Deux ans de prison ferme pour révisionnisme : elle est belle leur

Copenhague : des attentats suspects ; Ukraine : un accord fragile
Hannibal nous dit tout sur la religion juive de l’Amérique
Entretien avec Vincent Reynouard :“Mon avenir, la prison ou l’exil”
N° 3176
RIVAROL
“Quand les peuples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir”
19/2/2015
HEBDOMADAIRE DE L’OPPOSITION NATIONALE ET EUROPÉENNE PARAISSANT LE JEUDI
Deux ans de prison ferme pour révisionnisme :
elle est belle leur liberté d’expression !
U
N MOIS jour pour jour après que
quelque quatre millions de Français
eurent défilé dans les rues de France
pour défendre la liberté d’expression, le 11
février, le révisionniste Vincent Reynouard
était condamné par le tribunal correctionnel de Coutances (Manche) à deux ans
de prison ferme pour avoir contrevenu à la
loi Gayssot interdisant depuis un quart de
siècle toute contestation publique de l’“Holocauste” en postant sur la Toile des vidéos
pédagogiques historiquement incorrectes.
Qui connaît un tant soit peu Vincent sait à
quel point ce quadragénaire souriant et travailleur est un homme pacifique, apôtre de
la non-violence. Le condamner à une peine
aussi lourde alors qu’il n’a commis d’autre
crime que de dévoiler les conclusions de
ses recherches historiques et de dire publiquement, à visage découvert, sa sympathie
sincère pour les puissances de l’Axe est
une infamie. Aux conséquences désastreuses puisque Reynouard, du fait de cette
condamnation judiciaire, vient de perdre les
deux activités professionnelles qu’il avait
réussi non sans mal à obtenir et qu’il se voit
condamné à un dilemme cornélien : soit retourner derrière les barreaux d’ici quelques
mois lorsque la cour d’appel de Caen aura,
hélas selon toute vraisemblance, maintenu
une peine de prison ferme et que la cour de
cassation l’aura confirmée, soit s’exiler pour
toujours.
Q
UE l’on nous permette dans cet éditorial
de rappeler à cette occasion — car ils
le méritent — les noms des courageux militants révisionnistes actuellement embastillés pour avoir refusé de brûler leur grain
d’encens devant l’idole holocaustique (merci
à Bocage de nous avoir considérablement
aidé dans ce travail). L’Allemagne est sans
surprise le pays le plus hostile à la libre expression du révisionnisme. A la prison de
Brandenbourg-sur-Havel est détenu depuis
le 25 février 2009 l’héroïque avocat Horst
Mahler, 79 ans, ancien membre de la Fraction armée rouge dans les années 1970,
N°3176 du 19 FEVRIER 2015
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rentrer en Suisse prochainement car la prescription de sa condamnation est acquise depuis le 2 septembre 2014.
S
condamné à 12 ans et 11 mois de prison (qui
dit mieux ?) et qui ne pourra être libéré qu’en
2021, à 85 ans ! Il risque même davantage
depuis qu’une affaire a été ouverte contre lui
pour avoir été à l’origine de la diffusion sur
la Toile — et par la suite sur papier ! — d’un
livre, Das Ende der Wanderschaft [La fin de
l’errance], qu’il a écrit en prison en guise de
réponse au livre de Gilad Atzmon, Quel juif
errant ?, qui lui avait été envoyé à la prison.
En Allemagne encore, mais cette fois à
la prison de Bützow : Axel Möller, 49 ans,
ancien responsable du site Altermedia
Deutschland, a été condamné à 3 ans et
demi et est incarcéré depuis le 7 décembre
2011 (il devrait normalement sortir le 29 mai
2015). Outre-Rhin toujours, à la prison de
Nuremberg est détenu Gerd Ittner, 56 ans
(qui a fait des études d’archéologie, de
sanskrit et d’indologie). Condamné en 2005
à 2 ans et 9 mois de prison, Ittner s’est enfui, a été en exil pendant 7 ans, arrêté au
Portugal le 11 avril 2012 où il reste incarcéré 5 mois, puis est extradé en Allemagne
le 18 septembre 2012. Il avait en principe
terminé sa peine le 15 octobre 2014 mais
on le prévient, deux jours avant sa sortie,
qu’une autre affaire est ouverte contre lui et
qu’on le maintient en prison en attendant le
procès (vraisemblablement pour éviter qu’il
n’échappe à la justice) : en effet, pendant
son incarcération au Portugal il a envoyé à
des personnalités des courriers contestant
les crimes contre l’humanité, courriers pour
lesquels il devrait être jugé prochainement.
En Autriche, à la prison de Krems-sur-Stein
est incarcéré Wolfgang Fröhlich, 63 ans, ingénieur chimiste (spécialiste des questions
de désinfection !). Il a fait l’objet de plusieurs
condamnations, toutes pour révisionnisme,
(Dessin de Chard)
condamné au total à plus de 8 ans de prison,
incarcéré depuis août 2007 et ne devrait
pas sortir avant janvier 2016. Il envoie des
courriers à toutes sortes d’autorités — au
président de la République Heinz Fischer,
au chancelier, à une « commission épiscopale », dépose plainte contre le faux expert
Jagschitz, etc. — mais n’obtient jamais aucune réponse à aucun de ses écrits…
A
CETTE LISTE il convient d’ajouter tous
les révisionnistes qui ont déjà été emprisonnés dans le passé pour leurs travaux : le
fondateur et directeur du Courrier du Continent Gaston-Armand Amaudruz (Suisse,
emprisonné à l’âge de 83 ans !), René-Louis
Berclaz (Suisse), Frank Brunner (Suisse),
Günter Deckert (Allemand), Dietlieb Felderer (Suédois), le directeur de Révision
Alain Guionnet (Français), Gerd Honsik
(Autrichien), David Irving (Anglais), Walter Ochensberger (Autrichien), Franz Radl
(Autrichien), Ahmed Rami (Suédois), Fritz
Rebhandl (Autrichien), Vincent Reynouard
(Français), Manfred Roeder (en tout 12 ans
de prison), Germar Rudolf (Allemand), Hans
Schmidt (Germano-Américain), Herbert
Schweiger (Autrichien), Simon Sheppard
et Steven Whittle (Anglais), Sylvia Stolz (Allemande), Fred Toben (Australien), Pedro
Varela (Espagnol), Siegfried Verbeke (Flamand), Udo Walendy (Allemand), Ernst-Hubert Zafke (Allemand), Ernst Zündel (Germano-Canadien, 7 ans). Le cas de Jürgen
Graf, l’auteur de L’Holocauste au scanner,
est particulier car il n’a pas réellement été
embastillé : condamné à 15 mois de prison
ferme le 16 juillet 1998, confirmé le 23 juin
1999, J. Graf s’est exilé, n’a pas été extradé
du lieu de son exil et devrait enfin pouvoir
EIZE PAYS actuellement dans le monde
punissent pénalement le révisionnisme.
Il s’agit de l’Allemagne, de l’Autriche, de la
Belgique, de l’Espagne, de la France (qui
fut la première nation à voter une loi antirévisionniste, dès 1990, il n’y a pas de quoi
s’en vanter !), de la Hongrie, d’Israël, du
Liechtenstein, de la Lituanie, du Luxembourg,
des Pays-Bas, de la Pologne, du Portugal, de
la République tchèque, de la Roumanie, de
la Suisse. Un dix-septième Etat pourrait bientôt s’ajouter à cette liste impressionnante :
l’Italie. La loi antirévisionniste a en effet été
approuvée le 11 février par le Sénat et doit
repasser devant la Chambre sous peu… Notons toutefois que les persécutions peuvent
prendre bien d’autres formes, parfois bien
plus insidieuses : les révisionnistes, on les
assassine (François Duprat en 1978, vraisemblablement le Polonais Ratajczak), on
les vitriole (Michel Caignet), on les roue de
coups (Robert Faurisson en 1989 à Vichy),
on les chasse de leur emploi (Bernard Notin
en 1990, Vincent Reynouard en 1997 et tant
d’autres), on les dépossède de leurs titres
universitaires ou professionnels (Wilhelm
Stäglich, Henri Roques, Eric Delcroix), on
s’attaque à leur femme ou à leurs enfants…
et/ou on les accable d’amendes et de dommages-intérêts pour les ruiner (Jean-Louis
Berger, Martin Peltier, Georges Theil, Fredrick
Töben, David Irving, et tant d’autres).
I
L NE FAUT pas compter sur les grands
media pour évoquer le cas de ces martyrs des temps modernes. Même dans la
mouvance dite d’extrême droite combien
croient plus sage, plus habile, plus efficace de ne jamais parler du révisionnisme
ni même de la redoutable répression qui
frappe les révisionnistes ! Ce ne sont que
des lâches ou des imbéciles, des jeanfoutre pour lesquels nous n’avons que
mépris. Si le révisionnisme n’était pas
essentiel, si l’“Holocauste” n’était pas la
clé de voûte du système mondial, une
contre-religion et une contre-morale universelle, croit-on vraiment que le Système
se donnerait tant de peine pour faire taire
par tous les moyens une poignée de libres
chercheurs imperméables à toutes les
pressions avouables et inavouables ?
RIVAROL,
<[email protected]>.
2
N°3176 — 19 FÉVRIER 2015 — RIVAROL
NOS DEUILS
Marie-Gabrielle Decossas (1932-2015)
Nous devons déplorer
la perte d’un pilier historique de RIVAROL. Madame Marie-Gabrielle
Decossas (Ginette Decossas à l’état civil)
est morte à 83 ans des
suites d’un cancer foudroyant le 14 février
dernier, après trois mois
de souffrances qu’elle a
endurées avec un grand
courage. Sa disparition
est une immense perte
pour RIVAROL et pour sa revue sœur Ecrits de
Paris. Pendant trente ans, avec compétence et
professionnalisme, elle s’est occupée de la ru-
brique littéraire de notre
hebdomadaire, tâche qui
lui seyait à merveille :
l’auteur du Discours sur
l’universalité de la langue
française n’aurait pas désavoué ses qualités stylistiques.
Outre les recensions de
livres et la chronique théâtrale qu’elle a continué
à tenir jusqu’à ses dernières forces (son ultime
recension littéraire date
de la mi-novembre !), Mme Decossas, pendant
plus d’un quart de siècle, a relu et corrigé les
épreuves de notre hebdomadaire et de notre
D.R.
mensuel, et accompli moult tâches administratives et rédactionnelles essentielles à la bonne
marche du journal.
Très proche de notre ancienne directrice Camille Galic avec laquelle elle formait un indissociable tandem et à laquelle elle était liée par
une profonde amitié, Madame Decossas a rendu
des services innombrables aux Editions des Tuileries et à l’Association des Amis de RIVAROL
avec autant d’efficacité que de discrétion. Toujours disponible, cette dame au caractère trempé
et à la personnalité affirmée était une ascète :
il lui arrivait bien souvent de faire fi de toute
pause pendant une entière journée de travail, ce
qui nous a toujours stupéfiés.
Elle s’est acquittée de ses diverses tâches
avec beaucoup de conscience professionnelle
et un inlassable dévouement : mise à jour hebdomadaire du fichier des abonnés, correction
des morasses, préparation et tenue de stands
RIVAROL et Ecrits de Paris, traitement du
courrier des lecteurs, secrétariat, standard téléphonique…
Catholique de tradition, elle avait refusé dès les
débuts la nouvelle messe et la révolution désastreuse de Vatican II ; elle suivit, avec son défunt
époux Jacques et ses enfants Jérôme et Béatrice, les pérégrinations de Mgr Ducaud-Bourget qu’elle aimait profondément, de l’hôpital
Laennec à Saint-Nicolas-du-Chardonnet. C’est
d’ailleurs dans cette église qu’auront lieu ses obsèques, ce vendredi 20 février à 9h30. Elle sera
ensuite inhumée au cimetière des Lilas dans la
tombe où repose déjà son mari depuis juin 2013.
La direction et toute l’équipe de rédaction de
RIVAROL et d’Ecrits de Paris présentent à la
famille de notre chère disparue, à ses enfants
et à ses petits-enfants, leurs condoléances attristées, et tiennent à leur témoigner leur fidèle
affection dans cette douloureuse épreuve.
Jérôme BOURBON.
Stéphane Tiki, Camerounais clandestin et avenir de la France
L’histoire, bien sûr, a un côté cocasse. Que le dénommé Stéphane
Tiki, co-fondateur de « Génération
Sarkozy », adepte, sur le modèle de
son héros, d’une fermeté de façade
contre l’immigration clandestine,
et fraîchement nommé par celui-ci
à la présidence des « Jeunes Populaires », ait été tout du long un
immigré clandestin, voilà qui est
farcesque. Mais on aurait tort de ne
voir là que matière à plaisanterie.
L’épisode est révélateur de l’état
politique et social de la France —
un état de décomposition avancé.
Passons sur les leçons les plus évidentes de
l’affaire. Elle illustre une fois de plus le fonctionnement du système politico-médiatique.
Dès le 7 janvier 2015, un article de Minute,
relayé en particulier par le site Fdesouche,
relevait qu’on ne trouvait aucune trace que
le Camerounais Tiki eût jamais obtenu la
nationalité française et que l’intéressé, interrogé sur ce point, refusait obstinément
de répondre. Aucun écho dans les gros media, aucune réaction politique : il n’était pas
question de donner le moindre crédit à ces
« rumeurs d’extrême droite ». Tiki continua,
comme si de rien n’était, à présider le mouvement de jeunesse de l’UMP. Sitôt en revanche l’information devenue, le 10 février,
à plus d’un mois de distance, une « révélation du Canard enchaîné », elle fut immédiatement reprise partout et Tiki quitta ses
fonctions dans la journée.
L’affaire confirme aussi, s’il en était besoin,
la passivité totale et délibérée de l’État français devant l’immigration clandestine. Tiki,
qui avait bénéficié d’un titre de séjour “étudiant”, est en situation irrégulière « depuis
début 2011 » selon Europe 1, avril 2011 selon
I-Télé. Il avait fait en février 2009, alors qu’il
était officiellement étudiant, une demande de
naturalisation qui avait été rejetée. Il a depuis lors, d’après ses dires, déposé une nouvelle « demande de naturalisation qui est en
cours » — alors même que, en droit, une telle
demande implique de disposer d’un titre de
séjour valide. Il n’a pourtant été reconduit à
la frontière ni en 2011-2012, pendant la dernière année de pseudo-fermeté sarkozyste, ni
depuis l’arrivée au pouvoir des socialistes.
Le cas, sans doute, est banal. Un rapport
très officiel sur les étudiants étrangers soulignait, en septembre 2012, que « les étudiants venus d’Afrique se distinguaient des
autres » par leur faible taux de retour au
pays à l’issue de leurs “études” : « Au bout
de huit ans, un peu plus d’un sur deux est
encore en France. […] Une partie importante, environ 40 %, est restée en changeant
de motif : par ordre d’importance vient le
motif familial puis le motif professionnel.
Cette population est plutôt masculine »1.
Ces faits notoires ont pourtant échappé aux
jeunes espoirs marinistes, ou plus précisément philippotistes, du « Collectif Marianne », qui ont proposé pompeusement,
le 31 janvier, « de créer un Erasmus de la
francophonie », destiné « en particulier aux
étudiants venus de pays africains ». Faire
venir toujours plus de Tiki donnerait à la
1. L’immigration des étudiants étrangers en
France. Étude réalisée par le Point de contact
français du Réseau européen des migrations,
septembre 2012, p. 72.
D.R.
France « un nouveau vecteur de rayonnement culturel international ».
Ce qui est plus instructif, c’est le nombre de
défenseurs opiniâtres, malhonnêtes, éhontés,
au mépris de toute évidence et de toute décence, que le clandestin Tiki a trouvé parmi la
“droite” — on s’y attendait, mais pas à ce point.
Sur twitter, le mot-dièse « Avec Tiki » livre
un abondant florilège, qui fait voir crûment
jusqu’où, à force de mise en condition, est tombée toute une jeunesse bourgeoise française.
Ainsi « les jeunes UMP de Dordogne » expriment-ils leur « soutien total à Stéphane Tiki,
notre Président. Un jeune qui aime plus que
quiconque la République et son [sic] pays ».
Jean-Édouard, de Boulogne, vante un « grand
militant et grand amoureux de la France ».
Marie-Charlotte, depuis le XVIe arrondissement, se pâme sur « sa décision, son travail
remarquable au sein de l’UMP et son engagement pour la France ». Certains de ces jeunes
décervelés sont-ils récupérables ? Il n’y a rien,
en tout cas, à espérer de leurs aînés, endurcis
depuis des lustres à défendre l’indéfendable.
Me Henri de Beauregard, « avocat officiel de
La Manif Pour Tous » — qui s’était signalé
avant Noël en s’indignant que Robert Ménard
eût installé une crèche à l’Hôtel de Ville de Béziers, « pour faire de la provoc’ et créer de la
division » —, n’a pas manqué de voler au secours du Camerounais de l’UMP. « Ceux qui se
gaussent de la situation de Stéphane Tiki, a-t-il
accusé, sont souvent les mêmes qui soutiennent
que des papiers ne font pas des Français ». Et
alors ? Parce que l’on constate que, entre droit
du sol et naturalisation industrielle, la nationalité française ne signifie plus rien, on serait tenu
d’accepter encore sans protester tous les clandestins d’Afrique ? Jean-Christophe Lagarde,
président de l’UDI, a usé du même sophisme
en déclarant préférer « un Tiki sans papiers
à deux frères Kouachi qui, eux, ont des papiers » : comme s’il s’agissait de faire un troc
et qu’accueillir les nouveaux permît au moins
de se débarrasser des anciens !
À en croire Geoffroy Didier, animateur avec
Guillaume Peltier de ce qu’ils ont impudemment nommé « la Droite forte » — le courant
sarkozyste dont Tiki était une des étoiles montantes —, le Camerounais « répond aux conditions légales pour devenir Français. Dossier
en cours. Exemple d’intégration, il incarne la
méritocratie UMP ». Tiki, on l’observera, s’est
gardé de démissionner, mais s’est seulement
« mis en congé », afin de « garantir l’issue favorable de [s]a demande » de naturalisation.
Selon les informations du Monde, Sarkozy a
prévu de le rétablir dans ses fonctions sitôt sa
situation “régularisée”. « “Il veut seulement
qu’il se mette en retrait de manière provisoire,
en attendant que la tempête passe”, affirme un
dirigeant » de l’UMP. Le statut de Tiki était,
paraît-il, un secret de polichinelle dans son
parti, et il n’y a aucun doute que Sarkozy avait
nommé ce fraudeur africain en toute connaissance de cause : peut-être pour avoir barre sur
lui, mais avant tout pour promouvoir le métissage si cher à l’ancien hôte de l’Élysée et à ses
propres maîtres. Accoutumer les Marie-Charlotte et les Jean-Édouard à prendre leurs ordres
d’un Tiki, voilà un beau symbole de la France
de demain.
La réaction la plus édifiante a cependant été
celle de Marion Maréchal-Le Pen. Interrogée
sur Tiki au « Club de la Presse » d’Europe 1,
elle a tranché d’emblée : « manifestement, il
fait partie de ces immigrés qui mériteraient la
naturalisation », et s’est réjouie que celle-ci ne
soit plus qu’ « une question de temps ». Elle
a ajouté, il est vrai, dans une contorsion digne
de Hollande face à Leonarda, que le jeune
homme devrait, « en attendant », retourner au
Cameroun. Cela supposerait une entorse au
droit — le demandeur doit résider en France
au moment de la signature du décret de naturalisation —, mais il est vrai que, au point où
l’on en est…
Cette position est en parfaite cohérence avec
la conception que la députée du Vaucluse se
fait du peuple français. En juillet 2013, elle
expliquait au mensuel néo-conservateur Causeur : « Je suis contre l’ethnicisme identitaire !
La France n’a jamais connu d’homogénéité
ethnique. […] Nos origines et notre culture
sont si hétérogènes que seule la force de la
République et de l’État peut nous rassembler.
Bref, je suis du côté de Renan contre Fichte »2.
On ne spéculera pas sur ce que cette aimable
donzelle a effectivement lu de Fichte et a fortiori de Renan, dont la pensée sur la race ne se
réduit certes pas à la trop fameuse conférence
« Qu’est-ce qu’une nation ? ». En décembre
de la même année, en tout cas, interrogée sur
RMC par Jean-Jacques Bourdin, elle répétait sa
profession de foi : « Je n’ai pas une conception
ethniciste de la France. […] Le miracle de la
République française c’est d’unir par un destin
commun, par les valeurs de la République, des
peuples qui ont des cultures, des modes de vie,
2. Causeur, juillet-août 2013, p. 58.
l De Robert FAURISSON :
“HANNIBAL”, UN RÉGAL !
Chaque semaine, je me délecte des chroniques de celui qui signe “Hannibal”. Celle
qu’il a publiée sous le titre de « L’Amérique,
mère de la religion de la Shoah » (RIVAROL,
5 février 2015) constitue une synthèse magistrale de l’histoire d’une croyance qui a fini par
s’imposer sinon au monde entier, du moins à
la totalité, ou peu s’en faut, du monde occidental. Mais où se situe, en la circonstance,
la mère de cette religion ? A cette question,
“Hannibal” répond :
« L’Amérique est la mère de la religion de
la Shoah. Les pères de celle-ci sont nombreux
comme les poils de la barbe du sage. Robert Faurisson a tort, l’Etat d’Israël n’est ni
l’instigateur ni le principal bénéficiaire de la
chose […] ».
