait aussi « exporter moins de
déflation à l’avenir », selon Philippe
Uzan, alors que l’indice des prix à la
production en Chine est reparti à la
hausse, une première depuis 2011.
5 L’ACTIVISME DES
BANQUES CENTRALES
Ce n’est pas une certitude, mais un
espoir. Les banques centrales
devraient rester à la manœuvre,
principalementenEurope,enChine
etauJapon.Entoutcas,elles veillent
au grain et conservent leur rôle de
phare face à la montée des risques
sur les marchés, toujours prêtes à
déverser des liquidités. La position
de la Fed est aussi importante. « Le
Brexit lui donne une raison supplémentairedeprendresontemps »,suggèrePhilippeUzan,etdenerienfaire
avant décembre, voire début 2017,
selon nos experts… Mais ne rien
faire, c’est déjà limiter les risques liés
à la divergence des politiques monétaires (la Fed seule contre toutes), ce
qui pourrait entraîner le dollar sur
des hauteurs dangereuses pour la
croissance américaine et… pour la
valorisation du yuan chinois. Un
thème très sensible pour les marchés. Car, derrière les actions des
banquescentrales,secachetoujours
le spectre d’une guerre des changes.
6 L’AVENIR DES BANQUES
Depuisledébutdel’année,les
banques européennes ont perdu
32 %enBourse.Unmassacreaccentué encore par l’annonce du Brexit
(–22 % en deux jours). Les causes
sont connues : fragilité des banques
italiennes, taux négatifs qui pressurent les marges et régulation stricte.
« Il faudrait plus de flexibilité »,
estime Phil Poole, qui pointe le problème des « règles rigides mises en
place par l’UE sur le secteur bancaire,
qui, par exemple, empêchent le gouvernement italien de venir au secours
de ses banques ». Surtout, elles sont
aujourd’hui perçues comme un
indicateur de la peur sur les marchés. Elles sont « le souffre-douleur
par défaut dès que le stress envahit les
marchés », constate Aurel BGC. Car,
en période de stress, les investisseurs se ruent sur les emprunts
d’Etat,poussantunpeupluslestaux
en territoire négatif. — P. Fay
36 // FINANCE & MARCHES
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
Comment les « hedge funds » ont
vécu le choc sur la livre sterling
LA SÉANCE DU 30 JUIN 2016
« HEDGE FUNDS »
Une journée marquée
par de rares coups
d’éclat et quelques
faux pas.
Troisième jour
de rebond
à la Bourse
de Paris
Les fonds alternatifs
avaient abordé
prudemment cet
événement politique
trop imprévisible.
La Bourse de Paris a pour•suivi
son rebond entamé mardi
Nessim Aït-Kacimi
@NessimAitKacimi
Les « hedge funds » avaient abordé
ce rendez-vous de manière plutôt
prudenteetdéfensive,afindenepas
risquer de réduire à néant leur
performance de l’année en une
journée. Les performances à deux
chiffres et les plongeons ont ainsi
été minoritaires durant cette journée particulière qui a vu un fonds
alternatif perdre en moyenne 1 %,
selon « Hedge Fund Research ».
Une contre-performance sans
commune mesure avec la débâcle
qui avait accompagné la faillite de
Lehman Brothers.
Pendant la semaine précédant le
vote sur le référendum, les fonds
spéculatifs avaient certes
augmenté de 15 % leurs paris sur la
chute de la devise anglaise, mais
loin de la folie spéculative qui avait
précipité la sortie de la livre
sterling du système monétaire
européen en septembre 1992. A
cette époque, le Quantum Fund de
Soros avait à lui seul vendu à
découvert de la monnaie britannique pour 10 milliards de dollars
(plus de la moitié des volumes
quotidiens) pour un profit généré
d’un milliard auquel s’ajoutaient
les 300 millions de dollars de
b é n é f i c e s d e B r u c e Ko v n e r
(Caxton) et 250 millions pour
Tudor Jones (Tudor).
Vendredi, les descendants de ces
fonds« globalmacro »(quiinvestissent sur tous les grands marchés)
ont connu des fortunes bien moins
favorables que leurs aînés. Ainsi,
l’anglais Brevan Howard a gagné
seulement1 %,aprèsunpremiertrimestre où il avait déjà perdu de
l’argentenpariantàtortsurlachute
de l’euro contre le dollar.
Le fonds de 8 milliards de dollars Caxton (que ne gère plus
directement Bruce Kovner) a
progressé de 2 %. Le « family
office » de George Soros, 35 milliards de dollars, a déclaré ne pas
avoir vendu à découvert la livre
sterling avant le référendum. Il a
toutefois vendu à découvert les
actions de la Deutsche Bank, vendredi, pour 105 millions d’euros.
Comme la plupart des « hedge
funds », le fonds détient toujours
une position sur l’or, un actif de
fonds de portefeuille, qui avait
progressé durant la journée.
Les fonds quantitatifs, « suiveurs
de tendance », ont progressé en
captant une partie des mouvements désordonnés qui se sont
produits sur tous les marchés
durant cette séance. Ils ont notamment profité de la baisse des taux
d’intérêt et des hausses du yen et de
l’or. Winton a gagné plus de 3 %
vendredi, et Man AHL, 1,3 %.
Ventes à découvert
Les autres fonds quantitatifs tels le
français Capital Fund Management
et les américains AQR et Renaissance ont enregistré de bonnes performances. Ainsi, Quantitative
Investment Management, le fonds
de Jaffray Woodriff, a progressé de
3,6 % vendredi. Généralement, les
« machines » et automates de trading gèrent mieux que les traders
ces séances de tous les dangers.
Les « hedge funds » investis sur
les actions ont difficilement pu
échapper au plongeon généralisé
des marchés boursiers. Ils ont
perdu autour de 9,7 % sur les
actions européennes, 4,6 % sur les
actions américaines et 3,2 % sur les
titres asiatiques, selon Morgan
Stanley. Seulement, ces fonds pratiquent aussi la vente à découvert
(banques européennes et anglaises), qui a généré beaucoup de
profits et compensé en partie leurs
pertes sur les actions. Le « hedge
fund » Lansdowne a été pénalisé
par son investissement dans Lloyds
Banking, qui avait plongé de 21 %
vendredi. L’activiste Bill Ackman a
vu la performance de son fonds
chuter de 9 % (–700 millions de
dollars) depuis le Brexit du fait des
chutes sur les titres Mondelez,
Valeant, Restaurant Brands. En
revanche, le fonds de Crispin Odey,
un partisan du Brexit qui avait
acheté et commandé des sondages
privés jusqu’à la dernière minute, a
bondi de 15 % en vingt-quatre heures. Le fonds le doit essentiellement
à ses ventes à découvert sur des
titres comme Banco Popular,
Berkeley Group, Legal & General,
Tullow Oil et ArcelorMittal. n
Le Club de Paris face à la concurrence
des marchés et de la Chine
433
DETTE
Le Club de Paris,
qui regroupe de grands
pays créanciers,
fête ses soixante ans.
Isabelle Couet
@icouet
ACCORDS
Le nombre d’accords négociés
par le Club de Paris avec
90 pays débiteurs depuis 1956.
Soit plus de 583 milliards
de dollars traités.
Soixante ans d’existence mais pas
de révolution. Pour cet anniversaire
célébré à Bercy ce vendredi, le Club
de Paris, présidé par la nouvelle
patronne du Trésor, Odile RenaudBasso, ne compte certainement pas
se doter d’un statut officiel. Ce club
informel créé en 1956 et désormais
composé de 21 grands pays créanciers (France, Allemagne, Japon,
Russie, Etats-Unis, Corée...) contre
11 à l’origine, entend conserver son
statut de « non-institution », selon
la formule de Jean-Claude Trichet.
C’est même sa force : le Club de
Paris exerce son influence sur les
restructurations des dettes souveraines au niveau international mais
n’a pas de comptes à rendre. Sans
définition juridique, il bénéficie
d’une grande flexibilité. Un exemple frappant : alors qu’il s’appuie (de
façon informelle) sur le Fonds
monétaire international – duquel il
tire d’ailleurs sa véritable légitimité
– en 2014, le Club a trouvé un accord
avec l’Argentine pour que le pays lui
rembourse près de 10 milliards de
dollars et ce, en tenant le FMI à
l’écart des discussions !
Le cas de l’Argentine, suite à sa
retentissante faillite de 2001, a constitué l’un des grands dossiers de la
dernière décennie. Parmi les autres
de la restructuration de la dette
ukrainienne en 2015, Moscou a
refusé de participer à l’effort,
profitant de l’ambiguïté de son statut (membre du Club de Paris et
créancier obligataire). La suite de
cette affaire se déroule actuellement devant les tribunaux anglais.
Le Club de Paris cherche maintenant à définir des règles pour ces
situations.
L’autre concurrent de poids de
l’institution sexagénaire est la
Chine. Pékin est très offensif dans
les pays émergents à qui il prête des
milliards en échange de ressources
pétrolières, minières, etc. Le pays
aurait ainsi prêté quelque 50 milliards de dollars au Venezuela au
cours des dix dernières années,
selon Reuters. Face à ce créancier
très puissant, le Club essaie de
resserrer la coopération pour le
pousseràseconformeràsesgrands
principes (solidarité entre créanciers, consensus, transparence...) et
surtout pour obtenir des informations. La Chine est devenue membre ad hoc du Club, ce qui constitue
un premier pas. Mais il faudra
déployer des trésors de diplomatie
pour vaincre les réticences de Pékin
et l’intégrer peut-être un jour en
tant que membre à part entière. n
Odile Renaud-Basso, directrice du Trésor, préside de facto
le Club de Paris. Photo Jacques Demarthon/AFP
sujets qui ont mobilisé le Club de
Paris : la fin du programme d’annulation des dettes des pays les plus
pauvres (initiative PPTE), les travaux réalisés sur les clauses
d’actions collectives – sorte de pilulesantifonds« vautours »–insérées
dans les contrats obligataires, et la
création d’un dialogue avec de nouveaux intervenants, à savoir les
marchés financiers et la Chine.
Maintenir son rang
Car l’énorme défi du Club de Paris
est aujourd’hui de maintenir sa
placedansunenvironnementfinancierquiacomplètementchangé.Les
prêts bilatéraux accordés par les
21 membres ne pèsent sans doute
pas lourd face au stock d’obligations
émises par des pays émergents et
détenues par des investisseurs non
identifiés. Un certain nombre de
pays d’Afrique sont aujourd’hui
dansunelogiquederéendettement :
or ils font appel aux marchés et non
aux pays du Club de Paris.
Cette montée en puissance de la
finance de marché a donc déjà
poussé le Club à se rapprocher de
l’Institut de finance international
(IIF), ce groupe de créanciers privés
(banques, fonds d’investissement...), connu pour être intervenu
dans la restructuration de la dette
grecque en 2012.
LeClubsepencheparailleurssur
le cas de la dette obligataire qui est
entre les mains de créanciers officiels : c’est le cas de la Russie, qui a
prêté de l’argent à l’Ukraine, en lui
achetant des titres de marché. Lors
après un premier mouvement
de panique consécutif à la
décision des Britanniques de
sortir de l’Union européenne.
Le CAC 40 a gagné 1 %, à
4.237,48 points, dans un
volume d’échanges nourris de
4,4 milliards d’euros. La séance
avait démarré dans le rouge
ava n t q u e l a t e n d a n c e n e
s’inverse au cours de la journée.
Ce rebond n’empêche pas le
CAC40dereculerdeprèsde6 %
sur le mois de juin, sa plus forte
baisse mensuelle depuis
décembre dernier.
L’indice phare a été porté par
la bonne tenue des valeurs
défensives : Danone a pro-
gressé de 3,34 %, Sodexo de
2,54 %, Schneider Electric de
2,39 %, Vivendi également.
Engie a fini en tête de
l’indice, avec un gain de 3,38 %.
Plus forte hausse sur le SRD,
EDF a pris 5,48 %, sa hausse la
plus marquée depuis plus de
deux mois.
A l’inverse, Peugeot a cédé
2,26 %, Bouygues 2,04 % et
ArcelorMittal 1,42 %. Airbus
Group (–0,39%)aperduduterrain tandis que Safran
(+2,73 %) a grimpé après
l’annonce de la finalisation de la
constitution de leur co-entreprise Airbus Safran Launchers.
Le secteur bancaire a terminéenhausse.Société Générale a pris 1,07 %, Crédit Agricole SA gagnant 0,15 % et BNP
Paribas 0,62 %.
Kering a finalement gagné
0,34 %. Le groupe a été
condamné à verser 13 millions
de dollars à Hedi Slimane,
ex-directeur artistique de sa
marque Yves Saint Laurent.
en bref
Le taux du Livret A devrait
théoriquement baisser à 0,5 %
ÉPARGNE — Si les premières estimations d’inflation de l’Insee se
confirment et que l’exécutif décide d’appliquer la formule de calcul du taux du Livret A, sa rémunération pourrait tomber à 0,5 %
début août, contre 0,75 % aujourd’hui. Selon les données de
l’Insee publiées ce jeudi, les prix à la consommation ont en effet
progressé de 0,2 % sur un an. Et à ce niveau, la formule de calcul
du taux du Livret A aboutit à un taux de 0,5 %. La période semble
toutefois peu propice à une baisse du taux du placement. « A un
an de l’élection présidentielle, nous sommes plutôt entrés dans la
période des “cadeaux aux épargnants” », reconnaît Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne. Le gouverneur de la Banque
de France pourrait donc n’émettre qu’un simple avis sur ce taux.
Laissant le soin à l’exécutif de maintenir le statu quo.
La Cour de cassation juge illicite
le licenciement des lanceurs d’alerte
RÉGLEMENTATION — La Cour de cassation a estimé que les lan-
ceurs d’alerte doivent bénéficier d’une « immunité » vis-à-vis de
leur employeur dès lors qu’ils dénoncent, « de bonne foi », des
actes illicites commis sur leur lieu de travail. Elle a cassé pour cette
raison un arrêt de la cour d’appel de Basse-Terre en Guadeloupe.
Un manifeste pour la parité
dans les comités exécutifs
GOUVERNANCE — Pour que les femmes entrent dans les instances de direction (elles n’occupent que 14 % des postes des
comités exécutifs), PWN (Professional Women’s Network), un
réseau mondial de femmes cadres dirigeantes, a remis jeudi un
manifeste à la ministre des Droits de la femme, Laurence Rossignol. L’objectif est de raviver l’esprit de la loi Copé-Zimmermann
qui a introduit le quota de 40 % de femmes dans les conseils.
