Vendredi 8 novembre 2013 // No 167 Porrentruy Paire de maires P. 4 CHF 3.– // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch Armée Déchets encombrants P. 5 La Tchaux Benne perdue P. 6 Euro millions Le sexe de l’épouse P. 17 JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA 2 C ’ E S T P AS P OUR D IR E ! Revenus répartis Q Jean-Luc Wenger uand on sort les canons lourds pour tuer une mouche, l’heure est grave. C’est un peu l’impression que donnent les opposants à l’initiative 1 :12. Ainsi Jean-Claude Biver assène-t-il, tout en nuances : « C’est l’Union soviétique. » C’est que de son hublot, l’horloger considère de très haut les idées des Jeunes socialistes. Lui qui se dit prêt à reprendre Le Temps, quitte à y perdre 1 million de francs par année, partage l’opinion de l’actuel rédacteur en chef du journal, Pierre Veya, lequel cite à l’envi cette phrase de l’ancien conseiller fédéral Hans-Peter Tschudi : « Les riches n’ont pas besoin de l’AVS, mais l’AVS a besoin des riches. » Et d’en conclure : « Cette initiative répond aux critères d’une démarche populiste que les extrêmes de gauche et de droite brandissent pour exister. Hier les étrangers, demain les riches ? » Pauvres riches, exploités et dénigrés comme de vulgaires requérants d’asile. Il faut dire que les grands managers ne font rien pour déjouer le complot populiste des abominables gauchistes. Avec son parachute de 72 millions, Daniel Vasella avait fait décoller l’initiative Minder. Aujourd’hui, les salaires des patrons de Roche (261 fois le revenu le plus bas dans l’entreprise), de Nestlé (238 fois) ou d’ABB (225 fois) semblent de nature à légitimer le débat sur des rémunérations plus équitables. Grave erreur : si par malheur l’initiative passait, l’apocalypse serait programmée. Heureusement, au cas où l’artillerie des opposants ne suffirait pas à faire taire dans les urnes l’envie d’une meilleure répartition des revenus, l’USAM a une solution : les entreprises scinderont leurs activités en deux ou plusieurs sociétés différentes, selon le principe des poupées russes. On verrait ainsi Nestlé nettoyages, Nestlé commerce, Nestlé recherche et développement, Nestlé direction, etc., avec entre ces poupées l’écart réglementaire de 1 :12. A la tête de Nestlé direction, le patron continuerait de gagner 238 fois plus que l’employé subalterne de Nestlé nettoyages. Astucieux, propre en ordre, rien ne dépasse et la volonté exprimée du citoyen trépasse. Mais quand on prévoit de détourner une loi avant même qu’elle soit votée, c’est qu’on a un peu les chocottes, non ? Vigousse vendredi 8 novembre 2013 Q U E LL E S E MAIN E ! 3 Ç A , C ' E S T F AI T ! Le chiffre Coup du latin Selon un rapport de la Commission suisse de maturité, l’enseignement de l’italien, langue nationale suisse, est méchamment laissé pour compte dans les gymnases de Suisse alémanique. Le règlement leur impose pourtant d’avoir trois langues nationales comme branches ; mais un établissement sur sept n’offre que l’allemand et le français. En Romandie, en revanche, tous les gymnases proposent le français, l’allemand et l’italien. Chez les Bourbines, la « langue de l’amour » n’est pas aimée. De 200 à 500 C’est, selon Terre des Hommes, le nombre de migrants mineurs non accompagnés qui demandent annuellement l’asile en Suisse. Ils devraient être protégés en vertu de la Convention internationale des droits de l’enfant. Sauf que beaucoup subissent des mesures de contrainte, la détention administrative et un renvoi forcé. Abandonnés à eux-mêmes, ils sont souvent contraints de mendier, de voler ou de se prostituer pour survivre, dénonce Terre des Hommes. Pas grave, tant qu’ils ne restent pas sur la terre des Suisses. Usine à la campagne Le 5 novembre, les onze candidats au Conseil d’Etat genevois ont livré leurs visions et leurs espoirs en matière de culture. Beaucoup de langue de bois, entre « plateforme de concertation » et « partenariat public-privé », mais aussi un avis iconoclaste : le MCG Eric Stauffer voudrait déplacer l’Usine en périphérie. Et pourquoi pas en France, à Saint-Julien-en Genevois, à côté du Macumba où tant de Genevois vont s’éclater ? C’est vrai, quoi, « marre des frontaliers » ! Cabale au Canada « Je ne suis pas parfait, j’ai commis des erreurs », a reconnu, contrit mais souriant, le maire de Toronto Rob Ford, déjà en lice pour sa propre succession en 2014. Il est vrai qu’il a un palmarès assez fourni : il a été arrêté pour ébriété au volant, possession de drogue et menaces de mort contre sa femme, expulsé d’un stade pour ivresse, condamné dans une affaire de conflit d’intérêts, vu en compagnie de criminels notoires et, tout récemment, filmé en train de tirer goulûment sur une pipe à crack. Un vrai serpent de maire. Marche rustre Le 4 novembre à Moscou, des milliers d’ultranationalistes ont rejoint la Marche russe. L’événement, censé être une commémoration nationale, a été dévoyé par ces agités multipliant les saluts nazis et scandant leur haine des immigrés (« aujourd’hui une mosquée, demain une bombe »). Par ailleurs, les malchanceux qui n’ont pas le « faciès russe » sont pourchassés et tabassés dans le métro, quand leurs maisons ne sont pas mises à sac. C’était bien la peine de gagner la bataille de Stalingrad. Vigousse vendredi 8 novembre 2013 4 F AI T S D I V E RS E T V ARIÉS F AI T S D I V E RS E T V ARIÉS Vingt mille jeux sous les maires Secret dépense Justice si vile A Porrentruy, l’élection d’un maire de centre gauche n’a pas fait les affaires de la droite conservatrice… et de la justice. Farce en quatre actes. Rappel : de 1988 à 1999, notre glorieuse armée avait acheté, avec la complicité des Chambres fédérales, 204 000 obus à sous-munition pour la modique somme de 676 millions. Des emplettes au demeurant grotesques, sachant que ces petits bijoux éparpillent des mini-bombes dans le paysage et font 98 % de victimes civiles : l’armée suisse n’agissant que sur sol suisse, ces engins auraient donc décimé la population suisse. Par chance, la Confédération ayant ratifié en 2012 la Convention d’Oslo qui bannit ce type de saloperies, elle doit sans attendre détruire ses stocks. Elle a mandaté pour cela la société allemande Nammo Buck. Le coût de la destruction « ne peut être communiqué pour des raisons contractuelles », avait dit Armasuisse ; mais un montant estimatif d’une bonne trentaine de millions semble raisonnable (si l’on ose dire). Acte I : Les deux principaux protagonistes. La justice en arrière-plan. Le 11 novembre 2012, Thomas Schaffter (Parti chrétien social indépendant, centre gauche) et Pierre-Arnauld Fueg (PDC) se disputent la mairie de Porrentruy. Le premier remporte le scrutin, mettant fin au règne séculaire de la droite. Bigre, une révolution ! Décidées à ne pas laisser la menace bolchevique saper la capitale ajoulote, des voix scandalisées s’élèvent déjà, agitant les notions de scandale, de tricherie, de corruption. « Vous avez été élu, mais n’êtes pas près de siéger », aurait d’ailleurs ronchonné le perdant. Visionnaire ? naliste Arnaud Bédat, renifleur d’effluves, compagnon de bac à sable du PDC et contempteur inconditionnel de Thomas Schaffter, n’hésite pas une seconde à reprendre le flambeau de la cabale bourgeoise. Exploitant la détresse d’un chômeur récemment licencié par le candidat Fueg, il lui promet un article plaidant sa cause pour peu qu’il avoue avoir fraudé en faveur de Schaffter. L’article ne voit jamais le jour, mais les aveux, a priori sans la moindre valeur juridique, car enregistrés à l’insu du principal intéressé, sont transmis à la justice. Acte II : Arrivent un ancêtre sénile, un journaliste échotier et un chômeur manipulé. Premier recours des sympathisants démocrates-chrétiens devant le tribunal, celui d’un retraité bien connu dans la région pour ses névroses réactionnaires. Ses griefs étant jugés plus que légers, on lui demandera d’aller voir ailleurs s’il y est. C’est alors que l’illustre jour- Acte III : Le tragique monologue d’une juge intéressée Victoire pour Arnaud Bédat et le PDC ! Sur la base d’un recours déposé (hors délai) par le président du club de football de Porrentruy, la juge décide, le 26 mars 2013, d’annuler l’élection de Thomas Schaffter. A noter que le club en question est grassement sponsorisé par la société Herculis Partners Dossier explosif Nouvel exercice militaire suisse : détruire à grands frais des munitions inutiles achetées à grands frais. Et qui veut en savoir davantage en est pour ses frais. Le rideau tombe. Astuce Vigousse. Comment remporter une élection ? 