Je n’ai jamais dit de l’Etat d’Israël qu’il
était « l’instigateur de la chose » pour la bonne
des langues, des couleurs de peau différents ».
Arthur Kemp, un ancien de la résistance sud-africaine aujourd’hui établi en
Grande-Bretagne, a publié en 2013 un petit
livre, discutable mais stimulant, sur les chances
de survie de l’homme blanc, Nova Europa :
European Survival Strategies in a Darkening
World3. Il s’y demande s’il y a encore un sens,
en l’état actuel des choses, à persister à mener
un combat électoral dans le cadre démocratique. Sa réponse est affirmative, parce qu’il
n’est pas « absolument impossible » que, dans
tel ou tel pays d’Europe, ce combat puisse être
victorieux, et surtout car « cela reste le moyen
le meilleur et le plus aisé de répandre le message de l’ethno-nationalisme ». S’agissant de
la France, on serait tenté de dire, à la lumière
de l’expérience des trois dernières décennies,
que cette seconde justification est la seule qui
tienne. C’est certainement la seule qui puisse à
la rigueur justifier d’aller encore voter, malgré
tout, pour le Front National. L’excellent site
italien Il Primato Nazionale, dont les rédacteurs, proches de Casapound, suivent l’actualité du parti mariniste avec une sympathie lucide, affirmait voici un an : « le Front national
est compris par les Français tout simplement
comme le syndicat ethno-culturel de la France
réelle. Et cela, qu’on y prenne garde, indépendamment du programme du FN » (éditorial du
25 mars 2014). Combien de temps, pourtant,
ce dédoublement sera-t-il tenable ? Que le
programme n’ait rien d’ethno-culturel est une
chose ; c’en est une autre que le discours du
parti, en toute occasion, bafoue expressément
toute conception ethno-culturelle de la France.
Quand la figure de proue de l’aile censément la
plus identitaire du FN fait profession de considérer, à l’égal de l’UMP, que les Tiki — y compris les Tiki clandestins et fraudeurs — “méritent” de devenir français, n’a-t-on pas atteint
un point de non-retour ?
Flavien BLANCHON.
3. Traduit en français aux éditions Akribeia sous
le titre Bâtir le foyer blanc. Camille Galic en a
donné un compte rendu fouillé sur le site Polémia (23 juin 2014).
raison que « la chose » a pris naissance avant
même la fondation de cet Etat. Aurais-je dit
qu’il en était « le principal bénéficiaire » ?
La réponse à cette question se trouve dans la
phrase à laquelle “Hannibal” fait ici allusion.
Cette phrase, dite « de soixante mots », remonte au 17 décembre 1980 et je l’ai, ce jourlà, lentement débitée devant Ivan Levaï. Parlant de « la chose », je lui ai précisé : « dont les
principaux bénéficiaires sont l’Etat d’Israël et
le sionisme international et dont les principales
victimes sont le peuple allemand, mais non pas
ses dirigeants, et le peuple palestinien tout entier ».
On voit par là que j’ai désigné non pas un
principal bénéficiaire mais deux principaux
bénéficiaires : d’une part, l’Etat d’Israël et,
d’autre part, le « sionisme international », ce
qui englobe nécessairement l’Amérique. Je
laisse à d’autres le soin de déterminer lequel
de ces deux bénéficiaires exerce sur l’autre la
plus forte emprise.
N°3176 — 19 FÉVRIER 2015 — RIVAROL
L
’ÉCRIVAIN et historien Frank
Ferrand constate dans Le Figaro que
le chef de l’Etat parle très mal le français, ce que nous savions. Il cite quelques
perles recueillies lors de sa conférence de
presse : « La France, elle doit toujours être
à l’initiative…/ C’était quand?/ Est-ce que
les crédits ont à l’être?/ …nous aurons à
chercher un accord pour permettre que
dans le moyen terme, il puisse être donné
un cadre pour que les Grecs puissent faire
des réformes…/ Et puis, tout s’est défait
dans les applications, dans les détails, puis
ensuite dans les mouvements de force./
Nous avons pu faire accomplir des progrès,
mais ils n’ont pas résisté aux tenants des
épreuves de force… » etc. Quel charabia !
On est loin du verbe de De Gaulle, Pompidou, François Mitterrand et même de Giscard d’Estaing. Sans doute Hollande a-t-il
pris des leçons chez Sarkozy qui est, lui
aussi, un exceptionnel massacreur de notre
langue…
HOLLANDE, LE PRÉSIDENT
DES ANALPHABÈTES
A la mi-temps du match de coupe de
France, Red-Star contre Saint Etienne, interrogé par la chaîne eurosport qui lui pose
la question suivante « avec votre agenda
très chargé, vous avez encore le temps d’assister à des matchs de football? », Hollande
répond : « je suis très attaché à la presse,
à la presse sportive, à l’Equipe en particulier, je regarde les images! » Ça y en a être
un président proche du peuple des analphabètes !
HOLLANDE AVAIT-IL
FUMÉ LA MOQUETTE ?
Le Pingouin avait accepté d’être le rédacteur en chef exceptionnel du journal pour
enfants Mon Quotidien. On eut droit à un
grand moment. Voici le propos tout à fait
indéchiffrable qu’il tint : « Il faut… euh…
laisser penser que ce que nous faisons est
humain et en même temps tout doit être
fait pour que les humains vivent mieux.
Pas simplement qu’on les fasse rêver dans
un imaginaire impossible, laisser penser
que ce que nous faisons est humain. Et en
même temps tout doit être fait pour que les
humains vivent mieux, pas seulement qu’on
les fasse rêver dans un imaginaire impossible ». Le lecteur de RIVAROL qui saura
décrypter ce salmigondis aura droit à un
siècle d’abonnement…
MAIS QUE FAISAIT
CETTE MOUCHE SUR LE FRONT
DE HOLLANDE ?
Décidément le Pingouin a la scoumoune.
Lors de sa conférence de presse de septembre, une fuite d’eau s’était déclenchée
en pleine salle des fêtes de l’Elysée suite à
un orage monstre. Il y eut ensuite l’affaire
du pigeon qui s’était lâché sur l’épaule de
François Hollande lors de la sacro-saintemarche républicaine du 11 janvier. Et voici
qu’une mouche est venue perturber la dernière conférence de presse de l’improbable
oiseau. Elle se mit à voleter amoureusement autour du pupitre, puis vint se poser
sur l’auguste front présidentiel, histoire
sans doute de lui manifester son affection.
L’image passera, sans nul doute, à la postérité…
DÉGRADATIONS ANTISÉMITES
DANS LE 16e. LES AUTEURS
SONT UN COUPLE JUIF !
Des croix gammées peintes sur des véhicules en stationnement, dans le seizième
arrondissement de Paris. Des inscriptions
antisémites. L’horreur. La Ligue de Défense
Juive y est allée de son indignation, sur son
site. Pensez… Les heures les plus sombres
de notre histoire étaient de retour. Commentaire de la Ligue : « Tracées à la peinture blanche, ces lettres sont bien entendu
de sinistre mémoire, elles rappellent celles
que certains dénonciateurs inscrivaient
pendant l’occupation sur les magasins tenus par des juifs. » Un couple juif avait déjà
porté plainte plusieurs fois pour des inscriptions antisémites. Persécution, quand
tu nous tiens… Car la police a découvert
que les auteurs sont ce couple juif voulant
changer d’HLM ! L’analyse de l’écriture a
montré qu’elles étaient des mêmes mains.
Damned, encore raté…
CAMBADÉLIS PREND
DE SÉRIEUX RISQUES
Cambadélis, le premier secrétaire du Parti
socialiste n’aurait-il pas quelques tendances
suicidaires ? Interrogé sur les tensions intercommunautaires sur la radio juive Radio
J, il a déclaré : « Je suis contre [le fait] que
l’on identifie une communauté à un Etat. On
identifie la communauté juive à Israël et
on identifie les musulmans à Daech. C’est
le même raisonnement. » Quoi, comparer
Daech et l’Etat juif ! Mais est-il devenu
fou ? Il fut immediatement sommé de s’expliquer, faute de quoi il subirait les pires
avanies. Il tenta de rétropédaler d’importance, expliquant : « Je disais que c’était le
même raisonnement. Je suis loin de mettre
Daech sur le même plan qu’Israël. » Nous
voici soulagés… Mais depuis, Cambadelis
est sous très haute surveillance…
BARBIER, LUI
AUSSI, PREND DES RISQUES
Le directeur de L’Express, le très conformiste Christophe Barbier, a été sommé par
qui on sait de s’expliquer sur la couverture
du hors-série Juifs de France où l’on voit
une jeune femme participant aux récentes
manifestations parisiennes arborer un
drapeau avec l’étoile de David. Certains
laissent entendre que cette image renvoie
au ghetto. Barbier tente, vaille que vaille,
de défendre la pureté de ses intentions :
cette photo n’illustre pas le ghetto, mais
« La République » ! Rien que ça. Il relève
que sur la photo, il y a un drapeau français
en arrière-plan, notant, des trémolos dans
la voix : « L’un derrière l’autre, l’autre
derrière l’un, l’un à côté de l’autre: c’est
bien là une image qui résume, depuis 1947,
les relations passionnelles entre Israël et
la France ». Sauf que le drapeau français
est bien derrière le drapeau israélien, et non
devant, ni à côté. Mais ceci n’est qu’un détail. Barbier aborde les débats sur la double
nationalité et l’alya et évoque « un double
attachement » des Juifs français pour Israël
et pour la France. Il dit, sans que cela n’ait
provoqué de scandale : « Etre français et
israélien a un sens très fort pour de nombreux citoyens, sans que ces deux nationalités puissent toujours être, en leur esprit,
hiérarchisées. » Qu’en termes élégants ceci
est dit ! En attendant, si un conflit devait
éclater entre la France et Israël, vers quelle
fidélité iraient ceux qui sont supposés avoir
un « double attachement » ? Poser la question, c’est y répondre…
UN CLANDESTIN À LA
TÊTE DES JEUNES DE L’UMP
Stéphane Tiki (voir l’article de Flavien
Blanchon en page 2) est ce ressortissant camerounais, venu en France il y a dix ans,
avec un visa d’étudiant. Il fit une demande
de naturalisation qui lui fut refusée, il y a
sept ans. Pas grave. Entre-temps il a fait son
chemin. Nicolas Sarkozy l’avait nommé à
la mi-décembre, à la présidence des Jeunes
UMP, et il figurait dans l’organigramme de
la Droite Forte, pilotée par Geoffroy Didier
et Guillaume Peltier. Excellent militant, fort
3
sympathique, paraît-il, il relayait
avec fougue les thèmes disons
quelque peu droitiers de cette sensibilité de l’UMP : « Non au droit
de vote des étrangers », « Non à
l’immigration sauvage ». Tiki,
qui est Africain, était un merveilleux symbole de la France africaine, pour reprendre le titre du
livre de Jean-Paul Gourevitch. Il
explique, face aux accusations de
ne pas avoir la nationalité française : « Ma sœur est française,
mes parents ont été mariés en
France par Jacques Chirac, j’ai fait mes
études en France. […] C’est une polémique
infamante. Tant pour garantir l’issue favorable de ma demande, que pour assurer la
sérénité de l’action des Jeunes Populaires,
j’ai décidé de me mettre en congé de sa direction. Mon engagement au service de la
France et de ma famille politique reste intact, sincère et entier. » Et il ajoute : « J’ai
fait une demande de naturalisation qui est
en cours. » Problème : cette demande de
naturalisation, qui lui fut refusée, il y a sept
ans, comme le relève Minute (un mois avant
le Canard Enchaîné) n’existe tout simplement pas. Elle n’a jamais été renouvelée.
Bref, Stéphane Tiki est un sans-papiers, ce
qu’en bon français, on appelle un clandestin,
un délinquant, un hors-la-loi. Un clandestin à la tête des jeunes de l’UMP ! Mais, ne
doutant de rien, et surtout pas de ses hautes
relations, il s’était porté candidat pour figurer sur la liste UMP aux élections régionales
de décembre prochain ! Leur République est
tout de même amusante. En attendant, Laura
Slimani, présidente des Jeunes socialistes,
s’engage, avec ironie à se « battre pour la
régularisation » de Stéphane Tiki. Voilà où
en est l’UMP. Voilà où en est la France…
CHEZ MÉNARD, LA
POLICE A UN “NOUVEL AMI”
Depuis le 1er février, la police municipale
de Béziers, dont Robert Ménard est le maire,
a « un nouvel ami », partagé avec les Biterrois. La police municipale de Béziers est en
effet désormais équipée d’armes létales, des
7.65 automatiques. Neuf policiers — déjà
formés et en provenance d’autres polices
municipales déjà armées — patrouillent
avec cette arme, essentiellement la nuit. Robert Ménard a tenu à le faire savoir. La mairie a lancé une campagne sur les panneaux
publicitaires de la ville. On y découvre un
pistolet en gros plan avec un écusson tricolore sur la crosse et les messages suivants:
« Désormais la police municipale a un
nouvel ami ». Autant dire que les couineurs
couinent à qui mieux mieux…
DANS LES MOSQUÉES,
AFFLUX DE DEMANDES
DE CONVERSION À L’ISLAM
Depuis les attentats de janvier, les mosquées de Paris, Lyon et Strasbourg reçoivent un afflux de demandes de conversions à l’islam, affirme RTL.
En janvier, la Grande Mosquée de Paris
a enregistré un doublement des certificats
de conversion, 40 contre 22 en 2014. A
Strasbourg et Aubervilliers, la hausse est de
30 %, à Lyon de 20 %.« À Paris, un médecin, une directrice d’école ou encore un
policier, ont franchi la porte de la Grande
Mosquée pour se convertir » indique même
RTL. Au fait, quel est le titre du livre de
Houellebecq, qui connaît un grand succès ?
Soumission !
​A MORT, DIEUDONNÉ !
(Dessins de Chard)
L’acharnement judiciaire contre
Dieudonné s’intensifie.
Près
de 120 000 euros ont été requis
contre lui en l’espace de quelques
semaines au tribunal de grande
instance de Paris. Le 28 janvier le
procureur de la République a requis 300 jours amende à 100 euros, soit au total 30 000 euros,
contre le comique pour provocation à la haine raciale notamment
en raison d’une plaisanterie visant
le journaliste Patrick Cohen. On
se souvient des propos tenus par l’humoriste, dans son spectacle « Le Mur » : « Tu
vois, lui, si le vent tourne, je ne suis pas sûr
qu’il ait le temps de faire sa valise. Quand je
l’entends parler, Patrick Cohen, je me dis,
tu vois, les chambres à gaz… Dommage ».
Si le tribunal suivait ces réquisitions (jugement le 19 mars), sa peine serait transformée en emprisonnement s’il ne s’acquittait
pas de la totalité de l’amende. Parions que
ce diable d’homme est capable de relever le
défi. Dieudo en prison ! Cela aurait de l’allure et susciterait sans doute quelque émoi
dans les banlieues, et pas seulement dans
les banlieues.
En attendant, Dieudo n’avait fait que répliquer au journaliste de France Inter qui
l’avait qualifié de « cerveau malade », pour
justifier son refus de l’inviter à l’antenne,
ce que l’humoriste avait peu apprécié. La
“procuseuse” avait affirmé, le ton grave, la
bouche en cul de poule, que Dieudo avait répondu « pas en visant Patrick Cohen pour
ses propos, mais parce qu’il les a tenus en
tant que représentant de la communauté
juive ». Mais, attention, pas d’errements. La
magistrate est une démocrate. La preuve,
elle a asséné : « Oui la liberté d’expression
est un droit fondamental sauf que […] la loi
elle est là pour fixer les limites ». En d’autres
termes, la liberté d’expression pour ceux qui
se vautrent dans le politiquement correct, la
prison ou la guillotine pour les autres.
Le 16 janvier l’humoriste avait été
condamné à 6 000 euros d’amende pour
avoir lancé sur internet fin 2013 un appel aux dons pour payer de précédentes
amendes, ce qui est en principe interdit
mais ce qui en général ne fait jamais l’objet de poursuite, encore moins de condamnation. Le 22 janvier Dieudonné a été
condamné à verser 50 000 euros de dommages et intérêts à l’ayant-droit du frère de
feu la chanteuse Barbara pour avoir parodié
sa chanson « L’Aigle noir » et à 1 500 euros
d’astreinte par jour s’il ne supprime pas immédiatement son clip-vidéo.
Enfin, le 4 février, le procureur a requis
contre lui 30 000 euros d’amende (200 jours
amende à 150 euros) pour avoir posté le 11
janvier un message sur sa page Facebook
dans lequel il écrivait « je me sens Charlie
Coulibaly ». Il est poursuivi sans rire pour
« apologie de terrorisme ». Jugement le 18
mars. Ce monde est complètement fou !
Mais, en attendant, des juges qui osent
respecter la loi, ce qui est, par les temps qui
courent, d’une audace inouïe, autorisent les
spectacles de Dieudo. C’est ainsi que le tribunal administratif de Clermont-Ferrand a
ordonné la suspension de l’arrêté du maire
PS de Cournon d’Auvergne, dans le Puy-deDôme, qui interdisait le show « La Bête immonde ». Idem pour Metz et Strasbourg. Décision confirmée par le Conseil d’Etat qui a
estimé que « l’interdiction du spectacle portait une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté d’expression et à la liberté de
réunion ». Une bonne nouvelle. Me Jacques
Verdier, avocat de Dieudonné, avait déclaré il
y a quelques jours que la décision du tribunal
administratif allait « faire jurisprudence car
elle est la première à débouter une demande
d’interdiction de ce spectacle émanant d’une
collectivité publique », en l’occurrence le
Zénith d’Auvergne, qui appartient au conseil
régional. Les demandes d’annulation de ses
spectacles à Metz et Strasbourg émanaient
alors de Vega, un exploitant de plusieurs
Zénith de l’Hexagone, contrôlé par Fimalac,
le fonds d’investissement de l’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière (lequel
fut propriétaire du très sioniste Valeurs Actuelles). En attendant, vive Dieudo !
Robert SPIELER.
N°3176 — 19 FÉVRIER 2015 — RIVAROL
4
Procès à charge au Tribunal de France Culture : Poutine damné
F
RANCE Culture, nous
l’avons souvent démontré, n’est rien d’autre
qu’une énorme machine à décérébrer mise au service d’un
système mondialisé visant au
métissage ethnique et culturel
radical. Depuis quelques années il consacre un temps considérable de ses heures d’antenne
à la propagation de l’Islam
dit “modéré” en même temps
qu’il s’emploie à diffamer avec
hargne et bassesse Vladimir
Poutine et son “régime”. Dans
ce vacarme de propagandes
aux accents excessifs, quelques
(Dessin de Chard)
voix s’élèvent encore afin de
modérer l’hystérie. On pouvait
jusque-là ranger parmi elles
« L’Escalade en Ukraine », émission
celle de Philippe Meyer. Certes issu de l’extrême gauche soixante-huitarde, attiré par le diffusée le 1er février, était en réalité une
mouvement québecois issu des mêmes dé- charge grossière contre le chef d’Etat russe
rives et dont il fréquenta avec assiduité les illustrant Dans la tête de Vladimir Poutine,
grands porte-drapeaux, il glissa peu à peu un livre de Michel Eltachinoff, rédacteur en
vers le centre jusqu’à se complaire dans les chef adjoint du mensuel gauchiste Philosoméandres du Modem. Pour finir dans les eaux phie magazine. Eût-on imaginé une étude
saumâtres de la Sarkozie. Si on ne craignait de ce type sur Obama, Hollande, Sarkozy,
d’être menacé d’antisémitisme ou de conspi- Merkel ou Alexis Tsipras ?
Après une rapide introduction de Meyer
rationnisme — ce qui revient à peu près au
même —, on n’hésiterait pas à voir en lui sur la situation en Ukraine la parole est
quelques nettes tendances au néo-conserva- donnée à un ambassadeur, François Bujon
de Lestang. D’entrée il qualifie le récent
tisme.
Depuis 1998 sur France Culture il produit discours de Poutine à la Douma de « fanL’Esprit Public, émission dédiée au politi- tasmes tout à fait extraordinaires ». Il
quement correct, dont le prosélytisme eu- évoque, en Ukraine, « la force de l’armée
ropéiste est le cœur de défense et Poutine russe ». Insistant sur le fait que face à elle
plus récemment devenu le bouc émissaire « les menaces de l’Occident ne fonctionneprincipal. Après qu’il eut, sans pouvoir se ront pas ». Qualifiant les déclarations russes
défendre, été vilipendé sur les ondes de Ra- de “rodomontades”.
Rapidement le propos dérape et verse
dio France, tout au long de la semaine, la
bande à Meyer n’a pas grande difficulté, le dans le libelle, voire la calomnie.
Pour déboucher sur la loi de Godwin ou resamedi venu, à enfoncer encore son clou.
Dans cette bande figurèrent longtemps, ductio ad Hitlerum, selon laquelle lorsque la
Max Gallo — qui n’était pas le plus sec- discussion devient embarrassante le calomtaire —, Yves Michaud, Jean-François Re- niateur peut toujours s’en sortir en faisant invel, Jean-Claude Casanova, feu Bernard tervenir la Shoah ou les SS. Bujon ne traîne
Maris, Denis Olivennes, Michel Rocard, pas : « Tout n’a pas fonctionné pour Hitler,
Pierre Nora et de nombreux autres… par- de la même façon. » L’allusion est claire.