BILAN
SEMESTRIEL,
PERSPECTIVES
APRÈS LE BREXIT
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// 37
Les Echos Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
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Contact : Pierre VERAN
Activité : ACQUISITION DE FONDS DE COMMERCE ET
EXPLOITATION PAR BAIL, LOCATION OU AUTREMENT DE FONDS
DE COMMERCE DE RESTAURATION
Implantation : BRUNOY (91)
Salariés à ce jour : 6
C.A au 31/12/2015 : 357 446 €
Références à rappeler : 2418
Date limite de dépôt des offres :
Label de musique indépendant disposant d’une forte notoriété en France et à l’étranger
Activité : production (pop, classique, jazz, musique pour enfants), synchronisation,
distribution, édition musicale et littéraire
Localisation : PARIS - Chiffre d’affaires : 2,9 M Euros (2015), 6,3 M Euros (2014)
Produits d’exploitation : 11 M Euros (2015), 12,5 M Euros (2014)
Effectif au 30/06/2016 : 51 salariés permanents
Date d’ouverture du Redressement Judiciaire : 09/06/2016
Date limite de dépôt des offres : 18/07/2016 à 16H
Contact Procédure : [email protected]
6&. +05)")0-. )&*/35- /(#,90/".&/ ,5 &5#0#&7&5- )& +354)&5-"09"-(
045 )& 13,*3"/ 0++()&/ 2 90 )0-0/337
SELASU DAVID LACOMBE, Administrateur Judiciaire
4, place de Wagram - 75017 PARIS - Tél. : 01.85.08.30.30 - Fax : 01.58.57.80.85
SOCIÉTÉ EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE
RECHERCHE REPRENEUR
Activité : Couverture, étanchéité, bardage et revêtements
de façade
Clientèle : exclusivement professionnelle
Localisation : Ile de France
Chiffre d’affaires : 16 M€ en 2015
Effectif : 25 salariés
Date limite de dépôt des offres : 4 Août 2016 à 12h00
Pour tous renseignements :
Me Francisque GAY - Administrateur Judiciaire
3, avenue de Madrid - 92200 Neuilly/Seine
Télécopie : 01 55 62 06 41 Email : [email protected]
20 juillet 2016 à 16h00
un dossier de présentation peut être obtenu auprès de Maître Florence TULIER
POLGE sur demande écrite.
ACTIVITE A CEDER
(Articles L 631-22 et L 642-1 et suivants du Code de Commerce)
Maitre Florence
TULIER POLGE,
Administrateur
Judiciaire
Activité : BROCHAGE
Implantation : PALAISEAU (91120)
Salariés à ce jour : 92
C.A au 31/12/2015 : 5 542 179,22 €
Références à rappeler : 2432
Rue René Cassin
91000 EVRY
Tél. : 01.60.87.36.36
Télécopie :
01.60.87.36.37
[email protected]
Contact : Allison GUIDOUX
Date limite de dépôt des offres :
21 juillet 2016 à 12h00
un dossier de présentation peut être obtenu auprès de Maître Florence TULIER
POLGE sur demande écrite.
PHILIPPE CONTANT – BENJAMIN CARDON
Administrateurs Judiciaires
APPEL D’OFFRES DE REPRISE OU PARTENARIAT
Société de Pompes Funèbres
Implantée dans le département de l’Aube
Chiffre d’affaires 2015 : 1 076 843 Euros
Effectifs : 18 personnes
Date limite de dépôt des offres : vendredi 22 juillet 2016 à 12h
Un dossier de présentation sera transmis sur demande écrite motivée auprès de l’Etude
après signature d’un engagement de confidentialité. [réf. Etude: n° 7304]
Ph. CONTANT - B. CARDON
7 rue Pithou - BP 20080 - 10002 TROYES Cedex
Tél. : 03.25.73.97.98 - Fax: 03 25 82 82 29 - E-mail: [email protected]
RECHERCHE CANDIDATS REPRENEURS
Entreprise en redressement judiciaire
APPEL D’OFFRES : RECHERCHE DE PARTENAIRE OU DE REPRENEUR
ENTREPRISE EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE
Activité : RESTAURANT
Situation géographique : Région de REIMS (51)
Chiffre d’affaires : 516 K€ au 31/10/2014 (18 mois)
Effectif : 7 salariés
Date limite de dépôt des offres de reprise : 20 Juillet 2016 à 16h00
Un dossier de présentation sera communiqué sur demande écrite aux candidats justifiant de leur
identité et de leur capacité économique et opérationnelle. Les offres de reprise devront être
conformes aux dispositions des articles L 631-22 et L 642-2 du Code de Commerce.
Selarl Jérôme CABOOTER, Administrateur Judiciaire
4 Boulevard Faraday 77700 SERRIS - MARNE LA VALLEE
E-mail : [email protected] - Fax : +33.1.70.64.68.14 - Tél : +33.1.74.81.00.31
Activité : Entreprise de propreté et de nettoyage
spécialisée en hôtellerie, nautisme, tourisme, spectacle
Département : 17 Salariés à l’effectif : 86 salariés
à l’ouverture de la procédure, dont 21 en CDI.
CA prévisionnel 2016 : 1.300 K€
Date limite de dépôt des offres : lundi 25/07/2016 à 18 heures à l’étude
Un dossier complet sera adressé sur demande écrite à :
SELARL « Vincent MEQUINION Administrateur Judiciaire»
6 rue d’Enghien - 33000 BORDEAUX
Tél. : 05.56.56.91.91- Fax: 05.56.56.91.92
Mail : [email protected]
APPEL D’OFFRES : RECHERCHE DE PARTENAIRE OU DE REPRENEUR
ENTREPRISE EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE
Activité : Démolition de bâtiments industriels et urbains
Situation géographique : Région de REIMS (51)
Chiffre d’affaires : 2.842 K€ au 31/03/2015 (sur 12 mois)
Effectif : 13 salariés
Date limite de dépôt des offres de reprise : 21 Juillet 2016 à 16h00
Un dossier de présentation sera communiqué sur demande écrite aux candidats justifiant de leur
identité et de leur capacité économique et opérationnelle. Les offres de reprise devront être
conformes aux dispositions des articles L 631-22 et L 642-2 du Code de Commerce.
Selarl Jérôme CABOOTER, Administrateur Judiciaire
4 Boulevard Faraday 77700 SERRIS - MARNE LA VALLEE
E-mail : [email protected] - Fax : +33.1.70.64.68.14 - Tél : +33.1.74.81.00.31
Vente
e
d’une entreprise d’Ingénierie, études techniques,
secteur pétrochimie située dans le Val
a d’Oise
\7NQ'JM : 17 salariés
!KJ7)N P4l7lJ)N( (&) @ 2/J( : 741 K€
(DG<' W!E!<' )'> BQ@'> W' E'@+@')! $ [9!WW'< *F,$ " ,\ #'9@'>K
Prendr
Pr
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Maîtree BLERIOT Pontoise
Maîtr
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\`SlJG_ < #V=A$kGN)J/'_M)
SCP PIMOUGUET-LEURET-DEVOS-BOT
COMMUNIQUÉ
Administrateurs et mandataires judiciaires : des experts au
service du chef d’entreprise
Lorsqu’ils sont confrontés à des difficultés pressenties ou avérées, malgré les
nombreux outils à leur disposition, les chefs d’entreprise se sentent souvent
isolés.
Dans ces périodes difficiles, ils peuvent compter sur les administrateurs et les
mandataires judiciaires pour les accompagner. Disposant de la double compétence du droit et du chiffre, ces professionnels œuvrent en toute indépendance
dans l’intérêt des entreprises en crise, de leurs salariés et créanciers.
Administrateurs et mandataires judiciaires interviennent, soit sous le contrôle
du juge dans le cadre d’un mandat de justice, soit sous le contrôle de
l’entreprise qui les a mandatés.
Appartenant à une profession réglementée, ces intervenants qui bénéficient
de garanties sans commune mesure, agissent à l’abri de tout conflit d’intérêts,
proposent et mettent en place des solutions pour assurer la pérennité des
structures.
Leur mission englobe une analyse juridique et économique approfondie. Ils
réalisent un bilan économique et social pour mener la réorganisation de
l’entreprise, gérer les litiges en cours, les revendications, le sort des baux et
toutes questions ou problèmes devant être traités pour assurer le succès de
leur mission.
Ils peuvent mettre en place un plan de sauvegarde ou de redressement pour
apurer le passif mais aussi, le cas échéant organiser la cession de l’entreprise
ou de certains de ses actifs.
Leur intervention est trop souvent vécue comme un indicateur négatif de la
situation de l’entreprise. Pourtant, nombreuses sont les expériences qui
démontrent que leur action permet à l’entreprise de faire face à une conjoncture compliquée ou à un incident de parcours et ainsi de trouver un second
souffle.
A condition que l’action des administrateurs et mandataires judiciaires
démarre à temps !
Vincent ROUSSEAU,
Administrateur judiciaire,
Président de l’IFPPC
APPEL D’OFFRES
CESSION EN LIQUIDATION JUDICIAIRE DES TITRES
DE PARTICIPATION D’UN GROUPE DE PRÊT-À-PORTER FÉMININ
EN REDRESSEMENT JUDICIAIRE EN VUE DE PLANS DE REDRESSEMENT
PAR VOIE DE CONTINUATION
Titres de participation au sein des 11 sociétés exploitant une activité de
conception et vente au détail de prêt-à-porter féminin sous l’enseigne
DEPECH MOD :
Recherche d’offre(s) de cession - ACTIF IMMOBILIER
Bien
: Tènement immobilier
Localisation
: Avenue Maréchal Juin
01000 BOURG EN BRESSE
Descriptif
: Terrains = 17 481 m² (4 parcelles)
Bâtiment principal = 4 702 m²
Particularités
: Site ayant eu activité industrielle soumise
à déclaration
Principale parcelle (11 480 m²) classée UC
(habitat possible)
Coûts démolition et dépollution à considérer
3 5*,A*??*I*H=? ];,!.!L!A*? ,; -+ ];!H -K/'
3 T!C;!,L=!FH? ];,!.!L!A*? ,*? $FZ,!H&? ,; -^ ];!H -K/%
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affiliation
3 -K' ?LZLA!G? LDAE? A*?=A;.=;AL=!FH
La reprise des titres et des créances interviendra sous condition suspensive de
la mise en œuvre des projets de plan (7 M€ de passif tiers à apurer sur 10 ans).
La date limite de dépôt des offres de reprise est fixée
L; Z;H,! -' ];!ZZ*= -K/% # /-$N
Les tiers sont invités à remettre leur offre au mandataire liquidateur : SCP PIMOUGUETLEURET-DEVOS-BOT représentée par Maître Nicolas LEURET, 2 boulevard du Salan,
19100 Brive. L’accès à une data room électronique sera autorisé après régularisation d’un
$1","$2$1) &$ '/10&$1)!,3!)%- la *!"1,)(+$ &( +#"3$2$1)- et une .+%*$1),)!/1 *(''!1')$ &(
candidat à la reprise.
Référence à rappeler impérativement : Dossier N° 22465
!
Date limite de dépôt des offres :
Vendredi 30 Septembre 2016 à 12 h
Une note de présentation sera adressée sur demande écrite précisant l’identité du candidat repreneur
&- !,.-"405- )& .0 +010+"-( +377&/+"09& &- 4505+"%/& à intervenir dans une telle affaire.
T*? .LH,!,L=? !H=GA*??G? ?FH= !H9!=G? # ?* ILH!(*?=*A DLA =GZG.FD!* F; *OIL!Z L;DAE? ,* [
4<7 7US81W1Y2 TY15Y2 :Y084O>82 O S* TY15Y2 F; SN <VT@42@
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- ,!,!*AN.$ZL?=LB?.DI]N(A
2GZG.FD!* [ K'N''N^^N\KN-/
'3,- +05)")0- )3"- .& 705"$&.-&/ 10/ (+/"- 0,1/%. )& 8
Maître Maurice PICARD, Administrateur Judiciaire
22, Rue du Cordier - CS 30107 - 01003 BOURG EN BRESSE
Tél. : 04.74.45.92.00 - Fax : 04.74.45.92.11
Email : [email protected]
RETROUVEZ UNE SÉLECTION
D’ANNONCES SUR :
reprise-entreprise.lesechos.fr
38 // FINANCE & MARCHES
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
euronext
séAncE du 30 - 06 - 2016
CaC 40 : 4237,48 (1,00 %) neXt 20 : 8923,53 (1,34 %)
CaC larGe 60 : 4678,38 (1,04 %)
CaC all-tradaBle : 3291,34 (1,03 %)
Date De ProroGation : 26 Juillet
CAC 40
srD suite
Valeurs mnémo / info /
ost
isin / Devise / Date Détach. / Div
accor (ac) R
a
fr0000120404
air liQuiDe (ai) R
27/04/16 0,5
a
fr0000120073
23/05/16 2,6
a
airBus GrouP (air) R
nl0000235190
02/05/16 1,11
arcelormittal (mtp)
a
lu0323134006
aXa (cs) R
08/05/15 0,17
a
fr0000120628
06/05/16 1,1
BnP PariBas (bnp) R
a
fr0000131104
BouYGues (en) R
02/06/16 2,31
a
fr0000120503
26/04/16 1,6
caP-Gemini (cap) R
a
fr0000125338
30/05/16 1,35
carreFour (ca) R
a
fr0000120172
23/05/16 0,7
creDit aGricole (aca) R
a
fr0000045072
Danone (bn) R
27/05/16 0,6
a
fr0000120644
enGie (enGi) R
05/05/16 1,6
a
fr0010208488
05/05/16 0,5
essilor international (ei) R a
fr0000121667
KerinG (Ker) R
17/05/16 1,11
a
fr0000121485
KlePierre (li) R
04/05/16 2,5
a
fr0000121964
l.V.m.H. (mc) R
22/04/16 1,7
a
fr0000121014
19/04/16 2,2
laFarGeHolcim (lhn)
a
ch0012214059
leGranD (lr) R
17/05/16 1,5
a
fr0010307819
l'oréal (or) R
31/05/16 1,15
a
fr0000120321
micHelin (ml) R
29/04/16 3,1
a
fr0000121261
A : indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : bénfice par action. PER : price earning ratio. les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année
civile. les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres a pour les capitalisations
supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et c pour les capitalisations inférieures
à 150 millions d’euros. L : valeurs de l’indice cacnext20. R : valeurs de l’indice caclarge60. G : valeurs de l’indice cacmid60. g : valeurs de l’indice
cacsmall. les bénéfices par action : source facset Jcf estimates. mise en ligne intégrale des informations réglementées sur www.lesechos-comfi.fr
les cours fournis ce jour sont des cours de 17h00
17/05/16 2,85
ouv
vol.
nb titres
34,44
1712883
237.834.579
92,54
1191886
345.487.545
51,56
2815103
772.678.546
4,12
24643577
3.065.710.869
17,8
10580932
2.428.976.468
39,37
6395072
1.246.429.174
26,175
1980172
345.206.548
77,77
898314
172.181.500
21,925
3736535
756.235.154
7,534
8227800
2.809.290.815
61,16
2571744
655.892.000
14,03
12305089
2.435.285.011
118,35
804221
218.056.738
144,3
232889
126.279.322
39,78
865450
314.356.063
135,1
1271635
507.645.029
36,695
744217
606.909.080
45,235
884876
266.992.861
168,5
843401
562.983.348
84,24
574561
182.022.219
clot
+ haut
+ bas
34,69
35,255
33,855
94,06
94,1
92,09
51,73
52,49
51,28
4,091
4,142
3,984
17,805
17,95
17,46
39,755
40,225
38,66
25,93
26,53
25,7
78,2
78,36
76,21
22,21
22,3
21,61
7,56
7,66
7,403
63,41
63,45
61,01
14,51
14,595
13,955
118,85
119,95
118,1
145,45
145,7
142,95
39,85
40,035
39,615
136
136,95
133,8
37,1
37,585
36,15
46,31
46,325
45,02
172
172,35
168,5
85,21
85,52
83,61
% Veil
% mois
% 52 s.
