DU JOURNALISME AU BRAQUAGE DE MAGASINS DISCOUNT ENQUÊTE – LIRE PAGE 19 Du sancerre dans les veines STYLES – LIRE PAGE 13 Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 - 70e année - N˚21505 - 2 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr --- LE GHETTO DE VARSOVIE REPREND VIE AU THÉÂTRE CULTURE – LIRE PAGE 11 Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directrice : Natalie Nougayrède Le retour de Nicolas Sarkozy contrarié par les affaires t Après les révélations du « Monde», les proches de l’ancien président dénoncent un «acharnement» de la justice E n l’espace d’une semaine, l’ancien président se trouve fragilisé par la diffusion d’enregistrements clandestins réalisés par son conseiller Patrick Buisson, puis par des soupçons de trafic d’influence et de violation du secret de l’instruction. Ces deux affaires, qui jettent un troubleà la fois sur l’exercice du pouvoir et sur l’entourage deNicolasSarkozy,contrarientsastratégiederetourpolitique. D’autant que d’autres nuages judiciaires menacent : son nom et ceux de ses proches sont cités dans quatre autres dossiers: l’arbitrage Tapie dans l’affaire du Crédit lyonnais, le dossier des commissions en marge de l’attentat de Karachi, l’éventuel soutien libyen à la campagne de 2007 et enfin les sondages commandés par l’Elysée sous son mandat. A ce stade, pourtant, le favori des sympathisantsdel’UMPn’estpasconfrontéàdeschargesincontestables le disqualifiant pour 2017. Les proches de Nicolas Sarkozy estiment que leur candidat est «victime» d’un «acharnement» de la justice. L’avo- catdel’ancienprésident,Me ThierryHerzog,aainsidénoncé une«affairepolitique(…)montéedetoutespièces»pournuireàsonclient.Enfin,desélusdel’UMPetdesavocatss’interrogent sur la légalité des écoutes téléphoniques commandées par la justice à l’encontre de Nicolas Sarkozy. L’ancien présidenta décidéde continuerà apparaîtrepubliquement danscettepériodedecampagneélectorale.IlseraàNice,lundi 10mars, en compagnie de Bernadette Chirac. p a LIRE P. 8 ET 9 QUAND LES FRANÇAIS SE PIQUENT DE TATOUAGE t C’est un secteur en plein essor qui tient Salon, du 7 au 9 mars, à la Grande Halle de La Villette. Longtemps confidentiel en France, le tatouage s’y impose comme ailleurs. Un Français sur dix en porterait, selon l’IFOP. Une filière encore à organiser Un artiste au travail, au Mondial du tatouage, à La Villette LIONEL BONAVENTURE LIRE CAHIER ÉCO Bertrand Delanoë : «Les réformes de société doivent rester à l’ordre du jour» t Dans un entretien, le maire de Paris assure ne pas souhaiter devenir ministre A la veille de tirer sa révérence après deux mandats comme maire de Paris, Bertrand Delanoë défend son bilan et critique sévèrement la campagne dela candidatede l’UMP,NathalieKosciusko-Morizet, qu’il accuse d’avoir fait preuve de « désinvolture». Il salue par ailleurs la priorité donnée par François Hollande au « dynamisme économique », mais il encourage le chef de l’Etat à plus d’audace sur les grandes réformes de société, comme la simplification de l’adoption ou la reconnaissance du statut du beau-parent. Enfin, il affirme qu’il n’envisage pas de devenir ministre dans l’immédiat : « Après treize ans de responsabilités, il est sain de prendre du recul durablement pour y voir clair. » p LIRE PAGE 6 ACCIDENT AÉRIEN Un Boeing et ses 227 passagers disparaissent au large du Vietnam Le vol MH370 de la Malaysia Airlines, qui effectuait la liaison entre Kuala Lumpur et Pékin, a disparu des radars, dans la nuit du vendredi 7 au samedi 8 mars, alors qu’il survolait le sud du Vietnam. Le Boeing 777-200 transportait 227 passagers, dont trois Français, et douze membres d’équipage. La marine vietnamienne tentait encore, samedi matin, de localiser l’appareil. LIRE PAGE 4 UK price £ 1,80 SOCIÉTÉ La grossesse, catalyseur de la violence conjugale Le phénomène est méconnu et glaçant : selon les rares études disponibles, de 20 % à 40 % des femmes victimes de violences domestiques ont subi les premiers coups alors qu’elles étaient enceintes. Si la grossesse déclenche souvent une violence latente dans le couple, elle permet aussi de repérer les abus. Reportage à la maternité de l’hôpital de Montreuil, pionnière dans le dépistage et la prise en charge des victimes. LIRE PAGE 10 TÉLÉVISIONS La magie de «House of Cards» a Entretien avec Kevin Spacey et Robin Wright, héros de la série américaine culte, qui revient sur Canal+ a Gros plan sur l’affaire « Intime conviction », procès virtuel inspiré du dossier du Dr Muller, interdit par la justice SUPPLÉMENT Chômage: qui faut-il croire? L es Français n’avaient donc rien compris ! A la fin du mois de janvier, les statistiques mensuelles de Pôle emploi tombaient commeun couperet: laFrance comptait, à la fin de décembre 2013, 3 300 000 chômeurs. François Hollande lui-même était alors contraint d’admettre qu’il avait perduson pari d’inverserla courbe du chômage. Et voilà que l’Insee, le 6 février, publie des chiffres qui disent l’inverse.Selonl’Institut dela sta- ÉDITORIAL tistique, dont la rigueur est reconnue, il y avait, au 31 décembre, 2 800 000 demandeurs d’emploi.Soit un taux de chômage de 9,8 % de la population active, en recul de 0,1 point au quatrième trimestre. Entre les deux statistiques, l’écart est de 500 000 personnes! Aussitôt, Michel Sapin, le ministre de travail, a claironné qu’en définitive la promesse du président de la République avait été « respectée ». Et ajouté que c’est l’indicateurde l’Insee,établi à partir de la définition du Bureau international du travail (BIT), qui est utilisé pour les comparaisons internationales et qui sert de référence à la Commission européenne pour vérifier le respect par la France de ses engagements en la matière. Cette analysea étéimmédiatement contestée tant par la CGT que par l’UMP. Il est vrai qu’il y a de quoi être troublé devant l’étonnante divergence entre les « chômeurs Pôle emploi » et les « chômeurs Insee ». Cet écart, déjà apparu dans le passé à un degré moindre, est dû à des différences de méthode et de définition. Pôle emploi recense des chômeurs qui appartiennent à la catégorie A, c’est-à-dire quin’ont eu aucuneactivité salariée au cours du mois écoulé. A ce titre, le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté, en 2013, de 175 000. L’Insee, dans son enquête trimestrielle, interroge 100 000personnespar téléphone. Pour être caractérisées comme chômeurs, elles doivent remplir trois conditions : être sans emploi, être disponibles pour en reprendre un et être en recherche active. Pour corser les choses, l’Insee a revu son questionnaire, fin 2013, et ne demande plus aux sondés s’ils recherchent un emploi partiel ou occasionnel, mais simplement un emploi tout court. Cette innovation aurait fait baisser le taux de chô- mage de 0,5 point, soit 145 000 sans-emploi de moins. A quoi s’ajoute l’évolution des comportements. Des jeunes non indemnisés ou des seniors dispensésderecherched’emploiont été sortis des statistiques de Pôle emploi. La sincérité des réponses au questionnaire de l’Insee peut parfois être aléatoire. Et l’on connaît le grave phénomène des personnes sans emploi qui se découragentetnesontplusrecensées comme chômeurs. Tous les statisticiens de France et de Navarre pourront expliquer avec sagacité la nature des différencesentre les deux indicateurs du chômage. Pour les Français,malheureusement,la distorsion entre les deux fait inévitablementpeserundoute surlafiabilitédeschiffreset l’usagepolitique qui en est fait. A cet égard, il est assez stupéfiant d’entendre le ministre du travail déclarer : « Il y a deux typesde statistiques,ellesontchacuneleurvaleur. A chacun deretenir l’indicateur qu’il souhaite. » Pour mettre fin à ces distorsions et disposer de statistiquesincontestables, ne faudrait-il pas s’en tenir à la seule définition du BIT pour comptabiliser les chômeurs ? Sans quoi, les Français continueront à n’y rien comprendre. p « Un périple fascinant dans une Inde loin des clichés STUDIO CINE LIVE ex nihilo présente un film de michel spinosa scénario michel spinosa, agnès de sacy au cinéma le 12 mars Algérie 150 DA, Allemagne 2,40 ¤, Andorre 2,20 ¤, Autriche 2,50 ¤, Belgique 2 ¤, Cameroun 1 800 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d’Ivoire 1 800 F CFA, Croatie 19,50 Kn, Danemark 30 KRD, Espagne 2,30 ¤, Finlande 3,80 ¤, Gabon 1 800 F CFA, Grande-Bretagne 1,80 £, Grèce 2,40 ¤, Guadeloupe-Martinique 2,20 ¤, Guyane 2,50 ¤, Hongrie 950 HUF, Irlande 2,40 ¤, Italie 2,40 ¤, Liban 6500 LBP, Luxembourg 2 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 12 DH, Norvège 28 KRN, Pays-Bas 2,40 ¤, Portugal cont. 2,30 ¤, La Réunion 2,20 ¤, Sénégal 1 800 F CFA, Slovénie 2,50 ¤, Saint-Martin 2,50 ¤, Suède 35 KRS, Suisse 3,40 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,40 DT, Turquie 9 TL, USA 4,50 $, Afrique CFA autres 1 800 F CFA 2 international 0123 Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 La bataille du Qalamoun fait rage en Syrie L’armée de Bachar Al-Assad tente de reprendre ce massif stratégique, situé entre la frontière libanaise et Damas Reportage Ersal (Liban) Envoyée spéciale A Des réfugiés syriens dans la ville d’Ersal au Liban, le 18 février. AHMAD SHALHA/REUTERS Homs Mer Méditerranée Qoussair Ersal KA A Yabroud MO NE QA LA AI Beyrouth UN DE LA BE LIBAN PL hmad le rebelle maudit, sa jambe blessée. Sans ce tibia fracturé par des éclats d’obus lors d’un bombardement aérien, le combattant de l’Armée syrienne libre (ASL) prendrait encore part à la bataille acharnée qui se déroule en Syrie contre les troupes loyalistes de Bachar Al-Assad dans les montagnes du Qalamoun, ces flancs escarpés aux portes du Liban. Et son épouse Amani n’aurait pas gagné avec lui ce camp de réfugiés qu’elle déteste, à Ersal, une ville libanaise frontalière où elle se sent parquée. « On ne peut pas perdre le Qalamoun! », s’alarme Ahmad, 30 ans, alors que la guerre a repris de plus belle vers la mi-février dans cette région située entre Damas et la plaine de la Bekaa. Selon Ahmad, évacué après le début de la nouvelle offensive, les combats sont redoutableset lespertes considérables dans chaque camp. Lancée en novembre, la bataille du Qalamoun a permis au régime de reconquérir plusieurs localités au nord de ce massif stratégique, près de l’autoroute reliant Homs à Damas. Début décembre, les rebelles, dont ceux du Front Al-Nosra affilié à Al-Qaida, s’emparaient, au sud, de la célèbre cité chrétienne de Maaloula. Depuis, les armes n’ont jamaisvraimentcessé de crépiter dans cette région abritant pro et anti-Assad, même si l’offensive semblait s’être ralentie. Déployant blindés et avions de chasse, le régime syrien compte désormais, avec l’aide décisive du Hezbollah libanais, reprendre Yabroud,au cœurdece paysagearide. Située à plus de mille mètres d’altitude, cette bourgade composée de sunnites et de chrétiens est la principale ville du Qalamoun. Longtemps épargnées par la guerre, les collines rugueuses qui l’entourent ont vu foisonner les trafics en tous genres, du mazout aux enlèvements. Au gré du conflit qui s’installe en Syrie, les courants islamistes radicaux s’y sont aussi renforcés. Si plusieurs analystes considèrent que l’issue de la bataille ne signera pas de tournant militaire, les belligérants jugent pourtant que l’offensive en cours est cruciale. Pour les rebelles déployés dans cette partie de la Syrie, le Qalamoun constitue un repaire d’autant plus précieux qu’ils ont perdu, en juin 2013, le bastion de Qoussair, au nord-est du Liban. Depuis les montagnes, ils ont lancé plusieurs attaques dans les faubourgs de Damas. Cette base arrière constitue aussi l’une de leurs dernières lignes de ravitaillement depuis le Liban. C’est ainsi qu’affluent de la ville Maaloula SYRIE Damas frontalière d’Ersal, dont le cœur bat pour la rébellion syrienne, armes, médicaments et vivres acheminés par des chemins de contrebande. Les mêmes chemins qu’Ahmad et Amani ont empruntés pour gagner le Liban, peu après que le combattant a été blessé près de Yabroud. Les mêmes routes que l’arméesyriennebombardeà répétition, au point de rendre quasi impossible depuis le début mars l’évacuation de blessés vers le Liban, selon une source informée. En éliminant ce maquis au nord de la capitale, le régime de Bachar Al-Assad entend recentrer ses forces sur d’autres fronts, comme Damas ou Alep, après avoir sécurisé l’autoroute entre Homs et la capitale. Quant au Hezbollah, il affirme vouloir venir à bout de ceux qui font passer des voitures piégées, utilisées dans la série d’attentats qui frappent des régions chiites libanaises, et qui proviennent, selon la formation d’Hassan Nasrallah, du Qalamoun. Plusieurs de ces attaques ont été revendiquées par des groupes djihadistes, pour se venger du combat livré en Syrie par les miliciens chiites du Parti de Dieu. L’intensification des combats a entraîné un vaste exode de civils. Selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés, près de 13 000 Syriens fuyant Yabroud et ses alentours ont gagné Ersal depuis la reprise de l’offensive. « Quand l’armée d’Assad a appelé les civils à partir, on a compris que la grande attaque commençait, explique Ahmad. La plupart des habitants ont déserté Yabroud, pour Damas ou le Liban. On ne peut pas répéter le désastre de Qoussair, quand la ville, encerclée, a été pilonnée de toutes parts. » C’est de cette localité qu’Ahmad est originaire, à la manière de milliers de combattants de la région d’Homs qui se sont repliés dans le Qalamoun après la chute de Qoussair, venant grossir les rangs des unités déjà présentes. Cette défaite a laissé un goût amer aux rebelles, persuadés que sans l’intervention du Hezbollah, le régime n’aurait jamais repris la ville. La chute de Qoussair, en ruines, a donné un avantage militaire aux forces de Bachar Al-Assad, même s’il reste relatif. D’un air malicieux, Ahmad retire le cache qui recouvre son œil droit crevé. « Ça, c’est Qoussair », dit-il. Il relève un pan de sa chemise : son estomac n’est qu’une vaste cicatrice. Mais il ne regrette pas son ancienne vie, celle d’avant le «Notre problème reste le même depuis le début de cette guerre: le manque d’armes» Ahmad combattant de l’Armée syrienne libre soulèvement, « quand le peuple sunnite était pauvre et humilié ». Habitué à commander sur le terrain, il ne s’est jamais séparé de sa famille dans les zones de guerre : « Si on doit mourir, que ce soit ensemble! » Sonépouse rit. « Jesoutiens Ahmad. Tous les Syriens doivent lutter. Mais je suis fatiguée de notre vie », concède Amani, dont les mouvements s’accompagnent du cliquetis de ses bracelets en or. Sous un léger fichu, elle laisse apparaître ses mèches brunes, insouciante du regard sévère des hommes barbus qui surveillent les allers et venues dans ce camp financé par le sultanat d’Oman. Silhouette élancée, Ahmad, ancien ouvrier agricole, croit que les combats dans le Qalamoun vont durer, même si les médias pro-régime donnent la prise de Yabroud pour imminente: « Face au déploiement massif de l’armée d’Assad et du Hezbollah, l’ASL et le Front Al-Nosra coordonnent des milliers de combattants. Notre problème reste le même depuis le début de cette guerre : le manque d’armes. » Selon lui, le terrain est plus favorable aux insurgés dans leQalamounqu’il ne l’était à Qoussair : « Yabroud est plus étendue, plus difficile à assiéger. Et le relief montagneux rend l’encerclement compliqué.» C’est pourtant la tactique que semblent suivre les troupes syriennes et le Hezbollah, qui assurent ratisser les derniers villages avant Yabroud. La ville multiconfessionnelle manque à la belle Amani. « Jusqu’à l’offensive, on vivait bien, en tout cas mieux que dans ce camp. Il y avait des bombardementssporadiques, mais depuis l’enfer de Qoussair, on s’était habitués. » Dans ce semblant de normalité, elle se sentait en sécurité avec ses deux enfants. Sa voisine Oum Kamal, elle, était moins sereine : elle cachait à la maison son fils blessé, de peur que l’adolescent soit dénoncé par des loyalistes présents dans la ville. Ce quotidien précaire a volé en éclats. Pilonnée, Yabroud est aujourd’hui privée d’eau et d’électricité. Des barils d’explosifs, les mêmes que ceux largués à Alep, sont utilisés par le régime dans le Qalamoun. Ahmad se donne un mois pour être d’aplomb. Et reprendre les armes, dans cette guerre qu’il voit s’éterniser : « Trois de mes frères ont été tués au combat dans le conflit depuis 2011. Je ne connaîtrai pas la Syrie en paix. Mon fils aîné, qui a 7 ans, peut-être… » Dans une allée voisine, Khaled, un jeune combattant du Front Al-Nosra, s’apprête à rejoindre le Qalamoun, malgré les bombardements à la frontière, après avoir, comme d’autres rebelles, mis sa famille à l’abri dans la Bekaa. La région n’a pourtant rien d’un havre de paix : les pilonnages de l’armée syrienne sur les environs d’Ersal et les tirs d’obus rebelles visant des villages pro-Hezbollah s’y succèdent depuis la fin février. p Laure Stephan LeNigerremetàlaLibyeSaadiKadhafietAbdallahMansour,accusésdedéstabilisation Tripoli a exercé de fortes pressions sur Niamey, très inquiet pour la sécurité de sa frontière avec le Sud libyen G enoux à terre, tête baissée en train d’être rasée. La photo de Saadi Kadhafi revêtu de l’uniforme bleu gris des prisonniers à son arrivée à Tripoli, jeudi 6 mars, a fait le tour d’Internet. Remis aux autorités libyennes par le Niger, le troisième fils de MouammarKadhafiarejointlaprison de haute sécurité d’Al-Hadhba où sont déjà détenus d’autres proches de l’ancien régime comme Abdallah Al-Senoussi, livré par la Mauritanie en septembre2012, ou l’ex-premier ministre Mahmoud Al-Baghdadi,extradéparla Tunisie trois mois plus tôt. Saadi Kadhafi, 40 ans, devient ainsi le deuxième membre de la famille Kadhafi susceptible d’être jugé en Libye. Son frère, Saïf Al-Islam, capturé fin 2011 par une brigade de Zenten (ville de l’ouest du pays), y est toujours détenu, les rebelles refusant obstinément de le remettre à Tripoli. Aucunprocès, aucune audience publique n’a jusqu’ici eu lieu en Libye concernant les anciens dignitaires du régime, qui n’ont pas accès non plus à leurs avocats internationaux. Le Niger avait toujours affirmé, jusqu’ici, qu’iln’extraderaitpasSaadiKadhafi pour des raisons humanitaires. Cet ancien ex-patron de la Fédération libyenne de football dirigeait une brigade pendant le conflit. Il se trouvait au Niger, en résidence surveillée, depuis sa fuite il y a bientôt trois ans. Son extra- dition forcée s’est accompagnée de celle d’une dizaine d’autres Libyens. Quinze jours auparavant, le 14 février, Niamey avait remis à Tripoli le général Abdallah Mansour,ancienresponsabledelasécurité et proche du colonel Kadhafi. « Pays frères et amis » Lesautoritéslibyennesont exercé une incroyable pression sur le Niger pour récupérer cet ancien dignitaireaccusé,documentsàl’appui, d’avoir planifié des « actes terroristes visant à déstabiliser la Libye ». Tripoli le soupçonne d’avoir fomenté les troubles qui ont éclaté en janvier dans le sud libyen, à Sebha. Placée en état d’urgence, la ville avait été le théâtre de violents affrontements qui ont fait de nombreuses victimes. Sur place, des témoignages avaient fait état de la présence d’anciens partisans du régime Kadhafi. Dès lors, les exigences de Tripoli se sont considérablement accrues envers le Niger, pays voisin déjà inquietpour la sécurité de sesfrontières. En mai 2013, le président MahamadouIssoufouavait accusé la Libye d’abriter dans le sud de son territoire des groupes armés responsables de l’attaque d’une garnison à Agadez et d’une mine d’uranium d’Areva, ce qu’avait alors démenti vigoureusement Tripoli. Depuis, les relations entre les deux pays étaient restées tendues. Après Abdallah Mansour, le sort de Saadi Kadhafi a donc été rapidement scellé. « Pour créer une entente entre deux pays frères et amis, nous avons décidé de mettre fin à cette situation qui va arriver tôt ou tard », a curieusement expliqué à la presse, le 6 mars, Marou Amadou, le ministre nigérien de la justice et porte-parole du gouvernement. « C’est seulement en tenant compte des intérêts supérieurs de notre pays que nous avons décidé de mettre fin à cette situation qui met en difficulté notre pays, dans un contexte sahélien compliqué», a-t-il poursuivi. Niamey assure avoirtentédetrouveruneautreterre d’asile à son hôte encombrant, dont la Tanzanie, mais n’avoir essuyé que des refus. « Nous n’avons eu aucun candidat », insiste M. Amadou. Des arguments qui ne convainquent pas. Dans un communiqué rendu public jeudi, Human Rights Watch interpelle les autorités nigériennes sur ce qui leur fait croire que Saadi Kadhafi « ne serait pas maltraité et pourrait bénéficier d’un procès équitable ». Le fils Kadhafinefaitl’objetd’unmandatd’arrêt internationalque pourdes malversationsfinancières.Tripoliassure qu’il est aussi responsable de « crimes visant à maintenir son père au pouvoir» et qu’il est impliqué dans le meurtre en 2005 d’un ancien entraîneur d’Al-Ittihad, un club de foot de Tripoli. p Isabelle Mandraud 0123 international Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 3 Ukraine: le gaz russe, arme à double tranchant Tandis que Gazprom menace de cesser ses livraisons à Kiev, le débat sur l’exportation du gaz de schiste américain prend de l’ampleur L a guerre du gaz aura-t-elle lieu ? Le patron du groupe public russe Gazprom a en effet menacé l’Ukraine, vendredi 7mars, d’interrompre ses exportations de gaz à l’Ukraine – dont 60 % de l’approvisionnement dépendent de Moscou – en raison d’impayés de 1,9 milliard de dollars (1,36 milliard d’euros). « Nous ne pouvons pas livrer du gaz gratuitement, a prévenu Alexeï Miller. Soit l’Ukraine règle ses arriérés, soit il y a unrisquederevenirà la situationde début2009.»La datelimitedepaiement des livraisons de février tombait vendredi 7 mars, et «Gazprom n’a reçu aucun paiement sur son compte»,ajustifiéceprocheduprésident Vladimir Poutine. Il y a plusieurs jours, la compagnie ukrainienne Naftogaz avait déjà signifié à Gazprom qu’elle ne pourrait pas honorer ses factures. Ses difficultés risquent de s’accroître, puisque Gazprom a décidé de mettrefin en avril à la ristournesur le prix du gaz accordée en décembreàl’ex-présidentprorusseViktor Ianoukovitch. Une telle décision de Gazprom perturberait l’approvisionnement de l’Union européenne (UE), dont les fournitures de gaz russe (30 % de la consommation européenne) transitent par l’Ukraine. L’Europe risque ainsi de revivre – à une saison plus clémente – les crises du gaz de janvier 2006 et de janvier2009. Certes, depuis la mise en service en 2011-2012 du gazoduc Nord Stream sous la Baltique, qui peut acheminer jusqu’à 55 milliards de m3 par an de la Russie vers l’Allemagne,le Vieux Continentest moins exposé au « goulet d’étranglement » du gazoduc Brotherhood traversant l’Ukraine : il n’y passe plus que 15% du gaz consommé par les Européens, même si certains pays, comme la Slovaquie et la Hongrie, restent vulnérables. Mais l’arme du gaz est délicate à manier. Gazprom a écoulé un volume record (162,7 milliards de m3) vers l’UE et la Turquie en 2013, dont 86milliardsonttransitéparl’Ukraine. Et sa part de marché en Europe est passée de 25,6 % en 2012 à 30 % en 2013, a révélé le vice-président de la société devant l’assemblée générale des actionnaires, le 3 mars à Londres. Le message d’Alexandre Medvedev était sans ambiguïté : l’Europe achètera de plus en plus de gaz à la Russie à mesure que sa propre production (Grande-Bretagne, Norvège,Pays-Bas…)déclinera. Mais Moscou n’a aucun intérêt économique à priver l’Europe de ses hydrocarbures. Un arrêt total des exportations vers l’UE ferait perdre 75 milliards de dollars à la Russie et pourrait entraîner « un repli de l’ordre de 3,7 % du PIB », a calculé Charlotte de Lorgeril, du Entretiens Poutine-Obama et Lavrov-Kerry Pour la deuxième fois en deux jours, Vladimir Poutine et Barack Obama ont eux un long entretien téléphonique, vendredi 7 mars. Le président américain a justifié « des mesures de représailles, en coordination avec [les] partenaires européens » par le viol de la souveraineté de l’Ukraine après l’annonce du référendum sur le rattachement de la Crimée à la Russie. Vladimir Poutine l’a mis en garde contre le risque de « sacrifier » les relations américanorusses pour des « problèmes internationaux isolés ». Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a averti son homologue américain, John Kerry, que les sanctions américaines (interdictions de visas, gels d’avoirs) pourraient « avoir un effet boomerang » sur les Etats-Unis. cabinet SIA Partners. La Russie est de plus en plus « pétro-dépendante» : l’énergiereprésente71 %de ses exportations contre 54 % en 2000, quand Vladimir Poutine a été élu pour la première fois au Kremlin. Que peut faire l’UE ? Elle n’a pas les moyens de décréter un embargo sur les exportations énergétiques russes, puisqu’elle importe 225 millions de tonnes de pétrole par an de Russie et une bonne partiedesongaz.Lecommissaireeuropéen à l’énergie, Günther Oettinger, a annoncé mardi que l’Europe aiderait Kiev, au bord de la faillite, à régler sa dette gazière. Moyen terme Vu de Washington aussi, ce qui se joue entre Kiev et Simferopol (capitale de la Crimée) a un parfum de gaz. La diplomatie américaine est tentée de considérer la crise ukrainienne comme une occasion de remettre en cause l’ascendant que donne à Moscou sa domination dans l’approvisionnement de l’Europe en gaz, en utilisant une arme économique nouvelle: le gaz de schiste. Dans le Dakota du Nord et le Texas, où ce nouvel or noir jaillit en abondance et à bon marché, se jouerait aussi l’avenir de l’Ukraine… Lessociétéspétrolièresaméricaines, relayées par des élus républicains, n’ont pas tardé à se lancer dans cette nouvelle bataille où convergent arguments géopolitiques et intérêts commerciaux. D’ExxonMobil à Chevron, le lobby des pétroliers s’agite pour obtenir de Barack Obama l’autorisation d’exporter du gaz vers l’Europe. Actuellement, les compagnies n’ontledroitdelefairequ’àdestination de pays avec lesquels existe un accord de libre-échange, comme le Mexique et le Canada. « Une mesure que le président peut et doit prendre immédiatement,consisteàaccélérerconsidéra- Une conduite de gaz à Sébastopol, en Crimée. VLADIMIR DOKIN/AFP blement la décision d’approuver les exportations américaines de gaz naturel», a plaidé John Boehner, le président de la Chambre des représentants, le 4mars. Dans une tribune publiée deux jours plus tard dans le Wall Street Journal, sous le titre « Contrer Poutine en libérant le gaz naturel américain», le « speaker» républicainstigmatisela«lenteur atroce du processus d’autorisation » que « Vladimir Poutine s’est faitunplaisird’exploiterpourfinancer ses ambitions stratégiques». De fait, le rapport de force énergétique entre Washington et Moscou a radicalement changé ces dernières années: alors que l’administration Bush envisageait d’importer du gaz russe en 2007, la technique controversée de la fracturation hydraulique a permis aux Américainsdedevenirleplusgrosproduc- Dès la fin mars, 400Russes arriveront à Saint-Nazaire pour se familiariser avec le porte-hélicoptères «Vladivostok» Maroc, la marine nationale française ne déléguera pas d’équipage de conduite. Le Vladivostok sera livré en octobre, puis sera armé à SaintPétersbourg avant de rejoindre la flotte russe du Pacifique en 2015. Le deuxième BPC russe sera livré fin 2015. Au-delà de ce symbole, la coopération recouvre de classiques et régulières réunions d’étatsmajors. Une visite du chef d’étatmajor de la marine russe est ainsi prévue en juillet à Paris. Car les troupes des deux pays conduisent des exercices ensemble. Un entraînement opérationnel, totalement inédit, avait mobili- sé 60 aviateurs français et leurs Mirage F-1, en août2013, en Russie: pour la première fois depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, des pilotes français et russes ont volé de conserve. «Un premier jalon, pour voir», explique l’armée de l’air. Autre exemple, depuis 2005, les marins français participent chaque année à l’exercice naval Frukus avec les Russes, les Américains et les Britanniques. Le prochain est toujours programmé, à l’été, au Royaume-Uni. Mais la coopération bilatérale va beaucoup plus loin. Dans une conjoncture économique déplorable, Paris compte fortement sur ses exportations de défense. Or, le marché russe est stratégique. Moscou annonce que son budget militaire va croître de plus de 40% dans les trois ans. Les grands industriels français du secteur scellent des alliances avec des entreprises russes, dans l’électronique de combat des hélicoptères, le contrôle aérien, ou encore la navigation inertielle. De nouveaux transferts de technologie sont au cœur de cette relation. C’est ce qu’a rappelé Dmitri Rogozine, vice-premier ministre russe, cité par Ria Novosti le 13février, lors du deuxième forum bilatéral de coopération militaire technique à Moscou: « Nous nous trouvons à une étape très importante, marquée par la transition de la coopération militaro-technique, qui se poursuit depuis vingt ans, à la coopération technologico-militaire, ce qui est bien plus important.» p Nathalie Guibert Philippe Bernard et Jean-Michel Bezat ‘‘ Le petit miracle de ce début d’année ’’ PREMIÈRE H H H ‘‘ Un film fédérateur et républicain ’’ LES CAHIERS DU CINÉMA ‘‘ Un hymne à la richesse culturelle ’’ PHOSPHORE LA COUR DE BABEL un film de Julie Bertuccelli © ILLUSTRATION : CHRISTOPHE BLAIN un BPC il aurait pu sceller la victoire militaire de 2008 contre la Géorgie «en 40 minutes au lieu de 26heures»? Par un hasard de calendrier, le premier BPC, le Vladivostok, a fait ses essais à la mer le 5 mars. Une dizaine de conseillers d’un prestataire français ont déjà été envoyés à Saint-Pétersbourg et, à partir de la fin mars, quelque 400 Russes arriveront à Saint-Nazaire pour se familiariser avec le navire. Contrairement à ce qui vient d’être fait pour la frégate Fremm livrée au titivité que leur procure aujourd’hui le gaz bon marché, si l’offre venait à être réduite du fait des exportations. Les conséquences de l’exportation du gaz américain vers l’Europe ne se feraient sentir qu’à moyen terme. Malgré tout, Hillary Clinton, prenant acte de la puissance géostratégique que confère aux EtatsUnis leur position d’exportateur potentiel d’hydrocarbures, a créé fin 2011 un Bureau des ressources énergétiques au sein du Département d’Etat. Son directeur, Carlos Pascual, ex-ambassadeur en Ukraine,a expliquéle5 marsauNewYork Timesquelaperspectived’exportations de gaz américain permettait désormaisde réfléchir«à la manière d’influencer les événements». p LES FILMS DU POISSON ET SAMPEK PRODUCTIONS PRÉSENTENT LacoopérationmilitaireentreMoscouet Parisnesouffreenriendelacriseukrainienne PAS QUESTION de changer quoique ce soit à la coopération militaire en cours entre la France et la Russie. En dépit de la crise en Ukraine, tel est, pour l’heure, le mot d’ordre présidentiel à Paris. A l’agenda figure d’ailleurs toujours une réunion, le 18mars, à Moscou, du Conseil de coopération sur les questions de sécurité, instance bilatérale consacrée au dialogue stratégique. Le Conseil associe les ministères de la défense et des affaires étrangères. A l’occasion, une rencontre avec le chef de l’Etat hôte est normalement prévue. Le Conseil a cependant plusieurs fois déjà été reporté. Permise par la volonté de Moscou de moderniser rapidement son outil de défense et, pour cela, de s’ouvrir à de nouveaux partenaires en Occident, la coopération de défense franco-russe est en plein renouveau. Le symbole en a été la vente, finalisée en 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, de deux « bâtiments de projection et de commandement» (BPC), des porte-hélicoptères Mistral fabriqués sur les chantiers navals français de STX à Saint-Nazaire (LoireAtlantique). Montant du contrat, 1,3milliard d’euros. Au départ, Moscou souhaitait se doter de cinq de ces navires mais a réduit ses ambitions. Reste que cette vente, assortie de matériels de navigation et de radars de dernière technologie, continue de gêner les alliés de la France dans la nouvelle Europe, Pologne et pays baltes en tête. Le commandant de la marine russe n’avait-il pas ironisé qu’avec teur mondial de gaz. Les compagnies se bousculent pour demander des autorisations d’exporter mais, pour l’heure, seuls six permis ont été accordés. Pourtant, la diplomatie du gaz n’a guère de chance de peser dans l’immédiat sur la crise ukrainienne. Comme l’indique Michael Levi, expert au Council on Foreign Relations, plusieurs années seraient nécessaires pour mettre en place les infrastructures de liquéfaction etdetransportàlarentabilitéincertaine. D’autant que l’Asie, où les prixdugazsontnettementplusélevés qu’en Europe, pourrait se révéler nettement plus attractive. Moscou, qui a la haute main sur la gestiondeGazprom,seraittentéderéagir en abaissant ses prix.Quant aux industriels américains, ils pourraient perdre l’avantage de compé- AU CINÉMA LE 12 MARS 4 0123 international & planète Disparitionen vol d’unBoeing777 deMalaysiaAirlines L’appareil effectuait la liaison entre Kuala Lumpur et Pékin, avec 239 personnes à bord L e Vietnam et la Malaisie ont lancé, samedi 8 mars, des opérations de recherche après la disparition d’un Boeing 777 de Malaysia Airlines effectuant la liaison entre Kuala Lumpur et Pékin avec 239 personnes à bord. L’appareil, qui a quitté Kuala Lumpursamedià 0h 41 et devait arriver àPékinà 6h30locales(22h30GMT vendredi), a disparu deux heures aprèsson décollage.Il n’aenvoyéni signaldedétresseni aucuneindication sur un éventuel problème, selon la compagnie. Plusdedouzeheuresaprèsavoir perdu contact avec l’avion qui survolait alors le Vietnam, personne n’était encore en mesure de localiser le vol MH370, qui transportait 227 passagersde plusieursnationalités (153 Chinois, 38 Malaisiens, 12 Indonésiens,7Australiens,4Américains et 3 Français), ainsi que 12membres d’équipage. Les efforts pour tenter de localiser le Boeing 777-200 se poursuivaient samedi matin.Selonle gouvernementvietnamien, l’avion a perdu le contact près de l’espace aérien de la province de Ca Mau, dans le sud du pays. Il aurait dû prendre contact avec le contrôle aérien de Ho-Chi-MinhVille mais n’est jamais apparu. Le ministère vietnamien de la défense a lancé une mission de secours en coordination avec la Malaisie et la Chine. Les autorités ontenvoyéun avion,deuxhélicoptères et quatre navires pour fouiller une zone de la mer de Chine méridionale, a également indiqué Faridah Shuib, porte-parole de l’Agence de surveillance des affaires maritimes de Malaisie. Les Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 Menacessurlesdroitsdesfemmes Pays conservateurs et progressistes s’opposent à l’ONU sur de nouveaux objectifs L’état des législations sur l’avortement dans le monde Philippines ont dépêché trois navires de la marine et un avion de surveillance. Selon la Chine et la Thaïlande, l’appareil n’est pas entré dans leur espace aérien. Un des avions les plus sûrs « Nos pensées et nos prières accompagnent les passagers et l’équipage, ainsi que les membres deleursfamilles,a déclaréle PDGde Malaysia Airlines, Ahmad Jauhari Yahya, lors d’une conférence de presse. Notre priorité, maintenant, est de travailler avec les équipes de secours et les autorités.» Aux aéroports de Pékin et de Kuala Lumpur, des membres de famille de passagers attendaient dans l’angoisse. Boeing, de son côté, s’est exprimé sur Twitter: « Nous suivons attentivement les informations sur le MH370. Nos pensées vont à tous ceux qui sont à bord.» Surnommé le triple 7, le Boeing 777, le plus grand biréacteur du monde, très prisé des compagnies aériennes, a la réputation d’être l’un des avions les plus sûrs du monde. Entré en service en 1995, le long-courrier n’a connu qu’un seul incident grave, en juillet 2013, lorsqu’un appareil de la compagnie sud-coréenneAsianaAirlinesaraté son atterrissage sur l’aéroport de San Francisco, provoquant la mort de trois passagers. La disparition de l’un de ses avions est une très mauvaise nouvelle pour Malaysia Airlines. Concurrencée par la compagnie à bas coût AirAsia, elle avait admis en 2012 être « en crise », et enregistré des pertes l’année suivante. p Service International avec AFP ARABIE SAOUDITE PourRiyad,les Frères musulmans sontdes terroristes RIYAD. L’Arabie saoudite a rendu publique, vendredi 7 mars, une « première liste » d’organisations terroristes, dans laquelle les Frères musulmans figurent aux côtés d’Al-Qaida, de l’Etat islamique en Irak et au Levant et du Front Al-Nosra. Toute activité partisane, par le biais d’Internet, et tout appel à manifester sont interdits, a également précisé le ministère de l’intérieur. Ces décisions constituent une escalade majeure contre les Frères musulmans égyptiens, auxquels Riyad est hostile, et témoignent des craintes croissantes du royaume d’un retour de Saoudiens partis combattre en Syrie. Elles surviennent dans un contexte de crise au sein des monarchies arabes du Golfe, entre l’Arabie saoudite notamment et le Qatar, qui a soutenu le « printemps arabe ». – (AFP.) p RDC Germain Katanga, chef de guerre congolais, condamné par la justice internationale LA HAYE. La Cour pénale internationale a jugé, vendredi 7 mars, Germain Katanga, coupable de certaines des accusations de crimes de guerre. A l’issue de six ans de procès, l’ex-chef de milice congolais a été condamné pour complicité de meurtres et de pillages lors de l’attaque du village de Bogoro, en février2003, dans l’est de la RDC ayant fait 200 victimes civiles. – (Reuters.) Espagne Salvador Un projet de loi présenté le 20 décembre 2013 revient sur le droit à l’avortement durant les quatorze Nicaragua premières semaines de grossesse. Corée du Nord Malte Japon Chine La Chine a annoncé en novembre 2013 l’assouplissement de sa politique controversée de l’enfant unique. Selon les détracteurs de cette loi, les cas d’application brutale restent fréquents, avec stérilisations forcées et avortements imposés. Chili Michelle Bachelet, qui a remporté la présidentelle en décembre 2013, a annoncé pendant sa campagne vouloir dépénaliser l’avortement en cas de viol ou de danger pour la santé de la mère ou de l’enfant. SOURCES : AFP ; THE WORLD ABORTION LAW 2013 C ’est à une épreuve de force peu visible mais intense que se livrent progressistes et conservateurs autour des « droits sexuels et reproductifs » des femmes (et notamment du droit à l’avortement), ainsi que les qualifient les conventions et textes internationaux. Alors que doit se réunir pour deux semaines, à partir du lundi 10 mars, au siège des Nations unies, à New York, la Commission du statut des femmes, chargéenotammentd’évaluerprogrès et défis au niveau de l’égalité entrefemmeset hommes,l’inquiétude est réelle dans le camp des pays les plus progressistes. «Onassiste àunecoalitionobjective des conservateurs de toutes obédiences et ces pays s’opposent à tout progrès en matière de droits des femmes, estime Najat VallaudBelkacem, la ministre française des droits des femmes, attendue à New York lundi. Il ne s’agit pas seulement de positions religieuses, mais d’une intolérance à ce que le droit international fixe des règles. » De fait, plusieurstextesinternationaux sont en cours de révision. Les Nations unies préparent ainsi pour 2015 une conférence « Pékin + 20 », destinée à réactualiser les objectifs fixés par la conférence de Pékin en 1995, parmi lesquels l’élimination de toute forme de discrimination, la garantie des droits à la santé et à l’éducation ou encore de ceux liés à la procréation. Dès septembre, doit avoir lieu, à Pays où l'avortement est autorisé sans restriction interdit sauf pour raisons de santé et motifs socio-économiques (âge, ressources...) interdit sauf pour raisons de santé interdit sauf en cas de danger pour la vie de la mère totalement interdit New York, une réunion « Le Caire + 20 », censée réviser des objectifs liés au développement humain et aux dynamiques de population, intégrant en particulier les droits reproductifs et l’égalité entre femmes et hommes. La 3e conférence internationale sur la population et le développement s’était tenue dans la capitale égyptienne en 1994. « Il s’agit, plus globalement, de redéfinir les Objectifs du millénaire pour le développement, dont la date butoir est 2015, à travers les nouveaux Objectifs du développement durable pour la période 2015-2030», explique Nicolas Rainaud, chargé de plaidoyer à Equilibres & Populations, organisation non gouvernementale travaillant à l’amélioration des conditions de vie et du statut des femmes. Dans les enceintes onusiennes, le thème quicrée le plusde tensionsdiplomatiques est toujours celui lié aux droitssexuelset à la santéreproductive. Certains pays ne veulent pas entendre parler de “droits”. » Alors que, sur ces questions, des progrès avaient été enregistrés ces dernièresannées, la tendancesembleaujourd’huià lastagnation,voire à la régression.Il n’est mêmepas certain qu’un nouveau texte sera soumis à la conférence « Le Caire + 20 ». Il pourrait n’y avoir qu’un simple état des lieux, région par région, sans nouveaux objectifs. En Europe, la Pologne et Malte sont les plus réticents. La Russie et Un rapport de l’ONU, rendu public en février, dénonce l’utilisation de produits chimiques introduits dans le vagin de certaines femmes pour les forcer à avorter. Pays où la loi a été durcie ces vingt dernières années Pas de données la Hongrie freinent également, ce quiétaitaussile casde l’Irlandejusqu’à récemment. Le Vatican, selon les spécialistes du dossier, est à la manœuvre.Une offensivereligieuse relayée par les pays musulmans les plus intégristes, dans le Golfe comme en Afrique. Cette bataille sur les textes se traduit dans les faits, à des degrés divers. En Espagne, le gouvernement tente de revenir sur le droit à l’avortement. En France, les oppositions au mariage pour tous se « On assiste à une coalition objective des conservateurs de toutes obédiences» Najat Vallaud-Belkacem ministre des droits des femmes sont fortement exprimées dans la rue. En Ouganda, une loi antihomosexualité particulièrement dure a entraîné une réaction de la communauté internationale ainsi que le report d’un prêt de la Banque mondiale. Pour Xavier Lacroix, doyen de la faculté de théologie de Lyon et représentantde l’Eglisecatholique au sein du Conseil consultatif national d’éthique, il ne s’agit pas d’une offensive réactionnaire, mais d’une réponse à une orientation jugée trop « libérale » au niveau international. « Plutôt qu’un retour en arrière, il y a plutôt une fuite en avant et donc la nécessité, pour l’Eglise, de freiner le mouvement, explique-t-il. La liberté de choix individuel est le maître mot aux Nations unies. Or, pour l’Eglise, ce n’est pas le critère absolu. Il y a aussi le respect du bien commun, de la cellule familiale de base: père, mère et enfant. » Devant cette contre-offensive, nombre de pays restent prudents quant à la nécessité de rouvrir certains débats. Le risque d’un recul n’est pas à écarter, disent-ils. « A partir du moment où l’agenda post-2015 est sur la table, on va devoir se battre, estime Pascal Canfin, le ministre français délégué au développement. On est dans une logique offensive, tout en ayant conscience qu’il existe un risque de régression. » « Les pays les plus conservateurs parlent le plus fort, ajoute Mme Vallaud-Belkacem. Il faut que les pays progressistes se mobilisent, se fassent entendre. » Pour gagner la bataille, « il faut, montrer que l’accès des femmes aux différents services, santé, travail… est une question de droit, mais aussi d’efficacité», fait valoir M. Canfin, qui défend une approchepragmatique,susceptibled’entraîner des pays comptant parmi les plus réfractairesaux problématiques de droits sexuels des femmes. « Le développement ne peut exister si les femmes en restent à l’écart», ajoute-t-il. p Rémi Barroux Liguiades, village martyr grec, n’a rien oublié L Ce dimanche à 12h10 LAMBERT MENDE OMALANGA Porte-parole du gouvernement de la République Démocratique du Congo, ministre des médias et des Relations avec le Parlement répond aux questions de Philippe Dessaint (TV5MONDE), Sophie Malibeaux (RFI). Diffusion sur les 8 chaînes de TV5MONDE, les antennes de RFI et sur Internationales.fr 0123 e président allemand, Joachim Gauck, a achevé, vendredi 7mars, son séjour de trois jours en Grèce par la visite du village martyr de Liguiades, situé en Epire, à 400 kilomètres d’Athènes, dans l’ouest du pays. Une visite hautement symbolique au cours de laquelle M.Gauck a demandé « pardon, au nom du peuple allemand, aux familles des victimes» d’un massacre commis par l’armée allemande durant la seconde guerre mondiale. « Je m’incline devant les victimes d’un crime monstrueux», a-t-il ajouté. Des mots qui rappellent ceux que M.Gauck avait prononcés le 4septembre2013 en visitant un autre village martyr – en France celui-là –, lorsqu’il s’était rendu avec François Hollande à Oradoursur-Glane (Haute-Vienne). « On sait que M. Gauck va partout en Europe demander pardon pour les crimes nazis, mais cela nous laisse indifférents», commente Lefthéris Gérakos, 70 ans, un descendant de victimes de Liguiades. Le 3octobre 1943, en représailles du meurtre d’un officier allemand par des résistants de la région, les occupants nazis ont exécuté 96 personnes – âgées de 2mois à 100 ans – et brûlé les maisons du village. « Il ne restait que l’église et l’école lorsque l’autre moitié des habitants, qui était partie dans les montagnes ramasser des noix, a découvert le carnage », raconte Lefthéris. « Chaque famille a perdu quelqu’un. Nous, on a perdu 5 membres. Le corps de mon oncle, dont je porte le nom, a été retrouvé dans la cheminée de la maison familiale. Une tragédie pareille, ça marque au fer rouge.» Liguiades n’avait pas été choisi au hasard. Situé sur un promontoire, il domine la plaine et le lac de la grande capitale de l’Epire, Ioannina. « Comme ça, tous les villages environnants ont vu ce qui se passait et la peur s’est imprimée partout. Liguiades a brûlé pour l’exemple», dit Lefthéris. Réparations de guerre Comme beaucoup, il a suivi l’arrivée du cortège officiel du président Gauck, accompagné du président de la République grec. Originaire de la région, Carolos Papoulias, 84 ans, a participé à la résistance antinazie de 1942 à 1944. Il a profité de la visite de son homologue allemand pour rouvrir la question des réparations de guerre réclamées à l’Allemagne en compensation des crimes commis lors de l’occupation du pays par les nazis (1941-1944) et d’un emprunt forcé à la Grèce contracté en 1942. En septembre2012, un «groupe de travail», créé sous l’égide de la Cour des comptes grecque, a chiffré à 162 milliards d’euros le montant des réparations que la Grèce pourrait réclamer à l’Allemagne. « Vous savez que je ne peux vous faire d’autre réponse que vous dire que la voie légale est fermée », a répondu M.Gauck. Berlin a toujours fait valoir que la question des réparations de guerre avait été réglée dans le cadre d’accords entre Etats à la Conférence de Paris en novembre1945. Mais, depuis le début de la crise financière en 2010, beaucoup en Grèce ont ressorti ce débat en arguant que ces réparations permettraient d’effacer plus de la moitié de la dette grecque. « Moi, la dette, je m’en moque, avoue Lefthéris, mais l’Allemagne doit bien cela à ses victimes. Le sang, lui, ne s’effacera jamais. » p Adéa Guillot (Athènes, correspondance) La porte blindée c'est notre métier depuis 1979 SERRURES Délai de fabrication 24 h maxi, et... sur mesure ! * Voir nos conditions générales de vente SERRURES Norbert TORDJMAN fondateur de TORDJMAN Métal et dirigeant du groupe FABRICATION FRANÇAISE www.tordjmanmetal.fr 7 sites industriels en France Votre sérénité ... 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Il salue la priorité donnéepar François Hollandeau « dynamismeéconomique » de la France mais l’encourage à aller de l’avant sur les grandes réformes de société. Anne Hidalgo a-t-elle gagné la bataille de Paris ? Anne Hidalgo a incontestablementremportéla bataille de la crédibilité et de l’authenticité pour diriger Paris. Mais l’élection se déroule dans un contexte particulier, donc soyons modestes ! Un scrutin est par essence incertain. Craignez-vous un vote sanction contre le gouvernement ? Les attaques de la droite sur la pression fiscale ne risquent-elles pas de vous porter préjudice ? Les Parisiens que je rencontre me parlent très peu de politique nationale. Contrairement à Mme Kosciusko-Morizet, ils savent que leurs impôts locaux sont les plus bas de France, et qu’en treize ans nous ne les avons augmentés qu’à deux reprises et modérément. Cela étant dit, la fiscalité reste un sujet très important. Anne Hidalgo a eu le courage d’annoncer qu’elle n’augmenterait pas les impôts,tout en se montrant offensive pour réformer la dépense publique. Elle n’a fait aucune promesse qu’elle ne pourra tenir. A l’inverse, Mme Kosciusko-Morizet a promis de baisser les impôts tout en faisantdes annonces particulièrement dispendieuses comme la couverturecomplètedu périphérique qui coûterait plusieurs milliards d’euros. Ce n’est pas sérieux. Comment jugez-vous la campagne de NKM ? C’est une personne que je n’ai jamais sous-estimée. Mais en plusieurs mois de campagne, elle n’a pas réussi à incarner une vision pour Paris. Par ses invectives et ses propos mensongers, elle n’a pas donné la dignité requise à la campagne qu’elle mène. Elle fait preuve de désinvolture sur le fond des dossiers et d’une condescendance que je n’imaginais pas vis-à-vis des siens, de ses concurrents et donc des Parisiens. Reconnaissez-vous un échec dans la lutte contre l’insécurité ? En treize ans de mandat, j’ai été maire dix ans sous des gouvernements de droite. Dans ce cadre, j’ai été un partenaire loyal et constructif. J’ai augmenté de 50% la contribution de la ville au budget de la préfecture de police. J’ai mis en œuvre un plan de vidéoprotection malgréles critiquesde gauche et de droite.J’ai toujourscherchél’efficacité dans l’action. Sur la prétendue hausse catastrophique de l’insécurité depuis mai 2012, je note que la droite se fonde sur des comparaisonsstatistiques tronquées, comme l’a souligné un rapport de l’Inspection générale de l’administration sur le maquillagedes chiffres sous la pré- «Ce qui a été très frustrant, c’est de voir le temps qu’il faut pour réaliser des projets comme celui des Halles» sidence de M. Sarkozy. Pour autant, je ne dis pas que tout va bien. Il y a en 2014 des phénomènes de violence qui sont liés notamment à la virulence de la crise que connaît la société. Je reste malgré tout opposé à la création d’une police municipale. Et je suis sur ce point en accord parfait avec Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy qui m’ont toujours dit : « N’écoutez pas nos amis du Conseil de Paris qui vous demandent de la créer ! » Paris se vide d’une partie de ses classes moyennes avec enfants. La gauche n’a-t-elle pas « embourgeoisé » la capitale ? Comment pouvez-vous dire que Paris se vide quand, en onze ans, la capitale a regagné 125 000 habitants, dont 16 000 familles et 31 000 jeunes ? Quelle rupture avec les décennies précédentes! Il y a plus de gens qui viennent s’installerà Paris quede gens qui en partent. De quel embourgeoisement ou gentrificationparle-t-on quand Nouvelle Collection Matelas - Sommiers - Pieds - Dosserets 01 42 08 71 00 7j/7 Livraison gratuite en France Payez jusqu’a 10x sans frais Détails sur mobeco.com 148 av. Malakoff 75116 PARIS 247 rue de Belleville 75019 PARIS 262 bd du Havre 95 PIERRELAYE Bertrand Delanoë, à laMairie de Paris, le 5 mars. CORENTIN FOHLEN/DIVERGENCE POUR « LE MONDE » 72 % des Parisiens ont des revenus qui pourraient leur donner droit au logement social ? Grâce au rachat d’immeubles menacés de vente à la découpe, la Ville a maintenu 13 000 familles à Paris. 