1. Etre dans les petits papiers de la justice. 2. Manipuler une personne en détresse. 3. Essuyer une défaite aux premières élections. 4. Utiliser des enregistrements illégaux au moment opportun. 5. Laisser la justice faire ses petites affaires et annuler la première élection. 6. Récolter les fruits d’un dur labeur lors du deuxième scrutin. 5 SA, propriété du candidat PDC Pierre-Arnauld Fueg… Mais un petit couac enraie la mécanique judiciaire : la fraude n’a toujours pas été avérée. Qu’importe, ça ne gêne aucunement Madame la juge. Peut-être se souvient-elle que les juges sont élus par le Parlement jurassien, à majorité PDC ? Bref, elle n’en démord pas : on revotera le 27 octobre 2013. Acte IV : Une procureure indélicate, un chômeur décidément manipulé et un parti hégémonique. A deux jours du scrutin, le chômeur soupçonné de fraude fait publier dans le journal régional une annonce appelant à voter Thomas Schaftter. Etrange puisque la démarche nuit gravement à l’image du candidat qu’il dit soutenir... Et l’homme, qui peine à joindre les deux bouts, paraît bien incapable de payer la facture (650 francs). D’où une rumeur grandissante : la manœuvre aurait été orchestrée par de hauts responsables politiques. Ajoutons à cela une perquisition au domicile du chô- meur, habilement ordonnée par la procureure. Epilogue : Des citoyens écœurés et un vainqueur douteux. Résultat de ce bazar : le 27 octobre, on décompte 10 % de bulletins blancs. Le candidat PDC en sort vainqueur sans gloire. La justice, quant à elle, n’en sort pas grandie. Dans le Jura, peu importe que la démocratie soit du lard, du cochon ou de l’eau de boudin, l’essentiel est de pouvoir fêter la Saint-Martin. Patty Bühler sur palettes. Poids total des munitions de 15,5 cm emballées : 9735 tonnes. Pour celles de 12 cm : 607,5 tonnes. Ces modestes cargaisons vont donc traverser des pays entiers. Mais il ne s’agit pas de pommes de terre : vu la nature du chargement (danger d’explosion, risques pour l’environnement, vol, terrorisme), son transport exige-t-il des mesures de sécurité particulières ? Réponse d’Armasuisse : « Les transports se font selon les prescriptions internationales sur les règles ferroviaires et selon les prescriptions européennes et nationales sur le transport routier. » C’est chic. Par ailleurs, « la munition emballée n’est pas très réactive et elle voyage sans détonateur ». On respire. Il serait désagréable qu’un convoi de munition suisse souffle un patelin allemand. Mais comment la munition « pas très réactive » réagirait-elle en cas de déraillement, de collision, de fournaise ? Facile : il n’y a qu’à se dire que ça n’arrivera pas. Enfin, qui prend en charge le transfert des bidules vers les lointaines usines de Nammo Buck ? Le devis de la firme (dont le montant, rappelons-le, « ne peut être communiqué pour des raisons contractuelles ») comprend-il le conditionnement et les transports, ou ces opérations sont-elles payées, en plus de la facture de Nammo Buck, par le contribuable suisse ? Réponse d’Armasuisse : « On ne communique pas sur les prix pour des raisons contractuelles. » En clair, le contribuable suisse n’a qu’à laisser les militaires penser et dépenser. Et que ça saute ! Laurent Flutsch Ayant narré en détail cette brillante épopée (Vigousse, 11.10.13), on a voulu en savoir plus sur le transport de la munition vers les sites de destruction. Rappelons que nos 177 000 obus de 15,5 cm partent pour l’usine allemande de Pinnow, près de la frontière polonaise, à 1200 kilomètres de Berne. Et que nos 27 000 obus de 12 cm voyagent sur 2400 kilomètres jusqu’à la succursale norvégienne de Løkken Verk. A notre demande, Armasuisse précise que les transports, en cours de préparation, emprunteront le rail et la route. Les obus sont préalablement contrôlés, conditionnés individuellement (environ 10 kilos d’emballage par obus) et mis PUB Françoise Neuhaus 079 213 82 64 Petit-Flon 35b, 1052 Le Mont-sur-Lausanne Tél. 021 648 52 70 Fax 021 648 52 71 Vigousse vendredi 8 novembre 2013 Vigousse vendredi 8 novembre 2013 6 F AI T S D I V E RS E T V ARIÉS F AI T S D I V E RS E T V ARIÉS Elle est poubelle la ville ? La Suisse enlève l’échelle Vieux débris A La Chaux-de-Fonds, il semblerait que la promotion du patrimoine soit bonne à mettre aux ordures. Pas verni Un peintre en bâtiment installé à Lausanne depuis 26 ans, bien intégré et père de famille, fait l’objet d’une soudaine décision de renvoi. Berne s’emmêle-t-elle les pinceaux ? En avril 2011, le Conseil général de La Chaux-de-Fonds acceptait une nouvelle stratégie en matière de ramassage des déchets. Le plan consiste à abandonner la récolte au porte-à-porte pour privilégier l’installation de conteneurs enterrés délicatement nommés « moloks ». Aujourd’hui, environ 100 d’entre eux sont opérationnels et 230 autres doivent encore être mis en place. Mais voilà, le projet rencontre « énormément d’opposition », selon le conseiller communal en charge de l’économie et de l’urbanisme, Théo Huguenin-Elie (PS). « Les gens sont favorables à ces conteneurs, mais pas devant chez eux. Comme tous ne sont pas encore installés, certaines personnes viennent déposer leurs déchets Rémi Rexhepi, Albanais du Kosovo, a 45 ans. Il est arrivé en septembre 1987 ; et aujourd’hui, après 26 ans de vie en Suisse, l’Office fédéral des migrations (ODM) ordonne son expulsion. D’accord, il a peut-être commis « deux-trois erreurs de jeunesse », admet-il. Mais c’est vieux et ce n’était rien de grave. Et surtout, la suite de son histoire en Helvétie fait de lui un vrai modèle d’intégration. Détenteur d’un permis B, Rémi a toujours travaillé et n’a jamais coûté un centime à l’Etat. En 2005, il a monté à Lausanne sa propre entreprise de peinture. « Peut-être que le fait d’être indépendant m’a desservi », imaginet-il dans un français parfait. riés, le numéro dudit dossier est le même pour les deux : le voilà davantage encore dans le collimateur de l’ODM... De plus, Olga a un enfant d’un premier mariage au Kosovo : l’office craint-il (à tort) un regroupement familial ? « En tout cas, ça a gonflé le dossier… » témoigne Rémi. Un dossier que Berne épaissit encore en ressortant de vieilles affaires... Pour mieux mettre en doute son intégration, l’ODM relève sournoisement que son fils Alexandre a le passeport italien, qu’il a hérité de sa mère. Certes, et alors ? Il vit depuis des années à Lausanne où il suit les traces de