- 0,8
-13,07
- 23,37
+ 1,11
- 4,6
- 17,09
- 0,39
- 8,12
- 11,12
- 1,42
- 3,9
- 39,84
- 0,2
-21,56
- 21,32
+ 0,62
-20,93
- 26,58
- 2,04
-10,94
- 22,68
- 0,41
- 8,75
- 1,47
+ 1,14
- 9,31
- 22,67
+ 0,15
-16,9
- 43,33
+ 3,34
- 0,24
+ 9,35
+ 3,38
+ 3,79
- 12,8
- 0,08
+ 0,51
+ 11,07
+ 0,35
- 0,92
- 9,18
- 0,01
- 4,24
+ 1
+ 0,18
- 6,46
- 13,46
+ 1,26
- 9,25
+ 1,69
- 8,59
- 8,04
+ 1,18
+ 2,72
+ 7,5
+ 1,2
- 7,16
- 9,34
% an
bpa
+ haut an per
+ bas an rDt
- 13,29
41,25
29,96
2,88
- 9,25
106,65
88,25
2,76
- 16,56
63,45
49,51
2,51
+ 34,82
-0,6
5,438
2,017
- 29,43
24,82
16,11
6,18
- 23,88
52
35,27
5,81
- 29,05
38,595
25,46
6,17
- 8,64
89,01
67,7
1,73
- 16,66
26,74
20,9
3,15
- 30,51
10,84
6,79
7,94
+ 1,81
65,78
57,49
2,52
- 11,12
16,19
12,34
3,45
+ 3,3
120,1
102,1
0,93
- 7,91
167,85
136,55
1,72
- 2,78
43,37
35,605
- 6,14
163,45
130,55
1,62
- 20,69
46,28
30,33
4,04
- 11,28
51,74
41,54
2,48
+ 10,75
172,7
142,65
1,8
- 3,06
97,59
77,4
3,35
Valeurs mnémo / info /
ost
isin / Devise / Date Détach. / Div
noKia (noKia)
a
fi0009000681
oranGe (ora) R
17/06/16 0,18
a
fr0000133308
21/06/16 0,4
a
PernoD-ricarD (ri) R
fr0000120693
PeuGeot (uG) R
16/11/15 0,98
a
fr0000121501
02/06/11 1,1
PuBlicis GrouPe (pub) R
a
fr0000130577
renault (rno) R
03/06/16 1,6
a
fr0000131906
saFran (saf) R
13/05/16 2,4
a
fr0000073272
23/05/16 0,78
saint-GoBain (sGo) R
a
fr0000125007
sanoFi (san) R
06/06/16 1,24
a
fr0000120578
10/05/16 2,93
scHneiDer electric (su) R a
fr0000121972
05/05/16 2
société Générale (Gle) R a
fr0000130809
soDeXo (sW) R
25/05/16 2
a
fr0000121220
solVaY (solb)
08/02/16 2,2
a
be0003470755
tecHniP (tec) R
13/05/16 1,42
a
fr0000131708
total (fp) R
04/05/16 2
a
fr0000120271
06/06/16 0,61
uniBail-roDamco (ul)
fr0000124711
23/03/16 4,85
Valeo (fr)
a
DiV 3 06/06/16
fr0013176526
Veolia enV. (vie) R
a
fr0000124141
Vinci (DG) R
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a
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ost
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ouv
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/290616
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02/06/16 0,47 257.244.714
66,64
DBV tecHnoloGies (Dbv) G
B 58,15
58,88
62543
59,48
fr0010417345
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58,07
DericHeBourG (DbG) g
B 2,268
2,301
93058
2,348
fr0000053381
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2,268
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c 43
43
7666
43
fr0000073793
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39,97
Dir. enerGie (Dir)
26,68
27,4
16176
27,57
fr0004191674
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Dms (DGm) g
c 0,17
0,16
131793
0,17
fr0000063224
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c 4,87
4,87
631
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a 17,64
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elis (elis) G
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B 39,1
39,83
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a 53,31
53,5
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B 1,24
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c 3,63
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euroFins cereP (alecr)
/290616
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1,93
0,7
4,65
0,82
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1,31
1,98
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6,21
2,07
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a 338
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a 39,6
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fr0010533075
24/05/16 0,22 550.000.000
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a 17,18
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fr0010221234
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3599
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a 29,1
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FFP (ffp) g
a 62,36
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Fin. oDet (oDet)
a 746
173
fr0000062234
14/06/16 1 6.585.990
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eX-Ds 02/03/15
171668
fr0000064578
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Foncière DéV. loG. (fDl)
B 7,21
114
fr0000030181
18/05/16 0,65 67.873.454
Foncière lYonnaise (flY)
a 50
1396
fr0000033409
28/04/16 1,05 46.528.974
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B 141,99
nom.
3512
fr0000034431
18/05/16 9 10.291.637
333,6
338,55
328,55
39,8
39,8
39,6
9,55
9,67
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28,705
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63
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720
80,01
80,01
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7,21
7,21
7,21
50
50
49,6
140,51
141,99
140,51
+ 0,12
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+ 3,35
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+ 0,56
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0,28
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+ 0,06 - 7,78
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+ 0,64 - 7,5
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+ 26,13 101,41
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3,01
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5,39
0,6
5,78
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1,35
0,69
2,17
1,16
0,73
12,53
2,27
4,83
2,34
2,22
6,22
4,49
5,75
0,44
2,3
6,4
1,02
2,26
2,54
0,14
Valeurs françaIses
Valeurs mnémo / info /
ouv
clot
ost
vol.
+ haut
isin / Devise / Date Détach. / Div nb titres
+ bas
FromaGeries Bel (fbel)
a 510,01
510,01
9
510,01
fr0000121857
18/05/16 9 6.872.335
510,01
Futuren (ftrn)
c 0,71
0,71
n/P reGr.
289960
0,71
fr0011284991
186.040.717
0,7
GameloFt (Gft) G
B 7,74
7,79
15661
7,79
fr0000079600
87.146.522
7,65
GameloFt (Gftt)
B
/010616
eX D oP 25/5/16
fr0013140910
87.051.522
Geci international (Gecp)
c 0,15
0,15
25899
0,15
fr0000079634
01/10/01 0,1 33.941.720
0,15
Gecina (Gfc) G
a 122,6
122,5
150233
123
fr0010040865
07/03/16 2,5 63.260.620
121,8
54
54,79
Gemalto (Gto) L
501265
54,89
nl0000400653
24/05/16 0,4 89.122.209
53,72
GFi inFormatiQue (Gfi) g
B 8,57
8,61
1748
8,73
fr0004038099
01/07/15 0,1 65.980.266
8,57
B 15
15
Gl eVents (Glo) g
5995
15
fr0000066672
30/05/16 0,6 22.653.920
14,82
GrouPe crit (cen) g
B 56,01
59,99
9739
60
fr0000036675
28/06/16 0,4 11.250.000
56,01
c 0,89
0,92
GrouPe Flo (flo) g
13898
0,92
fr0004076891
08/07/14 0,06 40.271.427
0,87
GrouPe PartoucHe (parp)
35,25
37
reGr.
4754
38
fr0012612646
9.681.560
35,25
Haulotte GrouP (piG)
B 13,5
13,74
24276
13,87
fr0000066755
30/05/16 0,22 31.259.734
13,5
HaVas (hav) G
a 7,055
6,974
269036
7,139
fr0000121881
17/05/16 0,15 419.655.270
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Hermès international (rms) LRa 338,25
336,95
79745
339,35
fr0000052292
02/06/16 1,85 105.569.412
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Hi-meDia (him)
c 4,75
4,74
7380
4,89
fr0012821890
2.959.558
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HuBwoo (hbW) g
c 0,14
0,14
306
0,14
fr0004052561
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icaDe (icaD) G
a 63,41
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117364
63,98
fr0000035081
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iliaD (ilD) LR
a 181,15
182,5
125234
183,6
fr0004035913
21/06/16 0,41 58.708.906
179,85
a 57
57,53
imerYs (nK) G
165293
57,61
fr0000120859
10/05/16 1,75 79.572.491
56,44
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a 104,55
105,1
364751
106,85
fr0000125346
06/05/16 1,3 61.493.241
104,1
B 10,39
10,44
innate PHarma (iph) g
416979
10,72
fr0010331421
53.840.654
10,28
inter ParFums (itp) g
B 22,63
22,58
11114
22,76
fr0004024222
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22,4
a 54,24
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iPsen (ipn) G
92662
55,61
fr0010259150
02/06/16 0,85 83.249.682
54,03
JacQuet metal serVice (JcQ) g B 12
11,87
10448
12
fr0000033904
01/07/15 0,77 24.028.438
11,61
a 30,41
30,385
JcDecauX (Dec) G
439951
30,965
fr0000077919
24/05/16 0,56 212.303.763
29,89
KauFman & BroaD (Kof)
B 34,5
34
27453
34,5
fr0004007813
20/04/16 2 20.837.039
33,43
Korian (Kori)
a 28,49
29,1
137705
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fr0010386334
29/06/16 0,6 79.468.673
28,275
laGarDère (mmb) G
a 19,625
19,65
667355
19,685
fr0000130213
06/05/16 1,3 131.133.286
19,5
latecoere (lat) g
c 3,43
3,41
eX Ds 27/8/15
52110
3,44
fr0000032278
29/06/07 0,75 94.043.676
3,39
laurent-Perrier (lpe)
B 66,02
66,45
6360
67
fr0006864484
16/07/15 1 5.945.861
65,91
le Bélier (beli) g
c 38,72
39,75
3485
39,75
fr0000072399
07/06/16 0,8 6.582.120
38
lectra (lss)
B 13,59
13,81
6859
13,81
fr0000065484
04/05/16 0,3 30.938.845
13,51
lisi (fii) g
a 23
22,845
5321
23
fr0000050353
05/05/16 0,39 54.023.875
22,63
a 15,15
15
m6-métroPole tV (mmt) G
190076
15,15
fr0000053225
18/05/16 0,85 126.414.248
14,925
maisons France conF. (mfc) g B 40,8
40,34
9410
41,89
fr0004159473
07/06/16 0,64 6.937.593
40,33
B 13,53
13,81
manitou (mtu) g
7297
13,9
fr0000038606
10/06/16 0,36 39.551.949
13,53
marie BrizarD w & s (mbWs)
B 17
17,4
75244
17,4
fr0000060873
27/09/07 0,5 28.315.111
16,87
mauna Kea (mKea)
c 1,76
1,75
35989
1,76
fr0010609263
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mercialYs (merY) G
a 19,265
19,205
204158
19,28
fr0010241638
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19,045
B 13,5
13,59
mersen (mrn) g
10487
13,59
fr0000039620
02/07/15 0,5 20.636.854
13,09
metaBolic eXPlorer (meteX) g c 1,69
1,66
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natiXis (Kn) LR
a 3,38
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natureX (nrX) g
B 71,38
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1180
72,08
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c 1,9
1,91
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1,41
- 0,5 - 3,9
-10,24 32,98
- 9,22 23,83
3,41
- 0,48 - 48,65
-24,82
4,04
- 50
1,86
+ 3,06 - 7,4
- 3,34 21,85
- 5,08 16,15
+ 0,91 + 19,15
- 7,85 37,99
- 8,96 24,52
+ 1,89 + 5,13
0,62
- 2,49
0,385
+ 1,89 - 68,48
-36,12
6,995
- 73,51
2,001
- 3,03 - 8,31
- 2,44 345
+ 20,75 290,05
1,78
- 5,03 - 14,06
-20,76 119,65
+ 15,4
85,6
2,04
+ 1,35 - 4,57
- 8,52 18,18
- 9,44 14,4
3,09
- 12,5
-12,5
0,17
- 22,22
0,11
+ 1,31 - 52,67
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5,162
- 52,4
1,91
+ 1,77 - 18,42
- 7,55 17,465
- 15,61
12,905
4,62
+ 1,21
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4,94
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31,92
+ 52,22 20,55
1,29
+ 1,59 - 25,01
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7,541
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4,81
1,07
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+ 54,38 124,36
1,49
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-16,15
11,985
- 38,21
8,907
8,37
+ 0,08 + 8,55
- 3,26 79,23
+ 38,5
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1,35
- 0,14 - 10,34
91,85
+ 3,99 75,58
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+ 0,58 + 4
- 4,94 11,81
- 29,97
7,45
- 1,69
- 6,7
57,55
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2,27
+ 6,63 - 7,64
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+ 44
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1,35
+ 0,64 + 23,77
+ 1,23 33,995
+106,57 18,6
- 0,06 - 37,52
- 5,89
5,051
- 70,67
1,917
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-37,05
3,79
- 45,71
1,96
+ 0,73 - 8,02
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2,95
+ 1,25 - 12,02
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2,7
+ 0,31 - 25,61
+ 4,81 223,8
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- 6,2
27,99
- 18,05 21,01
4,41
+ 1,43 - 15,04
-10,76 109
- 15,31 78,14
2,31
+ 1,86 - 3,94
+ 1,15 24,135
- 27,71
14,08
1,52
Autres Valeurs de la Zone euro
Gemalto (Gto) L
54
501265
24/05/16 0,4 89.122.209
19,38
1702040
lu0088087324
25/04/16 1,11 311.427.239
stmicroelectronics (stm) LR a 5,075
3862364
nl0000226223
usD 20/06/16 0,05 910.970.920
nl0000400653
ses (sesG) LR
54,79
54,89
53,72
19,41
19,585
19,155
5,246
5,246
5,036
+ 0,66 - 0,87
- 1,3
66,87
- 31,41 49,035
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- 4,83 26,64
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+ 2,72 - 15,13
- 3,64
6,5
- 28,67
4,485
VAleurs Zone InternatIonale
General electric (Gne)
27,5
27,69
2219
27,89
usD 16/06/16 0,16 9.195.657.000
27,43
5,56
5,56
23458
5,56
Gb0005405286
usD 19/05/16 0,1 19.812.531.971
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laFarGeHolcim ltD (lhn)
a 36,695
37,1
eX-Da 09/09/15
744217
37,585
ch0012214059
chf 17/05/16 1,5 606.909.080
36,15
maroc telecom (iam)
11,15
10,97
700
11,15
ma0000011488
maD 24/05/16 5,41 879.095.340
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rusal Plc (rusal)
/240616
reG. s
us9098832093
usD 27/10/15 0,02 1.636.363.646
scHlumBerGer (slb)
a 69,71
70,77
1514
70,77
an8068571086
usD 27/05/16 0,5 1.434.212.164
69,71
stallerGenes Greer (staGr) a 22,15
22,1
4004
22,42
Gb00bZ21rf93
19.765.553
22,01
us3696041033
HsBc (hsb)
a
+ 1,13 - 3,15
+ 2,94 28,56
+ 16,49 24,08
+ 0,91 - 24,46
- 3,97
7,21
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- 9,25 46,28
30,33
- 0,54 + 6,09
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+ 0,96
6,98
- 44,33
4,58
+ 0,03 + 8,88
+ 2,57 72,55
- 6,88 54,95
- 0,27 - 30,83
-16,57 34,2
- 54,43 21,4
La cote a changé.