Il voit dans les récents développements
tisans intraitables de l’Europe du pognon et
pour la plupart familiers de la Trilatérale ou comme une sorte de nouvelle guerre froide :
« Une situation d’affrontement entre la
du Bilderberg.
Bourlanges : “Poutine mystifie l’extrême droite”
Dans l’émission de L’Esprit Public du 2
février destinée à diaboliser encore plus
Vladimir Poutine alors que le petit Mitterrand s’agitait au chevet de l’Ukraine,
Philippe Meyer, outre François Bujon de
Lestang, avait invité Thierry Pech, ancien Pdg de la revue Alternatives Economiques, le journaliste Eric Le Boucher
et Jean-Louis Bourlanges, professeur à
l’IEP de Paris. Tous sont de sévères censeurs de Vladimir Poutine. Bourlanges
est depuis des années un des piliers de
cette émission. Il fut député européen élu
sur les listes de Simone Veil, Dominique
Baudis et François Bayrou, évoluant entre
la gauche de la droite et la Sarkozie mais
toujours profondément libéral et européiste et toujours fédéraliste européen,
ayant pendant quatre ans présidé le Mouvement Européen-France. Lequel a pour
vocation l’instauration d’une Europe fédérale, c’est-à-dire, au-delà des grimaces
et des gesticulations, la disparition des
nations. Bourlanges est un adversaire implacable de l’idée nationale et de toute
conception traditionnelle de la nation et
de la culture. Evidemment Poutine et sa
Russie sont la cible de toutes ses attaques.
« Ça bouillonne dans sa tête (celle de
Poutine), ironise-t-il, sans déboucher sur
rien ». N’hésitant pas à affirmer qu’il
« n’y a pas a priori de rationalité à son
comportement ». Conscient du ridicule,
en l’absence de toute preuve, il ne va pas,
comme les media américains, jusqu’à le
décrire affligé du Syndrome d’Asperger, c’est-à-dire d’une forme autistique
d’hyper-intelligence. Mais il affirme que
l’Occident n’aurait cessé de lui tendre la
main et de tenter de traiter avec lui, ce qui
à l’évidence est faux. Il y a quinze ans
que les media de l’Ouest le brocardent
et l’insultent et autant d’années que, depuis George W. Bush et les deux mandats
d’Obama, l’Amérique essaie d’entraver la
renaissance de la Russie.
Pour Bourlanges ce qui motive Poutine c’est
« le mythe d’un régime panslave, orthodoxe,
impérialiste, le conservatisme qui se traduit
essentiellement par l’homophobie et l’opposition aux immigrés. La volonté de constituer
une communauté eurasienne rivale et hostile à la communauté européenne. Tout ça
traîne depuis des siècles dans les cerveaux
russes. Russes blancs ou russes rouges d’ailleurs ». L’ancien député européen fédéraliste
sait être encore plus méprisant quand, avec
toute l’arrogance du cuistre universitaire,
il fustige ceux qui, à l’extrême droite, possèdent quelque inclination pour cet homme
courageux et obstiné : « Nous avons affaire
à des gens qui effectivement s’identifient au
combat pour la souveraineté de M. Poutine
sans voir que pour nous c’est de la vassalité. S’identifient à l’exaltation de l’Empire
sans voir que pour nous c’est de la soumission. Qui s’identifient au conservatisme sans
voir que pour nous c’est la renonciation à
nos valeurs libérales. Et qui s’identifient à
une espèce de réconciliation du trône et de
l’autel sans voir que loin de nous enraciner
dans notre passé ça nous en déracine. Il y
a un point commun entre le christianisme et
la république c’est l’acceptation de ce qu’on
appelle parfois la laïcité et ce que les catholiques appellent la distinction du spirituel,
du temporel et de l’intellectuel ». Alors que
les véritables valeurs “libérales” portées par
M. Bourlanges et ses semblables sont celles
de la vassalité, de la soumission, de la renonciation, du déracinement, du fatalisme, imposées par l’impérialisme atlantique.
R. B.
Russie et l’Occident ». En même temps il
observe un isolement complet de la première dont se désintéresse l’Amérique, qui
ferait l’unanimité des Européens contre elle
et à laquelle les Chinois eux-mêmes tourneraient le dos. Au Conseil de Sécurité lors du
vote condamnant l’annexion de la Crimée,
ils se sont abstenus. A Davos le Premier ministre chinois « a fait un long discours en
faveur du respect des frontières issues de la
IIe Guerre Mondiale et des intégrités territoriales ». Concluant d’un définitif : « Quiconque sait lire voit bien que Moscou n’a
pas le soutien de la Chine. »
L’INCROYABLE APOSTROPHE
DE BUJON DE LESTANG
dans laquelle celui-ci évidemment a vu la
main de la CIA, et vous êtes dans l’actualité
la plus slavophile qui soit et la plus russe. »
On marche en effet sur la tête lorsqu’on
reproche à un chef d’Etat slave d’être slavophile. Il est vrai que personne n’a demandé
à Obama d’être américanophile ou à Hollande d’être autre chose que laïc et républicain. Mais on marche également sur la tête
lorsque l’on tient pour aberrante la conviction qu’avait Poutine de l’intervention de
la CIA dans les révolutions de couleur. Ce
qui est en effet un secret de polichinelle,
comme celle de Soros et celle de l’USAID,
appendice de la CIA.
Or qui est ce Bujon de Lestang ? Diplômé
de Sciences Po Paris, énarque, ancien élève
de la Harvard Business School, il est, à 75
ans, conseiller international de Citibank,
10e plus grande entreprise au monde, dont
il dirigea la filiale française entre 2003 et
2010. Membre du directoire de Total, il
est vice-président de la French-American
Foundation, créée par Giscard d’Estaing et
Ford pour renforcer les liens entre les EtatsUnis et la France. Cette institution chapote
les Young Leaders que fréquentèrent Nadjat
Belkacem, Emmanuel Macron, Marisol Touraine, Guy Sorman, Valérie Pécresse, Christine Ockrent, Pierre Moscovici, Alain Minc,
Bruno Le Roux, Anne Lauvergeon, Alain
Juppé, Laurent Joffrin, François Hollande,
Bernard Guetta, Jean-Marie Colombani et
plusieurs centaines d’autres qui pantouflent
dans tous les hauts lieux de la République.
Bujon de Lestang appartint de 1966 à 1969
au secrétariat général de la présidence de la
République, Charles De Gaulle regnante, ce
qui montre à quel point la fronde anti-Atlantique de celui-ci n’était que posture. Puis il
occupa les mêmes fonctions de 1986 à 1988
auprès de Jacques Chirac. Il est un des piliers
de la Trilatérale et on comprend que, comme
Zbigniew Brzezinski sur la Russie conseiller
très écouté d’Obama et qui voue une haine
farouche à celle-ci et à Poutine, on ne peut
attendre de sa part aucun jugement objectif
sur l’une et sur l’autre. En l’invitant, Philippe Meyer le savait parfaitement.
On reproduira ici, verbatim, une seconde
intervention de M. De Lestang, dont la violence, lui enlevant toute crédibilité, le dispute à la fureur et à l’outrance. Elle illustre
parfaitement la haine anti-Poutine frénétique qui imprègne l’autorité totalitaire
mondialiste.
« Monsieur Poutine, aujourd’hui, tient
le langage des slavophiles. Tout est de la
faute de l’Occident. L’Occident se coalise
contre la Russie pour entraver ses desseins,
pour la réduire et pour la contenir. Donc la
baisse du prix du pétrole, ça fait partie du
complot de l’Occident, il n’y a absolument
aucun doute dans son esprit… La Russie
est un pays qui vit sur son capital. Son infrastructure est dans un état déplorable. Sa
démographie est en crise très grave. Son
industrie manufacturière a besoin d’être
reconstruite. C’est une économie un peu
arabe, si j’ose dire, fondée complètement
sur le pétrole… Cela dit la propagande
coulant à plein bord et la mauvaise foi
étant totale au Kremlin, Poutine va réussir
à tourner son opinion publique grâce à cela
contre les Occidentaux : c’est de leur faute.
Et aujourd’hui avec sa popularité considérable fondée sur le nationalisme et sur une
propagande qui rappelle des années pas si
lointaines, il est tout à fait capable de développer cette thèse parce qu’en réalité il est
en cours de radicalisation complète. C’est
un homme qui a développé depuis sa rééRené BLANC.
lection en 2012 une espèce de
philosophie générale du pouvoir qui est ancrée dans celle
des slavophiles du siècle dernier. L’orthodoxie, la morale,
l’exaltation de la voix russe et
« Je suis très inquiet parce qu’on a le sentiment que
de la morale russe, tout ceci
constitue une espèce d’idéo- la fragilisation économique organisée de Poutine n’a
logie nouvelle dans laquelle pas pour conséquence la recherche d’un compromis
on a l’impression que, dans intelligent pour sortir de la crise, mais au contraire
un pays qui reste autocratique une fuite en avant dans l’escalade diplomatique et miet qui bride les libertés pu- litaire qui apporte à un peuple qui a souvent un senbliques, le parti communiste timent d’humiliation sa dose d’opium pour croire en
a été remplacé par l’Eglise toutes ces folies. Et que le retour de la Russie sur la
orthodoxe. On retrouve des scène internationale passe par ce genre de démonscaractéristiques aujourd’hui tration de force. » C’est clair : Poutine est un fou fudans ce pouvoir russe qui rieux et il s’apprête pour assouvir quelques fantasmes
rappellent beaucoup celui des à faire sauter la planète. Celui qui parle ainsi s’appelle
tsars au siècle dernier. J’ai Thierry Pech. Son bagage littéraire est impressionnant
trouvé dans les mémoires de mais cela ne fait pas nécessairement les élites les plus
Erzen qui fut la conscience intelligentes. Après avoir navigué dans la nébuleuse
libérale — (Faux, Erzen est socialo-gauchiste, il se sera posé en décembre 2013 à
appelé “le père du socialisme la direction du réservoir de réflexion socialiste qu’est
russe”) — de la Russie au le club Terra Nova. Pas le lieu où on admire la Russiècle dernier une phrase que sie nouvelle et moins encore son chef charismatique.
je trouve extraordinaire qui Il dresse donc un portrait apocalyptique de la Russie
porte sur le régime de Nico- poutinienne : récession, fuite de capitaux, turbulence
las II mais qui est presque monétaire. Pas un mot sur les sanctions s’il doit bien
transcriptible en changeant admettre l’insignifiance de la dette russe quand celle
deux ou trois mots : “Sous des Etats-Unis ou de la France explose. « Mais, corNicolas 1er le patriotisme se rige-t-il, il y a un risque sur la dette privée : un certain
transforma en quelque chose nombre de banques et d’entreprises risquent de faire
qui sentait le knout et la police défaut dans les mois qui viennent. » Mais cela n’arrivesurtout à Pétersbourg. Afin de t-il pas tous les jours ailleurs ? De surcroît, « elle n’a
se couper de l’Europe, des Lu- aucune indépendance technologique et contrairement
mières, de la révolution qu’il à tout ce qu’elle se raconte, elle a besoin de la technoavait redoutée depuis le 14 logie occidentale pour aller forer en eau profonde de
septembre 1825, la fameuse nouvelles ressources pétrolières ». S’interroge-t-il sur
révolution décembriste, Ni- l’indépendance technologique de la Chine, de l’Inde
colas leva la bannière de l’or- ou du Vietnam ? Il lui suffit en effet que « la Russie de
thodoxie, de l’autocratie et Poutine (soit) un pays très fragile ».
Précisons que Terra Nova est le laboratoire d’idées du
du nationalisme, fignolée à la
manière de l’étendard prus- Parti Socialiste. Peuplé d’une faune rocambolesque de
sien”. Remplacez Nicolas par laquelle on extraira quelques noms : Rocard, Cohn-BenPoutine, remplacez la révolu- dit, Peyrelevade, Aghion, Delanoé, Elie Cohen, Castel,
tion décembriste par la révo- Olivier Duhamel, Zeribi, Diallo, Pigasse, Olivennes, j’en
lution orange ou par les mani- passe et des pires !
festations de 2012 au moment
R. B.
de la réélection de Poutine
Terra-Nova : pour déglinguer
la Russie de Poutine
N°3176 — 19 FÉVRIER 2015 — RIVAROL
5
Vincent Reynouard : “Mon avenir ? La prison ou l’exil !”
RIVAROL : Vous avez été condamné à
2 ans de prison ferme le 11 février par le
tribunal correctionnel de Coutances (voir
l’éditorial). Pourquoi ne pas avoir pris un
avocat qui vous aurait peut-être aidé dans
votre défense ?
qui m’est arrivé à Saverne en 2008 lorsque,
sur la demande du procureur, le Président du
tribunal m’ordonna de cesser mon exposé historique et de retourner m’asseoir. Voilà pourquoi je l’affirme : la loi Gayssot m’interdit de
me défendre.
Vincent REYNOUARD : Tout d’abord
parce que, dans ce genre d’affaires, je refuse
de me battre sur la forme. La loi antirévisionniste en vertu de laquelle je suis poursuivi, je
l’ai violée sciemment, en toute connaissance
de cause, sachant à quoi je m’exposais. Dès
lors, je dois assumer pleinement mes actes et
ne pas tenter de trouver une échappatoire en
invoquant d’éventuels
vices de procédure.
R. : Avec la loi Gayssot, le législateur n’at-il pas finalement obéi aux antirévisionnistes qui refusaient toute remise en cause
de l’existence des chambres à gaz homicides allemandes ?
R. : Sans doute,
mais la loi antirévisionniste (loi Fabius-Gayssot)
ne
vous ôte-t-elle pas
toute possibilité de
vous défendre sur le
fond ?
V. R. : En effet, et
c’est la deuxième raison pour laquelle je
n’ai pas pris d’avocat :
cette loi déclare que
certains crimes contre
l’humanité ont effectivement été commis
au motif que des personnes ou des organisations en ont été reconnues coupables par une juridiction française
ou internationale. Elle s’appuie donc sur des
décisions de justice pour affirmer que certains crimes sont incontestables. Plus précisément — car c’est là le problème — la loi déclare qu’entre 1941 et 1944, les Allemands ont
exterminé systématiquement les juifs, l’arme
principale du crime ayant été la chambre à
gaz homicide. Dès lors, si je tente de démontrer le contraire à l’audience, on me répond
que ce n’est pas le sujet, on me reproche de
transformer le tribunal en tribune pour tenir
des propos illégaux et, au nom même de cette
loi Gayssot, on me retire la parole. C’est ce
V. R. : C’est incontestable. Dans une déclaration intitulée : « La politique hitlérienne
d’extermination », publiée fin février 1979
D.R.
et signée par 34 historiens, on lisait en guise
de conclusion : « Il ne
faut pas se demander
comment, techniquement, un tel meurtre de
masse a été possible. Il
a été possible techniquement puisqu’il a eu
lieu. Tel est le point de
départ obligé de toute
enquête historique sur
le sujet. Cette vérité,
il nous appartenait
de la rappeler simplement : il n’y a pas,
il ne peut y avoir de
débat sur l’existence
des chambres à gaz »
(voy. Le Monde, 21 février 1979, p. 23). Les
révisionnistes ayant au contraire réclamé un
débat public (c’était en 1988), les antirévisionnistes ont obtenu du Législateur une loi
qui allait permettre d’interdire définitivement
tout débat public, puisqu’elle allait punir l’expression publique des thèses révisionnistes.
R. : Mais un mois après le slogan « je suis
Charlie », n’est-il pas étonnant de vous
incarcérer pour avoir usé de votre liberté
d’expression ?
V. R. : Ceux qui expriment leur étonnement oublient qu’en France, pour bénéficier
Eric Le Boucher : quel imbécile ce Poutine !
Celui-là voit partout, depuis des années, les Occidentaux tendre une main fraternelle à
Poutine. Mais Poutine est si stupide qu’il ne répond pas à leurs avances. Les Américains :
« On a besoin de vous pour les autres conflits mondiaux, on a besoin vraiment de vous ». Eh
non, Poutine fonce sur Marioupol et casse tout ! « Totalement incompréhensible » s’esclaffe
Le Boucher qui a pourtant une explication : « En fait Poutine veut mettre suffisamment de
guerre pour que les marchés pétroliers aient peur et que le pétrole reparte à la hausse ».
Génial, il suffisait que le cofondateur de Slate.fr — avec Colombani et Attali — y songe.
« Il va flanquer la trouille et alors le pétrole… c’est-à-dire ses ressources, sa manière de
gouverner, sa manière d’être, c’est-à-dire son pouvoir, il ne le maintiendra que comme ça ».
Ah, c’est beau comme l’antique. Vous croiriez que cet Eric le Boucher est un sot ? Erreur,
c’est un des beaux esprits de la planète médiatique française. Il a appartenu à la Commission Attali, commise pour refonder notre économie, par le grand chef de la Droite, Sarkozy
soi-même, du temps où il avait été porté à l’Elysée par les électeurs du Front National. Ce
Le Boucher a collaboré à l’Usine Nouvelle, au Matin de Paris, au Monde, à Les Echos, à
Europe1. Il appartient à toute une tripatouillée d’organismes économiques dans lesquels on
case les copains. C’est surtout un partisan acharné de l’immigration de masse dont il vante
partout les bienfaits. Le nationalisme, il abhorre. Poutine, il abhorre. La Russie, il abhorre.
Ses dilections vont plutôt vers l’Afrique et le Maghreb. Il est donc de tous les “débats”.
R. B.
RIVARO L
Tour Ancône, 82 Bd Masséna 75013 Paris
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Hebdomadaire créé le jeudi 18 janvier 1951
Fondateur : † René Malliavin (1896-1970)
ANCIENS DIRECTEURS :
† René Malliavin (janvier 1951-septembre 1970)
† Dominique Lucchini, dit Pierre Dominique
(septembre 1970-mai 1973)
† Maurice Gaït (mai 1973-novembre 1983)
Marie-Luce Wacquez, dite Camille-Marie Galic
(novembre 1983-février 2010)
Directeur de la publication et de la rédaction,
éditorialiste : Fabrice Jérôme BOURBON
E.U.R.L. “Editions des Tuileries”, au capital de
51 000 euros pour 99 ans, à partir du 20 mai 1949.
Maquettiste : B. Archier — Imprimerie : Roto Presse
Numéris, 36-40 boulevard Robert Schuman, 93190 Livry Gargan — Dépôt légal : à parution — Gérant et
associé : Fabrice Bourbon. CPPAP n° 0218 C 82763,
ISSN n° 0035 56 66.
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de cette liberté, il faut être « politiquement
correct ». Car la démocratie n’est pas neutre :
c’est un régime politiquement engagé et qui
en tant que tel, réprime férocement ses adversaires déterminés.
R. : N’y a-t-il pas, pourtant, les Droits de
l’Homme ?
V. R. : Au contraire ! Ce sont eux qui permettent de me dénier toute liberté d’expression. En effet, la Déclaration universelle des
Droits de l’Homme de 1948 se termine ainsi :
« Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée comme impliquant pour […] un individu un droit quelconque de se livrer à une activité […] visant à
la destruction des droits et libertés qui y sont
énoncés. » (art. 30). Or, en tant que nationaliste, je crois en l’existence d’un ordre naturel
qui fonde le Bien commun. Et parce qu’une
société doit avoir pour idéal son adéquation
la plus parfaite à l’ordre naturel, alors le Bien
commun prime sur les biens particuliers. D’où
certains droits de l’Homme que je conteste en
tant que droits permanents et intangibles. Dès
lors, nos démocrates ont le droit de s’appuyer
sur l’article 30 de la Déclaration universelle
des Droits de l’Homme pour m’interdire toute
activité, c’est-à-dire, en l’occurrence, pour
m’interdire de m’exprimer librement par écrit
ou par vidéos.
R. : Seulement, on vous poursuit en vertu
de la loi Gayssot.
V. R. : Bien sûr ! Mais au terme de mon
“procès”, voici ce qu’a déclaré le président
de l’association mémorielle normande qui,
le premier, a porté plainte contre moi et qui
a rameuté le monde pour que les plaintes se
multiplient : « Il ne faut absolument pas laisser nos adversaires, les adversaires de cette
démocratie, les adversaires de cette liberté,
s’exprimer librement ». Pouvait-il être plus
clair dans le dévoilement de ses objectifs
réels ? »
R. : Finalement, la République reste fidèle à l’apostrophe du révolutionnaire
Saint-Just : « Pas de liberté pour les ennemis de la Liberté ».
V. R. : Oui, mais il faut préciser. Nos bons
démocrates veulent dire : « Pas de liberté pour
mes ennemis que je définis comme des ennemis de la Liberté au sens où je l’entends. »
R. : Le dernier espoir ne résiderait-il pas
dans le fait que la loi Gayssot serait anticonstitutionnelle ? Et tout d’abord, l’estelle ?
V. R. : Cette loi s’appuie sur
des décisions de justice particulières rendues contre des
organisations particulières ou
contre des particuliers pour
déclarer que certains crimes
sont des réalités historiques
incontestables. C’est ce qui fait
d’elle une loi anticonstitutionnelle, puisqu’elle viole la séparation des pouvoirs. Le Législatif ne peut pas s’appuyer sur
le Judiciaire.