son père : il vient d’obtenir son CFC de plâtrier-peintre. Côté vie privée, Rémi est un connu pour ses qualités professionnelles, mais aussi pour sa patience avec des ados parfois difficiles, sa tolérance, ses dons de formateur. En témoigne un Suisse qui a placé plusieurs jeunes en stage dans l’entreprise du peintre. « Je me sens à 70 % Suisse, il y a plus de 10 ans que je ne suis pas retourné au Kosovo. Un pays qui ne me reconnaît plus, encore moins maintenant avec ma femme serbe », insiste Rémi. Mais l’ODM a tranché : dehors, point barre. Les possibilités de recours sont épuisées, même si Rémi n’a jamais été entendu par aucun tribunal. « Si je dois quitter ce pays, ce sera les pieds devant, dit-il ; je suis de toute façon un homme mort au Kosovo. » Félicitations à l’ODM : installé depuis 26 ans, intégré, entrepreneur, le peintre est désormais au bout du rouleau. Jean- PLUS VRAI QUE VECU dans des bennes déjà pleines, ce qui cause des nuisances énormes. » A terme, les Chaux-de-Fonniers ne devraient pas marcher plus de 200 mètres jusqu’à la plus proche « goulotte », soit la partie émergente d’un molok. Pas facile toutefois de trouver les lieux adéquats : il faut un accès pour les camions et il faut que le cadastre souterrain s’y prête, car balancer des restes de morue et des couches usagées dans les conduites d’eau courante n’est pas du goût de tous. Ainsi donc, le Service de l’urbanisme et le Service de la voirie ont choisi de planter deux de leurs moloks à la rue de la Chapelle 12, l’endroit leur paraissant idéal. Or l’adresse est celle d’une vieille Les locataires et les voisins s’opposent évidemment au projet. Mais l’opposition a été levée par la ville, qui invoque un intérêt public prépondérant. Notre enquête a toutefois révélé que le Conseil communal « se pose la question de la pertinence de cet emplacement ». Il plancherait actuellement sur un déplacement des deux moloks. Comme quoi les autorités ne sont pas toujours des ordures. Lucien Christen Audience en correctionnelle dans un tribunal d’arrondissement. Noms fictifs mais personnages réels et dialogues authentiques. « J’ai porté plainte contre eux huit fois ces dernières semaines. » Monsieur Bernal est accusé de menaces, enregistrement non autorisé de conversations, injures et utilisation abusive d’une installation de communication. – Cette affaire est d’un compliqué… soupire la juge ; on va d’abord faire le point sur toutes les plaintes déposées réciproquement. – Je n’arrive pas à faire le compte, s’excuse l’avocat de l’accusé. Après leur relation amoureuse qui s’est terminée il y a trois ans, chacun a multiplié les plaintes de menaces, injures et même contrainte sexuelle, mais cette dernière n’a pas été retenue. – Je rappelle que ma cliente, qui était mariée à l’époque et l’est toujours, n’a jamais admis qu’ils avaient eu une relation amoureuse, intervient son avocat. – Et elle est où, votre cliente ? demande la magistrate. – Elle préfère ne pas être confrontée à l’accusé ; elle attend dans une autre pièce. – Votre cliente joue la victime effrayée, mais elle n’est pas en reste quant aux menaces et aux mensonges, réplique la partie adverse. – Pour conclure le topo, interrompt la présidente, il y a eu foison de plaintes, chacun a déjà été condamné pour menaces et injures. A ce jour il n’y a plus d’affaires en cours, hormis celle du jour. C’est correct ? Vigousse vendredi 8 novembre 2013 ferme, dotée d’une plaque indiquant qu’elle est classée monument historique. C’est que la bâtisse, certainement construite en 1750, est l’une des rares à avoir échappé à l’incendie de 1794 qui avait ravagé les deux tiers de la ville. La plaque signale aussi que ce style de ferme est à l’origine de l’urbanisme particulier de La Chaux-de-Fonds, inscrite pour cela au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Quel meilleur endroit pour déverser des ordures ménagères ? – Exact ! répondent les deux avocats après consultation de leurs dossiers. – Bien. Alors, monsieur, vous avez traité Madame de « sale pute » et de « salope », lui avez déclaré « je vais te pisser dans la bouche », « je vais te spermer dans la bouche » et « est-ce que tu connais une copine pour faire l’amour à trois ? ». Vous l’avez aussi menacée par téléphone, lui déclarant « tu vas voir », « je vais te pourrir la vie », « je vais dire à ton mari que tu fréquentes d’autres hommes » et un jour, vous êtes allé jusqu’à lui téléphoner 57 fois. Et finalement, vous avez plusieurs fois, sans l’avertir, enregistré des conversations téléphoniques avec elle. – Pour les enregistrements, c’est vrai. Et c’est d’ailleurs grâce à eux qu’elle a été condamnée. Mais pour le reste, je conteste. – Votre cliente a des preuves ? – Il y a sa mère qui a tout vu et entendu, répond l’accusation. – Le problème, c’est que cette dame est internée et que son curateur ne peut témoigner en son nom. Donc ne serait-il pas mieux de trouver un arrangement ? – Oh oui, répondent les défenseurs avec enthousiasme. – Monsieur, êtes vous d’accord de vous excuser afin que Madame retire sa plainte ? – Oui, mais elle et son mari me harcèlent. Ils viennent chez moi, me tournent autour à des terrasses de café, me suivent. Ma voiture a été cassée plusieurs fois et je suis sûr que c’est lui ! J’ai porté plainte contre eux huit fois ces dernières semaines ! – Quoi ?? s’écrie la juge. – Non, rien, soupire l’avocat de Monsieur, aucune n’a été retenue. Même le procureur fatigue… – La conciliation est vraiment la meilleure solution, résume la magistrate. Alors on s’excuse et chacun s’engage à ne plus importuner l’autre, O.K. ? – Il faut que je demande à ma cliente si elle est d’accord. L’audience est suspendue et l’avocat de Madame file la consulter. Reprise : – Elle est d’accord, jubile-t-il. Mais seulement s’il n’a pas déposé d’autres plaintes contre elle entre-temps. – Aucune plainte, j’ai vérifié, c’est bon, répond son confrère tout sourire. – Alléluia ! s’exclame la magistrate. Cette histoire est enfin terminée. Donc on rédige, on signe et on s’en va ! Monsieur Bernal ayant présenté des excuses, la plainte est retirée. Les 3600 francs de frais sont partagés entre l’accusé et l’Etat. Lily Dans son métier, Rémi est re- homme sociable et ouvert. Musulman, il épouse une Italienne en 1993. Leur fils Alexandre naît l’année suivante. Suit un divorce difficile en 2001 : l’enfant vit avec sa mère, mais il rejoint son père dès qu’il a 14 ans. quente très peu la communauté albanaise. « Je ne pourrais pas vivre au Kosovo et encore moins maintenant, vu mon mariage. » Pourquoi diable l’ODM aplus à peindre t-il donc subitement prononcé l’expulsion de Rémi ? Tout part qu'à blâmer d’un salmigondis administratif. D’abord, suite à son remariage, Rémi se remarie en 2007 avec l’administration vaudoise l’enune requérante d’asile serbe du courage à demander le permis Kosovo, Olga, qui a elle-même C, ce qu’il fait. Du coup, l’ODM un enfant. Pour un Albanais du exhume son dossier. ParallèleKosovo, ce mariage avec une ment, après leurs noces, Olga, Serbe est un sacrilège, une tra- jusqu’alors établie dans le canton hison : sa famille restée au pays de Neuchâtel, emménage à Laucoupe les ponts. « Mais moi, je sanne où vit son époux. Le cansuis libre et ouvert », dit-il avec ton de Vaud transmet alors son candeur. Amoureux, surtout ! dossier de requérante à Berne. Bien intégré en Suisse, il fré- Or, comme elle et Rémi sont ma- Luc Wenger 7 Jeu de balles Barbie fait du sport Le football américain