Vous pouvez retrouver
les Bourses internationales
sur http://investir.lesechos.fr
6,7
FINANCE & MARCHES // 39
Les Echos Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
euronext//taux&changes//matières premières
euronexT hors srd
actions
françaises
isin
valeur
ouv
+ht +bs
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3,25
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3679
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b 4,76 4,76
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c 1,11
1,12
1,11
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c 5,25
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0,12
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c 14
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b 46,03 46,6
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c 36,01 38
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c 7,3
7,3
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462
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3,49
3,47
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c 0,42 0,42
0,41
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173
173
173
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22
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c
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c
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1,08
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2,77
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15,7
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10,6
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8,4
8,4
8,4
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c
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c 23,45 23,45 23,45
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c
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4,41
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c 3,8
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c
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c
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- 0,74
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c 3,61
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2065
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c 2,84 2,94
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c
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75
75
75
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b 74
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c
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c
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c
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c 0,11
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0,11
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c
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b
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a
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48
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c
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c
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c
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30
30
30
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c
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b 40,96 41
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+ 2,27
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b
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18,8
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c
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c 2,07
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2,07
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c 0,45 0,47
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c 8,01
8,01
8,01
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c 1,6
1,6
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françaises
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isin
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valeur
mgi coutier g
micropoleg
mndg
mont. fashion
moul. strasbourg
mr bricolage sa
mrm
musée grévin
nanobiotixg
neopostG
neuronesg
nsc groupe
oeneog
ol groupeg
orapig
orchestra-pre.
orege
parefg
paris. de chauf.
passat
patrimoine & com
pcas g
pixium visiong
plastic omniumG
plastivaloireg
poujoulat
poxelg
precia g
prismaflexg
prologueg
psb indust.
quantelg
quotium tech.
radiall
rallye
recylex
riberg
robertet sa
robertet sa
robertet sa
rothschild & co
s.a.m.s.e.
sabeton
salvepar
scbsmg
selectirente
sergeferrari group
signaux girod
sii
smtpcg
soc. fr. casinos
sodifrance
soditech ing.
sofibus
soft computingg
sogeclairg
solucom
spir com.g
sqli
stefg
store elect.g
supersonic im.g
tayninh
technofan
ouv
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c
c
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c
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c
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c
c 9,29
c
c 7,1
c 1,17
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c
b249
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c 2,27
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b
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c 17,09
c 0,49
c
c 11,61
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20153
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249
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280
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var.
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japon
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eur
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igs10 - Fr0011630474
a
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30-06-2016
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veNTe
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mens.
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juil. 15
août 15
sept. 15
oct. 15
nov. 15
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2,41
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-0,352
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-0,358
-0,358
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-0,364
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-0,258
-0,258
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-0,261
-0,261
-0,261
-0,262
-0,261
-0,262
-0,261
-0,264
-0,262
-0,263
-0,263
-0,262
-0,262
-0,264
-0,265
-0,266
-0,266
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-0,281
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0,50
0,51
0,48
0,50
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0,45
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0,40
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0,40
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0,42
0,41
0,44
0,44
0,41
0,42
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0,33
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0,25
thor.
pub.
priv.
0,78
0,78
0,73
0,73
0,73
0,73
0,73
0,75
0,75
0,75
0,75
0,75
0,65
0,65
0,65
0,65
0,65
0,67
0,67
0,67
0,67
0,67
0,67
0,67
0,67
0,67
0,67
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0,73
0,73
0,73
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0,75
0,75
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0,65
0,65
0,65
0,65
0,67
0,67
0,67
0,67
0,67
0,67
0,67
0,67
0,67
0,67
seTTleMeNT seTTleMeNT
vol
seTTleMeNT seTTleMeNT
vol
seTTleMeNT seTTleMeNT
vol
MaTières preMières
MéTaux précieux
MéTaux non Ferreux
MéTaux sTraTégiQues
paris
OR (euros cPror/*cours hebdo)
30/06
29/06
COURS PriMe Prec.
lingot
37300
0
37450
10 florins
230
1,92
233
5 dollars*
360
28,34
335
10 dollars
650
15,87
630
20 dollars
1235
10,04
1235
5 roubles*
0
-100
0
50 pesos
1400
0,09
1420
latine
219
1,12
219
napoleon
217,9
0,62
221,1
1/2 napoleon* 130
20,06
121,5
souverain eli i* 300
9,88
300
souverain
278
1,82
282,9
1/2 souverain* 152
11,34
149
suisse
224,8
3,8
224,9
tunisienne*
225
3,9
225
mark*
284
6,34
290
krugerrand
1260
8,61
1195
lingotin 500grs 19250
3,22
19250
lingotin 250grs 9900
6,17
9900
lingotin 100grs 3945
5,76
3840
argent c3e (euro Par kilo) (csFaNMP)
635,63
633,45
cuivre (girm):
Londres
(eN dollars)
palladium (euro Par kilo) (csFaNMP)
Fix1
16 987
16 671
Fix2
17 045
16 873
platine (euro Par kilo) (csFaNMP)
Fix1
29 054
28 694
Fix2
28 910
28 904
London BuLLion MarKeT
30/06
29/06
argent (eN ceNTs Par oz)
Fixage
1 852
1 837
or (eN dollars Par oz)
Fix
1 321
1 322
palladium (eN dollars Par oNce Troy)
574
561
platine (eN dollars Par oNce Troy)
988
979
neW YorK
argent (eN ceNTs Par oNce)
seTTleMeNT
30/06
JuiN 16
17,84
Juil. 16
18,52
sePT. 16
18,56
déc. 16
18,66
JaNv. 17
18,66
or (eN dollars Par oNce)
seTTleMeNT
seTTleMeNT
29/06
17,87
18,34
18,37
18,44
18,44
seTTleMeNT
30/06
JuiN 16
1315,3
aouT 16
0
déc. 16
1329,4
Fév. 17
1333,7
aouT 17
1333,7
platine (eN dollars Par oNce)
seTTleMeNT
JuiN 16
Juil. 16
ocT. 16
JaNv. 17
avr. 17
30/06
978,5
1015
1018,3
1019,5
1021,2
29/06
1314,1
1321,8
1329,2
1329,9
1329,9
seTTleMeNT
29/06
983,2
1010
1013,3
1015,7
1016
caThodes : 4540 a coMPTer du 30/06/
autres demi produits cuivreux :
base cuivre
527,51 dePuis le 30/06
base laMiNé laiToN 1 TiTre 449,72 dePuis le 30/06
base laMiNé laiToN 70/30 456,79 dePuis le 30/06
base laMiNé laiToN 85/15
492,15 dePuis le 30/06
base laMiNé broNze 94/6
612,44 dePuis le 30/06
base laMiNé broNze 94/4
584,12 dePuis le 30/06
London MeTaL exchange
30/06
29/06
alliage d`alumin. (en $ par tonne)
cash
3 Mois
vol.
1525-1535
1550-1560
11900
1525-1535
1550-1560
11900
aluminium (en $ par tonne)
cash
3 Mois
vol.
1613-1614
1623-1623,5
2393600
1602-1602,5
1611-1613
2400300
cuivre (en $ par tonne)
cash
3 Mois
sTocks
4779,5-4780
4785-4785,5
194200
4777-4777,5
4784,5-4785
192950
etain (en $ par tonne)
cash
3 Mois
vol.
17045-17050
17000-17050
6060
17065-17070
17025-17075
6085
9270-9280
9340-9345
380286
ice
(eN gbP Par MWh)
clôTure
30/06
base
30,06
PoiNTe
33,12
ice futures
(eN gbP Par MWh)
plomb (en $ par tonne)
cash
3 Mois
vol.
1733,5-1734
1735,5-1736
186250
1713-1713,5
1717-1718
185350
Zinc (en $ par tonne)
cash
3 Mois
vol.
2058,5-2059
2059,5-2060,5
426225
2046-2047
2045-2047
428575
neW YorK
cuivre (en cents par lb)
seTTleMeNT seTTleMeNT
Juil. 16
aouT 17
sePT. 16
déc. 16
30/06
2,19
2,21
0
2,2
29/06
2,19
2,21
2,19
2,2
vol
1216
1745
base dec 16
base dec 16
PoiNTe Jul 16
PoiNTe Jul 16
30/06
46,43
46,43
42,21
42,21
etain (en dollars par tonne)
seTTleMeNT seTTleMeNT
Jou r
30/06
17000
29/06
16850
vol
clôTure
29/06
0
0
0
0
vol
338046
170887
vol
Juil. 16
aouT 16
sePT. 16
ocT. 16
JaNv. 17
264,5
239
singapour
gasoliNe 97
gas oil
Fuel oil (180)
Fuel oil (380)
60,2
58,47
266
259
59,9
57,36
259
252,5
éMission co2
nymex emissions (eN euros Par ToNNe)
clôTure
clôTure
clôTure
clôTure
29/06
49,37
49,88
50,58
51,15
52,6
30/06
5,73
clôTure
29/06
5,73
seTTleMeNT seTTleMeNT
29/06
27
26,5
27
26,5
vol
Juil. 16
aouT 16
sePT. 16
30/06
0
0
0
29/06
2,92
2,86
2,86
clôTure
29/06
14,06
vol
vol
vol
vol
30/06
Juil 2016 14,39
aouT 2016 14,74
sePT 2016 14,99
29/06
14,17
14,49
14,76
29/06
64,76
66,26
66,17
clôTure
clôTure
30/06
29/06
Juil. 16
2381
2390
sePT. 16
2350
2355
déc. 16
2297
2298
Mai 17
2234
2233
Juil. 17
2228
2225
new york (eN $ Par ToNNe)
vol
9716
15871
6011
907
247
Juil. 16
sePT. 16
déc. 16
Mars 17
Juil. 17
30/06
3004
0
0
0
2891
vol
29/06
3062
3034
3005
2972
2945
1
londres-robusta (en $ par tonne)
clôTure
clôTure
vol
30/06
29/06
Juil. 16
1692
1696
1138
sePT. 16
1717
1724
8123
Nov. 16
1732
1737
3346
JaNv. 17 1745
1742
426
Mars 17 1759
1751
7
new york-arabica (en cents par lb)
seTTleMeNT seTTleMeNT
vol
54
Juil. 16
déc. 16
Mai 17
Juil. 17
30/06
141,75
146,15
150,65
150,7
29/06
142,95
147
151,2
152,4
vol
13
4464
152
38
new york (coNT. No2 - eN ceNTs Par lb)
30/06
304,1
307,7
310,4
29/06
304,1
307,7
310,4
seTTleMeNT seTTleMeNT
vol
seTTleMeNT seTTleMeNT
vol
30/06
29/06
Juil. 16
10,6
10,63
sePT. 16
10,76
10,93
Nov. 16
11,03
11,2
avoine à chicago
(eN ceNTs Par boisseau)
vol
seTTleMeNT seTTleMeNT
Jou r
30/06
29/06
112,45
115,7
vol
112.45
46
391
101
seTTleMeNT seTTleMeNT
vol
29
173
seTTleMeNT seTTleMeNT
30/06
110
120,25
121,25
vol
29/06
110
120,65
124
6
75
FreT MariTiMe
balTic dry iNdex : 640
le 29/06//16
balTic PaNaMax iNdex : 634
le 29/06//16
balTic caPesize iNdex : 955
le 29/06//16
balTic suPraMax iNdex : 606
le 29/06//16
balTic dirTy iNTerN. TaNker :694
le 29/06//16
balTic cleaN iNTerN. TaNker :464
le 29/06//16
indices
30/06
rJ crb
chicago (eN $ Par 1000 bdFT)
370
196
30/06
29/06
Juil. 16
372,75
373,25
déc. 16
383
383,5
Mars 17 390,25
391,25
riZ à chicago (eN ceNTs Par lb)
vol
jus d’orange
Juil. 16
sePT. 16
Nov. 16
30/06
29/06
aouT 16 174,25
176,75
Nov. 16
166,5
168
JaNv. 17 169
170
mais à chicago (eN ceNTs Par
boisseau)
Juil. 16
Nov. 16
JaNv. 17
96
Bois
seTTleMeNT seTTleMeNT
153
19
3926
caFé
new york (cont. n°2 - cents par lb)
seTTleMeNT seTTleMeNT
29/06
20,91
21,15
21,16
19,93
19,01
30/06
29/06
Juil. 16
445,75
429,5
22
sePT. 16
442
444,5
292
déc. 16
460,13
465,25
23
mais à paris (eN euros Par ToNNe)
Prix indicatif de l'organisation internationale du
café (cents us/livre) :
Prix composé : 131.49
Moyenne quinze derniers jours : 205.461
coTon
30/06
63,58
64,95
0
30/06
20,14
0
0
0
0
vol
vol
iNdice coTlook a : 76,15, le 30/06//16
Juil. 16
Oct. 16
Mars 17
Juil. 16
ocT. 16
Mars 17
Mai 17
Juil. 17
clôTure
30/06
29/06
sePT. 16
156,75
157
déc. 16
162
161,75
Mars 17 167,75
167,75
blé à chicago (eN ceNTs Par boisseau)
30/06
29/06
Juil. 16
210
205
sePT. 16
201,75
202,75
déc. 16
201
201,5
blé fourrager à londres
(eN £ Par ToNNe)
powernext gas futures
seTTleMeNT seTTleMeNT
clôTure
seTTleMeNT seTTleMeNT
nymex ( eN $ Par MbTu)
clôTure
vol
3880
4576
1648
1118
344
cacao
gaz naTureL
clôTure
clôTure
30/06
29/06
aouT 16 556,1
571,3
ocT. 16
553,8
568,1
déc. 16
550,2
564,5
Mars 17 548,8
561,3
Mai 17
533
546,1
new york (eN ceNTs Par lb)
Prix indicatif de l'organisation internationale du
cacao (dollars/tonne) : le 28/06/
Prix indicatif : 3058,2
londres (eN £ Par ToNNe)
uraniuM
30/06
clôTure
blé de meunerie n°2 à paris
(eN euros Par ToNNe)
vol
uranium nymex (en $ par lb)
clôTure
30/06
29/06
aouT 16 446,25
453,5
Nov. 16
454
465
13445
Mars 17 467,75
474,75
1761
Mai 17
472,75
481,25
937
Juil. 17
478,5
481,5
263
new york nymex wti (eN $ Par baril)
30/06
49,37
49,88
49,2
49,88
51,15
271,5
249
sPoT
céréaLes
20,81 cts/lb
londres (eN dollars Par ToNNe)
431,5
fuel
Fuel oil (hs 180)
Fuel oil (hs 380)
30/06
Nord da 14,14
30/06
29/06
Jour
49,5
50,15
aouT 16 49,5
50,15
22986
sePT. 16
51,32
50,96
londres-gaZole (eN $ Par ToNNe)
clôTure
sucre
london daily price:
powernext gas spot
londres-brent (eN $ Par baril)
clôTure
KuaLa LuMpur
clôTure
29/06
30,06
33,12
produiTs péTroLiers
clôTure
produiTs péTroLiers
rotterdam
(barges - Fob) (eN $ Par ToNNe)
gas oil 0.1% sul.
