Les enfants lumière Serge Lamothe [email protected] | www.edtionsalto.com Fiche de lecture Alto, 176 pages, 20,95 $ ISBN : 978-2-89694-078-3 Le livre nous emmène dans un postmonde éclaté où les règles d’aujourd’hui ne sont même plus des souvenirs. Nous y rencontrons les Baldwin, que l’on suppose être nos descendants et qui sont devenus des figures mythiques de cette posthistoire. Chaque récit présente un nouveau personnage de cette éclectique lignée dont l’histoire est tributaire de la parole des récitantes, sortes de Parques futuristes gardiennes de la mémoire collective. Tacha Baldwin, pour son neuvième anniversaire, fait exploser ses parents kamikazes et le président, mettant ainsi fin au turbolibéralisme et au cybercapital. Nous rencontrons Takashi Baldwin et son propriétaire, flanqué d’un avocat portatif. Les deux partageront un thé de roches au milieu d’un désert de sel. Le lecteur est témoin impuissant de l’envahissante expansion d’un mouchoir de poche et du périple à vélo de Tara et Bevinda Baldwin. Dans une multitude de microrécits, l’auteur nous présente tour à tour des héros, des criminels, des enfants, des terroristes, des cannibales, des scientifiques, des politiciens et des puces savantes. L’auteur Né à Québec en 1963, Serge Lamothe détient une maîtrise en littérature française de l’Université Laval. Auteur d’une douzaine d’ouvrages, il s’est d’abord illustré comme romancier. Dramaturge à l’opéra (Émilie, Parsifal) et au Cirque du Soleil (Zed, Zarkana), il a également signé plusieurs adaptations théâtrales (Le procès, Le fusil de chasse, Le temple du pavillon d’or). Ses œuvres pour la scène ont été appréciées à travers le monde, de Montréal à Tokyo, en passant par New York et Moscou. Son roman Tarquimpol (2007) a été finaliste au Prix des libraires du Québec. Pour aborder l’œuvre : Thèmes Schéma actantiel de Greimas Posthistoire Schéma de la communication de Jakobson Humanité Figures de style Révolutions Registres de langue Catastrophes naturelles Types de narrateur / Point de vue narratif Futurisme Extrait « Tacha, comme d’autres, était assise au bord du trou. Quand on put à nouveau y voir clair, tous remarquèrent qu’une masse sombre se mouvait. Oui, une masse d’énergie brute s’animait. Contre toute attente, une baleine s’était échouée au fond du trou, sans doute dans les minutes qui avaient suivi l’explosion. C’était trop gros pour être vrai. Personne ne l’avait vu venir, celle-là; mais la baleine était bien là, paisible dans son agonie. Renversée sur le côté, elle contemplait la foule d’un œil morne et résigné. » (p. 35) 1 [email protected] | www.edtionsalto.com Fiche de lecture Pistes de réflexion et de discussion • • Discuter de révolutions et de jeunesse. À l’instar de Tacha dans le récit, fillette de neuf ans qui se révolte contre les politiques en place, les récentes rébellions syriennes, le printemps arabe, et même érable, démontrent-ils, selon vous, une conscientisation, une implication des plus jeunes? La race humaine, semble-t-il, a survécu à de nombreuses apocalypses. Plusieurs individus farfelus et quelques scientifiques prédisent encore des dangers imminents : météorites, astéroïdes, super-volcan, etc. Cela dit, certaines de ces théories envisagent la vie après ces cataclysmes en supposant une adaptation graduelle de l’homme à son environnement. Selon vous, ces théories sont-elles plausibles ou utopiques? Pistes d’analyse • • • 1 Richard Saint-Gelais nomme « paradoxe de la narration », en science-fiction, ces moments récurrents où la voix qui raconte est placée dans la posture contradictoire consistant à narrer au passé des évènements se produisant dans le futur pour des lecteurs du passé. Cette posture l’oblige à expliquer au lecteur certaines inventions et à lui donner de l’information sur l’univers mis en place et ses règles en recourant à des références qui ont du sens pour celui qui lit, mais pas pour les protagonistes du récit1. En reprenant les termes d’Umberto Eco, l’auteur