se joue avec les pieds et les mains. Mais les équipes féminines jouent surtout les rince-l’œil. Quel est le point commun entre le football, le hockey et le basket ? Ces sports passionnent les foules, sauf quand ce sont des femmes qui les pratiquent. A moins que cellesci jouent surtout de leurs charmes dans des tenues idoines. Au volleyball par exemple, les caméras s’attardent volontiers sur leurs fesses et les supporters mâles sont étonnamment nombreux. L’Etats-Unien Mitch Mortaza a flairé le bon filon. Il a créé en 2009 la Lingerie Football League, pudiquement rebaptisée Legends Football League (LFL), qui réunit des équipes américaines mais aussi, bientôt, européennes. Les joueuses s’affrontent en lingerie, avec casques et épaulières pour l’esprit sportif. Ultramaquillées, toujours bien roulées, elles jouent plutôt bien au foot américain. Sauf qu’à lire les commentaires sur YouTube (« Nice babies », « Regardez-moi ces culs remuer ! »), le mâle basique retient peu leurs qualités sportives. D’accord, les joueuses le veulent bien. Mais ce que la plupart des spectateurs ne savent pas, c’est qu’elles évoluent dans des conditions moins sexy qu’on pourrait le croire. Elles ne sont pas payées, mais touchent un pourcentage sur le match si elles gagnent, elles ne bénéficient pas de matériel de protection professionnel (ce qui cause bon nombre de blessures au cou et à la tête), la ligue ne prend pas en charge les traitements en cas d’accidents et elles ont l’interdiction de former un syndicat alors qu’aux Etats-Unis tous les sports en ont un. Et si l’on créait une ligue de foot masculin dont les joueurs évolueraient torse nu, en caleçons moulants ? Noémie Matos PUB La Bonne Combine Ne jetez pas ! 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Sur dénonciation du collège, le préfet avait donc infligé au papa (pourquoi pas à la maman, ou aux deux ?) la susdite amende. Si Luc a fait recours, « ce n’est pas une question de montant mais de principe », souligne-t-il. comportement de Mike est-il imputable aux parents ? » Or la réponse est clairement négative. « Mike n’est pas un ange, c’est un ado qui a de la peine à se concentrer, mais nous ne restons pas les bras ballants », précise Luc. Il admet que son fils est peut-être un grand dadais tourmenté par ses hormones, si distrait qu’il lui arrive aussi, à l’inverse, de se rendre à l’école les jours où il a congé. Un soutien psychologique et logopédique a été mis en place par les parents, avec des résultats probants. Et si Mike est arrivé dix fois en retard lors du premier semestre, son comportement s’est nettement amélioré au deuxième. Mais le préfet n’a pas tenu compte de tout ça : « Je vous comprends, a-t-il dit à Luc ; mais la loi, c’est la loi… » Profitant de la Toussaint, jour férié au Tessin, pour venir en personne plaider la cause de son neveu, Fulvio Pelli n’a pas eu à forcer son éloquence ni à se lancer dans les arguties juridiques en exploitant d’évidents vices de forme dans l’ordonnance du préfet. C’est qu’en définitive l’unique question pertinente aux yeux de la loi, dans cette grave affaire, était la suivante : « Le amende grillée Le règlement scolaire est ainsi fait : après trois arrivées tardives, la direction de l’établissement avise les parents. Après six retards, nouvel avis. Et au dixième, c’est la dénonciation automatique au préfet. « Sur 800 élèves, on en dénonce 20 à 30 par année. Nous ne pouvons pas distribuer des heures d’arrêt ou rencontrer les parents », témoigne le directeur du collège concerné. Bon, d’accord, mais la question demeure : « Les retards de Mike sontils imputables aux parents ? » Pour en arriver à l’exclure, la juge a mené un travail d’instruction qui, selon elle, aurait dû être fait par l’école. Fulvio Pelli trouve curieux, lui aussi, que ni le directeur de l’établissement ni le préfet n’aient cru bon d’entendre les parents au préalable. La juge, donc, conclut que Luc n’est pas coupable. Les frais de justice (718 francs) sont à la charge de l’Etat. Ce n’est pas très cher dans l’absolu, mais c’est hors de prix vu l’absurdité de l’affaire. Reste à savoir combien de parents, faute d’avoir un avocat dans la famille, casquent sans broncher devant l’autorité préfectorale. Espérons donc que le recours victorieux de Luc fasse école. Jean-Luc Wenger Vigousse vendredi 8 novembre 2013 Q U E LL E S E MAIN E ! 9 F AI T S D I V E RS E T V ARIÉS Mouvement egologique Et moi, et moi, et moi Se tirer soi-même le portrait en grimaçant, puis le diffuser sur toute la planète, telle est l’une des activités favorites des jeunes internautes. On n’arrête pas le progrès : Narcisse, lui, se contentait d’admirer son reflet dans l’eau. Sur les réseaux sociaux, plus d’un tiers des images publiées par les 16-24 ans seraient des « selfies » ou « ego-portraits ». Très élaboré, le procédé consiste à photographier sa propre bobine avec son téléphone en le tenant à bout de bras ou en se servant d’un miroir : c’est ce qu’on appelle un geste réfléchi. Bien sûr, l’ego-portrait n’a pas pour but d’infliger son visage au reste du monde. Il a une valeur documentaire, voyez-vous. Ainsi peutil être pris dans une salle de sport avec la passionnante mention « au fitness » ou au travail avec le fascinant commentaire « au bureau » ou encore à la plage avec l’envoûtante légende « à la plage ». Evidemment, pour chaque photo publiée, une bonne vingtaine de clichés sont nécessaires pour trouver le plus avantageux, quitte à se déformer les traits ou prendre une position absurde. Pur narcissisme ? Sûrement pas, voyons : en fixant un portrait de soi où l’on est pile-poil comme on aime, avec les cheveux exactement comme il faut, les habits parfaits et la lumière tip-top, les jeunes et moins jeunes tenteraient de maîtriser tant soit peu une image qui leur échappe trop souvent sur les réseaux… Le phénomène est d’ailleurs si répandu que le service de prévention routière de Grande-Bretagne s’est ému du nombre d’accidents provoqués par le « driving selfie », c’est-à-dire l’ego-portrait pris en conduisant, pour la frime. Bah, si des adeptes se tuent en auto, leurs potes peuvent toujours se tirer l’autoportrait aux obsèques. Ils enrichiront ainsi le blog selfiesatfunerals.tumblr.com, qui précisément compile les photos de soi prises lors de cérémonies funèbres. Ainsi donc, l’intérêt pour son propre potentiel de séduction reste primordial, même lors de la disparition d’un proche. D’autant que l’ambiance des cimetières, c’est bien connu, donne envie de s’immortaliser. Jonas Schneiter PUB abonnezvous 021 612 02 56 www.vigousse.ch UN RENDEMENT A PLEINS TUBES ? WWW.DS-SA.CH Vigousse vendredi 8 novembre 2013 10 B I E N P RO F ON D D ANS L ' AC T U B I E N P RO F ON D D ANS L ' AC T U Pitch On m’espionne, donc je suis LE COURRIER DU CHIEUR Les confessions du professeur Junge Cette semaine : j’avoue que ma vie ennuyeuse a enfin pris un tour passionnant grâce à la surveillance américaine. A M. Philippe Chevrier Jusqu’à il y a peu, mon existence était d’un ennui abyssal. Englué depuis des décennies dans une routine quotidienne immuable, j’allais déliquescent vers la mort sans plus aucun espoir qu’un jour l’aventure ne croise mon morne chemin et m’en fasse dévier. Oubliés depuis longtemps, les rêves de revêtir un jour les atours chatoyants du héros sans peur et sans reproche des illustrés pour la jeunesse. Et puis voilà que débarquent les révélations sur l’espionnage massif des télécommunications pratiqué par les