437,5
JuiN 16
aouT 16
éLecTriciTé
clôTure
9130-9135
9185-9190
381084
29/06
antimoine 99,65% (par tonne)
6500
6500
bismuth 99,99% (par lb)
4,3
4,3
cadmium 99,95% (par lb)
0,7
0,7
cobalt (cathodes) 99,80% (par lb)
11,05
11,05
eponge de titane 99,60% (par kg)
7,95
7,95
ferro manganese (hc) (par tonne)
635
635
ferro molybdene (par kg)
20
20
germanium (par kg)
1212,5
1212,5
selenium 99,50% (par lb)
7,5
7,5
silicium (par tonne)
1600
1600
nickel (en $ par tonne)
cash
3 Mois
vol.
30/06
0
29/06
195,5
reuTers coM. 2375,77
2382,41
Moodys coM. 5323,85
5289,42
or iNdusTriel 38334
38594
lMex
2343,8
2359,9
40 // FINANCE & MARCHÉS
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
DERNIER
DIVIDENDE NET
EN EUROS**
MONT. DATE
CODE ISIN
DéSIGNATION
DES VALEURS
VAL. UNIT DATE
HORS FRAIS DE LA
EN EUROS** VALOR.
DERNIER
DIVIDENDE NET
EN EUROS**
MONT. DATE
DéSIGNATION
DES VALEURS
LU0280430660 PICTET-CLEAN ENERGY
Mirabaud Asset Management
Tél. +41 58 816 20 20
www.mirabaud.com
[email protected]
LU0130728842 PICTET-EMERGING EUROPE
LU0689230778 MIR. - CONV BONDS EUR A EUR
129,53 30/06
LU0301152442 ÖKOWORLD KLIMA EUR
47,47 30/06
LU0928190510 MIR. - CONV.BONDS GLB A USD
108,98 30/06
LU0061928585 ÖKOWORLD ÖKOVIS.CL. EUR
141,63 30/06
LU0187024954 MIR. - EQ ASIA EX JAP A
168,84 30/06
LU1308314605 MIR. - EQ EUR. EX-UK S&M D GBP
113,05 30/06
OPTIGESTION
39, avenue Pierre 1er de Serbie
75008 PARIS
Standard : +33 1 73 11 00 00
Internet : www.optigestion.com
LU0800193780 MIR. - EQ GLB EMRG MKT A USD
87,79 29/06
LU1008513852 MIR. - EQ GLOBAL FOCUS A USD
94,21 30/06
LU0334003224 MIR. - EQ PAN EUR A CAP
107,16 30/06
FR0010106450 OPTIGEST MONDE
DI 158,22 29/06
LU0787970960 MIR. - EQ SPAIN A EUR
22,57 30/06
FR0010236760 OPTIGEST EUROPE
107,17 29/06
LU0636969866 MIR. - EQ SWISS SM&MID A
CODE ISIN
329,42 30/06
95,49 30/06
LU0862027272 MIR. - GLB HIGH YLD BDS A USD
110,24 30/06
LU1256186930 MIR. - GLB INV GRA BDS A EUR
103,01 30/06
LU0963986202 MIR. - GLB STRAT BOND A USD
107,15 30/06
LU0155303323 PICTET-ASIAN EQ. JAPAN
185,65 30/06
LU1308307815 MIR. - US SH. TERM CRD FD A USD
101,78 30/06
LU0090689299 PICTET-BIOTECH
563,93 30/06
DERNIER
DIVIDENDE NET
EN EUROS**
MONT. DATE
CODE ISIN
DéSIGNATION
DES VALEURS
VAL. UNIT DATE
HORS FRAIS DE LA
EN EUROS** VALOR.
69,78 30/06
160,38 30/06
LU0130729220 PICTET-EMERGING MKTS
453,71 30/06
LU0128490280 PICTET-EUR BONDS
554,44 30/06
LU0935268721 RAM (L) SF EM MKT CORE EQ
80,53 29/06
LU0704154292 RAM (L) SF EM MKT EQ
146,71 29/06
LU0375629556 RAM (L) SF EUROPEAN EQ
356,17 29/06
LU0128470845 PICTET-EUR CORP. BONDS
193,99 30/06
LU0167158327 PICTET-EUR SMT BONDS
134,11 30/06
LU0130731986 PICTET-EUROPEAN EQ. SEL.
531,11 30/06
LU0144509717 PICTET-EUROPEAN SUST. EQ.
217,79 30/06
LU1048876350 RAM (L) SF GB SHLDR YLD EQ
97,73 29/06
LU0128467544 PICTET-GLOBAL EMERG.DEBT
359,48 30/06
LU0705072691 RAM (L) SF L/S EM MKT EQ
118,89 24/06
LU0168449691 PICTET-GREATER CHINA
386,66 30/06
LU0188501257 PICTET-HEALTH
235,71 30/06
LU0705071701 RAM (L) SF L/S EUROPEAN EQ
139,91 24/06
LU0375630729 RAM (L) SF NORTH AM EQ
236,39 29/06
LU1074511459 RAM (L) TF CONV EUROPE
138,99 29/06
LU0176900511 PICTET-JAPANESE EQ. SEL.
DERNIER
DIVIDENDE NET
EN EUROS**
MONT.
DATE
267,24 30/06
LU0255798109 PICTET-EMERG LC DEBT
LU0070964530 PICTET-INDIAN EQ.
Pictet Asset Management
34, avenue de Messine 75008 Paris
Tél. : 01 56 88 71 00
www.pictetfunds.fr
LU1008513340 MIR. - GLB EQ HIGH INC A USD
VAL. UNIT DATE
HORS FRAIS DE LA
EN EUROS** VALOR.
CLASSIFICATION
VAL. UNIT DATE
HORS FRAIS DE LA
EN EUROS** VALOR.
CLASSIFICATION
DéSIGNATION
DES VALEURS
CLASSIFICATION
CODE ISIN
CLASSIFICATION
sicav//fcp
407,42 30/06
10434,76 30/06
LU0256846139 PICTET-SECURITY
185,42 30/06
LU0130732364 PICTET-SMALL CAP EUR.
924,06 30/06
LU0419186167 RAM (L) TF GB BD TOT RET
143,06 29/06
LU0256840108 PICTET-US EQ. SEL
174,38 30/06
LU0935723782 RAM (L) TF II ASIA BD TOT RET
132,3 29/06
LU0104884860 PICTET-WATER
257,92 30/06
Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP. Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI),
sicav luxembourgeoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DéSIGnAtIOn DES VALEURS».
carnet
fr
PORTRAIT
par Laurance N’Kaoua
[email protected]
DR
Marco
Pacchioni,
l’essence
dusuccès
Marco Pacchioni a le sourire des initiés : ce dirigeant au teint de miel est, à sa manière, un alchimiste. Son or ? 42.000 tonnes de végétaux transformés en huiles essentielles, parées de vertus :
minceur, beauté, circulation, articulations,
assainissement de l’air…
De Puressentiel, qu’il a cofondé en 2005 avec
son épouse, ce patron sportif de cinquante-deux
ans, a fait le leader européen de l’aromathérapie,
présent dans 68 pays avec près de 150 produits et
85 millions d’euros de chiffre d’affaires. En 2015,
un Spray 41 s’est vendu, en France, toutes les
douze secondes. « Mais Marco aurait réussi dans
n’importe quel métier : il a une énergie folle, une
vraie générosité et un instinct redoutable », estime
son ami, l’ancien rugbyman de l’équipe de
France, Denis Charvet. Justement, des métiers,
Marco Pacchioni en a eu plusieurs. A commencer par une activité d’import-export que ce fils
d’un mineur italien reconverti dans le BTP a lancée après avoir claqué la porte du lycée Lakanal,
qui le préparait à une carrière de rugbyman.
« J’ai toujours eu besoin d’être libre. C’est ma
limite », dit-il. D’Algérie, le jeune homme a
importé des pièces automobiles, de Taïwan, des
lunettes de soleil, sous la bannière de sa société
Pan International Trading Company dans le
Val-d’Oise. C’est là que sa famille s’installe après
SYNDICAT
PROFESSIONNEL
SYNDICAT DES FABRICANTS
DE BISCUITS ET GÂTEAUX DE FRANCE
Charles-Antoine
de Fougeroux
est élu président.
Charles-Antoine de Fougeroux,
quarante-six ans, diplômé de
l’école d’agriculture d’Angers et
de Reims Management School,
ingénieur en agriculture et titu-
d’innombrables déménagements au gré des
chantiers de son père : sa mère y sera facteur, il y
sera adolescent.
Fonder sa société, c’est aussi pour ce touche-àtout, né à Givet, dans les Ardennes, l’occasion de
sillonner le monde. Il a dix-huit ans. Et déjà,
l’envie de croquer l’existence. « Ce qui me motive,
c’est de créer des choses », dit ce communicant
dans l’âme, qui a fait ses armes à l’Institut Georges Chetochine, un des papes du marketing disparu en 2010.
« Seul dans Berlin »
Mais c’est en 1985, lorsqu’il rencontre celle qui
deviendra son épouse que sa carrière bascule.
IsabellePacchionitravaillealorsdanslacréation
publicitaire. L’univers le fascine. Marco Pacchioni, trop fougueux pour gravir les échelons
d’une agence, monte, bientôt, sa propre société
d’événementiel et de communication audiovisuelle… Le groupe Master produira, outre des
films d’entreprise, « Graines de stars » ou encore
des sujets pour « Combien ça coûte » sur M6.
Plus tard, ce fan de cinéma produira aussi de
longs-métrages, dont « Bye Bye Blondie », de Virginie Despentes, ou « Seul dans Berlin », une
« histoire magnifique, interprétée par Emma
Thompson et Daniel Brühl, sur fond d’Allemagne
laire d’un executive MBA, dirige
depuis six ans la Maison Fossier.
Il avait intégré Biscuits Fossier en
2002 comme ingénieur production avant d’être promu directeur
de production en 2005.
ENTREPRISES
AST GROUPE
Olivier Lamy
est promu directeur général
délégué d’AST Groupe. Il a, par
nazie », qui sortira cet automne. En 1993, son
intuition le rattrape. Son épouse est la fille d’un
naturopathe et d’une herboriste. Et tandis qu’elle
prodigue ses remèdes à leurs trois enfants, les
clients du groupe Master, nombreux, dit-il, dans
l’industrie pharmaceutique, familiarisent
Marco Pacchioni avec les attentes des consommateurs en matière de santé. De quoi inciter le
couple à lancer la société de compléments alimentaires Physcience. Histoire, pour eux, de
vivre l’aventure en famille. Car aux yeux de
MarcoPacchioni,quivientderacheterlamaison
de Toscane où sont nés son père et ses aïeux, le
clan est essentiel.
D’ailleurs, son épouse, une sœur, son neveu et
deux de ses trois enfants développent Puressentiel à ses côtés. « C’est une marque 100 % familiale
et 100 % internationale », assure son président,
qui a pour livre de chevet « Le Soleil des Scorta ».
« J’ai choisi mes collaborateurs. Ce sont les mêmes
depuis trente ans », dit cet affectif, qui s’avoue,
dans un sourire, un brin superstitieux. En 2003,
les Pacchioni revendent Physcience. Mais en
matière de santé, le pli est pris. Aujourd’hui
encore, c’est surtout l’eau plate qui accompagne
les repas de ce fan de ski de randonnée et fin cuisinier. Ni sucre ni cigarette. Seulement un, puis
deux cafés serrés. Sang italien oblige.
Dans son bureau du boulevard Exelmans, qui
fut celui de Claude François, comme le rappellent des graffitis sur la façade, sont exposés, près
d’une boîte de thé au thym, un ballon de rugby
signé Johnny Wilkinson et les baskets dédicacéesdeTonyParker,partenairesdePuressentiel.
Pas d’ordinateur. Quelques Post-it et un téléphone portable suffisent à ce patron atypique,
qui aime David Bowie, Radiohead et le peintre
Soulage.Laforcedesonentreprise ?Avoirconçu
des mélanges d’huiles essentielles prêtes à
l’emploi. « Nous avons redonné vie à cette science
ancestrale. Auparavant le marché était archaïque », précise Isabelle Pacchioni, qui veille à la
R&D. La prochaine étape ? Faire de Puressentiel
une marque mondiale. Marco Pacchioni va vite.
Déjà, son groupe est partenaire du World Rugby
qui se déroulera en 2019, au Japon. n
ailleurs, été nommé
administrateur du groupe.
Olivier Lamy, quarante-deux ans,
diplômé de l’ESC Dijon, a débuté en
1998, comme auditeur chez PwC. Il
devint ensuite senior business
analyst chez Worldcom puis auditeur senior chez Arthur Andersen
et enfin, de 2002 à 2013, senior
manager en audit chez Deloitte. Il
avait intégré AST Groupe en 2013,
en tant directeur administratif et
financier.
DEEZER FRANCE
Guillaume Pfister
est nommé development
& coordination manager.
Guillaume Pfister, trente ans,
ancien élève de l’ENS, est diplômé
de l’université de Cambridge et de
HEC Paris. En 2010, il a travaillé
a u c a b i n e t d e Fr é d é r i c M i t terrand, ministre de la Culture et
d e l a C o m m u n i c a t i o n ava n t
d’être, en 2011, conseiller auprès
de Patricia Barbizet chez Arté-
mis. Plus récemment, il était
directeur adjoint du Forum d’Avignon. Il est, par ailleurs, maître de
conférences à l’Institut d’Etudes
politiques de Paris depuis 2013.
NATIXIS ASSURANCES
Nathalie Broutèle
Christophe Le Pape
deviendront responsable
du métier assurances non-vie
et responsable du métier
assurances de personnes,
à compter du 1er novembre
prochain.
Nathalie Broutèle, cinquantedeux ans, est diplômée de Neoma
Business School. Directeur marketing et communication de
Fructivie (filiale des Banques
Populaires) dès 1991, elle a ensuite
exercé plusieurs fonctions dans
le contrôle de gestion, les services
clientèles et les systèmes d’information. Elle a été nommée directrice générale adjointe en 2003,
puis directrice générale en 2006
de Natixis Assurances. Entrée au
comité exécutif de Natixis en
2010, elle a pris la responsabilité
du métier assurances de personnes du pôle assurances quatre
ans plus tard.
Christophe Le Pape, quarantecinq ans, diplômé de l’Isfa, est
titulaire du DESE actuariat du
CNAM et de l’executive MBA de
HEC. Après des débuts chez
KPMG Peat Marwick en 1999, il a
pris la responsabilité du département financier de La Mondiale
Partenaire en 2000. En 2005, il a
rejoint le comité de direction de
Natixis Assurances comme
directeur du département gestion actif-passif, puis, en 2012, le
comité exécutif de Natixis Assurances comme directeur de la
stratégie, investissements, risques et ingénierie financière. En
2013, il est devenu directeur
général adjoint de Natixis Assurances. En 2015, il est devenu
directeur général délégué de
BPCE Vie et BPCE Prévoyance et
directeur général de BPCE Relation Assurances.
, Envoyez vos nominations à
[email protected]
M
Retrouvez chaque lundi
les personnalités business
de la semaine dans notre cahier
« Les Echos Business »
ILS SONT NÉS
UN 1ER JUILLET
François Auque, ex-président
directeur général d’Astrium,
60 ans.
Jean-Michel Beigbeder,
président de Cheverny
Partners, 78 ans.
Leslie Caron, actrice, 85 ans.
Stephan Caron, champion
d’Europe de natation,
managing director
de BlackRock, 50 ans.
