Vendredi 17 janvier 2014 // No 175 Armée Serre-vice obligatoire P. 4 CHF 3.– // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch Val d’Anniviers Tête de truc Epiney boit la taxe Stanislas P. 5 de cœur P. 16 Exclusif Nos photos du scooter P. 17 JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA 2 C ’ E S T P AS P O UR DIR E ! L’enfumeur au scooter Sebastian Dieguez U n président normal, une actrice de seconde zone, une femme trahie, un appartement suspect, une hospitalisation soudaine, un magazine people et une conférence de presse : si t’arrives pas à nous faire un édito avec ça… Ben oui, mais tout a déjà été dit, non ? Hollande est un salaud, Closer, c’est des pourris, Valérie l’a bien cherché, Julie profite de l’affaire, Ségolène ricane, l’opposition hésite... Ça intéresse vraiment les gens, ces trucs-là ? Non, s’il faut absolument s’exprimer sur une simple histoire de tromperie, autant mettre le paquet. Alors voilà : tout cela est un complot. Vous voulez des preuves ? Pas de problème. Premièrement, cette Julie Gayet n’a jamais existé. Vous aviez entendu parler d’elle avant ces « révélations », vous ? Ah, vous voyez bien. Deuxièmement, François Hollande est en guerre en Centrafrique ; et il va bientôt rencontrer le pape, comme par hasard… Troisièmement, chacun l’aura remarqué, cette affaire intervient au moment précis où s’achève le feuilleton Dieudonné. Coïncidence ? A d’autres ! Quatrièmement, posez-vous cette excellente question : à qui tout cela profite-t-il ? Bingo, vous avez compris. Cinquièmement, dans son allocution à la presse, Hollande a utilisé le mot « je » 40 fois, le mot « France » 24 fois, « Europe » 15 fois et « Allemagne » 5 fois. Vous pouvez vérifier, c’est rigoureusement exact. Edifiant, non ? Vous pouvez évidemment ricaner et nier l’évidence, mais pour qui n’est pas esclave du système et de la pensée unique, ces preuves conduisent inéluctablement à une seule conclusion : c’est un complot ! Oui, c’est une très lourde accusation. Mais Vigousse ne craint pas ces forces obscures qui machinent pour nous rendre complices de leur projet diabolique. Et si nos cinq preuves irréfutables ne vous convainquent pas, quelqu’un se chargera bien d’en trouver d’autres. Après tout, une nouvelle qui ne suscite pas immédiatement une théorie du complot est-elle encore une nouvelle ? Vigousse vendredi 17 janvier 2014 Q U E LL E S E MAIN E ! 3 Ç A , C ' E S T FAI T ! Fou juridique En matières de troubles psychiques, l’Office d’assurance invalidité de Lucerne se méfie des expertises médicales usuelles : il a donc lancé des tests « scientifiques » afin de traquer les abus et de mesurer les degrés de handicap. Résultat : dans 60 % des cas, les expertises classiques exagéraient la gravité des troubles, dans 40 % des cas elles la minimisaient. Elles étaient donc justes dans 0 % des cas. Une personne sensée en conclurait logiquement que c’est le test qui est foireux ; mais dans l’administration lucernoise, tout le monde semble assez gravement atteint… LE CHIFFRE 45 000 francs C’est le coût estimé du voyage de Didier Burkhalter en Nouvelle-Zélande, en Australie et au Vanuatu en octobre 2013. Quatre personnes volaient à bord du Falcon 900EX du Conseil fédéral. Avec un vol de ligne, le même trajet serait revenu à 79 000 francs, prétend le Département des affaires étrangères. Autrement dit, 20 000 par personne ? A se demander si on ne nous mène pas en bateau. En carafe Roland Vergères, directeur général de Provins Valais depuis treize ans, prend la porte avec effet immédiat, et ce d’un « commun accord » selon le communiqué de la coopérative, premier producteur de vin en Suisse. Ledit communiqué n’indique pas qui va lui succéder. Pourquoi pas un homme comme Dominique Giroud, qui a de la bouteille ? Linge sale Marchand Des tests effectués sous la houlette de Greenpeace ont détecté des substances chimiques nocives dans des vêtements pour enfants des marques Adidas, Nike, C&A, Disney, GAP et autres. Le tiers de ces fringues étant fabriqué en Chine, les autorités de Pékin ont aussi tôt appelé l’industrie chinoise du textile à bannir l’usage des produits incriminés. Une réaction ferme et vertueuse qui pourrait bien servir à noyer le poison, soit dit sans vouloir chinoiser. de Saab En vue de la votation populaire pour ou contre le financement de l’achat de 22 Gripen, leur fabricant suédois Saab est prêt à soutenir, de façon sonnante et trébuchante, la campagne de ceux qui tiennent mordicus à claquer des milliards pour ces engins. Reste à savoir si les Suisses se laisseront taper suédois. Vigousse vendredi 17 janvier 2014 4 FAI T S DI V E RS E T V ARIÉS FAI T S DI V E RS E T V ARIÉS Gris-vert de rage Un soldat demande à avancer la date de son ultime cours de répétition. Pas question, répond un apprenti de commerce. Incorporé dans les troupes sanitaires, Eric* est un bon soldat. A 28 ans, il ne lui reste que 14 jours de service à effectuer sur les 260 obligatoires, après quoi il aura achevé sa mission pour la patrie. En décembre 2013, il reçoit un ordre de marche pour septembre 2014. Zut, ça tombe très mal : à la fin de l’été, il doit se rendre à l’étranger pour une formation de longue durée. Par courrier recommandé à l’administration militaire idoine, Eric explique sa situation et demande d’avancer les dates de son cours de répétition avant fin mars. Du reste, tous ses cours étaient jusqu’alors intervenus en début d’année. La réponse, signée par un « ap- prentie » (sic) à la brigade logistique 1, vaut son pesant de graisse Conso & consorts Dernier tri Déchet encombrant Dans la vaste famille des détritus, il y a une véritable ordure. A l’heure où se généralisent les sacspoubelle taxés, bien des usagers font le même constat : s’ils trient et « valorisent » le papier, le carton, le verre, le PET et les métaux en les apportant à la déchetterie locale, si par ailleurs ils disposent d’un compost pour leurs restes de cuisine, que reste-il donc à jeter dans les sacs-poubelle blancs ? Pour l’essentiel, du plastique. D’où la question : pourquoi diantre ce foutu matériau n’est-il pas collecté et recyclé comme les autres ? à souliers : on le somme de remplir un formulaire ad hoc en annexant « des documents de voyage, réservation d’hôtel » et autres preuves irréfutables de son voyage à l’étranger prévu neuf mois plus tard… Patient, Eric envoie une seconde lettre recommandée datée du 11 décembre, où il explique gentiment qu’il voyagera en voiture privée et qu’il créchera chez une connaissance. Il se déclare prêt à fournir la marque du véhicule et le nom de sa logeuse si nécessaire. Sur quoi le zélé fonctionnaire militaire, fils spirituel de Kafka et de Courteline réunis, ressort l’ordonnance fédérale sur les obligations militaires, laquelle stipule que l’intérêt public l’emporte sur l’intérêt privé des militaires astreints. Et ce même lorsqu’il s’agit d’anticiper l’accomplissement des obligations de service. « L’infirmerie de Fribourg compte sur votre présence », prétend encore l’apprenti de la brigade logistique 1. Précisons qu’Eric n’est pas affecté à un régiment, mais qu’il passe d’infirmerie en infirmerie au gré des ordres de marche. S’il a fréquenté bien des casernes de Suisse, il n’a jamais effectué le moindre jour de service à Fribourg. Doutant dès A base de pétrole, les polyéthylènes entrepreneurs se sont bien lancés ou le polystyrène des sacs, embal- dans l’aventure avant de fermer boulages, bouteilles de shampoing, tique faute de rentabilité. C’est le cas gobelets de yogourt et autres vieux notamment de Swisspolymera SA à machins en plastoc représentent, Payerne (VD). selon l’Office fédéral de l’environnement, 15 % de l’ensemble des déchets Quelques usines retraitent tout de domestiques. Et ils sont largement même ces matières en Helvétie, par recyclables. Pourtant, seul un quart exemple à Cressier (NE). Mais on n’y recycle qu’un des communes petit 40 % des suisses procède Suremballés plastiques neuchâà leur collecte. pas si emballants telois. Le reste est Le reste rejoint souvent