Etats-Unis. Les plus âgés d’entre vous se rappellent sans doute avoir été traversés d’un frisson similaire lorsqu’avait éclaté l’affaire des fiches : des centaines de milliers de citoyens suisses avaient alors découvert avec stupeur qu’il existait à leur sujet des rapports confidentiels des services secrets. Las, même à cette époque, j’avais échappé aux mailles du filet, ma vie si nulle n’ayant même pas réussi à provoquer le moindre début de commencement d’un Autocuiseur soupçon chez des fonctionnaires pourtant prompts à trouver tout et n’importe quoi digne de surveillance. Mais cette fois-ci, j’en suis sûr, je ne fais pas partie des laissés-pourcompte ! Les grandes oreilles du programme Prism écoutent indifféremment tout ce qui passe à leur portée. Cette fois-ci, je peux enfin l’affirmer : oui, je suis victime de l’espionnage inique du système totalitaire américain ! Mon droit à la vie privée est bafoué, mon intimité violée ! Et soudain, je me sens revivre. Le téléphone d’Angela Merkel a été placé sur écoute ? Oui, mais le mien aussi ! Je peux me targuer d’être soumis aux mêmes affres que les puissants de ce monde. Mes courriers électroniques sont passés au peigne fin par les experts de la NSA, mes commandes sur des sites de vente en ligne disséquées par de rusés limiers, mes photos de vacances sur les réseaux sociaux scannées à la recherche de messages codés. On m’espionne, moi, l’insignifiant, et de ce fait j’existe ! Plus rien ne m’empêche d’imaginer que mon dossier, arborant sur sa couverture un cliché de moi bourré avec un slip sur la tête piqué sur mon compte Facebook, atterrisse en ce moment même sur le bureau d’Obama. « Qui c’est, ce type ? » demande le président. « Le professeur Junge, répond un agent patibulaire de la CIA planqué derrière ses verres fumés. Il vient d’écrire sur Twitter que vous êtes un con. » Obama tape du poing sur la table et ordonne : « Mettez-moi une équipe sur le coup ! » Désormais, chaque inconnu que je croise dans la rue est potentiellement une barbouze qui m’épie. A chaque hélico qui passe dans le ciel, Le 8e conseiller fédéral Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique. Je m’inquiète au sujet de cette votation 1:12, Eveline. Si ça passe, sur quelle base on calculera mon salaire ? Quoi ? Mais non ! Il y a des gens qui gagnent bien moins que moi ! Seulement douze fois votre salaire ? C’est misérable ! Cher chef, je me dissimule derrière un arbre. J’ai même commencé à me déguiser pour sortir de chez moi. Me voici agent secret, résistant traqué, héraut de la liberté en lutte contre le système. Ah, comme ma vie est devenue palpitante ! Merci, Obama ! Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine Ben je vois pas qui pourrait être plus fauché que ces pauvres bougres… Et le peuple, vous y avez pensé ? Ah bon ? Des types qui gagnent 10 ou 20 francs par jour. Bon, j’ai une idée : on va dire qu’on augmente les mendiants roms à 100’000 francs par jour, et le tour est joué. Vigousse vendredi 8 novembre 2013 Les conseillers nationaux ? Mais sur quelle planète vous vivez ? Ah oui, les chefs d’entreprise, les avocats, les dentistes, tout ça… Ouf, je suis soulagé. Texte original Des cliniciens annoncent l’émergence du « sleeptexting », nouveau trouble du sommeil qui consiste à envoyer des SMS en dormant. Histoire à dormir debout ou à écrire couché ? Les nouvelles technologies ont envahi nos journées, c’est un fait. Pour le meilleur ou pour le pire, nous sommes désormais branchés, connectés, en réseau, disponibles, et même, surveillés. On pensait encore avoir la paix pendant la nuit, le sommeil étant devenu le dernier dispositif de déconnexion réellement efficace contre la déferlante de gadgets chronophages qui ont fini par coloniser notre vie consciente. Hélas, de nouveaux indicateurs suggèrent que même cette frontière physiologique est aujourd’hui en phase d’occupation. L’intrusion est pour le moment discrète, mais plusieurs publications anglo-saxonnes s’en sont fait l’écho. Ainsi, le New York Times, le Telegraph et The Atlantic, et même un reportage télévisé sur CBS-2, ont rapporté des cas troublants de « sleeptexting », à savoir l’envoi de SMS en plein sommeil. Divers experts y témoignent que le phénomène est en hausse dans leur pratique clinique ; à ce jour, néanmoins, aucune étude sérieuse ni de chiffres ne sont disponibles. Ces personnes, qui écrivent des messages plus ou moins cohérents à leur ex, leurs amis ou leurs collègues de travail, étaient-elles réellement endormies, vaguement somnolentes ou juste bourrées ? Toujours est-il qu’elles ne se rappellent absolument pas avoir écrit ces messages, dont elles apprennent l’existence uniquement suite à la consternation ou la perplexité des récipiendaires, et toutes ont en commun de garder leur smartphone sur leur table de nuit. En outre, elles ne semblent pas souffrir de troubles du sommeil tels que le somnambulisme. De fait, dans ce dernier cas, on a déjà vu des patients faire le tour du quartier, vider le frigo, conduire une voiture, redécorer leur séjour, jouer d’un instrument de musique ou même, rarement, assassiner quelqu’un. Il n’y aurait donc rien de surprenant à voir un somnambule user des nouvelles technologies. Du reste, le « cas zéro » de « sleepmessaging » a probablement été identifié en 2004 : il s’agissait d’une femme insomniaque de 44 ans, examinée au centre médical universitaire de Toledo, dans l’Ohio. Après avoir consommé des somnifères en surdose, la dame a allumé son ordinateur, a inséré son nom d’utilisateur et son mot de passe, puis a accédé à sa boîte mail en inscrivant à nouveau nom d’utilisateur et mot de passe, pour enfin écrire et envoyer successivement trois e-mails à des connaissances les invitant à une soirée « verres et caviar ». Les messages étaient compréhensibles mais truffés de fautes et bizarrement construits. Le tout, apparemment, a été fait dans un état de totale inconscience, sans qu’elle en garde le moindre souvenir au réveil. Le cas a été rapporté en 2006 à un congrès de neurologie à San Diego, puis publié en 2009. Le temps dira s’il s’agit là des prodromes d’une épidémie à venir, et si c’est le cas, il restera à en identifier les causes, les mécanismes et le remède. Mais on peut déjà s’interroger sur ce que l’existence de tels symptômes dit à propos de notre vie consciente : s’il y a de moins en moins de différence entre nos pratiques diurnes et nocturnes, cela veut-il dire que nous sommes déjà des sortes de zombies somnambules dès que nous utilisons nos nouveaux gadgets ? Sebastian Dieguez Writing emails as part of sleepwalking after increase in Zolpidem, F. Siddiqui et al., Sleep Medicine, vol. 10, pp. 262–264, 2009. Le strip de Vincent N’est-ce pas, chef ? Roger Jaunin 101 Qui ça ? Correspondance de nuit Surtout, vous avez fait mieux qu’une certaine Dame Anderson, prénom Pamela, qui, elle, à ce qu’on a pu voir, n’avait pas cru bon de se délester de quelques rondeurs savamment entretenues sur les plages de Malibu. Son temps ? Cinq heures et 41 minutes, c’est bien ce qu’il faut compter pour, sous le chaud soleil de l’été indien, faire mijoter une dinde. Je suppose que comme vous êtes le chef de tout le pays, il faudra vous payer douze fois le plus bas salaire qui existe. Allégé d’une soixantaine de livres, vous vous êtes donc présenté dimanche dernier au départ du Marathon de New York. But avoué : terminer l’épreuve en moins de 4 heures 30 minutes et, ainsi, voir votre nom figurer dans les colonnes du « New York Times ». Las, la sauce n’a pas pris, et ce n’est qu’au terme de près de cinq heures de course que vous avez franchi la ligne d’arrivée. On imagine votre déception, tout en relevant que pour un homme de votre âge, 52 ans, et de votre corpulence l’exploit vaut son pesant de foie gras, de homard bleu de Bretagne et des mille et une délicatesses qui garnissent la carte du Domaine de Châteauvieux. Pfff… Vous avez déjà entendu parler des mendiants roms ? Non, qu’est-ce que c’est ? Aux étoiles que vous a fort justement octroyées le Guide Michelin, vous avez souhaité ajouter l’une de celles qui figurent sur le drapeau américain. Chacun ses goûts, et le vôtre, prononcé, pour la course à pied, méritait sans doute que vous perdiez quelques-uns de ces kilos que l’on peut qualifier de superflus, mais qui à l’ordinaire vous servent de caution auprès de votre clientèle. 