réfère à l’« encyclopédie du lecteur » afin que celui-ci interprète le texte correctement, afin que s’opère une coopération interprétative.2 Étudier si le roman de Serge Lamothe respecte ou non ce paradoxe. Les enfants lumière, en dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur, répond à la définition de dystopie. Plusieurs classiques de la littérature utilisent ce même procédé, par exemple Farenheit 451 de Ray Bradbury ou Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley. Analyser le roman au regard des thèmes anti-utopiques soulevés, voir de quelles idéologies et mœurs le roman fait la critique. S’il est facile de discerner un roman d’un poème, les frontières délimitant les genres littéraires ne sont pas toujours aussi nettes. La littérature a connu, depuis ses premières représentations, de nombreuses mutations, en passant par la chanson de geste, les romans de chevalerie, le réalisme, le nouveau roman, etc. Les enfants lumière s’inscrit dans une mouvance vers la littérature brève. L’écriture du bref présente de courts récits pouvant même aller jusqu’au phénomène de la « twittérature » ou du fragment3. La polyphonie des termes dans la nomenclature du bref traduit la variation des textes à partir d’une modalité de création identique. Tentez de nommer la forme littéraire proposée par Lamothe, et justifiez ce choix de terminologie. L’Empire du pseudo : modernités de la science-fiction, Richard Saint-Gelais, Nota Bene, 1999. Sur l’encyclopédie du lecteur : http://litterature.ens-lyon.fr/litterature/dossiers/theories-litteraires/reception/eco 3 Sur la twittérature : http://www.netpublic.fr/2013/03/25-histoires-en-140-caracteres-livre/ 2 2 [email protected] | www.edtionsalto.com Fiche de lecture Activité de création littéraire Écrire un microrécit présentant un nouveau membre du clan Baldwin ou faisant interagir deux Baldwin. Proposer l’écriture d’une courte nouvelle dystopique ou révolutionnaire. Échos de la presse • • • « D’une nouvelle à l’autre, l’écrivain construit cet univers “posthistorique” avec la verve et la rigueur d’un gamin fier de ses espiègleries. Serge Lamothe a fréquenté l’œuvre de Kafka et cela se sent, à cette ironie grinçante et cette lucidité glaciale qui imprègnent les pages de ce tableau d’époque encore à venir. Et puis, quel lecteur saurait résister à Tacha Baldwin, l’attachante gamine chaussée de bottes jaunes, qui signe littéralement l’arrêt de mort du dernier gouvernement en place en faisant sauter la limousine du nouveau président élu? » Le Libraire « Si Serge Lamothe étonne par sa verve, c'est surtout pour la profondeur politiquement cohérente de son imagination débridée que l'on doit reconnaître la pertinence du projet de cet aspirant virtuel à l'école de Pataphysique. » Nuit Blanche « Voilà une œuvre d'anticipation sans précédent, presque une folie d'écrivain, qui trace à grands traits un univers baroque et quelque peu dément. Une œuvre où Serge Lamothe montre toute la richesse de son imagination et arrive à dessiner un postmonde inquiétant avec juste ce qu'il faut de repères rassurants et de confusion entretenue pour que nous y croyions et nous y perdions. » Huffington Post Pour aller plus loin Livres Chroniques martiennes, Ray Bradbury, 1950 (nouvelles) À rebrousse-temps, Philip K.Dick, 1961 (roman) H2G2 Le guide du voyageur galactique, Douglas Adams, 1978 (roman) La trilogie Nikopol, Enki Bilal, 1980-1986-1992 (BD) La musique du sang, Greg Bear, 2005 (roman) 1Q84, Haruki Murakami, 2009-2010 (roman) Film Metropolis, Fritz Lang, 1927 Immortel (ad vitam), Enki Bilal, 2004 V pour Vendetta, James McTeigue, 2005 Le Guide du voyageur galactique, Garth Jennings, 2005 (tiré du roman de Douglas Adams) Idiocracy, Mike Judge, 2006 Musique Gnossiennes, Erik Satie Vivenza, musicien futuriste Pierre Schaeffer, père de la musique concrète Arts visuels Les œuvres de Sammy Slabbinck, collages (dont est tirée la couverture du roman) 3
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