envoyé, les ordures ménagères en vrac et finit incinéré, au prix de transports assez peu écologiques, à des entreprises étrangères rejets polluants à la clé. Ce vaste gâchis obéit à de mesquines où l’opération revient moins cher. raisons économiques. Le recyclage Dans ce grand foutoir, que peuvent des saletés en question coûte en effet faire les consommateurs ? S’ils n’ont cher en nos contrées, où aucune pas la chance d’habiter une des politique n’encourage une reva- rares communes dont la déchetterie lorisation efficace. De courageux recueille les plastiques, ils peuvent Camions à neige Taxe du mal Tirs d’obtus lors que sa présence personnelle y soit si ardemment désirée en septembre, il répond par courrier le 2 janvier 2014 en faisant valoir qu’il y a « toujours besoin de quelqu’un quelque part ». Et pour démontrer que ses projets de voyage sont bien réels, il joint sa lettre de démission professionnelle et la résiliation de son bail à loyer. Parallèllement, un brin écœuré par une bureaucratie militaire qui fait si peu de cas de sa bonne volonté, il envoie, de guerre lasse, copie de son courrier à Ueli Maurer. Lequel n’a pas encore eu le temps de lui répondre. En attendant, les troupes de l’ar- mée suisse ont enfin trouvé un ennemi à leur mesure : les apprentis de commerce bornés. Jean-Luc Wenger * nom connu de la base logistique de l’armée toujours essayer d’en limiter la quantité en faisant leurs courses : il suffit d’éviter les produits absurdement suremballés de polymères inutiles, de renoncer aux sacs en plastique à usage unique, de privilégier autant que possible les matériaux mieux recyclables. A la longue, qui sait, ça peut inciter les fabricants et les grands distributeurs à en faire autant. Par ailleurs, les citoyens peuvent toujours encourager leurs élus à prendre des mesures concrètes en faveur du recyclage en attendant que la Confédération veuille bien élaborer un plan précis dans ce domaine. D’ici là, on peut rêver qu’un beau jour le seul objet en plastique dans le sac-poubelle taxé, ce soit le sacpoubelle ! Noémie Matos Traces de poudre Pour les championnats suisses de ski de fond, Leysin va chercher l’or blanc chez les gris-vert. Caisse à savons Avec leur projet de « taxe incitative », les autorités anniviardes se sont fait copieusement enguirlander par le canton. Elles ne s’en vantent pas. Résumé de l’épisode précédent (Vigousse, 01.11.13) : la commune d’Anniviers, présidée par l’illustre politicien PDC Simon Epiney, avait grand besoin d’argent frais. Il lui fallait notamment soutenir des remontées mécaniques où les autorités venaient d’injecter une quinzaine de millions. Pour remplir ses caisses, elle faisait donc passer en juin 2013, en assemblée primaire, une taxe « incitative » sur les résidences secondaires, taxe qui s’ajoutait aux ponctions fiscales et locatives existantes, déjà trois fois supérieures à celles perçues en plaine. Assez mécontents d’être traités comme des vaches à lait, les proprios de résidences secondaires avaient alors protesté vigoureusement en mutipliant les missives outrées. Entre autres récriminations, ils y prêtaient à Simon Epiney une « mentalité d’épicier âpre au gain ». L’épisode s’achevait, début novembre 2013, sur un suspense insoutenable : le Conseil d’Etat allait-il avaliser cette fameuse taxe ? Reprenons donc le fil. Depuis juin, tous les services cantonaux concernés ont passé la taxe incitative au peigne fin juridique. Les observations sont tombées les unes après les autres. Résultat des courses : la commune d’Anniviers se prend un méchant savon et se fait renvoyer à sa copie. Inutile de demander à voir ces rapports auprès des autorités communales ou cantonales : elles arguent que tout ça ne regarde pas le simple citoyen… Mais il suffit d’avoir les bons relais pour obtenir les précieux documents ; en voici donc un florilège. Le Service cantonal des affaires intérieures et communales relève que la taxe, dès sa naissance, bafoue certains principes : « Ce règlement a été adopté par le Conseil municipal et soumis directement à l’assemblée primaire sans mise à l’enquête publique préalable et sans dépôt public ultérieur. » Bref, il faut tout reprendre depuis le début ! D’ailleurs « le montant de la taxe, son mode de calcul, son affectation à des buts ne profitant pas forcément ni uniquement aux contribuables concernés, ainsi que les doutes sur les bases légales invoquées, posent problème ». De son côté, le Service administratif et juridique émet de sérieuses critiques sur l’attribution financière de la taxe et son calcul par le conseil municipal : « pas admissible ». Et il se pose lui aussi la question d’une « base légale pour cette taxe ». Autre grief : l’amende prévue pour les contrevenants, d’un maximum de 50 000 francs : 5 ce montant « est à notre sens trop élevé. Par ailleurs, les voies de droit prévues à l’alinéa 2 ne sont pas correctes. » Enfin, le Service du développement économique dénonce comme « difficilement admissible » l’affectation de la taxe aux remontées mécaniques ou aux hôtels. Une observation partagée au demeurant par le Service du développement territorial qui trouve le procédé « douteux ». Sincères félicitations à Simon Epiney, président de la commune d’Anniviers, qui exerce une autre profession en plaine : avocat-notaire. Contactées, les autorités anniviardes sentent qu'elles devront repartir à la case départ en fonction des remarques émises depuis... juin 2013 ! Les taxes sont d'éternels recommencements, pas dit que la population apprécie... Joël Cerutti/Agence PJ Investigations Les championnats suisses de ski de fond se déroulent à Leysin ce samedi 18 et ce dimanche 19 janvier. Avec la présence du champion du monde Dario Cologna, la manifestation devrait drainer une foule compacte et enthousiaste. Mais la compétition a déjà généré passablement de trafic la semaine dernière : pour pallier le manque de neige, l’organisateur, le Ski-Club de Bex, a en effet affrété une flotte de camions. Selon un observateur, sept poids lourds ont fait l’aller-retour entre l’Hongrin et Leysin, soit une vingtaine de kilomètres, chargés du précieux or blanc. Quatre-vingts navettes ont ainsi déchargé 1000 mètres cubes de neige provenant de la place d’armes de l’Hongrin. Un autre témoin se demande s’il n’aurait pas été plus sage de déplacer les épreuves au col des Mosses, où l’enneigement est assuré et où les infrastructures, avec un centre nordique flambant neuf, « pouvaient largement absorber l’ampleur de cette manifestation ». Mais Les Mosses accueille déjà une autre compétition ces jours-là. La station vaudoise de Leysin, dont le slogan est « l’oxygène des Alpes », respire : les courses se dérouleront sur son territoire. Certes, les sanatoriums ne sont plus ses seuls atouts depuis longtemps, mais il n’est pas sûr que les émanations des bahuts transporteurs de neige favorisent le bien-être des poumons. L’air de rien, à l’heure de mettre sous presse, on ne savait toujours pas si la neige allait descendre sur Leysin. Celle qui tombe du ciel, pas du camion. Une seule chose est sûre, selon l’organisateur : l’impact écologique des poids lourds est moindre que celui des canons à neige. Sans compter qu’un flot de camions, c’est déjà un flot con. J.