11 Vigousse vendredi 8 novembre 2013 12 CUL T UR E Un festival Un film Femmes du monde Depuis neuf ans, Les Créatives à Onex sont un rendez-vous automnal incontournable. Un festival de musique aux activités variées (concerts, récits, expositions, ateliers et tables rondes), aux valeurs précieuses (ouvert sur le monde, engagé, harmonieux) et 100 % féminin (parce qu’elles le valent bien !). Cette année, le programme est particulièrement alléchant avec, entre autres pétillantes artistes reconnues Les copains d’abord L’humour du prochain Fraîchement diplômée et carrément motivée, une trentenaire helvète s’en va défendre les droits des Amérindiens durant deux ans. Une noble tâche qu’il faut soutenir ! Un spectacle humoristique est organisé afin de donner un coup de pouce au Centre nicaraguayen des droits de l’homme (CENIDH) au sein duquel la demoiselle va œuvrer. Pour la modique somme de 50 francs, trois artistes vont se déchaîner sur scène et faire frémir vos zygomatiques : Laurent Flutsch et Thierry Meury s’éclatent dans leur sketches fétiches alors que Jean-Louis Droz livre le meilleur de son one-man show, L’exode du géranium. Après le spectacle et la poilade, un verre de l’amitié est offert. Un bon moment pour une bonne cause. A. D. Soirée humoristique en faveur du CENIDH, avec Laurent Flutsch, Thierry Meury et Jean-Louis Droz, à la Paroisse Sainte Thérèse, Lausanne, le 22 novembre à 19 h 30, réservations obligatoires à l’adresse : [email protected] (attention : nombre de places limité !). * noms connus de la rédaction Vigousse vendredi 8 novembre 2013 13 CUL T UR E BROUILLON DE CULTURE ou à connaître, l’Australienne Emilie Gassin, la Suissesse Soraya Ksontini, la Danoise Nanna B., l’Anglaise Ebony Bones ! et l’Etats-Unienne Akua Naru. Quatre soirées consacrées à des femmes qui n’ont pas besoin de se dénuder ni de se dandiner pour afficher un talent fou. Alinda Dufey Festival Les Créatives, Onex, du 13 au 16 novembre, détails sur www.lescreatives-onex.ch Une expo * Fourbi et orbi Depuis qu’il a « l’âge d’avoir des poches », le designer et enseignant suisse Franco Clivio furète dans les greniers, brocantes, marchés aux puces et quincailleries en quête d’objets qu’il perçoit comme extraordinaires. De la simple aiguille à tricoter à l’inventif shopella (liste de courses britannique), l’homme a accumulé au fil des ans une montagne de bidules d’allure certes anodine, mais qui révèlent des merveilles de qualités pratiques et esthétiques. L’exposition du Mudac réunit plus de 900 objets de sa collection, classés avec soin par caractéristique. En une incroyable caverne d’Ali Baba, les vitrines regorgent de trésors et d’astuces, à l’exemple de deux insignifiantes petites plaques d’acier qui, d’un glissement, se transforment en timbales. Un cabinet d’ingéniosité. A. D. * Un gâteau, des projos Pour fêter ses 15 ans, le Festival Filmar nous propose du 15 novembre au 1er décembre une cure de cinéma américain, mais garanti sans blockbusters. CREUSER En marge de l’exposition Oublier cinq minutes – et même quinze jours – les grosses productions gonflées aux hormones ou les comédies poussives et nombrilistes, s’intéresser à d’autres territoires cinématographiques, voyager avec le cœur, l’esprit et les yeux grands ouverts, c’est tout de même pas le Pérou ? Alors en route pour Lima, La Paz, Quito, Santiago, Bogota, Buenos Aires ou Mexico ! Le Festival Filmar en América latina, qui souffle ses 15 bougies à Genève (mais dont les films tournent ailleurs en Suisse romande), a décidé de mettre une cerise andine sur son gâteau cette année, proposant notamment 35 longs-métrages, toutes époques confondues, en provenance de Bolivie, d’Equateur et du Pérou. Qu’ils soient féministes, musicaux, historiques, sociétaux ou écologistes, les 127 films de cette quinzaine latine sont bien évidemment pour la grande majorité inédits sous nos latitudes, vu le peu de place qu'on laisse d’ordinaire à ce que certains imbéciles appellent avec dédain « les films du tiersmonde ». Ître – Mémoire de pierre (visible jusqu’au 8 décembre), le Musée de Bagnes présente un cycle de conférences pour les passionnés de la montagne et du patrimoine. Edifiant. Samedi 9 novembre de 9 h à 17 h, Espace Saint-Marc, Le Châble, www. museedebagnes.ch ESPÉRER Dans un décor de salon- lavoir, une femme au cœur brisé se débat entre le linge et l’ange. Laverie Paradis, de et avec Claude-Inga Barbey, Théâtre Les Osses, Fribourg, du 8 au 30 novembre, www.theatreosses.ch ÉCOUTER Assisté de trois musiciens, le chanteur, poète et compositeur Michel Bühler interprète les treize titres de son dernier album. Et voilà ! Concert, Café-Théâtre de La Tour de Rive, La Neuveville, le 15 novembre à 20 h 30, www.latourderive.ch PUB Vendredi 8 novembre (20 h 30) Samedi 9 novembre (20 h 30) Dimanche 10 novembre (17 h) Gilbert Lafaille * Des mots pour le dire Vendredi 8 novembre – 1re partie Pierrick Vivares Entre tendresse, cynisme et espoir No Name Design – Le cabinet de curiosités de Franco Clivio, Mudac (Musée de design et d’arts appliqués contemporains), Lausanne, jusqu’au 9 février 2014, www.mudac.ch La redécouverte de l’Amérique (latine) BOUGER Une soirée-concert d’une énergie folle par ces deux groupes du cru taillé à même le rock. Hardcase & The Quarks, Le Box, Carouge, le 8 novembre à 21 h, www.lebox.ch L’Esprit frappeur Villa Mégroz – 1095 Lutry (VD) www.livestream.com/espritfrappeur Des védés Ecoute-moi ! La carrière du père Coppola semble aujourd’hui un peu nébuleuse. Si tout le monde se souvient du Parrain, ses films plus récents ont été accueillis avec moins d’enthousiasme. Pourtant, c’est un cinéaste qu’il faut redécouvrir, car, contrairement à ses collègues Spielberg et Lucas, il a toujours conservé une démarche de cinéaste indépendant. La « ressortie » de Conversation secrète est un événement et, dans une période où la NSA surveille tout un chacun de près, ceci ne peut pas être dû au hasard… Gene Hackman est un homme de l’ombre, écoutant et enregistrant les conversations d’autrui sans états d’âme jusqu’au jour où sa vie est affectée par ce qu’il a entendu. Doit-il s’impliquer pour sauver ce qui peut l’être ou restera-t-il coi ? De ce problème d’éthique naît un film aussi angoissant que passionnant dans ses longs silences. Tourné en pleine guerre froide, ce film paraît pourtant bien actuel. Michael Frei Karloff, films cultes, rares et classiques, Lausanne Parmi les 23 invités de cette 15e édition du Festival Filmar, on notera la présence du Bolivien Diego Mondaca (avec un documentaire, Ciudadela, qui se décline aussi en exposition