R. : On a aussi parlé d’une
déclaration de Robert Badinter à ce sujet.
V. R. : En effet. Interrogé le 14 octobre 2010 sur
France Info à propos des lois
mémorielles — dont la loi
Gayssot, Robert Badinter luimême a déclaré : « Ma position est très claire, très claire :
le Parlement n’a pas à dire
l’histoire. […] La loi est une
norme. La loi a pour fonction
de règlementer une société,
de prévoir son avenir. Elle
n’a pas à prendre parti dans
une querelle historique ou tout
simplement à affirmer un fait
historique même indiscutable.
J’ajoute, il faut bien le prendre
en compte : la Constitution ne
le permet pas. Je le dis clairement, elle ne le permet pas. »
En 2012, il a tenté de faire machine arrière,
mais ses arguments ne sont absolument pas
convaincants…
R. : Comment, dès lors, expliquer que
cette loi n’ait jamais été reconnue anticonstitutionnelle ?
V. R. : Parce que le Conseil Constitutionnel n’a pas été saisi de la question. Lorsque
la loi Gayssot a été votée, il aurait suffi que
60 députés ou sénateurs s’accordassent pour
saisir le Conseil Constitutionnel. Mais cela
aurait été vu comme un soutien aux thèses
révisionnistes et aucun élu, ou presque,
n’a osé se lever. Aujourd’hui, il y a bien
la Question prioritaire de constitutionnalité (QPC) que tout citoyen peut poser, mais
avant d’être soumise au Conseil Constitutionnel, elle doit être validée par la Cour de
Cassation. Or pour la loi Gayssot, comme
vous le savez, les QPC transmises à deux
reprises par RIVAROL, en 2012 et en 2014,
ont toutes été rejetées par cette institution.
R. : Finalement, tout est cadenassé.
V. R. : Bien sûr ! Sur le papier, on a tous
les droits, toutes les garanties. Mais dans la
réalité, c’est très différent. Lorsque des intérêts supérieurs sont en jeu, la République sait
se défendre et violer des « grands principes »
pour mieux broyer le gêneur.
R. : Qu’allez-vous faire maintenant ?
V. R. : Je ne cesserai pas le combat pour lequel la Providence m’a désigné. Mais je ne
nourris aucune illusion : les plaintes déposées
à mon encontre se multiplieront à cause des
vidéos que je mets en ligne. Je suis désormais
un hors-la-loi ; un « desperado » comme on
disait en Amérique dans les années 1800. Je
n’ai plus rien à perdre. Je continuerai donc
jusqu’au bout. Et quel sera ce bout ? La prison ou l’exil…
R. : Quel est votre sentiment sur l’avenir
du révisionnisme en France ?
V. R. : L’histoire étant le théâtre de l’imprévu, je ne fais aucun pronostic. De toute façon,
Internet est un phénomène mondial et même
si la France bloque les sites, il y aura toujours
moyen de contourner la censure. J’ajoute
que pour nos adversaires, il est trop tard : des
graines ont été semées. Elles germeront un
jour ou l’autre, à la faveur d’événements que
l’on ne peut pas prévoir. Au-delà de mon petit
destin personnel — qui ne compte pas — j’ai
donc confiance.
Propos recueillis par
Jérôme BOURBON.
Ecrits de Paris
AU SOMMAIRE DE
FÉVRIER 2015
Jim REEVES : “Ils sont Charlie” : derrière la
veulerie et la lâcheté, l’Islam prend partout position — François-Xavier ROCHETTE : Ulrich
Beck, prophète cosmopolitique ? — Michel
FROMENTOUX : Un contre-révolutionnaire
ardéchois : le comte d’Antraigues, l’homme
qui en savait trop — Nicolas BERTRAND : La
Moldavie, un pays divisé qui penche désormais à l’Ouest ? — Sylvestre ALIBERT : Les
opérations germano-soviétiques dans le Caucase (1942-1943) deuxième partie — Patrick
LAURENT : Coups de cœur, coup de griffes.
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RIVAROL N°3176
6
Copenhague : l’internationale de la terreur et ses promoteurs
A
COPENHAGUE l’attaque d’un centre
culturel vers 16 heures samedi a fait un
mort et trois blessés parmi des policiers.
Une seconde personne est décédée et deux
autres policiers ont été atteints peu après minuit
à l’occasion d’une nouvelle fusillade à proximité de la synagogue de Copenhague. Et comme
le dit si bien la grande presse avec son habituelle
et ineffable emphase « un peu plus d’un mois
après les attentats de Paris au siège de Charlie
Hebdo et à la porte de Vincennes, l’Europe est
à nouveau confrontée au terrorisme. Le ministre
français, de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve est
attendu sur place dans la matinée » [leparisien.
fr15fév15].
NE SOYONS PAS DUPES !
Le bilan de ces attentats étant au final de deux
morts et cinq blessés, l’un de nos correspondants
nous écrit à ce propos : « Bernard Cazeneuve, le
plus fin limier de l’Hexagone, va incessamment
arriver à Copenhague. Il devrait pouvoir montrer aux Danois comment confectionner, en un
minimum de temps, des bobards en béton armé.
Et comment assurer leur cohérence avec ceux
servis, il y a à peine plus d’un mois, au public
français avec tant de succès. Il devra cependant
mobiliser son imagination, car les circonstances ne sont pas tout à fait les mêmes. Pas
d’invocation tonitruante “Allah Akbar”, pas
de revendication au nom d’Al Qaïda au Yémen
[fort occupée en ce moment, il est vrai, dans son
propre pays par la révolution chiite en cours],
ni davantage au nom des frères bien aimés de
Daech ! Pas non plus de pièce d’identité oubliée dans le véhicule emprunté pour accomplir
le forfait… À quoi pensent ces gens-là, on se le
demande ? Reste que l’on sait avec certitude,
avant même que n’ait eu lieu la fusillade de la
synagogue à minuit passé et avant que ne soit
abattu l’homme que l’on suppose être l’auteur
des deux fusillades successives, qu’il s’agit d’un
attentat, et de rien d’autre ! ».
Le chef du gouvernement danois, l’attrayante
Helle Thorning-Schmidt, auteur d’un selfie devenu fameux pris avec les sieurs Obama et Cameron lors des obsèques de Nelson Mandela,
l’a pourtant affirmé péremptoirement ! Elle sait
aussi que l’auteur est un islamiste, puisque le site
AlyaNews avait trouvé l’info avant tous — probablement avant le terroriste lui-même ! — et l’avait
publiée… devoir d’informer oblige. En France,
deux heures à peine après la fusillade de la rue Appert, ce tragique 7 janvier, un site du même acabit donnait l’identité précise des coupables. Site
communautariste que personne n’a apparemment
songé à interroger sur la nature de ses sources ! La
vidéo du suspect désigné confirme cette première
analyse : du haut de son mètre quatre-vingts, et
derrière son bonnet qui ne laisse entrevoir qu’une
infime partie de son visage, l’on a immédiatement
reconnu un « type oriental », malgré un épiderme
plutôt blafard… peut-être un disciple de Michael
Jackson ? En fait Omar el-Hussein, vingt-deux
ans, le présumé assassin — présumé pour l’éternité puisqu’étant raide mort il ne pourra jamais
révéler les tenants et aboutissants de ses crimes
supposés —, cela comme ses devanciers Merah,
Kouachi, Coulibaly & Cie…
L’on sait aussi que notre ambassadeur au Danemark, le proactif joueur de pipeau François
Zimeray [ce qui en hébreu signifie mélodieux,
musical], avait été auparavant ambassadeur
pour les Droits de l’Homme sur proposition de
l’humaniste Bernard Kouchner, et qu’à ce titre,
à 54 ans, il avait déjà rencontré quasiment tous
D.R.
ceux qui comptent sur terre… Nous apprenons
enfin qu’à l’occasion de cette périlleuse conférence sur « l’art, l’Islam et le blasphème » donnée dans un Centre Culturel de Copenhague,
tout le monde ou presque avait son ou ses
gardes du corps et par conséquent que le ressortissant hexagonal Zimeray était lui aussi assurément protégé. Grand bien lui fasse car c’est
aussi l’homme qui, par sa haute protection, fit
s’exfiltrer de Russie les Femen en rut dans notre
Douce France. Faveur qui leur permit entre
autres exploits d’aller se frotter le bas ventre
contre les nouvelles cloches de Notre-Dame ou
de mimer un avortement avec du mou de veau
devant le maître-autel de l’église de la Madeleine »… Cela sans en être punies d’aucune façon puisque leurs blasphèmes sont évidemment
de l’Art. Il n’y a que l’innommable Poutine, le
boucher du Donbass, pour penser autrement et
ne pas se rendre à cette noble raison !
Aux côtés de notre très entreprenant ambassadeur, se trouvait ainsi son égérie, la sémillante
Inna Chevchenko, l’une des fondatrices du
mouvement des Femen, justement originaire
d’Ukraine. Que du beau monde en somme ! On
se demande pourquoi n’a pas encore déboulé à
Copenhague tout le gotha de la politicaillerie
mondiale. Ce serait à nouveau l’occasion d’organiser, dans l’une des ruelles bien gardées de la
ville et surtout à l’abri des foules, un remake [bis
repetita placent] de ce qu’on a vu à Paris le 11
janvier ? Une bonne idée, non ? ».
Était aussi présent en vedette américaine, Lars
Vilks, dessinateur suédois qui s’était illustré en
2007 par ses dessins représentant — finesse des
finesses — le “prophète” Mahomet avec le corps
d’un chien. Décidément, les tueurs de Daech et
du Yémen ont une mémoire d’éléphant et une
irrépressible soif de vengeance. Ils ont l’air
d’avoir l’éternité devant eux, alors qu’en temps
normal ils se montrent si pressés et expéditifs !
Ne terminons pas sans évoquer le cri d’affliction
et de solidarité compulsionnelle lancé par Bibi
Netanyahou en direction de ses coreligionnaires
du Danemark et de tous les pays européens en
général, les invitant à revenir s’installer dans le
pays où coulent à flot le lait et le miel. À un mois
des élections législatives anticipées, Bibi a su
profiter de cet opportun fait divers pour assurer
les Juifs du monde entier qu’Israël ne demandait
qu’à tous les accueillir. On se débrouillera bien
sûr ensuite avec les Palestiniens !
TERRORISME, VOUS AVEZ DIT
TERRORISME ?
Dès le mardi soir, vous pouvez
consulter notre site Internet pour
vous assurer que notre hebdomadaire a bien paru, en connaître le
sommaire, lire l’éditorial et le billet
hebdomadaire, consulter l’agenda
et le courrier des lecteurs.
Pour toutes les correspondances
administratives, utiliser l’adresse
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réservée au courrier rédactionnel.
Que dire qui n’ait cent fois déjà été dit ? Le
terrorisme ? C’est avant tout une question de
vacarme médiatique. Qu’une rafale de kalach
soit tirée contre une vitrine à Copenhague et les
grosses caisses entrent aussitôt en transe. Pourtant ce sont des centaines de cadavres que font
quotidiennement les affidés d’Al-Qaïda et de
l’État Islamique au Nigeria, en Syrie, en Irak,
au Pakistan et ailleurs. En outre une guerre fait
rage au Donbass, les civils sont pris en étau,
leurs corps éventrés, démembrés, jonchent les
rues… cela fait des mois qu’au Donbass le carnage se poursuit, répétitif, inlassable, enveloppé
de silence et avec la complicité explicite et les
encouragements tacites de toutes les grandes
consciences, celles qui ici font et défont l’opinion. Qui cela émeut-il parmi les gens de presse,
la classe politique, les autorités morales, les
clercs ? Personne ou quasiment.
Des tirs d’armes automatiques sont chaque
jour entendus dans les faubourgs de Marseille,
même, dit-on, en accompagnement de la récente visite du Premier ministre. Une manière
comme une autre de fêter la venue d’un grand
de la République… et de lui faire la nique façon
néo-provençale. Là, les dépouilles des malfrats
s’entassent à la morgue. Qui en parle ? Qui s’en
offusque ? Qui exige en tapant du poing le retour à la loi et à l’ordre ? Pourtant, suivant les
“valeurs”, promues, encensées, exaltées par
l’idéologie dominante*, tous les hommes sont
censés se valoir, seraient égaux en dignité, la
racaille délinquante et meurtrière étant d’égale
valeur sociale et humaine que n’importe qui,
vous et moi ! Elle est même souvent beaucoup
plus digne d’intérêt que ses victimes. Sans
doute parce que le criminel est lui-même considéré comme la victime première, un exclu, un
enfant perdu chassé du paradis d’ici-bas par
l’indécrottable malveillance des bourges et des
fachos. À ce titre seul, le hors-la-loi, essentiellement innocent, grande figure romantique passionnément exaltée par la machine à décerveler
hollywoodienne, mérite exemption et rédemption… sauf bien entendu s’il s’en prend stupidement et à contretemps aux vaches sacrées, à
la liberté d’expression… Liberté pour certains
mais évidemment pas pour tous, à la différence
des unions institutionnalisées du même calibre.
CHARLIE, COULIBALY,
HUSSEIN ET COMPAGNIE
Or, parce que tous les hommes — sans exception — sont principiellement égaux, notre
indignation devant leur mort devrait se montrer
a priori de même étiage. Charlie devrait valoir
Coulibaly, un homme naguère reçu à l’Élysée
par le président Sarkozy en personne ! La vie
et la mort d’un assassin devraient, en principe,
valoir celles de ses victimes. Et, comme nous le
disions, valoir parfois plus car le tueur est une
double victime : l’Homme étant bon par essence
et de naissance, la source du mal est à chercher
ailleurs, notamment dans le système sociétal
qui pervertit la bonté originelle de l’Homme,
cette grotesque abstraction. C’est bien ce que
semblent indiquer les sempiternelles campagnes
pour sortir tel ou tel meurtrier des couloirs de la
mort des prisons américaines. Bon, bref, le débat serait long. Il n’a été effleuré dans ces lignes
que pour suggérer l’ampleur des contradictions
internes au sein desquelles nos sociétés progressistes se débattent. Sans parler des idéologues
dont l’incohérence rationalisée se transmute en
fanatisme par horreur de la réalité, une odieuse
et haïssable réalité qui ose les contredire en permanence.
Est-ce faire l’apologie d’un acte criminel —
puisque juridiquement le terrorisme n’existe
pas sans quoi il faudrait opérer de déchirantes
révisions quant à l’histoire contemporaine, et
notamment requalifier quelques faits dits de
résistance — que simplement le remettre en
perspective — et non pas le relativiser — ou le
resituer dans un contexte général au lieu de se
focaliser sur lui de façon indécente ?
Est-ce un crime contre la pensée que de
constater que le soi-disant terrorisme n’existe
pas — ou pas encore, mais ça peut venir — dans
nos sociétés et qu’il ne faut pas confondre faits
divers et guerre subversive ? Après tout les accidents domestiques ou de la route, les maladies
nosocomiales dans nos services hospitaliers, les
suicides et les homicides volontaires, font au
moins trois grosses dizaines de milliers de morts
chaque année et l’on n’en fait pas tout un plat.
Alors de qui se moque-t-on ? Que cherche-t-on
exactement sinon susciter de réelles vocations
afin, au bout du compte, de faire garder le bétail
par les loups ?
Comme dit plus haut ne sommes ni en Irak, ni
au Pakistan, ni en Syrie où nos ingérences ont
ensemencé les champs si féconds de la mort brutale. Les bombes ne claquent pas à chaque coin
de rue. Le 11 janvier, malgré les annonces, nul
tireur d’élite sur les toits pour surveiller et protéger le vulgum pecus apeuré et hébété… pas de
contrôle au sortir des stations du métropolitain,
pas de forces de l’ordre visibles, rien, nada. Si
le terrorisme avait menacé la France, les masses
en marche, ventres mous, vulnérables, de la République à la Nation, eussent été des cibles de
choix. Où sont alors passés les kamikazes, les
shahid [martyrs] censés pulluler ? L’État, le gouvernement, les Services étaient au parfum : ce
jour-là le risque était nul alors qu’au contraire il
eût dû être maximum ! Maintenant une chose est
certaine, avec le tapage qui entoure ces épisodes
de violence — de véritables bouffées délirantes
car les mots doivent garder un sens sous peine
de ne plus rien dire —, ceux qui ont exporté la
guerre en Asie Centrale, au Levant, au Maghreb
et en Mésopotamie, font tout ce qu’il faut pour
recueillir le fruit de leurs efforts et la monnaie de
leur pièce. Craignons en effet qu’à force de crier
au loup, il ne vienne à celui-ci l’envie de venir en
croquer. Mieux vaut ne pas invoquer le diable, il
risquerait pour finir par nous entendre.
_____
Léon CAMUS.
* Voir « 100 mots pour se comprendre, contre
le racisme et l’antisémitisme ». Opuscule publié
avec le parrainage de la Licra. Fichier pdf téléchargeable gratuitement en ligne.
ZIMERAY, OU
LA POLITIQUE JUIVE
DE LA FRANCE
L’une des causes lointaines de la guerre
d’Algérie fut le décret pris en 1870 par le républicain Adolphe (Isaac) Crémieux, qui établissait une discrimination positive en faveur des
juifs et négative aux dépens des musulmans,
ouvrant la nationalité française aux uns et non
aux autres. L’une des causes prochaines de la
guerre d’Algérie furent les émeutes de Sétif
en 1945 dirigées d’abord contre les juifs de la
ville et férocement réprimées par le gouvernement De Gaulle où collaboraient les communistes. Les juifs se sont servis des chrétiens
pour les protéger des Arabes, comme ils l’ont
fait dans l’affaire de Suez, où l’intervention
française sur mer, sur terre et dans les airs sauva Israël de la destruction. La guerre contre
l’islam d’aujourd’hui suit la même pente, avec
les agressions occidentales contre la Syrie et
l’Irak, la libération de la parole dite d’extrême
droite quand elle est maîtrisée par le sionisme
(Wilders, Breivik, Marine Le Pen), et enfin le
choix des cibles, lors de l’affaire Merah, du
supermarché cacher, de la synagogue de Copenhague, du cimetière de Sarre-Union, etc.
A cet égard, on n’a pas assez relevé les particularités de l’ambassadeur de France au Danemark. François Zimeray, juif par ses deux
parents, avocat, politique naviguant sans difficulté du socialisme au sarkozysme, est avant
tout un fervent ami d’Israël. Ancien député au
Parlement européen où il a bataillé contre les
Palestiniens, fondateur du cercle Léon Blum
et président du Med Bridge, groupe de pression européen sioniste, vénérable au B’ nai
B’rith , il fut « ambassadeur pour les droits
de l’homme » chargé du dossier de l’antisémitisme. En tant que tel il a sillonné le monde
pour porter la bonne parole sioniste, en le revendiquant hautement, comme on peut s’en
assurer en lisant l’interview qu’il a donnée au
CRIF en 2010. La politique de la France est
aujourd’hui une politique juive, et Roland Dumas n’avait pas tort de remarquer au micro de
Jean-Jacques Bourdin lundi que Manuel Valls
n’est pas neutre à cet égard.
HANNIBAL.
19 FÉVRIER 2015
L
7
Minsk II : la guerre en suspens
L’ombre de la mort plane sur cet accord
’ACCORD de cessez-le-feu au Donbass est entré en application le samedi 14 février à minuit heure locale.
Aussitôt après des tirs de roquettes tuaient
encore deux civils au centre de Donetsk.
Néanmoins, vingt-quatre heures plus tard,
séparatistes et gouvernementaux se voulaient rassurants et annonçaient que le
cessez-le-feu était en grande partie établi
sur la quasi-totalité des lignes de front de
l’Est, cela malgré la poursuite des bombardements autour de la ville de Debaltseve
où se trouvent encerclés plusieurs milliers
de soldats ukrainiens. Depuis le début de
la trêve les positions ukrainiennes n’ont
été visées qu’à 60 reprises, soit très peu de
chose comparé à l’intensification des combats qui avait précédé.
Reste que concernant la viabilité réelle de
ces accords, se pose derechef une question
à plusieurs étages. La
première étant : cet
accord sera-t-il respecté ? S’il connaît
seulement un début
d’exécution
au-delà
de la simple cessation
des combats ! Que prévoit-il exactement ?
Les armes lourdes
devront en principe
être éloignées de 50
à 150 km à partir de
l’actuelle ligne de feu
en fonction de la portée et de la nature des
armes. Disposition qui
ne concerne précisément que les armes
lourdes, artillerie, lance-roquettes multiples, missiles tactiques. Un retrait qui doit
être achevé sous la supervision des observateurs de l’Organisation pour la Sécurité
et la Coopération en Europe [OSCE] dans
les deux semaines qui suivront le silence
des armes… un délai très court et trop long
à la fois.
LA PAIX SUR UN
CHEMIN SEMÉ D’EMBÛCHES
Au bout d’un long processus constitutionnel l’accord devrait aboutir à la formation
d’une région autonome avec sa police, ses
forces armées et la capacité d’entretenir
des relations spécifiques avec la Russie.