-L. W. PUB Françoise Neuhaus 079 213 82 64 Petit-Flon 35b, 1052 Le Mont-sur-Lausanne Tél. 021 648 52 70 Fax 021 648 52 71 Vigousse vendredi 17 janvier 2014 Vigousse vendredi 17 janvier 2014 6 FAI T S DI V E RS E T V ARIÉS Monnaie virtuelle, ruine réelle Ronds dans l’eau Bien des internautes voient dans le bitcoin un moyen facile de faire fortune. Mais ces rapaces risquent bien d’être transformés en pigeons. Créé en 2009 par un mystérieux développeur informatique nippon dont on ignore l’identité, le bitcoin avait pour objectif de devenir une monnaie universelle, anonyme et indépendante des banques. S’il valait alors moins d’un dollar, il a rapidement pris de la valeur : son cours dépasse aujourd’hui les 1000 dollars. Ainsi les ados qui avaient investi quelques centaines de francs en bitcoins pour jouer à des conneries sur internet sont-ils devenus quasi millionnaires. Mais si le bitcoin a connu un tel essor, c’est qu’il est devenu l’instrument privilégié des trafiquants de drogue. Comme il était totalement intraçable, il a en effet favo- PLUS VRAI QUE VECU risé la création de sites de vente de cocaïne en ligne, sites qui ont vite atteint des chiffres d’affaires considérables. Sur quoi les médias se sont emparés du phénomène en présentant régulièrement cette nouvelle monnaie comme un moyen idéal de faire fortune. De fait, le truc s’est révélé inté- ressant jusqu’ici, mais rien ne garantit que ça dure. Au contraire : monsieur et madame Tout-lemonde, tout excités qu’ils sont par ce qu’ils ont lu, risquent bien, en claquant leurs économies dans quelques bitcoins, d’être chocolat. Ladite monnaie n’ayant rien de concret, son cours peut en effet Vigousse vendredi 17 janvier 2014 fluctuer du tout au tout en fonction de l’offre et la demande. Par conséquent, dès que la presse cessera d’en parler, que les investisseurs truands ou geeks de la première heure vendront leurs piè ces virtuelles pour encaisser des espèces sonnantes et trébuchantes, il ne restera plus sur le marché que les naïfs qui achètent en ce moment. Leur mise aura servi à financer la criminalité internationale tandis que le bitcoin ne vaudra plus un ko- peck. Il y a sûrement des moyens plus agréables de claquer ses sous. Jonas Schneiter « Il m’a envoyé des photos de son sexe… » c’est sans parler des lettres, des mails et des appels téléphoniques où il décrivait la couleur de vos habits, suggérant ainsi qu’il vous observait. – Plusieurs fois je l’ai vu rôder autour de ma voiture, au manège où je fais du cheval. Puis il a débarqué chez moi à 3 heures du matin la nuit de mon anniversaire : il a sonné, crié, téléphoné, lancé des objets contre ma fenêtre et il m’a envoyé des photos de son sexe. J’ai eu peur, j’ai fui. – Et vous avez déposé plainte ? – Non, je suis allée expliquer la situation à ma hiérarchie. Ils ont essayé d’arranger les choses en le mutant dans un autre service. Mais ça n’a rien changé, les deux jours suivants il m’a envoyé plus de 100 messages. Alors j’ai porté plainte. – Monsieur, en tant que policier, vous n’avez pas réalisé que vous dérapiez ? demande la juge. – Je reconnais tous les faits. Mais personne ne m’a aidé dans cette histoire ! Je n’ai jamais été apprécié par la police, ils n’ont fait qu’aggraver les choses. – Et comment ? – Quand ils m’ont muté, ils m’ont INTERDIT de prendre contact avec elle ! rugit l’accusé. – Mais c’était pour vous aider… fait la magistrate. – Non, c’est de la contrainte ! A cause de ça, alors que notre rupture remonte à trois ans, c’est la première fois aujourd’hui que je parle avec elle. Vous trouvez ça normal ? – Elle a essayé de vous parler, réplique la juge, mais vous n’écoutiez pas. Et elle est devenue la victime de vos actes de persécution de nature obsessionnelle. Prêche à la ligne Chauffe, harcèle ! Un petit boulot de racolage téléphonique pour une compagnie d’assurance ? A force de passer des coups de fil, on pète un câble, c’est assuré. Audience en correctionnelle dans un tribunal d’arrondissement. Noms fictifs mais personnages réels et dialogues authentiques. Monsieur Moreno est accusé d’injures, d’utilisation abusive d’une installation de télécommunication et de contrainte. – En 2011, l’accusé et madame Dupont, tous deux policiers, ont entretenu une brève relation jusqu’à ce que Madame y mette un terme. Tout le monde est d’accord ? demande la magistrate. Les deux parties acquiescent. – A partir de là, ça se gâte. Pour madame, cette liaison est terminée, même si elle admet ne pas avoir été assez claire en rompant. Monsieur, en revanche, veut poursuivre et insiste par lettres, mails et SMS jusqu’à ce que la plaignante porte plainte pénale pour stalking (harcèlement). – Au début je n’ai rien dit, explique-t-elle. Je pensais qu’il lui fallait du temps pour digérer. Mais il est devenu si menaçant… – Dans le dossier d’instruction figurent les messages et les « whatsapp » qu’il vous a envoyés. Il n’y en a pas des milliers, mais des dizaines de milliers allant de 2011 à 2013 ! Des SMS tels que : « Tu m’as planté comme un con, plus rien ne me retient, tu m’as détruit, alors je te détruis, je vais te détruire devant tout le monde, je te souhaite bonne chance pour assumer la suite de mon programme, merci d’être fidèle à toi-même ! Cela me réconforte sur mes décisions de comment je vais te détruire ! Prépare tes valises, chérie, tu pars seule dans ton monde de princesse. En tout cas ton jeu de destruction me plaît beaucoup, car plus on avance dans le temps, plus tu me laisses d’opportunités de te détruire. » Et 7 te s t à c l a q u e s – Je regrette ce qui s’est passé, je l’ai déjà dit et j’en ai marre de me répéter. Je ne suis pas le bourreau pour lequel on essaie de me faire passer, j’ai aussi perdu beaucoup dans cette affaire. – Vous parlez de votre travail dans la police ? – Ils m’ont viré parce que j’ai repris contact avec elle. Mais je voulais juste qu’elle m’aide à porter plainte contre mes supérieurs ! – Parmi tous vos collègues, vous avez demandé l’aide de la seule personne que vous ne pouviez pas contacter ? – Quoi que je fasse, tout le monde est contre moi. Cette histoire va plus loin qu’il y paraît, des politiques sont impliqués, la justice, même la francmaçonnerie ! – Euh… on va peut-être en rester au pénal, là… Quelque chose à ajouter ? L’avocate de la plaignante se lève : – Alors que cet homme était policier, et même brigadier, il a harcelé une de ses jeunes collègues. Il l’a salie sur Facebook, auprès de ses collègues, il l’a suivie, épiée, insultée, intimidée, effrayée… C’est quand même inquiétant que la police accepte de tels personnages ! Reconnu coupable, monsieur Moreno est condamné à 720 heures de travail d’intérêt général avec un sursis de deux ans, ainsi qu’à une amende de 600 francs. Il doit aussi verser 13 531,10 francs à la plaignante pour tort moral. Et les frais de l’audience, 2125 francs, sont à sa charge. Son pistolet, qui jusque-là était sous séquestre, lui est restitué. Lily « Recherche téléphoniste pour assurance basée à proximité de Lausanne. Pour plus de renseignements, appelez au… » Considérant qu’il n’y a pas de sot métier, composons le numéro. Chic, on décroche d’emblée un rendezvous. A l’entrevue, le boss affiche sa considération pour le poste à pourvoir : « Vous n’avez rien trouvé d’autre ? » C’est encourageant. « Si vous signez, poursuit-il, c’est pas pour faire trois mois et basta. Depuis le début de l’année, on a eu un vrai bal des téléphonistes. Pour elles les semaines finissaient le jeudi et au bout de quelques mois on les voyait plus. Bon, je vais vous montrer un peu. Vous avez trois types de fichiers : les renouvellements, les nouveaux clients, les assurances vie. » Les deux derniers réservent à la future téléphoniste les plaisirs de la prospection « à froid », laquelle consiste à appeler des inconnus qui n’ont rien demandé. Heureusement, l’entreprise ménage les méninges de ses employés : « On a fait des boutons très gros et tout est expliqué au fur et à mesure. » Une activité ludique pour les 3-6 ans, en somme. « Les horaires, c’est de 17 h 30 à 20 h 30 du lundi au vendredi. Pour ce qui l'assurance de se faire incendier est du salaire, c’est 1200 francs par mois. » Ce qui fait 20 francs de l’heure, brut. « Mais y a les bonus. » Ah ! voilà qui rassure. Après les recommandations d’usage (sourire, amabilité et politesse quoi qu’il advienne), il n’y a plus qu’à empoigner le téléphone et commencer gaillardement le travail. Commençons par les renouvellements : il s’agit d’appeler les affiliés, moins pour reconduire stupidement un contrat tel quel que pour en proposer la « mise à jour », prétexte bien sûr à fourguer des produits supplémentaires. Il s’avère que les Suisses, méfiants, sont très réfractaires à la démarche. Les étrangers, peut-être un peu moins Tactique et toc ! La corvée de téléphone