photographique), de Marcela Said et Sebastian Sepulveda, qui sont le Chili incarné et dont les films El verano de los peces voladores et Las niñas Quispe ont déjà été remarqués cette année au Festival de Cannes et à la Mostra de Venise, ou encore du Péruvien Diego Vega, qui, après Locarno cet été, sera là pour présenter sa tragi-comédie El mudo ! Bertrand Lesarmes Conversation secrète, de Francis Ford Coppola, 1974, Pathé, Vf et Vost, DVD et Blu-ray, 109 min. 15e Festival Filmar en América latina, du 15 novembre au 1er décembre à Genève, mais aussi à Lausanne, Bienne, Neuchâtel, Courroux, Sion et en France voisine (Ferney-Voltaire, Saint-Julien-en-Genevois, Annemasse, Gex, Divonne). Toutes les infos sur www.filmar.ch Des concerts Les chants du cygne Des textes de condamnés à mort américains, une musique imaginée par de jeunes compositeurs romands, le tout chanté par huit voix a cappella : c’est la recette conçue par Joséphine Maillefer pour son projet Inmates’ Voices. A l’origine de l’idée, sa correspondance avec Roy Swafford, prisonnier des couloirs de la mort en Floride depuis 28 ans. Au travers de l’association Lifespark, qui met en relation détenus américains et Helvètes solidaires, les prisonniers ont envoyé plusieurs écrits et les compositeurs ont mis en musique ceux qui les inspiraient. Il en résulte une dizaine de compositions de style classique, pop et expérimental chantées en octuor lors d’une série de concerts en Suisse romande. Une évasion salutaire. Séverine Chave Inmates’ Voices, jusqu’au 10 décembre à travers la Romandie (le 8 à l’Espace autogéré de César-Roux à Lausanne, le 9 à la chapelle de Corin à Montana, etc.). Infos et extraits sur www. inmatesvoices.com Gare aux grilles par égé Solution de la semaine précédente 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 C O H N B E N D I T 2 O S S U E S E R E 3 N E I A S I A S 4 F R O T T E M E N T 5 E A N E S 6 D I C E 7 E E 8 R 9 E D 10 S O E S U M U T I A B A C N U G E R S R E T E T A T U E E M I R T E N E U L Vigousse vendredi 8 novembre 2013 14 15 zoom avant Sur l'info mass merdia Défense des droits de gomme Cologny-Lanta Satire à vue Le blog valaisan « Sortez de ma chambre » est dans le collimateur de personnages fort soucieux de leur ego, qui font tout pour lui renvoyer la censure. Entre le sociologue de droite très affirmée Uli Windisch et le blog « Sortez de ma chambre » (sur www.lagreu.ch), les couteaux sont tirés depuis longtemps. Voici trois ans, une première passe d’armes s’était soldée par une amende de quelques milliers de francs au profit de Windisch. Lequel, depuis lors, a fondé son site www.lesobservateurs.ch. Le 5 octobre dernier, Windisch adresse à Boris Michel, responsable du blog valaisan, un courriel ainsi libellé : « On me signale que sur votre site figurent depuis longtemps mes coordonnées personnelles, adresse, tél, etc. Du genre Wanted. Je vous prie instamment de supprimer tout cela, ce qui m’éviterait de faire une nouvelle fois appel à la justice. » Par retour de mail, Boris Michel rétorque : « Vous devez bien vous faire chier aux «Observateurs.ch » pour trouver le temps de vous occuper encore de nous. » Le 23 octobre, c’est l’avocat Léo- nard Bruchez, par courrier normal, qui intime l’ordre à « Sortez de ma chambre » d’enlever lesdites données. Peu importe qu’elles y figurent depuis mai 2012 et qu’on puisse les trouver sans peine sur local.ch ou pages-blanches.fr : pour l’avocat, elles constituent une « atteinte aux droits de la personnalité » du pauvre Windisch. Boris Michel suggère d’attaquer aussi les deux sites susdits, mais il obtempère. D’autant que, pour la première fois, il a affaire à un avocat « qui fait preuve d’un minimum de politesse ». Mais l’aimable Léonard Bruchez ne s’arrête pas là. Soudainement et comme par hasard, il écrit le 28 octobre à Boris Michel, cette fois-ci au nom du politicien valaisan UDC et très catholique Adrien de Riedmatten. Ce dernier avait pour programme, en 2007, le renforcement de « l’identité chrétienne traditionnelle du Valais ». Une belle cible pour « Sortez de ma chambre » qui, au gré de billets d’humeur bien sentis, qualifia de Riedmatten de « mandataire pour diriger la croisade éconarde », « inquisiteur dominicain » ou encore « chef du groupuscule de la jeunesse valaisanne du Christ-Roi œuvrant au rétablissement d’un prince-évêque en Valais ». Vous avez souri ? Pas maître Bru- chez. Lui considère en effet que la chose ne « s’inscrit manifestement pas dans le débat démocratique, mais vise purement et simplement à rabaisser M. de Riedmatten, à jeter sur lui le soupçon d’une conduite contraire à l’honneur ». Injonction est donc faite de gommer cette prose insolente, et fissa, avant le 1er novembre. Ce que Boris Michel fait : « On ne va pas s’emmerder avec la mauvaise foi », commente-t-il. Voilà qui pourrait faire le beurre, l’argent du beurre et le salaire de la crémière. Exiger l’élimination des L’effet d’une blonde Quand les médias européens se sont passionnés pour la petite blonde Maria, retrouvée dans une famille de Roms grecs plutôt noirauds, les légendes sur les méchants gitans voleurs d’enfants ont refait surface. C’est ainsi qu’en Irlande deux enfants roms qui avaient le malheur d’être plus blonds que leurs parents ont été enlevés par la police suite aux dénonciations de citoyens paranoïaques tandis que les médias multipliaient les articles sensationnalistes. Jusqu’à ce que l’ADN confirme que les blondinets sont bien nés des amours de leurs bruns parents. Une histoire parmi d’autres qui montre que le racisme est en train de faire un blond en avant. Vigousse vendredi 8 novembre 2013 archives qui dérangent peut en effet occuper les avocats durant bien des années. Combien d’ « atteintes aux droits de la personnalité » dormentelles dans les archives numérisées des journaux valaisans ? Combien de familles, voyant leurs ancêtres égratignés par des pamphlétaires ou des journalistes du XXe siècle, vontelles exiger la censure par avocats interposés ? Si la liberté d’expression a manifestement un avenir limité, le révisionnisme, lui, est un commerce qui promet ! Joël Cerutti/Agence PJ Investigations Objets textuels Prose en vert Les femmes de footballeurs les plus sexy, une nouvelle collection de lingerie, les plus belles fesses du Carnaval de Rio… : jusqu’ici, Le Matin trouvait le savant prétexte d’une quelconque actualité ou d’une vague « information » pour publier sur son site des galeries suggestives. Désormais, c’est révolu. Le 2 novembre, sous le titre « Des bombes en robe moulante », le journal annonçait : « Comme le week-end est grisâtre et relativement frisquet, nous vous proposons une galerie de saison avec des filles habillées. Mais pas trop… » Des créatures court vêtues à but purement récréatif, donc. On ne remerciera jamais assez la rédactrice en chef du Matin, Sandra Jean, pour tous ses efforts en faveur de l’image de la femme. Intitulé « Green » (c’est tellement plus chic en anglais), le hors-série écolo de L’Illustré (30.10.13) déborde de personnalités au comportement exemplaire, de prêches en faveur de la planète, d’astuces pour vivre au vert, de pages mode et beauté 100% bio. C’est tout à fait merveilleux et divinement tendance, pardon, « trendy ». On s’y extasie aussi en découvrant des conseils pour un « green voyage » à Bali : lézarder sous les palmiers et se faire masser les orteils par les indigènes dans les centres « wellness » en bambou, quoi de mieux pour oublier