30 000 logements sociaux ont été attribués aux classes moyennes. Bien sûr, nous comptons aujourd’hui 130 000 demandeurs de logements sociaux. Mais 30 % d’entre eux ne sont pas parisiens. Et cette hausse de la demande est aussi une conséquence de l’attractivité retrouvée de la capitale, qui est confrontée aux limites géographiques de son territoire, huit fois inférieurà celui deBerlin.La réponse à la crise du logement passe par la création de la métropole.En treize ans, nous avons opéré une rupture avec des siècles pendant lesquels Paris s’est construite en édifiant des barrières avec ses voisins. Bâtir la métropole sera le grand défi de l’équipe élue en mars. Si j’avais poursuivi ma mission à la tête de la ville, j’aurais été ravi de porter ce projet. Après treize ans comme maire, quel est votre principal regret ? Etant tourné vers l’avenir, je n’ai pas de regrets. En revanche, ce qui a été très frustrant pour moi, c’est de voir le temps qu’il faut pour réaliser les projets. Je pars alors que certains grands chantiers comme les Halles demeurent inachevés, du fait des multiples recours ou des nécessaires améliorations souhaitées par les habitants dans le cadre des concertations que nous avons menées. Mais je suis sûr que, dans un an, au moment de l’inauguration, les Parisiens se diront que c’est réussi. M. Hollande mène-t-il la politique que vous défendiez ensemble au congrès du PS en 2008 ? François Hollande est cohérent. Il y a une parfaite continuité entre ce que nous disions au congrès de Reims et la politique qu’il mène aujourd’hui. Il pense que, sans dynamisme économique, on ne peut ni réduire les inégalités ni faire baisser le chômage ni préserver les services publics. Cet état d’esprit, porteur d’une « efficacité de gauche», j’y souscris totalement. Sur les réformes de société, souhaitez-vous plus d’audace ? Je ne doute pas de la volonté du chef de l’Etat d’aller de l’avant sur ces sujets-là. En 2013, il y a eu le mariage pour tous, avec le droit d’adopter pour les couples homosexuels. Le président a pris aussi l’engagement courageux d’avancer sur le dossier de l’accompagnement de la fin de vie. Tout ne peut pas être fait en une semaine. L’important, sur ces sujets, comme sur ceuxde la simplificationde l’adoption ou la reconnaissance du statut du beau-parent, présents dans le projet de loi famille, c’est qu’ils restent à l’ordre du jour du quin- quennat. De la même manière, tout en restant opposé à la gestation pour autrui, je souhaite que soit autorisée la procréation médicalement assistée. Si l’on vous propose d’être ministre, accepterez-vous ? Après treize ans d’exercice de responsabilitéslourdeset passionnantes, il est sain de prendre du recul durablement pour y voir clair, pour méditer un peu. Après ce temps long de retrait, reviendra peut-être alors un nouveau temps d’engagement. Il peut s’épanouir dans différents domaines: économique, culturel, humanitaire… Pas politique ? Je n’envisage pas de prendre d’autres responsabilités classiques. Il y a heureusement tellement d’autres façons de s’engager qu’en étant ministre. p Propos recueillis par Béatrice Jérome et Thomas Wieder Dans le 5e arrondissement, l’avenir de Censier fait débat THIERRY SAILLOT l’a appris de la bouche même de Marie-Christine Lemardeley avant que ce ne soit officiel. « Elle est venue m’annoncer le déménagement du [bâtiment] Censier à la fois comme présidente de l’université et comme candidate aux élections municipales », se souvient le gérant de la librairie universitaire Palimpseste, située à quelques mètres de l’université parisienne. C’était en octobre2013. Comme à Jussieu, le bâtiment est amianté. Et, après moult projets avortés, le ministère de l’enseignement supérieur a annoncé la construction de nouveaux locaux dans le 12e arrondissement sur des terrains appartenant au ministère de l’agriculture. Le déménagement est prévu en 2018. A peine annoncé, le sujet est devenu un enjeu des prochaines élections municipales dans cet arrondissement, berceau de la Sorbonne. D’autant que la tête de liste du Parti socialiste, Marie-Chris- tine Lemardeley, préside l’établissement depuis 2008. « Cela ne devrait pas être un enjeu de campagne, mais un enjeu de santé publique, se désole-t-elle. S’il n’y a pas de danger immédiat, le bâtiment a une durée de vie limitée.» ADN universitaire Marie-Christine Lemardeley a beau expliquer que l’université va gagner 3 000 m2, une salle de théâtre, que la Cinémathèque de Paris ne sera pas très loin et, pour finir, qu’un vrai lieu de vie étudiante sera construit sur les ruines de Censier, ses adversaires politiques parlent d’aberration financière, de cataclysme économique… Et se demandent comment concilier sa position de candidate à la mairie avec sa volonté de vider l’arrondissement de son identité universitaire, l’ADN de ce quartier privilégié. Dominique Tiberi, candidat dissident de la droite dans le 5e arrondissement, en a fait son cheval de bataille. Dès l’annonce du déménagement, le fils de l’ancien maire de Paris Jean Tiberi avait publié un tract « Non à la disparition de la fac Censier du 5e arrondissement». Depuis, il mène le combat en meeting, sur les marchés, surfant sur l’inquiétude des riverains. « Quand on est président d’université, oser supprimer une faculté dans le 5e est lamentable. Oui, Censier doit être désamianté. Mais il faut faire comme à Jussieu, transférer les étudiants dans un autre lieu pendant les travaux et les faire revenir ensuite.» Cette solution avait pourtant été imaginée à la fin des années 1990, puis de nouveau en 2010. A l’époque, le clan Tiberi s’y était opposé. Florence Berthout, la candidate UMP, investie par Nathalie Kosciusko-Morizet, mène aussi le combat. « Si je suis élue, je demanderai un moratoire», affirme-t-elle en dénonçant « le summum de la gabegie financière de cette affaire » en référence aux 28 millions d’euros déjà dépensés par l’Etat pour construire un second pôle immobilier de l’administration centrale du ministère de l’agriculture et de la pêche. Au-delà de ce « scandale financier », Florence Berthout s’indigne des conséquences économiques pour les commerçants les plus proches du bâtiment. «C’est un suicide!», dénonce-t-elle. Bars, restauration rapide, points de photocopie, les commerçants alentour vivent de la clientèle étudiante. « Depuis cette annonce, les banques me suivent encore moins, dit le libraire, Thierry Saillot, dont le chiffre d’affaires est réalisé à 90 % grâce au public de Censier. Alors, logiquement, sans elle on est mort. » Pour l’instant, Marie-Christine Lemardeley fait la course en tête. Deux sondages réalisés en janvier et en février ont donné la liste PS en tête au premier tour et gagnante dans tous les cas de figure au second tour. p Nathalie Brafman 8 0123 france Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 Les nuages judiciaires perturbent le retour de Nicolas Sarkozy L’ancien président, qui projette de se présenter à la présidentielle de 2017, se trouve fragilisé par la succession d’affaires révélées ces derniers jours E noctobre2013, lecampSarkozy se montrait soulagé : l’horizon judiciaire de l’ancien président s’éclaircissait avec le non-lieu prononcé par la justice dans l’affaire Bettencourt. Celui quiprojette de seprésenterà la présidentielle de 2017 se voyait débarrassé de son principal obstacle judiciaire sur le chemin de son retour. Désormais, selon ses partisans, plus rien ni personne ne pouvait empêcherle favorides sympathisants UMP de s’imposer dans la course élyséenne à droite. Le battu de 2012 peinait lui-même à cacher son optimisme. Et se voyait déjà revenir aux affaires. « Quand on a été président, on le reste », se félicitait-il lors d’un déplacement en Charente-Maritime, le 30 janvier. Un peuplus d’unmoisplustard, patatras! Deux coups de tonnerre sont venus assombrir le ciel de Nicolas Sarkozy. En l’espace d’une semaine,ce dernierse retrouvefra- A droite, personne ne s’est risqué à enfoncer l’ex-président. Mais, après les municipales, les coups devraient pleuvoir gilisé par la diffusion d’enregistrements clandestins réalisés par son ancien conseiller Patrick Buisson (dont de nouveaux extraits pourraient être distillés dans les semaines à venir) et la révélation par Le Monde (daté 8 mars) de soupçons de trafic d’influence et de violation du secret de l’instruction qui pèsent sur son entourage. Deux affaires qui contribuent à jeter le soupçon sur la pratique du pouvoir par Nicolas Sarkozy et ses proches. Un pouvoir suspecté d’avoir manœuvré pour défendre ses intérêts, au mépris des règles élémentairesd’unEtat dedroit,tellel’indépendance de la justice. S’il est prématuré d’affirmer que ces affaires vont compromettre son retour, il est en tout cas établi qu’elles sont de nature à pertur- Une lettre de M. Avrillier au procureur financier Sur l’un des enregistrements publiés par le site Internet Atlantico, Patrick Buisson, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, s’inquiète du départ de Claude Guéant de l’Elysée, lui qui « connaissait (…) les dossiers » et « se mouillait un petit peu », « notamment pour les affaires auprès du parquet ». La conversation remonterait au 27 février 2011. A quels « dossiers » fait-il référence ? L’arbitrage Tapie-Lagarde ? L’affaire Bettencourt ? Celle des sondages de l’Elysée ? Raymond Avrillier, maire adjoint honoraire écologiste de Grenoble et membre de l’association Anticor, a adressé, le mercredi 5 mars, une lettre à la procureur national financier pour signaler de possibles faits d’« entraves à la saisine de la justice ». Dans son courrier, Raymond Avrillier rappelle le contexte de la Sarkozie et n’exclut pas que certaines « personnes » aient été « capables de faire pression sur les magistrats ». Une affiche de la campagne présidentielle de 2012 de Nicolas Sarkozy, au siège de l’UMP, le 3 mars. ALBERT FACELLY/DIVERGENCE ber sa stratégie. « Cela pèse sur l’agenda », grimace un de ses conseillers.Redescendredans l’arène au lendemain des élections européennes de juin 2014, comme l’évoquaient certains sarkozystes, semble désormais inenvisageable. Car avant, l’ex-président entend avoir évacué les affaires potentiellement gênantes. Or, les nuages judiciaires planant au-dessus de lui ne manquent pas. Outre les deux affaires qui viennent d’éclater, son nom et ceux de ses proches sont cités dans quatre dos- siers (Tapie, Karachi, éventuel soutien libyen à la campagne de 2007 et sondages de l’Elysée). « Les épées de Damoclès suspendues au-dessus de la tête de Nicolas Sarkozy créent une insécurité permanente pour sa trajectoire de retour gagnant en 2017. A tout moment, une indiscrétion prêtant à suspicion peut le handicaper le temps qu’il s’y confronte. Sa mise en examen dans l’affaire Bettencourt l’a par exemple accaparé pendant six mois», soulignele politologueThomas Guénolé, auteur de l’ouvrage Nicolas Sarkozy, chronique d’un retour impossible (First, 2013). Si le climat n’est pas des plus positifs, le favori des sympathisants UMP n’est pas pour autant confronté à ce stade à des charges le disqualifiant pour 2017. Seule une condamnation, ou une mise encause accompagnéed’unepreuve irréfutable, semble de nature à le mettre hors jeu. « Si les faits qui lui sont reprochés étaient étayés, cela lui porterait un coup majeur», juge le politologue de l’IFOP Jérôme Fourquet. Dans le camp Sarkozy, ses partisans veulent croire que la successiond’affaires n’empêcherapas un retour victorieux. « Cela fait partie de la course d’obstacles et ce n’est pas décisif », minimise l’un d’eux, soulignant que, « pour l’instant, toutes les charges ont glissé sur lui ». Depuis son départ de l’Elysée, chaqueaccusationcontreM.Sarkozy suscite même un réflexe de solidarité des militants UMP à son égard. « Les électeurs de droite ont une réaction épidermique et font bloc autour de lui car ils se disent : Les revers de l’hyper-interventionnisme de l’ex-président Analyse Bettencourt, Karachi, Tapie, Kadhafi, sondages de l’Elysée, écoutes Buisson, trafic d’influence à la Cour de cassation… L’avalanche d’«affaires» dans lesquelles apparaît le nom de Nicolas Sarkozy donne le vertige. Certes, jusqu’ici, l’exchef de l’Etat est parvenu à échapper à la justice, contrairement à nombre de ses proches – peut-être parce qu’il n’a rien à se reprocher, sur le plan strictement pénal. Mais pour un homme décidé à se représenter à la présidentielle en 2017, cette menace judiciaire protéiforme pourrait se transformer en obstacle insurmontable. Tout se passe comme si, un an et demi après son départ de l’Elysée, M.Sarkozy se trouvait rattrapé par un mode de fonctionnement qui a aussi fait son succès. Les ressorts de cette gouvernance très particulière sont connus. Ils ont accouché d’un « omni-président» convaincu que, tirée des urnes, sa légitimité lui confère des devoirs, mais aussi des droits. De son point de vue, le président de la République doit s’occuper de tout. M.Sarkozy ne s’en est jamais caché, revendiquant cet hyper-présidentialisme, avec un culte de l’efficacité, qui, conjugué à l’hyperactivisme propre à sa personnalité, a fini par épuiser les Français. Un activisme contagieux M.Sarkozy a voulu incarner la rupture avec Jacques Chirac, dont il n’a eu de cesse de dénoncer l’immobilisme. En privé, il n’a pas de mots assez durs pour François Hollande, incarnation caricaturale, selon lui, de l’impuissance en politique. Car plus qu’une idéologie, le sarkozysme est d’abord une méthode. Mais si l’énergie débordante et le volontarisme effréné de Nicolas Sarkozy ont contribué à sa réussite, ils ont aussi scellé son échec. Et menacent à présent son retour en politique, sur fond d’affaires politico-judiciaires. Cet hyper-interventionnisme a produit deux types d’effets per- vers. D’abord, en pensant pouvoir s’affranchir des habitudes, des règles, des conservatismes, mais aussi parfois des lois, M.Sarkozy a sans doute été trop loin, au point d’attirer l’attention de la justice. Les exemples sont légion: dans le litige opposant Bernard Tapie au Crédit lyonnais, l’ex-chef de l’Etat, ses agendas en font foi, est intervenu plusieurs fois au secours de l’homme d’affaires, même si celuici s’en défend. Par amitié, peutêtre. Mais aussi parce que M.Sarkozy était persuadé qu’un bon arrangement, même coûteux, valait mieux que le recours à une justice qu’il trouve lente et désuète. Dans le scandale Bettencourt, l’enquête a établi qu’il s’occupait directement d’un dossier susceptible de l’éclabousser. Surtout, cet activisme s’est révélé contagieux. Sans forcément le vouloir, l’ex-maire de Neuilly-surSeine a incité son entourage à adopter le même comportement. Pire, soucieux de protéger mais surtout de plaire à leur chef, qu’ils craignent autant qu’ils l’admirent, ses conseillers ont parfois été au-devant de ses désirs, jusqu’à franchir la ligne jaune. Cela explique sans doute pourquoi la quasitotalité de ses proches sont inquiétés par la justice. Installé par M.Sarkozy à la tête de la Direction centrale du renseignement intérieur, Bernard Squarcini a chuté pour avoir fait espionner les conversations d’un journaliste du Monde, coupable de publier des articles gênants. La même mésaventure est arrivée à l’ex-procureur de Nanterre, Philippe Courroye. Claude Guéant est soupçonné d’être intervenu dans le dossier Tapie afin de favoriser les intérêts de l’homme d’affaires. Et que dire du magistrat Gilbert Azibert, suspecté d’avoir renseigné M.Sarkozy, dont il est politiquement proche, des avancées de la procédure Bettencourt? Ce sont d’abord ces excès de zèle dont Nicolas Sarkozy paye le prix. p Gérard Davet et Fabrice Lhomme “On attaque notre champion pour le salir” », observe M. Fourquet. Après les révélations du Monde, les sarkozystes ont de nouveau joué sur cette corde sensible en assurant que leur candidat était la «victime» d’un «acharnement»de la justice et des médias. L’avocat de l’ex-président,Me ThierryHerzog,a dénoncé une « affaire politique », «montée de toutes pièces», dans le but de nuire à son client. Manière de laisser entendre que le pouvoir socialiste serait à la manœuvre. Certains, à droite, ne partagent pas cette analyse et rejettent la théorie du complot. « Je ne vois pas pourquoi François Hollande mettrait des bâtons dans les roues de Sarkozy, alors que ce dernier est un épouvantail pour la gauche et reste celui qui fédère le mieux le camp d’en face », remarque un ancien ministre UMP. A droite,personne ne s’est encore risqué à enfoncer l’ex-président. Contexte électoral oblige. Mais après les municipales des 23 et 30 mars, les coups devraient pleuvoir. François Fillon a notamment prévenu qu’il dirait tout le mal qu’il pense des agissements de Patrick Buisson, à qui M. Sarkozy a ouvert les portes du pouvoir. « Je me suis toujours tenu à l’écart de ses méthodes et des gens qui les incarnent. Aujourd’hui, se tenir à l’écart ne suffit plus, il faut les combattre», a déclaré l’ancien premier ministre avec force, jeudi. En attendant, Nicolas Sarkozy doit assister lundi 10 mars à l’inauguration de l’Institut Claude-Pompidou de Nice, en compagnie de Bernadette Chirac. L’occasion de testersa popularitéetde direpubliquement ce qu’il pense des soupçons qui pèsent sur lui. p Alexandre Lemarié 0123 france Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 Portrait L’avocat est aussi excessif et brutal avec ses ennemis qu’inconditionnel avec ses amis. Nicolas Sarkozy, avec qui le lien s’est noué dès 1980, lui a depuis longtemps confié sa défense Me Thierry Herzog, l’indéfectible ami I Me Thierry Herzog, à Bordeaux, le 25 avril 2013. BERNARD PATRICK/ABACA constitutionde partiecivile au procès qui allait l’opposer à l’ancien premier ministre, rompant ainsi avec toutela traditionde sesprédécesseurs sous la Ve République. Cette fois, l’avocat rompu à la procédure pénale, qui avait déjà à son tableau quelques-uns des plus beauxdossierspolitiquesduprécédent septennat – il avait défendu le mairede ParisJeanTiberi, obtenant L’amitié entre les deux hommes s’est nourrie de leur passion pour la chanson française et du même goût pour la castagne l’annulationdepansentiersdel’instruction menée par le juge Eric Halphen–changeaitdedimension.Joignant le geste à la parole, il disait : « C’est que j’ai quelqu’un derrière moi, je ne peux pas le décevoir.» Le face-à-face avec Dominique de Villepin et ses avocats fut violent, parfois déstabilisant pour celui qui, aux yeux de tous, portait la parole de Nicolas Sarkozy. Ceux qui ont assisté au procès ont gardé en mémoire la réplique cruelle lancée par Dominique de Villepin à une question de l’avocat: « Il y a eu uneépoqueoùMe Herzogtravaillait avec moi à l’Elysée quand j’étais secrétairegénéral et il avait alors un ton beaucoup moins agressif ! » Ou encore ces trop longues heures de plaidoirie où le défenseur de Nicolas Sarkozy, noyé dans son souci de ne rien laisser passer, s’était fait sèchement prier d’en venir à sa conclusion par le président du tribunal. Mais on a vu aussi, dans ces moments délicats, la bande des pénalistes – Hervé Temime, Pierre Haïk, Patrick Maisonneuve et quelques autres – entourer leur ami de leurs conseils et de leur amitié. Celle de M. Sarkozy ne lui a jamais fait défaut, en dépit de l’échecque représentait,pourlui,la relaxe de M. de Villepin. C’est à Thierry Herzog et à personne d’autrequ’ila demandéde ledéfendre dans chacune des procédures qui ont émaillé son mandat, pour violation de l’intimité de sa vie privée ou pour atteinte à l’image. Et c’est encore à l’ami avocat que Nicolas Sarkozy, redevenu simple justiciable, confie le soin de mener La gauche dénonce «une affaire d’Etat», la droite un «acharnement» « SCANDALE D’ETAT». Si la gauche et la droite s’accordent sur les mots pour qualifier les révélations du Monde, vendredi 7mars, sur la nouvelle affaire Sarkozy, ils ne sont pas d’accord sur le sens. L’UMP voit dans la mise sur écoute de l’ancien président la preuve d’un acharnement politique, alors que les socialistes se concentrent sur le contenu de ces enregistrements, qui mettent au jour des soupçons de trafic d’influence impliquant le camp Sarkozy et un magistrat de la Cour de cassation. « Si les faits évoqués sont confirmés, ils sont d’une exceptionnelle gravité et sont constitutifs d’une affaire d’Etat », a réagi auprès du Monde le premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir. « Cela est surtout révélateur d’un comportement plus général à droite vis-à-vis de la justice, un comportement clanique et qui porte atteinte au sens de l’Etat et à la séparation des pouvoirs», estime-t-il, appelant la droite à «se ressaisir et [à] respecter l’indépendance de la justice ». De la même manière, pour le président du groupe socialiste à l’Assemblée, Bruno Le Roux (Seine-SaintDenis), « si on était dans un roman, on parlerait d’un système mafieux». « On commençait à oublier comment Nicolas Sarkozy avait abîmé l’Etat, mais avec ces affaires, on s’aperçoit de la façon dont il a dévoyé totalement nos institutions, indique-t-il. « Tentative d’affaire » « C’est la semaine horribilis pour l’UMP, tout le monde y passe ! », a réagi le député Thierry Mandon (PS, Essonne). « Il n’y a aucun complot, mais simplement une justice qui trouve son chemin », insiste le porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée. « On aurait enfin levé un coin du voile sur le système sarkozyste que je n’ai eu de cesse de dénoncer », a pour sa part réagi la députée européenne Eva Joly (EELV), dans un communiqué. Pour Marie-Pierre de la Gontrie, secrétaire nationale du PS en charge de la justice, « placer sur écoute un ancien président est la preuve que la justice est vraiment indépendante». Ce n’est pas l’avis de la droite. Ainsi, Thierry Mariani, député UMP et ancien ministre de Nicolas Sarkozy, estime que «cela montre qu’il y a un réel acharnement de certains magistrats contre Nico- las Sarkozy. Alors que les enquêtes sur Karachi et Bettencourt se révèlent totalement sans objet pour lui, on nous sort ce nouvel épisode. Cet acharnement est choquant». Même tonalité chez Bernard Debré (UMP, Paris), pour qui « ce qui paraît être un vrai scandale d’Etat, c’est d’avoir écouté les conversations entre Nicolas Sarkozy et son avocat ». « Est-ce légal de le faire ? Je suis très inquiet de la tournure que prennent les événements contre Nicolas Sarkozy. A quoi riment ces acharnements? Pour moi, cela jette surtout la suspicion sur les méthodes du gouvernement et de la justice », juge-t-il. Sur son compte Twitter, Nadine Morano, ancienne ministre et candidate aux élections européennes, s’interroge: « Le rôle du cabinet noir de l’Elysée? L’angoisse de François Hollande de jouer le match retour face à Sarkozy ? Une nouvelle tentative d’affaire…» «Sommes-nous dans un Etat démocratique ou dans un Etat totalitaire? », a aussi demandé JeanPierre Door (UMP, Loiret), quand Patrick Balkany (Hauts-de-Seine), interrogé par Public Sénat, parle de « déviance de la justice». p Service France A Dreux, le FN parie sur une transfuge de l’UMP l ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l’avenir. » Thérèse Mauboussin, candidate du Rassemblement Bleu Marine (RBM) aux élections municipales à Dreux (Eure-et-Loir) cite Jean Jaurès pour motiver ses troupes. Une trentaine de personnes se serrent dans l’ancienne boutique d’électroménager un peu défraîchie. Derrière la référence au père du socialisme français se résume toute l’histoire d’amour et de désamour entre la ville et le Front national. En 1983, Jean-Pierre Stirbois fait une entrée fracassante à la mairie après la fusion de sa liste frontiste avec celle du RPR. Après sa mort dans un accident de voiture en 1988, sa veuve, Marie-France reprend le flambeau. Elle collectionne les succès. Aux municipales de 1989, elle obtient 22% des voix. Elle devient député la même année avec 61% des suffrages. Q u’il rentre d’un concert de Johnny Hallyday, d’un meeting avec Nicolas Sarkozy ou d’un procès d’assises où il a entendu une belle plaidoirie, Thierry Herzog a le même enthousiasme. « Vous auriez vu le mec, il est fabuleux ! » Et le voilà qui refait tout le concert, le meeting, l’audience, émerveillé et drôle, jouant tour à tour chacun des rôles, racontant le public, la chemise trempée de sueur du héros, sa meilleurerépartie, sa plus belle reprise, son morceau d’éloquence. Il est comme ça, Thierry Herzog, il admire généreusement. Il applaudit depuis quarante ans les mêmes idoles, peut sauter dans un avion ou un train pour ne pas rater une plaidoirie de son ami Eric Dupond-Moretti à l’autre bout du pays, et annuler un rendez-vous pour racheter discrètement le bureau de son ancien patron, vendu sur saisie judiciaire, afin de le lui restituer. Parce qu’il n’est jamais dans la demi-mesure, il déteste avec la mêmegénérosité.Ilest aussi excessifet brutalavecses ennemisqu’inconditionnel de ses amis. Ni l’âge, nile temps, ni la notoriété, ni le statut d’« avocat du président » que lui avait donnél’accession de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République ne l’ont policé. Entre Me Herzog et M. Sarkozy, le lien semble indéfectible. Il s’est noué en 1980 au barreau de Paris, quand le premier faisait ses armes de pénaliste au cabinet de JeanLouis Pelletier et que le second remuait ciel et terre pour faire élire son patron, Guy Danet, au bâtonnat de Paris. Leur amitié s’est nourrie des vacances à La Baule (LoireAtlantique) en famille, de la passionpartagéepourla chansonfrançaise – le seul sujet sur lequel Thierry Herzog revendique la première place –, du même goût de la castagneetd’unefidélitéàladroite. Lorsqu’en janvier 2006 Nicolas Sarkozy a décidé de se constituer partie civile dans l’affaire Clearstream contre Dominique de Villepin, c’est vers Thierry Herzog qu’il s’est tourné. « Mon Thierry, ce n’est pas à l’ami que je m’adresse, c’est au professionnel.Veux-tu être mon avocat ? », lui demande-t-il. L’honneur allait se révéler écrasant quand, devenu président de la République, Nicolas Sarkozy prendrait la décision de maintenir sa batailledanslesdossiersquilemettent en cause, au premier rang desquels l’affaire Bettencourt, soldée par un non-lieu. En ces temps de tourmente et de trahison, l’ancien président de la République mesure sans doute aussi que de tous ceux qui l’ont accompagné dans la traversée du quinquennat, Thierry Herzog est sans doute celui qui en est sortile plus fidèleà lui-même. p Pascale Robert-Diard 9 « Confiance immédiate » Mais après son départ, le FN ne présente aucune liste aux municipales de 2001 et 2008. Au premier tour de la dernière élection présidentielle, Marine Le Pen a atteint le score de 14, 3 %, loin des 18,3 % de son score national. L’arrivée de Thérèse Mauboussin, ancienne adjointe au maire UMP, Gérard Hamel, peut-elle modifier cette tendance? Elle a quitté ses fonctions en 2008 et rejoint le Front national en 2012. « Nous sommes une commune pauvre. Il y a 23,9 % de chômage quand la moyenne nationale est à 9,8 %. Il faut se saisir de la question sociale», qui aurait été laissée de côté selon elle. Elle décide donc de se présenter aux municipales sous l’étiquette du RBM. La candidate de 42 ans a un discours qui peut plaire. Elle s’adresse aux populations pauvres qui se sentent délaissées, oubliées des politiques. « Je n’avais pas pensé revenir un jour en politique», assure-t-elle. Elle n’avait « pas d’intérêt extraordinaire pour le FN. Je ne serais pas là sans Marine Le Pen», dont elle partage les analyses sociales et économiques. Elle a aussi bénéficié d’« une confiance immédiate» auprès des militants, raconteelle. Mme Mauboussin reconnaît l’héritage des Stirbois mais depuis, le parti a su évoluer, explique-t-elle. Pour Julien Auer, 32 ans, conseiller financier, « il ne faut pas faire d’amalgame. On doit beaucoup à cette génération. Ils ont laissé une base militante mais le Front est en pleine mutation. Je n’aurais pas adhéré dans les années 1980. Mais c’est l’effet Marine.» Après la décision de se présenter, le premier défi a été de constituer une liste. A force de faire du porte-à-porte, les quelques militants de Dreux y sont parvenus. Pour Philippe Loiseau, secrétaire régional du parti, c’est déjà une « victoire dans cette ville symbole pour le FN ». En attendant, Thérèse Mauboussin a déjà réservé des salles pour l’organisation de réunions publiques à l’entre-deuxtours. p Déborah Coeffier , utez oir o c é V s nou ns Vous s u Vo Veno s u no 9 E L / L I 7 U E O L DR A le a V n i n E N ck cohe e la mat c i i Patr quiPe d en Publ et l’é irect et es : en dmaine, 5 éStat pNazaire : se Une 10 mars : Saintes re hère c i i a s o l d r s b n a Is m La Lu i 11 2 mars : tchamp d r a n 1 M : Mo redi sy Merc 13 mars rs : Rois les. a i ponib s i d Jeud edi 14 m aces r es pl d e Vend t i e t u rat limi g e et ns la e libr 6H30 da é r t n E tir de à par J6c8LKI83K6¾J6 LA VOIX EST LIBRE 10 0123 france Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 Recrudescenced’incidents homophobes ou racistes sur les campus Des représentants locaux d’organisations étudiantes déplorent «un sale climat» L es organisations étudiantes, UNEF et FAGE en tête, le constatent depuis la rentrée universitaire: les campus sont de plus en plus souvent la cible d’actions d’intimidation de groupuscules d’extrême droite, tags racistes, homophobes, nationalistes et parfois même coups de poings. Jeudi 20février, jour d’élection à l’université Lyon-III, François Billy, sympathisant de l’UNEF, tracte avec un camarade: « Il était 17 heures quand on a vu un groupe de sept hommes et trois femmes habillésen noir, blousons de cuir et rangers, et se réclamant du GUD [Groupe union défense, mouvement étudiant d’extrême droite], s’en prendre à nos tracts. J’ai eu le malheur de dire que ce n’était “pas très intelligent” et je me suis pris un coup de casque de moto sur la tête. J’ai eu le réflexe de me protéger avec la main. » La troupe disparaît avant que le service de sécuritén’arrive et François Billy s’en tire avec un hématome à la main. Il a déposé plainte et la vidéosurveillance permettra peut-être d’identifier les agresseurs. Le 27 février, sur les réseaux sociaux, apparaît une caricature représentantun gros rat (emblème du GUD) qui tabasse, avec un casque, un étudiant, ainsi légendée : «Faceà l’UNEF,ayez le bonréflexe.» En réponse, le syndicat étudiant a déposé une nouvelle plainte, à Paris, pour incitation à la haine. Les étudiants de l’université de Dijon ont découvert, mardi 4mars, sur le mur extérieur de l’établissement, deux tags d’une même main: « Vive la France» et « A mort LGBT » (pour lesbien, gay, bi et trans). Le président de l’université de Bourgogne, Alain Bonnin, a dénoncé sur son compte Twitter un « acte antirépublicain». L’incident n’est pas isolé : en novembre 2013, une statue du campus étaitvandaliséeavecleslogan«Hollande démission » signé « ONLR » pour «On ne lâche rien », mot d’ordre des partisans de la Manif pour tous. « Les manifs anti-mariage pour tous ont donné des ailes à ces extrémistes », juge Jean-Baptiste Bourdillon, de l’UNEF Dijon. Et le phénomène s’étend : les murs de l’université Toulouse-I Capitole et de divers locaux ciblés (association locale LGBT, siège du NPA) ont, le 19 février, été recouverts de croix gammées, de croix celtiques – symbole repris par plusieurs groupuscules d’extrême droite – et de sigles OAS, du nom de Les femmes enceintes plus souvent