réserve tout de même ses petites joies : les parades savantes mais grotesques des gens rétifs à dire non. Certains font mine de ne pas parler français. D’aucuns simulent une voix d’enfant pour couiner : « Ma maman, elle est pas là. » Moins crédibles encore, d’autres se font passer pour leur femme de ménage : « La Madame elle a parti en Franche jouchk’à joudi. » D’autres encore prétendent ne pas être sûrs de rester en Suisse. Sans oublier ceux qui disent : « Oh oui, ça m’intéresse, rappelez-moi demain » avant d’enregistrer l’appel dans les numéros indésirables. Ces grands lâches, disons-le, se bercent d’illusions : faute de réponse satisfaisante, on les rappellera, encore et encore, jusqu’à ce qu’ils osent enfin le formuler, ce foutu « non ». au courant du système, acceptent plus facilement un rendez-vous avec un courtier. Des proies plus faciles, quoi. 200 appels, le ras-le-bol vire à la dépression sévère. Le courtier pour qui travaille la malheureuse avoue volontiers que lui-même ne pourrait jamais passer ces Passons au « fichier vert » : les coups de fil. Pire, ce grand lâche numéros, achetés auprès de demande une fois d’appeler un Swisscom, de gens ayant récem- client avec qui il avait rancart et ment déménagé et qui ne sont qu’il a bêtement oublié. Mission : pas (encore) clients. Appel : s’excuser platement à sa place et « Bonsoir, madame / monsieur, je se faire hurler dessus par ledit vous appelle au sujet de votre do- client. Pendant ce temps, soyons micile. » A l’autre bout du fil, on juste, le chef adresse à la subalsent déjà poindre un léger aga- terne de petits sourires contrits. cement. Enchaînement : « Avezvous déjà une assurance ménage Conscient de l’hostilité qu’il inset responsabilité civile ? » Le plus pire, l’assureur engage de la chair souvent claque un « j’ai tout ce à canon qu’il envoie en terrain qu’il faut » qui invite clairement miné. La brave téléphoniste y reà couper court. Sauf que c’est là cherche de rarissimes ouvertures qu’on est censé renchérir : « Et grâce auxquelles son supérieur connaissez-vous le système de ira, lui, signer de juteux contrats. prévoyance qu’est le 3e pilier ? » Et encaisser, lui seul, les fameux Au mieux, on récolte un refus bonus. poli mais définitif d’en entendre Bilan : à moins d’éprouver un davantage ; au pire, un chapelet plaisir morbide à vous faire d’injures qu’il y a lieu d’accueil- aboyer dessus à longueur de soilir par un « je vous souhaite une rée pour 20 francs de l’heure, très bonne soirée, excusez-moi de passez votre chemin. Le « bal des vous avoir dérangé ». Tétanisée téléphonistes », cher patron, n’est Sacha et tremblante, on avance d’une pas près de s’arrêter. fiche et on recommence. Après Durant Vigousse vendredi 17 janvier 2014 8 FAI T S DI V E RS E T V ARIÉS Devoirs de mémoire Souvenirs Souvenirs Votre mémoire vous fait parfois défaut ? Etonnant, ce ne sont pourtant pas les experts qui manquent pour vous expliquer comment l’améliorer… depuis des temps immémoriaux. La mémoire, c’est comme la diététique : il y a autant d’opinions que d’experts. Faut-il l’entretenir ? L’exercer ? Régulièrement ? Est-ce normal d’oublier les noms des gens, de paumer ses clés, de se demander si on a bien éteint les plaques en sortant ? Est-ce dangereux de trop regarder la télé, de s’en remettre tout le temps à Google ? Pas de panique, les experts sont là. Livres, magazines, DVD, émissions spéciales, jeux vidéo, partout ils nous expliquent doctement ce qui est bon et pas bon pour la mémoire, et évidemment ils y vont tous de leur propre théorie et méthode révolutionnaire. Pour sûr, ils ont toujours la science de leur côté : les études qui démontrent tout et n’importe quoi, ce n’est pas ce qui manque, et quand il n’y en a pas, il suffit de bricoler quelque chose qui y ressemble, un jeu d’enfant. Non, la science a bon dos dans le business de la mémoire. Pour s’en convaincre, il suffit de faire un peu d’histoire. C’est précisément la tâche à laquelle s’est attelé Alan Collins, historien de la psychologie à l’Université de Lancaster au Royaume-Uni, qui a analysé en particulier l’ère victorienne. Si les textes sur le thème « Améliorez votre mémoire ! » existent depuis l’Antiquité, la publication de tels livres a explosé en langue anglaise à la fin du XIXe siècle. Quelques titres parus entre 1866 et 1905 : Comment se rappeler et ne jamais oublier, La mnémotechnique, Sur la mémoire et les moyens rationnels de l’améliorer, L’art de ne jamais oublier, Comment obtenir une mémoire parfaite, La mémoire : comment la rendre et la garder bonne ?… Collins montre bien comment ces « conseils » pour améliorer sa mémoire s’inscrivent en fait dans une conception très moralisatrice de la santé, de l’éducation, de l’hygiène, du développement personnel et en général de l’idée de progrès dès les débuts du capitalisme. La mémoire se fonde alors sur une double analogie : d’une part une vision économique, la mémoire permet d’être compétitif et implique une régulation et une distribution des Vigousse vendredi 17 janvier 2014 ressources personnelles, on a de la mémoire comme on gère ses stocks ; d’autre part sur une approche corporelle, la mémoire s’entraîne, s’entretient et se renforce comme n’importe quel muscle. L’idée qu’il faut exercer sa mémoire pour éviter qu’elle ne décline avec l’âge est également très présente bien qu’elle date au moins de Sénèque. Ici, c’est la crainte qu’avec le développement de la presse et de l’édition les gens ne fassent plus assez usage de leur mémoire, d’où les conseils portant sur les exercices réguliers et la répétition, consistant à apprendre des listes et des poésies, à récapituler les événements de la journée, à tisser des associations entre les idées… A travers la mémoire, c’est donc le contrôle sur son propre corps et son esprit, la force de volonté et le pouvoir de la concentration que l’on veut promouvoir. En somme, avoir une bonne mémoire devient un travail nécessaire pour « réaliser son potentiel » et acquérir les « bonnes habitudes ». On le voit, ce bref parcours historique montre bien qu’il n’y a absolument rien de neuf sous le soleil avec nos « Brain Gym » et mises en garde contre l’internet. Notre mémoire a toujours été la cible des « experts » et de leur juteuse industrie, fondée sur l’obsession culpabilisante de la performance et la trouille de perdre un jour la boule. Voilà au moins une chose à ne pas oublier. Sebastian Dieguez Advice for improving memory : exercising, strengthening and cultivating natural memory, 1860-1910, A. F. Collins, Journal of the History of the Behavioral Sciences, vol. 50, pp. 37–57, 2014. Q U E LL E S E MAIN E ! 9 AFFAIR E S E N C O UR T Délicate attention Allez savoir pourquoi, l’Association suisse des banquiers (qui préfère la noble appellation SwissBanking) aime à cultiver de très cordiales relations avec les parlementaires fédéraux. Signe de sa gentillesse désintéressée, elle a donc adressé à tous les conseillers nationaux ainsi qu’aux sénateurs une très sympathique carte pour la nouvelle année : au recto, la silhouette du Palais fédéral et le titre « 2014 sera un véritable feu d’artifice ! », le tout sous un ciel semé d’explosions étoilées légendées « Echange automatique d’informations », « Etats-Unis », « France », « Fiscalité des entreprises », « Votations importantes »… Au verso, la signature des dirigeants sous cette saine injonction : « Ensemble, évitons les dommages pour la Suisse. » On notera l’absence totale de bons vœux, mais peu importe : l’essentiel est que les élus du peuple exaucent ceux des banquiers. Cette aimable démarche serait toutefois mesquine sans un petit cadeau pour entretenir l’amitié. C’est pourquoi SwissBanking a généreusement joint à sa carte un ravissant petit boîtier métallique renfermant… des boules Quiès. Voilà un accessoire à l’évidence fort utile pour les membres d’un Parlement, même si aucune notice n’indique quand il faut se boucher les oreilles ni à quel genre de propos il s’agit de rester sourd. L’an prochain, suggérons à SwissBanking