Mais il n’est plus question de fédéralisation
de l’Ukraine ! Laquelle renonce en contrepartie à poursuivre ses démarches en vue
de son adhésion à l’Otan et à l’Union européenne. Ce qui ne saurait beaucoup plaire
au Département d’État compte tenu de son
opiniâtre volonté de toujours avancer plus
loin à l’Est ses pions sur l’échiquier continental. Autant dire que si Washington s’est
apparemment tenu coi pendant les pourparlers, les puissantes factions néoconservatrices postées en embuscade derrière Obama, devraient, en toute logique et à court
terme, tout entreprendre pour faire capoter
un accord qui contredit de façon aussi grossière leurs intérêts et visées géostratégiques
dans la région clef du Caucase, notamment
du point de vue des sources d’énergies fossiles et de leurs couloirs de transit.
L’OMBRE DE LA MORT PLANE
SUR LES ACCORDS DE MINSK
De ce point de vue, l’accord n’étant garanti formellement par rien ni par personne,
il est de facto d’une fragilité extrême…
parce qu’en l’état, rien ni personne ne peut
D.R.
en imposer l’application, tordre le bras de
l’un ou de l’autre, surtout sur le terrain politique.
Remarquons à ce sujet que parmi toutes
les parties concernées ou impliquées dans
le conflit, seules quatre étaient présentes à
Minsk au chevet de l’Ukraine moribonde :
son président, l’oligarque Porochenko1, la
Chancelière allemande Merkel, le Français Hollande et le président russe Poutine.
Quid de Federica Mogherini, Haut-Représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité ? Pourquoi
les Premiers ministres du Royaume-Uni et
de la Pologne — ce dernier pays étant l’un
des protagonistes du drame, ne serait-ce
que par ses liens militaires avec Kiev —
étaient-ils absents ?
Quant à Obama, nous venons de voir que
tout accord avec la Russie via une quelconque résolution de la crise ukrainienne,
ne peut que gravement contrarier la politique d’isolement que Washington conduit
avec assiduité à l’encontre du Kremlin. Le
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Tour Ancône, 82 boulevard Masséna, 75013 Paris.
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staff de la Maison-Blanche était néanmoins
assis à la table des négociations, mais
par procuration en la personne de M. Porochenko. Lequel, à intervalles réguliers,
s’en allait consulter, dit-on, par satellite ses
mentors d’outre-Atlantique sur la conduite
à tenir.
BOUVARD ET PÉCUCHETTE :
TANDEM DE L’ANNÉE
Interrogeons-nous d’ailleurs sur les
moyens qui seraient matériellement à disposition du couple biscornu franco-allemand en vue de garantir la durabilité d’un
cessez-le-feu conclu sans y associer l’ensemble des parties prenantes. Parce que
si les représentants des Républiques de
Donetsk et de Lougansk étaient présents
derrière le rideau, en l’occurrence dans
une salle adjacente, a contrario les milices
pro-gouvernementales, les bataillons punitifs et autres « Secteurs droits » — véritables bras armés de certains oligarques2
néo-féodaux — n’ont pas, eux, été de la
partie. Ces groupes armés, minoritaires
mais influents, ne sont en conséquence pas
tenus par des dispositions adoptées sans
leur consentement.
Il va de soi que les parties non présentes
ne sont a priori ni liées ni engagées par les
termes de l’accord. Resterait également
à savoir si Porochenko sera lui-même en
mesure d’honorer sa propre signature. De
facto, l’Ukraine en cessation de paiement, à
la “note” dégradée à l’extrême, est à l’agonie n’existant pour ainsi dire plus en tant
qu’État. Cela malgré les 15 milliards d’euros que promettent pour 2015 les banques
privées et les 40 milliards de dollars sur
quatre ans qu’annonçait à l’heure des négociations le Fonds monétaire international…
« Personne ne peut assurer que Porochenko
lui-même puisse en effet, pour autant qu’il
le veuille réellement, imposer aux bandes
armées et aux milices qui sévissent à l’Est
et qui semblent échapper à tout contrôle,
de respecter un accord de cessez-le-feu négocié alors qu’au même moment le ciel de
Donetzk était illuminé par les tirs de l’artillerie ukrainienne » [« Minsk-2 le parfum
de l’hypocrisie » Pchetchkov/13fév15]. On
pourrait encore et encore gloser longtemps
sur les grands absents des négociations de
paix. Des chaises vides qui en disent long
en ce qu’elles désignent du doigt de redoutables présomptions d’échec… ou en
tout cas hypothèquent fortement la viabilité d’un accord conclu sans un substantiel
consensus international.
LES GALÉJADES
DE HOLLANDE
Enfin Hollande, lors d’un point de presse
conjoint avec Mme Merkel, a qualifié l’accord de « règlement politique global du
conflit ukrainien ». De quel règlement global
s’agit-il ? La question de la Crimée a-t-elle
été évoquée ? Non ! Mais alors le problème
reste entier et l’on voit bien ici que l’accord
n’a été conclu que pour donner le change,
pour amuser la galerie, laisser à Porochenko
le temps d’achever — pour autant qu’il y parvienne ! — la mobilisation3 de ses réservistes
et permettre aux armes défensives-létales
américaines d’arriver… Ceci afin de tenter
de renverser le cours d’une guerre intérieure
commençant à ressembler furieusement à une
débâcle.
Bref, les signataires n’ont en fait signé à Minsk qu’une sorte de déclaration
commune de bonnes intentions générales — aussi vagues que floues car rédigée en anglais, langue dont on connaît
l’imprécision… si utile en matière d’enfumage diplomatique — visant à pérenniser la souveraineté et l’intégrité territoriale ukrainienne. Cela tout en affirmant
“endosser” — ce qui ne veut rien dire,
la traduction russe moins absconse disait
“approuver” — un document intitulé « paquet [package] de mesures », document
reprenant pour l’essentiel le Protocole de
Minsk du 5 septembre 2014, et dont à ce
jour l’échec est patent.
Au final le plus sombre pessimisme
est de rigueur. Nombre d’observateurs
concluent à présent que les voies de la
négociation étant épuisées, la guerre ouverte doit devenir la conclusion attendue,
normale, de la tragédie ukrainienne. D’autant que Washington entend obtenir un
changement de régime à Moscou comme
à Damas, et que la guerre, si elle a lieu, se
déroulera en Europe orientale, c’est-à-dire
loin des rivages américains et surtout loin
de Manhattan et de Chicago, bastions de
l’humanisme financier et globalisant.
L. C.
_____
1. « Prezydent Poroszenko ze złodziejskiej
dynastii to koniec pozostałości Ukrainy »
Le Président Porochenko, d’origine juive et
moldave, de son vrai nom Walcman, âgé de
44 ans, né près d’Odessa et ayant pris le nom
de sa mère. Le fils d’Aleksiej Walcman, Piotr
Poroszenko, allait emprunter les mêmes chemins sinueux et ascensionnels que son père,
lequels sont aussi les voies les plus rapides
vers les sommets de la fortune financière et
politique [novorus23mai14].
2. Les liens de « Secteur Droit » et de son chef
Dmitri Yarosh avec Valentin Nalivaïtchenko,
patron du SBU, le Service de sécurité ukrainien, sont de notoriété publique, tout autant
que les relations étroites qu’entretient Nalivaïtchenko avec ses homologues américains.
Yarosh dont l’influence au sein de la Garde
Nationale est un fait établi, tout comme sa
collaboration aux ambitions de l’oligarque
ukrainien Igor Kolomoisky, en vérité un trinational puisqu’aussi bien Chypriote qu’Israélien. Celui-ci finance certains des « bataillons punitifs » de Yarosh — un néo-nazi
assez peu orthodoxe ! — et s’est créé ce qu’il
convient d’appeler un “fief” avec pour base
territoriale les villes de Dniepropetrovsk et
d’Odessa. Inutile d’ajouter que Kolomoisky
est également l’homme des États-Unis !
3. En Ukraine même, la mobilisation en cours
décrété par le chef de l’État, montre l’extrême désaffection des populations à l’égard
du gouvernement central : dans certaines régions, seuls 20 % des appelés se présentent à
l’incorporation !
AGENDA
+ 20 février près de Chambéry (20h30).
Conférence-dédicace
de
François
Veyret-Passini sur «Piss Christ Fora ».
Tél. : 06-60-77-87-75.
+ 21 février à Paris 7 e (15 heures, 78 A
rue de Sèvres). Conférence de Philippe
Ploncard d’Assac sur « La guerre des
mondes voulue, du mondialisme ». Part. :
10 €. Étudiants, chômeurs : 5 €.
+ 21 février dans le pays d’Auge. Réunion sous l’égide de Guy Guerrin où l’on
débattra sur le thème conduit par M. Mauger : « Réunification : nous, Normandie
occidentale, nos atouts à faire valoir ».
Contact : 02-31-79-62-04.
+ 28 février à Toulouse (19h30). Repas
de Toulouse Nationaliste, en présence
d’Yvan Benedetti, directeur de Jeune Nation et de Pierre-Marie Bonneau, avocat
du CLAN. Stands sur place. Entrée : 5 €,
repas : 20 €. Inscription à : [email protected].
+ 6 mars à Toulouse. Conférence de
Pierre de Brague : « Histoire et actualité du Cercle Proudhon ». Ouverture des
portes à 19h30. Stand librairie dédicace.
Part. : 5 euros. Rens. cercleespritrebelle@
yahoo.fr. Tél. : 06-44-96-19-25.
+ 14 mars à Pérols (cimetière SaintSixte, entrée A, stèle de l’ADIMAD, 11h).
Hommage à Jean Bastien-Thiry et aux assassinés du 26 mars 1962 à Alger. Tél. :
06-22-85-37-98.
+ 15 mars à Grenoble (16h). Conférence-dédicace de François Veyret-Passini
sur « Piss Christ Fora ». Contact : 06-29-5641-49 ou [email protected].
+ 21 mars à Lyon (14h). Grande marche
pour la Vie, avec participation des Caryatides, mouvement nationaliste féminin. Tél. :
06-60-77-87-75.
N°3176 — 19 FÉVRIER 2015 — RIVAROL
8
Le défi géopolitique “français” de l’après “11-septembre” français1
L
’APPEL de F. Hollande à la Révolution de la langue à l’école : pour
réarmer l’Intelligence et faire du
« français » l’arme anti-terroriste de Reconquête n°1 ! Mais contre qui ?
de dénoncer la politique de destruction systématique et continue de la langue française
conduite par les gouvernements successifs
de la République jusqu’à celui de F. Hollande :
Par sa remise à l’honneur du “français”,
pour faire de sa “maîtrise” à l’école le fer de
lance de sa politique anti-terroriste, c’est à
une totale inversion de la politique d’incitation à la haine du français — jusque là l’« ennemi à abattre » ! selon la célèbre formule de
l’Académie française2 —
que le président de la République vient d’en appeler, à l’ouverture de l’étape
2 de la « refondation de
l’école ». L’incroyable Révolution de l’enseignement
du français, qu’il a ainsi
lancée, le 21 janvier 2015
à la Sorbonne, lors de ses
vœux au monde éducatif3,
met la Reconquête des territoires perdus de la langue
française au centre de sa
politique intérieure mais
aussi internationale en raison du “statut” universel
du français ! Quelle est la
“faisabilité” d’un tel virage
à 180 % ?
Quelle est la raison « géopolitique inéluctable » de
cette décision de faire de la Reconquête du
français la priorité n°1 de l’école ? Du décryptage du terrorisme au code de lecture, F.
Hollande a remonté maillon après maillon,
la chaîne d’évidence qui — pour faire « face
à l’onde de choc qu’ont déclenché les événements » — l’a acculé à recourir à l’arme primordiale du “français” pour détruire le terrorisme en herbe « à la racine même » dans
l’esprit de la jeunesse : pour « comprendre
ce qui s’est produit, a-t-il dit, des assassins
qui ont perpétré une attaque à l’égard de la
France, de ses institutions, de ses valeurs,
de la liberté », « Il vous a été demandé une
fois encore, vous, personnels de l’éducation,
vous, enseignants, d’être en première ligne,
pour expliquer […] et réfléchir au sens des
mots : liberté, liberté de conscience, laïcité,
blasphème, caricature, racisme, antisémitisme ». « Oui ces mots doivent retrouver leur
sens », ce qui est impossible sans maîtrise de
la langue. Que peut bien vouloir dire le mot
“laïcité” pour les enfants de l’illettrisme et
de la non-assimilation ? « C’est le rôle de
l’école de les rattraper » grâce à un « plan
d’action » qui « vise à renforcer la transmission aux élèves des valeurs républicaines »
en prenant la « maîtrise du français » comme
« chantier prioritaire ». Il faut que « chaque
élève puisse comprendre ce qu’est une information » ou non, « décrypter ce qu’est une
source d’information ». « Combien d’élèves
encore sont en difficulté et finalement se détournent de la lecture pour se contenter des
images, et parfois d’images d’une grande
violence ? » « Voilà pourquoi nous devons
élever le niveau de formation des élèves, les
armer face au monde, renforcer l’acquisition des savoirs fondamentaux » à partir du
français. « Car il n’y a pas d’accès possible
à la culture, à la raison, à l’argumentation,
au jugement, aux idées, au plaisir même
de penser par soi-même, d’écrire par soimême, d’aller vers des textes qui paraissent
les plus essentiels si on ne maîtrise pas le
Français. » « Voilà ce qu’est l’enjeu de la
grande mobilisation de l’école pour les valeurs de la République » par la Reconquête
de la « maîtrise du français ».
Telle est la « géopolitique implacable » par
laquelle F. Hollande en a été réduit — pour
la lisibilité sémantique des valeurs de la République, nécessaire à la reprise en main de
la jeunesse — d’en appeler à la Reconquête
du “français” à contre-courant de la politique
en vigueur.
A l’inverse, pour quelle raison « géopolitique comminatoire » F. Hollande a-t-il dû
rejeter l’appel de l’Académie française, du
5 décembre 2013, à la Reconquête de la
langue française pour en finir avec sa destruction ? Nul ne saurait comprendre l’incroyable défi du 21 janvier, s’il n’est pleinement conscient que c’est en vain que, depuis
des décennies, l’Académie français n’a cessé
L’ACADÉMIE FRANÇAISE MÉPRISÉE PAR HOLLANDE
— 6 avril 2000, sur le « Recul des études littéraires »4 : « L’Académie française s’alarme
de ce que la politique d’amenuisement des
filières littéraires, depuis
plus de deux décennies,
soit sur le point de parvenir à éliminer presque
complètement de notre
enseignement la connaissance et le goût de la littérature. » « Aujourd’hui,
la langue et la littérature
elles-mêmes ainsi que
les exercices qui en sont
les instruments d’étude
semblent être devenus les
ennemis à détruire. » « On
a d’abord asphyxié les
langues anciennes. C’était
oublier qu’elles servent à
connaître le français. Des
bases en latin et en grec
D.R.
sont indispensables aussi à
la compréhension du langage scientifique comme
des structures politiques et juridiques de
notre civilisation. »
— 21 mars 2002, sur la « Féminisation
des noms de métiers, fonctions, grades et
titres »5 : « Comme l’Académie française
le soulignait déjà en 1984, l’instauration
progressive d’une réelle égalité entre les
hommes et les femmes dans la vie politique
et économique rend indispensable la préservation de dénominations collectives et
neutres, donc le maintien du genre non marqué chaque fois que l’usage le permet. Le
choix systématique et irréfléchi de formes
féminisées établit au contraire, à l’intérieur
même de la langue, une ségrégation qui va à
l’encontre du but recherché. » « De ce rapport [de 1984], le gouvernement n’a pas non
plus tenu compte, alors qu’aucun texte ne
lui donne le pouvoir de modifier de sa seule
autorité le vocabulaire et la grammaire du
français. »
— 23 avril 2013, adoption de la « loi Taubira », dont l’article 1, dénaturant la définition
de chose du mot mariage, est une violation
flagrante du pouvoir souverain de l’Académie française excluant tout droit du gouvernement de modifier la langue6.
— Le 5 décembre 2013 « À la reconquête
de la langue française »7. A la fin de l’année
marquée par les plus fortes mobilisations de
l’Histoire de France, contre la destruction
d’une définition du mot “mariage”8, dans son
discours historique, Hélène Carrère d’Encausse dresse un tableau dramatique du recul
constant de la langue française : « La langue
française est triplement menacée, disent
[nos compatriotes], par la langue anglaise
qui insidieusement la dévore de l’intérieur ;
par nos élites qui en font un usage affligeant,
enfin et surtout menacée d’être ignorée
par les nouvelles générations à qui l’école
n’apporte plus les moyens de l’apprendre. »
« Plus inquiétant encore que le spectacle de
rues envahies de termes anglais est le domaine de l’enseignement qui, dit la loi, doit
être dispensé en français. Le recul de notre
langue est ici dramatique […]. Mais plus encore […] c’est la menace de projets en cours
d’élaboration qui affole tous ceux qui ont foi
en notre langue. L’idée chemine, dans le plus
grand secret, de partager l’enseignement de
notre langue en deux parties, l’une, obligatoire, serait consacrée à la langue française,
considérée comme langue de communication, et l’autre, couvrant tout l’enseignement
littéraire, ne serait que facultative […]. »
Enfin, comme le montre la chute au 25e rang
de la France au classement PISA « La lecture est au cœur de ce naufrage. c’est la
maîtrise et le goût de la langue qui partout
reculent. » « La maîtrise de la langue, dont
l’école dotait tout un chacun il y encore un
demi-siècle, n’est plus le bien également
partagé des nouvelles générations. Le fossé s’élargit entre ceux dont l’environne-
ment familial et social complète les acquis
du milieu scolaire, et ceux qui viennent de
milieux dits défavorisés. » « C’est la langue
française qui a été sacrifiée. » Devant ce
fossé qui se creuse sans cesse davantage
« Comment oublier que l’unité française
a eu pour outil privilégié la langue du roi,
puis celle de l’école. » « Seule la volonté
politique, conclut-elle, peut rendre à notre
langue le respect et l’attention qui lui sont
dus et du même coup son autorité et son influence ici et dans le monde. » Alors, pour la
première fois dans l’histoire de l’Académie,
tirant les conséquences ultimes du constat de
faillite de la politique de la langue de la République ayant conduit à faire du français et
de la littérature « les ennemis à abattre », de
la course à l’abîme du français auquel elle
assiste depuis son élection de 1990, Hélène
Carrère d’Encausse, de faire valoir le droit
statutaire de “harangue”9 de l’Académie
l’assimilant « aux cours supérieures, comme
instance suprême en matière de langue ». Ce
5 décembre 2013, elle interpelle donc F. Hollande en ces termes : « C’est donc vers le chef
de l’État, son protecteur depuis le règne de
Louis XIV, que l’Académie se tourne pour lui
demander solennellement de faire de l’année
qui vient [2014] l’année de la reconquête de
la langue française, et d’abord au sein de
l’école qui la porte et la transmet. “La maîtrise des mots est le début de la sagesse”,
disait Antisthène, le disciple de Socrate ; son
message venu du fond des âges est aussi une
leçon pour notre temps. »
LA DESTRUCTION
DU FRANÇAIS : OBJECTIF
PRIORITAIRE DES ÉTATS-UNIS
Comment, en flagrante violation de ses
devoirs les plus impérieux, F. Hollande —
« protecteur de l’Académie » — a-t-il pu
ne pas répondre à un tel appel, solennel, à
sauver la « maîtrise de la langue », la littérature, l’école, en un mot la langue de la
République, du naufrage ! Par son silence,
il avouera :
1) Qu’il n’est pas en son pouvoir de faire
la Révolution de l’enseignement à laquelle
il en a appelé le 21 janvier 2015 à la Reconquête du français et pour en finir avec sa politique de destruction ;
2) Qu’il dépend d’un Pouvoir supérieur au
sien lui interdisant cette décision de salut public ;
3) Que la destruction du français — qui
est l’objectif stratégique prioritaire des
Etats-Unis — s’impose à lui, simple exécutant de ses basses œuvres ! En un mot, cet
éloquent silence rendra manifeste que la
politique “supérieure” d’amoindrissement
continu de la langue française et de substitution progressive de l’anglais au français,
est “inchangeable” au plus haut niveau de
la République ! Telle est la raison « géopolitique comminatoire » — l’inféodation de
la République aux Etats-Unis — expliquant
le rejet par F. Hollande de l’appel de l’Académie française10, du 5 décembre 2013, à la
Reconquête de la langue française pour en
finir avec sa destruction ! Pour quelle raison
“géopolitique” de vocation à l’hégémonie
culturelle, l’anglais est- il l’ennemi mortel
du français ? En matière criminelle — « Is
fecit qui prodest » — l’Académie a parfaitement désigné le commanditaire du crime
dans les trois causes de la ruine du français :
« la langue anglaise » qui « le dévore de
l’intérieur », nos “élites” qui le trahissent au
profit de l’anglais et « l’école qui n’apporte
plus les moyens de l’apprendre » et pousse
à l’anglicisation forcée de l’enseignement.
Car ces trois causes se résument en un seul
ennemi : l’axe anglo-saxon des Etats-Unis
avec la guerre à mort qu’ils font à la France,
à sa langue et à ses valeurs (cf. De Gaulle et
Mitterrand11).