Christian Estrosi, ex-ministre,
ancien maire de Nice, 61 ans.
Jean-Paul Gut, président
d’Armat Group, 55 ans.
Olivia de Havilland, actrice,
100 ans.
Bernard Laporte, ancien
secrétaire d’Etat chargé des
Sports, entraîneur de rugby,
ex-sélectionneur du XV
de France, 52 ans.
Pierre Laurent, sénateur,
secrétaire national du PCF,
59 ans.
Carl Lewis, ex-recordman
du monde du 100 m, 55 ans.
Léa Seydoux, actrice, 31 ans.
Jude Stéfan, poète, 86 ans.
Frédéric Thiriez, ex-président
de la Ligue de football
professionnel, 64 ans.
Amélie Verdier, secrétaire
générale de l’Assistance
publique-Hôpitaux de Paris,
39 ans.
VENDREDI 1ER ET SAMEDI 2 JUILLET 2016
PATRIMOINE.LESECHOS.FR/
avec
ÉPARGNE // Rendements faibles, risques sur le capital garanti, moindre liquidité, choix
de supports réduits à la portion congrue… Les nuages s’accumulent sur l’assurance-vie.
Marie-Christine Sonkin
@mcsonkin
HCR pourrait, en cas de nécessité,
« suspendre ou restreindre temporairement la libre disposition de tout
ou partie des actifs ».
Des dispositions qui signeraient
la fin de la liquidité de nos contrats,
une de leur qualité essentielle.
S
ale temps pour l’assurancevie.Labaisseinéluctabledes
taux bouleverse un système
qui a pourtant prouvé sa solidité
depuis des décennies. Plusieurs
menaces pèsent sur nos contrats
à plus ou moins long terme.
Décryptage.
1
OUVERTE ?
CHUTE DES RENDEMENTS
Facts & Figures, cabinet de
conseil en stratégie et en management spécialisé sur le secteur de
l’assurance, anticipe pour 2016 un
taux moyen (net de frais et brut de
prélèvements sociaux) de 1,95 %.
« Un tel niveau de taux servi resterait
encore extrêmement élevé pour un
placement sans risque pour l’épargnant, précise le cabinet dans son
dernier baromètre de l’épargne-vie
individuelle. L’inertie de rendement
des fonds en euros se retourne contre
eux en incitant les épargnants à
continuer à y investir. »
Et c’est là que le piège se referme.
Les investisseurs acceptent ce rendement très bas car, en contrepartie
de cette faible rémunération, ils
accèdent au Graal des épargnants
français :lasécurité. Sur les fonds en
euros, le capital est garanti (lire
encadré). Mais cette garantie est
relative. D’une part, elle ne porte que
sur le rendement facial et pas sur le
rendement réel (inflation déduite).
Mais surtout, cette garantie porte
sur une participation aux bénéfices
après prélèvement des frais. En
moyenne, ils tournent autour de
0,6 %pourlesfondseneuros.Même
en imaginant des frais d’entrée nuls,
il suffirait que les rendements soient
inférieurs à 0,6 % pour que les fonds
en euros ne rapportent plus rien,
voirepassententerritoirenégatif.Ce
n’est pas impossible. Depuis le
Brexit, le rendement de l’OAT 10 ans
a plongé à 0,23 % au 29 juin. Le risque diffère en fonction des contrats.
« Dans la plupart d’entre eux, il est
prévu que les frais soient prélevés
après avoir déterminé la participation aux bénéfices revenant à l’assuré.
Cequi,aupire,rendraitlerésultatnul.
Mais plusieurs sociétés ont déjà prévu
de prélever les frais de gestion en
B
3 FIN DE L’ARCHITECTURE
amont de cette distribution. Ce qui
permettrait aux compagnies de piocher le cas échéant dans l’épargne des
assurés, explique Nicolas Peycru,
conseiller en gestion de patrimoine.
Les compagnies qui distribuent des
contrats collectifs [par l’intermédiaire d’un distributeur personne
morale] peuvent d’ailleurs modifier
les conditions générales des contrats
encesenssansavoiràdemanderl’avis
du souscripteur final. Plusieurs
d’entre elles auraient déjà procédé à
cette modification. Ce n’est pas le cas
pour les contrats souscrits individuellement, où l’accord de l’assuré est
nécessaire. »
2 DOUTES SUR
LA LIQUIDITÉ
Le contexte est tellement compliqué que le Haut Conseil de stabilité
financière (HCSF), dans un communiqué du 13 juin dernier, tire la
sonnette d’alarme. « Le HCSF
estime que l’ajustement à la baisse
des rémunérations des contrats
d’assurance-vie intervenu en 2015 a
été insuffisant au regard des circonstances macroéconomiques et financières actuelles et, en particulier, des
rendements prévisibles des actifs
Les 3 contrats types
Les fonds en euros à capital
garanti. C’est l’assureur qui
assume le risque de la volatilité
des marchés et les gains
engrangés chaque année sont
définitivement acquis. C’est ce
qu’on appelle l’effet de cliquet.
l Les multisupports. Ils offrent
généralement un fonds en euros
et des unités de compte ou UC
(sicav, FCP, parts de SCPI ou de
SCI) dont la valeur varie à la
hausse ou à la baisse. Leur
rendement potentiel est
supérieur à celui de fonds en
euros, mais les UC peuvent
engendrer des pertes en capital.
l Les contrats eurocroissance.
Ils peuvent comporter des fonds
en euros, des UC et des fonds
eurocroissance. Ces fonds
garantissent en totalité ou en
partie le capital, mais seulement à
une échéance d’au moins 8 ans.
Avant cette échéance,
l’épargnant peut retirer de
l’argent mais ils ne bénéficient
alors pas de cette garantie.
Leur succès est très mitigé.
l
sous-jacents. Il rappelle la nécessité
de poursuivre la mise en adéquation
des rendements des produits d’épargne avec l’environnement financier
actueletlaprudencequidoitprésider
à leur détermination pour garantir
la solidité des acteurs. »
En outre, en cas de remontée des
taux, une menace pèse sur les assureurs. La plupart des contrats prévoient des retraits libres. Si les taux
viennent à remonter, l’énorme inertie des fonds en euros ne permettra
pas aux compagnies à la tête de
paquebots, c’est-à-dire d’énormes
portefeuilles obligataires à taux faibles, de servir rapidement des rendements compétitifs. Il sera alors
trèstentantpourlesassurésdequitter le navire pour placer leur épargne sur des supports plus rémunérateurs.
A grande échelle, cette réaction
pourrait mettre en péril l’équilibre
financier des assureurs. Pour prévenir ce danger, un amendement à
la loi Sapin 2 prévoit la possibilité de
« suspendre, retarder ou limiter,
pour tout ou partie du portefeuille, le
paiement des valeurs de rachat, la
faculté d’arbitrages ou le versement
d’avances sur contrat ». En outre, le
Le chiffre
de la semaine
LA MAISON
DE LA SEMAINE
2,7 m2
0Maison d’architecte à Pessac
Cette belle propriété appartenant à l’ex-footballeur Lilan
Laslandes est située à 7 km de
Bordeaux en lisière de forêt.
D’AUGMENTATION
DE POUVOIR D’ACHAT
IMMOBILIER
0Une piscine à débordement
La villa de 400 m² se compose de
5 chambres, dont une belle suite
parentale avec jacuzzi. Des dalles
en verre, dans le séjour, laissent
voir une vaste cave à vin enterrée.
0Prix
1.700.000 euros
DR
Retrouvez la maison
de la semaine sur
a lesechos.fr/patrimoine
Autre grande qualité de nombreux
contrats multisupport : leur architecture ouverte. Ils offrent un très
grand choix de fonds, sicav, SCPI,
SCI… de quoi bâtir des produits sur
mesure, adaptés à la situation de
chacun. Mais cette belle liberté
pourrait être mise à mal par la nouvelle réglementation européenne
sur les documents d’information
clefsrelatifsauxproduitsd’investissement de détail, dite « PRIIPs »
(Packaged retail and insurancebased investment products). « Jusqu’à présent, explique Sonia Fendler, présidente d’Expert & Finance
et membre du comex de Generali
France,l’obligationétaitdefournirle
document d’informations clefs pour
l’investisseur (DICI) pour les seules
unités de comptes souscrites par
l’assuré. Avec les PRIIPs, il faudra
fournir avant la souscription des
documents sur toutes les UC, que
l’assuréleschoisisseounon »,regrette-t-elle.
Sur 4 pages, sera entassée une
foule d’informations et de simulations intégrant plusieurs scénarios,
favorables ou défavorables et le calculdeniveauxderisqueintégrantle
risque de l’UC et le risque crédit de
l’assureur. « Pour le contrat Himalia
par exemple, il faudra fournir un
document de 1.600 pages ! Il sera
impossible de s’y retrouver pour
l’assuré et la comparaison entre
contrats deviendra très difficile. En
outre, cette nouvelle obligation renchérira les frais de gestion. La solution serait alors de réduire de façon
drastique le nombre de supports proposés, d’autant qu’il faut prévoir
l’enrichissementfuturchaqueannée,
ce qui mettrait à mal l’architecture
ouverte de nombreux contrats »,
déplore Sonia Fendler.
La nouvelle réglementation doit
entrer en vigueur le 1 e r janvier
2017. n
C’est ce qu’ont gagné en moyenne les Français entre juin 2015
et juin 2016, soit une hausse de
3,4 % de capacité d’achat, selon
les chiffres de la Fnaim. La baisse des prix (–1,1 %), conjuguée
à la chute des taux d’emprunt
(–0,2 %) en sont les principaux
facteurs.
Plus d’informations sur
lesechos.fr/patrimoine
DR
Les3menaces quipèsentsur
votrecontratd’assurance-vie
LA CHRONIQUE
DU FISCALISTE
— PIERRE DEDIEU
Avocat associé, CMS
Bureau Francis Lefebvre
Dela bonnegestion
descessions
de titresau regard
de l’« exit tax »
L’« exit tax » s’applique aux
plus-values sur titres constatées la veille du départ, par les
résidents français qui transfèrent leur domicile fiscal à
l’étranger. Pour éviter le suivi
déclaratif annuel requis par ce
dispositif, de nombreux contribuables font le choix de céder
l’ensemble de leur portefeuille
avant leur départ et d’acquitter
l’impôt correspondant en tant
que résidents français.
Cette stratégie est séduisante
pour les personnes qui disposent de moins-values reportables ou dont le portefeuille
titres recèle des moins-values
latentes.
Elles auront en effet intérêt
à liquider tout ou partie de ce
portefeuille avant leur départ
deFranceafindepouvoirimputer ces moins-values sur les
plus-values ainsi réalisées.
Attention au surcoût
d’une cession anticipée
A défaut, l’« exit tax » ne s’appliquera que sur les plus-values
brutes, sans possibilité de tenir
comptedesmoins-valueslatentes.
Il convient toutefois d’intégrer dans le raisonnement
l’éventuel surcoût résultant
d’une cession anticipée. En
effet, si l’abattement correspondant à la durée de détention au
jour de la cession excède celui
applicable au jour du départ,
alors la plus-value imposable
dans le cadre de l’« exit tax »
sera réduite par application de
l’abattement plus élevé (même
si, entre-temps, la valeur du
titre a augmenté).
Pour les titres détenus depuis
moins de deux ans au jour du
départ, il peut ainsi s’avérer
opportun de les conserver afin
de pouvoir bénéficier d’un abattement d’au moins 50 %. n
4
À
RETENIR
Face aux contraintes
•déclaratives
attachées
au suivi de l’« exit tax »,
certains contribuables
préfèrent céder
l’intégralité de leurs
titres avant leur
départ de France.
Pourtant, ce choix
n’est pas toujours
opportun.
42 // PATRIMOINE
IMMOBILIER
– 33,70 %
FONDS MATIÈRES
PREMIÈRES-ÉNERGIE
Malgré un sursaut du pétrole,
le secteur des matières
premières et de l’énergie
Le baromètre
des fonds
continue sur fond de crainte
sur la croissance mondiale.
Les fonds dédiés perdent
33,70 % sur un an.
+51,13 %
FONDS ACTIONS SECTEUR
MÉTAUX PRÉCIEUX
Après plusieurs années noires,
c’est le retour en grâce de l’or,
l’argent, le platine, le palladium.
Le métal jaune, particulièrement, fait office de valeur refuge. Les fonds dédiés gagnent
51,13 % sur 12 mois.
Morningstar 29 juin 2016
Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016 Les Echos
En berne depuis cinq ans, le marché immobilier de vacances redémarre doucement. Malgré cette embellie
récente sur la Côte d’Azur, les prix ne remontent toujours pas, certains secteurs continuent même de baisser.
Achetersurla Côte d’Azur
E
n ce début d’été, le beau
tempsrègnesurlesplagesde
la Côte d’Azur. C’est moins
vrai pour le marché immobilier
local. Après cinq ans de baisse
continue, les prix des résidences
secondaires de bord de mer restent
toujours au creux de la vague. « La
méforme de ces ventes n’est pas
neutre sur l’ensemble du marché.
Ces transactions représentent un
tiers de l’activité immobilière de la
région », précise Gérard Mézou,
président de la Fnaim Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Cinq ans de recul des prix
D’après les calculs de MeilleursAgents, les diminutions de prix sur
cinq ans (période 2011-2016) sont
légion et concernent toutes les stations. Les baisses cumulées les plus
sévères sont relevées à Carry-leRouet (–12 %), à La Ciotat (–11,4 %), à
Bormes-les Mimosas (–10,6 %) et à
Cagnes-sur-Mer (–7,9 %). Les stationschicsetchèresdelaRivieraont
aussi accusé le coup, mais de façon
plus nuancée. C’est le cas du
Cap-d’Ail (–2 %), d’Antibes (–2,2 %)
et de Saint-Tropez (–6,3 %). Tous les
types de biens ont été touchés, du
standard au luxe, en passant par le
haut de gamme. Les prix des appartementsenfrontdemeretdesbelles
villas les pieds dans l’eau ont relativement peu baissé car, en fait, ils
n’ont pas trouvé preneur. « Ces trois
dernières années, les replis moyens,
tousbiensconfondus,ontétécompris
entre 8 et 15 %. C’est parfois davantage dans certaines stations balnéaires dotées d’une forte concentration
de maisons de vacances », indique
Gérard Mézou.
Mais, sur un an, le ciel s’éclaircit.