d’envoyer aux députés une carte accompagnée d’un bâillon : c’est là un complément indispensable pour une démocratie vraiment parfaite. L. F. Cochon de payeur ! La chaîne de magasins britanniques Mark & Spencer ne lésine pas sur le confort religieux de ses employés. Une caissière musulmane ayant suscité la polémique pour avoir refusé d’encaisser une épouvantable bouteille de champagne contenant forcément, horreur, de l’alcool prohibé par sa croyance, la direction a décidé de prendre des mesures : dorénavant, les employés de religion islamique auront officiellement le droit de ne pas servir des clients achetant de l’alcool ou du porc. Une politique Allah tête du client. Politique de l’enfant inique Promulguée à la fin des années 70 en Chine, la politique de l’enfant unique va être assouplie, voire abandonnée dès cette année 2014. Les causes de ce changement ? Un vieillissement de la population de plus en plus alarmant et, surtout, une cruelle pénurie de femmes liée à l’avortement sélectif. Un mâle qui empire. PUB Rolle 021 825 15 06 St-Prex 021 806 12 72 Signy 022 362 13 62 Vigousse vendredi 17 janvier 2014 l e f i n m ot d e l ' h i s to i r e Mœurs d’artichaut Feue la mère de François Hollande était une femme très séduisante, mais trop ambitieuse. Sans scrupules, elle s’est livrée à toutes les manœuvres et à toutes les bassesses pour que son unique rejeton accède au pouvoir. Remariée après la mort du père de François, elle a perdu son nouvel époux dans des circonstances suspectes (elle l’aurait supprimé, selon certaines rumeurs). Deux fois veuve donc, elle a ensuite convolé en noces incestueuses avec son propre oncle, ce qui n’a pas manqué de scandaliser l’opinion. Après quoi elle s’est arrangée pour que la fille de son tonton et mari, Ségolène, épouse son François. Un peu plus tard, elle s’est retrouvée veuve une troisième fois. Et cette fois-ci c’est très clair, elle s’est débarrassée de son époux par un usage avisé de produits toxiques. Sur quoi François Hollande a pris la tête de l’Etat. Sa chère mère ne s’est pas cal- mée pour autant. Ce qu’en réalité voulait cette femme, c’était exercer le pouvoir à travers François. On ignore si c’est elle ou sa marionnette de fils qui a décidé l’élimination physique du frère de Ségolène, devenu un rival potentiel. Mais voilà : avec une telle influence maternelle, François Hollande ne pouvait que sombrer à son tour dans la turpitude. A peine était-il marié qu’il multipliait les écarts sexuels, avec des femmes mais aussi avec pas mal d’hommes, dont certains intellectuels célèbres qu’il a couverts de prébendes. Pire : jamais rassasié de stupre et de violence, Hollande sortait la nuit incognito, accompagné de quelques gardes du corps complices de ses débauches, pour hanter les quartiers chauds et s’adonner aux pires dépravations dans les bouges les plus sordides. C’est là qu’il est tombé sous le charme vénéneux d’une créature nommée Valérie, avec qui il s’est affiché sans honte et qu’il a fini par installer au palais. Mais l’idylle ne pouvait durer. Insatiable, François s’est ensuite entiché d’une autre allumeuse, en l’occurrence l’épouse d’un de ses proches amis, lequel jouait auprès de lui le rôle de conseiller (et de sodomite quand l’envie venait à François de varier les plaisirs). Il faut dire que la femme de cet ami, Fig. 1. Affaires d’Etat. aussi belle qu’intelligente, avait toutes les qualités. Sauf la vertu, bien sûr. Il est des médisants pour relater qu’elle, l’époux et l’amant s’adonnaient au triolisme, pratiquant dans le même lit toutes les combinaisons possibles. Disons-le, la mère de François n’a pas vraiment goûté l’émancipation de son fiston : absorbé par sa libido et ses amours, ce petit salaud la délaissait. Elle y perdait en influence, d’autant que François préférait se vautrer dans le vice plutôt que de diriger l’Etat. Elle ne pouvait plus exercer de réel pouvoir dans ces conditions. Certains racontent qu’elle a cher- ché à reprendre la main en offrant ses fesses et le reste de son anatomie à son propre fils. C’est bien possible. Reste que toutes ces manigances ont fini par agacer François Hollande qui, pour avoir la paix, a commandité le meurtre de sa mère. « Que ça ressemble à un accident ! » a-t-il ordonné au tueur. Par la suite, sa maîtresse étant tombée enceinte de lui, Hollande a résolu de l’épouser : il a éloigné le mari légitime en lui confiant une mission à l’étranger, au Portugal. Mais il devait aussi divorcer d’avec Ségolène, qui restait son épouse aux yeux de la loi. En quête d’un prétexte honorable, il fit arrêter et torturer horriblement des domestiques de Ségolène pour qu’ils témoignent de prétendues infidélités conjugales commises par leur patronne. En fin de compte, il obtint le divorce et put épouser son amante. Voilà, en résumé, les agissements de Hollande s’il avait été Néron. Les dirigeants d’aujourd’hui ont des mœurs désespérément fades. Laurent Flutsch C’est pourtant simple ! Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique. Mais si, vous savez : les PARTITIONS MUSICALES. J’en ai besoin pour vérifier que la guitare n’est pas creuse. Je vous demande si vous avez reçu ma circulaire sur le langage codé à utiliser au téléphone pour tromper l’espionnage. Mais enfin, faites un effort ! Vous n’avez pas reçu ma circulaire sur l’isolation de l’orchestre ? Je répète : l’ISOLATION DE L’ORCHESTRE. Je répète : les PARTITIONS MUSICALES. Hein ? Pardon ? J’y comprends rien, chef… Ah, ça ! Oui, mais c’est trop compliqué. Pff… Bon, au moins, si vous n’avez rien compris, sûrement que les Américains non plus. C’est déjà ça… DU CHIEUR Au maire Zuber T’as pas 100 balles ? Cher maire, « Moutier n’est plus une ville bernoise », affirmiez-vous au soir du vote du 24 novembre 2013. Pourtant, le 9 décembre, la Ville de Moutier démissionnait de l’Association Défense du français. Et pourquoi ? Pour économiser une cotisation de cent francs. Et vous signiez, vous, Maxime Zuber en personne, cette perfide missive qui argue de contraintes financières pesant sur le budget communal. Cent balles, c’est cent balles. Cœur du Jura selon son slogan, la cité prévôtoise doit serrer les boulons, opération familière au pays de la micromécanique. N’empêche : même en restant provisoirement dans le canton de Berne, la francophonie n’intéresserait-elle plus Moutier ? « Vu comme ça, c’est peut-être un peu ridicule », admettezvous au bout du fil. Certes, les mesures d’économie affectent toute une liste d’engagements, dont la participation communale à l’opération Nez rouge, dites-vous. « Oui, nous sommes serrés. » Héraut de la Question jurassienne, vous êtes parmi les rares personnalités du Jura bernois à vous faire entendre sur les ondes lémaniques. Dès lors, même si ce courrier a pour vocation la mauvaise foi assumée, je peine à vous trouver des défauts. D’autant que vous ajoutez brillamment : « Vous savez, Moutier est très francophone, ce serait plutôt aux autres communes du Jura bernois de cotiser à l’Association Défense du français. » Brillant comme vous l’êtes, cher Monsieur Zuber, je ne doute pas que vous parviendrez à équilibrer le budget en 2014 et même à dégager la forte somme de cent francs pour la cause de la langue française. Viel Glück ! Les infidélités du Président Junge Cette semaine : je fais preuve d’une discrétion exemplaire malgré une vie privée mouvementée dans la jet-set. 5 janvier. Je fausse compagnie à mes gardes du corps et me rends discrètement en scooter à l’appartement dévolu à nos étreintes secrètes. Je grimpe les marches quatre à quatre. J’ai très peu de temps à disposition. L’Actrice est déjà là. « Bonjour, mon chou ! Tout va bien ? » me ditelle en me passant les bras autour du cou. « Je ne sais pas. Je crains que ma régulière ne se doute de quelque chose… » « La Journaliste ? Elle est aveugle et sourde. Il n’y a rien à craindre. Quand est-ce que tu la quittes pour qu’on puisse vivre notre passion au grand jour ? » Je tousse nerveusement. « Bientôt, ma chérie. Bientôt. » 6 janvier. Déplacement en province