Depuis le traité de Versailles de 1919 enclenchant l’élimination du français, toute volonté de Reconquête du français fait l’objet
d’un interdit des Etats-Unis. Elle se heurte
au terrorisme haineux du « french bashing »
anglo-saxon et à la défense des intérêts vitaux des Etats-Unis s’imposant aux Régimes
inféodés à l’Otan. Car qui dit Reconquête
du français dit Reconquête en chaîne de ses
valeurs, de sa Civilisation universelle, du
Prestige de la France et de son Pouvoir d’une
alternance, géopolitique et géoculturelle, au
modèle “américain” et à sa stratégie hégémonique de « guerre des Civilisations ». Les
Anglo-Saxons veulent régner sans partage par
le “softpower” en remplaçant le rayonnement
de la France, encore qualifiée de première
puissance culturelle par Kennedy en 1962.
Telle est la raison “géopolitique” de vocation
à l’hégémonie culturelle qui fait de l’anglais
l’ennemi sans merci du de la langue française,
langue de l’Europe française, de son rayonnement et de toutes ses valeurs de Civilisation
induite.
Pour quelle raison de « politique intérieure » l’appel à faire du “français” l’arme
anti-terroriste de Reconquête de l’école
n°1, ne peut-il aboutir par F. Hollande ? La
stratégie de F. Hollande de Reconquête de
la jeunesse en faisant du “français” l’arme
anti-terroriste de Reconquête n°1 — de décryptage de l’information et de décodage
des sources — n’est pas plus crédible que
ses mesures anti-chômage ! Est-il sérieux
de croire que la nouvelle génération, perfusée en continu de réseaux sociaux, de media,
d’Internet, d’émissions de « déshabillage de
l’info », etc., l’aurait attendu pour savoir décrypter les malices et autres désinformations
de media et des propagandes en tout genre…
dont la sienne ? Imaginer que le discernement
sémantique serait l’arme idéale de déminage
de la propagande “ennemie” (djihadiste) est
un leurre à haut risque de voir le décryptage
des « valeurs de la République » se retourner
contre elles-mêmes, en apparaissant à l’analyse comme de pures duplicités… C’est ce
qu’a magistralement démontré Aldous Huxley dans son Retour au meilleur des mondes
(1958) : « Nulle part, dit-il, on n’enseigne
aux enfants une méthode systématique pour
faire le départ entre le vrai et le faux […]
Pourquoi ? Parce que leurs aînés, même
dans les pays démocratiques, ne veulent pas
qu’ils reçoivent ce genre d’instruction. […]
la brève et triste histoire de l’Institute for
Propaganda Analysis est terriblement révélatrice. Il avait été fondé en 1937, alors que
la propagande nazie faisait le plus de bruit
et de ravages […] Sous ses auspices, on pratiqua la dissection des méthodes de propagande […] pour l’instruction des lycéens et
des étudiants. Puis vint la guerre, une guerre
totale, sur tous les fronts, celui des idées au
moins autant que celui des corps. Alors que
tous les gouvernements alliés se lançaient
dans “la guerre psychologique”, cette insistance sur la nécessité de disséquer la propagande sembla quelque peu dépourvue de
tact. L’Institut fut fermé en 1941. […] L’examen trop critique par trop de citoyens des
moyens [d’expression des autorités] pourrait
s’avérer profondément subversif. […] [car]
l’ordre social dépend, pour continuer d’exister, de l’acceptation, sans trop de questions
embarrassantes, de la propagande mise en
circulation par les autorités ».
Nul pouvoir en place n’a intérêt à apprendre
l’art de la duperie à ses sujets, sous peine
de risquer de perdre le contrôle et de se voir
lui-même renversé ! Telle est la raison de
« politique intérieure » interdisant tout aboutissement de faire du “français” l’arme anti-terroriste de Reconquête n°1 de l’école. Enfin, pour quelle raison, à la fois “géopolitique”
et de « politique intérieure », les Français
doivent-ils impérativement mettre en œuvre
la stratégie du 21 janvier de Hollande : pour
faire la révolution de la langue, demandée par
l’Académie française, et pour faire du “français” l’arme anti-terroriste de Reconquête n°
1 de la République ! En conclusion, il apparaît
que ce sont des raisons “géopolitiques” et de
« politique intérieure », résultant d’une erreur
sur l’ennemi principal, qui frappent d’impuissance la stratégie du 21 janvier. Il faut donc
inverser le regard. Il apparaît alors que le plan
stratégique de F. Hollande est parfait, à trois
erreurs près, mais de taille : il se trompe d’ennemi, il se trompe de guerre, il se trompe de
combattants ! L’ennemi ? Comme De Gaulle
et F. Mitterrand l’ont révélé (on ne le répètera
jamais assez !), nous sommes en guerre à mort
avec les Etats-Unis. La propagande de guerre
à décrypter ? C’est celle des fausses valeurs
se présentant comme celles de la République
pour mieux nous aveugler. Les combattants ?
Ce n’est pas l’école qui doit mener la guerre
de désintoxication qui s’impose, mais les
N°3176 — 19 FÉVRIER 2015 — RIVAROL
Français eux-mêmes qui n’ont aucun secours
à attendre de leur Gouvernement ennemi,
cause de tous leurs maux, comme le “pompier-pyromane” est le pire des incendiaires.
LA DÉFENSE DE LA LANGUE
FRANÇAISE S’IMPOSE À TOUS !
En voyant la soixantaine de chefs d’Etat « en
tête »12 du Grand rassemblement du 11 janvier
2015, un haut fonctionnaire de la magistrature
suprême n’a-t-il pas dit le plus posément du
monde et rejoignant en cela le franc-parler de
la simple caissière du supermarché : « Voilà les
commanditaires (au grand chef près Obama
qui aurait été trop voyant !) C’est à genoux en
demandant pardon qu’ils auraient dû suivre
la procession ! » Cheval de Troie de l’ennemi
anglo-saxon, le Gouvernement apparaît dès
lors comme l’ennemi principal des intérêts vitaux français, qui ne peut se maintenir qu’en
désarmant l’intelligence des Français par la
destruction de leur langue et par l’anglicisation
à marche forcée de ses “élites”, de ses media,
de son enseignement ! N’est-ce pas ce crime
de haute trahison permanente du “français” qui
fait dire de désespoir à Hélène Carrère d’Encausse : « Il n’existe pas dans notre pays de véritable police de la langue. » Et pour cause…..
« La contrainte des régimes despotiques réduit
l’esprit sans qu’on s’en aperçoive » (Diderot)
et ici, c’est au service de l’ennemi. Alors que
faire, quelle est la solution pour résister à cette
« réduction de l’esprit » résultant de la destruction organisée du français ? C’est aux Français
d’appliquer eux-mêmes la stratégie du 21 janvier pour faire triompher l’appel de l’Académie française du 5 décembre 2013. C’est aux
L
E SEPT février dernier, on apprend
le décès de l’écrivaine (comme ils
disent dans leur français dégénéré)
Assia Djebar, intellectuelle algérienne, ancienne universitaire au Maroc, en Algérie et
aux Etats-Unis, et membre depuis 2005 de
l’Académie française (cinquième femme
élue sous la Coupole depuis 1635). Aussitôt
le président de la République rend hommage
« à cette femme de conviction, aux identités
multiples et fertiles qui nourrissaient son
œuvre, entre l’Algérie et la France, entre le
berbère, l’arabe et le français. »
Le onze février dernier, on apprend le
décès du comédien juif sépharade né et
depuis lors enterré en Algérie, le cryptocommuniste beau-frère de François
Mitterrand, premier président de la République socialiste du régime actuel. Aussitôt le président de la République « salue la mémoire de Roger Hanin ». Et le
communiqué élyséen de préciser que « le
Président rend hommage à cet acteur populaire, à la faconde familière à des générations de Français qu’il a su toucher
tout au long de sa carrière. »
Le treize février dernier, on apprend le décès de la romancière Geneviève Dormann1.
Aussitôt le président de la République ne
publie aucun communiqué, ne rend pas
hommage à cette grande dame des lettres
françaises, ne salue pas cette journaliste-romancière de grand talent, qui a su toucher
tant de Français à travers ses romans et sa
prose authentiquement française. Ni lui, ni
son sbire de Matignon. Quant à Fleur Pellerin, ce ministre de la Culture qui ne lit pas2,
elle a fait assurer le service minimum par
les membres de son Cabinet, qui a publié
un communiqué laconique et réducteur,
dessinant de Geneviève Dormann le portrait d’une femme insolente, qui « avait
pour unique boussole ses plaisirs et ses
colères », et qui aimait la polémique et les
joutes verbales pour assouvir son goût de la
provocation.
GENEVIÈVE DORMANN
OU L’INSOLENCE SALVATRICE
Le même Cabinet a assuré aux trépassés des sept et onze février, un traitement
autrement enflammé. Pour ces morts illustres, on fait dans le dithyrambique, le
compassionnel et l’élogieux ! A peine son
décès annoncé, Hanin est-il décrété santo
subito par les Grands Prêtres de la République. Il est vrai que le petit Roger avait
vécu des épreuves terribles lorsqu’il était
adolescent, qui ont fait de lui un bienfaiteur de l’humanité, une grande figure du
progressisme synagogal et antiraciste :
« Chassé du lycée par les lois antisémites
de Vichy, Roger Hanin s’est engagé dans
les grands combats de la Cité, depuis
qu’à moins de 20 ans il avait rejoint les
Forces Françaises Libres, précise l’éloge
funèbre de Mme Pellerin. Il restera pour
chacun de nous une belle incarnation
de cette culture qui sait se faire à la fois
populaire, engagée et exigeante, et qui
sait toucher le plus grand nombre sans
jamais renoncer à son ambition d’élever
le public et de lui offrir ce qu’il y a de
meilleur. » Inutile de préciser que l’intellectuelle maghrébine, féministe exaltée et
anticolonialiste intransigeante, a elle aus-
9
D.R.
si été immédiatement panthéonisée, sans
retenue ni mesure, par le ministre de la
Culture et de la Communication : « Assia
Djebar laisse une œuvre immense, riche
de ses influences culturelles, en faveur de
l’émancipation des femmes, et de la liberté. »
On observe dans la prose ministérielle que
tous les éléments sont réunis qui définissent
ce qu’est un « bon Français » d’aujourd’hui,
un Français selon les critères de la pensée
non seulement dominante mais encore officielle : cosmopolitisme, déracinement,
féminisme égalitaire, mixité ethnico-culturelle, nivellement spirituel, relativisme religieux… Il est vrai que Geneviève Dormann
était, sous ce rapport, une très mauvaise
Française. Antiféministe — ou plutôt anti-féministeS, sachant que son féminisme était un
féminisme de mec et non de nana bégueule
et frustrée —, anticonformiste, anticommuniste, anti-consensualiste, anti-panurgiste.
Elle détestait et dénonçait la pensée unique
et obligatoire, les “cons”, le progressisme
moutonnier et bêlant, l’Europe de Bruxelles
(elle se disait être « d’un clocher »), ou encore la droite molle et honteuse…
LE FRANC-PARLER
D’UNE FEMME LIBRE
Elle était contre beaucoup de choses
qui constituent la modernité et notre
époque, mais elle était farouchement
pour le franc-parler. Rappel étymologique : l’adjectif franc signifie « qui est
libre ». On retrouve l’étymon dans le
verbe affranchir (un esclave affranchi :
à qui on a donné la liberté), ou encore
dans les adjectifs anglais ou allemand
(free et frei). Le franc-parler est donc la
parole libre, la parole souveraine, celle
qui refuse de se soumettre à des convenances et des interdits qui ne sont produits par la seule conscience du locuteur.
Dans l’œuvre et dans la personnalité de
Geneviève Dormann, il y avait du Marcel Aymé, du Michel Audiard, du Roger
Nimier… Sa marque de fabrique, c’est la
légèreté insolente, la désinvolture rieuse
et salvatrice. Sa liberté de journaliste et
d’écrivain revendiquée haut et fort, donc
sa liberté de parole, elle la défend bec et
ongles : elle se refuse à mâcher ses mots,
à garder sa langue ou son drapeau dans
la poche3…
De chacun de ses livres4 je garde le
souvenir d’un grand bonheur de lecture.
D’un grand bonheur et d’un grand plaisir.
Français de mettre en œuvre « cette véritable
police de la langue » à laquelle en appelle le
Secrétaire perpétuel de l’Académie pour faire
du “français” l’arme anti-terroriste de Reconquête n°1 — d’abord sémantique, puis culturelle et enfin politique — qu’exige la situation
dramatique de la France ! Le terrorisme qui
paralyse les Français, leur coupe la parole et
les livre à l’étranger n’est plus ici l’Islamisme
mais bien ce terrorisme d’Etat — d’abord sémantique, médiatique — qui s’oppose au Salut
public, à la Liberté d’expression de la Vérité et
à la Renaissance de la France qui en dépend.
C’est en appliquant à ce « parti de l’étranger
13
» la stratégie de Révolution du langage prônée par F. Hollande lui-même que les Français
pourront forger l’arme anti-terroriste n° 1 de
leur Libération, déjouer le piège des fausses
valeurs qui les oppriment, trouver le courage
Rien de pesant dans ses romans, rien de
lourdinguement engagé. Que du ramassé,
du sautillant, du jubilatoire jusque dans le
grave. Du sensuel jamais graveleux. Une
écriture à hauteur d’homme, populaire au
bon sens du terme. Geneviève Dormann
écrivait à bout portant. Elle avait le sens
des mots qui font mouche. Ayant appris
sa mort, j’ai ressorti ses romans de ma bibliothèque : La Fanfaronne, son premier
roman ; Je t’apporterai des orages, Le
bal du dodo, Amoureuse Colette… J’en ai
relu de nombreux extraits, l’esprit mélancolique et chagrin. Relire, c’est revenir
sur les pas de son passé… Et c’est en relisant l’incipit de Adieu, phénomène5, que
j’ai conçu que tout Dormann (ou presque)
semblait tenir dans le lapidaire des premières phrases du roman : « La duchesse
vous emmerde6 tous ! La réplique est partie, cinglante, en réponse à l’apostrophe
du gros Dédé, agacé par cette Valentine
qui, dans les discussions, prend parfois
des airs et un ton impérieux tout de même
inadmissibles chez une bonne femme… »
A la fois devise et autoportrait…
C’est étrange, Geneviève Dormann, qui
avait la pègre gaucharde en horreur et qui
détestait leur république, est morte au
moment où les bonimenteurs socialistes
installent, dans notre pays, une censure
sans précédent au nom des valeurs républicaines, et font une chasse implacable
aux mots interdits, aux mots libres, aux
mots joyeux, aux bons mots, aux mots
qui disent la liberté d’expression… A la
manière du Nimier de la dernière phrase
du livre Les Epées, on a envie d’écrire
que Geneviève est mieux morte.
Adieu donc, phénomène Dormann.
Cette France n’avait de toute façon plus
d’intérêt pour vous, où il est désormais
interdit de fumer et de parler en public…
Jean-Philippe ROBIQUET,
<[email protected]>.
_____
1. Née le 24 septembre 1933, Geneviève Dormann était journaliste dans l’âme. Elle a collaboré à de nombreux journaux : Elle, Le Point, Le
Figaro littéraire… Elle publie son premier roman
en 1959. Une douzaine suivra. Quelques Prix,
dont celui du Roman de l’Académie française.
Un rien anar, elle faisait partie de cette droite littéraire, qu’on appelle aussi la droite buissonnière.
Elle déteste ceux qu’elle appelle les “cons”, c’està-dire les bien-pensants d’après-guerre… Son
côté “garce”, qu’elle aimait à cultiver, lui a valu
quelques solides inimitiés dans le milieu journalistico-littéraire. Elle s’en fichait, prête à tout pour
un bon mot ou un éclat de rire. Soucieuse d’élégance jusque dans la grossièreté, elle enfilait ses
philippiques dans les ronds de fumée des Gitanes
qu’elle fumait avec délectation et persévérance…
2. On se rappelle que, le 26 octobre 2014, sur
le plateau de Canal+, elle avait été contrainte
d’avouer qu’elle n’avait lu aucun roman de celui
qui venait d’obtenir le Prix Nobel de Littérature,
Patrick Modiano.
3. On se souvient du scandale provoqué par sa
“sortie” dans le Crapouillot, en 1985 : « Les
juifs m’emmerdent, je le dis tout net. Lorsque, à
la moindre occasion, ils me balancent dans les
gencives ce qu’on leur a fait, prenant un sadique
plaisir à tenter de faire surgir chez moi un sentiment de culpabilité ou de mauvaise conscience,
je leur en veux comme j’en voudrais à des Vendéens, aujourd’hui, qui m’accuseraient d’avoir
ravagé leurs villages et sauvagement assassiné
leurs ancêtres… Je revendique le droit d’aimer
les bons juifs et d’envoyer paître les autres ! »
4. Editions Albin Michel.
5. Publié en 1999. Son dernier roman. Après sa
voix nous a manqué…
6. Un de ses verbes préférés…
de se dresser contre la tyrannie des gouvernements successifs qui les annihile toujours davantage et remettre enfin à leur tête les élites
de cette Intelligence qui doit toujours être chez
eux au premier rang. C’est par la maîtrise et par
la libération de leur langue — et uniquement
par elle — que les Français asservis pourront
faire en sorte qu’ « une fois de plus on ne les
prenne plus QUE pour des c… en leur jouant
la comédie de la Liberté et des Valeurs pour
les empêcher de rompre leurs chaînes ». Qu’ils
pourront ainsi retrouver leur dignité perdue,
leur modèle politique décapité et leur véritable
liberté, avec cette Intelligence de leur civilisation qui leur fait actuellement défaut, comme le
rappelle à point nommé Fréderic Mistral :
Car même si, face contre terre,
Un peuple tombe en esclavage,
S’il garde sa langue, il garde la clé
Qui de ses chaînes le délivre14…..
« Vaincre ou mourir ! » Tel est le défi “français” de l’après « 11-Septembre français » que
doivent relever les Français — et vite ! — pour
retrouver la Liberté de leur langue, sous peine
de voir disparaître la France — avec le français et après le “franc” — prise en tenaille
entre les pinces du double terrorisme, extérieur
(Islamisme et Etats-Unis) et intérieur (gouvernement inféodé), actionnées par une même
Volonté d’en finir à jamais avec le modèle français, ses valeurs et sa civilisation européenne,
seul modèle d’autorité historique capable de
faire pièce à la barbarie anglo-saxonne qui ravage le monde et ces peuples qui n’en peuvent
plus de subir sa tyrannie meurtrière.
C’est ainsi et seulement ainsi, dans le sillage du grand mouvement de Vérité et de Libération du Peuple qui s’est levé en France
en 2013, à partir de 2008, et auquel le Pouvoir a tenté de donner le change le 11 janvier
2015, que les Français doivent répondre à
l’appel de l’Académie française à la Reconquête du français qui s’impose aujourd’hui
plus que jamais, comme préalable obligé à
toute Renaissance de la France : pour permettre au Français de reprendre en main le
contrôle de leur destin, pour faire du “français” l’arme anti-terroriste de Reconquête
de la République n°1, pour permettre à la
France et à la Francophonie, enfin, de retrouver la place et le rôle qui leur revient comme
fer de lance de la Civilisation. Telles sont les
raisons à la fois “géopolitiques” et de « politique intérieure » pour lesquelles, sauf à devoir disparaître, les Français doivent relever
au plus vite le défi géopolitique du “français”
en mettant en œuvre la stratégie du 21 janvier inversée.
Arnaud-Aaron UPINSKY;
Président de l’Union Nationale
des Ecrivains de France et de la
Coordination Défense de Versailles.
_____
1. Cf. Au nom du 11-Septembre “français”, RIVAROL du 15 janvier 2015.
2. Déclaration unanime du 6 avril 2000 sur le Recul
des études littéraires.
3. <http://www.elysee.fr/declarations/article/v-ux-aumonde-educatif-3/>.
4.
<http://www.academie-francaise.fr/actualites/
recul-des-etudes-litteraires>.
5. Cf. Saisine de l’Union Nationale des Ecrivains de
France et du Sénat : <http://www.academie-francaise.
fr/actualites/la-feminisation-des-noms-de-metiersfonctions-grades-ou-titres-mise-au-point-de-lacademie> et <http://coordination-defense-de-versailles.
info/wp/2013/05/01/saisine-de-lacademie-francaisepar-un-groupe-de-senateurs/>.
6. <http://coordination-defense-de-versailles.info/
html/2013/2013-02-24_CDV_Lettre-Ouverte-aHelene-Carrere-d-Encausse_Secretaire-perpetuel-de-l-Academie-Francaise.html>.
7. <http://www.academie-francaise.fr/la-reconquetede-la-langue-francaise>.
8. Voir note 6.
9. cf. règlement de 1752 rappelé en 1816 et toujours
en vigueur.
10. Concernant l’absence de respect de la langue
française par F. Hollande, au delà de son incroyable
mépris de l’Académie française, il faut le souligner à
titre symbolique : en introduction de son discours du
21 janvier, n’a-t-il pas dit « Madame “la” maire de Paris », faute de grammaire rectifiée en « Madame “le”
maire de Paris » par la secrétaire…sur l’écrit du site
de l’Elysée qui a encore violé la langue en écrivant
“français” avec une majuscule.
11. Cf. Au nom d’un « 11-Septembre français » ! RIVAROL du 15 janvier 2015.
12. <http://reseauinternational.net/arnaque-totalemise-en-scene-en-marge-de-la-manifestation-je-suischarlie/>.