touchées par les violences conjugales Pionnière, la maternité de l’hôpital de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, tente de faire de la grossesse un moment privilégié de repérage et de prise en charge des victimes l’organisation clandestine terroriste qui milita pour l’Algérie française. Le forfait s’est produit durant le week-end: « Je suis persuadé qu’il ne s’agit pas d’étudiants de chez nous»,affirmeleprésidentdel’université, Bruno Sire. AStrasbourg,le9février,onpouvaitlire,surlesmursdelabibliothèquedel’université«Alsacenationaliste» et « La France aux Français», assorties d’une fleur de lys stylisée, symbole du Renouveau français, mouvement se disant « pour la renaissance nationale ». « Ce n’est qu’unincidentd’unelonguesérie, et ils vont crescendo», témoigne Flavie Linard, présidente de l’UNEF Strasbourg,quisesouvientdestags «Amortlessocialistes»,desautocollantsetaffichessiglésGUDouencore des distributions de journaux Action universitaire française. « On Lyon, Dijon, Strasbourg, mais aussi Angers, Poitiers, Bordeaux, Orléans, Nantes et Rennes ont eu leur lot d’incidents ne voit jamais les fauteurs de troubles,ce qui me conduit à penserqu’il s’agitd’élémentsextérieurs»,confirme l’étudiante, à l’origine, avec d’autres associations, d’un comité de vigilance. «Un sale climat s’installe aussi à Clermont-Ferrand», juge Pauline Maximi, militante de l’UNEF. Un drame a même été évité de justesse, le 17 janvier, lors du concert organisé par Réseau universitaire sans frontières (RUSF), en soutien à une famille arménienne expulsée. Un skinhead, Kevin Pioche, a tiré des coups de feu, faisant deux blessés légers. Il a été, depuis, condamnéàdeuxansde prisonferme.Mais les militants UNEF et RUSF se sentent toujours menacés, puisque, début février, les murs de la faculté de lettres ont été graffités de slogans « Europe jeunesse génération » et « Pasaran quand même», référence au régime franquiste. Angers, Poitiers, Bordeaux, Orléans, Nantes, Rennes ont aussi eu leurs lots d’incidents. « Tous ces groupuscules d’extrême droite se structurent et sont de plus en plus visibles», juge Julien Blanchet, président de la FAGE, qui tient désormais une minutieuse comptabilité de leurs manifestations. p Isabelle Rey-Lefebvre JUSTICE Troiscandidatsau djihaden Syrie condamnésà de la prisonferme Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, vendredi 7 mars, à des peines de deux à quatre ans ferme trois candidats au djihad interpellés en 2012 à l’aéroport de Saint-Etienne, alors qu’ils s’apprêtaient à se rendre en Syrie (Le Monde daté 2-3 février). Les trois hommes, âgés de 21 à 26 ans, étaient poursuivis pour «association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes terroristes». Dans leurs bagages, les policiers avaient retrouvé des holsters, gilets dits « tactiques» et des jumelles à vision nocturne. – (AFP.) p Discrimination 50 000 euros d’amende requis contre un office HLM Le tribunal de Nanterre a requis, vendredi 7 mars, une amende de 50 000 euros contre l’un des plus gros bailleurs sociaux d’Ile-deFrance, Logirep, jugé pour avoir, en 2005, refusé un logement à un homme au motif qu’il était Noir et établi un « fichage ethnique» des locataires (Le Monde daté 7 mars). Le parquet a en outre demandé l’effacement de ce fichier. Le jugement sera rendu le 2mai. – (AFP.) Municipales Enquête pour « abus de faiblesse et faux » après le dépôt d’une liste FN à Orléans Le parquet, saisi par le préfet du Loiret « sur la possible absence de consentement d’un candidat » de la liste du FN à Orléans, « a ouvert une enquête pour abus de faiblesse et faux», a indiqué vendredi 7 mars Jérôme Bourrier, procureur adjoint de la République d’Orléans. Selon La République du Centre, Georgette Vassort, 90 ans, figurant en 51e place sur la liste du FN, est atteinte de la maladie d’Alzheimer et est hospitalisée. – (AFP.) P our Aude Ngoma, c’est devenu « un rituel ». L’arrivée à 14 heures à l’hôpital AndréGrégoire de Montreuil (SeineSaint-Denis). L’ascenseur jusqu’au service de réanimation néonatale. « C’est la maman de Mathis », soufflé dans l’interphone, puis le vestiaire, la blouse et les surchaussures. Enfin, au bout des longs couloirs, son bébé, qui pleure « d’une toute petite voix ». Un rituel qu’elle répète tous les jours, un peu plus tôt le dimanche parce qu’elle vient « directement après l’église », depuis maintenant trois moiset la naissanceprématurée de son enfant. Une grossesse d’à peine vingt-cinq semaines, mise à terme brutalement par les violences conjugales. Phénomène méconnu, les violencesfaitesaux femmes augmentent durant la grossesse. Selon les rares études disponibles sur ce sujet, pour 20 % à 40 % des femmesvictimesde violencesconjugales en France, la maltraitance physique a commencé alors qu’elles étaient enceintes. « La grossesse catalyse et déclenche une violence latente dans un couple. La femme est en fait déjà sous l’emprise de son conjoint mais ne l’a pas identifié », explique Mathilde Delespine, 27 ans, sagefemme à la maternité de l’hôpital de Montreuil, où ont lieu 3 200 accouchements par an. Très mobilisée sur ce sujet, elle y a mis enplace une permanence,un jeudi sur deux, pour libérer la parole des patientes concernées. « Les dames me disent : “Depuis que je suis enceinte, je ne le reconnais plus.” » Pour Aude Ngoma, assistante administrative de 40 ans, « cela a commencé verbalement ». Avec la grossesse, la situation a empiré : « Une fois enceinte de lui, je ne pouvais plus le mettre dehors », confie-t-elle d’une voix posée, les mains serrées sur son chocolat chaud, à la cafétéria de l’hôpital. A celle de la femme rendue captive par sa grossesse, les médecins ajoutent deux hypothèses pour expliquercetteirruptiondeviolence : l’arrivée d’un tiers – l’enfant – vient briser le rapport exclusif et l’emprise bâtie par l’agresseur, qui réagit; la grossesse provoque chez lui un syndrome post-traumatique, s’il a été lui-même victime de violences dans l’enfance. « C’est devenu physique à deux mois de grossesse », explique Aude Ngoma. Elle se défend « des gifles et des coups de pied » en mordant mais se tait, et n’en parle pas à son gynécologuede Goussainville(Vald’Oise). C’est « la honte », ça va s’arranger, et d’ailleurs le lendemain « la vie reprenait », toutefois rythmée par les arrêts maladie. Les conséquences sur la grossesse sont importantes. « C’est être enceinte dans un pays en guerre, compareMathildeDelespine.Physiquement, la maternité est souvent directement attaquée, avec des coups sur le ventre. » Une enquête Un phénomène sous-évalué, selon une étude Le repérage systématique vient d’être testé pour la première fois à l’échelle d’un département. Entre juin 2013 et février 2014, six maternités de la Seine-Saint-Denis ont, pendant une semaine, proposé un questionnaire anonyme à toutes les femmes enceintes en consultation prénatale. Les résultats de cette enquête financée par l’agence régionale de santé sont probants. Seulement 4 % de refus, et, pour les 96 % de questionnaires validés, un taux de réponses positives qui, signe d’une sous-évaluation du phénomène par le corps médical, a sur- pris tous les soignants. Plus d’un tiers (36,8 %) des 691 patientes interrogées confient avoir subi une violence au moins une fois dans leur vie. Parmi elles, une sur quatre exprime le souhait d’être aidée, et une sur cinq une souffrance. Une femme sur trois dit avoir subi une violence verbale, une sur cinq une violence physique et une sur dix une violence sexuelle. Côté soignants, ceux qui ont été formés rencontrent moins de refus ; et tous constatent une « grande facilité à évoquer [ces questions] malgré les appréhensions ». de 2012 en Seine-Saint-Denis sur 62 grossesses touchées par la violence montre une forte prévalence de fausses couches (18% contre 2 % en moyenne dans ce département) et d’enfants prématurés (23 % contre 7 %). « Les “petits poids” [moins de 2,5kg à la naissance] sont aussi surreprésentés », explique Emmanuelle Piet, médecin en centre de protection maternelle et infantile en Seine-Saint-Denis et coauteure de cette enquête. « La grossesse catalyse et déclenche une violence latente dans un couple » Mathilde Delespine sage-femme à l’hôpital de Montreuil Le 5 décembre, Aude Ngoma accouche au service grossesses à hautrisque à Montreuil.Une« chose»qu’ellemettradutempsà appeler un bébé, « née par les violences », et qui pèse 510 grammes. Pour elle, c’est à la maternité que la parole va se libérer, peu à peu, avec la psychologue, l’assistantesociale et la sage-femme référente. C’est aussi là qu’elle est mise en lien avec une association. Si la grossesse les exacerbe, elle est aussi un moment particulièrementfavorableaurepéragedesviolences, actuelles ou passées. Avec une moyenne de 18 contacts avec desprofessionnelsde santé,«lavictime n’aura probablement jamais, au cours de sa vie, autant d’occasions de rompre son isolement », souligne Mathilde Delespine. Uneopportunitéderepéragelargement sous-exploitée en France. « Les violences sont encore taboues dans la culture médicale. Subsiste l’idée qu’il s’agit de la vie privée de la patiente et que nous, soignants, ne sommes pas des psys », regrette la jeune sage-femme. « Un jour, en consultation, une dame m’a demandé si elle était capable de “faire des enfants vivants”. Elle avait fait cinq fausses couches. A chaque fois, elle avait reçu des coups sur le ventre, et à aucun moment un médecin ne lui avait posé la question des violen- ces », illustre ainsi la médecin Emmanuelle Piet. Mathilde Delespine se bat pour que la professionadopteune pratique simple : le repérage systématique. « Les victimes se confient peu spontanément. Elles pensent que c’est hors sujet, leur conjoint leur répète que cela n’intéresse personne. Poser la question est donc déjà en soi un acte thérapeutique: cela brise la loi du silence, la victime commence à déconstruire le schéma de son agresseur », explique-t-elle. L’objectif est que chaque soignant voyant pour la premièrefoislapatientepose automatiquementla question. Uneenquête qu’elle a pilotée, dévoilée vendredi 7 mars par l’Observatoire de la Seine-Saint-Denis des violences envers les femmes, montre le bon accueil réservé à la démarche par patientes et soignants. « Priorité désormais à la formation, insiste Ernestine Ronai, coordinatrice nationale de la lutte contreles violences faitesaux femmes au sein de la mission interministérielle pour la protection des femmes victimes de violences (Miprof). Contrairement aux policiers, médecins et sages-femmes n’en avaient jusqu’alors aucune! » Cette année, une question sur ce sujet fait son apparition aux épreuves classantes nationales, à la fin de la troisième année de médecine. Et la Miprof a créé, fin 2013, un groupe de travail pour « aboutir à un cahier des charges de formation des sages-femmes ». Depuis septembre, les étudiants en master 1 planchent sur un module « Prévenir et dépister les violences faites aux femmes », affirme l’ordre des sages-femmes. Des avancées en passe d’être validées par la loi : « La loi pour l’égalité femmes-hommes rendra obligatoire la formation initiale et continue de toutes les professions concernées,médecins et sages-femmes en tête », plaide Ernestine Ronai. Depuis dix jours, le bébé d’Aude Ngoma peut mettre des vêtements. La route reste longue, il est tout juste « au milieu du tunnel ». Mais,avec son 1,9 kg, «c’est maintenant un vrai bébé ». p Benjamin Leclercq culture 0123 Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 11 Le ghetto de Varsovie par «Ceux qui restent» Au Théâtre Montfort, David Lescot transforme les récits de deux survivants en pièce bouleversante Théâtre S ous son apparente simplicité, voilà un spectacle qui apporte sa pierre, de belle façon, aux relations entre le théâtre et l’Histoire. Et pas n’importe laquelle : celle de la seconde guerre mondiale et de l’extermination des juifs d’Europe. Cette histoire qui a suscité des débats éthiques et esthétiques âpres, violents, sur la question de son récit et de sa transmission,l’auteuret metteurenscène David Lescot l’aborde d’une manière qui, pour être modeste, n’en est pas moins juste de bout en bout. Et si l’on sort ému, pour le moins, de Ceux qui restent, cette émotionest d’une qualité bien particulière, qui mène vers la réflexion et vers la réappropriation de cette histoire. David Lescot est, à 42 ans, l’auteur d’une douzaine de (bonnes) pièces. Il sait donc ce qu’écrire de la fiction veut dire – en mai, on pourra voir au Théâtre des Abbesses, à Paris, Nos occupations, qui se passe pendant la guerre. Mais là, il a bâti son spectacle sur les témoignages de deux des derniers survivants du ghetto de Varsovie, Paul Felenbok et Wlodka Blit-Robertson. « Il m’a semblé évident, dès le départ, que tout ce que je pourrais écrire serait moins fort que leur parole», souligne-t-il. La qualité du spectacle tient d’abord à celle de ces témoignages, qui émanent de deux survivants à même, par leur culture générale et politique,maisaussipar leurdignité et leur sens de la distance – voire de l’humour –, de mettre en perspective ce qu’ils ont vécu sans se laisser déborder par le pathos. Elle tient aussi à la qualité de l’intervieweur, David Lescot, qui leur a posédesquestionsprécises,concrètes, sur leur vie dans le ghetto et dans les caches où ils ont survécu jusqu’à la libération de Varsovie, L’histoire qu’ils racontent est celle de leur survie miraculeuse, enfants seuls dans la guerre en janvier 1945. « Je voulais vraiment rentrer dans les détails de la vie quotidienne, raconte-t-il. C’était pour moi la seule manière de rendre l’histoire sensible, humaine, sanstomberdansune émotionfacile, et dans les clichés.» Paul Felenbok et Wlodka BlitRobertson sont cousins, bien que lui soit français, astrophysicien à la retraite, et elle anglaise, vivant à Londres, où elle a travaillé comme manipulatrice en radiologie. Ils avaient 7 et 12 ans en avril 1943, quand ils se sont enfuis du ghetto – par les égouts pour lui, par une échelleau-dessusdumurd’enceinte pour elle –, quelques jours avant l’insurrection et la destruction du ghetto par les Allemands. L’histoirequ’ilsracontentestcelledeleursurviequasimentmiraculeuse, enfants seuls dans la guerre, cachés dans des maisons abandonnées ou accueillis, moyennant finances,dansdesfamillespolonaises. Paul Felenbok avait perdu ses parents très tôt, arrêtés dans leur première cachette, où l’enfant ne se trouvait pas ce jour-là, et déportés. Wlodka Blit-Robertson avait étéenvoyée à l’extérieurdughetto, seule avec sa sœur Nelly. Son père, qui était un des dirigeants du Bund, l’union générale des travailleurs juifs, avait rejoint la Russie;sa mère,militanted’unmouvement plus radical, avait tenu à rester dans le ghetto, où elle était membre du Judenrat, le conseil juif. Elle sera déportée au camp de Majdanek, et assassinée. Après la guerre, Wlodka Blit a retrouvé son père à Londres, où il était devenu journaliste. Ce qui rend leurs témoignages extraordinaires, c’est la manière dont leur histoire individuelle, incarnée, recoupe la grande Histoire, qu’il s’agisse de l’antisémitisme Les témoignages sont portés par les acteurs Marie Desgranges et Antoine Mathieu. VINCENT PONTET/WIKISPECTACLE polonais, de celui des Ukrainiens, auxiliaires zélés des nazis, ou du rôle de l’Union soviétique, « libératrice » pour le moins ambiguë. Du fait de l’engagement politique des parents de Wlodka, des acteurs historiques traversent leurs récits, à l’instar de Marek Edelman, qui fut l’un des leaders du soulèvement du ghetto. L’histoire de leur famille, constituée de religieux et delaïques, demilitants révolutionnaires et/ou sionistes et de petits industriels, forme aussi un tableau saisissant d’une identité juive plurielle et complexe. Restait à faire de ces témoignages – validés, sur le plan historique, par l’historien Tal Bruttmann, spécialiste de cette période – un vrai moment de théâtre. C’est absolument le cas dans Ceux qui restent, LescanularsvisuelsdeJoan Fontcuberta INGMAR BERGMAN DARK STAR © 1955 – 1957 – 1960 – 1966 – 1974 – 1978 AB SVENSK FILMINDUSTRI. Tous droits réservés. - Photo PERSONA : Bo Arne Vibenius. 7 FILMS SOURIRES D’UNE NUIT D’ÉTÉ • LES FRAISES SAUVAGES LE SEPTIÈME SCEAU • LA SOURCE • PERSONA SCÈNES DE LA VIE CONJUGALE • SONATE D’AUTOMNE VERSIONS RESTAURÉES INÉDITES ACTUELLEMENT AU CINÉMA ÉGALEMENT DISPONIBLES EN ET COLLECTOR - INCLUS UN LIVRET INÉDIT ET DES BONUS EXCLUSIFS - ET PROCHAINEMENT LE 29 AVRIL : SOURIRES D’UNE NUIT D’ÉTÉ • SCÈNES DE LA VIE CONJUGALE • SONATE D’AUTOMNE l’URSS a fait disparaître toute trace – à l’exception des indices rares enfermés sous vitrine. Il y a aussi cetteenquêteexclusivesurleterroriste Ben Laden, dont deux journalistes révèlent – journaux arabes à l’appui– qu’il s’agit en réalité d’un acteurdesérietélé,engagépourjustifier l’intervention en Afghanistan. Toutes ces histoires farfelues, aux mises en scène spectaculaires, tiendraient de la blague potache si l’auteur ne mettait un soin méticuleux à leur donner un vernis de véracité. L’artiste, qui a grandi dans la propagande franquiste, s’attaqueenréalitéàladimensionautoritaire des images qui sont notre lot quotidien: publications scientifiques, images médiatiques, discours religieux et même productions artistiques. « Je ne me réjouis pas à l’idée de tromper le spectateur, expliquel’artistequi sèmedes indices. Ce que je veux, c’est instiller une culture du soupçon qui se poursuive dans la vie réelle.» Riendansl’expositionn’esttotalement vrai ni totalement faux : ni les livres qu’il expose sous vitrine (ilssontbienécritsparunJoanFontcuberta, mais pas forcément celuilà), ni les portraits anciens accrochésdanslessalles(l’artisteyasubstitué ici son oreille, là son nez). Au spectateur de faire le tri. Ainsi concentrées, les séries de Fontcuberta perdent un peu de leur force subversive. D’ordinaire, Fontcuberta expose ses œuvres dans des lieux sans rapport avec l’art : le cosmonaute dans un musée d’astronomie, les animaux fabuleux dans des musées d’histoire naturelle. Résultat : les spectateurs s’y laissent prendre, les journalistes reprennent ces histoires sans recul,et l’ambassadede Russie protestedefaçonofficielle.Etlaréalité dépasse alors la fiction. p Claire Guillot Camouflages, 5-7, rue de Fourcy, Paris4e. De 4,50 ¤ à 8 ¤. Jusqu’au 16 mars. Fabienne Darge Ceux qui restent, paroles de Paul Felenbok et Wlodka Blit-Robertson. Conception et mise en scène : David Lescot. Dans le cadre du festival (Des) illusions, Montfort Théâtre, 106, rue Brancion, Paris 15e. Tél. : 01-56-08-33-88. A 17 heures ou 21 heures, jusqu’au 9 mars, puis du 19 au 23 mars. De 16 ¤ à 25 €.. Durée : 1 h 20. SÉLECTION LE MONDE Jour2fête présente FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE ROME CINEMAXXI 2013 Parce que j’étais peintre L’art rescapé des camps nazis un film de Christophe Cognet ACTUELLEMENT AU CINÉMA DESSIN : JOSEPH RICHTER / I l n’est pas si courant d’éclater de rire en visitant une exposition. Pas question de bouder son plaisir dans celle de Joan Fontcuberta, cet Espagnol qui, à la Maison européenne de la photographie, prend un malin plaisir, de salle en salle, à vous balader de canular en fiction. Dans les sous-sols voûtés du musée est exposée la recherche de savantsquiont découvertdes espèces disparues. Les documents, les articles de journaux, les photos scientifiques, attestent du sérieux de la démarche. Tout, sauf les animaux en question qui présentent une forte ressemblance avec… des centaures, des licornes et des griffons. A l’étage, les salles sont occupées par des scandales inédits: ainsil’histoired’uncosmonautesoviétique, dont la mission disparut corps et biens dans l’espace, et dont Le titre du spectacle prend alors tout son sens.Il y a ceux qui restent de cette histoire-là, et qui sont de jourenjourmoinsnombreux.Il ya ceux qui restent après eux, à qui il incombe maintenant de transmettre l’histoire. Et il y a la forme de médiation, sans recours à la fiction, que permet le théâtre, cet art qui, depuis toujours et par essence, fait revivre les morts. p “Un documentaire remarquable !” L’artiste espagnol dynamite avec humour la propagande des images Photographie spectacle d’une force et d’une intensité rares, qui montre le rôle spécifique que peut jouer le théâtre dans la transmission de cette histoire. Dans un dispositif minimal – un plateau nu, deux chaises –, les témoignages des deux survivants sontportéspardeuxacteursremarquables, Antoine Mathieu et Marie Desgranges. Ils sont plutôt jeunes, habillés de manière banale et actuelle. Ils n’« incarnent » pas les personnages de Paul et de Wlodka, qu’ils n’ont d’ailleurs pas rencontrés. Mais, au fil de la représentation, il se passe une chose stupéfiante: ils semblent se fondre dans lapersonnedontilsportentla parole. Ilssont devenuseux-mêmesdes témoins, qui témoignent pour les témoins. LA HUIT PRÉSENTE UN FILM RÉALISÉ PAR CHRISTOPHE COGNET ÉCRIT PAR CHRISTOPHE COGNET JEAN BRESCHAND PIERRE-FRANÇOIS MOREAU IMAGE NARA KEO KOSAL SON GRACIELA BARRAULT NICOLAS PATURLE BRUNO ELHINGER MONTAGE CATHERINE ZINS MONTAGE SON DIDIER CATTIN MIXAGE JEAN-MARC SCHICK PRODUCTEUR DÉLÉGUÉ STÉPHANE JOURDAIN PRODUCTEURS ASSOCIÉS GILLES LE MAO LAURENCE MILON CAROLINE HELBURG DIRECTION DE PRODUCTION FRED DUUEZ ALAIN BASTIDE ELSA BARTHÉLÉMY UNE COPRODUCTION FRANCO-ALLEMANDE EN COPRODUCTION AVEC AUGENSCHEIN FILMPRODUKTION JONAS KATZENSTEIN ET MAXIMILIAN LEO AVEC LA PARTICIPATION DU CENTRE NATIONAL DU CINÉMA ET DE L’IMAGE ANIMÉE DE LA FILMFÖRDERUNGSANSTALT DE LA KULTURELLE FILMFÖRDERUNG MECKLENBURG-VORPOMMERN DE LA FONDATION POUR LA MÉMOIRE DE LA SHOAH DE LA FONDATION ROTHSCHILD AVEC LE SOUTIEN DE L’ANGOA-AGICOA AVEC LE SUPPORT DU PROGRAMME MEDIA DE L’UNION EUROPÉENNE AVEC LE SOUTIEN DE EURIMAGES © LA HUIT / AUGENSCHEIN FILMPRODUKTION - 2013 12 0123 culture Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 La joie d’être de Jacques Schwarz-Bart Le musicien a présenté son dernier album, «Jazz Racine Haïti», au New Morning, à Paris Jazz G rand absent du Nouveau Dictionnaire du jazz (Laffont,2011),JacquesSchwarzBart(saxténor)estunedesmeilleures nouvelles du jazz au XXIe siècle. Conscience, science, souffle, vie, la leçondes Antilles.Sonoritéde messager des dieux, loyauté des rythmes, fureur incandescente, souplesse des mélodies jouées juste, juste la mélodie, capacité physique à rejoindre les sphères, tout concert de Jacques Schwarz-Bart dépasse de loin la musique. Cérémonie ? Oui, mais sans cérémonial.Avecson dernieralbumconsacré aux racines vaudou du jazz, JazzRacineHaïti(Motéma,Harmonia Mundi), Jacques Schwarz-Bart aggrave son cas. Alternant incantations, mélopées peinardes,suraigus aylériens, il présente un groupe exceptionnel avec bonne humeur, racontesa vie, son expérience, patine sur des plaisanteries douteuses, offre cette expérience de joie et de pensée qui dépasse de loin la musique. Le groupe ? Sensiblement différent de l’album,il réunit la superbe MoonlightBenjamin(chantet danse), le génial celte Alex Tassel au bugle, le divin Stéphane Kerecki à la contrebasse,Claude Saturne aux tambours vaudous (tout une histoire), Arnaud Dolmen (batterie de catégorie). Plus Grégory Privat et sa formidable présence au piano. Soit, sous ce déluge d’adjectifs hélas trop exacts, un mélange des âges, des couleurs, des tempéraments, propre à fonder un groupe à des années-lumière du talent dont on se contente. Pourquoi ? Parce que Jacques Schwarz-Bart : Jacques SchwarzBart en maître de cérémonie, en agitateur pince sans rire, en meneur de bande, employé corps et âme à la musique, et à faire que la musique sorte de soi. Il peut se faire que les critiques tiquent. Commesi cettecélébrationdes forces du vent, du tonnerre et de la lumière, du visible et de l’invisible, du vaudou pris au pied de la lettre, finissait par égayer. Simpleaboutissementprovisoire d’une quête ? Des années de MohamedBriouel: «Un rêve de mélomane» Le musicien et son ensemble vont jouer, au Théâtre de la Ville, la Nûba Al-Istihlâl en entier Entretien M ohamed Briouel, 60 ans, dirige l’Orchestre araboandalou de Fès. Vieille de dixsiècles, la musique arabo-andalouse est segmentée en nûbas (ou noubas), vingt-quatre à l’origine, onzeaujourd’hui,comportantchacune cinq mouvements. A l’invitation du Théâtre de la Ville à Paris, Mohamed Briouel et son ensemble s’apprêtent à réaliser une performance artistique et physique : jouer la Nûba Al-Istihlâl dans son entier, soit 7 h 40 de musique ininterrompue – deux pauses de quinze minutes cependant pour le confort des spectateurs. Un coup d’audace, une première mondiale, dit le violoniste fassi, rencontré à Paris. De mémoire de musicien contemporain, l’intégralité d’une nouba n’avait jamais été jouée en concert, même au Maroc ? Au New Morning, à Paris, avec la chanteuse Moonlight Benjamin, vendredi 7 mars. CHRISTIAN DUCASSE métier à New York, sans pitié pour le nouveau venu, créolophone qui plus est. Travail personnel sur les origines, le son, les formes, pour se rejoindre : Jazz Racine Haïti n’a rien d’une mixture, c’est bien pire. Les chansons vaudous lui viennent de la mère guadeloupéenne, Simone. Avec son meilleur sourire, saluant Simone à distance, Jacques Schwarz-Bart ose dire, à l’aube de la cinquantaine, qu’il est de ceux qui ont la chance de n’avoir pas réglé leur œdipe. Il chante donc sa voix à elle. Il ne se donne qu’une injonction: « Au lieu des stratégies d’écriture de mes précédents albums, se placer debout face à des chants que la musique charge de mystique, tels quels. Sans les altérer. » En un temps où les artistes se cassent la nénette en studio pour graver une vingtaine de prises de chaque thème, son disque est tricoté de huit « premières prises » et deux « deuxièmes». En scène, après une Contredanseaux faux airs de placidité furieuse, il ose : « En studio, franchement, ça aurait été une très bonne prise.» Où que se produise Jacques Schwarz-Bart, musicien philosophe, fils des écrivains résistants André et Simone Schwarz-Bart, Sonorité de messager des dieux, loyauté des rythmes, fureur incandescente, souplesse des mélodies jouées juste Christiane Taubira, garde les sceaux, au premier rang. Ensemble, beau couple, ils font la « une » de la revue Jazz News de mars. Leur dialogue sera un jour porté au théâtre. Au New Morning, affluence des grands soirs.Mme Farhi,sa fondatrice à la beauté intacte, veille sur une soirée dont elle sait, que comme trois cents autres, elle fera date. Public plus métissé que d’habitu- de. Elégances dont le jazz se prive bêtement. Le plus troublant, c’est ce luxe mâtiné de décontraction dont seul est capable Brother Jacques. Exactementcomme l’étaient tous ces ténors dont il semble le chaînon retrouvé, Sonny Rollins, Dexter Gordon, Pharoah Sanders, ArchieShepp.Ajoutons-y,pour faire bonne mesure, Coltrane et même Coleman Hawkins. Il y a dans le jeu de Jacques SchwarzBart une maturité, une conscience, une lucidité, une joie d’être qui peuvent tout atteindre. Le 16 janvier vers 6 h59, dans un TGV en partance pour Lyon, on lui a volé son ténor, les becs, les anches, le son et l’image secrète bien tapie dans l’étui. Un autre se serait fait sauter le caisson ou aurait rejoint sans un mot l’administration. L’administration, Jacques Schwarz-Bart, diplômé de Sciences Po, en vient. Le caisson ? Trop d’énergie vitale en lui, trop d’amour de la vie. Plus un aphorisme: « L’art, c’estla facultéde se relever. » Mme Taubira : « J’admire sa légèreté dans la vie. Au sens où il n’y a pas de pesanteur dans sa démarche. Il explore.» p Francis Marmande Non,c’estun événementhistorique, un rêve pour de nombreux amateurs, qui viendront d’ailleurs de Fès, de Rabat, de Tanger pour y assister. C’est un rêve de mélomane. En principe, au Maroc, on joue un seul mizân [un