pour rencontrer le syndicat des ostréiculteurs. Je profite d’un blanc dans le planning pour aller retrouver la Chanteuse à son hôtel. Sa tournée s’arrête justement ici aujourd’hui. « Bonjour, mon roudoudou. Personne ne t’a vu arriver ? » dit-elle en m’accueillant dans sa suite. « T’inquiète, j’ai pris l’entrée du personnel. Et j’ai dit à mon chauffeur d’aller planquer la limousine plus loin. » Elle soupire. « Ce serait quand même plus simple si tu officialisais notre relation. » Je me racle la gorge. « C’est pas le bon mo- ment… » Elle éclate : « Tu dis toujours ça ! Tu vois encore l’Actrice, hein ? » « Mais non, je te jure, mon minou. Il faut juste que je trouve comment me débarrasser de la Journaliste. » 7 janvier. Première du nouveau ballet à l’opéra. Je m’éclipse pour me rendre dans la loge de la Danseuse Etoile. « Oh ! C’est toi ! Entre vite avant que mon mari, le Grand Patron, ne revienne ! » Alors que nous sommes sur le point de nous embrasser, des pas résonnent dans le corridor. « Vite ! Cache-toi làdedans ! » dit-elle en me poussant dans un placard. Juste à temps. A travers la cloison en bois, j’entends la voix du Présentateur Télé qui lui susurre des mots doux. J’aurais dû me douter que la Danseuse voyait encore ce salaud ! Tâtonnant dans la pénombre, je sens soudain que je ne suis pas seul dans le placard. « Qui est-là ? » murmuré-je. « N’ayez pas peur, Président, c’est moi, le Philosophe Mondain. » D’abord un peu gênés, nous ne tardons pas à pouffer devant le ridicule de la situation. « Ça alors ! Je croyais que vous sortiez avec la Miss Météo », m’exclamé-je. « Et vous, vous n’êtes plus avec l’Actrice ? » « Ce serait trop long à expliquer. » 8 janvier. Je joue de malchance. Alors que je rendais une visite éclair à la Top Model, nous sommes dérangés par le Comique, lui aussi venu à l’improviste. Je me dissimule derrière une tenture. Mais il y a déjà du beau monde qui s’entasse là-derrière : le Styliste, la Chroniqueuse People, le Publicitaire, la Prostituée Mineure, l’Ecrivain et le Footballeur papotent pour passer le temps. Chacun prend des nouvelles des maîtresses et des amants des autres. 9 janvier. La liaison du Grand Patron avec la Top Model s’étale partout dans la presse à scandale. On ne parle plus que de ça. Bien fait. Ça leur apprendra à être plus discrets. Président Junge, phare du vaudeville contemporain Le strip de Vincent Jean-Luc Wenger 105 Je répète : la GUITARE N’EST PAS CREUSE. Le journal du séducteur LE COURRIER Le 8e conseiller fédéral Ueli, il faut impérativement que vous me fassiez parvenir les partitions musicales. 11 B I E N P R O F O ND DANS L ' AC T U Pitch 10 Vigousse vendredi 17 janvier 2014 Vigousse vendredi 17 janvier 2014 12 CUL T UR E CUL T UR E 13 t ra nsi s tor gi r l .t r e a di ng on f l a m e s . Un bouquin Des cédés Peer bien ! Bal(l)ade en voiture « Aint in l’ultim cumün esa funaral. I s’ha vis glieud vestida a nair, rivada culla posta da mezdi, var desch persunas, forsa paraints o cuntschaints dal mort. » Ces premiers mots du fascinant roman La chasa veglia, d’Oscar Peer, ne sont hélas accessibles qu’à la poignée de personnes, environ 50 000, qui comprennent la quatrième langue nationale suisse… Mais que ceux qui ont admiré la pureté et la poésie de Coupe sombre, paru dans la langue de Molière aux Editions Zoé en 1999, se rassurent : ce « nouveau » roman de l’écrivain grison est désormais disponible Gare aux grilles par égé Solution de la semaine précédente 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 O R G A N I S M E S 2 U E R B L E M 3 T S U N A M I S 4 R I Y A D P U T E 5 E D E N R E R E N E S M T I E I O N O N T H 6 T E R A T O G 7 O N E S I M E 8 M C B E O 9 B E R G E R 10 E S C O T P E V « Transistor Girl est né une nuit de novembre. Une nuit sombre, glaçant les os, et une pluie acharnée tombaient sur Genève. » Ces quelques mots, les premiers sur leur site, résument parfaitement le son de ce groupe suisse qui sort son premier album, Treading on Flames ; une guitare acoustique et des percussions à peine perceptibles accompagnent une voix grave et tranquille. Des morceaux respirant une certaine mélancolie, qui parlent (forcément) d’amour, de regret, en français ! Et le grand écrivain romanche s’étant éteint le 22 décembre dernier à l’âge de 85 ans, ce livre est à choyer tout particulièrement. Traitant de la débâcle financière et sociétaire de Chasper Fluri, paysan esseulé dans un petit village d’Engadine, La vieille maison décrit avec âpreté et majesté la vie dans cette région méconnue d’Helvétie. Gorgé d’amour, de convoitise, de fureur, de manipulations et de naïveté, ce dernier opus d’Oscar Peer est un vibrant hommage à son Engadine natale : une terre avide. Alinda Dufey La vieille maison, d’Oscar Peer, traduit du romanche par Walter Rosselli, Editions Plaisir de Lire, 176 pages, www.plaisirdelire.ch mais aussi d’espoir. Un album parfait pour accompagner une virée en voiture – sous la pluie, bien sûr ! Fanny Desarzens Treading on Flames, de Transistor Girl, sortie le 31 janvier, www.transistorgirl. com. En concert le 25 mars (Henrici, Zurich), le 30 avril (Ono, Berne) et le 3 mai (Folk Café, St-Gall). Musique de chien Drifting Animals, le nouvel album du groupe romand Dog Almond, est difficile à écouter. Mantras aériens, ballades presque mystiques, ce sont des morceaux qui assomment et envoûtent à coup de saxophone, de sons électroniques et d’une voix comme préenregistrée, modifiée – et ceci sans essayer de le cacher. C’est en tout cas une musique recherchée et hypnotique, qui peut soit donner envie de sauter par la fenêtre, soit – pour les amateurs de musiques très contemporaines – peut simplement pro- Un film Le zèle du désir Certains ont un petit vélo dans la tête, d’autres mettent des ailes à leurs rêves. Tous les inventeurs, les créateurs, les enchanteurs sont un peu fous, ont l’esprit dans les nuages. Jiro Horikoshi, jeune garçon dans le vent, n’échappe pas à la règle. Myope, il voit pourtant loin. Et vise haut. A défaut de piloter ces avions qui peuplent ses songes, il va, ingénieux ingénieur, les construire. Après plusieurs échecs, il créera le fameux Zero, chasseur bombardier embarqué léger Mitsubishi A6M1, désigné dans la Marine impériale japonaise sous le nom de chasseur embarqué de type 0. C’est sa trajectoire, qui est aussi celle du Japon de 1912 à la Seconde Guerre mondiale, que nous conte le désormais retraité Hayao Miyazaki, mythe de l’animation adulé par- curer un sentiment de sérénité. Bref, c’est une musique qui ne plaît certainement pas à tout le monde, mais qui est tout à fait maîtrisée par les trois musiciens de ce groupe, et le son électronique y est sublimé. F. D. Drifting Animals, de Dog Almond, à écouter sur www.dogalmond1. bandcamp.com/album/ drifting-animals.com En concert le 22 février (Harambee Café, Gryon), le 7 mars (Le Chat Noir, Genève) et le 3 mai (Hacienda Sonic, Sierre). Vendredi 17 janvier (20 h 30) Samedi 18 janvier (20 h 30) Dimanche 19 janvier (17 h) Abbi Patrix Une épopée rythmée, chantée, slamée. Enfants dès 8 ans L’Esprit frappeur Villa Mégroz – 1095 Lutry (VD) www.livestream.com/espritfrappeur Vigousse vendredi 17 janvier 2014 BROUILLON DE CULTURE éCOUTER Co-plateau ce samedi (18.01, 20 h 30) à la Grange de Culliairy, à Sainte-Croix. Sur scène le trio Tsarpenaï et Gingko duo. Apéritif offert, chapeau à la sortie. MATER Abdos saillants, nez aquilins, épaules sculptées, muscles bandés, fesses carrées et autres représentations des corps d’athlètes de l’Antiquité. Une expo qui fait mâle. Comment être un homme ? Athlètes et compétitions dans l’Antiquité, Antikenmuseum, Skulpturhalle, Bâle, jusqu’au 30 mars, www.skulpturhalle.ch fin de la guerre d’Espagne. Un lieu : une bicoque dans les alentours de Valence. Pour le reste : une prestation théâtrale unique et déroutante. Une expérience conceptuelle. La terquedad (l’entêtement), de Rafael Spregelburd, mise en scène : Frédéric Polier, Théâtre du Grütli, Genève, jusqu’au 2 février, www.grutli.ch S’EXTASIER A