Selon des statistiques du site
MeilleursAgents, la grande majo-
Exemples
de transactions
Bandol (83)
Villa 2007, 200 m2, piscine,
604.000 euros.
l Cannes (06) Secteur
Californie, 4 pièces de 90 m2,
terrasse de 20 m2,
1,06 million d’euros.
l Fréjus (06) Villa de 300 m2,
1.900 m2 de terrain,
pieds dans l’eau,
3,8 millions d’euros.
l Cap-d’Ail (06) 2 pièces
de 45 m2, vue mer, terrasse,
parking, 350.000 euros.
l Hyères (83) 3 pièces
de 65 m2, terrasse de 15 m2,
200.000 euros.
l Juan-les-Pins (06)
2 pièces de 42 m2, terrasse de
10 m2 plein sud, étage élevé
face mer, 395.000 euros.
l Le Lavandou (83)
3 pièces de 70 m2, terrasse
de 20 m2, à 300 mètres
de la plage, 280.000 euros.
l Mandelieu-la-Napoule
(06) 2 pièces de 54 m2, avec
travaux ; vue mer, garage,
515.000 euros.
l Mougins (06)
Villa de 500 m2, terrain
de 3.000 m2, piscine,
4,7 millions d’euros.
l Saint-Raphaël (83)
3 pièces neuf de 75 m2,
400.000 euros.
l Cogolin (83) Villa de 240 m2,
terrain de 10.000 m2,
1,2 million d’euros.
l
rité des stations balnéaires du Var,
des Bouches-du-Rhône et des
Alpes-Maritimes accuse seulement
une légère baisse des valeurs (de
juin 2015 à juin 2016). Les reculs les
plus importants – très modestes –,
sont relevés à Saint-Jean-Cap-Ferrat (–2,3 %), Menton (–0,1 %) et Fréjus (–0,1 %). Au Lavandou, les
valeurs sont étales et quelques stations enregistrent de faibles hausses comme Bandol (+0,6 %) ou
Saint-Tropez (+0,4 %).
Pour de nombreux agents immobiliersexerçantdanslescommunes
touristiques du littoral méditerranéen, ces faibles variations annuelles des prix semblent sonner la fin
d’une mauvaise passe. « Le nombre
de transactions est en augmentation
régulière depuis novembre dernier »,
indique Fabienne Mayol de l’agence
Century 21 Sun Riviera, à Juan-lesPins. Cette animation plus importante se traduit également par
davantage de demandes de renseignements et de visites. « Depuis ces
huit derniers mois, il y a un retour
confirmé des acheteurs de résidences
secondaires », complète Nathalie
Genet, directrice de l’agence Guy
Hoquet à Hyères. « Ceux qui prospectent saisissent les opportunités du
moment. Ils profitent à la fois de la
baissedesvaleursetdestauxd’intérêt
des crédits immobiliers », ajoute
Diane Yvon de l’agence Orpi Valescure Immobilier à Saint-Raphaël.
Vent de reprise
« On a l’impression que, dans cette
conjoncturemorosequis’éternise,les
gens ont choisi de se faire plaisir. Plutôt que de laisser leur argent en banque, qui ne rapporte presque plus
rien, ils ont envie d’investir dans de la
pierre située dans un cadre attrayant
qui ne peut que se valoriser compte
D
Cinq points à vérifier
avant de signer
L’accessibilité
•Proximité
de la mer, des
commerces et des transports.
Les nuisances sonores
•Attention
à l’animation
à la terrasse des cafés
et à une circulation importante.
Le montant des charges
Elevé pour les appartements
dans des résidences avec
piscine, tennis, espaces verts
et gardien.
Les travaux Pour les biens
des années 1960 et 1970, les
travaux de réfection des parties
communes peuvent être
coûteux (toiture, piscine, etc.).
Le stationnement
Difficile en période estivale.
Un emplacement est un gros
plus.
•
•
•
tenu de la baisse des valeurs », commente Julie Fehringer, de l’agence
C21 Marina Immobilier à Mandelieu-la-Napoule. Ce récent sursaut
de la demande concerne aussi bien
les petites surfaces (studios et 2 pièces) que les grandes (3 pièces et
plus, villas). Cette tendance nouvelle n’a toutefois pas eu d’effet sur
les prix, qui restent encore en
berne. Certains acteurs du marché
confient même que la côte continue
de baisser, sauf pour des biens rares
ou exceptionnels, sans défauts
(bonne exposition, étage élevé, terrasse) avec une vue sur la mer et/ou
les pieds dans l’eau. « Dans l’immobilier de prestige, il semble que l’on se
situe aujourd’hui plutôt en bas de
cycle », avance Laurence Chaleil,
directrice générale de l’agence
S o t h e b y ’s C ô t e d ’A z u r.
« Aujourd’hui, le marché est actif
pour des biens entre 1,5 et 5 millions
d’euros, mais moins animé pour des
budgets plus élevés », ajoute cette
dernière.
Moindre présence
des étrangers
Si les acheteurs français sont à nouveau actifs sur le marché de la résidencesecondaire,laclientèleétrangère, traditionnellement friande de
villégiatures sur la Côte d’Azur,
reste timide. C’est l’ombre qui subsiste sur ce marché immobilier, qui
a été longtemps porté par le dynamisme de ces acquéreurs. « Les
acheteurs non français, qui représentaient, il y a cinq ans, une clientèle
régulière non négligeable, animant le
marché d’immobilier de loisirs, a
fondu depuis trois ans. Depuis quelques mois seulement, elle commence
à revenir, mais tout en douceur »,
indique Vanessa Choplet, de
l’agence Guy Hoquet à Cagnes-surMer. Les Scandinaves et les Britanniques sont aujourd’hui les plus
présents. En revanche, les Russes et
les Italiens ont disparu du paysage
immobilier.QuantauxAméricains,
ils sont encore peu nombreux.
Dans le haut de gamme, même
constat. « Les Russes, qui avaient un
fort pouvoir d’achat dans le luxe, se
sont retirés du marché. Avec des budgets moindres, les Français sont plus
présents et profitent du réajustement
général des prix », explique Laurence Chaleil. « Le manque d’étrangers continue de peser sur le marché
du haut de gamme », précise Dominique Naudes, directrice de Barnes
Immobilier à Cannes.
— Laurence Boccara
Commentnégocier
aumieux ?
Face à des vendeurs
qui campent sur leurs
positions, comment obtenir
un rabais ?
Signe que ce marché azuréen de la
résidence secondaire n’a pas complètement retrouvé sa fluidité : les
délais de vente restent longs. De 3 à
5 mois il y a encore quatre ans, ils
sont aujourd’hui souvent compris
entre 6 et 12 mois, voire davantage. Il
faut dire que le marché de la résidence secondaire est singulier. Les
vendeurs n’ayant souvent pas un
besoin urgent de céder, ils n’hésitent
pas à laisser plusieurs mois d’affilée
leur bien sur le marché à « des
niveaux de prix exorbitants ».
D’ailleurs, « on dispose de beaucoup
de biens à vendre depuis un an, voire
deuxans,quisontdanscecas »,constate Eric Hélo, directeur de l’agence
ERA, de Bormes-les-Mimosas.
Propositions agressives
Lorsqu’il s’agit d’une résidence
secondaire, la phase des négociations s’avère complexe. Cependant,
lemarchédelarésidencesecondaire
sur la Côte d’Azur étant mal en point
depuiscinqans,lespropriétairesqui
ont besoin de boucler la transaction
consentent, après plusieurs années
de résistance, à lâcher du lest.
D’autant plus que les biens sur le
marchésontnombreux :« L’offreest
encore importante. On est dans un
marché d’acheteurs. Ces derniers ont
le choix et ont la main lors de la phase
denégociation »,reconnaîtEricHélo.
Dans cette configuration plutôt
déséquilibrée, certains acheteurs
opportunistes n’hésitent pas à faire
des propositions agressives de 20 à
30 % en dessous du prix annoncé.
Parfois cela casse, d’autres fois cela
passe. Ainsi, un 3 pièces de 40 m2
à Juan-les-Pins, proposé à
219.000 euros, est parti au bout de
trois ans à 170.000 euros. Même histoire pour une maison de ville avec
vue sur la mer à Cannes, dans le
quartierdelaCroixdesGardes.« Elle
s’est adjugée 20 % en dessous du prix
proposé, soit 420.000 euros de moins,
c’est beaucoup », indique Laurence
Chaleil,directricegénéraledeSotheby’s Côte d’Azur.
Il semblerait toutefois que l’ère
des décotes importantes s’achève.
« Si le bien est au prix du marché, il
part vite », indique Kim Sauzé de
l’agence Orpi Paris-Mer à Bandol.
C’est le cas d’une maison à Cogolin.
Mise en vente le lundi, elle a trouvé
preneur le mardi au prix de présentation, soit 345.000 euros.
Payer cash
Dans une négociation, l’atout
gagnant dont dispose un acheteur
c’est sa faculté à payer comptant la
transaction. C’est pour le propriétaire un gain de temps dans la transaction car cela ôte la condition suspensive liée à l’octroi du crédit.
Or, sur la Côte d’Azur, ce scénario
est assez fréquent. « Des acheteurs,
français et les rares étrangers, n’hésitent pas à payer cash leur bien
de vacances », reconnaît Pascale
Peruccio, de Guy Hoquet à Vallauris. — L. B.
MARCHÉ DE L’ART
Sotheby’s
en bref
VENTE : LES ARTS PREMIERS
ATTEIGNENT DES SOMMETS
DEGAS : « TROIS DANSEUSES
EN BUSTE » AUX ENCHÈRES
Une vente d’arts d’Afrique et
d’Océanie a totalisé 11,1 millions
d’euros chez Sothebys le 24 juin
à Paris. Record de la vente, le Masque-double a été adjugé 5,4 millions, soit le deuxième plus haut
prix pour un masque d’Afrique.
Un dessin d’Edgar Degas saisi
par les nazis et rendu début mai
aux ayants droit de son ancien
propriétaire sera vendu le
10 juillet par la maison Osenat
à Fontainebleau. Il est estimé
entre 350.000 et 450.000 euros.
Rubens :chefs-d’œuvreet
tableauxd’ateliermisàprix
LE CONSEIL
DU NOTAIRE
Toujours dans la vente de Christie’s, « Vénus suppliant Jupiter »,
une étude sur panneau de Rubens,
est estimé 1,2 million de livres.
Sotheby’s présente, le 6 juillet,
« Diane et ses nymphes chassant »,
une toile de 3,80 mètres de long,
exécutée par son atelier et estimée
300.000 livres. Sa provenance est
prestigieuse puisque c’est une commande du roi Philippe IV d’Espagne
pour son pavillon de chasse.
Le 10 juin dernier, à Drouot,
l’étudeFerriavendupour1,9million
d’euros une huile sur panneau « Le
Jugement de Pâris », estimée
6.000 euros et considérée comme
un atelier de Rubens par l’expert
Eric Turquin. Commentaire de
Georges de Jonckheere : « Certains
marchands dans le métier se disent
découvreurs. Ils prennent un risque
en achetant un tableau, dont ils
croient en la paternité. » De même,
en 2013, Sotheby’s avait vendu pour
626.500 dollars (estimation :
20.000 dollars) le portrait d’une
jeune femme, la fille du peintre,
Clara Serena, qui était la propriété
du Metropolitan Museum de New
York. L’œuvre était alors considérée
comme une copie contemporaine
de la vie de l’artiste. Par la suite, elle a
été réattribuée à Rubens et exposée
en 2015 à la Rubenshuis d’Anvers.
DR
Les 6 et 7 juillet, à Londres, Sotheby’s et Christie’s vendent des Rubens de différentes qualités avec des prix
divers, dans un contexte avantageux de chute de la livre.
Quand le mariageseconjugue
àl’international,quel régimematrimonial ?
— ARLETTE DARMON
Notaire à Paris, présidente
du Groupe Monassier,
réseau notarial
Dansunmondequi bougeou plutôt dans un monde où les personnes bougent, il est devenu courant de rencontrer des unions
présentant un élément d’extranéité. Mais s’il est assez facile de
déterminer le régime matrimonial des époux dans un contexte
franco-français, en présence d’un
élément d’extranéité, les choses
se compliquent et parfois même
très fortement.
Elles peuvent rester simples si
les époux ont établi un contrat de
mariage. Ils seront alors soumis à
la loi et au régime matrimonial
choisis dans leur contrat de
mariage. Mais en l’absence de
contrat, la détermination du
régime matrimonial devient
moins aisée.
Encore des zones d’ombre
« Loth et ses filles », un Rubens avéré, est estimé 20 millions de livres. Photo Christie’s Images Ltd, 2016
B
ien avant Andy Warhol, qui
rêvait de devenir une
machine à produire de l’art,
l’Anversois Pierre-Paul Rubens
(1577-1640), géant de l’histoire de
l’art, avait, lui, mis en place une
grande usine à peinture. Les 6 et
7 juillet prochains, Sotheby’s et
Christie’s mettent en vente, à Londres, pas moins de cinq tableaux
qui comportent le nom de Rubens.
Soit qu’ils soient définitivement
considérés comme de la main du
maître, soit qu’ils aient été réalisés
par son atelier. Les écarts de prix
d’estimation, colossaux – entre
30.000 et 20 millions de livres –
entrelesdifférentslots,s’expliquent
par les circonstances dans lesquelles les œuvres ont été exécutées.
En fait, il existe des Rubens réellementcréésparl’artistevirtuose,et
d’autres, très nombreux, exécutés
par ses employés. Rubens, qui possède un grand atelier qu’on peut
toujours visiter à Anvers, emploie
*
beaucoup de petites mains. Il procède même par division du travail.
Aujourd’hui, c’est un institut anversois situé derrière la maison de
Rubens, le Rubenianum, qui fait foi
sursaproduction.« 99 %desspécialistes de Rubens font partie de ce
comité très sérieux », explique le
marchand de tableaux anciens hollandais, installé à Paris, B ob
Haboldt. « L’approximation du
débutduXXe siècleenmatièred’attribution de Rubens n’a plus cours »,
ajoute un autre marchand, spécialiste de l’art flamand, installé à Paris
et Genève, Georges de Jonckheere.
Un talent précurseur
Le Rubens le plus attendu de la saison – et qui ne souffre aucune polémique sur sa paternité – est
une peinture de grand format
(190 × 225 cm), estimée 20 millions
de livres. « Loth et ses filles » donne
à voir le personnage biblique en état
d’ébriété, séduit par ses filles qui
veulent assurer la descendance de
la famille alors qu’ils ont fui
Sodome. La virtuosité de Rubens
dans la représentation des corps
nus s’y exprime particulièrement
bien. La psychologie des personnages est aussi finement exprimée.
Paul Raison, le directeur du département des tableaux anciens chez
Christie’s, à Londres, souligne que
l’œuvre a un impact visuel très fort.
Un élément clef auprès des collectionneurs d’aujourd’hui. « La représentation des corps nus tels qu’on les
connaît chez Lucian Freud et chez
Francis Bacon vient en droite ligne de
Rubens, ajoute l’expert. On peut
d’ailleurs imaginer qu’un collectionneurd’artmoderneoucontemporain
soit intéressé par cette peinture. »
Cette œuvre importante, mais
méconnue, a appartenu au duc de
Marlborough, l’ancêtre de Churchill,avantd’intégrerlescollections
delafamilleHirschetderesterdans
la descendance.
« C’est un artiste dont le corpus
d’œuvres réserve encore des zones
d’ombre »,estimelemarchandprivé
parisien Etienne Bréton, qui remarque qu’une toile présentée comme
de l’atelier de Rubens se négocie
entre 20.000 et 50.000 euros en
moyenne, tandis qu’une belle toile
de l’artiste même (à l’exclusion des
études sur panneau) part entre 20 et
50 millions d’euros.
Enfin, un autre élément joue en
faveur des Rubens et des autres
tableaux anciens vendus début
juilletàLondres.LeBrexitaentraîné
la chute de la livre sterling. Sachant
que les estimations des ventes aux
enchères sont systématiquement
indexées sur la monnaie locale, les
acheteurs en euros, en dollars ou en
dollars de Hong Kong pourraient y
voir une excellente opportunité
d’investissement. Rappelons que le
record pour un tableau ancien est
toujours détenu par Rubens. En
2002, « Le Massacre des innocents »
avait été vendu pour l’équivalent de
77,1millionsd’euros.L’œuvreappartientdésormaisàlaNationalGallery
of Ontario, à Toronto.