mouvement] et l’on passe à autre chose. L’Orchestre de Fès, qui a été créé par mon maître de musique, El Hadj Abdelkrim Rais [1912-1996], comporte en principe quinze musiciens ; nous serons huit à Paris – violons, rebab, oud, percussions, chant. Abdelkrim Rais, qui fut l’élève de Mohamed El Brihi, grand virtuose disparu en 1945, a été un novateur. Il a modifié les rythmes, rendu la musique araboandalouse, qui n’est pas dévotionnelle ni sacrée, plus accessible aux jeunes générations. Contrairement aux autres orchestres marocains, tels l’Ensemble Temsamani de Tétouan, dirigé par Amine El Akrami, ou celui de Rabat, aujourd’hui en sommeil faute de relève, nous n’utilisons pas d’instruments à vent, flûtes ou clarinettes. Cette musique est-elle toujours vivante au Maroc ? Bien sûr. D’ailleurs, beaucoup de Marocains connaissent les poèmes par cœur, les chantent. Parce que toutes ces musiques, le melhoun [genre populaire], les thèmes soufis, l’arabo-andalou, ont fait de Fès un creuset musical. Nous avons, au Conservatoire national de Fès, que je dirige, plus de six cent cinquante élèves, qui apprennent à la fois la musique classique occidentale, avec solfège et pratique d’instrument, et la musique traditionnelle. J’ai moi-même étudié aux conservatoires de Fès et de Rabat, et j’ai nourri un grand dessein, celui de transcrire les noubas en notation occidentale, alors qu’elles ont été transmises oralement depuis le XIe siècle. Il y avait vingtquatre noubas, onze ont traversé le temps, et j’ai entrepris d’en écrire les partitions. Pour le moment, j’ai publié la Nouba Grib’t Lahssine. Il faut trouver des fonds pour continuer. Il y a eu des essais de transcription pendant la période coloniale, par exemple par le compositeur Alexis Chottin. Il y a des archives sonores. En 1992, les onze noubas restantes ont été enregistrées intégralementet consignéesdans l’Anthologie Al Ala [un coffret de 73 CD, publié par le ministère de la culture marocain et la Maison des cultures du monde]. Les noubas ont-elles été composées par Zyriab, « le Merle Noir », un esclave affranchi d’origine persane, venu de Bagdad se fixer en 822 à Cordoue à la cour du souverain Omeyyade Abd al-Rahman II ? Il est sûr qu’il a joué un rôle, mais en arrivant en Espagne, il a évidemment trouvé une nouvelle civilisation,juive, occidentale, arabe. De même, en 1492, les expulsés du royaume andalou ont trouvé à Fèsunlieude culture,avecune université d’excellence, Quaraouiyine. La musique arabo-andalouse est une musique médiévale très proche de la musique occidentale, je peux d’ailleursla jouer au piano, ce qui est impossible avec la musique arabe qui pratique le quart de temps. J’ai enregistré en 1999 Cantigas du roi Alfonse X, avec Joel Cohen, qui dirigeait le Boston Camerata. J’ai vu alors à quel point cette musique « adorable» qui est la nôtre est un pont entre l’Occident et le monde arabe. p Propos recueillis par Véronique Mortaigne Orchestre andalou de Fès, dimanche 9 mars, à 15 heures. Théâtre de la Ville, 2, place du Châtelet, Paris 4e. 19 euros. Tél. : 01-42-74-22-77. Ouvrirla prisond’Angersà l’artcontemporain Les batailles culturelles des municipales 11/18 Ce lieu vétuste est partiellement classé Angers Envoyée spéciale S a présence massive, avec ses bâtiments en croix et sa porte d’entrée en forme de châtelet, s’imposent au cœur de la ville et pourtant, ses portes sont fermées aux Angevins. Sauf aux repris de justice. La prison d’Angers, inscrite partiellement au titre des Monuments historiques, construite au milieuduXIXe siècle,pourraitbientôt s’ouvrir au public. Notamment aux amateurs d’art contemporain. C’esten tout cas le souhait de Christophe Béchu, sénateur UMP, président du conseil général de Maineet-Loire et candidat aux municipalesface aumaire(PS)sortant,Frédéric Béatse. Il voudrait profiter d’un déménagement prochain des prisonniers vers un lieu moins insalubre pour faire de cet endroit « un espace ouvert à la création contemporaine sous toutes ses formes». Estimant que le « rayonnement culturel » de la cité angevine, connue pour son festival de courtsmétrages Premiers plans, « ne correspondpas»àladensitédepopulation de l’agglomération (280 000 habitants), le candidat défend avec ferveurce projet qui,dit-il,pourrait «réveiller la ville». S’il est conscient, lui aussi, de la nécessité de dynamiserl’offreculturelled’Angers,Frédéric Béatse ironise face aux propositions de son concurrent qu’il juge « irréalistes» financièrement. « De quelles sommes disposera-t-il pour accrocher des œuvres dedans ? » interroge-t-il, sans pour autant avancer de pistes pour le devenir de la prison. Et, pour enrichir l’offre artistiquedelaville,ditmener«des discussions avec Beaubourg» pour inscrire Angers dans le cadre des expositions itinérantesde l’établissement parisien. «Installeruncentred’artcontemporainpermettraitdelimiterlestravaux a minima », défend Christophe Béchu, qui estime même qu’une certaine vétusté devrait êtregardéeafinde«jouerlecontraste»avecl’artmoderne.«Cettetransformation d’un centre d’enfermement, de privation de liberté en un lieu de transfert des savoirs, ouvert sur la ville et la création, serait un fantastique symbole», s’emballe le sénateur, qui a imaginé ce projet avec Alain Fouquet, son colistier chargé de la culture. Nonclassé, le haut mur de pierre de10mètresdehautquiceintlaprison,situéeaucœurduquartierPasteur, seraitabattu, afin de désenclaver le bâtiment et permettre un accès direct depuis la rue ou le jardindesplantesattenant.Delastructure en croix du bâtiment, le candidat entend tirer parti en attribuant à chaque aile une spécificité, la première étant dévolue aux « cultures De la structure en croix du bâtiment, le candidat UMP entend tirer parti en attribuant à chaque aile une spécificité urbaines,auhip-hop»,ladeuxième aux « arts picturaux», et la troisièmetransforméeen«lieuderésidence pour artistes». Les anciennes cellules devenant des ateliers. Christophe Béchu dit avoir été inspirépardes initiativesdumême ordre menées «au Brésil et en Tchéquie». C’est toutefois en Uruguay, à la prison de Miguelete située en plein centre de Montevideo, que l’ontrouveunexempledetransfor- mation d’un lieu carcéral en centre d’art proche du projet défendu par lesénateur:depuis2010,lesanciennes cellules de la plus ancienne prison d’Uruguay accueillent tableaux, installations artistiques et performances d’artistes uruguayens et étrangers en résidence. Suspendu aux résultats des municipales, le projet de Christophe Béchu ne pourra être réalisé qu’avecl’avalduministèredelajustice. Dénoncée pour son insalubrité, sa surpopulationet sa vétusté, la maison d’arrêt fait l’objet depuis plusieurs mois de discussions entre les élus locaux et la garde des sceaux. Christiane Taubira avait souhaité, dans un premier temps, une rénovation des lieux (coût estimé à 500 000 euros), avant de se montrer sensible aux arguments des élus qui penchent pour la construction d’une nouvelle prison. Celle-ci pourrait voir le jour à Trélazé. Une expertise a été menée au début de l’année. La décision devrait être rendue prochainement. p Sylvie Kerviel Prochaine article : le Musée des beauxarts de Reims 0123 culture & styles Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 BibiTangafait écho aux turbulencescentrafricaines Le chanteur et musicien né à Bangui sort un nouvel album, «Now», écrit en partie en sango Musique du monde U n cousin musulman qui s’était réfugié en Israël, où les Centrafricains peuvent se rendre sans visa, vient de rejoindre Madrid. Des membres de ma familleayantfui leursmaisonsbrûlées commencent à rentrer chez eux. » Vendredi 7 mars, à 8 heures, Bibi Tanga nous téléphone de son domicile parisien pour donner des nouvellesde son pays,la Centrafrique. Juste un peu plus rassurantes qu’il y a encore quelques semaines, dit-il. « On est en période de reconstruction », poursuit le musicien, chanteur et bassiste. S’il ne participe pas au concert de solidarité avec la Centrafrique, organisé à Paris, lundi 10 mars (un peu surpris, nous avoue-t-il, qu’il n’y ait pas eu de suite, après une première démarche dans sa direction), il espère aller là-bas courant mai pour organiser des choses avec des collègues déjà sur place. A Bangui, où Bienvenu Tanga (que tout le monde appelle Bibi) est né le 19 septembre 1969, passent déjà les titres en langue sango de son nouvel album, Now. Dans ses disques, révélant son appétit pour le groove funky et la soul (il se dit fan de George Clinton, James Brown, Curtis Mayfield…),Bibi Tanga mélange les langues, français, anglais et… sango. Ce cinquième album révèle l’attachement à sa terre natale de l’élégant et souriant Parisien. « Je remercie ma famille en France, en Angleterre,aux Etats-Unisd’Amérique et surtout à Bangui,en République centrafricaine. Que la paix s’y installe durablement ! », écrit-il dans les notes de pochette. Il compte quatre chansons écrites dans sa langue maternelle. Le chanteur y insuffle davantage de groove, de rythmes d’Afrique, que dans les précédents disques, notamment le monteguene, un rythme dansant joué dans la Œnologie Négociant et producteur du Sancerrois depuis vingt ans, Pascal Jolivet a su très tôt marquer sa différence. Ses vins sont à son image, souples, tendres mais aussi capables d’exploser Pascal Jolivet, des vins sains et fougueux région de la Lobaye, au sud-ouest du pays. « J’avais besoin de ressortir un peu plus cette musique qui m’a bercé. Du fait de l’éloignement, sans doute », raconte-t-il. S’il vit à Paris,après unepériodetrès nomade pendant son enfance, au gré des affectations de son père, diplomate (sa mère, elle, était sage-femme), Bibi Tanga n’a jamais coupé les ponts avec sa terre. Il y retournait régulièrement jusqu’à il y a deux ans et les premiers signes annonçant la tragédie à venir. Les paroles de certaines chansonsde Nowsemblentdirectement faire écho aux turbulences dramatiques que vient de connaître la Centrafrique. « Du sang d’enfance sur la conscience, la tristesse S’il vit à Paris, Bibi Tanga n’a jamais coupé les ponts avec sa terre s’est emparée du pays », écrit Bibi Tanga dans Ngombe (« arme à feu»).«A traverscette chansons’exprimetoute latensionque je ressentais au téléphone, l’année dernière, quand j’appelais mes cousins et mes cousines. Je sentais dans leur voix qu’ils me mentaient en essayant de nous rassurer. On connaît les voix de nos proches. La couleur de l’air avait changé. » p Pascal Jolivet possède 40 hectares, plantés en sauvignon, sur lesquels il produit des sancerres et des pouillys fumés. DROLETT/FREDERICK WILDMAN AND SONS Sancerre (Cher) Envoyée spéciale P les jours que des parcelles se vendent », lance ce personnage atypiquedu mondeduvin. Ni bourgeois ni conventionnel, ce type du terroir est toujours à l’affût des beaux morceaux de terre, comme celui duRoc,surunsoldesilex,sadernièreacquisition,prometteuse:« Lorsque j’ai commencé à faire du vin, il y a vingt ans, j’ai compris que je devais me différencier de ceux qui étaientlà avantmoi. C’estdonc passé par une vinification naturelle dès le début. Depuis, notre seul intrant dans le vin reste le soufre, et encore, de manière très modérée.» Du coup, ses vins sont très sains, maisdugenrefougueux,àsurprendre, à exploser, avec personnalité et identité. Les cuisiniers les adorent et on les retrouve, bien répartis, dans les cartes de restaurant aussi bien en France (comme chez Serge Vieira, à Chaudes-Aigues dans le Cantal, un deux-étoiles Michelin hautement recommandable) qu’à l’étranger (Jolivet exporte 70 % de sa production). C’est d’ailleurs chez son importateur au Cambodge qu’il vient de trouver sa dernière recrue pour s’occuper de la distribution internationale, Anne Bouche, 25 ans, qui parle plusieurs langues et possèdedéjà des expériencesdans plusieurs pays. C’est que Pascal Jolivet, doté d’une réactivité sans failles, sait saisir les occasions au vol. Comme ses vins, qui rebondis- sent de notes florales en notes épicées. Son premier œnologue, « probio », Jean-Luc Soty, est resté vingtans à ses côtés, avant de partir à l’été 2013 – Pascal Jolivet en a pleuré. Mais il n’est pas de ceux qui se morfondent longtemps. Il rencontre vite sa nouvelle œnologue, Valentina Buso, une jeune Italienne passée notamment par des vinifications au Chili après avoir obtenu son diplôme à Montpellier. çoit le caractère humain, tant ils sont à la fois souples et tendres. Pour aller plus loin, Yannick Cadiou, qui a passé son enfance dans la campagne de la Loire, poursuit un travail rigoureux en culture biologique. « Ce qui m’intéresse,explique-t-il,c’estqueValentinatravailleen levuresindigènesqui sont naturellement présentes dans les raisins que je contribue à cultiver. La plupart des œnologues sont stressés. Ils craignent que les choses s’emballent, leur échappent. Alors, ils utilisent des enzymes,des levures de compétition, etc. Je trouve ça dommage en général d’avoir peur de la rencontre, de l’inattendu ou de sortirducadre.C’estpourtantenrestant ouvert que le meilleur arrive ; Valentina l’a compris.» Un discours original pour ce scientifique qui ressent la nature comme personne. Le fils de Pascal, Clément, 25 ans et les bonnes couleurs aux joues de celui qui vit dehors, écoute ce discours peu conventionnel avec joie. Il arrive tout juste d’une journée de taille passée chez un voisin vigneron. «C’estbienpourluiqu’ilfassesapropre expérience avant de venir au domaine! », lance Pascal Jolivet, de la fierté dans la voix. p GALERIE SUZANNE TARASIÈVE our comprendre les vins de Pascal Jolivet, il faut trouver une porte d’accès au personnagequi sort vraiment des sentiers battus.Pas toujours facilede suivre ce genre d’esprit libre, qui n’en fait qu’à sa tête. A l’école, quand il a 6 ans et qu’on lui demande ce qu’il veut faire plus tard, il écrit pourtant déjà sur sa copie : « négociant en vins ». Déterminé, le garçon. C’est qu’il est souvent avec son grand-père qui a pignon sur la rue de la Gare, à Cosne-sur-Loire (Nièvre), où il a créé son affaire de négoce en 1926. Les Jolivet sont du cru, mais ne possèdent pas de vignes. Après des études de commerce – et non d’œnologie – Pascal Jolivet travaille chez Pommery, en Champagne, avant de revenir parmi les siens, où il est le seul dans la région à être 100 % négociant. Mais, dit-il, «mon objectifest d’êtrele plus indépendant possible, et cela ne peut passer que par la propriété». En 1993, il a la possibilité d’acheter sa première vigne, magnifiquement exposée sur Bué, « La plante des prés». Aujourd’hui, il possède 40 hectares, plantés en sauvignon, répartis sur plusieurs terroirs de ce vignoble du Sancerrois et produit des sancerres et des pouillys fumés. « J’aimerais aller jusqu’à 60 hectares, mais ce n’est pas tous te: celle d’un réenchantement perplexe du monde. p Gastronomie Chaque mois, le père de Salvatore Rotiroti envoie origan sauvage, figues, câpres… Patrick Labesse Now 1 CD Jazz Village – Harmonia Mundi, sortie le 11 mars. En concert le 31 mai, festival Jazz sous les pommiers, à Coutances (Manche). Concert solidarité avec la Centrafrique, 10 mars, 20 h 30, Théâtre de la Ville, 2, place du Châtelet, Paris 4e. Avec Ray Lema, Youssou N’Dour, Bonga, Lokua Kanza, So Kalmery, Idylle Mamba… Tarif unique : 20 ¤. La totalité de la recette sera versée au profit de la reconstruction de l’Espace Linga Téré de Bangui. Tél. : 01-42-74-22-77. GALERIE Romain Bernini Galerie Suzanne Tarasiève Comme tout temple qui se respecte, celui de Romain Bernini se cache sous une prolifération végétale. Il faut affronter, donc, une forêt dense de toiles, pour rencontrer ensuite les grands prêtres de ce culte païen. Des quidams arrachés au quotidien, mais affublés de masques en tout genre, dogons ou mélanésiens, dont on peut espérer qu’ils les dotent de pouvoirs extraordinaires. Mais rien n’est moins sûr… Saisis dans une nature qui semble prendre l’eau, comme l’évoquent les coulures superbes des pigments, perdus dans un univers aux couleurs précieuses qui menace doucement, ces êtres nous regardent, bien que leurs yeux échappent. Ils confirment que le jeune peintre français a trouvé une voie infiniment originale et troublan- 13 « Sans titre », (2014). Emmanuelle Lequeux Galerie Suzanne Tarasiève, 7, rue Pastourelle, Paris 3e. Tél. 01-42-71-76-54. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 15 mars. www.suzanne-tarasieve.com DISPARITION Mortdu cinéaste Jean-LouisBertuccelli Le cinéaste Jean-Louis Bertucelli, réalisateur de Docteur Françoise Gailland, est décédé jeudi 6 mars à l’âge de 71 ans. En 1970, Jean-Louis Bertuccelli avait reçu le prix Jean Vigo pour son premier film, Remparts d’argile, qui avait représenté la France aux Oscars l’année suivante. Il est l’auteur de sept longs-métrages. En 1976, il avait offert un de ses plus beaux rôles à Annie Girardot dans Docteur Françoise Gailland, d’après Un cri, un roman de Noëlle Loriot (Grasset, 1974). La comédienne avait reçu le César de la meilleure actrice pour ce film – qui rencontra un grand succès public –, dans lequel elle jouait une femme médecin luttant contre le cancer aux côtés d’Isabelle Huppert, François Perrier et Jean-Pierre Cassel. Cinéaste engagé et attachant, Jean-Louis Bertuccelli était le père de la cinéaste Julie Bertuccelli, dont le nouveau film, La Cour de Babel, sortira en salles mercredi 12mars. p Franck Nouchi n Sur Lemonde.fr : lire la nécrologie «Je trouve ça dommage d’avoir peur de la rencontre, de l’inattendu» Pascal Jolivet Apeinearrivée,la voilàà vinifier le millésime 2013. Le résultat? Une bombe! « Je lui ai donné les clés et l’ai laissée libre », explique Pascal Jolivet. Avec Valentina et Yannick (Cadiou, le régisseur du vignoble), ils forment un trio soudé, dans lequel la communication est fluide. Il est rare qu’un homme des vignes goûte les vins avec l’œnologue ; rare qu’une œnologue passe du temps dans les vignes. Les gestes fournis aux ceps se traduisent dans le goût du vin : une évidence énorme que tant nient. Ce lien est la clé des saveurs desvinsdePascalJolivet.Onenper- Laure Gasparotto Domaine Pascal Jolivet, route de Chavignol, Sancerre. Tél. : 02-48-78-60-00. Pascal-jolivet.com Unepizza du Brigand,toutela Calabreà Paris L a meilleure pizza de Paris ? Vous la dégusterez chez Il Brigante, rue du Ruisseau, dans le 18e arrondissement. Avec ses bancs en bois, ses chaises de jardin etsonplafondbas,lerestaurantest, pour le moins, inconfortable, mais l’ambiance y est unique, autour de son patron, barbu comme Garibaldi, dont la photo de l’arrière-grandpère trône au-dessus du four à pizzas,àcôtédesstatuettesdela Madone et de Padre Pio… Né en 1977 à Cardinale (Calabre), SalvatoreRotirotiapassésonenfance entre deux volcans, l’Etna et le Stromboli. Une terre de feu, propice aux caractères les plus trempés, où l’on continue à lire dans les entrailles du cochon comme les Romains le faisaient, il y a plus de deux mille ans… En 2007, il s’est installé à Paris, où, appliquant la devise de Voltaire, il a décidé d’être heureux, « car c’est bon pour la santé ». De sa Calabre natale, qui a façonné son imaginaire,ilsaitrestituerlalumière et le goût sauvage à travers ses sublimes pizzas, tendres et croustillantes à la fois, dont il prépare la pâte trente-six heures à l’avance avec de la farine des Pouilles, de l’eau, du sel et une goutte d’huile d’olive… de Calabre. « Il faut écouter la pâte » Dans cette région aride, le pain a toujoursétésacré.Danscertainsvillages, sa cuisson demeure un rituel mystérieux, imprégné de traditions païennes, au cours duquel les femmes murmurent des formules et font des gestes censés repousser le mal et favoriser la réussite du pain. Pour Salvatore, qui a hérité de ce savoir-faire, la pizza est un art de vivre : « Il faut écouter la pâte, lui parler, sentir la vie qui est en elle et, pour ça, mieux vaut être calabrais!», dit-il en riant. Debout,faceàl’entréedesonrestaurant, le maestro étire et étale ses pâtes avec toujours le même plaisir, car, pourlui, chaque jourest différent.Avantde mettreau four,Salvatore ajoute les plus beaux produits, ceux que son père lui envoie de Calabre chaque mois : origan sauvage, noisettes, aubergines, figues, bergamote, pousses de brocolis sauvages, anchois, câpres, joue de porc, sans oublier l’exceptionnellenduja, une spécialitécalabraise à base de viande de porc fumée, de poivron et de piment. Quelques grammes de cette purée maison suffisent à relever n’importe quelle pizza et à lui don- neruneénergiefabuleuse!Ainsien est-ildelacélèbre« Brigante»,composéedecoulisdetomate,fiordilatte (mozzarella crémeuse), poivrons noirs grillés (marinés, épépinés et pelés), oignon rouge, origan sauvage, huile d’olive, mozzarella fumée et nduja… Une merveille proposée à 15 euros et dédiée à l’une des femmes que Salvatore admire, la brigante Michelina Di Cesare (1841-1868). «La cuisson de la pizza ne doit pas durer plus de trois minutes. Pour cela, le four doit être très chaud. Quand je trouverai un four à bois,àParis,là,vousverrez,onpassera à l’étape supérieure!» p Emmanuel Tresmontant Il Brigante, 14, rue du Ruisseau, Paris 18e. Tél. : 01-44-92-72-15. Du lundi au samedi de 12 heures à 14 h 30 et de 19 h 30 à 23 h 30. 14 0123 disparitions & carnet Ancien magistrat Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 AU CARNET DU «MONDE» Nous, Yaël Fogiel, Laetitia Gonzalez Et toute l’équipe des Films du Poisson, M. et Mme Patrick Faure, M. et Mme Philippe Faure, ses enfants, Mme Josiane Laporte, sa compagne, Sophie et Isabelle, Véronique, Florence et Patrick, ses petits-enfants Et toute sa famille, sommes terriblement tristes d’apprendre le décès prématuré de ont la grande tristesse de faire part du décès de Jean-Louis BERTUCCELLI. Maurice FAURE, Décès Jean-Pierre Dintilhac Grand réalisateur, magnifique personne, merveilleux père, grand-père et ami, Jean-Louis va nous manquer. Pour Julie, Emma, Darius et Angèle, ainsi que tous les proches, nos pensées les plus chaleureuses. Ses amis de Cine Art ont l’infinie tristesse d’annoncer le décès, survenu le 5 mars 2014, à Metz, de René CAHEN, vice-président de la Ligue de l’enseignement de la Moselle, membre fondateur et vice président du Cercle Jean Macé de Metz, militant de la Ligue des Droits de l’homme, membre fondateur et programmateur du festival du Cinéma arabe de Fameck, chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres, homme de courage et de conviction. Charlotte Dinnematin-Dukat, sa fille, Dominique et Gilles Dinnematin, sa sœur et son frère, Lucie Dukat, la maman de Charlotte Et toute la famille, En 1998. THOMAS COEX/AFP I l avait choisi la magistrature «un peu par hasardet par facilité », disait-il. Jean-Pierre Dintilhac, qui fut l’un des plus hauts magistrats de France, est mort jeudi 6 mars à Paris. Il avait 70 ans. La garde des sceaux, Christiane Taubira, a salué « un homme de conviction et un magistrat qui a toujours défendu l’indépendance du parquet ». Le Syndicat de la magistrature, dont il était adhé15 mars 1943 Naissance à Paris 1973 Entre dans la magistrature 1998-2002 Procureur de Paris 2002-2008 Cour de cassation 6 mars 2014 Mort à Paris rent, a rendu hommage à son « indépendance d’esprit qui l’a amené à prendre des positions progressistes, avant-gardistes, dans des domaines aussi divers que la corruption ou la législation sur les produits stupéfiants ». Chargé en 2007 d’un rapport sur l’évaluation et l’indemnisation des préjudices corporels, il a donné son nom à la « nomenclature Dintilhac », désormais référence judiciaire en la matière. Fils de magistrat et petit-fils de notaire, Jean-Pierre Dintilhac, né le 15 mars 1943 à Paris, avait un temps caressé l’idée de suivre la voie de son grand-père. Finalement, il avait choisi la carrière de magistrat « parce que la vie professionnelle était assurée, alors que pour devenir notaire il fallait acheter une étude, ce qui coûtait cher », avait-il confié dans l’ouvrage Rendez-nous la justice. Un haut magistrat parle (Jacob-Duvernet, 2006). Pourtant, c’est lors d’un stage d’été, dans l’étude du notaire qui avait succédé à son grand-père, qu’il avait découvert la force du droit, « en tentant notamment de réconcilier deux paysans pour un échange de terres à l’occasion d’un remembrement», se souvenait-il. Sorti de l’Ecole nationale de la magistrature en 1973, il avait commencé sa carrière comme substitut au parquet de Melun. Son parcours l’a ensuite mené de la direction de l’administration pénitentiaire (1988-1990) jusqu’à la Cour de cassation (2002-2008), en passant par la direction du cabinet du ministre socialiste de la justice Henri Nallet (1990-1991), la Direction générale de la gendarmerie nationale(1991-1993) et la fonction de procureur de la République de Paris (1998-2002). C’est à ce poste, l’un des plus prestigieux de la magistrature, que Jean-Pierre Dintilhac a dû traiterquelquesaffairessensibles.Ainsi, en 2001, il avait requis l’audi- ont le chagrin de faire part du décès de tion commetémoin assistédu présidentde la Républiqued’alors, Jacques Chirac, dans une affaire de marchéspublicsde larégion Ile-deFrance qui mettait en cause le RPR, et dans une autre qui concernait le paiement en liquide de voyages de la famille du chef de l’Etat. Dans son réquisitoire, l’homme deloi se fondaitsur uneaffaire précédente au cours de laquelle l’exprésident Valéry Giscard d’Estaing avait été entendu comme témoin. Selon lui, rien n’interdisait en droit l’audition du chef de l’Etat. M. Dintilhac n’avait pas été suivi par sa hiérarchie et, à la suite de ce réquisitoire, la Cour de cassation avait rendu un arrêt qui fait aujourd’hui jurisprudence sur le statut légal du chef de l’Etat. Quoique délicat, cet épisode n’était pas forcément celui qui l’avait le plus marqué comme chef du parquet de Paris. Confronté dès son installation à l’affaire Elf, dans laquelle Roland Dumas, qui présidait le Conseil constitutionnel, était mis en cause, Jean-Pierre Dintilhac avait alors senti à quel point la presse et les responsables politiques « attendaient avec intérêt » ses décisions, glissait-il dans un doux euphémisme. Parfois à contre-courant L’indépendance de Jean-Pierre Dintilhac ne se négociait pas. Non seulement à l’égard du pouvoir politique, mais également vis-àvis de ses collègues et de ses camaradesdu Syndicatdela magistrature. Il pouvait aller à contre-courant des siens et défendre des positions jugées iconoclastes. Ainsi au sujet de la suppression du juge d’instruction, à laquelle nombre de magistrats sont résolument opposés. Jean-Pierre Dintilhac, qui militait pour l’indépendance du parquet, était partisan de la suppression du juge d’instruction. Il avait acquis cette conviction en 1989, à l’occasion des travaux de la commission « Justice pénale et droits de l’homme » que présidait l’universitaire Mireille Delmas-Marty. Selon lui, il fallaiten finir avec le juged’instructionet confierla totalité des enquêtes aux magistrats du parquet dont l’autorité sur les enquêtes pénales serait soumise au contrôle d’une chambre collégiale de l’instruction. A ses yeux, la réforme du statut du parquet était la clé de la réforme de la justice. « Les liens entre le parquet et le ministère de la justice, affirmait-il, doivent être reconsidérés. » Il était convaincu que si cette réforme n’avait pas été entreprise, « c’est parce qu’elle aboutissait à réduire le pouvoir du gouvernement sur la justice ». p Yves Bordenave Seymour DINNEMATIN, journaliste, le mardi 4 mars 2014, à l’âge de soixante-six ans. On se recueillera à la chambre funéraire de l’hôpital Sainte-Périne, le mardi 11 mars, à 11 h 15, au 45, rue Mirabeau, Paris 16e, puis à 14 heures, au cimetière d’Epône (Yvelines). Cet avis tient lieu de faire-part. Marianne et Frédéric, ses enfants, Antoine et Vladimir, ses petits-enfants, Valérie, sa nièce, leurs conjoints et amis, Jean-Pierre, Martine, Christophe, Ses petits-neveux, Ses arrière-petits-neveux Et toute la famille, ont la tristesse de faire part du décès de Hélène ESTENE, née HARBON, survenu le mercredi 5 mars 2014, dans sa quatre-vingt-huitième année. Elle rejoint son époux bien aimé, Georges ESTENE, décédé le 21 juin 2004. Les obsèques auront lieu le lundi 10 mars, à 14 h 30, au cimetière du PèreLachaise, Paris 20e. Ni fleurs ni couronnes. La famille tient à remercier toutes celles et tous ceux qui l’ont soignée et accompagnée. 