l’occasion de la publication d’une monographie consacrée à cet étonnant artistescientifique-vendeur de chaussures jurassien, une exposition dévoile toute une série de ses clichés. Le cœur de la région. Dans l’objectif d’Albert Perronne – Porrentruy et l’Ajoie en photographies, 1920-1970, Musée de l’hôtel Dieu, Porrentruy, jusqu’au 1er juin. ENTENDRE Une discussion entre artistes suivie par les concerts de Rootwords & DJ Toots, Fabian Tharin, Edmée Fleury et Darkine. Le chant est libre. Les Songwriters, Le Chat Noir, Carouge, jeudi 23 janvier à 20 h, www.chatnoir.ch CONTEMPLER Des corps dévoilés par des mises en scène théâtrales et des clichés léchés. Nus et éprouvés. Extravaganza – le corps mis à nu, exposition collective de photographie, Galerie du Crochetan, Monthey, jusqu’au 27 février, www.crochetan.ch Woody sans Lunettes Des ratés à l’atterrissage L’accroche publicitaire du Vent se lève – « l’ultime chef-d’œuvre de Hayao Miyazaki » – contient deux vérités. C’est bien un film d’animation du Japonais et c’est son dernier… PUB EXPéRIMENTER Une époque : la Des védés fois jusqu’à l’aveuglement par des fans à qui, après Mon voisin Totoro, Princesse Mononoké ou Le voyage de Chihiro, il lègue ce film-testament qui n’est pas son «ultime chefd’œuvre». Alliant l’aérien et le terre-à-terre, l’onirique et le technique, l’historique et le romantique, Le vent se lève connaît quelques trous d’air. Sans aller jusqu’au Zero pointé – Miyazaki n’est pas un manche (à balai) comme le prouvent certains plans dignes de tableaux de maîtres, la scène très impressionnante du tremblement de terre de Kanto ou les rêves colorés du concepteur d’aéronefs italien Caproni –, le film, trop long, n’arrive jamais à faire décoller l’émotion. En football, 1-0 est une petite victoire, au cinéma, un Zero n’est pas une grande histoire… Bertrand Lesarmes Le vent se lève, de Hayao Miyazaki. Durée : 2 h 06. Sortie le 22 janvier. Woody Harrelson est un acteur très nettement sous-estimé et, malgré des rôles marquants dans des films chocs tels Tueurs nés ou Larry Flynt, il ne sera jamais une star. Il n’en reste que, dans son coin, il constitue année après année une galerie de personnages chaotiques et écorchés vifs. Rampart est le portrait d’un policier poussé à bout par une affaire de raclée infligée à un suspect, ainsi que par tout ce qui touche à ses filles, ses ex-femmes et ses nombreux démons personnels. Si le personnage est clairement un antihéros, qu’on n’aimera pas forcément, l’acteur en tire une grande humanité et nous emmène dans les coins glauques et scabreux de Los Angeles. C’est brut, ça fait mal, mais on sent chez ce cher Woody une intelligence et une volonté de prise de risques qu’on pourra comparer à celle de Jack Nicholson dans sa grande période. Et pour terminer, ce qui intéressera tout amateur de polars noirs comme la nuit, le scénario est coécrit par l’immense James Ellroy. Rien de moins ! Michael Frei, Karloff, films cultes, rares et classiques, Lausanne Rampart, d’Oren Moverman, 2011, Metropolitan, Vf, DVD et Blu-ray, 104 min. PUB Un spectacle Marionnettes en transe Enivrement poétique. Rêve psychédélique. Délire vagabond. Une représentation théâtrale unique, étrange, magique, qu’il est difficile de définir avec des mots. Durant une heure, les marionnettes fantastiques de Basil Twist se meuvent sur les sons ensorcelants de la virtuose Yumiko Tanaka et au rythme des changements de décors inspirés de la technique japonaise du Dogugaeshi. Un spectacle qui voit un renard à neuf queues danser dans les airs et des portes s’ouvrir à l’infini, le tout scandé par les projections vidéo virevoltantes de Peter Flaherty. Une féerie scénique talentueusement menée de mains de maîtres, qui entraîne le spectateur dans une divagation qui lui est propre. Des trips à la japonaise. A. D. Dogugaeshi, mise en scène : Basil Twist, musique : Yumiko Tanaka, Théâtre de Vidy-Lausanne, jusqu’au 2 février, www.vidy.ch Vigousse vendredi 17 janvier 2014 14 z oo m a v a n t S u r l ' i n f o Histoire sans fin « La Suisse dans l’histoire aura le dernier mot. » Ainsi s’exprimait Victor Hugo dans un passage de La légende des siècles où il chantait les louanges de l’Helvétie. En parcourant les nouvelles du monde depuis le début de l’année, on se pose la question : quelle histoire ? Parce que l’histoire n’est pas identique partout. Prenons la France. Entre Dieudonné, que tout le monde connaît, et Julie Gayet, que personne ne connaissait, on ne s’y ennuie pas. Ça chauffe ! Sans parler, parce que les médias n’ont plus la place, des conflits socio-économiques qui remuent le quotidien de nos voisins. En Suisse ? Frédéric Recrosio n’est pas interdit de spectacle et Didier Burkhalter dort avec son épouse. Oh, bien sûr, il y a d’autres nou- velles nationales : les CFF ont été moins ponctuels en 2013 et MétéoSuisse peut mieux faire. « La Suisse trait sa vache et vit paisiblement », disait encore Hugo. De fait, les événements d’ici sont assez mornes. Dès lors, nos journalistes importent des faits croustillants et français. Brigitte Bardot veut que les Suisses ne mangent plus de cheval et Hélène Bruller, l’ex-parisienne de Zep, vient de sortir une BD cochonne (rôôô) ; c’est normal, elle dessine comme une cochonne. En 1965, bien après Victor Hugo, Denis de Rougemont faisait paraître La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Dans ce petit texte, l’écrivain helvète suggérait aux Français d’abandonner la nation au profit du fédéralisme, source d’une forme de bonheur et de liberté. Le devoir de la Suisse est-il de montrer le chemin aux Français ? Des Suisses, Hugo évoquait l’« indigence éclairant l’univers » (il ne fréquentait pas Blocher dont Voiture de série l’indigence est toute relative, sauf celle de sa pensée) ; et de Rougemont ajoutait au vers d’Hugo sur la Suisse qui aura le dernier mot : « Encore faut-il qu’elle le dise. » Avec les journalistes plan-plan de la RTS, du Matin ou de 24 heures, où on a puisé, cette semaine, les informations (indigentes) qui nourrissent ce papier, c’est pas gagné. « La Suisse dans l’histoire aura le dernier mot. Métro, boulot, dodo et Alain Morisod. » Stéphane Bovon Des vues du Creux-du-Van à couper le souffle et une intrigue digne d’une montre à complications : L’heure du secret, c’est reparti depuis le samedi 11 janvier. Comme le disait le producteur Jean-Louis Porchet dans L’Impartial (10.01.14) : « La série sera diffusée sur TV5, on pourra la voir au Zimbabwe mais pas à Zurich », la télévision alémanique ayant refusé de la doubler. Dommage, les lecteurs de Bilanz qui pensent encore que Le Locle est la pire commune de Suisse auraient pu s’en faire une autre image. On notera par ailleurs le discret message d’avertissement qui, précédant le générique, annonce que le « placement de produit » est assuré par Alfa Romeo. Du coup, on comprend mieux pourquoi les plans automobiles semblent si longuets : c’est juste une affaire qui roule. Jean-Luc Wenger Voyage de fosse Le Petit Futé, une maison d’édition de guides de voyage, a ouvert la saison 2014 avec quelques nouveautés et remises à jour, telles Costa Rica 2014, Guide des stations de ski, Chine du Sud carnet de voyage, et aussi… Guide de la fin de vie : un bouquin consacré à une destination paradisiaque. PUB Exclusivité mondiale. La première tablette numérique entièrement en vrai papier. CADEAUES L À TOUS ÉS N ABON Pour tout renouvellement ou nouvel abonnement, vous recevrez en bonus le recueil « Le mieux de Vigousse 2013». 88 pages, format 24 x 31 cm, valeur CHF 22.