l’empreinte CO2 du trajet en avion ? Un séjour totalement « roots » donc, dans un magazine assez « silly ». Nul ne peut plus l’ignorer dans l’univers connu, c’est « le mois des Suisses » dans les programmes de la SRG-SSR. D’où une foison de concepts forcément révolutionnaires grâce auxquels les télévisions et les radios du service public suisse parlent des Suisses aux Suisses. Ainsi l’émission « Médialogue » (RTS La 1ère) de samedi dernier at-elle reçu la productrice Anne Baecher, venue présenter fièrement une nouvelle série qui sévira du 4 au 8 novembre 2013. Ça s’appelle « Deux familles, une Suisse » et c’est de la « radioréalité ». Si. En gros, il s’agit d’envoyer deux familles complètes dans un contexte radicalement différent. Et l’enthousiasme d’Anne Baecher est infini, car « pour ces familles, tout est bouleversé ». Elle parle de « choc d’environnements, choc des cultures ». Elle s’émerveille des « étonnantes capacités qu’ont les deux familles à se débrouiller en système D » ainsi que de « cette envie de le faire malgré les difficultés ». Elle emploie quinze fois le verbe « survivre ». On frémit, on tremble, on s’interroge : mais où donc va-t-on parachuter ces deux héroïques familles ? Au fin fond de l’Amazonie ? Chez les Dogons ? En Tchétchénie, dans la bande de Gaza ou à Tegucigalpa, dans les quartiers contrôlés par le MS-13 ? Devront-elles sauver les baleines à bosse ou apaiser les tensions géostratégiques que connaît le Cachemire ? Non. Une famille de Carouge ira dans les Grisons et des Romanches vivront à Genève. Pendant une semaine. Les épreuves surhumaines qui les attendent coupent littéralement le souffle : « On enverra le papa dans une ébénisterie… Les enfants iront faire des bricolages à l’école… Tiens, il y a un tram à prendre, comment ça se passe ?... Il faudra aller chez le voisin chercher des œufs… » Eperdue d’admiration devant tant d’efforts et de défis, Anne Baecher demande alors posément à son collègue journaliste : « Franchement, est-ce que vous iriez, vous, une semaine dans les Grisons ? » Ben, franchement… si en plus c’est la radio qui paie… Enfin, pour synthétiser, Anne Baecher résume le concept de l’émission : « Attraper le réel dans cette réalité de survie, dans des situations pas possibles. » Ce qui n’est pas possible, c’est de devoir entendre des trucs pareils. Consolation tout de même, par chance « le mois des Suisses » tombe en novembre : c’est un mois à trente jours. Stéphane Bovon LE CAHIER DES SPORTS MIEUX VAUT EN RIRE Alors qu’il s’apprêtait à prendre le train à Paris gare du Nord pour se rendre à Londres, Juan Martin Del Potro s’est fait voler son sac. Entre autres babioles telles son trophée de l’US Open et ses cartes de crédit, le joueur argentin y avait placé un chapelet que son compatriote, le pape François, avait béni. Y a des voleurs qui ont vraiment un grain. *** Fini les traditionnels plats de pâtes, viande blanche et yaourt d’avant-match, les joueurs du PSG ont désormais droit au hamburgerfrites, milkshake et brownies façon McDo, le nouveau fournisseur de bouffe officiel du club. Si avec ça ils continuent de gagner, c'est vraiment que Monaco, Marseille et les autres sont véritablement des pipes. *** A Pampelune, un môme de 10 ans a toréé et tué un apprenti taureau d’à peine 1 an. Comme quoi il n’y a pas d’âge pour être con, comme il n’est pas nécessaire d’avoir des cornes pour être le cocu de l’histoire. Et (faute de place) ce sera tout pour cette semaine. Roger Jaunin PUB Encore un privilège éhonté pour nos abonnés 15.– (au lieu de 20.– + port 2.–) L’actu au passé recomposé ! Les 73 chroniques « Le fin mot de l'Histoire » parues dans Vigousse depuis fin 2011, enfin réunies dans un volume compact et maniable en papier véritable. Entre autres personnages plus ou moins recommandables, on y croise des hominidés velus traquant la limace, un homme-cheval doublé d’un sagouin, une reine folle d’un taureau, des Grecs farfelus et des Romains débauchés, sans oublier Dieu-le-Père avec toute sa smala. Tous les faits historiques relatés sont certifiés rigoureusement authentiques, sauf certains. Commande : [email protected] Merci de préciser votre numéro d'abonné Vigousse vendredi 8 novembre 2013 16 { B é B E RT D E PLONK & REPLONK } LA SUI T E AU P ROCHAIN NUMÉRO Peter pan ! Ecolier, Peter Rothenbühler faisait « rire toute la classe ». Ça doit être vrai puisque c’est lui qui l’a dit. Etudiant, mais toujours aussi facétieux, on le retrouve sous la bannière des Jeunesses progressistes biennoises, occupé à bloquer l’entrée d’un cinéma où l’on projette Les bérets verts, niaiserie à la gloire de l’armée US engagée au Vietnam. Là où les choses se gâtent, c’est lorsqu’il rejoint le bureau Cortési, sorte de vivier dans lequel le groupe Ringier aimait à pêcher ses futurs cadres. C’est que sous ses dehors de disciple du Che, notre homme est un carriériste convaincu. Et convaincant. Peu lui importe que la plupart de ses compagnons de combat lui tournent le dos, sa voie est toute tracée : rédenchef de Blick für die Frau, de SonntagsBlick, puis de la Schweizer Illustrierte. Dès lors qu’il s’agit de redresser la barre de journaux en perte d’audience, on fait appel à lui. Vigousse vendredi 8 novembre 2013 C’est si vrai qu’en mars 2002 il débarque à Lausanne, avenue de la Gare 33, là où la rédaction du Matin s’emploie tant bien que mal à remplir un journal passé au format tabloïd. Initié par Daniel Pillard, le projet était audacieux, bien ficelé, se voulait intelligent. Peter Rothenbühler en fera un torchon. En parfait fossoyeur de la presse romande, il multiplie les pages people, C'EST ARRIVÉ privilégie le fait divers autant que possible sordide, sacrifie les rédactions régionales et, au prétexte de « la recherche de la vérité », exige de ses journalistes qu’ils fouillent les poubelles de « ceux et celles dont la vie passionne les lecteurs ». En septembre 2008, il est promu (?) adjoint à la direction éditoriale des publications romandes de Tamedia, le groupe zurichois désormais propriétaire de feu Edipresse. Ceux qui voient là une mise à l’écart auront vite fait de déchanter : placard doré ou pas, confiné dans quelques rubriques de bas de page et depuis peu retraité, PR ne fait plus rire personne (hormis quelques puristes de la langue française), mais il continue de gouverner en sousmain. Et surtout, il n’a rien perdu d’un pouvoir de nuisance qui avait inspiré à Roger de Diesbach, dernier grand journaliste romand d’investigation, une image bien sentie : pour lui, PR était « une verrue sur le nez de la profession ». Roger Jaunin LA SEMAINE PROCHAINE (ou du moins ça se pourrait bien) Charcuterie Chine La truffe de chiot au soja Charcuterie Chine La souris de chat au gingembre Charcuterie Chine Le foie de dissident aux enchères Vigousse Sàrl, rue du Simplon 34, CP 1499, CH-1001 Lausanne > www.vigousse.ch > [email protected], tél. +41 21 612 02 50 Directeur rédacteur en chef : Barrigue Rédacteur en chef adjoint : Laurent Flutsch Chef d’édition : Roger Jaunin Journalistes : Alinda Dufey, Jean-Luc Wenger Correction : Victor Gagnaux Abonnements : [email protected] > Tél. +41 21 612 02 56 Publicité : REGIPUB SA, av. de Longemalle 9, CP 137, 1020 Renens 1, tél. 021 317 51 51, [email protected] – MEDIALIVE SA, 101 Ruchligweg, CP 52 4125, Riehen-Bâle, tél. 061 561 52 80, [email protected] Layout et production : www.unigraf.com Impression : CIR, Sion > Tirage : 13 000 ex.
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