8, rampe des Saleurs, 06600 Antibes. 185, rue Ordener, 75018 Paris. Le médecin général inspecteur (2S) Léon Garréta, son époux, Anne et Dominique Garréta, ses enfants, Adrian et Carol Anne, ses petits-enfants et leur maman, Virginia Vander Jagt, Pierre et Marie-Reine Garréta, son beau-frère et sa belle-sœur, Les familles Garréta et Gavagnach, Ses amis Et ses proches, font part du rappel à Dieu de Marcelle GARRÉTA, née RENAUD, pharmacien-biologiste, le 6 mars 2014, à Paris. Une messe sera célébrée le mardi 11 mars, à 10 h 30, en l’église SaintLambert de Vaugirard, Paris 15e. L’inhumation aura lieu le même jour, dans le caveau familial, à l’issue d’une bénédiction en l’église de Villargoix (Côte-d’Or), à 16 h 30. 13, rue François-Villon, 75015 Paris. ancien ministre, ancien député - maire de Cahors, ancien sénateur du Lot, ancien président du conseil général du Lot, ancien membre du Conseil constitutionnel, ancien président du Parti Radical, commandeur de la Légion d’honneur, Le jeudi 27 février 2014, Yvonne KÉREL PAGLIANI, s’est endormie pour toujours. Une cérémonie aura lieu le lundi 10 mars, à 15 heures, au funérarium de Montreuil-sous-Bois, 32, avenue JeanMoulin. Le jeudi 13 mars, à 15 h 30, elle rejoindra ses parents, au cimetière de Squiffiec, en Bretagne. Pagliani, 44, rue Saint-Antoine, 75004 Paris. L’Association psychanalytique de France Maurice Faure a été cosignataire pour la France du traité de Rome (1957). a la tristesse d’annoncer du décès du L’inhumation aura lieu dans l’intimité familiale, au cimetière de Saint-Pierre de Chignac (Dordogne). Une messe de souvenir sera dite à Paris ultérieurement. 18, quai de Béthune, 75004 Paris. 22, quai de Béthune, 75004 Paris. 115, rue des Cadourques, 46000 Cahors. (Le Monde du 8 mars.) M. Pierre-Henri Gourgeon et Mme, M. Henri Sala et Mme Michèle Gourgeon, M. Hervé Gourgeon, ses enfants, Ses sept petits-enfants, Ses onze arrière-petits-enfants, Sa famille Et ses nombreux amis, ont la douleur de faire part du décès de Mme Henri GOURGEON, née Hélène DELZIANI, survenu le 5 mars 2014, dans sa quatre-vingt-quinzième année. Ses obsèques auront lieu le mardi 11 mars, au cimetière du Montparnasse, où l’on se réunira à l’entrée principale, 3, boulevard Edgar-Quinet, Paris 14 e, à 11 h 30. Cet avis tient lieu de faire-part. Ses élèves ont la tristesse de faire part du décès de M. René GOURGON, professeur des Universités, praticien hospitalier, survenu le 5 mars 2014. Chef du service de cardiologie des hôpitaux Bichat et Beaujon, à Paris et à Clichy, professeur à l’université ParisDiderot, il fut un « Maître » de la cardiologie, aimé et unanimement respecté. Saint-Gildas-de-Rhuys (Morbihan). Nantes (Loire-Atlantique). Jean-Pierre Le Bihan, Françoise Le Bihan et Catherine Pinder, née Le Bihan, ses enfants, François Arradon, son gendre, François-Xavier, Pascale, Stéphanie, Marianne, Glenn et Yannis, ses petits-enfants et leurs conjoints, Pierre-François, Cécile, Hélène, Lili, Tom, Antoine, Marion, Megan, Elise, Selenn, Alexandre, Loïk et Charlie, ses arrière-petits-enfants et leurs conjoints, Manon, son arrière-arrière-petite-fille, ont la tristesse de faire part du décès de M. Pierre LE BIHAN, veuf de Yvonne MONNIER et Erika SCHUHSL, survenu à Vannes, le 6 mars 2014. Il aurait eu cent ans le 28 mai. La cérémonie religieuse sera célébrée le mercredi 12 mars, à 14 h 30, en l’abbatiale de Saint-Gildas-de-Rhuys, suivie de la crémation au Parc mémorial Plescop. Notre père repose en la chambre funéraire de Sarzeau. K En kiosque Sa sœur, Ses enfants, Ses cinq petits-enfants Et ses cinq arrière-petits-enfants. survenu le jeudi 6 mars 2014, dans sa quatre-vingt-treizième année. La cérémonie religieuse sera célébrée dans la cathédrale de Cahors (Lot), le lundi 10 mars, à 10 heures. en vente actuellement docteur Jean LOSSERAND, Hors-série survenu le 5 mars 2014. Sa présence créative et son engagement analytique ont marqué ceux qui l’ont rencontré. Les membres de l’APF adressent à sa famille et à ses proches leurs sincères condoléances. Edith et Daniel, ses enfants Et toute sa famille, ont la tristesse d’annoncer le décès de Roger PAYOT, agrégé de philosophie, Hors-série survenu à Lyon, le 25 février 2014. L’inhumation a eu lieu à Menglon (Drôme), où repose son épouse, Suzanne, décédée le 3 décembre 2011. 87, rue du Général-Conrad, 67000 Strasbourg. Collections ------------------------------------------------------0123 Tous les amis de Alain RESNAIS, pourront se retrouver autour de Sabine Azéma et de Camille Bordes-Resnais, en l’église Saint-Vincent-de-Paul, place Franz-Liszt, Paris 10 e, pour lui rendre un dernier hommage, le lundi 10 mars 2014, à 10 h 30. L’inhumation aura lieu au cimetière du Montparnasse, Paris 14 e , après la cérémonie. Dès jeudi 6 mars, le volume n° 7 LA GRÈCE CLASSIQUE Fleurs blanches. (Le Monde du 4 mars.) Anniversaires de décès Il y a vingt-quatre ans, les 3 et 11 mars 1990, Hélène BLOCHE et Anne-Marie BLOCHE-JALOUNEIX nous quittaient. Les années passent et pourtant elles restent si présentes à travers nous, nos mémoires et nos souvenirs partagés. Le 10 mars 2012, Michel LAGRAVE Actuellement en kiosque le CD-livret n° 15 C’EST COMMENT QU’ON FREINE Le Musée du nous quittait. Que ceux qui l’ont connu et aimé aient une pensée pour lui. Souvenirs Sa femme, Ses frères et sœurs, rappellent au souvenir de ceux qui l’ont connu, aimé Michel CROISET, assistant de mathématiques à Paris IX-Dauphine, mort le 10 mars 1974, cinq jours après ses bébés, Emmanuelle et Chloé. « Notre vie tu l’as faite elle est ensevelie - Aurore d’une ville un beau matin de mai - Sur laquelle la terre a refermé son poing. » Eluard. Une pensée pour Richard ROUD, 1949 - 1979, fondateur du New-York Film Festival en 1963, son directeur pendant vingt-cinq saisons consécutives, auteur américain des premières biographies de Jean-Luc Godart, Les Straub, Henri Langlois et de François Truffaut (celle-ci inédite encore à ce jour). Dès vendredi 7 mars, le volume n° 23 LA SOURCE de Jean Auguste Dominique Ingres Nos services -------------------------------------------------------------Lecteurs K Abonnements Tél. : 32-89 (0,34 � TTC/min) www.lemonde.fr/abojournal K Boutique du Monde 80, boulevard Auguste-Blanqui, 75013 Paris M° Glacière ou Corvisart Tél. : 01-57-28-29-85 www.lemonde.fr/boutique K Le Carnet du Monde Tél. : 01-57-28-28-28 Professionnels K Service des ventes Tél. : 0-805-05-01-47 0123 météo & jeux Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 < -5° 0 à 5° -5 à 0° 5 à 10° Dimanche 9 mars 2014 Conditions printanières H 20 km/h 7 16 40 km/h Lille D www.meteonews.fr 4 19 5 19 Rennes 1005 1 17 990 7 19 T2 Poitiers 6 21 Limoges Clermont-Ferrand 2 18 6 18 30 km/h 2 18 Biarritz 11 21 6 17 5 18 Françoise Coeff. de marée 47 Dimanche, des hautes pressions protégeront à nouveau la France des perturbations. Elles permettront au soleil de briller généreusement sur tout le pays. Seuls quelques bancs de brouillard pourront localement se manifester le matin, mais ils ne seront pas tenaces et se dissiperont rapidement en journée. Ce beau temps s'accompagnera également de températures printanières, proches de 20 degrés par endroit l'après-midi. Jours suivants Mardi Nord-Ouest Ile-de-France Nord-Est Sud-Ouest Sud-Est Ajaccio 20 km/h 6 17 Lever 12h03 Coucher 02h51 Lundi 3 16 5 13 3 17 4 19 1 15 2 16 3 21 4 17 4 18 6 18 Mercredi Jeudi 6 15 5 15 4 16 8 15 4 15 6 15 5 15 3 13 3 15 5 19 4 19 6 20 7 19 9 21 4 19 3 4 5 Front froid Occlusion Thalweg Ankara FRANCE 3 1010 Beyrouth D Tripoli Tripoli Le Caire beautemps 6 15 enpartieensoleillé 9 11 bienensoleillé 11 16 bienensoleillé 5 12 beautemps 1 14 beautemps -2 15 beautemps 5 19 beautemps 4 12 beautemps -1 8 bienensoleillé 3 8 cielcouvert 9 11 faiblepluie 10 12 assezensoleillé 1 5 faiblepluie 8 9 bienensoleillé 0 5 averseséparses 14 14 nuageux 11 16 beautemps 1 13 beautemps 6 17 1 15 beautemps 5 18 beautemps 3 7 assezensoleillé enpartieensoleillé 13 19 enpartieensoleillé 3 9 0 9 bienensoleillé 2 3 faibleneige SANTÉ LOGEMENT EMPLOI 6 5 101 Athènes Jérusalem Riga Rome Sofia Stockholm Tallin Tirana Varsovie Vienne Vilnius Zagreb assezensoleillé beautemps enpartieensoleillé assezensoleillé assezensoleillé enpartieensoleillé bienensoleillé beautemps bienensoleillé beautemps Dans le monde Alger beautemps Amman pluiesorageuses Bangkok beautemps Beyrouth averseséparses Brasilia aversesorageuses Buenos Aires averseséparses Dakar assezensoleillé Djakarta soleil,oragepossible Dubai beautemps Hongkong enpartieensoleillé Jérusalem assezensoleillé Kinshasa soleil,oragepossible Le Caire bienensoleillé Mexico bienensoleillé Montréal assezensoleillé assezensoleillé Nairobi 1 8 1 3 2 8 0 2 0 4 9 16 6 11 6 17 10 13 9 12 8 14 26 20 19 17 19 26 22 16 14 23 14 10 -12 15 18 22 34 23 25 26 21 31 29 20 20 30 23 23 -6 27 New Delhi beautemps assezensoleillé New York beautemps Pékin pluiesorageuses Pretoria cielcouvert Rabat Rio de Janeiro soleil,oragepossible giboulées Séoul Singapour assezensoleillé soleil,oragepossible Sydney bienensoleillé Téhéran assezensoleillé Tokyo enpartieensoleillé Tunis Washington assezensoleillé Wellington bienensoleillé Outremer Cayenne Fort-de-Fr. Nouméa Papeete Pte-à-Pitre St-Denis assezensoleillé assezensoleillé averseséparses soleil,oragepossible bienensoleillé soleil,oragepossible 13 29 1 4 -1 10 17 19 16 21 24 29 -1 3 24 32 20 25 7 16 1 9 10 16 4 9 15 18 24 24 22 27 23 25 29 28 29 32 27 29 Météorologue en direct au 0899 700 713 1,34 € l’appel + 0,34 € la minute 7 jours/7 de 6h30-18h présente Motscroisés n˚14-058 2 Rabat Dépression Front chaud Amsterdam Athènes Barcelone Belgrade Berlin Berne Bruxelles Budapest Bucarest Copenhague Dublin Edimbourg Helsinki Istanbul Kiev La Valette Lisbonne Ljubljana Londres Luxembourg Madrid Moscou Nicosie Oslo Prague Reykjavik Les jeux 1 D Invitées : Chimène Badi, Joyce Jonathan, Julie Zenatti, Nicoletta, Liane Foly, Michèle Laroque... 23.05 On n’est pas couché. Avec Frigide Barjot, Renaud Lavillenie, Bernard Menez, Disiz, Leïla Miñano, Julia Pascual (180min). Istanbul Tunis Tunis Alger En Europe 8 17 Lever 07h16 Coucher 18h45 Aujourd’hui Anticyclone 1020 7 De Lille à Marseille, en passant par Paris Tout s’explique sur Le Monde.fr/municipales Sudoku n˚14-058 8 9 20.55 The Voice, la plus belle voix. Episode 9. Invités : Pascal Obispo, Elodie Frégé, Corneille, Hélène Ségara, Kylie Minogue... 23.25 The Voice. « La Suite ». 0.35 Les Experts : Miami. Série. Les Vices de Miami. En plein vol. Jeux, test et mort (S3, 14, 17 et 18/24, 160 min) U. 20.45 Une femme, un artiste. EUROPE: Vaste anticyclone de la péninsule Ibérique à la Russie Perpignan Températures à l’aube 1 22 l’après-midi D Nice Marseille 4 18 9 19 A Séville A 0 101 Montpellier Rome Barcelone Barcelone Solution du n˚1-057 Dimanche 9 mars TF 1 FRANCE 2 Kiev Budapest Odessa Zagreb 1030 Belgrade Bucarest Sofia Lisbonne Lisbonne 7 20 Moscou 1035 Munich Vienne Madrid Grenoble Toulouse Berne Milan Lyon 0 3 101 18 St-Pétersbourg A Paris Chamonix -3 13 1025 Bordeaux 20 km/h 1020 1025 Minsk Amsterdam Berlin Varsovie Prague Bruxelles Londres 17 T Helsinki Copenhague 1 17 Dijon TF 1 Riga 1015 Edimbourg Dublin Besançon Samedi 8 mars 1005 Oslo Stockholm Strasbourg Les soirées télé > 40° D 2 16 3 19 Nantes 35 à 40° 990 1010 Metz Orléans 6 19 30 à 35° 1000 2 17 PARIS 995 25 à 30° 990 Châlonsen-champagne 5 18 20 à 25° Reykjavik 4 18 Caen 8 18 1000 En Europe Amiens Rouen Brest 15 à 20° 09.03.2014 12h TU 5 19 Cherbourg 10 à 15° 15 20.45 La Loi de Barbara. Le Coupable idéal. Téléfilm. Didier Le Pêcheur. Avec Josiane Balasko, Joseph Malerba (Fr., 2013). 22.28 Météo, Soir 3. 22.55 Louis la Brocante. Série. Louis et le monte-en-l’air (S12, 2/3). 0.25 Appassionata - Acis et Galatée. Opéra de Georg Friedrich Haendel. Par l’Orchestre The King’s Consort, dir. Robert King (90 min). CANAL + 20.55 Dead Man Down Film Niels Arden Oplev. Avec Colin Farrell, Noomi Rapace, Dominic Cooper (EU, 2013) V. 22.50 Intérieur sport. Magazine. 23.15 Jour de foot. Magazine (55 min). FRANCE 5 20.36 Echappées belles. De Ouagadougou à Conakry, la route des possibles. 22.08 La Menace d’un mégaséisme. [1/2] La Terre tremble. Documentaire (2013). 23.01 A vous de voir. Magazine (25 min). ARTE 20.50 L’Aventure humaine. Expédition Mapaoni. L’Inaccessible Frontière. Documentaire. Roland Théron (2011). 22.20 Les Soldats oubliés de Carthage (All., 2013). 23.15 Trop jeune pour mourir. [3/4] Heath Ledger, le bien-aimé des dieux. 0.05 Tracks. Magazine (45 min). M6 20.55 Die hard 4 : retour en enfer p Film Len Wiseman. Avec Bruce Willis, Timothy Olyphant, Justin Long, Maggie Q (EU, 2007) U. 23.25 Esprits criminels. Série. Cruelles vidéos. Mis à nu (saison 2, ép. 3 et 4/23, 100 min). Avec Mandy Patinkin V. FRANCE2 20.45 Les Femmes du 6e étage pp Film Philippe Le Guay. Avec Fabrice Luchini, Sandrine Kiberlain (France, 2010, audio.). 22.35 Faites entrer l’accusé. Anne-Marie Le Couviour, la mort en héritage U. 0.15 Histoires courtes (45 min). FRANCE3 20.45 Inspecteur Lewis. Série. Le Dernier Voyage (S7, 2/3, audio, inédit). 22.15 Questions pour un assassin (S4, 3/4). 23.40 Météo, Soir 3. 0.10 Mayerling pp Film Anatole Litvak. Avec Charles Boyer, Danielle Darrieux (France, 1936, N., 90 min). CANAL + 21.00 Football. Ligue 1 (28e journée) : Bordeaux - Lyon. 22.55 Canal Football Club. Magazine. 23.15 L’Equipe du dimanche (50 min). FRANCE5 20.40 Fais-moi une place. Arielle Dombasle au Mexique. Documentaire. 22.10 La Case du siècle. La Guerre d’Hollywood 1939-1945. [2/3] Face aux dictatures. Documentaire. 23.05 La Grande Librairie. « Spécial romancières ». Magazine (65 min). ARTE 20.45 Spécial femmes engagées. Frida p Film Julie Taymor. Avec Salma Hayek, Alfred Molina, Geoffrey Rush (EU, 2002). 22.40 Kismet. Ces séries qui changent la vie. Documentaire. Nina Maria Paschalidou (2013). 23.40 Angela Davis. Le combat continue. Documentaire. Shola Lynch (France, 2010). 0.25 Kathleen Ferrier. Le Chant de la terre. Documentaire. Diane Perelsztjen (2012, 50 min). M6 20.50 Hawaï 5-0. Série. Kupouli’la (S4, ép. 6, inédit) U ; Kahu. Kapu (S3, ép. 11 et 12/24) U ; Pa Make Loa (saison 2, ép. 21/23) U. Avec Alex O’Loughlin. 0.00 NCIS : Los Angeles. Série. Pa Make Loa [2/2] (S3, 21/24, 50 min) U. 20.50 Capital. Enquête sur ces milliardaires étrangers qui choisissent la France. Magazine. 23.00 Enquête exclusive. Ski, sensations fortes et avalanches : au cœur des urgences de l’hiver (120 min). Jean Jaurès Un prophète socialiste 10 1 1 12 I II III IV V VI VII VIII IX Euro Millions X Horizontalement I. Heureusement, c’est possible pour ce mot et ceux qui suivent. II. Plus douce après grattage. Forme d’avoir. III. Droit dans ses angles. Demeurer bien au chaud. IV. Accord. Causa du mal. Pousse l’aiguille. V. Mis en doute. Belles Tahitiennes. VI. Bien allumée. Pour de bonnes fermetures. VII. Serait le premier martyr chrétien. Découpage du temps. VIII. Fille de la famille. Bourré de talent. IX. Deux dans un duo. Les plus fortes font de la résistance. Trois points sur quatre. X. Cours autrichien. Travaille de ses mains et à son compte. Solution du n° 14 - 057 Horizontalement I. Coupe-jarrets. II. Arrosera. Rue. III. Tass. Tamiser. IV. Hissée. Ede. V. OS. Edenté. Cl. VI. Dosse. Otello. VII. Inusable. Gag. VIII. Bi. Oise. Pi. IX. Univers. Taie. X. Entendements. Verticalement 1. Mauvais coup du sort. 2. Quand il ne reste plus grand-chose sur les os. 3. Croisé dans l'affrontement. Vous veut du bien, en principe. 4. Leurs marques sont de plus en plus nombreuses. 5. Mit en place la Garde nationale. Fils d’Anchise. 6. En Suisse. Gouffre en région. Possessif. 7. Sa dernière course fut tragique. Au pied des monts Matra. 8. Sa coquille est à l’intérieur. Point. 9. Son museau large et court est bien équipé. 10. Lâché dans l’indifférence. Chants autour du feu. 11. Chants. Roi de Juda. 12. Maintient l’écartement. Philippe Dupuis Verticalement 1. Cathodique. 2. Oraison. Nn. 3. URSS. Subit. 4. Possessive. 5. Es. Edéa. En. 6. Jetée. Bord. 7. Ara. Nolise. 8. Ramettes. 9. Idée. Eté. 10. Erse. Lg. An. 11. Tue. Clapit. 12. Sérologies. Résultats du tirage du vendredi 7 mars. 5, 10, 38, 40, 41, 1 e et 8 e Rapports : 5 numéros et e e : pas de gagnant ; 5 numéros et e : 453 509,30 ¤; 5 numéros : 82 456,20 ¤ ; 4 numéros et e e : 6 572,50 ¤ ; 4 numéros et e : 273,80 ¤ ; 4 numéros : 123,00 ¤ ; 3 numéros et e e : 75,00 ¤ ; 3 numéros et e : 16,80 ¤ ; 3 numéros : 13,90 ¤ ; 2 numéros et e e : 22,10 ¤ ; 2 numéros et e : 8,60 ¤ ; 2 numéros : 4,30 ¤ ; 1 numéro et e e : 11,30 ¤. 0123 est édité par la Société éditrice du « Monde » SA Durée de la société : 99 ans à compter du 15 décembre 2000. Capital social : 94.610.348,70¤. Actionnaire principal : Le Monde Libre (SCS). Rédaction 80, boulevard Auguste-Blanqui, 75707Paris Cedex 13 Tél.: 01-57-28-20-00 Abonnements par téléphone: de France 32-89 (0,34 ¤ TTC/min); de l’étranger: (33) 1-76-26-32-89; par courrier électronique: [email protected]. 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Tribun, écrivain, philosophe, journaliste, mais aussi député, militant politique, théoricien, cet homme engagé, républicain jusqu’au plus profond de l’âme, combattit toute sa vie l’hypocrisie sociale, l’injustice économique et la guerre… « Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? », chantait Brel. A l’occasion du centième anniversaire de son assassinat, qui annonçait la tragédie de 14-18, Le Monde cherche à répondre à cette question… Dans ce hors-série, une INVITATION à la VISITE PRIVÉE Imprimerie du « Monde » 12, rue Maurice-Gunsbourg, 94852 Ivry cedex de l’exposition JAURÈS, le 20 mars, aux Archives nationales Toulouse (Occitane Imprimerie) « JEAN JAURÈS, UN PROPHÈTE SOCIALISTE », un hors-série du Monde - 7,90 € - En kiosque et sur lemonde.fr/boutique Montpellier (« Midi Libre ») 16 décryptages 0123 Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 Alorsquelerégimede VladimirPoutine activesa propagande pourdiviser sesvoisins,la militarisation du conflit soude un peuple hétéroclite La menace russe unit les Ukrainiens D ans notre pays, l’Ukraine, on n’estpasvraimentpolitiquement correct. On ne qualifie pas instantanément toute parole un peu crue de discours de haine. Voilà qui ouvreà unécrivainouunpublicisteunvaste champ. Je sais qu’il n’est pas bon de se laisser aller à dire tout ce qu’on pense, mais je ne parviens pas toujours à me contenir. Il y a quelques mois, dans une interview, je me suis permis, entre autres propos, d’ironiser sur la Russie : « Nous avons un voisin merveilleux. S’il pouvait nous attaquer militairement, ce serait inestimable. » Rien de bien nouveau, en somme. Cela fait déjà plus de vingt ans que la Russie doit supporter l’existence d’une Ukraine indépendante. Ce qu’elle n’apprécie pas vraiment et ce, depuis le tout début de cette indépendance, c’est-à-dire depuis 1991.Maiscesdernièresannéessonmécontentement a grimpé de plusieurs crans, au pointdesemétamorphoserenpureet simple névrose. La « révolution orange» de 2004 sonna le signal d’alarme : avec elle, l’Ukraine échappait vraiment au contrôle russe. Elle cessait d’être un morceau de l’empire russe, non seulement en droit mais aussi en fait. Vers qui se tournerait-elle ? L’Occident? L’OTAN? L’Union européenne? Le gâchis auquel cette révolution orange a abouti a un peu rassuré Moscou. Mais lorsque, neuf ans après, presque jour pour jour, la capitale ukrainienne s’est de nou- Sur Maïdan, il s’agissait de liberté et de justice, de contrôle des citoyens sur le pouvoir, de transformation de notre pays en un pays plus humain veau soulevée, les Russes ont mis plus de nerf dans leur réaction. Je n’ai aucune peineàm’imaginerleprésidentPoutinesefaisant à lui-même le serment solennel cette fois de ne lâcher sur rien. De fait, il ne cède pas. Il transgresse. Non seulement les limites de l’acceptable, mais aussi les frontières d’un Etat souverain. Les journées du 28 février et du 1er mars n’ont pas été paisibles, loin de là. Au diable les précautions oratoires : on peut dire qu’ellesont étéatroces! Ellesont vulecommencement de l’agression armée russe sur laquelle je m’étais permis d’ironiser. Et, malgré tout, je n’arrivais pas à y croire. Des militaires russes en armes sur le territoire ukrainien? Faisais-je un cauchemar? Dans quel monde vivions-nous ? Plus au MoyenAge sans doute,depuislongtemps! Revivait-on l’Anschluss [l’entrée des troupes allemandes en Autriche, en mars1938] ? Yuri Andrukhovych DR Né en 1960, Yuri Andrukhovych est l’une des figures les plus populaires de la littérature ukrainienne contemporaine. Poète, essayiste, romancier, il a fondé le groupe de performances littéraires Bu-Ba-Bu (Burlesque-Balagan-Bouffonade). Ses romans comme « Moscoviada » (2007) ou « Douze cercles » (2009) sont traduits en français aux éditions Noir sur Blanc. Polémiste, il est notamment l’auteur de l’essai « Remix centre-européen » dans l’ouvrage « Mon Europe », coécrit avec Andrzej Stasiuk (2004) Qui nous fait la guerre, qui nous occupe ? Ces Russes, ne sont-ils pas nos frères ? Oui, nous savions depuis toujours que Vladimir Poutine était un sale type, vindicatif et cruel. C’est dans l’ordre des choses. On s’y était habitué. Sa folie, en revanche, est une mauvaise nouvelle. En voyant en direct les sénateurs russes donner à l’unanimité leur accord à « l’utilisation des forces armées russes en Ukraine», j’ai eu du mal à ne pas me croire chez Guignol tant l’anachronisme était criant, jusqu’à l’absurde. Mais peu importent mes sentiments personnels à l’heure où, quelque part en Crimée, des soldats russes mettent en joue leurs homologues ukrainiens, exigeant leur capitulation. A la différence des sénateurs,les soldatsrussesn’avaient,eux, rien de théâtral ni d’anachronique. Leurs armes étaient toutes prêtes à faire feu. Enécrivantces lignes,j’ai bienconscience qu’il est encore tôt pour écrire au passé. Les armessont toujourschargées. On comprend enfin l’enjeu de cette propagande imposée aux médias occidentaux durant les mois de la révolte sur la place Maïdan. Certes elle est passablement éculée, mais celamarchetoujours: lesradicauxd’extrême droite, les nationalistes, les antisémites, les néofascistes. Vladimir Poutine en personne, début décembre 2013, n’a-t-il pas prétendu qu’« en Ukraine les protestations ressemblent de plus en plus à des pogroms». Le mot pogrom n’était pas anodin. L’allusion est transparente. C’est ainsique le signala été lancé et que le plan s’est appliqué. Le monde entier était censé croire l’Ukraine en proie aux forces obscures, livrée à une remontée de l’enfer politique. Il fallait que ce soient ces forces qui tirent sur les gens désarmés, qui enlèvent et torturent les passants, qui occupent les bâtiments, les bureaux et les logements des citoyens ordinaires. Il fallait qu’une centaine de personnes soient mortes de leurs mains. Elles devaient ajuster et tirer systématiquement dans les yeux et les parties génitales de leurs adversaires. C’est pour échapper à ces monstres que le président légitime Viktor Ianoukovitch, amour et fierté de son peuple, avait dû fuir. Qui pouvaient les arrêter, sinon la puissante armée russe, au dernier moment, juste avant la catastrophe ? La Russie devait une nouvelle fois sauver le monde en combattant l’hydre fasciste en Ukraine.Il y a le mensonge.Il y a le trèsgros mensonge. Il y a le mensonge flagrant et il y a le mensonge immensément éhonté. Mais il y a un mensonge suprême : la machine de propagande russe. Elle s’appuie sur des traditions immuables et sur des flux financiers tellement énormes qu’on n’arrive toujours pas à la freiner. Le problème du radicalisme de droite est une réalité. Pendant la révolte de la place Maïdan, on s’est mis à en parler de plus en plus. Mais il n’est ni antisémite ni néofasciste.Lorsqu’enjanvierlesunitésspéciales de police, ivres d’impunité, ont multi- plié les tortures, les humiliations, les tirs ciblés sur des femmes, des médecins et des journalistes, lorsque la confrontation rue Khrouchevski est devenue véritablement dantesque, au spectacle des feux et des fumées de pneus brûlés, les juifs de Kiev, comme tous les autres citoyens de la capitale, ont fait passer au « secteur droit » les cocktails Molotov. La droite de Kiev protégeait les juifs de Kiev contre les criminels en uniforme de police. Est-ce si étonnant? Non, si l’on garde présent à l’esprit que la révolte de Maïdan a réuni toutes les couches sociales, les communautés ethniques, des groupes linguistiques et politiques si divers. Au point qu’elle en est venue à personnifier l’Ukraine entière dans sa complexité et sa diversité présentes. Non pas une Ukraine faite de régions isolées ou peuplée de nationalistes, mais reflétant la structure sociale d’un pays complexe et dramatiquement divisé, avec ses étudiants, ses fermiers, ses intellectuels, ses footeux « ultras », ses anarchistes, avec sa classe ouvrière intacte, ses entrepreneurs,ses vétérans d’Afghanistan et ses ex-officiers de Tsahal [l’armée israélienne], avec ses femmes fantastiquement courageuses et avec tous les autres, ukraino- et russophones. Même les Hare Krishna – je n’oublierai jamais ce spectacle – déambulaient sur la place Maïdan munis de battes de baseball pour défendre leur prochain, comme l’enseignait Krishna lui-même à Arjuna. Probablement le président de la Russie a été mal informé. Peut-être a-t-il cru luimême ce dont il voulait persuader le monde, à savoir que Maïdan n’était remplie que d’une poignée de raclures néofascistes. Il en allait sur Maïdan (et il y va toujours) de bien d’autres choses. Il s’agissait deliberté et de justice, d’une société ouverte et libre, du contrôle des citoyens sur le pouvoir, de la transformation de notre pays en un pays plus humain. Maintenant, alors que la Russie nous attaque, à cause de toutes ces aspirations qui demeurent inimaginables pour elle, il s’agit d’une autre chose, probablement la plus importante : il y va de notre unité au nom de la défense de notre pays. Séparés territorialement et désunis historiquement, jamais les Ukrainiens dans leur histoire n’ont ressenti un tel besoin d’unité. Rien ne les unit plus aujourd’hui que la menace russe. Et ça, c’est vraiment inestimable. p Traduit de l’ukrainien par Iryna Dmytrychyn Remaniementpar Cagnat Revue L’Irak, quatrième réserve pétrolière mondiale, et oubliée de l’actualité Q ui se soucie encore de l’Irak ? Depuis le retrait du dernier soldat américain, en décembre2011, ce pays qui a occupé une bonne partie de la couverture journalistique américaine et mondiale de la décennie passée est devenu un trou noir. Tout au plus en émergent quelques échos lointains d’attentats qui font quotidiennement plusieurs dizaines de morts (9000 en 2013). Des explosions meurtrières visant le plus souvent des quartiers chiites et systématiquement attribuées à Al-Qaida en l’absence de revendication… L’Irak ne se résume pas à ce décompte macabre et, surtout, il existe des explications au déchaînement de violence, qui n’est que la traduction de luttes de pouvoir acharnées dans le cadre de la recomposition totale d’un système socio-politique remontant à la fin de l’Empire ottoman, et auquel l’invasion américaine de Diplomatie Les grands dossiers n˚9 Géopolitique de l’Irak Sous la