13. Cf. Appel de Cochin de Jacques Chirac le 6 décembre 1978.
14. Cité dans 2+2=5, De nouvelles mathématiques pour une nouvelle société, Upinsky,
GERS, 1977, p. 449.
Les intertitres ne sont pas de l’auteur de l’article.
N°3176 — 19 FÉVRIER 2015 — RIVAROL
10
Sauvons la France de Jean-Louis Wehr
Ancien tête de liste du FN aux municipales de
Strasbourg, militant de la cause nationale depuis
toujours, ami personnel de Jean-Marie Le Pen
qu’il a souvent reçu en Alsace, Jean-Louis Wehr, à
92 ans, ne veut pas voir mourir son pays sans tout
tenter. Aussi a-t-il décidé de passer à l’action en
créant un mouvement, et non un parti. D’aucuns
trouveront peut-être l’initiative naïve, illusoire,
difficile à mettre en œuvre, d’autres au contraire
la jugeront judicieuse, courageuse et originale. La
démarche de Jean-Louis Wehr est en tout cas totalement sincère et désintéressée. Nous lui donnons
la parole. A chacun de se faire son idée.
RIVAROL : Vous avez décidé de fonder le
mouvement Sauvons la France. Pourquoi cette
initiative alors qu’il existe déjà des partis dits de
droite ? Qu’est-ce qui vous a poussé à franchir
le pas ?
Jean-Louis WEHR : J’ai décidé de créer ce
mouvement d’abord parce que notre pays est en
péril de mort et qu’il est urgent que les Français
se réveillent. Mais Sauvons la France n’est pas un
nouveau parti. Bien au contraire, notre initiative
part du constat que les partis actuels, dans leur
fonctionnement, sont incapables de faire face
au déclin de notre pays. L’UMP-PS étalent sans
pudeur leurs magouilles et montrent à l’évidence
que les partis ne sont plus pour eux qu’un outil
pour satisfaire leurs ambitions personnelles. Les
orientations actuelles du FN ne lui permettent
plus de rassembler ; elles excluent toute une partie de la population. Marine Le Pen n’a pas été
capable de répondre à l’immense élan soulevé
par les « Manifs pour tous ». Or le redressement
de la France passe par une victoire électorale et
celle-ci ne sera possible que par un grand rassemblement de toutes les droites : PDF, PCD,
FN, UMP, Debout la France, etc. C’est pourquoi
nous proposons d’attribuer une sorte de label, le
sigle « Sauvons la France » à tous les candidats
aux prochaines élections, quel que soit leur parti
ou leur association d’origine, à condition qu’ils
s’engagent sur la charte de « Sauvons la France »
et acceptent d’y adhérer et de la signer. Ce sigle
devra figurer sur chaque bulletin de vote. Pour
ma part je ne vois pas d’autre moyen plus efficace
pour mobiliser les Français, rallier les abstentionnistes, déstabiliser les appareils des partis et à
terme renouveler la classe politique.
Ils formeront dans la majorité parlementaire un
groupe où se discutera l’Avenir de la France dans
le cadre des engagements de « SLF ».
R. : Quels sont selon vous les principaux maux
à combattre en priorité ? Comment faire pour
redresser le pays ?
J.-L. W. : Les maux dont souffre la France sont
bien connus et les Français en prennent de plus en
plus conscience, malgré les mensonges véhiculés
par les media. On peut les résumer en trois mots :
islamisation, mondialisme et socialisme pervers.
Islamisation signifie remplacement de la population
et, ce qui est encore plus grave, fin d’une civilisation. Il faut stopper l’immigration, sortir de Schengen et rétablir les frontières. Mondialisme : aucun
redressement économique ne sera possible tant que
la France n’aura pas retrouvé son indépendance financière. L’Europe, telle qu’elle fonctionne actuellement, est entièrement à repenser. Enfin il faut en
finir avec le sectarisme idéologique des socialistes
et dénoncer ces fausses « valeurs de la République »
qu’ils élèvent au rang de véritable religion et qui ne
sont qu’un moyen pour imposer, à travers les media
et l’Education nationale, le laxisme judiciaire, l’impunité des délinquants, la destruction de la famille
(mariage homo), la culture de mort (euthanasie,
avortement) et l’amenuisement des libertés, en un
mot tout ce qui fait la civilisation chrétienne.
R. : Comment peuvent agir concrètement
ceux qui veulent vous aider dans votre action ?
J-L. W. : Je suis un vieil Alsacien de 92 ans et
malgré mon grand âge je ne me résigne pas. J’espère même être encore utile à mon pays. Pour agir
efficacement et pouvoir peser sur les candidats aux
élections, il faut que nous soyons très nombreux.
Vous pouvez m’aider en adhérant à l’association
« Sauvons la France ». Il suffit que chaque électrice
ou électeur s’inscrive sur le site : http://www.sauvons-lafrance.fr/ . La modique somme de 10 euros n’est pas une cotisation à renouveler, ce n’est
que le signe de votre adhésion à notre projet. Elle
nous servira à faire passer le message à la classe
politique. Il est grand temps que la société civile
reprenne ses droits et se réapproprie la démocratie.
Pour conclure : Je dis aux Français de souche et
de cœur : réveillez-vous avant qu’il ne soit trop
tard. Pour sauver la France du précipice où elle
tombera, si nous ne réagissons pas, je vous propose
un moyen de le faire.
Flor O’Squarr
Flor O’Squarr est né en Belgique, à une
date difficile à préciser. Il est le fils de Joseph-Charles Flor O’Squarr (1830-1890),
journaliste, publiciste, auteur de pièces
de théâtre et traducteur. Il va suivre la
voie tracée par son père dont il reprend
d’ailleurs le pseudonyme.
Cela entraîna d’ailleurs
quelques confusions chez
les critiques qui confondaient le père et le fils. Le
père connut une vraie notoriété en créant le personnage d’Arthur Van Koppermolle, garde civique
de Poperinghe, quelque
peu déjanté, dont le public
attendait fébrilement les
apparitions. Flor O’Squarr
n°1 croisa le célèbre dessinateur Willette, avec qui
il participa à un voyage de
Gambetta à Cahors. Com- D.R.
mentaire du dessinateur ;
« Un gros borgne. Tout à
l’heure, aux stations espacées, il haranguera les curieux, en tenant son œil de
verre, et déclarant que c’est lui Gambetta ». Mais Flor n°2 n’atteindra pas la
notoriété de son père. Il publie quelques
ouvrages qui témoignent d’un talent littéraire, Les fantômes (1885), Chrétienne
et aussi des pièces de théâtre avec L’Examen ou La Duchesse Lyly.
Arrivé à Paris, il s’adresse à un chroniqueur connu, Aurélien Scholl, un ami de
son père, qui lui permet de signer dans
les pages du Figaro, du Petit Parisien, du
Matin, sous le pseudonyme de Coriolis. Il
écrit aussi un ouvrage sur le mouvement
anarchiste français, qui demeure une référence pour qui étudie l’anarchisme. Son
titre : Les Coulisses de l’anarchie. Ce
livre paraît peu de temps après l’exécu-
Film Monstre
Bis repetita ! après Jupiter, D.R.
le destin de l’univers évoqué la semaine dernière, la
rubrique ciné va être à nouveau consacrée à un film de
science-fiction mais carrément à des années-lumière
du space opéra divertissant,
Il est difficile d’être un dieu
d’Alexeï Guerman, cinéaste
russe, rare et défunt. Guerman n’a en effet réalisé que
six longs-métrages en un peu
plus de 40 ans de carrière
avant son décès en février 2013 à l’âge
de 75 ans alors qu’il travaillait encore à
la postproduction de cet opus ultime mis
en chantier depuis une douzaine d’années,
dont le montage a été achevé par sa veuve
et son fils.
Une filmographie courte mais d’une exceptionnelle qualité qui en fait l’égal des plus
grands maîtres du cinéma russe, d’Eisenstein
à Tarkovski, Sokourov et Zviaguintsev, que
ce soit par son premier film, La vérification
(1971), ample fresque sur la Grande Guerre
patriotique contre les fascistes, pour reprendre la phraséologie officielle soviétique,
interdite avant l’avènement de la perestroïka
de Gorbatchev en raison de la personnalité
idéologiquement incorrecte de son personnage principal, un sergent de l’armée rouge
passé à l’ennemi durant le terrible hiver
1942, et son film le plus connu jusqu’alors
à l’étranger, Kroustaliov, ma voiture (1998),
satire féroce du régime stalinien en général
et du camarade Beria en particulier mis dans
tous ses états par le soi-disant complot des
blouses blanches envers le tyran à l’agonie
(un chef-d’œuvre disponible gratuitement en
VO sous-titrée mais oui sur YouTube, avis
aux amateurs). Le stalinisme et son cortège
d’horreurs constituent d’ailleurs l’une des
grilles de lecture sous-jacentes d’Il est difficile d’être un dieu, adapté du classique
éponyme de la littérature de science-fiction
russe des frères Arcadi et Boris Strougatski,
publié en France en 1973 chez Denoël dans
la légendaire collection Présence du Futur,
déjà porté à l’écran en 1989 par l’Allemand
Peter Fleischmann dans le très médiocre
Un dieu rebelle (scénarisé par Jean-Claude
Carrière).
Les deux écrivains, disciples slaves d’Aldous Huxley et George Orwell, ont imaginé la planète Arkanar, une autre Terre,
dont l’évolution historique s’est arrêtée
à la période médiévale sans que la Renaissance ait pu dispenser ses bienfaits
civilisateurs en matière d’art, de progrès
scientifique et de philosophie humaniste.
Il en résulte un monde infernal placé sous
le joug d’un pouvoir féodal tyrannique
dont la seule ligne de conduite semble
être de persécuter et d’exterminer de sale
manière, tels les Khmers rouges terriens,
tous ceux qui savent lire et écrire et donc
comme cibles privilégiées, les savants, artistes et autres penseurs. Don Rumata, un
homme de science envoyé par une organisation terrienne en mission d’observation
est notre cicérone inlassable tout du long,
explorant les moindres recoins de cette
planète primitive où par son apparence
imposante, il fait figure de demi-dieu auprès des autochtones qui vivent comme des
bêtes dans l’obscurantisme et la misère la
plus abjecte. Les horreurs et les atrocités
qu’il découvre au fur et à mesure de ses
pérégrinations dans un environnement
humide et pourrissant, l’indisposent à un
tel point qu’il a de plus en plus de mal à
conserver sa neutralité mais ses ordres de
mission sont stricts, à l’instar des gentils
cosmonautes de la saga Star Trek, il lui est
interdit de s’immiscer dans les affaires intérieures d’Arkanar. Va-t-il passer outre et
jouer au dieu salvateur ?
Sur le papier, les enjeux philosophiques et
éthiques d’une telle histoire apparaissent
d’une clarté aveuglante ; il s’agit avant tout
de dénoncer les dictatures ayant ravagé
notre Terre au cours des siècles, celle du petit père des peuples en particulier, naturellement. Mais ici, la parabole politique prend
l’allure d’une descente aux enfers dans une
cour des miracles monstrueuse sortie tout
droit des tableaux de Jérôme Bosch. C’est
formellement hallucinant ; dans un superbe
noir et blanc aux infinies nuances de gris et
avec des plans séquences d’une incroyable
complexité dignes d’Orson Welles, la caméra virtuose de Guerman nous immerge avec
une force suffocante dans la boue, la fange,
la saleté, le sang et autres fluides corporels
dans lesquels se vautrent les divers protagonistes. Il faut vraiment avoir le cœur bien
accroché pour supporter sans broncher
pendant près de trois heures d’horloge, ce
maelstrom chaotique de violences et d’indignités d’une crudité souvent insensée à
la ligne narrative très confuse, Guerman
s’intéressant en priorité à la création d’une
atmosphère dantesque. Il est difficile d’être
un dieu est certes autant repoussant que
fascinant mais son jusqu’auboutisme baroque, son imaginaire démentiel, sa profusion visuelle, son style en un mot, en font
une œuvre au noir unique dans l’histoire
du 7e art. Un choc esthétique et viscéral à
réserver aux cinéphiles adultes, et russophiles de préférence !
Patrick LAURENT.
tion de Ravachol en 1892 et la promulgation des lois consécutives aux attentats
anarchistes. Son ouvrage n’est pas particulièrement bien reçu dans ces milieux.
Une note anonyme parue dans Les Entretiens politiques et littéraires l’accuse
d’être un bourgeois : « Les
bourgeois contemporains
sont satisfaits de M. Flor
O’Squarr. Cet écrivain
vient en effet dans un livre
de leur présenter un anarchisme bien peigné et médiocre qui ne peut que leur
plaire. Inutile de dire que
l’auteur est plus mal renseigné que possible et que
son opuscule n’a qu’une
très médiocre valeur, autant dire aucune ». Il ne
manquait ni d’audace, ni
d’une certaine fantaisie. Il
dépeint ainsi la Commune,
quatorze ans après les événements, sous un angle
éthéré, fantastique, étrange, que les survivants n’apprécièrent pas franchement…
L’image de notre auteur fut longtemps
troublée par de graves accusations. C’est
ainsi qu’Apollinaire le qualifie de « cochon policier » et l’accuse, dans son Journal Intime, d’avoir joué un rôle des plus
troubles dans l’arrestation de certains
anarchistes. C’est ainsi que pour avoir
fréquenté de trop près la Rousse, Flor
O’Squarr perdit toute crédibilité (Eric
Dussert ; 156 portraits d’écrivains oubliés). Au fait, pour l’information de nos
lecteurs, quelle est l’origine de ce mot
d’argot, qui désigne la police ? C’est dans
un livre consacré à E-F Vidocq que figure
ce mot d’argot : “Rousse” ou “Roussins”
pour désigner la police viendrait du mot
“Rouchin” qui désignait un mauvais
cheval ou une rosse. Et le mot aurait été
abrégé par “rousse”. Quelques citations
de notre auteur : « Dormir console souvent de vivre. Si l’homme n’avait pas le
sommeil, mort temporaire, suspension
absolue des douleurs et des chagrins, il
n’aurait peut-être pas la patience d’attendre jusqu’à la mort ! » ; « L’orgueil
est un défaut qui nous évite de commettre des actions basses » ; « Combien
d’hommes meurent dans un homme avant
sa mort ! » ; « la plupart du temps les
jugements des hommes sur les femmes ne
sont que des propos de domestiques sans
places ». Il meurt en 1921.
R. S.
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N°3176 — 19 FÉVRIER 2015 — RIVAROL
11
Le conspirationnisme, voilà l’ennemi !
Taire la vérité, n’est-ce pas déjà mentir ?
Charles Péguy.
L
E NAQUET, président de leur république, François Hollande, l’a intégré
dans les activités hautement maléfiques officielles (c’est dit !), odieuses selon les gardiens du régime en place. A côté
de l’antisémitisme et du révisionnisme est
désormais rangé le conspirationnisme qui
porterait en lui les germes de la haine dévastatrice et pourquoi pas (l’historiographie
officielle témoignant de cette possibilité)
d’un génocide industriel, éventuelle matrice
d’une saponification à base de graisse humaine… Le conspirationnisme, c’est horrible, le conspirationnisme, c’est méchant.
Pensez donc ! Semer ainsi le doute dans
ces tas de cervelles d’abrutis lobotomisées
par le media boursoufflé serait un acte maléfique. Tenter de se défaire de cette glue.
Une caractéristique que l’on ne met d’ailleurs pas assez souvent en évidence : l’aspect poisseux de la propagande. A moins de
vivre en anachorète, il est impossible de ne
pas entendre ou voir celle-ci. Et même si
l’on demeure dans un foyer sans télévision,
on ne pourra éviter les mensonges déversés
dans tel article de tel journal, on ne pourra
faire taire la radio, filtrer tout internet (nonobstant dernier lieu de liberté — avec RIVAROL — mais si
encombré d’âneries !), empêcher la
masse de blablater autour de nous,
de répéter les mêmes jérémiades,
les faussetés idéologiques, les messages que la grosse machinerie
médiatique instille dans les esprits
paradoxalement sûrs de leur autonomie, de leur raison et de leur lucidité.
Et c’est bien parce que la propagande est
prégnante, aussi répandue que l’air que l’on
respire, qu’elle est si efficace. Non du fait
de sa quantité même, mais parce qu’elle devint invisible tant elle est partout et qu’elle
agit en définitive, si l’on peut dire, d’une
manière subliminale. Les idées déféquées
par le Système sont devenues tout naturelles aux yeux des gens « sans histoires ».
SÉPARER LE BON GRAIN
DE L’IVRAIE
Ils n’imaginent pas pouvoir penser l’actualité sans ce prisme qu’il ne voit pas.
Ils n’imaginent pas autre chose. Mais les
plus jeunes, moins assidus en cours d’instruction démocratique et qui ont appris à
lire avec internet, ont pris aussi l’habitude
de remettre en cause non la doxa officielle
(comme nous le disons) mais nombre de
faits dont l’information est véhiculée par
la télévision et la presse écrite. Ils savent
que les stars du showbiz ne sont pas ce que
le media présente d’eux, ils savent que les
politiciens sont quasiment tous cupides
et généralement pas plus intelligents que
leur facteur, ils savent que les personnalités “sympas” du spectacle ne sont pas des
anges. Et puis, après s’être fait berner par
des stratagèmes de diversion, par les drôleries extraterrestres, reptiliennes, par les
fantasmes de la Terre creuse, du Christ cloné, d’Hitler en Auvergne, une minorité curieuse et dégourdie, leurrée, dupée 20 fois,
30 fois par le clinquant de ces inepties, est
parvenue à reprendre le dessus sans jeter le
bébé avec l’eau du bain.
S’il y a un tri opérant à établir dans ce
magma d’internautes épris de “vérité”, il est
certainement à faire entre les jeunes rêveurs
qui recherchent à peu de frais excitation
et exaltation en s’inventant un « réalisme
fantastique » qui comble un vide ontologique épouvantable et les véritables résistants (à la propagande, aux mensonges, au
conformisme faux et grégaire) qui veulent
la vérité à tout prix, par principe et pour
mieux agir. La tactique de ringardisation
du conspirationnisme exécutée par le Système (mot introduit dans Le Petit Larousse
en 2014) réside en partie dans cette confusion permanente interdisant la distinction
de ceux défrichant le terrain des mensonges
d’une manière (littéralement) scientifique,
cartésienne si l’on préfère, par rapport aux
jeunes férus de rap fascinés par les ovnis,
les Petits Gris, par tout ce qui est caché, ou
plus précisément par ce qu’ils croient être
ainsi couvert d’ombres. Procédé somme
toute assez banal consistant à caricaturer à
outrance son adversaire…
jeune désillusionné est désormais moins
enclin à se faire avoir.
Le pouvoir le sait. Il sait qu’il doit mettre
le paquet de sang, de larmes, de directs à
la télé, de morts, d’imprévus, pour sidérer
un temps un public plus averti, plus distant
en quelque sorte. La tuerie en quasi live de
Charlie Hebdo était de nature à saisir sur le
moment un tel public revenu de tout. Une
totale sidération. Les journalistes ont coutume de dire qu’une bonne info intéresse
le public 8 jours d’affilée au maximum. La
pluie d’hémoglobine du 7 janvier aura tenu
en haleine la masse pendant 4 semaines,
mais force est de constater que la version
médiatique des pauvres petits charlots du
torchon exécutés par l’unique nazislamisme
trop méchant ne fait plus fureur. Le conspirationnisme est déjà passé par là, et le Système réagit en ce moment même ; la rééducation est prônée et déjà mise en place dans
certains établissements scolaires.
LES LEÇONS
DE LA RÉPUBLIQUE
LA FRANCE ORANGE
MÉCANIQUE, C’EST AUSSI CELLE
DE LA RÉÉDUCATION MENTALE
Cependant, depuis le 11 septembre 2001,
événement majeur ouvrant le grand bal du
21e siècle, les gardiens de l’ordre “démocratique” doivent faire face à une espèce
particulière de conspirationnistes
se focalisant sur les coups montés orchestrés par des puissances
étatiques ou infra-étatiques qui
rejettent violemment les nuées
paranormales, ésotériques et les
drôles de scenarii du réalisme fantastique. C’est embêtant pour l’Engeance. L’amalgame avec les adorateurs des petits hommes verts est
en effet devenu grotesque et ringardise du
coup ses propres émetteurs. Mais en 2001,
Internet était utilisé par une toute petite population dispersée et alors incapable d’atteindre une première masse critique pouvant mettre en danger la version officielle
du 11-Septembre. Il y a eu Thierry Meyssan
publié dans les FNAC qui servit d’abcès
de fixation pour la propagande systémique,
les thèses alternatives véhiculées sur Internet constituant alors (aux yeux de tous) les
scories du travail du chercheur voltairien.
Aujourd’hui, il n’y a plus d’abcès de fixation. Au contraire, oserions-nous dire, c’est
bien la multiplicité des thèses conspirationnistes qui sert un peu, vaguement, le Système via le confusionnisme qui exaspère un
public lassé par la réflexion, et l’enfumage
qui exige un travail de défrichement permanent. Pour autant, les faiseurs d’opinion
ne contrôlent plus efficacement la transmission de l’information. Les jeunes, principalement, une minorité d’entre eux, bien
sûr (comme toujours), habitués aux fakes
et autres hoax, curieux, sensibles à l’injustice, ont franchi le Rubicon. La semaine
dernière, nous évoquions l’état d’esprit du
garçonnet gentil à l’esprit nivéal à qui l’on
“enseigne” brutalement, pour le bien de
l’Humanité, l’historiographie shoahtique.