— Judith Benhamou-Huet
Avant ou après
septembre 1992
Il faut, alors distinguer selon que
les époux se sont mariés avant ou
après le 1er septembre 1992.
Les époux mariés avant le
1er septembre 1992, seront alors
soumis, à défaut de contrat de
mariage, à la loi de leur premier
domicile stable, ce qui suppose
généralement, selon la jurisprudence, un minimum de deux ans.
Mais cette contrainte de durée est
également doublée d’un élément
intentionnel caractérisé par la
volonté de s’établir dans ce pays
mais sans volonté de retour. Cet
élément intentionnel ne sera pas
toujours facile à démontrer.
Les époux mariés après le
1er septembre 1992 seront soumis
à la loi matrimoniale du lieu de
leur première résidence commune, à défaut à la loi de leur
nationalité commune et, à défaut
encore,àlaloidel’Etataveclequel
LE GRAPHE
DE LA SEMAINE
Brexit : un choc
pour les marchés
européens
Le 24 juin restera un vendredi noir
pour les Bourses européennes.
Nombre d’épargnants, à la recherche de rendement, ont arbitré des
fonds sur les placements à risques,
en l’occurrence les actions. Ils ont
été pris à contre-pied. Les incertitudes économiques et politiques
générées par le Brexit vont très probablement ouvrir une période de
grande volatilité et d’incertitudes
pour les investisseurs.
« Trop tard pour vendre, trop tôt
pour se renforcer », estiment la plupart des spécialistes de la gestion
d’actifs. Reste à laisser passer
l’orage… En sachant qu’une mau-
vaise journée n’est pas forcément
synonyme de catastrophe. En
regardant dans le rétroviseur, on
constate que les accidents de parcours d’un jour ne plombent pas
automatiquement les performances. Nombre de journées « noires »
ont été suivies par des rattrapages
plus ou moins importants, qui ont
permis de revenir dans le vert.
« Le Brexit s’est traduit par une
chute sans précédent de l’Euro
Stoxx 50. La prime de risque incorporée dans les actions de la zone euro
apparaîtd’oresetdéjàextrême,cequi
incite à ne pas se décourager face au
regain de volatilité. S’agit-il d’un
point d’entrée ? Rationnellement,
nousn’ensommespasloin »,affirme
Jérôme Magnin, associé Gefip.
— M.-C. S.
Osenat
PATRIMOINE // 43
Les Echos Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
D
A retenir
La volatilité devrait perdurer
•dans
les semaines, voire
les mois qui viennent.
La période d’ajustement
n’est pas terminée.
La prime de risque
des actions européennes
a rarement été aussi
élevée.
A moyen terme, de belles
opportunités boursières vont
se présenter, notamment
les actions d’entreprises
exportatrices britanniques
qui profiteront de la chute
de la livre.
•
•
le régime matrimonial présente
les liens les plus étroits.
Un régime mutant
Maisleschosespeuventencorese
compliquer, car ce couple, marié
sans contrat, est soumis à un
régime matrimonial mutant. Ce
régime, ainsi déterminé, peut se
modifier au passage d’une frontière, insidieusement, sans que le
couple le sache.
En effet, la convention de
La Haye prévoit un certain nombre d’hypothèses, dans lesquelles
la loi applicable au régime matrimonial va changer, de façon automatique (convergence de la résidence habituelle et de la
nationalité, résidence commune
de deux époux de même nationalité, résidence habituelle de plus
de dix ans).
Ainsi, des époux français qui se
marient en France sans contrat
demariageets’installentdurablementàl’étranger,successivement
dans plusieurs pays, peuvent voir
leur régime matrimonial muter
au cours de leur vie et se voir soumis à plusieurs régimes différents selon les époques.
Quelle solution pour éviter à
nos époux de tels désagréments ?
Comme toujours, il est préférable
de choisir plutôt que de subir, et
donc tout simplement de faire
précéder leur union d’un contrat
de mariage.
Désigner la loi applicable
Mais pour ceux qui auraient
oublié de le faire, tout n’est pas
perdu.Eneffet,l’article6delaConvention de La Haye leur offre également une solution. Les époux
peuvent, en cours de mariage,
désigner une loi applicable et soumettre leur régime matrimonial à
une loi interne autre que celle jusqu’alors applicable. Ils peuvent
également,encasdedoute,confirmer la loi initiale. n
`
SUR
LE WEB
Or Suite au Brexit, les
•investisseurs
se précipi-
tent sur l’or. Cet engouement n’est-il qu’un feu de
paille ? Peut-on acheter
maintenant ?
Immobilier
ancien La reprise du
marché se confirme. Les
taux d’emprunt très bas
alimentent l’activité.
Bourse Trois raisons
de ne pas s’affoler. Après
le Brexit, est-il justifié de
craindre une débâcle semblable à celle de 2008 ?
Toute l’actualité
du patrimoine sur
lesechos. fr/patrimoine
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Vendredi 1er, samedi 2 juillet 2016
` SUR LE WEB WWW.LESECHOS.FR
+ L'INVITÉ
DES ECHOS
Renault
Divorceà l’anglaise
La « nouvelle normalité » boursière entre
dans une… nouvelle dimension.
TALISMAN
« Les Echos »
AVEC
Quentin Sannié
CofondateurdeDevialet
LE SALON VIVA TECHNOLOGY « Il y a beaucoup de
stands, beaucoup de start-up, c’est assez étonnant d’avoir
réussi à monter un tel événement aussi vite. Je pense
que c’était nécessaire de le faire à Paris, parce qu’il y a un
bouillonnement énorme d’entreprises dans le domaine
de la tech et il est bon que cela soit mis en avant. Ce type
de Salon permet de montrer que la French Tech est
une dynamique très importante pour la richesse de ce pays
et pour l’emploi. »
L’ACTIVITÉ DE DEVIALET « Devialet se porte très bien,
c’est une entreprise en forte croissance, qui double ou triple
son chiffre d’affaires tous les ans. Nous ne disons pas que
nous sommes un fabricant de hi-fi haut de gamme, nous
préférons dire que nous sommes une boîte de haute
technologie dans le domaine de l’audio. Nous avons
inventé de nouvelles technologies dans le domaine du son
et nous avons une plate-forme avec 107 brevets. »
UNE NOUVELLE ENCEINTE PHANTOM « Nous lançons
aujourd’hui Gold Phantom, qui est la Phantom extrême.
Nous avons voulu pousser au maximum toutes les technologies de Phantom pour faire l’objet le plus jubilatoire
possible. Gold Phantom, c’est 4.500 watts, 108 décibels,
c’est une nouvelle carte électronique, un nouveau
traitement de signal. Ce sera le sommet de la gamme,
avec une finition très luxueuse en or rose. Il sera vendu
au prix de 2.590 euros. »
Interview réalisée par Pascal Pogam
a L'intégralité de l'émission sur lesechos.fr/invitedesechos
« Beaucoup de divorces sont nés d’un malentendu. Beaucoup de mariages
aussi », s’amusait Tristan Bernard. On sait depuis Henri VIII qu’au Royaume-Uni, les uns comme les autres peuvent se terminer en schismes irrémédiables. En Bourse, toutefois, la grande rupture de l’Union Jack avec le
drapeau étoilé européen n’a finalement pas été si profonde. Le Footsie 100,
l’indice des grands capitalisations boursières londoniennes qui vont bénéficier d’une livre sterling affaiblie et d’une banque centrale accommodante,
n’a pas beaucoup plus pris l’eau (–5,7 % en euro) que son homologue parisien (–5,1 % pour le CAC 40 %) ou allemand (–5,5%). La Tamise est certes
rouge des pertes versées par les valeurs plus domestiques du Footsie 250
(–13,7 % en euro). Tandis que sur les bords de la Seine, la décrue laisse sur
le sable la première moitié de cette année (–8,6 %). L’épisode n’en a pas
moins montré que l’indice parisien ne manquait pas de bouées de sauvetage
(Sanofi, Pernod Ricard, L’Oréal, Essilor, Sodexo) et a même permis à Vivendi
de justifier son existence dans les portefeuilles. Reste à voir si la récente
remontée des eaux tiendra au-delà de l’habillage technique des gestions,
à l’approche de la fin du semestre. Le Brexit n’a en tout cas ralenti ni la gigantesque levée de fonds d’Airbnb, ni l’offensive chinoise sur le roboticien Kuka.
La « nouvelle normalité » des marchés depuis la crise financière ouvre
un chapitre qui n’a pas fini de se nourrir de paradoxes et de contradictions.
Engie 22, 36
Eurodisney 31
Europa-Park 31
Europe 1 19
Ferrari Land 31
Futuroscope 31
Hermès 32
Hershey 19
Intamin AG 31
Intel 19
Itas 27
Kering 36
Lagardère 27
Lu 19
Natixis Assurances 40
Nigloland 31
Norwegian 24
One Ragtime 30
Qui a gagné le plus l’oreille des marchés ? George Soros ou les grands
argentiers ? A y regarder de près, Deutsche Bank a enfoncé un nouveau
plus bas jeudi, après la diffusion presque simultanée d’un échec au test de
résistance organisé par le gendarme bancaire américain et d’une étude
du Fonds monétaire international, selon laquelle la firme de Francfort est
le plus gros contributeur net de risques systémiques, devant HSBC et Credit
Suisse. Loin de s’inquiéter vraiment pour le système financier allemand,
les investisseurs guettent néanmoins tout ce qui peut ressembler à un
signe avant-coureur de recapitalisation éventuelle. Quant au financier
milliardaire américain d’origine hongroise, il avait annoncé avoir « shorté »
l’action francfortoise après la victoire du Brexit outre-Manche, avec un
certain succès (–21 % depuis), mais sans en faire la plus grosse victime parmi les grandes banques européennes. Car ce triste palmarès est emmené
par Royal Bank of Scotland (–32 %) et aussi par UniCredit (–28 %). Cela étant,
le poids lourd italien n’avait pas tiré toutes ses cartouches pour accélérer
sa restructuration – qui ne peut plus tarder, aux yeux des régulateurs et
superviseurs, dans l’environnement actuel. La simple annonce de la nomination comme patron de son ancien numéro deux, le Français Jean-Pierre
Mustier, l’a fait rebondir (+2,8 %), juste après avoir enfoncé lui aussi un nouveau plus bas, là où la crainte d’une dilution prévalait jusqu’ici. Le message
passe bien : tous unis pour l’un des deux géants du crédit de l’Italie. Ce qui
ne veut pas dire que la tâche ne sera pas aussi délicate à mener que celle
du britannique John Cryan, le pilote de Deutsche Bank depuis déjà un an.
Testpositif
Eurofins fait mieux qu’effacer la déconvenue
de décembre dernier.
Réunis pourlecrédit
Deutsche Bank s’est choisi comme patron un
banquier étranger aguerri, UniCredit aussi.
« Mieux vaut arriver tard qu’en corbillard. » La version québécoise
du « mieux vaut tard que jamais » réussit bien à Eurofins. Sa première
augmentation de capital depuis seize ans a beau être plus légère que
celle abandonnée en décembre dernier (0,6 million et 1 million d’actions,
respectivement), tout comme la dilution consécutive (de 3,8 % et de 6,5 %), il
ne faut pas en déduire que le patron fondateur, Gilles Martin, en rabat sur ses
ambitions de développement. Bien au contraire. Non seulement il a trouvé
un prix de 330 euros par action, proche de celui jugé trop élevé par le marché
il y a près de sept mois, pour cette émission réservée à la Caisse de dépôt et
placement du Québec, mais, en plus, lui et sa famille conservent une sérieuse
marge de manœuvre pour l’avenir, compte tenu de leur position de contrôle
(42 % du capital et 59 % des droits de vote fin 2015). Pour atteindre son objectif de 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020, le leader mondial de
la bioanalyse (aliments, médicaments et environnement) mise sur son
cocktail gagnant de croissance interne et d’acquisitions. Ses dirigeants
continuent de croire qu’ils auraient tenu leurs objectifs stratégiques sans
apport de capitaux frais. Mais la volatilité des marchés financiers
consécutive au référendum sur le Brexit risque de rester non négligeable
dans les prochains mois. Un investisseur de long terme, comme l’institution
canadienne, pourra remettre au pot s’il fallait accélérer pour saisir une occasion qui se présenterait, tout comme d’autres actionnaires déjà présents
au capital. Une flexibilité salutaire, saluée par le cours de l’action (+1,7 %).
LES ENTREPRISES CITÉES
Air France-KLM 24
Allecra Therapeutics 32
Apple 27
ArcelorMittal 36
Areva 22
AST Groupe 40
Biomodex 28
BNP Paribas 36
Bolliger & Mabillard 31
Bouygues 36
Céréco 32
CL Corporation 31
Danone 36
Daphni 30
Deezer France 40
Deutsche Bahn 22
Ecoisme 28
EDF 28, 36
crible
Peugeot 36
Safran 36
Samsung 31
Schneider Electric 36
SeaBird 32
SNCF 22
Société Générale 36
Sodexo 36
Suez 22
TDF 27
Towercast 27
Vivendi 36
Way Konect 28
Wow Air 24
INDEX DES AVIS
FINANCIERS
BNP Paribas IP 22
EN VUE
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O
Barbara Hendricks
naeu Céline Dion à Bercy, Barbara Hendricks chante vendredi soir dans la Somme.
Finalement, c’est pas si mal la Somme.
Si la grande Barbara se déplace, c’est
que l’événement est d’importance. Ce
n’est pas parce que nos amis anglais se
sont tirés les premiers qu’on peut
oublier notre histoire commune. Le
1er juillet 1916 ne doit pas s’effacer des
mémoires : « Le nombre des soldats
britanniques tombés en ce premier jour
de combat est neuf fois plus élevé que
celui des soldats américains morts lors
du débarquement de Normandie », a
rappelé l’historien américain Jay Winter dans « La Bataille de la Somme ». Il
y eut 500.000 Britanniques sur les
1,2 million de morts, disparus et blessés pendant les cinq mois de ladite
bataille. David Cameron et toute la
famille royale seront là, sauf la reine.
Au départ, p our la France, seul
Manuel Valls était prévu. Finalement,
François Hollande leur fera l’honneur
de se déplacer ; on ne peut pas être tous
les jours au foot. Quelle meilleure
messagère pour ce voyage dans la
mémoire que la voix si pure de la
soprano Barbara Hendricks ? Celle
qui va célébrer les morts de la Somme
avait clos par « Le Temps des cerises »
l’hommage rendu à François Mitterrand à Notre-Dame. Elle chante
Mozart, elle chante le blues, elle est
partout chez elle. Afro- américaine
née dans l’Arkansas, francophile, elle
vit en Suède, où elle a trouvé ses deux
maris successifs. Aujourd’hui, à
soixante-sept ans, elle est très engagée
dans la défense des réfugiés et des
droits de l’homme. L’écologie, c’est son
homonyme, la ministre allemande de
l’Environnement, qui s’en occupe. Celle-là, François Hollande la verra à Fessenheim.