direction d’Alexis Bautzmann Areion, 96p., 10,95¤ 2003 a donné le coup de grâce. Le numéro intégral consacré par la revue Diplomatie à l’Irak est un précieux vade-mecum pour ceux qui veulent comprendre ce qui se passe en Irak et où va ce pays. Aucun aspect contemporain n’est négligé, et le dossier débute même par un succinct rappel historique sur l’ancienne Mésopotamie. Comme le rappelle justement le chercheur Saïda Bédar, « l’Irak a connu dans l’histoire récente, au début du XXe siècle, dans le contexte de lutte de libération nationale, puis pendant une courte période des années 1940 jusqu’en 1970, des moments d’ouverture sociale, sans égale dans le Moyen-Orient en termes de foisonnement intellectuel, de recomposition du champ sociopolitique au-delà des clivages traditionnels». Un modèle moribond C’est à cela que l’invasion de 2003 a mis fin, même si le modèle était déjà moribond à cause de trois décennies de dictature totalitaire, de deux guerres (contre l’Iran de 1980 à 1988 puis à la suite de l’invasion du Koweït en 1990-1991), et d’une décennie d’embargo qui a broyé la société irakienne. L’occupation américaine ne fut pas qu’un fiasco. Elle a mené à l’instauration d’un pluralisme partisan inédit auquel les Irakiens ne veulent pas renoncer, continuant de participer avec constance aux scrutins, pour le moment libres, organisés à intervalles réguliers. Elle a aussi permis d’expérimenter la solution fédérale, au plus grand profit des Kurdes, qui n’ont jamais connu une telle prospérité et une telle paix au XXe siècle. Hosham Dawod, anthropologue au CNRS, dresse un tableau nuancé de l’expérience kurde et des menaces pesant sur leur quasi-Etat. Au lourd passif de l’occupation américaine s’ajoutent l’instauration d’un système politique confessionnel et milicien, animé par des partis sans réelle base populaire et ayant conservé les pires habitudes du temps de la clandestinité, comme le note Saïda Bédar, une reconstruction fondée sur le clientélisme et une corruption endémique. Le leader ayant le mieux saisi ces dynamiques est le premier ministre Nouri Al-Maliki, au pouvoir depuis 2006 grâce à un fascinant mélange de brutalité et de clientélisme. Autre « spécificité» irakienne: l’émergence d’une deuxième génération de militants d’Al-Qaida, en train de mettre en place un quasi-Etat à cheval sur l’ouest de l’Irak et l’est de la Syrie. Enfin, à la tête des quatrièmes réserves mondiales prouvées d’hydrocarbures, le pays est appelé à devenir un géant qui pourrait concurrencer l’Arabie saoudite, s’il lève les incertitudes sur le cadre législatif régissant la rente pétrolière et les conflits entre le centre et les provinces. Seul regret, dans ce numéro très complet, la scène artistique, l’un des seuls lieux où les dynamiques échappent au terrible piège de la violence confessionnelle, est oubliée. p Christophe Ayad 0123 La solitude du lecteur de fond... Médiateur Pascal Galinier P armi les bonnes résolutions de l’année 2014: la décision d’arrêter le supplément hebdomadaire géopolitique. L’une des plus mauvaises que le journal pouvait prendre…» De quoi parle Patrick Gosselin, lecteur de Triel-surSeine (Yvelines)? De la décision de « suspendre la parution» du cahier Géopolitique, annoncée le 19 décembre 2013 – «dans une colonne en forme d’avis de décès», observe Patrick Dombrowsky (Boissise-le-Roi, Seine-et-Marne)… Un choix qui nous valut une flopée de courriers. Entre tristesse, colère et incompréhension. Tristesse. «Jour de deuil, hier soir», nous écrivit dès le lendemain Rebecca Denantes (Paris). Stéphane Mader (Toulon) vantait les mérites du cher disparu qui, «en regroupant des articles de fond sur des thèmes précis, donnait la possibilité d’échapper – un peu – à la dictature de l’événement et attestait clairement du fossé abyssal qui existe entre “être au courant” et “comprendre”.» Le 3janvier, de Saint-Raphaël (Var), Patrick Rhodas nous postait, en guise de carte de vœux, un billet de blog aussi touchant que cinglant: « Cher journal, permets-moi de te lancer un cri d’alarme. Oui, je sais, il vient d’un “vieux” qui ne comprend rien au monde moderne, qui vit dans le passé, etc. S’il te plaît, cher journal, ne cède pas au modèle frivole et passager des chaînes d’information en continu, ne nous fais pas, toi, vivre dans un présent perpétuel où le seul émotionnel règne en maî- Courrier International Rien de neuf sous le soleil de Chypre Pas grand-chose de nouveau sous le soleil, ai-je pensé en voyant l’article « Les négociations reprennent pour la réunification de Chypre» (Le Monde du 13février) et la photo qui l’accompagne. Il y a vingtcinqans, le 15septembre 1988, correspondant de l’AFP, j’étais moi aussi sur la ligne de démarcation entre les deux zones de Chypre, au Ledra Palace, et non à l’ancien aéroport. Devant les journalistes il y avait comme sur votre cliché le pré- sident de la République de Chypre et celui de Chypre du Nord encadrant l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU. J’avais titré mon papier: « Chypre – Vers des négociations intercommunautaires longues et difficiles» ; je ne croyais pas si bien dire. Laurent Chevallier, Montpellier Social Incompréhensible et ingérable rétroactivité des lois fiscales Le président du Medef, Pierre Gattaz, a réclamé, mardi 18 février, un !%&&'# "($'##'# tre! Ce pourquoi nous t’aimons: nous permettre de trouver le temps, le recul, et le refus de l’urgence induite par le court-termisme des passades, du “buzz” et des modes.» Colère. Celle de Nathalie MalinvaudRoy (Limoges): « J’appartiens à cette catégorie “conservatrice et arc-boutée sur ses privilèges”: le prof! De toute évidence, je ne fais plus partie de votre cœur de cible…» Celle de Gérard Gret (LeMuy, Var): « Sur le fond, les lecteurs ne peuvent que s’émouvoir de l’évolution d’un journal dont le contenu ne justifie plus son titre, alors qu’ils sont bombardés de “mondialisation” à toutes les sauces et que leur journal tend à devenir un support publicitaire pour marques de luxe, entrelardé de quelques articles originaux et dignes d’intérêt… Sans parler du Monde Magazine, qui est une véritable provocation!» Incompréhension. «Ce supplément était un peu la cerise sur le gâteau du Monde. Dans ces huit pages, il y avait une inflexion, une cohérence, une belle manière…», regrettent Béatrice et François Mangenot, abonnés de Strasbourg. «Il avait l’avantage d’étoffer la couverture internationale d’un journal qui a vu, au fil des années, ses pages “Etranger” se déplumer, au point de bien mal porter son nom…», soupire Jean-Pierre Vialle (Paris). «Cette suppression va de toute évidence dans le sens d’un appauvrissement de votre ligne éditoriale, déplore Francine Guillot (Vincennes). Ou alors il faudra m’expliquer…» « moratoire» sur tous les projets de loi, qui constituent, selon lui, « du stress sur le dos des patrons ». Il a notamment cité la complexité de la réglementation relative aux réformes des stages et du compte pénibilité. On le comprend. Cependant dans ce cadre et celui de la simplification des procédures administratives, prônées par le gouvernement, une mesure stressante, incompréhensible et ingérable pour tout responsable d’entreprise, est la rétroactivité des lois fiscales. Jusqu’à présent personne n’en a parlé. Bizarre. André Le Lan, Chatou (Yvelines) edm^`l hokhoko_ * )2(#%/+, 8+(52/% 3 -/1,.' 8+(52/% *! -/1,.' [YVf Z bg We cX dX Wc 6(+5.''/+,,.-' &3" 74 **!" 74 62(%/0#-/.(' &3" 44$ **!" 44$ fanmpbicj^pq ^qjamb^ja ARCHITECTE MARIANNE LE BERRE ARCHITECTE DPLG '57#%'/!57 3$*=!1*/!57 ( +51 :%1-3%1 6 Rénovation de votre appartement Visites de conseil. www.marianneleberre.com Tel : 06.22.70.81.30 MUSIQUE ACH. POUR COLLECTION 33 TOURS ANNEES 50 (MUSIQUE CLASSIQUE) Tel : 06.11.57.62.81 ANTIQUITÉS DÉCORATION ACHATS-ESTIMATIONS ACHAT AU DESSUS DE VOS ESTIMATIONS ET EXPERTISES « ART D’ASIE » : CHINE, JAPON ET MOYEN-ORIENT 06.07.55.42.30 P. MORCOS EXPERT CNE ✶ Porcelaines et Bronzes ✶ Cristal de Roche ✶ Corail et Ivoires Anc. ✶ Jade blanc et couleurs ✶ Cornes et Laques ✶ Peintures et Tissus anc. ✶ Manuscrits et Estampes DEPLACEMENT PARIS – PROVINCE [email protected] 17 dialogues Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 (1%&D ):-1& -*7"/ SUCCESSIONS DE TOUTES ANTIQUITÉS Mobiliers d’époques & de styles Pianos droits et à queues Manteaux de fourrure Briquets & Montres de marques Services de table Argenteries en tous genres Vases (Galé, Daum, Lalique) Sculptures ( Ivoires, Bronzes…) Tableaux anciens et modernes Pendules, horloges & miroirs Tapis et trophées de chasse Livres et cartes postales anc. Armes anc. (sabres, épées…) Vieux vins & champagnes Jouets anc. (poupées, voitures…) DÉPLACEMENT GRATUIT PARIS – PROVINCE Charles Heitzmann Tel : 06.19.89.55.28 [email protected] +5!=*"%1> 3!&%*-)> 1/53%1 000000000000000 "-&0(32%(' 2& 2!&0(32%(' $5,3! 42 &(3-.12' 2& 42 &3''%' 4)043&2%('* $,-'231'6 42#3'6 +(3'2' 42 /2'%(2'6 (0813'8&3,-' 2& +,'2' 8''%(02' +8( -,' 407,(8&2%('* ,4 B =%'/%-31 &- :57&% 000000000000000 %)2 ($/ 1/ "3''3.,2 &+##- !3(0'* $SX=A E2%0: BA U<9-AU >%X+AU +S<0?XAU A< <A:<;XAU $1(!.C TW(.C $(! *SFX0ES<0%) >XS)DS0UA A< US)U 0)<AX+@B0S0XA" %-+'& &- '&)"/ #1*-+"-/5 HHHHHHHHHHHHHHH '$,/5$#3/:9 %$).8 (98.0, 12" :/9 !9 *$88$,+" 64--7 &$:.8; -6C5 < E85025IE523530 GGG5CF.,JB>9A;;>5?;A A ceux qui, comme Alain Le Bloas (Guilers, Finistère), voient dans la suspension du supplément « Géopolitique» «un manque de respect envers les abonnés de l’édition papier, qui constituent votre lectorat le plus fidèle et qui désormais liront un quotidien appauvri», la directrice rappelle les «trois pages de récit analysant le bilan des printemps arabes», ou «le supplément de huit pages consacré à l’Ukraine, son histoire, ses enjeux économiques et stratégiques». Reste, souligne-t-elle, qu’«une grande majorité de nos lecteurs – et cette part va croissant – nous lisent à la fois sur le numérique et sur le papier: nous nous adaptons à leur rythme et à l’évolution des usages qui glissent vers les mobiles et les tablettes». Le pari de la nouvelle mouture du Monde (avec ou sans «. fr») qui sera lancée au printemps? «Accentuer ce qui nous démarque: le décryptage, l’approfondissement, l’enquête, le reportage de terrain.» Avec à la clé, promet-elle, «plus d’enquêtes et de récits utilisant des formats innovants, com- Europe Après l’économie, un retour à la politique Dans la très intéressante tribune « Pour une union politique de l’euro» (Le Monde du 18 février), on est surpris qu’ait été entièrement passée sous silence la présence de l’Europe aux Nations unies. Une union politique qui ne serait pas représentée en tant que telle au Conseil de sécurité serait un abus de langage. Cet objectif ne pourra être atteint qu’au terme d’un processus plus long que ne l’exigerait la sauvegarde de nos valeurs et de nos intérêts. Une première étape pourrait consister en une offre française de partage avec une Allemagne "%%$!'&'(# +!," %'" #'$)$'(&" '- "*#'(&" me le reportage “Fukushima an III”». Sans oublier «un riche rendez-vous “géopolitique” dans notre édition numérique du soir, qui sera lancée au printemps». Tout cela suffira-t-il à rasséréner Denis Le Nouvel (Paris), pour qui « le site Lemonde.fr et le journal Le Monde ne sont nullement interchangeables»? Ou Nicole Dupouy (Fals, Lot-et-Garonne), qui nous prévient: «Je ne m’abonne pas à la presse papier pour être obligée de lire une partie de l’information sur Internet»? La conversion au numérique est décidément une course de fond… Pour nous comme pour vous, chers lecteurs. Sachez que ces questions essentielles autant qu’existentielles nous nous les posons nous aussi. Et que la place qui vous revient – pas seulement comme clients – est un sujet à part entière, tant dans le « print» que sur le Web. Nous aurons l’occasion d’en reparler ici-même. Quant à la « ligne éditoriale», un comité de rédaction doit être convoqué prochainement par notre société des rédacteurs sur ce sujet aussi sensible que stratégique. Un comité auquel les lecteurs sont virtuellement conviés, par le truchement de leur médiateur. A vous de jouer, cher Gérard Gret, vous qui vous demandiez si «LeMonde ne pourrait pas consulter de temps à autre ses fidèles lecteurs sur leurs attentes? » p [email protected] Mediateur.blog.lemonde.fr @pasgalinier disposée à assumer ses responsabilités internationales. Le temps est venu, après un long détour économique, de revenir à la politique. Robert Toulemon, Paris Collectivités Diminution des dépenses et impôts On vient d’apprendre que Bruxelles somme la France de couper dans les dépenses publiques. Le gouvernement a d’ailleurs déjà annoncé son intention de diminuer les dotations destinées aux collectivités territoriales, décision qui devrait être prise en avril, juste après les élections municipa- "30.459;?@47 @7?3.5@?3 !>.@-, 62B62B2) & #5G8 H 7R LK PI OI LP J33/6JGJN'43,V6GJQJYN8M' <2 ;>.>;?/.3, 49 3,0>;3, 0>. =@A73 $459=3, 8 749, ;47?>;?3. les. Je pense qu’il serait intéressant de connaître les listes qui, dans les projets qui seront proposés aux électeurs dans les semaines à venir, vont prendre en compte ces diminutions annoncées. Je pense hélas qu’elles devraient se compter sur les doigts d’une main ! Et si les candidats ne prennent pas en compte cette hypothèse de diminution des dotations tout à fait vraisemblable, une fois élus, ils n’auront pas d’autre choix pour réaliser leurs promesses que d’augmenter les impôts locaux. C’est triste. Bernard Combe, Vincennes (Val-de-Marne) '4.->@? + =@A73, 2 0>.9?@47 %> =@A73 ,900=1:37?>@.3 #>.?@;9=@3., C+( !!* 2+( !!* #.4-3,,@4773=, C+( &! 2+( &! Ensembles « Jourdain » et « Chalgrin » Hôtel Cromot du Bourg Rue Cadet à Paris 9e APPEL À PROJETS La Régie Immobilière de la Ville de Paris lance deux appels à projets pour la location de deux ensembles de locaux recevant du public dénommés « Jourdain » et « Chalgrin », situés dans l’hôtel Cromot du Bourg, 9-11 rue Cadet, à Paris 9e, classé monument historique. Ces locaux pouvant recevoir du public seront installés pour l’ensemble Chalgrin représentant environ 775 m² utile dans les bâtiments rue et cour (rez-de-chaussée, niveau 1, entresol et niveau 2) et pour l’ensemble Jourdain représentant environ 760 m² utile dans la halle et les bâtiments adjacents (rez-de-chaussée et sous-sol) de l’hôtel Cromot du Bourg. /<.A @ 8,A2?A;8A?9A92 Le projet du preneur devra être de nature culturelle, ouvert au public et en lien avec le quartier. RENOV’DÉCO 1961 SARL Les locaux seront mis à disposition du preneur après réhabilitation complète par la Régie Immobilière de la Ville de Paris de l’hôtel Cromot du Bourg, dont l’achèvement des travaux est prévu en décembre 2016. Nos compétences, notre expérience et notre goût du travail soigné 1%*!"/*-":= '& @:'$!&/ +="4+&/ HHHHHHHHHHHHHHH Eh bien justement, expliquons-nous. Bimédia, tel est l’enjeu de l’évolution – de la révolution – en cours. Elle vise à permettre au Monde de « continuer de camper sur les fondamentaux de son identité éditoriale, assure Natalie Nougayrède. Sur tous les supports, y compris le journal papier que nous voulons rendre encore plus rythmé, sélectif, haut de gamme, pédagogique, en accentuant la mise en scène dans les pages.» A VOTRE SERVICE ! PEINTURE, PAPIER-PEINT, PARQUET, ELECTRICITE, CARRELAGE, PLOMBERIE, MACONNERIE, MENUISERIE. *Devis gratuit *Délai respecté sur toute la France Tel : 01.40.09.79.26 06.21.40.02.81 www.renovdeco1961.fr "!#$ (&) !$%%&) "'#&))&) (BA4 $B++A).7A>4 !')1 $>,,> 4A%4.7A>" '==>->6 -> # 3@:5/:C;:D;:5C *)?B9>4 ?B,4> ,><,> ='4 >0+'.- # )',2'-.>:-'?>)A&+=A%-.$.,>:84 Le bail sera de préférence un bail commercial 3/6/9. Une proposition de variante de bail pourra être étudiée sous réserve qu’elle respecte l’assujettissement au régime de la TVA. Les candidats intéressés sont invités à prendre connaissance de l’intégralité du dossier, téléchargeable sur la plateforme de dématérialisation de la Régie Immobilière de la Ville de Paris à l’adresse suivante : www.marches-securises.fr. Pour tous renseignements complémentaires et demandes de visite du site, vous pouvez nous adresser un mail à l’adresse suivante : [email protected]. Après examen des capacités financières, des références et des projets des candidats, les occupants seront sélectionnés sur la base des critères énoncés dans le dossier de l’appel à projets. Date limite de remise des dossiers d’offre : 2 juin 2014 à 12 heures. 18 0123 analyses Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 Une certaine nostalgie scolaire du cinéma français ANALYSE me d’or à Cannes en 2008. Un prof de français, aux prises avec une classe de 4e d’un collège du 19e arrondissementde Paris,et lamiseen évidence d’un gouffre culturel entre cet enseignant et ses élèves. classe unique d’une petite commune d’Auvergne. Sans éveiller les sentiments nostalgiques qu’inspire Georges Lopez, Adèle Exarchopoulos, l’Adèle de Kechiche, ou Pierre Rochefort, l’instit vacataire d’Un beau dimanche, de Nicole Garcia, partagent cette même vocation. D’autres films mettent en avant la réussite pédagogique. La Cour de Babel est ainsi emblématique d’une certaine forme d’empathie éducative. Témoin cette scène tournée à la fin de l’année scolaire,dans la classe d’accueil d’un collège du 10e arrondissement de Paris. Avant de partir en vacances, 24 élèves venus des quatre coins du monde disent au revoir à leur professeure de français. « C’est comme si on était tous des frères et des sœurs et qu’on se séparait pour de bon », dit une élève au bord des larmes, «j’oublierai pas cette année, jamais». Autre exemple, cette scène de La Fille de nulle part (2012), le très remarquable film de JeanClaude Brisseau, lorsque le vieux professeur de maths, solitaire et désenchanté, croise dans la rue une ancienne élève qui lui rappelle tout ce qu’elle lui doit. Pour tous les profs du monde, de tels instants justifient bien des galères. Il arrive parfois que le cinéma rende compte de manière plus contrastée du métier d’enseignant. N’épiloguons pas sur les personnages épouvantables campés dans Les Profs – encore qu’il serait intéressantde s’interroger sur les raisons du succès de ce film – et souvenons-nous d’Entre les murs, le film de Laurent Cantet, Pal- par Franck Nouchi Service Culture E tre et avoir, de Nicolas Philibert (2002) ; L’Ecole pour tous, d’Eric Rochant (2005) ; Entre les murs, de LaurentCantet (2008); La Journée de la jupe, de Jean-Paul Lilienfeld (2008); Mademoiselle Chambon, de Stéphane Brizé (2009); Les Profs, de Pierre-François Martin-Laval (2013); Sur le chemin de l’école, de Pascal Plisson (2013) ; La Cour de Babel, de Julie Bertuccelli, qui sort en salles le 12 mars… La liste des films français récents consacrés d’une manière ou d’une autre au métier d’enseignant, et plus généralement aux problèmes pédagogiques,esttrèslongue.Hommeou femme,ces instits ou ces profs « de cinéma », qu’ils relèvent de la fiction ou apparaissent « pour de vrai » dans des documentaires, n’échappent que rarement à l’archétype ou à la caricature. Il y a ceux qui ont la vocation chevillée au corps, les missionnaires de l’éducation nationale. Cette image idéale de l’enseignant, il ne faut pascherchertrèsloinpourla trouver.Elleilluminait Etre et avoir, le magnifique documentaire de Nicolas Philibert, à travers les faits et gestes de l’inoubliable Georges Lopez, instituteur de L’éducation nationale magnifiée A travers ces films, on constate que l’éducation nationale n’a jamais été aussi magnifiée par le cinéma qu’en ces temps où sa fonction est contestée par la société. Dans les années 1960, quandl’écolesemblaitremplirsonoffice,le cinéma dénonçait la machine à asservir. Aujourd’hui,alorsquetouteslesétudesmontrentqu’elle renforce les inégalités, le cinéma la célèbre bien plus qu’il ne la critique. Ces films reproduisent, chacun à leur façon, les stéréotypes de l’enseignement d’aujourd’hui. A l’heure où, un peu partout dans le monde, l’on réfléchit à une redéfinition du concept de classeet durôle duprofesseur– doivent-ilsdevenir des « profs coachs» accompagnant leurs élèves multiconnectés vers la connaissance? Fautil privilégier à l’école une culture de la maîtrise des technologies du numérique, ou au contraire doit-on s’en tenir à une culture de la résistance à ces mêmes pratiques? –, la France perd de vue l’essentiel: son école fonctionne sur des modèles anciens, qui conviennent peut-être encore à une minorité – notamment les enfants d’enseignants – mais n’intéressent plus la masse des adultes de demain. La plupart des cinéastes qui s’intéressent à ces sujets, comme les pédagogues, les responsables politiques et bien des intellectuels, ont les yeux rivés, même s’ils s’en défendent, vers cette écoleutopiquequi accorderaitles grandsprincipes de fraternité, d’égalité et d’altérité à une conception somme toute classique du rapport entre les maîtres et les élèves. C’est, comme souvent, du côté des Etats-Unis qu’il faut se tourner pour constater à quel point notre vision est parfois étriquée. Pour vous en convaincre, allez voir At Berkeley, l’extraordinaire documentaire de Frederick Wiseman. Vous y verrez des femmes et des hommes réfléchir à l’université de demain. Vous les entendrezparlerpolitique,fiscalité,libéralisme,service public, mixité sociale, disparition des classes moyennes. Vous assisterez à des discussions entre profs et étudiants qui ne ressemblent en rien à ce qui se pratique dans nos universités. Finis les cours magistraux. Finie une certaine conception surplombante de l’enseignement. Au bout des quatre heures que dure la projection – eh oui, c’est long d’entrer dans la complexité de sujets pareils –, vous vous direz que c’estlà-bas,ducôtéde SanFrancisco,ques’invente le monde de demain. Tandis que nous, en admirateursde Stefan Zweig que nous sommes, restons toujours accrochés à la nostalgie d’un certain monde d’hier. p [email protected] PLANÈTE | CHRONIQUE Lundi * p a r St ép ha ne Fo uca r t SOS (Save Our Sperm) de.fr n o m e l . w ww Votre supplément Reportage, analyses, infographies... Réalisé en partenariat avec la Mission du centenaire de la première guerre mondiale, ce supplément est le deuxième d’une série de dix dossiers spéciaux que Le Monde publiera tout au long de l’année 2014. ars , daté 11 m 10 i d n lu du * édition 0123 1914 | CONCENTRATION en millions de spermatozoïdes par ml 75 70 65 60 55 50 45 0123 2014 enaire ternés, Déplacés, inn otage les civils e l du cent le journa 2 | 10 ---- MARS 2014 étranger en territoire personnes milliers de és de déplac 8) réfugiés et Les flux de nde Guerre (1914-191 Gra durant la Helsinki NORVÈGE SUÈDE VI RUSSIE L’Empire russe en 1917 est renversé Pskov PrusseOrientale Wakefield ROYAUMEUNI PAYS-BAS Havelberg Groningue Ruhleben Berlin Holzminden Sagan Harderwijk Newbury Londres ALLEMAGNE BELG. OCÉAN Sept. 1914 ATLANTIQUE Paris FRANCE (Camps, voir zoom) mars 1918 Varsovie Kiev août 1914 Mer Caspienne Galicie Prague LUX. Vers l’intérieur de la Russie Minsk Raabs Drosendorf Kautzen Linz Vienne n Sankt-Pölte Thalerhof AUTRICHEnov. HONGRIE nov. 1918 SUISSE 1918 1918 1916 Caporetto ROUMANIE nov. 1917 Mer Noire 1918 Me rA dr at iq SERBIE i ITALIE PORTUGAL ue MONT. Rome MAN EMPIRE OTTO oct. 1918 Bagdad s réfugiés Enfants belge à Paris -VIOLLET ’EQUIPE/ROGER (R.-U.) Vers les Etats- Unis Dodécanèse (It.) Maroc esp. (R U ) Chypre (R.-U.) ACCÉDEZ À L’INTÉGRALITÉ DES « UNES » DU MONDE ET RECEVEZ CELLE DE VOTRE CHOIX ENCADRÉE Encyclopéd ie Universalis www.lemond e.fr 65 e Année - N˚19904 - 1,30 ¤ France métropolitaine L’investiture de Barack Nouvelle édition Tome 2-Histoire --- Jeudi 22 janvier Uniquement 2009 Fondateur Premières mesures Le nouveau président américain a demandé la suspension : Hubert Beuve-Méry En plus du « en France - Directeur Monde » métropolitaine : Eric Fottorino Obama des audiences à Guantanam o Barack et Michelle Obama, à pied sur Pennsylvania WASHINGTON Avenue, mardi 20 janvier, CORRESPONDANTE se dirigent montré. Une vers la Maison evant la foule nouvelle génération Blanche. DOUG tallée à la tête s’est insqui ait jamais la plus considérable MILLS/POOL/REUTERS a Les carnets transformationde l’Amérique. Une ère d’une chanteuse. national de été réunie sur le Mall de Angélique a Washington, Des rives du commencé. Kidjo, née au Obama a prononcé, a Le grand Barack lantique, Pacifique à jour. Les cérémonies celles de l’At- aux Etats-Unis pendant Bénin, a chanté discours d’investituremardi 20 janvier, toute l’Amérique la liesse ; les la campagne un sur le ; ambitions s’est arrêtée de Barack Obama en 2008, a Feuille force d’invoquer presque modeste. moment qu’elle de route. « pendant et de nouveau la première décision d’un rassembleur ; n’est A vivre : était en train Abraham La grandeur Martin Luther l’accession de la nouvelle jamais un administration: de du 18 les festivités de l’investiture, Lincoln, au poste au dant en chef Avec espoir et dû. Elle doit se mériter. avait lui même King ou John Kennedy, pendant cent la suspension des armées, de comman- raconte 20 janvier. Pour Le Monde, (…) vertu, il placé la barre responsable vingt : les cérémonies, elle de plus les courants bravons une fois discours ne très haut. Le l’arme nucléaire, d’un de Guantanamo. jours des audiences passera probablement jeune sénateur de – elle a croisé l’actrice les rencontres glacials et endurons cain-américain Pages 6-7 les tempêtes à postérité, mais afri- le chanteur page 2 et l’éditorial Lauren de 47 ans. venir. » Traduction il fera date pour pas à la Harry Belafonte… Bacall, du discours ce qu’il a inaugural du e intégrale miste Alan Greenspan. Lire la suite et l’écono- a It’s the economy... des Etats-Unis. 44 président page 6 la Il faudra à la velle équipe taraude : qu’est-ce Une question nou- a Bourbier Page 18 beaucoup d’imagination Corine Lesnes pour sortir de que cet événement va changer pour irakien. Barack a promis de l’Afrique ? Page Obama et économiquela tourmente financière retirer toutes 3 qui secoue la de combat américaines les troupes Breakingviews planète. page 13 d’Irak d’ici à mai 2010. Trop rapide, estiment hauts gradés de l’armée. Enquête les D Education L’avenir de Xavier Darcos « Mission terminée » : le ministre de ne cache pas l’éducation considérera qu’il se bientôt en disponibilité pour tâches. L’historien d’autres de l’éducation Claude Lelièvre explique Ruines, pleurs et deuil : dans Gaza dévasté e REPORTAGE GAZA Bonus Les banquiers ont cédé Nicolas Sarkozy des dirigeants a obtenu ENVOYÉ SPÉCIAL D page 19 27 000 profs partiront chaque année à la retraite, d’ici à 2012. ans les rues de Jabaliya, françaises qu’ilsdes banques les enfants ont trouvé renoncent veau divertissement.un nouà la « part variable lectionnent de leur rémunération les éclats d’obusIls colmissiles. Ils et de ». déterrent du En contrepartie, sable des morceaux d’une les banques qui s’enflamment fibre compacte pourront immédiatement bénéficier d’une au contact de l’air et qu’ils aide difficilement tentent de l’Etat de d’éteindre avec 10,5 pieds. « C’est d’euros. Montantmilliards du phosphore. leurs dez comme ça Regarbrûle. » équivalent à Surlesmursdecette celle accordée fin 2008. Page rue,destracesnoirâtressont boutique. 