– 021 612 02 56 / [email protected] www.vigousse.ch En vente chez Payot et Naville Vigousse vendredi 17 janvier 2014 15 Reb u tS d e p r e s s e Bonnet d’âme L’initiative contre le remboursement de l’avortement suscite des élans mystiques et lyriques chez certains. Ainsi Philippe Le Bé, dans le « Point final » de L’Hebdo (09.01.14), n’hésite pas à se jeter dans une allégorie cosmogonique façon Platon en racontant l’épopée d’une « âme » qui, tel un bernard-l’hermite, aurait choisi un nouvel habitat dans un fœtus pour se faire tragiquement surprendre par la destruction précoce dudit fœtus. C’est vrai, ça, on ne parle pas assez des esprits désincarnés du « monde invisible » qui quittent courageusement leurs « amis », mus par « une impérieuse nécessité gravée dans les atomesgermes » de leur « être », afin de « revisiter la Terre », accompagnés de « guides au regard flamboyant », pour parfaire leur « évolution ». Hélas, après avoir tissé « une relation intime » avec, mettons, telle « jeune femme très active », l’avortement suscite chez ces bestioles immatérielles « une vive douleur », que ressent évidemment longtemps « son hôte de passage »… C’est bien, les allégories, ça permet de dire n’importe quoi sans rien dire, tout en faisant mine d’être profond. Enfin, M. Le Bé, sans doute un homme « très actif », peut toujours s’estimer heureux que ces « âmes » n’aient jamais été intéressées par les milliards de spermatozoïdes qu’il a produits toute sa vie. S. D. Emotions à la carte Curieuse image parue dans la presse internationale et amplement partagée sur les réseaux sociaux… Oui, c’est joli et évocateur, mais personne ne semble savoir exactement de quoi il s’agit. C’est normal, les auteurs de l’étude en question sont eux-mêmes remarquablement ambigus… Alors, pour commencer, non, ces images ne sont pas des enregistrements thermographiques directs de corps humains. Elles ont été obtenues en demandant à des gens d’indiquer sur deux silhouettes humaines, dans une tâche informatisée, les régions de leur corps dans lesquelles l’activité devenait « plus forte ou plus rapide » et « plus faible ou plus lente », suite à la présentation d’un mot, histoire, petit film ou visage pouvant évoquer diverses émotions. On obtient ainsi, par moyennage, des « cartes corporelles émotionnelles ». S’agit-il donc d’authentiques états physiologiques ressentis par les sujets ou simplement de l’idée qu’ils se font de telle ou telle émotion ? Les auteurs défendent la première hypothèse, mais admettent qu’ils ne peuvent tout à fait exclure la seconde. On se retrouve donc avec de jolies images, certes intéressantes, mais dont personne ne sait ce qu’elles représentent exactement. Et du coup, à quoi peuvent-elles bien servir ? Sebastian Dieguez LE CAHIER DES SPORTS MIEUX VAUT EN RIRE Mikhaïl Kalachnikov n’était pas si mauvais homme qu’on pourrait le penser. En 2012, quelque temps avant de passer l’arme à gauche, l’inventeur du fusil le plus vendu dans le monde avait écrit une lettre au chef de l’Eglise orthodoxe, affirmant « souffrir de peine spirituelle à cause des nombreuses morts que j’ai provoquées », ajoutant que ladite peine lui était « insoutenable ». Repentir auquel le patriarche K(r)ill a répondu que « l’Eglise a une position très définie : quand une arme sert à protéger une terre natale, l’Eglise soutient celui qui l’a créée et les soldats qui l’utilisent ». Mikhaïl Kalachnikov a été libéré de ses tourments le 23 décembre dernier, laissant derrière lui plus d’un million de machines à tuer, et les canonniers d’Arsenal n’ont même pas pris la peine de tirer une dernière salve d’honneur. C’est dommage ! *** Les Belges sont décidément de grands enfants. Pour faire la promotion d’un tournoi de futsal, le club du Royal Antwerp a eu l’étincelante idée de filmer quelques-uns de ses joueurs en train de viser les fesses de jeunes pom-pom-girls forcément en petite tenue. La vidéo a fait le tour du web et, ce week-end-là, la salle était copieusement remplie. Pas d’bol, le Royal a perdu ses trois premiers matches et a été très vite éliminé de son propre tournoi. Comment dit-on se faire botter le cul en flamand ? *** Pressés, essorés Impressum, l’organisation professionnelle des journalistes, a déposé plainte contre Tamedia lundi 13 janvier à Zurich. Elle dénonce, auprès de l’inspectorat du travail, une surcharge de boulot à la rédaction du Tages-Anzeiger. La santé des employés serait menacée. Par chance pour l’éditeur zurichois, en Suisse romande, les journalistes sont soumis à une convention collective qui, faute de leur assurer de bonnes conditions de travail, les empêche de manifester. Jamais en retard quand il s’agit de se placer, Michel Platini a « regretté » que le Ballon d’or n’ait pas été remis à Franck Ribéry. Tout en précisant, histoire de ne fâcher personne, que Cristiano Ronaldo faisait « un très beau vainqueur ». Président de l’Union européenne des associations de football (UEFA), Platoche n’a pas manqué de relever que depuis qu’elle a mis la main sur cette distinction, sa vieille ennemie, la Fédération internationale de football association (FIFA), avait modifié les règles du jeu en faisant appel aux votes de l’ensemble des sélectionneurs et des capitaines de toutes les sélections nationales. C’est vrai que ceux-ci ne connaissent rien au foot. Et ce sera tout pour cette semaine. Roger Jaunin Vigousse vendredi 17 janvier 2014 16 { B é B E RT D E PLONK & REPLONK } LA SUI T E AU P R O CHAIN NUMÉR O Hourra ! Stan est né ! Longtemps, quand on lui demandait qui il était, Stanislas Wawrinka se contentait de répondre : « Moi, je suis le Suisse qui perd. » Pas faux ! Mais pas sûr non plus que ça ne l’arrange pas. A Roger Federer les feux de la rampe ; à lui, adolescent timide et boutonneux, le confort de l’ombre. Ce jour-là, dans la cour de la ferme, à Saint-Bar’, vont et viennent quelques déglingués de la vie. Ici, on les appelle avec respect « les résidents ». Stanislas Wawrinka vient de remporter Roland-Garros juniors. Personne n’avait jamais entendu parler de lui ; le voici qui débarque, les tennis encore toutes rouges de la terre battue sur laquelle, discrètement, il a fait durant quelques années ses gammes à l’étranger. Sa terre à lui, pourtant, elle est là, dans les champs avoisinants, qui lui colle aux godasses. Confession : « Regardez tous ces gens, je les connais bien, eux n’ont pas eu de chance. Moi, Vigousse vendredi 17 janvier 2014 chaque matin, lorsque je me réveille, je me dis que je suis en bonne santé et que moi, j’en ai beaucoup, de la chance… » Tout est dit, et ni le temps, encore moins les titres, les médailles, les succès et l’argent n’y changeront rien. Stanislas Wawrinka est devenu « Stan the Man », une sorte de héros national. Alors d’aucuns le disent et l’écrivent, « on savait bien qu’un jour il y arriverait ». Qu’il fallait juste lui laisser le temps de grandir, de se construire, pierre après pierre, étage après étage. Et ils en font des tonnes, à la télé, à la radio, sur papier glacé comme sur papier de chiottes. Foutaises ! Rares sont ceux qui, aveuglés par la réussite de Roger Federer, avaient pris la peine de s’intéresser à ce Vaudois un brin taiseux, au cul d’ours, à la démarche de gros lourdaud et à la barbe mitée. Lui, Stan Wawrinka, ne disait rien. Il bossait. Comme un dingue, sachant parfaitement qu’il n’avait d’autre choix que celui de répéter un milliard de fois le même geste, les mêmes exercices, les mêmes efforts. Stanislas Wawrinka Suisse de l’année 2013, en voilà une belle récompense. Enfin, disons plutôt une manière d’effacer dix ans d’ignorance. Si ce n’est de mépris. Roger Jaunin C'EST ARRIVÉ LA SEMAINE PROCHAINE (ou du moins ça se pourrait bien) Paix dans l’eau Genève 2 : Syrie 0 Tennis en chaleur Melbourne : 40 à rien Sharon – Schumacher Toujours pas d’égalisation Vigousse Sàrl, rue du Simplon 34, CP 1499, CH-1001 Lausanne > www.vigousse.ch > [email protected], tél. +41 21 612 02 50 Directeur rédacteur en chef : Barrigue Rédacteur en chef adjoint : Laurent Flutsch Chef d’édition : Roger Jaunin Journalistes : Alinda Dufey, Jean-Luc Wenger Correction : Victor Gagnaux Abonnements : [email protected] > Tél. +41 21 612 02 56 Publicité : REGIPUB SA, av. de Longemalle 9, CP 137, 1020 Renens 1, tél. 021 317 51 51, contact@ regipubsa.ch – MEDIALIVE SA, Œtlingerstrasse 10, 4057 Bâle, tél. 061 561 52 80, [email protected] Layout et production : www.unigraf.com Impression : CIR, Sion > Tirage : 13 000 ex.
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