(Monstrueuse entreprise au regard de ce
qu’est la chose selon ses propres “spécialistes” : l’on voudrait envahir le cerveau
du doux enfant d’indicibles horreurs que
l’adulte lui-même ne parvient pas à s’expliquer ?) Ne pourrions-nous pas voir dans le
conspirationnisme rationnel d’aujourd’hui
une sorte d’antidote à la noirceur du monde
dessinée par une Engeance dont les intérêts
s’opposent à angle droit à ceux des peuples
européens ? Les yeux enfin dessillés, le
« Confrontés aux doutes de leurs élèves
sur la réalité des attentats du 7 janvier
contre l’hebdomadaire Charlie Hebdo,
résume Le Monde du 10 février, deux enseignants de région parisienne ont décidé
de décortiquer en classe les théories du
complot. » Binôme zélé qui devrait faire
des émules selon le quotidien vespéral…
Car la particularité de la démarche anti-conspirationniste, ici, réside dans l’accent mis sur la mécanique de persuasion,
sur la forme opératoire du discours, sur
les techniques permettant la capture
des consciences. La
version officielle est
postulée. Il n’est pas
question de revenir dessus. La seule
question qui intéresse le pouvoir et
ses sbires est celle
de son infusion sociale ! « Les leçons
de morale “descendantes” ne servent
à rien : il faut partir des discours des
élèves, de leur pratique des réseaux
sociaux », estime
Guillaume Gicquel,
professeur
d’histoire-géographie. Avec Anne Pellegrini, sa
collègue de français, il a donc proposé aux
élèves de regarder et d’analyser en classe
des vidéos trouvées sur Internet ou Facebook ». Que faut-il penser de la forme du
discours conspirationniste selon ces fonctionnaires ? : « Une mise en scène » pardi !, « un théâtre » hypnotique à l’efficacité accrue par des vidéos accompagnées
d’une musique “angoissante” ! On croit
rêver (tous les documentaires à charge
sur les vrais opposants au Système et sur
l’Indicible sont portés par une très sombre
musique qui angoisserait un mort !).
Les élèves ne seraient cependant pas
tous convaincus par le cours en question.
Un cours qui ne répond pas à une question essentielle : pourquoi les diffuseurs
des “thèses” conspirationnistes, qui sont
souvent d’ailleurs les réinformateurs
de la simple réalité, voudraient-ils induire « en erreur » les internautes ? On
ne comprend pas bien. Par méchanceté ?
Par satanisme ? Par jeu ? Pour défendre
le nazislamisme ? Et quel trésor d’imagination, d’ingéniosité pour défendre si
sournoisement un discours fallacieux !
« Si le discours complotiste est aussi efficace, ose le quotidien de référence, c’est
qu’il donne l’illusion qu’on pense par soimême. » En fait, c’est exactement la caractéristique de la pensée d’aujourd’hui
(vulgaire et indépassable pour ses tenants)
que nous avons mis en avant au début de
notre propos. Sauf que pour les conspirationnistes, penser par soi-même n’est pas
une illusion mais bel et bien une nécessité
absolue puisqu’il n’existe quasiment aucun organe médiatique pour leur imposer
les conclusions conformes aux intérêts du
Système. Le discours conspirationniste,
devons-nous préciser, exige, au contraire,
de l’observateur, de l’analyste ou du lecteur, un effort intellectuel considérable, un
esprit critique lui permettant de penser selon des paramètres nouveaux. Rien à voir,
on en conviendra, avec la soi-disant liberté d’expression (enfant de leur fameuse
liberté de pensée qu’“ils” triturent dès
l’école maternelle) qui est louée en slogans partout mais qui n’est en fait qu’un
interminable hurlement destiné à étouffer
toutes les voix discordantes. Pendant que
le tortionnaire s’occupe de son supplicié,
on joue l’orchestre à fond. Et si l’on croit
que le volume sonore est saturé, si l’on
croit que l’on ne peut aller plus loin dans
les décibels assourdissants, c’est qu’on n’a
encore rien compris à l’essence même de
la propagande.
Le Système regroupé, uni comme un seul
homme, prépare un nouveau bobardement
dévastateur. La semaine de la presse qui
sera organisée du 23 au 28 mars pour sa
26e édition aura évidemment pour thème…
la liberté d’expression ! Avec ce slogan
sorti d’une obscure loge : « La liberté d’expression, ça s’apprend ». Le thème se veut
d’actualité, et le nombre des participants
sera astronomique puisque la mobilisation
de 3,5 millions d’élèves, de 210 000 enseignants et de 15 500 établissements scolaires
est déjà prévue. Un effort sans précédent,
lit-on ici et là. 1945 media contribueront à
la grande fête de l’enfumage des gosses. Et
parmi ces organes, 666 (ou 669 selon Le
Monde) de la presse écrite. Si avec ça les
jeunes ne sont pas convaincus de la liberté qui les étreint, peut-être pensera-t-elle,
la Gueuse, à organiser des colonies de vacances
(que l’on appelle
camps quand elles
concernent le public
juvénile)
consacrées à l’apprentissage rigoureux de la liberté
d’expression. L’on
se doute bien que
cette semaine de
la presse, à l’instar
de toute les initiatives élaborées à
partir de ce thème,
ne servira pas à
présenter aux collégiens et lycéens
les écrits révisionnistes de Robert Faurisson ou les vidéos
de Vincent Reynouard que la gaupe républicaine veut encore emprisonner. Elle
n’est pas destinée à faire sauter les tabous
comme se plaisent à le répéter les saletés
qui nous gouvernent quand ils parlent de
pornographie ou d’euthanasie. Non, non,
elle visera simplement à “vacciner”, si elle
le peut, les jeunes curieux contre le bacille
du conspirationnisme qui serait donc liberticide comme on nous le dit…
Un conspirationnisme qui prend à vue
d’œil une importance toujours plus considérable comme si la vérité était enfin devenue une arme au service de telle ou telle
puissance. Le 7 février dernier, Vladimir
Poutine lui-même menaçait par l’intermédiaire de La Pravda de rendre publiques
des photos satellites qui prouveraient les
mensonges du 11-Septembre. Charlie n’a
pas confirmé.
François-Xavier ROCHETTE.
Chard sur la toile
Allez donc vous délecter des
caricatures de Chard auxquelles
un de ses admirateurs, fervent
lecteur de RIVAROL, vient de
consacrer un site, déjà très fréquenté :
<http://dessinsdechard.free.fr>
Les origines juives de l’Amérique
par
Hannibal
___________
Du lecteur de RIVAROL,
je ne dirais pas qu’il est
vétilleux, ni tatillon, ni
querelleur, ni chercheur de
poux dans la tête, coupeur
de cheveux en quatre ou
amateur de controverses
sans fin, mais enfin il est
vigilant et réactif, et avant qu’il ne me fasse
observer que mon papier de la semaine
dernière sur les origines intellectuelles et
religieuses des Etats-Unis est gravement
incomplet, je préfère l’avouer moi-même et
offrir ici le complément nécessaire.
J’ai rappelé à grands traits la place du
puritanisme anglais et des innombrables
sectes protestantes dans le fanatisme américain, il me reste à préciser dans la mentalité
religieuse américaine l’apport juif à peine
esquissé. Dire que l’Amérique est une nation juive est d’une certaine manière trivial.
Si vous rappelez que New York est la plus
grande ville juive du monde, que Manhattan est plus riche que Babylone, ses gratteciel plus hauts que Babel, que les habitudes
mentales américaines, telle l’obsession de
la pureté notée par Paul Morand, régissent
jusqu’à l’emballage des plateaux-repas
dans les avions — vous rencontrerez facilement l’assentiment du public cultivé. Si
vous remarquez qu’en 1930, la moitié des
dentistes et des instituteurs new-yorkais
sont juifs, qu’un Juif d’origine italienne,
Fiorello La Guardia, est élu maire, qu’ils
dominent le parti socialiste à Manhattan ou dans le Bronx et forment 40 % des
membres du Communist Party of the USA,
que dans les années 1960 11 % des avocats
et 15 % des médecins américains sont juifs,
vous ne ferez qu’enfoncer une porte ouverte. Si vous notez que depuis la Seconde
Guerre mondiale le soutien de Washington
n’a jamais fait défaut à Tel-Aviv, que cela
s’est accentué avec les néo-cons, chacun ne
pourra qu’acquiescer. Mais on relève moins
que, du point de vue intellectuel et religieux, l’Amérique fut juive dès l’origine,
avant même que New York ne s’appelle
New York.
Sous François Ier, en 1524, le premier
établissement européen du coin fut baptisé Nouvelle Angoulême, puis, un siècle
plus tard, le bourg devint possession néerlandaise, sous le nom de New Amsterdam.
Amsterdam était alors la première place
commerciale et financière du monde, elle
avait remplacé Anvers et Gênes, loin devant Londres. Les Provinces Unies (nos
Pays-Bas) avaient fait la première révolution de l’histoire moderne, elles étaient en
guerre avec l’Espagne de Philippe II, fils
de Charles Quint, alors qu’elles appartenaient à l’origine aux Pays-Bas espagnols.
Cette guerre politique était aussi religieuse,
les républicains du Nord opposés au Habsbourg catholique étant farouchement calvinistes. Or Amsterdam était le lieu d’élection
d’une forte communauté de juifs, d’abord
marranes puis rejudaïsants venus de la péninsule ibérique, que l’on nommait “Portugais”. Ils publiaient un journal fort lu,
La Gazeta d’Amsterdam, ils y fondèrent
une “industrie” du livre qui devait inonder l’Europe d’œuvres anticatholiques et
anti-royales, répandant la pensée libertine
puis celle des Lumières. Peu à peu des juifs
venus d’Allemagne et de l’Est s’agrégèrent.
La ville fut surnommée « la Jérusalem du
Nord ». C’est cette Jérusalem qui allait essaimer à New York.
l
Mais n’allons pas si vite. Il faut d’abord
noter deux choses : juifs et protestants
furent dès l’origine liés dans la Réforme et
alliés contre le catholicisme, ils sont au départ de la pensée moderne, comme le note
Blandine Barret Kriegel. Il y a symbiose
entre trois choses : le judaïsme, la Réforme
qu’on nommait alors « la Religion », enfin l’“irréligion”. C’est vrai en Allemagne,
c’est vrai en Italie, depuis Pic de la Mirandole et Sozzini, père de ce qu’on allait
nommer le socinisme, qui est anti-trinitaire et nie la divinité du Christ, bref, qui
n’est qu’une resucée juive dans le christianisme. C’est vrai aussi dans les Pays-Bas.
L’historienne décrit la convergence entre
« les marranes » et les « protestants qui
avaient fait de la Bible le livre de chevet
et qui se sont unis aux juifs dans un même
combat contre Rome et la Papauté ». Elle
ajoute : « Dans la pensée philosophique
classique moderne, celle qui a édifié le
droit de la république
moderne […], on a
puisé dans l’histoire
juive, dans l’histoire des Hébreux
“d’utiles exemples”
pour la construction
de l’Etat républicain
moderne
(Bodin,
Hobbes,
Spinoza),
on a déduit les droits
de l’homme, non à
partir du droit romain, mais à partir
des Ecritures (Bodin, Hobbes, Milton,
Spinoza, Locke »,
sans oublier « les
marranes espagnols,
Vitoria et Bartholomé
de Las Casas, les premiers défenseurs des
Droits de l’homme ».
Et de conclure que
telle est « la véritable
nature des fondateurs
de la philosophie politique moderne qui
sont très précisément et exclusivement
des marranes et des protestants, des protestants alliés de façon très serrée à des
marranes. »
Cette alliance se traduisait naturellement
en des termes que nous dirions “géopolitiques” : de riches marranes ont financé la
« révolte des gueux », la première révolution néerlandaise, contre les Habsbourg.
Cette collusion entraînait aussi de nombreux protestants à judaïser, convaincus
par leurs rapports avec les juifs de la supériorité de l’exégèse juive. A l’inverse,
des juifs jugèrent pratique de passer pour
protestants afin de se faire réadmettre dans
des pays d’où ils étaient officiellement
chassés. Ce fut le cas d’environ dix pour
cent des “protestants” français ou néerlandais admis en Angleterre sous Elizabeth
première, selon l’historienne Yona-Claire
Dureau qui en a établi le décompte à partir de registres existants, précisant ainsi
l’intuition de l’historien Cecil Roth. A la
fin du seizième siècle, l’un d’eux, le “Bohémien” Gaunse avait accompagné, en
temps que spécialiste des métaux, Walter
Raleigh, favori de la reine vierge, dans ce
qui devait être le premier (et éphémère)
établissement anglais aux Amériques, la
Virginie.
l
De grands commerçants juifs, marranes
ou non, participèrent au commerce transatlantique et à la colonisation du Nouveau
Monde, d’abord au Brésil et dans les Caraïbes. Ils s’illustrèrent notamment dans le
café, le chocolat, le sucre, la fourrure et la
traite des noirs. Plusieurs riches “Portugais”
et d’autres « réfugiés du sud des Pays-Bas »
participèrent à Amsterdam à la fondation de
la Compagnie des Indes orientales en 1602
et à la banque d’Amsterdam, et bien sûr en
1621, celle de la Compagnie des Indes occidentales. Elle conquit la Nouvelle-Néerlande dont la Nouvelle-Amsterdam était la
perle, les Antilles néerlandaises et la région
de Pernambouc au Brésil. Les Néerlandais
avaient vu trop grand, ils perdirent le Brésil dès 1654 et la Nouvelle-Néerlande en
1664. A partir de 1654, les commerçants
marranes furent nombreux à se réfugier en
Nouvelle-Néerlande, et la Compagnie des
Indes occidentales obligea le gouverneur de
la Nouvelle-Amsterdam, Peter Stuyvesant,
à les intégrer à la colonie. Après la défaite
des Pays-Bas, les commerçants marranes
implantés continuèrent leurs affaires avec
les Anglais.
Une figure mérite d’être ici rapidement
brossée, celle de Manassé Ben Israël, ami
de Rembrandt, rabbin, kabbaliste, patron de
la première imprimerie hébraïque en Hollande, né Manoel Dias Soeiro à Madère en
1604 de parents marranes, passé brièvement par La Rochelle, puis élevé dans une
yeshivah d’Amsterdam. Messianiste illuminé, il persuada Cromwell (qui connaissait la
force des marchands juifs et souhaitait les
détacher d’Amsterdam pour vaincre les
Provinces-Unies), par son Apologie des
Juifs, d’accélérer l’immigration des juifs
en Angleterre. Cela fut la grande affaire
de cet homme que
Victor Hugo nomme
« espion, usurier et
astrologue » dans sa
préface à Cromwell.
Le succès en fut acté
en 1655 par “connivence”, sans loi formelle, à cause de
l’opposition du parlement et du peuple,
par la déclaration des
juges Glynne et Steele
selon laquelle « il n’y
avait nulle loi interdisant le retour des juifs
vers l’Angleterre ».
Dès 1657, la première
synagogue et le premier cimetière juif de
l’Angleterre moderne
étaient construits.
L’époque était propice aux imaginations juives (Sabattaï
Tsevi,
1626-1676,
allait bientôt rallier la presque totalité du
judaïsme à ses rêveries de Messie), et Manassé Ben Israël fit valoir autre chose au
public anglais. On se souvient que le peuple
juif actuel assure descendre de deux tribus
d’Israël, celle de Juda et celle de Benjamin.
Il considère les dix autres tribus perdues
depuis la destruction du premier temple et
beaucoup de juifs demeurent à la recherche
de ces dix tribus perdues. D’après la relation
de voyage du voyageur marrane Aron Lévi
(alias Montezinos) qui avait “découvert”
des descendants de Reuben en Equateur,
Manassé Ben Israel pensait, lui, que des
tribus avaient émigré en Amérique, et demanda la permission de soumettre les tribus
peaux rouges au prosélytisme juif pour leur
faire faire téchouva et les “réintégrer” au
mosaïsme. Or il était en relation non seulement avec des marchands de la Compagnie
des Indes occidentales mais avec diverses
communautés protestantes installées sur le
territoire des futurs Etats-Unis. D’autres
voyaient dans le peuple anglais le descendant des tribus perdues et cela accrut le
messianisme de certaines sectes anglaises.
(Dessin de Chard)
___________
l
Au-delà de cette curiosité, juifs et marranes réussirent et firent souche à partir
de la Nouvelle-Amsterdam. L’influent
polygraphe new-yorkais Jacob Neusner
compare les Etats-Unis à la Mésopotamie
qui fut pendant un millénaire le deuxième
centre du judaïsme universel (produisant
notamment le Talmud de Babylone) : la
diaspora ne se sentit jamais en exil sur
cette Terre Promise outre-Atlantique et
c’est pourquoi ses membres sont moins
nombreux à faire leur Alyah en Israël que
les Israéliens à s’installer en Amérique, et
bornent leur soutien à Tel-Aviv à l’argent.
Les premiers marranes prospérèrent si
bien que leurs descendants figurent parmi
les signataires de la déclaration des Droits
et de la déclaration d’indépendance. On
peut donc dire sans se tromper que juifs
et protestants fondamentalistes ont bâti les
Etats-Unis — avec un troisième larron qui
fait le trait d’union entre eux, la franc- maçonnerie.
Elle est la fille de l’alliance passée dès la
renaissance entre juifs et Réforme. Daniel
Lindenberg écrit à ce sujet : « A partir du
XVIIIe siècle, les idées du judaïsme qui,
depuis deux cents ans, alimentaient de façon souterraine les dissidences religieuses
(“antitrinitaires”, “sociniens” et autres
“sceptiques”) trouvent un canal institutionnel. La franc-maçonnerie, créée au
sein du Dissent britannique (protestants
non anglicans), est saturée d’idées et de
symbolique juives. Déjà, à l’aube des Lu-
mières, certains secteurs du protestantisme
anglo-saxon (dont Anderson, fondateur du
“Rite écossais” est tout à fait représentatif), évoluent vers un déisme qui reprend
à un judaïsme plus ou moins imaginaire
(celui des Puritains) nombre de ses thèmes
(élection, messianisme), pour en faire une
machine de guerre contre les Eglises établies, et peu à peu, contre l’Ancien Régime
en général. Ainsi en fut-il pour la Révolution américaine à laquelle les francs-maçons prirent grandement part. »
Alternativement juifs et chrétiens, riches
et au-dessus des lois, dissimulés par fonction, les marranes développèrent, par leur
duplicité même, la critique qui devait mener au déisme, au scepticisme et au libertinisme, dans un processus de controverse
interne que décrivit Hume : « tous les systèmes religieux sont sujets à de grandes
difficultés ; chaque controverse triomphe
à son tour, tant qu’il mène une guerre offensive et expose les absurdités, les barbarismes et les pernicieuses doctrines de son
adversaire. Mais tous préparent, au bout
du compte, un triomphe complet pour le
sceptique. » C’est eux qui firent la pensée
de Hume, Locke, et du premier « libre penseur », Tolland. Ce dernier, fait significatif,
intraitable dans sa critique de la religion
chrétienne, célèbre le judaïsme, la « religion naturelle » avec émotion : « Le vrai
christianisme des juifs a été opprimé par
la cabale supérieure en nombre des gentils, qui n’en pouvant supporter l’accord
parfait avec la raison […] l’ont étouffé
par degrés sous les figures et les mystères
de leur paganisme. »
l
Voici donc établie sans solution de continuité la porosité entre juifs, marranes,
protestants, déistes, francs-maçons et
sceptiques. Par les rabbins kabbalistes,
les juifs ont influencé les sectes puritaines, par les marranes les sociétés déistes
franc-maçonnes : les deux se retrouvent et
se conjuguent dans la mentalité dominante
américaine. Cela explique certaines particularités invariantes de la politique des
Etats-Unis, comme l’opposition violente à
la papauté, ou le soutien sans condition à
Israël. Sans doute l’activité du lobby juif
renforce-t-elle celui-ci, mais il trouve sa
première source dans le post-christianisme
anglo-saxon et ses sectes nominalement
chrétiennes et son maçonnisme, qui s’inspirent d’une conception juive antichrétienne de l’histoire pour justifier le sionisme.
De même, pour rendre compte du matérialisme pratique qui régit les Etats-Unis
en dépit de l’effusion bibliste, moraliste et
millénariste qui baigne le discours américain, faut-il revenir aux marranes et à leur
Jérusalem du nord, Amsterdam. Parmi les
disciples de Manassé Ben Israël aurait figuré le jeune Spinoza, qui devint après sa
rupture avec la synagogue le père du panthéisme et de l’irréligion modernes — plus
violents que les doucereuses niaiseries,
pour ainsi dire sulpiciennes, du déisme
anglo-saxon. Lui aussi, tout en sapant
par la critique l’autorité de la Bible et en
frayant la voie à la philosophie rationaliste, demeurait sentimentalement et sociologiquement attaché à la religion de ses
pères, et a inauguré la longue et influente
cohorte des athées qui ont pour religion
par défaut le judaïsme (toujours « plus légitime » ou « plus pure », etc). Cet esprit
est à l’œuvre de différentes façons dans la
gauche radicale américaine et chez la plupart des consommateurs adorateurs d’euxmêmes qui forment la première religion
d’outre-Atlantique.
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