14 bes ont projeté visibles.Lesbom- victime, Le père de la septième âgée de 16 ans, chimique qui partout ce produit re ne décolèa pas. « Dites fabrique de incendié une petite des bien aux dirigeants Au bord de papier. « C’est nations occidentales la mièrefoisque que ces sept je voiscela après la pre- innocents sont il y a quelquesfaillite huit ans d’occupation morts pour trenterien. l’Américain semaines, israélienne », Qu’ici, il n’y a jamais s’exclame Mohammed eu de tirs de Chrysler roquettes. Que Abed négocie l’entrée bo. Dans son c’est costume trois Rab- nel. Que les Israéliensun acte crimidu cette figure constructeur nous en don- La parution du quartier pièces, nent la preuve, italien Fiat deuil. Six membres porte le puisqu’ils sur- de deux dans son capital, textes inédits de sa famille veillent tout depuis le ciel ont été fauchés », enrage de Roland Rehbi Hussein de 35 %. L’Italie à hauteur devant par Barthes, Heid. Entre un magasin, une bombe mains, mort ses de cette bonne se réjouit Ils étaient il le 10 janvier. tient une en 1980, enflamme feuille venus s’approvisionner papier avec pour l’économienouvelle tous les noms de le cercle de ses pendant disciples. des nationale. décrétéesles trois heures de trêve morts et des blessés, ainsi Chrysler, de par Israël pour âge, qu’il énumère que leur Le demi-frère de son côté, aura tre aux Gazaouis permet- reprises, à plusieurs l’écrivain, qui accès à une comme en a autorisé technologie Le cratère de de souffler. der qu’ils sont pour se persua- la publication, plus innovante. la bombe est jours là. Des bien morts. essuie touPage 12 Le livre-enquête éclats les foudres Michel Bôle-Richard mur et le rideau ont constellé le incontournable de l’ancien Algérie 80 DA, métallique éditeur de Barthes, pour alimenter Allemagne 2,00 Lire la suite ¤, Antilles-Guyane de la sur l’avenir le débat 2,00 ¤, page comment la rupture s’est faite entre les enseignants et Xavier Darcos. Page 10 Automobile Fiat : objectif Chrysler Edition Barthes, la polémique Autriche 2,00 et Débats page 5 17 François Wahl. de l’école. ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun Maroc 10 DH, 1 500 Norvège 25 KRN, Pays-Bas F CFA, Canada 3,95 $, Côte 2,00 ¤, Portugal d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie cont. 2,00 ¤, un éditeur 18,50 Kn, Danemark Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 derrière l’écran 500 F CFA, Slovénie 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,20 ¤, Suède > www.arteboutiqu 2,50 ¤, Gabon 28 KRS, Suisse 2,90 FS, Tunisie 1 500 F CFA, Grande-Bretagne e.com 1,9 DT, Turquie 1,40 £, Grèce 2,20 ¤, USA 2,20 ¤, Hongrie 3,95 $, Afrique 650 HUF, Irlande CFA autres 2,00 ¤, Italie 1 500 F CFA, 2,00 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤, Page 20 Les remp 1916 GRÈCE Gibraltar 1914. , en novembre troupes t roit où les andemen ée à l’end e a été scell », où le comm ). Une plaqu e du « pigeon noir MONDE » noy (Nord « LE la ferm ENCE POUR an, au Ques à droite : TOURON/DIVERG arts de Vaub e échelle. En bas PHOTOS : OLIVIER à l’aide d’un nople Constanti ALBANIE ESPAGNE PERSE mai 1916 BULGARIE [email protected] Les Unes du Monde Vers l’intérieur de la Russiee et la Sibéri DANEMARK Assez cocasse Du coup, ces derniers temps, aucune étude scientifique sur les PE ne peut être pardonnée. Aussi, quelques jours après que les travaux de l’InVS eurent alimenté la chronique, de nombreux journalistes recevaient un communiqué du « collectif» Sauvons les fruits et légumes de France. Titre du texte ? « Perturbateurs endocriniens: le retour au rationnel s’impose! » Sous-titre: « Il n’est pas imaginable de céder aux marchands de peur». L’amicale des fruits et légumes relativise les risques posés par les PE et met en garde: « Ne pas céder à l’obscurantisme» afin de ne pas « handicaper la compétitivité de nos entreprises». D’abord, il est assez cocasse que les adversaires d’un encadrement strict des PE en appellent à la rationalité pour faire pièce à des travaux scientifiques, issus de la démarche la plus rationnelle possible. Ensuite, qu’ils le veuillent ou non, eux-mêmes et leur famille sont également affectés par l’exposition diffuse aux PE. Or, convenons-en, contribuer à se mettre soi-même en danger n’est pas une attitude très… rationnelle. p 0123 Moscou Courlande Mer du Nord Ile de Man Dublin avec le système hormonal. Il n’est pas très compliqué de comprendre. Les PE – pesticides ou non– ne sont pas réglementés en tant que tels. Le dossier est enlisé à Bruxelles depuis plus d’une décennie et constitue pour l’Europe, incapable de se défaire du lobbying intense qui s’exerce sur le sujet, une formidable faillite. Mais cela commence légèrement à se voir. Et pléthore d’intérêts redoutent que des réglementations un peu trop protectrices (ou trop contraignantes, selon le point de vue) ne soient adoptées. enaire l du cent le journa Vologda Petrograd Mer Baltique 2005 SOURCES : ROLLAND ET AL., HUMAN REPRODUCTION Mardi 11 mars ourmente t la s n a d s Les civil Année La fertilité masculine française en baisse Janv. 1989 IV s piège des des frontière fermeture En août, la V oilà une semaine, dans les colonnes du Monde, il était fortement question de sperme. Comme d’ailleurs dans d’autres journaux, qui présentaient les résultats d’une étude sur la fertilité masculine en France, conduite par l’Institut de veille sanitaire (InVS) et publiée fin février dans Reproduction. Des résultats de la même équipe, rendus publics voilà un an, avaient déjà montré une baisse générale de la qualité du sperme des Français. Celle-ci s’érode à une vitesse remarquable. Entre 1989 et 2005, la concentration en spermatozoïdes a chuté d’un tiers. Si l’érosion se poursuit à ce rythme, la moyenne française sera au seuil d’infertilité d’ici moins de trente ans. L’apport de cette nouvelle publication est d’opérer une discrimination régionale, pour tenter de déterminer des causes à ce déclin. A grands traits, le résultat est une suspicion accrue sur les pesticides, les régions de viticulture (Aquitaine et Midi-Pyrénées) étant parmi les plus touchées. Certains produits utilisés, rappellent les auteurs, sont en effet des perturbateurs endocriniens (PE) –cette catégorie de molécules interférant UK price £ 1,40 dans SUPPLÉMENT NOTRE ÉCOLE FONCTIONNE SUR DES MODÈLES ANCIENS QUI N’INTÉRESSENT PLUS LA MASSE DES ADULTES DE DEMAIN Damas t de civils d’internemen RENDEZ-VOUS SUR www.lemonde.fr/boutique 0123 enquête Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 19 La panoplie de Jean-Michel Coëffeur saisie par la police. SICOP L’étrange Ariane Chemin Blois Envoyée spéciale A vec le recul, il y a bien cet indice, lors de son pot de départ, à Blois. C’était juste avant Noël 2009. La Nouvelle République du CentreOuest, une institution qui rayonne tous les jours d’Angers à SaintAmand, de Niort à Orléans, avait proposé un plan de départ avec 100 000 euros à la clé pour les plus anciens. A 58 ans et près de quarante ans de maison, Jean-Michel Coëffeur, petit homme au teint pâle et aux cheveux en brosse, avait saisi l’occasion. Dans le hall de la locale de « La NR », il avait mis les formes, Vouvray et champagne, viande froide et pâtés, mais coupé net à tout discours ou éloge. « Bon, bon, on boit un coup ! » Qu’auraient-ils dit de lui, de toute façon ? Les pots de départ sont comme les nécros des journaux, ceux qui disparaissent reçoivent de droit une médaille du mérite. « Un doux, un gentil », se souvient Xavier Dutheil, ancien directeur de La NR dans le Loir-et-Cher, « modeste et réservé», ajoute un autre, « correct et consciencieux ». C’était avant tout un « bon collègue », résument de leur retraite Henri Lemaire et Claude Choplin, toujours partant pour couvrir les sujets dont personne ne voulait : la fronde de riverains contre une déviation, un accident ou une inondation, le feuilleton de la liquidation d’une imprimerie de la région. Epaules rentrées, petit carnet en poche et lunettes sur le nez, ilétaitdevenule préposéà la vie municipale et aux associations. C’est souvent lors du pot de départ, ce précipité du temps passé, qu’on prend consciencequ’unvoisinde bureaudemeure parfois un parfait inconnu. Les collègues de La NR ignoraient que « JeanMichel» était le fils d’un cheminot CGT de Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), dépôt mythique du rail où un simple brasero de grévistes peut mettre le feu au pays. On n’aime pas beaucoup l’étalage des vies dans ce coin de France calé entre la Sologne et la Beauce. Les plus anciens se souviennent que Coëffeur avait commencé comme monteur en un siècle de plomb où les pages se dessinaient à l’atelier. Un « seigneur du marbre », raconte Richard Ode, ancien de La République du Centre, figure locale devenue collaborateur de deux journaux gratuits. A la fin des années 1990, l’informatisation des ateliers rend certains métiers obsolètes. La NR est une bonne maison, paternaliste et sociale, qui négocie avec la CGT le passage de certains gars du marbre à la rédaction. « J’avais choisi Coëffeur pour sa bonne culture générale, se souvient Hervé Guéneron, rédacteur en chef de La NR de 1988 à 2002. Je me souviens des efforts extrêmes que faisait cet homme humainement touchant. » Après un an de formation à Paris, l’ancien monteur revient à Blois avec une carte de presse. « Un rêve d’enfant», selon certains. Pour d’autres, au contraire, « une grosse gamelle sur le coin de la boule» et l’impression de « passer son bac tous les jours ». Il n’en « dormait pas la nuit », avait-il confié à l’un de ses supérieurs. Aux confé- affaire dujournaliste braqueur Fin janvier, un homme est pris en flagrant délit par la police. Déguisé et armé, c’est son sixième hold-up, près de Blois. «La Nouvelle République » découvre, consternée, que le braqueur de La Foir’Fouille et autres magasins discount est un retraité de sa rédaction rences de presse, « il levait le doigt comme un élève », se souvient une administrée de la mairie. Pas du genre à téléphoner les pieds sur le bureau, Coëffeur. Pas un as du style, mais une copie propre, à l’heure et à la longueur, comme on dit dans le jargon. Jamais de rectif ou presque, un sens de la précision administratif. Seule la danse et la musique lui libéraient la plume. « Je lui avais envoyé un petit mot après un concert de William Sheller, pour le féliciter sur son papier», dit encore Richard Ode. Un de ses confrères se souvient d’avoir un jour vu Coëffeur demander en rougissant le nom d’un avocat pour l’aider à régler un problème de surendettement. Etait-ce l’effet de la carafe de rouge de L’Agriculture, le tabac en face du journal, ou de Chez Philippe, à côté ? Un second avait surpris un jour une brève confidence surson destin d’éternelpayeurde « prestations compensatoires» aux deux mères de ses enfants : « De toute façon, je n’ai jamais d’argent pour moi. » Comme il était gêné quand sa seconde compagne téléphonait ou montait le trouver, en plein bouclage, devant ses collègues de bureau ! Un journaliste à la retraite se lance parfois dans la politique locale, collabore au journalmunicipal,se passionnepourl’histoire de sa ville ou adhère à une association de philatélistes. Pas Coëffeur. Depuis son pot de départ, il s’était comme évanoui dans la molle douceur de la Loire. Il avait retrouvé le comité de lecture de La NR, sélectionnant avec d’autres les lauréats du prix Roblès du premier roman organisé par les bibliothèques de Blois. Mais pour Sauver Mozart, prix 2013, il était absent. « Ça va, Jean-Michel ? », avait demandé juste avant Noël Richard Ode, en le croisant au supermarché Auchan de Vineuil. « Ça va, je m’occupe», avait répondu Coëffeur. Ce jour-là,ils n’avaient pas pris le temps d’évoquer les récents braquages commis sur cette zone commerciale, justement. Le fait diversdela rentrée,pourtant: unhomme masqué, armé d’un colt visiblement chargé, et qui à cinq reprises déjà avait enfermé les personnels dans les remises en confisquant leurs portables, avant de braquerla caisseou le coffre! Le 19 septembre, c’était à La Halle aux vêtements, 535 euros. Le lendemain, chez Gémo, le roi de la mode bon marché, 1 100 euros. 30 septembre,Vêt Affaires, 2850 euros. 8 novembre, chez Noz, 1 362. 4 décembre, à La Foir’Fouille, 2 200. Moins de 10 000 euros en tout, et un drôle de circuit, à une époque où on « monte » sur les bars-tabacs et les bijouteries. Mais de ça non plus ils n’avaient pas parlé. Coëffeur n’avait jamais été très faits divers. Il redoutait la « tournée», cette pratique des locales où, chaque jour, en cas d’infolourde,quelqu’unestchargéd’appeler parquet, commissariat et pompiers. Les procès, petites affaires de stups ou conduite en état d’ivresse, il les suivait quand personne ne pouvait couvrir l’audience.La procureure de la République de Blois, Dominique Puechmaille, et le colonel Michel Duclap, il les connaissait pour les avoir croisés, lors du lancement de l’opération« Voisinssolidaires». Undispositif sécuritaire créé par la gendarmerie de Blois, où chacun surveille la maison du voisin en vacances. Coëffeur avait fait gros sur cette histoire. « C’était un localier, il a braqué en localier », soupire Richard Ode, en vieux routier du fait div’ Deuxfois, avantNoël,la brigadede sûreté urbaine de Blois avait fait passer dans La NR un avis de recherche du braqueur. En octobre, le premier disait : « L’individu recherché, de type caucasien, est âgé de 50 à 60 ans. Il portait une combinaison de couleur verte, un bonnet en laine noir et un imperméable gris. » En décembre, après le casse de La Foir’Fouille, il avait un peu rajeuni: « L’auteur du vol a un âge compris entre 35 et 55 ans (…). L’individu dissimule la partie inférieure de son visage et porte des gants.» Lefameux« individu» saitqu’«unecaisse, ça se braque le soir », comme dans la chanson d’Eddy Mitchell. Mais il commet une erreur: revenir deux fois sur les lieux du crime. Il était tout juste 19 heures, le 20 janvier, sur le parking d’Auchan, quand, dans une vieille Passat garée devant le magasin Gémo, un homme ajuste perruque et fausse moustache, enfile des gants, pose sur son nez un masque de chantier.Puis la silhouetteglisse une arme sous sa veste et se dirige vers la grande surface. Une équipe de la brigade de sûreté urbainedeBloisen civilplanquedansl’ombre. « Putain, c’est lui…, glisse le capitaine Xavier Counillet à ses trois hommes. On bouge pas. On attend qu’il sorte de là. » Deux minutes plus tard, la voiture de police coupe le chemin de la Passat qui prend la fuite. Ceinturé, l’homme à la perruque noire n’oppose pas de résistance. «Bon, c’est pas Mesrine, mais on avait tellement planqué dessus ! », lâche le capitaine Counillet. Le soir, à Blois, « l’individu » décline avec calme son identité. Coëffeur, avec un tréma sur le « e », Jean-Michel, 62 ans. Profession, journaliste retraité de La NR en Touraine. Signe distinctif, aucun. Domicile, Vineuil, à trois minutes du Gémo. « C’était un localier, il a braqué en localier», soupire Ode en vieux routier du fait div. Poli mais laconique, le gardé à vue évoque des problèmes d’argent. Sur les photos de la police, sa panoplie ressemble, au choix, à un kit de farces et attrapes ou à l’attirail d’un braqueur des seventies. A La NR, la nouvelle laisse la rédaction sidérée. « Le journalisme mène à tout, mais là… » A la stupéfaction succède aussitôt une omerta totale. « Le braqueur solitaire sous les verrous», titre le quotidien quatre jours plus tard, sans donner le nom de l’interpellé – c’est la règle « maison ». Mais sans relever non plus sa profession. Moquée pour son silence, La NR se venge dans un billet en faisant la leçon aux « médias nationaux » qui, sur leurs sites Internet, ont revêtu Coëffeur « d’un croustillant passé de chroniqueur judiciaire », « spécialiste des faits divers (…), ce qu’il n’a jamaisété ». La presse, commele capitaine, rêvait sans doute d’un autre héros que ce petit homme passe-muraille. Un truandjournaliste haut en couleur, un Jean Maraisjouant à la fois Fantômas etFandor. Pas ce personnage à la Simenon plein de son enfance, de sa province et de ses fêlures, aujourd’hui en prison à Blois. S elon La NR, la maison d’arrêt est « un établissement(…) de115 places en légère surpopulation, qui ne pose néanmoins pas de soucis de gestion». « Mise en service en 1943, sous l’occupation allemande », elle abrite « des prévenus (détenus en attente de jugement) et des condamnés dont le reliquat de peine n’excède pas, en principe, deux ans ». Ce n’est pas « un établissement moderne, mais les détenus n’y sont pas entassés» et « plus de 70 % d’entre eux y pratiquent une activité rémunérée dans les 750 m2 d’ateliers de petite mécanique (tuyautage, perçage, montage, assemblage),ouencoredefaçonnage».C’estpointilleux et sec comme un procès-verbal. C’est l’un des derniers articles, sans masque ni postiche, de Jean-Michel Coëffeur. p 20 0123 0123 Dimanche 9 - Lundi 10 mars 2014 L’AIR DU TEMPS | CHRONIQUE pa r F l o r e n c e A u b e n a s «On ne peut pas laisser les gens comme ça» D « TANT PIS POUR TOI, JE RESTERAI CONSEILLER » ans un coin de la pièce, on tendra un rideau sur un fil à linge. C’est l’isoloir. Sur la table d’écolier, on poussera la Marianne en plâtre et son napperon de dentelle pour poser l’urne et le registre. Ici, «on attend les élections municipales comme le 14-Juillet, le seul vote dont on soit encore fier dans les villages», explique la secrétaire de mairie. C’est peu dire, donc, combien la honte fut cuisante l’autre jour, à l’annonce des statistiques en Eureet-Loir: la commune faisait partie de ces 30% de municipalités sans candidat déclaré à une semaine de la date-limite d’enregistrement. Soudain, la secrétaire de mairie s’interrompt: «Vous n’allez pas donner le nom du village? On vient de rectifier.» Et elle porte les mains devant sa bouche, effarouchée et pudique, comme si on venait de surprendre la démocratie toute nue dans une mairie de campagne. Un coup de tocsin du préfet a redressé la situation. Mais le 5 mars, vingt-quatre heures avant la date-butoir, le compte à rebours court encore: trois communes restent sans candidat à la sous-préfecture de Nogent-le Rotrou, toutes rurales et de moins de 1 000habitants. A l’entrée des Etilleux, un chemin grimpe sur la colline et s’arrête dans une cour de ferme: la propriété d’Omer Huard, conseiller municipal depuis trente-sept ans. Pour la première fois, cette année, il a fallu partir à la pêche aux candidats dans la plupart des villages. Le nombre d’habitants n’a pas vraiment varié (environ 250 ici) – «mais ils vivent autrement» depuis l’aménagement du lotissement et la vente de maisons anciennes à des jeunes couples de partout. Aucun n’est agriculteur. Le matin, on en voit à la gare de Nogent, au train de 5 h 30 pour Paris, retour vers 20 heures au plus tôt. « Je me sens un grand fauve, partant chasser dans la jungle pour ses petits», explique un cadre, les yeux plissés de sommeil. A bord, ça discute de François Hollande, venu à Chartres quinze jours plus tôt. «La visite a coûté 60000 euros pour une usine qui n’est même pas en difficulté! », croit savoir un courtier, qui a pris un emprunt sur trente et un ans dans un hameau voisin. Par contraste, l’informaticien s’émeut de son maire «qui nous a donné son numéro de portable et passe déposer les documents administratifs à l’apéritif. On se sent quelqu’un». On lui a proposé d’être candidat « comme tout le monde». Et «comme tout le monde», il a refusé. « Je place la famille en premier, puis le boulot.» Aux Etilleux, un ouvrier a accepté au dernier moment de conduire une liste, la seule. Il hésitait, des licenciements se préparent dans son entreprise, au Theil. Pour la première fois, les agriculteurs ne sont plus majoritaires parmi les candidats, selon la « sous-préf’» de Nogent. La liste des Etilleux a été déposée vers 10 heures, le 5 mars, un peu avant celle de Michel Ricoil, maire sortant de Luigny, 428habitants. Ce village-là est collé à l’autoroute, à 30km de Chartres. « Une position idéale», assure M.Ricoil, qui est garagiste. Il y a vingt ans, le maire d’alors lui avait promis un terrain stratégique entre le péage et le bourg, avant de le céder à un fabricant de piscines. Michel Ricoil crie à l’injustice. La guerre est déclarée. « Je ne veux plus que tu sois maire » «Pour notre victoire, en 2007, on a bu le champagne comme à la télé », se souvient un de ses colistiers. C’était juste avant que le percepteur apprenne à la nouvelle équipe le surendettement du village, des emprunts inconsidérés pour le cimetière ou la salle des fêtes. M.Ricoil a définitivement l’impression de s’être fait avoir. Il redresse les comptes, mais s’épuise; le garage, la mairie, les enfants. Pas question d’un nouveau mandat. Personne d’autre ne veut s’y risquer. Il rechigne, mais replonge, à 44 ans, avec l’impression d’«un pistolet sur la tempe», mais «gêné de laisser les gens comme ça ». Le soulagement est palpable à la permanence de la mairie. On y passe «quand on ne sait pas où aller», affirme un grand maigre aux yeux très bleus. Par exemple, comment changer un abonnement de portable? Ou bien calculer les points sur le permis? « Vous imaginez si on est annexé par une grosse bourgade? Ici, on nous répond, on vaut encore quelque chose.» Le 6 mars, à trois heures de la clôture des listes, celle d’Argenvilliers, 368 habitants, n’est pas complète. Jean-Paul Fleury, le maire, 80ans, est près de la cheminée avec sa femme, 76ans. Elle attaque: «Tu le sais très bien.» Lui: «Quoi?». – Je ne veux plus que tu sois maire.» Elle le répète depuis 1971, sa première candidature. A l’époque, on se battait pour être sur les listes, il y en avait plusieurs, c’était sanglant. On accrochait des vestes devant la maison d’un adversaire, signifiant: «Tu vas perdre.» «L’enjeu, c’était l’honneur, dit M.Fleury. Il en avait la passion, à en laisser couler la ferme dans les années 1980. Les gens le disaient par derrière. J’aurais été millionnaire sans ça, mais on s’en est tiré, tu vois, Josette. – Grâce à qui ? On ne sortait pas, les gosses n’auraient jamais voyagé sans les écoles. – Je suis un salopard, c’est ça ?» Dans le village, on le traite plutôt de despote. Il s’en vanterait presque. Elle se surprend à le défendre: «En tout cas, ils ont toujours voté pour toi.» Puis: « Moi, je partirais bien.» – Tu vas aller où avec tes 600euros de retraite?» Jean-Paul Fleury a fini par passer la main à un professeur de lycée, Pascal Mellinger, bientôt à la retraite, comme 80% environ des candidats enregistrés à Nogent. «Tant pis pour toi, je resterai conseiller», dit M.Fleury, devant la cheminée. Elle: « Il fallait que je t’aime.» A 18heures, le 6mars, toutes les listes d’Eureet-Loir avaient trouvé candidat. p [email protected] Et la gagnante est... Rose, retraitée girondine règlement du jeu était rédigé de manière lisible et les documents commerciaux ne trompaient personne. La Libournaise a fait appel. « Depuis janvier 2010, la chambre civile de la Cour de cassation est très claire, fait valoir Me Gérard Danglade. Seule l’existence de l’aléa affectant l’attribution d’un prix mis en évidence dès l’annonce du gain permet de libérer la société de ses obligations.» Pas très visible Un aléa qui doit figurer dès la première lettre et doit être visible dès le premier coup d’œil. A défaut, l’engagement – on parle de quasi-contrat – est né et devient irrévocable. Les juges de la première chambre civile de la cour d’appel de Bordeaux ont examiné à la lettre le publipostage qui jouait sur les grosseurs de caractères, sur les mots et leurs différentes acceptions. Or le code de la consommation stipule que l’« organisateur d’une loterie qui annonce un gain à une personne dénommée sans mettre en évidence l’existence d’un aléa s’oblige de ce fait purement volontaire à le délivrer». Les juges n’ont pas trouvé cet aléa très visible ou lisible. Dans leur arrêt du 27 février, ils notent que « la première lecture amène bien au contraire un consommateur moyen à être convaincu que le gain de 52 000 euros est acquis sous la seule réserve de répondre dans le délai de 48heures ». La lecture du règlement, et donc de l’aléa, en petits caractères, est en effet rendue difficile par le nombre d’annonces qui l’entoure. La retraitée a obtenu gain de cause. La société AMA est condamnée à payer les 52 000euros promis. Avec les intérêts. p ★★★ LE PARISIEN “Meryl Streep irrésistible.” LE POINT “Le scénario est un chef-d’œuvre.” AUFEMININ.COM “Furieux et impressionnant.” OUEST FRANCE “Une Meryl Streep puissante et dévorante.” MADAME FIGARO “Une chronique familiale quatre étoiles aussi saignante qu’émouvante.” GRAZIA “C’est drôle, fin et cinglant. Un vrai combat de coqs se joue entre les deux actrices.” ELLE “Une mère manipulatrice interprétée avec beaucoup de justesse par une formidable actrice : Meryl Streep.” EUROPE 1 “Le casting est impeccable et permet un duel au sommet entre Meryl Streep et Julia Roberts, qui se jettent l’une sur l’autre comme des fauves.” LE CANARD ENCHAÎNÉ “Meryl Streep est une nouvelle fois magistrale (...) Julia Roberts, dans le rôle de la « fille préférée » divorcée, montre qu’elle n’a plus rien de la petite fiancée de l’Amérique. Tant mieux.” ★★★★ GALA “Streep et Roberts sont époustouflantes. Leur face-à-face dans des scènes d’anthologie est bouleversant.” VERSION FEMINA © WBD TOUS DROITS RÉSERVÉS. CRÉDITS NON CONTRACTUELS. C e matin d’octobre2010, Rose a réellement cru que la chance avait enfin frappé à sa porte. Dans la boîte aux lettres de cette retraitée girondine, un courrier d’une société de vente par correspondance lui annonce qu’elle est l’heureuse gagnante d’un chèque de 52000euros. Elle lit et relit cette missive nominative, portant la mention « allocation nationale du gain » avec, en surimpression, un tampon rouge et rond « Envoi certifié », comparable à un cachet officiel. Fidèle cliente, vivant seule avec une petite retraite, Rose est intimement persuadée d’avoir gagné et commence même à faire quelques projets. Modestes. Rembourser une dette, améliorer le quotidien, faire quelques cadeaux. Comme indiqué sur le document, elle répond dans les 48 heures. Hélas, elle est vite rattrapée par la réalité. Tout ce qu’elle a gagné, c’est en fait le droit de… participer à un tirage au sort. « C’est assez injuste. Certains sont des proies faciles et ne voient pas qu’il s’agit d’un jeu, d’une opération promotionnelle», déplore Me Gérard Danglade, conseil de la septuagénaire. L’avocat a déjà dans sa manche plusieurs décisions de justice, allouant des dommages et intérêts à ses clients nourris de faux espoirs par ce genre de courriers. Depuis des années, les sociétés incriminées réfutent toute pratique commerciale trompeuse et estiment que leurs documents sont clairs et qu’elles n’ont pris aucun engagement ferme de délivrance de gain. Mais la retraitée et son conseil ont voulu prendre la société AMA à son propre jeu afin de se faire remettre le gain promis. Direction le tribunal de grande instance de Libourne qui les a déboutés le 4 octobre 2012. Pour les juges, le Florence Moreau (Bordeaux, correspondance) Société éditrice du « Monde » SA Président du directoire, directeur de la publication Louis Dreyfus Directrice du « Monde», membre du directoire, directrice des rédactions Natalie Nougayrède Directeur délégué des rédactions Vincent Giret Directeur adjoint des rédactions Michel Guerrin Directeurs éditoriaux Gérard Courtois, Alain Frachon, Sylvie Kauffmann Rédacteurs en chef Arnaud Leparmentier, Cécile Prieur, Nabil Wakim Rédactrice en chef « M Le magazine du Monde » Marie-Pierre Lannelongue Rédactrice en chef « édition abonnés » du Monde.fr Françoise Tovo Rédacteurs en chef adjoints François Bougon, Vincent Fagot, Nathaniel Herzberg, Damien Leloup Chefs de service Christophe Châtelot (International), Luc Bronner (France), Virginie Malingre (Economie), Auréliano Tonet (Culture) Rédacteurs en chef « développement éditorial » Julien Laroche-Joubert (Innovations Web), Didier Pourquery (Diversifications, Evénements, Partenariats) Chef d’édition Christian Massol Directeur artistique Aris Papathéodorou Photographie Nicolas Jimenez Infographie Eric Béziat Médiateur Pascal Galinier Secrétaire générale du groupe Catherine Joly Secrétaire générale de la rédaction Christine Laget Conseil de surveillance Pierre Bergé, président. 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